" Lovers From The Past " - NOUVELLE VERSION.
đ đČđ đČđ» đđ°đČÌđ»đČ : Luis Serra
đ„đČÌđđđșđČÌ : AprĂšs des annĂ©es passĂ©es loin de mon village natal, j'y revins pour prendre des nouvelles de mes proches. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, au lieu de retrouver un lieu paisible et accueillant, je fis face Ă une armĂ©e de monstres prĂȘte Ă me dĂ©vorer toute crue.
đđđČđżđđ¶đđđČđșđČđ»đ : violence (virus, torture, arme Ă feu, extraction d'un corps Ă©tranger), angst mais avec happy ending, je pense n'avoir rien oubliĂ© ? dans le cas contraire vous pouvez me le signaler !!
ENG : PLEASE DO NOT STEAL MY WORKS.
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FR : MERCI DE NE PAS VOLER MES OS.
Si vous avez envie de les traduire, merci de me demander la permission avant. Si vous voulez me retrouver sur Wattpad ou AO3, j'ai des liens dans ma bio, ce sont mes SEULS comptes
đœđđđđđ đđ đđđđ : đđ,đđđ.
Commentaires, likes et reblogues super appréciés. Tout type de soutien l'est, merci beaucoup !! <33
« Ohâžș Oh, mon Dieu... »
Ils tambourinaient sur la porte. J'entendais le bois craqueler et gĂ©mir, il n'allait pas tarder Ă cĂ©der. Toute la maison en elle-mĂȘme ne tenait plus debout. C'Ă©tait Ă se demander comment elle Ă©tait restĂ©e en un seul morceau depuis tout ce temps. Je ne voyais plus aucune issue. La maison Ă©tait minuscule, outre deux/trois meubles, une table et des chaises, elle Ă©tait vide. Ă l'extĂ©rieur, j'Ă©tais Ă apte Ă les ouĂŻr. Il me suffit de tendre l'oreille et d'entendre leurs bruits de pas faire le tour de la propriĂ©tĂ©. J'Ă©tais encerclĂ©e. Du moins, je n'allais pas tarder Ă l'ĂȘtre, si je ne me dĂ©pĂȘchais pas.
Saisissant mon flanc heurtĂ© et raffermissant ma prise sur ma hache, je fis le tour de la demeure âžșc'est-Ă -dire que je fis le tour sur moi-mĂȘmeâžș. Ce fut Ă ce moment lĂ que je la vis. BrisĂ©e, des bout de bois laissĂ©s Ă choir Ă ses pieds, la fenĂȘtre Ă©tait ouverte Ă l'instar des portes d'un paradis proche. Des rayons solaires s'y infiltraient, ils me montraient la voie.
Je m'en approchai et vérifiai les alentours.
Ă ma grande surprise, je ne vis personne, des grognements persistaient Ă m'angoisser mais, pour l'instant, ils n'Ă©taient pas lĂ . Ils restaient plutĂŽt au centre du village, occupĂ©s Ă faire cuire des ĂȘtres humains sur le bĂ»cher et Ă nourrir la volaille. Ils m'avaient sĂ»rement oubliĂ©e. Peut-ĂȘtre ? Du plus profond de mon cĆur, je l'espĂ©rais.
M'appuyant sur le rebord de la fenĂȘtre, je sortis de la maison, je sautai et atterris au sol, forçant mon dos Ă se coller contre la bĂątisse et ma tĂȘte Ă vĂ©rifier les alentours.
C'était madame Gonzales qui nourrissait les poulets, elle tenait un vieux seau abßmé dans ses mains. Son mari n'était pas trÚs loin, il tournait en rond auprÚs du bûcher. Ma poitrine se fit lourde à cette constatation, ça me tuait de les voir ainsi. Qu'est-ce qui avait bien pu leur arriver ?
Je n'Ă©tais pas en position de m'attarder sur la question, mon flanc me faisait bien trop mal. C'Ă©tait de mĂȘme pour ma vue. Elle se faisait floue depuis bien trop longtemps pour que je continue de l'ignorer. La cause de cela m'Ă©tait inconnue. Ăa ne faisait que quelques jours que j'Ă©tais ici, qu'une poignĂ©e d'heures que j'Ă©tais plongĂ©e dans ce cauchemar. Tout m'Ă©chappait. Je ne pouvais faire confiance Ă personne exceptĂ© le sentiment de terreur qui broyait mes tripes.
Je priais pour que la ferme soit indemne, ainsi que ses habitants. AprĂšs tout, elle Ă©tait ma destination finale. Ma maison.
Durcissant ma prise sur le manche de ma hache, je me faufilai discrÚtement sur le chemin menant à la ferme. Il n'était pas trÚs loin, juste devant. Mon arme était dans un bien sale état. Le tranchant de la hache était à deux doigts de se détacher. Il tremblait pendant que je marchais. Cela me provoquait un profond sentiment d'angoisse. Et si elle se brisait ? Si je me retrouvais face à eux sans de quoi me protéger ?
Monsieur Benavente avait un fusil Ă pompe dans sa maison, j'aurais pu m'en saisir. Sa maison Ă©tait juste Ă cĂŽtĂ© de celle oĂč je m'Ă©tais enfermĂ©e, le problĂšme Ă©tait que la porte d'entrĂ©e se trouvait devant le centre du village, m'y rendre m'aurait condamnĂ©e.
Le petit chemin menant Ă la ferme Ă©tait parsemĂ© de maisons sur ses cĂŽtĂ©s. Elles aussi ne tenaient plus debout, pour dire; elles n'avaient mĂȘme plus de porte, ni de fenĂȘtres. Elles Ă©taient totalement vidĂ©es. C'Ă©tait comme si du jour au lendemain tout avait disparu. Un cataclysme avait Ă©mergĂ©, il avait tout emportĂ© avec lui, laissant sur ses pas mon village et les villageois dans cet Ă©tat dĂ©plorable. J'avançais avec incertitude. Je pressai le tronc de ma hache entre mes seins, reposai mon menton au dessus de la partie mĂ©tallique rouillĂ©e. Cette parcelle du village Ă©tait plus calme, je n'entendais plus personne grogner, ni ces bruits de pas menaçants grouiller tout autour de moi. Ăa me rassurait. Si cet endroit Ă©tait laissĂ© en paix, ça signifiait que la ferme pouvait ĂȘtre effectivement saine et sauve. Ma famille s'y cachait certainement. Elle attendait les secours, c'Ă©tait Ă©vident.
Une fois devant les deux grandes portes, j'abandonnai ma hache sur un vieux chariot brisĂ© et pressai mes paumes sur celles-ci. Elles n'avaient jamais Ă©tĂ© faciles Ă ouvrir âžșde maniĂšre Ă empĂȘcher le bĂ©tail de s'Ă©chapperâžș, habituellement, mon pĂšre les laissait grandes ouvertes. Les cochons et vaches Ă©taient gĂ©rĂ©s par notre chien, nous n'avions jamais rien perdu Ă agir ainsi. Cette fois-ci, en revanche, elles Ă©taient closes.
Je poussai les portes de toutes mes forces. Mes pieds s'enfoncÚrent sur le chemin de terre, mon corps glissa en arriÚre toutefois cela ne me dissuada pas. Je persistai jusqu'à entendre le bois se déchirer, crépiter et les portes finalement s'ouvrir. Je trébuchai en avant.
« Oh ! OHâžș »
Miraculeusement, mes mains parvinrent Ă m'aider, je les avais balancĂ© dans tous les sens de maniĂšre Ă retrouver ma balance, ce qui fonctionna. Ma hache rattrapĂ©e et les portes refermĂ©es, je m'assurai qu'elles soient presque impossible Ă ouvrir. Je ne voulais pas risquer d'ĂȘtre prise par derriĂšre par les autres villageois. Cela me permit d'aller de l'avant. Je rejoignis l'entrĂ©e de la ferme, observant la grange, la petite bĂątisse Ă cĂŽtĂ©, l'endroit oĂč les animaux Ă©taient gardĂ©s et ma maison.
Ma mĂąchoire se dĂ©crocha. Mon cĆur se serra.
L'endroit Ă©tait Ă peine reconnaissable. J'Ă©tais forcĂ©e de me pincer le nez tant l'odeur de pourriture me gĂȘnait, c'Ă©tait un mĂ©lange entre viande avariĂ©e et terre trempĂ©e. L'atmosphĂšre aussi, Ă©tait extrĂȘmement pesante. Une soudaine envie de vomir me secouait. Ăa n'Ă©tait pas ma maison. Ăa n'Ă©tait pas ma ferme. Certainement pas l'endroit oĂč j'avais Ă©tĂ© Ă©levĂ©e... J'en Ă©tais persuadĂ©e.
Je reconnaissais les moindres recoins, la maison oĂč j'avais dormi, couru, mangĂ©, pleurĂ©, criĂ© et grandi. La grange oĂč j'avais jouĂ© et parlĂ© durant des heures avec les vaches, leur contant mes nombreuses pĂ©ripĂ©ties dans le village aprĂšs avoir embĂȘtĂ© mes voisins ou leur avoir apportĂ© du lait bien frais. De mĂȘme pour la cour. C'Ă©tait bien elle. Aussi grande et saccagĂ©e qu'avant. Tout Ă©tait identique. Pour autant, je ne la reconnaissais pas. C'Ă©tait perturbant. Je ne me sentais pas seulement dĂ©paysĂ©e. La situation Ă©tait trop monstrueuse pour que ça ne soit que ça. Une atmosphĂšre bestiale pesait dans l'air. Elle Ă©tait... Inhumaine. Cela ne m'empĂȘchait tout de mĂȘme pas d'espĂ©rer. Je continuais de croire que ma famille allait bien, je ne pouvais pas faire autrement.
Peut-ĂȘtre que les animaux avaient Ă©tĂ© touchĂ©s, mais, alors, si ma famille s'en Ă©tait sortie Ă temps ? Peut-ĂȘtre qu'elle attendait bien sagement dans la maison. Ils devaient ĂȘtre morts de peur...
