#venus endormie
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François Boucher (French, 1703-1770) Vénus endormie, c.1740 Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine, Moscou Exposition L'Empire des sens, musée Cognacq-Jay, Paris
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Nightmares in Art ('Halloween in Art' Series)
Top LTR:
L:
'The Nightmare,' (1781),
Henry Fuseli (1741–1825),
Oil on canvas, H 101.6 cm × W 127 cm,
Detroit Institute of Arts, Detroit, Michigan, USA (1955–).
R:
'Sleeping Venus (La Vénus endormie),' (1944),
Paul Delvaux (1897–1994),
Oil on canvas, H 172.7 cm × W 199.1 cm,
Tate, London, England, UK (1957–).
Bottom LTR:
L:
'The incubus leaving two young women,' (1793),
Henry Fuseli (1741–1825),
Oil on canvas, H 86.4 cm x W 110.5 cm,
Private collection, Paris, France (2010–).
R:
'Nightmare,' (1846),
Ditlev Blunck (1798–1853),
Oil on canvas, H 62 cm x 49 cm,
Private collection, (2014–).
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Mon cadeau secret santa pour @saemi-the-dreamer ptit dessin et ptite fic même si bon, j'écris pas beaucoup donc c'est sûrement un peu bancal
Il était déjà la fin de l'après midi quand Arthur commença sérieusement à s'impatienter. Ca faisait au moins 3 bonnes heures que lui, une bonne partie des représentants les plus importants du monde breton et des délégations venues d'autres pays pour l'occasion attendaient. Et encore eux ils avaient la chance d'être assis, lui commençait à avoir sérieusement mal aux pieds. Et bon sang la couronne de fleur que Guenièvre avait insisté à lui faire porter lui grattait sérieusement le crâne. Il se tourna une fois de plus vers Perceval qui, tenant son rôle de témoin très sérieusement se tenait totalement immobile, les mains croisées :
Non mais bordel qu'est-ce qu'ils foutent ?
Vous voulez que j'aille me renseigner sire ?
Vous voulez dire comme les trois autres fois où vous êtes allés vous renseigner et vous êtes revenus bredouille ? Je sais pas vous vous sentez capables de trouver le chemin des vestiaires cette fois ou je vous colle un intendant pour vous accompagner ?
Non mais les autres fois je suis tombé sur Karadoc ça m'a perturbé, là c'est bon il est assis y'a pas de mouron à se faire sire.
Ok mais dépêchez vous, et dites leur de se bouger aussi ou je sens que l'église va se transformer en un champ de bataille romain-visigoth
De son point de vue il pouvait observer toute la salle et voyait clairement que des alliances commençaient à se défaire au fur et à mesure que les gens s'impatientaient. Les représentants des pays qui parlaient la même langue étaient très agités et parlaient de plus en plus fort, semblant ne pas s'entendre sur le goût du vin, dont ils avaient probablement déjà un peu abusé. D'un côté c'était la seule chose à faire en attendant. Perceval partit se renseigner et Arthur alla se chercher une coupe lui-même, histoire d'actionner un peu ses jambes. Il avait été plutôt fier de son idée de renouveller son mariage avec Guenièvre à la mode catholique, en invitant les plus grands noms du coin afin de montrer qu'il était revenu en tant que roi et que le royaume se portait bien désormais. Mais maintenant qu'il était là, face à tout ce monde qui s'impatientait, il se sentait plutôt nerveux. Bon sang qu'est-ce qu'elle foutait ? C'était pas si foutu compliqué d'enfiler une robe potable pour l'occasion, de se faire un peu tresser les cheveux et boum, mariage et on n'en parle plus.
Qu'est-ce que vous foutez retournez à votre place espèce de trou du fion !
La voix de sa belle mère resonna derrière lui tandis qu'il se servait un verre. Ah, au moins si elle était sortie du vestiaire c'est que c'était bientôt fini
En attendant que votre fille daigne se montrer faut bien que je m'occupe
Oui, bah c'est bon vous vous êtes occupés retournez à l'autel, là Elle le poussa vers le fond de l'église tandis qu'il protestait
Faites gaffe bordel c'est un costume spécial pour l'occasion j'ai pas envie de le tâcher en renversant du vin
Vous avez qu'à pas faire votre poivrot au moins pour une soirée. Pis toute façon croyez moi vous aurez pas besoin d'alcool quand vous la verrez.
Elle le laisse planté là, retourna s'asseoir auprès de Léodagan et secoua celui-ci qui s'était endormi sur son banc. Arthur prit une gorgée de vin en réfléchissant à ces dernières paroles étranges. Oui ok, il avait été assez peu discret ces derniers temps sur les regards qu'il lançait à Guenièvre mais enfin de là à ce que sa belle mère le remarque. Le goût acre du vin le fit hoqueter et il s'énerva mentalement sur les paysans qui n'étaient même pas capables de fournir un vin correct pour le mariage de leur roi. A ce moment là Perceval revint, accompagné de Bohort, l'un en bleu, l'autre en vert pour représenter les deux parties du mariage. Pourquoi Guenièvre avait choisi Bohort comme témoin ça le dépassait, après tout il ne les pensait pas si proches. Mais d'un autre côté il n'avait pas été tellement attentif aux passes temps et aux amis de sa femme durant le temps qu'il avaient passé ensemble. Il se promit mentalement de changer ça.
Ah bah c'est pas trop tôt c'est bon elle va venir ou il faut que je reporte à après-demain ?
C'est bon, c'est bon sire, dit Bohort avec un sourire jusqu'aux oreilles. Sauf votre respect vous allez être plutôt impressionné de ce qu'on a fait avec du simple tissu
Je m'en fous un peu de votre tissu Bohort j'aimerais bien commencer le processus pour que les gens finissent pas par s'étriper dans une église.
Bohort se rangea du côté de la mariée, toujours souriant, et Arthur remarqua que Léodagan s'était eclipsé, sans doute pour pouvoir accompagner la mariée jusqu'à l'autel, c'était bon signe. Même si bon, ils étaient déjà mariés depuis 30 piges techniquement il n'avait pas vraiment sa main à lui donner. Il sursauta alors qu'un orgue commença à résonner dans la salle. Ils avaient un orgue dans le coin ? Encore un détail qui luil avait échappé. Il déposa son verre de vin sur le côté tandis que les invités se levaient, certains de façon un peu vacillante. Deux petites filles apparurent du fond de la salle et dispersèrent des pétales de rose tout le long de l'allée. Et puis elle apparut au bras de son père. Sa machoire tomba et il oublia tout. Les trois heures d'attente, les invités qui s'engueulaient, le vin dégueu, même ses pieds. Elle était vêtue d'une robe en tulle blanche recouverte de fleurs bleues jusqu'à la taille. Ses cheveux lui tombaient sur les épaules en cascade, avec seulement une couronne de fleurs similaire à la sienne sur la tête. Elle était magnifique. Elle arriva à sa hauteur et Léodagan lui donna sa main et retourna s'asseoir. Elle lui sourit timidement tandis que le prêtre se mettait en position.
Vous dites rien ?
Je euh Pour une fois il était sans voix, tout juste capable de la parcourir du regard bouche bée.
C'est les fleurs c'est ça ? J'ai dit à Bohort que ça faisait trop mais il était sûr que c'était la mode et puis Merlin les a fait pousser exprès et du coup…
Il lui posa un doigt sur la bouche avant qu'elle ne s'emballe trop.
Vous êtes parfaite, réussit-il seulement à murmurer
Son visage s'illumina et elle rougit un peu.
Il sourit à son tour réalisant que la cérémonie lui tenait finalement plus à coeur qu'il ne le pensait. Leur premier mariage avait été un simulacre politique. Celui-ci était un mariage d'amour.
#kaamelott#kaamelott secret santa 2023#pendranievre#si quelqu'un sait comment faire des tirets et pas des points chelous pour les dialogues sur tumblr je suis preneuse#même si bon je referai probablement pas de fics de si tôt parce que je suis pas auteure#m'enfin#things#secret santa kaamelott 2023
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Les délices de Capoue...
Il y a quelques jours à peine, je concluais mon ''éditorial'' par cette remarque un peu acide que ''ce qui va --et doit, si rien n'est tenté-- nous tomber dessus, c'est la victoire du Laid sur le Beau, du Mauvais sur le Bon, du Mal sur le Bien et du Faux sur le Vrai. Et à ce jour, hélas... nous sommes bien mal partis ! '' Mais j'ai dû me fourrer un doigt dans l’œil, ''quelque part'' : en cet été de tous les dangers où, comme le dit un titre de Nicolas Baverez, '' Nous dansons sur un volcan'', je ne croise que des gens heureux ou -à tout le moins- contents. La mode, en 2024, est au vacancier heu-reux
Oubliées, les ''rabias'' contre Macron et les gros mensonges post-élections européennes... Envolées les craintes pourtant toutes justifiées sur l'immigration et la sécurité... Balayés, les bobards énormes et les contes de sorcières qui ont été déversés sur nous lors du second tour des pseudo-législatives... Nettoyées, les peurs de la décennie précédente sur la terre et le climat ou la fonte de tas de choses un peu partout, sur le tri dans dans la poubelle, la peur de la Gauche pour les sages, la peur de la Droite pour les myopes et la peur du centre pour les décentrés et les con-centrés... En six mots comme en mille : ''Dormez, braves gens, tout va bien''...
Il a suffi que les jeux olympiques se déroulent normalement, comme il était prévisible qu'ils se déroulent : sans les drames planétaires annoncés à grand renfort de fake-news et de budgets de ''Comm''. L'énorme préparation psychologique destinée à nous faire croire que tout ce que la terre porte de djihadistes-candidats-au-suicide était dans les starting blocks (de manière à faire passer le prévisible ''il ne se passe rien'' comme une immense victoire du macronisme et du darmananisme, unis, comme toujours, dans l'endormissement des cerveaux, la manipulation des foules et le viol des intelligences), a porté ses fruits : la Nation s'est endormie dans la douceur de l'été. Tout peuple, depuis toujours et à jamais, aspire à la quiétude, au bien-être, à la douceur de vivre...
Le pouvoir peut être content : au moment où il a temporairement arrêté de nous faire paniquer en ne parlant presque plus de Poutine dans ses termes ''con-venus'', où il admet que Kamala Harris serait un choix infiniment plus dévastateur que le très-détesté-en-France ''homme à l'oreille coupée'', et où le silence des medias ''Main stream'', toujoursaux ordres, nous assourdit... les braves gens peuvent croire que, à force de ne plus parler des vrais problèmes, ils auraient disparu comme par enchantement : nombre de français commence à croire que ni l'immigration, ni la violence urbaine, ni la drogue (etc...) ne peuvent avoir de corrélation entre elles et d'influence sur eux... et que, finalement, les vacances, c'est bien agréable (ce sur quoi je suis d'accord avec eux !)
