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Prankster Darling, George Weasey x Female OC
1991-1992 : Le Chupacabra (Partie 1)
❀ George et Fred l'avaient rencontrée en troisième année et l'avaient tout de suite prise sous leurs ailes. Ils l'appelaient le chupacabra et sa réputation de bagarreuse était légendaire à Poudlard. George, quant à lui, n'avait jamais vu Théodora Tonks autrement que comme le garçon manqué en colère qu'elle était.
Un fameux été 1994, Théodora change du tout au tout et est bien décidée à réclamer le cœur de George Weasley.
/!\ Cette œuvre ne m'appartient pas en totalité. La plupart des personnages (et quelques évènements) qui apparaîtront dans cette fiction sont issus de l'univers du Monde des Sorciers, créés par JK Rowling. /!\
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La fraîcheur de l'hiver s'installait doucement sur le château de Poudlard. Dans le ciel noir, les chouettes et les hiboux peinaient à trouver leurs chemins parmi les nuages d'encre. Théodora dévalait la colline en direction de la petite cabane accueillante d'Hagrid. Ce dernier lui avait demandé de passer pour qu'elle rencontre le nouveau botruc dont il s'occupait. De là où elle se trouvait, elle parvenait à sentir le parfum alléchant de ses biscuits rochers. Elle se frotta les mains à la perspective de bientôt pouvoir fourrer les fameux gâteaux dans sa bouche. Théodora semblait être la seule à Poudlard à apprécier la pâtisserie du garde-chasse. Elle avait immanquablement des goûts douteux en matière de cuisine.
Elle se trouvait à quelques mètres quand elle entendit les éclats de voix qui émanaient de la lisière de la forêt. Elle plissa les yeux pour ajuster sa vision. Théodora reconnut aussitôt la tête blonde pale de Drago Malefoy, encadré par les carrures imposantes de Crabbe et Goyle, ses fidèles acolytes. Elle tendit l'oreille tout en poursuivant sa route. Malefoy semblait aboyer des insultes sur quelqu'un. Les injures fusaient en un flot ininterrompu de lave ardente. De temps en temps, il marquait une pause pour laisser le temps à Crabbe et Goyle d'assimiler ce qu'il disait. Ces deux derniers s'écroulaient de rire, applaudissant comme des primates devant un spectacle de clowns.
Théodora s'arrêta pour voir à qui il s'adressait. Son regard tomba alors sur les visages identiques de Fred et George Weasley. Les jumeaux dardaient Malefoy d'un œil brillant, retenus chacun par un Lee Jordan et une Angelina Johnson essoufflés. Un sourire triomphal s'étalait sur le visage du Serpentard qui reprit de plus belle. L'on pouvait lui reprocher bien des choses mais il fallait reconnaître que sa pugnacité n'avait pas d'égal à Poudlard. Théodora se réfugia derrière un arbre pour les observer sans être vue.
-...une honte pour les sorciers du monde entier,sifflait la voix trainante de Malefoy. Pas étonnant que vous vous comportiez de la sorte. Moi aussi, je me rebellerai contre le règlement si j'habitais dans un tel trou à rats. Je me demande comment fait leur mère pour passer la porte quand on sait qu'elle est aussi imposante que ce balourd d'Hagrid !
Crabbe et Goyle s'esclaffèrent une nouvelle fois. Les visages des jumeaux se durcissaient sous les paroles de Malefoy. Théodora fut aussitôt submergée par une vague de compassion envers eux deux. Les médisances de Malefoy n'épargnaient personne ; elle en avait elle-même fait les frais en son premier jour d'école, le lendemain de la cérémonie des répartitions. Elle avait subi ses attaques sans rien dire et s'était contentée de serrer les poings en se détournant. Cependant, le voir se défouler ainsi sur les frères Weasley avec une telle véhémence la remplissait de rage, sentiment auquel elle était souvent sujette depuis quelques temps.