Cette pensée me réconfortait, elle me donnait le courage de faire un pas, puis un second, et ainsi de suite jusqu'à arriver devant la porte d'entrée. Tout était calme. Outre les animaux qui braillaient non loin de là , je n'entendais rien, c'était à croire que la ferme avait été abandonnée.
La porte d'entrĂ©e cĂ©da sous moi, elle s'ouvrit. Le bois craquait, le sol gĂ©missait sous mes pas, j'observais l'intĂ©rieur de ma maison d'enfance. C'Ă©tait Ă l'instar de marcher sur des oeufs, tout faisait du bruit, tout donnait l'impression d'ĂȘtre sur le point de cĂ©der et de m'emporter dans le lot. Une silhouette se tenait proche d'ici, assise Ă table. Je la reconnus.
C'Ă©tait ma mĂšre.
« Maman ? »
Dans un saut de surprise, je laissai tomber ma arma tranchante au pas de la porte, elle s'effondra à mes pieds dans un bruit sourd, puis je me précipitai jusqu'à elle. Immédiatement, je posai ma main sur son épaule.
« Maman, tout va bien ? Qu'est-ce qui se passe ? Les gens ici sont devenus- »
Sa tĂȘte bascula en arriĂšre.
Elle Ă©tait morte.
Sa langue pendait entre ses lÚvres, elle était toute gonflée et blanche. Sans parler de ses yeux globuleux grand ouverts et recouverts d'une étrange substance. Cette vue suffit à me faire pousser un hurlement aiguë. Mon corps entier sursauta.
Elle Ă©tait morte.
« Ah ! Ah ! Ah ! Oh, mon Dieu ! Aah ! »
Je me reculai.
« Maman, non, maman ! Pitié ! » balbutiai-je.
Ăa me dĂ©passait. Qu'est-ce qu'elle faisait ici ? Pourquoi ? Depuis quand Ă©tait-elle morte ? On avait tuĂ© ma mĂšre ! J'Ă©tais incapable de retenir mes larmes. Je sanglotais violemment, surprise par de nombreux hoquets. Mes mains tremblaient. Ăa m'Ă©tait impossible de me concentrer sur quoi que ce soit.
Tout me faisait mal.
Je respirais avec angoisse. Mes poumons brĂ»laient, Ă chaque inspiration que je prenais, je me sentais fondre de l'intĂ©rieur. OĂč Ă©tais-je ? Au sol. Je venais de tomber. Ătaient-ce mes jambes qui avaient lĂąchĂ© ou mon esprit ? DĂ©sorientĂ©e, mes pensĂ©es m'Ă©chappaient.
Je me saisis de mon visage en coupe. Mes mains tremblaient, elles ne s'arrĂȘtaient pas. Mon coeur me faisait sentir que je tombais d'un immeuble de plusieurs milliers de mĂštres.
Puis, une voix :
« Preciosa. »
Mon visage s'était redressé.
« Papa ? »
Une fourche dans les mains, mon pĂšre avançait jusqu'Ă moi âžșdeux entrĂ©es composaient la maison, une contenant deux portes, menant Ă la ferme, et l'autre composĂ©e d'une seule porte, celle que j'avais empruntĂ©eâžș. Je ne le voyais pas clairement. Le fait que je sois Ă©tourdie n'aidait pas. Ma tĂȘte me faisait mal. Mon flanc me faisait mal. Mon cĆur me faisait mal. Je me sentais palpiter de l'intĂ©rieur.
« Papa, c-c'est toi ? »
Sa carrure m'Ă©tait familiĂšre.
« Mam-man. » sanglotai-je. « Qu-Qu'est-ce qui s'est passĂ© ? OĂč sont p-passĂ©s tous les aut-tres ? »
ArrivĂ© devant moi, il s'arrĂȘta.
« Je.. je comprends pas. »
Il levait sa fourche dans les airs.
« Papa..? »
Et l'abaissa droit sur moi.
« Papa ! »
J'Ă©tais incapable de bouger. J'avais si mal, l'impression que mes forces m'avaient abandonnĂ©e se confirma lorsqu'en essayant de rouler sur le cĂŽtĂ©, je me retrouvais toujours figĂ©e sur place. Dans un dernier geste purement instinctif je jetai mes bras devant mon visage. Mes yeux se fermĂšrent et je crispai mes mains dans une pose animale, mes doigts Ă©cartĂ©s et mes ongles prĂȘts Ă attaquer.
C'Ă©tait lĂ .
C'Ă©tait maintenant.
C'Ă©tait la fin.
J'Ă©tais morte.
« Je le savais ! »
Un coup de feu retentit tout Ă coup. Mes Ă©paules en sursautĂšrent.
« Je reconnaßtrai ce cri entre mille ! C'est bien toi ! »
Ă mes pieds, je sentis le corps de mon pĂšre s'effondrer. Mon cĆur se serra. Histoire d'en ĂȘtre sĂ»re, j'avais ouvert un Ćil, c'Ă©tait bien lui. Mon propre pĂšre, mort, perforĂ© d'une balle entre les deux yeux. Il Ă©tait allongĂ© sur le ventre, sa joue collĂ©e contre mon pied droit. Il ne bougeait plus.
Sa fourche lui avait Ă©chappĂ© et elle l'avait pĂ©nĂ©trĂ© droit dans l'estomac. Ses dents ressortaient de l'autre cĂŽtĂ©. La vue que j'avais me donnait les larmes aux yeux. Mes pleurs auraient dĂ» m'empĂȘcher davantage de le reconnaĂźtre, mais c'Ă©tait mon pĂšre. Je l'aurais reconnu mĂȘme sans mes propres yeux. Je savais faire la diffĂ©rence entre l'homme qui m'avait aimĂ©e, soutenue, Ă©duquĂ©e, fait tant de rire, et un parfait inconnu. MĂȘme avec les annĂ©es Ă©coulĂ©es. Il avait une odeur diffĂ©rente. Lui aussi sentait le pourris, tout comme maman. C'Ă©tait Ă croire qu'ils Ă©taient faits de terre. Ils Ă©taient deux coquilles vides, mes parents Ă©taient morts.
J'étais à présent seule au monde.
« Eh, eh ! Tu m'entends ? »
Mes parents..
Une paire de mains me saisirent par les Ă©paules.
« Il faut qu'on s'en aille d'ici, on manque de temps ! »
« Pa-Papa..! »
Sa tĂȘte heurta le sol.
J'avais reculĂ© mon pied avec pour objectif de m'approcher de lui, peut-ĂȘtre que j'avais mal vu ? Mais non. Je revins brusquement Ă la rĂ©alitĂ©. Ce fut en cet instant que j'entendis quelqu'un dire mon prĂ©nom. Je sentais aussi les mains posĂ©es sur mon corps. Chaudes et fermes. Et cette odeur.. Cette odeur masquait celle ignoble qui planait sur la ferme. Elle me rappelait..
« Luis ? »
Seigneur.
Je m'Ă©tais tournĂ©e afin de m'assurer que c'Ă©tait bel et bien lui, j'Ă©tais persuadĂ©e que mon esprit me jouait des tours. Mais c'Ă©tait lui, Luis. Il Ă©tait Ă mes cĂŽtĂ©s, un pistolet prĂšs de lui dont le canon fumant me certifiait qu'il Ă©tait celui qui venait de tirer sur mon pĂšre. Il m'avait sauvĂ©e. Je n'Ă©tais pas en mesure de comprendre comment il avait atterri ici, ni de pourquoi il avait eu un timing aussi parfait. J'Ă©tais dans les vapes. J'Ă©tais... Je ne sentais mĂȘme plus mon corps. Mon esprit voguait au dessus de mon corps. Effectivement, je me trouvais hors de moi-mĂȘme.
« Merde. »
Je vis Luis poser deux doigts sur ma jugulaire. Il fronça les sourcils.
« Dis-moi, eh. Eh, eh. Regarde moi. »
Ses doigts se saisirent de mon menton, il me fit ainsi cligner des yeux et le questionner du regard.
« On t'a piquée avec quoi que ce soit depuis ton arrivée ? »
« Je.. Non ? Je- Je ne pense pas ? »
Il poussa un soupir.
« Tant mieux. » sourit-il. « Ăa doit juste ĂȘtre la fatigue. Viens, je t'emmĂšne en sĂ©curitĂ©, accroche toi Ă moi. »
Luis passa son bras autour de ma taille, ainsi, je pris appui sur lui et me levai.
« L-Luis ? »
Sa main libre se chargeait de sécher mes larmes.
« Tu as dû en baver, hein ? Désolé que tu aies vu ça, je voulais vraiment pas lui tirer dessus. »
« Tu as tué mon pÚre. »
Il s'arrĂȘta.
« Je... »
Luis posa une main affectueuse sur le cĂŽtĂ© de ma tĂȘte, sa paume sur mon oreille et mes cheveux. Ăa avait Ă©tĂ© un peu soudain. Ses yeux me dĂ©visageaient. Il m'analysa l'espace d'un coup d'Ćil, j'en vus Ă©branlĂ©e.
« Ăa n'Ă©tait plus ton pĂšre, tu le sais, ça ? »
« Non. »
Je reniflai.
« Je-Je, je comprends rien. » avouai-je. « Et ton grand-pÚre alors ? Il va b-bien ? »
Luis détourna le regard.
Il rangeait son arme dans son dos et la masquait par sa veste de cuir. Je dĂ©glutis. Il faisait chaud. C'Ă©tait insoutenable. En mĂȘme temps, je frissonnais. C'Ă©tait confus. D'ailleurs, je ne savais mĂȘme pas si il faisait jour oĂč nuit. Le soleil se levait-il ou se couchait-il ?
« Il faut qu'on y aille. Je sais pas combien de temps il leur faudra pour nous rattraper, il vaut mieux partir maintenant. »
Luis jeta un coup d'Ćil Ă mes jambes.
« Tu peux marcher ? »
« Je crois. »
Il me sourit.
« Alors c'est parti. »
Il nous dirigea tranquillement en direction des deux portes menant Ă la cour de la ferme. Ce fut monstrueux. Insoutenable. Luis m'avait forcĂ©e Ă contourner les cadavres de mes parents, il m'avait obligĂ©e Ă conserver mon regard devant moi, Ă ne pas leur dire au revoir. J'en eus le cĆur brisĂ©. Il tenait fermement ma hanche, il appuyait sur mon flanc, ce qui me faisait un mal de chien. Je marchais avec les dents serrĂ©es.
