#80 ans libération de paris
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Commémoration des 80 ans de la Libération de Paris (1944-2024).
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L’AUTRE IMAGE DU JOUR - DE GAULLE ET CHURCHILL À PARIS LE 11 NOVEMBRE 1944
🇫🇷 🇬🇧 11 novembre 1944, il y a 80 ans, pour la première fois depuis la Libération de la France, la victoire de 1918 est célébrée.Le Général de Gaulle et Winston Churchill s’inclinent devant la tombe du soldat inconnu puis descendent les Champs-Élysées avant d’assister au défilé. LIEN VERS LA…
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Résistant à Paris - Georges Lenormand
À l’heure où nous nous préparons à fêter les 80 ans du débarquement allié et de la libération de 1944, je poursuis ma liste d’articles concernant des personnalités de ma généalogie dont la vie a pris un tournant au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Voici donc ici une courte biographie de Georges Clément François Lenormand. Georges Lenormand (09/06/1911-22/11/2002) Georges Lenormand, né le 9…
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#Évasion#Biographie#CGT#CGTU#chevalier de la Légion d’Honneur#Communisme#Conseiller général#Débarquement allié#Déportation#Engagement politique#Généalogie#Histoire familiale#histoire locale#justice sociale#Libération de 1944#maire de sèvres#Menuisier#piscine de Sèvres#Résistance française#RIF (Résistance Intérieure Française)#Sèvres#seconde guerre mondiale#syndicalisme
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“Depuis quelques nuits, Eric Carpano, président de l’université Lyon-III, peine à fermer l’œil. Mardi soir, une étudiante a tenté de sauter du cinquième étage de sa résidence universitaire. Bien qu’elle ait été prise en charge «avant de commettre l’irréparable», selon les mots de Carpano, cet événement fait violemment écho à ce qui s’est passé durant la nuit de vendredi à samedi. A la résidence universitaire de Villeurbanne, un étudiant en master de droit à Lyon-III s’est jeté par la fenêtre du cinquième étage. Son pronostic vital est engagé. Les causes de ces gestes ne sont pas encore connues, mais une chose est sûre, «il y a un profond mal-être de la jeunesse aujourd’hui, qui a le sentiment d’avoir été délaissée. La crise sanitaire leur impose des contraintes absolument redoutables», selon le président de l’université. Lui qui n’occupe ses fonctions que depuis dix jours est «sidéré» face à la détresse dont il est témoin : «Il faut une prise de conscience nationale pour accompagner notre jeunesse et lui offrir un horizon. J’espère que la réponse gouvernementale sera à la hauteur des attentes.»
«Une lassitude»
Ce constat, le Premier ministre Jean Castex ne l’a pas nié lors de sa conférence de presse de jeudi soir, parlant d’un «profond sentiment d’isolement», de «vraies difficultés psychologiques», une «source de préoccupation majeure». Avec la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, il a annoncé un retour très progressif dans les amphis des 1,6 million d’étudiants assignés à l’enseignement à distance depuis trois mois, à partir du 25 janvier pour «une reprise en demi-groupes des travaux dirigés des élèves de première année». «Il en va de l’avenir de notre jeunesse», selon Vidal. Ce vendredi, le duo doit recevoir les représentants de la communauté universitaire pour préciser les modalités de cette prudente évolution, alors que la reprise en physique des étudiants les «plus fragiles», annoncée en décembre, s’est faite au compte-gouttes depuis la rentrée de janvier.
La souffrance qu’Eric Carpano observe à Lyon se retrouve partout en France. Libération l’a raconté ces derniers mois : les étudiantes et étudiants vont très mal. Les syndicats alertent sur leur santé mentale en dégringolade. «On se retrouve dans des situations de plus en plus anxiogènes : la hausse de la précarité, l’angoisse liée aux partiels, la peur pour l’avenir, la fermeture des universités, l’isolement, déroule Paul Mayaux, président de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage). Je ne sais même plus comment mettre des mots là-dessus.»
«On sait que les étudiants ne vont pas bien. Leur état de santé mentale est altéré, quel que soit l’indicateur que nous avons mesuré», affirme Marielle Wathelet, médecin de santé publique au Centre national de ressources et de résilience (CN2R). En octobre, elle a codirigé à une étude sur l’état de santé mentale des étudiants universitaires en France pendant le confinement, du 17 avril au 4 mai. Sur les 70 000 répondants, 11,4 % ont déclaré avoir des idées suicidaires, 27,5 % rapportaient des symptômes sévères d’anxiété et 16,1 % de dépression. Des chiffres qui «sont plus élevés que la moyenne, hors contexte de pandémie», note Marielle Wathelet. Mais des données manquent encore : celles des suicides. «Là, on a les chiffres de 2016. Ce retard est un problème, encore plus en cette période, car on aimerait vraiment savoir quel est l’impact du Covid sur les suicides aboutis et les tentatives de suicide afin de guider les politiques», souligne Fabrice Jollant, psychiatre spécialiste des conduites suicidaires. De premiers résultats, concernant la période de janvier à août 2020, ont tout de même pu être analysés : «Ils portent sur les tentatives de suicide hospitalisées seulement. Chez les jeunes, il y a eu une diminution durant la première partie de la pandémie», note Fabrice Jollant. Mais il reste difficile de poser un constat ferme, puisque cette baisse des hospitalisations pourrait notamment s’expliquer par un accès aux soins plus difficile à cette période. Surtout, comme le pointe le spécialiste, «tout le monde a le sentiment que c’est de plus en plus difficile depuis la rentrée. Chez les étudiants, il y a une fatigue, une lassitude, une crise qui dure. On craint que les prochains chiffres aillent dans l’autre sens».
La détresse psychologique des étudiants n’est pas nouvelle : pauvreté, difficultés d’accès au logement et manque d’aides sont déjà dénoncés depuis des années. Mais la crise sanitaire a fait exploser ces problématiques. «Le contexte et les mesures sanitaires sont susceptibles d’aggraver la précarité et l’isolement des étudiants, deux facteurs connus pour être associés avec les troubles de santé mentale», explique Marielle Wathelet. A l’effet de la pandémie, s’ajoute le fait que les étudiants sont «une population particulièrement fragile», souligne la médecin : «Les 15-25 ans, c’est la tranche d’âge durant laquelle apparaissent les grandes pathologies psychiatriques.»
Malgré tout, le recours au soin est extrêmement faible dans cette catégorie de la population, y compris pour les personnes qui ont des troubles graves. En 2019, une enquête nationale de la Mutuelle des étudiants (LMDE) pointait notamment le fait que 42 % d’entre eux renoncent au soin, dont 40 % par manque de moyens financiers. «Les séances chez le psy sont très chères, et les Bapu [bureaux d’aide psychologique universitaire, ndlr] sont débordés par manque de moyens», déplore Mélanie Luce, présidente de l’Union nationale des étudiants de France (Unef). A Paris, le délai d’attente pour avoir un rendez-vous au Bapu du Ve arrondissement est de trois à quatre mois. A Lille, de trois mois et demi. Et cette situation est loin d’être exceptionnelle. Dans un rapport publié en novembre, l’association Nightline a compté un psychologue pour 30 000 étudiants en France. Un chiffre largement inférieur à celui recommandé par l’Iacs, association qui accrédite les services de santé mentale universitaire dans le monde : il est conseillé de viser un psychologue pour 1 000 à 1 500 étudiants. Résultat : des jeunes attendent plusieurs mois pour se faire soigner, ou baissent les bras.
«Jamais été aussi mal»
En décembre, le Premier ministre a annoncé la création de 80 postes de psychologues et 60 d’assistants sociaux dans les Crous pour un budget de 3,3 millions d’euros. Une annonce suivie par un communiqué de l’Enseignement supérieur indiquant un «doublement des capacités d’accompagnement psychologique des étudiants». Mais, pour les concernés, cela reste insuffisant. «La détresse psychologique explose. Ce qu’on demande, c’est des chèques santé pour avoir des visites gratuites chez les psys. Il faut agir dans l’urgence !» martèle la présidente de l’Unef. Le rendez-vous de ce vendredi avec Jean Castex et Frédérique Vidal est très attendu, comme l’explique Mélanie Luce : «On est dans une situation historique, on n’a jamais été aussi mal. Si on ne prend pas des mesures historiques, on va continuer à foncer droit dans le mur.»”
#tout va bien on va bien tout est nickel cool cool cool#2 personnes ont fait un nervous breakdown de l'enfer dans le groupchat de ma promo pendant la nuit c'est super#les amphis vont être vides l'année prochaine y aura genre 1/4 de survivants si on continue l'année comme ça#upthebaguette#french#france#bee tries to talk#article post�� en entier car réservé aux abonnés#cw: suicide#depression
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A trois reprises, ces derniers jours, la question nous a été posée sur la plateforme de Checknews : dans les années 70 et 80, Libération a-t-il employé et protégé un journaliste pédophile ? La réponse est oui. Et elle n’a rien d’un scoop. Elle est connue du public depuis dix ans.
En 2009 était publié aux Editions du moment un livre intitulé Un petit tour en enfer. Dans celui-ci, Franck Demules, devenu ensuite l’assistant de Carla Bruni, racontait notamment comment, entre 1977 et 1986, de ses 10 à ses 18 ans, il a été abusé par Christian Hennion, alors journaliste à Libération.
A l’âge de 10 ans, Franck Demules vit avec sa mère à Paris dans une communauté maoïste. Il y croise souvent des journalistes de Libé, plus ou moins proches des gens qui y habitent. C’est ainsi que Christian Hennion se retrouve un soir, un peu par hasard, à son anniversaire. Deux semaines plus tard, il installe son matelas dans la chambre de Franck. Sa mère voit rapidement en Christian Hennion un père de substitution – celui de Franck est mort un an et demi plus tôt. Il l’emmène à la piscine, à Libé, lui fait rencontrer des gens intéressants.
Les relations imposées continueront ainsi, presque tous les jours, jusqu’à ses 18 ans. Au cours de ces années, Christian Hennion devient même le «tuteur» officiel de Franck, et obtient la garde partagée de l’enfant. C’est sa mère qui a eu l’idée la première, et qui avait même engagé les démarches pour. Puis, elle a compris. Mais à l’époque, une juge avait considéré que Franck avait besoin de Christian.
Le «petit Franck», comme l’appelle encore aujourd’hui une membre fondatrice de Libé avec qui CheckNews s’est entretenue, est lui, au croisement des années 70 et 80, un visage familier du journal. Il accompagne souvent Christian Hennion à la rédaction. Lequel le présente comme son fils d’adoption, ce qui est faux.
Une journaliste historique de Libé, présente à l’époque, nous explique : «On était tous plus ou moins au courant, mais on n’a rien fait. Aujourd’hui, je m’en veux. Christian nous disait qu’il prenait des bains tous les soirs avec Franck, et nous, on faisait des blagues, on lui demandait ce qu’il faisait avec ce gamin. L’avocat de la mère avait plaidé que c’était scandaleux de donner la tutelle à un homo, en parlant de Christian. Ça, par contre, ça avait choqué tout Libé. On était complètement irresponsables à l’époque.»
«Irresponsable.» Le mot revient dans la bouche de Bénédicte Mei, qui s’occupait de l’administratif au journal, et assure n’avoir rien vu à l’époque. Lorsque des années plus tard, Franck lui raconte son histoire, avant la sortie de son livre, lors d’une soirée organisée à une autre occasion, elle n’en revient pas. «Je me suis demandé comment on avait pu laisser faire ça, c’est affreux ! On était jeunes, on avait entre 22 et 25 ans, mais c’est grave ! Je suis sidéré qu’on soit passé à côté de cela. On tapait du poing sur la table pour n’importe quoi, mais sur ça, on n’a rien fait. On était insensibles d’une certaine manière.» Elle ajoute : «Franck, c’est l’enfant martyr de Libération.» Puis : «Il s’est retrouvé pris au milieu de tout ça, de cette époque qui permettait tout, même ces énormités. S’excuser, c’est bien, mais c’est con en fait.»
S’ils semblent inconcevables aujourd’hui, cet aveuglement, sinon cette acceptation de la pédophilie, cadraient avec l’esprit libertaire du journal de l’époque, qui reflétait celui d’intellectuels prestigieux de la gauche d'alors. Libération a donné la parole à des défenseurs de la pédophilie, en publiant des textes, des courriers de lecteurs, des dessins ou de petites annonces.
Nous avons rencontré Franck Demules cette semaine. A deux reprises. Marié et père de trois enfants, bientôt grand-père, il enchaîne aujourd’hui les petits boulots et estime à 53 ans, que les dégâts infligés par ces dix années, où il fut victime de Christian Hennion, sont «irréparables». Il dit : «Tout mon être a été colonisé par cet homme.»
