taijiquanwuhao
TAIJIQUAN WU HAO 武郝式太极拳
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Un blog animé en France par GREGORY CROS 郭高礼 et en Chine par YOHAN RADOMSKI 王佑安 EMAIL : [email protected]
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taijiquanwuhao · 5 years ago
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Rappels sur l’histoire du style Wu Hao
Nous avons donné peu de news depuis l’an dernier, donc voici un nouvel article sur l’histoire, à la fois pour se la rappeler mais aussi pour apporter de nouveaux éléments qui viendront enrichir les précédents.
Le fondateur est donc Wu Yuxiang (1812-1880) de la ville de Yongnian, dans la province du Hebei. Celui-ci était issu d’un famille riche, qui souhaitait le voir fréquenter de prestigieuses écoles. Ses études universitaires étaient axées sur la politique, les sciences sociales et l’art de l’écriture.
Wu Yuxiang avait 2 frères, Wu Cheng Qing (1800-1884) et Wu Ru Qing, qui étaient des membres officiels du gouvernement Qing; tous les 3 étaient des passionnés d’arts martiaux. Ils commencèrent par étudier la boxe Shaolin avec leur père, et par la suite étant devenus plutôt doués ils rencontrèrent Yang Luchan, qui devint leur premier professeur de taijiquan.
Wu Yuxiang était tellement passionné par le taijiquan, qu'il a renoncé à suivre une carrière officielle, comme ses frères, pour se consacrer totalement à la pratique et à la recherche.
Le second professeur de Yuxiang fut Chen Qing Ping, de la lignée de la famille Chen, qui vivait à Zhaobao. Il était connu pour sa puissance dynamique interne et ses petits mouvements.
Son style, une “nouvelle forme” de la famille Chen, était compact, doux et influencé par un maître de l’interne qui se nommait Zhang Yan. Ce style était appelé “Petite Charpente” par opposition à la “Grande Charpente”, caractérisée par des mouvements plus amples et des positions basses. Wu Yuxiang a aidé Chen financièrement, en échange de quoi il devint son élève. 
Plus tard, Wu a mis la main sur le document perdu, “Taijiquan lun” (traité du taijiquan), écrit à la main par Wang Zongyue (certains historiens du taijiquan croient que Wu Yuxiang et Wang Zongyue sont la même personne). Ce travail de haute importance n’avait pas été officiellement publié auparavant.
Wu Yuxiang a également contribué à des écrit fondamentaux, qui sont depuis passés à la postérité. Par contre, il n’a pas officiellement enseigné le taiiquan, car faisant partie d’une famille riche il n’avait pas besoin de travailler. Il a pu consacré son temps à la pratique et à la recherche.
La Forme (enchaînement) finale créée contenait 53 mouvements. Son meilleur élève et successeur fut Li Yiyu (1832-1892), également de Yongnian. Celui-ci est l’auteur de ce qui constitue les principes et théories du style Wu/ Li (de leurs 2 noms), connus depuis comme étant les Classiques du Taiji.
Le meilleur élève de Li fut Hao Wei Zhen (1849-1920), connu pour avoir été le professeur de Sun Lutang, fondateur du style Sun. C’est à cette époque que le style est rentré dans la famille Hao.
Weizhen était grand, puissant et très honnête et apprit pendant 10 ans tout ce qu’il put sur le style, jusqu’à la fin de sa vie et atteint un niveau exceptionnel. Il transmit ses connaissances à son successeur, son fils Hao Yueru (1877-1953), qui devint très célèbre.
Hao Yueru développa ce qu’il apprit et conçut la Forme en 96 mouvements, connue comme la Forme Traditionnelle, que l’on pratique depuis et qui est devenue l'enchaînement officiel de la famille Hao.
Il mit l’accent sur le fait que le taijiquan est une forme d’art où la structure interne, l’énergie et un état d’esprit alerte sont des composantes essentielles. Ces 3 composantes sont régulées par une haute conscience mentale aiguisée.
Hao n’a pas uniquement développé les 96 mouvements, étant contemporain de Yang Chengfu (fondateur de la Forme Yang en 108 mouvements) il a fait partie de ces professeurs qui ont amené le tempo lent de l’exécution de l’enchaînement, afin de rendre l’apprentissage accessible à tous les publics. Son importante contribution au style a également été d’introduire les 4 phases qui constituent la base des mouvements du style: Préparation “Qi” (mettre en mouvement le Qi), Continuation “Cheng” (coordonner et différencier le Qi en Yin et Yang), Ouverture “Kai” (laisser sortir l’énergie/ force) et Fermeture “He” (rassembler le Qi dans le corps). Yueru transmit tout son savoir à son fils Hao Shaoru (1908-1983), qui commença enfant et devint son successeur.
Hao Shaoru favorisa la croissance du style Wu Hao plus que quiconque dans la période moderne, allant vivre à Shanghai et enseignant dans toute la Chine. Il eut de nombreux élèves et adopta dans la tradition martiale son plus proche élève Wang Muyin (né en 1958) qui vivait avec lui, n’ayant pas de fils à qui transmettre son héritage. Il lui donna ainsi son nom, nommant Wang "Hao Yinru", sur la base de son propre nom, et en fit son successeur. Hao Yinru a apprit avec son professeur et fut aussi son assistant, pendant les 5 dernières années de sa vie. Il put ainsi bénéficier de ses derniers enseignements.
Hao Shaoru a toujours insisté sur le fait que le taijiquan est un style interne où l’on utilise le “contrôle conscient” pour diriger le Qi. Lorsque le pratiquant atteint un niveau avancé, il doit être capable de contrôler le Qi sans effort à partir du dantian inférieur (la taille) en le dirigeant à travers le corps, de la poitrine vers les bras, les mains et les doigts, du dantian vers les jambes, les pieds et les orteils. Toutes les parties du corps sont ainsi impliquées et agissent conformément à l’intention Yi et le degré de contrôle que possède le pratiquant. Le Qi est généré à travers le corps et irradie vers l’extérieur de manière sphérique. Shaoru a aussi utilisé l’analogie d’un grand ballon qui se gonfle, à la surface élastique, qui absorbe la force adverse et la renvoie, comparant le corps du pratiquant à cette sphère. Le taijiquan étant la manifestation physique des principes Yin et Yang, le Yin représente ce qui est caché à l’intérieur du corps à l’adversaire (l’air à l’intérieur du ballon). Le Yang représente la manifestation externe corporelle de ce yin. Tous les mouvements inutiles deviennent donc superflus, on se concentre sur l’essentiel, et vu de l’extérieur la Forme a l’air très simple.
Le timing constitue également un principe d’une très haute importance et le style Wu Hao insiste sur la nécessité d’attendre l’attaque adverse avec un esprit calme et disponible, afin d’être capable de neutraliser l’agresseur. Cette tactique est subtile, très efficace mais difficile à maîtriser car elle utilise la pleine conscience du pratiquant. l’esprit est détendu et concentré sur le présent (ici et maintenant) de la situation de combat. Le style Wu Hao a affiné à l’extrême le principe de suivre l’adversaire et de connaître simultanément son prochain mouvement, sans lui révéler ses propres intentions. Lorsque l’attaque arrive, elle est détournée et la force entrante est absorbée en Yin et “stockée” dans le corps en utilisant des petits mouvements circulaires qui sont contrôlés par la poitrine (c’est ce qu’on appelle la “force empruntante”). Si cela est nécessaire, on ajoute sa propre force à la force adverse et on la renvoie à l’adversaire, c’est la puissance externe Yang. Le Yin et donc défensif et cède, le Yang est offensif et attaquant, suivant leur nature. Le taijiquan est donc l’application concrète des principes Yin/ Yang, théorie “philosophique” qui a profondément pénétré la pensée chinoise.
#histoireWuHao #HaoWeizhen
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taijiquanwuhao · 5 years ago
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Yoann Lambropoulos à Shanghai et Changsha
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Yoann Lambropoulos était à Shanghai et Changsha du 18 avril au 1er mai. A Shanghai, il a pris le relais de Kevin Quirke et Séverine Couralet, enseignants du style Wu Hao à Pertuis, venus pour étudier ce style avec Hao Yinru et qui finissaient leur séjour. Yoann a rejoint Hao Yinru à Changsha dans le Hunan, pour une pratique intensive de taijiquan. Voici quelques impressions qu’il a écrites sur son séjour :
Une première halte de quelques jours à Shanghai m’a permis de retrouver brièvement les Pertuisiens (Kevin et Liliane Quirke, et Séverine Couralet) et de faire  connaissance avec Yohan Radomski, particulièrement prévenant, serviable et au chinois impeccable, qui m’a aidé à finaliser au mieux l’organisation de mon voyage.
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Honneur à la cuisine du Yunnan le 18 avril à Shanghai avec Yohan Radomski, Liliane Quirke, Kevin Quirke et Séverine Couralet.
J’ai pu ainsi rejoindre maître Hao Yinru à Changsha où il enseigne une quinzaine de jours par mois dans le cadre de l’association de taijiquan du Hunan. J’y ai suivi son enseignement durant une semaine. Il donnait les cours dans la grande salle lumineuse d’un centre de médecine traditionnel flambant neuf aux équipements des plus modernes.
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L’entrée du Centre de Médecine traditionnel et de Réadaptation à Changsha qui accueille les cours de taijiquan.
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La grande salle de pratique avec le plafond orné d’un beau symbole du taiji.
Un cours de 2h30 environ avait lieu chaque demi-journée. Je le commençais le plus souvent seul puis d’autres élèves ou amis du maître me rejoignaient parfois pour pratiquer, chacun allant et venant à sa guise dans une ambiance fraternelle et très libre. Je déroulais l’enchaînement en 96 mouvements de 3 à 5 fois par cours, sous le regard du maître.
Si les conseils et corrections qu’il dispensait généreusement étaient la plupart du temps personnalisés, ils étaient aussi l’occasion d’un partage fructueux entre tous. Parfois, le maître se joignait à moi, ou nous, pour pratiquer l’enchaînement dans son orientation conventionnelle ou en miroir.
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Huang Jianliang, Secrétaire général de l’Association de Taijiquan du Hunan, et directeur du Centre de Médecine traditionnelle et de Réadaptation, dans le mouvement “Avancer, dévier et frapper” sous le regard attentif de Hao Yinru.
Maître Hao Yinru était très exigeant sur le respect du bon alignement postural et sur le travail de l’enracinement. Je devais pratiquer avec des postures toniques, une grande concentration et l’intention devait soutenir comme il se doit les mouvements à chaque instant. La pratique était assez intensive, les cuisses ont souvent surchauffé ! Les pauses « thé » étaient les bienvenues pour les épargner un peu… et s’enquérir de la bonne santé des actions en bourse du maître. L’alerte de son application mobile boursière ponctuait d’ailleurs régulièrement le cours de son bip intempestif !
Cette semaine de pratique  était encore une fois l’occasion de constater l’écart entre ce qu’on perçoit du style Wu Hao en tant qu’observateur, tranquillité, simplicité et l’intensité et la subtilité du travail des postures et de l’intention qu’on ressent en tant que pratiquant ! Je pouvais également constater la capacité de Hao Yinru à dérouler l’enchaînement de bout en bout avec une concentration profonde et inébranlable, même par les bourrasques de vent et de pluie qui pénétraient par une fenêtre restée ouverte un soir d’orage ! Et je vérifierai de jour en jour que le caractère  inébranlable de sa concentration était à la hauteur de celui de son enracinement !
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Hao Yinru et Yoann Lambropoulos en grande conversation sur la pratique.
Cette semaine de pratique m’a offert de nombreuses clés pour améliorer mon taiji et les enseignements reçus ont confirmés ce que j’avais appris jusque-là. Le discours de maître Hao Yinru sur l’essence et les principes du taiji Wu Hao, sur le tuishou et le combat faisait très étroitement écho à celui de maître Jung Yung Hwan. La filiation s’imposait comme une évidence et confortait la cohérence de mon apprentissage. La direction à suivre s’affirmait avec bonheur !
Cette semaine a aussi et surtout été riche de rencontres humaines et en premier lieu celle de Hao Yinru. Si je l’avais déjà côtoyé lors de deux stages en groupe en 2004 et 2007, les nombreux moments partagés avec lui à Changsha m’ont permis de découvrir un homme affable, généreux, loyal, montrant un plaisir communicatif à pratiquer et à transmettre le style dont il est l’héritier, patient et toujours prompt à r��pondre à mes questions même les plus naïves ou saugrenues.
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Yoann Lambropoulos, Hao Yinru et Huang Jianliang.
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Yoann Lambropoulos, Zou Xiaojin, secrétaire général adjoint de l’Association de Taijiquan du Hunan, et la pratiquante Tan Hong.
Au-delà des corrections et explications verbales (limitées par notre très faillible anglais et par le manque d’intelligibilité de nos accents : anglo-sino-shanghaïen pour lui, anglo-franco-marseillais pour moi. Autant dire que les appli de traduction ont été nos meilleures alliées !),  j’ai beaucoup apprécié le fait que Hao Yinru passait très souvent par le corps pour démontrer les principes : pour réajuster une posture, il posait par exemple sa main sur mon dos ou demandait à ce que je pose ma main sur le sien. La perception était immédiatement explicite et se passait de tout commentaire !
Il montrait également sans restriction les bénéfices d’un réel enracinement ou des applications de la force interne « jing » lors d’exercices de tuishou. Croyez-moi, ses démonstrations étaient plus que convaincantes et témoignaient de la grande valeur de son taijiquan! Un taijiquan sans fioritures ou effets de manche, un taiji où les actions d’adhérer, d’absorber, de projeter étaient fidèles à celles décrites dans les textes classiques. Un taiji où l’efficacité en combat ne reposait pas sur l’utilisation de gestes techniques complexes mais sur l’utilisation pleine de la force interne jing !
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Yoann Lambropoulos et Hao Yinru dans une pratique de tuishou à une main.
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Hao Yinru et un autre élève pratiquant le tuishou.
Enfin, dernier point mais non le moindre, j’ai eu le grand plaisir d’être invité plusieurs fois au restaurant en compagnie du maître  par des personnes de son entourage. Les repas copieux étaient l’occasion de partager des moments conviviaux et joviaux, de me régaler des mets délicieux du Hunan et, grâce aux levées de verre à répétition, de développer le « gongfu de l’absorption de l’alcool de riz » ! Si j’avoue volontiers que mon « gongfu » est resté très perfectible, ces levées de verre ont été avant tout un moyen fort sympathique de sceller les liens nouvellement créés !
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Après quelques verres de baijiu (alcool blanc), on se comprend mieux !
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 Un bon repas scelle l’amitié née dans la pratique.