Il n'empêche... Au fur et à mesure que l'Europe –qui commence enfin à comprendre qu'elle n'a rien à faire dans cet ''indémerdable merdier'' (Pardon. Si vous avez un meilleur mot, je suis preneur !)-- fait la danse du ventre pour se dégager du conflit russo-ukrainien, en douce, pour ne pas qu'il soit connu que les livraisons des armes promises sont asymptotes à zéro et que Zélensky se prépare à se jeter dans une guerilla où le petit taon va piquer le gros ours ici et là... au fur et à mesure que l'Iran, devant l'entêtement d'Israël à ne pas écouter les sirènes onusiennes et les conseils de modération donnés par ceux qui veulent sa fin, va finir par ouvrir un front Hezbollah au nord… nous nous rapprochons à pas feutrés de vraies guerres... pendant que, la date fatidique approchant, une intervention musclée chinoise devient de plus en plus prévisible dans le détroit de Formose. ''Tout va bien...'', qu'ils nous répètent !
Mais n'ayez aucune crainte, amis lecteurs : pendant que le monde hésite entre effondrement, écroulement et dégringolade, Macron et son extraordinaire aptitude à procrastiner veillent sur vous. Nous ne sommes pas près d'avoir un gouvernement (et, à en juger par l'expérience de nos amis belges, ce serait plutôt la seule vraie bonne nouvelle du moment !), la France est divisée comme rarement (j'ai vécu, contrairement à ceux qui en parlent trop souvent, la rivalité Pétain-De Gaulle), et le monde a, littéralement perdu la tête. Les anciennes ''racines''(qui permettaient de s'accrocher en attendant la fin de l'ouragan) ont disparu, sont ridiculisées et plus que mollement défendues, même par ceux qui se souviennent encore de leur ''avoir existé'', et qui savent encore que là seulement se cache, honteusement, la seule et ultime possibilité d'éviter l'effilochage en cours.
Comme les lecteurs habituels de ce Blog s'en souviennent peut-être, j'ai pas mal ''crapahuté'' cet été, d'est en ouest et du nord au sud de la France, et j'ai pu vérifier la volonté (couronnée de succès) de nos concitoyens pour le bonheur... Les côtes semblent s'enfoncer sous le poids des foules de touristes, les montagnes sont usées par les chaussures de hordes de vacanciers, les résidences secondaires ont fait le plein –dans la crainte, sans doute que la connerie militante des mélenchoniens ne les réquisitionnent comme le recommande leur stupide et surtout mortifère ''programme''... C'est à peine, disent certains commerçants, s'ils dépensent peut-être un peu moins. Mais regardez ces vacanciers : sincèrement, combien en avez-vous entendu qui arrêtaient de léchouiller leur cornet ''king size'' pour évoquer la politique, sous quelque forme que ce soit, intérieure, extérieure, mondiale ? Je vais vous économiser la fatigue –même légère-- de rechercher : la réponse est : zéro, sauf exception !
''Les peuples heureux n'ont pas d'histoire'', dit le proverbe... Alors que je n'ai jamais été d'accord avec cette affirmation, je commence à me rallier à ce qu'elle sous-entend : à force de ne plus avoir d'histoire au présent et de réécrire sans cesse des mensonges progressistes sur son passé, le peuple français est bel et bien en train de sortir de l'Histoire. Et le plus fort, c'est qu'il semble en être heureux... Le réveil –s'il peut encore avoir lieu-- sera terrible, je le crains... Mais en attendant, nous voici revenus en l'an 215 avant JC, au temps des guerres puniques : l'été 2024 aura ressemblé à s'y méprendre aux délices de Capoue, qui ont sonné la fin de la civilisation carthaginoise...
H-Cl.
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Fils du Feu 02 ~ Flamme d'Espoir
Maître Cyril avait rassemblé tous les Immortels après que l'agitation générale se soit calmée. Dans la grande salle de réunion, celle qui leur servait à méditer ou à communier ensemble, les murmures allaient bon train. Cette ambiance était tout à fait inhabituelle, et il du attendre un moment pour obtenir le silence. Lui-même se sentait gagné par une fébrilité nouvelle, et il se força à garder le ton calme et monocorde que tout le monde lui connaissait. Son rôle allait devenir encore bien plus important...
Il tendit les mains et commença à parler :
- "Vous savez tous que le grand jour que nous attendions est arrivé : le sérénissime Phénix, flamme de vie, de mort et de renaissance, nous a fait la grâce de s'éveiller et de nous bénir de sa divine présence." Il ressentait un plaisir coupable à prononcer enfin ces mots. "Cependant, son voyage fut long et son retour dans son vaisseau charnel peut s'accompagner de quelques difficultés que nous devrons aider Sa Grâce à surmonter. Bien des années se sont écoulées, notre archiduché est détruit, la famille Rosfield anéantie, mais l'espoir de tout reconstruire perdure."
Des soupirs se firent entendre autour de lui.
- "Le secret absolu doit demeurer. Aucun d'entre vous ne doit évoquer le Phénix hors de ses murs. Celui qui s'en rendra coupable sera exécuté sur le champ. Tel est la loi de notre ordre dont je suis le garant."
Après ce rappel intimidant, un adepte leva la main avec révérence pour demander la parole.
- "Allons-nous le laisser sortir ? Il voudra sûrement découvrir comment le monde a changé en son absence... Comment se porte-t-il ?"
Cyril prit le temps de choisir ses mots.
- "Sa Grâce se remet à peine de son long coma. Des traumatismes physiques et mentaux semblent l'affecter, mais rien que nous ne pourrons surmonter. Si le Phénix est puissant, la chair est faible ; nous devons nous en accommoder. Pour le moment, sa guérisseuse attitrée" - il désigna la concernée - "continuera de s'occuper de sa santé."
- Vous avez parlé de problèmes... mentaux...", risqua un autre adepte sans avoir levé la main.
Il coupa court à sa question en notant le regard courroucé que Cyril lui lançait de dessous sa capuche. Le Maître consentit malgré tout à répondre :
- "Il est inutile de vous cacher la vérité : son esprit a été abîmé par la terrible expérience de Fort Phénix. Sa mémoire semble défaillante et il peine à se souvenir de ce qui s'est passé." Il attendit quelques instants avant de reprendre. "Nous faisons face à un autre problème que nous n'avions pas envisagé. Si son corps a changé, son esprit est toujours celui d'un enfant de dix ans... En plus de cela, il paraît avoir oublié beaucoup des usages de la vie quotidienne. Même parler lui est difficile. Il doit réapprendre tout ce qu'un enfant est censé assimiler en l'espace de plusieurs années. Il restera dans le Nid encore un moment je crois."
- "Mais c'est terrible !...", se plaignit une adepte prête à fondre en larmes.
- "Ses pouvoirs d'Emissaire semblent intacts, n'est-ce pas l'essentiel ?" répondit Cyril, sur la défensive. "Ce n'est qu'une question de temps avant que Sa Grâce ne retrouve toutes ses facultés. Il pourra marcher au milieu de vous quand le moment sera venu." Les adeptes joignirent les mains et quelques-uns tombèrent à genoux. "Continuez de le servir comme il se doit, et la meilleure manière pour vous de le faire, c'est de suivre mes ordres. Retournez à vos taches."
Il mit fin à la réunion et les Immortels se dispersèrent. Seuls restèrent dans la pièce Cyril, la soigneuse du Phénix et la jeune Jote. Elles avaient assisté à tout ce qui s'était passé et même à certaines choses qu'il n'avait pas révélées aux adeptes.
- "Il va sans dire que je vous ordonne le silence sur ce que j'ai moi-même tu", annonça-t-il. "Ils n'ont pas besoin de tout savoir. Et de toute façon, tout ceci passera. Il lui faut du temps..."
- Oui, Maître. Sa Grâce est restée endormie cinq ans...", soupira la soigneuse. "Imaginez le choc qu'il a eu en se levant de son lit et en voyant son image sur la surface polie du mur de sa chambre..."
- "Il vous l'a dit ?" s'étonna Cyril.
- "Pas vraiment. Il ne prononçait pas encore des sons... articulés quand je l'ai quitté. Mai je pense l'avoir deviné. Il se tenait tout près de ce miroir improvisé quand nous l'avons trouvé. Il sanglotait et essayait de se... déchirer le visage..."
- "Vous me l'avez déjà dit, ne prenez pas cet air dramatique", lui intima le Maître. Il détestait par-dessus tout les démonstrations de sensiblerie. "Vous lui avez donné des sédatifs ?"
- "Oui, même si je pense pour ma part qu'il a assez dormi. Mais je ne voulais pas qu'il se fasse du mal..."
- "Evidemment, ce serait désastreux. Il vaut mieux ne rien révéler de la détresse mentale de Sa Grâce aux adeptes. Je compte sur vous pour remédier à ce problème."
- "Je sais soigner les maux physiques, mais ceux de l'esprit me sont plus obscurs... Le savoir des Immortels n'inclut pas..."
- Je suis sûr que vous y arriverez, vous vous occupez de lui depuis longtemps." Il baissa les yeux sur Jote, qui avait écouté en silence jusque-là. "Il serait sans doute bon pour lui d'avoir à ses côtés la compagnie d'une jeune personne..."
La petite fille se raidit et son regard se fit déterminé.
- "C'est un grand honneur, Maître..."
- "Pas de familiarités avec Sa Grâce, cela va de soi. Vous n'êtes pas son amie mais sa servante. S'il vous demande l'impossible, vous obéissez ; s'il vous demande de mourir, vous le faites. Et il est inutile de le rappeler : personne ne doit lui parler de ce qui est advenu de sa famille. Pour l'instant. Quand la mémoire lui reviendra, nous aviserons."
Jote hocha la tête machinalement, comme hypnotisée par le regard pénétrant du Maître des Immortels.
- "C'est ce que nous sommes tous disposés à faire, moi y compris. Nos vies ne servent qu'à son usage. Ne l'oubliez jamais : vous n'existez que pour permettre au Phénix de déployer à nouveau ses ailes."
Il leur indiqua de disposer, ce qui signifiait retourner au Nid. Les deux adeptes seraient même sans doute forcées d'y demeurer la plupart du temps, pour surveiller les moindres faits et gestes de l'Emissaire. Cependant, le Maître exprima son désir de les accompagner.
- "Je veux me rendre compte par moi-même de son état et lui rendre hommage, même s'il est inconscient", expliqua-t-il avant de les précéder dans le couloir.
Arrivés devant la porte en forme d'anneau, la soigneuse présenta de nouveau la clef et la chambre s'ouvrit. Une forte chaleur régnait dans la pièce, et ce qui ressemblait à de minuscules plumes de fin duvet blanc flottaient dans les airs... Cyril balaya l'espace devant lui de la main pour les écarter, se demandant bien d'où elles pouvaient venir...
