Tumgik
Text
Astrid
Satyriasique – Application – Regret – Deep Fake – Demisexuel
  “Aux délices premiers et ardents de la rencontre, s'ajoutent progressivement ceux des jours banals. Posée contre le chambranle de la porte, Naomie admire ainsi une Mia nue, endormie sur le lit, à moitié recouverte d'un drap par cette chaleur d'été. Dans son short court et un débardeur trop grand, la photographe écume les souvenirs de ces derniers mois passés avec cette créature fascinante pour y revivre leur voyage imprévu. Et le constat est sans appel : c'est une première. Le programme satyriasique Eros hérité du bordel de Shiginami a été d'aucune utilité, tout comme celui Femme docile ou encore celui BDSM car avec Mia, leurs corps n'ont besoin d'aucun artifice pour s'interconnecter, pour se lier dans la puissance jouissif de leur énergie commune. L'interface biochimique qu'elles composent a éclaté les schémas préconçus et longuement pratiqués par les anciens amants que Naomi a connus. Pas d'algorithme, pas de faux semblant, de mouvement calculé au millimètre près. Rien que l'instinct primaire que Naomie cherche encore à comprendre.
  Ne voulant pas réveiller sa compagne, Naomi referme la porte pour se diriger vers leur petit balcon et y récupérer un peu d'air frais porté par le vent des montagnes. Un répit dans cette fournaise exceptionnelle car si Juillet a été torride, Août est infernal. Appuyée à la rambarde, elle déguste à gorgée avide un jus de coco sortit tout droit du réfrigérateur, tout en jetant un regard au loin sur la colline forestière d'Ajin. Ilot vert émeraude isolé au milieu de cet océan gris béton.
D'un mouvement de l'œil, elle lance l'application des informations terrestres et s'assoit, histoire de voir tranquillement comment tourne ce monde toujours plus étrange. Elle y parcourt les nouvelles de la veille, les scandales politiques, les récapitulatifs économiques de colonies et aussi les évènements tristes de la rébellion d'Enox. Mais c'est au milieu de ce fourre-tout qu'elle découvre le visage de Mia, associé à un avis de recherche de type violet. D'une étincelle incontrôlée dans son système tellement perfectionné, elle fait tomber son verre glacé qui chute en secondes ralenties au point d'atteindre une immobilité quasi infinie. Comment cela puisse arriver?
  Naomie, en pleine tourmente, avale son ultime moment de calme et tente de se concentrer sur les raisons de cette enquête. Avec la peur d'accélérer la fin de ce paradis qu'elles avaient fini par construire ensemble, elle se plonge avec regret dans la Toile pour y trouver des réponses avec angoisse. La navigation est compliquée et malgré ses compétences de hackeuse, elle ne parvient pas à atteindre ce qu'elle cherche hormis la base standard que les réseaux sociaux et que l'administration planétaire à collecter sur Mia. Tout le reste est classifiée par le Ministère de la Sécurité Interplanétaire. Un code au-delà de ces compétences, ou en tout cas, impossible à décrypter depuis chez elles.
  Sans attendre, Naomie reprend son sang-froid et adopte une autre stratégie. Elles doivent gagner du temps et pour cela, elle a besoin d'effacer les traces que Mia aurait pu laisser récemment. Avec la facilité froide et réfléchie d'un requin nageant en pleine mer en quête de nourriture, Noémie traque, retrouve et détruit toutes les transactions que sa compagne a émise dans les quinze derniers jours, désactive leurs géolocalisations communes, puis regroupe les vidéos capturées par les caméras de surveillance de la ville et des différents commerces dans laquelle Mia est rentrée. Par un deepfake subtil, elle arrive à remplacer toutes ces traces par le visage le plus anodin qu'on puisse rencontrer. Rien d'incrackable mais assez fin dans sa ligne de code pour faire perdre plusieurs jours à n'importe quel agent gouvernemental. Enfin, elle contrôle les posts laissés sur les réseaux sociaux, les supprime, et coupe toute interconnexion entre le corps de Mia et le monde numérique.
  Tout ceci a pris deux cent trente-deux secondes et c'est beaucoup trop long. Cependant, elle espère que ça leur donnera le temps suffisant pour comprendre un peu mieux ce qui se passe.
  Avant de chambouler leur avenir, Naomie contacte Hijiko, son ami amant demisexuel, ovni dans son ciel de rencontre humaine et qui lui avait fait découvrir les joies de la photographie, afin de lui donner rendez-vous dans une heure via message codé. Elle sait qu'il a une retraite perdue dans l'arrière pays, un lieu reculé, un des derniers non connecté. Iels y avaient passé quelques jours il y a cinq ans, pour y saisir les beautés fragiles de la nature que l'humanité s'applique à détruire inexorablement. Naomie ne lui laisse pas le temps de répondre car elle sait qu'il sera là, comme il a toujours été avant.
  Enfin, elle peut sortir de sa torpeur numérique et d'un clignement mental, elle coupe le réseau local et de la domotique de l'appartement. Alors qu'elle s'apprête à se lever pour aller réveiller Mia, elle pose malencontreusement le pied sur un morceau de verre cassé. L'influx nerveux est immédiat mais les connecteurs de douleur se bloquent par réflexe. Voici le premier obstacle que le réel me met sur la route, se dit elle.
  Bien que le fragment soit enfoncé d'un bon centimètre, l'urgence de se soigner est nulle comparée à l'afflux de question et d'inquiétude qui s'étirent sur leur avenir. Elle se baisse alors pour le retirer sans ciller et regarde impassible une goutte rouge grenat s'échapper lentement de la plaie pour chuter au sol, accompagnée d'une deuxième puis d'une troisième. Naomie jette au loin l'éclat rougi sans y prêter plus attention et marche déterminée vers leur chambre à coucher. Personne ne doit trouver sa femme, personne ne doit lui faire le moindre le mal.’’
0 notes
Text
Marjorie
Mélancolie - Croûte - Estampe - Pouvoir - Regard    ''Depuis ce matin,  Odval sentait une mélancolie grandissante l'accompagner à force d'approcher de son but. Alors qu’elle était plongée dans l'unique désir d'arriver à destination, le sentiment pernicieux grandissait suite à un flot inattendu de souvenirs douloureux que lui rappelait la région. Néanmoins, Odval les accueillait sereinement, alimentant ainsi un peu plus sa détermination. Malgré tout, elle n’aurait pas été contre un peu de compagnie dans ce voyage solitaire, ou du moins quelques nouveautés afin de la distraire de ses sombres pensées.
