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How Comfort and Space Impacts the Reservation of Taxi Services?
Comfort and space are two crucial factors that significantly impact the reservation of taxi in Grand Rapids MI. These facets play a vital role in shaping passengers' experiences, affecting their satisfaction levels, and ultimately affecting their decision to book a taxi service again in the future. In this blog, we will delve into the ways in which comfort and space influence the reservation process and why they are essential considerations for passengers and taxi service providers.
Passenger Experience and Satisfaction:
Comfort and space directly contribute to passengers' overall experience and satisfaction with a taxi service. Passengers expect a certain level of comfort during their journey, especially if it involves long distances or extended periods of time.
Adequate legroom, comfortable seating, and climate control are essential elements that can enhance passengers' comfort levels and make their ride more enjoyable. When passengers feel comfortable during their journey, they are more likely to have a good perception of the service and may be inclined to book with the same provider again in the future.
Perceived Value for Money:
Passengers often associate comfort and space with the value they receive for the price they pay for a taxi service. When passengers feel that they are getting value for their money in terms of comfort, spaciousness, and overall quality of service, they are more likely to view the service as worth the cost and may be willing to pay a premium for it.
On the other hand, if passengers feel cramped, uncomfortable, or dissatisfied with the level of space provided during their journey, they may perceive the service as overpriced and may be less likely to book with the same provider again.
Repeat Business and Customer Loyalty:
Providing a comfortable and spacious environment for passengers can foster loyalty and encourage repeat business. Passengers who have positive experiences with a cab service are more likely to become repeat customers and may even recommend the service to others.
By prioritizing comfort and space, taxi service providers can create a loyal client base and build a positive reputation in the market, ultimately leading to increased reservations and revenue.
Competitive Advantage:
In today's competitive market, taxi service providers must differentiate themselves from their competitors to tempt and retain customers. Offering superior comfort and space can serve as a competitive advantage, setting a taxi service apart from others in the industry.
Passengers are more likely to choose a taxi service that prioritizes their comfort and provides adequate space, especially if they have had negative experiences with other providers in the past. By focusing on these key areas, taxi service providers can position themselves as leaders in the market and attract more reservations from discerning passengers.
Word-of-Mouth Marketing:
Satisfied passengers are likely to share their positive experiences with friends, family, and colleagues, serving as advocates for the taxi service. Word-of-mouth marketing is a powerful tool for attracting new customers and building brand reputation.
Passengers who have enjoyed a comfortable and spacious ride are more inclined to recommend the service to others, resulting in increased reservations and a broader customer base.
Online Reviews and Ratings:
In today's digital age, online reviews and ratings play a significant role in affecting consumers' purchasing decisions. Passengers often rely on reviews from other customers to assess the quality of a taxi service before making a reservation.
Positive reviews highlighting the comfort and spaciousness of vehicles can attract more customers and boost reservations. Conversely, negative reviews citing discomfort or lack of space may deter potential customers and lead to a decline in reservations.
In conclusion, comfort and space are critical factors that impact the reservation of taxi services in numerous ways. By prioritizing passenger comfort, providing abundant space, and delivering exceptional service, service providers can attract more reservations, build customer loyalty, and gain a competitive edge in the market. Investing in comfortable vehicles and ensuring a positive passenger experience can ultimately lead to increased revenue and long-term success for taxi in Grand Rapids MI. Choose Holland Car Transportation for the finest taxi services with sophisticated and well-maintained cozy cars driven by certified drivers.
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Jour 20
Un jour dédié aux émotions sismiques
Gumri est la 3ème ville d'Arménie. Située au nord ouest, elle est proche de la frontière turque. L'unique voie ferré du pays y mène. Ce matin donc, je me réveilla tôt pour m'y rendre. Allons donc à la gare et découvrons aussi le visage de cette capitale au matin et étonnament, elle est vide. A l'opposé du soir où cohue et bouchons se constrictor. De bon matin, la spectaculaire gare d'Erevan est aussi tout à fait vide. La caisse ouvre à 7h30. Le train part à 7h50. Il se compose de 2 wagons qui se remplissent rapidement. Ça papote sévère. Le tout décolle mollement. Et le tacatacatac rythme l'avancée. Le paysage de type steppe se ponctue parfois d'un gars perdu dans le vaste gardant des vaches ou des moutons brouteurs.
La fatigue du périple commence à m'envahir les vertèbres et les guiboles. Je me dis qu'aujourd'hui il ne se passera rien. Je vois bien qu'il y a des groupuscules de touristes autour d'un guide qui braille ça et là. Donc il doit y avoir de la matière historique à découvrir. Mais non, je fatigue. Cessons de courir et poser des questions. J'opte pour le cimetière, un lieu calme et sans bruit.
Etrangement, dans ce pays, tous les condicteurs de taxis regardent uniquement la trajectoire du GPS et non la destination. La Californie nous envoie dond dans un dépotoir au-dessus du cimetière, bien loin de l'entrée officielle. Tant pis, j'y entre à l'envers, en enjambant la flore épineuse et les bouts de verre.
Ce qui est beau et curieux dans les cimetières en Arménie, ce sont les stèles verticales où les défunts y sont photodessinés en grand. L'autre curiosité, ce sont les bancs, protégés par un auvent, avec une petite table, pour les rituels de lever le verre ou juste être là, assis devant la tombe.
J'erre au milieu des tombes. Oh... voilà justement que j'aperçois une scène qui en dit long. Un vieux monsieur boit une bière et fume une cigarette sur un de ces bancs. Il observe la tombe qu'il vient de fleurir.
Il dit:
Je suis retraité. J'habite un peu ici, un peu à Moscou. C'est la tombe de mon fils.
Ooooh...
J'enlève ma casquette et prononce quelques mots d'affections. Le monsieur les ressent. Il me remercie. Il part.
Je m'approche de la tombe. J'ai quasi le même age que son fils.
Oh... Je découvre la date de son décés: 7 décembre 1988 !!!
Il fait partie des morts de cet immense tremblement de terre qui a détruit la ville, a ravagé la région, a mis à bas toute l'Arménie, a rendu exsangue toutes ses capacités ... Pile au moment de sa libération du joug soviétique.
Oh... Et c'est donc pour cela que sur de nombreuses tombes il y est gravé 11h41... L'heure du séisme.
Je fume une cigarette en hommage au fils de cet homme sympathique qui aurait pu être mon père.
Et là, je comprends Gumri. Une ville où encore bien des habitations restent effondrées, éventrées, éreintées au milieu des reprisées, rebriquées, regonflées.
Tant de 11h41 gravés sur les stèles...
L'onde de l'émotion sismique continue de s'épandre et, en signe de vie actuelle, on porte un toast aux disparus.
Cul sec!
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LÉGENDES DU JAZZ
DUKE JORDAN, PIONNIER DU BEBOP
Né le 1er avril 1922 à New York, Irving Sidney "Duke" Jordan a été élevé à Brooklyn et a fréquenté le Boys High School. Jordan a commencé à étudier le piano classique à l’âge de huit ans. Huit ans plus tard, Jordan avait joué dans un groupe scolaire au Brooklyn Automotive High. Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires en 1939, Jordan s’était joint au septet du joueur de trombone Steve Pulliam. Durant l‘été, le groupe avait remporté un prix dans le cadre d’un concours d’amateurs à l’Exposition mondiale de New York, ce qui avait attiré l’attention du productreur John Hammond qui avait été particulièrement impressionné par le talent de Jordan. Le groupe avait poursuivi ses activités durant un an ou deux. À ce moment-là, Jordan était entré dans la phase la plus productive de son apprentissage.
En 1941, le jazz traversait une période de renaissance. À l’époque où Jordan avait commencé à travailler dans un club de Harlem, le bebop était en pleine effervescence dans plusieurs clubs du haut de la ville. Le groupe de Jordan était officiellement dirigé par Clark Monroe, un vétéran des clubs de nuit qui était également impliqué dans l’opération de plusieurs autres boîtes, dont la Uptown House où Charlie Parker avait fait ses débuts à New York. Avant de se tourner vers le bebop, Jordan avait aussi joué dans des groupes de swing.
Jordan, qui s’était familiarisé avec le jazz en écoutant les disques de Teddy Wilson et d’Art Tatum, avait été rapidement mis en contact avec la musique de Bud Powell, Thelonious Monk, Dizzy Gillespie et Charlie Parker. Avec Powell, Monk, Al Haig, Billy Taylor et George Wallington, Jordan avait été un des premiers pianistes à jouer du bebop. Durant un certain temps, Jordan s’était produit avec Coleman Hawkins au Kelly's Stable. Par la suite, Jordan avait travaillé durant un an avec un groupe appelé les Savoy Sultans. Le groupe était appelé ainsi parce qu’il avait été engagé comme orchestre-résident du célèbre Savoy Ballroom.
Impressionné par le talent et jeu imaginatif de Jordan, Charlie Parker avai décidé de l’engager avec son quintet. Les autres membres du groupe étaient Miles Davis à la trompette, Tommy Potter à la trompette et Max Roach à la batterie. De 1946 à 1948, Jordan avait travaillé avec le quintet de Parker de façon intermittente. Plusieurs enregistrements de Jordan réalisés avec le groupe de Parker de 1947 à 1948 pour les disques Dial et Savoy sont devenus des classiques du jazz, dont “Embraceable You”, “Crazeology”, "Dewey Square", "Bongo Bop", "Bird of Paradise" et “Scrapple From the Apple.”
Après avoir quitté le groupe de Parker à l’automne 1948, Jordan avait joué avec les saxophonistes Sonny Stitt, Gene Ammons, Stan Getz et Coleman Hawkins. Jordan, qui avait aussi formé son propre quartet, a également composé une partie de la bande sonore du film ‘’Les Liaisons Dangereuses’’ de Roger Vadim en 1959.
À partir du milieu des années 1950, Jordan avait également poursuivi une carrière sous son propre nom. Arrivant à peine à rejoindre les deux bouts avec sa carrière de musicien, Jordan avait dû cependant gagner sa vie comme chauffeur de taxi à New York au milieu des années 1960. Au cours de cette période, Jordan avait surtout joué et enregistré en trio. La plus célèbre composition de Jordan, intitulée "Jordu", était devenue un standard du jazz lorsque le trompettiste Clifford Jordan l’avait incluse dans son répertoire.
En 1952, à une époque où les mariages interraciaux étaient plutôt rares, Jordan avait épousé la chanteuse de jazz Sheila Jordan. Finalement, la dépendance de Jordan envers les narcotiques avait eu raison de son mariage. Le couple, qui avait divorcé en 1962, avait eu une fille, Tracey J. Jordan. La chanteuse avait déclaré plus tard qu’un de ses plus grands regrets était que son mari n’avait jamais vraiment connu sa fille. Sheila avait expliqué:
‘’Duke was never there for us. I was legally married, but he was a junkie, and he needed to be anywhere he could get his fix. I kept thinking he was going to get better, but he didn’t. He would babysit for me, and one day I came back and Tracey was alone. He’d gone out to get his fix. I realized this guy had been going out all the time and leaving this baby alone! Finally, he just disappeared, and that was it. {...} It’s too bad, because Tracey called him and she finally got in touch with him just before he died, and they sort of had like a little relationship going. But yeah, it was sad that he didn’t get to know Tracey, because I think he would have been very proud of her.’’
La dépendance de Jordan envers l’héroïne remontait au milieu des années 1960. Après être venu à bout de sa dépendance, Jordan s’est installé à Copenhague en 1975. Jordan ayant enregistré une série d’albums pour la compagnie danoise Steeplechase en 1973, cela expliquait sans doute son intérêt pour le Danemark. En 1978, Jordan s’est installé à Valby, en banlieue de Copenhague. C’est là qu’il est mort le 8 août 2006. Il avait seulement quarante-quatre ans.
Duke Jordan est toujours demeuré fidèle au bebop et ne semble pas avoir modifié son style jusqu’à sa mort.
©-2024, tous droits réservés, Les Productions de l’Imaginaire historique
SOURCES:
‘’Duke Jordan.’’ Wikipedia, 2023.
‘’Duke Jordan.’’ All About Jazz, 2023.
SCHWEITZER, Vivien. ‘’Pianist Duke Jordan Dies at Age 44.’’ Playbill, 21 août 2006.
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Retour dans le passé : Bangkok la vibrante
J'ai décidé lors de ce mois d'août 2023 de revenir vers vous avec mes expériences de l'année que je n'ai pu vous partager sur le moment et comment mieux commencer cela qu'avec ma semaine passée à Bangkok en mars dernier ?
Si le but premier de ce voyage était professionnel, j'ai pu profiter de mes fins de journées à Bangkok afin de découvrir certains des spots les plus atypiques de la capitale thaïlandaise. Bien loin de la fraîcheur saisonnière européenne, la ville de Bangkok connaît sa période la chaude de l'année entre fin mars et fin mai. Je n'ai pas pu passer à côté : avec ses 40° et son taux d'humidité aux alentours des 70%, la ville peut vite se révéler comme étant un véritable enfer pour ceux n'y sont pas habitués (comme moi), et ce malgré les larges zones climatisées que vous pourrez retrouver au travers des rues de la ville au trafic bouché et assourdissant.
Malgré un climat difficile à cette époque, Bangkok reste une ville vibrante aux milles et une fascinations. Commençons par le plus important : la nourriture Thaï. Pad Thaï (le sauté de crevettes et nouilles de riz), Le Panang Curry (le poulet au curry thaï), Le Laab (la salade thaï au poulet), Le Som Tam (la salade de papaye verte pimentée), Le Tom Yam Kung (soupe épicée aux crevettes), autant de spécialités exceptionnelles qui vous accommodent rapidement avec le lieu, laissant dans votre rétroviseur les bruits et odeurs urbaines parfois insupportables.
Comme dit plus haut, le trafic en ville est hors de contrôle, un métro aérien existe, mais ce dernier ne dessert que quelques grands axes. Pour se déplacer, préférez donc le taxi scooter. Le principe est simple, montez sur un scooter et laissez vous guider vers votre destination en faisant confiance au chauffeur. Ce dernier navigue entre les files de voiture et vous propose donc le plus rapide des transports pour atteindre les lieux typiques de la ville. Parmi ces dernier, la ville peut notamment vous offrir l'opportunité de visiter des temples bouddhistes , le quartier chinois, les arènes de boxe thaï, les parcs luxuriants, les marchés flottants mais aussi les centre commerciaux aux grandeurs folles et qui proposent des "court-food " aux multiples possibilités.
La ville se coupe assez facilement en trois parties, une partie historique où les temples se concentrent, une partie centre-ville aux hôtels de luxes avec des gratte-ciels par dizaines, puis l'agglomération où les petits immeubles s'entassent et créent des lieux de vie aux allures modestes. Bangkok ne dort jamais, à l'image de la Thaïlande et ses "full moon party", les touristes internationaux y sont nombreux et permettent à tout occidentaux de vite prendre ses marques tant vous trouverez vite une personne qui parle votre langue. Bangkok, si je devais la décrire, est un savant mix entre New Delhi et Shanghaï, une immense ville laissant entrevoir à certaines reprises le chaos, mais ... Un chaos touristique, et bien encadré. Les standards occidentaux sont bien mis en avant nous laissant parfois oublier que nous sommes en Asie du Sud-est. Un ère urbaine fascinante.
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Voici ma première fic!
Résumé :Billie Morgan une jeune femme sourde rencontre le capitaine James Syverson lors d'une prise d'otage.
Warning violence!
Pleins de guimauve à venir.
P.S je ne suis pas sourde moi-même. Soyez indulgent svp😟
P.p.s je fais sûrement des fautes d'orthographes désolée!
Fanatique de Muffin
Chapitre 1
-Tu aurais du m’écouter et prendre un taxi plutôt que me demander de conduire. Maintenant on va droit sur un barrage!
Billie Morgan conduisait la petite berline familiale de sa meilleure amie Jane Simons. Avec toute une bande de copine, elles avaient décider de faire une virée en ville pour célébrer le mariage prochain de Jane. La belle blonde avait bu plus que de raison, pendant toute la soirée. Billie s’était contenté de quelques verres seulement.
Elle n’aimait pas boire trop. Malheureusement elle se retrouvait coincé à conduire en pleine nuit. Un barrage routier était érigé plus loin sur la route qu’elles devaient emprunter. Elles ne pouvait pas reculées maintenant. Une longue file de véhicules c’était formé derrière elles.
Billie suait a grosse goutte elle espérait vraiment que les policiers les laisse passer. Elle ne comprenait pas pourquoi il y avait un barrage routier en pleine nuit au milieu de nulle part sur une autoroute sans éclairage.
Jane ronflait comme un hippopotame affalé sur le siège arrière. Elle n’avait conscience d’absolument rien. Elle avait bu des cocktails toute la soirée et dansée jusqu’à en prendre haleine.
Billie avança doucement dans la file d’attente, elle mourrait de nervosité. Quand elle arriva près du barrage, son cœur menaçait d’exploser dans sa poitrine. Plusieurs policiers faisaient le tours des véhicules et cherchaient visiblement quelques choses. Ils faisaient ouvrir tous les coffres de voitures et braquant leur grosses lampes touches en inspectant l’intérieur. Plus elle s’approchait plus elle avait peur. Les policiers étaient lourdement armés. Il portait des gilets par balles et de gros fusils. Quand ce fut son tour, elle eut toute les peines du monde a ouvrir la fenêtre. Elle ne trouvait pas le bouton de la fenêtre.
On lui braqua une lampe torche dans le visage. Complètement aveuglée elle ne voyais pas le ou la policière qui devait, inévitablement, lui parler.
-Sil vous plait ne me braquer pas votre lampe devant le visage je ne vous comprends pas…. Elle vit qu’on faisant le tour du véhicule, les lumières se braquèrent sur Jane qui dormait derrière.
Elle leva le bras pour ne plus avoir le faisceau lumineux directement dans les yeux mais son geste dû être mal interprété. En un clin d’œil, la portière s��ouvrit et elle fut tirer sans ménagement hors de la berline.
Billie mourrait de peur et tremblait comme une feuille. On l’a mit face contre le véhicule. On l’a fouilla sans son consentement passant des mains indélicates sur son corps, elle tenta de s’expliquer et dit.
--Je suis sourde je ne vous comprends pas… Rien ne changea on continua de la fouiller et fouiller le véhicule. On lui passa les menottes brutalement. Elle hurla totalement terrorisée et frustrée d’être traiter comme une criminelle.
-Je suis sourde bon dieu je ne vous entends pas ! Je n’ai rien fait de mal!! Je suis la sœur de l’enquêteur Luke Morgan putain! Elle était dans la nuit noire, elle avait froid dans sa petite robe marine et elle avait peur, elle ne comprenait pas ce qu’on lui voulait. On l’a maintenait les bras dans le dos, on l’a poussait sur le véhicule. Puis la pression dans son dos se relâcha. Une main large se posa sur son bras nu et la retourna, quelqu’un lui braquant de nouveau la lampe torche dans le visage. La lumière l’aveuglait.
-Je lis sur les lèvres, je ne vous entends pas si je ne vous vois pas… s’il vous plaît… . La lumière aveuglante se retourna puis enfin elle vit un visage.
Un homme barbu s’éclaira le visage.
-Vous me comprenez maintenant?
- Oui. Elle tremblait comme une feuille. Elle fit un effort surhumain pour ne pas baisser les yeux. Cet homme était immense et large comme une montagne. Il ne l’a retenait pas mais elle n’osait bouger, coincée entre lui et la voiture. Il ne la touchait pas non plus mais se tenait très près d’elle.
-Votre nom s’il vous plait?
-Billie Morgan… Je n’ai rien fait de mal, pourquoi j’ai des menottes?
-Pourquoi il y a une personne inconsciente dans votre véhicule? Où sont vos papiers?
Billie tremblait comme une feuille et ce colosse ne l’aidait en rien. Une larme coula sur sa joues, son cœur battait à toute allure.
-C’est ma copine Jane elle a trop bu. Je la ramène à la maison…
-Avez-vous bu? Vos papiers? Elle secoua la tête.
-Un verre ou deux maximum…pendant la soirée. Mes papiers sont dans mon sac sur le siège passager. Il tourna la tête et dit quelque chose à un autre policier qui fouilla la voiture. Il lui tendit ses cartes d’identités. Jane dormait toujours à point fermé et ronflait allègrement les jambes largement écartés sur le siège arrière.
Il regarda brièvement son permis de conduire puis son visage. Il retourna la carte. Il ramena la lumière sur son visage.
--Vous ne devez pas conduire la nuit. Pourquoi vous avez prit le volant quand même ? Billie pointa de la tête Jane.
-Je ne pouvais pas la laisser comme ça! J’ai conduis doucement. On est presque arrivé… Sa voix craqua. Je n’ai rien fait de mal. Pourquoi je porte des menottes? Il fit un geste vers un autre homme qui lui tendit la clé.
-Retournez-vous. Il la détacha avait de la retourner une nouvelle fois beaucoup plus délicatement. C’est bon, conduisez prudemment.
Elle remonta dans le véhicule et démarra en tremblait. Qu’est ce que c’était que ce bordel? Elle n’avait même pas eu de contravention! Luke pourrait lui dire ce qui ce passait. Elle parcouru les derniers kilomètres qui la séparait de la maison de Jane. Pourquoi elle avait louer une chalet dans le fond du cul du monde! Elle envoya un message à son jumeau en arrêtant la voiture.
Billie : Pourquoi il y a des policiers partout? Je suis tombé sur un barrage en allant au chalet de Jane.
Avec difficulté, elle réussit à faire rentrer une Jane totalement imbibée dans sa maison de campagne. Heureusement elle n’avait pas besoin de la monter à l’étage. Elle l’a borda sur le canapé du salon et attendit des nouvelles de son frère.
Il lui renvoya un message une bonne vingtaine de minutes plus tard.
Luke : Tu es à New Heavan ??? Tu aurais dû aller chez nous. Il allait lui faire une de ses crises.
Billie :Jane voulait vraiment venir ici. On en reparlera. Tes collègues ne sont pas très gentil ils m’ont tirer hors de la voiture et mis les menottes. Qu’est ce qui ce passe?
Son téléphone se mit à vibrer. Luke voulait lui parler en appel vidéo. Il était furieux mais pas que. En arrière plan elle voyait son bureau au poste de police, c’était le branle bas de combat, des hommes en uniforme allaient et venaient dans tous les sens.