« OĂč est-ce qu'on va, Luis ? »
Il nous emmenait dans la ferme, je ne comprenais pas pourquoi. Qu'est-ce que nous pouvions bien faire avec les animaux ?
« Tu te souviens, quand on Ă©tait gamins ? » il dĂ©clara. « Mon grand-pĂšre m'emmenait dans la forĂȘt pour chasser, je connais ces bois comme ma poche, ses moindres recoins, jusqu'aux pierres et troncs d'arbres. »
J'acquiesçai. Mes pieds s'enfonçaient dans la boue, nous nous rapprochions de la petite cabane qui faisait face à la grange réservée des vaches. Ici, les barriÚres de bois tenaient à peine debout. Je commençais à comprendre.
« Et ceux du village, alors ? Qu'est-ce qui leur est arrivé ? » je m'interrogeai.
« Un virus, Las Plagas. »
« Las Plagas ? »
« Une saleté qui a contaminé tout le monde, y compris tes parents. Tous ceux de nos amis, pareil pour eux. Personne n'y a échappé. »
Luis s'arrĂȘta de marcher. Il me zieuta.
« Sauf toi et moi. »
Me gorge se serra.
« Nous sommes les seuls survivants ? »
Je le voyais se retourner pour bouger deux planches de bois, ainsi, il crĂ©a un passage passant de la ferme Ă la forĂȘt.
« Ouais. Il ne reste que nous. »
J'avançai, suivie par lui. Luis referma le passage sur nos pas. C'Ă©tait surprenant, ainsi, ça semblait Ă©vident, pourtant, lorsqu'il m'avait amenĂ©e dans la cour, je ne m'Ă©tais absolument pas doutĂ©e qu'un passage Ă©tait prĂ©sent. Et, refermĂ©, j'aurais presque pu me tromper et ne pas retrouver les deux planches dont il s'Ă©tait saisis. Quoique, normal. Je restais vaseuse. Mon mal de crĂąne ne me quittait pas. Et j'avais toujours autant mal au cĆur. Il m'Ă©tait trĂšs douloureux.
C'Ă©tait vrai que tout Ă©tait horrible. J'Ă©tais revenue dans mon village natal quelques jours plus tĂŽt histoire de prendre des nouvelles de mes proches et me ressourcer. Je m'Ă©tais enthousiasmĂ©e Ă l'idĂ©e de revoir mes parents, mon chien, mes amis. Ils m'avaient tous tant manquĂ©. Luis aussi. Je n'Ă©tais mĂȘme pas au courant qu'il Ă©tait lui aussi revenu. C'Ă©tait une sacrĂ©e coĂŻncidence. Au final, j'avais Ă©tĂ© attaquĂ©e et traquĂ©e. J'avais dĂ» dormir en haut de la tour de mon village et lorsque j'Ă©tais descendue le jour suivant, j'avais Ă©tĂ© poursuivie et battue. Tout Ă©tait flou. J'avais aussi des images qui apparaissaient dans ma conscience lorsque le stress se faisait omniprĂ©sent dans mon esprit. Depuis ce matin, j'Ă©tais comme dans un Ă©tat second, je ne parvenais pas encore bien Ă comprendre pourquoi. La prĂ©sence de Luis me faisait un bien fou. C'Ă©tait une Ă©paule sur laquelle me reposer, un soutien. Un ami. J'apprĂ©ciais le fait qu'il soit plus renseignĂ© que moi, c'Ă©tait rĂ©confortant.
Je me sentais moins déboussolée.
« Au fait. »
Le sol était ouvert en un chemin. Sûrement celui que Luis et son grand-pÚre avaient l'habitude de prendre pour chasser.
« Tu ne m'as toujours pas dit oĂč nous allions. »
Mes sourcils se froncĂšrent.
« Chez toi ? » je supposai.
Il secoua la tĂȘte.
« C'est trop dangereux, ils nous retrouveraient. » affirma-t-il. « Je connais un endroit pas trĂšs loin d'ici, tu pourras t'y reposer, te changer et mĂȘme manger. »
« Je.. J'ai pas trop d'appétit en ce moment. »
« Pareil. »
Sa réponse me prenait par surprise. Il avait marmonné dans sa barbe, les yeux rivés droit devant lui. Je l'observai faire.
Luis culpabilisait. Je le voyais par les traits travaillĂ©s de son visage, mais aussi je l'entendais dans le son de sa voix. C'Ă©tait bien la premiĂšre fois qu'il faisait cette tĂȘte. Lui qui d'habitude Ă©tait si joyeux et charmeur... Ăa n'Ă©tait pas Ă©tonnant Ă bien y rĂ©flĂ©chir. Il venait de tuer mon pĂšre de sang froid, il n'y avait pas de quoi rire.
Les bois Ă©taient plus accueillants.
Je regardais tout autour de nous, admirant la verdure et les oiseaux, animaux, qui traĂźnaient dans le coin. L'endroit semblait vierge. Il n'avait pas encore Ă©tĂ© touchĂ© par les villageois, de mĂȘme pour ce virus. Il faisait un peu sombre mais de la lumiĂšre parvenait tout de mĂȘme Ă s'infiltrer ici et lĂ avec pour objectif de nous guider. C'Ă©tait trĂšs calme aussi. Plus de grognement, de feu qui crĂ©pitait ou des hurlements de rage. Le contraste entre le village et les bois me frappa. J'y songeai avec la boule au ventre.
Luis raffermit soudain sa prise sur moi. Il ne me regardait pas, concentrĂ© sur notre trajet, toutefois, cela ne l'empĂȘcha pas de parler.
« Qu'est-ce qui t'as amenée à revenir ? »
« Ma famille..? »
Je collai ma tĂȘte contre contre bras. Mes paupiĂšres se faisaient lourdes.
« Mes.. Mes parents me manquaient. » balbutiai-je. « Je voulais revenir au calme. Rentrer Ă la maison, me ressourcer. Tu sais, la ville parfois ça peut ĂȘtre de trop, j'Ă©touffais lĂ -bas. »
Je n'Ă©tais pas sĂ»re de si Luis en Ă©tait conscient, mais discuter avec lui m'aidait beaucoup. C'Ă©tait revigorant. Ăa me faisait penser Ă autre chose, ça aidait les battements de mon cĆur Ă se calmer âžșmĂȘme si depuis le temps, ça aurait dĂ» ĂȘtre le cas, non..?âžș. Rien que de marcher Ă ses cĂŽtĂ©s dans la forĂȘt de son enfance, de notre enfance. Je ne le remarquais qu'en cet instant : j'avais perdu mon hoquet. Je ne pleurais plus. Cet Ă©trange sentiment aprĂšs les pleurs, il Ă©tait lĂ , il me faisait me sentir flottant au dessus d'un nuage. Plus rien autour de moi ne faisait sens. Ăa n'Ă©tait que brouillard et humiditĂ©.
« J'ai rien compris en arrivant ici. Tous ces cadavres, cette pourriture... C'est de la folie. »
Ma main libre s'accrocha Ă son bras. De cette maniĂšre je marchais collĂ©e Ă lui sans ĂȘtre secouĂ©e dans tous les sens. Luis ne dit rien. Cela ne sembla pas l'importuner, au contraire, puisque je le sentis me serrer un peu plus fort contre lui au mĂȘme moment.
« Tu m'as manqué. »
Il me regarda. Je l'imitai.
« Je te déteste, je suis fatiguée de te haïr, Luis. Mais rien que de te voir me remplie de colÚre. »
Il acquiesça.
« J'en suis conscient. Je n'en attendais pas moins de toi, pas aprÚs ce que j'ai fait. »
Je replaçai ma tĂȘte contre son bras, pour que, ainsi, je puisse regarder de nouveau devant moi, pour ne plus que je me perde dans ses beaux yeux charmeurs. J'en avais assez de sentir mon cĆur s'emballer. Son odeur et sa chaleur suffisaient amplement Ă me rendre nerveuse, je ne voulais pas que son visage s'y mette aussi.
Ăa n'Ă©tait pas le moment pour.
Le revoir m'avait pour autant ébranlée.
AprĂšs toutes ces annĂ©es, tout ce temps... Luis et moi nous retrouvions dans notre village natal, livrĂ©s Ă nous-mĂȘmes et j'Ă©tais si soulagĂ©e de me tenir Ă ses cĂŽtĂ©s. J'avais l'impression que plus rien ne m'arriverait.
« Merci d'ĂȘtre arrivĂ© Ă temps. »
Le brouillard se faisait plus Ă©pais.
« à ton service, ma douce. »
J'esquissai un sourire.
Une branche craqua sous ma botte. Mon sourcil se arqua.
« Eh, attention. »
Luis m'empĂȘcha de tomber en s'accrochant Ă mon flanc, le contact de sa main sur cette partie de mon corps me fit pousser une grosse plainte. Ăa me faisait souffrir le martyr.
« Il faut regar- Merde ! Ăa va ? »
Mes jambes lĂąchĂšrent, je m'Ă©croulai au sol.
J'entendis Luis crier mon prĂ©nom, cela sonna plutĂŽt comme un Ă©chos. J'Ă©tais... Je ne savais mĂȘme plus oĂč je me trouvais. Je commençais mĂȘme Ă douter de l'existence de ce fameux brouillard. Deux mains se posĂšrent sur mes joues, un souffle chaud s'Ă©choua sur mon visage. J'Ă©touffais. Mes tempes palpitaient, la sensation Ă©tait rĂ©pugnante. J'apportai mes mains Ă mon visage dans le but de l'arrĂȘter, mais ma jugulaire s'y mettait aussi. Puis mes tympans et mes poignets aussi. Plusieurs parties de mon corps se mirent Ă palpiter. Le tout d'une intensitĂ© cauchemardesque.
Des petits cris m'Ă©chappĂšrent.