   En effet, voilà un mois qu'elle parcourait sans sa meute les plateaux enneigés du Khanjargalant, avec un petit traîneau attaché au bassin qui contenait tout son paquetage. Elle avait dû laisser derrière elle ses chiens à une connaissance, une fois les premières percées du printemps visibles et la vallée de Mandal atteinte. Si bien qu'à présent, elle marchait sans repos et avec pour seuls compagnons, une rêverie nostalgique et une plaine marécageuse à perte de vue.
   Autour d'elle, la neige avait déjà bien fondu et la terre se réveillait lentement. La croûte terrestre dégelant avait créé à certains endroits des zones boueuses et difficilement praticables qu'Odval peinait à traverser et qu'elle préférait contourner. Ce qui rallongeait sensiblement son périple et entamait ses rations déjà maigres. Pourtant, herbes, mousses et fleurs faisaient aussi des percées vigoureuses, et la faune sortait de sa torpeur hivernal amenant une certaine note de vivant dans se paysage morne. Odval y trouvait du réconfort et un peu d'énergie.
   La journée se déroula sans encombre et commençait à toucher à sa fin. Le ciel bleu changeait progressivement dans un dégradé orange rappelant à Odval une estampe japonaise que son père avait hérité d'un ancêtre nomade qui avait apparemment traversé les mers de l'Est. Ainsi, Odval décida de trouver un espace à l'abri du vent et des possibles regards pour installer son campement. Elle repéra l'endroit idéal près d'un cours d'eau, en flanc de ravine, coincé entre deux énormes rochers et des broussailles. Très rapidement, l'installation fut faite et Odval put s'attaquer aux branches qu'elle avait rassemblées pendant la journée. Peu de gens arriveraient à allumer un feu sans combustible au milieu de cette humidité ambiantes mais la Louve en avait le pouvoir. Celui qui traversait ses gènes, sa famille, son histoire: ranimer la flamme même la plus timide. Ce qui par ailleurs, ne cessa d'attiser la curiosité de l'intruse qui la suivait depuis un moment.
   Odval l'avait repérée depuis le début de l'après-midi quand des bruits de pierre tombant le long de l'arpent rocheux qui clôturait une partie de la vallée, lui parvinrent portés par le vent. Faisant mine de l'ignorer, la Louve avait passé la fin de la journée à attendre patiemment. Il fallut que la nuit soit tombée et le dîner cuisit sur le feu pour que l'inconnue se manifesta.
   C'était une panthère des neige qui croyant être cachée par son pelage et la nuit, osa se laisser apercevoir à travers les hautes herbes. Elle gardait toujours une distance raisonnable mais semblait beaucoup trop attirée par l'odeur de nourriture qui mijotait pour être totalement raisonnable. Comme Odval, l'animal se trouvait bien loin de sa région d'origine ce qui ne manqua pas faire sourire la femme qui y vit un trait d'humour de la part de la nature. Pendant tout son repas, Odval ne posa pas un seul regard sur l'animal. Ce n'est qu'une fois fini, qu'elle lui adressa la parole tout en nettoyant sa casserole et sa vaisselle:
   - Bonsoir, toi. Merci de m'avoir tenu compagnie aujourd'hui, cela m'a fait bien.
   L'animal assis dans l'ombre fut surpris par ses nouveaux sons sortit si soudainement et réagit par un petit mouvement de tête vers l'avant, les oreilles bougeant par soubresaut.
   - Je ne te vois pas très bien mais il semble que tu as l'air bien amaigrie. J'imagine que tu n'as pas mangé depuis un moment, me trompe-je?, dit Odval alors en se tournant alors vers elle.
   Se sentant découverte, la panthère des neiges se redressa et fit mine de détourner la tête et d'observer ce qui se passait aux alentours.
   - Ne t'inquiète pas, je sais ce que c'est d'être seule et de devoir se battre pour sa propre survie. J'ai eu mon lot de difficultés et comme tu peux le voir, je n'ai pas terminé. Donc je te comprends très bien. La vie ne nous fait pas de cadeau, hein? continua Odval qui s'éloigna pour se diriger vers son traîneau où elle commença à fouiller dans une des caisses qui y trônaient. Toi et moi, nous nous trouvons dans cette contrée qui n'est pas la nôtre. Tu as tes raisons, j'ai les miennes et on se retrouve au beau milieu de nulle part à tenter de traverser une fois de plus, des épreuves mises sur notre chemin. Sans vraiment savoir ce qui nous attend au bout. 
   Toujours intriguée par la femme, l'animal la suivit du regard, et avança même de deux pas souples, pénétrant un peu plus le cercle de lumineux ondulant du feu de camp.
   - Ne le prends pas mal mais je connais les animaux sauvages et la faim leur fait faire des choses très stupides et dangereuses. La preuve, tu t'es rapprochée de moi. Donc, j'aimerai passer un pacte avec toi si tu le veux bien.
   Elle sortit un emballage de la caisse qu’elle referma une fois tout remis en ordre à l’intérieur. En revenant vers l'animal, celui-ci prit peur et recula précipitamment afin de s'enfuir au loin. Déçue, Odval resta immobile avant de s'approcher à la lisière de l'obscurité. Elle se mit à genou, les yeux rivés vers la noirceur, écoutant l'eau coulée au loin et se demandant si la panthère avait vraiment disparu. Elle attendit ainsi plusieurs minutes sans le moindre signe de l'animal. Alors elle ouvrit le tissu qu'elle tenait dans la main et qui protégeait une pièce de viande séchée. Elle avança quelques mètres de plus.
   - Je te laisse là une belle pièce de bharal fumé pour te donner quelques forces supplémentaires., dit-elle au vide comme si l'animal était toujours là. N'hésite pas à la prendre. Cependant, ne t'aventure pas plus loin et garde-toi de tout audace car je n'hésiterai pas à me protéger, moi et ce qui m'accompagne.
   Aucun bruit, ni mouvement perceptible. Odval posa la viande sur le sol.
   - Bonne nuit à toi, princesse. Je m'en vais me reposer., chuchota-elle avant de retourner vers son campement, le tissu vide pendant dans la main de son contenu.''
0 notes
Text
Antho
Véliciraptor - Redingote - Funambule - Bracelet - Syphilis
   ''13h22: Au sein de l'horreur, j'avance la peur au ventre. Doucement, j'approche de l'épicentre pour y découvrir toute sa fureur. Tout se mélange, dans une unicité qui dérange. Des corps inertes s'imbriquent à des mouvements alertes dans un étrange spectacle sans public. Pas de caméra ici où la mort officie.