En 2009, dans son livre, il écrivait ceci à propos des journalistes de Libération,dont il était proche à l’époque : «J’en veux à leur silence. […] Jamais un : qui est ta mère ? Est-ce que tu es heureux avec Christian ? Est-ce que ça ne te dérange pas de dormir dans le même lit ? Je suppose que par amitié, ils ont préféré ne pas s’en mêler. Ces pensées, bien sûr, je les ai eues après coup. Je n’en veux à personne de ne pas être intervenu, je leur en veux juste de ne pas avoir eu le courage de me demander : est-ce que ça va ? Ces personnes en avaient les facultés intellectuelles.»
Des années plus tard, assis dans un café du Ve arrondissement de Paris, il précise : «Il n’y a pas qu’au journal que les gens ne se sont pas interrogés, ne m’ont pas interrogé sur ma relation avec Christian. Partout où je suis allé avec mon tuteur – je devrais dire pédocriminel mais je n’y arrive pas – personne ne m’a jamais demandé. Ni les amis intellos de Christian, ni ses amis psys, avocats, banquiers, juges, ou personnalités du show-business. C’était normal pour tout le monde. Personne ne m’a jamais demandé si j’étais heureux, juste heureux.»
Il continue : «J’ai bien fait la différence entre Christian, mon pédophile, et son boulot, l’entreprise dans laquelle il travaillait. Ça m’a fait un énorme chagrin de ne pas pouvoir raconter à Libé à quel point je les ai aimés, et à quel point aussi ces souvenirs sont aussi chaleureux que dévastateurs. C’était l’occasion de fermer une boucle. Mais elle ne s’est jamais refermée, parce que les gens, souvent, dans ces cas-là, s’enfuient.» Cette décision, de ne rien écrire à l’époque dans Libé, a aussi surpris Ludovic Perrin : «Je comprends que ce soit dur d’en parler. Mais ça me semble encore pire de ne pas le faire. Surtout, tant que Libération ne raconte pas cette histoire, ça rend les gens complices.»
Après la publication de son livre, Franck Demules assure avoir reçu quelques messages d’excuses, de la part de deux ou trois journalistes de Libération. Les autres, selon lui, se sont tus, quand ils ne l’ont pas évité, lorsqu’ils le croisaient accidentellement en soirée. «Non seulement tu es victime, mais en plus tu culpabilises d’en parler. C’est ça le problème de la pédophilie : les victimes sont coupables. C’est la double peine. Non seulement, on te vole ton enfance, mais en plus tu fais chier tout le monde à raconter ce que tu as vécu.»
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Rappeur, métier à hauts risques ?
Écrit par nate
Publié le 31/03/2020
À l'occasion de la sortie et du grand succès de la série Validé, série évènement sur le rap réalisée par Franck Gastambide avec Canal Plus, les débats à la question sont ouverts : est-ce qu’être rappeur est un métier à hauts risques ? La série aux 6 millions de spectateurs en 5 jours décrit l’univers du rap avec un réalisme jamais vu auparavant entre les hauts et les bas du rappeur, ses péripéties, l’argent, le succès et surtout l’ancienne vie de rue vécue ou racontée dans les textes de beaucoup d'artistes rap.
On ne peut ignorer le lien historique du Rap et de la rue, musique née dans les ghettos noirs américains dans les années 70. C’est une musique qui s’est popularisée pour connaitre une première explosion dans les années 80 avec les groupes : Public Enemy ou RUN DMC. Tout en restant aux Etats-Unis, il était impossible de ne pas parler de ces assassinats aussi emblématiques qu’énigmatiques, ceux de Tupac et the Notorious B.I.G. (Biggie). La rivalité entre la côte Est et Ouest prend un nouveau tournant lorsque Tupac accuse, dans un entretien avec le magazine Vibe en avril 1995, le nommé Diddy aujourd’hui, et Biggie de lui avoir volé des bijoux et avoir tiré 5 coups de feu sur lui, dans la nuit du 30 novembre de la même année. La suite est connue de tous, c’est d’abord Tupac qui sera assassiné dans un drive-by shooting (fusillade au volant) le 7 septembre 1996 puis Biggie, soupçonné d’être impliqué dans la mort de ce dernier, qui sera lui aussi assassiné de la même manière au soir du 9 mars 1997. Une culture Rap liée tragiquement a la rue…
Ces faits auraient pu arriver de nouveau, mais cette fois-ci dans l’hexagone. Oui, la France a failli connaitre ces mêmes déboires en 2007 suite aux tensions énormes qui régnaient entre Rohff, grand rappeur français, et Bob Djani & son équipe (Bob Djani est un ancien animateur radio, notamment sur Générations). C’est la vidéo de la pelle, vidéo qui a marqué l’histoire du rap français où Rohff filmé par Booska-p parle de ses détracteurs de façon remontée. Une fois la vidéo mise en ligne, c’est le début d’un conflit devenu public dans le rap. Dans cette vidéo quelque peu sortie de son contexte, on y voit Rohff s’exprimant mais surtout jouant avec une pelle et du sable. Historiquement c’est ce qui fera s’enflammer le monde du rap car le public y voit une mise en scène totalement assumé véhiculant l’idée « d’enterrements » pour ses enemis.
A la suite de cela, on arrive à ce que Fif de Booska-P (co-fondateur du média) appellera étrangement « un mal pour un bien ». Le soir du 24 juillet 2007, Rohff est mis en garde à vue avec cinq proches dont Kery James. Sous le siège de sa Mercedes, les enquêteurs y trouvent un Revolver 357 ainsi qu’un bon nombre de balles. Alors en sursis, il se verra incarcéré pour quelques mois. Toute cette montée de tension sur un mois arrive à son comble lorsque Rohff est mis en prison. Dans le 94, son département des clans s’étaient créés et de l’autre côté de Paris aussi. Selon Fif sans l’incarcération de Rohff : « on aurait eu notre Biggie ou Tupac dans le Rap français».
« Les roses s’arment d’épines, la rue a armes et bolides, l’un finit par piquer et l’autre par t’amener à tomber ou à ta tombe.»
Plus actuellement, Le rap et la rue gravitent toujours l’un autour de l’autre, tels des aimants ou amants incompatibles.
Bon nombre de rappeurs ont déjà fait leur déclaration à celle que l’on appelle la rue. « Elle m’a eu », de Ninho ou encore « Tombé pour elle » de Booba sont tous deux des sons où la rue est personnifiée telle la plus belle des femmes, mais des problèmes viennent avec.
-99 problèmes mais cette fois-ci, cette s***** en est un.
À travers ces textes on observe la relation conflictuelle que nos deux rappeurs ont avec la rue. Une relation tumultueuse ou peu à peu les protagonistes prennent conscience que séparation doit être faite.
Le rappeur Lacrim est d’ailleurs, comme on pourrait considérer, l’un des plus forts exemples pour illustrer l’importance de faire un choix avant qu’il ne soit trop tard. En mars 2015, au pic du succès de son album Corleone, il se voit condamné à 3 ans de prison. Ses empreintes viennent d’être retrouvées sur des kalachnikovs dans un entrepôt à Marseille. Acculé par la situation et l’idée d’effectuer une nouvelle peine de prison juste après sa récente libération, il choisira cette fois-ci de ne pas se laisser enfermer. C’est le début d’une cavale qui passera par le Maroc puis l’Algérie, son pays d’origine, où il ne pourra être extradé. Mais une cavale n’a rien de joyeux et coûte cher, il finira par se rendre aux autorités peu après.
Ces histoires ont un lien et ne font que se répéter en partie. Maes, poids lourd des ventes du rap français qui a connu un séjour en prison lié au trafic de drogue, rappe : « passer la trentaine devient un exploit », (Dragovic).
« Etre rappeur est plus dangereux qu’être sur le front en Iraq.» - Jim Jones (aussi connu sous le nom de Dipset)
Ce sont les propos qui ont été tenus par le célèbre rappeur new-yorkais et qui ont causé débat. Le 25 février dernier, Jim Jones repostait sur son compte Instagram la réponse d’un vétéran ayant connu l’Iraq qui a trouvé les propos du rappeur ignorants et irrespectueux. Selon ses dires, au sein de l’unité à laquelle il était affecté en Iraq, ils ont perdu plus de marines en deux mois sur le front que de « rappeurs » sur les trois dernières années. Il serait difficile de ne pas le croire lorsque que l’on connaît la situation au Moyen-Orient, mais Jim Jones a tout de même souhaité répondre et donner son avis à travers son vécu.
Le rappeur constate avec regrets et recul que tous « ces n***** », avec lesquels il a grandi sont soit en prison soit mort. Il continue en précisant que la blessure est plus profonde pour lui qui a grandi avec ces personnes depuis son enfance comparée à des soldats ayant forgé leur fraternité en se rencontrant sur le terrain. Les soldats connaissent et reconnaissent leurs ennemis alors qu’en tant que rappeur, le fait d’être une personnalité publique rendrait la tâche plus difficile car toute personne peut être ton ennemi sans que tu ne le voies. Il finira par préciser qu’un militaire fait le choix de s’enrôler et partir en guerre mais qu’en enfant du ghetto n’a pas eu le luxe d’un choix à faire.
Une fois de plus, sans direct lien mais avec une même orientation, c’est Booba qui se confiait dans un entretien avec le média en ligne BRUT par un simple : « c’est les risques du métier. » au sujet de la fusillade ayant éclatée pendant le tournage de son clip à Aulnay-Sous-Bois. Ce n’était effectivement pas la première fois de sa longue carrière que l’artiste était pris pour cible avec des armes à feu… l’histoire d’un Rap criblé de balles se répète donc sans limites ni frontières.
« La vie de bandit, les peines lourdes et les pleurs. Daronne apeurée, c’est pas ma vie c’est pas la mienne, pourquoi ils veulent toujours que je foute la merde ?» - Damso
L’univers rap aujourd’hui, est aussi interprète, voire plus, que le Grand écran. Les qualités d’interprétation de nos rappeurs français ne peuvent désormais plus être ignorées, ce sont les nouveaux héros de notre époque.
Le rap, désormais genre le plus écouté en France, a donc bénéficié d’augmentation de budget lui étant consacré par les maisons de disques et labels. Les artistes installés et émergeants se voient dorénavant évoluer dans un tout nouveau business musical.
Aujourd’hui plus que jamais, l’image, un story-telling (ou scénario) et un univers auquel un public adhère, sont devenus presque indispensables.
Dans cette nouvelle ère du rap, les rappeurs sont aussi acteurs : les court métrages réalisés par PNL pour leur clips « Béné » ou « Onizuka » ont été reçus et visionnés par le public comme des séries. L’attachement était tel que l’on pouvait retrouver sur les réseaux sociaux les fans débattre de leurs personnages préférés. On peut aussi citer le rappeur Dabs notamment avec « Narcos », son dernier clip en date qui nous fait rentrer avec brio dans l’univers des braqueurs de fourgon blindé ou Sifax dernière signature du label de Sofiane : affranchis music, lui aussi dans l’univers du bandit de façon très bien maitrisée.
A la frontière du grand écran, certains l’ont déjà franchi comme l’a fait Kaaris (Braqueurs, le film) ou même Kery James en tant qu’acteur, et réalisateur, avec son film Banlieusards.
A des fins marketings, certains artistes se servent de leur passé de bandit, d’autres créent un personnage de toute pièce. Le cas 6ix9ine est l’un d’eux, non représentatif de la plupart des artistes mais, cela a mal tourné pour lui.
L’affaire concernant le rappeur, est une de ces affaires, où comment prétendre de façon un peu trop « vivace » être un gangster peut se retourner contre vous. Les hors-la-loi avec lesquels il s’était impliqué et avait construit son image médiatique, ont donné de quoi s’intéresser au FBI en personne.
A la suite de l’application de la loi RICO et son incarcération avec tout le gang autour, lui qui « n’est pas de cette vie-là » se retrouve à être le délateur de l’histoire. Lors de son procès, il a dénoncé tous les méfaits du gang qu’il connaissait en échange d’une réduction de peine. Il est actuellement toujours en prison mais sa vie n’en reste pas moins menacée pour le restant de ses jours, que ce soit en prison ou à l’extérieur (c’est souvent le sort réservé à ceux ayant dénoncés leurs acolytes d’activité illégale).
Pour d’autres artistes, ce sont des scénarios partant de faits réels ou non qui sont minutieusement réfléchis et élaborés à coup de grosse production, et pour notre plus grand plaisir. Le clip de PNL, « Au DD » pourrait en être le parfait exemple. Le clip événement sorti fin mars 2019, avait été financé à hauteur de 80 000 euros par le Centre National du Cinéma et de l'image animée.
