#Danse avec tes chaînes
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Partageons mon rendez-vous lectures #28-2024 & critiques
Voici mes critiques littéraires sur Livres à profusion. Apnée noire de Claire Favan Apnée noire de Claire Favan – Editions Pocket Lus en avant première, dans le cadre du Prix du Roman Fnac. Un jardin pour royaume de Gwenaëlle Robert Danse avec tes chaînes d’Anaëlle Jonah Propre Alia Trabucco Zeran La barque de Masao d’Antoine Choplin En lecture, un nouveau Kay Scarpetta, Chaos de Patricia…
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La peur de réussire : une illusion a transcender
Dans le vaste océan de la conscience, il n'y a ni succès ni échec, seulement des expériences. La peur de réussir naît de l'idée que nous sommes séparés de notre potentiel, de notre véritable nature. En réalité, nous sommes déjà complets, déjà parfaits. La réussite n'est pas une destination, mais une expression naturelle de notre être.
Lorsque tu ressens la peur de réussir, rappelle-toi que cette peur est une création de l'esprit, une projection de doutes et de croyances limitantes. En observant cette peur sans jugement, tu peux commencer à voir qu'elle n'a pas de substance réelle. Elle est comme une ombre qui disparaît à la lumière de la conscience.
Le non-dualisme nous enseigne que tout est interconnecté, que nous sommes une partie intégrante de l'univers, que nous sommes l'univers. La réussite n'est pas quelque chose à atteindre, mais quelque chose à reconnaître en nous-mêmes. En embrassant cette perspective, tu peux te libérer des chaînes de la peur et permettre à ta véritable essence de briller.
Souviens-toi, tu es déjà ce que tu cherches à devenir. La réussite est simplement une manifestation de ton être authentique. Laisse aller la peur, et permets-toi de vivre pleinement, sans attachement aux résultats. Dans cet espace de liberté, tu découvriras que la réussite est une danse joyeuse avec la vie elle-même.
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D’être avec toi nuit et jour ..tu es mon meilleur ami sur terre ..ma vie sans toi n’aurait rien de palpitant ..avec toi je surmonte tout ..car tu es mon allié dans les bons et les mauvais jours nos épreuves.... c est la vie sur terre et personne ne peux rien y changer .. j’aimerais qu’autour de moi on essaie de réfléchir qui tu es ..et surtout que tu n’es pas mystique mais le Dieu vivant ..qui agis dans chacun de nous ..chaque jour..,si j étais devant une foule ..je dirais ..ne restez pas ignorant ..cherchez le seigneur …il vous répondra ..je suis triste par votre ignorance ..car cette ignorance vous conduira loin de la vie avec lui … Je ne sais comment tu vas juger le monde .. certains pensent que d être bons suffit pour rentrer dans ta lumière ..hélas non .. il nous faut reconnaître notre faiblesse devant nos péchés .. nous ne pourrons jamais te ressembler au ciel car notre corps a été conçu par le mal .ce mal qui nous habitera toujours .. nous avons eu par les religions une fausse image de toi .. ..lire la bible était mauvais et punissable .. à toutes les époques .. on montrait ce livre de grâce comme une hérésie ..certain étaient condamner à la mort … les hommes ont toujours voulu être les CV maîtres de leur destin .. alors que les paroles venant du ciel ..nous disaient : car moi Dieu..j’ai offert mon fils unique afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle …..reconnaître que nous sommes pêcheurs..car nous sommes tous incapables de vivre sans péchés .. mais je crois en un seul .. Dieu …qui restera toujours un profond mystère Mais il est vivant .. sa présence je la vis en moi .. il a changé mon regard .. il est ma plus belle chanson .. je danse avec lui .. je chante avec lui .. j’ai conscience de mes défauts .. je me sens libérée des chaînes du mal .. car il m’a lavée de tout mal ..de tous mes mauvais choix .. il a fait de moi son enfant .. je suis sauvée par pure grâce .. je suis dans une joie profonde car son esprit saint vit en moi …Amen seigneur !!!car je marche dans ta présence je ne crains rien … …
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Présentation 1 - 2 - 3 du portrait de l'acteur James Denton pour la Bande-Annonce (Tournage) de la nouvelle saison 13 de l'émission télévisuelle française Danse Avec les Stars, diffusée sur la chaîne privée TF1.
TF1 : Est-ce que tu as déjà rencontré ta partenaire ? / Have you ever met your partner ?
TF1 : Qu'est-ce que tu promets de fou si tu gagnes DALS ? / What do you promise crazy if you win ?
TF1 : 3 raisons de regarder DALS ? / 3 reasons to watch Dancing With The Stars fr ?
TF1 : La phrase qui te motive dans la vie ? / Words that motivates you in life ?
Alias Mr Lyle dans la série Le Caméléon
#james denton#danse avec les stars#interview#2024#team james denton#danse#dancing with the stars#dals#dals family#carpe diem
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Lettre à l'ami de novembre
C'est étrange. Étrange lorsque quelqu'un dit "Il y a l'odeur de l'hiver", chacun sait de quelle odeur il s'agit. Mais aucun ne sait la définir réellement. Chez nous, c'est une odeur de sapin, de sève, qui s'élève dans l'air. J'entends encore les oiseaux et un peu le soleil qui s'éclate sur ma fenêtre. Je vois la lune qui éclaire les sommets blancs, et je touche la glace bleue des glaciers.
Tu sais, mon ancien ami, je suis un peu devenue celle que tu aurais voulu. Je suis retournée avec un carré, et j'ai des cols de chemises qui dépassent de mon pull. Je suis calme et posée et je réfléchis au lieu d'agir et je respire, je chante, je pleure de joie, j'embrasse, danse dans ma cuisine, respire enfin. Je regarde ces films dont tu me parlais et touche un peu ce que tu voulais me montrer. J'ai écris un livre pour des mauvaises raisons, mais j'écris une pièce pour moi. Je me couche contre cette peluche, mais mon cœur n'appartient plus qu'à moi. J'ai même racheté des sous vêtements pour la beauté de celui qui me les enlève, pour mon plaisir de voir son regard s'attarder sur la dentelle, me sentir désirée, appréciée, touchée. Je porte des baskets avec ces tenues que je n'osais pas porter, j'ai encore ta chaîne autour de mon cou. Je lui ai retiré la symbolique qu'il devait y avoir.
Je suis celle que tu aurais aimé voir, puisque je ne comprends que maintenant que tu voulais me voir telle que je suis. Dans ma croyance et ta violence, tes peurs, j'ai répondu en cachant encore plus en moi une fleur un peu froissée. Je ne pouvais m'étendre entre tes bras, ni entre ceux de qui que ce soit.
Je sais que je me réveille encore parfois en sueur en te voyant dans mes rêves, quand dans cet univers je ressens encore ton mépris de n'avoir pas été à la hauteur. Dans cette ville où je fais des détours pour ne pas recroiser ton regard à cette terrasse, où je danse sur les pavés, gorgée d'alcool, quelques étoiles visibles de la coline regardent mes mains taper le rythme qui m'habite. Oui, dans cette ville que je vais quitter, pour moi, et non plus pour et à cause de toi.
Toutes les choses qui restent de toi sont à présent des objets dans ma bibliothèque, que j'aperçois de l'angle mort quand je pars au travail, à Paris, au bar avec mes amis. J'ai l'avenir qui se dessine sans que je le cherche et je crois à la beauté qui m'habite. J'ai une perle qui roule et se lisse et se polit entre mes doigts, que j'écrasais de mes larmes et que je caresse à présent. Le monde est si beau, et je danse sous la pluie. J'enfile mon âme fripée et j'ai le rire facile, le sourire de béatitude, j'en perds même ma timidité.
Je suis heureuse comme tu aurais aimé que je le sois. Et j'en viens à espérer que désormais toi aussi tu es heureux comme je l'ai souhaité.
Il y a des égos bien trop forts, qui se répondent mais ne se donnent aucun repos. Le monde et l'amour ne sont pas des champs de bataille, et j'ai déposé les armes dans le mausolée de nos souvenirs. Je ne veux pas me souvenir de tes doigts autour de ma gorge ni de mes phalanges qui s'abattent sur ta pommette. Je veux garder ces choses dans mes habitudes, la recherche d'un oiseau dans les arbres, une référence à une famille, certains plats que j'assaisonne avec moins de sel, des listes qui s'accumulent, passer ma main sur les joues des gens que j'aime, j'apprends à conduire en me souvenant du ciel lourd de la Drôme.
Je ne me permet plus de chercher tes doigts quand j'attrape les mains des autres.
Je te remercie, au final, pour ces leçons, ta langue qui claquait comme un fouet sur mon innocence, la violence de mes mensonges pour te faire payer le combat que nous nous menions. Évidement, dans ma fragilité, j'aurai aimé que nous nous épargnions certaines cicatrices, circonstances qui valent des plaies à l'âme. Que veux-tu, nous ne sommes qu'imparfait.
J'ai abandonné les avions, je tiens seule mon café. J'ai l'ami de l'été qui me soutient encore un peu, qui termine ton travail. J'attends l'ami du printemps et celui de l'hiver. J'alimente un feu que je veux ardent et dans lequel je n'ai plus besoin de jeter les feuilles de mes écrits. Je regarde dans ce miroir ces grands yeux vert de gris qui ne comprennent pas le monde, qui s'égarent quand je suis dans le métro, se lèvent aux étoiles et se ferment dans le plaisir de l'intimité. La bouche que je couvre de rouge, redessiner les contours de mon être, exister pour le plaisir et non pour complaire.
Je ne sais pas qui sera mon prochain ami. Peut-être qu'il aura aussi une odeur que je ne connais pas. Mais j'ai hâte de découvrir ce qu'il aura à me montrer.
[Octobre 2021]
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2023 est à nous !!!
