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" Le droit qui est un devoir. La liberté sexuelle qui n'inclut pas la liberté de refuser l'acte sexuel, de refuser d'être défini à chaque instant par le sexe. L'acte sexuel devient une religion."

- Dana Densmore, Independance from the sexual revolution

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"La progression de la lutte pour éliminer l'oppression sexuelle entraînera assurément une baisse de l'obsession pour la sexualité. Cette évolution n'implique pas forcément une diminution de l'activité sexuelle. Mais elle signifie que la sexualité n'aura plus la même importance que celle qu'on lui attribue dans une société qui utilise le sexuel dans le seul but de maintenir l'inégalité entre les genres, la domination masculine, le consumérisme, et la frustration et la misère sexuelle qui détournent l'attention de la nécessité de faire la révolution sociale."

bell hooks, De la Marge au Centre : Théorie féministe

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"Les normes sexuelles, telles qu'elles sont socialement construites à l'heure actuelle, ont toujours fait passer l'expression active de la sexualité avant la notion de désir sexuel. On considère comme naturel et normal le fait d'avoir une activité sexuelle, et anormal et contre-nature le fait de ne pas en avoir. De telles idées collent parfaitement aux schémas de genre sexistes. Les hommes sont conditionnés à agir sexuellement et les femmes à ne pas le faire (ou à simplement répondre aux avances sexuelles des hommes). Lorsque les féministes insistent sur le fait que les femmes devraient être sexuellement actives et qu'elles en font une preuve de leur émancipation, cela aide certes à libérer la sexualité féminine des contraintes qui lui sont imposés par les doubles standards répressifs, mais cela ne supprime en rien le stigmate attaché à l'inactivité sexuelle. Tant que ce dernier ne sera pas éliminé les femmes et les hommes ne se sentiront pas libres de prendre part à de l'activité sexuelle quand elles est ils le désirent. Elles est ils continueront à se plier à la contrainte, que ce soit a la pression sexistes qui poussent les jeunes hommes à agir sexuellement pour prouver leur "masculinité" (c'est à dire leur hétérosexualité) ou à la pression sexuelle qui force les jeunes femmes a accepter de telles avance pour prouver leur "féminité" (c'est-à-dire leur bonne volonté à être considérées comme des objets sexuels hétérosexuels). L'élimination du stigmate social attaché à l'inactivité sexuelle représenterait un bouleversement des normes sexuelles."

bell hooks, De la Marge au Centre : Théorie Féministe

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À mesure que je vis, je ne puis me refuser à reconnaître que les idées adoptées par la jeunesse, sur l'exclusive ardeur de l'amour, sur la possession absolue qu'il réclame, sur les droits éternels qu'il revendique, sont fausses ou tout du moins funestes. Toutes les théories devraient être admises et j'accorderais celle de la fidélité conjugale aux âmes d'exception. La majorité a d'autres besoins, d'autres puissances. A ceux-ci la liberté réciproque, la mutuelle tolérance, l'abjuration de tout égoïsme jaloux. A ceux-là de mystiques ardeurs, des feux longtemps couvés dans le silence, une longue et voluptueuse réserve. A d'autres enfin, le calme des anges, la chasteté fraternelle, une éternelle virginité. Toutes les âmes sont-elles semblables? Tous les hommes ont-ils les mêmes facultés? Les uns ne sont-ils pas nés pour l'austérité de la foi religieuse, les autres pour les langueurs de la volupté; d'autres pour les travaux et les luttes de la passion, d'autres enfin pour les rêveries vagues de la poésie? Rien n'est plus arbitraire que le sens du véritable amour. Tous les amours sont vrais, qu'ils soient fougueux ou paisibles, sensuels ou ascétiques, durables ou passagers, qu'ils mènent les hommes au suicide ou au plaisir.

George Sand, Lélia (1833)

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Mon premier article pour le média de vulgarisation scientifique The Conversation: une introduction aux études asexuelles!

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coucou, par rapport à ton militantisme, est ce que tu "mélanges" ton approche de l'asexualité avec d'autres thématiques ? (comme peuvent le faire des féministes lesbiennes par exemple) Est ce que tu penses que ça peut avoir une pertinence de militer en tant qu'ace pour certaines thématiques ?