De retour à Shanghai avec Hao Yinru, j’ai pu profiter d’une dernière séance de pratique avec lui et Yohan Radomski, la veille au soir de mon départ, dans la pénombre du préau d’un campus universitaire. Après un au revoir chaleureux et la promesse d’une prochaine rencontre, maître Hao Yinru s’en est allé sur son antique mais robuste vélo de l’aire Mao, dans les soubresauts de la nuit shanghaienne…
(Texte de Yoann Lambropoulos, mai 2019)
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taijiquanwuhao · 5 years ago
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2012. Hao Yinru Forme Longue en 96 Mouvements du Taijiquan de style Wu Hao. Première partie de la Forme : du Mouvement 1 "Préparer" au Mouvement 12 "Apposer le Sceau".
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taijiquanwuhao · 6 years ago
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Forme Moyenne en 59 Mouvements
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L’enchainement du Taijiquan de style Wu Hao est composé de 96 mouvements qui se découpent en 3 parties séparées par le mouvement « Apposer le sceau » :
-         une première partie en 12 mouvements (mouvements 1 à 12)
-         une deuxième partie en 37 mouvements (mouvements 13 à 49)
-         une troisième partie en 47 mouvements (mouvements 50 à 96)
Il nous semble intéressant de proposer une Forme Moyenne en 59 Mouvements qui respecte l’enchaînement traditionnel : il s’agit alors d’enchainer la première partie et la troisième partie de l’enchainement.
Cette Forme Moyenne est harmonieuse dans l’espace, le point d’arrivée étant le même que le point de départ.
Elle permet donc de comprendre la structure générale de l’enchainement traditionnel. En effet, alors que la première partie amène le pratiquant vers la gauche, et que la deuxième partie commence et finit au même point, la troisième partie ramène l’étudiant vers la droite, c’est-à-dire au point de départ.
La Forme Moyenne en 59 Mouvements peut constituer une forme d’apprentissage faisant suite à la Forme Courte en 24 Mouvements (première partie de l’enchainement traditionnel doublée en miroir) avant d’apprendre la Forme Longue en 96 Mouvements.
L’avantage étant pour l’élève d’étudier la plupart des mouvements de l’enchainement (dont « Emmêler les mains » répété deux fois) avant d’aborder la série des coups de pied en fin de la deuxième partie en 37 mouvements. Et d’avoir une forme plus courte à mémoriser et plus rapide à pratiquer à sa disposition.
Elle constitue aussi une forme de pratique riche pour tout pratiquant.
On trouvera un PDF à télécharger ici http://myreader.toile-libre.org/FormeMoyenne59TaijiquanWuHao.pdf ou ici https://fr.scribd.com/document/408685562/Forme-Moyenne-Taijiquan-Wu-Hao
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taijiquanwuhao · 6 years ago
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Les Enseignants de Pertuis à Shanghai
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Les enseignants Kevin Quirke et Séverine Couralet, accompagnés de Liliane Quirke étaient à Shanghai du 8 au 19 avril 2019 pour une pratique intensive du Taijiquan Wu Hao avec Hao Yinru.
Beaucoup de notions apprises, de la fatigue et des sourires !
Plus d’infos sur les cours de Taijiquan Wu Hao donnés à Pertuis (Vaucluse) ici http://pace84.fr/
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taijiquanwuhao · 6 years ago
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Découpage de la Forme en 96 Mouvements
par Yohan Radomski
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L’enchainement traditionnel du Taijiquan de style Wu Hao est composé de 96 mouvements qui se découpent en 3 parties séparées par le mouvement « Apposer le sceau » :
-          une première partie en 12 mouvements (mouvements 1 à 12)
-          une deuxième partie en 37 mouvements (mouvements 13 à 49)
-          une troisième partie en 47 mouvements (mouvements 50 à 96)
96 mouvements… ce qu’on entend par « mouvement » ici est une suite de gestes. Chacun pourra s’amuser à compter le nombre de gestes nécessaires à l’exécution de l’enchainement… Mais à trop découper, on tuerait la vie animant l’enchainement. Disséquer un corps ne donne pas le secret de son âme.
96 mouvements… mais certains mouvements au sein de l’enchainement ne sont pas comptés dans ce nombre. Par exemple, le mouvement de réunion des mains et des pieds qui est comme le passage d’une porte à double battants avant d’avancer plus loin. Ou bien la phase de mouvements nommés « Tourner et Repousser le Singe » comptés comme quatre mouvements alors qu’on aurait pu le compter comme un seul mouvement.
96 mouvements… c’est un chiffre plus symbolique que réel du nombre de mouvements. C’est le carré yin de la stabilité animé par la trinité yang de la mobilité dans les huit orients. 4 x 3 x 8 = 96
96 mouvements… L’idéal serait que l’enchaînement se découpe en 8 phases de 12 mouvements. Cela aurait été parfait pour l’esprit. Mais ce n’est pas le cas.
96 mouvements… Si la première partie se compose bien d’une phase de 12 mouvements, il est plus délicat de découper les deux parties suivantes. Le découpage proposé ici correspond à des phases d’apprentissage éprouvées. Visualiser l’enchainement et ses grandes phases (par exemple, les phases des coups de pied) aide à le mémoriser.
96 mouvements… Il est long, le chemin, et chaque voyageur le parcourra à son rythme.
On trouvera un PDF à télécharger ici http://myreader.toile-libre.org/DecoupageForme96WuHao.pdf ou ici https://fr.scribd.com/document/408250993/Decoupage-Forme-96-Taijiquan-Wu-Hao
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taijiquanwuhao · 6 years ago
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Tuishou du style Wu Hao
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(détournement d’un dessin de Moebius)
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taijiquanwuhao · 6 years ago
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Visitez notre chaine Youtube
https://www.youtube.com/channel/UCQFzTrsaFUdsC9pawAZyMfg
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taijiquanwuhao · 6 years ago
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Entretien avec Hao Yinru (2)
Cet entretien entre Hao Yinru, Yohan Radomski et Mathieu Ayrault a eu lieu le 5 novembre 2018 à Shanghai. Mathieu l’a traduit et Yohan l’a mis en forme.
Vous trouverez la première partie de l’entretien ici : http://taijiquanwuhao.tumblr.com/post/183424150285/entretien-avec-hao-yinru-1
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Photo : Hao Yinru et Hao Shaoru
Wang Muyin est né en 1958 à Shanghai où ses parents, originaires de la province du Jiangsu, s’étaient installés. En 1978, il rencontre Hao Shaoru (1908-1983), héritier de la tradition du Taijiquan de style Wu passé dans la famille Hao et commence à étudier avec lui. Il commence à enseigner en 1981 sous le nom de poing de Hao Yinru, donné par son maître. Retraité depuis 2018, il consacre son temps à la pratique et l’enseignement du style Wu Hao.
 La voie du Taijiquan
Quelles sont pour vous les valeurs du Taijiquan ?
La culture du Taijiquan est très profonde. Le Taijiquan, c’est un art martial philosophique. Il développe la conscience. Une chose très simple au début, c’est d’être conscient de ses mouvements, comment bouger. On commence avec ce système d’enseignement très précis puis petit à petit la conscience des mouvements laisse place à la conscience de l’interne. C’est comme ça qu’on se prépare pour les hauts niveaux. Ce n’est pas avec les mouvements qu’on comprend. On comprend avec l’interne : Comment je peux faire pour faire sortir la force interne en liant l’interne et les mouvements ?
Est-ce que le Taijiquan a des valeurs éthiques ? Est-ce que ça rend une personne meilleure ?
Oui, bien sûr. Ça change l’attitude des gens envers la vie. Ça agit sur les pensées et les sensations. Dans les années 80, j’avais l’habitude d’accompagner mon professeur dans ses déplacements, parce qu’il enseignait dans plusieurs endroits. Sur la route, une fois il m’a demandé : comment va ton gongfu [maîtrise née d’une pratique] ? Je ne pratiquais pas depuis si longtemps, peut-être deux ans mais je lui dis : « à propos du gongfu, je ne sais pas trop mais par contre depuis que j'étudie le Taijiquan, je me sens plus intelligent. » A côté de mon professeur, on ne pouvait pas dire que j’avais un gongfu !
Cet art nous aide à avoir une profondeur de raisonnement. Ça nous aide à réfléchir correctement au lieu de copier bêtement. On utilise la culture chinoise pour s’entraîner, notamment le concept de Yin Yang. On entend partout que le Taijiquan et le taoïsme vont ensemble, mais c’est une erreur. Le taoïsme parle du ciel antérieur, nous on parle du ciel postérieur et de ce qu’on a acquis après la naissance. Aujourd’hui on mélange toutes les théories. On prend même le bouddhisme et on va le mélanger avec le Taijiquan. Le Taijiquan, c’est un genre d’étude physique du corps en mouvement. Ce sont deux choses différentes.
 Question de styles
Quelles sont les relations entre les différents styles de Taijiquan qu’on connaît aujourd’hui ?
Ils sont tous liés bien sûr. Wu Yuxiang avait étudié avec Yang Luchan mais à un moment l’enseignement de Yang ne suffisait plus à Wu Yuxiang, donc après il a voulu aller apprendre avec Chen Changxing.
Mais aujourd’hui, est-ce qu’il y a encore des relations ?
Les relations sont plutôt historiques, parce que maintenant, le contenu des styles n’est pas le même. Le développement de tous ces styles s’est plus ou moins passé en même temps, c’est pour cela qu’ils sont liés mais au niveau du contenu, ce ne sont pas les mêmes choses. Mon professeur m’a dit que tous les styles de Taijiquan partent d’un seul principe : celui de Wang Zongyue. Si tu apprends le Taijiquan sans les principes de Wang Zongyue, ce n’est plus du Taijiquan.
Il faut avant tout comprendre Yin Yang pour comprendre le Taijiquan. Taiji descend de Wuji. Et c’est à partir du mouvement qu’apparaissent Yin et Yang. Ce n’est pas juste substantiel ou insubstantiel car ça, ça ne s’appelle pas Taijiquan. Le Taijiquan, c’est un art philosophique.
Le but alors c’est quoi ? C’est de remonter jusqu’à Wuji ?
Non, le but du Taijiquan, c’est d’entraîner Yin Yang. On utilise Taiji, et pas Wuji, puisque l’objet de l’étude, c’est Yin Yang.
Est-ce que la pratique d’autres styles de Taijiquan peut apporter quelque chose dans la pratique générale du Taijiquan ?
Les objectifs ne sont pas les mêmes, il y aura probablement des contradictions. Par exemple, dans le style Chen, il faut une rétroversion du bassin alors que dans le style Wu Hao, le bassin doit rester droit. Un autre exemple, les épaules ne doivent pas dépasser les hanches dans notre style. Mais dans certains styles, c’est possible.
Quelles sont les particularités du style Wu Hao par rapport aux autres styles ?
Le style Wu Hao correspond parfaitement au principe du Taijiquan, comme on l’a dit tout à l’heure. Par contre, on ne peut pas dire que le style Wu Hao c’est le Taijiquan, ce serait idiot de dire ça.
Pourquoi le style Wu Hao est peu enseigné par rapport au Chen et au Yang ?
Parce que les professeurs de ces deux styles sortaient souvent chercher des élèves, ce que ne faisait pas Wu Yuxiang par exemple. Wu Yuxiang et les autres du même rang étaient des gens riches et des lettrés, qui n’avaient pas besoin d’élèves pour survivre. On peut même dire que c’est dans le style Wu Hao que les pratiquants étaient les plus sérieux. Ils faisaient un travail de recherche dans le Taijiquan. A l’époque, le style Chen n’avait pas du tout de réputation, c’est seulement après l’ouverture du pays [au tournant des années 70 et 80] qu’il est devenu fameux.
 Du clan Wu au clan Hao
Pourquoi est-ce que Li Yiyu a commencé à enseigner à Hao Weiren. C’était quoi leur relation ?
Ils étaient presque voisins. Et aussi l’oncle maternel de Hao Weiren livrait parfois des colis chez Li Yiyu. L’oncle de Hao Weiren a pu voir que Li Yiyu s’entraînait au gongfu. Il lui a donc recommandé d’aller jeter un œil et Hao Weiren s’est mesuré à Li Yiyu, mais sans résultat. Li Yiyu a décidé comme ça d’enseigner à Hao Weiren son art, sans qu’il devienne un disciple. Ils étaient simplement professeur et élève.
Est-ce qu’il y a eu une modification du style depuis sa création jusqu’à aujourd’hui ?
Bien sûr qu’il y a eu des changements. Quand Wu Yuxiang a commencé à faire des recherches sur cet art, il n’a pas arrêté de le développer. Li Yiyu a lui aussi modifié certains mouvements de l’enchainement. Par exemple, la hauteur des positions n’était pas la même entre les deux hommes.
Est-ce qu’il y avait des sauts ou des frappes qui ont été modifiés ?
Les pas sont restés les mêmes. Et à l’époque, ils n’arrêtaient pas de développer l’art. Ils ont atteint des niveaux exceptionnels que personne ne peut atteindre maintenant.
Est-ce que Wu Yuxiang enseignait avec un enchainement ou plutôt des techniques ?
Il avait son système, sa façon d’enseigner. Mais de toute façon c’était avec un enchainement. Pourquoi irait-on changer les remarquables méthodes que les ancêtres nous ont transmises ? Il faudrait être idiot. A l’époque, ils étaient des spécialistes, nous on ne l’est pas.
Eux, ils pouvaient changer une partie de l’enchainement, parce qu’ils le ressentaient avec leur gongfu. Ils n’arrêtaient pas de développer leur art jusqu’à ce que leur gongfu leur dise que c’était le bon mouvement. Et ensuite, ils dessinaient le bon mouvement pour fixer les choses. C’était une manière scientifique de travailler.
Maintenant les gens se chamaillent à coup d’articles plein de mots pour savoir si Tchouang-Seu avait raison ou si Lao-Tseu était meilleur qu’un autre. Le document de Wang Zongyue ne fait que 200 caractères et il a écrit seulement ça dans sa vie. Wu Yuxiang n’en a pas écrit beaucoup plus et Li Yiyu pareil.
 La pratique personnelle
Est-ce vous avez continué l’entraînement seul ou avec des élèves de Hao Shaoru après sa mort ?
J’ai continué seul.
Comment est-ce que vous avez fait pour vous corriger, progresser, trouver la méthode pour obtenir ce gongfu ?
Ça m’arrivait parfois de rencontrer des camarades et on s’entraînait ensemble. Mais ils étaient tous bien plus âgés que moi, donc de moins en moins de gens se sont entraînés avec moi.
Est-ce que vous pratiquez autre chose que le style Hao ?
Non.