   Non loin de moi, deux collègues sous pression hurlent et tentent de libérer ce qui me semble être Hector. Plein d'effroi, ils ont cette même expression que les gamins de Jurassic Park face aux vélociraptors. Le regard glacé, les yeux grands ouverts, la mâchoire crispée et pour se protéger de la réalité, rien que de l'air. De l'air à brasser, à fuir, à se cacher et à essayer de ne pas mourir. Pourtant, je me surprends moi-même à aider Ophélie pour sortir une femme des décombres. Une ligne de code d'entre-aide imprimée dans notre système, pour mettre de la lumière là où règne l'ombre. On décide de la déplacer pour la soigner. Une fois à l'abri, ma compassion m'abandonne comme je les abandonne, et je poursuis sans plus aider.
   13H35: Anita ne devrait pas être loin, sûrement à l'abri dans un coin. Je suis mon instinct, pense à la logique de son chemin. Je me rappelle avoir vu dans son planning qu'à 13h15, elle avait un meeting. Mes pas m'amènent alors jusqu'à la salle de réunion mais je ne fais pas trop d'illusion. En effet, dans la pièce, il n'y a personne. Néanmoins, je trouve sa redingote posée sur une chaise, avec son téléphone qui sonne. Comme tous les autres qu'on entend un peu partout. Le silence du choc n'existe plus, comme leurs propriétaires mis à genou.
   Au bout du couloir, la lumière verte d'une sortie de secours m'appelle. J'ai l'espoir  qu'Anita soit passée par elle. Pourtant, j'hésite. Dans mon sang, le doute qu'elle soit restée m'irrite. Et ce n'est sans compter sur cette impression de lâcheté. Devrai-je aider, continuer à la chercher? Ma conscience est un funambule au-dessus d'un vide remplis de scrupules. Je croise les doigts, l'imaginant plus futée que moi. Je me dirige vers la porte, avant qu'une autre explosion m'emporte.
  13H48: Je suis dehors, encore pris par les remords. Pas de le temps de comprendre ce qui se passe qu'un pompier vient à moi, m'éloigne sous les cris que des militaires aboient. Je jette un coup d'œil sur les façades des immeubles détruits, déchirés, brûlés par ce que l'homme de pire produit. On me place sous la tutelle d'un infirmier qui me colle un bracelet au bras. J'y vois écrit dessus cent trois. Ironie où moi-aussi, je deviens un numéro, un anonyme qui n'est pas un héros. Un zéro.
   14H05: On me laisse quitter le centre de tri alors que derrière moi le drame n'a pas fini. Les flammes montent toujours autant, tout comme ma culpabilité de survivant. En créant une perfidie lésion au sein de ma conscience, je sais qu'elle va agir comme la syphilis. Incuber avec patience quelques temps et me poursuivre pendant un moment comme un maléfice. Un sort fait par nos morts, que l'oubli déshonore. Un mal à prendre à la place de ceux qui malheureusement trépassent.
    Vivre ou mourir. Vivre et survivre.''
0 notes
Text
Louise
Insomnie - Insolite - Sonnerie - Intruse - Guimauve
   ''Les nuit se ressemblent depuis que je suis arrivé ici. Les journées aussi avec toujours ces même néons qui grésillent au plafond, coupés périodiquement par le visage d'inconnus. Sans compter les même repas nutritifs sans saveur, portés à ma bouche par des infirmières indifférentes ; ou alors les toilettes où mon intimité est remise au placard ; et les moments de repos alternés par les insomnies et cauchemars récurrents que je fais. Par conséquent, on me drogue pour m'aider à dormir, pour m'aider à ne pas crier, ou alors pour me réveiller et m'interroger à nouveau. Si bien que ma conscience se dilue en tâches d'aquarelle sur le papier qu'est mon quotidien. Flouté et diffus, je le traverse sans le vivre, prisonnier dans cet état d'entre-deux.
   Mes souvenirs ont été abandonnés sur le bord de la route, perdus en chemin et n'ayant aucune clarté pour les attirer à moi. Seul persiste celui d'une douleur explosive, totale, moléculaire qui m'a emporté au seuil de la folie, et qui m'empêche de me rattacher à cette réalité insolite qui m'entoure. Celle qui devrait censée être utile pour que je puise les ressources qui m'amèneraient enfin vers mon passé mais qui n'en est pas. Je n'ai droit qu'à des questions auxquelles je n'ai aucune réponse à donner.
   Néanmoins, je me rappelle de mon arrivée, de l'obscurité, et de ce son répétitif... Une sonnerie d'alarme vociférante accompagnée d'une lumière rouge qui m'accompagnèrent pendant tout le moment où l'on me transporta dans une chambre. Sans oublier ce froid tenace agrippé à ma chair, incrusté dans mes os comme imprimé dans mon être. Malgré tout, je ne constate aucune trace de blessure sur mon corps et je ne comprends pas vraiment ce qui a bien pu m'arriver. Pourtant, mon statut actuel de patient alité avec toute la machinerie qui m'entoure - intruse patiente dans cette sortie du brouillard -  me suggère que j'ai vécu un accident ou quelque chose de la sorte.
   - Il est 16h, Major Rettler, l'heure du goûter. , lance l'infirmière qui rentre dans ma chambre, un plateau dans les mains. Soyez content, le docteur Hara vous a autorisé le retour à une alimentation standard. Voici donc de quoi vous faire plaisir.
   Elle dépose son plateau métallique sur la table en suspension, comme un chirurgien préparant son opération, et me regarde avec un sourire complaisant, en attente d'un remerciement très certainement.
   - Merci., dis-je sans vraiment la regarder, ni même ce qu'ils veulent dire par une alimentation standard.
   Devant mon peu d'enthousiasme, l'infirmière se dirige vers la fenêtre pour l'ouvrir, puis se retire et quitte mon champ de vision. J'attends d'entendre la porte se refermer pour quitter mon insurrection enfantine, et m'installer plus confortablement pour découvrir ce qu'elle m'a apporté: un chocolat chaud servi dans un bol de porcelaine blanche avec à côté quelques guimauves à rajouter, une salade de fruit, quelques biscuits sûrement au beurre et...
   J'ai déjà vu cette scène... Le chocolat chaud et avec la guimauve qu'elle touille... Mon regard hypnotisé par ces icebergs sucrés et immaculés qui flottent sur ce liquide brun. L'air de la mer qui y rajoute ses notes de sel. Les cheveux de Mia qui s'agitent, ma main qui retient son chapeau qui manque de s'envoler. Son rire simple, doux.
   - INFIRMIÈRE! INFIRMIÈÈÈRE!
   La porte s'ouvre avec le regard éteint de l'appelée qui attend une nouvelle plainte.
   - Appelez le Général Khadjan. Appelez-le immédiatement! Je me rappelle de tout. De tout. Et surtout, je me rappelle pourquoi je suis de retour.
   - Pourquoi?
   - Parce que je dois revoir Mia.''