Joshua Rosfield ne dormait pas. Il était allongé dans son lit, le corps recouvert de son draps, et contemplait sa main au bout de son bras tendu vers le plafond. Il ne faisait pas attention à eux. Il tournait et retournait sa main tout en bougeant les doigts, de longs doigts fins et délicats... qui devaient lui apparaître comme tout à fait étrangers. Puis, il ramena sa main et en posa le dos sur son front en gémissant faiblement. La soigneuse eu de nouveau un mouvement de réconfort en se portant vers lui. Cyril l'arrêta.
- "Pas d'apitoiements inutiles, vous n'êtes pas sa mère."
- "Je devrais peut-être l'être si vous voulez que je guérisse son esprit", rétorqua-t-elle, avec un ton de défi à peine dissimulé.
Cyril ne répondit pas mais se dirigea vers le lit de son seigneur. S'arrêtant à une distance respectueuse, il s'inclina profondément devant l'Emissaire, qui se mit à le regarder sans comprendre ce qui se passait. Son regard faisait penser à une page vide...
- "Je suis Cyril, le Maître des Immortels. Permettez-moi, illustre Phénix, de vous rendre l'hommage que je vous dois. Sachez que ma vie et celle de tous les adeptes sont vôtres. Ordonnez, nous obéirons. Vous n'avez qu'un seul mot à dire..."
Mais Joshua ne dit rien, et le bleu-vert de ses yeux sous sa frange de cheveux blonds le transperça, comme s'il pouvait sonder son âme. C'était un regard d'enfant qui venait de naître, mais dans le visage émacié d'un adolescent qui s'éveillait d'un très long rêve. Cyril fut presque tenté de le plaindre... mais se reprit immédiatement. Il s'éloigna de la couche.
- "Prenez bien soin de lui. Je veux un rapport quotidien sur ses progrès. Dès qu'il sera capable de comprendre et de parler de façon correcte, je veux le savoir."
- "A vos ordres, Maître", s'exclamèrent ensemble les deux adeptes.
Cyril quitta alors la pièce, non sans un dernier regard et une ultime révérence vers Joshua qui avait entreprit à présent d'examiner la plante de ses pieds en dérangeant tout à fait l'agencement de ses draps. Il semblait avoir bien du mal à utiliser ses longs membres filiformes... Enfin, il laissa les deux adeptes avec leur patient.
La soigneuse se porta au chevet de l'Emissaire et l'invita à se couvrir de nouveau de son draps. Joshua obéit machinalement, comme un enfant grondé, et croisa sagement ses mains sur ses genoux. Mais on voyait bien qu'il était au bord des larmes. La soigneuse le rassura et balaya les mèches folles et humides de son front avant de l'observer plus attentivement.
- "N'ayez aucune crainte...", souffla-t-elle doucement. "Personne ici ne vous fera le moindre mal..."
Si elle était parvenue à conserver intactes ses fonctions vitales, l'Emissaire était très amaigri et sa peau avait pris la blancheur de la craie et la fragilité du papier. Ses cheveux blonds-roux avaient aussi considérablement poussés et lui tombaient dans le bas des reins. Elle n'avait pas eu le coeur de les couper car elle ignorait alors s'il désirerait les garder à cette longueur... Ils méritaient par contre un bon nettoyage.
Joshua ne fuyait pas devant elle, comme s'il la reconnaissait en quelque sorte. Mais il la laissa examiner le moindre recoin de son anatomie avec appréhension, d'abord ses cicatrices sur le torse, sur les cuisses, les bras ; puis celle sur son crâne, qui avait causé bien du souci à la soigneuse. Enfin, elle osa lui poser une question :
- "Avez-vous mal quelque part, Votre Grâce ?"
Elle avait parlé dans un doux murmure, comme une mère l'aurait fait pour son petit garçon malade. Il pencha la tête, comme s'il entendait un son familier et tenta à son tour de communiquer.
- "Grr.... rrr... aaaa..."
Cela resta coincé dans sa gorge et la soigneuse adopta alors un type de langage universel : celui des signes. Il sembla comprendre ce qu'elle lui demandait et indiqua son propre visage.
- "Il n'y a rien sur votre visage. Il a certes changé mais il n'a rien de laid... Aucune cicatrice n'y est restée, j'ai fais tout mon possible pour ça." Elle lui expliqua par signes.
Le patient se mit alors en tête d'attraper les plumes duveteuses qui semblaient avoir envahi la pièce. Il en saisit une et la regarda avec intérêt, puis la souleva dans les airs pour la voir flotter de nouveau. Comme effrayé par le phénomène, il se cacha le visage sous son draps. La soigneuse lui sourit.
- "C'est vous qui générez ces jolies petites choses douces et légères", lui expliqua-t-elle avec patience. "C'est votre pouvoir d'Emissaire. Vous ne le contrôlez plus très bien mais cela vous reviendra petit à petit."
Joshua semblait un peu apaisé mais la fatigue le gagna. Avant de s'allonger de nouveau sur ses oreillers, il mima des signes dont la signification était évidente, même pour la petite Jote, qui observait tout avec intérêt.
- "Il a soif, c'est ça ?" s'exclama-t-elle.
- "Je crois que oui. Il faut dire qu'il fait une chaleur ici... C'est comme si l'essence du feu elle-même avait envahi la pièce. C'est sans doute bon signe, il n'a pas perdu le Phénix...", soupira la soigneuse, comme si elle avait vraiment craint que cela n'arrivât. "Va lui chercher de l'eau fraîche. Et ensuite, Votre Grâce, je vous ferais prendre un bon bain. Vous aimerez ça, vous verrez."
- "Je reviens vite !", s'écria Jote, toute heureuse de cette mission. "Je ne ferais pas tomber la cruche cette fois !"
Et elle sortit presque en sautillant, insoucieuse qu'on puisse la voir. Le Phénix apportait enfin dans sa vie le changement dont elle avait bien besoin. Elle avait hâte d'apprendre à le connaître.
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Les peluches
Fandom : Fairy Tail
Relationship : Gray x Juvia
Voici ma participation pour le Comfortember 2023 pour le prompt : Peluches.
J’espère que ça vous plaira.
Résumé : Cela ne faisait que quelques jours que l'équipe Natsu était partie de Magnolia et pourtant Juvia manquait à Gray. Ils passaient tellement de temps ensemble, qu'il avait l'impression qu'une partie de lui manquait quand elle n'était pas là. Il n'avait jamais ressenti cela pour quelqu'un.
Disclaimer : Fairy Tail appartient à Hiro Mashima.
@comfortember
AO3 / FF.NET
Gray prit son sac à dos et alla s’asseoir sur le lit. Il ouvrit le sac et fouilla à l’intérieur. Il pouvait entendre Natsu et Happy dormir dans le lit à côté du sien. L’équipe Natsu avait été engagée pour une mission qui devait durer plusieurs semaines. Ils s’étaient arrêtés dans un hôtel pour passer la nuit. Lucy, Erza, Wendy et Carla partageaient une chambre, tandis qu’il en partageait une avec Natsu et Happy.
Cela ne faisait que quelques jours qu’ils étaient partis de Magnolia et pourtant Juvia lui manquait. Ils passaient tellement de temps ensemble, qu’il avait l’impression qu’une partie de lui manquait quand elle n’était pas là. Il n’avait jamais ressenti cela pour quelqu’un.
Il sourit lorsqu’il trouva ce qu’il cherchait dans son sac. Il regarda en direction de Natsu et Happy et vit qu’ils étaient toujours profondément endormis. Il savait que si jamais ils se réveillaient, ils n’arrêteraient pas de se moquer de lui.
Il sortit une peluche de son sac. Elle n’était pas très grande et tenait dans le creux de sa main. Gray ne put s’empêcher de rire légèrement lorsqu’il repensa au moment où Juvia lui avait donné la peluche. C’était la veille de son départ pour la mission. Il était en train de préparer son sac lorsque Juvia était venue lui rendre visite.
« Juvia a une surprise pour toi. »
Elle lui tendit un sac que Gray accepta. Il pouvait voir l’impatience dans son regard. Il ouvrit le sac et en sortit une peluche. Gray écarquilla les yeux, ne s’attendant pas à ce genre de cadeau. Il s’agissait d’une petite peluche à l’effigie de Juvia.
« C’est une peluche Juvia, dit la mage d’eau avec un immense sourire. Quand Juvia te manquera, tu pourras la serrer contre toi. Juvia l’a fait petite pour que tu puisses la garder tout le temps sur toi. Et regarde. »
Elle sortit de son sac une peluche de la même taille que la peluche Juvia.
« Juvia a un peluche Gray-sama. Elle la gardera tout le temps auprès d’elle, jusqu’à ce que tu reviennes. Comme ça, les deux peluches pourront aussi être réunies. »
Gray sourit tendrement. Ce n’était pas la première fois que Juvia avait ce genre d’attention pour lui. Même si au début, ses cadeaux le gênaient, il était désormais touché par toutes ses attentions. Il lui prit la main, l’attira vers lui et l’embrassa.
« C’est parfait, dit-il en s’écartant légèrement. »
Gray s’allongea sur le lit, la peluche de Juvia près de lui. Même s’il se sentait un peu ridicule, Juvia avait raison. D’une certaine façon, elle était auprès de lui. Il finit par s’endormir, impatient de rentrer chez lui et de pouvoir dormir avec Juvia dans ses bras.
Fin
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Ah, le joli mois d’octobre ! La déplorable situation au Proche-Orient – disons en Palestine pour préciser les choses –, révèle, en Occident essentiellement, les peurs, les lâchetés, voire les renoncements de bien des populations et de leur gouvernement. Ce que j’observe, avec amusement autant qu’avec inquiétude, c’est l’immaturité des réactions de la plupart des nations de “l’Occident global” face aux derniers développements de problèmes pourtant vieux comme Mathusalem. Le fond, comme la forme, sont désespérants. L’Europe, et la France en particulier, attestent l’effacement définitif de leur rôle historique dans le bassin Levantin. Les médias, comme c’est leur habitude, hystérisent les événements et prennent aveuglément le parti de leurs actionnaires. “Israël ! Israël ! Israël !” entends-je partout, à tout bout de champ, tout le temps. Il faut défendre Israël avec les Israéliens, parce qu’Israël, c’est le rempart de notre civilisation contre les sauvages musulmans. Quand Israël sera tombé, c’est tout le continent qui sera attaqué, la nuit, à l’aube, au couteau, à l’AK. Nous serons tous pogromisés, kippa ou pas, pour le seul crime d’être des kafirs.