Vous vous entraînez tous les jours ?
Oui. Si parfois je suis trop occupé pour m’entraîner, je dois faire en sorte de trouver un moment dans la journée pour m’entraîner quand même.
Est-ce que vous avez une routine ? Le matin, le soir ?
Non, je m’entraîne dès que j’ai le temps.
Est-ce que vous pratiquez l’enchainement en miroir ?
Oui, bien sûr.
Est-ce que vous avez d’autres exercices à part l’enchainement ?
Tout se trouve dans l’enchainement. Mon professeur avait l’habitude de dire : « Tu t’entraînes pendant 3 ans à l’enchainement et tu sauras toutes les techniques. » Pour le tuishou, six mois ça suffit. Le Taijiquan, ça ne s’apprend que comme ça. Il n’y a pas de pompes ou d’exercices physiques de ce genre. Tout se trouve dans l’enchainement.
Vous pratiquez combien de fois l’enchainement par jour ?
Six fois par jour. Il faut entre 20 et 25 minutes pour pratiquer l’enchainement en entier. 25 minutes, c’est un standard quand on commence l’entraînement. Maintenant je fais environ 20 minutes.
Est-ce que vous vous reposez entre deux enchainements ?
Oui, je me repose un peu. Mais ne rigole pas, quand tu regardes cet enchaînement, tu penses que c’est facile, les mouvements ne sont pas très amples, mais la force générée est très grande. Yohan le sait. C’est un enchainement qui fatigue beaucoup parfois. Ce qu’on considère c’est l’interne. Les mouvements, c’est secondaire en fait.
 Jeu de mains
Est-ce qu’il y a plusieurs méthodes d’enseignement du tuishou ?
Ça dépend complètement de ton niveau. Si tu as le niveau suffisant, tu progresses à chaque étape. Bien sûr qu’il y a plusieurs méthodes mais si tu n’as pas le niveau pour comprendre, ça ne sert à rien de t’apprendre une nouvelle façon. Il y a le tuishou à une main, à deux mains, en posture fixe ou mobile…
Il y a autant de façons qu’il y a de progrès, le Taijiquan n’a pas de limite dans les progrès qu’on peut faire. C’est pas parce qu’on atteint un certain niveau qu’on ne peut plus progresser. Le Taijiquan, ce n’est pas un sport. Dans le sport, tu es limité par tes performances physiques. Dans le Taijiquan, plus ton niveau est haut, peu importe ton âge, et moins tu auras d’efforts physiques à fournir. Ça veut dire que plus ton niveau est haut, plus tu auras d’endurance.
Est-ce que vous avez une méthode pour absorber et redistribuer le Qi durant les tuishou ?
Oui, bien sûr c’est le principe mécanique du Taijiquan, on absorbe la force de l’autre pour l’utiliser. Comme ça, on n’utilise pas la nôtre. Il n’y a pas de confrontation de forces dans le Taijiquan. On détourne la force de l’adversaire pour l’utiliser contre lui. Quand l’adversaire met toute sa force dans votre corps et qu’il n’a plus la possibilité de forcer, c’est à ce moment qu’il faut lui rendre.
Est-ce qu’il y a des méthodes pour apprendre à faire ça ?
L’entraînement du tuishou, c’est dans le tuishou qu’on apprend ça. Il y a une façon c’est d’être xu [vide] pour recevoir la force adverse.
Qu’est-ce que vous pensez des compétitions actuelles de tuishou ?
Je ne regarde pas, parce que pour moi, ça ne suit pas les principes de l’art du Taijiquan. Les compétitions ne sont pas du Taijiquan authentique.
 Le travail interne
Comment est-ce qu’on développe sa force interne ?
On développe ça dans l’enchainement. Il y a trois étapes en général dans la progression. La première, c’est de faire attention aux formes qui doivent se positionner correctement. La deuxième, c’est l’attention du corps. La troisième, ce sont les mouvements internes corrects. La force interne repose sur ces trois étapes basiques.
Est-ce que vous utilisez la notion de Yi [intention] et est-ce que c’est une notion importante dans votre enseignement ?
Bien sûr que c’est très important. Yi, ça représente les exigences théoriques du Taijiquan. Par exemple, si je fais cette action, est-ce que ça correspond aux principes du Taijiquan ? Selon les principes du Taijiquan, est-ce que je peux faire comme ci ou comme ça ? C’est ça, Yi.
Par exemple, quand je change de mouvement dans l’enchainement, est-ce que mon corps fonctionne de concert avec ma détermination, avec ce que je veux faire ? C’est pourquoi quand on dit « quand Yi arrive, le Qi arrive ». C’est la présence complète, corps et esprit. Par exemple, je veux faire cette action, mais mon corps m’en empêche parce qu’il n’a pas été formé pour cette action, donc la force ne peut pas sortir, mon action est inutile.
Quand le corps et l’esprit sont complètement présents, la force peut sortir. Si tout est éparpillé, ça ne sert à rien. Donc Yi, c’est la possibilité d’appliquer ses pensées en actions en respectant les principes du Taijiquan.
Donc, pratiquer un enchainement le cerveau vide, ça ne sert à rien ?
Ça ne sert à rien. D’ailleurs, tuishou avant ça s’appelait dashou [littéralement frapper-mains]. Maintenant les gens pensent « pousser » mais ce n’est pas ça. Avant, c’était pour frapper, pas pour pousser. Si on s’entraîne, c’est pour frapper, pas pour être en bonne santé.
Les gens aujourd’hui pensent que pratiquer le Taijiquan sert à vivre plus longtemps, mais c’est pas seulement ça. Bien sûr, Wu Yuxiang pensait que le Taijiquan pouvait apporter une excellente santé. C’est lui qui a découvert ça. Il a dit que le Qi contrôlé de manière appropriée pouvait améliorer la santé.
 La promotion officielle du Taijiquan
Qu’est-ce que vous pensez de la tendance du gouvernement à promouvoir les arts martiaux à travers le monde ?
Je ne connais pas trop les intentions du gouvernement. Ce que je sais, c’est que notre art ne peut pas être falsifié pour de l’argent ou de la renommée. La réussite dans les arts martiaux, ça ne dépend que de toi. Ça, c’est un principe qui ne bouge pas, comme le principe originel du Taijiquan. Dans notre art il y a deux mots : Taiji et Quan. Pour nous, c’est le Taiji qui vient transformer le poing, qui vient le guider, le développer. Donc, ça ne sert à rien de promouvoir uniquement des mouvements.
Parfois on a le sentiment que plus on promeut et plus l’art se vide de sa substance.
Oui, mais on ne peut pas manipuler les gens. Si tu manipules les gens, promouvoir ne sert plus à rien. Ça ne sert à rien de promouvoir une quantité de choses. Promouvoir un art, c’est promouvoir son essence, pas des techniques.
Vous n’avez pas peur que le style perde de sa valeur et de sa capacité en voyant de plus en plus de personnes qui l’apprennent ?  
Non, je n’ai pas peur, ça ne dépend plus seulement d’un seul prof qui enseigne. Maintenant, il y a plein de vidéos et de contenu qui parlent des standards.
Mais vous n’avez pas peur qu’il y ait de plus en plus de personnes qui petit à petit ne comprennent plus, même les vidéos qu’ils regardent ?
C’est tout là le problème de qui enseigne. Comment est-ce que tu vas faire pour faire passer le message du Taijiquan ? Techniquement, aujourd’hui, tu fais une vidéo en expliquant bien tous les points et les concepts liés à l’art mais là encore, tout le monde n’est pas pédagogue.
 La retraite et l’avenir
Vous êtes à la retraite depuis juin 2018, n’est-ce pas ?
Oui, c’est ça. Comme maintenant je suis à la retraite, j’en profite pour rattraper tout le temps perdu à travailler pour un salaire. Je veux me spécialiser dans cet art. Donc, je dois m’entraîner. J’ai 60 ans, encore 10 ans et ce sera difficile de progresser. Donc je n’enseigne que de temps en temps.
Vous allez à Changsha tous les mois, pendant deux semaines. C’est dans quel genre d’endroit ?
Je suis secrétaire général dans la fédération de Taijiquan du Hunan. Ils m’ont demandé de venir promouvoir le style Wu Hao. J’enseigne dans cette fédération dans laquelle il y a plus d’une centaine de membres. Mais bon, je ne suis pas quelqu’un qui enseigne à n’importe qui, si la personne n’est pas honnête, je n’enseigne pas.
Comment voyez-vous l’avenir du style Wu Hao ?
C’est ce dont on parle très souvent dans la fédération de Changsha. En Chine, il y a eu quatre grandes inventions, qui ont évolué, changé, etc. Mais si on prend le Taijiquan, on discute encore aujourd’hui d’une valeur qui ne change pas. Entraîner son gongfu a le même sens aujourd’hui qu’hier.
La manière avec laquelle on peut lui donner une évolution, c’est qu’aujourd’hui on a les outils pour rassembler des données scientifiques sur le sujet. Une fois, j’ai eu un élève, il n’aimait pas parler, il avait étudié un peu le Xingyiquan et il voulait apprendre le Taijiquan. Il était étudiant à l’étranger donc on ne s’est pas beaucoup vu, en tout quatre mois.
Puis il est parti à l’étranger pour ses études. Quand il est revenu quelques temps plus tard, il allait beaucoup mieux, il parlait plus facilement. Je lui ai demandé : tu étais dépressif avant ? Il m’a répondu que oui mais qu’après s’être entraîné au Taijiquan pendant quelques temps, il allait beaucoup mieux.
En fait, c’était le jour et la nuit entre le garçon qui était venu me voir et celui avec qui je parlais maintenant. Comment expliquer que le Taijiquan a guéri ce garçon ? Je n’en ai franchement aucune idée.
C’est la raison pour laquelle on a besoin des sciences modernes pour expliquer ce genre de phénomène. Un autre élève, à qui le médecin prédisait une mort imminente et qui s’est mis au Taijiquan vit encore aujourd’hui, il a plus de 80 ans. Les kystes qu’il avait se sont résorbés. Je connais très bien les bénéfices que le Taijiquan peut apporter, mais selon le point de vue scientifique, je suis incapable d’expliquer les raisons. Je ne suis pas médecin. Je suis seulement capable d’expliquer le point de vue de l’artiste martial.
Mais on ne peut pas prendre les expressions traditionnelles pour expliquer aujourd’hui les bienfaits du Taijiquan.
Non, il faut prendre la science moderne pour l’expliquer. Par exemple, on peut faire un travail illimité d’oxygénation du corps avec le Taijiquan. Tout se passe dans l’interne. Ça fait partie de mon travail de recherche dans le Taijiquan. Mais on a besoin de la science pour expliquer tout ça.
Dans le Hunan, j’ai plusieurs élèves qui sont médecins dont j’ai bon espoir de voir un jour des explications scientifiques sur les bienfaits du Taijiquan. A ce sujet, on aimerait d’ailleurs créer un centre d’expérimentations et de recherches là-bas. C’est un de nos projets. Le Taijiquan, c’est un excellent art pour réoxygéner le corps. Je peux aujourd’hui oxygéner mon corps de façon optimale grâce au Taijiquan.
Aujourd’hui on peut facilement expliquer le côté martial de l’art, comme absorber la force, la retransmettre à l’adversaire, etc. Mais d’un point de vue scientifique, c’est quelque chose que je ne connais pas et c’est ce que j’espère étudier. Je préfère étudier plutôt qu’enseigner. Yohan peut enseigner s’il veut.
Yohan : On prend une photo ?
Mathieu : Merci professeur !
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Photo : Mathieu Ayrault, Hao Yinru et Yohan Radomski
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taijiquanwuhao · 6 years ago
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Entretien avec Hao Yinru (1)
Cet entretien entre Hao Yinru, Yohan Radomski et Mathieu Ayrault a eu lieu le 5 novembre 2018 à Shanghai. Mathieu l’a traduit et Yohan l’a mis en forme.
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Photo : Mathieu Ayrault, Hao Yinru et Yohan Radomski
Wang Muyin est né en 1958 à Shanghai où ses parents, originaires de la province du Jiangsu, s’étaient installés. En 1978, il rencontre Hao Shaoru (1908-1983), héritier de la tradition du taijiquan de style Wu passé dans la famille Hao, et commence à étudier avec lui. Il commence à enseigner en 1981 sous le nom de poing de Hao Yinru, donné par son maître. Retraité depuis 2018, il consacre son temps à la pratique et l’enseignement du style Wu Hao.
Un jeune homme nommé Wang Muyin
Vous aviez tout juste 20 ans quand vous avez rencontré Hao Shaoru. Travailliez-vous déjà à cette époque ?
Je travaillais dans une entreprise qui fabriquait des ordinateurs et qui s’appelait Dong Hai Dian Nao, mais ça n’existe plus aujourd’hui.
Est-ce que vous aviez déjà étudié la taijiquan avant ?
Oui, mais très peu, j’avais étudié le style Yang pendant 3 mois.
Pourquoi est-ce que vous avez commencé le taijiquan et pas le ping-pong, par exemple?
Parce que j’aime les arts martiaux. Depuis l’enfance, cela m’avait toujours intéressé. Il n’y en avait pas à l’école. Mais j’ai vu ça dans un club formé par des employés d’une usine de produits chimiques et à force de les regarder s’entraîner au taijiquan, j’ai commencé à aimer ça. Mais à ce moment-là, je ne comprenais pas ce que c’était vraiment. Je voyais que cette pratique était bonne et donc je croyais que ces gens qui le pratiquaient avaient développé du gongfu [savoir-faire].
La rencontre avec Hao Shaoru
Comment avez-vous rencontré Hao Shaoru ?
Comme je m’intéressais au taijiquan, quelqu’un m’a parlé de lui. Il enseignait dans le parc pas loin de l’endroit où je travaillais. J’y suis allé plusieurs fois sans le trouver. En fait, il était parti à Xi’An à ce moment-là et c’est quand il est revenu que je l’ai rencontré.
C’était en été et je suis allé l’écouter durant plusieurs mois et à force de l’écouter je commençais à comprendre un peu. A ce moment-là, je faisais les trois-huit. Mon professeur allait au parc très tôt le matin, donc il fallait aussi y aller le matin. Alors, pendant un temps, je n’arrivais pas à entrer dans la pratique. Et enfin, le 6 décembre 1978, j’ai décidé d’étudier  franchement le taijiquan avec mon professeur.
Quel genre de personne était Hao Shaoru ?
C’était un homme qui avait des convictions. Pourtant il n’était pas très éduqué mais quand tu l’écoutais, tu étais admiratif. Il était très humble aussi, il n’aimait pas parler de lui et ne parlait jamais pour rien dire. Cette qualité morale est extrêmement valable à mes yeux.