0 notes
Text
Nolween
Hypocondriaque - Sanskrit - Peuple - Lumière - Pâté
   ''Brûle mon feu, brûle dans ton âtre encore un peu pour moi car je vais devoir te quitter. Les pierres ont parlé et je vois que la Louve a donc décidé de ne plus fuir, de reprendre la route du passé. Elle a cessé d'hiberner pour partir en chasse. Je m'en félicite même si cela signifie que je dois aussi m'y atteler, quitter mon sanctuaire rassurant et mettre à mal ce que mère appelait, mes tendances hypocondriaques.
   Comme dit un vieil adage sanskrit: « Nul ne s'est jamais perdu sur une ligne droite ». Alors, avançons sur cette ligne du Destin qui doit m'amener là où je suis censé m'arrêter. Je n'aurai pas peur de la Nuit aveugle qui s'y cache. Ni des terres à traverser, ni des peuples à éviter. Parce que bien entendu, je serai obligé de me rapprocher de leurs montagnes de béton et de métal, avec leurs bruits ravageurs, leur vent effiloché, leur eau avilie et leur air mort. Il me faudra garder l'esprit pur, le corps non-contaminé, éviter les chasseurs de trésors, les porteurs de cycle brisé, les appâts luxurieux... Le Souslki oracle que je suis, n'en est pas moins un homme, faible et toujours attaché malgré lui au monde dans lequel il vit. Cependant, je saurai me montrer digne de ma tâche.
   Par conséquent ce soir, je devrai puiser dans la lumière des étoiles, une étreinte protectrice que je pourrai incruster en moi, en une écriture éclatante. Une source qui me liera chair et âme au sol de la terre qui s'étendra devant moi afin de m'éclairer dans le brouillard de cette civilisation qui ose se nommer moderne alors qu'elle est devenue absolument sourde aux murmures des Dieux.
   Cela m'effraie au plus haut au point car voilà deux décennies que je vis reclus à lire épisodiquement les fragments de vie pour quelques humains toujours éveillés. Je suis terrifié de ne pas y arriver, d'être réduit en pâté par la réalité qui règne au-delà de mon regard. Cette même réalité qui a pris tant à la Louve et qu'elle a choisi d'affronter à nouveau.
  Ainsi, je te demande mon feu, de brûler toujours et encore plus fort. Pour elle. Pour moi.''
0 notes
Text
Patricia V
Usurpateur - Abruti - Éventré - Samsara - Similitude
   ''Cet ''arbre'' est impressionnant.
   Voilà deux semaines où je viens le voir quotidiennement et que je ne cesse de me répéter cette phrase. Comme un hommage, un droit de passage.
   Les débuts étaient difficiles. Il a fallu que je m'acclimate progressivement à son environnement car la charge énergétique qu'il contient est incomparable à ce que j'ai pu connaître auparavant. De plus, les éléments qui l'animent surpassent totalement ma connaissance. Ainsi, j'ai commencé à l'étudier, analyser ses phases, le surveiller en observatrice admirative. J'ai pu donc constater qu'il ne réagissait à aucune forme de vie qui passait aux alentours. Rongeurs, oiseaux, insectes... il restait inerte. Cependant, j'ai aussi appris à mes dépens qu'il n'acceptait aucune usurpatrice impétueuse.
   Au quatrième jour, j'ai eu l'audace de vouloir récupérer un fragment de l'écorce qui le siée pour en comprendre sa composition, et sa réaction fut instantanée. Après un grondement claquant qui déchira le silence de la forêt, je fus projetée sur plusieurs mètres. Miraculeusement, je fus réceptionnée par un lit de fougères grasses dans lequel je suis restée néanmoins inconsciente pendant plusieurs minutes. Encore abrutie par le choc, le regard flou, je le découvris alors sous une nouvelle forme.
   Habituellement pointé vers le sud tel une main tendue, il était à présent complètement contorsionné sur lui-même comme un linge qu'on essorerait. La terre autour de lui semblait asséchée sur trois rayons concentriques, vidée de toute vie, sans fleur ni herbe. Éventrée par une cicatrice profonde qui se dirigeait vers moi. De la poussière dorée s'en élevait en un brouillard fin et se répandait lentement sur ce sol noirci, flottant à plusieurs centimètres de sa surface.
   Depuis lors, je garde encore en mémoire - en plus de mes multiples contusions -, la vision de ses runes flamboyantes et brûlantes qui vibraient à cet instant où mes doigts allaient les effleurer. Un avertissement que j'ai négligé en m'en approchant trop prêt et que je n'aurai pas dû ignorer. Je suis une étrangère ici et je ne dois pas l’oublier.   
   Pourtant mon instinct me pousse à penser que d'une façon ou une autre, l'arbre joue un rôle de nexus puissant à deux facettes. Pour une raison que j'ignore encore, il est portail et prison, enchaîné à une énergie vitale qui l'anime et dont il ne peut échapper, comme je suis enchaînée aux aléas du Samsara. En attente d'un nouveau cycle vital, un nouveau souffle.
   Ce matin, je pars donc de chez moi, carnet et crayons en main, mon appareil photo dans son sac, pour annoter les résultats de ma dernière expérience. La veille, j'ai planté mes deux bonsaïs mourants à des niveaux différents car leurs similitudes me permettraient sûrement de comprendre à quel point les cercles faisaient office de barrière. J'avance alors d’un pas sans peine, pressée de découvrir si mon idée s'avère être exacte.
   Rapidement, je perçois quelque chose d'étranger à la forêt. La lumière m'y semble altérée, d'un autre ciel. Dans les derniers mètres qui m'amène à l'arbre, je sens dans l'air un parfum inhabituel. Une odeur fruitée de printemps mêlée à celle... d'une ville, chargée d'un fin liant de pollution. En pleine montagne, à cette altitude, cela ne se peut. J'allonge le pas et trouve mon arbre cette fois-ci immense et majestueux, fleuri, accueillant, lumineux, vivant, métamorphosé.
    Ma surprise n'en est que plus grande quand je me rends compte qu'à ses pieds, une première personne est allongée immobile sur un parterre de primevères. Ses habits sont pour le moins étranges en ses terres et je me permets de l'appeler. Aucune réponse venant de sa part, je décide de m'approcher davantage. Je découvre alors une enfant tout aussi vêtue bizarrement, endormie et blottie dans les bras de cette personne que j'imagine donc être sa mère.''