« Luis, Luis ! Je-Je t'en prie ! Fais que ça s'arrĂȘte ! »
Je me dĂ©battais contre lui, il me parlait âžșça avait plutĂŽt l'air d'hurlements, mais je n'en Ă©tais pas sĂ»reâžș cependant j'avais trop mal. J'Ă©tais torturĂ©e par ce supplice.
C'était comme si mon corps s'était mis à agir de son plein gré. Je ne contrÎlais plus rien. Quelque chose en moi se réveillait.
Ce fut Ă ce moment lĂ que je le vis.
Lui, le grand homme au chapeau.
Cette vision me provoqua une immense douleur à la poitrine. Je m'en saisis dans un gémissement aiguë.
« J'ai mal ! J'ai si mal ! Pitié ! »
Ma gorge me picotait. Soudain, je m'en souvins. Luis m'avait demandé, une quarantaine de minutes plus tÎt, si j'avais été piquée par quoi que ce soit. J'avais dit non. Je n'en étais pas sûre. Depuis mon arrivée ici, je n'avais été que poursuivie et blessée. Je ne m'étais pas souvenue de lui, du moins, pas jusqu'à maintenant.
MalgrĂ© tout, je fus incapable de lui communiquer cette information cruciale. Je tremblais de douleur. Je voulais juste que ça s'arrĂȘte. L'on me grattait de l'intĂ©rieur. Un feu ardent m'intoxiquait les poumons. J'en pleurais. Mon dos se cambrait et mes mains se plaquĂšrent violemment contre le torse de Luis. Je m'accrochai Ă lui. Mes poings se serraient.
« Luis- Luis ! »
Ma conscience m'abandonna soudainement. Mes pensées, je ne les entendais plus, je ne m'entendais plus réfléchir. Ce fut rapidement au tour de mes yeux. Ils roulÚrent en arriÚre.
La seconde suivante, je me réveillais.
« Eh, ma jolie. Tu es enfin debout ? »
Mes paupiĂšres s'ouvrirent doucement, je sentais ma bouche pĂąteuse, elle Ă©tait toute sĂšche. C'Ă©tait Ă©trange. Tout Ă©tais confus. Je ne m'Ă©tais pas sentie partir. Je me souvenais sans aucun mal de la douleur qui m'avait transpercĂ©, toutefois, je ne me rappelai pas m'ĂȘtre Ă©vanouie. Mon corps Ă©tait tout endoloris, il me donnait une mauvaise impression. J'Ă©tais comme prisonniĂšre de mon propre corps. Une chose qui ne me trompa point fut mon nez, une odeur en particulier. La sienne.
« Luis ? Luis, c'est- »
Malgré que je sois déboussolée, je le sentais me porter. Luis me tenait fermement contre son torse, un de ses bras sous mes genoux et l'autre dans mon dos.
« Tu m'as fait une sacrée frayeur, tout à l'heure. »
Il me sourit. Il avait l'air triste.
« J'ai bien cru que je t'avais perdue. »
« J'ai... J'ai mal Ă la tĂȘte. »
Le bruit de ses pas rĂ©sonnait. L'endroit oĂč nous nous trouvions me paraissait confinĂ©, nous Ă©tions en intĂ©rieur.
« Je m'en doute. »
Luis me lança un regard bien curieux.
« Pourquoi ne pas m'avoir dit que tu avais été piquée ? J'aurais pu t'aider. »
Oh. Il Ă©tait en colĂšre.
« Je ne m'en souvenais pas. » avouai-je.
C'Ă©tait la vĂ©ritĂ©, du moins, une partie de la vĂ©ritĂ©. Je me doutais de la raison, mon cĆur se faisait lourd. Il me pesait comme le poids des regrets qui me ralentissait depuis bien des annĂ©es dĂ©jĂ . Je n'Ă©tais mĂȘme plus capable de le regarder dans les yeux. Je n'avais mĂȘme plus envie de lui parler.
« Tu ne me fais pas confiance. »
Je roulai des yeux.
« Ne dis pas de bĂȘtise. » rĂ©pondis-je avec difficultĂ©.
« Je le sens bien, pourtant. »
Luis me rapprocha de lui sans pour autant arrĂȘter de marcher. Outre le sujet de notre conversation, ĂȘtre ainsi portĂ©e et entourĂ©e par tout ce calme me faisait du bien. Cela contrastait avec les jours catastrophiques que j'avais passĂ© en tant que fugitive. Surtout, que je le veuille ou non, je n'Ă©tais plus seule.
« Quelque chose s'est brisé entre nous. Depuis... »
Sa gorge se serra, je l'entendis. Luis ne parvint pas Ă mettre des mots sur son acte.
« Depuis que tu m'as abandonné. »
Alors je m'en étais chargée.
à cela, il détourna le regard, embarrassé.
Luis n'avait jamais dĂ©sirĂ© s'attarder Ă la campagne, c'Ă©tait un ĂȘtre indomptable. Un Ă©lectron libre. Il avait toujours voulu dĂ©couvrir le monde et surmonter ses limites, rester ici aurait Ă©tĂ© contraire Ă ses principes. Ă son ĂȘtre tout entier. Alors, quelques temps aprĂšs avoir eu officiellement dix-huit ans, Luis Ă©tait parti pour la grande ville. Il avait fait ses bagages, s'Ă©tait vantĂ© auprĂšs de nos amis, nos familles. Il avait cĂ©lĂ©brĂ© le commencement de sa nouvelle vie, jurant de revenir le plus tĂŽt possible afin de nous donner de ses nouvelles autre que par le biais de lettres. Et il s'en Ă©tait allĂ©. Il m'avait laissĂ© derriĂšre. Parce que, certes, il avait beau avoir saluĂ© nos proches, le jour de son dĂ©part, Luis n'Ă©tait pourtant pas venu Ă ma rencontre. Il Ă©tait parti sans un mot. Depuis ce jour, j'avais refusĂ© d'entendre parler de lui.
Je le lui avais bien dit : je le détestais.
Il m'avait brisĂ© le cĆur.
« Qu'est-ce que c'est ? »
« Quoi ? »
Une de mes mains s'en alla toucher ma nuque. Je frÎlai une partie précise avec mes doigts, je trouvais rapidement la source de mes angoisses. La trace d'une piqûre.
« Cet homme barbu, il m'a.. Il m'a injecté quelque chose un peu plus tÎt, je n'ai pas pu m'en souvenir. Qu'est-ce que c'est ? »
Luis resta muet. Sa réaction me fit arquer un de mes sourcils, c'était bien curieux.
« Luis ? Tu me caches quelque chose ? »
Toujours rien.
Mon cĆur se serra Ă cette constatation. Qu'est-ce qu'il avait changĂ©... Presque quinze ans que je ne l'avais pas vu, il Ă©tait mĂ©connaissable. Moins joueur, charmeur. Le Luis qui me tenait dans ses bras Ă©tait bien loin du garçon qui m'avait volĂ© mon premier baiser dans la cabane derriĂšre la grange de ma ferme. Il n'Ă©tait pas le mĂȘme adolescent qui s'Ă©tait battu avec son voisin parce qu'il m'avait offert une rose le jour de la Saint-Valentin, ou encore moins le jeune adulte qui m'avait tant de fois entraĂźnĂ©e dans les bois pour "m'apprendre Ă chasser". Repenser Ă lui de cette maniĂšre me choqua. Cette version de Luis me donna des papillons dans le ventre, une dĂ©licate sensation qui remplaçait celle qui m'avait torturĂ©e lorsque j'eus perdu connaissance.
L'homme qui me serrait contre lui Ă©tait un ĂȘtre brisĂ©. Ăa n'Ă©tait pas seulement aujourd'hui, pas le simple fait qu'il avait abattu mon pĂšre de sang froid ou que notre village natal s'Ă©tait transformĂ© en un repaire de zombies. Non. Non, c'Ă©tait bien plus que ça.
Et, honnĂȘtement, j'avais peur de demander.
« Tu avais raison. »
Dans le couloir, nous passĂąmes devant une pancarte. Laboratoire B, Ă©tait-il inscrit. Et mes paupiĂšres se firent de nouveau lourdes.
« Je ne te fais pas confiance. »
Remarquant mon état, Luis me rapprocha de lui. Il murmura quelque chose. Je fus incapable de déchiffrer ses propos, ils étaient en anglais. Son accent me charma. Un sourire stupide s'en alla fleurir sur mes lÚvres, songeant que, sûrement, il m'avait appelée par un de ses surnoms favoris.
« Je t'aimais tellement.. »
Il me regarda.
Nous entrùmes dans une piÚce, j'entendis deux grandes portes se refermer sur nos pas, le bruit fit échos dans les recoins de la piÚce, tandis que Luis accéléra le pas. Il courait presque, son regard rivé dans le mien, torturé par la surprise et l'effroi.
« Je t'ai toujours aimé. » ris-je avant qu'une quinte de toux ne me surprenne.
« Ăconomise tes force, » il dĂ©clara sur un ton paniquĂ©. « Repose toi, on est bientĂŽt arrivĂ©s. »
« Tu m'entends, Luis ? Je ne suis pas muette. »
Il secoua vivement la tĂȘte. Mes mains Ă©taient tachĂ©es de sang.
« Je t'ai entendu, ma douce. »
La piĂšce et le couloir que nous avions traversĂ© Ă©taient dĂ©jĂ bien loin. Ă prĂ©sent, nous nous trouvions dans un laboratoire, une immense piĂšce frigorifiĂ©e dont les faibles lumiĂšres blanches me permirent d'observer les alentours avec plus d'attention. En mĂȘme temps, Luis me prĂ©cipita au fond de la piĂšce, en direction d'un fauteuil.
Il y avait des dossiers, des meubles. Tout Ă©tait... C'Ă©tait impensable.