Par contre, quand je l’ai rencontré, je ne comprenais pas ce qu’il disait parce qu’il parlait le dialecte de Yongnian dans le Hebei. Mais à force d’étudier avec lui, ce problème a disparu. Et après, quand il parlait du taijiquan, tu ne pouvais être qu’admiratif.
Du coup, j’ai décidé de ne plus aller ailleurs et c’est comme ça que j’ai commencé à suivre mon professeur. Dans le milieu du taijiquan, il était quelqu’un de très érudit, la profondeur de ses connaissances était formidable.
Quand il enseignait la théorie, il pouvait non seulement en parler aisément mais montrer aussi par les actes ce qu’il enseignait. Il était le seul professeur à pouvoir faire ce qu’il disait dans ses enseignements.
Combien de fois par semaine le voyiez-vous ?
Quand j’ai commencé, mon professeur allait au parc Nanyang trois ou quatre fois par semaine. Mais ce parc n’existe plus, ils ont construit des hôtels et des maisons là-bas maintenant. C’était derrière Nanjing Road.
L’entraînement dans le style Hao
Comment était la pédagogie de Hao Shaoru ?
On commençait directement par l’enchaînement.
Sans exercices préparatoires, la Posture de l’Arbre (Zhan zhuang) ou autres ?
Zhan Zhuang n’est pas enseigné dans la tradition du style Wu Hao. On commençait par l’enchaînement, c’est l’exercice préparatoire le plus important. Tout est dans l’enchainement.
Est-ce que vous faisiez du tuishou en même temps ?
Non, il faut s’entraîner un moment à l’enchainement avant de commencer la pratique du tuishou. Comment tu veux faire autre chose si tu ne comprends pas assez bien l’enchainement ? A l’époque, il y avait aussi pas mal de gens qui venaient s’entraîner en s’amusant et il ne restait que ceux qui étaient vraiment sérieux dans la pratique.
Est-ce que Hao Shaoru montrait des applications ?
Si c’était au parc, il parlait de la théorie en l’appliquant directement. S’il y avait des problèmes il les corrigeait tout de suite. Il n’enseignait pas que des mouvements comme beaucoup d’autres profs de l’époque. Il y avait un équilibre entre théorie et pratique, ce n’était pas de la gymnastique. Sans la théorie du taijiquan, ce ne sont que des mouvements comme ça, c’est de la gymnastique.
Question d’argent
Est-ce que vous donniez de l’argent à Hao Shaoru pour étudier avec lui ?
Bien sûr, au début, il fallait payer les cours. Mais plus tard, il ne voulait plus que je paie.
A ce moment-là, ça représentait combien à peu près ?
Ce n’était pas beaucoup, à cette époque les salaires étaient très bas ! Je lui donnais 2 ou 3 yuans, le salaire de l’époque n’était que de quelques dizaines de yuan.
C’était 2 ou 3 yuan par cours ?
Non non, c’était par mois. Quand j’ai commencé à m’entraîner avec mon professeur, je gagnais à peine plus de 20 yuans par mois.
Le salaire mensuel moyen à l’époque c’était combien ? 20, 30 yuans par mois ?
Oui, à peu près. Mais en fait dans cette branche, la plupart des maîtres étaient riches, cette culture, c’est une culture de personnes riches.
Comment Hao Shao Ru pouvait-il compter sur son salaire de professeur de taijiquan pour manger ?
Il y avait eu un moment où il avait dû travailler à l’usine. Mais à l’origine, pour des personnes comme mon professeur, leur spécialité c’était juste professeur d’arts martiaux. Tout a changé après la Libération [la fondation de la République populaire de Chine en 1949]. Avant la Libération, ils étaient tous patrons, ils avaient de l’argent parce qu’ils avaient une place importante dans la société.
Donc avant et après la Libération, ça a été deux mondes différents.
Oui, c’est ça.
Disciples, élèves, et cie
Est-ce que Hao Shaoru acceptait des disciples s’il voyait que certains des élèves étaient motivés et persévérants ?
Après la Libération, il n’acceptait plus de disciples. Avant 1949, il avait accepté quatre disciples, ses seuls disciples.
Est-ce que c’était à cause des circonstances de l’époque ou bien est-ce que c’était de sa volonté personnelle de ne plus accepter de disciples ?
Ça, je ne sais pas trop. De toute façon maintenant, on n’en parle plus de cette tradition de recevoir des disciples.
Est-ce qu’il enseignait les mêmes choses si l’apprenant était un élève ou un disciple ?
Non, mon professeur adaptait son enseignement selon trois types de personnes : les élèves, les amis passionnés par l’art martial et les disciples.
Vous êtes son disciple ?
Non, je ne peux pas dire ça car je ne suis pas passé par la tradition du baishi [cérémonie rituelle où un maître accepte un disciple]. Je n’ai jamais fait ce genre de chose. J’étais plutôt comme son fils. Mais l’enseignement que j’ai reçu correspond à celui donné à un disciple.         
Le nom de poing Hao Yinru
Vous vous appelez Wang Muyin. Pourquoi portez-vous le nom de poing Hao Yinru ?
Parce qu’à l’époque, mon professeur voulait me considérer comme son fils pour que son art perdure. Il n’avait pas de fils, il voulait que je continue la lignée. Alors il m’a fait venir chez lui pour m’adopter, pour que je devienne son fils au regard de la loi. Mais l’administration a refusé que je devienne son fils. Alors, il m’a renommé Hao Yinru et m’a dit d’utiliser ce nom pour la pratique du poing. Le caractère Yin vient de mon prénom et le caractère Ru de son prénom. A l’époque, il était de la 3ème génération dans la lignée Hao. Ce style est un art de la famille Hao. Donc il m’a nommé pour être de la 4ème génération. C’est pourquoi quand je participe à des activités autour des arts martiaux, je me présente comme Hao Yinru.
Alors est-ce qu’on peut dire que vous représentez aujourd’hui le style Hao en Chine ?
Non, je ne pourrai jamais dire ça. Cette qualification, ça regarde les autres, pas moi. Ça n’a aucune utilité de dire ça de soi-même. Mon professeur par exemple n’a jamais voulu se reconnaître comme étant représentant du style. Ce genre de considération, c’est juste l’opinion des autres qui l’affirme ou pas.
Mais le fait que Hao Shaoru vous donne ce nom, est-ce que ça n’a pas créé chez les autres certaines émotions ?
Oui, en effet … Certains n’ont pas pris ça très bien quand ils ont appris la nouvelle. C’est normal.
Ce qui signifie que Hao Shaoru vous considérait différemment des autres élèves ?
Oui, c’est sûr.
Les autres élèves de Hao Shaoru
Qui étaient les élèves qui pratiquaient avec Hao Shaoru à l’époque ? Est-ce que c’était des jeunes comme vous à l’époque ? Des gens qui venaient pour leur santé ?
Non, la plupart des gens venaient pour entraîner leur gongfu [acquérir un savoir-faire, une certaine maîtrise]. Après, ils y arrivaient ou pas, c’était leur affaire. Entraîner son gongfu et entretenir son corps, ce sont deux choses différentes. Pour s’entraîner au gongfu, il faut déjà avoir une bonne condition physique. Est-ce que tu es assez technique ? As-tu les bonnes méthodes pour apprendre ? As-tu l’intelligence suffisante ? Parce que dans ce style, il faut réfléchir pour progresser.
Une autre condition, est-ce que tu as assez de temps libre pour t’entraîner ? Comme par exemple mon professeur. C’était un spécialiste dans son art mais après la Libération, il n’avait plus de travail, il n’avait plus d’argent, parce que personne n’avait plus d’argent pour apprendre. Si tu veux vraiment entraîner ton gongfu, tu dois pratiquer à la manière d’un spécialiste. C'est-à-dire que c’est ton activité principale. C’est seulement comme ça que tu peux développer un bon gongfu. Du coup, après la Libération, c’était très difficile d’enseigner, donc les gens qui venaient étaient principalement là pour faire des exercices physiques.
Mais si on prend votre exemple, vous êtes passionné par le gong fu, est-ce qu’il y avait d’autres personnes comme vous à l’époque ?
Bien sûr qu’il y en avait, mais le problème c’était : est-ce que leur professeur les appréciait ? Est-ce qu’il avait envie de leur enseigner quelque chose ? C’est pourquoi si une personne se vante qu’avec son professeur il a appris telle ou telle chose, en général ce sont des choses très basiques de la culture chinoise. Est-ce que leur professeur leur a appris la profondeur de la culture chinoise ? Ça, personne n’en parle.
La culture chinoise, c’est une chose qui se passe de génération en génération, c’est pas en regardant comme ça vite fait que tu comprends. Notre art, c’est seulement quand tu as été initié que tu peux espérer comprendre. Si tu ne fais pas ça, tu ne peux pas comprendre. Ce que tu vas lire dans les livres ça va t’induire en erreur.
Ceux qui se vantent d’avoir étudié une multitude de techniques font souvent ça pour l’argent. Mon professeur ne disait jamais « tu étudies bien » ou se vantait autour de lui de son enseignement. Un bon professeur ne se vante pas de ce qu’il enseigne. Dans le cas contraire, c’est juste qu’il raconte n’importe quoi pour se faire grandir ou pour gagner de l’argent.
De toute façon maintenant, avec la technologie, tu peux trouver toutes les techniques et tous les mouvements sur Internet. Mais du premier coup d’œil, tu sais tout de suite ce qu’il en est. Pas besoin de parler d’art interne, tu regardes juste si les mouvements sont corrects.
L’enseignement du style Hao
Est-ce que vous avez rencontré d’autres élèves de Hao Shaoru qui ont enseigné par la suite, comme Chen Guofu ou Li Weiming ?
Oui, je les ai tous rencontrés. Chen Guofu, moins que les autres, une ou deux fois, on n’a pas plus échangé que ça. Li Weiming apprenait dans un autre endroit, on n’étudiait pas ensemble. A ce moment-là, mon professeur avait enseigné le tuishou pendant trois mois au Gymnase de Shanghai, c’est là qu’on s’était rencontrés. On ne se connaissait pas avant. Après cet épisode, on a parfois échangé.
Dans les années 80, est-ce qu’il y avait des élèves de Hao Shaoru qui enseignaient aussi ?
Non. Le seul spécialiste de cet art qui enseignait en Chine à l’époque c’était mon professeur. Il était le seul à vivre de cet art, il ne faisait que ça, il ne travaillait pas. Mais après sa mort, une quantité importante de professeurs est apparue et ils ont tous commencé à enseigner le style.
Est-ce que c’était parce que Hao Shaoru n’autorisait pas les autres à enseigner ?
Non, il n’a jamais interdit à qui que ce soit d’enseigner. C’est simplement que personne ne pouvait comparer son gongfu au sien. Et donc personne n’osait enseigner.
Quand est-ce que vous avez commencé à enseigner et pourquoi ?
J’ai commencé en 1981. Mon professeur est tombé malade du coup il n’avait plus de travail puisque c’était son gagne-pain. Donc je l’avais remplacé pour continuer les cours et je lui reversais tout l’argent que je collectais.
Est-ce que vous avez continué à enseigner après sa mort ?
Depuis 1981, je n’ai jamais arrêté d’enseigner. Et tous ceux que j’ai enseignés sont venus d’eux-mêmes.
Vos élèves étaient tous à Shanghai ?
Non, il y en avait d’autres provinces aussi, dans le Hunan, le Hebei. J’y allais ou c’était eux qui venaient me chercher.
Le livre de 1992 sur le style Wu Hao
Un livre sur le style Wu Hao est sorti en 1962 et un autre en 1992. Quelles sont les différences entre le premier et le deuxième livre ?
Le premier livre regroupe ce que mon professeur avait appris de son père, notamment les mouvements et les formes.
Ce sont les étudiants de mon professeur qui l’ont aidé à faire ce livre et dans ce premier livre, il y avait des erreurs à propos des notions xu shi [notion de vide et de plein, notamment pour la jambe d’appui], il y avait des inversions, quand c’était xu ça devait être en fait shi et vice-versa. Ça a été corrigé dans le deuxième livre et il est un peu plus détaillé.
Mais le plus important, c’est de transmettre les connaissances de mon professeur. Il manquait beaucoup de thèmes abordés dans le premier livre. Le deuxième livre est plus complet. Le premier livre parle majoritairement des connaissances de Wang Zongyue, Li Yiyu, Wu Yuxiang et Hao Yueru alors que le deuxième livre rassemble plutôt les connaissances de mon professeur.
Mais Hao Shaoru ne pouvait pas publier ce livre de son vivant ?
Il n’a jamais réussi à finaliser vraiment ce livre. Ses élèves n’avaient pas vraiment fait le travail qu’il attendait d’eux. Ce n’était pas écrit correctement et la maison d’édition a refusé de publier. Donc j’ai repris le travail plus tard mais je ne savais pas trop comment faire, je ne pouvais pas écrire n’importe comment, il a d’abord fallu que je me forme à l’écriture.
Qui vous avait confié ce travail ? Est-ce que c’était Hao Shaoru lui-même ou sa femme ?
Quand Hao Shaoru est mort, son livre n’avait toujours pas été accepté par la maison d’édition. Ses élèves se battaient pour avoir leur nom au dos du livre. Le problème c’est qu’à ce moment-là, je ne savais pas bien comment écrire. J’ai dû aller étudier et revenir après pour finir le travail.
Donc c’est de votre propre chef que vous avez repris ce travail d’écriture du livre ?
Oui, les élèves faisaient tellement mal ce travail que j’ai dû finaliser le livre. 
La mort de Hao Shaoru
Que s’est-il passé à la mort de Hao Shaoru en 1983 ?
Sa mort a bien sûr eu un impact important. D’abord, personne ne pouvait plus enseigner son gongfu, personne ne pouvait plus prétendre à avoir un gongfu égal au sien. C’est comme si un arbre gigantesque venait de tomber. Plus personne ne pouvait voir un tel gongfu.
Tous les spécialistes des arts martiaux de son époque avaient un gongfu incomparable face aux pratiquants de maintenant. Maintenant, les pratiquants sont devenus idiots tout simplement parce qu’il n’y a plus cette occasion quotidienne d’être un spécialiste d’arts martiaux comme ils pouvaient l’être avant. Aujourd’hui l’argent et le travail sont trop importants pour que les gens passent leurs journées à s’entraîner. Avant ils ne faisaient que s’entraîner, ils ne faisaient rien d’autre. Il n’y a que comme ça qu’on peut avoir un pur gongfu.