Je résume là ce qui me semble être, plus ou moins explicitement, plus ou moins bruyamment, le mot d’ordre – ou plutôt la “parole de panique” – qui s’installe sous nos latitudes. Et je joins quelques capsules mnésiques liées à ces événements :
• Il est navrant le spectacle de cette aube automnale si belle qui dévoile le défilé des assassins à moto, bouchers amateurs partis massacrer des familles endormies. Éternel recommencement de l’insupportable injustice frappant les populations prises à parti, flinguées, étripées, égorgées – cadavres et scènes de crimes arrangés à des fins de terrorisme par l’image. “Allah u-akbar”, comme toujours, ici ou là-bas. Tout a été filmé, par les caméras d’inutile surveillance des victimes et les go-pros des instigateurs. Tout a été montré. • Scènes à peine croyables – je dis bien “à peine croyables” – des commandos palestiniens faisant détonner des explosifs contre des murs en béton et des rideaux de barbelés pour pénétrer des périmètres de sécurité placés sous surveillance automatique 24/7. Les drones qui ont largué leurs charges explosives au-dessus des relais de communication et autre appareil de détection, volent sans ambage d’un pylône à l’autre. Pouvait-on être plus prévisible ? Des ailes volantes motorisées sillonent le ciel, ouvrant le feu sur tout ce qui court en dessous. Pouvait-on être moins discret ? Et pourtant, la petite base armée prise d’assaut regorge de cadavres en slip, tirés du lit dans la panique, la plupart n’ayant même pas eu le loisir de défendre leur peau face aux assaillants brailleurs.
• Grand rassemblement décadent, scènes et chapiteaux. Les fumeurs de oinjes, les raveurs, les filles et fils de bobos, les zoneurs à dreadlocks et leurs meufs à cheveux bleus fuient dans le désert pour échapper au flinguage venu du ciel. Grand Bataclan à ciel ouvert. On a tous rêvé de débarquer dans une rave en Hummer pour remettre un peu d’ordre. Mais là, je vois courir tous ces hébétés et je pense aux parents qui, dans quelques heures, recevront qui un coup de téléphone, qui la visite d’amis ou d’officiels venus leur annoncer ce qu’aucun parent, jamais, ne devrait être contraint d’entendre.
• Un prof a été égorgé dans un lycée français, le deuxième et certainement pas le second. Héros, hommage, hugs. Les trois “H” du cancre élyséen. À la lumière des “massacres du Hamas”, de nombreux chroniqueurs ne peuvent s’en empêcher : mais combien sont-ils chez nous, nous les braves et pacifiques Français, à attendre le grand soir et son fameux croissant de lune ?
• Prendre parti. Ceux qui déplorent les Palestiniens écrasés sous leurs immeubles à coups de bombes sont d’infects islamo-collabos. Les chroniqueurs, chefs de plateau et autres inutiles s’agitent bruyamment, distribuent des bons points et offrent à qui en veut une tournée de moraline. Ça va de “j’ai d’excellents amis Juifs” à “et la Shoah alors, vous en faites quoi ?”. Pathétiques agitations, pitoyables guignolades.
• Je n’entends quasiment personne rappeler ce qu’était encore la diplomatie française d’après guerre. Ce que nous avions perdu en puissance militaire, nous pouvions encore le compenser en influence. Le refus d’être inféodé, comme l’obsession de la souveraineté, allait favoriser l’émergence d’une autre voie – le non-alignement –, unique chemin vers la préservation d’une forme d’indépendance géopolitique dans un monde violemment bi-polaire. L’exceptionnel domaine ultra-marin de la France lui conférait alors une dimension internationale quasi naturelle, préservée des affres d’une décolonisation dramatique. Que reste-t-il de tout cela ? Rien. Absolument rien. La France a perdu partout, elle qui est maintenant devenue une colonie du tiers-monde, le champ d’expérimentation européen du globalisme assassin.
• Pathos, pathos, pathos ! J’ai du pathos à pas cher, en voulez-vous ? L’heure est donc à l’effroi et à l’indignation. Idéal pour nous rappeler que le peuple juif est un peuple héroïque. Légèrement dominateur – comme nous le rappelait le grand Charles – mais courageux, combattif, résolu. Idéal aussi pour déshumaniser le Palestinien de base et fermer les yeux sur les tonnes de bombes balancées sur des gens qui rêvaient sans doute d’égorger des Juifs mais qui, étant donné leur condition physique nouvelle, n’auront pas le temps de passer à l’acte. Je sais, je fais du mauvais esprit. Précisément. Ce qui est triste, là-dessous, c’est le cautionnement inconditionnel de la scénarisation tous azimuts. Ces gens-là, Monsieur, n’ont honte de rien. Ceux qui montrent avec le regard fixe, la mâchoire d’acier, le geste calme, et ceux qui regardent, le teint livide, la bouche ouverte, l’œil mouillé et la gorge nouée. Images de salle à manger transformée en abattoir, de jardinet jonché de tripaille, de trainées de sang chaud dans les couloirs. Ça change des parents gris qui beuglent comme des bougres avec le cadavre tout cendré de leur môme de quatre ans et demi dans les bras. “Oui, mais en même temps, il y a les agresseurs et les agressés, hein, non ?”. Et dire qu’ils sont payés pour oser proférer de telles ignominies.
• François Cevert est mort le 6 octobre 1973 sur le circuit de Watkins Glen. C’était le jour du commencement de la guerre du Kippour. Un demi-siècle plus tard, alors que je raconte à qui veut bien m’écouter la carrière fulgurante et la mort tragique de celui qui fut mon idole, le Hamas fourbit ses armes pour son attaque du 7 octobre. Coïncidence ? Je crois bien, oui.
J.-M. M.
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Les ailes d'Icare 20.08.2023
L'histoire se raconte en un mot, pourquoi pas ? Un son blanc, muet... qui met fin à son existence.
Cris pour de petites gouttes d'oubli, oubli pour tant de pétales finalement fanés
Un amour livré à compte-gouttes.
Une trahison arrosée à flots.
Une cacophonie de bruits sourds qui dévorent une monotonie d'ambivalences litigieuses d'excès, si trompeuse, macabre, et pourtant, si neutre dans son mode opératoire, qui enivre, ennuie et piège.
Une fleur devient papillon (vivre ainsi un jour au lieu de dix), donne son temps à la liberté... Pauvre Icare du destin ! Si bien défini, mais si mal réalisé, il est parti comme il est venu ; oui.. Elle était morte... mais heureuse. Et qui sommes-nous pour lui refuser un regard ? Pour le couper d'une décision ? Pour le nourrir d'une aile ? Et calciner sa réaction ?
Pauvre agneau qui ne voit pas celui qui le mange.
Tellement inoccupé dans la monotonie que chaque jour devient une mauvaise surprise. Comme tout bijou de foire tzigane, il attire les regards des gens qui n'achètent pas... Mais, quand même, ils s'approprient votre acquisition.
Il vous enveloppe dans sa compréhension, sans tenir compte du monde, tandis que vous vous nourrissez de son manque de nutriments.
Je ne prévois pas de préciser, je ne prévois pas de planifier... Je prévois de voler sans chercher à préciser.
Pourquoi avoir à voler? Que demander à part des rêves endormis ?
Demande dans ta tombe d'écume une vérité, une raison, un mot que ton pardon t'enlève, qu'on mange l'équation qui se révèle dans ton vœu d'être gris et froid... équation que tu as créé, et maintenant tu ne comprends pas , purée d'addition !
Sacrée réintégration.
Alors en soi le point du réel est l'histoire elle-même, la dérivation, sa folie et sa réintégration dans le néant.
Les-portes-du-sud
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Joli petit rideau métallique d'un autre temps qui, la nuit venue, se métamorphosait en gardien impénétrable pour préserver les trésors d'une boutique endormie.
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20 novembre 2023/dernière partie: Tout ce que j’ai à faire ensuite c’est juste de dormir. Au moins j’ai le confort de pouvoir faire cet examen dans mon environnement et pas à l’hôpital! Je dois noter dans un formulaire qu’ils m’ont donné à quelle heure je me suis endormie/toutes les fois où je me suis réveillée, comment était mon sommeil etc… Ce qui est incroyable c’est que mon chat est venu se blottir contre mes bras au niveau des appareils médicaux alors que d’habitude il ne dort que vers mes jambes! C’est pas la première fois qu’il fait ce genre de chose lorsque je suis branchée avec de nouvelles choses (ex lorsque j’avais le midline il était venu dormir sur ma perfusion!). On dirait qu’il veut me soutenir c’est trop chou!
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Liste de mes cartes et de mes recherches MàJ le : 21/10/2023
Gold : / (Recherche Jewel, Magic, Stella, Hunter et Joker)
Silver : / (Starlight, Bella, Jewel, Twins)
Copper : / (Fiona, Friends forever, Jewel, Safire, Silas et Zargo)
Wise Warrior : Sorel, Raimondo (Cantaro, Djengis, Rubin, Medusa, Calato, Prince, Sun, Yasmin)
First Series : Shadow (Starfighter, Sunny, Bella, Fiona, Jewel)
Second Series : Toute les cartes basiques, toute les promos (Apuni, Sunny)
Northern Light : Balto, Conall, Star, Embarr, Lakehorse, Colour, Bella (Donn, Yasmin, Jewel, Fiona, Froya)
Mythologie/Ancient Light : Toutes (sauf Yasmin, Apollo, Balto, Bello, Fiona 68, An.Light Promo Serenity, Mirth, Generosity, Dreamer)
Lueurs Boréales : Toutes (sauf Bella, Chumash, Lakota, Chitimacha, Isleta, Miccosukee, Muscogee, Pauma, P1 à P11 et PS1)
Amis Magiques : Toutes (sauf Ceratos, Chitra, Cindra, Cioccola, Cordelia, Fiona, Giasa, Lillova, Madeja, Merowyn, Ondine, Petri, Savros, Thunder, Zephan P1, P2, P3, P4)
Baby Bella : Aegis, Amor/Venus, Apollo/Athena, Delight, Farfalla, Helia, Iceking/Nyx, Iceprince, Khrysor, Leonardo/Sarah, Mira, Moonbeam, Moonphantom, Moonsprite, Bellerophon, Pythia, Sunbeam, Addis, Bella, Bello/Bella, Beran/Rosebriar, Chromasia, Chryso/Sasha, Cirra, Embarr/Freja, Flame/Nike, Jewel, Mistral, Pavonne, Pegasus/Roxy, Summit, Wodan, Rimfaxe/Aurora (recherche toute les autres)
Trésors Fabuleux : Toutes (Sauf Sophie, Thunder, Starstone, P2 Lily)
Familles Royales : Toutes (Sauf Alina, Gracie, Spottie, Zephyros, P2 River)
Bal de Bella : Toutes les basiques, toutes les promos.
