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Pourquoi Mon Chien Aboie ? Tout Comprendre et Comment Gérer
Votre chien aboie et vous ne savez pas pourquoi ? Saviez-vous que 70 % des propriétaires de chiens se disent dépassés par les aboiements de leur compagnon ?Lorsque votre chien est à proximité , cela peut être une alerte, une expression d’émotion, ou simplement un besoin de communication. Mais lorsque ces aboiements deviennent fréquents ou intenses, ils peuvent rapidement perturber la vie…
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Ces chiens qui font les malins derrière le portail... [vidéo]
Nouvel article publié sur https://www.2tout2rien.fr/ces-chiens-qui-font-les-malins-derriere-le-portail-video/
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Mettez un STOP aux aboiements !

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"La sociologie, la philosophie ou l’histoire n’analysent plus : elles luttent. On présente alors tout aboiement dénonciateur comme le dernier cri de la recherche. Telle sociologue propose par exemple de considérer la cuisine française comme indice de domination culturelle participant de la suprématie blanche. Pour cette logique de démolition systématique, la culture, c’est l’oppression."
Jean Szlamowicz, Les moutons de la pensée. Nouveaux conformismes idéologiques, 2023.
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youtube
Anne, ma sœur Anne,
Si j’ te disais c’ que j’ vois v’nir,
Anne, ma sœur Anne,
J’arrive pas à y croire, c’est comme un cauchemar
Sale cafard!
Anne, ma sœur Anne,
En écrivant ton journal du fond d’ ton placard,
Anne, ma sœur Anne,
Tu pensais qu’on n’oublierait jamais, mais...
Mauvaise mémoire!
Elle ressort de sa tanière, la nazi-nostalgie:
Croix gammée, bottes à clous, et toute la panoplie.
Elle a pignon sur rue, des adeptes, un parti...
La voilà revenue, l’historique hystérie!
Anne, ma sœur Anne,
Si j’ te disais c’ que j’entends,
Anne, ma sœur Anne,
Les mêmes discours, les mêmes slogans,
Les mêmes aboiements!
Anne, ma sœur Anne,
J’aurais tant voulu te dire, p’tite fille martyre:
"Anne, ma sœur Anne,
Tu peux dormir tranquille, elle reviendra plus,
La vermine!" mais ...
… beaucoup d’indifférence,
de patience malvenue
Pour ces anciens damnés, au goût de déjà-vu
Beaucoup trop d’indulgence,
trop de bonnes manières
Pour cette nazi-nostalgie qui ressort de sa
tanière... comme hier!
Anne, ma sœur Anne,
Si j’ te disais c’ que j’ vois v’nir,
Anne, ma sœur Anne,
J’arrive pas à y croire, c’est comme un
cauchemar...
Sale cafard!
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Bientôt il ne restera plus du monde que j’ai connu que des relents de nostalgie larmoyante. La civilisation n’est pas perdue pour autant, car le vieil adage des chimistes “rien ne se perd, tout se transforme” vaut aussi pour la culture et une certaine forme d’intelligence civilisationnelle. Ainsi, s’accrocher désespérément aux lambeaux d’une société qui a décrété et œuvré sans relâche à sa perte me semble participer du masochisme ambiant. Intellectuellement, il est temps de tourner la page et de retrouver les fondamentaux de l’homo occidentalis :bon sens, pertinence, persévérance. Laissez les médiocres s’enfoncer dans leurs règles absurdes elles ne dureront pas du fait de leur ineptie. Mieux, elles engloutiront celles et ceux qui les ont décrétées. Et je peux d’ores et déjà vous annoncer la défaite de nôtre existence, dont on surévalue la puissance. Cette puissance n’existe que par effet-miroir. La passivité des koufars commande les aboiements de la meute. Mais qu’ils se trouvent sans aides, ni subventions, ni encouragements et qu’ils doivent affronter un regard nouveau viril et déterminé celui-là et vous verrez l’auto-dissolution de l’oumma sous vos yeux. Seul le recouvrement identitaire, l’adoption d’un substrat constitué de traditions et de projets, permettra aux Blancs de ce pays de se sauver. Parlez-en à vos voisins, mais surtout, éduquez et préparez vos enfants !

J.-M. M.
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Mon chien
Ses aboiements incessants, derrière la baie vitrée, grognant, grondant, me sommant très fermement de lui ouvrir pour que Sa Majesté la reine puisse rentrer dans le salon. Je me hâtais, me dépêchais, râlais aussi je l’admets, mais une fois enfin arrivée, la porte ouverte, il ne fallait pas que je m’attende à une reconnaissante caresse ou ne serait-ce qu’un simple reniflement. Non. Passant entre mes jambes, Madame poursuivait son chemin, la tête haute, bien qu’un peu bancale sur la fin, sans un regard pour moi. L’obstacle libéré, elle repartait faire un tour, pour se retrouver, quelques minutes plus tard, au même endroit, face à la baie vitrée que j’avais à nouveau fermée. Pardonnez-moi, ma chère, j’avais froid. Pour ma peine, je me faisais de nouveau aboyer dessus. Elle avait si peu de patience, et je l’avoue, moi non plus. Ainsi, la scène se répétait toute la journée, un drôle de jeu qu’elle m’imposait. Elle en faisait des tours et des tours, et n’en semblait jamais fatiguée. Pour faire des bêtises, elle ne manquait pas non plus d’idées. Fouiller dans le compost, les sacs des courses ou la poubelle lorsqu’il n’y avait pas mieux, dévorer le papier toilette et les journaux, ou se retrouver coincée dans les escaliers alors qu’elle n’arrivait même plus à les monter… Elle nous rendait chèvres, complètement chèvres. Cocasse de la part d’un chien. Mais qu’est-ce qu’on l’aimait, oui, on l’adorait. Dès que je me sentais triste, elle était la première à venir me consoler, me tendant son doux et blanc pelage pour une réconfortante caresse, quand bien souvent les humains autour de moi ne savaient plus quoi dire pour apaiser mes larmes. Elle, elle savait. Des câlins, des caresses, elle aussi en a été gâtée. L’autre solution pour qu’elle cesse d’aboyer était de la serrer contre nous dans nos bras. Là, elle ne bougeait pas et s’endormait paisiblement. Dans ces moments, elle se montrait si douce et adorable, comme quand elle était bébé. Parce que malgré son grand âge, elle demeurait notre bébé. Mon chien, mon cher chien, qu’est-ce que je t’aimais… et qu’est-ce que je ne ferai pas pour t’entendre encore une fois, aujourd’hui, à ma fenêtre aboyer.

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the twilight zone ll jooseok



pairing - vampire!jiseok x loup-garou!jooyeon
tw - surnaturel, sarcasme, traitement de plaie par balle à la bonne franquette, mention de morsure, légèrement suggestif
Un abri.
La forêt s’était mise à danser autour de Jiseok, les arbres poursuivant leur farandole infernale.
Les branches craquaient sous ses pas précipités et il étouffe un grognement quand son épaule cogne le tronc d’un arbre, comme si celui-ci s’était volontairement placé sur son chemin pour l’empêcher d’aller plus loin.
Un abri.
C’était l’unique pensée qui l’animait. Il fallait qu’il trouve un endroit où se cacher, où se faire oublier le temps que son corps traite la blessure qui pulsait douloureusement dans son flanc droit.
Il avait été négligeant. Il s’était cru suffisamment fort pour se mesurer à des adversaires en surnombre et il en payait le prix. S’il s’était nourri un peu plus tôt, il aurait certainement pu les vaincre, mais ils l’avaient pris au dépourvu avant qu’il puisse se sustenter et une seconde d’inattention leur avait permis de l’atteindre.
La brûlure était insoutenable et même s’il n’en était pas à son premier coup d’essai, elle lui faisait mal à crever. Jiseok sentait l’argent qui recouvrait la balle, toujours logée dans sa chair, se répandre un peu plus loin dans son organisme.
Chaque pas était une souffrance et il sentait une langueur prendre petit à petit possession de ses membres, le sang dans ses veines parcouru par un froid glacial.
Il détestait les blessures à l’argent. Elles étaient lentes et elles lui donnaient le sentiment de mourir à nouveau, mais la douleur était interminable et ses effets le rendaient pathétique. L’eau bénite avait l’avantage d’être rapide et efficace, comme une brûlure à vif dont la sensation s’atténuait avec l’expérience. Même si elle laissait des traces, qui elles ne disparaissaient pas avec le temps.
Un abri.
Il cligne des yeux pour tenter de chasser le voile qui s’était posé devant eux. Ses sens étaient affaiblis par le poison qui continuait de progresser à l’intérieur de lui et ses gestes lui semblaient lents, maladroits. Sa peau frémit au passage d’un courant d’air. Il se sentait tour à tour glacé jusqu’à l’os ou en proie à un incendie dévastateur. Ou peut-être les deux en même temps. Il n’arrivait plus à faire la différence. Il grogne à nouveau devant son état pitoyable avant de trébucher contre une racine, chutant au sol avec un gémissement. Mais un aboiement résonne au loin et le pousse à se relever. Ses mâchoires se contractent et il titube quand un vertige le saisit, prenant appui contre un arbre pour se stabiliser.
Les chasseurs se trouvaient à quelques centaines de mètres derrière lui et ils n’avaient pas l’air de vouloir lui lâcher les basques.
Il fallait vraiment qu’il trouve un endroit où se planquer. Ils allaient finir par le rattraper et ils n’auraient plus qu’à venir joyeusement le cueillir sans la moindre résistance de sa part, vu la faiblesse qui le gagnait un peu plus à chaque seconde.
Il plisse les paupières, sa vision nocturne effleurant des contours étranges au loin. Un bâtiment se dressait à l’horizon, insolite au milieu de cette forêt dense et à la réputation sinistre. Néanmoins, il pivote et ses pas se dirigent dans sa direction.
Il espérait simplement qu’il soit abandonné, qu’il puisse y souffrir en toute tranquillité.
Il entend la déflagration d’un tir résonner dans son dos et le projectile se contente de raser son épaule grâce au peu de réflexes qu’il lui restait avant d’aller s’écraser dans le tronc d’un arbre devant lui. La sensation de l’argent glissant contre sa peau, même l’espace d’une seconde, lui tire un sifflement de douleur. Des frissons courent le long de ses bras avant de se propager au reste de son corps et il déglutit. Il ne lui restait que quelques mètres à parcourir avant d’arriver à destination. Il était capable d’y arriver.
Il avait survécu à pire, après tout.
Il se traîne tant bien que mal jusqu’à la bâtisse et sa bouche frémit en apercevant la croix sculptée à même la pierre au-dessus de l’entrée. Une chapelle. S’il en avait eu la force, il aurait peut-être ri. Mais il essayait de ne pas s’évanouir et ça lui demandait déjà un effort considérable.
En tout cas, c’était l’endroit certainement le plus sûr pour lui et c’était peut-être le plus risible dans toute cette situation. Ils n’allaient jamais penser à le chercher dans un endroit saint, parce que ces foutus chasseurs étaient persuadés que les vampires n’étaient pas capables d’y entrer. Ce qui était le cas, habituellement. Lorsqu’ils étaient habités et régulièrement consacrés, impossible d’y mettre un pied. Mais dans le cas d’un bâtiment abandonné, la barrière de protection n’agissait plus. Ou pratiquement pas. Et il allait très vite le découvrir.
La chapelle semblait avoir été posée là, au milieu de rien. Ses pierres d’un gris terne étaient recouvertes de mousse par endroits et du lierre s’était frayé un chemin jusqu’à la tour centrale. Une grimace traverse son visage en apercevant les espaces vides où auraient dû se trouver des vitraux, laissant passer les faibles rayons de la lune. Il n’avait plus qu’à espérer guérir avant le début du jour, sinon ce n’était pas la brûlure de l’argent qui allait avoir raison de lui, mais celle du soleil lorsqu’il allait s’élever dans le ciel.
Jiseok pose sa main sur la façade pour en tester la résonance. Immobile sur le parvis de l’entrée principale, il attend une réponse. Aucune vibration ne vient cependant chatouiller la paume de sa main et s’il respirait encore, il aurait exhalé un soupir. Alors il s’engouffre à l’intérieur sans perdre une seconde, le bruit de ses poursuivants étouffé par les murs épais de l’édifice.
À l’intérieur, ne subsistait qu’une poignée de bancs rongés par les mites, certains renversés sur le sol. Des débris de verre jonchaient la nef centrale, l’autel avait été réduit en miettes et le tabernacle semblait être le seul élément à avoir été épargné par le passage du temps et des visiteurs intempestifs. La végétation s’était engouffrée à l’intérieur, gagnant du terrain et il régnait une atmosphère étrange.
Lugubre, mais étonnement paisible.
Il se fige néanmoins, les doigts crispés sur sa blessure. Un parfum flottait dans l’air et il renifle, cherchant à déterminer son origine.
Quelque chose le percute sur le côté au même moment, l’arrachant à son observation silencieuse et il s’écrase violemment sur le sol. Des bris de verre coloré s’enfoncent dans son dos et lui arrachent un geignement de douleur. Le monde autour de lui se remet à tourner et la pulsation dans son flanc gauche, à redoubler de vitesse. Un vertige le saisit et il ferme les yeux pendant une seconde. Lorsqu’il ouvre les paupières, il faut quelques instants à Jiseok pour réussir à ajuster sa vision, la morsure glaciale du poison continuant son chemin dans son organisme. Il était épinglé au sol par un loup-garou. Loup-garou qui le surplombait, les doigts fermement enroulés autour de ses poignets et les lèvres retroussées sur ses crocs. Ses cheveux formaient une corolle autour de son visage taillé à la serpe, scintillant comme des fils d’or à la lueur de la lune. Ses yeux menaçants étaient teintés d’une nuance similaire, pareils à deux lacs couleur whisky.