Je suis militante féministe à la base, donc c'est difficile pour moi de ne pas mélanger les deux. Mais ça me semble très pertinent en effet: en rapprochant l'asexualité politique du lesbianisme politique comme tu dis, ou juste en faisant des thématiques ace des outils pour libérer les femmes (et par extension, les hommes aussi, même si je schématise un peu et sans exclure les autres genres), sur qui les pressions sexuelles sont fortes.

Par exemple, le mois prochain, j'anime une discussion au sein d'un festival féministe sur Grenoble, où je vais mêler questions asexuelles et variations du désirs, pressions sexuelles en tout genre et abstinence féministe et politique...

Je pense que les luttes asexuelles peuvent aussi se rapprocher d'autres luttes comme l'anticapitalisme. Je ne vais pas pouvoir tout expliquer en profondeur ici, mais on peut se pencher sur le fait que les asexuel.le.s, ne ressentant aucun désir, peuvent sortir de certaines formes de capitalisme. Le sexe a une grande place dans la manière dont la société maintient une emprise sur les individus (je renvoie à Michel Foucault pour ces questions...), et en tant qu'asexuel on peut dans une certaine mesure s'émanciper de ça (même si pas toujours, on peut quand même ressentir ces pressions par mimétisme).

Je pense qu'on peut mêler l'asexualité avec beaucoup d'autres luttes, et que les questionnements autour de tout ça sont encore à approfondir!

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Est-ce que tu te considère comme militante ?

Je suis militante à côté de ma thèse. Je suis très investie dans le féminisme et les luttes sociales, ainsi que l'écologie, et bien sûr pour les droits et la visibilité des personnes ace.

Ma thèse s'inscrit dans une volonté de questionnement et de visibilisation de ces sujets, et donc en un certain sens, elle est militante, au sens où je m'attends à ce qu'elle soit utilisée par des militant.e.s. Mais mon travail de chercheuse n'est pas un travail militant: je cherche l'objectivité, je ne cherche pas à arriver à une conclusion qui sera bénéfique à la communauté, je cherche juste à arriver à une conclusion juste et vraie.

Evidemment que mon militantisme influe, mais ce n'est pas le but de produire un travail militant (difficile à concilier avec l'objectivité de la recherche...) même si je suis bien consciente qu'en choisissant ce sujet, je fais aussi un choix politique.

Je ne sais pas si c'est très clair... N'hésitez pas à me poser plus de questions là-dessus, je trouve ça passionnant!

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Parles-tu de ta thèse sur d'autres réseaux sociaux/ peut-on te suivre sur d'autres réseaux ?

Oui, je viens de créer mon compte instagram de doctorante, @loup__b. J'y poste un peu plus d'actualité qu'ici, je vous invite à me suivre si ça vous intéresse!

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sais-tu si d'autres universitaires francophones travaillent sur les représentations asexuelles ? (ou l'asexualité en général)

Il est possible que des travaux m'aient échappés, mais malheureusement je suis très pionnière en France en ce qui concerne les représentations asexuelles. Pour ce qui est de l'asexualité en générale, on commence à trouver des travaux dessus (en sociologie notamment). C'est facilement trouvable sur Hal (le portail de la recherche ouverte) mais en effet en France il n'y a pas encore grand chose. ça viendra sûrement si les gender studies et queer studies continuent de se développer!

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Bonjour ! C'est la même personne qui a posé la question sur les conférences ! Je fais partie d'une association étudiantes lgbtqia+ et du coup je me demandais dans quelle mesure c'est possible de faire une conf' pour une asso O: ?

C'est tout à fait possible! Je suis encouragée à intervenir dans le plus d'endroits possibles autour de mon sujet de thèse. Après il faut garder à l'esprit que mon sujet n'est pas l'asexualité, mais bien la représentation asexuelle dans la littérature (il y a peut-être des gens plus qualifiés que moi pour parler d'asexualité, même si je peux en parler aussi). En tout cas n'hésite pas à m'en dire plus, j'interviendrais avec grand plaisir!

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Bonjour, bon, c'est ce qu'on peut appeler une question anticipé, mais est ce que tu envisages à l’issue de tes recherches de faire des conférences pour en parler ?

