#Château Bardins

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CHÂTEAU BARDINS 2012 APPELLATION PESSAC-LÉOGNAN ROUGE

LA BOUTANCHE DU MOIS

Henry Clemens

Voilà une appellation qui n’invite pas forcément à la rêverie lamartinienne, coincée entre métropole constrictor, lotissements tristounets et système routier tentaculaire. Ici, pourtant, tranquillement et harmonieusement, le Château Bardins fait exception. Un chemin chaotique, finalement bien rassurant, ne vous conduira pas chez un aspirant au titre nobiliaire. Ici, aucun mur gris ne cerne vigne, marais, prairie et bois avec son lot de chevreuils et de sangliers. On se dit, sûrement hâtivement, que de cette agréable oasis, au cœur de laquelle coule une rivière, naîtra un vin de terroir.

La propriété de 24 hectares est familiale, ce qui constitue également une anomalie au sein de l’appellation. Stella Puel, douce et généreuse, s’occupe vertueusement  et conduit sa vigne dans les conditions du bio depuis 2009. Elle raconte qu’elle adhéra au programme ISO 14001 dès 2012 ; une norme environnementale confidentielle, qui audite les activités viticoles-vinicoles pour abaisser l’empreinte sur l’environnement. Normes ISO et SME (1) des vins de Bordeaux ne font pas le beau temps auprès d’un public toujours plus exigeant. Résolution fut donc prise en 2016 d’entreprendre une conversion au bio pour donner plus de lisibilité à la démarche du Château Bardins et, ajoute-t-elle, « pour rassurer un public toujours plus sensible à la question environnementale. Il s’agit également, et au-delà de toute considération commerciale, de transmettre à mes enfants un bien dont on a la charge ». Question flacon, et pour l’anecdote surtout, on s’étonnera toujours de la propension des Bordelais du vin à reconduire des étiquettes résolument désuètes. Certainement que le Bordelais du vin désire parler à des quinquas qui placeraient stylistiquement Pancol au-dessus de Michon. Ce vin est des Graves, là-dessus il n’y a aucun doute, tant le premier nez est fin et délicat. Un rendement d’une vingtaine d’hectolitres à l’hectare, un assemblage équilibré de vieux merlot, de cabernet sauvignon et de cabernet franc, des vendanges manuelles sont au coeur de cette très jolie réussite. Le Château Bardins 2012 n’est pas bodybuildé et pour l’analogie cinématographique osée, on le situera quelque part entre Douglas Sirk (2) et Frank Borzage (3) pour l’élégance un rien rétro. Un nez peu exubérant vous tire presque immédiatement vers des notes fraîches de sous-bois. Au nez encore, le thym s’invite en pointillé. En bouche, le vin offre très vite un versant désaltérant, pas la moindre des qualités d’un vin, on l’oublierait presque. Les tannins à peine mordants créent une tension bienvenue. Plus classique mais pas moins intéressant en fin de bouche, vous mâcherez des pruneaux à l’alcool. Ce millésime, dont on a pu dire qu’il donnerait des vins discrets, s’avère enivrant et délicieux. Et voilà, qu’au-dessus du verre, on s’imagine bientôt en promeneur lamartinien, les pieds dans l’herbe verte, au cœur de la belle anomalie de l’appellation communale des Graves.

1. Système de Management Environnemental des vins de Bordeaux est un outil de gestion, initié par le CIVB, visant à améliorer les performances environnementales de la filière viticole. 2. Cinéaste américain d’origine allemande (1897-1987). 3. Cinéaste américain (1893-1962).

Château Bardins 124, avenue de Toulouse 33140 Cadaujac chateaubardins.fr Chateau Bardins 2012, 15 € (départ chai) Points de vente : La Cave d’Antoine, 26, rue Furtado. Léognan Magnum, 5, cours du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, Léognan (33850).