0 notes
Note
Loukoum inénarrable lumière guilledou cerise. Mets-y tout ton coeur :)
Un grand merci pour les 5 mots.Par contre, à qui écris-je? J’ai besoin d’un prénom. :) 
0 notes
Text
PETITE PAUSE HIVERNALE EN ATTENDANT D'AVOIR DU TEMPS ET DE NOUVEAU 5 MOTS POUR RELANCER LA MACHINE-À-ÉCRIRE
N’oubliez pas de donner votre prénom svp ;)
0 notes
Text
Benjamin IV
Kératine - Portugaise - Carambar - Pyrograveur - Varlope
  ''Fasciné et un peu perdu devant l'étalage de produits qu'il avait devant lui, Mathias ne savait quoi choisir et avait peur de mal faire. Certes, le shampoing à l'avocat, l'après-shampoing à l'amande, le masque avec rajout de kératine, et l'huile capillaire d’argan devaient avoir une utilité et une certaine importance. D'ailleurs, il comprenait et appréciait grandement le soin que Maria portait à ses cheveux. Cependant, sa propre capillarité chutant depuis quelques années, Mathias avait fini par opter pour un simple savon pour corps et cheveux. Ce qu'il fit encore aujourd'hui.
   Il avait laissé Maria qui dansait déjà dans la cuisine, heureuse par cette nouvelle journée débutant. Elle avait décidé de préparer quelques pastéis pour le petit-déjeuner, spécialité portugaise que Mathias n'avait jamais goûtée et qu'elle adorait. C’était une tradition qu'elle tenait à faire une fois par mois le dimanche matin, et ce depuis ses études à Lisbonne. Mathias ne se plaignit aucunement de l’initiative et tardait de pouvoir savourer ces tartelettes dont le fumet lui parvenait jusque dans la salle-de-bain. Celle des œufs et surtout du caramel qui lui rappelait les carambars qu'il oubliait et qui se ramollissaient dans ses poches quand il était enfant et dont l'odeur ne le quittait pas de la journée.
   Finalement prêt pour attaquer cette journée, Mathias s'occupa du café et fit une salade de fruits, ne voulant pas laisser à Maria le devoir de tout faire. Il dressa alors la table sur le petit balcon qui donnait sur une ruelle déjà bien animée. Puis, une cigarette au bout des lèvres, appuyé contre la rambarde, il regarda la vie qui se déroulait sous lui, attendant que Maria se douche et que les pastéis cuisent.
   Elle le rejoignit rapidement, lui faisant une moue quand elle aperçut les deux mégots écrasé au fond du bol en acacia qu'ils avaient trouvé dans un marché aux puces la veille et qui servait à présent de cendrier. Mathias avait été interpellé quand il vit cet objet car ni lui ni elle – ni le vendeur d'ailleurs - n'avaient pu lui donner de date. Néanmoins, les motifs dessinés dessus ressemblaient à ceux de la carapace dorée du lac. L'artisan qui avait travaillé dessus avait vraisemblablement utilisé un pyrograveur pour avoir ce rendu, mais cela voulait dire que le bol était beaucoup, beaucoup plus jeune que ce qu'il semblait être. Ils avaient pu l'avoir pour un prix dérisoire. Maria avait aussi pris quelques assiettes pour compléter sa collection, et une vieille varlope pour son oncle qui construisait des bateaux aux bords de la rivière Tipitapa. Ce qui avait finalement débouché sur une idée de voyage le long du cours d'eau afin d'atteindre la réserve naturelle Laguna de Tisma. Premier moment où le voyage de Mathias prendrait un tournant inattendu dans son planning si bien préparé et qui’l était heureux de faire en compagnie de Maria.
   Mais avant cela, il allait falloir d'abord finir la trentaine de pastéis que Maria posa sur la table.''
0 notes
Text
Lucille III
Cycle - Épée - Gentleman - Viol - Voile    ''Six mois se sont écoulés depuis ce soir-là. Six mois passés où sans prévenir, l'indomptable Mia a été prise, avant d'être éprise. Captivée et non pas captive, étonnamment sereine et comblée par cette situation inattendue. Tout ça grâce à cette femme, Naomi, qui a su la porter hors de son cycle habituel de chasse-consommation. Aujourd'hui, Mia parcourt de nouveau ce terrain calme de la complicité, de la confiance et de la vulnérabilité réciproques, après l'avoir perdu de vue depuis tant d'années.
   Bien qu'elle aie déjà eu des rapports avec d'autres femmes, aucun de ces échanges se sont transformés en relation. Et pourtant... Mia, allongée dans ce lit qui ne lui est plus étranger, tenant contre elle cette merveille à la peau porcelaine parfaitement lisse, lui soufflant quelques baisers contre le dos, se dit que ce n'était pas un coup d'épée dans l'eau.
   Loin de toute présence masculine, des stéréotype qu'elle a pu vivre par le passé, Mia savoure de ne pas être face à un égoïste peu attentif, à un gentleman maladroit ou encore à un dominateur trop brusque. Leurs corps, miroirs sensuels, se comprennent, se retrouvent, se consomment d'un appétit commun, nourris d'une passion douce et sauvage dans une entente qui n’a pas besoin de mot.
   Mia et Naomi se vivent naturelles, libérées du doute et de l’incompréhension. Vibrantes sur la même longueur d’onde. Ce qui a surpris fortement Mia au départ, car derrière l'étrange froideur de Naomi, la Japonaise cache un appétit vorace sans gêne et sans pudeur, mêlant improbablement une candeur gracieuse et un savoir incroyable.
   Néanmoins, Mia ne sait que peu de chose de sa partenaire pour le moment, hormis qu'elle est photographe et qu'elle est native de Kyoto. Pour le reste, Naomi est plutôt vague mais ne mâche pas ses mots sur la gente masculine. Mia a décelé une douleur profonde, cachée sous ce flot de haine intarissable mais qu'elle n'ose pas approfondir. Notamment depuis la fois où elle est rentrée de soirée et qu'elle venait juste d'éviter à une femme, une énième tentative de viol sur le chemin de retour. Un sauvetage de plus qui a rendu Naomi furieuse, réagissant avec violence incontrôlable à son histoire, claquant la porte et passant la nuit dehors. Depuis lors, le sujet est ignoré et Mia se garde de parler de ses aventures masculines qu'elle a collectionnées.
   Patiente, elle sait que le voile va finir par se lever petit-à-petit, car malgré l'intimité qu'elles partagent, il faut du temps pour laisser à l'autre la possibilité de voir ses propres cicatrices, et pour accepter de les regarder soi-même. Du temps, elles en ont et aucune ne semble vouloir partir. Donc pour le moment, Mia garde les yeux fermés. Peau contre peau, elle cale son souffle sur celui de Naomi, plonge son nez dans son cou. Mains enlacées, doigts cousus, elles se réveillent paisiblement.''