-Tu as conduis? Elle hocha la tête. Tu vas bien? Elle hocha de nouveau la tête. Son expression changea il semblait soulagé. Une femme blonde et un bébé ont été enlevé par un fou dangereux près de chez Jane. Verrouille bien toute les portes. Sois prudente. Elle hocha de nouveau la tête. On se parle demain. Je t’aime.
La communication coupa. Billie passa une bonne partie de la nuit à se ronger les ongles en faisant le tour des fenêtres. Elle n’aimait pas être aussi loin de la ville la nuit. Elle détestait l’obscurité et autour de la maison de location de Jane il n’y avait que des arbres et aucuns éclairage. Elle fini par s’endormir assis sur le tapis près de Jane.
Une rude gifle la réveilla abruptement elle tomba face contre terre sur le tapis. Complètement sonné elle ne comprit pas tout de suite ce qui ce passait. Sa joue brûlait sur le tapis. On l’a releva en la tirant pas les cheveux. Une douleur brûlante se diffusa dans son cuir chevelu. L’homme lui donna un violent coup de poing sur la mâchoire. Elle vit 36 chandelles danser devant ses yeux, le goût du sang se répandit dans sa bouche. Quand elle pu revoir correctement elle vit le canon d’une arme à moins de 10 cm de son visage. L’homme derrière le fusil semblait hurlé.
-Hé ! Tes réveiller salope ! Où sont les clefs de ta caisse?
Billie se rendit compte avec horreur qu’un homme les avait séquestrer dans la maison. Elle vit Jane recroquevillée près de la cheminée serrée contre elle se tenait une jeune femme blonde qu’elle ne connaissait pas assise par terre, elle tremblait de peur son œil gauche était enflé et bleuit elle tenait un bébé qui semblait pleurer.
-Donne lui les clés, articula Jane.
Billie réfléchit à toute vitesse. Son téléphone était par terre près de ses fesses. Le détraqué avait l’air complétement fou, il regardait nerveusement Billie, Jane et la jeune femme. Il était nerveux et criant après la jeune femme des choses que Billie ne comprenait pas. Elle savait une chose, si cet enfoiré partait il y avait de grande chance que cela finisse mal. Elle devait retenir se monstre le temps que la police les retrouve.
--Vous ne pouvez pas partir comme ça. Il y a des flics partout dans le coin.. Il détourna la tête et hurla quelque chose à la fille que Billie ne comprit pas mais au moins il recula de quelques pas assez pour que Billie puisse appuyer sur la touche recomposition de son téléphone. Elle espérait de toutes ses forces que Luke allait répondre et comprendre ce qui ce passait. Elle poussa son téléphone sous le sofa pour éviter que le ravisseur ne le voit.
-Pourquoi vous êtes venu jusqu’à New Heavan?
Dix minutes plus tard, à 20 km de là le téléphone du Capitaine James Syverson sonna furieusement. Il répondit rapidement.
-Capitaine on l’a retrouver. Je vous envoie l’adresse dans le gps. Lui dit la répartitrice. Il a prit deux autres otages, deux femmes. La fiancée et la sœur de l’enquêteur Morgan. On a la sœur de Morgan en ligne.
-Fuck! Dit il en appuyant plus fort sur l’accélérateur de sa camionnette Ford. Est qu’on peut avoir plus de précisions, la sœur de Morgan peut elle nous en dire plus. Est-ce qu’il est armé?
-Billie Morgan est sourde impossible de communiquer avec elle. Elle fait de son mieux capitaine. On sait qu’il est tout seul avec les trois femmes et le bébé. On entend le bébé pleurer.
Syverson négocia une courbe en faisait valser le derrière de son camion. Il vola sur une bute. Pas question que cet enfoiré s’en prenne à trois femmes et un bébé.
Deux minutes plus tard il arrivait près des lieux suivit des trois autos patrouilles.
Il gara son camion a trois maison de la pour éviter d’alarmer le fou furieux. Pendant que l’équipe se préparait à passer à l’assaut, Billie essayait de gagné du temps.
-Pourquoi vous ne prenez pas le temps de manger un morceau. Vous devez avoir faim… Il hurla quelque chose qu’elle ne comprit pas et lui donna un coup de crosse avec son revolver de toute ses forces directement dans les dents. Ses dents de devant se brisèrent en lui blessant les lèvres. Elle tomba au sol une nouvelle fois. La douleur était atroce, sa bouche se remplissait de sang, ses yeux se remplirent de larmes, elle crut qu’elle allait mourir. Elle tourna la tête vers le sofa et murmura : Glock. Je t’aime Luke j’espère que tu m’entends.
Au bout du fil un hurlement de terreur lui répondit en sourdine.
-BILLIE!!! Luke Morgan paniquait, il ne voulait pas l’entendre mourir dans son oreille. Il était en route vers les lieux il avait encore 40 km a faire avant de retrouver sa petite sœur.
-Morgan garder la tête froide! Lui dit Capitaine Syverson. On va la sauver. Il avait eu la communication avec Morgan. Il pouvait donc suivre en temps réel le déroulement à l’intérieur du chalet de montagne et parler au jeune homme. Il pouvait entendre la jeune femme gémir de douleur. Ses hommes étaient prêt à passer à l’action. Elle venait de leur donner un indice crucial. Il avait une arme de poing. Un bébé pleurait en fond sonore. Il donna l’assaut. En une minute ils investirent le petit chalet en bois ronds. Syverson maîtrisa facilement le suspect surpris et le plaqua au sol en une fraction de seconde.
En voyant le visage tuméfier et sanglant de Billie Morgan qui gisait au sol à quelques pas d’eux, Syverson appuya fortement sur les omoplates du fou furieux avec son genou qui grogna de douleur en le traitant de tous les noms.
-Tu mériterais bien pire espèce d’enculer. Il lui passa les menottes et le releva brusquement en le tirant par les poignets menaçant de lui déboîter les deux épaules.
Billie cligna des yeux encore sous le choc. Une policière lui parlait mais elle ne l’a comprenait pas. Elle l’a repoussa en secouant la tête.
Elle avait été soulagée de voir débouler dans le chalet une escouade d'assaut entière. En un battement de cil, le kidnappeur avait été plaqué au sol par un géant. Quand il lui avait passer les menottes, elle avait poussée un sanglot de soulagement.
Elle s’assit tranquillement, indifférente aux policiers qui l’approchait, elle était complètement sonnée. Elle crachat a même le plancher de bois , plusieurs morceaux de dents et beaucoup de sang. Il lui semblait que l’intérieur de sa bouche était déchiqueté. En se brisant ses dents avaient déchirer sa peau à l’intérieur de ses lèvres.
Jane pleurait à chaude larmes toujours recroquevillée près de la cheminée.
La jeune femme et son bébé était déjà au bon soin de l'équipe de secours. Billie essayait de reprendre ses esprits. Le géant qui avait plaqué le kidnappeur au sol se pencha sur elle et capta son regard.
Elle reconnu sa barbe et ses lèvres, c'était le même homme qui lui avait parler au barrage routier.
-Billie? Vous allez bien c’est fini maintenant ça va bien aller. Elle vit de la sollicitude et de l’inquiétude dans son regard bleu cobalt.
Son visage lui faisais un mal de chien.
- Sortir d’ici. …Air. Arriva-elle a dire en se levant lentement. Chaque mot lui faisait mal ses dents brisées écorchaient ses plaies ouvertes. Il prit son bras et l’aida à se relever. La tête lui tourna et le goût du sang lui soulevait l’estomac. Elle avait la nausée, une fois sur pied, elle se rua sur le patio et vomit par-dessus la balustrade. Ses nerfs lâchèrent complètement et elle explosa en larmes. Elle avait eu tellement peur!
Elle sentit qu’on lui mettait une couverture sur les épaules.
Syverson hésita à poser la main sur son dos. Elle avait eu un choc horrible et c’était montrer très courageuse. Il n’eut pas le temps de se poser plus de questions. Luke Morgan déboula sur le patio complètement affolé.
L’un a côté de l’autre, Syverson se rendit compte qu’ils étaient jumeaux. Elle était plus petite mais ils avait le même visage avenant, les même yeux vert, sauf les cheveux Luke étaient châtain coupé court et Billie avait de longs cheveux rouges cerise. Luke prit sa sœur dans ses bras et la serra très fort contre lui.
-Ma petite crotte lui dit il dans les cheveux. J’ai eu tellement peur. Elle le repoussa à bout de bras et vomit de nouveau. Syverson demanda à l’équipe médical d’aller la voir. Elle partie en ambulance 10 minutes plus tard.
Le lendemain, alors qu’elle attendant d’avoir son congé de l’hôpital, elle vit son frère entrée dans sa chambre. Il portait encore son complet d’enquêteur. Il avait passer la nuit avec Jane qui avait subi un choc nerveux.
Billie lui sourit faiblement. On lui avait fait de multiples points de sutures dans la bouche, à l’intérieur des lèvres et dans les joues. Ce salopard l’avait bien amocher. On lui avait donné des antidouleurs mais elle avait quand même mal et un peu honte de son sourire brisé.
-Comment ça va petite crotte? Il lui donna son appareil. Tu l’avais laisser à la maison. Elle signa plutôt que de lui parler.
-Oui je ne voulais pas le perdre. Comment va Jane?
Luke lui sourit doucement.
-Elle va bien. Écoute, je ne suis pas tous seul. Le capitaine Syverson voudrait prendre ta déposition. Si tu te sens prête. Il attend de l’autre côté.
Elle fronça les sourcils.
-Pourquoi tu ne le fait pas toi-même ? Tu es enquêteur…. J’ai une tête atroce! Elle essayait de lisser un peu ses cheveux et replaça ses vêtements. Elle n’avait que sa petite robe marine pleine de sang a ce mettre.
-Non je ne peux pas, il y a conflits d’intérêts. Tu veux que je reste? Elle mit le petit appareil dans son oreille. Elle hocha la tête en le mettant en place. Il épousait la forme de son oreille et ne paraissait presque pas. Pour elle il faisait toute la différence entre le silence complet et un fond sonore.
-Pas question que j’ouvre la bouche ! Tu es prévenu!
Il lui donna un baiser sur le front.
-D’accord petite crotte. Il sortit de la chambre et revint avec le géant qui avait arrêter le détraqué.
Il ne portait plus son gilet par balle simplement un chandail de laine noire juste au corps avec un petit écusson qui disait police sur le côté gauche de sa poitrine. Il était l’homme le plus costaud qu’elle n’est jamais rencontré. Il portait un jeans et un étui à revolver.
Billie remarqua ses beaux yeux bleus et son visage absolument parfait avec cette barbe fournit mais bien entretenu. Quelques boucles brunes lui retombaient sur le front. Il était ridiculement beau.
Billie du se concentrer pour comprendre ce que lui disait Luke.
-Billie je te présente le capitaine Syverson.
-Bonjour, comment allez vous ce matin? Luke ma dit que vous ne souhaitez pas parler directement je comprends mais j’ai besoin de savoir votre point de vu sur ce qui s’est passé hier.
-Bonjour. Signa t elle avec un petit sourire triste. J’ai déjà eu des meilleurs jours. Luke traduisait à mesure et lui serra très fort la main.
Capitaine Syverson parut sincèrement désolé pour elle.
Comment pouvait-on faire une chose pareille à une femme? Elle avait toute la joue gauche bleu et mauve, ses lèvres éclatées étaient enflés bleu, on pouvait voir les points de sutures à certains endroits. Il avait dû la frappé de toute ses forces.
Ce drogué ne perdait rien pour attendre. Sy s’en assurerait. Il fixa son regard sur ses yeux verts.
-Pouvez-vous me dire ce qui s’est passer? Vous permettez que je vous enregistre? Dit il en sortant son portable. Il regarda à la fois Billie et Luke comme il était sa voix. Billie hocha la tête, elle fit signe au capitaine de prendre une chaise et de s’assoir.
--Assoyez-vous capitaine vous la rendez nerveuse. Il s’assit sur la chaise près du lit. Luke se posa sur le pied du lit. Billie s’assit en tailleur, face au capitaine, la couverture d’hôpital la recouvrait jusqu’à la poitrine.
-Merci. Il démarra l’enregistrement. Témoignage de Billie Morgan interprété par son frère Luke Morgan dans l’affaire 84208. Témoignage recueillie par James Syverson. Racontez moi ce qui s’est passer mademoiselle. Billie commença à raconter en le regardant dans les yeux. Elle gesticulait dans tous les sens, ses mains délicates volaient dans les airs avec grâce. Elle le regardait lui, même s’il ne comprenait rien.
-Nous sommes arrivées à la maison de vacances de Jane, vers 2 h du matin. J’ai eu beaucoup de mal à faire entrer Jane, elle avait bu beaucoup! J’ai parler à Luke qui m’a dit d’être prudente. Ce qu’il confirma. J’ai passé la nuit à regarder dans les fenêtres mais je ne voyais rien. Putain ce que je déteste la noirceur.
--Bill je ne peux pas lui dire ça ! Elle haussa les épaules et les sourcils. Sy haussa un sourcil.
-Elle déteste la noirceur. Continue.
-J’ai fini par m’endormir assise près de Jane sur le tapis. Je me suis réveillée quand cette brute m’a mit une claque en plein visage…. Elle raconta dans le détail tout ce qui c’était passé. Luke tremblait de rage. Sa sœur adorée avait subit un calvaire. Elle trembla à quelques reprises et essuya une larme sur sa joue.
Sy était surpris par l’aplomb et le courage de cette jeune femme. Malgré son handicap et sa terreur elle avait réussi à appelé de l’aide et à retenir ce monstre. Elle en payait le prix de ses dents.
--Merci beaucoup Mademoiselle Morgan, votre témoignage va beaucoup nous aider pour le procès. Une dernière question, est-ce que je peux prendre une photo de vos blessures?
Elle regarda Luke affolée elle lui dit quelque chose à toute vitesses. Il lui répondit tout aussi vite. Elle secoua vivement la tête.
-Bill arrête de faire ta princesse bon dieu! Sy attendant patiemment le dénouement de cette discussion animé. Il ne comprenait rien du tout mais Billie semblait avoir du caractère. Il l’entendit grogner à quelques reprises. Elle se retenait de parler.
-Désolé, capitaine cette tête de mule ne veux pas ouvrir la bouche. Vous pouvez prendre sa joue mais pas les dents. Sy hocha la tête, il se leva et prépara son téléphone, elle ne le quittait pas des yeux. Il s’approcha du lit pour avoir un meilleur angle. Billie eut une bouffée de son parfum subtil, il sentait terriblement bon un mélange de poivre, de menthe et de savon à linge. Il se pencha sur elle. Sa mâchoire était rouge, bleu et noire. Elle continuait de le fixer.
-Regarder devant vous s’il vous plait. Elle tourna la tête et fixa devant elle. Sy ouvrit l’appareil photo de son portable. Il prit quelques clichés avant de replacer délicatement une mèche de cheveux rouge derrière son oreille. Il vit son petit tatouage juste sous l’oreille. Un petit icône de haut-parleur avec une croix dessus. Le signe évident de sa surdité. Luke grogna quand il le vit toucher sa sœur. Sy haussa un sourcil vers le jumeau.
Il prit quelques nouvelles photos. S’il voulait envoyé se trou de cul à l’ombre pour longtemps il devait voir ses dents. Il en avait eu un très bref aperçu quand il l’avait vu dans le chalet et ce n’était pas beau à voir.
-Billie, ce serait vraiment mieux si je pouvais voir vos dents également. Plus nous avons des preuves contre lui, plus longtemps il va rester en prison. Vous ne voulez pas que quelqu’un d’autre subissent la même chose?
Elle secoua la tête. Elle baissa la tête elle essuya une petite larme. Elle hocha la tête et dit à son frère.
-Sort d’ici s’il te plaît. Je ne veux pas que tu vois ça.
-Ne sois pas ridicule voyons !
-Sil te plaît sors d’ici. J’ai la gueule comme du steak haché je ne veux pas que tu vois ça. Sort sinon rien…
--Parfait! Je vous laisse Capitaine. Ma sœur à peur pour ma sensibilité je crois. Je vais être à côté.
Une fois qu’il eut quitter la chambre, Billie essaya de ne pas se mettre à pleurer. Ses lèvres douloureuses tremblaient.
Sy lui sourit doucement. Il attendait qu’elle soit prête, il lui dit avant de lui mettre l’appareil devant le visage.
-Quand vous êtes prête montrer moi tout ce dont vous êtes capable. Dents, gencive, lèvres. Tout. Ok ?
Elle hocha la tête. Il tenta de demeurer le plus impassible possible quand elle entrouvrit les lèvres. Il commençait à la mitrailler de photos.
Elle avait eu raison de demander à Morgan de sortir. On aurait crut qu’elle avait tenu une grenade avec ses dents et l’avait laisser exploser.
Toutes ses dents de devant étaient cassés en morceaux plus ou moins pointu. Elle devrait inévitablement se les faire retirer. L’intérieur de sa lèvre inférieure était maintenant pleine de sutures. Sa joue gauche également. Ses lèvres avaient éclatés sous les coups. Elle était enflée de partout. Heureusement sa langue semblait correcte. Il déposa son portable et la regarda un instant. Elle avait la tête baissée, des larmes coulaient sur ses joues.
Sy avait vu quelques photos d’elle sur le compte Instagram de Morgan. Elle était une très belle jeune femme. Elle souriait toujours de ses belles dents blanches un peu imparfaites.
Il lui tendit un mouchoir. Elle essuya ses yeux.
Sy posa la main sur son bras et chercha son regard.
-Il ne s’en sortira pas de sitôt je vous le promets.
Grayson Jones fut jugé coupable d’enlèvement, de séquestration et coup et blessures. Il finit en prison pour 10 ans. Billie su par l’entremise de son frère que Jones s’était fait tabasser sévèrement en arrivant dans l’établissement pénitentiaire.
Billie quant à elle subit plusieurs interventions dans la bouche. Il lui fallut près de 3 mois pour ravoir un sourire normal.
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Sujet zéro
Dans son lit, Cho ne voyait que le ciel d’un bleu très clair presque blanc. Elle avait du mal à respirer, la fièvre la faisait aussi délirer. Elle regarda autour d’elle persuadée être attaquée par des fantômes. Seulement, il n’y avait personne. A cause de la sueur qui dégoulinait à grosses gouttes, sa chemise de nuit collait à sa peau pourtant si douce habituellement. Par moments, des vertiges l’assommaient. Elle essayait toujours de retenir les barres du lit de peur de tomber dans un vide intersidéral. Elle délirait tellement qu’il était difficile de comprendre ses phrases. De toute façon les médecins, les infirmières étaient trop débordés pour se limiter à son cas. De même, elle restait seule dans sa chambre, isolée car ses délires devinrent trop glauques et insupportables. Alors, il ne restait plus que la patience. Elle n’avait pas vingt-cinq ans et ne se réveillerait pas le lendemain.
Les rues de Séoul ressemblaient à un désert. Normalement à cinq heures de l’après-midi, la ville grouillait de piétons, de voitures, de trains mais là, il n’y avait aucune âme qui vive ! La moitié des habitants avaient quitté la capitale coréenne, l’autre moitié attendait tranquillement qu’on récupère leur cadavre dans leur domicile ou était déjà dans un tas de corps empilés aspergés de liquide inflammable pour un méchoui gigantesque. C’était la seule option afin de se débarrasser d’autant de morts. Durant la nuit, la jeune étudiante rêva une rencontre avec son arrière-grand-mère. Cette dernière lui demandait pardon. Pourquoi alors que Cho ne l’a jamais connu ? Elle était déjà morte avant sa naissance. Cho sentit ses poumons s’alourdir. Elle toussa, cracha et ravala sa salive transformée en une espèce de mousse. Elle appela sa mère qui ne vint pas, parce qu’elle était déjà morte, tout comme son père et les autres. Elle pensa à Jin, son amoureux. Elle n’avait plus de nouvelles depuis qu’elle fut hospitalisée. Etrangement, elle était forte puisqu’elle fut une des premières à être contaminée. Le virus tuait en trois jours, elle en était à son trentième. Jin était parti une semaine auparavant. Mais cette nuit, il est venu pour la rassurer. Elle l’entendra dire : « Ce n’est qu’un voyage, un joli voyage vers un autre monde ». Dès lors, elle ne cherchera plus à respirer. La sueur ne collera plus ses longs cheveux noirs sur l’oreiller. Elle sourira et suivra Jin en lui tenant la main.
De l’autre côté de la planète, New York était en proie à une panique générale. Le manque de médicaments, le manque de moyens poussa les newyorkais les plus pauvres au pillage. Ni la police ni la garde nationale ne purent arrêter ce flux de violence ; ils étaient débordés en raison du manque d’effectif. Le virus avait mis KO la première puissance mondiale. Willy ne participa pas aux manifestations. Il restait dans son appartement comme un tiers des américains. Les hôpitaux refusaient de nouveaux patients, préférant laisser mourir les plus atteints chez eux. Finalement c’était la meilleure solution car les établissements hospitaliers n’étaient rien de plus qu’un mouroir face à cette grippe destructrice. Le jeune black s’inquiéta de ne plus avoir de vivre. D’accord il était malade mais de là à crever de faim… Il sortit de chez lui mais à peine il descendit une marche qu’il trébucha dans les escaliers se cassant le bras et la clavicule. Personne ne sortit l’aider, pourtant il entendait les voisins derrière leur porte. Il entendait les télévisions allumées, les toux des malades, les cris des enfants qui jouaient et le bruit des judas de la porte à côté. Mais il dût se débrouiller seul pour se relever. La sueur perlait de son front, il eut un coup de chaud puis un coup de froid. Cette soudain dérèglement corporel inquiéta Willy qui sortit espérant pouvoir être pris aux urgences pour son épaule. Il attendit puis marcha car aucun taxi ne passa dans la rue. L’hôpital le plus proche était à trois kilomètres. Durant son trajet, la tête tournait l’obligeant à s’arrêter pour vomir rien car il n’avait rien dans l’estomac. Par la fenêtre, un voisin ne le reconnut pas de suite tellement sa peau était devenue blanche. Willy chancela à plusieurs reprises, se tenant aux poteaux ou aux bittes qui empêchaient les voitures de se garer sur le trottoir. Il n’avait pas fait deux cents mètres, qu’il tomba de fatigue, s’allongeant contre un lampadaire. Il s’endormit la tête penchée, pour ne jamais se réveiller.