Donc maintenant en Chine, on perd beaucoup de choses d’une génération à une autre. Avant, ils n’avaient pas besoin de travailler, ils étaient assez riches pour s’entraîner tout le temps. C’est une transmission qui s’est petit à petit désagrégée avec les ruptures entre les générations. Mais ce n’est pas seulement dans les arts martiaux, cette catastrophe est valable pour toute la culture chinoise. C’est comme construire un temple dans les règles de l’art, plus personne ne sait faire.
Après la mort de Hao Shaoru, il est impossible de conserver ce genre de pur gong fu ?
Maintenant, les gens doivent travailler, c’est une autre époque, c’est comme ça. On peut toujours s’entraîner, mais c’est extrêmement difficile, voire impossible d’atteindre le niveau des anciens maîtres.
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Photo : Hao Yinru et Hao Shaoru
Vous trouverez la deuxième partie de cet entretien ici : http://taijiquanwuhao.tumblr.com/post/183515950915/entretien-avec-hao-yinru-2
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taijiquanwuhao · 6 years ago
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Forme Courte en 24 mouvements du Taijiquan de style Wu Hao
Par Yohan Radomski
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Le taijiquan de style Wu tel que transmis par Hao Shaoru comporte un seul enchaînement de 96 mouvements. Cet enchaînement peut se diviser en trois parties séparées par le mouvement « Apposer le sceau » :
Une première partie courte en 12 mouvements, assez simple, qui pose les bases du style (attitude corporelle, déplacement des pieds et des mains, mouvements essentiels…).
Une deuxième partie de longueur moyenne en 37 mouvements qui répète les mouvements essentiels de la première partie et se complexifie (mouvement « Emmêler les mains », déplacement en tournoiement sur les pieds, coups de pieds…).
Une troisième partie longue en 47 mouvements qui répète les mouvements essentiels de la première partie et des mouvements importants de la deuxième partie (« Emmêler les mains », « Tourner et repousser le singe », « Faire trois pas sur le chemin »…) et se complexifie encore dans le travail des mains et des obliques (« Le cheval sauvage rejette sa crinière », « La fille de jade lance la navette »…).
Il nous semble intéressant de proposer une forme courte en 24 mouvements qui respecte l’enchaînement transmis par Hao Shaoru : il s’agit simplement de répéter la première partie en la travaillant en miroir. Nous concevons cette forme courte comme une forme d’apprentissage, qui ne saurait en aucun cas se substituer à la forme traditionnelle en 96 mouvements.
      Cette proposition de travail a plusieurs avantages :
-         Un équilibrage corporel fondamental
-         Un réglage des déplacements des mains et des pieds
-         Un approfondissement des mouvements essentiels
-         Une conscience corporelle accrue
-         Une forme gratifiante pour les débutants, courte à apprendre
-         Une forme harmonieuse dans l’espace, le point d’arrivée étant le même que le point de départ
Vous trouverez le PDF de la Forme Courte du taijiquan de style Wu Hao à consulter et télécharger gratuitement ici http://myreader.toile-libre.org/FormeCourte24TaijiquanWuHao.pdf ou ici https://fr.scribd.com/document/407277964/Forme-Courte-Taijiquan-Wu-Hao
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taijiquanwuhao · 6 years ago
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Méthode des 4 Directions du maître Jung Yung-Hwan (partie 2)
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Par Yoann Lambropoulos
La méthode des 4 directions comme préparation martiale
En préambule à ce chapitre, il est intéressant de souligner que le style Hǎo est exempt de tout mouvement superflu ou ostentatoire et qu’au contraire, il privilégie les déplacements courts, les postures hautes aux pas resserrés et les mouvements ramassés, ronds et directs. Ces caractéristiques, qui peuvent donner aux mouvements une simplicité apparente, font justement que ceux-ci se prêtent particulièrement bien, et sans doute les mieux, au travail énergétique et aux applications martiales pragmatiques et réalistes.
L’objectif de cette préparation, qui suit une progression méthodique en quatre étapes, est de s’affranchir progressivement d’un ordonnancement pré-établi pour aboutir à une liberté d’action totale et préparer ainsi aux conditions du combat libre. Dans cette perspective, cette préparation se suffit à elle-même et peut se dispenser de la pratique du TàoLù en 96 mouvements (Le TàoLù permet de mémoriser les mouvements mais il ne les propose le plus souvent que d’un seul côté et les fige dans un ordre établi).  
La progression permet de mémoriser un maximum de possibilités motrices, d’accroître les habiletés martiales et de potentialiser le travail énergétique et le développement de la force. Sa dernière étape permet particulièrement d’aiguiser les capacités de réactivité, d’anticipation et d’adaptabilité à l’imprévu et ainsi, de gagner en liberté et en efficacité d’action.  Pour filer encore le métaphore musicale, le pianiste de jazz doit lui travailler méthodiquement la dextérité, la précision rythmique, la justesse des notes, le son et l’harmonie pour se préparer à improviser librement au cours d’un morceau.
Etape 1.
La première étape revient à répéter encore et encore les mouvements, dans les 4 directions et indépendamment les uns des autres, jusqu’à leur assimilation totale. Les répétitions peuvent avoir un caractère monotone mais elles sont indispensables pour automatiser les mouvements, explorer leurs applications martiales dans toutes les dimensions spatiales (ex : Zhǒu Dǐ Kàn Chuí. Le crochet du bras droit est donné au niveau des côtes dans le TàoLù mais il peut potentiellement être donné au niveau de l’abdomen,  au niveau de la mâchoire ou de la tempe) et développer le Qì.  Cette étape pourra dans un second temps, lorsque le Qì accumulé sera suffisant, être l’occasion de s’exercer à émettre la force explosive ou Fā Jìng.
Etape 2.
La deuxième étape consiste à sélectionner deux mouvements et à les alterner dans un même cycle en réduisant petit à petit leur nombre de répétitions. Exemple :
2.1. Exécuter 4 x Lǎn Zhā Yī (Sud-est ; Sud-ouest ; Nord-est ; Nord-ouest) puis 4 x Bái E Liàng Chì (Sud-ouest ; Sud-est ; Nord-ouest ; Nord-est)
2.2. Exécuter 2 x Lǎn Zhā Yī (S.E ; S.O) puis 2 x Bái E Liàng Chì (N.E ; N.O)
2.3. Exécuter 1x Lǎn Zhā Yī  (S.E) et 1x Bái E Liàng Chì  (S.O), 1x Lǎn Zhā Yī  (N.E) et 1x Bái E Liàng Chì (N.O)
2.4. Alterner Lǎn Zhā Yī et  Bái E Liàng Chì dans un ordre aléatoire tout en veillant à appliquer la règle de symétrie. Si on fait  Lǎn Zhā Yī  à gauche, il faudra à un moment le faire à droite.
On poursuivra ce travail avec l’ensemble des mouvements. Lors de cette étape, nous pourrons également très progressivement accélérer la vitesse d’exécution des mouvements et des déplacements.
Etape 3.
La troisième étape s’attache à combiner, au cours des cycles, tous les mouvements de façon aléatoire mais toujours dans les 4 directions.  
Etape 4.
La quatrième et dernière étape est celle de l’improvisation. C’est l’étape où nous nous affranchissons de toute règle pour accéder à une pratique libre et intuitive. Les  principes du style Hǎo se manifestent naturellement dans les mouvements qui sont exécutés dans un ordre aléatoire, décidé dans l’instant, de proche en proche. La vitesse d’exécution peut varier et les Fā Jìng s’exprimer spontanément. Les déplacements sont totalement libres, sans direction ou quelconque degré de pivotement à respecter.
Lors de cette étape, la préparation martiale pourra être accentuée par l’utilisation de la visualisation. C’est-à-dire qu’on s’entraînera en imaginant répondre aux attaques d’un adversaire. Cette technique de visualisation, usuelle dans les arts martiaux, est très efficace et utilisée également couramment par de nombreux sportifs de haut niveau (skieur de descente, pilote de formule 1 etc.).
Bien entendu cette quatrième étape exige, pour être efficiente, que toutes les étapes précédentes aient été au préalable longuement approfondies. Sans quoi, ses effets resteront incertains sinon vains ! D’ailleurs, s’il a étendu sa méthode à l’ensemble des mouvements du TàoLù pour en déplier toutes les possibilités, Me Jung ne manquerait pas de conseiller à l’élève de ne s’exercer, comme le faisaient les anciens maîtres, qu’à un petit nombre de mouvements seulement. Ce travail ciblé, méthodique et de longue haleine sera le plus sûr moyen de parvenir à l’efficacité martiale et à l’accomplissement de l’art ou Gōng Fū. Et, en dernier lieu, c’est bien la confrontation à un véritable adversaire et à l’imprévisibilité de ses réactions lors du combat libre qui déterminera le niveau de cette efficacité et de cet accomplissement !  
L’aboutissement de cette méthode des 4 directions est donc l’accès au combat libre. Lors du combat libre, on oublie tout enchaînement et toute forme de mouvement préétablie et codifiée. On crée instantanément une forme, une forme qui combine simultanément attaque et défense pour répondre à un besoin immédiat. Comme l’eau, qui n’a pas de forme propre, qui est malléable et qui prend instantanément la forme de son contenant, on prend la forme s’adaptant au mieux au mouvement de l’adversaire. L’intention et la forme ne font qu’un pour produire l’acte nécessaire. Les 6 coordinations Liù Hé (3 Coordinations internes : Coeur/Intention – Intention/Energie Qi - Energie Qi /Force Jin ; 3 Coordinations externes : Mains/pieds - Coudes/Genoux ; Epaules/Hanches), si chères aux arts martiaux internes, s’expriment pleinement. Nous sommes dans une disponibilité immédiate, une activité spontanée, complète qui résulte de la conjonction de toutes les ressources, toutes les facultés, toutes les forces qui sont en nous, une activité qu’il faut laisser agir pour obtenir une efficacité entière.
Il est important de remarquer qu’il est indispensable, en parallèle à cette méthode, de pratiquer intensivement le Tuī Shǒu. Le Tuī Shǒu  permettra notamment d’apprendre à anticiper l’action de l’adversaire pour y répondre, à notre avantage, par un Fā Jìng offensif ou défensif. Cela nous amène à signaler que de nombreux mouvements du TàoLù nécessiteront d’être aménagés pour pouvoir être utilisés en Tuī Shǒu.
Mise en perspective
En ayant comme point de départ l’entraînement à un mouvement indépendamment des autres, cette méthode des 4 directions s’inscrit dans la pratique ancienne et originelle des arts martiaux chinois.
Originellement, les écoles d’arts martiaux chinois ne comprenaient qu’un nombre réduit de séquences de mouvements ou techniques. Ces séquences étaient répétées de nombreuses fois et isolément. Elles étaient répétées sur place puis, en fonction des styles, suivant des déplacements rectilignes, obliques ou circulaires. Ces répétitions soutenaient l’accroissement  de l’habileté et de la puissance des mouvements et avaient pour objectif principal d’assurer le maximum d’efficacité martiale. Ce mode d’entraînement était aride et ardu. Puis, les objectifs des arts martiaux ont évolué avec les changements d’époque et de contexte socio-culturel et économique. L’efficacité martiale devenait moins vitale et les générations successives de maîtres ont progressivement lié les séquences de mouvements pour créer des TàoLù et rendre la pratique des arts martiaux plus attractive et accessible. Durant la première moitié du 20e siècle, les arts martiaux se sont démocratisés, la compétition entre les écoles s’est accrue et a occasionné une inflation des techniques et des TàoLù. La contre partie a été une dilution progressive du travail martial originel. Cette dilution s’est accentuée avec l’avènement, au cours de la deuxième moitié du 20e siècle, des arts martiaux chinois modernes (ou WǔShù moderne) et des TàoLù  de compétition qui privilégient le spectaculaire, les prouesses gymniques et acrobatiques et l’emphase de l’esthétique au détriment du travail « interne ». Bien que nommés comme tels, ces arts martiaux ont quitté le champ martial pour investir celui du «  sport artistique ».  
Il convient toutefois de nuancer ce constat et de souligner que certains styles perpétuent les méthodes d’entraînement originelles tels par exemple le Xīn Yì Liù Hé Quán ou le Yì Quán. Et le style Hǎo, bien qu’il se pratique essentiellement à travers son TàoLù, a su remarquablement bien conserver les caractéristiques originelles et essentielles du TàiJí Quán pour même les perfectionner au cours du temps.
Pour développer sa méthode des 4 directions,  Me Jung a déconstruit le TàoLù du Hǎo et en a extrait les mouvements pour en repréciser les contours et les fonctions, sans jamais en dénaturer les principes organisateurs, et pour les pratiquer de manière indépendante. Ce faisant, Me Jung a innové dans la pratique du style Hǎo en même temps qu’il a opéré un retour aux méthodes d’entraînement traditionnelles des arts martiaux. Il a en quelque sorte bouclé la boucle !
Pour conclure
La méthode des 4 directions est une méthode évolutive, qui autorise une grande liberté d’aménagement et qui peut répondre à différents besoins et différents objectifs de pratique. En cela, elle peut se suffire à elle-même. Me Jung a développé cette méthode avec la volonté de transmettre aux élèves un outils éducatif accessible et efficace dont ils pourront se saisir pour progresser dans leur pratique et leur appréhension des principes du TàiJí Quán. Et il faut signaler, très prosaïquement, que cette méthode des 4 directions ne requière qu’un espace au sol très réduit par rapport au TàoLù et qu’elle peut ainsi être très facilement utilisée dans un logement personnel. Cet aspect est loin d’être anodin quand on ne peut pas toujours disposer d’une salle de pratique ou d’un espace extérieur.
Cette méthode illustre l’attachement inextinguible de Me Jung à l’approche des arts martiaux traditionnels, approche qui insiste sur le fait de cultiver en premier lieu l’énergie interne par la répétition du mouvement. Cette énergie stimulera tout d’abord l’amélioration et la préservation de la santé et si le dessein est martial, nourrira le travail indispensable du Fā Jìng. Car c’est le Fā Jìng qui garantira l’efficacité entière et immédiate des applications martiales du TàiJí Quán. Cette approche traditionnelle, associant travail énergétique et martial, produira beaucoup de bénéfices sur le long terme à condition de s’armer de patience et de faire preuve d’abnégation. A travers cette approche, Me Jung soutient une pédagogie de l’assimilation plutôt qu’une pédagogie de l’accumulation des savoirs-faire.
Le TàiJí est un art vivant qui évolue avec son temps. Les générations successives de maîtres du style Hǎo ont chacune apporté et transmis des modifications pour parfaire la mise en œuvre des principes fondateurs du TàiJí. Me Jung, après avoir lui-même accédé à la pleine compréhension du style, poursuit avec sa méthode cette dynamique d’apport et de transmission.