Sunflowers : Toutes les basiques et toutes les promos (Bella/Sara McDonald)
Moonfairies : Toutes les basiques et P1 Twilight (Sauf Anthea, P2 Woodlock)
Starlights : Toutes les basiques, P1 Daybreak (sauf P2 Odyssey)
Carnaval de Printemps : Toutes (sauf La Fanfare, P1 Honora, P2 Kona)
Summer Camp : Monument Bello & Bella, Monument Jewel, Monument Fiona, Esprit Volcan endormis, Esprit Volcan éveillé, Lightning, Ruskin, Ivenna/Myrfor, Esprits de l'été, Bella et Sara, Emma, Addis, Histoire feu de camps, Shamal, Ponderosa, Wildflower, Farah (recherche tout le reste + les promos)
Winter Festival : Elemyn, Frostfire, Gracie, Noel, Sleetmane, Starunna, Tinsel, Mistletoe et Holly, Silver, Esprit du Fjord, Jewel, Fiona, Chocolat des fées, Tannenbaum, Snowhorse (recherche tout + les promos)
Best of Bella Sara : Toutes (sauf P1 Cordelia et P2 Faxon)
Chibis Magiques : Toutes (recherche Ivenna, Myrfor, Pantheon, Mireldis, Snowdreamer et Starlight FR)
Herds of North of North : Ivenna et Myrfor, Styginmoor Castle, Colour, Feywind Castle, Parthamane Castle, Petalhome Castle, Valeryk Castle, Wildscape Castle, Mustang, Shanti, Fiona, Saturna, Starlight, Pantheon (recherche tout + promos P1, P2)
Promos des jeux, puzzle, peluches : / (recherche les 12)
Peluches, jouets, chibis bracelets : Fiona et Coral chibis (recherche peluche Fiona et Jewel, jouets divers Nyx et Iceprince, Fiona, Osage, Jewel, Mireldis et Moonphantom, Uranus, Valkrist, les poulains Moonbeam et Sunbeam chibis Pantheon et Jewel)
Mini figurines : Inupiat, Phoenix, Athena, Anemone, Misla, Fiona, Potawatomi, Kallista (recherche Seraphia, Walter, Amor, Colour, Apollo, Wasco, Rosebriar, Obrylin, Jewel, Osage, Pink Lady, Blossom, Venus, Chromasia)
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Histoire Bonus Hamefura "Dans un sommeil" Geordo (une histoire de son enfance)
J'ai décidé de traduire cette histoire également en français pour ceux qui veulent, je veux être impartiale aux anglais comme aux français. Si ma manière de procéder vous convient faites le moi savoir et j'en mettrai plus. Bonne lecture ^^
Moi, Geordo Stuart, j'étais seul dans une pièce vide. Cela n'arrive généralement pas, mais pour une raison quelconque, je veux vraiment rencontrer quelqu'un et j'appelle pour voir quelqu'un, mais personne ne vient.
Pensant que cela ne servait à rien de faire cela, je me suis glissé hors de la pièce et je suis sorti, et au loin j'ai vu un parent et un enfant d'une sorte d'aristocrate marcher main dans la main. Ils ont l'air très proches l'un de l'autre.
J'ai l'impression que ma poitrine se serre. Quand je vois mes propres mains que personne ne peut tenir, ma poitrine se serre.
"... Quelqu'un, quelqu'un... avec moi..."
"Prince Geordo, prince Geordo" Quand j'ai ouvert les yeux, il y avait des yeux bleu clair familiers.
Ah, je vois, je suis venu chez Catarina pour jouer... Je crois que je me suis endormi. C'est une pitoyable erreur même si j'ai été occupé ces derniers temps.
"... Je suis désolé. Dans un endroit comme celui-ci," dis-je,
"Je t'ai réveillé parce que je pensais que tu avais fait un cauchemar." dit Catarina en secouant la tête
Même si Catarina est généralement dense, elle a quelque chose comme ça (?).
"...Oui. J'ai fait un rêve qui ne me semblait pas très bon. Merci de m'avoir réveillé."
« Non, non. L'autre jour, j'ai rêvé que toutes mes sucreries étaient mangées et c'était dur pour moi aussi ! » Je souris involontairement aux paroles de Catarina,
"Ah, c'est vrai ! C'est une merveilleuse façon d'oublier rapidement un mauvais rêve. Allons voir quelque chose. Il y avait un grand arc-en-ciel dans le ciel tout à l'heure."
Catarina l'a dit et m'a pris la main.
J'ai commencé à courir alors que Catarina me tenait la main et me traînait. La chaleur de nos mains jointes effaça rapidement le souvenir du rêve.
#hamefura#my next life as a villainess#katarina claes#geordo stuart#translation#bakarina#otome game no hametsu flag shika nai akuyaku reijou ni tensei shiteshimatta
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Ce matin c’est notre dernier matin à Durban, et il fait grand beau ☀️. On profite de notre petit déjeuner puis on fait nos sacs (qu’on voulait faire hier soir mais on s’est endormi 😂). Vers 9h30 on fait le check out et on confie nos bagages à la réception pour quelques heures. Comme il fait grand beau et qu’il n’y a pas de vent, on va profiter de notre matinée pour aller à la plage 🏖️. Il y a eu quelques orages alors la mer a rejeté pas mal de de déchets (organique et humain). Mais à notre grande surprise, des équipes de nettoyage s’activent pour la rendre à nouveau toute belle 👏🏻. Il n’y avait pas grand monde, d’ailleurs les quelques personnes qu’il y avait ne restaient pas sur la plage. Ils venaient, allaient dans l’eau puis repartaient. Nous on voulait poser nos linges. Bien sûr, le temps d’aller dans l’eau on prenait toutes nos affaires qu’on déposaient près d’un truc pour les secouristes, comme ça on les avait à l’œil et après on aller s’échouer sur le sable ! Et pas de requin en vue aujourd’hui, pour le plus grand soulagement de maman 😘😘.
À midi, nous nous dirigeons gentiment vers l’hôtel pour récupérer nos sacs et troquer notre maillot de bain contre un short, ce sera plus confortable pour notre vol pour Johannesburg. Arrivé à l’aéroport, un petit casse-croûte et on saute dans l’avion. Le temps de vol est estimé aujourd’hui à 50 minutes, c’est du rapide! Finalement l’aéroport était assez chargé alors on a fait quelques petits tours en l’air avant d’atterrir. Voilà, la boucle est bouclée, nous sommes à nouveau à Johannesburg, au même endroit qu’il y a deux semaines à notre arrivée 💫. Après avoir récupéré nos bagages, on va prendre pour la première fois le train en Afrique du Sud ! Le billet n’est pas trop cher pour nous, mais on pense que c’est pas donné pour les gens du coins, presque 250 Rand l’aller, soit un peu plus de 10CHF, mais c’est plus cher qu’un menu avec boisson au restaurant. D’ailleurs il n’y a pas beaucoup d’africain dans ce train. Parlons en du train; très moderne, assez confortable, une cadence toutes les 10 minutes…je suis assez impressionné. Bon c’est le train qui relie l’aéroport à la ville, il faut bien qu’il fasse bonne impression. Les trains de banlieue c’est autre chose. D’ailleurs on voulait en prendre un pour nous rendre à l’hôtel. C’était déjà un labyrinthe pour trouver où acheter le ticket et le guichetier nous a dit qu’il y a en fait pas de train pour rejoindre notre gare…bref on est sorti de la gare et j’ai commandé un Uber, l’application tournait un peu dans le vide lorsqu’un taximan est venu vers nous en disant que Uber ne fonctionne pas bien en Afrique du Sud. Il nous propose de nous emmener à l’hôtel pour 100R, soit environ 5CHF. On a excepté de suite tellement on voulais arriver à l’hôtel, sans compter qu’il commençait à faire nuit et que c’est pas très safe de se balader dans les rues de Johannesburg la nuit tombée. Les quartiers que l’on traverse ont l’air très pauvre et pas très bien entretenu. Ça change énormément de toutes les autres villes que l’on a visité lors de ce voyage où tout était assez propre, même dans une grande ville tel que Cape Town. Enfin on verra bien demain comment ça se passera. Le taxi nous dépose à l’hôtel. Très content de l’hôtel que nous avons réservé pas plus tard hier soir 😂. On ne va pas ressortir pour manger. Heureusement l’hôtel a un bar/restaurant dans lequel on a pris un ragoût de bœuf avec du mieliepap, une sorte de polenta locale. C’était hyyyyper bon !
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Fils du Feu 09 ~ Flamme retrouvée
- "Apporte ceux-ci à l'Emissaire, Jote. Je les ai spécialement triés selon les thèmes qu'il préfère !"
La petite fille attrapa la pile de livres que lui tendait l'archiviste et fit en sorte de mettre un pied devant l'autre sans tomber. Heureusement, elle connaissait par coeur le chemin jusqu'aux nouveaux quartiers que Joshua s'était choisis. Se glissant entre les Immortels qui circulaient dans les couloirs, elle parvint enfin à la grande porte autrefois scellée, et qui, grâce au pouvoir de l'Emissaire de Phénix, demeurait toujours ouverte dorénavant.
Elle entendait la voix du jeune homme qui indiquait aux acolytes où poser ses nouveaux meubles. Jote ralentit le pas afin de ne pas gêner les aller et venues. Elle jeta un oeil dans l'alcôve élue par Joshua ; elle se situait un peu plus profondément dans le bâtiment céleste que le reste des pièces de vie, le garçon l'avait repérée durant son périple avec Adalia. Elle était assez spacieuse pour recevoir un grand lit, une table, trois chaises ainsi que le fameux fauteuil en velours rouge - que Joshua semblait tant aimer - et des étagères de livres en nombre. Cette pièce disposait également d'une vasque encastrée, presque semblable à celle du Nid. On était en train d'installer une armoire pour lui permettre de ranger ses vêtements.
La petite fille, essoufflée, posa les volumes sur le sol et s'accorda un moment de répit. Depuis que l'Emissaire avait "éveillé" la cathédrale, les torches n'étaient plus nécessaires. Une lueur bleue suintait de tous les pans de roche grise. Elle ne nécessitait aucune variation car, que ce soit pour la veille ou le repos, elle demeurait d'une intensité parfaite. Les Immortels avaient donc remisé les torches ou les cristaux lumineux, préférant cet éclairage optimal pour toutes les taches de leur quotidien.
Quand Adalia lui avait raconté dans le détail leur voyage souterrain, Jote s'effraya beaucoup ; puis elle regretta de ne pas les avoir accompagnés. Les lieux semblaient receler quelques dangers pour l'heure encore endormis, mais cela avait été rapporté à Cyril, qui avait défendu à quiconque de pénétrer plus avant dans la cathédrale. Joshua aurait aimé explorer les profondeurs encore davantage, mais son humeur était si changeante que ses projets étaient constamment modifiés.