En l’espace de deux mois, la population mondiale chuta de plus d’un tiers. La pandémie était si vive, si rapide qu’il était très difficile de l’endiguer. De plus, il n’y avait pas un mais plusieurs foyers d’origine. En Chine, en Corée, en Europe, en Russie mais aussi en Amérique du nord. L’Inde perdit plus de cent millions d’habitants. La Chine passa sous le milliard pour la première fois depuis longtemps. Des villes furent rasées, des quartiers brûlés car ils ne contenaient plus que des cadavres en décomposition. Le monde faisait face à la pire maladie sans connaitre l’origine ni le sujet zéro. On parla de porcs qui auraient dévorés de la fiente de chauve-souris. On évoqua l’arrivée du virus tombé de l’espace avec un météorite. On certifia périodiquement qu’il existait avant l’homme et fut réveillé avec le réchauffement climatique. La réalité est toute autre.
Le ciel était dégagé ce 9 août 1945 quand le Rikugun-Shosa Misao Tagaya reçut la nouvelle. Sa ville natale, celle où vivait sa femme et ses enfants venait de disparaitre dans un immense champignon provoqué par une bombe atomique. Nagasaki n’était plus qu’un vaste champ de ruine. Un ordre accompagnait la triste nouvelle, il devait détruire le camp afin qu’il ne tombe pas aux mains de l’armée rouge qui entrait en Mandchourie. Il soupira pour retenir quelques larmes. Puis, il sortit d’un tiroir de son bureau du papier et rédigea un laissez-passer avant d’appeler son subordonnée. L’aide de camp prit le courrier et reçut l’ordre d’emmener les filles hors du camp. Déjà, les baraquements étaient incendiés au lance-flamme. Un brasier de feuilles trônait devant le laboratoire. Le sergent traversa la cour évitant d’être renversé par un camion rempli de soldats japonais. Ils venaient nettoyer ou plutôt liquider les preuves vivantes. Pendant ce temps l’aide de camp regroupa six adolescentes avant de partir avec elle vers la ville la plus proche.
So yeon aperçut Tagaya et ne répondit pas à son salut. Le commandant en blouse blanche se souvenait de sa découverte. Il avait expérimenté un virus, une variante modifiée de la grippe H1N1 à des souris. Seulement, les animaux ne moururent pas. Alors, les bestioles furent utilisées pour d’autres expériences. C’était juste de la curiosité et pour comparer les effets sur les rongeurs à ceux faits aux humains. En effet, le camp servait de laboratoire pour la guerre bactériologique. On inoculait la peste, le choléra et bien d’autres choses à des hommes, des femmes et des enfants, à des prisonniers de guerre, des condamnés…enfin tout ce qui n’était pas japonais. Durant un bel après-midi d’été, Tagaya fit une étonnante découverte. Des souris qui n’avaient jamais été utilisées décédèrent d’une grippe encore inconnue. Après quelques recherches, il s’avérait que cette grippe, encore plus forte et plus terrible n’était rien d’autre que le descendant de celle transmise aux souris. Ou plus précisément, il restait endormi tel un bébé et se transmettait de génération en génération pour éclore au grand jour quand il atteignait sa maturité. Le virus était si intelligent qu’il pouvait être transmis par n’importe quel fluide fabriqué par un corps. Et une fois l’âge ‘adulte’ atteint, il s’échappait et pouvait contaminer n’importe quelle personne par voie respiratoire ou contact de la peau. Faisant encore plus de dégât que celui modifié par le médecin militaire.
La jeune fille avait seize ans quand elle quitta le camp avec ses copines. So Yeon n’avait plus de famille, ce fut la raison de sa présence dans ce camp depuis l’âge de sept ans. On voulait faire des expériences sur des enfants. Malheureusement, ou heureusement car elle aurait pu connaitre pire, elle reçut dès son arrivé ce fameux virus puis elle vécut avec ce petit groupe attendant dans leur baraquement qu’on les envoie faire autre chose. Le plan n’était pas prévu mais avec la défaite, Tagaya voulut venger les siens, alors il accéléra le processus. Comme prévu, les six adolescentes furent intégrées à un bordel, d’abord dans une grande ville de Chine où pendant des semaines elles connurent la baise à la chaine avec des paysans, ouvriers et industriels. Puis avec la révolution, elles partirent en Corée et furent employées comme putes à militaires durant la guerre de Corée, contaminant au passage des milliers de soldats américains. Durant cette période, So Yeon fit la connaissance de Marcus, un marine noir. Au début, elle eut peur de lui, de sa couleur et puis on lui parla de la taille des sexes des noirs, elle ne voyait pas un de ces engins entrer son petit vagin. Mais peut-être était-elle amoureuse de lui, à leur première relation, elle ressentit un plaisir fou tout comme Marcus. La prostituée et l’américain se fréquentèrent souvent. Marcus n’avait que faire de son métier. Il promit de l’emmener à Boston dès la guerre finie. Seulement Marcus dut partir précipitamment et So Yeon resta en Corée où elle eut trois enfants de clients ; les accidents arrivent souvent dans la prostitution. Avec la vieillesse, elle délaissa le métier pour une retraite méritée. Son fils ainé subsista à ses besoins. Il travailla dans la pêche et se maria en transmettant à sa famille le virus. Quelques années plus tard le fils de son fils eut une jolie fille qu’il appela Cho. Ainsi elle était porteuse de cette grippe intelligente et fut avec ses cousins parmi les premiers à disperser ce monstre dans la nature. En fait ils étaient des milliers, les descendants des clients du groupe de So Yeon et des millions si on compte ceux qui furent contaminés par transmission sexuelle, orale, sanguine et j’en passe comme Marcus qui offrit ce joli cadeau à son arrière-petit-fils Willy.
Misao Tagaya obtint donc sa vengeance et celle de ses proches morts à Nagasaki. Cependant, il n’eut pas le plaisir de voir son œuvre se propager comme une trainée de poudre et détruire cette société qui a tué sa famille. Peu après le départ de So Yeon, il sortit un sabre de petite taille et fit seppuku en s’ouvrant le ventre juste avant qu’un sergent le décapita sur son ordre.
Alex@r60 – février 2020
Photo : René Burri – Tae song Dong – Corée 1961
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Une douce peine
Version française de “Soft sorrow”, écrit (en retard) pour le 5e jour de Royai Week.
Résumé: Même le plus loyal des chiens doit partir un jour... Riza a besoin de réconfort après la perte de son compagnon poilu.
Lien AO3: https://archiveofourown.org/works/24713602
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Le lieutenant Cooper réalisa rapidement que rejoindre l’escouade Mustang ressemblait, de plus d’une façon, au fait d’atterrir dans un univers parallèle.
Le fonctionnement de l’escouade ne ressemblait à rien de ce que Cooper avait connu depuis son entrée dans l’armée. La plupart des généraux étaient aux commandes d’une base militaire ou d’une forteresse entière, et n’avaient qu’un ou deux subordonnés directs qui agissaient en tant que second-en-chef ou garde du corps; le reste des troupes étaient sous leurs ordres par le biais d’une longue chaine de commandement.
Le Général Mustang, quant à lui, était stationné en plein Central et avait insisté pour conserver une petite équipe sous son contrôle direct en plus de ses autres responsabilités. C’était une équipe soudée et qui avait peu changé avec les années : Mustang était toujours réticent à accorder sa confiance à des soldats qu’il ne connaissait pas, et était pointilleux sur le type de personne qu’il voulait dans son équipe. Pendant plusieurs années, la place du Warrant Officier Falman était restée vacante, jusqu’à l’arrivée de Cooper il y a quelques mois.
Bien qu’unique, l’univers de l’escouade Mustang était gouverné par une série de règles très précises que Cooper ne tarda pas à apprendre. Ces règles dictaient le comportement de chacun des membres de l’escouade avec autant de précision que les aiguilles d’une horloge. Mustang donnait les ordres et procrastinait ; Breda se moquait de Havoc et annonçait l’heure de dîner; Havoc répliquait et enfumait le bureau ; Fuery bricolait et amenait un peu d'optimisme; et Hawkeye supervisaient le tout et gardait l’horloge en cadence.
C’est pourquoi Cooper n’en cru pas ses yeux lorsque, un matin ordinaire d’automne, cette dernière vint se tenir debout devant le bureau de Mustang et demanda un congé pour la journée.
Hawkeye ne prenait jamais de congé non planifié ; c’était une autre des règles qu’il avait apprises, les seules exceptions étant quand elle préparait un coup d’état et quand elle était aux portes de la . Elle semblait un peu fatiguée, certes, mais certainement pas mourante, et Cooper préférait ne pas penser à l’autre possibilité, alors…pourquoi ce congé?
Les autres membres de l’équipe se jetèrent des regards, tous aussi surpris que lui, à l’exception du Général. Après qu’elle eut parlé, il regarda Hawkeye d’un air plein de compassion, et répondit avec une voix douce que Cooper ne l’avait jamais entendu utiliser.
« Bien sûr. Ne vous inquiétez pas, Capitaine, on se débrouillera sans vous. Prenez le temps qu’il faudra. »
Hawkeye hocha la tête, tourna les talons et quitta la salle sans un mot.
Après quelques instants, Breda brisa le silence qui s’était installé dans le bureau.
« Général…Qu’est-ce qui se passe? »
Mustang laissa s’échapper un long soupir et se passa la main sur le visage. En y prêtant davantage attention, Cooper trouvait que lui aussi avait l’air fatigué – bien que cela lui arrivait souvent.
« C’est Hayate. » répondit le général après un moment. « Ça fait un moment qu’il ne va pas bien…il boîte, il ne mange presque rien, ce genre de chose. Hier, ça s’est aggravé d’un coup : il ne pouvait presque plus bouger. J’imagine que ça ne s’est pas arrangé depuis. »
Les hommes hochèrent la tête, compréhensifs. La nouvelle ne semblait pas les surprendre ; après tout, les vieux chiens tombaient souvent malades, et Hayate était apparemment né en même temps que l’escouade. Cela avait fait de lui la mascotte non-officielle de l’équipe ; pourtant, Cooper sentait que les inquiétudes de ses collègues étaient davantage à propos du capitaine. Il avait beau être arrivé récemment, même lui avait pu constater le grand attachement que Hawkeye, qui semblait si impassible, portait à son chien.
Les règles de ce petit univers étaient simples, mais Cooper commençait à comprendre qu’elles en dissimulaient d’autres, plus subtiles, plus complexes. Hawkeye semblait froide et réservée, mais son chien n’était pas le seul à recevoir son affection : elle pouvait se montrer chaleureuse avec les membres de son équipe, et trouvait toujours des mots de réconfort pour ceux qui en avaient besoin. Breda donnait l’impression d’être lourdaud, mais avait en réalité un esprit aiguisé et retors ; et sous la paresse apparente de Mustang se cachait une diligence et une détermination de fer.
Mais peut-être les plus importantes règles non-dites étaient celles concernant la relation entre le Général et le Capitaine.
Cooper n’était pas encore certain de la nature de cette relation. Mustang avait de l’affection pour son adjudante, c’était certain; mais les deux travaillaient ensemble depuis presque vingt ans, et Cooper avait cru comprendre qu’ils se connaissaient avant même de rentrer dans l’armée. Leur loyauté féroce et leur compréhension à mi-mots pouvait très bien être le résultat d’une amitié d’enfance.
D’un autre côté, il y avait les regards entendus que se jetaient les hommes de l’escouade de temps en temps, et certains détails qui en disaient long - comme le fait que Mustang ait été le seul renseigné sur l’état de santé de Hayate. Malgré cela, Cooper n’avait jamais tenté d’en savoir plus, par respect par son supérieur.
Le reste de la journée s’écoula plus silencieusement qu’à la normale, même si la personne manquante était habituellement celle qui ramenait le bureau à l’ordre. Sans surprise, Mustang n’accomplit pas grand travail ; mais à la place de dormir ou passer des coups de fils comme il le faisait souvent en l’absence de son adjudante, il semblait perdu dans ses pensées et jetait quelques fois des coups d’œil soucieux vers l’horloge.
Quelques heures après le dîner, il se leva de son bureau et demanda leur attention.
« Bon! On a bien travaillé aujourd’hui, et je pense qu’on gagnerait tous à se reposer. Vous avez quartier libre pour le reste de la journée. Vous pouvez y aller. »
Cooper ne s’attendait pas à ça. Couper presque une demi-journée de travail? Cela ne se faisait jamais.
« Vous allez voir le Capitaine, monsieur? » demanda Breda.
Mustang hocha la tête en mettant son manteau.
« On devrait probablement faire ça aussi », intervint Fuery. « S’occuper d’un chien malade n’est pas de tout repos : elle aura sûrement besoin d’une pause, ou d’un bon repas. »
Le reste de l’équipe acquiesça, sauf Havoc qui devait rentrer s’occuper des enfants, et ils se préparèrent à partir en continuant de discuter. Quand Mustang appela le Capitane à son appartement, elle ne répondit pas ; ils conclurent qu’elle devait encore être chez le vétérinaire.
« J’ai du mal à croire que Hayate est déjà un vieux chien », commenta Fuery alors qu’ils descendaient les marches. « J’ai l’impression qu’il était encore un chiot la semaine dernière! »
Breda répondit avec un grognement fatigué.
« C’est sûr que ça ne nous rajeunit pas…Il me semble que toi et Falman étaient encore à la caserne à l’époque où il est arrivé. C’est toi qui l’avais trouvé dans la rue, non? »
Ils embarquèrent dans la voiture du Général et passèrent le trajet à se remémorer les évènements, expliquant à Cooper la façon dont le chien avait rejoint leur escouade. Seul Mustang restait en dehors de la conversation. Après quelques minutes, Breda regarda à l’extérieur de la voiture en fronçant les sourcils.
« On parle de l’hôpital vétérinaire, non? Vous êtes sûr d’aller dans la bonne direction, monsieur? »
« Oui, mais je fais un détour », répondit-il distraitement. « Je veux juste vérifier quelque chose… »
Quelques rues plus tard, ils se mirent à longer le grand parc de Central, et Mustang ralentit l’allure.
« C’est ici qu’elle vient souvent promener Hayate, alors je me suis dit… » commença-t-il, en scrutant le parc par la fenêtre de sa voiture.
« Oh! » s’exclama Fuery. « Est-ce que c’est elle, sur le banc? »
De l’arrière du véhicule, Cooper se tordit le cou pour mieux voir, et aperçu finalement une femme blonde assise près du milieu du parc.
« Hayate n’est pas avec elle, on dirait, » fit remarquer Breda. « Ce n’est pas bon signe… »
Les hommes se jetèrent un regard entendu. Ils savaient bien qu’il n’y avait qu’une raison pour que Riza ne soit ni avec son chien, ni de retour au travail. Mustang stationna la voiture le plus proche qu’il put, et se retourna vers eux, l’air grave.
« Je vais aller lui parler. Si vous voulez rentrer », il lança la clé à Breda, « on se prendra un taxi. »
Il prit une grande respiration, sortit de la voiture et s’éloigna.
Les trois hommes le regardèrent entrer dans le parc, et après un moment, Cooper pris la parole.
« On ferait mieux de partir, non? Pour leur donner du temps… »
« Je suis d’accord, » répondit Fuery, « mais… » Il jeta un regard de côté à Breda. « N’est-ce pas un peu risqué de leur part? »
« Vu la température, il n’y a pas grand monde dans le parc, et le soleil ne va pas tarder à se coucher. D’un autre côté, il est en uniforme, et nous ne sommes pas si loin… » Breda réfléchit un instant. « Je pense que je vais aller trainer pas loin de l’entrée pour un moment », conclut-il en jeta un coup d’œil appuyé à Fuery.
Celui-ci compris aussitôt. « Bonne idée. Cooper, ça te dit d’aller trainer à côté de l’autre entrée du parc? »
En suivant Fuery, Cooper se trouva une fois de plus fasciné par les règles secrètes qui dirigeaient ce petit univers.
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En voyant Roy approcher, vêtu du bleu militaire, Riza mis son dos droit et détourna la tête, s’essuyant hâtivement les joues. Elle était habillée en civil, et le vent léger poussait des mèches de ses cheveux détachés dans son visage.
« Général », salua-t-elle d’une voix étranglée lorsqu’il s’arrêta devant le banc. « Vous avez bien travaillé? »
Roy la dévisagea d’un air inquiet, ignorant sa question.
« Hayate », commença-t-il d’une voix douce, « est-ce qu’il est… »
Riza baissa son regard au sol et hocha simplement de la tête.
« Ils ont dû l’euthanasier. Il n’y avait pas grand-chose qu’ils pouvaient faire, il était juste trop vieux… » Sa voix s’éteint.
Roy s’assit à côté d’elle. « Je suis désolé, Riza. »
Elle sentit ses yeux s’embuer, et regarda dans l’autre direction, embarrassée. « Pardon, je sais… » Elle s’interrompit et prit de grandes inspiration, tentant de calmer sa respiration. « Je sais que c’est ridicule, ce n’est qu’un chien, mais… »
« Riza! » Elle tourna la tête vers lui, surprise par son ton indigné. Roy pris sa main dans les siennes. « Ce n’est pas ridicule. » fit-il fermement. « Il était avec toi depuis quoi, douze ans? »
« Quatorze », corrigea-t-elle sans y penser, le regard sur les médailles de ses épaulettes.
« Depuis quatorze ans. » il continua. « Il était important pour toi ; il n’y a rien de plus normal à ce que tu sois triste. » Son expression s’adoucit. « Tu as le droit de pleurer pour un chien, Riza. »
Elle croisa enfin son regard; la compréhension et la compassion qu’elle y lu lui noua la gorge et l’empêchèrent de répondre.
Il passa son bras autour de ses épaules et l’attira contre lui. Riza hésita, mais il ne semblait y avoir personne aux alentours ; elle se laissa finalement aller et posa la tête sur son épaule. Ils restèrent comme ça sans parler, tous deux perdus dans leurs pensées.
« Il a eu une bonne vie, tu sais, » fit Roy après en moment. Riza ne sanglotait pas, mais sa poitrine se soulevait et s’abaissait avec force, et ses joues étaient couvertes de larmes silencieuses. « Les chiens veulent plus que tout se sentir utile, et tu sais à quel point il aimait t’accompagner en mission. »
Elle acquiesça, le regard vague. « Il m’a sauvé la vie…quatre ou cinq fois, je crois. » Un léger sourire apparut sur ses lèvres. « Sûrement plus souvent que toi, en fait. »
Roy eut un petit rire silencieux. « Ça, je veux bien le croire. C’était vraiment un chien exceptionnel. »
Riza ferma les yeux. Elle sentait le pouce de Roy dessiner des cercles dans son épaule, et entendait le vent balayer des feuilles mortes autour du banc.
Même si son cœur était lourd, Riza se sentait étrangement sereine. La peine qu’elle ressentait était profonde, oui, mais c’était aussi une peine douce. Tous les deuils que Riza avait vécu dans sa vie avaient été empreints de honte, de rancune, ou plus souvent de culpabilité ; ils étaient alourdis par le devoir, et liés à des histoires de complots, d’alchimie, de génocide. Lorsqu’elle souffrait, elle ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir : quel droit avait-elle de pleurer à cause d’Ishval quand elle avait été la personne à commettre les crimes? Comment pouvait-elle regretter l’état de son dos alors qu’elle avait été la personne à vouloir que Roy ne le brûle?
Mais pour une fois, ce chagrin n’amenait rien d’autre que du chagrin. Au milieu de sa vie compliquée, Hayate avait été une source de plaisir simple et de réconfort, et sa mort lui apporta une peine toute aussi simple. C’était son chien, et Riza l’avait aimé ; la tristesse qu’elle vivant ne faisait que prouver qu’elle avait été un bon maitre, et pour une fois elle n’avait pas à se la reprocher.
Le fait de la vivre avec Roy à ses côtés rendait sa peine plus douce encore.
Plus que tout dans la vie de Riza, sa relation avec Roy était une chose lourde et compliquée. Ils portaient tant de douleur, tant de culpabilité l’un envers l’autre ; ils s’étaient excusés pour tellement de torts mais ne s’en étaient pardonnés aucun. Chacun regrettait ce qu’il avait fait à l’autre et ce qu’il lui avait fait faire ; leur passé commun était plein de remords et leur futur ensemble plein d’incertitude. Les deuils qu’ils avaient partagés avaient été aussi complexe, sinon plus, que tout le reste.
Mais pas celui-ci. Pour un instant, ils n’étaient pas des soldats en train d’essayer de se repentir d’un génocide et de renverser un gouvernement. Ils n’étaient qu’un couple triste d’avoir perdu leur chien; un couple ordinaire qui passait à travers les petites misères de la vie. Un couple normal avec une peine bien réelle, mais normale.
Et pour un moment, malgré tout le reste, tout semblait bien.
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#3 [Argentine] Buenos Aires — Une arrivée un peu trop facile
Cela fait bientôt huit heures que l’on contemple l’exact même paysage séparant Buenos Aires de Puerto Madryn, soit d’innombrables champs et pâturages s’étendant à perte de vue sur un territoire dépourvu de relief. Et compte tenu de la douzaine d’heures qu’il reste au bus pour parcourir ce désert, autant prendre le temps d’envoyer des nouvelles.
L’arrivée à Buenos Aires ne pouvait mieux se passer. Pas de taxi pour nous escroquer une course depuis l’aéroport ni même un hôtel bien trop cher pour exploiter notre absence de mesure des valeurs du pays. Non. Nous sommes accueillis par Patsy, une amie argentine des parents de Marie-Lou beaucoup trop sympa et soucieuse de nous apporter le nécessaire. Non contente de nous filer les clefs d’un appartement dans la banlieue de Flores, elle nous offre à manger, sa carte des transports en commun de la ville et nous échange nos euros à des taux plus que décents. Nous sommes même invités à diner chez elle et son compagnon Guillermo le soir même. Avec eux, impossible de dépenser quoi que ce soit, qu’il s’agisse d’un restaurant où autre, il nous est interdit d’effleurer les biftons ; nous devons « garder notre argent pour le trip ». C’est également un florilège de bons plans, conseils, avertissements et autres tips concernant la ville et le pays en général. Pour vous la faire courte, c’est exactement comme partir à l’autre bout du monde, et découvrir qu’on avait des parents ici depuis le début, qui n’attendaient que notre arrivée pour se réjouir de s’occuper de nous. Des anges que l’on ne remerciera jamais assez.