N.B : Je remercie chaleureusement Me Jung d’avoir éclairé mes questionnements sur sa méthode à chaque fois que j’en avais besoin et d’avoir ainsi contribué à l’élaboration de cet article.
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taijiquanwuhao · 6 years ago
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Méthode des 4 Directions du maître Jung Yung-Hwan (partie 1)
Entre tradition et innovation
Par Yoann Lambropoulos
Suite à une série de vidéos éducatives postées sur YouTube (https://youtu.be/aqZ8O0uExtE)  voici une présentation écrite de la méthode des 4 directions créée par  Maître Jung Yung-Hwan et intégrée à son enseignement du TàiJí Quán style Wǔ-Hǎo depuis déjà plusieurs années.
La création de la   méthode des 4 directions s’inscrit dans une recherche pédagogique   constante menée par Me Jung et portant sur l’enseignement du Qì Gōng   et des arts martiaux internes et particulièrement du TàiJí Quán.   Cette recherche, basée sur sa propre compréhension des arts internes,   l’amène à régulièrement améliorer ses méthodes d’enseignement ou à en   élaborer de nouvelles plus à même de faciliter et catalyser la   progression des élèves. Ses méthodes, expérimentées et validées « in   situ », cherchent l’efficacité et le pragmatisme et évitent tout recours  à un jargon inutile ou toutes références à des concepts philosophiques  chinois ou formules ésotériques propres à la culture des arts martiaux  internes. Me Jung n’emploie généralement les termes chinois qu’avec   parcimonie (La plupart de ceux employés dans cet articles le sont à mon initiative). Aussi, il cherche moins à amener l’élève à reproduire à   l’identique des gestes standardisés qu’à lui transmettre des principes   intelligibles, assimilables et aptes à nourrir son cheminement. In fine,  la justesse et la lisibilité des gestes de l’élève seront l’expression  de l’intériorisation des principes tout autant qu’elles seront propres à  sa personnalité corporelle.
Genèse et formalisation de la méthode des 4 directions
Il  y a quelques années, au fil de sa pratique du TàoLù en 96 mouvements,  Me Jung, a relevé que la majorité des changements d’orientation du  corps précédant un déplacement s’y effectuait suivant 4 angles de  rotation : 45°, 90°, 180° et 270°. Il a alors pensé qu’il était  important que les élèves s’entraînent à ces changements en préalable à  l’exécution du TàoLù. Il a ainsi établi une succession de déplacements  dans 4 directions correspondant aux 4 points intercardinaux et suivant  les 4 angles de rotation mentionnés ci-dessus. En prenant comme référent  une position centrale de départ orientée vers le sud, comme il est  de  coutume dans le style Hǎo, les déplacements se succèdent en un cycle  comprenant deux séries symétriques et dans les ordres suivant :
1ère série : Sud-est ; Sud-ouest ; Nord-est ; Nord-ouest
2ème série : Sud-ouest ; Sud-est ; Nord-ouest Nord-est
Me  Jung a ensuite appliqué cette succession de changements d’orientation et de déplacements aux mouvements simples comme Lǎn Zhā Yī et Bái E  Liàng Chì.  L’application s’avérant évidente, il l’a rapidement étendu  aux mouvements Dān Biān et Lǒu Xī Ào Bù et a ajouté au centre un  mouvement permettant de faire la transition entre 2 séries (cf.  La 2ème  partie de Rú Fēng Sì Bì ). Il formalisait ainsi les bases de sa  méthode de l’exercice des mouvements fondamentaux dans les 4 directions.  
Les quatre mouvements cités ci-dessus ont été distingués comme  fondamentaux car ils recouvrent les techniques martiales de base du  style Hǎo : Ils exercent simultanément une parade soit vers devant, le  haut, le côté ou le bas et une attaque directe vers le buste (dont la  hauteur peut potentiellement varier).
Dans cette méthode, les  changements de direction et les déplacements se réalisent de la même  manière que dans le TàoLù. Ils respectent les mêmes règles  d’alignement postural, la même manière de pivoter sur le pied d’appui  par l’action de la ceinture abdominale et, la même manière de répartir  le poids du corps entre la jambe avant et la jambe arrière. L’exécution  de chaque mouvement conserve une vitesse lente et régulière et obéit  également aux principes présents dans le TàoLù : Succession Qǐ,  Chéng, Kāi, Hé (voir l’article «  Sur Hao YueRu et le Taiji Quan de  style Hao », blog taijiquan Wu-Hao (http://taijiquanwuhao.tumblr.com/);  Alternance d’ouverture et de fermeture ; Equilibration du corps dans   toutes les dimensions spatiales par le jeu des forces antagonistes ; 5   arcs ; Notion de vide et de plein ; Utilisation de l’intention Yì ;   Usage du souffle interne Qì etc.
Généralisation de la méthode des 4 directions
Depuis  plus d’un an, Me Jung réalise un travail important pour étendre sa   méthode à l’ensemble des mouvements du TàoLù. Il a à ce jour extrait   la trentaine de mouvements distincts que comporte le TàoLù (les autres  n’étant que des répétitions) et continue à perfectionner leur   intégration à sa méthode. Cette démarche l’a amené à réétudier   spécifiquement chaque mouvement. Il s’est appuyé sur sa grande   connaissance des arts martiaux internes pour en repréciser la fonction   martiale et, quand cela était nécessaire, pour en repréciser la forme et  le déroulé. L’objectif étant de garantir la cohérence entre la fonction  et la forme (Ex : Yù Nǚ Chuān Suō. Si la main qui attaque va trop  en arrière pendant la phase Chéng, elle sera en retard par rapport à la  main qui protège la tête pendant la phase  Kāi . La synchronisation  attaque/défense, indispensable du point de vue martial, sera perdue).  Car, si la majorité des mouvements du TàoLù ont une forme et un  déroulé qui traduisent clairement leur fonction martiale, quelques  autres ont vu cette fonction en partie effacée par les remaniements  successifs opérés au cours du temps. Me Jung a également dans un cas  restauré le mouvement tel qu’il était exécuté à l’origine (Dào Niǎn  Hóu). Toutefois, les quelques modifications apportées respectent  scrupuleusement les principes organisateurs du style Hǎo. Elles sont  apportées dans le cadre de la méthode des 4 directions et chacun(e) est  libre de les transposer ou pas au TàoLù.
Intérêts de la méthode des 4 directions
Le  TàoLù, en proposant un même mouvement soit par intermittence (ex :   Dān Biān) soit répété successivement qu’un nombre restreint de fois,   (ex : Yún Shǒu ) ne nous autorise pas à rester focalisé longtemps sur ce même mouvement  et nous oblige la plupart du temps à anticiper le   nouveau mouvement à venir. La méthode des 4 directions nous permet en   revanche de maintenir notre effort, grâce à la répétition, sur   l’exécution d’un seul et même mouvement. Et cette répétition permet de :  
‒ Faciliter l’assimilation
‒ Affiner le rapport entre   perception et action. En réitérant la même action motrice, on stimule la  perception d’informations sensorielles redondantes (Somesthésiques et particulièrement proprioceptives et kinesthésiques). Cette perception   nous permet en retour de parfaire notre recrutement tonique (le niveau   de contraction musculaire mobilisé), notre ajustement postural (ces deux  derniers éléments renvoyant à la notion de « structure corporelle »   employée dans certains arts internes), nos coordinations entre le haut   et le bas, le devant et le derrière, la droite et la gauche et de   préciser toujours plus le guidage du mouvement.
Ce rapport   perception/action pourrait être associé à la notion de Xīn – coeur qui réfère à la partie mentale ayant pour fonction de commander et réguler finement le mouvement.
‒ Favoriser, par le travail symétrique, le  développement d’une force égale de l’enracinement pour les deux jambes,  l’égale fonctionnalité des deux moitiés du corps et globalement  l’accroissement des habiletés gestuelles dans tous les plans de   l’espace.
‒ Conserver la forme du geste en mémoire, consolider   son organisation dans le temps et l’espace et conduire à sa pleine   automatisation. L’automatisation du geste permet à son tour de réduire   le contrôle que l’on porte sur son exécution et de porter davantage   notre conscience sur l’intention Yi. Pour reprendre une formule   essentielle aux arts martiaux internes : « Se servir du Yì  naissant du  Xīn pour conduire le Qì et se servir du Qì pour conduire le   mouvement ». Si cette utilisation du Yì est fondamentale, elle doit   être graduée et non forcée ou volontariste.
‒ Accentuer le travail d’accumulation et de circulation du Qì, développer la force Jìng.
La méthode des 4 directions comme préparation au TàoLù
Comme  nous l’avons vu, la méthode des 4 directions est d’abord envisagée   comme une préparation au TàoLù. On pourrait comparer cette préparation  à celle d’un pianiste qui fait ses gammes avant de jouer un morceau.
Il  s’agit donc de répéter les 4 mouvements fondamentaux durant une   vingtaine de minutes (durée donnée à titre indicatif). Chaque mouvement s’effectue au minimum  au cours d’un cycle de deux séries pour assurer la symétrie. On peut aussi privilégier le travail que d’un ou deux   mouvements durant vingt minutes pour en augmenter le nombre de   répétitions. Au fil des entraînements, on sélectionnera d’autres   mouvements en fonction de la progression observée.
Aussi, il est préférable de ne pas s’interrompre à la fin d’un cycle mais de le lier au cycle  suivant, dans un continuum, pour maintenir notre seuil   attentionnel et notre ajustement postural et ainsi maintenir la   conscience de nos flux sensoriels et énergétiques.
Après   l’exercice premier des quatre mouvements fondamentaux, nous aurons donc la possibilité, suivant notre motivation et nos objectifs, d’aller plus  avant dans l’exercice des autres mouvements du TàoLù  en leur   appliquant la méthode des 4 directions. Nous pourrons sélectionner les   mouvements suivant leur ordre d’apparition dans le TàoLù  ou les   sélectionner à notre guise.  
Me  Jung nous invite ensuite à,   après un temps d’assimilation d’un certain nombre de mouvements,   sélectionner quelques mouvements de notre choix pour les combiner en un court TàoLù . Au-delà du fait que cela favorise un travail de   recherche stimulant et que cela ouvre davantage les possibilités   d’entraînement, Me Jung se plaît à souligner combien la mobilisation de notre créativité est importante en ce qu’elle peut soutenir notre   motivation et notre plaisir à pratiquer! Si la rigueur est de mise pour obtenir des résultats et progresser, il est essentiel aussi que la   pratique soit source de plaisir et de bien-être…
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taijiquanwuhao · 6 years ago
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Les 10 principes essentiels de la théorie du Taijiquan présentés par Yang Chengfu et leur application dans le style Wu Hao
Par Grégory Cros
Introduction : les principes corporels que l’on trouve dans la théorie du Taijiquan, c’est-à-dire les Textes Classiques attribués à Wang Zhongyue, Wu Yuxiang et Li Yiyu ainsi que ceux écrits plus tard par Yang Chengfu ou Cheng Man Ching ont fait l’objet de réflexions, études et tests avant d’être institués. En effet, l’une des particularités les plus importantes du Taijiquan est qu’il s’appuie sur une théorie très précise et ses applications doivent être pragmatiques.
A) Les 10 principes
Voici les 10 principes édités par Yang Chengfu. Il s’est bien entendu inspiré des textes anciens et il s’est appuyé sur ces 10 principes pour enseigner son Taijiquan connu comme le style Yang actuel.
1) Une énergie intangible et vivante soulève le sommet de la tête
Cela consiste essentiellement à tenir la tête bien droite, étirée, comme si on est suspendu par le sommet de la tête ou qu'on porte un objet sur la tête, la vitalité va s'élever. Pour faire cela, on ne doit pas utiliser la force musculaire rigide afin d’éviter toute tension dans le cou, ce qui entraîne des blocages de circulation de Qi et de sang. On doit sentir quelque chose de non-substantiel, vivant et naturel. Sans cela, le jingshen (énergie spirituelle) ne pourra s’élever.
Dans le style Yang on voit donc que durant tout l’enchaînement, de la posture d’ouverture à celle de fermeture on garde la tête bien droite, qui pousse vers le ciel.
Dans le style Wu Hao, il en est de même et cela est illustré dans les 4 dessins du livre de Hao Shaoru sur les 4 mouvements fondamentaux. Le terme utilisé est en pinyin « ti ding » ce qui signifie étirer la tête, la tête est étirée naturellement comme si elle était attachée au ciel.
2) Contenir la poitrine et dresser le dos
« Contenir la poitrine » de manière à ce que celle-ci rentre  légèrement vers l’intérieur. La position est naturelle. Cela va avoir pour effet de faciliter la descente du Qi au dantian. On ne doit en aucun cas bomber le torse, sinon le souffle va rester bloqué à cet endroit et la partie supérieure du corps sera alors lourde tandis que le bas du corps sera léger, ce qui va donner une impression de flottement. « Dresser le dos » permet au souffle d’y adhérer. En rentrant la poitrine, le dos s’étire naturellement et sort légèrement vers l’arrière, la force est émise à partir de l’axe vertébral, ce qui donne une grande puissance.
Dans le style Wu Hao, le terme de « ba bei » est employé, et il se traduit par le fait qu’on sent sortir légèrement la colonne vertébrale et le sacrum, avec l’intention le dos tire vers l’arrière et équilibre le mouvement vers l’avant.
Le terme de « ba bei » fait partie d’un ensemble de 3 principes ;  le second est "han xiong", relatif au fait que la poitrine est légèrement rentrée vers l’intérieur, détendue, lié au fait que le dos sort vers l’arrière. La poitrine est naturellement détendue et dans son axe. Le troisième terme qui est lié à ces 2 est « song jian » qui signifie que les épaules sont détendues naturellement et non levées. On peut les aider à se relâcher par le mental.
3) Relâcher la taille
La taille gouverne et dirige tout le corps. Si l’on parvient à la relâcher de manière efficace, les pieds ont de la force et les membres inférieurs de façon générale vont être solides et stables. Les   transformations du vide et du plein sont réalisées à partir des   rotations du bassin. La taille joue un rôle majeur dans la pratique du   Taijiquan et des arts internes en général. L’absence de force est   essentiellement due à un mauvais emploi de la taille et des jambes.
Dans le style Wu Hao les hanches sont alignées avec les épaules, le bassin reste droit et pousse vers l’avant. Plusieurs termes sont  employés : « kua song zhi » qui signifie que le bassin est droit,  relâché et vers l’avant, l'aine est relâchée, centrée et on s'assoit dessus; « Qi chen dan tian » le Qi descend au dan tian, si la position est bonne cela se fait plus aisément ; « wei lü zheng zhong », le coccyx est centré et droit et « diao dang », le sacrum pousse vers l’avant, le bassin est enveloppé vers l'avant.