Mais ce qui l’avait trahi avant toute autre chose, c’était son odeur.
— Je me disais bien que ça sentait le chien mouillé, laisse-t-il échapper d’une voix rauque.
Un grognement lui répond et la pression sur ses poignets se raffermit davantage.
— Je ne sens pas le chien mouillé, lui répond son interlocuteur, irrité.
Pour être honnête, ce n’était pas le cas. Enfin, pas vraiment. Il y avait bien une note animale dans le parfum qu’il exhalait, mais elle était faible comparé à celles du feu de bois et de l’humus.
Toutefois, Jiseok n’allait pas lui faire ce plaisir.
Serrant les mâchoires, il fait fi de l’incendie qui se propageait à tout son être pour replier une jambe, son genou s’enfonçant dans l’estomac de son vis-à-vis. À ce geste, la douleur ravage son torse et le sang bat si fort dans ses temps que son cerveau lui donne l’impression de pouvoir exploser à n’importe quel instant. Mais le loup-garou relâche son emprise par réflexe, lui permettant de le repousser en arrière d’un coup de pied porté en plein centre de sa poitrine.
Il se redresse légèrement, reculant sur le sol à l’aide de ses bras pour mettre de la distance entre eux avant de s’effondrer contre le mur, un gargouillis s’échappant de la d’entre ses lèvres.
Il avait si froid. Le brasier qui le consumait plus tôt s’était transformé, laissant place à une coulée de givre dans le creux de ses veines. Des souvenirs de sa vie d’humain lui parvenaient par flashs, lui rappelant qu’il avait éprouvé le froid et l’humidité, qu’il avait senti l’hiver mordre sa peau et se faire une place dans sa cage thoracique, l’empêchant d’inspirer à pleins poumons.
Cela faisait longtemps qu’il ne ressentait plus, que son corps avait cessé de discerner le picotement d’une flamme sur le bout de ses doigts. Après tout, il n’était qu’un corps qui avait cessé de vivre depuis un certain temps. Il n’était animé que par la magie et le sang, si on y réfléchissait bien. Il ne vieillissait pas, ne respirait plus et ses sensations se limitaient à très peu de choses. Le plaisir et la douleur, deux entités à l’opposé l’une de l’autre. Il n’y avait que dans ces instants précis qu’il sentait sa carcasse se remplir d’émotions qu’il croyait oubliées, qu’il voyait s’effacer toujours un peu plus avec les années.
— Tu es blessé.
Jiseok lève les yeux en direction du loup-garou. Ses contours étaient flous, mais ses iris mordorés l’observaient sans relâche. Ils luisaient comme deux phares au beau milieu de la nuit. Le rire de Jiseok, à peine expiré, se mue aussitôt en toussotement puis en gémissement à cause de la pression exercée sur sa blessure.
— Moi ? Nan. Je fais juste semblant d’avoir l’air au seuil de la mort, répond-il faiblement, malgré tout le sarcasme qui suintait de ses paroles.
Il n’obtient qu’un soupir exaspéré pour toute réponse et le blond passe une main dans ses cheveux pour les repousser en arrière.
— Tu es bien arrogant pour quelqu’un qui se trouve au seuil de la mort, marmonne-t-il dans sa barbe, avant de relever subitement la tête dans sa direction. Attends un peu…T’es un vampire ! Ce qui veut dire que tu es déjà mort !
— Tu devrais le hurler encore plus fort, je suis sûr que les chasseurs qui veulent ta peau autant que la mienne n’ont pas bien entendu, siffle Jiseok avant de soulever le bord de son pull pour dévoiler sa blessure. Je suis peut-être mort, mais pas invincible à mon plus grand regret. Comme tu peux le constater, je ne suis pas en état de continuer à gambader joyeusement dans les bois alors je vais rester ici jusqu’à ce qu’ils débarrassent le plancher.
Chaque parole était une torture. Sa bouche lui semblait pâteuse et il déglutit. Il sentait son corps s’engourdir un peu plus plus à chaque seconde.
— Toi, tu fais ce que tu veux. Ça m’est égal.
Il pouvait rester, partir, faire de la méditation, ça ne le concernait pas. De son côté, Jiseok n’avait qu’un seul objectif : se dépêcher d’enlever cette fichue balle de son abdomen s’il voulait guérir au plus vite et quitter les lieux. Même si la chapelle avait accepté sa présence, elle lui rappelait qu’il avait été transformé en être de la nuit, que son âme avait été souillée contre son gré et qu’il n’était plus le bienvenu en ces lieux. Il sentait une pression poindre à l’arrière de son crâne, là où la souffrance n’avait pas encore élu domicile. Comme une présence qui le poussait à évacuer les lieux dès que possible, à ne pas abuser de son hospitalité.
Les aboiements reprennent à cet instant, plus proches et Jiseok se fige, l’oreille tendue. Il était incapable d’estimer à quelle distance ils se trouvaient de la chapelle, néanmoins ils semblaient se diriger dans leur direction. Il fait signe au lycanthrope de se taire d’un geste de la main. Celui-ci lui adresse un regard menaçant avant de se laisser tomber au sol à quelques mètres de lui, adossé au mur et les bras croisés dans son giron. Le vampire attend, aussi immobile que la pierre qui les entoure. Si son cœur avait continué de battre, il aurait sûrement cherché à se frayer un chemin hors de sa poitrine.
Faites qu’ils ne rentrent pas ici. Faites qu’ils ne rentrent pas ici.
Ses lèvres s’entrouvrent de surprise lorsque les bruits de cavalcade s’arrêtent à quelques mètres, non loin de l’entrée de la bâtisse. Puis ils s’éloignent, peu à peu étouffés. Il jette par réflexe un coup d'œil au loup-garou, captant le sourire suffisant qui étirait sa bouche en forme de cœur.
Et il comprend.
— Frimeur, lâche-t-il entre ses dents avant de se pencher pour écarter les bords de sa plaie de ses doigts tremblants.
Quitte à sentir un peu le chien mouillé, autant qu’il se rende utile.
— Jooyeon.
Le tissu coincé entre ses lèvres, il relève aussitôt les yeux pour le regarder à nouveau.
— Mmh ? l’interroge Jiseok, un sourcil arqué.
— Je m’appelle Jooyeon. Pas Frimeur.
Jiseok ne peut s’empêcher de ricaner devant l’expression sur le visage du lycanthrope et ce, malgré la douleur que ce geste lui inflige.
— Très bien, Jooyeon. Tu m’excuseras, mais il faut vraiment que je m’occupe de ce problème au plus vite. Histoire de ne pas décéder une seconde fois dans d’atroces souffrances.
Il baisse la tête, son attention dirigée à nouveau sur sa blessure. Puis il prend une inspiration, agissant d’un seul coup avant d’avoir le temps de réfléchir.
Il plonge ses doigts dans la chair à vif et ses crocs entaillent sa lèvre inférieure quand il serre les mâchoires, retenant à peine le hurlement qui remonte dans sa poitrine. Un feu d’artifice explose devant ses yeux, des points noirs troublant sa vision et un goût métallique envahit l’intérieur de sa bouche. Les contours de la balle effleurent la pulpe de son index et il grogne en enfonçant davantage celui-ci pour l’attraper, un bruit de succion accompagnant l’extraction du projectile hors de son corps.
Sa poitrine se soulève, secouée par un spasme et il lui faut un effort considérable pour soulever son bras, la balle retombant avec un tintement sur la pierre. Le bout de ses doigts était calciné par le contact avec l’argent et il n’osait même pas regarder l’état de sa plaie.
Il se sentait si faible. Il ne demandait rien d’autre qu’à se laisser emporter par la léthargie, qu’à sombrer dans l’inconscience.
— Hey, hey, reste avec moi.
Une paume tapote sa joue, lui faisant rouvrir les yeux qu’il n’avait pas conscience d’avoir commencé à fermer. La voix du loup-garou est toute proche, accompagnée du parfum de forêt qui lui était propre.
— Qu’est-ce que je peux faire ?
— Quoi ? croasse Jiseok, l’information se frayant difficilement un chemin jusqu’au centre de son crâne.
— Qu’est-ce que je peux faire pour t’aider ?
Il lève les yeux vers Jooyeon et il sent ses entrailles se nouer davantage en apercevant l’expression qui s’étendait sur son visage.
— Est-ce que…tu t’inquiètes pour moi ? murmure-t-il, perplexe.
Le regard mordoré posé sur lui semblait agité et les lèvres pleines, plissées en une moue concernée.
— Pourquoi ? l’interroge-t-il en le fixant avec intensité, surpris par sa propre curiosité.
Jiseok ne comprenait pas.
Pourquoi est-ce qu’il se donnait la peine de lui venir au secours ? Pourquoi est-ce que le regard du lycanthrope luisait d’un tourment qu’il n’aurait pas dû éprouver pour quelqu’un qu’il venait à peine de rencontrer ? Qui plus est, un vampire.
Cette attention provoquait des sensations étranges dans son corps déjà malmené par ses blessures et il étend ses jambes devant lui, détournant les yeux.
— Est-ce que j’ai vraiment besoin d’une raison ? lui répond Jooyeon, les sourcils froncés.
Jiseok soupire face à cette réponse, sa langue claquant contre son palais.
— Je ne sais pas si tu es inconscient ou juste stupide, mais tu ne vas pas faire de vieux os si tu viens en aide à toutes les créatures blessées qui croisent ton chemin, laisse-t-il échapper, railleur.
Le loup-garou se redresse avec un soupir agacé, son regard noir dardé sur lui.
— Tu as raison. Je dois sûrement être stupide pour croire que tout le monde mérite d’être sauvé.
Ses paroles atteignent Jiseok plus qu’il ne l’aurait voulu et il sent ses mâchoires se serrer. Plus que ça, c’était l’abattement qui suintait de ces mots, l’espoir qui donnait l’impression de s’être éteint comme la flamme d’une bougie au gré du vent qui le laissait avec un goût amer dans la bouche.
Jooyeon s’éloigne et la fragrance sauvage qui l’entoure s’efface peu à peu, laissant le vampire frissonnant contre le mur, les bras autour de la taille.
— Du sang, finit-il par confesser après quelques secondes.
La tête du loup-garou pivote instantanément vers lui à ses paroles.
— Quoi ?
— J’ai besoin de sang, explique-t-il, le visage crispé par le picotement douloureux qui parcourait son corps tout entier. Pour m’aider à me régénérer plus vite.
Sans ça, la plaie allait mettre des heures à se refermer et le poison à évacuer son organisme. Les molécules d’argent qui se baladaient librement dans son corps entravaient le processus de cicatrisation et le jour serait levé avant qu’il ne soit complètement rétabli.
Jooyeon l’observe, circonspect et Jiseok le voit s’avancer dans sa direction avant de s’arrêter, puis faire un pas en arrière avant de revenir dans sa direction. Puis il s’immobilise à nouveau et lorsque le vampire arrive à focaliser son regard sur lui, il le voit mordiller nerveusement sa lèvre inférieure.
— Il n’y a pas…Il n’y a pas d’autre solution ? lui demande-t-il, et Jiseok secoue la tête.
— Non. Soit je prends mon mal en patience, en espérant être guéri avant que le soleil ne se lève, soit j’arrive à me nourrir et ça prendra deux fois moins de temps.
Un silence s’étire entre eux et Jiseok voit le lycanthrope réfléchir, entre deux battements de paupières. Il pouvait presque visualiser les rouages dans un coin de son crâne, face aux questions qui devaient se bousculer dans sa tête.
— Tu n’es pas obligé, murmure Jiseok en reprenant la parole. Tu ne me dois rien.
Le geste n’avait rien d’anodin alors il pouvait comprendre le doute qui l’assaillait quant à l’idée de se faire mordre par un vampire. S’il acceptait, c’était une faveur qu’il lui faisait plus que toute autre chose et Jiseok savait que ce n’était pas à la portée de tout le monde d’accepter un tel sacrifice.
— Je veux t’aider, affirme néanmoins l’autre garçon, les sourcils froncés.
Il s’approche, le visage transformé par une farouche détermination avant de s’agenouiller à ses côtés, la tête penchée sur le côté. Puis il tend son bras vers Jiseok, plissant les lèvres. Celui-ci attrape son poignet, les membres engourdis et son pouce effleure maladroitement. Il ferme les yeux une seconde à la sensation du pouls de Jooyeon battant la mesure sous son doigt, avant de le repousser poliment pour pointer son cou d’un geste du menton.
— Ça…Ça ne suffira pas, explique-t-il, soudainement gêné par la situation. Il faut que…Il faut que je morde à la jugulaire. Pour que ça soit plus…efficace.
Le lycanthrope lui jette un regard méfiant et Jiseok observe sa pomme d’Adam rouler quand il déglutit, attirant son regard sur la ligne de sa gorge. Ses yeux s’attardent plus qu’il ne faut sur la peau légèrement bronzée. Mais surtout sur le renflement de la veine qui palpitait au-dessous, alléchante. Et il s’arrache difficilement à sa contemplation.
— Tu peux encore refuser.
Peu importe la faim qui asséchait la sienne et rendait tout ça plus pénible, peu importe le creux béant dans ses entrailles et le besoin.
— Non.
Il passe une nouvelle fois la main dans ses cheveux, repoussant des mèches dorées derrière son oreille d’un geste vif.
— C’est juste que…souffle-t-il, ses doigts échouant à la lisière de son tee-shirt. Est-ce que ça fait mal ?