- Mon père dit que le père Weas-moche n'en a plus pour longtemps au ministère. Apparemment, on s'est finalement rendu compte de sa médiocrité. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'on l'expédie avec un bon coup de pied au...
Théodora ressentit une douleur cuisante sur ses phalanges, les mêmes qui venaient de frapper Drago Malefoy à la mâchoire. Ce dernier s'étala sur le sol, faisant se soulever les mottes de terre. Il leva des yeux surpris sur Théodora qui se tenait au-dessus de lui, le visage toujours déformé par la fureur. Sa lèvre inférieure étaient fendue et un mince filet de sang souillait sa cravate rayée de vert et argent. Il esquissa un sourire douloureux.
- Va jouer ailleurs Malefoy !
- Tiens tiens, on a réveillé la bête, pouffa-t-il en se relevant. T'es le dragon de garde des Weas-moche maintenant ?
Ces derniers semblèrent s'être calmés après l'arrivée de Théodora. Ils parvinrent à se défaire des poignes de Lee et d'Angelina. Théodora les entendait respirer derrière elle. La tension était palpable. Elle sentait leur colère fendre l'air alors qu'ils continuaient d'observer Malefoy.
Il épousseta les pans de sa robe. Une lueur s'alluma au fond de son regard gris ; visiblement, l'idée de molester Théodora à son tour lui donnait une grande satisfaction. Il avait l'air d'un chien venant de débusquer un rat dans les buissons. Son visage trahissait sa malveillance.
- Comment oses-tu poser la main sur moi, infâme sang-mêlé ?
Théodora frémit. Les yeux de Malefoy se posèrent sur ses poings serrés. Il jubilait. Derrière lui, Crabbe et Goyle s'agitaient, curieux de connaître la suite des évènements. Théodora n'avait pas peur d'eux ; en revanche, elle redoutait les paroles acerbes de Malefoy. Qu'il s'attaque à elle était une chose, qu'il s'attaque à sa famille et à ses parents en particulier, en était une autre.
- Tu sais ce qu'on chuchote au sujet de ta mère, Tonks ?
Les oreilles de Théodora bourdonnaient. Elle savait parfaitement ce que pensait les Malefoy du style de vie de sa mère. Elle savait également que les sentiments qu'ils entretenaient à l'égard d'Andromeda Tonks n'avaient rien de tendre.
Théodora ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase et laissa sa colère exploser. Elle s'élança vers Malefoy et levant sa jambe, asséna un coup de genou dans l'abdomen du garçon qui se plia en deux sous l'effet de la douleur. Sa figure se colora d'une belle couleur pourpre. Elle brandit alors, son poing évitant de justesse la main potelée de Goyle qui cherchait son bras pour le retenir. Elle sentit le nez en pointe de Drago se briser sous la puissance de son coup. Le bruit de son os qui cédait envoya une décharge délicieuse le long de son épine dorsale. Crabbe et Goyle s'affolèrent en voyant le sang gicler. Ils prirent Drago chacun par un bras pour l'entraîner vers le château.
Les quatre autres n'avaient toujours pas bougé, la bouche béante. Le cœur de Théodora bondit dans sa poitrine. L'idée qu'elle ait pu infliger la douleur à Malefoy, même infime fût-elle, la délectait. Le bruissement léger du feuillage au-dessus de sa tête suffit à couvrir le murmure de sa respiration haletante. Elle entendit vaguement les clameurs admiratives provenant du petit groupe de Gryffondors mais préféra se retrancher dans sa solitude. Elle se para d'un sourire et reprit la direction de la cabane d'Hagrid, les pensées déjà tournées vers les biscuits-rochers.
On vint chercher Théodora dans son dortoir quelques heures plus tard. Elle cessa de brosser les poils de Plumeau, son chat, pour suivre la préfète de sa maison. Sur le chemin, elles n'échangèrent aucun mot mais Théodora n'eut aucun mal à deviner leur destination.