L'endroit ne correspondait pas du tout aux conditions de vie de notre village. Tandis que lĂ -bas l'endroit tombait en ruines, tout construit Ă base de bois, abĂźmĂ© par le temps et la pauvretĂ©, ici, tout n'Ă©tait que luxe. Un fauteuil de dentiste se trouvait de profil dans la piĂšce, au dessus, un immense lampe ronde. Tout autour, il y avait des cabinets blancs, des outils de recherches, des objets chirurgicaux. MĂȘme une immense armoire mĂ©tallique dont la couleur grise reflĂ©tait quelques rayons lumineux des lampes posĂ©es ici et lĂ de maniĂšre Ă Ă©clairer l'endroit. C'Ă©tait suffisant. Presque comme pour ne pas attirer l'attention. La lumiĂšre Ă©tait suffisante, elle Ă©clairait de justesse, permettant Ă Luis de ne pas trĂ©bucher, pour autant, Ă©normĂ©ment de coins de pĂ©nombre persistaient dans l'endroit. Ăa n'Ă©tait pas du tout rĂ©confortant. J'avais peur.
« Luis ? Luis.. »
Je m'accrochai à son avant-bras alors qu'il m'allongea sur le fauteuil. Son regard torturé croisa le mien souffrant. Qu'il était doux... Il me frÎlait, me cueillait, toujours avec délicatesse, comme par peur de me voir voler en éclats.
« Luis, qu'est-ce qui va m'arriver ? »
La paume de sa main me toucha. DĂ©licatement, il me caressa, j'en souris avec mes forces restantes.
« Je vais te soigner, voilà ce qui va t'arriver. Tout ira bien. »
Ses yeux se balancĂšrent de mon Ćil droit Ă celui de gauche.
« Juste pour cette fois, fais-moi confiance. »
Ma main sur son avant-bras glissa jusqu'Ă trouver sa propre main. C'Ă©tait Luis le responsable. En mĂȘme temps, il s'assit sur un tabouret Ă roulettes et entremĂȘla nos doigts dans une Ă©treinte serrĂ©e.
« Ne t'en fais pas. Tout ça ne sera bientĂŽt qu'un mauvais rĂȘve. »
Je me sentais Ă©tourdie. J'Ă©tais perplexe.
La lumiĂšre au dessus de moi m'aveuglait.
Je remarquai enfin les outils qui me surplombaient, ils étaient étendus au plafond, ou plutÎt fixés sur celui-ci. Trois espÚce de bras robotiques dont l'extrémité contenait des trous. Ma gorge se noua. Un roc me tomba dans l'estomac. Est-ce que... Est-ce que ça allait m'ouvrir ? Allais-je mourir ? Je me sentais tout de suite moins certaine.
« L-Luis- a-attends. »
Je tirai sur sa main, attirant ainsi son attention.
Lui qui avait le nez collé sur le vieil écran poussiéreux d'un ordinateur, se tourna finalement pour me faire face. Luis me questionna du regard. Il fit rouler le tabouret jusqu'à moi, à ma hauteur, il déposa son autre main sur mon visage. J'avais chaud. Le regard de Luis se perdit sur mes clavicules nues, je n'avais pas besoin de le voir pour le savoir, j'étais moite et brûlante. Je me sentais tressaillir aussi, lorsque je m'y attendais le moins, mon corps était briÚvement pris de spasmes.
« Je veux p-pas mourir. »
Mes lĂšvres tremblaient d'elles-mĂȘmes, je me sentais stupide. Je savais que ce n'Ă©tait pas par embarras que j'agissais comme ça, c'Ă©tait mon corps qui mourait. Mais, faire face Ă Luis dans cet Ă©tat m'enrageait.
« J'ai peur. »
« Je m'en doute, ma douce. » murmura Luis. « Tu vas tenir le coup, hein ? Bien sûr que tu vas le faire. Tu as toujours été trÚs obéissante et parfaite, il n'y a pas de raison pour que ça change maintenant. »
Un sifflement dans ma poitrine me frappa de plein fouet, mon dos se cambra en réponse.
Je m'accrochai Ă la main de Luis, la broyant au passage, de l'autre, je m'agrippai Ă un espĂšce de bĂątonnet intĂ©grĂ© dans l'accoudoir du fauteuil. La douleur en mon sein me trancha le cĆur en deux. J'en pleurais. Mes jambes Ă©taient secouĂ©es dans tous les sens. Luis avait beau essayer de me maintenir en place, de coller son front au mien de maniĂšre affectueuse et de me promettre que tout irait bien, la chose prĂ©sente dans ma poitrine me certifia le contraire. Je comprenais ce que c'Ă©tait. Las Plagas n'Ă©tait pas un virus, c'Ă©tait un parasite. Une crĂ©ature qui, injectĂ©e dans un corps, voyait le jour, elle se frayait un chemin au centre de la poitrine jusqu'au reste du torse et broyait au passage les organes vitaux de l'hĂŽte. C'Ă©tait ça. C'Ă©tait ce que je vivais. C'Ă©tait ce qui Ă©tait en train de m'arriver.
J'avais un parasite en moi.
J'avais un putain de parasite à l'intérieur de mon corps. Un monstre.
« Je t'en prie.. »
Je soufflai contre les lĂšvres de Luis. Je n'avais mĂȘme plus la force d'ouvrir les yeux, Ă vrai dire, je n'avais plus la force de faire grand chose... Je ne me sentais mĂȘme plus vivre. J'Ă©tais sĂ»rement dĂ©jĂ morte.
« Sauve-moi, Luis. Par pitié. »
« Tiens toi à ma main. »
« Ne la lùche pas. »
« J'y comptais pas. »
Je le vis dans le coin de l'Ćil me sourire alors que, dĂ©jĂ Ă©cartĂ© de moi, il apporta son index Ă la barre espace du clavier. Mes yeux se plissĂšrent, pensant mal voir. Il appuya enfin dessus. Les mouvements provenant au dessus de moi me forcĂšrent Ă lever la tĂȘte, j'aperçus les trois bras s'activer, ils tournĂšrent sur eux-mĂȘmes, pivotĂšrent et enfin s'allumĂšrent. Une vive lumiĂšre bleutĂ© m'aveugla.
« Je suis pas- »
Ma poitrine se retrouva déchiquetée en deux. Je ne me tenais pas qu'à la main de Luis, je la réduisais en miettes. La souffrance qui me fut infligée était incomparable, indescriptible.
C'Ă©tait Ă l'instar de brĂ»ler de l'intĂ©rieur, je sentais mes poumons en flamme. Mon corps Ă©tait pris de spasmes. Je m'Ă©touffais dans ma propre salive, cherchais dĂ©sespĂ©rĂ©ment Ă m'extirper de l'emprise des trois bras mĂ©tallique pour que ça s'arrĂȘte. Ils tournaient au dessus de moi. Ils me broyaient de l'intĂ©rieur et je continuais de hurler. Je beuglais Ă m'en blesser la gorge, mĂȘme mes yeux s'y mettaient, ils pleuraient d'eux-mĂȘmes. Je ne contrĂŽlais plus rien. Je n'Ă©tais mĂȘme plus maĂźtresse de mes propres pensĂ©es. Je ne songeais qu'Ă une chose : la peine que cette douleur me provoquait.
Je sentais le parasite à l'intérieur de moi s'agiter. De ses pattes, il grattait. Il grattait mes organes, fouillait ma chair et gesticulait. Il rampait tant, je le sentais partout en moi, j'avais l'impression de le sentir sur mes moindres membres.
Qu'il parte. Qu'il disparaisse !
Ma tĂȘte se renversa en arriĂšre. Une main saisit mon Ă©paule, tenta de me maintenir plaquĂ©e contre le fauteuil, nĂ©anmoins, j'Ă©tais trop alarmĂ©e pour me laisser faire. Je ne m'exprimais qu'Ă travers mes hurlements. Il n'y avait que ça. Douleur, peine, souffrance, blessures, chagrin. Que j'avais mal... Je me mourais de l'intĂ©rieur. Un feu ardent s'embrasait dans ma poitrine et la fumĂ©e toxique qui s'en Ă©chappait intoxiquait mes poumons jusqu'Ă me faire mal avaler ma salive. Mon cĆur se faisait dĂ©chirer en deux. Lentement, violemment, il se fit dĂ©truire.
Je perdis une seconde fois connaissance, ma raison s'en alla de nouveau.
Elle eĂ»t pliĂ© bagages et disparu, me laissant Ă deux pas de la mort, le doigt pressĂ© sur la sonnette, prĂȘte Ă entrer dans l'autre monde.
Tout Ă©tait Ă prĂ©sent brumeux. Mes pensĂ©es, mes souvenirs, mes sentiments. Je n'avais aucune idĂ©e d'oĂč je me trouvais. Avais-je les yeux ouverts ? Mon entourage Ă©tait familier mais je n'Ă©tais pas sĂ»re de l'apercevoir, c'Ă©tait plutĂŽt mes poids qui se hĂ©rissaient, mes narines qui Ă©taient titillĂ©es par une odeur familiĂšre et le creux dans mon estomac qui s'en alla.
Une paire de bras m'enlacĂšrent. Quelque chose se pressa dans mon dos, un souffle s'Ă©choua sur ma nuque et mon cĆur battit plus vite.
Je l'aurais reconnue entre mille.
« Ma fille. »
Ma mĂšre.
Violemment, je fus projetée en arriÚre. Quelques secondes plus tÎt, j'étais dans un tout autre monde, touchant du bout des doigts l'au-delà , auprÚs de mes défunt proches, les suivantes, je sentais mon dos percuter un meuble. Mes yeux se rouvrirent. Un hoquet étranglé me quitta.
« Maman ! »
Ma main ne la toucha pas, pas mĂȘme qu'elle n'effleura son image. Mes doigts ne firent que se diriger vers le plafond et m'offrir en consĂ©quence un vide impossible Ă combler au sein de ma poitrine. Je m'Ă©tais rĂ©veillĂ©e d'un coup. J'happai l'air autour de moi. J'en manquais cruellement. Le corps assit sur cet Ă©trange fauteuil de mĂ©decine, je tournais pourtant en rond. J'Ă©tais dĂ©boussolĂ©e, incapable de faire confiance Ă ma vue tandis que ma cervelle Ă©tait secouĂ©e dans tous les sens.
« Aïe.. »
Apportant ma main Ă mon front, j'observai la piĂšce. Je clignai rapidement des yeux.