La question fait résonner des émotions contradictoires à l’intérieur de Jiseok. Incrédulité. Amusement. Doute. Il avait l’air d’un enfant avant un passage chez le médecin. De toutes les craintes possibles, il s’était arrêté sur celle-là. Il était définitivement inconscient.
Jiseok déglutit, passant sa langue sur ses lèvres sèches pour les hydrater. Les yeux de Jooyeon suivent le mouvement avec attention et leurs regards se croisent une seconde avant que le loup-garou ne détourne le sien sur le côté.
— Je ne sais pas, confie le vampire. Personne ne s’est vraiment plaint jusqu’à maintenant. Malheureusement je n’ai jamais mordu autre chose que des humains, alors je ne peux pas t’affirmer que ça sera la même chose pour un lycanthrope.
En théorie, ça ne devrait pas changer quoi que ce soit. Néanmoins il n’avait rien pour le prouver.
— Dans le pire des cas, reprend-il avec une légère grimace, tu as la force nécessaire pour me repousser.
Jooyeon hausse les épaules, inclinant la tête pour acquiescer avant de mordiller à nouveau sa lèvre inférieure. Son air un peu perdu indique à Jiseok qu’il n’a pas la moindre idée de la manière dont il fallait procéder et le vampire tapote le sol à ses côtés d’un geste fébrile.
— Installe-toi là, déclare-t-il. Tu seras plus à l’aise.
Le loup-garou s’exécute, s’adossant au mur à sa gauche et il étend ses longues jambes devant lui, les mains dans son giron. D’une main, Jiseok pivote sur le côté, un grondement s’échappant de la barrière des lèvres quand le mouvement appuie sur sa blessure encore fraîche. Mais il arrive tant bien que mal à se hisser sur les cuisses de Jooyeon, celui-ci si figeant aussitôt.
— Qu’est-ce que…?
— Question d’angle. Tu es plus grand que moi et j’aimerais éviter de te dévisser la nuque, répond Jiseok faiblement, avec une pointe de moquerie.
Son vis-à-vis lui lance un regard indéchiffrable, la bouche plissée et les pommettes recouvertes d’une infime teinte rosée. Jiseok aurait peut-être pris le temps de reconsidérer leur position s’il n’avait pas été submergé par la faim. Celle-ci tambourinait aussi fort que la douleur dans le creux de son être et son monde s’était réduit au pouls qui battait la mesure sous la chair dorée du loup-garou.
— Je…Je vais essayer d’être le plus doux possible, murmure Jiseok, se voulant rassurant malgré le désespoir qui l’accablait.
Les poings de Jooyeon se referment et il tourne la tête sur le côté, exposant la chair tant convoitée au regard affamé du vampire.
Jiseok se penche, une main posée sur son épaule pour se maintenir. L’autre écarte délicatement les cheveux qui subsistent pour dégager sa jugulaire et son nez effleure la peau de son cou, chatouillé par un mélange d’humus, de feu de bois et d’autre chose, d’une fragrance qu’il était incapable de définir. Sa bouche flotte contre sa peau, ses crocs tendus le faisant souffrir le martyr.
— Si ça ne va pas, repousse-moi immédiatement, susurre Jiseok à l’intention du loup-garou.
Il savait qu’il ne serait pas capable de le faire de lui-même. En temps normal, il arrivait à se maîtriser. Là, il était blessé et il mourrait de faim. Il n’allait pas s’arrêter avant d’avoir bu suffisamment.
Jooyeon lui répond d’un léger bruit de gorge qui vibre contre ses lèvres et Jiseok ne perd pas une seconde. Il darde sa langue pour la laisser traîner contre l’épiderme brûlant, usant de la propriété anesthésiante de sa salive. Puis il penche sa tête sur le côté, cherchant le bon angle avant de planter ses crocs dans son cou.
L’univers tout entier explose autour de lui à la première gorgée.
Sa vision se pare de blanc, son corps tendu comme un arc et un flot de miel envahit sa gorge.
Sa main s’agrippe à la nuque du lycanthrope, ses doigts enfouis dans les cheveux dorés et il laisse échapper un gémissement de plaisir. Il n’avait jamais goûté quelque chose de pareil. Le sang qui remplissait sa bouche était chaud et doux, comme s’il avait la chance de pouvoir s’abreuver du soleil lui-même. Chaque gorgée faisait crépiter des feux d’artifice dans le creux de sa tête et ses yeux se révulsent, son corps débordé par l’afflux de sensations qui se bousculaient à l’intérieur de lui.
Deux mains attrapent brusquement sa taille et il se retrouve pressé de tout son long contre le corps de Jooyeon, un frisson remontant sa colonne vertébrale au grondement qui résonne dans la poitrine de celui-ci. Sans trop savoir comment, il arrive à se détacher de son cou pour le regarder et ses lèvres s’entrouvrent en apercevant son visage.
Ses yeux.
Ses pupilles s'étaient fendues et leur couleur mordorée était devenue aveuglante. Ses mâchoires étaient serrées, accentuant la ligne franche de son visage et de petits crocs dépassaient de ses lèvres entrouvertes. L’animal avait pris le pas sur l’homme et Jiseok aurait presque regretté l’absence des battements de son cœur face à l’aura sauvage et puissante qu’il dégageait en cet instant, loin du garçon balbutiant qu’il avait été quelques minutes plus tôt.
L’odeur de son sang appelle à nouveau Jiseok et il penche la tête, glissant ses crocs dans les trous déjà formés et arrachant cette fois un gémissement au loup-garou.
La prise contre sa taille se raffermit, les mains brûlantes glissant sous la barrière de son pull pour se poser à même sa peau. Comme si ses doigts cherchaient à imprimer leur chaleur en lui, à se raccrocher à quelque chose pour ne pas sombrer. Et un hoquet remonte dans la gorge de Jiseok en prenant conscience de ressentir leur présence.
Il éprouvait tout. La pression presque douloureuse des doigts de Jooyeon contre lui, le frottement languide de son corps contre le sien, son souffle saccadé et le feu que ses doigts répandaient contre son épiderme.
Comme s’il était redevenu humain, l’espace d’un court moment.
Cette simple pensée l’étourdit et il se love davantage contre le loup-garou, enivré par la saveur de son sang, par les émotions brutes qu’il faisait éclater au creux de son être, par cette lave brûlante qui ravageait ses veines, dévastant tout sur leur passage. Ses joues s’humidifient d’un seul coup, des larmes traçant un chemin silencieux jusqu’à son menton.
Il savait au plus profond de son être qu’il n’allait jamais en être rassasié. Pire encore, qu’il n’allait jamais retrouver quelque chose à la hauteur du nectar qui glissait sur sa langue.
La saveur était indescriptible. Comme si elle avait été faite pour lui.
Est-ce que c’était parce qu’il était un loup-garou ? Jiseok n’en savait rien. Ce dont il était parfaitement sûr, en revanche, c’était que son existence allait devenir une torture à partir de cet instant. Il le savait, comme une évidence ancrée profondément en lui, comme une réalité qui venait le claquer en plein visage.
Rien ne lui avait jamais autant donné l’impression d’être vivant.
Il s’arrache difficilement à la nuque dorée de Jooyeon après ce qui lui semble des heures et l’espace d’une seconde, la sensation fantôme de son cœur qui bat lui parvient, troublante. Il avait l’impression d’être à l’étroit dans son propre corps. De ne pas pouvoir retenir le flot démentiel qui se mouvait en lui, qui enflait encore et encore, sans s’arrêter.
Le monde autour de lui était trouble, ses contours à peine définis et il sent un nouveau vertige le traverser. Secouant légèrement la tête, il donne un coup de langue paresseux sur les marques laissées par ses crocs, laissant le soin à sa salive de refermer les trous avant de reculer, la peau vibrante d’une énergie qu’il peinait à maîtriser.
Il aperçoit le regard doré de Jooyeon, embrumé et son souffle saccadé échoue sur son visage. Sa tête était affaissée contre le mur, son visage recouvert d’une fine pellicule de sueur. Ses mains, elles, étaient mollement posées sur la taille de Jiseok et celui-ci frissonne à la sensation de son pouce effleurant distraitement sa peau.
L’instant d’après, il sent l’inconscience le frapper d’un coup net, comme un souffle remontant de ses entrailles pour l’emporter tout entier.
Le jour n’était pas tout à fait levé lorsqu’il ouvre les yeux, plissant les paupières face à la lumière qui inondait la chapelle à travers les vitres brisées. La première chose qui l’interpelle en s’éveillant est la sensation de chaleur logée dans son flanc gauche. Il baisse la tête en déterminer l’origine avant de s’immobiliser aussitôt en apercevant le loup allongé à ses côtés sur le sol, le museau posé sur sa cuisse. Son pelage épais reflétait les faibles lueurs du soleil, tout en nuances d’or et de cuivre. Ses paupières s’ouvrent sur deux prunelles couleur whisky, qui l’observent avec curiosité et Jiseok se perd dans la contemplation de ces iris à l’allure bien trop humaine.
— Jooyeon ? murmure-t-il à voix basse.
Il n’aurait même pas eu besoin de demander, son être tout entier lui criant confirmation, mais il avait besoin de le verbaliser pour se donner l’impression d’être toujours le même. Alors qu’il percevait très bien le changement qui s’était opéré en lui dès son réveil, l’onde qui le parcourait et courait comme un fil invisible jusqu’au garçon lové contre lui.
Le loup hoche la tête et les épaules du vampire s’affaissent. En humant l’air, rien d’autre ne lui parvient que le parfum de d‘humus émanant de son compagnon. Et lorsqu’il tend l’oreille pour analyser les environs, il n’entend que la mélodie de la forêt qui poursuit son cours de l’autre côté des murs de la chapelle.
— Tu m’as déplacé de l’autre côté ? poursuit-il, sa voix encore pâteuse.
Jooyeon acquiesce d’un nouveau mouvement de museau avant de pointer celui-ci en direction des fenêtres.
Soleil.
Le mot lui était parvenu comme une image vive en regardant le loup-garou, comme un flash apparaissant devant ses yeux sans prévenir. Il n’aurait pas pu l’expliquer, mais c’était comme s’il l’avait compris sans un mot. Et une chaleur supplémentaire envahit sa poitrine devant sa considération, son corps frémissant d’une vie qui n’était pas la sienne.
— Merci.
Il aurait pu passer son chemin au moment où il avait posé les yeux sur lui, le tailler en pièces ou l’abandonner à sa souffrance, mais il avait décidé de lui offrir son sang pour lui venir en aide. Sans rien demander en retour. Plus que ça, il était resté. Il se tenait à ses côtés et lui avait évité la morsure foudroyante de l’astre solaire au petit matin.
Dans un monde où rien ne venait sans contrepartie, Jiseok débordait d’une gratitude qui lui était difficile à exprimer.
Son corps se meut de lui-même et il se rend compte de son geste au dernier moment, sa main se figeant à quelques centimètres de la fourrure dorée de Joyeon. Incertain, il cherche une confirmation muette dans les yeux du loup.
Une réponse à toutes les questions qui se pressaient dans un coin de sa tête, aux problèmes qu’il sentait poindre à toute vitesse et auxquels il n’avait pas trouvé de solution.
Il n’arrivait pas à s’expliquer la sérénité qui l’avait envahi depuis qu’il avait ouvert les yeux. Ce sentiment de bien-être, de légèreté qui l’enveloppait tout entier. Comme s’il était enroulé dans une épaisse couverture, assis devant un feu de cheminée. Cette simplicité déconcertante entre Jooyeon et lui, comme s’ils s’étaient connus toute leur vie, comme si bien des années s’étaient écoulées depuis leur rencontre. Où ils n’avaient pas besoin de mots pour se comprendre, où le danger et la méfiance n’avaient jamais eu leur place.
À aucun moment il n’avait ressenti d’hostilité de la part du lycanthrope et il ne se souvenait pas en avoir éprouvé à son égard. Même blessé et désarmé, il avait accueilli sa présence comme si elle était tout à fait normale. Peut-être parce que Jooyeon ne l’avait pas regardé comme une créature sans défense. Ni comme un vampire, un ennemi naturel dont on avait du lui dire de se tenir le plus éloigné possible. De lui, il n’avait flairé que de la curiosité, ainsi qu’une honnête envie de lui porter secours. Rien d’autre. Et c’était ce qui le perturbait le plus, en fin de compte. Parce qu’il n’avait pas l’habitude d’une telle sollicitude et qu’elle lui semblait en parfait décalage avec toute cette situation. Néanmoins, une partie de lui était reconnaissante de son aide. Sans lui, il n’aurait probablement pas survécu à cette nuit.
Pourtant, il n’arrivait pas à saisir ce qu’il faisait encore là. Il devait avoir senti que Jiseok était rétabli. Mais il n’avait pas bougé, immobile contre lui. Comme s’il attendait quelque chose.
Sa main s’aventure finalement dans la fourrure du loup-garou et il est surpris par leur texture soyeuse. Un frisson remonte le long de sa colonne vertébrale et il laisse ses doigts parcourir les poils épais, suivant un chemin jusqu’à son encolure. Jiseok se fige quand ils rencontrent une aspérité sur leur passage, suivie d’une seconde quelques centimètres plus loin.
— Elle te fait mal ? demande-t-il à Jooyeon, la gorge nouée. La morsure ?
Une inquiétude étrange le saisit à l’idée qu’elle puisse être réellement douloureuse et il recule sa main, comme brûlé. Mais le museau du loup frôle aussitôt ses doigts avant d’appuyer contre sa paume.
Non.