Ce coup-ci c’est en compagnie de mes vieux potos Carlsberg Slim, Crapulax et Lanceflow aka le Bunker… Brutaliseurs de Beats, gouailleurs, name-droppeurs, rois des associations d’idées et collages de belles images, âme de Bxl, dandy vulgaires, crados élégants, barbares raffinés. 4x16 barz de prestige pour les connaisseurs posés non délicatement sur une grosse patatas qui déboîte de Taipan en personne. A écouter très très fort et très très souvent. Montre-toi à la hauteur et bouge sur ce son jusqu’à en crever, c’est la danse de Saint Guy !!! Dispo sur toutes les plateformes de streaming of course
Tar One ft Bunker - Danse de Saint-Guy - Lyrics :
Lanceflow :
Les bras ballants dans le ciel, tous me voient passer comme Air Force One
Sapé comme un breakeur coréen ou made in Taiwan
Jamais nonchalant sur les invits du homie TARONE,
on va faire sa fête au rap et briller sur la prod à Taipan
Pour m’écouter tu blesses la touche replay de ta vieille chaîne hi-fi
T’es dégoûté car des pipelettes t’ont dit que j'pisse dans l'jacuzzi
Tous sont shootés à mes couplets comme des p’tits bourges sous cocaïne
Comme un tagine pour mes bledards, t’es qu’un mouton l’soir de l’Aïd
BUNKER, boys band mieux qu'Alliage
J'entends toutes vos mères gueuler comme des chiennes dans c'coquillage
J'suis venu faire le ménage dans c'game minable
Check mon flow, j'les rends tous abominables
Forme et fond, logorrhée interminable
Ouais j'suis trop fort, impossible à niquer comme l'armée viet'
J'écris les mains dans les poches comme Alanis Morissette
V’la du pain pour mes auditeurs comme Jesus d’Nazareth
Suprême compétiteur, fin du texte, tous les nazes arrêtent
Tar One :
Plume meurtrière comme Joe Pesci dans Casino
Comme pour l’emoji : l’cœur y est pour Walid, Diego, Camilo
Tu dis « Oli(e) » on pense à nos skateurs, toi à Big Flo
Je tue, c’est la folie, Hannibal Lecter, camisole
Même avec Jordan t’as l’air d’un grand naze Perdu comme Will
Comme Kong, King et gros j’kiffe un bon Boule comme Bill
Coke, Viagra, Taurine, Tar torride
Représente Verviers comme la tarte au riz
Tarter attardés rageux dans c‘Rap Jeu et j’me casse
Chef d’œuvre sale : Journal D’un Vieux Dégueulasse
Grabuge et littérature, pas d’budget, rimes et ratures
Du pif sans sulfite, délices exquis et nature
Brin d’herbe dans la bouche, plein d’herbe : 100g Kush
Couchés si on se met bien : plaids, encas, rouge
Te casse ta guitare sur le crâne avant que tu ne tentes une cover
On débarque, écartez-vous comme des dents du bonheur
Crapulax :
Saut à l'élastique
DeltaplaneInsatiable, Intouchable, Demon one
Once againTous à poils, marioles sous cocaïne
Invincible, Premier, Capo/Nore
CNN
Bénis les rookies comme si j'étais David Stern
Benny comme boucher
Foire du midi, balivernes
Mes gremlins, ma bataille, Balavoine
House of pain, House of M
Carnaval, caisses qui crament, Oh
Wow
VIPO comme Steve-Ô
Fou l'feu comme pyro, p'tit Néron, brûle neurones, White widow
Romanova, Molotova, Scarlett, Black widow
Gringuito, 100 kilos, Sangre, caniveau
Funky ver de terre
Ohio Player
Ça au moins c'est clair
Pintje cathéter
Bipolaire
La schneck à Hitler
Fistinière
Fuck le temps, Festina
Qu'est ce qui y'a
Quarantenaire
Carlsberg Slim :
J'écris des lyrics pendant qu'tu skies
Remonte ton falzar en descente
Mets l'autotune quand tu cries
Parapente, chuteflying suit en torpille
Avalanche de clowns, overdose de Krusty
Paraît qu'y a plus d'mc
Flush
Boom rush
Walid Boomaye, Alelouya, Bunker Bougnoule touch
Gold rush
Candy crush
Mofoke, Fokalé, Sakel fomok
Shush shush
Mange un riche, dévalise la Silicon Valley
Elon Mucht, Scott Tenorman, chili con carne
En écoutant Aerosmith
Et fourre son pif avec la paille de son apérol spritz
BX souk, coke en stock et shit en soute
Rythm n' plouc, rap, logorrhée, hits en route
Sheek louch, cheap look, sales types louches
Wech wech, coucouchebang bang, touche-touche
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Tu te souviens peut-être de cette soirée. On jouait au Jenga. Avec un peu de bravado, j'ai retiré le dernier morceau d'un étage. Et pourtant, la tour n'est pas tombée. C'était un exemple de magie, c'est à dire, une brève suspension des lois qui régissent l'univers. Ou en tout cas, l'univers de "ce qui est possible" que toi, moi, le pape et la mère michel construisons chaque matin.
Dans les moments qu'on a passé ensemble, il y a eu d'autres moments de magie. Des moments où aucune loi, de la physique, de la narration, de la pensée, rien ne s'appliquait. Quelque chose est arrivé. Mais contrairement à l'animation, si tu prends l'image du vingtième de seconde avant, et si tu prends celle du vingtième de seconde d'après, le mouvement, la chose qu'il y a entre les deux, cette chose là n'est pas capturée. Pourtant, c'est la chose qui a créé le moment d'après, mais elle est invisible. C'est arrivé, c'était solide, et puis un instant après, pouf! Évaporé.
Un tour de magie seul, c'est facile. En tout cas pour certains tours. Le jenga, tout le monde peut le faire, mais tout le monde pense que c'est impossible. Les cartes, les plongeons dans un verre d'eau, la danse, la bonne nourriture, un bon tour de phrase... Il suffit juste de créer quelque chose qui sort de ce monde du possible. De l'envisageable. De créer un nouveau visage pour le monde, avec un nez et un menton qui te donnent envie de les dessiner.
Par contre, plus rare, il y a la magie à plusieurs. Goncharov est un exemple. La chaîne humaine des pays baltes est un autre. Le truc dans Spiderman 2, où les New Yorkais choisissent d'oublier le visage de Spider-Man. Mais en foule, si tu n'as pas la magie, il suffit de suivre le mouvement. La magie est créé par une personne, entretenue par la foule.
Plus rare, il y a eu la magie à deux. Personne n'a commencé. Il y avait un espace, et la magie l'a rempli. Personne ne peut dire "cette partie est à moi!" ou "c'est alors que j'ai eu l'idée". Non. Quelque chose est arrivé, et pendant une bonne dizaine de minutes, les lois de l'univers, les lois de toi, de moi, du langage, de l'entropie, de la géographie, de l'histoire... Tout ça a cessé d'opérer. Il y avait. Toi. La magie. Moi.
C'est la seule manière dont je suis capable de le concevoir. Je n'ai pas assez d'imagination pour le penser autrement.
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La propagation d’un virus, à qui s’est destiné à s’y confronter (ou pas), est rigoureusement indépendante du vouloir "conscient" du sujet, et a fortiori des doublement mal nommées "mesures sanitaires" puisqu’elles ne sont ni "mesurées" ni "sanitaires", elles sont même tout le contraire de ça, délirantes pour rester dans l’euphémisme, elles constituent une insulte à l’intelligence, à la logique, et annoncent un désastre sans précédent au plan social... Non seulement le confinement, mais l’obligation fétichiste de la muselière pour tous, les "gestes barrières", la "distanciation sociale", le "couvre-feu"... tout cela ne sert strictement à rien, ne ralentit rien du tout dans ce qui est appelé "la circulation du coronavirus", mais s’avère au contraire hautement contreproductif, vous pouvez très bien embrasser quelqu’un qui est porteur du virus et ne pas le contracter, et vous pouvez vous isoler dans votre tour d’ivoire sans voir personne et vous rendre compte que vous avez attrapé le virus, c’est comme ça, à l’opposé des allégations débiles des modélisateurs qui vivent dans leur monde imaginaire bidimensionnel, la contamination n’est pas automatique, cela n’a rien à voir avec une fonction mathématique, et le sujet n’est pas réductible à une statistique, cela peut se voir confirmé désormais en examinant les résultats in vivo recueillis sur plus d’une année, des chiffres qui parlent d’eux-mêmes (Suède, Floride, Texas, Mississipi, les études hautement documentées de l’épidémiologiste le plus réputé au monde: John Ioannidis...): toutes les décisions gouvernementales liberticides sans exception ont autant de fondement scientifique pour lutter contre un virus que les danses de la pluie des indiens du far west pour se concilier les faveurs des frères nuages gorgés d’eau...
D’une part il n’existe aucune étude scientifique digne de ce nom qu’une agence de santé puisse produire pour justifier la terreur sanitaire orchestrée par la sphère médiatico-politique sans se faire assigner en justice pour faux et usage de faux (le port du masque chirurgical obligatoire dans la rue par exemple), et d’autre part – last but not least comme on dit dans la langue de Shakespeare – ce que nous apprend la psychanalyse c’est que pour le sujet tel qu’il émerge de la découverte de l’inconscient, rien n’est plus difficile à admettre que cette vérité selon laquelle dans ce qui nous sera arrivé de plus réel dans notre vie, nous n’aurons jamais été que les observateurs passifs du destin, que nous soyons tombé amoureux ou malade, nous n’y avons eu aucune prise réelle, nous ne pouvions rien y faire, cela a échappé à notre contrôle, et ce à quoi nous nous trouvons forcé de renoncer dès lors, c’est à l’illusion de la maîtrise, de notre part comme de la part de l’Autre...
Voilà la raison pour laquelle nous compensons notre inquiétude quand à cette incertitude structurelle en nous agitant et en nous engageant dans toutes sortes de d’actions, de distractions, de divertissements...
Mais la peur, pour avoir été en partie refoulée dans l’inconscient, n’en est que plus présente, plus prégnante, plus réelle.
Voilà pourquoi l’idéologie joue sur cette corde sensible en se manifestant brutalement dans la profusion des "informations" destinées à inquiéter, distiller l’anxiété, cultiver la peur, produire l’effroi, afin que le plus grand nombre d’entre nous se réfugie dans une posture de victime...
"Tu es une victime!" est le message type du discours dominant, dont le destinataire se comporte effectivement comme s’il était la victime potentielle de forces irrationnelles absurdes, dans un monde devenu fou, dépourvu de sens et dangereux...
Victime, quel avantage, me direz vous?
C’est une échappatoire commode aux affres de la culpabilité!
Coupable, cela veut dire que ce qui nous arrive aura dépendu de nous, donc nous aurions pu faire (et nous pouvons faire) autrement, nous sauver nous-mêmes, en comptant d’abord sur nos propres forces...
Mais notre jouissance de nous maintenir dans notre "minorité" en attendant de l’Autre — l’État le plus souvent, Big Mother... — une réparation pour notre statut de victime, est trop forte, ce qui nous conduit aussi sûrement à la soumission que du bétail à l’abattoir.
Une psychanalyse réussie aura conclu à l’inconsistance du grand Autre, il n’y a pour le sujet rien d’autre au monde qu’un objet petit a...
Le sujet s’y retrouve dès lors conduit à assumer sa responsabilité, ce en quoi il échappe à l’impasse mortifère de l’alternative victimisation/culpabilité: être responsable cela veut simplement dire qu’il accepte de répondre de sa position de sujet comme rejet de la chaîne signifiante, qu’on le veuille ou non, de notre position de sujet, nous sommes toujours responsable, ceci constitue le fondement indépassable de l’éthique...
Si comme le note dès 1576 La Boétie le peuple "sert si bien et si volontiers qu’à le voir, on dirait qu’il n’a pas seulement perdu sa liberté mais gagné sa servitude", cela tient essentiellement au statut toujours plus en vogue, toujours plus "sociétalement" valorisé, toujours plus médiatiquement exploité de "la victime"...