0 notes
Text
Vincent
Girafe - Nuage - Kaki - Frelon - Moteur
   “Il n’y a pas de surprise pour une girafe parce elle voit de loin, les yeux et les oreilles qui portent et se perdent en jumelles-radar, détecteurs des moindres mouvements de la savane. Quel ennui donc de toujours connaître ce qui se passe et être au courant des événements bien avant les autres.
    Petite déjà, j’avais la tête dans les nuages selon les dires de ma maîtresse. Cependant, comment avec son mètre vingt, cette guenon pouvait vraiment comprendre ce qu’était d’avoir littéralement la tête dedans - ou presque?
   Je ne comptais pas le nombre de branches et d’oiseaux que je me prenais dans le visage à force de regarder vers le bas, là où mes amis peinaient à évoluer. Néanmoins, cela avait son avantage quand on jouait à cache-cache. J’étais terrible à ce jeu. Même Suzanne qui s’était pourtant badigeonnée allègrement pendant trente minutes de boue pour avoir une teinte kaki ocre et être ainsi camouflée dans le décor, ne resta pas longtemps invisible.
   Donc oui, je suis devenue au fil du temps la tour de guet, la journaliste et l’oracle de mon entourage. Au fil des années, j’ai appris à reconnaître les signes afin de savoir ce qui va se passer, car mine de rien tout n’est que routine et cycle qu’on oublie. Foi de mémoire d’éléphant. C’est ainsi qu’il y a deux jours, j’ai prédit une invasion de frelons asiatiques, qui décimèrent les ruches des Hommes. Pourtant, je les avais prévenu tant bien que mal mais après deux heures à me casser les cervicales à tourner la tête pour leur faire comprendre, j'ai abandonné.
   Ainsi, du haut d'où je suis, je m'interroge encore pourquoi nous n'arrivons pas à communiquer et à dialoguer. Si nous le pouvions, le monde se porterait tout autrement. Plus naturel sans pour autant qu'ils en deviennent moins humain. Cependant, le moteur de leur désir ne serait plus l'acquisition et la destruction de terres, mais bien leurs préservations. La nôtre, et la leur. Parce que comme je vous le dis: je vois les choses venir de loin, et ça ne me dit rien qui vaille.''
0 notes
Text
Patricia IV
Subterfuge - Espace - Chrysalide - Tempête - Bleu
   ''Il ne me faudra pas beaucoup de temps pour comprendre mon erreur. Les cercles, ils n'ont pas été disposés ainsi par pure envie décorative ou afin de protéger l'arbre d'un éventuel visiteur trop audacieux. Non, pas du tout. C'est plutôt l'inverse. Ils préservent le monde de l'arbre.
   En effet, l'énergie qui s'en dégage est perceptible dès le premier segment franchi et ne cesse de grandir à chaque niveau. Ce n’est donc pas un simple subterfuge pour tenir à l’écart mais bien une barrière pour éviter que les vibrations ne se dispersent et ne soient repérées.
   La ''personne'' qui a produit cet arrangement savait ce qu'elle faisait et elle était très douée car je constate que les pierres sont solidement liées entre elles et rien ne pourrait les déplacer.
   Malgré ma prudence, je suis soudainement prise dans un maelström puissant qui me force à mettre un genou à terre, une fois le dernier cercle passé. L'espace d'un instant, je perds le contrôle et me détache de mon corps comme si on me tirait vers l'intérieur de l'arbre. Un peu effrayée par cette brusque déconnexion involontaire, je me rassemble dans un réflexe instinctif de repli et m'enveloppe dans une aura protectrice.
   C'est bien la première fois que je rencontre pareille singularité.
   Habituellement, les nœuds sont plutôt discrets, leur énergie diffuse, endormie, contenue dans une chrysalide temporelle depuis des millénaires. Des reliques vivantes qui s'enfoncent lentement dans une inertie entropique. Cependant, ici tout est différent.
   La tempête qui entoure le lieu projette des lambeaux d'aurores argentées et cuivrées qui s'éclatent contre les strates du dôme protecteur, pour finir en poussière de lumière mourante. Je sens mes cheveux se mouvoir sous l'effet de l'électricité statique folle. Sous mes pieds, la terre vibre, animée par des vagues concentriques qui partent de et reviennent vers l'arbre. Tout semble être sur le point d'éclater.
   Il serait imprudent de se rapprocher d'avantage, néanmoins je reste, contemplant cette intrusion incroyable.
   Je ne sais pas bien le temps que j'ai passé ainsi immobile, piégée entre un émerveillement studieux et une peur contemplative, mais je me rends compte que le bleu clair du ciel a fini par laisser place à un ocre déclinant vers le rouge. Pour autant, le phénomène ne décroît pas. Il est constant dans ce chaos qu'il alimente et que mon corps peine de plus en plus à subir.
   Ainsi, marchant à reculons et gardant mon regard rivé sur lui qui disparaît progressivement sous les différents sas invisibles qui le contiennent, je m'éloigne sans réponse.    
   Je dois me reposer si je veux l’affronter de nouveau et l’étudier de plus près. Me reposer et me préparer.''
1 note · View note
Text
Julie D. III
Commande - Dictée - Émerveiller - Abou Dhabi - Orient
   ''Devant le choix et les combinaisons possibles, Lucie et sa mère s'amusent à passer une commande des plus improbables, ce qui ne manque pas de faire sourire le glacier. Elles se mettent d'accord pour partager certains parfums afin d'éviter les doublons et de pouvoir en goûter un maximum. Quelques minutes plus tard, les voilà main dans la main, savourant une montagne de boules colorées et essayant d'en perdre le moins possible.
   Tranquillement, elles s'écartent de la foule pour profiter de cette belle journée ensoleillée, loin des protestations et des sifflements, loin de la rage et de la haine, loin de la peur et de la peine. Elles se promènent donc sans but ni destination dans les rues de Paris, regardant les gens travailler, marcher, lire le journal, téléphoner, rigoler, s'ignorer, s'embrasser, se parler, boire un café... Et puis elles finissent par tomber sur un parc qu'elles n'avaient jamais vu jusqu'alors.
   Une arche en pierre de taille, un portail en fer forgé grand ouvert et une allée de gravier prise au milieu d'un jardin à la française les appellent. Sans un regard, elles s'avancent dans décision commune dictée par une envie de nature, pressées de découvrir ce qui s'y cache.
   Le long du chemin, elles ne cessent de s'émerveiller devant la beauté du lieu. Très peu de personnes sont présentes. La pelouse est grasse et abondante, parfaitement entretenue. Elles quittent le sentier pour y enfoncer bien volontiers leurs pieds nus, et jouer au loup par la même occasion. Plus loin, elles rencontrent deux étangs qui abritent une multitude d'oiseaux qui pataugent, plongent, caquettent, entourés de nénuphars et de roseaux. Un pont de bois traverse le plus grand des plans d'eau pour les amener vers un îlot où siège un bois aux dimensions difficilement identifiables. Depuis l'extérieur, elles aperçoivent, un séquoia géant qui en ressort, s'élevant à plusieurs dizaines de mètre au dessus de la masse comme la tour Burj Khalifa à Abou Dhabi, surplombant la flore locale en majesté. Elles pénètrent donc le bois bien décidées à trouver le séquoia.