Encore cette voix, indéniablement sienne, qui résonnait dans le creux de sa tête. Jiseok ne savait pas si Jooyeon avait conscience d’être compris, s’il ressentait lui aussi le lien nébuleux qui les reliait l’un à l’autre. Est-ce que c’était une conséquence de leur nature surnaturelle à tous les deux ? Il n’en savait rien. Il n’était plus sûr de quoi que ce soit, en cet instant. Son univers s’était troublé en l’espace de quelques heures et son instinct lui criait qu’il n’était plus le même. Qu’il devait s’éloigner de Jooyeon et retourner à son existence, laisser les souvenirs de cette nuit derrière lui. Mais le simple fait de l’imaginer lui inspirait une douleur aussi vive que celle de l’argent.
Et c’était ça, le plus terrifiant.
Il n’avait pas envie de partir. Il ne s’était jamais aussi senti à sa place que dans cette chapelle en ruine, assis à côté d’un loup-garou.
Il était apaisé. Toutes les ombres qui l’accompagnaient depuis qu’il était devenu un vampire étaient écrasées par une plénitude qu’il n’avait jamais éprouvée auparavant.
— Tu ne vas pas reprendre forme humaine ? demande finalement Jiseok, dans un filet de voix.
Il voulait retrouver son visage aux contours anguleux, le léger froncement de son nez qu’il avait aperçu la veille pendant leur conversation. Maintenant qu’il était rétabli, que sa vision avait retrouvé toute sa netteté, il n’avait qu’une envie : s’attarder sur ses traits et les mémoriser un par un. Pour ne pas l’oublier. Pour ne pas le sentir s’estomper avec le temps, comme tous les autres.
Non.
La réponse de Jooyeon remplit sa bouche d’un goût amer, semblable à celui du sang vicié. Les lèvres du vampire se plissent et sa main se crispe dans le pelage du loup.
— Pourquoi ?
Pas envie.
Un rictus étire la bouche de Jiseok à cet argument. Il avait senti une onde de bougonnerie tapisser son esprit au même moment et elle ne pouvait provenir que de son compagnon lupin. Mêlée à quelque chose d’autre, qu’il n’arrivait pas à définir, mais sur lequel il avait curieusement envie de poser des mots.
— Tu fais ton timide ? renchérit-il, amusé.
Jooyeon tourne la tête de l’autre côté avec un léger grondement. Cependant, des flashs apparaissent devant la rétine de Jiseok, comme des séquences d’un film projetées les unes après les autres. Un film qui n’était pas le sien, dont il était le seul et unique spectateur. Il savait que ces images ne lui appartenaient pas parce qu’il se voyait. Pendant un court instant, il a l’impression d’être le lycanthrope, de voir à travers ses yeux et de ressentir ses émotions.
La sensation d’un être fragile et tremblant entre ses mains, qu’il serait capable de briser en deux s’il en avait eu la moindre envie. L’écho des déglutitions régulières, si proche, affolant ses sens. La caresse de ses cheveux contre son cou. L’éclat rougeoyant dans ses yeux quand Jiseok avait relevé les yeux pour l’observer. La chaleur, dévastatrice. Le bien-être. La douceur de sa peau sous les doigts de Jooyeon. L’envie primitive. Le mouvement de leurs corps l’un contre l’autre, qui menaçait de le rendre fou. Qui n’était jamais suffisant pour le rassasier. Le frisson divin qui l’avait parcouru à chaque gorgée, à chaque pression de lèvres contre son cou devenu hypersensible. Cette langueur dans laquelle il avait envie de se plonger, quitte à laisser Jiseok le drainer de son sang jusqu’à la dernière goutte.
Comme si plus rien d’autre n’avait d’importance, hormis cette symbiose qui s’était établie entre eux.
Ces images se succédaient et Jiseok n’arrivait pas à lutter contre les émotions qui n’étaient pas les siennes mais continuaient de se déverser en lui. Pire même, il les accueillait et s’en nourrissait comme s’il s’était agi d’une gorgée d’hémoglobine. Elles vibraient d’une puissance, d’une intensité qui le dépassait complètement, mais elles agissaient comme un souffle tiède, rassurant.
Puis tout s’arrête d’un seul coup, comme si Jooyeon avait pris conscience de la porte qu’il avait laissée entrouverte.
Un mur est érigé entre eux en un instant et Jiseok se sent comme aspiré hors de la vision. Lorsqu’il revient à lui, hébété, le loup-garou regardait toujours de l’autre côté. Pourtant les battements de son cœur s'étaient accélérés, lui faisant penser à un oiseau affolé et le sien aurait certainement suivi le même rythme, dans d’autres circonstances.
Il se sent rougir face à la tension flottant dans l’air entre Jooyeon et lui. Posant le plat de sa main sur sa joue, il constate la chaleur à la surface de celle-ci, possible grâce à la présence du sang neuf présent dans son organisme. Et il ne peut pas s’empêcher de ressentir une satisfaction presque enfantine face à cette réaction tout ce qu’il y avait de plus humaine.
Un rire lui échappe et il passe sa main libre dans ses cheveux, les repoussant en arrière.
— C’est une réaction normale, tu sais, explique-t-il en tapotant la fourrure de Jooyeon. Tu n’as pas à avoir honte. Les choses peuvent vite devenir…intenses.
Une grimace déforme son visage à ces paroles et un nouveau grognement lui parvient de la poitrine du lycanthrope.
À vrai dire, ce n’était pas totalement la vérité. Oui, la morsure provoquait ces effets dans la majorité des cas. En plus d’être anesthésiante, la salive de vampire avait des propriétés aphrodisiaques et Jiseok s’était toujours dit que c’était une contrepartie pour atténuer la douleur causée par l’acte en lui-même, un moyen de rendre ça plus supportable pour la victime, qu’elle soit consentante ou non.
Il ne s’en était jamais formalisé plus que ça. Se nourrir était un besoin vital pour lui, un moyen de survie. Mais ce qui s’était produit avec Jooyeon n’avait rien à voir.
C’était tellement plus que ça. Une vague monstrueuse qui avait déferlé sur lui et s’était infiltrée sous sa peau, au plus profond de son âme. Comme si tous les événements qui s’étaient produits jusqu’à présent l’avaient mené à le rencontrer. Comme si son existence toute entière avait tourné au ralenti jusqu’à ce que sa route ne croise celle du loup-garou. Et l’immensité de la chose le terrifiait, parce qu’il sentait qu’il n’y avait pas de retour en arrière.
Il y avait eu une vie sans lui. Et il y aurait désormais une vie où une partie de lui serait à jamais avec Jooyeon, où qu’il aille.
C’était un fait. Une réalité si vive, si palpable qu’elle en était presque douloureuse. Permanente.
Il fallait qu’il lui dise.
Les mots se pressent derrière la barrière de ses lèvres, mais aucun n’en sort. Immobile, il cherche le meilleur moyen de lui expliquer le tourment qui l’habitait sans l’effrayer. Alors qu’il n’allait pas pouvoir en être autrement, il en était certain. Et Jiseok sentait déjà le désespoir s’inviter dans ma poitrine, frémir sous sa peau comme une chape glacée.
— Jooyeon.
L’attention du loup-garou se porte à nouveau de son côté et il penche la tête, ses iris couleur whisky posés sur lui.
Problème ?
Un rictus étire les lèvres de Jiseok devant la clairvoyance de son compagnon, somme toute naturelle compte tenu de la situation. Avant de s’affaisser face à l’abattement considérable qui ployait sur ses épaules. Chaque idée qui lui traversait l’esprit était aussitôt balayée par le doute et il soupire, frustré.
Jooyeon presse une nouvelle fois son museau contre sa main, l’invitant à poursuivre et Jiseok hydrate sa bouche d’un coup de langue.
— Je…Il faut que je te dise quelque chose. Hier-
Un hurlement lointain brise son sursaut de courage et il se fige, les sens en alerte.
Le loup-garou s’était redressé en position assise, les oreilles dressées et ses yeux luisent un instant avant de retrouver leur couleur d’origine. Levant la tête vers le plafond de la chapelle, il laisse échapper un cri similaire qui résonne entre les murs de pierre, l’onde faisant trembler la poitrine de Jiseok sur son passage.
Partir.
Ce mot s’imprime en lui comme une lame chauffée à blanc et il sent l’angoisse remplir ses entrailles, ses doigts parcourus de picotements.
— Maintenant ? Tu ne peux pas rester un peu plus longtemps ? l’interroge fébrilement Jiseok.
Non.
Le lycanthrope secoue la tête, pliant les pattes arrière pour se remettre debout et il hume l’air autour de lui. Le vampire se relève à son tour, la bouche pâteuse et le torse comprimé par une sensation désagréable.
Partir. Vite.
— Est-ce que…est-ce je vais te revoir ?
Les mots étaient sortis tout seuls, poussés par la peur.
Parce que Jiseok était effrayé. Consumé par la crainte que ce soit la dernière fois.
Sais pas.
Une coulée de givre se déverse en lui et un gémissement de dépit remonte dans sa gorge. Le loup-garou se rapproche de lui pour donner un coup de langue sur le dos de sa main et Jiseok sent poindre des larmes qu’il n’était même pas en mesure d’expliquer avec des mots, déchiré par la réalité qui le claquait en plein visage.
L’instant d’après, Jooyeon pivote sur lui-même pour quitter les lieux, sa silhouette duveteuse disparaissant à l’extérieur. Et Jiseok se laisse choir au sol, une main sur le torse. Là où son cœur gisait, inerte. Pourtant, il avait l’impression d’avoir mal à cet endroit. Mal à en crever. Chaque mètre parcouru par le loup était un supplice. Une peine qui se propageait dans ses os, dans les abysses de son âme. Une douleur innommable qui le faisait se recroqueviller sur lui-même avec un geignement de souffrance. Toutes les fibres de son être lui hurlaient de partir à sa poursuite pour réduire la distance et il avait l’impression d’être coupé en deux.
Les mâchoires serrées, il entoure ses jambes de ses bras, les ongles plantés dans les paumes de ses mains et l’environnement devient flou à partir d’un certain moment. Il ne pouvait pas partir tant que la nuit ne serait pas tombée, prisonnier de ces parois recouvertes de mousse. Il ne savait même pas s’il en avait même envie. Le parfum de Jooyeon imprégnait encore les lieux et s’il se forçait un peu, il pouvait presque ressentir sa présence, comme un spectre aux lignes vagues, un ersatz de chaleur rampant sur sa peau frémissante.
Son cerveau se déconnecte de la réalité à un certain moment, son regard fixé dans les aspérités du mur en face de lui.
Et au beau milieu de la vie qui continuait paisiblement son cours de l’autre côté, un seul mot résonnait encore et encore dans son esprit. Comme le martèlement d’un tambour, prenant un peu plus d’ampleur à chaque seconde écoulée. Calice.
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Capybara - Il vit en larges groupes familiaux ou en bandes de plusieurs dizaines d’individus, menés par un mâle dominant. Il communique avec ses congénères par une variété de cris : sifflements, grognement et même aboiements pour donner l’alerte
Lieu : Zoo de Maubeuge
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Ce chien chante avec les sirènes et séduit les policiers - 20 minutes
😜🐕🤣 USA
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JANVIER Se réveiller tôt. "Non mais je veux juste que cette année soit bof, pas de hauts, pas de bas, juste bof". Les copains. Thomas. "Ta veste, c’est parce que tu pars à la chasse ou bien ?". Niquer. Un canapé qui ne passe pas dans l’escalier. "Pivot! Pivot!" Un film sur une île en Islande. Niquer. Gorbatchev. Le premier doute. Un anniversaire plein de paillettes. Fidji. Une IRM en mode Kraftwerk. Niquer. "Mais du coup t’es ma meuf ? Oui". L’homme providentiel. Le jeu de la bouteille. Mitski et les aboiements d’Ecco. "Toi, soit tu es l’homme de ma vie, soit dans 6 mois je découvre qu’il y a 150 meufs derrière et que t’es taré". L'instinct putain. Niquer. J’ai eu la fève. Le ministère de la galette. Un chien mignon et une couronne. Un bœuf bourguignon. Le rejoindre au milieu de la nuit. Les petits papillons dans le taxi. Niquer. Des centaines de messages par jour. Cette impression de s’être trouvés. Poser des portes de placard. Une casquette bite. Des illuminations. Lui prendre la main dans le froid. Niquer.
FÉVRIER Se faire accueillir sur le quai de la gare avec un petit chien et des ballons. Je ne savais pas encore qu’il était hyper malin. Construire une scène dans le vide. Buffy. Une vidéo pour la Thaïlande. Ranger des placards. Milkshake. Une expo photo un peu nulle. Jouer au billard dans un hôtel vide. Jouer au yams dans un hôtel vide. Baiser jusqu’au petit matin. Ses mains. Un mariage en mode Ken Loach à Londres. "On ne sait pas quoi dire donc on va faire un solo de flûte". Ils l’ont fait. Son premier anniversaire sans lui. Le cœur brisé d’avoir dû le quitter. Une immense engueulade par sms. 9h de train. Ne jamais sortir avec un musicien. "Elephant Gun" ta mère. Je déteste Berlin. Se faire voler toutes nos caméras. Du Fervex. Une nouvelle passerelle. Retrouver un jardin. Refaire le monde avec un gamin. Il faut visiblement bac +7 pour poser une porte de lave-vaisselle. Une demande en mariage à l’autre bout de la Terre. Les Libertines. C'est moi ou il ne s'intéresse pas aux gens ? L’Australie me manque.