4) Distinguer le plein et le vide
Un des principes fondamentaux du taijiquan est de distinguer quel est l’endroit qui contient de la « substance », autrement dit le poids ou l’énergie pleine, et quel est celui qui n’en contient pas ou qui est "vide". Ce principe se retrouve surtout dans la répartition du poids du corps dans les jambes. Si tout le poids du corps repose sur la jambe   droite, celle-ci sera substantielle tandis que la gauche sera   insubstantielle. Ce principe s’applique à l’inverse également. Les   mouvements tournants ne seront effectués avec légèreté et agilité que si cette distinction est claire et appliquée. Sinon les déplacements resteront lourds et maladroits et un adversaire pourra facilement nous déséquilibrer. On se retrouvera ainsi en « double-lourdeur ».
Dans le style Wu Hao, comme nous pouvons le voir sur le dessin de Hao Shaoru, ce principe est clairement établi aussi. On retrouve tout   d’abord le terme « li kua dang » qui a la signification de garder l'entrejambe serrée avec l’intention. On retrouve aussi « shi gu jing shen guan zhu » qui signifie qu’on garde l’esprit de vitalité dans une seule jambe, autrement dit la conscience ou regard intérieur va dans une seule jambe et l’autre est vide.
Les 2 autres termes utilisés sont « shi jiao » qui signifie que  le pied est plein et porte le poids du corps, en opposition avec « xu  jiao » qui représente le pied « vide ».
5) Abaisser les épaules et laisser tomber les coudes
Abaisser les épaules consiste à les relâcher vers le bas. Relâcher les tensions, les raideurs. La conscience aide à cela dans la pratique. Si on n’y parvient pas, alors les 2 épaules sont levées et le Qi remonte vers le haut du corps. Le corps n’aura alors pas de force, ni d'enracinement. Pour les coudes, c’est le même processus qui s’opère. S’ils sont levés, alors les épaules ne peuvent être abaissées et on ne peut pas repousser l’adversaire, l’énergie étant discontinue.
En style Wu Hao, on retrouve les termes de « song jian », décontracter les épaules, et celui de « chen zhou » qui inclue le travail du Yi (intention) et qui dit simplement de laisser descendre les coudes, les garder vers le bas.
6) Utiliser l'intention et non pas la force physique
Le traité du Taijiquan stipule que « tout réside dans l’utilisation de l’intention (yi) et non pas de la force physique (li). »  Pendant la pratique du Taijiquan, tout le corps doit être relâché (song) et les mouvements amples. De cette manière, aucune énergie dite «grossière » ou non-subtile (zhuo li) ne stagne dans les tendons, les os, les veines et les artères, ce qui irait dans un sens non bénéfique pour nous et notre corps. Les changements peuvent ainsi s’effectuer avec légèreté et agilité, les mouvements tournants sont exécutés facilement.  
Beaucoup de personnes pensent qu’il est impossible de développer une force durable sans recourir à la force musculaire, pourtant cette fameuse « force interne » s’appuie sur les méridiens qui sont dans le corps et dans lesquels circule l’énergie « Qi ». Ces méridiens sont comparables à des canaux et ces canaux ne doivent pas être obstrués, l’eau (ou ici le Qi) doit pouvoir y circuler librement. Dans le cas où une énergie dure et raide (jin) remplit ces canaux, la circulation du Qi est contrariée, les mouvements tournants sont maladroits et on peut nous déséquilibrer facilement en combat. En utilisant le yi au lieu de la force physique, le Qi circule car là où arrive le yi arrive également le Qi. De cette façon, le sang et les souffles circulent constamment dans le corps sans s’arrêter un seul moment. Si on s’entraîne longtemps, on obtiendra la véritable énergie interne (neijin) et comme il est dit dans les Classiques du Taijiquan :
« Arrivant à l’extrême de la souplesse de céder, on parvient ensuite au maximum de la dureté. ». Ceux qui possèdent la maîtrise (gongfu) du taijiquan ont les bras comme de l’acier entourés de coton, leur force est profondément cachée. Les adeptes des styles externes expriment leur force musculaire en employant trop cette force et semblent flotter quand ils ne l’utilisent pas. Cela montre que leur force est superficielle. En utilisant leur force physique au lieu du yi, ils peuvent facilement être déséquilibrés; cela n’est pas notre chemin.
Dans le style Wu Hao, les mouvements sont simples et directs et l’accent est mis sur le yi également, notamment en dirigeant le regard vers le point où l’on se dirige.
7) Le haut et le bas se suivent mutuellement
Si on se réfère à un dicton d’un traité du taijiquan : « c’est enraciné dans les pieds, émis par les jambes, gouverné par la taille et exprimé dans les doigts. Depuis les pieds jusqu’aux jambes et ensuite jusqu’à la taille, il faut que le corps entier intègre le mouvement dans  un seul Qi. »  
Lorsque les mains bougent, la taille et les pieds doivent se mouvoir également et l’esprit ainsi que le regard accompagnent le mouvement. Alors à ce moment-là, on peut dire que le haut et le bas se suivent. Mais si une seule partie ne se déplace pas en harmonie avec les autres, il en résulte dispersion et désordre.
En style Wu Hao, ce principe est important aussi puisque, comme on peut le voir, dans les 4 phases des mouvements fondamentaux, dès que le pied avant se pose au sol, le dos et les mains tirent, accumulent la force comme un arc et la délivrent en avançant. Sans l’union du haut et du bas du corps, le mouvement n’est pas lié et la force ne peut pas sortir.
8) L’interne et l’externe sont unis
L’entraînement du Taijiquan est celui de la puissance spirituelle (shen). C’est pourquoi il est dit : « L’esprit est le maître, le corps obéit à ses ordres ». Si l’essence (jing) et le shen peuvent être mis en mouvement, les déplacements se font naturellement, avec légèreté et agilité. L’enchaînement suit les principes du vide et du  plein, d’ouverture et de fermeture. Lorsqu’on parle d’ouverture, il s’agit de l’ouverture de l’esprit et de l’intention en plus de celle des mains et des pieds. C’est la même chose lorsqu’on parle de « fermeture  ». Si l’on parvient à unir l’intérieur et l’extérieur dans un seul Qi,  alors tout est parfait.  
En style Wu Hao, le rôle de l’intention est tout aussi primordial puisque les termes de "xi qu shu" (l’intention arrive sur la jambe arrière) ou de "teng nuo" (physiquement il n’y a pas de mouvement, la pensée/intention précède le mouvement, la pensée exécute le mouvement et le corps suit) décrit avec précision le rôle de la puissance spirituelle dans la pratique.
De façon globale, plus l’enchaînement est réalisé en pleine conscience, sans entrave mentale, plus le lien corps/esprit ainsi que la force du mouvement arrivent à leur plein potentiel.
9) Lier sans interruption
Les techniques de combat de l’école externe sont basées sur une force grossière, non subtile ("houtian de zhuoli"). On trouve donc des départs et des arrêts, des enchaînements et des interruptions. C’est au moment précis où une forme arrive à sa fin et qu'une nouvelle forme n’est pas encore née que l’on peut être le plus facilement vaincu. Le taijiquan se base essentiellement sur l’utilisation du yi, et on se sert du corps pour appliquer cette intention. Du début de l’enchaînement à la fin, tout est lié sans interruption. Lorsqu’une révolution s’achève, la suivante commence aussitôt : c’est un mouvement circulaire infini. Le traité originel dit que tout y est «comme les eaux du Grand Fleuve ou de la mer qui se meuvent continuellement et sans fin. » Il dit encore : « on fait mouvoir l’énergie comme on déroule le fil de soie d’un cocon. » Toutes ces images suggèrent que chaque geste est relié ("guanchuan") aux autres par un souffle unique.
Ce principe essentiel s’applique à tous les styles de taijiquan sans exception, et de manière plus générale à tous les styles internes.
10) Préserver la tranquillité au sein du mouvement
Les techniques des styles externes de boxe chinoise donnent beaucoup d’importance aux sauts. On y épuise le Qi et la force musculaire. C’est pour cette raison qu’après s’être exercés les pratiquants sont essoufflés. Le taijiquan, au contraire, dirige le mouvement par le calme et la tranquillité et malgré la mobilité du corps, cette tranquillité n’est pas perturbée. C’est pourquoi plus l’exécution de l’enchaînement est lente plus les bénéfices sont importants. La lenteur permet d’approfondir et d’allonger la respiration. Ainsi le souffle peut se concentrer au point dantian et on n’est pas épuisé. Les adeptes doivent se conformer à ce principe et se concentrer sur son sens.
On peut voir que les 3 derniers principes (de 8 à 10) sont plus généraux et s’appliquent à tous les styles de taijiquan sans exception, et on a vu dans les 7 premiers les différences entre les style Yang et Wu Hao.
Conclusion
On a donc pu observer les différences fondamentales entre les deux styles. Nous avons aussi vu les points communs qui les caractérisent. On parle ici principalement de subtilités, car les deux styles sont différents dans leur approche. Historiquement, maître Yang Chengfu a développé sa théorie à partir d’écrits des fondateurs du style Wu Hao, donc il est parfaitement logique de pouvoir appliquer ces 10 principes à n’importe quel style, qui obéissent à la même logique.  
La première édition du livre de Hao Shaoru date de 1963 et Yang Chengfu a dicté ces 10 principes avant sa mort en 1936 ; à cette époque, c’est Hao Yueru, le fils de Hao Weizhen et père de Hao Shaoru, qui a écrit des textes et élaboré l’enchaînement actuel en 96 mouvements. Il y a fort à parier que des échanges ont eu lieu entre les 2 maîtres. Hao Shaoru s’est basé sur son expérience d’enseignant et a ainsi pu enrichir la théorie de son style en l’adaptant. C’est son fils Hao Yinru, le maître actuel qui a finalisé la  dernière version en s’appuyant sur les dernières élaborations de son  maître.
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taijiquanwuhao · 6 years ago
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Nomenclature traditionnelle du taijiquan Wu Hao
par Yohan Radomski
Pendant l’hiver 2017, j’ai entrepris de traduire en français la nomenclature des 96 mouvements de l’enchaînement du taijiquan Wu Hao. J’ai été aidé par Mathieu Ayrault, pratiquant de taijiquan vivant depuis de nombreuses années en Chine et dont le niveau de chinois est meilleur que le mien. Et nous avons eu plusieurs conversations avec Hao Yinru pour comprendre le sens originel du nom des mouvements.
Vous trouverez le PDF de la nomenclature traditionnelle du taijiquan de style Wu Hao à consulter et télécharger gratuitement ici  https://fr.scribd.com/document/386220414/Nomenclature-Taijiquan-Wu-Hao ou bien ici http://myreader.toile-libre.org/NomenclatureTaijiquanWuHao.pdf
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Cette traduction a été motivée par les raisons suivantes :
1. Être au plus près du sens originel des noms des mouvements. Pour cela revenir à l’origine, c’est-à-dire aux caractères traditionnels chinois.
On trouve en effet en français des traductions des noms erronés souvent retraduites de l’anglais par méconnaissance du chinois. Ou bien, autre cas typique, on colle des noms issus de la nomenclature du taijiquan de style Yang sur les mouvements du taijiquan de style Wu Hao, au mépris encore une fois du nom originel en chinois.
Exemple de traduction erronée : 白鵝亮翅 Bai E Liang Chi “La grue blanche déploie ses ailes“
Ici, on colle le nom d’un mouvement issu du style Yang sur un mouvement du style Wu Hao. Or le chinois 鵝 E désigne une oie, et non un échassier du type grue ou héron (ce serait 鹤 He en chinois). Une ressemblance de mouvements entre les taijiquan Yang et Hao ne signifie pas que l’intention donnée à ces mouvements soit la même. Si on a choisi dans la tradition du taijiquan Wu Hao de faire référence à une oie et non à une grue, ce n’est pas un hasard. Là où le mouvement de la grue tend à l’arabesque, au flottement, celui de l’oie est plus ramassé, plus fort. Il s’agit d’une indication précieuse sur l’intention que le pratiquant doit mettre dans son mouvement. On trouve cette traduction erronée par exemple chez Sagot en 2018 dans son livre “La Voie du style Wu”, de façon assez inexplicable puisqu’il publie le caractère chinois 鵝 E en regard de sa traduction et s’appuie sur une traduction en anglais de Brennan qui lui traduit bien 鵝 E  par “goose”. La traduction que nous avons choisie, respectueuse du chinois, est donc “L’oie blanche ouvre ses ailes”.
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2. Comprendre le nom des mouvements dans le contexte de la pratique. Pour cela, nous avons échangé et pratiqué avec l’enseignant Hao Yinru pour comprendre au mieux pourquoi les mouvements avaient été désignés ainsi.
Il s’agit d'approcher le contexte socio-culturel dans lequel ont été créés les noms des mouvements, soit une ville du Hebei vers 1830 fortement marquée par la vie campagnarde, un milieu de lettrés, la famille Wu, ayant des influences confucianistes.
Exemple de traduction erronée : 三甬背 San Yong Bei “Les trois mouvements dans le dos”
On trouve cette traduction erronée chez Sagot en 2018, qui s’appuie sur la traduction erronée de Brennan en 2013 “Three through the back”. “三 San” signifie “trois”. “甬Yong“ signifie “couloir, passage”. “ 背 Bei“ signifie “dos” ou “porter sur le dos”. Mais ici on ne parle pas du dos du pratiquant ni de mystérieux mouvements qui traverseraient son dos... Pour comprendre le sens du nom de ce mouvement, il faut se tourner vers la tradition vivante du taijiquan en liaison avec la pratique et le contexte socio-culturel. “甬背 Yong Bei” désigne le “dos du passage”, c’est-à-dire le dos du chemin, la bosse qui se trouve au milieu du chemin alors que les deux bords du chemin sont en creux. Marcher au milieu du chemin, c’est se diriger résolument vers son but. Le choix a donc été fait de traduire "Faire trois pas sur le chemin”, ce qui reflète au mieux le sens originel chinois et colle au mouvement.
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3. Proposer aux pratiquants francophones une nomenclature vraiment utilisable dans le contexte de la pratique. Pour cela, nous avons choisi de trouver des noms français qui sonnent bien et qui incluent toujours un verbe.
Là où le chinois est très synthétique, le français a tendance à s’étaler en longueur. Nous avons donc choisi le nom le plus court possible au plus près du sens originel.