Côte à côte, elles descendirent une volée de marches et traversèrent un long couloir sinistre, seulement éclairé par la lumière de torches murales. La préfète la conduisait au bureau du professeur Rogue où l'attendait également le professeur Chourave. La professeure de Botanique posa sur elle un regard bienveillant quand elle entra dans la pièce à la lueur tamisée.
Le bureau du professeur Rogue était de nature assez austère et son plafond voûté lui donnait un air de donjon. Des étagères sur lesquels luisaient des centaines de bocaux couraient le long de chaque mur.
La préfète prit congé après avoir soufflé un "bonne chance" à Théodora. Retrouvée seule avec les deux professeurs, elle se maudit elle-même d'avoir cultivé sa fâcheuse tendance à perdre son sang-froid.
- Mademoiselle Tonks, savez-vous pourquoi vous avez été appelée dans ce bureau ?demanda le professeur Chourave.
Elle contourna le bureau en bois de frêne du professeur Rogue pour se retrouver face à Théodora qui haussa nonchalamment les épaules. Les talons de ses bottes de cuir martelaient le sol dallé d'une manière sinistre.
- Je suppose que Malefoy s'est plaint à mon sujet...
- Monsieur Malefoy affirme que vous l'auriez agressé, plus tôt dans l'après-midi. Est-ce vrai ?
- Enfin professeure, vous avez entendu comme moi les témoignages des Messieurs Crabbe et Goyle ! intervint le professeur Rogue.
Il releva légèrement le menton pour toiser Théodora par dessus son nez crochu.
- Je préfère écouter la version de mademoiselle Tonks avant d'établir les faits.
- Les faits,répliqua sèchement le professeur Rogue, chère professeure Chourave, se sont déroulés comme suit. Le jeune Malefoy se promenait à la lisière de la forêt en compagnie de ses camarades de classe quand mademoiselle Tonks l'a agressé.
- Il s'en est pris aux frères Weasley, il fallait bien que quelqu'un riposte !se défendit Théodora en dardant sur Rogue un regard plein de défi.
- N'avez-vous pas jugé utile de faire appel à un professeur au lieu de rendre justice vous-même ?
Théodora se contenta de baisser les yeux, préférant se murer dans le silence. Elle avait beau jouer les dures, le regard glacé du professeur de potions l'intimidait. Elle croisa les mains derrière son dos pour les empêcher de trembler mais se redressa pour faire croire à ses interlocuteurs qu'elle n'avait pas perdu sa contenance. Elle entendit nettement le professeur Chourave pousser un soupir.
- Le règlement de l'école interdit les duels à la baguette magique mais les jeux de mains sont tout autant sévèrement punis.
La ton de sa voix fit frissonner Théodora qui n'avait pas l'habitude d'entendre le professeur s'exprimer si durement.
- J'enlève cinquante points à Poufsouffle, reprit-elle.
Théodora étouffa sa plainte en mordant sa lèvre avec force. Elle pensa à la lettre qui tomberait bientôt entre les mains de ses parents, celle qui relaterait ses dernières frasques. Elle sentit un frisson d'effroi caresser son échine lorsqu'elle imagina leurs mines déçues. Ils l'avaient prévenue maintes fois de se faire toute petite, d'éviter les ennuis et surtout les bagarres. Mais Théodora avait toujours eu du mal à taire ses pulsions. Elle s'exprimait avec ses poings et n'hésitait pas à cogner si elle en ressentait le besoin. C'était sa façon bien à elle de rendre justice. Rogue grimaça et grogna doucement en croisant les bras sur sa poitrine, faisant onduler les pans de sa robe et lui donnant l'allure lugubre d'un corbeau.
- Seulement cinquante points ? Je vous rappelle qu'à l'heure même où nous parlons, le jeune Malefoy se trouve à l'infirmerie, souffrant le martyr.
Le professeur Chourave leva un regard surpris vers lui.
- Qu'êtes-vous en train de suggérer ?
Le professeur Rogue esquissa l'ombre d'un demi-sourire, le seul geste de bonheur qu'il fût capable de réaliser.