MARS J’adore avoir les mains dans la terre. Mon salaire en honoraires de véto. Dormir avec son t-shirt RATP. Stranger in my own skin. Une faille en forme de vulve. Zazie dans le métro. "The best way to scare a Tory is to read and get rich". Joe Talbot et Aymeric Lomperet ne sont pas la même personne. Ricky l’adolescent a 20 ans. La maison qui redevient celle des copains. Un passeport français. Jouir si fort. "Tu savais pas que je pouvais squirter ?". Attendre Aya. Rigoler avec Aya. Parler signes astrologiques avec Aya. L’Atlas des Îles Abandonnées. Lighter stealer. "If I give you a Chanel necklace and you choke on it, that’s your problem, not mine". Perdre ma boucle d’oreille préférée. Les Raclures. Dire au revoir à sa glycine de trente ans. Des plantes. Plein de plantes. Non, vraiment, beaucoup de plantes. Une porte de frigo. Des stores gris alors qu’ils devaient être blancs. Adam Green ou Bill Ryder-Jones. Ce ne sera finalement ni l’un, ni l’autre. Mon premier tatouage fête ses 12 ans. L’heure d’été, enfin.
AVRIL Une araignée. Deux araignées. Trois araignées. Trop d’araignées. Planter des trucs. Elle est partie il y a deux ans. Putain, deux ans. Ripley. Il est si beau quand il jouit. Il ment déjà, mais je ne le sais pas. Un camélia. Une nouvelle glycine. "Dimmi quando tu verrai, dimmi quando, quando, quando, quando". Le regarder hurler des chansons italiennes en faisant des pâtes carbo. Tomber amoureuse. Me faire un peu pipi dessus en pogotant au concert de Kneecap. "What are we gonna do tomorrow night? The same thing we do every night, Pinky. Try to take… drugs". Camille. Le cœur qui lâche. Reconnaître cette immense tristesse dans les yeux de mon amie. Sauter sur un lit habillée en licorne magique pour essayer de la faire rigoler. Un nouveau meuble. "Les naufragés" pour s’endormir. Trop de ti punch. Un parkour ivres à 19h30. 40 ans. Les boucles d’oreilles que j’avais repérées. Il est très fort. Je ne savais pas que j’allais bientôt les détester. Tous les gens que j’aime réunis au même endroit. Caro, Marine, Valen, Juju, Sarah. Des chorégraphies improbables. Un ballon requin. Un voyage à Naples. Le sac que je ne m’étais jamais offert. Une bague avec six pierres. De la plongée. Les Chatputes. Une chanson ego trip 3000. Un trauma crânien. Un DJ set cramé. Je les ai tous couchés.
MAI Le jeune part à New York. Une infection à l’œil. Un mal de crâne à se taper la tête contre les murs. Je crois que mon chien ne l’aime pas. L’émotion qui submerge en écoutant Mahler. Des squelettes de dinosaures. "Did you see the stylish kids in the riot"? La fameuse veste rouge. Aelred. Finir ivres au Connetable. Le meilleure plot twist d’amitié de l’année. Visiter les catacombes en gueule de bois. C’est silencieux en bas. Trois nouveaux maillots de bain. Repeindre le vert en blanc. Lui offrir une brosse à dents. Hyères. Baiser en oubliant de fermer la porte de la chambre d’hôtel. "T’as vu, on est encore habillés pareil". Se baigner dans l’eau glacée. Le vent. Des photos de mon cul. Il occupe même mes fantasmes, c’est inattendu. Des orgasmes. Plein d’orgasmes. Me sentir dépassée. M’abandonner. Une galère de passeport et des visas oubliés. Un retard d’Eurostar. Faire des câlins à des bébés. C’est beau le Royal Albert Hall. Faire du trampoline sur le toit. Le vertige. J’ai toujours aimé monter aux cimes des choses. Josh Homme en pyjama. Commencer à douter.
JUIN Être fascinée par la bassiste de St Vincent. Avoir 8 ans au Muséum d’histoire naturelle de Londres. Suki. Sabrina, Jonny et leur tatouage bite à Clermont-Ferrand. Mon père et sa casquette bite à la pêche. Porto. Se sentir en sécurité entourée de gens bienveillants. Un tattoo pas cicatrisé. Manger du poisson au bord de l’océan. L’anniversaire de Nicolas. Des paillettes. Se baigner. La pluie. Être trempée. Danser. Me faire cueillir par un concert sur le fil de The National et pleurer parce que je sais que j’ai bien fait de le quitter. "The System Only Dreams in Total Darkness". Retrouver mes certitudes. Me retrouver. Des montages Photoshop limites. Des fous rires. Un puits. Des crânes. Sa randonnée. Je suis tellement heureuse qu'on se soit trouvés. Travailler, travailler, travailler. Ecco sur son transat. "J’aime bien la musique de ces jeunes garçons". Pete Doherty en djellaba. Passion feux d’artifices. J’aurais dû me douter qu’il y avait un problème puisqu’il n’a pas aimé. Marielle et Colette. Une fausse couche. S’approcher du burn out. Tenir parce qu’on n’a pas le choix. Voter.
JUILLET Des chiens. Du soleil, enfin. Terminal 1. Dublin. J’aime bien les Irlandais. Porter une prod, porter des gens, porter des caisses. Nicki Minaj ne s’est jamais pointée. Tracer des cercles dans l’herbe. Un téléphone lancé et rattrapé. Alice, Élie, le fils de Cillian Murphy. "Hold your mistake up" qu’il disait. Chialer devant les résultats des élections. Ma vie a basculé le jour où j’ai découvert l’existence du "kids temperature" pour le café. Un vol à 5h du matin pas annulé. Le RER, le royaume des morts. Le mec est le sex appeal incarné. "À chaque fois qu’il chante, je crois que j’ai un début d’érection". J’aime bien quand il dit mon prénom. Ne plus sentir la fatigue. Non en fait ok je suis épuisée. M’endormir la tête posée sur ses genoux. Se dire je t’aime bourrés. L’aéroport, encore. Un écran sur Times Square. La bouche géante d’Ana qui se reflète sur le toit. Je vois bien que les gens ne pigent pas ma passion pour les crashs d’avion. "Je viens d’avoir un pilote qui décollait, il a dit que ça ne le dérangeait pas". Le jour J. Les nerfs qui lâchent aux premières notes. Anousonne. On l’a fait. Putain, on l’a fait. Le fantôme sur le toit, c’est moi. "Playground Love". L’amour ivre. L’ivresse amoureuse. Le COVID. "T’es toujours avec ton mec ? Oui, pourquoi, qu’est-ce qu’il a fait ?". La descente d’organe. Dali. "Mon dimanche typique ? Voter NFP". Il ment. Mais il ment très mal. Mais il ment pour rien. Ma naïveté m’emportera. "Mais du coup, tu veux quoi, toi ?". La théorie des quatre saisons. Des promesses. Se projeter. S’aimer. Lui pardonner.
AOÛT Le doute. Un doute plein de certitudes. "Non mais t’inquiète pas, je me suis fait tester". La cathédrale, noire. Mes yeux, noirs. Son cœur, noir. Vouloir y croire. Le silence absolu, un refuge. Darcy, Joe et Myola à Royat. Mon vernis fond sous la chaleur. Se cramer le cul sur un toboggan aquatique sans eau. Ecco a toujours été très douce avec les enfants. Le sommet du Puy-de-Dôme. Un après-midi à faire des chorégraphies dirigées par une môme de trois ans. La légèreté. "Ondine, I love you". La transmission. Nos 114 ans. Le sang. C’est toujours bizarre qu’elle ne soit pas là. Boire trop vite. Finir cuitée comme une ado. Des plongeons dans la piscine. Des plongeons dans le lac. Du pédalo. Du canoë. Pagayer. Le doute bordel, ce doute. Jonathan, Orso et Déborah à Vulcania. "So long as men aren’t stepping up, women’s empathy needs limits". Il est là, mais il n’est pas vraiment là. L’emmener dans mon endroit préféré. Baiser. Douter. Rock en Seine. Massive Attack les yeux fermés. Est-ce que je savais que tout aller basculer assise à la table de la cuisine à 6h du matin, cramée ? Scroller. La nausée. Le vertige. La tachycardie. Vouloir le fracasser. Il n’avait même pas de code sur son téléphone. "Combien de meufs putain ? Je sais pas, j’ai pas compté". M’effondrer dans des bras familiers. Romain, Sylvain. L’incompréhension. Et puis, la sidération. Il me dég, c'est immédiat. Aurèl, Jenni. Des messages, des mensonges, des voix que je ne connais pas qui me racontent mon année. La sororité. L’afficher. La tête qui tourne. Ne pas dormir, ne pas manger. Allongée sur le sol de la véranda les mains pressées dans le sol. Il nous baisait toutes pareil, putain. "Tu es sûre qu’il était présent ?". Non, il occupait le terrain. Adrien, Aliénor, Élodie, Coralie, Laurie. "Ça va aller". Mais ta gueule ça va aller. Chaque minute était une illusion, un mensonge organisé. Même ses weekends chez sa mère, c'était pas vrai. Il ne s’est même pas protégé, il ne m’a même pas protégée. Pleurer avec un spéculum dans la chatte. Des prénoms, tellement de prénoms, ne plus s'y retrouver. "Non mais toi, tu es forte". Je n’en peux plus d’être forte. L’Homme aux mille visages. Me faire border par mon père à 40 piges. Cette horrible impression d’avoir été contaminée par un virus. En fait, c’est pas mal le Xanax. Rester sidérée.
SEPTEMBRE Les yeux dans le vide, incapable de penser. Raconter. Re-raconter. Performer la même histoire sans fin. La représenter. Biarritz. Un coucher de soleil. Le voir partout. Julie. Me sentir totalement déconnectée de ma garde rapprochée. Rire sans y croire. Nager. Finalement, il n’y a que l’eau qui m’apaise. "Je ne sais pas comment j’ai pu me contenter de ça, de toi". Putain mais en fait je me faisais déjà chier avec lui. Marie. L’imposteur. François, Jérémy. L’Italie. Revenir pour la première fois dans ma ville, vingt ans après. Fouler ses pavés. Retrouver les mêmes têtes, inchangées. Parler italien. Reprendre des tics de langage oubliés. Danser dans la rue jusqu’au petit matin. "Je me souviens plus de la porte de ton immeuble, mais ça, je te garantis que c’est la fenêtre sur laquelle on avait baisé". Je ne sais pas si tous les chemins mènent à Rome, mais ma vie ne fait que m’y ramener. Des pâtes, du limoncello, des pizzas. Laure. Il a toujours été comme ça. Même à 20 ans, il mentait. Partir en furie d’un bar. Mon ex qui me court après. Pleurer sur les marches d’un immeuble à Belleville. Lui raconter, se tenir la main, se dire à quel point, nous, on s’aimait. Danser sur Kiasmos. "Si j’avais su, j’aurais emmené de la MD". Clémentine ? Elle m’a sauvée. "Tu vois ce moment où il déconnecte et qu’il n’est plus là ?". Un peu que je vois. Ses poils et sa putain de salade de riz. Les quinze ans du meilleur chien du monde. Raconter, encore. Cet immense besoin de vérité. Ne pas pleurer, ne plus pleurer, ne plus en pouvoir de pleurer. Il a faké le COVID pour aller se bourrer la gueule avec ses potes, ok. Partir sur un coup de tête à Tanger. Partir à l’arrache. Aller à Larache. Là où l’océan Atlantique et la mer Méditerranée se rejoignent. Laurence, Victoire. "Évidemment". Sexter le passé sans conviction. Le meilleur poisson que j’ai jamais mangé. Savoir qu’il a déjà recommencé.
OCTOBRE Un pyjama en soie. S’offrir des fleurs. Composer des bouquets. Tout brûler. Des collants avec "bite me" écrit sur les fesses. S’emballer comme des ados appuyés contre la vitrine du Five Guys de Répu. Du bleu cerclé de noir, j'avais pas vu. La cuite du vendredi soir. Pisser dans la rue et parler à des inconnus. "Our Lights". "Pink Matter". Nique le travail. Il est aussi manipulateur qu’il est manipulable en effet. Les 50 ans de Chryde et un nouveau DJ set flingué. Des confettis. Se brosser les dents côte à côte comme si on se connaissait. Il a la peau aussi douce qu’une murène. Se plaire mais ne pas se désirer. Habiter à la Gaité Lyrique pendant cinq jours. Produire un festival avec la crève. S’allonger sur des tables. S’allonger par terre. S’allonger. Du Fervex. Un café, deux cafés, trois cafés, trop de cafés. Des selfies dans les miroirs. Se réfugier dans les coursives, toujours. Andine. Pierre. Mon t-shirt Britney. "Si t’as des attentes, prends tes jambes à ton cou et fuis". Ok. "Tu es une grande respiration dans ma vie" alors que j'aime pas trop l'idée d'être expirée. Je dois vraiment avoir une résilience en béton armé pour continuer à ouvrir mon cœur après ce qu’il m’est arrivé. Hurler sur "L’Envie d’aimer". Tenter d'admettre l’impossible. La dernière fois que je suis allée à Anvers, c’était pour niquer. Cette gare, Esther, Nick Cave. Des larmes qui coule sur mes joues. Pour une fois, je crois que j’étais belle en train de pleurer. Mercredi Addams. Une fiole de poison au spritz.