C'est déjà le cas! Dans le cadre d'un doctorat, est est amené à intervenir dans des colloques pour témoigner des avancées de ses recherches. Par exemple samedi, je fais une intervention dans un colloque à Paris pour parler des personnages asexuels chez Victor Hugo. J'ai aussi une intervention de prévue sur l'asexualité de manière plus générale dans un festival féministe sur Grenoble en juin. Le but est clairement de faire partager cette recherche au plus grand nombre, alors toutes les conférences sont les bienvenues en ce qui me concerne :)

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Protocole: Comment définir si un personnage peut être étudié comme un cas de figure asexuelle?

Dans le cadre de mon étude, pour délimiter mon corpus, je doit pouvoir étudier plusieurs personnages dont la posture vis-à-vis de la sexualité me semble intéressante, et les soumettre à un protocole afin de déterminer s’ils peuvent êtres considérés comme asexuels ou non.

Comme je suis pionnière dans les études sur l’asexualité, en France en tout cas, j’ai dû inventer ce protocole moi-même. Il pourra potentiellement connaître des modifications à l’avenir, mais il me semble être déjà un bon moyen de classer les personnages et de déterminer lesquels peuvent être étudiés au prisme de l’asexualité. Ce protocole peut être utilisé sur toutes les œuvres de fictions, y compris celles qui sont plus récentes que celles de mon corpus.

Il se présente de la manière suivante:

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Comment avance ton mémoire ?

Je n'écris pas un mémoire mais une thèse :-)

Pour le moment, je suis dans une phase - qui va être assez longue - de recherche bibliographique. En gros, je passe mon temps à lire, et pour le moment je rédige très peu, c'est pour ça que je poste assez rarement ici. Dans un premier temps, j'essaie de me renseigner sur le contexte historique du XIXe siècle du point de vue de la sexualité et des pratiques pouvant mener à une vie sans sexe. ça veut dire des livres d'histoire sur la manière dont les relations intimes étaient vécues en France au XIXe, sur la religion et la chasteté, sur la vision médicale de l'abstinence et des personnes n'ayant pas de relations sexuelles...

D'autre part, j'essaie de constituer un corpus, c'est à dire de rassembler un nombre suffisant de personnages dans les romans du premier XIXe siècle pouvant être considérés comme asexuels. J'en ai déjà trouvé quelques uns, et j'en trouve de plus en plus au fil de mes recherches. J'aurais l'occasion de vous en reparler ici :-)

Cette phase de lecture intensive devrait durer un peu plus d'un an, avant que je commence à envisager la rédaction. Quoi qu'il en soit, je continuerais à poster ici le fruit de mes recherches de manière plus ou moins régulière, j'aimerais notamment vous présenter quelques personnages asexuels prochainement.

En tout cas merci de votre attention!

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2/2 Je serais donc tenté-e de donner plus de sens à l'asexualité pour y intégrer cette dimension de structure politique (la désexualisation étant intimement lié à la déshumanisation des groupes minoritaires + une identité repoussoir permettant de maintenir la culture du viol). Ce genre de problématiques se pose-t-elles dans le cadre de ton travail ? Comme définis tu l'asexualité quand tu ne peux pas toujours avoir accès au ressenti profond et conscient de personnages/personnes ?

Bien sûr, je vais aborder l'aspect politique de l'asexualité. Ce qui est très intéressant pour moi à propos de ce sujet, c'est justement la portée publique, politique que peux avoir le non-besoin sexuel, le non-désir, plus largement la non-sexualité. Qu'est-ce que ça remet en question au niveau social, pourquoi on va représenter certaines catégories de personnages plutôt que d'autres comme des asexuels, comment l'asexualité, ou la posture asexuelle, peut être un vecteur d'échappement à certaines normes sociales? Je ne peux pas réellement répondre à toutes ces questions de manière à peu près exhaustive pour le moment, mais j'espère y arriver et te faire partager mon travail!