C'Ă©tait lui, le laboratoire. Toujours aussi lugubre, dĂ©corĂ© d'Ă©lĂ©ments scientifiques ne correspondant point Ă l'endroit oĂč nous nous trouvions actuellement. Un coin perdu dans une campagne d'Espagne. Ouvrir la porte et tomber sur un centre-ville aurait fait plus sens, je peinais Ă croire que nous n'avions pas bougĂ©. Ou peut-ĂȘtre avions nous ? Peut-ĂȘtre que Luis nous avait emmenĂ© ici via sa voiture, je n'en Ă©tais pas sĂ»re. Tout Ă©tait flou, rien ne faisait sens. J'Ă©tais incapable de ressentir quoi que ce soit, je ne songeais qu'Ă cette situation cruelle.
Cela me permit de constater que j'étais seule. Assise au milieu de ce laboratoire, un silence cruel m'accompagnait. Il me tenait compagnie. Il titilla aussi ma curiosité. Je ne pus résister à l'envie de me lever, je déposai dÚs lors mes pieds au sol et m'en allai me dégourdir histoire d'étirer mes muscles à travers une petite balade.
J'eus contemplé machines, fils, seringues tubes, ordinateurs, dossiers top secret.
Luis ne revint qu'une quarantaine de minutes aprÚs, les mains vides et la mine aggravée.
« Tout va bien ? »
Je demandai cela en me rasseyant sur le fauteuil, mes jambes étaient épuisées. Luis referma la porte du laboratoire sur lui et m'offrit un léger sourire. Me voir avait fait s'illuminer son visage. Il me rejoignit à coup de grandes enjambées.
« Comment tu te sens ? »
Sa main saisit la mienne. Il l'apportait à sa joue, il l'embrassa délicatement.
« Est-ce que je suis guérie ? Je me sens... LégÚre. »
« Tu l'es. » il acquiesça. « Le virus a été anéanti, il n'est plus du tout présent dans ton systÚme. Tu es comme neuf. »
Il Ă©tait si beau. ĂlĂ©gant.
Je me perdais dans ses yeux.
« Luis, merci. Pour tout. »
« Je t'en prie. Je n'allais pas te laisser comme ça, je te le devais bien. »
Oui, c'Ă©tait vrai.
« Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? »
Il descendit nos mains sur le fauteuil, sans pour autant les séparer.
« Je veux dire, pour le virus, les habitants. Il faut appeler quelqu'un, prévenir les autorités et- »
« Je suis déjà sur le coup, ma douce. N'aie crainte. »
« Vraiment ? »
« Je te conseille juste de fuir, toi, tu n'as plus ta place ici. » déclara Luis. « Tu m'es bien trop précieuse, je ne pourrais plus me supporter si jamais un quelconque malheur devait t'emporter. »
« ArrĂȘte... »
Je détournai les yeux.
« Je veux... Je veux savoir ce qui se passe ici. Je veux trouver les responsables et leur faire payer. »
Je veux rester avec toi.
« Je n'ai plus envie de partir. Ne serait-ce que pour ma famille, en leur mémoire. »
Luis caressa mon visage avec sa seconde main. Le contact de son pouce sur ma joue me fit soupirer d'aise, elle Ă©tait toute chaude et si douce. Il me touchait encore comme ça. Comme si il avait peur que je vole en Ă©clats. Ăa me faisait beaucoup d'effet.
« Mon pÚre, il... »
Je déglutis.
« Ăa faisait longtemps qu'ils Ă©taient comme ça, mes parents ? »
« D'aussi loin que je me souvienne. » affirma Luis sur un ton songeur. « Ils ont dĂ» ĂȘtre touchĂ©s par le virus assez tĂŽt, les porteurs ont la tendance Ă le rĂ©pandre vite. »
« Tu crois qu'ils ont souffert ? »
Mon cĆur se serra Ă cette pensĂ©e.
J'imaginais ma mÚre pleurer, submergée par un profond sentiment d'horreur. Mon pÚre s'armer d'un fusil mais rapidement se faire attaquer par une armée de monstres. Ils avaient dû avoir si peur... Ils étaient morts sans que j'aie pu leur dire que je les aimais. La réalité de la situation me frappa. Elle me heurta de plein fouet. Plus jamais, je ne les reverrai. Ils étaient morts. Mes parents étaient morts.
« Non, non. »
Luis apporta avec panique ses mains sur mon visage, il se dĂ©pĂȘcha d'essuyer mes larmes de ses pouces. Il rĂ©colta mes pleurs et grimaça. Puis, mon prĂ©nom quitta sa bouche.
« Focalise toi sur moi. »
Je m'accrochai Ă ses poignets.
Mes doigts s'enroulaient autour de ceux-ci.
« Je- Je peux pas- »
Pourtant, j'y parvins. Cela se produisit lorsque je remarquais à quel point Luis et moi étions proches, nos nez à deux doigts de se toucher. Cela me calma immédiatement.
« Je suis dĂ©solĂ©e, je devrais ĂȘtre plus raisonnable, mais- »
« Non.. »
Luis déposa son front sur le mien.
« Tu as vécu beaucoup de choses éprouvantes depuis ton retour. Moi aussi j'ai eu du mal à y croire en voyant tes parents dans cet état, ceux de nos amis d'enfance aussi. C'était à peine croyable. »
Il raffermit sa prise sur mon visage, m'offrant un regard sérieux.
« Ne t'excuse pas d'ĂȘtre peinĂ©e, ma douce. Ăa te rend plus humaine. »
Ses mots me touchĂšrent.
« Tu m'as manqué. »
Luis sourit.
« Toi aussi. »
Il se rapprochait de moi. Il Ă©tait si prĂšs de moi, nos lĂšvres venaient de se frĂŽler. Les poils de sa barbe me chatouillaient, j'en pouffais. Je ne me rappelais cet instant dans notre jeunesse lorsque trois poils avaient commencĂ© Ă lui pousser sur le torse, Luis s'en Ă©tait vantĂ© durant des semaines. Tout le village en avait ri. Il s'Ă©tait auto-proclamĂ© homme. Il Ă©tait mĂȘme allĂ© jusqu'Ă me trouver et...
Tout ça remontait à si loin.
Les traits de son visage restaient familiers. Ăa me surprenait pourtant toujours autant de le regarder, Luis Ă©tait un homme Ă prĂ©sent. Un homme dans toute sa grandeur et splendeur. Ăa me laissait bouche bĂ©e.
Ses épaules étaient plus grandes, plus fermes. Ses bras étaient musclés et les traits autour de ses yeux parsemés de rides. Sa peau était décorée par quelques imperfections, le temps avait laissé son emprunte sur lui, le rendant encore plus beau qu'il ne l'avait été durant ses années de jeunesse. Luis était à présent mature. Je me perdais dans son regard. Il m'était si familier. C'était divin. Lui faisant face de cette maniÚre, j'avais cette impression qu'il ne m'avait jamais abandonnée, qu'il s'était simplement absenté l'espace d'une semaine et qu'il me revenait avec ardeur. Je me mordis l'intérieur de la joue à cette pensée. Le sentiment d'embarras qui me submergea me brûlait jusqu'aux oreilles et à l'estomac.
« Tu as grandi.. »
Luis esquissait un rictus.
« Tu trouves ? »
« Mhh. J'aime beaucoup ta veste. Et tes cheveux aussi, tu les as laissé pousser. »
Je le questionnai du regard lorsqu'en guise de réponse, Luis recula. Ses mains sur les cÎtés de mon visage firent davantage pression dessus, il masqua mon ouïe et déglutit à ma vue.
« Tu es ravissante, aussi jolie que la derniÚre fois que je t'ai vue. Aussi magnifique que dans mes souvenirs. »
Ses propos me rendirent toute gĂȘnĂ©e. Ses yeux se perdirent sur mon faciĂšs, il me contempla avec grande attention, il ne laissait rien lui Ă©chapper. Cela me mit mal Ă l'aise. Je devais ĂȘtre horrible Ă voir, aprĂšs tous ces jours Ă courir, Ă mourir de faim et aprĂšs avoir autant pleurĂ©. Luis ne dit cependant rien Ă ce propos lĂ . Il m'admirait avec un petit sourire et, dans ses yeux, une lueur scintillait. Elle brillait avec force.
« Je.. »
Mes mains tremblaient.
Elles remontĂšrent sur ses coudes jusqu'Ă se poser sur ses Ă©paules. Je l'imitai finalement, posant mes paumes sur son visage, l'attrapant en coupe. Mon Ă©piderme se frotta aux poils de sa barbe. Cette partie Ă©tait chaude. Mes pouces trouvĂšrent leur place sous ses yeux, je les caressai avec attention. Je bougeai doucement, comme par peur de le briser.
« Je n'ai jamais cessé de penser à toi, tu sais.. »
Luis arqua un sourcil. Il me jetait un coup d'Ćil rempli de curiositĂ©, un Ă©clat de malice dedans.
« Tien donc.. »
« Je ne sais pas comment, ça fait prÚs de quinze ans qu'on s'est pas vus pourtant. Je suis allée voir ailleurs, ils n'ont jamais su te remplacer. »
J'avais envie de le serrer dans mes bras. J'avais envie de le retrouver, de ne plus jamais le laisser me glisser entre les doigts. Je l'aimais tant... C'Ă©tait asphyxiant.
Luis Ă©tait mon premier amour aprĂšs tout, il Ă©tait dĂ©jĂ suffisamment dur de l'oublier comme ça, mais aprĂšs qu'il ait fait chavirer mon cĆur, il m'Ă©tait impossible de faire une croix sur lui. Il faisait battre quelque chose en moi, outre mon cĆur. C'Ă©tait mon Ăąme. Je la sentais vibrer intensĂ©ment pour lui, elle criait Ă l'aide, dĂ©sirant se coller Ă la sienne et ne faire qu'un. Luis rĂ©veillait quelque chose en moi Ă me regarder de cette façon.
« Toi aussi, mon amour. »
Son pouce caressa ma lÚvre inférieure.
« Pas instant ne s'est écoulé sans que je ne regrette de ne pas t'avoir emmenée avec moi. »
« Je t'aurais suivi. »
J'aurais tout laissé derriÚre moi pour lui, je ne mentais pas. J'avais déjà tant sacrifié auparavant, juste pour ses beaux yeux. Juste pour qu'il continue de me murmurer des choses romantiques ou salaces dans le creux de l'oreille, pour qu'il continue de baiser mon épiderme et de me faire l'amour jusqu'à en perdre ma voix.