Il avait pris part à la vie du refuge, et déambulait parmi les adeptes avec une certaine aisance, essayant de se rendre utile. Cela rendait les Immortels nerveux ; leur dieu n'était pas censé les aider, même si sa seule présence parmi eux les mettait ordinairement en joie. Joshua était le premier à se précipiter dès que quelqu'un faisait tomber quelque chose, ou se blessait. Il semblait ne plus se souvenir comment guérir les blessures, et il restait alors, interdit et comme muet, tenant la main du fidèle blessé au bord de la syncope, qui n'en revenait pas que le Phénix lui-même lui fasse la grâce d'un simple contact physique.
Jote ne doutait pas qu'il retrouverait cette faculté mais il s'agissait avant tout de canaliser son énergie. Joshua pouvait se montrer d'une folle témérité, puis l'instant d'après se plonger dans un livre et dans le silence pendant des heures. Il prenait des décisions audacieuses par lui-même pour certaines choses, mais se comportait comme un petit enfant timide pour d'autres, quémandant la permission de faire ceci ou d'aller là à chaque Immortel qu'il croisait. Il courait parfois dans les corridors avec une idée fixe en tête, puis s'arrêtait en pleine course, songeur, s'appuyant contre le mur pour réfléchir et faire demi-tour. Ses cinq années de sommeil semblaient avoir quelque peu affecté sa capacité à prioriser les choses et à prévoir les dangers.
Il aimait par-dessus tout revêtir la bure grise des Immortels - il avait réussi à s'en procurer une - et se glisser parmi ses fidèles incognito. Jote l'avait déjà vu faire. Un jour, il s'était assis avec les adeptes durant une de leurs séances de prières, et s'était assoupi, comme mis en transe par les paroles douces et monocordes de Maître Cyril. Mais quand il se déplaçait dans les couloirs, les fidèles finissaient par le reconnaître car il avait une façon bien à lui de marcher, du genre de celle qu'on apprend dans les châteaux. Jote s'en amusait souvent, quand il se faisait démasquer et que l'Immortel qui le houspillait une minute plus tôt comme un vulgaire apprenti se confondait en excuses en s'aplatissant presque par terre.
- "Vous devriez traiter tous vos semblables de la même manière que vous me traitez", expliquait alors Joshua avec patience. "Ou alors traitez-moi comme un des vôtres, cela m'est égal."
Cyril savait tout ceci mais il avait décidé de laisser l'Emissaire agir à sa guise.
Une semaine passa ainsi depuis que Joshua s'était installé dans son nouveau décor. La petite fille prévoyait qu'il aurait de nouveau la bougeotte d'ici peu. Elle le vit soupirer, les yeux levés, quand elle lui amena les cristaux pour son bain. Elle les posa sur la table et demanda la permission de s'assoir.
- "Jote, est-ce que vous croyez que je pourrais sortir ?"
L'Immortelle prit quelques secondes avant de comprendre ce que le mot "sortir" signifiait vraiment ici.
- "Vous voulez dire... dehors ?"
- "Oui, hors du refuge."
Elle saisit alors tous les sens que cette question pouvait revêtir. Il était bien évident que Maître Cyril n'empêcherait pas l'Emissaire d'aller où il voulait ; mais quant à savoir si Joshua était "capable" de sortir à l'extérieur, au soleil, sous le ciel, de retrouver ses semblables, des individus qui ne seraient pas des Immortels dévoués, c'était une autre histoire. Il semblait se porter relativement bien sur le plan physique, même s'il manquait encore d'exercice pour retrouver une pleine forme. Ses pouvoirs d'Emissaire semblaient revenus mais il était difficile de juger de leur puissance et de l'aide qu'ils pouvaient lui apporter en cas de besoin. L'usage de la magie était de toute façon très contre-indiquée dans et en dehors du refuge ; cela attirait beaucoup trop l'attention.
Jote avait entrepris de suivre des cours d'escrime avec leur maître d'arme mais elle n'en était encore qu'au commencement. Elle ne serait d'aucune aide pour le jeune garçon s'il était en danger. Pour l'instant... Jote se gifla mentalement ; Joshua exprimait le souhait de retrouver la vie et elle imaginait déjà le pire !
- "Vous devriez en parler avec le Maître", se contenta-t-elle de dire.
- "Bonne idée. J'aimerais voir Dame Adalia, elle me dira si je vais assez bien pour me risquer dehors..."
De nouveau, il avait adopté son attitude de petit garçon indécis, peu sûr de lui, alors que la veille il avait encore évoqué son idée de redescendre explorer les ruines célestes. Pour l'heure, il se dirigeait vers les quartiers du Maître d'une démarche pas aussi assurée qu'il l'aurait voulu.
Jote, de son côté, courut chercher la soigneuse. Elle ne gravitait plus autant autour de l'Emissaire mais se montrait toujours disponible dès qu'il avait besoin d'elle. Adalia se trouvait dans l'infirmerie et rangeait des flacons quand la petite fille vint presque se pendre à sa robe.
- "Ma Dame, Jo... l'Emissaire ! Il veut vous voir ! Il est avec Maître Cyril !"
- "Que se passe-t-il ?"
Jote pensa la rassurer en l'informant que le garçon désirait seulement quitter le refuge mais cela ne fonctionna qu'à moitié... Les deux Immortelles se hâtèrent dans le couloir, éveillant de nouveau l'inquiétude des acolytes qui les regardaient passer. Qu'avaient-elles encore en tête pour mettre le refuge sans dessus dessous ?
Joshua était sagement assis dans la chambre de Cyril et le Maître se tenait à ses côtés, l'air soucieux. Quand le jeune homme vit Adalia, ses traits se radoucirent et il lui sourit.
- "J'espère que vous êtes remise de notre petite aventure..."
Il s'était rendu compte par la suite du danger qu'il avait fait courir à la soigneuse en la laissant venir avec lui mais l'Immortelle ne lui en avait jamais tenu rigueur, même si elle avait eu grand peur.
- "Vous souhaitez sortir, Votre Grâce ?" demanda-t-elle en croisant les mains.
- "Effectivement, le Phénix trouve peut-être cet endroit trop... étroit pour sa grandeur", prononça Cyril sans aucun sous-entendu. "Je suis particulièrement heureux par la perspective de le voir régner de nouveau sur Rosalia, mais c'est encore un peu..."
- "Oh ! je ne compte pas me rendre en ville !" s'empressa de rectifier Joshua. "Juste... marcher sous le soleil, sentir le vent, écouter les sons de la nature... Je crois que tout cela me manque."
- "Si vous ne comptez pas vous éloigner des marais, cela ne devrait pas être trop dangereux. Je peux vous adjoindre une escorte," décida Cyril. "Je vais quérir de ce pas celui qu'il vous faut. En attendant, examinez Sa Grâce afin de vous assurer qu'il est... apte à cette excursion."
Le Maître s'éclipsa, laissant le trio dans son bureau. Adalia se pencha sur Joshua et commença un examen sommaire. Elle lui demanda comment il se sentait, s'il avait du mal à dormir, s'il avait bien mangé ses carottes, ce qui fit sourire de nouveau le jeune homme.
- "Jote m'en a fait manger. Je n'aime toujours pas ça mais j'ai voulu lui faire plaisir..."
- "J'aurais préféré que vous ne me disiez pas la vérité...", se renfrogna la petite fille.
Adalia regarda leur échange avec tendresse puis prononça son diagnostic.
- "Vous avez surtout besoin de vous dépenser. Vous êtes si jeune ! Vous ne pouvez pas rester ici tout le reste de votre vie. Cependant, ne vous épuisez pas trop. Vous êtes encore fragile, même si vous n'en avez pas l'impression... Dans votre état, tout est une question de dosage ; vous devez apprendre où sont vos limites. Vous l'auriez appris naturellement si vous n'étiez pas tombé dans le coma durant la phase la plus importante de votre développement de futur adulte..." Adalia soupira. "Vous allez devoir faire avec et rattraper ce temps perdu, mais à votre rythme. Inutile d'aller trop vite ou de chercher les ennuis. Vous me promettez d'être prudent ?"
Joshua hocha la tête.
- "Je vous donne mon autorisation alors, en tant que médecin. Je me demande qui va vous accompagner..."
Elle n'eut pas longtemps à attendre. Le Maître revint accompagné d'un Immortel d'âge moyen, à la courte barbe brune grisonnante. L'homme portait une petite épée dans les mains, et une autre était ceinte à sa taille.
- "Votre Grâce, voici votre escorte. Cet homme sera votre fidèle serviteur tant que vous vous déplacerez en dehors de ces murs. Et même davantage si vous le souhaitez."
Joshua jaugea l'homme d'un coup d'oeil, lui sourit et lui demanda :
- "Comment vous appelez-vous ?"
Les quatre Immortels échangèrent un regard un peu gêné, ne parvenant pas à s'habituer aux manières si désinvoltes de l'Emissaire qui brisait toutes leurs règles.
- "Votre Grâce...", commença l'homme, décidé à obéir. "Vous pouvez m'appeler comme vous le désirez..."
- "Donnez-moi un nom, n'importe lequel ! Ce sera plus facile pour moi d'être en votre compagnie si je peux vous appeler par votre nom."
L'homme sembla réfléchir mais Cyril prit les devants.
- "Nommez-le Baden, Votre Grâce."
- "Baden", répéta le jeune garçon en scrutant l'homme silencieux. Celui-ci hocha la tête. "Bien, Sire Baden. Menez-moi donc à l'extérieur par des chemins sûrs."
- "Avant que vous ne partiez, précisa Cyril, veuillez prendre ceci." Il lui remit dans les mains la courte épée que tenait Baden. "Vous n'avez pas de formation particulière même si on vous a enseigné les rudiments des passes d'armes dans votre jeunesse. Mais je me sentirais plus rassuré si vous portiez une arme."
- "Y a-t-il quelques dangers ?" demanda Joshua en passant la ceinture autour de sa taille.
- "Des bandits peuvent rôder dans les marais. Nous avons du nous débarrasser de quelques-uns trop curieux déjà..."
Il se rapprocha du garçon, peut-être un peu trop même pour son rang.
- "Je tiens à ce que personne ne vous voit pour l'instant. Restez à l'écart des foules", murmura Cyril. "N'utilisez pas la magie. Personne ne doit savoir que vous êtes vivant."
- "Comme je vous l'ai dit, je ne tiens pas à me rendre en ville", répondit Joshua en reculant, presque effrayé.
- "Que le Fondateur vous protège."
Le Maître les précéda dans le couloir vers la sortie. Jote et Adalia les suivirent un moment mais furent sommées de retourner à leurs occupations. Face à la porte circulaire qui le séparait encore du véritable monde des vivants, Joshua prit une grande respiration. Il connaissait cette émotion ; il avait eu la même quand son père l'avait officiellement présenté au peuple rassemblé comme l'Emissaire de Phénix. Son coeur avait alors tambouriné dans sa poitrine avec la même force qu'à présent.