Et toi, te contenteras-tu de ton statut de victime, ou te donneras tu les moyens de viser à son émancipation par la parole?
Un proverbe Hopi dit: nous sommes ceux que nous attendons...
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Bonsoir monsieur, madame Aujourd'hui, j'te dis tout J'préfère parler en "tu" Car je n'aime pas le "vous" J'trouve que ça vieillit Et moi, j'veux rester p'tit Un gamin pour la vie Sans mouchoirs, ni cris Alors, vas-y, j'te dis tout Sur le drame que j'vis Au quotidien, en enfer Voilà où j'suis J'voudrais m'en aller M'évader loin de tout De ce monde de fous Et partir je n'sais où Ce monde m'étrangle, m'écrase et me brûle Me détruit, m'empêche de vivre dans ma bulle Alors, j'voudrais partir Loin de tout, juste m'enfuir Laisse-moi courir loin Laissant ce monde à bannir Si Dieu dit que l'suicide est un péché alors Qu'il dise comment je pars , sans lui faire de tort Qu'il me transforme en c'que les médecins appellent "fou" Et peut-être qu'ainsi j'y verrai dans le flou Alors, cher Monsieur D Aide-moi, aime-moi Moi, j'n'y arrive pas Dans ce monde que je vois Dans ce monde de luttes Où l'Homme n'est qu'une brute Où l'amour n'est plus rien Que querelles et disputes J'voudrais m'écrire un monde Une planète rien qu'à moi Une planète sur laquelle Je me sentirais moi Un renouveau, sans chaîne Dépourvu de haine Une planète sur laquelle Tu me donnerais des ailes Un nouvel univers Où les larmes, les peines Ne seraient qu'un mythe Qu'une putain de légende urbaine Alors, laisse-moi partir Dis-moi comment m'enfuir Assez d'questions posées Laisse-moi être La seule chose que j'aime En ta création : l'homme C'est qu'il peut rêver chaque nuit, comme les mômes Qu'on soit vieux, jeune, vilain Gentil, ou encore moche On a le droit d'rêver, sans même rien dans les poches Mendiant, j'implore le soir Je mendie de l'espoir Mais la nuit est radine Madame, garde sa morphine Parce que j'ai pas payé Ou du moins, pas assez Né d'parents sans fortune et elle refuse la lune Puisque certes, dans ce monde On n'peut vivre sans ces nombres Que tes enfants ont transformé en méchants monstres Chaque mois tu en gagnes Chaque jour tu en perds L'addition est sévère J'rends la note, j'quitte l'enfer C'est vrai, j'm'avoue p'têtre vaincu J'l'avoue, j'l'assume La vie m'bouffe avec un sale goût d'amertume Alors, entends-moi hurler Gerber toutes mes tripes Dans ce son qui conte la vie d'un con pessimiste J'me sens seul, putain ! Personne me tient la main Personne avec qui partager cette gloire, putain J'marche seul sur un chemin Qui semble sans lendemain J'accélère mais personne ne m'attend à la fin Alors, chaque soir, je bois Je me tronche la gueule Pour oublier, qu'au fond Le succès, ça rend seul Peu d'amis, peu de vie J'suis enfermé sous vide Plein d'ennemis, plus d'sortie Dieu, j'ai besoin d'un guide Certains bouffons diront Que j'abuse, j'exagère Mais j'les emmerdent ces cons Car j'suis jeune et j'galère Dans ma tête, c'est le bordel Qui a éteint la lumière ? Maman, j'n'y vois plus clair J'ai besoin qu'on m'éclaire D'abord, c'est le bonheur Quand tu donnes à ton coeur À bouffer un amour Qui calme tes douleurs Tu oublies ton malheur Mais, au fond, c'n'est qu'un leurre Dans cette génération d'cons, remplie de menteurs Une fois le coeur brisé Pas besoin d'l'appeler La solitude débarque Elle vient vite te trouver Elle n'attend pas qu'tu ouvres, nan ! Elle entre sans frapper Tes coups d'blues sont pour elle un 4 heures à bouffer Alors toi, qui es-tu ? Au fond, le sais-tu ? Car moi je n'sais plus qui je suis, j'suis perdu Mon ambition est grande Dure à satisfaire Mon bonheur a le goût d'une saveur amère Alors, monsieur, madame J'l'avoue, j'suis malheureux Et pourtant je vis de mon rêve de morveux Mais c'est plus fort que moi Il me manque encore ça Ça et ça là-bas Toujours plus, j'suis comme ça ! Alors, j'espère qu'un jour Je pourrai faire l'amour À une personne sincère Qui n'me jouera pas d'tours J'en ai vraiment assez De donner sans retours J'suis saoulé d'm'aimer, moi Sans l'âme-soeur, c'est lourd Mais, sachez tout de même Que sur scène, grâce à vous J'ai l'impression d'être loin de ce monde de fous Car j'écris quand j'me plante Et je ris quand je danse Et je vis quand je chante Et pour tout ça, j'te dis : Merci
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Les aliens pullulent
La haine pu ,par les pores de peaux tailladées et des portails faussement épurés
Les pustules des dingues se dessinent sur la porte bilingue de l'hôpital psy entaché
Des piques nique au temesta et au lexomil dans les bras des milles pattes degueulasses attachés
Ici les sourires puent et la vie pue plus que la mort
J'ai chercher le soleil pure dans les armes de ces porcs
Les aliens puent
Ils ont des coupe de rasta punk toxico
Ou de clowns junky d'amour avec des teints d'abricots
Sortant de cartoon avec des yeux de pays imaginaires
Près des foufounes violées et des psys qui gerbent et errent
Pour ce monde immonde puant la ronde des queutards et des capitalistes blafards
Faut qu'elles soient bien fardées,bien conservées et pas trop criardes
Les femmes c'est le problème, bonnes qu'à s'ouvrir les veines, attachées à des chaînes dans un viol rincée qu'on appellera BDSM ou bonne correction
Les dingues sont des baltringues ,celles qui disent non sont des chiennes coincées et bonne qu'à la damnation
Les coupes sont au Babyliss ,taillé comme une pipe monétisée et ton costard
Carte de crédit,carte bleu pour faire taire le bleu de ton cocard
Alors je baise avec des couleurs pour pas planter de canif
En transe mystique sans peur ,appele moi Sylvain durif
Il y à du Orange dans la poésie des mésanges
Des Anges incompris qui dérangent
Un soleil puissant qui se lève, mal foutue mais plus fort qu'un glaive
Aussi beau qu'un clochard quand il se lève
Pour mettre une tarte au bourgeois mort dans sa fausse grève
On est les salopes sorties d'hosto psy qui écoutent pas hanouna ,regardent pas le figaro ni NRJ
Qui sortent pas avec le cul lissé par des tailleurs trop petits
Dans le cosmos ,j'éjacule et je hisse la poésie
Les dingues sortent de leur cage
Enragés et naufragés comme un flingue qui tire des nuages
On est les sale branleuses qui touchent l'Aah ou le RMI
Les docteurs louches nous rendent pas heureuses, on est loin de leur patrie
Quand les migrants dorment sous des tentes
Que ton grand-père viole ta tante
Quand la souffrance amer te hante
Quand l'étranger se noit sans dunes dans la mer rance
Quand la guerre grégaire deviens thune et danse
C'est nous la Folie
Quand l'obèse est mal à l'aise
Quand le suicidaire s'jette d'une falaise
Moi j'écris des poignards de fleurs
Pour faire naître une lueur
Mais ça reste nous ,la Folie
Alors surtout,j'baise avec Dieu et les Couleurs ,dans le cosmos ,en osmose
Traitez moi de déglinguos
J'éjacule des spirales multicolores hors de mon corps bariolé d'aurores
J'suis bancale,pas anale mais abyssale
Les habits parfois sales
Sur les bancs des beaux trous de balle
On me regarde de travers
L'enfer c'est la norme
Alors j'dessine d'autres formes
Sous un Soleil et son Orange puissant ,errant qui dérange car il pu la vérité et vole comme une mésange
J'baise avec les Couleurs et j'emmerde les faux Anges
Nébuleuse
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Danse avec tes chaînes d'Anaëlle Jonah
Danse avec tes chaînes d’Anaëlle Jonah, présentation 27 juin 1974, ils savent à peine écrire et lire. Ils sont considérés comme du bétail. Ce sont deux garçons et deux filles. Marie-Thérèse et Joseph sont les plus jeunes. Ils se retrouvent à Guéret, dans un foyer, où il y a déjà de nombreux enfants, comme eux. Avis Danse avec tes chaînes d’Anaëlle Jonah Elle est belle, glorieuse, la France. A…
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Bonsoir monsieur, madame Aujourd'hui, j'te dis tout J'préfère t'parler en "tu" Car je n'aime pas le "vous" J'trouve que ça vieillit Et moi j'veux rester p'tit Un gamin pour la vie Sans mouchoirs, ni cris Alors, vas-y j'te dis tout Sur le drame que j'vis Au quotidien, en enfer Voilà où j'suis J'voudrais m'en aller M'évader loin de tout De ce monde de fous Et partir je n'sais où Ce monde m'étrangle, m'écrase et me brûle Me détruit, m'empêche de vivre dans ma bulle Alors, j'voudrais partir Loin de tout, juste m'enfuir Laisse-moi courir loin Laissons ce monde à bannir Si Dieu dit que l'suicide est un péché alors Qu'il dise comment je pars, sans lui faire de tort Qu'il me transforme en c'que les médecins appellent "fou" Et peut-être qu'ainsi j'y verrai dans le flou Alors, cher Monsieur D Aide-moi, aime-moi Moi j'n'y arrive pas Dans ce monde que je vois Dans ce monde de luttes Où l'Homme n'est qu'une brute Où l'amour n'est plus rien Que querelles et disputes J'voudrais m'écrire un monde Une planète rien qu'à moi Une planète sur laquelle Je me sentirais moi Un renouveau sans chaînes Dépourvu de haine Une planète sur laquelle Tu me donnerais des ailes Un nouvel univers Où les larmes, les peines Ne seraient qu'un mythe qu'une putain de légende urbaine Alors, laisse-moi partir Dis-moi comment m'enfuir Assez d'questions posées Laisse-moi, j'veux tout quitter La seule chose que j'aime En ta création, l'Homme C'est qu'il peut rêver chaque nuit, comme les mômes Qu'on soit vieux, jeune, vilain Gentil, ou encore moche On a le droit d'rêver, sans même rien dans les poches Mendiant, j'implore le soir Je mendie de l'espoir Mais la nuit est radine Madame garde sa morphine Parce que j'ai pas payé Ou du moins, pas assez Né d'parents sans fortune Elle me refuse la lune Puisque certes, dans ce monde On peut vivre sans ces nombres Que tes enfants ont transformé en méchants monstres Chaque mois tu en gagnes Chaque jour tu en perds L'addition est sévère J'rends la note, j'quitte l'enfer C'est vrai, j'm'avoue p'têtre vaincu J'l'avoue, j'l'assume La vie m'bouffe avec un sale goût d'amertume Alors, entend-moi hurler Gerber toutes mes tripes Dans ce son qui conte la vie d'un con pessimiste J'me sens seul, putain Personne me tient la main Personne avec qui partager cette gloire, putain J'marche seul sur un chemin Qui semble sans lendemain J'accélère mais personne ne m'attend à la fin Alors, chaque soir, je bois Je me tronche la gueule Pour oublier qu'au fond Le succès, ça rend seul Peu d'amis, peu de vie J'suis enfermé sous vide Plein d'ennemis, plus d'sortie Dieu, j'ai besoin d'un guide Certains bouffons diront Que j'abuse, j'exagère Mais j'les emmerde ces cons Car j'suis jeune et j'galère Dans ma tête c'est le bordel Qui a éteint la lumière? Maman j'n'y vois plus clair J'ai besoin qu'on m'éclaire D'abord c'est le bonheur Quand tu donnes à ton cœur À bouffer un amour Qui calme tes douleurs Tu oublies ton malheur Mais au fond c'n'est qu'un leurre Dans cette génération d'cons, remplie de menteurs Une fois le cœur brisé Pas besoin d'l'appeler La solitude débarque Elle vient vite te trouver Elle n'attend pas qu'tu ouvres, nan Elle entre sans frapper Tes coups d'blues sont pour elle un quatre heure à bouffer Alors toi, qui es-tu? Au fond, le sais-tu? Car moi je n'sais plus qui je suis, j'suis perdu Mon ambition est grande Dure à satisfaire Mon bonheur a le goût d'une saveur amère Alors, monsieur, madame J'l'avoue, j'suis malheureux Et pourtant je vis de mon rêve de morveux Mais c'est plus fort que moi Il me manque encore ça Ça et ça là-bas Toujours plus, j'suis comme ça Alors, j'espère qu'un jour Je pourrai faire l'amour À une personne sincère Qui n'me jouera pas d'tours J'en ai vraiment assez De donner sans retours J'suis saoulé d'm'aimer, moi Sans l'âme-sœur, c'est lourd Mais sachez tout de même Que sur scène, grâce à vous J'ai l'impression d'être loin de ce monde de fou Car j'écris quand j'me plante Et je ris quand je danse Et je vis quand je chante Et pour tout ça, j'te dis Merci
Loïc Nottet - Mr, Mme
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Libre
La musique se déchaîne de plus belle au milieu de la pièce déjà bien animée. Cette soirée est incroyable, la meilleure de la décennie, je crois. Peut-être du siècle, ça ne serait pas de l’exagération, vraiment.