Acclimatation et désir d’arpenter la capitale argentine, nous passons quatre jours à Buenos Aires. Et beaucoup trop content de sentir enfin le climat estival baigner les rues, on en oublie un élément essentiel. Ici en Argentine, la couche d’ozone s’avère bien plus fine qu’en Europe. Et ça, nos petites ganaches de blancos se pavanant en short T-shirt sans lunettes ni crème solaire, elles ne vont pas l’oublier de sitôt. Après la première journée de vadrouille, la viande est cuite al punto. Et le homard qui m’accompagne désormais n’a pas besoin d’insister beaucoup pour que j’accepte de me badigeonner les jours suivants.
Durant les premières sorties, je reste tendu. Ayant commis l’erreur de m’égarer sur le forum routard « la sécurité en Argentine », je me figure rapidement qu’un type avec un couteau m’attend à tous les coins de rue. Mis bout à bout ces tristes histoires d’agression, de vol, les mises en garde de Patsy, la présence des barreaux aux fenêtres des logements, les gens qui portent leurs sacs sur le devant dans la rue, on commence à imaginer le pire. Pourtant, une fois dehors, plus aucune crainte ne subsiste. Voire même bien moins que dans les coins de Paris qui constituaient jusqu’à il n’y a pas si longtemps notre foyer.
Faut dire que question dépaysement, Buenos Aires n’est pas vraiment une concurrente : les gens restent branchés à Whatapps dans le métro, on boit des IPA artisanales en terrasse tout en écoutant du Rihanna et les ardoises des restos affichent burger et salade de quinoa. C’est simplement démesurément plus grand, habité par un quart de la population nationale (soit dix millions si on compte l’« agglo ») et il y fait plus chaud. On a toujours du mal à imaginer que la semaine dernière c’était écharpe et mercure à 5 degrés alors que maintenant on sue du visage sous un soleil d’assassin.
C’est donc sans trop de tracas et bien préparés que nous nous dirigeons à présent vers le sud. Objectif, la Península Valdés, là où s’admirent colonies de manchots, lions de mer, éléphants de mer, plus rarement orques et autres bestioles qu’il faut se presser d’observer avant qu’il ne soit trop tard. Bref, un stop essentiel avant notre arrivée à Ushuaïa.
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Jour 63: Washington
On s'est mis la musique de House of Cards pour la traversée en bagnole de Washington, jusqu'à un parking abordable sous un pont de freeway, à 20min de marche de la colline du Capitol, le parlement américain. On a commencé par emprunter le tunnel qui mène à la Library Of Congress, la plus grande bibliothèque du pays. Très classe, des expos partout, grands halls, sculptures et murales... On a pu voir le fameux Main Reading Hall depuis un balcon, avec tous ses pupitres et des statues de philosophes sur les murs.
Après la pause déjeuner, un Philly Chease Steak à la food court de la gare d'Union Station, on a fait une visite guidée du Capitol, un grand labyrinthe de chambres d'assemblées et de grandes salles de réception remplies de colonnes, de statues et d'oeuvres d'art. On est passés par l'ancienne chambre de la court suprême, l'ancien Sénat (reconverti en salle d'auditions privées, notamment celle de Clinton dans l'affaire Lewinski), et surtout la salle de la Coupole et son plafond peint façon chapelle Sixtine à l'américaine, avec George Washington qui siège dans les nuages à côté de la statue de la liberté et d'amazones aux couleurs du drapeau.
Puis on a parcouru le National Mall, le gigantesque parc tout en longueur qui relie le Capitol au monument de Lincoln, flanqué de monuments divers et de suffisamment de musées énormes pour occuper une vie entière. On est notamment passés devant la Cour Suprême, le Smithsonian (le Louvre américain en quelques sortes), la Maison Blanche évidemment (la clôture est en réparation alors ils bloquent tous les alentours, du coup on n'a pas pu s'approcher des masses, mais c'était beaucoup plus petit que je ne pensais), l'Obélisque (beaucoup plus grand que celui de la Concorde, on peut même monter dedans), et enfin le monument de Lincoln (avec la colossale statue assise sur un trône dans un mausolée démesuré ; hyper impressionnant).
Ensuite on voulait visiter le cimetière militaire d'Arlington, avec la tombe de Kennedy, mais on commençait à manquer de temps pour rejoindre notre parking qui fermait à 19h. On a quand même traversé l'Arlington Bridge à pied, mais on a dû prendre un taxi direct, et on n'a eu qu'un rapide aperçu des lignes de tombes, puis du Pentagone tout proche, depuis le taco. Finalement on a repris la route, 2h dans les bouchons jusqu'à Culpeper, pour un motel pas cher qui nous rapprochait du Shenandoah.
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Fréquence Secrète
Les émissions de Margot ressortaient très régulièrement premières des classements hebdomadaires de podcasts. Le succès ne se démentait jamais. Semaine après semaine elle parvenait à se maintenir sur les plus hautes marches du podium des émissions les plus téléchargées sur le Net. En d’autres temps elle aurait probablement animé une émission de radio dans un studio feutré, ou peut-être même diffusé une émission de radio amateur, branchée à des antennes archaïques destinée à inonder de sa chaude voix, tout au plus, son quartier le plus proche. Mais les ondes radio avaient laissé place à l’Internet. De chez elle, avec un simple micro et un ordinateur connecté, Margot pouvait fabriquer une émission de radio et la diffuser dans le monde entier.
Ce qui revenait le plus souvent dans les articles la concernant (et il y en avait) c’était la surprise évidente que constituait un tel succès pour une émission audio, surtout à l’ère de la vidéo exacerbée. C’était pourtant bien l’absence de support visuel et le mystère qui flottait autour de l’image de l’animatrice qui entretenaient ce succès. À l’heure où l’on montrait tout, Margot avait fait le choix de ne dévoiler que sa voix.
Alors oui Margot parlait de sexe. C’était forcément un sujet qui attirait les auditeurs. Et on lui opposait souvent la facilité qu’il y avait à faire de l’audience en parlant de sexe. Pour autant l’argument ne tenait pas car bien d'autres avaient tenté d’investir le même créneau sans que le succès soit au rendez-vous.
À ses débuts Margot ne faisait qu’enregistrer ses émissions au calme, dans sa chambre, avant de les poster sur internet. Et puis elle avait eu l’idée de commencer à diffuser son émission en direct. L’idée était d’ajouter un peu d’imprévu notamment en faisant intervenir des auditeurs en direct en prenant leurs appels téléphoniques à l'antenne. Comme dans une émission de radio classique. Faire intervenir d’autres personnes dans ses émissions avait considérablement élargi le champ des possibilités. Il ne s’agissait pas d’écouter les doléances de ses auditeurs et d’y répondre, mais plutôt d’interagir avec eux, en direct.
* * *
Évidemment un tel succès attirait pas mal de monde. Récemment Margot avait reçu une proposition d’un sex-shop en ligne. Le magasin lui proposait de tester des marchandises. Elle touchait une somme forfaitaire à chaque fois qu’elle parlait d’un objet proposé par le magasin et également une commission à chaque achat d’un auditeur. L’opération était à ce point lucrative que Margot avait cessé toute activité salariée. Elle vivait de son émission et de ses partenariats.
Mes amours vous savez que j’ai signé un partenariat avec une boutique coquine. Je crois qu’il est désormais temps de vous faire part d’une petite surprise. J’ai en effet décidé de lancer un concours à l’occasion de la sortie du tout nouveau jouet de la marque. Et quand je vous parle du tout nouveau jouet, je vous parle du sextoy connecté le plus évolué à ce jour : un œuf vibrant que vous pouvez commander à distance grâce à une simple application installée sur votre smartphone. C’est d’ailleurs cette fonctionnalité qui m’a donné une petite idée de jeu concours. Un concours dont le prix sera…
Margot laissa planer un court silence, comme pour faire monter le suspense.
… une soirée en tête à tête avec moi. Oui, vous avez bien entendu, une soirée en tête à tête avec votre servitrice : votre dévouée Margot. Pour participer il vous suffit de m’envoyer la plus belle, la plus enflammée des lettres d’amour. Je choisirai la meilleure et passerai une soirée avec son auteur. Et tenez-vous bien, le vainqueur aura le droit pour l'occasion, grâce au sextoy connecté, de me faire vibrer jusqu’à m’en faire perdre la tête. Alors messieurs, à vos clavier, j’attends vos lettres avec impatience.
Bien entendu, Margot s’attendait à ce que la participation soit importante. Mais elle reçut des milliers de mails. Comme elle voulait vraiment choisir la lettre qui la ferait vibrer, elle s’attela donc à toutes les lire avec attention. Évidemment, certaines chose étaient rédhibitoires à ses yeux. L’orthographe devait être impeccable de même que le style. De plus elle ne supportait ni la vulgarité, ni l’arrogance, encore moins la condescendance. Enfin de compte, certaines lettres ne survivaient pas à la lecture de leurs deux premières lignes. Mais à force de lecture, Margot était parvenue à garder une vingtaine de lettres. Des lettres dont les mots l’avaient touchée et même troublée. Ces vingt lettres, elle les avait encore relues, plusieurs fois, jusqu’à élire celle qui, incontestablement, avait sa préférence.
Mes amours, nous y sommes. J’ai lu toutes vos lettres et ça y est j’ai choisi celle dont l’auteur a gagné le concours. Je vous remercie pour votre participation qui a été massive. J’ai dû lire des milliers de lettres. Je ne me suis jamais sentie autant aimée que ces dernières semaines, merci à tous. Vraiment. Mais malheureusement, il ne peut y avoir qu’un seul vainqueur et je l’ai choisi. Je t’ai choisi, toi qui te fais appeler Secret_Intime. Prépare-toi car nous allons bientôt nous rencontrer… Je t’imagine déjà et j’ai hâte de rencontrer.
En fait Margot était extrêmement stressée à cette idée. S’il fallait qu’à l’antenne elle paraisse enthousiaste voire excitée, la réalité était toute autre. Elle qui avait tout fait pour garder l’anonymat depuis qu’elle avait commencé à connaître une certaine notoriété, se retrouvait prise à son propre piège en devant rencontrer l’un de ses auditeurs. Dans le principe, il n’y avait rien d’inquiétant. Elle rencontrerait le gagnant dans un lieu public, un restaurant, elle dînerait avec lui et c’était tout. Dans le pire des cas, le vainqueur aurait une conversation ennuyeuse et Margot s’évaporerait rapidement au moment du dessert. Pourtant elle avait le sentiment de passer l’espace d’une soirée de l’autre côté du micro et cela l’angoissait plutôt.
* * *
Jour J. Le vainqueur vivait dans une petite ville de province. Margot y était arrivée le matin même en train. Elle avait rejoint un hôtel en taxi et avait passé l'après-midi à faire le tour des restaurants pour trouver celui où elle passerait la soirée avec le gagnant du concours. Le choix était restreint dans une si petite ville, mais elle avait fini par trouver un petit restaurant à l’ambiance tamisée où elle avait réservé une table un peu à l'écart pour le soir même.
* * *
Le moment était venu. Elle allait devoir y aller. Pourtant il restait un élément à concrétiser avant de quitter l’hôtel pour rejoindre le restaurant : le sextoy. Cela faisait partie du contrat et du concours qu’elle avait mis en place : elle devait porter ce fameux sextoy lors du rendez-vous avec le gagnant. Et c’était le moment de le mettre.
Le sextoy se présentait sous la forme d’un petit oeuf rose affublé d’une longue queue flexible. L’oeuf s’insérait dans le vagin et sa forme légèrement bosselée était sensée le maintenir en place et le faire appuyer sur la face antérieure de la paroi vaginale. Dit comme ça, ça ne faisait pas rêver et force était de constater que Margot ne ressentait pas la moindre excitation à l’idée d’insérer cet objet en elle. Cela faisait pourtant partie intégrante de l’engagement qu’elle avait pris auprès de son partenaire. Soit ! Elle remonta un peu sa jupe, baissa sa culotte, badigeonna le sextoy de gel lubrifiant et le présenta à l’entrée de son sexe. Le diamètre de l’objet, bien que raisonnable, n’était pas anodin et Margot pris le temps qu’il fallut pour que son sexe l’accepte doucement. De ses doigts elle poussa légèrement le jouet vers son intérieur. Les grandes lèvres n’opposèrent aucune résistance. Les petites en revanche eurent besoin d’un peu plus de diplomatie. Margot imprima de très légères poussées à un rythme régulier. A chaque pression, les petites lèvres s’habituèrent un peu plus à la présence de l’objet. Elles s’écartèrent doucement et finalement, autorisèrent l’entrée. L’oeuf se faufila lentement dans le vagin de Margot. Et bien que celui-ci ne fut pas vraiment préparé à un tel assaut, le sextoy finit par trouver sa place et la jeune femme fut soudain surprise de la sensation produite. Elle sentait en effet comme un halo chaleureux qui gagnait son bas ventre. Vu l’état de non-excitation absolu dans lequel elle se trouvait, c’était déjà une performance. La queue du sextoy adoptait quant à elle une courbe qui la faisait remonter le long du pubis de Margot. Quand elle remonta enfin sa culotte, la queue se cala contre son clitoris. Quoi qu’il en fût, elle était désormais prête. Du moins autant qu'on pouvait l’être.
* * *
Margot s’était rendue au restaurant à pieds. Il n’y avait que 500 mètres entre l’hôtel et le restaurant. Il fallait bien avouer que c’était agréable de marcher avec le sextoy en elle. Encore une fois, elle ne se sentait pas à proprement parler excitée, mais le jouet appuyait juste où il fallait de sorte que la sensation de chaleur qu’elle avait ressenti à l’insertion s’était poursuivie et même un peu amplifiée tout au long du trajet. Margot était arrivée avec 15 bonnes minutes d’avance sur l’heure du rendez-vous. Elle se signala au serveur dès son arrivée et celui-ci la conduisit à la place qu’elle avait réservée plus tôt dans l’après-midi. Quand elle prit place sur sa chaise, le sextoy eut un petit mouvement vertical qui la surprit. Il s’était en effet aventuré un petit peu plus loin que prévu avant de reprendre sa place initiale. Margot manqua un battement coeur et laissa échapper un court soupir.
Allons bon… tu ne vas quand même pas te laisser avoir par un morceau de plastique ! Respire ma belle ou tu vas devenir rouge comme une pivoine.
Et respirer, Margot en avait besoin. L’heure tournait et le vainqueur allait probablement arriver d’un minute à l’autre. De là où elle était assise elle pouvait embrasser du regard l’ensemble de la salle. A l’autre bout elle avait une vue dégagée sur l’entrée et elle détaillait chacune des personnes qui passait la porte vitrée. Plusieurs couples étaient entrés, puis un homme seul. Elle avait un instant cru que c’était lui Secret_Intime mais finalement non. Une femme avait fini par le rejoindre. Un autre couple entra : un homme aux cheveux blancs, la cinquantaine, élégant et une jeune femme brune, sans doute sa fille, 20 - 25 ans en habits décontractés, les cheveux tirés en queue de cheval. Il s’avancèrent tous les deux vers le serveur et l’homme échangea quelques mots avec lui. Il fallut quelques secondes à Margot pour comprendre que les 2 clients n’étaient pas ensemble. Et quand l’homme s’approcha de sa table elle comprit que c’était lui Secret_Intime.
Pourtant elle se trompait encore. L’homme ne s’approchait pas d’elle mais de la table juste à côté. Elle le regarda s’asseoir et regretta un peu que ce ne soit pas pour elle qu’il soit là. Il était plutôt bel homme, distingué… Quand elle redirigea son regard vers la porte d’entrée, elle sursauta de surprise en constatant que quelqu’un s’était assis à sa table alors qu’elle regardait son voisin.
La jeune femme brune à queue de cheval.
- Je vous ai fait peur ? Je suis désolée…
Elle arborait un joli petit sourire gêné. Margot ne comprenant pas.
- Vous êtes…? - Je m’appelle Anouk. Enfin vous devez me connaître sous le pseudo Secret_Intime.
Le sang de Margot ne fit qu’un tour. Elle écarquilla de grands yeux.
- Vous paraissez surprise, s’inquiéta la jeune femme. - C’est à dire que… oui ! je m’attendais à rencontrer un homme.
Un léger malaise s’installa.
- Je comprends votre déception…
Margot tenta de reprendre ses esprits. Au final elle n’y perdait peut-être pas au change. La probabilité pour qu’elle tombe sur un charmant garçon et passe une soirée d’un érotisme torride était de toute manière faiblissime. Anouk avait l’air d’être une femme sympathique avec qui elle pourrait probablement nourrir au cours de la soirée une conversation tout aussi sympathique.
- Ne vous inquiétez pas, dit Margot. Je suis désolée. Je ne m’attendais tellement pas à ce que le gagnant soit une gagnante ! - Je comprends… - Mais à vrai dire c’est une bonne surprise ! Voilà qui relance la soirée.
Margot tendit la main à Anouk.
- Je suis Margot enchantée ! - Enchantée également.
Les deux femmes arboraient un large sourire amusé et sincère.
- On commande ? proposa Margot. - Avec plaisir.
* * *
Le dîner se déroula à merveille. Le vouvoiement avait rapidement laissé place au tutoiement et les jeunes femmes s’étaient trouvé des sujets de conversations qui les avaient passionnées. Le vin avait gentiment égayé les esprits et finalement, les deux femmes passaient une excellente soirée. Le contexte du concours et de l’émission de radio érotique n’était encore jamais venu sur la table. Pas qu’elle n’y pensaient pas l’une comme l’autre, mais plutôt pour garder un certain mystère piquant quant à la réelle cause de leur présence ici, ce soir. Mais petit à petit, par petites touches, elles commencèrent à évoquer le sujet. Il fallait savoir.
- Ca fait longtemps que tu écoutes mon émission ? demanda finalement Margot.
Anouk rougit.
- Oui, enfin… depuis le début en fait. - Voyez-vous ça… une vraie fan ! - En effet oui, concéda Anouk. - Et qu’est-ce qui te plait tant dans mes émissions ?
Anouk parut gênée, elle faisait rouler le bouchon de la bouteille de vin entre son index et la table.
- La liberté de ton. - C’est vrai que je suis très libre, plaisanta Margot. - Et ta voix. - Ma voix ?
Anouk releva les yeux et les braqua dans ceux de Margot.
- J’aime ta voix. Elle est chaude, douce. Je la trouve très agréable à écouter.
Margot se sentit à la fois flattée et gênée. Elle hésita un court instant, un instant qui eut sans doute été beaucoup plus long sans l’aide du vin, et finalement se lança :
- De manière générale, tu te sens attirée par les femmes ?
Anouk faillit s’étouffer avec son verre de vin.
- Non non ! pas du tout ! Je veux dire… enfin non !
Margot éclata de rire.
- Je ne voulais pas te mettre mal à l’aise.
Anouk avait considérablement rougi et en avait conscience. Elle ne savait plus où se mettre. Ce qu’elle ne voyait pas c’est qu’elle n’était peut-être pas la plus gênée des deux. Pourtant Margot ne voulait pas que le malaise s’installe. Elle passait une excellente soirée et voulait que cela dure encore.
- A ton tour. - De ? - De me poser une question gênante. Je t’en dois une.
Anouk fit une petite moue. Elle hésitait. Elle avala encore une gorgée de vin. Ses joue s’étaient empourprées depuis de nombreuses minutes déjà. Et finalement elle se lança.
- Est-ce que tu porte ce fameux jouet dont tu nous as tant parlé dans ton émission ?
Cette fois c’est Margot qui manqua s’étouffer. Elle avait totalement oublié le sextoy. Elle rougit copieusement.
- Et bien je crois que j’ai ma réponse, s’amusa Anouk. - Non mais je…
Margot ne savait plus quoi dire.
Anouk se mit à chercher quelque chose dans son sac à main et en sortit son smartphone. Sans rien dire elle commença à pianoter dessus. Margot parut interloquée. Anouk souriait. Elle pianota encore un instant puis posa le téléphone sur la table et le tourna à 180° de manière à ce que Margot puisse lire que qui était sur l’écran.
L’écran était rose et arborait un logo qu’elle reconnaissait sans pouvoir exactement se rappeler où elle l’avait vu. Et puis…
- Non ! s’offusqua Margot. - Si !
Anouk venait d’installer l’application qui était capable de commander en bluetooth le sextoy de Margot. D’un doigt léger et aérien, Anouk vint caresser l’écran de son smartphone. L’effet fut immédiat : une vague de vibrations explosa dans les entrailles de Margot. Elle ne s’y attendait tellement pas qu’elle laissa échapper un gémissement. L’homme élégant à côté d’elles la regarda soudain interloqué. Anouk se posa une main sur la bouche comme pour étouffer le rire d’une enfant que viendrait de faire une bêtise.
- Mince, tu l’as vraiment mis ! - Evidemment que je l’ai mis !
Il y eu silence puis elles éclatèrent de rire. D’un air mutin Anouk faisait danser son index dans les airs en mimant l’atterrissage imminent d’un avion sur la piste d’atterrissage ; le doigt dans le rôle de l’avion, le smartphone dans le rôle de la piste d'atterrissage.
- Non, non, arrête…
Le doigt se posa une nouvelle fois sur l’écran. Une nouvelle fois Margot sentit son ventre s’affoler. Sa main vint s’écraser sur la table comme pour contenir une réaction encore plus gênante. Anouk rit à nouveau et s’apprêta à appuyer une nouvelle fois. Margot lui attrapa la main au vol pour la stopper.
- Attends, lui dit-elle. Sortons.
* * *
Elles n’avaient pas pris de dessert, avaient payé leur repas et étaient sorties du restaurant comme des voleuses. Elles marchaient maintenant dans les ruelles de la petite ville. Peu à peu Anouk avait laissé Margot la précéder. Elle avait glissé la main dans la poche de son manteau, là même où elle avait rangé son smartphone. Régulièrement elle activait le sextoy de Margot et regardait l’effet que cela provoquait sur l’animatrice de web-radio. Elle titubait, s’arrêtait, fermait les yeux, ses jambes tremblaient…. Anouk remonta jusqu’à elle et Margot lui agrippa la main.
- Viens !