Il n'avait pas besoin de clef pour actionner les battants. Plaçant sa main au centre du motif gravé, il attendit que le verrou céleste se débloque sous l'action de sa magie. Un souffle d'air frais faillit le renverser en arrière, tandis qu'il se protégeait les yeux des rayons du soleil, qui lui semblèrent alors d'une violence inouïe. Il plissa les paupières, mais il ne put empêcher ses larmes de couler devant l'assaut de la lumière. En même temps, il sentit une énergie naturelle envahir ses membres à mesure que l'astre du jour le touchait. Il avança en dehors du refuge, les mains toujours tendues devant lui, ne sachant trop où il allait. Il savait juste qu'il sortait pour aller quelque part.
La main de Baden saisit la sienne pour le guider et petit à petit, sa vue s'accommoda. Le soleil ne brillait pas autant qu'il le pensait ; des nuages gris couraient dans le ciel et le disque lumineux ne faisait que quelques apparitions. Il se souvient confusément d'un chiot dont la fourrure avait la même couleur... Ses oreilles furent assaillies par un son qu'il reconnut comme étant un coassement de grenouilles. Il regarda où il mettait les pieds et vit des herbes hautes ainsi que des joncs se balançant tranquillement au vent. Un grand échassier s'envola en les repérant et le bruit de ses ailes parut extrêmement fort aux sens de Joshua.
Il avait l'impression de renaître réellement au monde, après une longue absence.
Baden lui laissa le temps de vaguer parmi les roseaux à la recherche de grenouilles dissimulées. Joshua remarqua alors que le refuge se trouvait sur une petite falaise au flanc d'une chaîne de montagnes basses. Vues de l'extérieur, les ruines ressemblaient aux pétales écartés d'une rose tranchante. Une petite forme blanche voleta jusqu'à la structure et se posa quelque part hors de vue.
- "Un stolas", annonça Baden. "Pour Maître Cyril, je suppose."
En contrebas, Joshua vit la zone des marais rosaliens, qui se situaient au nord du pays. Ses notions de géographies étant rafraîchies par ses lectures, il savait qu'ils se trouvaient éloignés du village de Lestange ainsi que de Fort Phénix de seulement quelques kilomètres. De là où il était, il apercevait l'auberge du croisement, situé sur une éminence rocheuse, bien pratique pour prévenir les attaques.
Mais aucune position stratégique ne pouvait résister à l'armée impériale. Que restait-il de ce charmant petit bourg, dont il se souvenait à peine pour ne l'avoir traversé qu'une seule fois, pressé par le danger ?
Il se déplaça un peu plus en avant et la tour en ruines qui lui cachait la vue lui offrit un paysage plus dégagé. Il porta la main à sa poitrine de stupeur. Ce qui aurait du être un des projets les plus novateurs de son père exposait ses entrailles aux oiseaux et aux intempéries, comme un monstre abattu qu'on aurait dépecé. Le gigantesque aqueduc qui aurait du traverser le pays de part en part avait été abandonné. S'il avait été achevé, il aurait permit à nombre de Rosaliens de se passer des cristaux et des Pourvoyeurs pour leur approvisionnement en eau. Le coeur de Joshua se serra ; son père était mort avant de concrétiser ce rêve...
- "Tout va bien, Votre Grâce ?" Joshua hocha la tête, comme absent. "Rosalia est toujours vivante malgré tout. Le souvenir des Rosfield ne s'effacera jamais. Les Sanbréquois ont bien tenté de le démonter, mais... ses pierres sont bien trop puissantes pour eux."
Il marcha en direction du rebord du plateau.
- "Voulez-vous descendre ? Faites attention, les marches sont traitres."
L'Immortel disparu alors de sa vue et le garçon se précipita en avant. Il vit Baden suspendu à la muraille, les mains accrochées à des entailles profondes creusées dans la roche le long de la paroi. Prenant son courage à deux mains, Joshua suivit son exemple et du beaucoup se concentrer pour coordonner ses mouvements. Arrivé en bas de la descente, il rata une marche et l'acolyte le rattrapa de justesse avant qu'il n'aille s'étaler piteusement dans une mare stagnante.
Il ne se formalisa pas de si peu, déjà accaparé par tout ce qui l'entourait. Il aspira une longue goulée d'air et expira lentement, ravi par les odeurs et les sons. Enfin, de vieilles sensations lui revinrent. La pleine conscience de la vie qui fourmillait tout autour de lui, même la plus infime, la plus invisible, celle qu'il avait toujours été le seul à percevoir, le renversa presque en arrière. Il tourna sur lui-même, laissant ses bottes neuves s'enfoncer dans le sol mou, comme saoulé par ce trop-plein d'émotions.
Il plongea ses mains dans une mare d'eau croupie avant que Baden ait pu l'en empêcher et regarda les lentilles d'eau se coller à ses doigts. Un crapaud sauta près de lui et Joshua se mit à rire en passant sa main mouillée dans ses cheveux blonds.
- "Attention, les crabes de vase sont particulièrement agressifs... et venimeux", s'inquiéta l'Immortel.
Mais Joshua s'en moquait pour l'heure. Il écarquillait des yeux émerveillés sur chaque brins d'herbes, chaque petite créature, et écoutait attentivement tous les bruits de la vie sauvage comme si c'était la première fois. Comme repu, il indiqua du doigt l'aqueduc inachevé.
- "Je voudrais m'approcher des fondations. Est-ce possible ?"
- "Nous devons traverser la route et atteindre l'autre côté des Jonchères. Ce n'est peut-être pas très prudent..."
- "Nous ferons attention alors."
Laissant l'homme le guider parmi les mares, Joshua ne put s'empêcher de traîner en route, demandant le nom des oiseaux qui s'envolaient à leur passage. Baden lui répondait de son mieux avec une infinie patience, puis ils finirent par atteindre la route. Celle-ci montait jusqu'à l'auberge du croisement mais les deux explorateurs ne se rendaient pas là-bas. Ils se cachèrent dans des buissons afin de guetter une opportunité de traverser sans être vus.
Joshua vit passer des hommes, des femmes et des enfants, à pied ou à dos de chocobo ; des soldats aussi, à la livrée étrangère. Probablement des Sanbréquois. Ils n'hésitaient pas à rudoyer les voyageurs ; un Pourvoyeur isolé s'attira même leurs foudres en ne répondant pas assez vite à leurs questions. Le garçon serra les poings. La colère ne lui était pas familière mais une émotion nouvelle se fit jour en lui.
Ces gens étaient des Rosaliens, ses semblables, son peuple. Cette évidence lui fit perdre ses moyens. Pourquoi se sentait-il soudainement si lié à eux ? La vision de ces êtres simples, essayant de vivre leur vie quotidienne sous le joug d'un envahisseur qui ne faisait rien pour améliorer leur existence, le mit hors de lui. Mais il se contint en sentant la main de Baden étreindre son épaule.
- "Gardez votre calme, Votre Grâce. Un jour, nous leur ferons payer..."
Ils laissèrent passer la dernière cohorte et attendit qu'elle soit assez éloignée pour tenter la traversée. Les assises de l'aqueduc se rapprochaient et ils purent davantage apprécier l'audace de l'ouvrage.
De retour dans le marais, Joshua escalada de petits monticules immergés afin de toucher les vieilles pierres glorieuses. Son père lui avait si souvent parlé de cet édifice, mais il n'avait jamais eu l'occasion de le voir de près. Il lui disait toujours que ce serait sous son règne, à lui, que ce formidable outil serait achevé. Elwin Rosfield était un visionnaire, comme tous ceux de sa lignée ; peu lui importait de voir par lui-même les résultats de ses réformes ou de ses travaux monumentaux, tant que ses fils seraient là pour perpétuer ses idéaux.
Un monument destiné à relier tout le monde... Oui, c'était tout à fait Elwin. Son père était un homme bon, épris de justice, et sa mort ignominieuse continuait de hanter Joshua. Cette image le poursuivrait jusqu'à sa propre fin.
Le garçon continua de marcher le long des arcades gigantesques, insoucieux de l'état de ses bottes. Un troupeau d'antilopes rayées se dispersa à son approche, s'égayant dans les hautes herbes et les mares. L'une d'entre elles, cependant, ne sembla pas pressée de s'enfuir. Elle se dirigea péniblement vers les deux hommes - car elle boitait - et s'immobilisa à un mètre de distance, la tête basse.
Joshua sentit comme un puissant appel. Se déplaçant vers l'animal, il perçut immédiatement sa souffrance. Sa source n'était pas difficile à deviner, car son sabot arrière refusait de se poser dans l'eau croupie et restait en l'air, forçant l'animal à rétablir son équilibre précaire à chaque instant.
- "Votre Grâce, cette bête est peut-être dangereuse. Quand ils sont blessés, ils peuvent..."
- "Non, elle veut de l'aide..."
Il tendit la main vers l'antilope et la laisser flairer ses doigts. Ses grands yeux noirs et doux, ourlés de longs cils, exprimaient une sensation que Joshua comprit parfaitement. Elle était épuisée et ne tarderait pas à se coucher pour mourir. La main de l'Emissaire glissa le long de son flanc, puis sur sa cuisse, enfin il se pencha pour examiner la blessure. Là, juste au-dessus du paturon, une plaie ouverte suintante répandant une mauvaise odeur. Pas bon signe... La chair avait commencé à se nécroser, l'infection était en marche. Si la blessure avait été causée plus haut sur le corps, la bête aurait pu s'en sortir, mais l'habitude des antilopes de marcher dans l'eau des marais ne lui en laissait aucune chance.
Il remonta sur le flanc et sentit la fièvre qui le faisait trembler. Il savait ce qu'il devait faire mais n'était pas certain d'y arriver... Il devait d'abord débarrasser la plaie des saletés qui s'y étaient accumulées afin de sauver les tissus. Il guida la petite femelle antilope vers un endroit sec - elle se laissa faire - puis commença à se concentrer. Il ferma les yeux et tenta de visualiser toutes les impuretés qui s'étaient insinuées dans la plaie. Cela lui demanda de faire appel au pouvoir du Phénix ; lui seul pouvait lui permettre de déceler ce qui était invisible à l'oeil nu. Laissant l'oeil du Primordial le guider, le feu guérisseur se mit alors au travail.
Baden n'osait pas prononcer un seul mot, captivé par le processus. Il se mit même à genoux et commença à psalmodier des prières au Phénix, comme pour aider Joshua. Celui-ci n'entendait rien d'autre que le bouillonnement du sang, les battements de coeur entêtés de la bête. Quand il rouvrit les yeux, la plaie saignait de nouveau ; mais le sang était clair et sain, il avait vaincu l'infection.