NOVEMBRE Beaucoup de films. Un puzzle. Lancer une bûche dans le feu pour faire comme si je le brûlais. Des space cookies. "On est d’accord qu’il est 13h30 et qu’on est tous cramés ?". Darkside, collés, et des baisers. Pogoter sur Metz comme si ma vie en dépendait. Ne pas le reconnaître alors qu’il était juste devant moi. Son fond d’écran. Je pensais qu’on passerait le concert ensemble, main dans la main, comme avant, mais ce n’est pas comme ça que ça devait se dérouler. Avoir la conviction profonde que j'ai bien fait. Flotter dans le bain pendant des heures. La longue route de Bernard Moitessier. It’s a good hair day! Gagner 2 euros au Banco. S'emballer dans le métro. "Love in Rimini" m’obsède, c’est ce changement de tonalité dans le clavier. Rentrer à une heure indécente. Oublier mon collier. Des bleus sur les genoux. L’amour sans objet. Me boire. Il est super doux son gilet. Je voulais juste un câlin, mais il ne comprend vraiment jamais rien. Faut que j'arrête de croire que les autres lisent à travers moi comme un livre ouvert il paraît. C'est tellement sidérant d'avoir été autant trompée. Finir par enfin dévisser complet. Traverser Paris la nuit en écoutant WU LYF et Money à m’en péter les tympans. Le haïr pour m’avoir arraché un peu d’espoir et d’innocence. Non mais vraiment, je sais que ça va aller. Jumo. "La Ville", "L’Exode". Bordeaux. Puissance de la douceur. Lire cachée derrière une tombe du Père Lachaise. Le silence des cimetières me fera toujours son petit effet. Jim Jarmusch. "Terrible Love" de The National en boucle. Mater Under the Silverlake dans ses bras la nuit de ses 28 ans. J’étais où moi à 28 ans ? Oula, je crois que je ne préfère pas m’en rappeler. Des robes de mariée. Aurèle est né. Les répétitions de Marguerite Duras. Berlin, encore. Des heures de train ensemble et une immense complicité. Ça fait du bien. Le petit frisson avant de créer de la beauté. Rigoler. Vraiment, rigoler. Dormir dans un lit qui a servi à tourner des pornos. Des nudes dans les miroirs. "I Can’t Believe We Never Went Out Dancing". Un besoin de retrouver sa place dans le monde quand on ne sait pas très bien si on l’a déjà eue. Il a disparu.
DÉCEMBRE Encore un train. Un neuvième train. Un énième train. Partir s’isoler pour faire un truc pour soi. Se rendre compte qu’on ne sait plus être au milieu d’inconnus. Colorier sans dépasser. Beaucoup de fenêtres. Un lit superposé. Écrire, écrire, écrire, ne pas s’arrêter. Lui donner le prénom de l’enfant que je n’aurai jamais. Des étourneaux par milliers. "T’as une tête de pain au lait". Relire le discours que j’ai fait pour ses funérailles et pleurer. Re-raconter. Mon premier fou rire depuis que tout a basculé. Le calme. Le vert. L’eau de source. Revenir aux sources. Ça fait si longtemps que je ne suis pas rentrée. La fuite en avant, ça me connait. Encore un anniversaire manqué. L’influence d’un prénom. "Tu offriras aux hommes ce qu’ils détestent le plus. La fidélité ? Non. La transparence. Ils en ont peur". Dire non. Dire stop. Une raclette. Charles, Floriane, un resto géorgien. Un resto italien. "Ça recommencera". Mouais. Les papillons se sont envolés. Amaretto. Mon père qui part m’acheter des feutres. "Tu veux un coloriage Mickey ?". Un jolie date improvisé. "T’es cute. Toi-même". Des dinos illuminés. Un froid de fdp. Un mariage annulé et un enfant pas encore né. Je déteste Noël, mais va bien falloir se le farcir. S’assoir en terrasse par moins 6000 degrés. Gratter des Astro et ne jamais gagner. Trop de bières. Christopher. "Mais toi, toi, t’es quoi sans leur regard ?". L’amour, puis la violence. Il ne reconnaîtra jamais l'ampleur de ce qu'il m'a fait. Se marrer comme des baleines devant What we do in the shadows emmitouflés sous la couette. Encore un dîner. En fait, il est complètement autocentré. Se rappeler par quoi je suis animée. Et puis rester tétanisée devant du poulet. "Alors on se quitte ?". En fait, je crois qu'il ne sait pas quitter. La maison, enfin. Ecco. Le spritz de Noël sans elle. "It takes an ocean not to break!", ouais. J’aime toujours pas le saumon fumé. J'arrive toujours pas à croire ce qu'il m'est arrivé. Le sang. La garde rapprochée. Le cercle fermé.
Quelle putain d’année.
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[…] ces philosophes! Ils pensent à eux-mêmes, — que leur importe « le saint »! Ils pensent en outre à ce qui leur est le plus indispensable : être délivrés de la contrainte, du dérangement, du bruit, des affaires, des devoirs, des soucis; avoir l'esprit lucide; la danse, le ressort, le vol dans les idées; un air pur, léger, clair, libre, sec, comme celui qu'on respire sur les hauteurs où toute animalité devient plus spirituelle et prend des ailes; le silence dans toutes les choses souterraines; tous les chiens bien attachés à la chaîne; ni aboiement hostile ni rancune aux pattes lourdes; aucun ver rongeur de l'orgueil blessé; des entrailles modestes et soumises, obéissantes comme les rouages d'un moulin, mais qu'il n'en soit pas question; le cœur étranger, lointain, futur, posthume, — en résumé, par l'idéal ascétique, ils entendent l'ascétisme joyeux d'un animal qui s'est divinisé, s'est envolé de son nid, et va voltigeant au-dessus de la vie plutôt que de se reposer sur elle.
(Nietzsche, La généalogie de la morale)
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« Arrêtez les horloges, coupez le téléphone,
Jetez un os au chien pour que ses aboiements ne résonnent,
Faites taire les pianos et au son d’un tambour voilé
Sortez le cercueil, qu’avance le cortège endeuillé.
Que les avions tournoyant dans les airs déplorent
Et tracent sur le ciel le message Il est Mort.
Nouez des rubans de crêpe au cou blanc des pigeons des squares,
Et que les mains des gendarmes soient gantées de coton noir.
Il était mon Nord, mon Sud, mon Est et mon Ouest,
Ma semaine de labeur et mon dimanche de sieste,
Mon midi, mon minuit, ma langue, ma chanson ;
Je croyais que l’amour durerait à jamais : je sais à présent que non.
Éteignez les étoiles ; elles ne sont pas conviées à la veille.
Remballez la lune et démontez le soleil,
Videz l’océan et balayez les forêts ;
Car plus rien de bon ne saurait advenir désormais.
Tel est le « Funeral Blues » de W. H. Auden, »
Le bleu de la nuit
Joan Didion
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Bakou (AZ) → Alat (AZ) Partie 2 – 08.12.23
La mer couleur métal à gauche, les plaines désertiques à droite, le paysage monotone s’écoule lentement le long de ce troisième jour de marche. La route au trafic ininterrompu se prolonge à l’infini, filant droit comme un trait de crayon à la règle sur une immense feuille de papier jauni, et ne déviant que pour contourner les zones industrielles avec leurs machines béhémothiennes luisantes sous le soleil. La nuit s’annonce quand j’arrive au pied des murs érodés d’un ancien caravansérail. L’édifice, depuis longtemps à l’abandon, élève ses murailles de terre sèche sur le bas-côté d’une voie de chemin de fer. Un peu partout sont gravés dans les parois friables des messages en russe, azéri et arabe. Les escaliers menant aux tourelles se morcellent sous mes pas, alors je fais demi-tour et m’installe dans la cour intérieure malgré le vent qui la balaye au gré des bourrasques. À part le passage occasionnel de convois ferroviaires et des aboiements lointains, la nuit se fait calme. Je pense à tous ces voyageurs qui se sont succédé pendant plus de cinq-cents ans et souris pour moi-même, dans le noir, à l’idée d’ajouter mon nom à cette longue liste. Je me lève dans le gris de l’aube et monte précautionneusement à l’étage pour admirer le lever du jour sur la mer Caspienne. Cette fois je lâche véritablement la voie rapide pour crapahuter dans le chaos pierreux du parc naturel de Gobustan. Je rejoins ensuite un hameau à un peu plus d’une dizaine de kilomètres de Alat. Mes mollets tirent et je me sens très sale, mais je devrais pouvoir atteindre le port avant la tombée de la nuit. Dans les rues défoncées et silencieuses, je déambule tel un fantôme. Je longe les façades des maisons exhibant leurs parpaings et le ciment grossier. Aux abords du village, le sol du désert se creuse en un labyrinthe de galeries et de boyaux terreux façonnés par la sécheresse que les habitants, visiblement, utilisent comme décharge. Des tas d’ordures y brûlent, dégageant de minces rubans de fumée noire et une odeur râpeuse que je sens se coller à mon palet. Je vois arriver un troupeau de moutons depuis longtemps annoncer par le tintement de leurs cloches. Le berger m’accoste avec un large sourire, il veut savoir ce que je fais ici. Petit, comme tassé sous son chapeau, il lève vers moi une figure goguenarde tannée par le soleil. Je lui dis que je veux rejoindre Alat à pied. Il secoue la tête, semblant indiquer un désaccord. Avec l’aide de mon portable, je lui demande pourquoi je ne peux pas. Sans se départir de son sourire, il me bondit dessus et fait mine de me mordre la jambe avec ses mains simulant des mâchoires. J’ai bien failli le frapper sous le coup de la surprise. Je le questionne, aussi préoccupé par les augures que par le colporteur lui-même. Tout en se mettant à aboyer et grogner, il écrit une phrase que mon portable traduit en deux mots : « chiens faim ». Il image ses propos avec quelques jappements supplémentaires et des signes du bras pour m’écarter des dédales bordant le village et m’indiquer un grand détour par delà un tertre plus à l’ouest. Je le remercie en azéri ce qui le fait beaucoup rire. Avant de se quitter il me tend son bâton et pour être sûr que j’ai compris, mime des coups dans le vide et imite les gémissements d’un chien, ce qui le fait s’esclaffer de nouveau. J’accepte son cadeau et repars, la boule au ventre. Je verrais effectivement au loin des meutes de chiens errants, mais n’en rencontrerais aucune, à mon grand soulagement.
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Les politiques toutes tendances confondues sont une nouvelle fois indignes. Leur absence de sang froid, leur émotivité à sens unique, leur aplaventrisme, leur utilisation des malheurs des autres pour prendre un petit avantage sur leurs adversaires, leurs concours d'accusations ridicules pour prendre la lumière d'une opinion saturée de pathos hostiles, tout fait honte dans cette fange ignoble.
Pourtant, étouffés par les aboiements indignes de leurs collègues, quelques-uns, ici et là, gardent le sens du devoir, de la mesure et de la dignité. La majorité des Français assistent médusés à cette orgie d'émotions unilatérales en concurrence, qui justifient par avance le pire.
Laurent Ozon
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" Boyfriend "
𝗠𝗲𝘁 𝗲𝗻 𝘀𝗰𝗲̀𝗻𝗲 : Philip Graves
𝗥𝗲́𝘀𝘂𝗺𝗲́ : Malgré les efforts de sa femme, sa discrétion digne des plus grands espions et la clé du cadenas donnant accès à ses lèvres jetée, Graves finit par apprendre que sa fille a un petit ami, et il n'est pas du tout ravi par cette nouvelle. Son épouse s'occupe alors d'apaiser son coeur.
𝗔𝘃𝗲𝗿𝘁𝗶𝘀𝘀𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 : très soft, rien à signaler
ENG : PLEASE DO NOT STEAL MY WORKS. If you want to translate it, ask me first then we can talk about it. If you want to find me on Wattpad or AO3, my accounts are in my bio, these are the ONLY ONES i have. FR : MERCI DE NE PAS VOLER MES OS. Si vous avez envie de les traduire, merci de me demander la permission avant. Si vous voulez me retrouver sur Wattpad ou AO3, j'ai des liens dans ma bio, ce sont mes SEULS comptes
𝙽𝚘𝚖𝚋𝚛𝚎 𝚍𝚎 𝚖𝚘𝚝𝚜 : 𝟒,𝟓𝟒𝟎
Commentaires, likes et reblogues super appréciés. Tout type de soutien l'est, merci beaucoup !! <33


Dans l'immense maison, grandement éclairée par les splendides rayons solaires, un joli boucan symphonique retentissait. Entre les aboiements du chien à l'étage, les bruitages provenant de la télévision dans le salon, le remue-ménage dans la cuisine et les exclamations d'enfants au bout de la rue. C'était parfait. Un cliché parfait.
Dans la cuisine, la mère de famille s'affairait à la création de quelques pâtisseries. En ce début d'après-midi, elle n'avait pu résister à l'envie de faire plaisir à sa famille, alors, elle s'était mise aux fourneaux. Elle remuait avec énergie la pâte à gâteau, à l'aide d'une spatule en plastique, les yeux brillants et un fin sourire aux coins des lèvres. Depuis la cuisine, elle entendait son mari jouer aux jeux vidéos dans le salon. Elle entendait des personnages hurler, se blesser, tirer et courir à en perdre haleine. Quelques fois, lorsque Philip perdait, il se mettait à grogner ou à proférer des vulgarités. Elle l'écoutait d'ici, surprise et à la fois embarrassée. Elle s'arrêtait alors de mélanger sa pâte et regardait de manière ébahie la sortie de la pièce. Le salon était visible de là, on n'en voyait que la partie de gauche ᅳcomprenant une plante verte, de une baie vitrée, un fauteuil crème y compris un épais tapis.
C'était une agréable après-midi, l'air était bon, quoique un peu chaud. Tous les membres de la famille Graves en profitaient. Y compris le chien qui, depuis cinq minutes, n'avait pas cessé d'aboyer. L'attention de la mère de famille ne fut détournée que lorsqu'elle l'entendit galoper dans les escaliers à vive allure. Le golden retriever fit son entrée dans la cuisine avec enthousiasme. Il s'approcha de sa gamelle et happa deux grosses bouchées de croquettes. La jeune femme sourit et stoppa son activité.