« N’y va pas. »
Avant aujourd’hui, j’avais entendu cette phrase tant de fois. Cet ordre sans cesse répété depuis mon plus jeune âge, et que j’écoutais aveuglément sans broncher. Allez savoir pourquoi, récemment, je suis devenue plus curieuse. Et me voilà à me trémousser au milieu du salon, avec pour seule raison l’envie de me sentir bien. Quel mal à ça ?
« Tu ne dois pas y aller. Pas comme ça. »
Les autres, les parents, les collègues, les amis, ils disent tous ça, tout le temps. Comme si ça pouvait vraiment changer quelque chose ; ah, quand j’étais naïve, ça ne me dérangeait pas, mais maintenant, je ne comprends plus bien. Pas comme ça ? Mais ce soir, je me sens au top, n’est-ce donc pas le moment rêvé pour déchirer le quotidien, briser les limites, et s’envoler loin de toutes ces règles. L’heure de s’élever, l’heure d’être libre, enfin.
« Si tu y penses, résiste. »
À bien y réfléchir, on essayait vraiment de me brider. Oh, je ne peux pas les blâmer, je ne vais pas le faire. C’est la société qui est ainsi. Elle nous met des bâtons dans les roues dans le départ, si bien qu’on y croit, qu’on pense vraiment être nous-mêmes dans ce petit cadre. C’est parce qu’on ne le voit pas, cet encadrement, qu’on croit déjà être dans quelque chose de grand. Mais notre monde est si petit, quand on n’apprend pas à utiliser ses ailes. Quand on ne sait pas qu’on a des ailes…
« Pose-toi et respire, mais n’y va pas. »
Au milieu de la musique pop, un autre tempo résonne. Un rythme a deux temps qui fait tic et tac — c’est insupportable, mais j’ai du mal à me focaliser sur autre chose, c’est si étrange. Est-ce que quelqu’un a baissé le volume de mon morceau ? Ce n’était pas comme ça avant. Ou peut-être, allez savoir, que quelqu’un a entendu mes paroles sur la société ! Ah, on m’espionne ?
« Entoure-toi bien. »
Je le suis. Mes meilleurs amis, mes compagnons de la nuit, trônent fièrement tout autour de moi, autour de la table. Ou dessus, je ne sais plus bien, ma vision est un peu dansante, j’ai perdu la notion des distances. Mais ce n’est pas grave, c’est nécessaire pour me libérer des chaînes de mon tout petit monde, celui que je veux agrandir, celui que je veux survoler, transcender. Non, je n’écouterai plus, car je suis plus forte aujourd’hui, et je suis si belle, si charismatique, vous voyez.
« Repose-toi. »
En si bon chemin, pourquoi… je lève les yeux vers l’horloge qui résonne de son tic-trac tranchant l’air, au milieu de cette pièce que je ne reconnais même plus. Les formes sont floues tout autour de moi, mais je danse encore dans une trajectoire approximative. J’ai toujours voulu voler, m’échapper de ce cadre qui délimite la prison et la liberté, liberté chérie.
« Encore un effort, ne perds pas pied. »
On m’a toujours dit de ne pas y aller. Toujours. Encore. Toujours. Mais j’y suis presque aujourd’hui, et je vous emmerde.
« S’il-te-plaît. »
Ça me plaît pas. Plus.
« Tu as vraiment fait taire ta conscience, alors. »
À la fenêtre, on respire mieux.
« … »
J’ai toujours voulu voler.
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Elle a le corps à s'appeler Laura. C'était ça ou Émilie mais Laura convient mieux à ses formes. Avec son joli sourire de fleur et sa peau laiteuse si douce, la jolie Laura. A bien y réfléchir, un nom de fleur aurait pu faire l'affaire ; quelque chose comme Hortense ou Camélia, mais non. C'est Laura qui lui va le mieux. Ce prénom lui glisse sur le corps, il se marie à la perfection à son sourire d'enfant perdue et à la pureté de ses formes, semblant presque faites pour les caresses de mes mains. Elle a ce truc dans le regard qui me pousse à croire qu'elle n'a pas beaucoup vécu. Prisonnière des autres, la jolie princesse. Assoiffée de nouveauté mais enchaînée à ces peurs qui vident sa voix de son humanité lorsqu'elles la prennent par surprise. Laura, petite Laura et ses envies de vivre étouffées par ses larmes. Triste Laura qui n'a jamais eu le droit de goûter à la liberté.
Elle était assise là, sur une petite chaise blanche contre laquelle sa peau semblait se camoufler, elle restait sur le bord à nous regarder nous amuser. Quoi que "regarder" ne soit pas le mot juste ; je pouvais voir ses yeux bouillir sous ses airs d'enfant sage, je sentais ses pupilles disparaître sous ces mêmes larmes invisibles qui m'avaient tant pris par le passé. Et moi, moi qui l'admirais déjà de loin, j'ai profité de la tristesse qui dévorait son corps pour courir à sa rencontre. Je l'ai prise doucement par la main et tel un chevalier qui accourt sauver sa princesse, j'ai brisé les chaînes qui l'entravaient pour la pousser à vivre un peu avec moi. Je l'ai vue sourire alors qu'elle se levait de sa chaise pour me suivre, feignant ne pas "pouvoir". Mais qui donc l'en empêchera ? Qui la privera de ses droits ? Regarde-la, elle-même ne souhaite que ça. J'entends encore son âme crier à la joie, je revois son rire se mélanger aux rayons trop clairs du soleil derrière elle. Elle a fait tourner sa robe en courant contre moi et l'a fait voleter de nouveau chaque fois qu'elle riait. J'ai senti son coeur s'allumer entre nos morceaux de chair et le trop-plein d'oxygène qui nous séparait. Qui aurait besoin de tant d'air quand une si jolie fleur danse à nos côtés ?
Je pourrais te dire exactement à quel moment mon coeur a raté un battement et quand ceux-ci ont commencé à s'emballer. Son sourire m'a changé. Elle rend le paysage plus beau de sa simple existence et son bonheur créé une étincelle qui enflamme toujours mon corps. Je ne saurais expliquer pourquoi ; qu'a-t-elle de si spécial, cette étrangère ? Peut-être sa manière si respectueuse de s'adresser au monde quand j'entends ses yeux pleurer, ou les douces formes de son corps laiteux qui prennent vie à chacun de ses pas. Peut-être sa jolie robe bleue percée de tant de petites fleurs qui semblent toutes avoir jauni plus fort à la mort de ses larmes, ou encore le sourire qu'elle arbore chaque fois que je lui tends la main comme si c'était la liberté en personne qui la prenait contre elle. Je ne pense pas le comprendre un jour mais son sourire de gamine comblée m'attire presque autant que ses larmes invisibles.
On la dirait prisonnière d'une cage de laquelle moi seul aie les clés. Elle me regarde comme si elle m'avait attendu toute sa vie et moi, ça fait brûler ma peau. J'ai les joues en feu et le coeur qui s'agite quand elle m'admire avec ses grands yeux. Elle veut toujours en savoir plus et je l'emmènerai où je peux, mais j'ai bien peur qu'un jour ce ne soit plus assez. Où voudra-t-elle aller ensuite et que se passera-t-il si je ne peux plus l'y suivre ? Tu penses qu'elle m'attendra, moi le pauvre garçon un peu trop fou des battements de son coeur ? Son bonheur me rend heureux mais que deviendrais-je si elle décide de partir ? Je ne suis pas prêt à un après sans elle, si tant est que l'on soit prêt un jour. Mais j'aime tellement la voir sourire et apprendre avec elle ; son cerveau semble toujours en feu, comme mon corps quand elle le touche de ses mains. Ses doigts d'ailleurs, semblent aussi fragiles qu'ils sont forts et je crains de les faire fondre contre ma peau, en proie aux braises qu'elle créé sans cesse dans mon coeur.