* * *
En moins de temps qu'il n’avait fallu pour le comprendre, Margot et Anouk se retrouvèrent dans la chambre d'hôtel de Margot. Face à face, les sens irrités, les deux jeunes femmes ne maîtrisaient plus vraiment l’évolution des choses.
- Je ne suis pas lesbienne murmura Anouk. - Moi non plus, dit Margot avant de prendre le visage d’Anouk dans ses mains et de l'embrasser amoureusement.
Leurs lèvres se goutèrent d'abord puis s’apprecièrent rapidement. Leurs langues timides aussi au début, s’effarrouchèrent vite au risque de devenir trop aventureuses. Mais aucune des deux jeunes femmes n’auraient arrêté le processus. Pour rien au monde. Pourtant Margot repoussa Anouk. Qu'était elle en train de faire. Elle qui s'était toujours senti si hétérosexuelle était en train de s’abandonner dans un plaisir qu'elle n’aurait jamais pu imaginer. Est-ce que c'était bien ou mal ? La question ne se posait certainement pas en ces termes. En avait-elle envie ?
Clairement oui. Elle en brûlait.
Margot ôta son pull et sa jupe. Elle hésita un instant puis enleva aussi son soutien-gorge, offrant sa nudité au regard d’Anouk qui la toisait avec envie.
A-t-elle envie la voir nue ? Veut-elle aller plus loin ? Comment faut-il s'y prendre ?
Les questions se bousculaient dans l'esprit de Margot, ne laissant aucune place à la réflexion. Instinctivement Margot pris Anouk par la main et l’entraîna sur le lit.
* * *
Margot se retrouva sur le dos, Anouk à côté d’elle, une jambe par dessus les siennes. Naturellement sa main était venue se poser sur le ventre de l’animatrice. Elle se regardaient en silence. Anouk caressait le ventre de Margot du bout des doigts. Lentement, elle dessinait des cercles ou plutôt des boucles qui remontaient discrètement jusqu’à la poitrine de Margot. Les doigts caressèrent le dessous des seins en suivant toujours la même progression. Arrivés aux tétons ils s’en emparèrent fermement, les pincèrent, les étirèrent doucement. Le corps de Margot se cambra, ses jambes s’agitèrent. Sans arrêter le mouvement de ses doigts Anouk embrassa Margot sur la bouche et constata très vite que les mouvements de sa langue n’avaient plus rien à voir avec les baisers qu’elles avaient précédemment échangés. Sa langue était agitée de soubresauts irréguliers et imprévisibles. Un instant les mains d’Anouk abandonnèrent la poitrine de Margot pour rejoindre son visage. Si tant est que ce fût possible, leurs baisers devinrent encore plus intenses. Sans cesser ses baisers, Anouk fit descendre sa main entre les seins de Margot, le long de son ventre, jusqu’à sa culotte. D’un mouvement de genou ferme mais délicat, elle écarta les jambes de Margot et empoigna son pubis. Elle nota tout de suite la présence de la queue du sextoy qui remontait en direction du nombril. La tige de plastique s’échappait du sexe de Margot et suivait leur commissure. En la prenant dans ses doigts, Anouk pouvait jouer sur la profondeur d'insertion du jouet, le faire quasiment sortir puis rentrer à nouveau, le tout avec plus ou moins de vigueur. La tige quand à elle était en contact direct avec le clitoris de Margot et Anouk ne manquait pas de venir le bousculer régulièrement. Margot perdait maintenant totalement le contrôle, pourtant, dans un éclair ultime de lucidité, elle agrippa la main d’Anouk et l’écarta. D’un geste d’une agilité et d’une rapidité inconcevable, elle ôta sa culotte, reprit la main d’Anouk et la plaqua sur sa vulve nue, gonflée et humide. C’était la première fois qu’Anouk touchait un sexe féminin autre que le sien. Quand elle en prit conscience, elle en fut infiniment troublée. Margot, par ses mouvements de bassin répétés invitait clairement Anouk à faire aller ses doigts plus avant. Ce qu’elle finit par faire autant par envie que par défi personnel. Le sexe de Margot était trempé. Il suintait d’impatience en gouttelettes épaisses jusqu’entre les fesses de l’animatrice. Anouk inséra majeur et annulaire dans le vagin palpitant de sa partenaire. Elle les recourba légèrement et vint plaquer la paume de sa main contre le clitoris saillant au delà des lèvres. Suivant encore les mouvements de Margot, elle commença à imprimer un rythme régulier dont la fréquence irait crescendo. Ses doigts caressait l’intérieur du sexe qui produisait ainsi un bruit humide des plus révélateurs. Sa paume venait quand à elle appuyer avec chaleur sur le sexe frémissant. Les mouvements s’accélérant, Margot avait totalement perdu pied. Ce n’était plus elle qui imprimait le rythme de ses envies mais Anouk qui avait pris les rênes de son orgasme à venir. Anouk se surprenait elle-même de voir avec quelle vigueur et même la quasi violence avec laquelle elle s’était emparée du sexe de Margot. Pourtant cela semblait être on ne peut plus apprécié.
* * *
Il fallait éteindre le feu et Anouk s’y employait avec fermeté. Margot sentait son corps lui échapper, son sexe couler abondamment et le plaisir, qui avait d’abord été comme une délicieuse démangeaison en surface de sa vulve, disparaissait maintenant en elle pour totalement éclore dans son ventre telle une explosion stellaire. Elle en eut la respiration coupée durant de longues secondes ce qui eut pour effet de lui faire tourner la tête. Elle s’effondra enfin. Anouk avait relâché son étreinte. Ses doigts jouait désormais à se perdre dans la toison de Margot. Margot reprenait lentement ses esprits. Quand elle put enfin réfléchir à nouveau, elle repoussa Anouk pour mieux la chevaucher. Elle l’embrassa avec la fougue de la reconnaissance. Ses baisers se posèrent sur la bouche d’Anouk mais aussi sur tout son visage, ils descendirent un peu et se perdirent dans son cou. Anouk se redressa et ôta son pull et son soutien-gorge, libérant par la même deux seins aux pointes quasiment noires. Margot qui continuait de prodiguer des baisers par petites touches, descendit encore et commença à embrasser la poitrine d’Anouk. Celle-ci se laissa retomber en arrière. Quand les lèvres de Margot trouvèrent ses tétons déjà dressés, Margot se mit à les sucer, avide. Elle les aspirait, les mordillait, les faisait encore ressorti en pressant les seins de ses mains. Anouk laissa échapper des soupirs qui ne laissaient aucun doute quant au plaisir qu’elle prenait
Je fais l’amour à une femme… Je fais l’amour à une femme…
Les mots se répétaient en boucle dans le cerveau semi-conscient de Margot. Elle laissa les seins d’Anouk un peu à regret et se trouva confronté à son jean.
C’est maintenant que tout se décide. Est-ce que je veux vraiment ce que je suis sur le point de faire ? Définitivement oui !
Margot défit la ceinture, les boutons du pantalon et, empoignant le vêtement au niveau des hanches, le fit glisser avec forces jusqu’aux pieds de son amante. Elle le fit avec tant de véhémence que la culotte d’Anouk suivit le même chemin. D’une caresse, Margot invita Anouk à écarter les cuisses. Elle se positionna entre les jambes. Le parfum du sexe fébrile lui parvint. Sans doute Anouk en eut-elle conscience.
- Tu n’es pas obligée… murmura-t-elle.
Il n’en fallut pas plus à Margot pour la convaincre. S’il en était encore besoin. Elle plongea alors son visage entre ses cuisses. Le parfum intime d’Anouk n’avait rien à voir avec le sien. Il était plus épicé, plus vif. Qu’en était-il de son goût ? Margot aventura la pointe de sa langue et la glissa entre les grandes lèvres déjà écartées. Ses caresses se faisaient par petites touches. Puis peu à peu, sa langue prenant goût à ce qu’elle faisait, elle devint de plus en plus plate et insistante. Elle remontait jusqu’au clitoris que Margot finissait par sucer avec la plus grande des délicatesses. Puis tout recommençait encore et encore. Anouk gémissait, disait oui et encore assez souvent pour en perdre la raison. Quand la manifestation de son plaisir atteignit un pallier, Margot approcha sa main de la vulve ouverte et y glissa deux doigts. Anouk se raidit et Margot intensifia ses mouvements. S’ils étaient au départ coordonnés, Anouk agitait tant les hanches que Margot faillit être désarçonnée. Et puis, Anouk expira un souffle rauque qui semblait prendre sa source dans son ventre contracté à l’extrême. Son corps finit pourtant par se détendre, épuisé. Anouk reprenait son souffle. Margot aussi, savourant le reste du plaisir qui humidifiait ses lèvres.
* * *
Voilà mes amours… vous savez tout… Comme vous avez pu l’entendre en écoutant mon récit, tout ne s’est pas passé comme prévu, mais au final, n’est-ce pas mieux ainsi ? Quant à moi c’était là le dernier concours que j’organisais. Il me serait en effet impossible aujourd’hui d’être impartiale au moment de choisir un ou une gagnante.
Car au final, la grande gagnante, c’est moi.
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**Baby Snatcher** - Partie 3 -
Jo m’attend, clope au bec, lunettes de soleil et beau café fumant à la terrasse du Kawa, notre petite place fétiche qu’on a adopté pour nos meetings commérages.
- Alors ma Mimi ! Comment te sens-tu ? La gueule de bois est passée, tu as pu te reposer hier soir ?
- Hahaha…’’reposer’’ tu dis ? si tu savais ! tu n’imagines même pas !
- Oh my god!! Potins, potins ?? aaaaahh je ne peux pas croire que les 2 seules soirées ou je ne suis pas avec toi, il se passe des choses!
- C’est que lorsque tu es là, tu es mon ange gardien qui me raisonne ! Seule, je ne fais que des conneries !
- Oh ben non Mimi, tu t’amuses, tu profites, tu as raison. Bon, commande un café, vite !! racontes-moi tout !
- Tu as combien de temps devant toi ? parce que j’en ai pas mal à raconter.
- J’ai TOUTE la journée ! me répond-t-elle en s’esclaffant.
Après une bonne gorgée de café, je commence à conter mes péripéties des deux derniers soirs: la sortie improvisée au billard, la confrontation avec les policiers, le retour mouvementé, le mal de corps et de tête du lendemain, la rencontre avec Zack, mon kidnapping et enfin, le baiser….
- Holy shit girl ! ah ouais, il s’en est passé des bonnes ! un jeunot de 20 ans en plus ! hahaha tu me fais trop rire. C’était quoi déjà ta résolution pour ton nouveau départ en Australie? Rappelle-moi ?!
- Chut…je sais, arrête d’en rajouter une couche s’il te plaît. Moi-même, j’ai envie de me mettre une gifle.
- Ben non !!! c’est toujours comme ça Mimi ! tu sais bien ! Je suis persuadée que ton Zack…tu vas le kiffer de ouf ! à coup sûr. Les rencontres inattendues du genre, dans un moment où toi tu pensais te blinder et ne pas te mettre dans une histoire, et bien c’est toujours les plus intenses…Crois-en mon expérience.
- Oui, je sais, et c’est bien cela qui m’effraie.
- Vis le moment présent, et ne te poses pas de question pour l’instant. Tu verras cela en temps et en heure. Pour le moment, PROFITES !!! En plus, vois le bon côté des choses : c’est un anglais !! Tu vas améliorer ta compréhension, ta prononciation, tu vas devenir full bilingue en deux temps trois mouvement ! Ça va te changer des français relous et chiants comme la pierre !
- Attends de l’entendre parler. Je ne suis même pas sûre de pouvoir le comprendre à 100% mais t’as raison, je vais vivre ça au jour le jour. Pas de stress, pas de pression.
- Bon…tu me raccompagnes jusqu’à chez Erin, je dois garder sa petite ce soir. Toi tu flirtes, tu butines et moi je change des couches et donnes le biberon…On échange nos places ?
- Hummm, attends, laisse moi réfléchir…..ishhhh…NON !! allez je marche avec toi, et ensuite je vais aller voir si ma touche est là pour faire un peu plus connaissance !
- Trèèèès bonne initiative ! j’aime quand tu me parles comme ça !
On se quitte donc au coin de nos rues avec Jo puis j’arrive enfin au backpack, il n’y a pas âmes qui vivent : yeahhh, je vais pouvoir chiller au calme : Le bonheur ! Je décide de m’étendre quelques minutes sur mon lit à la fraicheur de la climatisation qui ronronne tel un chat…je ferme les yeux…juste deux minutes…zzzzzzzzzzz…ok je m’endors comme un bébé pendant 3 heures.
Une caresse sur mon visage, vient m’extirper du sommeil dans lequel je m’étais totalement abandonnée. J’ouvre difficilement les yeux, et sursaute quelque peu à cette sensation sur ma joue.
Je rappelle que je me trouve en Australie, et que c’est le pays des bestioles et insectes aussi gros que ma main : donc il y a de quoi sursauter quand tu sens quelque chose qui te chatouille sur le visage ! Sauf que cette fois-ci, c’est seulement la main de Zack.
- Hey Beautiful, bien dormie ? bien reposée ? désolé, je ne voulais pas t’effrayer.
- Coucou…oui ça va merci. T’inquiètes pas, c’est juste un réflexe physique. J’ai tellement eu peur que ce soit une araignée ou un cafard…arkk.
Pour la petite histoire, les cafards en Australie se prennent des balades bien chill dans les rues à tes pieds et pèsent au bas mot 1 kilo… (ok j’exagère un peu mais pas tant)
- As-tu faim? Syrus et moi, on prépare des burgers, cela te tente ?
Un mec qui non seulement, vient me réveiller gentiment et qui en plus me propose de la bouffe…je dois encore être dans mon sommeil en vrai…suis-je vraiment réveillée?
- Oh my…oui je veux un burger c’est clair !
- Ok so wakiwake baby doll, on mange dans 10 minutes.
Durant ce BBQ, je fais donc la connaissance de Syrus, SY pour les intimes. C’est l’ami d’enfance de Zack, ils se connaissent depuis toujours, viennent du même endroit et voyage en Australie ensemble.
Sy est pas mal atypique comme garçon. Drôle de personnage mais très attachant et sympathique. Grand, blond, des yeux bleus tous ronds qui lui donne cet air ahuri, en continue, comme s’il débarquait d’une autre planète et que le rythme de celle-ci ne lui était nullement adapté : trop rapide pour sa personne…Il est doté d’une espèce de ‘’fausse’’ candeur et d’un semblant de naïveté qui font que tu l’aimes quoi qu’il arrive.
Les voir aller ensemble, me rappelle notre mode de fonctionnement avec Jojo. Jamais l’un sans l’autre, prise de décisions mutuelles, unis, soudés.
Il va donc falloir trouver ma place dans ce schéma triangulaire, De par mon expérience, je sais que l’amitié est plus forte que tout, et je sais que celle-ci va être un obstacle à beaucoup de choses. Je le pressens au fond de moi, 6e sens féminin oblige, mais je décide d’ignorer les gros warnings qui s’affichent dans mon esprit. Je prends part aux festivités, entame une approche avec Sy, mange le meilleur burger au monde et profites de la chaleur des bras de mon beau Zack…la vie est douce et agréable pour moi, en ce soir de Février dans la ville de Sydney : jusqu’à quand ?
Notre idylle d’un soir se mute en une histoire tout court. On fusionne, on est collés, on ne se lâche plus. Zack part travailler chaque matin, m’abandonnant à mes oreillers et ronflements de nos compagnons de chambrée et mes journées sont alors rythmées sur le tempo des secondes et des heures qui me séparent de la chaleur de ses bras et de ses baisers. Depuis deux semaines, nous dormons tous les deux dans mon lit ‘’simple et superposé’’ dans une chambre contenant 6 personnes. On possède le lit du bas sur la structure. On a donc créé un ‘’mur’’ de serviettes le long des barreaux du lit afin que nous nous sentions dans un cocoon privé. C’est fou ce que l’amour peut te faire accepter comme situation. Non mais c’est vrai sérieux ! T’as vu où que tu accepterais de faire l’amour dans un lit simple avec genre 5 personnes qui vont et viennent autour ? Non parce que bon, genre la première fois tu veux te la raconter et tu te dis que le meilleur endroit c’est quoi ? La salle de bain, sous la douche: porte qui se ferme à clef / intimité assurée et étouffement du bruit avec l’eau qui coule, tu te sens confiant, jusqu’à ce que, tu esquives plusieurs fois la chute mortelle sur un sol glissant en te rattrapant au robinet brûlant de la douche, que tu boives la tasse 3 ou 4 fois parce que ta tête se retrouve plus de 10 minutes sous l’eau! Au final, faire l’amour dans une chambre de six…
Ben crois-moi que tu l’acceptes et que tu t’en moques !
Attends, le lit gagne la loterie dans le domaine du confort. Même si tu dois malgré tout aussi développer des techniques particulières pour éviter de te blesser ‘’encore une fois’’ ou de gêner tes voisins…J’ai découvert une souplesse et une élasticité de mon corps insoupçonnée : elle a disparu depuis… à mon grand désarroi, l’âge te rattrape toujours, maudits rhumatismes et muscles en carton papier maché.
Je me laisse vivre, et ne me rends même pas compte que nous arrivons à la date fatidique des amoureux : La Saint-Valentin. Personnellement, c’est une date que je n’affectionne pas particulièrement. Je m’en fous en vrai. Je trouve cela trop surfait.
Ahhhh le discours de la fille indépendante et féministe ! J’avoue que si on me propose de sortir en tête à tête à la St Valentin, je suis IN à fond ! Faut être honnête les filles !.
Mais, Zack en revanche, ne l’a pas oubliée. Lorsque je me réveille ce matin-là, j’ai un petit mot griffonné sur du papier, qui m’informe que je dois me faire belle ce soir car mon amoureux m’emmène au restaurant…Je peine à croire ce que je lis. J’ai eu des relations longues et importantes avec des hommes qui étaient ‘’pourris’’ niveau surprise et lui, au bout de deux semaines, il me sort le grand jeu du romantisme. J’ai limite la larme à l’œil. Je décide donc de faire honneur à cette belle invitation et de sortir mes plus belles parures pour le rendre fier.
ALERTE AU CLICHÉÉÉÉ !! Ma journée s’alimente donc de coiffeur, manucure, shopping et j’en passe : Mon dieu que c’est le fun de jouer à la séductrice.
18h30, mes cheveux longs lissés, combi-short noir sexy mais pas trop, chaussures à talons et mon beau bronzage australien mis en valeur, j’attends mon cavalier pour la soirée qu’il m’a promise.
Il arrive dans l’encadrement de l’escalier, et j’avoue qu’il n’a pas fait les choses à moitié non plus. Il a laissé au vestiaire ces shorts et sa veste orange de voierie pour laisser place à un beau pantalon / chemise digne d’un courtier en bourse. Il tient dans sa main une rose rouge. Il fait voler en éclat mon cynisme sur le fait qu’il n’a que 20 ans. Je le trouve tellement beau, et adorable. Il arrive face à moi, ses yeux s’illuminent, et laisse entrevoir le réel désir que je lui insuffle.
- Whaou…You are amazing, my Beautiful.
- You too Babe. Où m’emmènes-tu?
- You will see, surprise !
On embarque dans un taxi, direction…la plage et la terrasse d’un restaurant japonais. Quand je pense qu’il y a deux semaines, j’hurlais à qui veut l’entendre que je ne voulais plus de relation : la vie te joue des tours, toujours…La soirée est des plus douces, j’ai des papillons dans le ventre, je commence à me laisser totalement aller dans cette idylle.
J’aurai dû le prédire, que lorsque je me laisse aller, c’est le début des emmerdes.
à suivre ...
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°*TouMaki - Advent Calendar 2018*°
DAY 24 - “FIR” (“I know we hate each other, but it’s Christmas Eve and your flight was cancelled, please come inside.”) by @suzuka-nitta
Mod’s Note: I owe @suzuka-nitta a huge apology, because she was the very first one to submit her work, as early as the middle of October - and I directly passed her fic to the appointed translator. Unfortuneately, they’ve had some issues, and I wasn’t able to find a substitute/co-translator in the meantime, therefore the English translation of the fic is still on its way. I tried to adjust the schedule and push the publication to the very last day to buy us time, but it was to no avail. Still, the author deserves to have her story shared, read and appreciated (seriously, do it, it’s amazing). Rest assured that in a matter of days (if not hours) the English version will be shared too, and I won’t consider the event close until it goes up.
I’m so, so sorry @suzuka-nitta, you were the sweetest, so amazing and so very fast in writing, and this is entirely on me. I owe you my most sincere apology for failing you. To all the participants: for the aforementioned reason, there might be a delay in the delivery of the PDFs of the Advent Calendar, scheduled for tomorrow but currently on hold, because obviously @suzuka-nitta‘s story needs to be added in both versions, and the file won’t be completed until I get the English one. A recap post and an extra treat will go up tomorrow anyway. In the meantime, let’s hope for a Christmas miracle. I’m so very sorry for the delay and disservice.
Author’s Notes: “My first idea was just a TouMaki lime under christmas tree, in front of a fireplace, but it’s totally gone XD. I didn’t write that at all. I like my fiction. I hope you too. Good read.”
Title: Sapin de coeur
Language: French
Tôdô resserra ses bras autour de son corps frigorifié. Ses gants, son manteau, son écharpe, son bonnet, malgré sa tenue hivernale, plus rien ne parvenait à stopper le froid qui s’immisçait en lui de minute en minute. Même à l’abri des vents, dans les couloirs d’un immeuble huppé de Londres, il pouvait sentir la saison glaciale de ce pays s’infiltrer sous ses vêtements. De temps en temps, il se levait et marchait pour remuer son corps, tentant difficilement de se réchauffer et dégourdir ses membres raidis par le froid et l’humidité qui régnaient en ces lieux. Il sortit sa main gantée de la poche de son manteau pour y regarder l’heure qui semblait aussi figée que ses doigts. Vingt-deux heures seulement, cela ne faisait que deux heures qu’il faisait le pied de grue dans ce hall. Il devait tenir jusqu’au matin, sans céder, résister au froid et à l’envie imminente de se coucher dans un lit confortable et douillet, en sécurité dans l’un des appartements de l’immeuble. Il dormirait dans l’escalier, et au petit matin, il espérait trouver un taxi qui l’emmenerait jusqu’à l’aéroport.