- Je propose qu'on enlève cent points à mademoiselle Tonks, une sanction que j'estime plus que clémente.
Le professeur Chourave secoua énergiquement la tête en signe de dénégation.
- J'enlève cinquante points à Poufsouffle et Théodora Tonks sera également de corvée dans les serres pendant un mois.
Elle se tourna alors vers Théodora dont le cou s'enflammait d'embarras.
- Vous arracherez les mauvaises herbes et vous occuperez de mes plantes. Je vous enverrai un hibou pour vous présenter plus amplement les termes de cette punition.
A côte d'elle, le professeur Rogue grinçait des dents, visiblement peu satisfait de la sentence prononcée.
- Vous pouvez disposer.
Thédora reçut un hibou au cours de la semaine suivante, la sommant de se rendre aux serres de Botanique le vendredi après-midi après les cours. Elle s'y rendit en traînant des pieds. Quand elle entra dans la serre numéro quatre, une bouffée de chaleur la frappa de plein fouet et colla à sa peau comme une ventouse. Le professeur Chourave était là, penchée sur un bubobulb dont elle extrayait le pus avec une douceur infinie. Elle n'avait pas semblé remarquer l'arrivée de Théodora qui toussota pour attirer son attention.
- Ah bonjour mademoiselle Tonks !chantonna-t-elle en scellant un flacon de pus.
Elle paraissait étonnamment joyeuse compte tenu des récents évènements qui les avaient toutes les deux poussées à se réunir dans cette serre, un vendredi après-midi ensoleillé.
- J'espère que vous avez apporté vos gants de protection.
Théodora acquiesça vivement en tapotant la poche intérieure de sa robe, là où elle avait casé ses gants.
- Comme je vous l'ai expliqué dans la lettre que je vous ai envoyée, vous serez de corvée tous les vendredi pendant un mois et au-delà si besoin est.
Elle retira ses gants en peau de dragon et les rangea dans l'armoire derrière elle. Théodora réalisa que c'était la première fois qu'elle voyait le professeur sans ses protections. Ses yeux tombèrent sur ses doigts fins, sur l'anneau brillant qui ornait son majeur. Avait-elle une vie en dehors de l'enceinte du château ? Avait-elle quelqu'un de spécial qui l'attendait à l'extérieur ? Le professeur surpris son regard. Elle ne tenta pas de cacher ses mains, comme Théodora s'y était attendue. Elle lui sourit et des rides se dessinèrent autour de ses yeux.
- Inutile de vous dire que j'ai été très surprise d'apprendre ce qui s'était passé entre vous et monsieur Malefoy.
Le visage de Théodora s'assombrit.
- Surprise parce que j'ai réalisé que je m'étais trompée à votre sujet. Jusqu'à présent, je vous croyais différente de votre sœur mais maintenant, je sais que vous êtes aussi prompt à l'indiscipline que Nymphadora.
Elle rit doucement, suscitant un sourire sur les lèvres de Théodora.
- Je ne risque pas de m'ennuyer avec vous.
Son rire s'évanouit. Le professeur Chourave retrouva son sérieux.
- Vos raisons étaient louables, c'est pourquoi je ne ressens pas le besoin d'être sévère avec vous. De plus, vous êtes une très bonne élève et vous avez montré un réel talent pour ma matière. Je ne doute pas que vous traiterez mes plantes avec respect et soin. Peut-être vous découvrirez-vous une vocation dans cette branche, qui sait ?
Elle lança un clin d'oeil en direction de Théodora et ajouta :
- J'ai pris le soin de dresser une liste des tâches à accomplir que vous trouverez sur mon bureau. Je reste disponible si jamais vous veniez à être en difficulté.