Dis-moi, tu penses qu'elle m'aimera longtemps ? J'aimerais rajeunir avec elle pour que l'on puisse vieillir ensemble ensuite. Je me demande comment on vieillira. Tu penses qu'elle aimera toujours mes cheveux quand ils deviendront blancs ? Je suis sûr d'aimer les siens jusqu'à la fin et après encore. Dans un après avec elle auprès de moi et, je l'espère, moins d'oxygène pour nous séparer. J'aimerais mourir contre ses lèvres, avec mes mains le long de son petit corps laiteux et les siennes sur ma peau toujours enflammée. C'est sûrement bizarre de s'accrocher autant à un rêve si court, mais rien n'avait jamais fait vibrer mon âme de la façon dont son rire l'a fait. C'était comme si soudain ma vie avait un sens, comme si le monde s'était figé le temps que mon coeur photographie son sourire pour s'assurer de ne jamais l'oublier. Bien sûr que je pourrais la dessiner si mes mains étaient plus expérimentées. En attendant, son portrait est accroché sagement au creux de mon coeur ; j'y ai fait une place juste pour son bonheur.
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People : Carla Landy
Carla a 21 ans, est passionnée par la création et tient à sa polyvalence : elle touche à la danse, au chant, à la vidéo, au dessin et bien sûr à la musique. Elle a fait ses débuts sur Youtube et je l’ai découverte lorsqu’elle nous présentait ses talents de guitariste à travers des covers. Je me suis abonnée à sa chaîne pour le pluralisme de son contenu qui tranchait avec ce que l’on pouvait voir dans les tendances françaises sur la plateforme.
J’ai eu l’agréable surprise de découvrir qu’elle avait sorti son premier album. Je l’ai écouté et fus surprise de l’univers qu’elle avait choisie pour son oeuvre. Evidemment, mon interprétation est personnelle et chaque auditeur aura la sienne. Je me suis interrogée sur les raisons qui l’ont poussées à se lancer et a aboutir ce projet :
« L’idée au départ n’était pas de moi, grâce à des connaissances et du bouche à oreille Thib (un rappeur du Var avec qui elle a co-produit son album) a souhaité me rencontrer et m’a dit qu’il voulait écrire des chansons pour moi. Je ne m’y attendais pas, et je pensais qu’il déconnait au départ. Mais il n’a cessé de me répéter qu’il voulait vraiment écrire pour moi, et que mon univers l’intéressait énormément.
On s’est rencontrés, on a beaucoup discuté, je lui ai fait écouter les sons que j’aimais à ce moment, les artistes qui m’inspirent aujourd’hui, ce que je voulais retranscrire, il a tout compris, on a tous les deux accroché et tout ça a crée l’album Humble. »
Ce projet aborde les thèmes de l’amour, la passion, parfois la colère et la folie avec Blouse blanche qui est un des titres que j’ai préféré dans son album. Carla m’a expliqué son choix de traiter de l’amour :
« Cet album a été construit dans une période où Thib et moi on avait une envie ardente de nous exprimer au sujet de l’amour. Déjà parce que l’amour est ce qui nous unis tous et surtout car nous avions la même vision sur beaucoup de choses.
Tous les deux on y a apporté nos expériences.
Pour ma part c’était une période assez dure où je partais souvent pour rester avec un mec et lui restait pour finalement partir - référence tellement vraie au morceau « Partir » sur l’album - qui définit exactement ce que j’ai vécu avec des gars. En fin de compte, grâce à ces expériences pas très sympathiques Humble est « né », je l’ai chanté avec mes tripes et ça j’en suis ravie. »
« Chanter avec ses tripes », c’est exactement le sentiment que l’on ressent dès la première écoute, que ce soit de l’album comme dans la réalité. J’ai eu la chance de croiser Carla totalement par hasard à un festival au Domaine des Escaravatiers. Elle y a fait la première partie d’Angèle que l’on ne présente plus et j’ai tout de suite accroché tant à son univers qu’à son chant à la fois sensuel et innocent. On sent dans son interprétation son impuissance face à des situations qu’elle n’a pas voulues mais qu’elle affronte et soigne grâce à sa passion.
Elle évoque avec moi ce que ce festival a représenté pour elle :
« Indescriptible ?! Je regardais des vidéos d’Angèle dans ma chambre sur mon pc en pyjama, je badais clairement sur le parcours soudain de cette nenette, un matin on m’appelle et on me demande si je veux faire sa première partie ? J’ai beugué, puis j’ai dit : oui je veux! Sans réfléchir... Pour moi c’était une occasion rêvée et inespérée. J’ai appelé Thib, je lui ai dit, il m’a répondu « Fonce ».
Avec Angèle nos deux univers musicaux se mélangent bien je trouve, on est toutes les deux jeunes en plus. J’ai vraiment été Cendrillon le temps d’une nuit… J’ai pu la rencontrer, lui parler en privé, chanter devant un vrai public de concert ce soir là, c’était juste merveilleux. »
J’ai écouté Humble plusieurs fois pour mieux lire entre ses lignes. Plusieurs morceaux m’ont frappé. A la manière de Damso dans Macarena, on y voit des situations faisant écho à des expériences dans lesquelles chacun peut se retrouver telles que les peines de coeur qui entraînent la déception et la colère. Malgré tout, c’est finalement des sentiments très personnels qu’elle nous conte à travers une séparation dans laquelle nous pouvons nous reconnaitre.
Elle joue aussi sur les paradoxes avec ces mots : « joyeuses funérailles » et nous invite à ne plus culpabiliser pour nos actes dans Nouveau Jour avec cette phrase « Sans excès on meurt quand même. » et ça fait un bien fou !
On perçoit aussi la rancoeur ressentie face à la lâcheté et la trahison de l'autre, un beau parleur duquel on s’éprend : « Je me suis faite belle comme tes promesses » dit-elle dans Belle comme. On décèle alors facilement une atmosphère sombre qui se heurte à des prods semblables à celles que l’on peut retrouver dans le rap, le cloud ou même la folk avec la guitare qui reste son instrument de prédilection.
Un de mes morceaux préférés reste Blouse Blanche, dans lequel elle décrit une folie prenant le pas sur la raison et finit par l’emporter avec elle. Ce choix et la manière dont il est traité rend ce titre original, c’est pourquoi il a particulièrement retenu mon attention.
Tout le long du projet, elle appelle notre attention sur les choix auxquels nous devons faire face ainsi que sur les rapports de force amoureux : « c’est la loi du plus faible pour que l’amour soit plus fort ». Carla est par ailleurs très reconnaissante à Thib qui l’a énormément aidée sur l’écriture :
« Pour moi Thib a fait un travail extraordinaire, il a su retranscrire tout ce que je lui racontais sur mon quotidien, les choses qui me sont arrivées. Il a ce talent fou que je n’ai pas, qui est l’écriture. C’est tellement un jeu d’enfant pour lui, les mots ont l’air malléables, il joue avec comme s’il te sortait un « bonjour tu vas bien? ». Il est dingue ce mec et très talentueux. »
Cet album lui a permis de réellement mettre un pied dans le milieu musical à un niveau supérieur. Elle s’est ouverte au rap, genre vers lequel elle ne pensait pas se tourner un jour. Elle jure en effet par le rock, le funk et le jazz qui influencent clairement son projet dans sa musicalité. Ce choix lui a permis de découvrir d’autres artistes et de s’en inspirer afin de proposer un travail en français.
« Depuis toujours je chante en anglais, j’ai commencé sur YouTube en faisant seulement des covers en anglais, mon but dans cet album c’était de chanter la totalité des morceaux en français. C’est une interprétation tellement différente de l’anglais, la prononciation des mots varie plus et les mélodies changent beaucoup. De plus, je suis française, donc pour moi c’était évident de devoir faire un album écrit en français. En soit j’en ai toujours rêvé.. et c’est venu à moi, c’était un réel challenge et je l’ai atteint grâce à Thib. »
D’un point de vue plus pratique, je lui ai demandé comment Humble s’est créé:
« Pour enregistrer l’album on est parti sur Paris avec Thib, au Studio History. On a fait la connaissance de Jean Max Mery qui est un gars vraiment super. On a déliré avec lui. C’était un plaisir d’enregistrer l’album dans son studio.
Pour la petite histoire, le premier jour, on se rendait au studio, on a pris le métro, en arrivant sur le quai Thib stoppe un mec de dos. C’était : Orelsan. On est montés dans le métro avec lui et on lui a parlé du projet qu’on préparait, il a trouvé ça cool.
Pour en revenir au studio, jusqu’à 3h du matin on était sur le morceau Humble, que j’ai chanté dans la cabine du studio presque plongée dans le noir. Je pensais que j’allais pas réussir à la chanter vu la journée de fou qu’on avait eu. Ma voix flanche le soir généralement… C’est finalement sorti tout seul. C’est la chanson la plus forte de l’album pour moi que j’ai chanté, ça s’entend à ma voix de toute façon. Et après des soirées où on finissait tard comme ça, on a jam sur des morceaux avec Jean-Max au piano. C’était le feu, j’ai filmé tout ça et j’en garde d’excellents souvenirs. »
Concernant ses projets futurs, Carla prévoit de continuer sur sa lancée avec des vibes rap et R&B accompagnées de jazz, de funk et de blues. Un morceau en anglais intitulé Inside a été produit, c’est le premier d’une autre série. Affaire à suivre !
Instagram : @carla.landy
Youtube : Carla Landy
Son dernier clip Pour Jamais :
youtube
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Les Enfants du Serpent - Chapitre 2 [Eldarya Fanfiction]
CHAPITRE 2 : Rédemption
Elle posa avec admiration un doigt sur le miroir qui lui faisait face. D’aussi loin que lui remontaient ses souvenirs, elle n’avait jamais contemplé un reflet d’elle-même si précis. Ses yeux tuméfiés lui faisaient toujours aussi mal, et jamais elle n’aurait pensé être aussi sale et repoussante qu’en ce jour.
La vasque d'eau de la salle des esclaves qui se trouvait chez son dernier Maître était l'endroit où elle se reflétait le mieux d'ordinaire.
La manufacture de l’ouvrage était riche et précise, et elle eut du mal à s’en détacher alors que derrière elle, le jeune garçon qui l’avait menée ici tentait de la défaire de ses chaînes aux chevilles.
Dans un fracas épouvantable de cliquetis et de crochets, il jura par trois fois avant d’abandonner sa tâche.
« Il aurait quand même pu les prendre, ces clés ! » S’égosilla-t-il en lâchant ses instruments de crochetage à terre pour s’y asseoir et masser ses poignets endoloris.
De ses yeux d’un gris fantomatique, il se mit à inspecter à nouveau les fers et décréta :
« Assieds-toi sur le lit et arrête de bouger. »
La jeune faery se raidit et s’empressa d’obéir. Le garçon au ton doucereux avait émis un ordre, et si elle voulait avoir un jour une chance de s’évader, ou tout du moins de le mettre dans ses petits papiers, elle devait pour l’instant faire ce qu’il demandait.
Amenée dans la luxueuse pièce dès son passage par le portail magique, le garçon lui avait intimé l’ordre de ne pas bouger. Celle-ci avait obéit, se tétanisant sur place en l’attente de son retour. Et même s’il n’avait pas été terriblement long, la journée avait été épuisante pour elle.