Sans spoiler, c’est aussi ce que la série évènement Validé dévoile, en décrivant à travers le personnage du rappeur Apash, l’industrie du rap. On y trouve sans concessions les coups de communication, l’orientation de l’image et la direction artistique d’un label et de son artiste. Tout ceci pouvant être mené afin de la faire aimer du public et faire parler de lui. Rien de plus vendeur que d’alimenter les fantasmes d’un public toujours plus demandeur.
Tout ceci nous permet enfin de nuancer quelques peu la dangerosité d’un milieu rap si apprécié par le public et qui devient, depuis peu moins opaque quant à ce qui se passe en coulisses. Des exceptions subsistent néanmoins et nous ont déjà donné le change de plus, assez récemment comme le cas Tay-K. A l’inverse de 6ix9ine c’est une véritable vie de gangster qui perdra ce jeune homme d’à peine 17 ans au moment des faits. Recherché pour meurtre et plusieurs vols avec violence, il est arrêté le 30 juin 2017 après une cavale de trois mois. Le jour de son arrestation sortira aussi le son qui le rendra connu, « The Race». Un bonheur de courte durée car il n’est pas prêt de sortir de prison. En effet, le jeune rappeur a d’ores et déjà été condamné en juillet de l’année dernière, à 55 ans de prison pour un premier meurtre et est en attente du prochain jugement pour un second meurtre dans lequel il sera vraisemblablement inculpé. Agé aujourd’hui de 19 ans, Tay-K a « fêté » la certification platine de son single en prison et vit avec pour seul soutien quelques lettres de sa famille et de fans. La vie de gangster, une vie de loup solitaire.
Quelle serait donc votre position sur ce débat ? Rappeur, métier à hauts risques ?
#tupac#rip biggie#journalism#rapmusic#rap#hip hop#article#liketime#diddy#french#student#musicians#news
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NE JAMAIS OUBLIER « LA RETIRADA » ET TOUJOURS S’INSPIRER DE « LA NUEVE » Petit-fils d’un capitaine de l'armée républicaine espagnole j’apprécie la venue du Premier Ministre Pedro Sanchez le 24 février à Collioure sur la tombe d’Antonio Machado dans le cadre d’une visite officielle en France cette semaine pour la commémoration des 80 ans de La Retirada. Je ne fais pas partie de ceux qui accablent les habitants des Pyrénées-Orientales pour un mauvais accueil des réfugiés en février 1939. Il est primordial de rappeler qu’il s’agissait d’une décision nationale et que le département a dû accueillir en urgence le double de sa population dans les conditions de vie et avec les moyens de l’époque. Je veux surtout retenir la suite de l’Histoire. Comme bien d’autres, mon grand-père espagnol a rejoint l’armée française en Afrique du Nord pendant la seconde guerre mondiale. Engagés aux côtés de la France Libre, de nombreux républicains espagnols ont souhaité ainsi continuer le combat contre le fascisme et contre l’ennemi nazi qui était venu prêter main forte à Franco pendant la guerre civile espagnole. Le plus beau legs de ces républicains espagnols reste bien entendu l’aventure héroïque de « La Nueve » cette compagnie de la 2e DB du Général Leclerc qui a participé au débarquement en France et qui est rentré la première dans Paris à sa libération. C’est ainsi qu’en tête de cortège avec le Général de Gaulle le 26 août 1944 sur les Champs Elysées on retrouve ces soldats et leurs blindés au nom de batailles de la guerre civile espagnole « Teruel », « Guadalajara », « Madrid »... ils iront combattre jusqu'à Berchtesgaden au « Nid d’Aigle » d’Hitler. Oubliés pendant longtemps de l’histoire officielle, ils n’ont été reconnus comme libérateurs de Paris qu’en 2004. Si on commémore cette année La Retirada qui fut un déchirant exode, il ne faut pas arrêter l’Histoire à cet instant de tristesse et de peur, mais surtout se souvenir du courage et de la revanche qui ont suivi. Aujourd’hui dans une Europe troublée, n’oublions jamais La Retirada, mais inspirons nous encore et surtout du combat mené par « La Nueve » pour un idéal de liberté.
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Au revoir camarade...
Hommage à Léo Micheli (1923-2021) - Bastia samedi 11 septembre 2021
Parti communiste français
Michel Stefani
Monsieur le Président de l’Exécutif de la Collectivité de Corse,
Monsieur le Député,
Monsieur le Maire de Bastia,
Madame la présidente du CESC,
Monsieur le Président de l’ANACR,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Camarades,
Voir partir l’un des siens, quel que soit son âge, est toujours un grand déchirement.
Je saluerai les proches de Léo, en premier lieu, son épouse Huguette, son précieux soutien, aujourd’hui empêchée pour des raisons de santé, dont il partagea 75 ans de vie avec bonheur, sa fille Vannina, son fils Stéphane, leurs familles.
Je veux leur dire, à nouveau, l’affection et le respect que nous éprouvons.
Ils sont immenses, indéfectibles.
On sait bien en Corse, et singulièrement à Bastia, tout ce qui nous unit à Leo, à son rôle historique. Mais aujourd’hui, en sa mémoire, je n’évoquerai que des aspects de sa personnalité, des moments décisifs de son parcours, la puissance de son héritage.
Le 4 octobre 2013, pour le 70ème anniversaire de la Libération de la Corse, en présence du Président de la République, il commença son discours ainsi : « Aujourd’hui, c’est une fête, la fête de la Libération »…
Au moment où nous sommes rassemblés, face à cette stèle dédiée aux Résistants, pour lui rendre l’hommage public que nous lui devons, nous, sa famille, ses camarades, communistes de Corse et d’ailleurs, les associations de Résistants et du monde combattant, les élus du peuple, notre communauté insulaire largement représentée, tous, nous avons en mémoire le souvenir vivant de cette fête et des mots de Léo !
Personnalité exceptionnelle, dernier chef historique de la résistance, grand acteur de cette épopée magnifique qui donna à la Corse, et à la France, une place éminente dans le nécessaire combat contre le fascisme et le nazisme, Léo Micheli était un communiste. Un communiste « de référence »…
Son intégrité, son parcours, sa stature politique et morale, son rayonnement personnel, son élégance intellectuelle, parmi les siens et ceux qui ne partageaient pas ses convictions, permettent de le dire ainsi.
De ses premiers engagements de jeunesse jusqu’à son accession à d’importantes responsabilités nationales, il est devenu un « personnage historique ». Son positionnement et son action, dans le contexte où il se trouvait, ses choix clairs, constants, déterminés et surtout utiles à la société toute entière, en font la démonstration.
Au moment où il s’efface, cet engagement de portée civilisationelle appelle naturellement, la reconnaissance du peuple qu’il a servi toute sa vie au nom de son indispensable émancipation…
Né à Bastia, le 11 novembre 1923, Etienne – qui n’est pas encore Léo – découvre très tôt la lutte des classes dans le quartier ouvrier du nouveau port. Son père, (Ours) Baptiste Micheli, docker, y anime les luttes sociales dans l’entre-deux guerres.
Le monde ouvrier insulaire se mobilise, notamment durant l’été 36, pour faire respecter par le patronat les accords de Matignon et les conquêtes sociales arrachées.
Etienne et son frère Joseph s’intéressent avec passion à ce bouillonnement comme à l’action de leur père sur les ports de Bastia et Porto Vecchio.
Cette Corse ouvrière s’intéresse aussi à la prometteuse Révolution bolchevique de 1917 en s’inquiétant de la montée du fascisme en Italie et en Espagne, du nazisme en Allemagne.
Des jeunes Corses considèrent alors comme un devoir, civique et révolutionnaire, de soutenir la jeune République espagnole. Dominique Vincetti ou les frères Vittori, s’engageront dans les Brigades internationales comme de nombreux communistes.
Le mouvement du monde, à la veille de la deuxième guerre mondiale, bouscule l’avenir national de notre île.
La France des Lumières ou l’Italie de Mussolini ? Telle était la question posée.
La réponse populaire, claire et massive, viendra le 4 décembre 1938, avec le serment de Bastia et les puissantes manifestations affirmant l’attachement à la République, aux valeurs : de Liberté d’Egalité, de Fraternité.
Etienne a 15 ans et voit à ce moment là, dans la négation fasciste de ces valeurs et de 1789, le péril se confirmer.
Militant aux pionniers et aux jeunesses communistes, brillant élève, il lit beaucoup, fait du sport, se fait remarquer par sa curiosité intellectuelle et sa précocité.
Convictions, vivacité d’esprit, lecture des grands auteurs et philosophes, capacité à convaincre et à entraîner, révèlent très tôt ses qualités de dirigeant.
Quelques mois plus tard, en avril 1939, il sera de la délégation corse au Congrès national de la Jeunesse communiste. Lui et ses camarades, déploieront à Paris le drapeau français, frappé sur le revers, d’une tête de maure et feront écho à Gabriel Peri écrivant dans L’Humanité « Pas de Munich pour la Corse ! ».
Le mot d’ordre d’« Une Corse libre et française » s’impose de fait car il correspond à l’aspiration populaire même si notre île pouvait compter son lot de « maréchalistes » et de collaborateurs.
Plus tard, le Front National, créé par le Parti communiste, reprendra ce mot d’ordre.
La particularité de la Résistance corse, résidera, dès lors, dans la capacité du Front national à unifier, sur cette base politique et patriotique, toutes les forces résistantes et leurs réseaux. Paul Giacobbi, en juillet 1943, appellera ses amis à le rejoindre (1). Il avait compris son rôle avant de le quitter…
L’année 39 sera cruciale. Le fascisme coalisé prépare sa domination internationale, barbare et sans merci. Le 1er avril, Franco prend le pouvoir en Espagne ; le 23 avril, l’Allemagne signe avec l’Union soviétique un pacte de non-agression, le 1er septembre l’annexion et le partage de la Pologne entraînent les déclarations de guerre de la Grande Bretagne et de la France.
S’installe alors une période trouble : la « Drôle guerre ».
En septembre, le Parti communiste est dissous (pour son soutien à l’Union soviétique), ses militants sont pourchassés, ses 72 députés démis, emprisonnés, déportés en Algérie. Les municipalités communistes sont destituées….
Léo affronte la tourmente, sans faiblir, du haut de ses 16 ans. Avec ses camarades du parti et les jeunes communistes, il milite d’autant plus, tout en poursuivant ses études pour devenir normalien au lycée de Bastia.
Le 10 mai 40, l’attaque éclair de l’Allemagne précipite des millions de Français sur les routes de l’exode. Le 22 juin c’est la capitulation française.
La Corse, en zone sud, n’est pas encore occupée. Radio-Londres a ses auditeurs mais une grande partie de la population fait confiance au Maréchal Pétain.
La situation change le 11 novembre 42 quand Mussolini décide de l’envahir avec 80 000 soldats italiens. Cette agression, prélude d’une possible annexion, stimulera la colère populaire. Elle permettra aux communistes, singulièrement, aux jeunes, nullement intimidés par cette armada, de développer une propagande audacieuse, comprise par le peuple.
Les communistes tireront de cette période, dangereuse et exaltante, une leçon majeure : leurs propres orientations politiques devaient être en adéquation avec les attentes populaires. Si la Libération ne peut être le fait des masses elles-mêmes, elle ne pourra être réelle et porteuse de changements vrais. C’est la conclusion qu’ils dégagent pour la traduire dans l’objectif central de rassembler toutes les forces sociales et patriotiques.
C’est le sens même des manifestations pour le pain et la liberté, organisées à Bastia en mars 43, et de l’Appel au peuple corse du 1er Mai, dont la rédaction fut confiée à Léo qui n’a pas encore 20 ans !
Le 4 mai la conférence régionale du Parti adopte à Porri, une résolution stratégique. La réorganisation du Parti est finalisée. Sur proposition de Léo, en charge depuis plus d’un an de la déterminante responsabilité aux cadres, les directions de secteurs sont désignées. Dans les semaines suivantes l’efficacité politique et militaire en découlera.
Le 3 aout, à San Gavinu, Raoul Benigni, Pierre Pagès, Léo Micheli, la « troïka », qui dirige dans la clandestinité le Parti, Arthur Giovoni et François Vittori, les responsables politique et militaire du Front National, prendront la décision murement réfléchie à partir de ces manifestations, de déclencher l’insurrection populaire dès la capitulation de l’Italie fasciste.
L’insurrection populaire, ainsi préparée par le Parti communiste et le Front national, pourra le moment venu, grâce aux livraisons d’armes d’Alger et au concours du Général Giraud, compter sur 10 000 hommes en armes et convaincus de la justesse de « la cause » qu’ils défendent, par l’intense travail politique de terrain, de Leo et de ses camarades, malgré la répression et les exécutions.