« Je sais. »
Luis cessa de me regarder pour observer mes lĂšvres.
« Je le sais bien, ma douce. »
« Cette.. »
Je déglutis, nerveuse.
« Cette fois, tu ne repartiras pas, n'est-ce pas ? »
Je m'accrochais Ă lui, anxieuse Ă l'idĂ©e de sa rĂ©ponse. Luis secoua la tĂȘte.
« Pas sans toi, en tout cas. » il me taquina. « Si tu le désires autant que moi. »
« Oui. »
Je me pinçais les lÚvres.
« S'il te plaßt. » murmurai-je. « Prends moi avec toi, ne pars plus. Ne me laisse plus. »
Luis embrassa la commissure de mes lĂšvres. Il embrassa ensuite ma lĂšvre infĂ©rieure, il la bĂ©cota. Ces deux baisers suffirent Ă ma peau pour s'embraser, j'en suais, ma peau se fit moite. Mon cĆur eut bondi de ma poitrine. Mes mains s'accrochĂšrent Ă sa mĂąchoire. J'Ă©tais Ă©tourdie de nouveau, cependant, cette fois-ci, pour les bonnes raisons.
« Je t'aime tellement... »
Ma respiration s'accélérait.
Luis scella enfin nos bouches.
Mes yeux roulĂšrent en arriĂšre en consĂ©quence. Ma confession ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd, j'en Ă©tais consciente. Ă la façon dont Luis m'embrassait et me touchait, je savais qu'il pensait la mĂȘme chose, que mon aveux lui avait fait effet. Alors, en retour, je l'embrassais. Ce fut dĂ©licieux. Nos bouches se mouvant l'une contre l'autre, nos torses se touchant... J'en eus des papillons dans l'estomac. Mon bas ventre s'enflamma. Sa salive tomba dans ma bouche, elle se mĂȘla Ă la mienne, nos langues se trouvĂšrent rapidement. Le contact de son muscle rose contre le mien me fit gĂ©mir. Je poussai quelques plaintes contre lui. Il Ă©tait doux et chaud. Mes mains remontĂšrent et se perdirent dans sa chevelure, j'y pris appui. Luis, quant Ă lui, n'avait toujours pas bougĂ© la position des siennes. Il me maintenait en place, refusant que j'incline la tĂȘte pour mieux me goĂ»ter.
Notre échange fut parfait. Un bon mélange entre sensualité, passion et amour. Voilà bien des années que je n'avais pas été embrassée ainsi.
Luis me laissa à bout de souffle lorsqu'il se sépara de moi. Mon front se collait contre son épaule, sa veste de cuir. J'inspirai alors son odeur, remplissant mes poumons de ce doux nectar jusqu'à en avoir le tournis. Luis agrippa mes hanches de ses mains, il écarta mes jambes de maniÚre à se placer entre celles-ci et baisa tendrement ma gorge.
« Je ne vais plus pouvoir me passer de toi maintenant. » me susurra-t-il.
Je l'entendais respirer contre moi.
« Tu me rends fou. »
J'avais terriblement chaud. De mĂȘme pour mon cĆur, il devenait fou, il battait si vite que j'en couinais. C'Ă©tait inconfortable. Il palpitait contre mes os, forçant mes veines Ă pomper plus rapidement mon sang. Ătre aussi proche de Luis n'aidait pas. Il Ă©tait bouillant. Nos deux corps compressĂ©s l'un contre l'autre Ă©taient deux grosses fournaises, elles Ă©taient prĂȘtes Ă tout exploser, Ă tout rĂ©duire en poussiĂšre.
Un seul mot pouvait le décrire en cet instant.
Magnifique.
Luis avait un petit rictus aux coins des lÚvres. Il m'admirait. Ses yeux pétillaient, ils brillaient d'un éclat ravissant. Mes doigts touchaient un peu ses cheveux. Quelques mÚches s'étaient retrouvées devant son visage, d'autres derriÚre ses oreilles. Cette coiffure lui allait vraiment bien. Il faisait trÚs mature, trÚs élégant.
« Tu m'as manqué. »
« Ă ce point ? » m'Ă©tonnai-je, penchant la tĂȘte sur le cĂŽtĂ©.
Luis pressa ses paumes sur mes hanches. Il me força à rester assise sur le fauteuil tandis qu'il se rapprocha de moi, faisant se toucher nos fronts.
« Tu n'as pas idée. » il avoua. « Tu es bien mon plus grand regret. »
Ses paroles me faisaient beaucoup d'effet. Enfin, c'était évident, comment de tels mots auraient-il pu me laisser de marbre ? Mais... C'était intense. Notre proximité, son corps et le mien, toute cette chaleur et ce désir. Nous empestions l'amour. C'en était presque répugnant. Sentir ses doigts saisir ma chair, ses pupilles dilatées me détailler. La réalité de la chose me frappait soudainement. Mes yeux s'ouvraient en grand.
C'Ă©tait un rĂȘve.
Ăa n'Ă©tait pas possible autrement. C'Ă©tait trop beau pour ĂȘtre vrai.
« Viens, il est temps. »
Luis recula. Il me tendit sa main.
Intriguée, je le dévisageai. Néanmoins, je lui offris ma main en retour et descendis du fauteuil. Le laboratoire n'était-il pas notre destination finale ? Quoique...
« Tu m'avais promis de quoi manger et faire ma toilette, c'est vrai. Je m'en souviens. »
Luis acquiesça.
« C'est ça. »
« On ne va pas à la cabane de ton grand-pÚre, j'imagine ? »
« Non. Ils nous retrouveraient trop facilement. »
Luis ouvrait les grandes portes du laboratoire et nous fit sortir. Droit en direction du couloir menant Ă .. Ă l'extĂ©rieur ? Je le suivais, confuse, les jambes encore un peu faibles. Mon corps n'Ă©tait plus trĂšs souffrant âžșquelques blessures ici et lĂ , de quoi bien me rĂ©veillerâžș mais il restait capricieux. Je prĂ©fĂ©rais me coller Ă Luis. Pour qu'il me supporte, bien sĂ»r.
« J'ai une autre cachette, dans les bois. » m'avouait Luis. « Un endroit dont personne n'a jamais entendu parler, nous y serons en sécurité, je te le promets, ma douce. »
« Tu penses que j'aurais assez de force ? »
« N'aies crainte. Je te porterais si nécessaire. »
Un faible rire me quittait. Je posai ma tĂȘte sur son Ă©paule.
« Quel gentleman tu fais, Luis. Merci. »
« C'est le moins que je puisse faire, voyons. » répondit-il d'un ton exagérément charmeur.
Ce Luis lĂ m'Ă©tait familier. Je n'osais pas regarder dans sa direction, je dĂ©tournai la tĂȘte, observant le couloir, surprise. Cette interaction me ramenait en enfance. Aux annĂ©es de notre adolescence.
Luis et moi nous promenions beaucoup dans la forĂȘt comme ça, bras dessus, bras dessous. Durant des heures entiĂšres, perdus ou connaissants notre chemin. Mes parents n'avaient jamais dĂ©testĂ© Luis, il Ă©tait certes un peu Ă©trange, et notre diffĂ©rence d'Ăąge de deux ans n'aidait pas, mais il avait toujours Ă©tĂ© respectueux. D'aussi loin que je me souvienne, il n'avait toujours eu d'yeux que pour moi. Que j'aie treize ans, quinze ans, dix-huit, ou maintenant vingt-six, je n'avais pas l'impression que grand chose avait changĂ©. Ou alors peut-ĂȘtre que c'Ă©tait juste le lieu ? Il Ă©tait vieillot, tant qu'il nous ramenait dans le passĂ©. Je me revoyais Ă ses cĂŽtĂ©s, lors de nos sorties nocturnes âžșj'avais Ă©chappĂ© Ă mes parents, ceux-ci assoupiâžș et Luis m'emmenait Ă un splendide et gigantesque lac sur lequel la lune et ses amies les Ă©toiles scintillaient. Lors des pleines lunes, le paysage Ă©tait Ă couper le souffle. Une beautĂ© sur laquelle il aurait Ă©tĂ© impensable de mettre le prix.
« Ăa faisait longtemps. »
Je jetai un coup d'Ćil Ă Luis, intriguĂ©e.
« De ? »
Ses doigts raffermirent leurs prises sur ma main. Il y fit un signe de la tĂȘte.
« Ăa. » rĂ©pliqua-t-il. « Toi, moi, main dans la main. Rien pour nous sĂ©parer. »
« Je pensais justement Ă la mĂȘme chose. » j'avouai avec amusement.
« Oh ? »
« Je t'assure ! »
Les couloirs s'Ă©taient changĂ©s, ils n'Ă©taient Ă prĂ©sent plus faits de mĂ©tal, mais de pierres. De la vieille pierre usĂ©e, et des lustres dĂ©corĂ©s de bougies en guise de source de lumiĂšre. Ăa m'Ă©tait Ă©trangement familier. Le silence dominait le moment. Mes bottes touchaient la pierre au sol, le bruit fit un peu Ă©chos âžștout comme les chaussures de Luisâžș mais hormis ça, c'Ă©tait trĂšs calme. D'ailleurs, il faisait trĂšs froid. La pensĂ©e que nous nous trouvions dans un chĂąteau âžșpuisque ceux-ci n'avaient pas de radiateursâžș me fit briĂšvement pouffer. J'avais beau ĂȘtre vaseuse, encore dans les vapes, ça m'Ă©tait impensable de concĂ©der que nous nous trouvions dans quelque chose d'aussi majestueux.
De toute façon, nous ne nous attardions pas ici. Luis m'ouvrait la porte boisée sur mes pas, celle-ci laissait soudain place à du vert. Elle. Elle et encore toujours elle. Pour toujours et à jamais.
La forĂȘt de mon village.