C’est avec un léger soupir de bonheur non-feint qu’elle s’assit sur le lit et leva légèrement sa cheville tendue vers son ravisseur. Le jeune garçon se concentra à nouveau sur sa tâche à genoux devant elle et, se saisissant du talon offert dans le creux de sa main, se remit à l’ouvrage.
D’aspect, il ne devait pas avoir plus de trois ou quatre ans de plus qu’elle et, même si elle ne pouvait le dévisager autant que voulu à cause de sa position, elle regarda ses longs doigts fins gantés de cuir sombre jouer habilement avec les divers objets contre le fer qui l’enserrait.
Crochets, pinces, à tête plate ou courbe, le ballet des outils se faisait précis et rapide pour un œil profane. Elle admira en silence la danse entamée par l’inconnu doucereux. De temps en temps, il se stoppait pour remonter une ou deux mèches de ses cheveux mi-longs et raides qui le gênaient dans son travail. Ce faisant, la faelienne remarqua la pâleur de sa peau contrastant avec la noirceur profonde de sa chevelure
Aussi silencieux qu’elle, l’atmosphère devint vite pesante et ce fut le garçon qui brisa le silence :
« Alors, tu vas te décider à me donner ton nom ? Ou j’aurais fini par ouvrir ces saloperies avant, à ton avis ? »
Sa voix était assez grave mais suave, presque taquine. Elle sonnait aussi piquante qu’intime.
Comme une dague plantée entre deux omoplates, ne put s’empêcher de penser l’adolescente.
Le cliquetis des outils reprit de plus belle et enfin l’on entendit un ‘clic’ caractéristique d’une ouverture de mécanisme.
Un discret geste de victoire plus tard, le jeune garçon laissa tomber les fers et les poussa plus loin avant d’écarter ses outils et de reprendre :
« Je t’enlève les fers aux mains si tu me donnes ton nom. »
Mais la faery n’écoutait déjà presque plus. Elle contemplait avec stupeur ses chevilles déliées et s’aperçut des meurtrissures qui les cinglaient. Cela guérirait vite avec quelques soins, mais elle ne s’attendait pas à en recevoir. De plus, ils allaient sûrement l’entraver avec un outil de leur conception, alors à quoi bon demander et risquer une correction.
Elle n’était pas de nature docile en soit, mais elle avait appris que l’irrespect continuel envers un Maître était le chemin le plus court vers la souffrance ou la potence. Il fallait en jouer avec délicatesse et parcimonie.
Elle amena sa main vers sa cheville et la souleva pour la masser tendrement alors qu’elle entamait d’une voix lasse :
« Je ne connais pas mon nom. » Les Maîtres adoraient lui en donner d’autres de toute façon…
« Le Maître sera heureux d’apprendre que ta première parole envers moi a été un mensonge. » soupira-t-il. « Il avait raison sur ton compte, tu pourrais être utile. »
La jeune fille se tortilla imperceptiblement. Allait-il la punir pour son acte ? Maintenant ou plus tard ? Aurait-elle le temps de se remettre de la correction avant d’entamer son futur travail ?
Elle espéra secrètement ne pas être privée de nourriture ou d’eau. Elle mourrait de soif.
« Et donc ? Ce nom ? »
Contre toute attente, il ne se mit pas à la battre, et s’affaira plutôt à lui attraper les mains afin d’avoir un accès à sa nouvelle zone de travail.
Le gant en cuir passait régulièrement sur sa peau comme autant de caresses durant les différentes manœuvres, et la faery s’adoucit à ce contact. Elle aimait voir le garçon s’affairer à sa tâche salvatrice, et la sensation de cette matière nouvelle.
Mais pourquoi lui retirait-il ses liens ? Ils étaient seuls garants de sa présence ici. Elle n’allait pas lui dire bien entendu, mais dès qu’elle serait sans entrave, elle dirait adieu à cet endroit sans prendre le temps de le connaître.
Le garçon batailla avec les liens de métal durant un bon quart d’heure avant de finalement souffler d’exaspération et de saisir le poignet de la faery :
« Arrête de bouger ! » cria-t-il vivement, énervé par son échec.
Celle-ci feula tel un chat, niant son implication dans l’entreprise du brun. Prenant de l’assurance elle se mit à cingler :
« Je n’ai pas besoin de vous. Pourquoi m’avoir achetée ? »
Il souffla rudement et lâcha la mi-purreko avec dépit.
« Ce n’est pas à moi de te le dire. Tu veux que je t’enlève ces liens, oui ou non ? »
Le jeune adulte aux cheveux noirs comme la nuit la darda d’un regard sévère et elle se laissa à nouveau faire. La colère récente de son hôte fut bénéfique puisqu’on entendit bientôt un nouveau ‘clic’ caractéristique. Les fers tombèrent et libérèrent enfin les avant-bras de l’adolescente dont la bouche s’ouvrit en un fin « o » muet.
Elle avait rêvé durant des années de ce moment ; elle ne savait que dire maintenant qu'il venait à elle.
Le garçon se passa une main derrière la nuque et se frotta avec ennui. Il paraissait gêné lorsqu’il entama : « Maintenant qu’on t’a retiré ça…Va falloir t’habiller un peu mieux. Tu es presque nue. »
La faelienne sentit un léger rouge lui monter aux joues. Elle avait vu pire comme humiliation, et pourtant, le regard gêné qu’arborait son vis-à-vis lui faisait prendre conscience de son tort. Elle resserra de ses doigts crispés la cape à capuche dont on l’avait affublée avant de passer le portail magique, espérant se couvrir un peu plus que le torchon crasseux et troué qui lui servait de toge ouverte.
Elle se mit à grogner faiblement, et tout ce que le jeune garçon put entendre fut un vague et bougon :
« …xyan. »
Etait-ce un juron ? Une langue étrangère ? Toujours était-il que l’adolescent ne comprit pas ses paroles.
Il leva un sourcil amusé vers la faery qui se débattait pour se couvrir et attendit qu’elle ait fini son manège – qui soit dit en passant ne servait pas à grand-chose à part embarrasser un peu plus l’être masculin qu’il était – pour la mener vers un autre endroit du bâtiment où ils étaient arrivés.
Il fit passer l’esclave devant lui, à travers des coursives éclairées par des flambeaux bleutés. La lueur irréelle de ces flammes les accompagna durant de longues minutes, et les tapis couleurs lie-de-vin au sol étouffèrent les bruits de leurs pas. De nombreuses portes closes avaient ainsi jalonné leur cheminement, et l’adolescente se demanda pourquoi en trouver autant.
Aucune fenêtre cependant. Elle en déduisit aisément se trouver sous terre, et rajouta la question à la liste de ses interrogations mentales.
« Par ici. » lui indiqua le garçon sur ses arrières. Elle bifurqua sur la gauche et entra dans une salle d’eau aménagée.
Différentes sortes de produits en tous genres jonchaient les étagères de l’endroit, et elle se douta qu’aucun n’était réservé à un usage corporel malgré la salle où ils se trouvaient.
Comme la chambre qu’ ils venaient de quitter, la salle était d’une richesse et d’une manufacture impressionnante. Chaque recoin de la salle était travaillé, doré ou argenté, peint à la perfection. Le bassin qui s’offrait aux yeux de la faelienne faisait bien plusieurs mètres de large et autant de long. Son pourtour était gravé de runes à la signification inconnue et, lorsqu'elle y attarda un regard, elle s'aperçut qu'elles étaient incrustées, par endroit, de fines pierres précieuses.
« Ne t’avise même pas d’y penser » Lui intima son compagnon. « D’autres s’y sont essayés. Et comme tu le vois, les pierres sont restées... »
La purreko allait visiblement rétorquer quelque chose alors il s’empressa d’ajouter avec un ton un peu plus sournois :
« …et pas eux. »
Elle n’ouvrit pas la bouche, prise d’un soudain inconfort. Le garçon s’affaira dans la pièce et lui remit un paquet mou et solidement emballé par des tresses d'herbe séchée.
« Ouvre au lieu de me regarder comme une ahurie. J’imagine que tu sauras ce qu’il te reste à faire. Le Maître t’attend. »
Elle devina alors le contenu du paquet et dévisagea avec incompréhension l’adolescent. On lui avait retiré ses fers – exception faite du collier – on lui permettait de se nettoyer , on lui adressait la parole pour lui demander son nom et maintenant, on lui permettait de se vêtir.
Pour la première fois depuis ce qui lui paraissait être une éternité, elle s’autorisa à parler avec émotion et balbutia un simple mais franc :
« Merci. »
« Je ne sais pas si c’est le mot que tu devrais employer. » répondit-il, sans cœur.
Il tourna les talons sans plus attendre, mais alors qu’il passait l’arche de l’entrée et referma une lourde porte en bois précieux derrière lui, il entendit un brave :
« Qui es-tu ? »
Le jeune garçon émit un rictus. Elle n’était pas facile mais il arriverait à l’apprivoiser. Le Maître serait heureux de savoir qu’il ne l’avait pas achetée pour rien. Du moins pour l’instant. Souvent, les achats se soldaient par des échecs cuisants dès les premiers instants. Les esclaves étaient trop brûlés par leur vie antérieure pour s’ouvrir à ce qui les attendait ici. Le Maître s’en chargeait très vite.
Il afficha un sourire plus doux et répondit en entrouvrant à nouveau la porte. Voyant qu’elle avait commencé à se dévêtir et rentrait dans l’eau du bassin à ses pieds, il resta derrière le bois et fit d’une voix assurée :
« Je m’appelle Sithis. Et toi ? »
Le silence retomba. Le garçon soupira mais il entendit un vague et gêné :
« Nixyan… »
« C’est un joli nom. » concéda-t-il.
La faelienne ne semblait pas vouloir avancer leur conversation plus loin et Sithis le comprit rapidement. Satisfait de sa découverte, il laissa la porte se refermer en un bruit sourd.
Elle jura une dernière fois de douleur alors que la poignée de cheveux tombait lentement vers le sol. Ça n'avait pas été une mince affaire, mais elle avait réussi à faire quelque chose de correct.
Se regardant dans le miroir, elle admirait l’efficacité du produit gélatineux qu’elle avait trouvé dans le paquet de vêtements laissé par le brun. Elle avait lu la consigne fournie et appliqué comme demandé le produit en couche épaisse sur les hématomes autour de ses yeux et sur son corps.
Loin de les avoir fait disparaître, il avait cependant apporté une bouffée de fraîcheur sur les ecchymoses et masqué une partie de leur couleur violet sombre. Elle essuya les dernières traces qui traînaient sur ses bras et se félicita de sa propreté.
Elle avait redécouvert son corps dans l’eau tiède. La crasse avait été tenace et elle avait presque entièrement utilisé le savon et gratté sa peau avec les éponges sèches qu’elle avait chipées sur le pourtour du bain. Encore rouge par endroit, Nixyan était pourtant plutôt satisfaite.