Théodora la remercia et le professeur quitta la serre en sifflotant joyeusement. Retrouvée seule, la jeune sorcière se dirigea vers le bureau. Elle parcourut d'un œil vif la liste du professeur Chourave et poussa un soupir en comptant le nombre de corvées à effectuer. Loin de se laisser abattre, elle rassembla ses cheveux en une queue de cheval et attrapa un balai et une pelle. Elle entreprit de nettoyer les tables maculées d'engrais. Elle rangea les produits contre les limaces sur les étagères, recompta les cache-oreilles, arrosa les plantes, rempota les pots. Elle travaillait en fredonnant, se trouvant ravie de pouvoir accomplir toutes ces tâches. Théodora se rendit vite compte que sa punition n'en était pas vraiment une. Elle se sentait apaisée au milieu de toutes ces plantes. Même la chaleur étouffante de la serre ne semblait plus la déranger. Les heures s'étiraient mais Théodora se complaisait à aller et venir dans la serre, redoutant le moment où elle devrait raccrocher ses gants et retrouver le brouhaha de sa salle commune. Il y avait encore tant à faire !
Munie d'une pince et de ses gants en peau de dragon, Théodora s'approcha d'un figuier abyssinien. C'était la première fois qu'elle en voyait un d'aussi près. La plante n'était pas au programme de première année mais elle avait lu assez de livres de botanique pour savoir exactement comment s'y prendre avec elle ; visiblement, le professeur Chourave avait assez confiance en elle pour lui laisser la responsabilité d'une plante aussi capricieuse. Elle taillait en silence, les sourcils arqués, concentrée sur ses gestes.
- Pas mal ta punition !
Théodora sursauta et laissa échapper un petit cri aigu. Elle se tourna vers la voix qui l'avait interpelée. Les jumeaux Weasley lui souriaient à l'autre bout de la serre.
- Pourquoi on n'est jamais de corvée dans les serres ?s'enquit l'un d'eux en grognant.
- C'est comme s'ils faisaient exprès de nous tenir éloignés des plus grandes sources de divertissement,commenta l'autre.
Ils secouèrent la tête avec un air faussement consterné et s'approchèrent de Théodora d'une démarche bondissante.
- Qu'est-ce que vous faîtes ici ?
- Avec George, on s'est rendu compte qu'on ne t'avait pas remercié pour ce que tu avais fait pour nous.
- Nous ne sommes pas facilement impressionnés mais je dois avouer que ton crochet du droit était incroyable.
Ledit George mima le coup de poing que Théodora avait asséné à Malefoy. Son frère grimaça et s'affala sur le sol de la serre, dans une parfaite imitation du serpentard. Ils éclatèrent de rire, se tenant le ventre. Théodora était trop stupéfaite pour parler. Ils l'avaient rejointe volontairement ; ils s'étaient donc renseignés pour savoir où elle se trouvait. Ils étaient là pour elle, pour lui exprimer leur gratitude. Elle sentit une boule de chaleur se former dans sa poitrine.
Théodora les regarda tour à tour. Elle n'avait jamais eu l'occasion de leur parler et ne les connaissait que de nom. Elle savait qu'ils étaient assez populaires dans l'école, connus pour être des farceurs impénitents, au cœur de tous les évènements à Poudlard. Qu'on les apprécie ou non, personne ne pouvait s'empêcher de les admirer, de rechercher leur compagnie et d'applaudir leurs méfaits.
Plus vieux qu'elle de deux ans, les jumeaux entamaient leur troisième année à Poudlard. Théodora les avait remarqués dès le premier jour du mois de septembre alors qu'elle se faufilait sur les quais pour rejoindre le Poudlard Express. L'un d'eux câlinait une tarentule géante sous les regards excités de son frère et de Lee Jordan, heureux de leur présenter son animal de compagnie. Curieuse, elle s'était demandée si une telle compagnie était autorisée à l'école. Dès lors, elle n'avait jamais cessé de s'intéresser à eux, toujours au premier rang chaque fois que leurs farces troublaient les couloirs du château.
Les jumeaux avaient retrouvé leur calme et l'observaient en silence.
- Tu as encore du pain sur la planche on dirait.
Théodora haussa les épaules.