« Eh bien Maurice, qu'est-ce qui t'arrive ? »
Le chien fit volte-face à l'entente du terrible nom que, quelques années plus tôt, l'on lui avait attribué. Avec plaisir, il s'approcha de la jeune femme et vint lui lécher le visage. Avant qu'il ne la touche, la mère de famille se recula de justesse.
« Pas de bisous pendant que je cuisine. Désolé, mon petit. »
Le chien éternua, à sa plus grande surprise. Elle arqua un sourire et s'accroupit devant lui.
« Tu es malade ? Curieux, ce n'est pas la saison. » se questionna-t-elle. « Philip ! Je crois que Maurice est tombé malade. Qu'est-ce qu'on fait ? »
Son cri résonna dans toute la maison, y compris l'étage. La mère de famille entendait néanmoins le bruit du jeu vidéo persister. Philip ne s'arrêtait pas de jouer, sûrement ne l'avait-il pas entendue. Le chien, quant à lui, aboya. Il s'attira le regard attendri de sa maîtresse, celle-ci lui fit signe de le suivre. Ce qu'il fit, jusqu'à entrer dans le salon. Il trottina joyeusement derrière elle jusqu'à apercevoir son maître sur le canapé.
« Phillip, mon amour. »
Le soldat zieutait son épouse.
« Je peux t'aider ? » il demandait, les yeux déjà de retour sur la télévision.
« Je crois que Maurice a attrapé froid. On l'emmène chez le vétérinaire ? »
Phillip zieuta le chien.
« Il a pas l'air malade. » répliqua-t-il.
« Philip. »
Le père de famille mit en pause son jeu et, leva rapidement les mains en l'air, effrayé face à l'expression sévère de sa femme. La mère de famille sourit, heureuse d'avoir enfin réussi à capter l'attention de son mari. Sa manette reposait sur sa cuisse. Philip l'ignora, ses pupilles rivées en direction de l'amour de sa vie.
« Ma chérie, je suis sûr que ça devait être à cause de la poussière. Il fait trop chaud pour tomber malade. » déclara le soldat. « Maurice va bien, regarde le. »
Le dit Maurice était assis. Fièrement posté contre la jambe de sa maîtresse, l'air idiot mais surtout heureux. La jeune femme soupira à cette vue. Soudainement, le poids qui s'était incrusté dans son cœur disparu, laissant place à un sentiment de soulagement très exagéré.
« Je ne veux pas d'un animal malade avec nos enfants. Si je l'entends recommencer on l'emmènera chez le vétérinaire, d'accord ? »
« Oui, m'dame. » sourit Phillip.
La jeune femme caressa gentiment le sommet de la tête du golden retriever, le faisant soupirer d'aise, ainsi qu'aboyer, peu après. Le chien se frotta gentiment à elle, sa queue balancée dans les airs, signe de son d'épanouissement.
« Je peux retourner à ma partie, maintenant ? »
« Oui, mon amour, tu peux. Merci de ton attention. » pouffa la mère.
« Tout le plaisir est pour moi, ma chérie. » répondit son époux.
De retour dans la cuisine, la mère de famille ne parvint point à effacer le sourire dessiné sur ses lèvres. Suivie de près par son chien, elle le sentit s'installer entre ses jambes lorsqu'elle ouvrit le robinet et commença à se laver les mains. Elle baissait de temps à autre la tête dans sa direction. Apercevoir son adorable petit minois suffit à la faire glousser. Toute cette attention dirigée vers elle la fit fondre de bonheur, elle ne put résister à l'envie de chouchouter son animal de compagnie. Lui offrant une petite confiserie, elle le laissa tranquillement s'occuper avec, elle en profita pour retourner à la préparation de ses pâtisseries.
Une fois la mixture enfournée, elle s'affaira à nettoyer la cuisine. Elle récura la planche à pain, l'îlot central et prépara un immense plateau afin de pouvoir parfaitement disposer les gâteaux à leur sortie. Lorsqu'elle entendit sa fille descendre des escaliers, elle était en train d'essuyer le bord de l'îlot avec un joli torchon à carreau. Torchon qui, tomba au sol, sous l'expression hébétée de la mère.
« Maman, chut, ne dis rien ! »
L'adolescente se précipita sur les lèvres de sa mère, elle les camoufla de ses doigts. Ses yeux écarquillés avaient un côté comique. Sa mâchoire s'en était presque décrochée. Le ton suppliant de sa voix cherchait à adoucir l'état de choc dans lequel elle se trouvait. Le silence dans lequel elle s'était réfugiée était inquiétant, mais la fille se sentait déjà chanceuse qu'elle n'eût pas hurlé d'horreur plus tôt. La mère de famille déglutit. Elle observa la tenue de son enfant, prise par surprise par l'attention avec laquelle elle s'était pouponnée.
« Si papa me voit il va piquer un crise, alors ne dis rien. Je t'en prie, maman. »
L'adolescente s'assura que sa mère fut effectivement calmée au moment où elle retira ses mains. Elle la sentait inspirer grandement. Cela fit augmenter les battements de son cœur. Elle tourna alors sur elle-même et offrit un sourire timide à sa mère.
« Qu'est-ce que tu en penses ? »
« J'en pense que Maurice est allergique à ton parfum, ma chérie. »
« Oh, vraiment ? » s'étonna la demoiselle.
La mère hocha la tête, au même moment, le golden retriever éternuait. Cela prit par surprise l'adolescente qui, immédiatement, sentit ses yeux s'écarquiller. Elle zieuta le pauvre animal. Et fit la moue.
« Je l'ai gardé enfermé avec moi dans ma chambre. » avoua-t-elle. « Je suis désolée maman, je savais pas. »
La mère de famille déposa une main rassurante sur son épaule.
« Maintenant tu le sais. » elle répondit.
Replaçant une de ses mèches de cheveux sur son front, elle s'approcha de son visage et lui sourit chaleureusement. Cela valut au cœur de l'adolescente de s'emballer. Sa mère sentait bon, elle avait la peau chaude. C'était quelque chose qu'elle avait toujours trouvé agréable. Lorsqu'elle la touchait, son épiderme s'emballait et elle se sentait automatiquement en sécurité. Sa mère avait les yeux doux. Ses pupilles brillaient constamment, même lorsqu'elle était triste et en colère. C'était hypnotisant.
« Tu es très jolie, ma chérie. » murmura la jeune femme. « Je suis sûre que Samuel va adorer. »
Elle déposa un tendre baiser sur son front en bonus. Sa fille rougit à ses propos, cela fut imperceptible, à cause de la touche de maquillage qu'elle avait précédent appliqué sur son épiderme. Mais avec la façon dont elle regardait sa mère ᅳavec émerveillement, cela importait peu. Sa mère se recula d'elle et zieuta avec attention l'entrée de la cuisine.
« Quand est-ce que tu t'en vas ? »
Sa fille jeta un coup d'œil à son portable.
« Dans deux minutes. »
« Reste dans la cuisine. Ton père joue, il ne viendra pas ici. »
L'adolescente enlaça sa mère.
« Merci maman. »
Elle la serrait gentiment dans ses bras, le cœur battant à vive allure et des papillons dans l'estomac. Plus que deux minutes. Plus que deux petites minutes et elle serait réunie avec son petit ami. Cette pensée suffisait à la rendre toute fébrile. Ses mains en étaient toutes tremblantes. Elle se sépara de sa mère et prit place sur l'un des tabourets de l'îlot, laissant tout le temps à sa mère de ramasser le torchon par terre et de le jeter dans la machine à laver. En se redressant, elle croisa le regard larmoyant du golden retriever. Sa vue était brouillée, il était incapable de manger le reste de sa friandise. Cela lui brisa cœur. L'adolescente était bien trop occupée à être sur son portable pour le remarquer, la jeune femme décida alors de s'en occuper. Elle caressa gentiment le poil soyeux de l'animal et lui fit signe de se redresser.
Une fois arrivée dans le salon, elle fit signe au golden retriever de s'installer aux côtés de Philip. Le chien obéit sans rechigner.
« Mon amour, je te le laisse. »
Surpris à la sensation de son chien collé contre son bras, Philip sursauta. Son personnage mourut en réponse.
« Merde ! Hein, quoi ? »
Son épouse roula des yeux.
Elle replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille et fit un rapide signe de tête en direction de leur animal de compagnie. Le soldat passait la pulpe de ses doigts sur le crâne du golden retriever, tendrement, il lui offrir une flopée de papouilles. Sa femme le regarda faire. Elle croisa ses bras autour de sa poitrine et esquissa un petit rictus.
« Il m'embête dans la cuisine, je peux te le laisser ? »
« Comment ça il t'embête ? » s'étonna Graves. « Je l'ai même pas entendu aboyer. »
La jeune femme zieuta le pauvre animal. Elle se sentait mal de l'accuser ainsi, mais, sachant pertinemment comment Graves réagirait à la vue de sa petite fille d'amour maquillée et joliment vêtue, tout ça pour un garçon, elle sut que cela valait la peine. Alors, elle prit elle aussi place sur le canapé et apporta sa main sur le dos du chien. Graves la regardait faire avec attention, surpris par son comportement des plus hors du commun. Il lui suffisait de discuter quelques minutes avec lui le temps que sa fille sorte. Graves n'entendrait sûrement pas la porte d'entrée se refermer. Sûrement.
« Qu'est-ce que t'as ? »
La mère de famille croisa son regard.
« Mhh ? »
Le soldat retira sa main de son chien et alla la déposer sur la nuque de son épouse. Se perdant dans son regard pétillant, il glissa son pouce sur sa mâchoire et se pencha en sa direction. Il la dévisageait avec intensité.
« Phillip. » s'exclama la jeune femme avec embarras.
« Tu manques d'attention, c'est ça ? » demanda-t-il. « Ça t'ennuie que je te touche pas ? Ne t'en fais pas, ma belle, je vaisᅳ »
Frustrée, la jeune femme coupa son mari. Elle déposa la paume de sa main ᅳcelle qui caressait leur chienᅳ sur ses jolies lèvres. Cela prit le soldat de court. Il fit alors les gros yeux. La mère de famille, elle, roula des yeux et déglutit. Son cœur battait vite.
« Est-ce que tu peux arrêter de me parler comme si j'étais une enfant ? » murmura-t-elle avec embarras. « Je voulais juste voir comment tu allais. » elle avoua. « Tu es scotché à ton jeu depuis que tu as quitté la table. »
Graves fit la moue.
« C'est tout ? » il la questionna en saisissant son poignet.
C'était évident que Graves désirait plus. Il adorait taquiner son épouse, il adorait la noyer sous un flot d'attention et de blagues de mauvais goût. C'était tout de dont il avait toujours rêvé. Alors, lorsqu'elle le lui refusait, il se renfrognait immédiatement, tel un enfant. L'expression sur son visage se creusait de rides et l'éclat dans son regard si éblouissant se fana. Raffermissant sa prise sur son poignet, il y déposa un baiser et la força à se rapprocher de lui. Le chien ne fut en aucun cas touché, toujours sandwiché entre ses deux maîtres, observant la cheminée de marbre juste en dessous de l'immense télévision écran plat.
« Phillip, chéri, tuᅳ »
« Attends. »
Graves relevait son regard en direction de la sortie du salon menant à la porte d'entrée ᅳainsi que le couloir menant à la cuisine ainsi qu'à l'escalier. C'était très fin, à peine perceptible, mais le soldat avait entendu une paire de clé bouger. Une clef avait été remuée dans la serrure. Il en était certain. Il appela immédiatement leur fille. D'une voix ferme et stricte, il lui fit tourner la tête dans sa direction. La demoiselle se trouvait dans l'encadrement, sa nuque à peine perceptive, mais son maquillage, lui, très visible. Cela manquait de donner une crise cardiaque à son pauvre père. Père qui, l'instant suivant, chercha à se lever du canapé. Il bondit de celui-ci, rapidement retenu par sa femme qui venait d'attraper son avant-bras.
« Je peux savoir où tu vas, maquillée comme ça ? » demanda Graves.
L'adolescente offrait un regard suppliant à sa mère, sachant que toutes les excuses du monde n'auraient su calmer l'état de colère dans lequel se trouvait son père.
« Va, ma chérie. Je le retiens. »
Graves arborait un sourire narquois.
« Tu me quoi, mon ange ? »
« File, file ! Vite. » s'exclama la mère.
L'adolescente envoyait un baiser volant en direction de la jeune femme, dévoilant au passage un bout de sa tenue à Graves. Le pauvre soldat manquait d'en mourir. De près, son cœur avait arrêté de battre. Il tenta de partir à la poursuite de sa fille, mais sa femme la retint et le temps qu'il se tourne vers elle afin de la réprimander, la porte d'entrée se refermait sur leur enfant.
« Eh, j'ai pas fini ! Reviens aussi ! Merde. »
Graves toisait sévèrement son épouse.
« Où est-ce qu'elle va dans cette tenue ? Et avec qui ? » s'inquiéta-t-il.
« Il s'appelle Samuel. Je l'ai rencontré il y a peu, il est très gentil. »
Graves manquait de s'étrangler avec sa propre salive. Il fut gentiment ramené sur le canapé, cette fois ci près de sa femme ᅳleur chien ayant bougé à l'autre bout du meuble à cause des cris. Son épouse admira son expression terrifiée et passa sa main libre dans sa chevelure.
« Il ?! » répéta-t-il, ébahi.