Nous avons choisi d’inclure toujours un verbe dans chaque nom de mouvement afin de guider les pratiquants dans le sens d’une action. Alors qu’on parle souvent en français de “postures” dans un enchaînement de taijiquan, nous préférons parler de “mouvements”. Le mot “posture” induit dans l’esprit du pratiquant un concept d’immobilité. C’est une attitude du corps. On peut par exemple être en posture couchée, assise ou debout. Dans un sens figuré, il induit un concept d’artificialité. On peut prendre par exemple une posture de défenseur des droits des femmes et être dans le contexte de la pratique un macho... Là où certains cherchent à prendre des postures, nous cherchons quant à nous à être animés par un mouvement, c’est très différent. Ceux qui prennent des postures cherchent souvent à occuper des postes officiels, cela ravit sans doute leur égo en soif de reconnaissance. Ceux-là n’hésitent pas à sacrifier au passage leur honnêteté, finissant bien souvent par être des imposteurs.
Exemple de traduction erronée :  單鞭 Dan Bian "Simple fouet”
Le caractère chinois 鞭 Bian peut désigner un verbe ou un nom. On trouve parfois en français la traduction “fouet” . La traduction en “fouet” désigne donc un objet alors qu’il s’agit bien d’une action dans le contexte de la pratique. On pourrait traduire par le nom “fouetté” ou bien "faire un fouetté”, “fouetter”, “donner du fouet”, “donner un coup de fouet”...
Le caractère 單 Dan peut désigner un nom (un) un adjectif (unique, seul, simple), un adverbe (uniquement, seulement, simplement). Au passage, la traduction “simple fouet” est un anglicisme stupide, car l’adjectif “simple” se place en français après le nom et non avant. Ici l’idée n’est pas qu’on aurait affaire à un “fouet simple”, un objet qui serait simple à l’opposé d’un objet compliqué. Il s’agit d’une action, on fouette simplement, directement, sans arabesque, et on fouette une seule fois, la morsure du fouet pénétrant en profondeur. Ici, dans le mouvement, la main avant va frapper directement et simplement et le coup va porter en profondeur. Si on choisit de traduire “fouetter”, on aurait une idée de répétition, ce qui serait faux. Le choix a donc été fait de traduire par “Donner un coup de fouet” ce qui reflète au mieux le sens originel chinois et donne au pratiquant une indication sur l’intention à mettre dans le mouvement.
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taijiquanwuhao · 7 years ago
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Certaines choses que j’ai accomplies concernant la pratique et l’enseignement
par Hao Shao Ru - traduit par Grégory Cros
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Me Hao Shao Ru dessiné pour son livre de 1983
Sur la base de mon expérience de plus de 30 ans dans la pratique et l’enseignement de cet art martial, je suis désormais certain que dans les 2 situations, on doit en premier lieu se concentrer sur les 8 principes standards du corps tels qu’élaborés par Wu Yuxiang, qui débutant à l’intérieur pour se manifester à l’extérieur.
Les principes standards du corps représentent une partie fondamentale de la théorie de la Boxe Taiji. Dans le cheminement de cet art, les standards du corps représentent la base, qui est de la plus haute importance du début à la fin de l’apprentissage. C’est pour ça qu'il est nécessaire de les prendre au sérieux.
En pratiquant le Taijiquan, il ne faut jamais penser qu'on a atteint un haut niveau de maîtrise lorsque, en fait, on travaille seulement sur les bases. On n’atteindra pas non plus la maîtrise après avoir pratiqué les mouvements seulement une fois... En fait, qu’on pratique ou qu’on enseigne, le processus se divise en 2 phases distinctes : La première phase est l’entraînement à la forme externe, ce qui veut dire mémoriser l’enchaînement en solo en mettant l’accent particulièrement sur les standards du corps. Cela dit, on ne peut pas les intégrer tous en une seule fois. On doit en premier lieu en sélectionner 2 sur lesquels on se concentre, et après les avoir pratiqué jusqu’à ce qu'ils s'imprègnent, on en rajoutera un de plus.
Il est extrêmement important que les membres du haut et du bas du corps appliquent les standards du corps, car si les membres ne les appliquant pas correctement, cela va directement affecter les mouvements. L’application des membres supérieurs est assez aisée, mais les applications des membres inférieurs plus difficiles, à cause du fait qu'ils assurent la stabilité du corps et qu'ils doivent aussi distinguer le plein du vide. Pour les débutants, elles sont plus difficiles à synchroniser.  
Après avoir pratiqué les 8 standards du corps jusqu’à la perfection, votre corps entier, chair et os, deviendra agile et coordonné, bougeant en unité et on atteindra l’état dans lequel on peut agir à sa guise.
La seconde phase est d'entraîner la forme interne, ce qu'on appelle la force interne. D’abord vous devez consciemment diriger le mouvement, mais petit à petit, en pratiquant, l’intention, l'énergie et la forme en solo vont fusionner en unité. Allez de la forme externe à la forme interne, de l'énergie grossière à l'énergie subtile. Alors il n’existera plus d’extérieur, d’intérieur, ni grossier, ni subtil – toutes ces différences seront complètement oubliées. En pratiquant jusqu’à atteindre cet état, vous serez capable d’avancer de manière incessante pour atteindre le sommet de l’art du taijiquan. Concernant ceux qui pratiquent un peu et abandonnent, ainsi que ceux qui arrivent avec leurs interprétations ne reposant sur rien de solide, on ne doit pas les prendre au sérieux.  
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taijiquanwuhao · 8 years ago
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Entretien avec Maître Jung Yung-Hwan
Par Grégory Cros
Mes remerciements à www.kungfufrance.com, le site d’élèves de Me Jung à Aix-en-Provence, pour l’emprunt de certaines photos.
1) Bonjour Maître, pouvez-vous vous présenter en quelques mots?
Je me nomme Jung Yung-Hwan, je suis né à Séoul en Corée du Sud en 1950.
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Grégory Cros & Me Jung Yung-Hwan
2) Quel est votre parcours dans le monde des arts martiaux, du taijiquan, du Qi Gong, etc.?
J’ai commencé le kungfu à l’âge de 13 ans lorsque je vivais en Corée, avec M. Zhao Fujian, un chinois qui venait de la province du Shandong. Durant plusieurs années, j’ai appris de lui les styles de Shaolin, le Tang Lang Quan (style de la mante religieuse) et le Taijiquan style Chen, que je pratiquais de manière plutôt externe. À cette époque, je m’entrainais par passion, sans penser à vivre de l’enseignement.
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Me Jung dans une position de Tang Lang Quan
Parallèlement, j’ai commencé l’acupuncture et mes études de philosophie.
Ensuite, je suis parti à Taïwan pour continuer mes études en philosophie. J’ai rencontré Wu Sanzhu, un maître de Mizong Quan et de Mizong Qi Gong (boxe de la trace perdue, qui était le style de Huo Yuanjia) issu d’une famille de pratiquants. Lorsque celui-ci a souhaité se consacrer à l’enseignement du Qi Gong, c’est moi qui me suis chargé d’enseigner le Mizong Quan aux élèves. En parallèle, j’ai rencontré M. Huang Guozhen avec qui j’ai commencé le Bagua Zhang, le Xingyiquan et le Baji Quan (boxe des 8 extrémités). M. Huang était président d’une section de Bagua Zhang. J’ai également rencontré Zhang Ke Zhi avec qui j’ai appris le style de l’homme ivre (Zui Quan). J’ai essentiellement pratiqué seul, retournant régulièrement voir mes professeurs pour être corrigé et progresser.
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Me Wu Sanzhu
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Me Jung & Huang Guozhen dans les années 80
Je suis resté environ 5 ans à Taïwan, puis je suis venu en France en 1985 pour soigner un ami et poursuivre les études de philosophie, à Aix-en-Provence. J’ai commencé à enseigner les arts martiaux professionnellement à cette période. Dans ma pratique personnelle, je me suis orienté de plus en plus vers les pratiques internes et énergétiques, me rendant chaque été en Chine.
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Me Fu Zhongwen
J’ ai rencontré tout d’abord à Shanghaï M. Lu Shaojun, héritier d’une lignée de Xin Yi Liu He Quan, et Maître Fu Zhongwen, un disciple de Yang Chengfu, avec qui j’ai poursuivi mon étude du style Yang de Taijiquan que j’avais observé en Corée et débuté à Shanghaï. J’ai ensuite été étudier à Beijing avec M. Liu Jingru pour le Bagua Zhang et Maître Feng Zhiqiang, disciple de Chen Fake, pour le style Chen de Taijiquan. J’ai poursuivi durant une dizaine d’années ma pratique avec eux, chaque été.
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Me Lu Shaojun
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Me Liu Jingru, Me Feng Zhiqiang & Me Jung
En faisant des recherches suite à la lecture d’un article dans une revue spécialisée, je suis allé étudier avec M. Wang Anping à partir de 1998, à Nanshang, son école appelée Hun Yuang Gong, basée sur la posture debout Zhuang Gong, pour l’énergie, la santé et la méditation. Wang Anping avait été l’élève de Wang Binkui, un disciple du fondateur du Yiquan, Wang Xiangzhaï; il a créé son école et sa pédagogie basée sur la pratique du Zhan Zhuang Gong et du Yiquan. J’ai trouvé cette pratique extrêmement profonde, j’ai beaucoup appris avec lui, notamment la base et l’essence des arts martiaux chinois.
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Me Wang Anping dans son école de Nanshang
3) Comment êtes-vous entré en contact avec le style Wu Hao de Taijiquan?
Vers la fin des années 80-début des années 90, la Corée et la Chine n’entretenaient pas de relations diplomatiques. C’est donc lorsque j’ai pu entrer en Chine avec mon passeport coréen que je suis allé à la rencontre des différents maîtres. Il était difficile de trouver un enseignant, donc je suis allé à la fédération des arts martiaux chinois de Shanghaï pour avoir des contacts. C’est de cette façon que j’ai rencontré Fu Zhongwen, Lu Shaojun et Wang Mu Yin (Hao Yinru). J’avais lu au préalable le livre de Hao Shaoru, et le style Wu Hao m’avait semblé plus interne et énergétique que les styles Yang et Chen. Cela avait piqué ma curiosité et donné envie d’apprendre ce style.
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Me Fu Zhongwen & Me Jung
4) Vous êtes donc devenu l’élève de Hao Yinru?
Oui, par l’intermédiaire de la fédération qui connaissait le successeur de la lignée Wu Hao et fils de Hao Shaoru, je suis devenu son élève et j’ai donc suivi son enseignement durant une dizaine d’années. Je suis, depuis, en contact avec lui.
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Hao Yinru & Me Jung
5) Qu’est-ce qui vous a attiré vers ce style?
Etant donné que j’avais déjà des bases en Qi Gong et en Taijiquan, j’ai pensé que ce style était profond et m’apporterait énormément. En effet, avec Hao Yinru j’ai appris l’enchaînement, les mouvements et le placement du corps. Très rapidement, j’ai eu des sensations de circulation du Qi. A l’instar du Yiquan par exemple, la répétition de petits mouvements stimule la circulation du Qi et permet d’engendrer la force interne, sans que le mouvement lié à la force physique ne soit trop stimulé, ce qui est plus le cas du style Chen qui met beaucoup l’accent sur la force du corps et le style Yang qui est entre les 2.
Ce n’est qu’avec le temps que j’ai réalisé que le style Wu Hao était en descendance directe de Wu Yuxiang et Li Yiyu, et que son rôle était important. A cette époque, il n’y avait pas internet comme aujourd’hui et les informations étaient assez difficiles à trouver.
6) Qu’est-ce que cette pratique vous apporte au quotidien?
Je pratique essentiellement le Hun Yuan Gong de Me Wang Anping et le style Wu Hao au quotidien, cela augmente mon énergie et me procure une bonne santé et un grand bien-être. Le style Wu Hao est bon pour les débutants, car ses mouvements sont aisés à mémoriser, les jambes sont stimulées ainsi que l’énergie; cependant, pour celui qui veut apprendre ce style il est important de bien définir son but: qu’est-ce que je recherche? Est-ce bon pour moi? Je pense que c’est la base de toute pratique sérieuse. Ca ne peut peut-être pas convenir à tout le monde…
Pour moi, la dimension martiale est peu importante, car actuellement on n’a plus besoin d’utiliser les arts martiaux dans la rue. Ceux qui veulent apprendre à se battre peuvent s’orienter sur des pratiques de self-défense, et dans l’armée ou ce genre de métiers ils ont des techniques spéciales.
7) De votre point de vue, qu’est-ce qui est le plus difficile dans la pratique de ce style?
La position haute du corps, les mouvements sont très fixés et précis. Le corps ne s’ouvre pas trop, les mouvements et les pas sont assez petits en comparaison d’autres styles; de ce fait, la pratique est assez difficile au départ, si on veut progresser il faut s’accrocher et appréhender le rôle de l’esprit. Car celui-ci est plus important dans ce style qu’ailleurs.
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Me Jung dans une position du style Wu Hao
8) Avez-vous un conseil  à donner à ceux qui pratiquent ce style?
Comme je l’ai dit précédemment, il est important de savoir ce que l’on recherche; du point de vue des sportifs par exemple, le style Wu Hao est peu spectaculaire sur le plan physique et peut ne pas convenir à tout le monde.
Si on veut améliorer sa santé et augmenter son énergie, alors la pratique quotidienne de l’enchaînement est idéal; celui-ci sert aussi de base pour qui veut s’orienter vers la pratique martiale. Dans ce cas-là, la pratique du tui shou sera plus importante.
La pratique régulière de l’enchaînement amène une grande sensation de bien-être et une sudation qui doit être légère, cela est le signe que l’équilibre se fait bien entre le corps et l’esprit. Si on transpire trop, c’est que l’on emploie trop de force. Une fois qu’on a fini, normalement on se sent bien.
9) Comment situez-vous aujourd’hui ce style dans votre pratique personnelle?
Depuis plusieurs années, je suis en contact avec mes enseignants et frères de pratique, mais je ne vais plus en Chine et me concentre sur mes recherches personnelles sur les principes communs à tous les styles de Taijiquan (Me Feng Zhiqiang du style Chen est décédé en 2012, NDR).
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Me Feng Zhiqiang (1926-2012)
Je continue à pratiquer régulièrement les 3 styles de Taijiquan que j’enseigne, je recherche continuellement à simplifier ma pratique pour me rapprocher de l’essentiel; la pratique de la posture “Zhuang gong” (posture du pilier) est la base de ma pratique, ajouté à cela la marche des 5 animaux telle qu’enseignée par Wang Anping, qui est importante pour l’énergie et le corps. Je suis actuellement en train d’élaborer un enchaînement qui reprend tous les principes du Taijiquan et de cette marche, j’entends ainsi synthétiser ce que j’ai acquis dans une seule pratique en mouvement.
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Me Jung dans une position typique du style Yang
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