Mais le soulèvement de la Corse n’entrait pas dans les plans d’Alger qui prônait l’attentisme et la primauté à l’intervention militaire. Les patriotes voyaient les choses autrement. Ils voulaient, comme le dira le Général De Gaulle, « être eux-mêmes des vainqueurs » !
C’est ainsi que le 9 septembre, aussitôt connue la capitulation italienne, à l’appel du Front national et sous l’impulsion des communistes, une foule énorme, encadrée par des patriotes armés, chasse les représentants de Vichy, s’empare de la préfecture d’Ajaccio où Maurice Choury, au nom du Front national, rédige les arrêtés préfectoraux dont l’article 1er proclame « le rattachement de la Corse à la France libre ».
A Bastia, les mêmes décisions sont appliquées mais la situation militaire est différente. Les troupes italiennes, en partie sensibles à la propagande des communistes en direction des soldats, se retourneront plus tard contre l’armée allemande dont une division blindée doit s’embarquer pour l’Italie où les alliés viennent de débarquer en Sicile.
Les combats font rage. Les Résistants seuls, face à la division allemande, tiendront huit jours jusqu’à l’arrivée des renforts d’Alger dont les fameux « guerriers de Berbérie » Goumiers, Spahis et Tabors marocains qui s’illustreront au col de Teghime.
Dans le cadre de cet hommage, il m’est difficile de citer les noms de tous les camarades qui ont pris part à ces combats.
Léo, s’était fait un devoir de transmettre le souvenir du destin tragique et glorieux de ceux qui ont versé leur sang. Toute sa vie, il le fera avec une émotion profonde, intacte, en particulier pour Jean Nicoli, massacré et décapité, trois jours avant l’armistice italienne.
Michel Bozzi également sera fusillé en ce maudit 30 aout de 1943.
Les témoignages des acteurs et les publications historiques permettront, aussi, de décrire, ce que je ne peux faire ici, tous les aspects de cette épopée au plan politique, militaire, en termes de propagande et d’organisation.
Car le parcours de Léo prendra un cours nouveau après la Libération de la Corse le 4 octobre 43. Mobilisé, il part à Alger avant de prendre part au débarquement en Provence en août 44, pour combattre jusqu’à la victoire du 8 mai 1945.
Libéré à l’automne, il rentre en Corse et intègre le secrétariat du Parti avec Raoul Benigni, François Vittori, Arthur Giovoni, Jean Perfettini.
Envoyé à l’école des cadres du parti, la qualité de sa réflexion, sa grande culture et son expérience politique très riche sont remarquées.
Fin 46, il est appelé au Comité central auprès de Jacques Duclos, secrétaire général par intérim. A 23 ans, il se retrouve au cœur de l’appareil de son Parti, aux côtes de ce dirigeant de premier plan. Il vivra, avec lui, des années de travail acharné.
Discret et confiant, il connaîtra l’expulsion des ministres communistes du gouvernement en 1947 et les dures batailles politiques de la guerre froide. « C’est dans les tempêtes que l’on forme les camarades qui tiendront bon plus tard » dira-t-il. (2)…
Il occupera ce poste jusqu’en 1956, au moment où le rapport Khrouchtchev dénoncera le culte de la personnalité et les déviances criminelles du stalinisme. Il résume ainsi son analyse : « il s’agissait de donner une autre idée de l’idéal communiste que celle que nous avions pu retirer de l’expérience soviétique » (3).
Jacques Duclos ne parviendra pas à le convaincre de garder des responsabilités au sein de « l’appareil de l’appareil ». Il refuse les postes proposés et met un terme à « sa période de révolutionnaire professionnel » comme il disait, non sans humour, mais reste au Parti.
Il entame alors une carrière de cadre dans une grande maison d’édition. Toujours à leur demande, il met à la disposition des camarades, à Paris et en Corse, ses capacités politiques et ses talents d’orateur. On fait souvent appel à lui ! Et pas seulement les communistes…
Il participera à de nombreux débats ou meetings. Le 3 juillet 1979, il témoignera de la situation insulaire devant la Cour de sûreté de l’Etat, en faveur des jeunes Corses inculpés sans partager leurs idées mais en comprenant leur révolte (4).
Les communistes, les travailleurs, la Corse lui doivent beaucoup. Toute sa vie, d’une façon ou d’une autre, il les aura servies au service des intérêts populaires.
Il n’est pas anodin de noter que, François Mitterrand et François Hollande, deux présidents de la République venus dans l’île pour célébrer, en 1993 et 2013, les cinquantième et soixante-dixième anniversaires de la Libération, aient sollicité, pour parler au nom de toute la Résistance, deux dirigeants communistes, Arthur Giovoni et Léo Micheli.
Ils savaient bien que la légitimité de ces porte-parole était indiscutable tant leur autorité dépassait les limites de leur Parti.
Avec le recul, ce fut aussi la reconnaissance que les communistes corses avaient su assumer, avec honneur, une belle part de ce combat contre le fascisme et le nazisme, au nom de toute la Résistance intérieure pour notre liberté.
Tout ce que je viens de rappeler ici, très brièvement, exige, naturellement, d’être enrichi par les éléments nouveaux que la recherche historique ne manquera pas de fournir à tous ceux qui s’intéressent à la Corse, à son patrimoine, à son avenir.
Pour ce faire, nous disposons des excellents écrits et discours de Léo, du film « Nom de code : Léo » que Via Stella vient heureusement de reprogrammer, et de ce remarquable livre d’entretiens, « En homme libre », que Dominique Lanzalavi lui a consacré, il y a moins d’un an.
C’est une synthèse particulièrement réussie. Elle donne beaucoup d’indications sur le parcours singulier d’un homme d’exception, resté modeste et lucide. Elle raconte et instruit notamment sur cette exemplarité corse dans la Libération de la France alors que la jeunesse corse mobilisée à cette fin ne pouvait de fait construire, dans la Corse qu’elle venait de libérer, le changement imaginé dans sa Résistance.
Léo a d’ailleurs tenu à préciser sur ce point particulier de cet ultime témoignage : « cette idée peut entraîner des réactions aujourd’hui, mais c’est ma vérité et je crois que c’est la vérité ». (5)
La vérité, en effet, d’un acteur totalement engagé, en Corse, dans un moment crucial de l’histoire mondiale. On pourrait y voir son testament politique et moral, mais cette notion ne lui aurai, sans doute, pas convenu…
En conclusion, vous me permettrez de déroger, exceptionnellement, à la règle que je m’impose toujours, écartant mes impressions personnelles.
Pourtant, aujourd’hui, je voudrais évoquer, devant vous, le souvenir d’un moment privilégié, d’intimité politique et affective, partagé avec Léo, juste après cette belle fête de la Libération en 2013.
Nous étions Place Saint Nicolas, détendus et heureux, certains que nous venions de vivre, ensemble et intensément, un moment qui marque une vie de militant.
Pas besoin de mots pour dire ce bonheur commun.
L’hommage retentissant et fraternel que Léo venait de rendre à ses camarades de combat, devant le Président de la République, les enseignements tirés, de cette magnifique lutte, dans sa dimension universelle contre le fascisme, avaient atteint leur objectif : témoigner et transmettre.
C’était une tâche politique majeure, un devoir ultime auquel, malgré ses 90 ans, il avait consenti. Et il venait de l’accomplir magistralement, en paix avec lui-même et pour le Parti.
Et moi, qui avais déjà eu la chance de travailler et d’échanger beaucoup avec lui, j’ai été saisi, en le raccompagnant, d’une profonde émotion associant l’admiration pour le courage des patriotes, la confiance dans notre idée communiste si bien défendue, la fierté d’avoir, avec Léo, partagé quelque chose d’essentiel.
D’autres nombreux, sans doute comme moi, ont senti passer, en ce moment inoubliable, le souffle de l’Histoire. Ensemble, pour tout ce que tu as fait, nous te saluons Léo !
Merci à toi ! Au revoir camarade !
Que la terre corse te soit légère, toi qui as su si bien la défendre et l’honorer. Elle s’en souviendra.
Et nous, dans les conditions de notre temps, à notre manière, nous continuerons ton combat…
(1) « En homme libre », p. 84
(2) « En homme libre », p. 129
(3) « En homme libre », p. 132
(4) « En homme libre », p. 149 à 163
(5) « En homme libre », p. 125
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Bon Matin💙🎙🎺🕺💃
The Glenn Ambassadors big band
(Gead Mulheran et musiciens)
#live music#glenn ambassadors big band#music video#gead mulheran#glenn miller#jazz band#80 ans libération de paris#live music video#youtube#bon matin#fidjie fidjie
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Le réchauffement climatique pourrait transformer la planète en «étuve» et ne pourrait abriter plus qu'un milliard d'êtres humains dans un avenir proche. Telles sont les prédictions alarmistes d'un consortium de chercheurs internationaux.
Même si l'humanité réduit les émissions de gaz à effet de serre comme prévu par l'accord de Paris, la planète elle-même pourrait perturber les efforts des hommes et basculer dans un état durable d'étuve, selon une étude publiée lundi. Avec un tel scénario, la hausse de la température moyenne de la Terre pourrait se stabiliser à +4°C ou +5°C par rapport à l'ère préindustrielle, bien au-delà de l'objectif de l'accord de Paris sur le climat (+2°C maximum), selon une étude de la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). Les émissions de gaz à effet de serre ont déjà provoqué une hausse de 1°C de la température moyenne de la Terre, augmentant les probabilités et l'intensité des canicules, des sécheresses ou des tempêtes.
Selon les conclusions de scientifiques de l'université de Copenhague, de l'Université nationale australienne et de l'Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique en Allemagne, dix aspects distincts du «système Terre», aujourd'hui neutres ou bénéfiques, pourraient à terme devenir néfastes, provoquant plus de rejets de CO2 et de méthane dans l'atmosphère que toutes les activités humaines combinées. Ces points de bascule sont liés à des températures au-delà desquelles la libération de ces gaz serait inéluctable. «Quand un seuil critique est atteint, le processus de réactions s'auto-entretient», note l'étude, qui s'inquiète que la Terre puisse approcher un seuil la condamnant à devenir une étuve.
«Puits de carbone» affaiblis : Les forêts et les océans ont absorbé ces dernières décennies plus de la moitié des émissions de carbone. Mais les forêts rétrécissent et les océans montrent des signes de saturation en CO2, selon de récentes études. Leur rôle d'éponge risque de s'affaiblir.
Permafrost: Le méthane et le CO2 emprisonnés dans le permafrost, sol censé être gelé en permanence en Russie ou au Canada, correspond à environ quinze années d'émissions humaines. En cas de dégel, ces gaz relâchés - pour l'instant en quantité négligeable - accéléreraient le réchauffement, libérant encore plus de gaz. De manière similaire, les hydrates de méthane, composés ayant l'apparence de la glace présents dans les fonds marins, sont également vulnérables au réchauffement, mais les scientifiques ne savent pas à quel rythme. Ils sont suspectés d'être à l'origine d'épisodes rapides de réchauffement il y a plusieurs millions d'années.
Dépérissement des forêts: Un réchauffement de 3°C pourrait condamner à terme au dépérissement de 40% de la forêt amazonienne, selon une récente étude. Et les incendies, pas pris en compte dans ce modèle, pourraient accélérer cette destruction susceptible de relâcher dans l'atmosphère des milliards de tonnes de CO2.
Moins de banquise: Le miroir blanc glacé de la banquise renvoie 80% des rayonnements du soleil. Mais avec la fonte de cette glace de mer, l'océan qui la remplace absorbe à l'inverse 80% de ces radiations, accélérant le réchauffement. Dans l'Arctique, le premier été sans banquise devrait avoir lieu avant le milieu du siècle. Une situation susceptible de se reproduire tous les quatre ans dans un monde à +2°C.
Calotte glaciaire: Les scientifiques s'accordent pour dire qu'il existe une température de bascule au-delà de laquelle la calotte glaciaire recouvrant la terre de l'Antarctique ouest et du Groenland fondra. Mais leurs estimations sur cette température varient entre +1°C et +3°C. L'autre question ouverte est le temps que cette glace mettra à fondre, libérant des volumes énormes d'eau douce dans les océans. Les conséquences seraient dévastatrices: deux-tiers des mégalopoles sont installées moins de 10 mètres au-dessus du niveau de la mer, tout comme les plaines agricoles qui les nourrissent. La fonte des glaces de l'Antarctique Ouest et du Groenland conduirait à une hausse du niveau de la mer de 13 mètres. La calotte de l'Antarctique Est, plus sensible au réchauffement qu'estimé précédemment, représente 12 mètres potentiels supplémentaires.