   Au milieu de tous ces arbres, le silence est profond, rassurant. Au sol, des parterres de fleurs ajoutent des couleurs fauves à la nature environnante. Lucie et sa mère se penchent vers elles pour y sentir des parfums musqués et enivrants qui leur rappellent le Proche-Orient, lorsqu'elles étaient parties en voyage au Liban et en Jordanie. Lucie voudrait en faire un bouquet mais sa mère la retient lui rappelant combien il est important de respecter les lieux publics et la vie qui y a pris place. Sa déception est vite disparue quand elles tombent enfin devant leur quête: un arbre incongru, hors proportion au milieu de ces arbres européens, aux racines hautes et larges qui forment une voûte naturelle par lequel passe le chemin. Ainsi, elles s'allongent quelques instants à ses pieds et les yeux rivés vers son sommet, elles regardent ses branches se perdre dans un bleu azur du ciel rayés de traînée de condensation. Elles y dessinent des vies, des rêves de voyage.''
1 note · View note
Text
Aline III
Amie - Rencontre- Partage - Estime - Respect
   ''Au final, à quoi bon partir seule? Profitez de tout ça, sans personne avec qui le vivre? Sans un.e ami.e avec qui échanger les impressions, les humeurs? Sans un amour à enlacer quand tout sera paisible et merveilleux? À quoi bon?
   Pour s'éloigner, s'isoler et se reposer un peu? Certes mais pourquoi le faire orpheline des autres, sans le monde pour pied-à-terre? Est-ce que le but du voyage, hormis le dépaysement, n'est-il pas justement de faire des rencontres qui dans un certain sens, agrémentent l'expérience du voyageur solitaire? Où l'inconnu devient alors le partenaire, le/la confident.e, le soutien, la découverte, le renouveau, le retour sur soi qu'on goûte à travers le partage des histoires de chacun.
   Ainsi, La Vie estime qu'il est inutile de tout arrêter pour ce luxe de retraite alors que tout se joue, s'embellit grâce aux possibles, aux conséquences, aux variétés que tout le monde trace dans son sillage. Elle préfère donc continuer à regarder avec un profond respect ses créations qui ne cessent de l'émerveiller malgré la grande attention que cela demande. Elle les laisse vivre le voyage à sa place, quitte à déclencher chez certains quelque envie inattendue de départ impulsif au milieu de leur existence bien rangée. En attendant, elle retourne auprès de cette grand-mère qui a fini par frapper à la porte de la famille de son petit-fils, un paquet rempli d'un assortiment de pâtisseries.''
0 notes
Text
Delphine III
Anniversaire - Pigeon - Tinder - Black out - Vélo    ''Hector se rappelle qu'il a oublié de souhaiter l'anniversaire de sa mère pour la quatrième fois de sa vie. C'était le weekend dernier et il s'était pourtant juré de ne pas refaire la même erreur. Pour cela, il avait mis une alarme sur son smart-phone. Celui qu'il avait cassé cet été en plongeant dans la piscine, ''aidé'' par une certaine Sarah. Des photos perdues, des messages engloutis, noyés contre un fou rire et un trou dans le budget vacances. Le nouveau ne doit pas être en meilleur état à l'heure qu'il est. Inatteignable, lui-aussi.
   Le dernier mensonge qu'il avait alors raconté pour s'en sortir était qu'il avait envoyé un pigeon voyageur pour l'occasion et que le pauvre animal avait été blessé par les pales d'un drone. Liliane avait fait semblant d'y croire comme toujours, souriant à cet instinct inné que son fils a développé. Durant ces trente-trois années, elle avait entendu nombre de ses tours de passe-passe qu'il avait essayé pour se dédouane. Tellement qu'elle aurait pu écrire un livre avec. Cela ferait un bel hommage posthume.
   Aujourd'hui, Hector ne peaufine plus sa méthode avec sa mère mais avec les femmes en général, et surtout celles rencontrées sur Tinder, son dernier champ d'exploitation du moment, sa mine à bobards. Il y raconte ce qu'on veut entendre et se laisse une marge d'erreur pour naviguer entre les différentes fautes informations. Un art de faussaire qui lui a valu tout de même quelques gifles, des verres jetés au visage, des engueulades et surtout une grande solitude. Une qu'il regrette à présent. La même qui lui tient compagnie actuellement, là allongé sur le sol du réfectoire avec pour couverture, du béton encastré par centaines de kilo.
   Sous son tombeau froid et moderne qui petit-à-petit aspire ses dernières exhalations, il peine à respirer et à rester conscient, sentant un black out final en approche. Le dernier d’un longue série. Les sensations sont brumeuses, les bruits étouffés, les odeurs terreuses. Il se dit que Daniel avait vu juste et qu'expliquer son départ sans préavis à Patrice est le cadet de ses soucis actuels, et du patron très certainement. De ses soucis tout court car dans quelques minutes, Hector n'en aura plus.
   Ne pouvant rien faire qu'attendre qu'on le raye de la liste des vivants, il étire le bail que sa mère lui a donné en se rappelant les cadeaux qu'elle lui a offert à chacun de ses anniversaires, elle qui ne l’a jamais oublié et tout pardonné: un maillot de son équipe de foot préféré, de nombreuses boîtes de LEGO, un couteau de cuisine japonais, le coffret DVD de Matrix, le vélo rouge et doré, son permis de conduire, son ordinateur, sa peluche Litto, sa première console de jeux...''
0 notes
Text
Tatiana III
Dos - Ecole - Entraînement - Chaise - Automne
   ''Mais le temps, elle n'en a plus. Il n'est plus vraiment le sien. Il est multiple car il s'est incrusté dans ceux qu'elle aime. Ainsi, elle le façonne en artisane dans les rires de ses enfants, dans leurs bêtises, leurs étonnements, leurs pleurs, leurs mots écorchés, leurs genoux salis. Un temps ici et là-bas qu'elle doit aller chercher car il est déjà tard. Sans plus traîner, elle laisse donc livre et thé sur la table basse pour rapidement mettre quelque chose sur le dos et sortir.