Elle posa la brosse finement ciselée, recouverte de métal brillant et poli, pour attraper de quoi coiffer sa tignasse rebelle. La faelienne avait du couper une bonne partie de sa chevelure de neige et les pointes noires qu’elle arborait d’habitude avaient presque entièrement disparu. Les cheveux désormais courts sur l’arrière, de nombreuses mèches raides et courtes rebiquaient vers le haut ou l’arrière, formant un amas compact à l’aspect sauvage que la faery apprécia tel quel.
Elle décida cependant de laisser ses cheveux plus longs devant, avec deux mèches recourbées vers l’intérieur lui tombant un peu plus bas que le menton. Derrière ses oreilles, trois fines mèches indisciplinées rebiquaient encore et toujours vers le haut, donnant un aspect presque symétrique à sa coiffure. Elle tenta d’arranger tant bien que mal une frange acceptable, mais perdit la bataille.
Là aussi, la coloration noire du bout de ses cheveux avait disparue. La mi-purreko ne s’en fit pas. Au contraire, elle savait d’avance que d’ici trois à quatre jours, le bout des mèches coupées se mettrait à foncer, pour atteindre le même noir de jais que ceux du garçon qu’elle avait rencontré.
Il en avait toujours été ainsi depuis son plus jeune âge, et Nixyan n’avait aucune idée d’où pouvait lui venir cette drôle de particularité.
« Une tare de naissance » avait un jour qualifié un de ses maîtres et Nixyan s’en était accommodée. Après tout, pourquoi pas.
Caressant sa queue touffue et aussi blanche que sa chevelure, elle la brossa et la tailla elle aussi, avec beaucoup plus d’amour et de douceur cependant. Chaque poil revêtait une importance particulière pour elle, et s’il y avait bien une chose qui la comblait aujourd’hui, c’était de la voir à nouveau si belle.
La malnutrition n’aidant pas, les poils restaient cassants, secs et abîmés, mais un semblant de félinité commençait à pouvoir en être tiré après son décrassage intensif.
Elle avait même réussi à se débarrasser des puces et de leurs lentes en ajoutant au bain des feuilles de délapline, puis en ayant soigneusement peigné chaque partie de sa queue, ses oreilles et ses cheveux.
Elle quitta à regret les attributs qui faisaient sa fierté de Purreko et entreprit d’enfiler les vêtements déposés dans le paquet à ses côtés.
Entièrement faits de cuir et d’un tissu léger et flexible dont elle ne connaissait pas le nom, les habits restaient uniformément noirs, voire grisés par endroit. Le tissu étrange était doux au toucher mais résistant et elle les enfila avec plaisir. Ils épousaient le corps de la Purreko à tel point qu’elle les crut faits sur mesure. Mais même encore en bon état, elle devina aisément qu’elle n’était pas la première à les porter. Pestant lorsqu’elle enfila le bas, elle dut prendre un des bords coupants d’un objet dans la salle de bain pour y percer un trou susceptible de laisser passer sa belle et adorée queue blanche.
Elle enfila les gants coupés aux poignets qui complétaient le haut et le pantalon fin. Un baudrier en cuir, vide de tout objet avait été déposé à côté d’une paire de bottes montantes lacées jusqu’au genou, et vinrent s’ajouter à la collection.
Elle se regarda dans la glace à nouveau et ne se reconnut pas. D’enfant à l’allure d’esclave crasseuse, elle passait à une allure de mercenaire aventurière. Ce n’était pas elle qui se reflétait en cet instant, mais l'image de ce que ses nouveaux maîtres avaient choisi qu’elle devienne.
Elle roula en boule les frusques qu’elle portait encore quelques heures plus tôt et les posa dans un coin. Se décidant à sortir, elle poussa la porte et passa un regard à l’extérieur.
Personne ne semblait garder cet endroit.
Son souffle s’accéléra alors qu’une idée folle la prit. Elle regarda à gauche, puis à droite, et entama le couloir à pas lent et régulier. Ne pas courir. Rester calme. Trouver une sortie. Et partir. Loin.
« Tu comptais aller quelque part ? »
Une voix moqueuse fit sursauter la faelienne, et elle se retourna avec appréhension. D’une pièce émergea un garçon d’à peu près son âge, qui la regardait avec un sourire étrange.
« Je cherchais Sithis. » mentit-elle immédiatement en balbutiant ses premières paroles.
Le garçon face à elle passa une main dans ses cheveux blonds en la jaugeant du regard. Il haussa un sourcil une fois son inspection finie et répondit :
« Ce chien galeux a dû partir frétiller de la queue devant Père pour une autre raison obscure. Viens, je suis chargé de te mener à Lui. »
Il attendit sans bouger que la faery soit à son niveau et d’un seul coup, l’envoya violemment contre le mur de pierre. Sans attendre, il la saisit par la gorge et tira de l’autre main une des oreilles de l’adolescente, qui haleta de douleur :
« Écoute-moi bien. Face à moi tu n’es rien. Je commande, tu exécutes. Est-ce clair ? »
Elle hocha vivement de la tête dans toute l’ amplitude que lui permettait sa position et attendit. Le jeune garçon avait gardé le même sourire en coin qu’à sa rencontre, et ses yeux verts clairs intenses la fixaient de tout leur éclat.
« Si tu le fais, tu seras récompensée. Et si tu désobéis, je le dirais à Père, compris ? »
Elle hocha à nouveau de la tête, espérant qu’il en reste là, mais le garçon, à peine plus grand qu’elle, resserra sa prise et se pencha sur elle :
« Il voit tout, sait tout, et est partout. N’essaie pas de t’échapper seule. »
Il avait murmuré d’un ton si faible et si gentil que Nixyan eut peur d’avoir mal compris. Était-ce une menace ou un conseil ?
Il la relâcha et elle put enfin avaler goulûment une bolée d’air. Ce garçon venait de changer de personnalité en une fraction de secondes et ses gestes en désaccord avec ses dernières paroles la troublaient.
« Tu vas te dépêcher oui ? » fit le garçon agacé, en la poussant en avant. « Père m’attend et je ne tiens pas à le décevoir. »
Lissant une tresse naissante à la base de sa chevelure mi-longue et dégradée, il venait encore de changer brusquement de comportement. Etait-il fou ? Voulait-il l’aider ou l’enfoncer ?
Nixyan se contenta d’accélérer le pas et de suivre le blond jusqu’à une salle aux dimensions gigantesques et à la décoration immensément riche et chargée.
Dévalant un tapis lie de vin et doré à pas rapide, elle suivait la tête baissée la cape noire du garçon devant elle, ainsi que ses pas au rythme régulier.
Gauche, droit, gauche, dr…
Elle lui rentra dedans alors que celui-ci venait de s’arrêter. Furieux d’avoir été déséquilibré, il se retourna et la poussa violemment d’une main.
« Écarte-toi. » crâcha-t-il d’une voix cinglante et peu aimable.
Sous la violence elle trébucha et s’aplatit à terre, mais lorsqu’elle tenta de se relever, son agresseur lui défendit par le regard et posa un pied sur son dos, son sourire malsain et irritant aux lèvres.
« Reste un peu à ta place, tu veux ? »
Elle ravala une parole qu’elle savait trop agressive, et tenta de regarder ailleurs que dans les yeux luisants de ce garçon violent. Sur un trône, à quelques mètres d’eux, régnait en maître absolu l’homme que son cœur avait haï quelques heures auparavant.
Vêtu d’un manteau sombre, paré d’atours verts émeraude, celui-ci les toisait avec un sourire en coin. Il observait la scène de ses yeux bleu électrique et ne prit pas la peine de se redresser pour prendre la parole :
« Mon cher Leiftan… sois plus doux avec les demoiselles. » fit-il d’un ton amusé.
« Dois-je arrêter cher Père ? »
Le dénommé Leiftan remit une mèche blonde derrière une de ses oreilles et regarda l’homme avec un regard empli d’espoir et de fanatisme.
Nixyan comprit qu’il lui était entièrement dévoué.
« Oui. Viens plutôt près de moi, le spectacle va bientôt commencer. »
Un sourire plein d’innocence remplaça celui qu’il arborait alors et le garçon courut presque vers l’homme assis sur le trône pour s’y asseoir à ses pieds, et poser sa tête sur ses genoux.
Nixyan se releva sur ses coudes et observa la scène avec dégoût. Comment pouvait-il s’humilier comme un animal devant celui qu’il appelait son père ? L’homme lui caressait tendrement la chevelure, alors que la faelienne se relevait.
« Tu as fait la connaissance de Leiftan. Mon apprenti, et fils adoptif. J’espère que vous vous entendrez bien dans les temps à venir. » Le ton était langoureux et ne permettait pas la contradiction. Nixyan sentit ses poils se hérisser contre sa volonté. La voix semblait venir de partout et nulle part la fois. Elle emplissait ses pensées et ses tympans. Elle était force de loi et nul ne pouvait le contredire.
Tel était celui qui devenait en ce jour son nouveau Maître.
« Obéis-lui, comme tu m’obéiras. Il deviendra un jour ce que je suis. »
À ses côtés, le garçon aux cheveux blonds enleva sa cape et dévoila des habits verts et blancs. S’étant délesté de son poids de tissu, il se redressa sur ses genoux et coupa la parole du Maître.
« Quand est-ce que ce jour arrivera Père ? Quand pourrais-je enfin me donner à vous pour notre cause ? »
Le ton était pitoyable et presque suppliant, et Nixyan se demanda si elle avait un jour employé un tel ton. De toute sa mémoire, il ne lui semblait pas être un jour tombée aussi bas dans la soumission, malgré son histoire personnelle.
L’homme sur le trône émit un petit rire et ébouriffa affectueusement Leiftan.
« Mon enfant…Si impatient. Le jour arrivera bien assez tôt. Telle est ta destinée, il suffit d’attendre que tu sois prêt. »
« J’aimerais tant que ce jour soit là… »
L’adoration dans la voix et le regard, le garçon reposa sa tête sur les genoux de l’homme et ferma les yeux.
« Chère Nixyan, viens à moi. »
La faelienne comprit que Sithis avait dû rapporter leur conversation et ne chercha pas à désobéir à la voix. Terrorisée, elle s’approcha et stoppa son avancée devant le Maître et son apprenti. Elle se mit à genoux et attendit.
Elle sentit une sensation glacée empoigner son cœur et sa gorge. Elle sentit le collier de fer vibrer et se détacher.
Tombant à terre dans un bruit infernal de métal, il roula un moment avant d’aller se perdre dans la salle.
« Nous ne sommes pas ton ennemi. » fit l’homme. « Nous sommes ta nouvelle famille. Et tu deviendras mon enfant. »
« Votre enfant. » répéta Nixyan.
La sensation d’étau glacé autour de son cœur était toujours présente, et elle reconnut la trace désagréable de la magie. Quoi que cet homme lui fasse, elle ne souhaitait qu’une chose : fuir.