« Avec une fille aussi mignonne, tu aurais dû t'y attendre, chéri. »
Graves grimaçait.
« Mais.. Elle est encore jeune ? Trop jeune ! »
Il se leva brusquement.
« Je peux encore la rattraper, la raisonner. » s'exclama-t-il.
« Non, tu restes ici. » lui ordonna sa femme. « Tu ne bouges pas d'un centimètres sinon tu dors sur le canapé ce soir. »
Graves la dévisageait avec surprise.
« Et qu'est-ce qui se passe si il lui brise le cœur ? Qu'est-ce qui se passe si je peux pas la protéger ? »
Son épouse gloussa tout en se levant. Rapidement, elle glissa sa main le long de son avant-bras pour entremêler ses doigts aux siens.
« Alors on paiera à ce Samuel une petite visite. Ça te va ? Parfait. Maintenant assieds toi, mhh ? »
Le soldat ne répondit pas. Il cligna des yeux à répétition, encore surpris par la tournure qu'avait pris son après-midi si paisible. Son cœur battait vite dans sa poitrine, il en avait mal au crâne. C'était impensable. C'était inadmissible. Sa petite fille, amoureuse ? Avec quelqu'un ? C'était intolérable ! Il ne désirait qu'une chose, lui courir après et la forcer à redevenir sa petite fille de cinq ans qui ne réclamait que son père, qui n'aimait que son père, et qui avait juré de n'aimer aucun autre homme que son père. C'était pour lui qu'elle avait ri et pleuré ! Elle ne pouvait pas le trahir ainsi, c'était inconcevable ! Cependant, le regard de sa compagne indiquait tout le contraire. Sa femme se sentait fière, joyeuse. Leur enfant avait grandi, sa vie débutait, petit par petit, et cela la rendit folle d'excitation, au plus grand regret de son mari. Graves soupira alors, le cœur brisé.
« C'est pas juste. »
Sa femme riait.
« Pauvre de toi, vraiment. C'est terrible ce qui t'arrive, que le monde est cruel ! »
Graves roulait des yeux.
« Pas la peine de te moquer. C'est bon, j'ai compris. »
Graves fronçait les sourcils à la sensation des doigts de sa femme raffermissant leur prise sur les siens. Gentiment, elle attira son regard défaitiste sur elle. Sa femme lui sourit et se pencha dans sa direction, un fin sourire taquin sur les lèvres et ses yeux toujours aussi pétillant. C'était à se demander si elle n'était pas sur le point de pleurer, si une galaxie ne déployait pas ses ailes à l'intérieur de son regard.
« Tu veux des gâteaux pour te remonter le moral ? » lui proposa-t-elle.
« Est-ce que j'aurais un verre de lait avec ? »
« Bien évidemment, mon chéri. Toujours. »
« Et des bisous ? »
Son épouse sentait ses joues chauffer. Elle se racla la gorge et se pinça joliment les lèvres, sous le regard attentif de l'homme de sa vie.
« Mhh, je crois que ça peut s'arranger ! »
Sa femme le traîna en direction de la cuisine. Tournée vers lui, de manière à lui faire face, elle marcha à reculons, tout sourire. Graves la laissa faire, toute son attention soudainement dirigée droit sur elle. Elle et seulement elle. Il la laissa le plaquer contre le plan de travail en face du four et se pencha dans sa direction lorsqu'elle approcha ses lèvres de sa joue afin de l'embrasser. Elle gloussa. Joyeusement, elle le contempla et saisit rapidement son visage en coupe dans le but de déposer un baiser sur ses lèvres. Graves grognait à la sensation de sa jolie bouche pulpeuse contre la sienne. Cela fit bondir son cœur dans sa poitrine, il en grimaçait.
« Tu es adorable quand tu veux jouer au père protecteur. » déclara la jeune femme.
« Adorable ? C'est tout ? » s'étonna Graves en arquant un sourire.
« Ridicule aussi. » elle rit. « Mais adorable avant tout. »
Cette petite moquerie lui valait de rapidement se retrouver attaquée par une paire de lèvres. Une flopée de baisers fut projetée sur les quatre coins de son visage. Graves la coinça contre son torse à l'aide de ses deux bras musclés. Elle en gloussa. Cherchant à se défaire de son emprise, elle ne réussit qu'à renverser sa tête en arrière et à se mettre à rire à gorge déployée. Son rire cristallin résonna jusque dans les oreilles de Graves. Il en rougit faiblement, le cœur battant à vive allure et les yeux palpitant de tendresse. Son épouse était splendide. Elle lui coupait le souffle. Pleine de vie et de passion, elle le rendait fou.
Pas étonnant qu'on lui vole sa petite et adorable jeune fille. Elle était le portrait craché de sa mère. Il avait déjà tant bataillé dans le passé pour s'attirer l'attention toute entière de son épouse. Il avait travaillé dur pour en impressionner plus d'un, mais surtout elle. Et même après avoir dépassé la concurrence, hommes et femmes avaient tenté de la lui voler. Désormais, c'était aussi au tour de sa pauvre petite et innocente fille.
« Tu crois qu'il va la forcer à fumer ? » demanda soudainement Graves.
Sa femme pouffa. Elle lui frappa gentiment l'avant-bras.
« Ne dis pas de bêtises. C'est une gentille fille et Samuel est très gentil lui aussi. Tout se passera bien. »
Pressant ses deux mains sur ses avants-bras, elle força Graves à se pencher droit sur elle. Elle l'embrassa une fois à sa hauteur. Elle glissa la paume d'une de ses mains sur sa joue, et dévora amoureusement sa paire de lèvres de la sienne. Graves grogna. Il s'accrocha à sa taille et répondit avec ardeur à son baiser, immédiatement enivré par la façon dont elle le caressait et l'embrassait, cela lui fit perdre toute notion ᅳespace, temps, cela importait peu. Il sentait la chaleur de son épiderme même à travers sa jolie robe à carreau et la sentait se coller contre son torse alors qu'elle pliait une de ses jambes en l'air. Le soldat raffermissait sa prise sur sa taille, haletant à travers les narines et fonçant les sourcils. Il finissait rapidement à bout de souffle mais ne s'en préoccupa point. Ce ne fut que lorsque sa femme se recula, complètement déstabilisée, qu'il se permettait d'ouvrir les yeux et d'inspirer.
« BᅳBon, où est ce fichu lait ? » balbutia-t-elle en se faisant un peu d'air à l'aide de sa main. « Un verre. Et, euh, un verre, aussi. »
Rapidement, la jeune femme se tourna en direction d'un cabinet de la cuisine. Elle en extirpa une tasse, sur le dessus inscrit "Best Dad #1" et allait rapidement la remplir depuis une brique de lait dans le frigo. Graves la regardait faire. Il l'admirait, bouche bée. Accoudé contre l'îlot central de la cuisine, il se figea dans l'instant présent et la laissait lui servir un généreux verre de lait. Sa femme accompagna ensuite le tout de biscuits qu'elle avait préalablement cuisiné ᅳoutre ceux cuisant actuellement.
Déposant le tout à côté de lui, sur l'îlot, la jeune femme peinait à croiser le regard de son époux. Comme au premier jour, elle se sentait embarrassée. Graves la rendait toute chose. C'était une ébullition, dans le creux de son estomac. C'était une explosion, dans le centre de son cœur. Graves la força cependant à relever ses yeux, il le fit en apportant ses doigts à son menton et en lui faisant relever le visage. Ce doux geste fit s'envoler une flopée de papillons dans l'estomac de la jeune femme. Elle battit fortement des yeux, soudainement prise par surprise. Graves la contempla avec amour. Il la regardait se mettre à rire nerveusement et cacher son splendide sourire derrière sa main libre.
« Qu'est-ce qui te prends, tout d'un coup ? » elle s'étonna.
« Rien. » murmura le soldat. « Je me disais juste quelle chance j'avais de t'avoir. » avoua-t-il.
« Oh, Phillip.. »
La jeune femme retira sa main de son visage pour enrouler ses doigts autour de son avant-bras. Graves frissonna au contact de sa peau. Il battait des cils, surpris. Elle, s'approcha de lui et embrassa la pulpe de ses doigts pressés contre son menton. Graves résista à l'envie de la saisir par la gorge et de sauvagement lui faire l'amour sur le plan de travail. Elle avait l'air irrésistible, si frêle et si féminine. Il n'avait qu'une envie : succomber, pour la briser et la détruire. Il ne voulait qu'il ne reste rien d'elle, rien qu'il n'ait goûté.
« C'est vrai, regarde toi. Tu es la parfaite épouse. Je n'aurais pas pu espérer mieux. »
La jeune femme esquissait un rictus charmeur. Elle déplaça ses baisers sur le creux de sa paume de main et se mettait à battre des cils de manière séduisante ce qui fit, immédiatement, rire son époux.
« Vos flatteries ne vous mèneront nul part, commandant Graves. »
Graves esquiva un autre de ses baisers pour attraper son visage en coupe et délicatement embrasser le sommet de son nez.
« Ça, permettez moi d'en douter, mademoiselle Graves. »
La main avec laquelle elle s'était accrochée à son avant-bras scintillait. Graves admira son annulaire, orné d'une bague excessivement grosse. La jeune femme gloussa à son insinuation. Elle frissonna d'inconfort. Graves était proche. Mais il restait à la fois si loin. Elle désirait faire plus que l'embrasser. Elle voulait qu'il la consume, qu'il la dévore, qu'il renverse tout ce qui se trouvait sur l'îlot de la cuisine pour qu'il lui fasse de la place pour leur troisième enfant. Elle voulait le sentir, elle voulait fusionner. Elle voulait ne faire qu'un. Ce désir lui fit perdre la tête. Elle en haleta et vit flou. Et Graves admira le tout, complètement captivé par sa détresse. Il plaça une firme prise sur ses hanches de son bras libre et approcha son visage du sien.
« Embrasse moi. » demanda-t-il.
Son épouse pouffa. Elle s'approcha de lui et se mit rapidement sur la pointe des pieds. Lorsqu'elle posa ses lèvres sur les siennes, Graves expira par les narines. Ce fut profond, comme s'il s'était soudainement senti soulagé. Comme si le poids sur ses épaules venait de s'envoler. Les yeux fermés et les sourcils froncés, il se mettait immédiatement à l'embrasser langoureusement. La jeune femme hoqueta face à la ferme prise que Graves exerçait sur sa taille ainsi que sa mâchoire. Puis, sensuellement, elle gémit dans sa bouche.
Le baiser dura. Il dura longtemps. Le soldat ne la laissa pas partir, il la garda pressée contre lui, torturée par le manque d'oxygène et le désir d'être toujours plus touchée. La jeune femme fondait contre son torse. Le baiser était sans arrêt coupé par ses gémissements plaintif et ses soupirs d'aise. Elle se tortillait contre lui, s'accrochait à son avant-bras et son épaule, complètement enivrée par sa force brute et envoûtée par la forte de son eau de Cologne.
Lorsque Graves mit fin à son supplice, la jeune femme retomba fébrilement contre son torse. Graves la contempla avec tendresse. Il se désaltéra tranquillement à l'aide de son verre de lait alors qu'il la zieutait à répétition. Durant tout le long, ses yeux restèrent rivés sur elle. Il ne la quitta point du regard. Elle, s'était s'accrochée à sa taille, la bouche entrouverte, les yeux écarquillés et les jambes compressées l'une contre l'autre. Graves sentait la friction de son bassin se répercuter sur son entrejambe, ce qui ne tardait pas à le faire grogner. Il fermait les yeux, prit par surprise par la vague de plaisir qui le submergea.
« Du calme. » il lui ordonna.
Graves embrassa la joue de son épouse. Une fois les yeux rouverts, il lui tendit un morceau de gâteau qu'elle saisit avec appréhension. Graves, lui, croqua une énorme bouchée dès qu'il eût attrapé sa propre part. Il la gardait contre elle tout en prenant son goûter de bonne heure. Déposant de temps à autre des baisers sur sa joue, sa nuque, sa clavicule, il zieuta aussi à répétition la fenêtre menant à l'allée de leur demeure. Graves cherchait à se changer les idées, l'image de sa fille si jolie et apprêtée pour un autre homme, le hantant toujours autant. La présence de sa femme l'aidait. Il la sentait se coller contre son torse et appeler doucement son nom tel un chant divin.
Lorsque Graves termina de manger, il fit la vaisselle. Rapidement, il nettoya son assiette ainsi que son verre, sous le regard déshabillant de son épouse. Il fit ensuite volte-face dans sa direction et passait son bras autour de son épaule.
« C'était délicieux. » commenta-t-il en déposant un baiser sur sa tempe.
« C'était un peu trop sucré, non ? »
Le soldat secoua la tête.
« Jamais. »
Elle sourit en réponse.
Le couple quitta rapidement la cuisine pour retourner dans le salon. Graves éteignit sa console pour remettre la télévision dans son état originel, pendant ce temps, sa femme prit place à ses côtés. Elle se recroquevillait dans un plaid, rapidement rejoint par leur golden retriever et finalement son mari. Graves passait son bras autour de sa nuque et enclencha un site de Streaming au hasard.
« Tu lui as dit quelle heure ? » il demanda.
Sa femme ne quittait pas l'écran plat du regard.
« Dix neuf heure. Pourquoi ? »
Graves embrassa le coin de ses lèvres tout en démarrant un film. Il se mettait à l'aise, enlaçant la femme de sa vie, jetant à la fois aussi un petit coup d'œil à leur chien qui se mettait à l'aise contre le corps de son épouse. Graves raffermit sa prise puis, avec toute l'indifférence du monde, déclara :
« Pour savoir quand charger mon fusil, évidement. »
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