En tout cas merci pour tes questions très intéressantes, j'espère y avoir répondu dans une moindre mesure :)

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1,5/2 La définition que donne L'AVEN de l'aseuxalité la cantonne à un ressenti (coupé de toute pratiques). J'ai l'impression que cela créer un objet théorique abstrait difficile à étudier car recouvrant des parcours très divers. A l'inverse, beaucoup de situations vont être perçues et traiter de la même façon que l'asexualité (le vaginisme, le handicap, le refus des femmes en générale)

L'une des choses que je vais vite devoir faire avant d'avancer davantage dans mon travail, c'est définir précisément à partir de quel moment on peut considérer qu'une représentation concerne l'asexualité. En effet, comment la différencier des exemples que tu cites, mais aussi de l'amour platonique, de l'abstinence, de la chasteté, religieuse ou non...? Je publierais ici le résultat de ces questionnements, si cela t'intéresse. En tout cas, la définition de l'asexualité sur laquelle je me base concerne l'absence innée et non imposée de désir sexuel pour autrui. à voir comment l'on peut enquêter pour savoir si tel ou tel personnage entre dans cette définition!

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Coucou ! Dans un premier temps je voulais vraiment te remercier pour le contenu que tu proposes et te dire à quel point je suis enthousiaste de voir ENFIN quelqu'un proposer un travail universitaire de désinvisibilisassion des récits et personnages asexuels passés. J'aurais deux petite questions par rapport à la méthodologie que tu emplois: de quel fond d'archives te sers tu ? Existe-il des fonds d'archives asexuels ? Est ce une problématique présentes dans des fonds féministe/queer ? 1/2

Merci beaucoup!

Même si sur ce blog, j'aborde et continuerais d'aborder l'asexualité dans l'histoire de manière générale au fil de mes recherches, ma thèse en elle-même se concentre uniquement sur le XIXe siècle, et c'est une thèse de littérature, pas d'histoire. Je vais donc principalement m'intéresser à la représentation asexuelle, moins qu'à sa réalité historique. Je vais néanmoins, dans un premier temps, m'intéresser à l'histoire, afin de situer pleinement un contexte avant de m'intéresser aux représentations littéraires. Il n'existe pas de fond d'archives asexuelles, du moins pas à ma connaissance, et certainement pas en France où le sujet est encore très peu abordé! Les études asexuelles entrent dans la catégorie des gender, feminist et queer studies, et sont présentes dans certains champs d'études américaines - je pense notamment à la chercheuse Ela Przybylo, dont beaucoup d'articles sont disponibles en ligne, mais malheureusement pas traduits. Pour ce qui est de ma base historique, je vais me baser sur des travaux très divers sur l'histoire des moeurs, de la perception des corps et de la sexualité, tels que L'histoire du corps et L'histoire des émotions d'Alain Corbin, ou L'histoire de la sexualité de Michel Foucault - entre beaucoup d'autres.

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Autour de l’asexualité : partage de ressources #1

Série documentaire en libre accès sur France Culture: “Vivre sans sexualité” , 2021.

Cette série documentaire de quatre épisodes d’environs une heure, mené par Ovidie et Tancrède Ramonet, se demande si la sexualité est réellement aussi importante que ce que l’on a tendance à croire.

Des incels aux punks straight edge, des vœux de célibat dans la religion catholique au détachement du sexe comme une libération féministe, des théories abstinentes de Pythagore à celles des socialistes de la fin du XIXe siècle, de bien d’autres choses encore... à l’asexualité, bien sûr.

“L’asexualité est une orientation qui redéfinit totalement notre vision des relations interpersonnelles. Elle renverse la hiérarchie des relations qui place en position privilégiée le couple romantique et sexuel. En cela l’asexualité est une orientation éminemment politique et même révolutionnaire.” 

-Manifeste de l��AVA (Association pour la Visibilité des Asexuels).

Alors non, ce n’est pas une série documentaire sur l’asexualité. Mais toutes les autres formes de non-sexualité au sein de notre société, selon moi, sont intéressantes d’un point de vue ace. Parce qu’elles montrent, comme le dit l’AVA, à quel point l’asexualité est bien plus que ce que l’on croit, à quel point elle est révolutionnaire et remet en question tout notre modèle de représentation des relations, à quel point en se retirant des scénarios sexuels “obligés”, on se retire aussi du patriarcat, du libéralisme, de tant d’injonctions qui, au fond, pourrissent aussi la vie des non-ace.

Parce qu’elles montrent aussi que l’asexualité ne concerne pas seulement les asexuel.le.s, mais qu’elle peut aussi être une voie de réflexion et même de libération pour tout le monde.