Il devait maintenant reconstituer les tissus détruits. C'était le plus délicat. Il devait entrer lui-même dans l'organisme malade pour "copier" en quelque sorte le membre sain. Il s'assit par terre et se colla tout contre le flanc chaud de l'antilope. Celle-ci, en retour, s'appuya contre lui, comprenant parfaitement ce qu'il tentait de faire. De ses longs doigts fins, il caressa la jambe blessée de haut en bas, comme pour en modeler une nouvelle, et il sentit que cela revenait. Cette sensation familière de restauration, de reconstruction de ce qui avait été défait, démonté... Il en soupira de satisfaction. Il avait retrouvé la voie de la guérison, il se souvenait comment faire. Cela lui était si facile, jadis... Il passait alors par toutes ses étapes sans y penser, en quelques secondes...
Il ne fit qu'un avec la douleur de la bête en lui murmurant des "ccchhh" lents et doux. La blessure se refermait et les chairs se reconstituaient sous ses doigts habiles. Tous les gestes les plus infimes lui revinrent en un instant et il en aurait pleuré de joie. Il ne supportait pas la souffrance de l'innocent.
Perdu dans sa transe, il serait bien resté ainsi pendant encore un bon moment, la joue pressée contre le ventre de la bête. Celle-ci, reconnaissante, lui fourragea gentiment les cheveux de ses lèvres mobiles, le ramenant au temps présent. Il se leva et plongea dans le regard noir et velouté de l'antilope. "Merci", crut-il entendre. Elle ne lui avait pas parlé bien sûr, mais il comprit que c'était son sentiment.
- "Merci à toi...", lui répondit-il, les yeux dans le vague.
L'animal s'éloigna alors en sautillant vers son troupeau qui attendait à quelques mètres. Elle ne boitait plus du tout. Joshua leva les yeux vers l'aqueduc inachevé et soupira :
- "On peut toujours reconstruire les choses tant qu'il reste quelqu'un pour y croire, n'est-ce pas ?"
Baden avait fini sa prière et se relevait avec lenteur.
- "A vos côtés, je pense que rien n'est impossible, Votre Grâce."
L'Emissaire de Phénix se pencha en avant et toussa fortement. Un froid mordant le saisit alors ; une partie de sa force vitale l'avait quitté pour passer dans un autre être, et jamais plus ne lui reviendrait.
Mais il savait que cela était juste. Il était le Phénix, il ferait ce qu'il devait faire.
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En juillet, j'ai quitté tumblr (3)
15 juillet J'ai reçu le Matricule des anges. J'ai mangé ma dernière glace avant au moins quatre jours. (J'ai scanné la mauvaise carte de fidélité et j'ai bloqué la caisse automatique.) J'ai envoyé un texte à une revue. J'ai croisé João. J'ai regardé le feu d'artifice à distance du reste la famille avec Cadette. Nous avons fait les bons choix d'itinéraire et de stationnement pour nous éviter la galère et nous avons remonté une marée humaine à contre-courant.
16 juillet J'ai commencé mon régime de purge. J'ai trouvé sur le blog d'Anne Savelli une liste de journaux en ligne. J'ai envoyé un message, sans envisager qu'il allait être public. J'ai lu Mains, fils, ciseaux, de Norbert Czarny. Anne Saveli m'a répondu.
17 juillet J'ai acheté mon premier ebook. (Le lecteur d'ebook gratuit que j'ai téléchargé interrompt la lecture par des incitations récurrentes et minutées à passer la version pro.) J'ai pris un café sur la plage avec ma chérie. J'ai continué mon régime œuf fromage biscottes. J'ai prêté ma carte d'accès à la déchetterie aux gars du chantier d'à côté (même s'ils ne sont plus censés œuvrer pour des travaux bruyants depuis la fin de la semaine dernière, par arrêté municipal). J'ai ajouté une nouvelle pièce à ma collection de lieu d'attente en pleine conscience : une aire de covoiturage (d'où j'ai actualisé le présent journal). J'ai glissé un livre très en retard dans la boîte à livres de la médiathèque fermée. Je suis allé me baigner avec les filles et ma chérie. J'ai regardé Ne croyez pas que je hurle, de Frank Beauvais, sans me souvenir si je l'avais déjà vu ou non.
18 juillet Une eau marron, terreuse, est sortie en crachotant des robinets de la maison. J'ai téléchargé un nouveau lecteur d'ebook, moins intrusif. J'ai retrouvé et relu une précédente tentative de journal, abandonnée. (Je n'ai rien fait de l'après-midi.) J'ai préparé l'examen de demain, dans un concert de gargouillements.
19 juillet Je me suis écœuré de la solution laxative. J'ai reçu un cadeau par la poste, et dans le cadeau, un cadeau. J'ai lâché le récit d'admission à l'épisode du doigt coupé. J'ai ajouté une nouvelle salle d'attente à ma collection. Puis une autre, nu avec charlotte. J'ai tout entendu des menus conflits de pause-déj du personnel infirmier. Une autre salle d'attente, perfusé. J'ai répété une fois, deux fois, trois fois mon nom, mon prénom, ma date de naissance, l'heure de mon dernier repas, la nature de mes selles. Je n'ai pas retenu un "outch" à la pause de la perfusion sur la main. Je me suis allongé sur le côté droit quand on m'a demandé de m'allonger sur le côté gauche. Je me suis endormi avant même le début de mon premier film de fesse. J'ai adoré mon réveil en salle de réveil, comme tiré d'un profond sommeil. Le croissant, l'éclair au chocolat et le pain beurré du goûter m'ont paru délicieux.
20 juillet Je me suis acquitté d'un dernier article avant suspension temporaire d'activité. J'ai salué Walid, Frédérique, Marc, Marie. Le distributeur de café était hors-service. J'ai attendu Viki et Pier. Je me suis trompé de jour pour la réunion. J'ai discuté avec Isabelle. Les voisins ont fait nettoyer leur toiture avec un produit qui puait la javel. J'ai cuisiné des poivrons au basilic thaï. J'ai lu, relu, réécrit un texte pour une revue. J'ai cuisiné une ratatouille à ma façon. J'ai lu La Couleur des choses de Martin Panchaud. À quelques rues de la maison, une mauvaise fanfare a martelé toute la soirée Les yeux d'Émilie de Joe Dassin.
21 juillet À force d'arpenter les rayons, j'ai retrouvé le titre du livre que j'étais venu chercher à la bibliothèque, que je n'avais pas noté, et qui m'échappait. J'ai renoncé à courir pour attraper le train, je n'étais pas chaussé pour. J'ai envoyé mon texte à la revue. Je me suis goinfré de biscottes. J'ai replongé dans la guimauve. J'ai cuisiné trop tôt (ou les filles sont revenues de leurs courses trop tard.) Nous avons regardé Viridiana, de Luis Buñuel. Mon agenda affiche "aucun événement au cours des 2 prochaines semaines" pour la première fois cette année.
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L’horloge du printemps
Ce troisième dimanche de mars était pluvieux. Hortense déambulait dans les rues depuis presque une heure. Elle aimait marcher sous la pluie, munie de ses bottes et de son ciré mauve. Elle possédait plus d’une centaine de parapluies, qu’elle utilisait selon les saisons dans l'année.
Perdue dans ses pensées, la jeune femme trébucha soudain sur le trottoir. Elle n’avait pas remarqué l’objet qui traînait au sol. Il s’agissait d’une horloge. Celle-ci ne semblait pas de première jeunesse, mais était impeccablement conservée. Son bois était léger et sculpté de fleurs délicates. Hortense jeta un œil autour d’elle et décida de récupérer ce petit trésor abandonné. De retour chez elle, elle lui trouva une place privilégiée dans le salon. L’horloge eut d’abord le comportement que l’on attendait d’elle : parcourir en tic-tac les secondes, les minutes et les heures. Mais cette attitude exemplaire fut de courte durée.
Au milieu de la nuit, une mélodie tira brutalement Hortense de son sommeil. Elle se précipita dans le salon et vit l’horloge trembler. Les aiguilles tournaient dans une danse folle. Hortense avait beau la manipuler dans tous les sens, elle ne parvenait pas à la faire taire. Quelque chose remua soudain à l’intérieur. Toc toc toc. Hortense toqua sur le cadran et tendit l’oreille. Il n’y eut aucune réponse, mais cela fit cesser la mélodie. Soulagée, la jeune femme reposa délicatement l’horloge et s’empressa de retrouver son lit.
Le soleil venait à peine de se lever lorsque la musique résonna à nouveau dans le salon. Les cheveux en bataille, Hortense quitta sa chambre en trombe pour décrocher une nouvelle fois l’horloge.
— Dehors ! S'exclama-t-elle en sortant de chez elle.
Son sommeil était bien trop précieux pour être perturbé par ce vieil objet. La jeune femme traversa son jardin en grelottant. Dans la précipitation, elle était sortie pieds nus. Elle déposa l’horloge dans son vieux cabanon, là où elle ne l’entendrait plus. Elle verrouilla la porte et fit demi-tour vers sa maison. C’est alors qu’elle fit face à un homme, planté au milieu de son jardin. Il portait un long manteau qui couvrait son corps et le haut de son visage. Il était si grand que son ombre occultait toute la lumière. Depuis combien de temps était-il là ? Et comment était-il arrivé ? Hortense n’avait rien entendu et son jardin était inaccessible depuis la rue.
— Qui… Qui êtes-vous ? Demanda-t-elle du bout des lèvres.
— Cet objet m’appartient, répondit-il d’une voix froide.
Hortense parvenait mal à distinguer le visage de l’homme, caché sous un épais tissu.
— J’ai besoin de cet objet, insista-t-il.
Sans se retourner, Hortense fit marche arrière et rouvrit la porte du cabanon. Elle attrapa l’horloge et la déposa par terre. Elle ne voulait pas s’approcher de cet inconnu qui l’effrayait. Celui-ci s’avança lentement pour la ramasser. Sa démarche spectrale lui donnait l’air de flotter.
— “Ostara”, murmura-t-il en saisissant l’objet.
Après un court silence, l’homme se mit à fredonner la mélodie de l’horloge. Aussitôt, le cadran s’ouvrit, délivrant un magnifique oiseau. Hortense fut stupéfaite en observant ses ailes. Sur chacune d’elles étaient dessinés un croissant de lune et un soleil.
L’homme tenait ce qu’il était venu chercher. Il salua gracieusement la jeune femme. Avant de partir, il tendit une main vers elle.
— Pour vous remercier, murmura-t-il.
D’un geste de la main, il appela l’oiseau à survoler le jardin tout entier. La végétation endormie depuis l’hiver se ranima en retrouvant ses couleurs vives. Les fleurs se multipliaient et les arbres s’étiraient.
L’homme et l’oiseau disparurent en un battement de cils. Hortense ne sut jamais pourquoi elle avait trouvé cette mystérieuse horloge, abandonnée dans la rue. Mais ce dont elle était sûre, c'est qu’elle avait eu le privilège de rencontrer le Printemps, en personne.
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