Effet domino: Tous ces mécanismes sont interconnectés, selon les auteurs de l'étude, et l'un d'entre eux pourrait en déclencher un autre, puis un autre. «Ces événements en cascade pourraient pousser le système Terre dans son ensemble dans un nouveau mode de fonctionnement», note Hans Joachim Schellnhuber, coauteur et directeur du Potsdam Institute for Climate Impact Research, qui avait précédemment estimé qu'une Terre à +4 ou +5°C ne pourrait pas abriter plus d'un milliard de personnes.
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Littérature kurde : Shwan Jaffar magnifie “Les montagnes de la liberté”
La sortie du confinement a offert un grand bol d’air à l’Hexagone! Mais sans doute pas suffisant à ceux qui rêvaient de grands espaces. A défaut de pouvoir prendre l’avion pour retrouver le Kurdistan, Shwan Jaffar vous offre la possibilité de voyager à travers son dernier livre publié aux éditions “L’espace d’un instant” (1) juste avant le début de la crise sanitaire; un livre qui ne demande maintenant qu’à voyager de mains en mains.
Shwan Jaffar en 2016. / Photo DR, Le Phénix kurde
Né à Souleymanieh, Jaffar est arrivé en France en 1986 après des études d’art dramatique à l’université de Bagdad. Son amour des auteurs français découverts en Irak ne le quitte pas. Après des études théâtrales à la Sorbonne, il devient intermittent du spectacle dans les années 90, crée sa compagnie (Sano, prononcer Chano en français = théâtre en kurde) et propose ses premières mises en scène. Entre autre, “Mem et Zine”, que beaucoup considèrent comme le Roméo et Juliette kurde, la première pièce qu’il a traduite en français, ou encore Kardo, une pièce de Kemal Hangira qu’il jouera notamment à la Scène nationale d’Albi, deux des six pièces kurdes qu’il présente aujourd’hui dans “Les montagnes de la liberté”.
“Mem et Zine”, d’Ehmedê Khanî (XVIIe s).
“Mina, princesse de la pluie”, d’Ahmed Salar.
Kardo, de Kemal Hangira.
Azady... l’être kurde, de Shwan Jaffar.
La ruine, de Kamera, Raoof.
Les ombres de Bagdad, de Shwan Jaffar.
Docteur en géopolitique, traducteur assermenté auprès de la cour d’appel de Colmar, Shwan Jaffar a enseigné le kurde sorani pendant 19 ans à l’Inalco, l’Institut national des langues et civilisations orientales, et a aussi dirigé le théâtre municipal de Taverny (Val d’Oise). Il nous explique comment est née sa passion pour la littérature kurde et française.
Où et quand avez-vous découvert les auteurs français?
Il y a plus de 40 ans. A l’époque, Bagdad était la capitale culturelle du Moyen-Orient, avec Beyrouth et Le Caire. Il y avait beaucoup de compagnie théâtrales françaises, allemandes, italiennes qui venaient à Bagdad. Je me souviens d’une pièce de Jean-Louis Barrault en 1981, d’un spectacle du Mime Marceau, des films de Truffaut au centre culturel français. Des films de Louis de Funes qui étaient diffusés en français sous titrés en arabe, à la télévision irakienne. Et puis, il y avait la littérature bien sûr. J’a lu en arabe quasiment toutes les pièces de Molière, Racine, Camus, Sartres et d’autres dans le cadre de mes études universitaires. J’étais attiré par l’élégance française, l’arrogance française, mais aussi la liberté d’expression. Sartres était mon auteur préféré. C’était la vague des années 80. On était influencé par l’existentialisme et les idées de 1968, sur les droits des femmes, les étrangers...
D’où votre idée d’approfondir le sujet en France...
Oui. Quoi de mieux que venir en France pour approfondir ma connaissance de la langue et des auteurs français. J’ai reçu une invitation de l’Institut kurde de Paris. J’ai poursuivi mes études. Et j’ai décidé de rester.
Vous avez traduit des auteurs français en kurde, des auteurs kurdes en français. Et pas pour l’argent visiblement. Qu’est-ce qui vous anime?
(Rire). Non. Les livres là-bas, ça coûte cher et ça dépasse rarement 500-600 exemplaires. Mais ils ont une influence. Je parlais des droits des femmes tout à l’heure. Simone de Beauvoir, Simone Veil qui a fait la loi sur l’avortement, Olympe de Gouges... ces femmes là sont connues par les femmes de l’élite kurde. Elles nourrissent l’idéologie de la libération kurde et ont influencé les lectrices kurdes. A travers mes traductions, j’essaie de participer au rapprochement des deux cultures. J’ai traduit Le Roi se meurt d’Eugène Ionesco, des oeuvres de Pascal... En ce moment, j’achève encore une traduction: Le paradoxe du comédien, de Diderot. Pour moi, l’acte de la traduction, c’est faire de l'art, mais c’est aussi un acte politique, que ce soit du français au kurde ou du kurde au français.
En quoi la traduction est-elle un acte politique?
Les Kurdes connaissent et lisent la littérature française, pas tout mais les grands auteurs. Mais les francophones ne connaissent pas les auteurs kurdes. Diffuser les deux cultures dans les deux langues, c’est diffuser la liberté d’expression. Pour moi, c’est un plaisir personnel, mais ça me permet aussi de faire connaître la cause kurde. La littérature kurde est très politique pour ne pas dire militante, tout simplement parce que les Kurdes sont divisés entre quatre pays. Ils sont donc très attachés à la liberté. Il suffit de regarder les grands thèmes de la littérature kurde: la liberté, l’identité, l’indépendance. La programmation des grandes scènes en France montre aussi que, souvent, les metteurs en scène français ont une vision politique de leur acte artistique. A travers mes modestes actions, j’essaie de faire des liens entre les deux cultures. En espérant que cela fasse avancer les choses au Kurdistan où il y a encore beaucoup de corruption, comme dans le reste de l’Irak. C’est un phénomène normal dans les Etats qui n’ont pas l’expérience de la démocratie. Faire circuler les idées, un théâtre défenseur des droits et de l’identité des Kurdes, c’est accélérer la marche vers la démocratie.
(1) Les montagnes de la liberté, panorama des écritures théâtrales kurdes d’Irak, sous la direction de Shwan Jaffar, aux éditions L’Espace d’un instant. Prix: 19 €.
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Premier texte. Citoyenneté, consommation et séduction
Avant-propos : Ce texte est celui qui m’a donné l’idée, et l’envie, d’entamer ce blog. Je l’ai posté initialement sur mon Facebook personnel, où je l’ai traduit en anglais à la demande d’un ami égyptien. Je l’aime beaucoup. Il n’est pas très ficelé, il est écrit comme ça, au flot de ma pensée, sans savoir où j’allais terminer.
Me balader un peu en Égypte m’a fait comprendre à quel point dans notre société, la maîtrise de l’ « adulteté », elle passe largement par la maîtrise de sa sexualité, de son corps et de sa capacité à susciter le désir en l’autre. On en avait déjà discuté de ça avec une amie, qui m’avait fait remarquer la sorte de transition puissante qui s’opère chez les gens après leur « première fois ». Et oui, quelque part, c’est parce que je me sens suffisamment confiante en ma sensualité, en ma capacité agir en sujet sexuel, que je me suis sentie capable d’argumenter fort face à des militaires cette année, bien que parfois je n’avais pas forcément des vues aussi précises qu’eux sur les situations qu’on a discutées. C’est parce que j’y vais à l’instinct. Parce que je ne joue pas à savoir plus fort, je joue à poser des questions. Je relisais l’article de Libération sur les tradis du lycée militaire : « Ils n’ont aucune vision complexe du monde, assène un de leurs anciens professeurs. La sensualité, la sexualité, ils ne connaissent pas. Pour certains, une fille c’est une sœur ou une maman.». Pourquoi c’est parce que je me sens capable de susciter le désir que je me sens capable de parler de politique ? Parce que c’est comme ça que je me sens humaine et que je me sens « connectable » à l’autre, et que je me sens capable de nous faire ressentir une commune humanité.
Je n’avais jamais vraiment bien compris le lien entre sexualité, corps et politique ; juste senti, un peu à l’instinct, ça aussi. Et c’est là que ma critique de l’Instagram du ministère des Armées pour le séminaire d’Analyse des politiques étrangères en M2 prend vraiment sens. J’avais voulu montrer comment on utilisait les outils de la séduction pour recruter : l’humour, l’esthétique, à grand renfort d’émoticônes, de questions pour lancer l’interaction, de photos d’action et de paysages grandioses… Contrairement au ministère des Sport, par exemple, qui utilise son Instragram pour présenter son action en publiant des indicateurs chiffrés et des tableaux. Chez les militaires en 2019, on ne joue plus le jeu de l’autoritaire pour recruter, on ne passe plus par de la conscription de classe d’âge mais on séduit. On séduit, on séduit… Comme les publicitaires du marketing, comme ceux qui veulent faire acheter, faire voter, faire aimer. D’où la critique du libidinal de Clouscard dans la société de consommation. Sauf que cette société de consommation elle est aussi étendue aux administrations publiques dans ce cas là.
L’idée de la sociologie là dessus ça doit être quoi, alors ? Montrer les transformations des régimes de pouvoir ? Oui, comme dit Deleuze, on passe des sociétés de souveraineté aux sociétés disciplinaires à des sociétés de contrôle. On contrôle, non plus par l’enfermement (en hôpital, en prison) mais par des contrôles à domicile, de la sous-traitance… Mais le marketing, c’est une autre forme du contrôle. Dans le néolibéral, il y a l’encadrement par la bureaucratie néolibérale de Béatrice Hibou mais pas seulement : il y a aussi la norme « soft », « molle », qui passe par de la séduction, de la publicité, du marketing. Alors, ça pourrait être un mode de pouvoir plus « cool » que la contrainte purement autoritaire, et formulée comme telle, ou même disciplinaire, parce qu’on aurait toujours le choix de « refuser » un choix de consommation… Mais comment le « choix de consommation » est-il une organisation du pouvoir qui est contraignante ? De ça, on n’en parle pas en science politique. En cinq ans à Paris 1, on ne l’a jamais abordé, même de loin. Est-ce qu’elle empêche de penser le collectif ? Pourtant, on peut boycotter, et jouer « l’exit » (Hirshmann), éventuellement le « voice » si on se construit en association de consommateurs, produire un discours sur son mode de consommation : dire qu’on achète ceci parce qu’on y croit. Mais est-ce qu’on peut penser le social à travers le choix de consommation ? Le citoyen-consommateur. Voilà un personnage qui est sous-étudié en science politique. Comment on pense son pouvoir? D'autant plus qu’il s’institutionnalise dans l’État aussi, ce n’est pas seulement des trucs qui se développent sur les réseaux sociaux ou dans les magazines. Comment cette figure s’articule au citoyen.ne-militant.e de parti ? Est-ce qu’il le remplace, est-ce qu’il l’entrave, est-ce qu’on peut conjuguer les deux ? Comment penser la citoyenneté dans une société néolibérale, qui fait passer par le marché toute solution politique ? Ça va avec aussi : comment on pense le citoyen.ne-entrepreneur.e ? Comment on pense la "responsabilité sociale et environnementale" des entreprises ?
- Article de Libération : https://www.liberation.fr/…/lycee-saint-cyr-une-machine-a-b… - Vidéo de Deleuze : https://www.youtube.com/watch?v=4ybvyj_Pk7M - Bouquins de Clouscard : Néo-fascisme et idéologie du désir, 1973 (rééditions 1999, 2008) et Le Capitalisme de la séduction, Critique de la social-démocratie, Éditions sociales 1981 (réédition 2006) - Exit, Voice, and Loyalty d'Albert Hirshman, 1970 : « Exit » (sortie, quitter, rage-quitter), « voice » (crier, protester, dire qu’on n’est pas d’accord) et « loyalty » (prendre sur soi et accepter) : trois comportements face à une situation qui ne nous convient pas, par exemple un.e consommateur.e face à un produit qui aurait évolué. - Travaux de Béatrice Hibou : de l'économie politique, sur la diffusion dans les administrations, celles du public et celles du privé, de mêmes manières de faire et de penser (normes bureaucratiques telles que le feedback, le New Management, l'utilisation du chiffre pour rendre "techniques" des choix qui sont politiques, utilisation de formulaires à répétitions etc etc)
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Wandering a bit in Egypt made me understand how much in our society, the mastering of « adult-ry » have strong relations with mastery of one’s sexuality, body and ability to creat desire in the other. We’ve already been talking about that with a friend, who made me notice the kind of very very powerful transition that you see in people after their « first time ». And yes, somehow, it is because i feel enough confident in my sensuality, my ability to act as a sexual subject, that i felt able to argue in front of militaries this year [because i have officers in my academic promotion], even if sometimes i didn’t have views as precise as they could have had on the situations we were discussing. It’s because i went with instinct. Because i dont play at knowing stronger, i play at asking question. I was re-reading the article of Libération [French newspaper, left-wing] on the « tradi » [for ‘traditionnal’ ; they are students with conservative thoughts and practices in military high school, using Catholic rethorics to justify antifeminism, racism, that they do physical and moral humiliations to the younger etc] in the military high school [which is actually located in the city i grew up in] : « They don’t have any complex vision of the world, tells one of their former professors. Sensuality, sexuality, they don’t know. For some of them, a girl is either a sister or a mum ». Why is it because i feel able to suscitate desire that i feel able to talk about politics ? Because that’s how i feel human and « connectable » to the other, and able to make us feel our common humanity.