La neige tombait férocement dehors, cloîtrant tout le monde dans leur habitat en ce soir de fête. Tout le monde se réunissait afin de passer noël en famille. Dans ce pays, la festivité était bien plus populaire que dans ses contrées nippones, plus proche de leur culte religieux. Noël rassemblait les familles, alors qu’au Japon, elle était plus vue comme la fête des amoureux, voire des sorties entre amis. Cette année devait être spéciale pour lui. Du haut de ses vingt ans, Tôdô avait pour la première fois l’occasion de passer Noël, seul à seul, avec l’homme qu’il aimait depuis le lycée. Il avait attendu ce moment avec impatience, aussi excité qu’un enfant qui guette les jours défiler. Tout avait été organisé. Il s’était arrangé avec son patron de la brasserie où il travaillait à mi-temps, négociant non sans mal un congé de dix jours. Ce dernier n’avait pas spécialement été ravi de perdre l’un de ses meilleurs employés dans une période propice aux affaires. Jinpachi était doué dans le contact avec les clients. Sa sociabilité naturelle, son charme et son sourire avaient ameuté des clients dans son établissements, surtout féminins. Et qui disait filles disait également hommes qui voyaient là l’occasion de faire des rencontres. Le gérant avait misé sur le bon cheval en l’engageant, surtout que Jinpachi se montrait consciencieux et disponible, le plus souvent en forme et de bonne humeur pour le plus grand bonheur des clients. Son énergie, il la devait à son rythme de vie sain et irréprochable.
Penser à cela fit serrer les dents du grimpeur. Son style de vie était une des raisons pour laquelle il se retrouvait là, dans ce couloir, un soir de fête. Une nuit qu’il aurait bien aimé passer différemment.
Le rêve avait commencé un mois auparavant. Son petit-ami lui avait proposé de venir passer noël dans son appartement en Angleterre, précisant qu’il y serait seul puisque son frère emmenait sa fiancée à Paris. Une occasion pour eux de passer pour la première fois noël ensemble et en toute intimité.
Ils sortaient ensemble depuis plus de trois ans et résistaient admirablement à la longue distance qui les séparait et au décalage horaire. Chacun d’eux étaient très occupés par leurs études et leur travail. Leurs temps de repos étaient dédiés à l’entraînement de cyclisme, ou bien à se parler. En deux ans d’exil volontaire, Makishima était revenu plusieurs fois au pays à l’occasion de ses vacances, et Tôdô s’était également déjà rendu en Angleterre. Les deux amants avaient toujours dû cohabiter avec des membres de leur famille respective, limitant quelque peu leur intimité. Ils s’étaient déjà retrouvés seul à seul au lycée. Certains jours de courses, ils louaient pour quelques heures une chambre dans un Love hotel. Mais c’était bien la première fois que le couple vivait ensemble plusieurs jours d’affilée, et le résultat était tout bonnement catastrophique. Makishima et lui n’avaient tout simplement pas le même train de vie, ni les mêmes convictions.
Jinpachi était réglé comme une horloge. Dormir à telle heure, manger à telle heure, respecter son rythme de sommeil, écouter son corps.
− Il te porte au quotidien et c’est grâce à lui que je peux vivre cette vie merveilleuse. On se doit de prendre soin de lui.
Yûsuke, au contraire, était totalement libre dans ses horaires le plus souvent décalés. Il se nourrissait à des heures insolites et différentes d’un jour à l’autre. Ses repas se composaient de plats industriels, rapides à préparer, qui horrifièrent littéralement le brun lorsqu’il déchiffra la liste des ingrédients de ces produits, la plupart suspects. Depuis son enfance, Tôdô ne dégustait que des aliments frais préparés du jour, ou éventuellement de la veille. Makishima avait justifié que ces plats n’étaient pas chers mais surtout simples à préparer. Le plus souvent, sa belle-sœur cuisinait, lui-même ne mettant que très rarement le nez dans un tablier. Mais elle n’était pas là actuellement, et lui était bien trop occupé pour perdre du temps en cuisine. Tôdô s’était donc mis en tête de lui préparer ses repas, jetant discrètement les nombreux sachets de nouilles séchées et autres plats préparés.
− Tu n’avais pas besoin de les jeter, lui reprocha le vert lorsqu’il remarqua ses placards vidés. Industriel ou pas, ça reste de la nourriture, et il y a bien assez de mendiants qui souhaiteraient déguster un bol de nouilles chaudes.
− Je ne sais pas si c’est leur rendre service de leur servir de telles immondices.
− Une ration ne les aurait pas tués, mais bien réconfortés.
Les deux jeunes hommes n’avaient jamais vécu dans le besoin, tous les deux étant issus d’une famille plus qu’aisée. Mais Makishima se trouvait bien plus sensible à la misère humaine. Ses parents étaient responsables d’une association de solidarité et ils lui avaient appris à respecter la nourriture. Même celle de mauvaise qualité tant qu’elle ne représentait pas de risque à court terme pour la santé. Et chaque chute de tissus qui lui restait, il s’en servait pour coudre des vêtements pour les plus démunis. Et donc, si peu de compassion de la part de son petit-ami l’avait déçu, mais s’il n’y avait que ça.
Makishima avait l’habitude de traîner le soir sur le canapé, détendu devant une émission télévisuelle quelconque, une tasse de chocolat trop sucrée dans la main. C’était son moment détente de la journée, rituel que ne comprenait pas son petit-ami.
− Tu devrais éviter les écrans le soir. Ils retardent le sommeil. Et le sucre de ta boisson va t’exciter et alourdir ton système digestif. Tu devrais plutôt lire, un livre bien sûr, pas sur la tablette, et préférer une tisane, avec une pointe de miel si tu tiens tellement à boire du sucré. Le miel de l’apiculteur, bien évidemment, non transformé.
− Je n’ai pas de problème pour m’endormir, rétorquait Makishima.
− Forcément, tu pousses ton corps au bord de la fatigue physique.
− Je suis souvent bien obligé de me coucher tard pour compléter mes devoirs et mes projets personnels.
− Toujours réponse à tout, mais laisse-moi te donner le bonnes raisons d’avoir un sommeil équilibré, suffisant et régulier.
Le vert soupirait. Il savait que son petit-ami avait raison. Un rythme de vie sain augmentait indiscutablement les performances et l’énergie. Mais ce n’était pas facile à mettre en œuvre au quotidien, surtout avec un planning comme le sien. Et même, il trouvait cela très ennuyeux. Il se jugeait encore trop jeune pour faire attention à son rythme de vie. Jusque là, son corps ne l’avait jamais trahi. Ses performances au cyclisme en sont bien la preuve.
− Je te ferai remarquer que le décalage horaire ne m’aide pas à me coucher plus tôt. Je t’accorde du temps le soir au lieu d’avancer mes devoirs.
Effectivement, Jinpachi et Makishima se parlaient souvent le matin tôt au Japon, avant que le brun ne parte s’entraîner, ce qui correspondait au soir tard an Angleterre.
− Ce n’est pas une excuse, et ne me mets pas en ligne de mire. Ce n’est pas moi qui aie décidé de partir à l’autre pour du monde.
Cette remarque plus que déplacée mit directement un froid dans le couple, et ce dès les premiers temps du séjour de Jinpachi. Ce dernier réalisa qu’il avait été trop loin. Le soir même, il s’était serré contre son petit-ami qui lui tournait le dos dans le lit. Les bras enlacés autour de sa taille, le nez dans son imposante chevelure, il sanglotait doucement en s’excusant.
− Tu me manques tellement, Maki-chan. Désolée, mais ça me coûte tellement de ne pas te voir. Pardonne-moi, j’étais frustré. Je t’aime.
Ils s’étaient disputés plusieurs fois, et se réconciliaient souvent sur l’oreiller. Quand l’heure n’était pas aux querelles, ils se promenaient ensemble dans la capitale britannique, appréciant les décors féeriques de noël, l’animation dans les rues, les marchés de friandises et de cadeaux. A chacune de ses visites, le péché mignon de Tôdô consistait à découvrir les salons de thé. Lui, un grand consommateur de matcha, thé traditionnel japonais et surtout excellent pour la santé, résistait difficilement à l’odeur de bergamote se dégageant du mythique earl grey. Il profitait de chacun de ses voyages pour en ramener de bonne qualité.
Tôdô aimait sa patrie, mais il reconnaissait que pouvoir se promener librement et en plein jour en tenant la main de son petit-ami était plaisant. Cela ne le dérangerait pas de venir vivre ici, du moment qu’il pouvait retourner assez fréquemment au Japon. Tant qu’à y être, il perfectionnait son anglais, car il lui serait très utile dans ses études et sa vie professionnelle. Il avait d’ailleurs une grande nouvelle à annoncer à Makishima. Mais ça, c’était une surprise qu’il avait l’intention de garder pour le matin de noël, lors de l’échange des cadeaux.
Arrivés au vingt-quatre décembre, le couple se lança à l’assaut des magasins. Ils n’avaient pas prévu un grand festin. Les deux n’étaient pas de gros mangeurs, et Tôdô insistait toujours sur l’importance d’un repas frugal le soir. Makishima avait réservé des plats au traiteur ainsi qu’une bûche. Tôdô s’était lancé dans le défi de réaliser quelques mets nippons, qui leur rappelleraient à tous les deux leur contrée d’origine, ainsi que des sablés à savourer au petit-déjeuner le matin du vingt-cinq décembre.
− C’est quoi tous ces ingrédients ? demanda Makishima en contemplant le panier de son partenaire. Tu comptes cuisiner combien de gâteaux ? Nous ne sommes que deux.
− Je n’ai pas l’habitude alors je préfère viser large. Mais ton discours sur les plus démunis m’a fait réfléchir. Je pense qu’on pourrait faire don du surplus à une association, qu’en penses-tu ?
Rien n’aurait pu faire plus plaisir à Makishima qui colla un baiser simple mais sonore sur les lèvres de Tôdo en plein centre commercial. Ce dernier rougit, peu habitué à de telle marque d’affection en public.
− J’ai hâte d’être à ce soir, lui souffla le vert à son oreille, ce qui chauffa encore plus le grimpeur d’Hakone.
Le couple avait prévu une chaude soirée de cajoleries. Chacun devra piocher tour à tour un fantasme parmi plusieurs notés sur des bouts de papiers. Un temps de débauche où chacun devait se lâcher. Une nuit d’amour avec pour seul spectateur le majestueux sapin qui ornait le salon de Makishima.
Tôdô se releva pour marcher un peu et se frictionner les bras. Ce sapin, ce maudit sapin était la cause de leur situation actuelle. A moins que ça ne soit celle de Makishima qui défendait ce stupide conifère si mal décoré qu’on se serait cru à halloween. Pendant leurs emplettes, Jinpachi s’était mis en tête d’améliorer la décoration de l’arbre. Il acheta de nouvelles boules et guirlandes colorées qui viendraient remplacer toutes ces immondices très mal fabriquées, en papier maché et en carton. A cela, il avait fait l’acquisition d’une boule blanche à personnaliser, avec de la peinture verte, mauve et dorée, qu’il s’empressa de cacher dans un de ses sacs, souhaitant faire une surprise à Makishima. Dans l’après-midi, ils avaient préparé ensemble les sablés en riant et se chamaillant gentiment. Ils avaient également fait l’amour sur le plan de travail encore fariné pendant la cuisson des biscuits. Tout allait vraiment pour le mieux.
Makishima partit se doucher. Tandis qu’il se démenait pour retirer la poudre blanche qui s’était collée dans sa chevelure, Tôdô en profita pour préparer sa boule personnalisée et changer la décoration du sapin. Il remplaça les fades ornements par des décors brillants et colorés, rendant un final beaucoup plus moderne et enjôleur. Tôdô voulait vraiment marquer le coup pour ce premier noël en couple, et c’est fièrement qu’il accrocha au devant du sapin sa boule, bien en vu pour qu’elle accroche immédiatement l’œil de son petit-ami. Lorsque Makishima revint dans le salon et découvrit le changement catégorique de l’arbre, il réagit immédiatement.
− Pourquoi as-tu changé le sapin ? Il était très bien comme il était.
− Je ne trouve pas, c’était complètement folklorique. Toutes ces couleurs mélangées et ces décors finis à la l’arrache. Ca ressemblait à tout sauf à un sapin de noël. N’est-il pas mieux comme ça ?
− Jinpachi, ça suffit ! Arrête de t’immiscer ainsi dans ma façon de vivre. Je n’ai pas envie d’un sapin qui scintille de mille feux, et je n’ai pas non plus envie de me prendre la tête avec mes repas et mes heures de sommeil. Tu es là, et tu crois que tu peux tout décider pour moi. C’est usant. Tu m’agaces, et tu vas immédiatement remettre le sapin comme il était.
Tôdô devint mutique, surpris, choqué. Il ne s’attendait pas à une telle réaction et un ton aussi brut venant de son petit-ami. Makishima n’était pas spécialement sociable mais Tôdô ne l’avait jamais réellement vu se mettre en colère. Même lors de leurs disputes, ses reproches sonnaient plus sur un ton las et blasé, mais jamais agressif. Il n’avait cherché qu’à lui faire plaisir, une surprise, alors pourquoi l’assommait-il de critiques ? Certes, c’était lui qui se faisait héberger, mais ils étaient un couple et il exigeait avoir son mot à dire sur l’arbre féerique, typique de la fête qu’ils allaient fêter ensemble. Tous ces ornements vétustes et de mauvais goûts, fabriqués par des mains d’amateur, qu’est-ce qu’ils avaient de si particulier ? Pourquoi les préférait-il à sa décoration à lui ?
− Je peux en remettre quelques uns si tu veux…
− Non, tous, le coupa Yûsuke, et enlève les tiens.
− Je l’ai fait pour te faire plaisir.
− Ca ne me fait pas plaisir. Tu aurais dû m’en parler au lieu de tout décider comme tu le fais tout le temps. Sais-tu ce que ces décors représentent pour moi ? Non, parce que tu ne t’es jamais posé la question, parce que tu ne t’intéresses qu’à ta petite personne.
− Ne dis pas ça alors que je souhaite à t’offrir un beau noël. Tu penses à ce que je ressens quand tu me dis ça ?
− Tu es le premier à ne faire que comme bon te semble. Je rappelle qu’on est chez moi ici.
− Je n’ai donc rien le droit de décider. Je dois juste suivre et me taire ?
− Tu dois surtout arrêter de te prendre pour le maître des lieux. Tu défais nos traditions et je ne le supporte pas. Tu te prends pour qui, sale égoïste ?
A ces mots, le brun sut qu’ils avaient atteint un pallier de non retour. Il avait envie de pleurer, mais il se retient. A lieu de cela, il prit un air contrit avant de déclarer.
− Très bien. Puisque je n’ai pas ma place ici, je rentre chez moi.
C’était sans appel, et Makishima ne s’y opposa même pas. Quelques minutes après, Tôdô fouillait sur internet à la recherche d’un vol pour le Japon, même avec escale, du moment qu’il pouvait partir dans la journée.
− J’ai un vol à neuf heure ce soir. Rassure-toi, dans moins de trois heures, j’aurais remis TON sapin comme avant et j’aurais décampé.
Il avait tout balancé dans un sac poubelle, y compris la boule qu’il avait lui-même personnalisée. Peinte en verte et mauve censés les représenter, il avait inscrit en lettres dorées “TouMaki first Chrismas together”. Il avait même dessiné un petit vélo sur l’autre face. Un chef d’œuvre tout simple mais qui devait rester un merveilleux souvenir pour eux. Avec rage et déception, Tôdô la jeta avec les autres. Il ne dit pas un mot à Makishima qui s’était installé à son bureau pour travailler et s’isoler. Jinpachi n’entra dans sa chambre seulement que pour rassembler l’intégralité de ses affaires. Sa colère était telle qu’il ne regarda même pas son ex-petit-ami. Il balança ses vêtements sans même les plier dans son unique valise, chose étonnante pour lui d’habitude si soucieux et maniaque. Dans l’entrée, après avoir enfilé son manteau, il cracha juste un « Je pars » avant de poser la main sur la poignée.
− Il neige dehors, lança Makishima avant qu’il ne s’engouffre dans le couloir.
− Et alors ?
− Une tempête s’est levée, ça fait bien une heure. On n’y voit plus rien.
− Je vais prendre un taxi, ne t’occupe pas de moi, je saurais me débrouiller. Dans une heure, j’aurais quitté ce pays.
− Je doute qu’un avion décolle ce soir, pas avec cette météo.
Il y eu un bref moment de calme dans l’appartement londonien. Que cherchait à faire Makishima ? Etait-ce une tentative pour le retenir ? Cela agaça encore plus Tôdô.
− Peu importe, je ne reste pas une minute de plus ici. C’est fini Makishima, Adieu.
Oublié le surnom affectueux. L’ancien dénommé Maki-chan ne répliqua même pas et laissa le brun passer la porte sans tenter de le retenir.
*~**~**~*
Tôdô pesta après le temps, après Makishima, et aussi après ces anglais incapables de braver la difficulté. Arrivé en bas de l’immeuble, il comprit mieux l’ampleur de la tempête. En ouvrant la porte, une grosse rafale d’air glaciale lui fouetta le visage, le gelant sur place. A l’extérieur, tout n’était que blancheur immaculée. Les réverbères éclairaient tout juste la rue désertée. La plupart des véhicules s’étaient déjà cachés sous une importante pellicule de neige. En quelque heure, la nature avait repris ses droits, et les habitants s’étaient tous isolés chez eux en recherche de chaleur. Toujours en colère et loin de se décourager, Tôdô tenta d’appeler un taxi. Le standardiste lui répondit que tous les véhicules étaient à l’arrêt, et qu’il en était probablement de même pour les transports en commun. Pas de bus, de tram, de métro, la capitale anglaise s’était totalement figée, prise au piège dans une neige épaisse, et en quelques heures seulement.
− Pays de merde, pesta Jinpachi en consultant encore son téléphone à la recherche d’une solution. Je vais arriver en retard à ce rythme.
Une sonnerie l’avertissant d’un message confirma les suppositions de Makishima. Son vol et tous ceux de ce soir avaient été annulés à cause de tempête. Pour l’heure, il n’y avait aucune indication sur les prochains décollages, pas avant que le temps ne redevienne clément. Tôdô avait bien envie de jeter son téléphone. Décidément, le sort s’acharnait. Dans une dernière tentative, il téléphona à un hôtel qu’il avait repéré non loin, mais il affichait complet. Plus de solution, sinon prendre son mal en patience. Il se rassit sur les premières marches de l’escalier d’une démarche lourde. Fatigué, frigorifié et affamé, à cet instant, il se dit qu’escalader les sommets sur son vélo était une épreuve moins difficile. Il ne savait dire ce qui lui faisait le plus mal. Sa gêne physique, ou bien sa peine au cœur. Sa colère retombée, il réalisait le poids de sa décision. Il quittait Makishima, c’était irrémédiable. L’un comme l’autre n’arrivait juste pas à vivre ensemble, et ils avaient des projets et des styles de vie bien trop différents. De plus, leur relation à distance s’avérait bien trop complexe pour durer. Malgré tout l’amour qui les unissait, l’un comme l’autre finiraient par succomber à la tentation d’une relation plus simple. C’était mieux ainsi, probablement. Sans doute serait-il mieux qu’il se trouve une petite amie qui lui ressemble. Bien qu’en priorité, il devait se concentrer sur ses études. Arrêter ses discussions avec l’araignée lui ferait gagner du temps.
− C’est mieux ainsi, se répétait Tôdô comme pour s’en convaincre lui-même.
Alors que la fatigue s’emparait de lui, Tôdô sentit des larmes couler sur ses joues, emportant sa colère pour laisser place à la tristesse. Il ne regrettait pas et il ne changerait pas d’avis. Il irait au bout de sa décision, mais il avait sincèrement aimé Makishima, son premier amour. Il ne serait pas si facile de tourner cette page, surtout pas après trois ans de relation. Comme il aurait souhaité que cette ultime dispute ait lieu un autre jour. Voilà un bien triste noël qu’il était en train de passer.
Pour tuer le temps, il sortit son téléphone pour traîner sur les réseaux sociaux. Plusieurs fois, il sourit en regardant les différentes photos de ses contacts. Arakita, visiblement un peu éméché, faisait un câlin à Kinjô dans ce qui ressemblait être la salle du club de cyclisme de Yonan. On y voyait également Kuroda qui avait rejoint cette université après le lycée, tout comme Teshima de Sohoku. Ce dernier ne semblait pas présent à cette fête de club. Tôdô l’aperçut sur les photos de Manami. Son kohai était effectivement en couple avec l’ancien capitaine de Sohoku, au grand étonnement de Tôdô qui comprit par la suite comment une telle relation avait pu naître. Fukutomi se trouvait comme d’habitude en compagnie de Shinkai. Ces deux-là étaient inséparables, mais ne subsistait entre eux qu’une amitié de longue date. Il y avait également Yûto que Tôdô avait rencontré quelque fois, ainsi qu’Ashikiba qui avait rejoint Meisô comme ses deux anciens équipiers. Il visionna encore quelques photos d’anciens camarades et de famille lointaine. Les souvenirs de ses proches censés le réconforter le déprimaient encore plus. Tout le monde semblait passer un bon moment, et lui se retrouvait là, seul et avec le cœur lourd. Il ne pouvait pas arrêter ses sentiments d’un claquement de doigt, mais il en voulait énormément à Makishima de lui avoir si mal parlé, et surtout de le traiter d’égoïste alors qu’il était chargé de bonnes intentions. Il était vexé aussi que son ex petit-ami ne lui raconte jamais rien. S’il avait su que ce sapin signifiait beaucoup pour lui, il n’y aurait pas touché, ou du moins il lui aurait demandé la permission de le changer. Comment aurait-il pu deviner ? Makishima ne lui parlait même pas de ses études, ni de ses projets. Il n’y avait que lui qui discutait et qui lui posait des questions. Heureusement qu’il était là pour sauver leur conversation. Ce n’était pas uniquement sa faute si ça n’avait pas marché.
Tôdô entendit une porte s’ouvrir dans le couloir, et la lumière s’allumer. En haut des marches apparut l’araignée qui semblait le regarder avec compassion. Makishima était déjà venu une première fois il y a une heure de cela, mais Tôdô l’avait empêché de parler, le repoussant avant même qu’il ne suggère quoi que ce soit. Cette fois, le brun était bien trop fatigué pour rétorquer.
− Je sais que nous nous détestons, commença Makishima. Mais c’est la veille de noël et ton vol a été annulé. Rentre donc, je t’en prie.