   Sur la route qui l'amène à l'école, un chemin qu’elle fait un nombre incalculable de fois, elle récapitule la liste des actions qui vont suivre: passer par la boulangerie, préparer le goûter, étendre la lessive, aider pour les devoirs, et doucher les petits. Heureusement, elle n'est pas toute seule pour cela. Elle a son binôme, son partenaire prêt à l'aider, à faire équipe et leur duo a su faire ses preuves au fil des années, des gronderies et des félicitations.
   Malgré tout, être parent c'est comme suivre un entraînement perpétuel. Toujours à pratiquer, à vouloir s'améliorer, à être mis à l'épreuve, à acquérir de nouveaux savoirs, et ne jamais être sûr de bien faire. Toujours et toujours. Un sport, un métier, une vie, un don qui n'a d'égal nulle part ailleurs dans le flot des expériences humaines.
   Derrière le portail, une foule de ces petites bulles temporelles en éclosion s'activent, attendent leurs parents, sans vraiment les attendre. Pour la plupart, elles ne font que vivre l'instant présent, à agir-réagir-interagir dans cet éclat primordial de l'innocence. Pourtant, certaines sont attentives, curieuses, un peu en retrait, prises dans la réalité d'adulte. Elle voit ainsi Lina, sa fille de huit ans qui parle à sa maîtresse assise sur une chaise pour enfant. Les deux sont à même hauteur. Non loin d'elles, il y a Nello qui aperçoit sa mère, lui fait signe et court vers sa grande sœur pour lui dire qu'il faut partir.
   Les enfants rejoignent leur maman. Les baisers volent, les yeux brillent d’excitation, les histoires de la journée s'accumulent en couche d'importance inégale, l'attention se perd à droit à gauche. Main dans la main, la famille retourne à la voiture qui les ramène vers chez eux.    La forêt qui les accueille sur le retour, éclate d'un blanc immaculé de cette première neige. L'automne et ses couleurs chauves ont définitivement disparu. La nuit tombe vite, il n'y aura pas de balade dans les bois aujourd'hui. Juste un chocolat chaud et une brioche. Juste une douceur sucrée pour agréablement, finir la journée.''
0 notes
Text
Jean-Philippe II
Cacophonie - Périscope - Pétrichor - Callipyge- Sheng    ''- Bon sang, qu'est-ce que tu fais encore là, Vinc'? Il serait peut-être temps d'être raisonnable, ne penses-tu pas?, se dit-il à lui même.
   D'un mouvement de la tête, Vincent acquiesce, le regard perdu dans le lavabo. Il passe son visage sous l'eau froide pour essayer de faire tomber les effets indésirables de ses excès. Malheureusement, le mal est persistant. Il sent qu'il n'est pas au mieux de sa forme et que c'est effectivement le moment de rentrer.
   Derrière la porte recouverte de stickers, un couloir éclairé de bandes fluorescente le ramène à la piste de danse sombre qui ne désemplit pas. Assailli par la violence des stroboscopes et des projecteurs mouvants, il préfère longer le bar plutôt que de traverser la marée humaine et l'éclairage fou. Il  retrouve les deux compères enivrés des toilettes adossés au comptoir et qui semblent se disputer ou qui essaient de discuter au milieu de cette cacophonie.
   L'heure tardive aidant, l'attente au vestiaire est rapide. Il récupère son manteau et son écharpe qu'il met en montant les escaliers. Vincent salue le videur et quitte enfin le club, laissant les pulsations de basses loin de son corps. Dehors sur le trottoir, une foule de jeunes fêtards en attente côtoient un vendeur de cigarettes, trois stands de brochettes et de nouilles sautées, et quelques dealers peu discrets qui traînent à la périphérie de ce rassemblement. Sur la pointe des pieds, Vincent tourne sur lui-même tel un périscope pour voir s'il y a un taxi de disponible. Les peu présents sont déjà occupés et la file d'attente est longue. Il va devoir s'éloigner s'il veut en trouver un.
   Sortant de la masse, un pétrichor puissant chasse l'odeur de nourriture grillée, de piment et d'épices, tandis qu'un vent frais le saisit. Vincent s'enfonce encore plus profondément sous ses couches de vêtements. Après quelques mètres et un croisement, il aperçoit de l'autre côté de la route, un taxi stationné dont le chauffeur boit tranquillement son thé dans un thermos en plastique, exaltant des panaches de fumée depuis sa fenêtre entre-ouverte. Vincent saute sur l'occasion et traverse.
   Après deux minutes à marchander et à expliquer le chemin à prendre, le conducteur accepte de prendre sa course. Néanmoins, au moment où Vincent pose la main sur la poignée, une personne l'interpelle. Une grande femme asiatique arrive en courant et lui explique rapidement qu'elle s'est un peu perdue et elle lui demande alors s'ils peuvent partager le taxi. Totalement sous le charme de cette apparition nocturne, de son regard subtilement souligné et de sa silhouette callipyge qu'il perçoit malgré le long manteau, Vincent lui ouvre la portière. Ils entrent tous les deux à l'arrière du véhicule qui démarre accompagné d'une musique pop chinoise sortant du poste radio.
   - Un grand merci, vous êtes mon sauveur, Monsieur?, demande-t-elle en ouvrant délicatement son manteau et révélant ses jambes claires qui sortent d'une robe bleu en strass courte.
   - Vincent Mélinot. Appelez-moi Vincent.
   - Enchantée., dit-elle en lui tendant une main porcelaine. Cela faisait bien vingt minutes que je marchais sans trouver un taxi, et avec des talons comme ceux-là, je peux vous assurer que c'est un calvaire. Vous avez bien de la chance d’être un homme.
   - Pas de souci. Si je peux rendre service...
   - Je ne voudrai pas abusez mais est-ce que vous pourriez me tenir ceci quelques instants, s'il vous plaît?, lui demande-t-elle alors qu'elle tente d'enlever les chaussures qu'elle porte.
   - Euh oui, je peux..., répond Vincent un peu désorienté.
   - Je suis vraiment désolée mais j'ai affreusement mal. J'en suis confuse...
   - Ne vous inquiétez pas., dit Vincent qui n'arrive pas à la quitter du regard. Vous ne m'avez pas dit dans quelle direction vous alliez, Madame...
   - Mademoiselle. Mademoiselle Sheng Mei Mei. Mais vous pouvez m'appelez Mélissa, si vous préférez., répond-t-elle continuant de se masser les pieds. J'ai entendu brièvement que vous alliez vers Weihai Road, je crois, et j'ai mon hôtel qui se trouve au croisement avec Shimen Road.
   - Le Four Season?
   - Tout-à-fait., dit-elle en tournant vers lui son troublant regard ébène. Vous aussi?
   - Oui, en effet... C'est drôle comme coïncidence.
   - À croire qu'on était destinés à se rencontrer, Vincent., dit-elle lui enlevant ses chaussures des mains.''
0 notes