- Pas vraiment, il ne me reste qu'à choyer quelques plantes et passer la serpillère et j'aurais fini en un rien de temps.
- D'accord,firent-ils en chœur.
Ils attrapèrent une serpillère chacun.
- On va te donner un coup de main.
- Non non non, ne vous en donnez pas la peine. C'est ma punition.
- Punition que tu dois effectuer après nous être venue en aide. On te doit une fière chandelle, alors laisse-nous au moins te rendre la pareille.
- Vous n'êtes pas obligés.
Le jumeau qui venait de parler leva les yeux au ciel. Il se dirigea vers un coin de la serre et posa la serpillère à terre, prêt à frotter, aussitôt imité par son frère. Celui-ci prit la parole :
- Au fait, moi c'est Fred et lui c'est George.
- Je m'appelle Théodora Tonks.
Les visages de Fred et George s'illuminèrent.
- Attends ! T'es la petite sœur de Tonks ?
Théodora esquissa un sourire gêné. Jusqu'à présent, lorsqu'elle mentionnait être la petite soeur de Nymphadora Tonks, les gens la dévisageaient avec un regard noir avant de se plaindre avec passion des méfaits de la métamorphomage. Elle soupira.
- Je tiens à m'excuser de sa part pour tout ce que...
George l'interrompit, les yeux brillants et désinvoltes.
- Tu plaisantes,s'écria-t-il. Cette fille est un génie de la farce, une de nos meilleures rencontres à l'école. Son esprit facétieux ne sera jamais oublié, nous lui devons tant.
Il posa la main sur son cœur et leva les yeux vers le plafond avec un air solennel. Théodora ne put s'empêcher de sourire. Il émanait de lui quelque chose d'étrange ; une lumière radieuse et bienveillante.
- Tu es une métamorphomage toi aussi ?s'enquit George. Comme ta sœur ?
Théodora perdit son sourire. Elle leur tourna le dos, faisant mine de s'intéresser au figuier abyssinien.
- Je n'ai malheureusement pas hérité de son talent.
Elle les entendit alors s'activer derrière elle. Théodora leur en fut reconnaissante de ne pas s'attarder sur le sujet. Les jumeaux s'appliquaient dans leurs tâches mais cette attitude sérieuse s'évanouit aussitôt quand George glissa dans l'eau laissée derrière par la serpillère de son frère. Celui-ci partit dans un grand éclat de rire, bientôt rejoint par Théodora. George se releva en pestant mais ne parvint pas à cacher le sourire qui étirait ses propres lèvres. Il jeta une poignée de bouse sur Fred qui s'étala par terre sans s'arrêter de rire pour autant.
Théodora eut tout le loisir de les observer discrètement et remarqua plusieurs traits chez l'un qui le distinguaient de l'autre. Le visage de Fred paraissait légèrement plus rond que celui de George et ce dernier était légèrement plus grand. Un petit grain de beauté saillait le cou de George, petit détail introuvable chez son jumeau. Leurs regards ne pouvaient pas non plus être plus différents. Bien que tous deux étincelaient de malice, celui de George était tinté d'un velours plus doux, plus chaleureux.
- On t'intrigue ?
George la considérait lui aussi. Théodora se détourna en rougissant et retourna à ses plantes.
- Je suis juste étonnée de vous voir si appliqués. Vous donnez souvent l'impression d'être chaotiques de nature.
Fred ricana.
- Rassure-toi on l'est. Disons que nous savons rester sage quand la situation l'impose.
Il y eut plusieurs autres imprévus, durant lesquels Fred se fit mordre par un plant de snargalouf. Il paniqua et prétendit que la plante l'avait mordu avec tant de force qu'il faudrait sûrement lui amputer le doigt. George l'accusa de dramatiser et ils passèrent le reste du temps à se chamailler et en quelques minutes, la quantité de corvées avait sensiblement augmenté. Théodora en fut quelque peu ennuyée mais elle y voyait également l'opportunité de passer plus de temps avec les jumeaux. Ils se confondirent en excuses et promirent de tout nettoyer en quatrième vitesse.