Devant son mutisme, le vert entreprit de descendre les marches pour venir chercher la valise de Tôdô.
− Je vais t’aider à remonter tes affaires. Viens dormir au chaud, ce n’est pas dans mes habitudes de laisser quelqu’un sur le pallier. Je pense que tu ferais pareil.
Sur ce point, il avait raison. Tôdô accepta donc la proposition. Il n’y avait rien de mieux à faire pour le moment, et puis il avait bien trop froid pour réfléchir davantage. Tout ce qu’il désirait était s’endormir, et réaliser que ce séjour cauchemardesque n’était en fait qu’un rêve.
− Je me doute que tu ne veux pas dormir avec moi. Je t’ai sorti des couvertures et un oreiller sur le canapé. Si tu as faim, sers-toi dans le frigo. Tu peux même manger ce qu’on avait acheté pour ce soir. Mets-toi à l’aise.
Makishima lui avait dit tout ça avec un ton neutre et froid, comme si Tôdô n’était qu’un invité quelconque qu’il hébergeait par politesse. Ainsi était devenu leur relation en quelques heures alors qu’ils faisaient encore l’amour cette après-midi. Malgré la chaleur de l’appartement, il avait froid. Son cœur s’était gelé et le glaçait jusqu’au bout de ses doigts
− Je t’ai préparé une tisane, tu as dû avoir froid en bas. Bois-là pendant qu’elle est chaude.
S’il avait été encore en colère, il aurait probablement jeté le liquide dans l’évier. Au lieu de ça, il accepta la boisson, au fond touché par cette attention. Il lâcha un merci ténu, le premier mot sorti depuis que Makishima était venu le chercher. Ce dernier s’enferma dans sa chambre et Tôdô se retrouva seul. Il s’assit sur le canapé où ils avaient passé de doux moments à se câliner tout en visionnant un film, uniquement la journée puisque Tôdô évitait les écrans le soir. Ce même canapé qui devait accueillir leur nuit de débauche, et qui maintenant lui servirait juste de couche pour un sommeil sans rêve. Ses doigts enroulés autour de la tasse, Tôdô pleura à nouveau. Avait-il espéré une approche de son ex petit-ami ? Etait-il encore en colère contre lui pour cette histoire de sapin ?
Il releva les yeux vers l’arbre qu’il avait remis en état avant de partir. Tôdô se rapprocha du conifère pour mieux l’étudier. La plupart des décorations étaient en papier, carton, ou bien des boules de polystyrène mal peintes. On aurait dit que ça avait été fabriqué par des enfants. Il devait y avoir une valeur sentimentale dans chacune d’elles. Tôdô n’en savait rien. Il déambula quelques instants dans le salon jusqu’à se rapprocher de la bibliothèque. Là figuraient nombre d’ouvrages, de romans en anglais, de livres de cuisine, de couture, mais également des albums photos. Sans réfléchir s’il avait le droit de violer l’intimité et le passé de cette famille, Tôdô en sortit un au hasard puis retourna s’asseoir. Les clichés dataient bien d’il y a dix ou douze ans. Il reconnut sans mal son Maki-chan, malgré l’absence de coloration verte dans ses cheveux. Comment ne pas identifier ce sourire maladroit et effrayant qu’il arborait sur la plupart des photos ? Il n’y avait que lorsqu’il était pris au dépourvu qu’il ressortait bien. Tôdô sourit lorsqu’il vit ce jeune garçon de dix ou onze ans, extatique devant son cadeau le soir de noël. Un vélo de route, bien évidemment, avec un cadre différend que son Tima actuel. En arrière plan sur les photos, Tôdô remarqua que le sapin familial ressemblait beaucoup à celui de cet appartement, avec ces mêmes décorations de mauvaises qualités. En tournant encore les pages de l’album, il vit les frères et sœurs Makishima fabriquer les artifices. Son rival semblait y prendre du plaisir. Il avait toujours été manuel et habile de ses mains. Sur certains clichés, on le voyait même manipuler la machine à coudre pour fabriquer des vêtements de poupées. Si jeune déjà, il cousait. La création était définitivement son domaine. Tôdô fut pris d’un élan d’admiration pour l’ancien grimpeur de Sohoku qui avait su concilier ses deux passions pour la mode et le cyclisme. Une autre photo montrait un stand où les passants achetaient les pittoresques ornements bien trop chers, mais dans un but bien précis. Il se souvint alors de l’engagement de Makishima et de sa famille pour les plus démunis. L’araignée lui avait même précisé que ses parents faisaient parti d’une association. Tôdô crut mieux comprendre l’importance de cet arbre à la décoration simple et fade. Il était comme une pensée pour ceux qui n’avait pas les moyens de s’offrir une fête digne de ce nom.
Le brun avait encore envie de pleurer. Il était de nouveau en colère, mais contre lui cette fois. Il s’en voulait tellement d’avoir si mal jugé l’hideux sapin. Il avait cru les propriétaires totalement désintéressés alors qu’il n’en était rien. Toutes ces fausses guirlandes devaient être des restes de leurs créations, où bien les avaient-ils achetées à prix fort pour faire don. Noël était avant tout un moment de partage et d’amour. Toute barrière sociale effondrée pour laisser place à la joie que procure cette simple date.
Ce sapin était un peu à l’image de Makishima. Peu engageant, mais remplie de bonnes intentions. Tôdô se sentit incroyablement stupide. Il s’était mis au même niveau que toutes ces personnes superficielles qui ne jugeaient que sur les apparences. Il ne niait pas qu’il avait été comme cela autrefois, toisant les gens sans vergogne, lui se sachant beau. Il avait mûri depuis, notamment après sa rencontre avec Makishima puis Onoda qui avaient su l’épater et le rendre admiratif. Ces deux grimpeurs n’avaient pas un physique très attirant au premier abord, mais Tôdô les trouvait magnifiques. Il était même tombé follement amoureux de l’un d’eux. Mais il avait conservé certaines mauvaises habitudes de ce temps où il méprisait presque les moches. Dorénavant, il ferait plus attention. Sauf avec Arakita pour qui il ne mettait jamais de filtre, et c’était bien mérité. Mais Makishima était trop important pour lui et il n’avait jamais eu l’intention de le blesser. A présent, Tôdô comprenait pourquoi l’araignée s’était énervée contre lui. Cela faisait des jours qu’il mettait de l’huile sur le feu. Ne pouvait-il pas se contenter de profiter du moment présent, de son petit-ami qu’il voyait rarement, sans ramener sa fraise ? Voilà le résultat dont il plaidait coupable : leur noël gâché.
Tôdô rangea l’album photos. Il en avait assez vu pour comprendre son erreur. Il devait arranger tout cela, peu importe comment. Il était amoureux de Makishima, il l’adorait toujours plus d’année en année. Son absence était toujours insupportable. Ses sentiments l’effrayaient par moment. Ca ne pouvait pas se terminer comme ça.
Sans vraiment avoir de plan, il se rendit discrètement dans la chambre où Makishima semblait dormir. Il était allongé dos à lui. Jinpachi souleva la couette et vint s’asseoir à ses côtés sans trop oser s’approcher. Il avait très envie de passer ses bras autour de son corps maigre, d’embrasser son épaule, jouer avec ses cheveux qui tombaient sur le matelas. Sa colère était définitivement retombée, et ses sentiments pour l’homme araignée avaient repris le dessus, plus fort que jamais.
− Tu n’arrives pas à dormir ? demanda Yûsuke qui continuait de lui tourner le dos. On peut échanger si tu veux…
− Non, le coupa Jinpachi. Je veux rester là… avec toi.
− Fais comme tu veux, consentit platement le vert avant de redevenir muet.
− Tu es toujours en colère ?
− Je t’ai parlé un peu sèchement mais je n’étais pas réellement en colère, plutôt agacé. Désolé que ça t’ait blessé.
− Non, ce n’est pas à toi de t’excuser, s’empressa de protester le brun qui se sentait encore plus coupable.
− Je sentais que je devais le faire. Dors maintenant, tu as un long voyage qui t’attend demain.
− Tu veux vraiment que je parte ?
− C’est toi qui veux partir.
− Je n’en suis plus si sûr.
− Tu penseras à ça demain.
Cette conversation vide agaçait Tôdô. Makishima semblait se ficher complètement de sa présence, de sa tentative d’approche.
− Pourquoi tu restes fermé au dialogue ? Pourquoi est-ce que tu ne me dis jamais rien ?
Makishima alluma le chevet et se redressa dans le lit pour s’asseoir à son tour et regarder Tôdô avec ses yeux bleus peu expressifs. Makishima arborait la plupart du temps un regard atone et un ton neutre, si bien que même Tôdô lui-même ne savait pas ce qu’il pensait. Son visage n’était pas particulièrement beau, et il trouvait cette couleur de cheveux toujours aussi immonde. Rien à voir avec son propre style, et pourtant il adorait ce jeune homme sans qu’il ne comprenne pourquoi. Du jour au lendemain, subitement, il s’était mis à ne penser qu’à lui. Quand il en avait parlé à Shinkai, le seul dans son entourage avec qui il pouvait discuter de ce genre de chose, ce dernier lui avait immédiatement rétorqué qu’il avait le béguin, tout en prenant sa pose pour appuyer sa conclusion. Tôdô avait longtemps rejeté cette idée, du moins jusqu’à ce que revoir Makishima sur une course lui fasse le même effet qu’une adolescente devant la scène de baiser tant attendu d’un manga shojo. Le vert n’était pas attirant. Il arborait un style et des habitudes de vie qui le sidéraient, mais pourtant il ne pouvait pas s’empêcher de l’aimer et de vouloir en apprendre bien plus sur lui.
− Qu’est-ce que tu veux savoir ? lui demanda Makishima.
Il avait envie de lui poser mille questions. Sur son enfance, sa famille, sur le cyclisme, sur sa danse si originale et pourtant rapide, sur son choix de couleur de cheveux, sur ses créations de mode, sur ses études, sur ses fréquentations. Il y avait tant de choses qu’il ignorait. Qu’avaient-ils donc fait pendant trois ans ? En même temps, ils se voyaient si rarement. Leur dialogue au téléphone ne se composait que de banalités inintéressantes. De temps en temps, ils évoquaient leur cadet Onoda et Manami, ou bien ils parlaient de courses cyclistes, comme deux amis ayant la même passion. Leur vie de couple ne se limitait qu’à quelques sorties, des câlineries et du sexe. Tôdô parlait beaucoup de sa vie, mais pas Makishima. Ce soir-là, le brun réalisait qu’il ne connaissait presque rien de son petit-ami. Il voulait des réponses, mais il ne posa qu’une seule question.
− Est-ce que tu m’aimes ?
Devant l’étonnement de Makishima, Tôdô poursuivit.
− Tu ne me l’as jamais dit. Tu sors avec moi mais tu ne me parles jamais de toi. Aujourd’hui, je ne suis même plus sûr de tes sentiments. J’ai besoin de savoir la vérité. Je suis juste une bite et un cul ?
− Idiot. Crois-tu que je te supporterais si je n’avais pas de sentiments pour toi ? Tu es totalement mon opposé, et pourtant je sors avec toi.
− Alors pourquoi tu ne me le dis jamais ? Ca te coûte tant que ça ?
− Ce n’est pas du tout mon genre.
− J’ai besoin de l’entendre. Et si tu as du mal avec les mots, fais-moi juste comprendre que tu es amoureux, que tu es content d’être avec moi, que tu es fier d’être mon petit-ami.
Makishima se gratta la joue, semblant un peu embrassé, ne sachant visiblement que répondre.
− Mais je le suis. C’est vrai que je ne suis pas spécialement expressif. Je ne suis pas doué pour montrer mes sentiments. Désolé.
Ce n’était pas des excuses que Tôdô voulait entendre.
− Pourtant, je t’ai déjà vu montrer tes sentiments à quelqu’un, et en public en plus. Et ce n’était pas moi.
− Ah bon ? De qui tu parles ? demanda Makishima.
− Devine. Trouve des indices. Il y en a dans cette chambre.
Makishima balaya son regard dans la pièce jusqu’à tomber sur le maillot de Sohoku suspendu sur le mur. Il se souvient alors de ce moment où sa joie avait brisé toutes ses barrières de pudeur. Où il avait sauté de son vélo pour enlacer Onoda, leur jeune champion. Où il avait versé des larmes sur le podium face à l’assemblée.
− Je vois à quoi tu fais référence. Ce n’est pas du tout dans mes habitudes. J’ai été pris dans l’extase du moment.
− Bien évidemment. Et ce genre d’extase, tu ne l’éprouves jamais lorsque tu me retrouves après des semaines ? A croire que ça ne te fait ni chaud ni froid.
− Je me vois mal te sauter dessus à l’aéroport.
− Ce n’est pas ça que je te demande. Je t’aime Maki-chan. Je n’ai pas envie de te perdre, mais je n’ai pas non plus envie de continuer comme ça. Quand je t’appelle ou même lorsque je suis là, j’ai le sentiment que je dérange. J’en viens à me demander si tu m’aimes vraiment.
− Je pense que le jour où tu arrêteras avec tes leçons de morale, j’aurais l’air moins agacé.
− Je ne le fais que pour ton bien.
− Je sais, merci à toi. Mais j’estime que je fais encore ce que je veux.
− On en revient toujours au même. Au final, toi et moi ne sommes pas fait pour nous entendre. On a des vies beaucoup trop différentes. Ca ne peut pas marcher.
Tôdô avait dit cette phrase dans un sanglot. Il était revenu pour sauver son couple, et tout s’empirait. Le mutisme de Makishima n’arrangeait rien.
− Demain, je partirai, annonça t’il avant de se rallonger et tourner le dos. Bonne nuit.
La magie ne noël n’avait rien changé, leur relation était inéluctablement vouée à l’échec.
*~**~**~*
Tôdô se réveilla tôt. Son corps était réglé comme une horloge et l’heure à laquelle il se couchait importait peu. Il se sentait vaseux comme s’il s’était enivré, signe évident d’un manque de sommeil auquel son corps n’était pas habitué. Il aurait l’occasion de récupérer son retard lors du long voyage qui le ramènerait chez lui.
Dehors, la tempête s’était calmée et la capitale londonienne s’éveillait dans une blancheur immaculée. La magie de noël avait opéré dans la nuit mais pas pour lui. Tôdô avait à nouveau envie de pleurer. Ca ne serait pas facile au début, mais il se concentrerait sur ses études et son travail. Il rencontrait suffisamment de monde pour débuter une nouvelle histoire avec quelqu’un qui lui correspondrait mieux. C’était la meilleure décision à prendre, à moins d’un miracle.
Il était seul dans la chambre. D’habitude, pendant ses jours de repos, Makishima aimait bien traîner au lit le matin, surtout qu’il se couchait plus tard. Tôdô s’amusait à le réveiller avec des baisers et des chatouilles car il mettait un point d’honneur à partager tous ses repas avec lui. Le vert siégeait dans le salon. Un détail majeur marqua Jinpachi lorsqu’il pénétra dans la pièce. Le sapin avait changé. Il arborait toujours ses vieilles décorations mais quelques unes des nouvelles qu’il avait achetées la veille, pas toutes, s’étaient ajoutées au tableau. Et parmi elles, posée juste au devant, bien visible, la fameuse boule qu’il avait personnalisée.
− Bonjour, dit Makishima.
− Euh, bonjour.
Un silence gênant s’installa. Tôdô avait vraiment l’impression que Makishima cherchait ses mots, l’air aussi embarrassé qu’au début de leur relation. Il semblait fatigué, ce qui n’échappa pas au brun qui avait pris l’habitude de scanner intégralement l’état de son petit-ami au premier coup d’œil.
− Tu as mal dormi ?
− Je n’ai pas fermé l’œil.
− Je sais que je suis lourd avec ça, mais tu connais l’importance du sommeil.
− J’ai arrangé le sapin, se justifia Makishima. C’est vrai qu’il était un peu morne.
− Tu n’étais pas obligé. J’ai compris pourquoi il ressemblait à ça. Désolé, mais hier soir j’ai regardé vos photos de famille.
− Pas de mal, tu as bien fait. J’ai été un peu dur. Après tout, tu ne pouvais pas deviner. Tu souhaites toujours qu’on dépose les sablés qu’on a cuisinés à un refuge ?
− Ca va dépendre des heures de vol.
− Jinpachi.
Makishima vint timidement prendre les deux mains de Tôdô, ce qui le stupéfia. Hormis pendant l’amour, il n’était pas du genre à prendre des initiatives. Le vert ressemblait à un adolescent mal à l’aise lors de son premier rendez-vous. Jinpachi avait l’impression d’être revenu trois ans en arrière. A cet instant, il trouvait Makishima si mignon qu’il avait très envie de l’embrasser.
− Attends un peu, j’ai quelque chose pour toi. Viens voir.
Sous l’arbre était déposé un petit paquet cadeau. Tôdô avait aussi préparé une surprise pour Makishima. Mais il comptait le ramener avec lui, n’ayant plus aucun intérêt à le lui donner maintenant.
− Ouvre-le, s’il te plait. Après, tu prendras ta décision.
Intrigué, Tôdô retira l’emballage et tomba sur un livre. Le titre eut vite fait de lui arracher une grimace.
− “Comment arrêter d’être insupportable”, lut Tôdô. Maki-chan, tu te fiches de moi ?
Il ne savait pas s’il devait être indigné ou amusé. Maki-chan avait-il cherché à lui faire une blague ? Tôdô lui avait quelque fois reproché son manque d’humour. Ou bien il était sérieux, et ça ne l’enchantait pas.
− Ouvre-le, certains passages sont intéressants.
Il obéit sans entrain, quelque peu déçu, se demandant toujours si son petit ami se moquait de lui. Sous la couverture, il n’y avait pas de pages, pas de mots, pas de conseils douteux. Le livre était en fait une boîte en trompe-l’œil. A l’intérieur de celle-ci se trouvait une bague posée sur un support. Il n’aurait su dire en quelle matière elle était. La couleur grisâtre faisait penser à de l’argent, de l’acier, ou encore de l’or blanc. Tôdô était trop surpris pour réagir. La bague était un anneau, pas une alliance mais ça y ressemblait. Elle était simple, sans artifice superflu, élégante. Il s’imaginait très bien la porter au quotidien. Elle attirerait la curiosité de ses amis, ses connaissances à la fac, de même qu’elle serait peut-être un frein aux regards aguicheurs de bons nombres de filles. Mais surtout, elle était la preuve que Makishima l’aimait et qu’il voulait s’unir à lui. Sur le couvercle intérieur de la boite, il reconnut l’écriture de son petit-ami : « Stupid headband, will you marry me ?». La gorge serrée, Tôdô ne savait pas quoi dire.
− Maki-chan…
− Ce cadeau est prêt depuis que je sais que tu passerais noël ici seul avec moi. Je ne l’ai pas fait cette nuit pour t’empêcher de partir.
− Qu’as-tu fait cette nuit ? Tu n’as pas fait qu’arranger le sapin ?
− J’ai pas mal réfléchi à ce que tu m’as dit. Jinpachi, depuis le début je savais que notre relation à distance serait difficile. Je m’attends que tu me dises à tout moment que tu veux arrêter. C’est pour ça que je n’ai pas réagi plus que ça hier. Je me suis dit que ça devait arriver.
− Tu n’as pas confiance en moi ? Tu n’essayerais pas de me retenir ? Un simple au revoir te suffit ? C’est tout ce que représente notre relation pour toi ?
− Très honnêtement, je n’ai pas envie qu’on se sépare, mais je m’y suis préparé. C’est moi qui suis parti à l’autre bout du monde. Je me dis que je n’ai pas le droit d’être égoïste et de t’enchaîner à moi. Tu es jeune, beau, sociable, tu peux te trouver n’importe qui.
− Mais c’est toi que j’aime, Maki-chan.
− L’amour ne fait pas tout. Deux continents nous séparent, nous vivons dans deux mondes différents. J’ai choisi la mode et toi l’hôtellerie. Tu as un mode de vie sain et moi décalé. La seule chose qui nous lie vraiment est le vélo. C’est pour ça que je ne serais pas surpris si on en venait à se séparer.
Tôdô baissa la tête. Ses yeux rencontrèrent la sublime bague qu’il s’était imaginé porter quelques minutes auparavant. Si Makishima avait abandonné l’idée d’une relation durable avec lui, pourquoi est-ce qu’il lui avait fait déballer ce cadeau ? C’était comme offrir une sucette à un enfant et la lui reprendre juste après. Ses yeux lui piquèrent et il sentit les larmes lui monter. Il était de nouveau déterminé à partir ce matin. Pourquoi fallait-il que ça soit si dur ?
Un doigt vint essuyer une larme naissante au coin de son œil. Makishima, l’air sérieux, pas indifférent mais plutôt déterminé, ajouta.
−.Mais ça, c’est ce que je pensais avant.
Sa main se décala derrière la nuque de Tôdô et il l’attira à lui pour l’embrasser tendrement sur les lèvres. Le brun se laissa faire mollement comme un poupon, ne comprenant pas ce qui était en train de se passer, ce que voulait Makishima au juste.
− Pour être franc, hier, quand on s’est disputé, je n’ai pas cru que tu partirais vraiment. Je pensais que tu faisais juste ta crise. J’étais assez énervé à ce moment là et je n’avais pas envie de te parler. Je commence à bien connaître ce pays. J’avais bien vu que la tempête te bloquerait ici, donc je ne m’inquiétais pas. La preuve, deux heures après tu es revenu. Je m’étais dit que tu te serais calmé après une bonne nuit. Puis dans la chambre, tu m’as dit tout ce que tu avais sur le cœur avant de déclarer que tu partirais pour de bon cette fois. J’étais incapable de m’endormir alors je me suis levé et j’ai pris une tasse de ce chocolat trop sucré que tu détestes. Je n’avais pas allumé les lumières et mon pied a tapé sur le sac de tes décorations. En les ramassant, je suis tombé sur cette boule, celle que tu as peinte toi-même.
Il marqua une pause. Tôdô ne dit rien, curieux de connaître la suite. Makishima sortit la bague de son support pour la prendre entre ses doits. Un détail marqua immédiatement le brun. Sur la face interne du bijou étaient gravés quelques mots en anglais, pas n’importe lesquels.
− Lorsque j’ai vu ta boule, j’ai réalisé combien nous étions en symbiose toi et moi.