I never really understood the relation between sexuality, body and politics ; just felt it, a bit through instinct, too. And that’s were my critics of the [French] Ministry of Army’s Instagram account for a seminary in Master 2 becomes meaningful. I wanted to show how they use tools of seduction in their communication aiming at recruitment [of soldiers] : humour, aesthetics, using emojis, questions to create interaction, action pictures, amazing landscapes… It is different from the account of the [French] Ministry of Sports, for example, which uses his Instagram account to present his action by publications with numbered indicators and tables. The [French] military in 2019 don’t play the game of authority to recruit, the don’t use obligatory conscription of a full age class anymore, but seduce. Seduce, seduce… Just like the marketing advertisers seduce, those who aim at make others buy, make others vote, make others love. From here we can jump to the critics of the libidinal by Michel Clouscard [French philosopher from the 80s, that no one reads anymore] in the society of consumption. Except that, in this case, the society of consumption can be extended to public administrations.
Then the discourse of sociology here, what should it be? Showing the transformations of power regimes ? Yes, as Deleuze says, we went from sovereignty societies to disciplinary societies to control societies. We control, no more through ‘enclosure’ [not really sure of the translation, but ‘fermer’ in French means ‘to close’… الانغلاق it works?] (in hospitals, in prison) but through controls at-home, subcontracting… But the marketing is another form of control. In the neoliberal, there is framing by the neoliberal bureaucracy showed by Béatrice Hibou [see notes at the bottom], but not only : there is also the « soft » norm, which passes through seduction, publicity, marketing. So it could be a mode of power « cooler » than the purely authoritarian constraint, or formulated in this manner, or even disciplinary, because we’d have the choice to « refuse » a consumption choice… But how is « choices of consomption » an organisation of power that is restrictive ? This we never talk about in political science. In five years in Paris 1 [university], we never addressed it. Does it prevent from thinking the collective ? Yet we can boycott, play « exit » (Hirshmann) ; maybe play « voice » if we associate ourselves in a consumer association ; produce a discourse on one’s consuming mode : saying that we buy this because we believe it [i didn’t write it, but masalan going to a genderly-mix gym because we believe in gender mixity…]. But can we think the social through a choice of consumption ? The citizen-consumer. Here is a character that is under-studied in political science. How do we think his/her power ? Moreover he’s getting institutionalised in the State too, it’s not only stuff that are developing on social network or in magazines. How does this figures articulates with the citizen-militant in a party ? Does he replace it, jeopardise it [not the exact translation but i like this word in English… and anyway, i don’t master the precise connotations], or could we conjugate both ? How can we think citizenship in a neoliberal society, that takes every political solution through the market lense ? And it goes along : how do you think the citizen-entrepreneur ? How do you think the « social and environnemental responsibility » of companies?
- Article by Libération : https://www.liberation.fr/…/lycee-saint-cyr-une-machine-a-b… - Video of a conference by Deleuze : https://www.youtube.com/watch?v=4ybvyj_Pk7M - Books by Clouscard : Néo-fascisme et idéologie du désir (Neo-Fascism and Ideology of Desire), 1973 (rééditions 1999, 2008) et Le Capitalisme de la séduction, Critique de la social-démocratie (Capitalisme of Séduction, A critic of social-democracy), Éditions sociales 1981 (réédition 2006) - Exit, Voice, and Loyalty, by Albert Hirshman, 1970 : « Exit » (going out, quit), « voice » (shout, protesting, saying that we don’t agree) and « loyalty » (taking on yourself and accept) : three behaviours in front of a situation that does not convene us, for example a consumer facing a product whose quality went down. - Works by Béatrice Hibou : in political economy, on diffusion in administrations, in public and public spheres, of same manners to act and think (bureaucratic norms, such as feedback, New Public Management, use of numbers to make "technical" choices that are actually political, use of a growing multiplicity of forms etc etc)
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Macron, Johnny, Bouteflika, les 3 piliers du FLN, l’immobilisme et l’ombre des écrivains-lumières.
La visite de Macron en Algérie était un moment très attendu ici. N’ayant accès qu’à la radio, je me frottais les mains à l’idée d’écouter une cascade d’émissions France Inter sur l’Algérie : son histoire, sa politique, son économie, ses enjeux,… La totale. Une journée rien que pour moi. Et signe du destin, cette semaine je travaillais de nuit, donc une belle journée radio qui s’annonçait ! Frigorifié au levé du jour, mais l’oreille en appétit, le mardi 6 décembre, 8h00, mon doigt gelé appuie donc sur sur le bouton « ON » de ma radio :
« Johnny est mort ».
…
J’ai eu le droit à la découverte en 12 heures de la discographie intégrale de Johnny… Et RIEN sur l’Algérie. Malgré l’interview étonnante de Bono et le coup de cœur pour la reprise de Camille, très légère déception…
Après avoir lu la presse algérienne, Le Monde et une rediffusion sur Arte, je donne mon impression, faute d’avoir celle de France Inter à partager… La presse et les hommes politiques sont très très gentils avec Bouteflika. Rien que la phrase « Macron rend visite au président Bouteflika » est une mascarade. C'est un président légume, de 80 ans et 4 mandats, qui apparait 2 fois par an à la télévision, quelques secondes, assis, sans parler, sans bouger, et le regard dans le vide... Un corps de président qui n’a plus que le costume pour la fonction. Mais il est intouchable car il est la clé de voute du système en place. Son état est donc tabou pour tous ceux qui veulent avoir une chance de plaire au "cercle" politique de l'Algérie.
A soixante-douze ans, rongé par un cancer qui le grignotait de l’intérieur, il ressemblait aux restes de cette armée qui n’arriva pas à se disperser honorablement après la guerre de Libération et qui se transforma en une armée carnivore, capable de manger ses propres médailles. Ce Vieux, Comme tous ceux de sa génération, cherchait une fin, l’épilogue net et la conclusion de son propre jeu de répliques entre lui et la renommée. Le monde, selon lui et les siens, ne devait pas être clos par la mort, un Soleil qui se lève à l’ouest […], mais par un formidable applaudissement continu, si long qu’il ne peut que tuer celui qui l'exécute comme une mécanique affolée.
Kamel Daoud, La préface du nègre
Comme je l'ai déjà dit, les Algériens ne votent plus. Les chiffres officiels sont de 30% de participations aux élections municipales du mois dernier, c'est déjà très faible mais c'est difficile à croire... Je n’ai encore jamais rencontré une personne qui vote et tous les journaux algériens témoignent de bureaux de votes vides du matin au soir. On entend partout la même idée : la politique ne sert qu’aux hommes qui se partagent la rente avec les quelques hommes d'affaires qui gèrent des empires sans salariés puisqu'ils sous-traitent tout à des entreprises étrangères pour transformer leurs fortunes en euros ou en dollars.
Chez nous, peuple venu de si loin pour ne plus aller nulle part, la règle qui voulait que les héros ne vieillissent pas mais meurent jeunes n’était presque jamais respectée. Les nôtres finissent toujours avec une odeur de moisi, gâchent leur propre musique et s’attardent en guides inutiles aux portes du passé. Leur choix était souvent fait: au lieu de se comporter comme dans les tragédies, refuser de vieillir, exploser comme des feux d’artifice, nos héros ont souvent choisi de vivre en rentiers. Ce pays aurait peut-être pu devenir un vrai pays si ces gens-là étaient tous morts le dernier jour de la guerre pour laisser la terre aux nouveau-nés. On aurait peut-être pu commencer vraiment à vivre le premier jour de liberté dans une sorte de Création entamée vraiment à la première page.
Kamel Daoud, L’Arabe et le vaste pays de Ô
La population n'a aucun espoir. Le sport est inexistant. Sans économie locale, les études ne servent à rien. Ceux qui sont plus-plus-plus, comme moi, ne peuvent briller que par la religion. Alors on trouve partout des gens qui se battent pour être plus musulman que l'autre. Une course à l’accumulation des rituels qui perd tout sens spirituel mais qui occupe bien la journée. Ridicule. Après avoir renoncé à une solution politique, les jeunes errent sans but ou rêvent de quitter l'Algérie. Ici, on appelle « harragas » les Algériens qui tentent le voyage sans papier vers l’Europe. Le gouvernement veut les retenir en distribuant une partie de la rente: des produits alimentaires subventionnés et des milliers de logements gratuits… Des logements indignes de nos pires cités en France, qui promettent le pire pour les prochaines années.
C'est difficile pour moi de voir ce pays dans cet état. Il est magnifique, immensément riche, mais il est volontairement figé dans le passé et rien ne fonctionne. Pour s’assurer que la population ne se révolte pas, le gouvernement (le FLN) entretient trois idées omniprésentes au quotidien :
- D’abord la douleur et l’héroïsme de la décolonisation. Les enfants étudient en boucle la guerre de décolonisation au primaire, au collège puis encore au lycée. Comme si l'Algérie n'existait pas avant. Comme si, non satisfait d’être le libérateur, le FLN voulait également être le seul Créateur de l’Algérie.
Cette découverte tardive expliquait mon calvaire d’écrivain impuissant: le pays n’ayant vécu qu’une seule histoire de guerre et, depuis, ne cessait d’y explorer son propre reflet au point de refuser la guérison qu’avaient connue d’autres peuples. Ce désœuvrement était une fatalité, et je ne pouvais y échapper pour aller raconter des histoires d’amour invraisemblables ou imaginer des énigmes superbes capables de résumer une partie du monde et de déboucher sur des doutes qui relancent la création […]. Tous les romans écrits depuis l’Indépendance n’ont été que le fruit fade du désœuvrement et de la perte de l'intérêt des morts pour leur propre éternité.
Kamel Daoud, La préface du nègre
- Ensuite la terreur des années noires. La télévision diffuse les images de massacre et de viol des années de terrorisme de 1999 à 2002, résultat inévitable des élections démocratiques ou la population a décidé de ne pas voter pour le FLN, mais pour le Front Islamique du Salut (FIS). Le message est claire... ne changez rien, sinon ce sera pire.
- Enfin l’Islam. Pendant que le monde politique régit la vie publique, la religion permet de contrôler également la vie privée. Comme tout bon monothéisme, pas de vague avec l’Islam, où l’homme est sur Terre pour expier ses pécher et pour faire, de la vie sur Terre, une antichambre, sans remise en question ni passion, du paradis.
Contrairement à l’Homme Blanc qui s’y sent chez lui malgré ses angoisses, le monde m’est déjà donné comme une salle d’attente avant de rejoindre Dieu, et dès l’enfance on m’a appris l’essentiel : cette vie n’est pas pour Nous mais pour Eux. Cela expliquait la contradiction insupportable entre notre misère, notre impuissance et notre statut de dépositaires de la vraie religion, face à leur richesse, leur sens de la Justice, leur force.
Kamel Daoud, L’Arabe et le vaste pays de Ô
A noter que les 2 derniers « piliers » du FLN sont dangereusement contradictoires… On nourrit l’Islam pour mieux contrôler, mais on déclenche une guerre civile terrifiante au premier vote démocratique pour éviter la mise en place d’une république islamique. C’est comme nourrir une « bête » en espérant qu’elle ne nous mange pas plus tard. Quand la religion est le seul point commun d’un pays tout entier, il est difficile d’ouvrir le chemin de la démocratie…
Et la France joue le jeu, tout comme les Chinois, tout comme les Américains, pour pouvoir rentrer dans le cercle fermé de ceux qui se partagent la rente. Si la porte est ouverte, peut-on les blâmer ? Pourtant la population est très en colère contre ces méchant français, américains et chinois, qui pillent les ressources sans laisser une chance à l'Algérie de se développer normalement, en oubliant au passage une quelconque responsabilité des hommes politiques algériens en place. Une situation pratique pour le FLN, qui peut rejeter encore une fois tous les problèmes sur la faute de l’étranger. Une communication largement exploitée ici, le moindre écart sur le pays est l’occasion de crier au traitre qui veut nuire à la patrie.