[pascalbeucler]

« I want to listen to my land, understand it and do my best to express it with accuracy and ambition » says Stella Puel at Château Bardins who represents the fifth generation of the family of owners since Christol de Sigoyer (pictured too): the spirit of the Pessac-Léognan appellation definitely blows here, with also a remarkable attention paid to environment and biodiversity, the protection of the fauna, the flora and all living beings (see the ‘bats nursery’ ❤️)

Thanks a lot Stella for your warm welcome and a brilliant conversation today!

#winesofpessacleognan #purposequest #semioticlife

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IN VINO VERITAS : L’ŒNOTOURISME COOL PRÈS DE CHEZ VOUS

DR

À la lisière de Bordeaux, Stella Puel et Pascale Larroche proposent promenades, dégustations, concerts et Pessac-Léognan.

par Satish Chibandaram

À l’entrée de Cadaujac, sur le chemin du château Bardins, de lourdes grappes noires attendent le deuxième passage des vendangeurs tandis qu’apparaît un domaine qui date de l’époque de « Thierry la Fronde ». Depuis vingt ans, après avoir agrandi l’espace viticole de ses ancêtres de sept à dix hectares, Stella Puel gère ce joyau aux portes de la ville avec un calme et une douceur qui collent à l’esprit du lieu, sinon à celui du temps. Pascale Larroche est dans le ton. Depuis le mois d’août, cette Gersoise joyeuse propose des cours d’initiation et des promenades autour de l’appellation : « Un cours de dégustation se fait le soir, d’habitude, mais ici ce serait dommage. Alors on va à pied ou à vélo sur les chemins de l’appellation. » La concurrence semble saine à Pessac-Léognan. Traverser les propriétés voisines avec les visiteurs n’est pas un problème. On se renseigne sur le programme des voisins pour en faire profiter ses clients... « L’idée est de promouvoir l’appellation de manière globale », précise Stella Puel. Pascale Larroche se destinait à être professeur de sport. Elle s’est tournée vers la viticulture pour des raisons familiales. Dans les travaux qu’elle devait faire l’été lorsqu’elle était étudiante, elle a découvert une passion. Après avoir passé un BTS et trouvé un emploi au ministère de l’Agriculture, elle se consacre désormais à cet œnotourisme tranquille et pas tape-à-l’œil qui caractérise ce château exquis à un quart d’heure du centre-ville. Le cours commence de manière inhabituelle. Il s’agit de goûter trois verres d’eau. Cette entrée en matière est la moins intimidante qui soit. Ensuite, il faut identifier des arômes disposés dans des pots en plastique aux couleurs trompeuses avant de commencer la dégustation. Pascale Laroche tisse des correspondances. La dégustation est large, on sent des arômes, on goûte des confitures qu’elle prépare et d’autres mets, car elle aime faire la cuisine. La dégustation peut englober tous les bordeaux – ou d’autres vins. La maison n’est pas sectaire. Les vignes du château Bardins sont traitées sur le mode bio : sans herbicides, mais avec du cuivre, du soufre et des tisanes de plantes. La maison n’en fait pas un argument marketing et le label « bio » (très moche) ne figure pas sur l’étiquette (très vintage). Là encore une révolution discrète. La bouteille coûte de 12 à 14 euros. Un quart de la récolte environ est dévolu au blanc. « C’est dur de parler de mon vin », assume Stella Puel. Alors c’est Pascale Larroche qui s’y colle : « Élevés en barriques, les blancs sont assez gras et les rouges sont tanniques, donc à garder au moins dix ans pour des années comme 2009 et 2010. Le 2008, plus rustique, est à mon avis plus représentatif de l’appellation. » Amie des arts, la maison organise concerts, soirées poésie, soirées musicales à thème, de novembre à mars. Une occasion de revenir au château Bardins. Récital Guillaume Coppola ; au programme Franz Schubert, Tōru Takemitsu et Franz Liszt, le mercredi 26 novembre, à 20 h 30. Château Bardins, chemin de la Matole, Cadaujac. www.chateaubardins.fr