Et pourtant, au fur et à mesure que les lèvres du mage sombre bougeaient et lui transmettaient des paroles douces et réconfortantes, elle sentait s’insinuer en elle un sentiment de…confiance.
Après tout, cet homme l’avait achetée et sauvée. Lui avait permis de retrouver sa dignité, de se vêtir. Et maintenant il souhaitait l’adopter.
Mais alors pourquoi tremblait-elle de peur ?
« Souhaites-tu le devenir ? » demanda le mage d’une voix mielleuse.
« Oui… » s’entendit répondre la faery.
Un sourire s’étala sur le visage de l’homme qui caressait les cheveux blonds de l’enfant à ses côtés. Sa tête reposée sur un poing, il se redressa et claqua des doigts.
Derrière eux apparurent deux silhouettes.
Sithis et un autre esclave attaché firent leur apparition sous les torches bleutées de la salle. Leiftan ouvrit les yeux et lança un sourire au brun qui avançait à leur rencontre.
« Ça empeste le chien Père. Avez-vous pensé à le faire toiletter ? »
L’homme émit un petit rire mais ne répondit pas.
Sithis libéra de ses entraves une faery habillée de la même façon que Nixyan et entama, visiblement insensible aux paroles de l’enfant-roi qui le toisait d’un sourire cynique et supérieur :
« Comme vous me l’avez demandé, Maître. »
« Bien. Rejoins-moi. » répondit simplement le mage en désignant sa gauche d’un geste ample, auquel le brun s’empressa d’obéir. « Tu arrives à point nommé. »
Il claqua à nouveau des doigts et apparurent alors dans les mains des deux filles, une arme blanche d’une vingtaine de centimètres environ.
« Mesdemoiselles, je vous ait à toutes deux promis la liberté. Mais la liberté à un prix. »
Le silence tomba sur la salle et les lumières bleutées vacillèrent. Nixyan se tourna vers la faery à quelque mètres d’elle. Son regard azuré était aussi incompréhensif que le sien et elle non plus ne voulait pas se battre.
Tuer pour vivre.
Tel était l’ordre du Maître.
Avec un cri déchirant, la mi-Purreko leva son arme et courut en direction de son adversaire. Les larmes lui montèrent aux yeux alors qu’elle sautait sur la faery interdite en face d’elle.
Une Fée.
Une vie qui s’éteignit en quelques secondes alors que le cœur cessait de battre. Deux ailes dans son dos qui frémirent l’espace d’une seconde ou deux avant de retomber lentement.
Deux mains frêles et pâles comme la mort qui tenaient celle de Nixyan alors que le couteau faisait son œuvre. Un visage moucheté de bleu défiguré par des lèvres d’où émanaient un cri sourd. Un regard azuré et accusateur, qui resterait à jamais gravé dans la mémoire de la faelienne meurtrière.
Nixyan cria en même temps que la victime s’effondrait au sol. La tête dans les mains, elle se mit à inonder le sol en marbre noir de larmes d’incompréhension.
Qu’avait-elle fait ? Pourquoi avoir obéit à cet ordre immonde ?
Elle pleura de longues minutes, criant, frappant le sol avec rage, se battant contre sa propre conscience et le déchirement en deux de son âme.
Sur le trône de la salle, le mage sombre regardait la scène sans émotion. Nixyan avait été celle qui avait le mieux réagi à sa magie. La Fée n’avait que partiellement absorbé l’ordre et avait ainsi été condamnée à mourir.
Voyant la mi-Purreko se tordre de douleur à terre, tiraillée entre son acte et la magie meurtrière qui l’accablait, il envoya sans un mot Sithis la relever et lui ramener.
Celle-ci réagit vivement et se détacha du brun en hurlant comme une forcenée. Elle s’attaqua à lui d’un geste vif et tenta de le poignarder à plusieurs reprises. Cela fit rire l’enfant-roi qui continuait de regarder la scène avec un amusement non-feint.
« À voir si elle survivra maintenant. » ajouta-t-il en riant à nouveau de sa voix aussi mesquine qu’enfantine.
Sithis et Nixyan luttèrent pour la possession de l’arme, mais bientôt elle abandonna le combat, à nouveau submergée par une vague violente de larmes et de culpabilité.
« Maître, agissons vite ou votre magie la tuera ! » s’exclama-t-il, en essuyant une trace de sang sur ses lèvres, là ou la faelienne l’avait griffé avec sauvagerie.
Il la ramassa sans douceur et amena son corps secoué de sanglots de douleur et de peine à l’homme aux yeux bleus.
Celui-ci enleva son capuchon et repoussa Leiftan avec douceur. Se levant, il demanda à Sithis de tenir la meurtrière à genoux devant lui.
Levant ses deux mains au dessus d’elle, les bras tendus, il déclara d’une voix forte, l’écho de ses paroles résonnant dans la salle silencieuse :
Par les larmes baignées
Et par le sang à jamais souillée
Que son Âme déchirée s’endorme
Que sa Pensée s’éloigne
Que son Cœur soit mien
Afin qu’un nouvel enfant se lève.
Des flammes vertes et blanches apparurent dans les pourtours de la salle, éclairant les visages des quatre personnes présentes. Les yeux bleu électrique du mage s’éclairèrent d’une lueur magique intense et il s’agenouilla devant Nixyan. Prenant son menton dans une main, il releva son visage et les sanglots disparurent.
La douleur quitta le corps de la faelienne. Elle oublia son acte, elle oublia Sithis derrière elle, elle oublia le rire mesquin de Leiftan non loin, elle oublia sa venue ici, son esclavage, son évasion, les soldats, les coups.
Tout n’était plus que flammes, pierre et magie. Plus rien ne comptait à ses yeux que les deux perles bleus intenses qui brillaient devant elles.
Les lèvres de l’homme s’approchèrent des siennes alors qu’elle redescendait de son état éphémère de quiétude. Se laissant faire sans broncher, elle sentit l’homme lui ouvrir les lèvres avec les siennes et ferma les yeux avec terreur lorsqu’elle sentit s’insinuer en elle un liquide plus glacial que le mort. Sinuant le long de sa langue, ce qu’elle qualifiait de liquide semblait animé de vie. Il courut le long des parois de sa bouche puis de sa gorge, serpentant jusqu’aux tréfonds de son être. Elle le sentit investir son âme et se diviser pour pénétrer chacune de ses veines. Une larme coula sur sa joue alors que le sordide baiser prenait fin. Prise de tremblements et sentant son corps chuter en température, elle regarda avec terreur l’homme commander à Leiftan et Sithis de la ramener dans sa chambre.
Il lui caressa la joue et susurra.
« Courage ma belle enfant docile. Bientôt, tu seras des nôtres. »
« Comment se porte-t-elle ? » demanda Leiftan d’une voix sans émotion, une moue boudeuse sur son visage.
« Qui donc ? » fit le mage sombre, en attachant ses cheveux argent en une queue de cheval parfaitement ordonnée.
« Vous savez pertinemment de qui je parle. La fille aux oreilles de chat endormie depuis maintenant deux semaines dans ce qui était il n’y a encore pas longtemps mon lit. Ce crétin de chien galeux de Sithis l’a fait exprès. Alors, comment va-t-elle ?»
« Elle s’est réveillée il ya quelques heures. Elle survivra. »
Amusé par la jalousie naissante de son apprenti, il lui tendit un livre que celui-ci s’empressa de garder. Leiftan regarda sans ciller le visage de celui qui était son Dieu vivant depuis sa naissance.
Une cicatrice de brulure ornait la moitié haute du visage de celui qui lui avait tout appris. Le nombre d’années n’affectait pas les traits tirés par la fatigue, mais au fond de lui, Leiftan savait qu’il n’en avait plus pour longtemps. Bien qu’il arpente ces couloirs dans un corps frôlant la quarantaine à peine, les chairs de ses mains se désagrégeaient de plus en plus vite et il était le seul à le savoir, vivant à ses côtés en quasi permanence.
Le blond frémit d’angoisse en pensant que son heure viendrait bientôt.
« Les Agents sont revenus de la cité d’Eel, Leiftan. Ils sont proches du but et ont réussi à infiltrer la fière et délabrée Garde Étincelante. L’assassinat de la créature qu’ils nomment « chef » est pour demain. Le cristal sera à moi. Tu sais ce que cela signifie ? »
Le garçon blond releva la tête avec une appréhension qu’il masqua en espoir. Il reprit son air déférent et s’empressa de s’exclamer :
« Le jour viendra où vous prendrez mon corps ? »
« Exact. N’es-tu pas triste de disparaître ? »
« Non Père. Vous m’avez créé pour vous servir. À l’image de celui que vous habitez maintenant, je serais celui qui vous sauvera Père. » fit l’adolescent en s’inclinant pour masquer la vague d’effroi intense qui s’emparait de lui.
« Mon cher enfant… Toi qui fut le seul à ne pas être soumis au rituel. Puis-je te faire confiance jusqu’à la fin ? » se demanda le mage, à haute voix.
« Père, faites-moi confiance. Je suis votre fils. Jamais je ne trahirais votre volonté. Vous êtes le Serpent. Et je suis votre humble enfant. »
Le mage sourit et déposa une caresse affectueuse sur la joue du garçon, qui déglutit sans pouvoir le masquer.
« Tu sembles nerveux… »
« C’est de l’excitation. J’ai attendu ce jour si longtemps. » cingla-t’il en perdant contenance.
Alors qu’il allait répondre, quelqu’un toqua à la porte de la pièce.
« Maître. Un Agent vous requiert. La mission à Eel prend une mauvaise tournure, ils attendent vos ordres. J’ai entendu dire que le Cristal avait été brisé. »
Le Serpent fit volte face. Les yeux emprunts de colère, il oublia Leiftan et s’engouffra dans les couloirs à la suite de Sithis. Alors qu’il criait déjà des ordres, sa voix se fit de plus en plus inaudible pour le blond.
L’adolescent relâcha son souffle et réprima un frisson. Il allait mourir très bientôt, et de toute son existence, il n’aurait pas pu empêcher cela. Des années à jouer avec cet homme, et il n’avait toujours pas réussi à forcer le destin. Son cœur battait la chamade et le temps filait plus vite que jamais. Il devait fuir et tenter sa chance.
Le cristal dont on lui avait si souvent parlé avait été brisé. Le chaos allait s’abattre sur la magie et son monde d’un instant à l’autre. Les perturbations résonneraient jusqu’aux tréfonds des Six royaumes.
Ce soir serait sa seule et unique chance d’échapper au destin sordide qui était l’unique raison de son existence en ce monde : servir d’hôte au Serpent.
Leiftan regarda la carte étalée sur la table qui était le pivot central de la pièce et ses yeux trouvèrent le nom qu’il connaissait depuis sa naissance :
Le royaume d’Eldarya.
Sa rédemption.
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