“Il y a ceux qui font d’une lueur une torche et d’un flambeau un soleil et qui louent une vie entière celui qui les honorent un soir ; et ceux qui crient au feu dès qu’ils voient un soupçon de lumière au bout de leur tunnel, tirant vers le bas toute main qui se tend à eux. »
Yasmina Khadra (Citation déjà utilisée, mais tellement juste…)
Comme récemment, quand il y a eu des mouvements de foules dans les rues d’Alger, devant un bâtiment pour obtenir des visas français. Le lendemain l’Etat sauve la face en dénonçant un évènement soigneusement orchestré par des puissances étrangères pour nuire à l’image du pays. Un mécanisme qui fait sourire tant il fonctionne à chaque fois… Un scandale sur un homme politique ? La main sur le cœur, on crie au complot et à la patrie blessée qu’il faut absolument défendre, en mémoire aux martyres qui ont libéré l’Algérie. Il devient alors difficile de vouloir changer l’ordre en place, au risque de passer pour un traître qui renie son pays et qui crache sur ses ancêtres.
C’est encore la même chose quand les jeunes crient « Macron, visa » pendant la visite du président. La « Hchouma » (la honte) pour le pays… Alors « on » préfère noyer d’information la population sur quelques crânes algériens conservés au Musée de l’Homme à Paris (dont l’Etat Algérien n’a d’ailleurs jamais réclamé la propriété…), de la “poudre de perlimpinpin”, juste histoire de détourner une fois de plus les Algériens des problèmes actuels.
Ce 6 décembre, il y avait bien plus intéressant qu’une non-visite avec un vieil homme et des crânes poussiéreux. Macron a décidé de déjeuner avec des gens comme Boualem Sansal, Maïssa Bey, Adlene Meddi ou Kamel Daoud.
Le premier a reçu des dizaines de prix littéraires en France, il est censuré en Algérie, mais il persiste à vivre à Alger, « considérant que son pays a besoin des artistes pour ouvrir la voie à la paix et à la démocratie ». La seconde, auteure également primée, dirige une association culturelle « parole et écritures » depuis 17 ans pour promouvoir la lecture en Algérie. Elle considère les livres comme un moyen «de se replier dans un monde qui la protégeait d’une réalité difficile à vivre.» Le troisième, écrivain, est rédacteur en chef d’El watan le vendredi, journal indépendant et très populaire, il est devenu un lieu de débat et de réflexion libre pour les intellectuels algériens. Pour cela, le journal est interdit de publicité publique. Le dernier, journaliste pour le quotidien d’Oran (principal journal francophone avec El Watan) depuis 1994, est également connu pour son prix Goncourt en 2015.
«Un pays coincé entre le ciel et la terre. La terre appartient aux "libérateurs", cette caste maudite qui ne veut pas mourir, et qui assure avoir fait la guerre pour nous. Et le ciel est colonisé par les religieux, qui se l’approprient au nom d’Allah. Que me reste-t-il ? Les livres. C’est cette digression littéraire que je poursuis car l’Algérie m’étouffe et pour desserrer cette étreinte, je lis et j’écris.»
Kamel Daoud, portrait dans le journal Libération le 15 avril 2014
Des gens de lettres, des artistes, des gens lumineux qui ont su rester debout malgré les obstacles, la censure et l’absurdité de ce pays. Malheureusement le 6 décembre, même face à Macron, ces gens sont restés dans l’ombre de la mort de Johnny. Et pendant que la France pleurait son idole en musique, l’Algérie coule en silence…
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Danielle Darrieux, née le 1er mai 1917 à Bordeaux et morte le 17 octobre 2017, est une actrice française. En 80 ans de carrière, Danielle Darrieux a traversé l'histoire du cinéma parlant et a une carrière parmi les plus longues du cinéma avec plus de 100 films. Au théâtre, elle fut couronnée d'un Molière d'honneur en 1997. Elle était au moment de sa mort l'une des dernières actrices mythiques du cinéma mondial et était entrée dans le cercle des actrices centenaires le 1er mai 2017. Elle s'est montrée à son aise dans tous les genres, avec un égal bonheur, depuis les jeunes filles ingénues dans des comédies musicales « à la française », aux jeunes filles romantiques de drames historiques, la Marie Vetsera de « Mayerling » (1936) d'Anatole Litvak et la Catherine Yourevska de « Katia » (1938) de Maurice Tourneur, en passant par les mélodrames et les comédies pétillantes d'Henri Decoin dont « Abus de confiance » (1938), « Retour à l'aube » (1938), « Battement de coeur » (1939), « Premier rendez-vous » (1941), jusqu'aux sommets de sa carrière que représentent notamment « Occupe-toi d'Amélie » (1949) de Claude Autant-Lara, « La Vérité sur Bébé Donge » (1952) de Decoin et surtout les films de Max Ophüls. Après la bourgeoise de « La Ronde », Ophüls lui fera jouer une prostituée dans « Le Plaisir » et enfin lui offrira son plus beau rôle dans « Madame de... ».
La comédienne, bien des années avant Brigitte Bardot, va imposer les initiales de son prénom et de son nom : DD.
Danielle Darrieux voit le jour en 1917 à Bordeaux au sein d'une famille de mélomanes, mais passe son enfance à Paris.
La mort prématurée de son père contraint sa mère à donner des leçons de chant pour subsister.
Danielle en retire très tôt un goût prononcé pour la musique. Elle est dotée d'une voix menue, mais juste et claire. Elle prend également des cours de violoncelle et de piano, entrant même au Conservatoire de musique (études de violoncelle).
C'est par l'intermédiaire du mari d'une élève de sa mère, Marie Serta, qu'elle apprend que deux producteurs, Delac et Vandal, recherchent une héroïne d'environ treize ou quatorze ans pour leur prochain film. Elle se présente et passe des essais aux studios d'Épinay qui se révèlent concluants. Elle débute à 14 ans pour un premier rôle dans Le Bal (1931) de Wilhelm Thiele et, tout de suite, séduisant les producteurs par son allant et sa spontanéité, elle décroche un contrat de cinq ans.
Elle ne pensait pas initialement exercer le métier d'actrice, et n'a jamais pris de cours d'art dramatique.
« Jeune première idéale » du cinéma français dans les années 1930, elle a connu un succès qui ne s'est jamais démenti. Elle a beaucoup tourné, évoluant discrètement avec les années. »
Sa carrière commence avec des rôles de gamine facétieuse et fantasque aux côtés des plus grands acteurs populaires du cinéma français d'avant-guerre : Jean-Pierre Aumont, Henri Garat, Pierre Mingand et surtout Albert Préjean avec qui elle forme, en six films, le couple de charme des comédies musicales françaises des années 1930 (La crise est finie, Dédé, Quelle drôle de gosse...).
Dès son premier film, elle chante et interprète, dans bon nombre de ses films (bien souvent dans des compositions de Georges Van Parys), des chansons populaires qui font la joie du public : La crise est finie, Un mauvais garçon, Une charade et Premier rendez-vous, que la France entière fredonnera pendant des mois durant l'Occupation.
Durant cette période, elle a aussi tourné dans le film Mauvaise graine (1933), réalisé par un scénariste autrichien exilé, fuyant l'Allemagne nazie, Billy Wilder. Un film tourné dans les rues de Paris en décors naturels. « C'était une sorte de film d'avant-garde » dira Wilder.
Elle devient, en 1935, l'épouse du réalisateur Henri Decoin, rencontré un an plus tôt lors du tournage de L'Or dans la rue. Il lui fait tourner des comédies charmantes qui, aujourd'hui encore, font la joie des cinéphiles : J'aime toutes les femmes, Le Domino vert, Mademoiselle ma mère, ...
On la surnomme alors « la fiancée de Paris » et elle triomphe déjà au box-office. « Le succès, c'est un mystère, j'ai réussi peut-être parce que mon personnage n'était pas courant sur les écrans : je veux dire par là que je n'étais simplement qu'une jeune fille, alors que les autres gamines de quatorze ans jouaient déjà à la vamp. »
Oujours en 1935, Anatole Litvak lui offre un rôle plus dramatique : dans Mayerling, elle interprète une fragile et touchante comtesse Marie Vetsera aux côtés de Charles Boyer, déjà star en Amérique du Nord. C'est une révélation : Danielle Darrieux se montre émouvante tout en restant spontanée et naturelle. Le film connaît un succès mondial qui lui ouvre les portes d'Hollywood. C'est la consécration internationale pour Danielle Darrieux qui signe un contrat de 7 ans avec les studios Universal. Accompagnée de son mari, elle s'embarque pour Hollywood et tourne son premier film américain en 1938, La Coqueluche de Paris avec Douglas Fairbanks Jr.. Nino Frank, journaliste, déclara : « Danielle Darrieux débute à Hollywood et elle le fait avec une grâce extrêmement nuancée, un charme dépourvu de timidité, un talent qui enchante parce qu'elle est à l'aise et ne le brandit pas comme un drapeau. »
Mais très vite Danielle Darrieux s'ennuie à Hollywood et préfère casser son contrat pour rentrer en France.
Entre-temps, Danielle Darrieux a déjà tourné un film de Maurice Tourneur, Katia qui exploite le succès et la magie de Mayerling. Henri Decoin confirmera également le talent dramatique de Danielle Darrieux avec Abus de confiance et Retour à l'aube, et surtout, profitant de son expérience acquise aux États-Unis, il tourne un chef-d'oeuvre digne des meilleures comédies américaines Battement de coeur, un autre triomphe.
Danielle Darrieux déclare à propos de Henri Decoin : « ...J'ai toujours eu une absolue confiance en lui et je lui ai obéi en tout. Sans ses conseils, son flair et son appui, je serais sans aucun doute restée une jolie fille chantant et bêtifiant dans des productions mineures et j'aurais probablement quitté le métier assez rapidement. Il a su me mettre en valeur et me persuader que je pouvais jouer de grands rôles dramatiques. Il a même écrit pour moi, m'imposait ainsi dans un emploi où personne ne m'imaginait et ne me voulait. Il m'encourageait quand je perdais confiance ou quand je voulais abandonner. C'est à lui et à lui seul, que je dois d'être ce que je suis devenue. »
Les trois derniers films de Decoin sont des succès et Darrieux est l'une des vedettes les plus populaires du moment.
« ...Le public plébiscite, ovationne Danielle Darrieux. Les femmes portent à son instar des cravates, des jupes souples, les cheveux ondulés et libres sur les épaules... N'est-elle pas (sondage de la Cinématographie française) la plus populaire des vedettes ? N'est-elle pas copiée par toutes les jeunes femmes et jeunes filles qui voudraient posséder son aisance, sa joyeuseté, son élégance jamais tapageuse, toujours dans le vent ? »
Darrieux tourne un nouveau film avec Decoin, Coup de foudre, mais la guerre est déclarée et le film interrompu restera inachevé.
Divorcée d'Henri Decoin en 1941, avec qui elle conservera toujours des relations amicales, Danielle accepte, la même année, de tourner dans Premier rendez-vous pour la Continental. « Comme j'avais à l'instar de beaucoup de mes camarades tourné en Allemagne avant la guerre, je n'avais pas une idée bien précise de ce que représentait cette compagnie. » Le film et la chanson-titre connaissent un succès énorme en cette époque des années sombres de la guerre où le public a besoin de divertissement.
Elle se remarie en 1942 avec Porfirio Rubirosa, rencontré dans le Midi de la France, ambassadeur de Saint-Domingue, il sera soupçonné d'espionnage contre l'Allemagne au point d'être interné en Allemagne. Alfred Greven, directeur de la Continental, fait subir des pressions à Danielle Darrieux au point d'exiger d'elle, si elle ne veut pas que « la personne qui lui était chère eût de gros ennuis », de tourner deux autres films Caprices et La Fausse maîtresse pour la compagnie.
Elle fit également partie du voyage à Berlin en 1942 en compagnie d'autres acteurs français sous contrat avec la Continental dont Albert Préjean, René Dary, Suzy Delair, Junie Astor et Viviane Romance. Dans un documentaire diffusé sur ARTE au début des années 1990, elle déclarait qu'elle n'était partie en Allemagne, qu'après un accord avec les Allemands, en ayant l'assurance de rencontrer son mari Porfirio Rubirosa qui y était incarcéré. Une fois son mari libéré, Danielle rompt son contrat avec la Continental et passe la fin de la guerre en résidence surveillée à Megève puis, sous un faux nom, dans la région parisienne. Elle ne fut que peu inquiétée à la Libération.
Après trois années d'interruption, Danielle Darrieux revient à l'écran décidée à tourner la page aux rôles de jeunes filles écervelées de ses débuts. Après quelques années un peu grises, elle se remarie une troisième et dernière fois avec Georges Mitsinkidès en 1948, et commence pour elle une seconde carrière encore plus brillante que la première.