La lumière se refléta sur les lettres. On pouvait distinctement lire “TouMaki first christmas together”.
− Sans nous consulter, nous avons utilisé la même formule, mot pour mot. J’ai trouvé ça tellement incroyable que j’étais convaincu qu’il s’agissait d’un signe du destin. Je ne suis pas du genre à croire à ce genre de mièvrerie comme le fil rouge ou tous ces mythes d’adolescentes. Mais j’ai réalisé que ce lien que nous avons tous les deux, je ne le retrouverai probablement avec personne d’autre. Subitement, je n’ai plus voulu te laisser partir.
Makishima prit la main de Jinpachi et glissa l’anneau à l’un des doigts avant d’y porter ses lèvres.
− Je tomberai malade si tu n’étais pas là pour me rappeler à l’ordre. Je mourrai d’ennui sans tes appels. Tu fais partie de ma vie, même si souvent je te trouve ennuyeux. J’ai réfléchi à la raison de nos disputes depuis que tu es ici et la réponse est pourtant évidente. Nous sommes deux personnes ayant reçu des éducations différentes, avons des habitudes opposées, mais beaucoup de couples sont comme ça. Je revois mon frère reprocher à ma belle-sœur de passer trop de temps dans la salle de bain, ma belle-sœur le houspiller parce qu’il laisse traîner ses tasses de café sales dans le bureau. Pour s’entendre, la solution est simple. Chacun de nous doit faire des efforts pour accepter les habitudes de l’autre et changer un peu les siennes. Je voudrais que tu diminues tes leçons de morale et que tu me consultes avant de prendre certaines décisions. De mon côté je promets de mieux communiquer avec toi, et de faire plus attention à ma santé. Est-ce que ça te convient ?
Abasourdi par ce long discours chargé de sens, Jinpachi demanda.
− Que feras-tu si je décide quand même de partir ?
− J’essaierai de te récupérer, répondit Makishima sans hésiter.
Les yeux bleus pénétrèrent dans les iris indigo. Jinpachi n’avait jamais eu affaire à ce regard perçant en dehors des courses. Makishima était plus que sérieux, et ce qu’il dit en suivant le troubla.
− Je t’aime Jinpachi. Je ne veux pas que tu t’en ailles.
Si le bonheur absolu ou encore la magie de noël existaient, Tôdô était certain de s’être écrasé dedans à pleine vitesse. Il pleura sur l’épaule de Makishima, plus heureux que jamais.
*~**~**~*
Quelques temps plus tard, le couple avait déjeuné avec les sablés qu’ils avaient cuisinés la veille. Puis ils avaient emballé les restes en vue d’en faire don à un refuge que connaissait Makishima et qui organisait un buffet de charité en ce jour de fête pour les plus démunis. Certains mets étaient des dons, des restes de personnes qui avaient visé large ou qui avaient juste prévu de faire partager la magie de noël au-delà de leur foyer. Le reste était acheté par les bénévoles grâce à l’argent récolté pour la vente de décorations de noël et autres babioles fabriquées. Il y avait même des jouets et des livres laissés par des enfants qui n’en avait plus l’utilité et qui feraient la joie de d’autres.
Et de la joie, Tôdô en avait à revendre. Il arborait fièrement son anneau, de l’or blanc lui avait précisé Makishima, et il s’était empressé d’en faire part à ses anciens équipiers. Leurs réactions étaient à la hauteur de chacun d’eux.
− Vous avez su surmonter cette crise et vous lier plus intimement encore. Vous êtes forts.
Y avait-il moyen pour Fukutomi de sortir autre chose que cette réplique ?
− Je suis très heureux pour toi, Jinpachi.
Concis et chaleureux, Shinkai était décidément quelqu’un d’agréable.
− Faire des efforts pour mieux s’entendre ? Vous avez raison Tôdô-san, je vais travailler encore plus dur. Abs Abs Abs.
A quel moment Izumida avait-il fait le lien entre son fabuleux cadeau et la musculation ?
− Quelle chance Tôdô-san ! Teshima-san m’a bien gâté aussi.
Tôdô fronça les sourcils, se disant qu’il devrait avoir une conversation avec ce fameux Teshima qu’il ne connaissait pas trop mais qui semblait bien pervertir son cadet. Makishima, qui avait côtoyé Teshima pendant deux ans et le savait sage et sérieux, se demandait si ce n’était pas plutôt Manami le plus dépravé.
− Je m’en bats les couilles, Tôdô, râla Arakita qui semblait souffrir d’une gueule de bois.
− T’es juste jaloux, répliqua Jinpachi sans relever l’insulte.
Jinpachi flottait sur un petit nuage. Rien ne semblait pouvoir entacher son bonheur à cet instant.
Le couple avait prévu de se rendre au refuge en fin de matinée. Mais avant, ils s’échangèrent leurs cadeaux. Yûsuke déballa une sorte de cahier sur lequel la photo de Tôdô occupait toute la couverture.
− C’est un agenda photo, précisa Tôdô. Comme ça tu seras bien organisé toute l’année et tu penseras tous les jours à moi en le regardant. Ca te changera de tes magazines pornos.
Makishima avait beau lui expliquer que la gravure n’était pas du porno, Jinpachi s’obstinait à ne pas comprendre.
− Regarde à l’intérieur, j’y ai mis mes plus beaux clichés. Et puis, il y a une autre surprise dedans.
Sur chaque page figurait une photo du beau brun dans toutes les positions, dans diverses tenues, des récentes et des plus anciennes, du temps il étudiait encore à Hakone. Makishima rougit. Il n’oserait jamais sortir cet objet de sa chambre. Les filles de son école s’y jetteraient dessus et il ne voulait pas partager son petit-ami.
− Jinpachi, je peux savoir c’est quoi ces notes ? Tel jour “appel de Jinpachi” à vingt-deux heures. “Facecam avec Jinpachi” un autre jour. Et pourquoi pas du sexe par webcam tant que tu y es ?
− Ca pourrait être une idée intéressante. Tu veux essayer ?
− Même pas en rêve, rougit encore plus Makishima. De quel droit tu me programmes des trucs en avance ?
− J’ai fait en fonction de mon propre planning ?
− Et si j’ai quelque chose de prévu ?
Auparavant, peut-être que Jinpachi aurait presque imposé à Makishima de se rendre disponible. Mais il se souvenait de leur conversation plus tôt dans la matinée.
− On avisera, répondit Jinpachi.
Cette réponse sembla satisfaire Makishima. En continuant de tourner les pages, il arriva en été et remarqua que les notes “Appel de Jinpachi” s’étaient transformées en “Visite de Jinpachi”. Cette annotation se poursuivait de juin à août.
− Jinpachi, c’est quoi ça ?
− Surprise, Maki-chan. Je serais bien là tout l’été prochain. Tu ne t’y attendais pas, n’est-ce pas ?
− Mais, et ton école ? Tu ne seras pas en vacances ?
− J’ai un stage de deux mois à faire l’année prochaine, en hôtellerie bien sûr. On a le droit de choisir n’importe quel établissement dans le monde entier, et de toutes les classes possibles. J’ai donc décidé de venir ici pour plusieurs raisons. Déjà pour avoir l’occasion de te voir, même si je doute que nous aurons tous les deux un emploi du temps chargé, mais également parce que cette ville regorge de somptueux hôtels. Tu sais que je vise haut, et que je suis doué pour échanger. J’ai réussi à obtenir une place au trois étoiles Central Park Hotel, annonça fièrement Jinpachi.
Makishima comprenait mieux pourquoi Tôdô lui demandait toujours de lui parler en anglais plutôt qu’en japonais. Il se perfectionnait pour accroître ses chances d’être admis en tant que stagiaire dans un assez prestigieux hôtel londonien. Il était vraiment content pour son petit-ami qui se démenait pour réaliser son rêve. Jinpachi avait longtemps hésité pour son orientation. Mais au final, il s’avérait que ce qui lui plaisir le plus, c’était travailler au ryokan de sa famille. Le contact avec les touristes et la satisfaction d’un bon séjour faisait son bonheur. Il adorait le lieu où il avait grandi, mais il avait envie de s’étendre au-delà du Tôdô-An.
− Maki-chan, après mes études, j’ai envie de venir vivre ici pour être auprès de toi, avoua Tôdô.
− Mais tu aimes le Japon. Tu ne risques pas d’avoir le mal de pays ?
− J’ai compris que tu ne reviendrais pas vivre au Japon, alors j’ai pris ma décision. Je vais amener le Japon ici. Maki-chan, si ton rêve est de créer une marque de vêtements, le mien est de diriger un établissement traditionnel. Proposer des séjours pour leur faire découvrir notre culture et nos traditions.
Honnêtement, ça pouvait marcher. De plus en plus de gens étaient attirés par les coutumes d’ailleurs, en recherche d’exotisme sans avoir à trop dépenser.
− Mais ce projet demande de l’argent. Il va falloir que je travaille dur. Alors si je pouvais me trouver une bonne place d’entrée de jeu, dans un bel établissement, et gagner en expérience, ce serait bien. J’ai passé des semaines à téléphoner, envoyer des lettres de motivations pour obtenir ce stage qui se déroulera en juin et juillet. Ne t’en fais, je serai hébergé sur place, pas besoin de me loger. En revanche, en août, je serai en vacances. Avec ton accord, j’avais bien envie de rester là.
Makishima savait qu’il devrait en parler à son frère, mais il ne doutait pas de son approbation. Il ne le disait pas à voix haute, car il n’était pas encore capable d’étaler ses sentiments comme on tartine du beurre sur du pain, mais il était plus qu’heureux de cette nouvelle. Il hocha la tête pour répondre à Jinpachi qu’il était bien évidemment d’accord, puis il lui tendit un tout petit paquet. A l’intérieur se trouvait un bon d’achat d’une boutique de vêtements qu’aimait fréquenter Tôdô et qu’il avait acheté par internet.
− Je suis désolé, je n’avais pas d’idée.
− Mais tu m’as déjà offert mon cadeau, fit remarquer Tôdô en lui montrant l’anneau qu’il était si fier de porter.
− Je n’étais pas sûr de te l’offrir, alors j’avais prévu autre chose.
− Ca aurait été dommage de la laisser enfermée. Elle est tellement mieux sur moi. Mais quelque chose me tracasse. Tu m’as dis que, jusqu’à hier encore, tu t’attendais à rompre à tout moment. Alors pourquoi l’avoir acheté si tu n’avais pas réellement l’intention de te lier à moi ?
− Parce que même si je ne le dis pas, même si je ne le montre pas, même si je te charrie souvent, je suis vraiment amoureux de toi.
Le cœur de Tôdô s’accéléra. Makishima venait de sortir ça d’une façon si naturelle qu’il ne était difficile de douter de sa sincérité. Il était gêné, réalisant combien c’était embarrassant d’entendre dire qu’on vous aime. Il devrait s’y habituer. Le vert semblait déterminé à faire des efforts pour lui faire plaisir. De son côté, peut-être qu’il devrait d’abstenir de le répéter aussi souvent.
− Et puis, poursuivit Makishima plus bas comme s’il avait honte d’avouer quelque chose, lorsque tu m’as dit que tu pourrais venir et qu’on allait passer noël ensemble juste tous les deux… J’étais tellement euphorique que je l’ai acheté sans trop réfléchir.
Il détourna la tête, bien trop gêné pour regarder Tôdô qui souriait tendrement. Il se pencha pour s’appuyer contre son petit-ami et déposer sa tête sur son épaule. Il n’y avait plus qu’eux, terrés dans cet appartement chaleureux, entourés d’un décor blanc le matin de noël, et le sapin qui les regardait, témoin muet de leur amour.
Le soir même, tandis que Tôdô sortait de la cuisine avec sa tisane sucrée au miel d’apiculteur, il manqua de renverser sa tasse. Au pied de l’arbre était allongé Makishima dans une posture aguicheuse, simplement vêtu d’une lingerie tout à fait au goût du brun. Ses hormones se réveillèrent à cette simple vue, et ça ne s’arrangea pas lorsque Makishima dit d’une voix suave.
− Alors, on les pioche ces fantasmes ?
La libido de Jinpachi monta en flèche, et le reste suivit tout aussi instantanément. Quand il s’agissait de grimper, Makishima était définitivement un bon stimulant.
FIN
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Preventing DUI Charges
The best way to avoid DUI charges is to drink responsibly. For example, if you drive to a local bar, you need to plan how you’ll get home. If you are drinking with a group of friends, have a designated driver you can trust to stay sober. If you’re by yourself, call a taxi or a friend to come pick you up. The best way to prevent a DUI conviction is to not get in front of the wheel when intoxicated.
Blood alcohol level charts can be helpful to determine how much alcohol you can drink while staying below the legal limit. However, keep in mind that people are affected by alcohol differently depending on their absorption and metabolism rates.
Attorney Jerry Lykins of Lykins Law has handled over 1,500 DUI cases. Our defense attorney takes the time to meet with you, explain your rights, and help you better understand what you’re facing. To request a consultation with our drunk driving attorney grand rapids mi for driver’s license reinstatement, call or text (616) 540-0443.
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Comment aller à Giverny depuis Paris@|how far is monet\’s garden from paris@|@|21
De Paris à Giverny
En bus, en train ou en voiture
Giverny est un village situé 75 km à l’Ouest de Paris et 4 km à l’Est de la ville de Vernon.
Giverny et Vernon sont approximativement à mi-chemin entre Paris et Rouen.
Paris Gare Saint-Lazare
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De Paris à Vernon
Par la route
Paris est à 75 km.
Quitter Paris par le pont de Saint-Cloud et prendre l’autoroute A13 (direction Rouen) pendant 55 km jusqu’à la sortie 14 (Bonnières) ou 16 (Douains).
L’A13 est gratuite jusqu’à Mantes-la-Jolie, payante au-delà. (environ 3 euros).
A la sortie de l’A13, suivre les panneaux Vernon ou Giverny.
On peut aussi quitter l’autoroute avant le péage (panneaux Vernon verts) et prendre la N15 par Rosny, Rolleboise et Bonnières.
La route longe la Seine par endroits.
Dans des conditions normales de circulation, le trajet dure moins d’une heure.
Claude Monet et Theodore Butler attendant Sylvain, le chauffeur.
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La Gare Saint-Lazare, tableau de Claude Monet,1877, Musée d’Orsay, Paris, France
Par le train
La gare de Vernon est située sur la ligne Paris / Rouen / Le Havre. Le terminus parisien de la ligne est la gare Saint-Lazare. Les trains les plus rapides effectuent le trajet Paris-Vernon en moins de 45 minutes. Dans le métro, prenez la sortie ‘SNCF – Grandes Lignes’.
Vous pouvez acheter ici un billet pour Vernon-Giverny
Vous pouvez acheter ici un billet pour Vernon-Giverny
En gare de Paris Saint-Lazare les trains en direction de Rouen se trouvent dans la partie droite du hall (grandes lignes).
Par le train puis une voiture de location
A Vernon, les sociétés de location de voitures sont situées assez loin de la gare Vernon-Giverny.
Si vous souhaitez venir à Giverny en train depuis Paris et louer une voiture à votre arrivée, nous vous conseillons de descendre du train à la station précédante, la gare de Mantes La Jolie où vous pourrez louer une voiture dans l’une des sociétés de location dont les agences se trouvent juste en face de la gare.
Location de voiture
Il est indispensable de disposer d’un véhicule si vous envisagez d’explorer les environs de Giverny et Vernon.
Par exemple Les Andelys et son Chateau Gaillard sont difficiles d’accès en transport en commun.
C’est également indispensable pour accéder à certaines des plus agréables chambres d’hôtes de la région de Giverny situées dans la campagne environnante.
Rentalcars vous permet de comparer les offres des principales sociétés de location de voiture de la région de Giverny.
En bateau
L’aménagement des bords de Seine permet aux transporteurs maritimes, assurant la liaison Paris Le Havre, de faire escale à proximité du centre ville de Vernon.
Vernon dispose d’une base nautique et offre des possibilités de tourisme fluvial.
Les croisières fluviales sur la Seine sont également de plus en plus populaires.
De Vernon à Giverny
En voiture
Franchir le pont sur la Seine (direction Beauvais), tourner à droite et suivre la D5 sur 5 km.
Le stationnement est gratuit à Giverny.
Il existe un grand parking sur la D5 en face des jardins de Monet et un petit parking fleuri en face de l’entrée de la fondation Monet, au coeur du village.
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On peut aussi se garer dans le parking-verger du Musée des Impressionnismes.
Si vous arrivez par le train
Vous pouvez prendre un taxi, la navette ou marcher.
A pied, compter une bonne heure de la gare de Vernon à la Fondation Monet (environ 7 km) .
Taxis
Plusieurs taxis attendent généralement à la station de taxis de la gare aux heures d’arrivée des trains.
Trajet Vernon – Giverny : environ 20 euros.
Bus Navettes VERNON <-> GIVERNY
En saison, des cars assurent une navette entre la gare SNCF Vernon-Giverny et la gare routière de Giverny situé sur le Parking principal dit de la prairie.
Billet aller-retour : 10 euros à acheter auprès du conducteur et à valider.
Pour aller de Vernon à Giverny à pied
Descendre la rue d’Albufera et traverser le pont sur la Seine. Passer le rond-point tout droit, sans suivre les indications Giverny pour les voitures Prendre le chemin à droite juste avant la pharmacie. Le chemin (4.5km) empreinte le tracé d’une ancienne voie ferrée, il est donc tout à fait plat.
Horaires 2020 des Navettes en bus de la gare SNCF de Vernon-Giverny jusqu’àu parking de Giverny
Horaires 2020 des Navettes en bus du parking de Giverny jusqu’à la gare SNCF de Vernon-Giverny
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source https://livingcorner.com.au/comment-aller-a-giverny-depuis-parishow-far-is-monets-garden-from-paris21/
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Étant déjà bien en retard, je ne reste pas trop longtemps là où manifestement elle n’est pas : est-elle partie vexée ? Je traverse un couloir de palissade pour atteindre la plage à quelques mètres où j’ai dormi. J’observe les gens et y aperçois une chevelure qui pourrait être la sienne, l’approchant, je la découvre en compagnie d’un bel artisan à dreads : « dis, tu saurais dire en espagnol cette phrase de Nietzsche : « deviens qui tu es » ? ». Ah cette belle vie ! Il essaye de me vendre un petit quelque chose, je rigole et lui montre mon propre ouvrage accroché à mon sac, il soupire, vaincu, et la discussion est charmante comme le lieu où nous nous trouvons. La faim nous fait lever du sable et on le suit dans un restaurant où il a déjà ses habitudes apparement. Discussions autour d’un bon ceviche (vegetariano para mi, por favor !) et notre équipée ne se sépare qu’après un bon moment de partage jusque dans la rue, d’ailleurs, le compagnon artisan, brésilien, m’envoie à un vendeur ambulant de glace pour lui proposer qu’il m’en offre en échange d’un bracelet, ça ne marche pas et par-dessus le marché, il m’appelle « madre »... je pourrais être ta sœur, certainement pas ta mère, enfin ! Ok on se reproduit dés un jeune âge sur ce continent mais tout de même !
L’épisode se finit dans la joie et la bonne humeur. Il est temps pour moi d’aller travailler, afin de mériter mon logement, je reste suffisamment française pour être stressée par la chose : il me faut être à l’heure ! Déjà que je suis partie quand le dueño me réclamait de passer le filtre dans la piscine et sortir tout le sable !... Tâches que j’accomplis, un peu rapidement et il me reste quelques heures officiellement encore à travailler... ce sera ainsi le lendemain aussi, assise sur la chaise sur laquelle j'ai rencontré mon chef, el dueño del hospedaje.
Je fume là, belle fenêtre sur le théâtre de la vie où passent les taxis et les mouvements de tout un chacun, tout tranquillement. Je rencontre un grand et bel argentin vivant lui aussi au camping de l’hôtel, lui aussi artisan ! Décidément que de rencontres qui me donnent des envies passionnées !
Des nouvelles du compañero à chien : j’étais censée le rejoindre à Lima ... mais il est à la traîne et m’invite à rester où je suis pour profiter un peu plus de ce bon temps que je passe. Cela se pourrait tout à fait, après tout, n’ai-je pas absolument tout le nécessaire : (presque) un toit, une cuisine (d’ailleurs le volontariat préfère me payer 2 soles que de me laisser petit-déjeuner à leurs frais) avec des lapins, des chats et des chiens, des collègues, des amis et des personnes pour qui ressentir de l’attirance. Et je n’ai plus d’argent ! Ce que j’avais retiré en Ecuador m’a été volé... en bref, il serait tentant de rester à poste avec la mer à deux pas. Le cœur d’une personne amoureuse bat trop fort et couvre le moindre écho de raison, déjà que je ne l’écoute que peu habituellement ... lui parler, lui conter comment en trois jours, j’ai traversé trois pays ... envoyer des photos, toute excitée par chaque pas me rapprochant de mon compagnon d’antan, la route m'attire et discuter de la route avec les Chances, ces tisseuses d'opportunité : pour sortir j’ai le choix entre Chili ou Bolivie, les deux étant sous le coup de mouvements compliqués à cause de situations politiques dévoilant toute la dictature des chefs d’états, prêts à tout (c’est à dire envoyer ses forces armées, coucou la France et son histoire de « bavure » policière au 20H télévisé qui n’empêche personne de continuer à s’imaginer vivre libre dans une société « démocratique » par opposition au reste du monde paraissant si dangereux...) pour se confiner dans le pouvoir luxueux, bien loin de la moindre préoccupation pour la base pourtant de la société et ses mêmes membres du plus au moins populaire, pour ceux et celles qui vivent la réalité. Et nous sommes nombreux. Et si je ne suis pas une citoyenne de ces états, y vivant tout autant que n’importe qui, mon esprit est préoccupé de ces questions fondamentales. Les joies de la démocratie, 2000 ans plus tard, qui montrent toute sa limite ? Peu importe où je me trouve, la compassion est humanité.
Mancora, un matin tardif après une douche qui me fait oublier des affaires et d’un camion, après peu d’attente, la route s’offre. Je mène bien ma vie heureuse, la chance m’avance loin. Jusqu’à Lima !
J’ai même le droit au lever de soleil, en arrivant, depuis ces côtes escarpées entre océan et dunes rocailleuses laminées par la mer mais donnant vite à voir des montagnes au loin.
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