Epuisée et affamée, Théodora s'arrêta pour consulter sa montre et réalisa avec amertume que le professeur Chourave ne lui avait pas précisé l'heure de la fin de sa retenue. Elle se débarrassa de ses gants et les fourra dans la poche de sa jupe.
- Je vous serai éternellement reconnaissante pour votre aide.
Fred et George qui s'étaient accordé une pause étaient allongés sous une table. Ils tournèrent vers elle des visages usés.
- Encore une fois, nous n'avons fait que te rendre la pareille pour ce que tu as fait pour nous dans la forêt.
- Même si on aurait pu faire autant de dégâts,ajouta Fred. Pas avec nos poings, bien entendu.
- Une farce soigneusement préparée peut aussi faire office de vengeance parfaite.
Théodora sourit. Elle devina sans mal ce qu'ils avaient en tête et espérait bien avoir raison.
- Vous compter piéger Malefoy ?
Les jumeaux haussèrent les épaules, un air malicieux passa furtivement sur leurs visages.
- Nous préférons garder cela secret pour le moment.
- Pour garder l'effet de surprise.
Ils complétaient la phrase de l'autre. Théodora n'était pas étrangère au phénomène de gémellité mais elle se trouvait toujours fascinée devant l'étrange lien qui unissait les doubles. Leur synchronicité ne manquait jamais de l'amuser. Elle poussa un cri d'excitation.
- Comment ? Vous allez remplacer son shampoing par de la teinture ? Piéger son chaudron pour que celui-ci explose en cours de Potions ? Ensorceler sa plume pour transformer toutes ses dissertations en chansons grivoises ? Remplir ses chaussettes de veracrasses ? Lui envoyer des lettres d'amour en lui faisant croire que c'est Rusard qui les a écrites ?
Les jumeaux riaient, visiblement surpris de témoigner de tant d'espièglerie de sa part. Plus Théodora parlait, plus les idées fusaient dans sa tête. Elle avait toujours adoré les farces. Quand on grandit avec une sœur comme Nymphadora Tonks, la malice et la facétie devient une partie importante de votre vie.
Petite et pas encore en âge d'étudier à Poudlard, à chaque vacance d'été, elle attendait le retour de sa sœur de l'école avec impatience pour entendre toutes les fabuleuses aventures qu'elle avait vécues avec son amie Tulipe Karasu. Nymphadora ne manquait jamais alors de lui rapporter des produits de chez Zonko et les deux sœurs s'amusaient à les tester sur leurs parents ; ceux-ci faisaient d'abord mine de les réprimander mais finissaient toujours par s'écrouler de rire avec elles.
- Est-ce que je peux y participer ? S'il vous plaît, ajouta-t-elle face à leur étonnement.
Les jumeaux firent une moue appréciatrice.
- George, est-ce que tu penses à la même chose que moi ?
- Que Théodora devrait rejoindre notre trio chaotique ?proposa George d'un ton excité.
- Il nous faut un quatrième cerveau et elle a l'air plutôt futée.
- Moi, j'apprécie ses talents de bagarreuse. Elle a l'apparence fragile d'une licorne mais elle est aussi féroce qu'un chupacabra.
Ils échangèrent une poignée de main avant de passer chacun un bras autour des épaules de Théodora. L'odeur de la bouse de dragon restée accroché sur la chemise de Fred la fit grimacer.
- Théodora Tonks, je suis fière de t'annoncer qu'à partir d'aujourd'hui tu rejoins officiellement la cour des Grands.
Théodora demeura interdite. George resserra son étreinte et le halo de lumière qui l'entourait lui et son jumeau sembla s'étendre pour envelopper la jeune sorcière. Elle sortit de la serre à leurs côtés et quand les têtes se tournèrent vers ce nouveau trio, elle sut que sa vie était sur le point de changer à tout jamais.
- Bienvenue, petit chupacabra.
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