Après quelques films mineurs, Jean Cocteau, pour laquelle il envisagea quelques années plus tôt d'adapter La Princesse de Clèves, fait appel à elle pour interpréter la reine d'Espagne dans Ruy Blas (1948) de Pierre Billon avec Jean Marais. Mais c'est Claude Autant-Lara qui, l'employant différemment, lui donne l'occasion de renouer avec le succès avec trois films, un truculent vaudeville Occupe-toi d'Amélie (1949), où elle joue une femme entretenue de la Belle Époque, dans Le Bon Dieu sans confession (1953) où rouée et ambiguë elle interprète la garce assumée et Le Rouge et le Noir.
À nouveau, Henri Decoin la sollicite et l'impose dans un rôle très noir La Vérité sur Bébé Donge (1952) avec Jean Gabin. Elle est sublime dans ce rôle, un de ses meilleurs, d'une épouse aimante et bafouée qui devient une meurtrière statufiée. Elle fera deux autres films avec Decoin, un polar Bonnes à tuer et un film historique, L'Affaire des poisons où elle incarne Madame de Montespan.
Dans les années 1950, elle retrouve Hollywood pour quelques films. Elle chante et danse dans une comédie musicale aux côtés de Jane Powell dans Riche, jeune et jolie. Elle est choisie par Joseph Mankiewicz pour incarner la comtesse Anna Slaviska dans L'Affaire Cicéron avec James Mason, elle joue également la mère de Richard Burton (pourtant son cadet de 7 ans seulement) dans Alexandre le Grand (1956) de Robert Rossen.
Danielle Darrieux est au sommet de sa beauté et de son talent, elle triomphe aussi bien à l'écran qu'à la scène. Un grand directeur d'actrices va exploiter son admirable talent de tragédienne et revenu de son exil américain, Max Ophüls fait de Darrieux, au début des années 1950, son égérie. Danielle Darrieux n'a jamais été aussi belle que dans les films de ce « magicien » comme elle le nommera. Elle tourne dans trois chefs-d'oeuvre : La Ronde (1951) où elle incarne une épouse infidèle que ni son mari ni son amant ne parviennent à satisfaire ; Le Plaisir (1952) la transfigure, sous le soleil de Normandie, en putain respectueuse touchée par la grâce ; et surtout Madame de... Chef-d'oeuvre absolu qui commence comme une comédie légère et sombre dans le drame. Danielle Darrieux y fait une création digne de Dietrich et Garbo. Madame de... : « ... une femme prise au piège des passions, oiseau qui se croyait volage et se trouve tout à coup captif, masque mondain qui recèle une âme inquiète, corps d'apparat où le coeur va exercer ses terribles ravages. »
Karl Guérin écrira sur cette collaboration :
« ...de La Ronde au Plaisir, du Plaisir à Madame de..., les personnages interprétés par Danielle Darrieux découvrent la réalité du masque social dont ils finissent par être les victimes. Errant au milieu de tous les bonheurs possibles et jamais réalisés, celle qui fut la plus célèbre ingénue du cinéma français semble de film en film découvrir avec naïveté et étonnement l'univers des sensations et des passions. Parvenir à animer d'un frémissement ce visage et ce corps si ordinairement élégants, parvenir à attirer à la lumière du jour un peu de la femme dissimulée derrière l'image frivole et rassurante chère à l'actrice : voilà l'indice d'un certain plaisir ophulsien dont Danielle Darrieux fut plus que tout autre la victime consentante. »
Elle tourne aussi avec les plus grands acteurs de l'époque Jean Gabin, Jean Marais, Jeanne Moreau, Bourvil, Fernandel, Louis de Funès, Alain Delon, Jean-Claude Brialy, Michèle Morgan, Michel Piccoli... Elle donne également la réplique à Gérard Philipe dans deux adaptations de classiques de la littérature, en amoureuse éplorée dans Le Rouge et le Noir (1954) de Claude Autant-Lara d'après Stendhal et en femme d'affaires mêlant autorité et séduction dans Pot-Bouille (1957) de Julien Duvivier d'après Zola, deux énormes succès.
Duvivier, dont elle est devenue l'actrice préférée, la retrouve et l'entoure d'une pléiade d'acteurs comme Paul Meurisse, Lino Ventura, Serge Reggiani, Bernard Blier... dans un huis clos dramatique, Marie-Octobre (1959). Elle tournera encore avec Marcel L'Herbier, Sacha Guitry, Christian-Jaque, Marc Allégret, Henri Verneuil...
Un hommage lui a été rendu à la Cinémathèque française à Paris du 7 janvier au 2 mars 2009, avec une programmation spéciale de plus de 90 films de sa filmographie.
Un autre hommage lui a été rendu par Michel Drucker dans l'émission Vivement dimanche enregistrée le 24 février 2010, au cours de laquelle elle était entourée d'amis tels que Paulette Dubost et Charles Aznavour.
Danielle Darrieux est morte le mardi 17 octobre 2017 à l'âge de 100 ans à son domicile de Bois-le-Roi (Eure, France).
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«Maccarthyste», «séparatiste», «fanatique». Les mots ont été impitoyables pour qualifier les nouvelles mobilisations féministes depuis la démission de Christophe Girard de son poste d’adjoint à la mairie de Paris en raison de ses liens avec Gabriel Matzneff. Dans une tribune au Monde, Mazarine Pingeot qualifie les jeunes féministes d'«extrémistes de la médiocrité» et fustige «le règne de la bêtise, du mimétisme, de la libération des pulsions de haine». Des pancartes comme «Bienvenue à pédoland» visant la mairie de Paris ont révulsé une partie de l’opinion publique. Quelques jours plus tôt, le 7 juillet, une autre tribune signée par 150 personnalités dans Harper’s Magazine et traduite dans le Monde s’inquiétait de voir les mouvements nés de #MeToo et Black Lives Matter menacer le débat public. «Autant nous avons salué la première phase de ce mouvement, autant nous voulons nous élever contre la seconde», écrivaient des universitaires, des journalistes et des écrivains de renom, eux-mêmes classés à gauche, regrettant «l’intolérance à l’égard des opinions divergentes, le goût pour l’humiliation publique et l’ostracisme».
Ces critiques assurent embrasser la cause féministe et antiraciste. Pourtant, tous rejettent une forme d’expression devenue selon eux trop «radicale», «excessive» ou «hystérique». Le problème ne viendrait pas des revendications mais de la manière dont elles sont formulées, écrites et clamées. Comme si la rage, la frustration et l’indignation rendaient les demandes d’égalité déraisonnables, incohérentes, voire indésirables. Cet appel à la civilité, à la politesse de plus en plus récurrent à l’intérieur même de la gauche est devenu emblématique d’une notion : le tone policing («polissage du ton»), soit une tendance à rejeter une idée sous prétexte qu’elle serait exposée de manière trop colérique. Une façon de contourner le cœur du débat ?
«Le tone policing a toujours existé pour faire taire les luttes ou modérer les personnes qui les incarnent, explique la philosophe et spécialiste de la pensée féministe Manon Garcia. La différence aujourd’hui, c’est que les victimes d’injustices ont davantage les moyens de s’exprimer en leur nom.» Selon la chercheuse à la Society of Fellows de l’Université Harvard, la démocratisation du débat public a fait entrer, ces dernières années, un discours militant qui n’est pas perçu comme «acceptable» par les canons anciens de la dispute, y compris ceux des progressistes porte-parole historiques des minorités. Comme si la dénonciation d’un comportement sexiste ne pouvait être recevable que lorsqu’elle est exprimée calmement, sans exagération. Mais est-ce encore une parole militante si elle est formatée, cadrée par les règles de la bienséance, si elle n’est plus envahissante et dérangeante ? «On ne peut pas demander d’être poli à quelqu’un qui dénonce lui-même une violence ou une discrimination qu’il a vécue», estime Manon Garcia.
Fossé entre la dénonciation des inégalités et leur perpétuation
En France, on peut s’extasier devant les interventions de la députée américaine Alexandria Ocasio-Cortez sur la culture du patriarcat ou les discriminations raciales aux Etats-Unis («La suprématie blanche est aidée par – et repose souvent sur – la lâcheté des institutions traditionnelles», écrit-elle par exemple sur Twitter), rendre un hommage appuyé à la ténacité de Gisèle Halimi, «avocate irrespectueuse» qui prônait une forme de radicalité féministe et, dans le même temps, condamner publiquement l’élue EE-LV du XIIe arrondissement de Paris Alice Coffin pour un sit-in sur le parvis de l’Hôtel-de-ville. Se dire «pour le combat féministe» et pourfendre les «folasses» du mouvement #MeToo à l’instar d’Eric Dupond-Moretti. C’est aussi le fossé entre la dénonciation convenue des inégalités dans les déclarations officielles et leur perpétuation dans la réalité qui devient insupportable et justifie, selon les nouveaux activistes, l’utilisation de slogans choc.
Dans son discours du 14 juin, Emmanuel Macron dénonçait ainsi les dérives «séparatistes» présentes, selon lui, au sein de la lutte française contre les inégalités raciales et les violences policières envers les Noirs. Un mois plus tard, il rendait hommage à John Lewis, figure du militantisme des droits civiques aux Etats-Unis et ancien compagnon de route de Martin Luther King, mort à 80 ans, comme le remarquaient ironiquement des internautes sur les réseaux sociaux. Le même Martin Luther King qui, depuis la prison de Birmingham, en Alabama, le 16 avril 1963, écrivait dans une lettre : «J’en suis presque arrivé à la regrettable conclusion que le plus grand obstacle que rencontre le Noir dans sa marche vers la liberté n’est pas tant le membre du conseil des citoyens blancs ou celui du Ku Klux Klan, mais le Blanc modéré plus dévoué à l’ordre qu’à la justice ; qui préfère une paix négative qui est l’absence de tension à une paix positive qui est la présence de la justice ; qui dit constamment : "Je suis d’accord avec vous dans le but que vous recherchez, mais je ne peux pas être d’accord avec vos méthodes d’action directe."»
Le célèbre militant non violent afro-américain rappelait ainsi que la lutte pour l’égalité et la justice ne s’est jamais faite en dehors d’une certaine radicalité. «On voudrait une colère, mais polie, bien élevée, qui remette une liste des doléances, en remerciant bien bas que le monde politique veuille bien prendre le temps de la consulter, analysait déjà le philosophe Frédéric Gros à propos de mouvement des gilets jaunes fin 2018 dans Libération. On voudrait une colère détachée de son expression. Il faut admettre l’existence d’un certain registre de violences qui ne procède plus d’un choix, ni d’un calcul, auquel il est impossible même d’appliquer le critère légitime vs illégitime parce qu’il est l’expression pure d’une exaspération.»
«"Indignez-vous !" Maintenant, on leur reproche d’être trop indignés»
Le tone policing, ce serait en fait le «privilège du majoritaire» qui a le luxe de ne jamais se laisser déborder par ses émotions, relève la sociologue Eléonore Lépinard. En réalité, c’est parfois moins le ton du discours que les termes employés qui posent vraiment problème, poursuit la professeure en études de genre à l’université de Lausanne. «Quelqu’un comme Eric Zemmour peut tout à fait dire des choses très violentes de façon policée dans des émissions de télé sans pour autant être accusé d’excès.» Dans ce contexte, le tone policing véhiculerait aussi une certaine «police» du langage, instaurant une ultime barrière à l’entrée dans le débat public. Une facilité rhétorique permettant, par exemple, de mieux rejeter les nouveaux mots de l’antiracisme tels que «racisé», «privilège blanc» ou «racisme d’Etat» et qui ont récemment fait irruption sur le devant de la scène.
Et si ces prises de parole minoritaires venaient en fait troubler le ronronnement majoritaire d’une fausse controverse médiatique à laquelle tout le monde n’a pas accès de façon égale, des plateaux télé aux colonnes de journaux ? Cette population «exaspérée, marginalisée» n’a d’«autre voix, ni pouvoir que l’Internet», estime dans le Monde l’historienne et professeure de littérature à l’université de Californie (Los Angeles) Laure Murat. En développant des postures réellement critiques sur Twitter, en y bousculant la conversation, en y interpellant quitte à susciter un trop-plein de gêne : ce qu’on appelle le call out («l’interpellation»). Quand ceux qui s’inquiètent de l’état du débat intellectuel dans les pages du Harper’s jouissent d’un certain pouvoir académique, culturel ou journalistique.
«Plutôt que de se boucher les oreilles, ne faut-il pas écouter pour comprendre pourquoi le sens moral de ces nouveaux militants est tant à vif, s’interroge Eléonore Lépinard. On disait la jeunesse politiquement apathique il y a quelques années. Stéphane Hessel écrivait Indignez-vous ! et tout le monde trouvait ça formidable. Maintenant, on leur reproche d’être trop indignés, d’en faire trop.» Comme s’attacher à une place publique au nom du climat ou demander la démission d’un ministre sous le coup d’une accusation de viol.
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