« On devrait se dĂ©pĂȘcher. » parla mon ami. « Le soleil ne va pas tarder Ă se coucher. »
Tandis que je descendais les marches de pierre sous moi, je zieutais Luis, dubitative.
« Tu n'as pas de lampe de poche avec toi ? »
« Plus maintenant. » affirma-t-il, tout en me suivant. « J'en volerais une autre, lorsque l'occasion se présentera. » il conclut.
« Tu voles ? »
Il souriait.
« Je suppose qu'on peut me le pardonner, en vue des circonstances. »
Il Ă©tait... Son sourire...
« Mhh.. »
Je me pinçai rapidement les lÚvres.
« J'imagine. »
Luis sauta les deux derniĂšres marches. Il passa son bras autour de mes Ă©paules avec grand enthousiasme et me colla contre lui. Ses gestes furent brusques, ils me prirent de court.
« Allons-y, ma douce ! » s'exclama-t-il. « Je te promets repos et nourriture à volonté ! En avant ! »
Luis me forçait Ă avancer, j'en riais. Nous nous engouffrĂąmes dans la forĂȘt, sans un regard en arriĂšre. Je n'osai pas imaginer la grandeur de la structure qui se trouvait derriĂšre nous, et c'Ă©tait vrai : je n'osai pas. Je ne me retournai pas.
Je suivis Luis jusqu'à sa dite destination. Tendant l'oreille lorsqu'il conta les années qu'il eu passé en tant que scientifique dans le monde extérieur, les amis qu'il s'était fait et à quel point il avait désiré que je sois présente à ses cÎtés pour vivre tout cela. Nombre de fois, il m'eût présenté ses excuses, embrassée et dévisagée. Le trajet dura longtemps. Si longtemps que nous arrivùmes au curieux endroit juste aprÚs que le soleil ne se soit couché.
Depuis l'extérieur, je ne voyais rien. Seulement, Luis nous faisait marcher étrangement assez proche d'une montagne. Sa main libre touchait la roche, il bougeait la verdure qui lui bloquait le passage et marmonnait quelques jurons. Le spectacle était distrayant. Ma main toujours dans la sienne, j'étais dans son dos, mes bottes tachées de boue et un grand sourire sur les lÚvres.
« Jackpot. »
Luis ouvrit une porte. Soudain, un jet de lumiĂšre nous Ă©claira.
Luis nous prĂ©cipita Ă l'intĂ©rieur, il referma la solide porte aprĂšs s'ĂȘtre assurĂ© que personne ne nous avait suivi en dĂ©visageant le paysage, ainsi que le chemin que nous avions prĂ©cĂ©demment empruntĂ©. De mon cĂŽtĂ©, je passais au peigne fin l'endroit. De mes yeux.
La piĂšce Ă©tait unique. Il n'y avait pas de portes, pas de couloir, ça n'Ă©tait que quatre murs assemblĂ©s avec assez d'espace pour une poignĂ©e de meubles et que moi et Luis puissions tenir debout sans avoir besoin de nous coller l'un contre l'autre. Les meubles Ă©taient antiques, de mauvais Ă©tat. Il y avait une armoire, une commode, une maigre cuisine, un lit et deux longs barils dans un coin, cĂŽte Ă cĂŽte, abandonnĂ©s. Il n'y avait pas de fenĂȘtre, mais une source de lumiĂšre au plafond lĂ©gĂšrement rouge, et une seconde sur la table de nuit proche du lit, nous Ă©clairaient. C'Ă©tait suffisant. Le parquet sur lequel nous marchions se faisait bruyant. Il grinçait sous mes pas. J'eus mĂȘme peur qu'il ne s'effondre.
« Qu'est-ce que c'est ? Cet endroit, je veux dire. »
Luis retira son arme, il la déposa sur la table collée contre le mur. Les murs, d'ailleurs. Ils étaient taillés, faits de pierre de la montagne dans laquelle nous avions trouvé refuge.
« J'ai trouvé cet endroit il y a quelques semaines. » m'avoua Luis. « Apparemment, un homme de notre village a été chassé il y a une trentaine d'années. »
« Il s'est installé ici ? »
« C'était un mineur. » m'expliqua-t-il. « Il ne voulait pas quitter la campagne, mais ne pouvait pas revenir. Il s'est caché ici avant de mourir de faim. »
Un carnet reposait sur la commode proche du lit. SĂ»rement un journal intime. Il y avait aussi un porte-manteau, dĂ©corĂ© de deux chapeaux et de vestes. L'armoire boisĂ© devait ĂȘtre encore pleine, je songeais.
« Tu veux manger quelque chose ? »
Je retirai mon surplus de vĂȘtements, abandonnai le tout et jetai un coup d'Ćil Ă Luis. Je n'y avais pas fait attention, trop confuse, mais une dĂ©licieuse odeur flottait dans l'air. Elle avait Ă©tĂ© bloquĂ©e depuis l'extĂ©rieur par l'Ă©paisse porte, mais dĂ©sormais Ă l'intĂ©rieur, je la sentais avec aise.
« Est-ce que c'estâžș »
« J'ai volé la recette à tes parents dÚs que j'ai pu. »
Proche de l'armoire, se trouvait une cheminĂ©e, elle Ă©tait faite de pierre, dĂ©corĂ©e d'une Ă©tagĂšre ornĂ©e de photographies. Au dessus du feu, une marmite bouillait. Ăa sentait bon le ragoĂ»t, avec une grosse touche de salĂ© mais aussi une fine de sucrĂ©.
Comme ma mĂšre savait si bien les faire.
« Luis... »
J'apportai mes mains à mes bras. Je frémis.
« J'ai toujours aimé la cuisine de ta mÚre. » me conta le brun, une spatule de bois à la main. « Est-ce que tu veux goûter ? Je peux te faire autre chose, si ça te dérange. »
Je pris place sur le lit.
« Non, non. Un ragoût me va, ça sera parfait. »
AprĂšs tout, c'Ă©tait le repas idĂ©al afin de regagner des forces. Entre lĂ©gumes, viandes, et saveurs, ce repas n'avait d'Ă©gal que son odeur fantastique, il me ramenait en enfance, au coin du feu, Ă observer la mixture bouillir, oĂč Ă table, Ă frapper le bois de mes couverts tant je criais famine sous l'expression tendre de ma gĂ©nitrice. Et, comme lorsque j'Ă©tais petite, la simple odeur de ce dĂ©licieux nectar suffit Ă me donner l'eau Ă la bouche.
« Ăa ne sera pas aussi bon que celui de ta mĂšre, Ă©videmment. Mais je pense qu'Ă force de pratique j'ai rĂ©ussi Ă faire quelque chose de bon. »
« Je n'en doute pas. » souris-je.
Le lit Ă©tait de mauvaise qualitĂ©, de mĂȘme pour le matelas. Les draps se contentaient d'une couverture, un vieux plaid parsemĂ© de peluches. Mes cuticules se coinçaient dans le tissu. Je rapprochai mes mains, les dĂ©posai sur mes cuisses. Ă quelques mĂštres de moi, Luis continuait de touiller dans la marmite, accoudĂ© contre l'Ă©tagĂšre de la cheminĂ©, une expression sĂ©vĂšre sur le visage, concentrĂ©e. J'en profitai.
Luis Ă©tait grand. Il portait de jolie chaussures de cuir, un jean et une veste marron assez similaire Ă ses souliers. Son accessoire, posĂ© sur la table, me fit de l'Ćil. Le meuble Ă©tant proche du lit, je fus apte Ă simplement me pencher pour attraper le pistolet. Certes, je m'Ă©tais pliĂ©e en deux et avais exagĂ©rĂ©ment Ă©tirĂ© mes membres, mais cela me permit de ne pas poser un pied au sol, j'en fus reconnaissante.
L'arme Ă©tait lourde. Cela m'en coupa le souffle.
Elle Ă©tait longue aussi, du moins son canon. Le reste Ă©tait fin. Le pistolet Ă©tait facile Ă manier, sĂ»rement tout autant facile Ă recharger. De part sa splendeur et simplicitĂ©, je me retrouvais bientĂŽt dans un Ă©tat d'Ă©merveillement prenant. Je n'avais jamais Ă©tĂ© fan d'armes Ă feu. J'Ă©tais consciente de leur existence, peu familiĂšre au toucher, mais j'en avais dĂ©jĂ vu. Notamment le fusil de monsieur Benavente, l'homme bizarre et constamment sur ses gardes qui vivait dans la plus grande maison du village. J'Ă©tais venue chez lui, enfant, et n'avais pas pu me sortir de la tĂȘte son arme, me demandant souvent lorsque je rĂȘvassai, quelle sensation cela procurait de tirer.
Luis devait le savoir.
Le canon Ă©tait froid.
Cela faisait des heures qu'il s'en Ă©tait servi pour abattre mon pĂšre. Je ne l'avais pas vu faire, cependant je jurais qu'il n'avait pas hĂ©sitĂ© lorsqu'il avait Ă©tĂ© question de leur ĂŽter la vie âžșde sauver la mienneâžș.
La voix de Luis me coupa dans mes pensées.
« Tu t'en es déjà servis ? »
Relevant la tĂȘte, je le vis servir un bol boisĂ© sur la table, dorĂ© de ce que je songeais ĂȘtre une cuillĂšre de bois Ă l'intĂ©rieur. Luis regardait mes mains. Je tiltais.
« Non, jamais. » confessai-je.
Je me levai, lui rendis son pistolet et pris place Ă table.
« Je ne savais que toi, tu.. Tu sais. »
Luis rit nerveusement. Il astiqua l'arme aidé par la manche de sa veste de cuir, tùtait le canon nerveusement.
« Il fallait bien. » il déclara. « Avec ces choses, dehors, j'étais contraint de sortir armé, de me protéger. D'apprendre à tirer sur ceux que nous connaissions et aimions autrefois, avant qu'ils ne soient touchés par ce parasite. » argumenta-t-il.
J'hochai la tĂȘte, mangeant mon dĂźner. J'avais l'oreille tendue.
« Le repas te plaßt, ma douce ? »
J'acquiesçai.
« C'est délicieux, Luis. »
La viande Ă©tait un peu trop cuite. Elle ne fondait pas aussi bien sur la langue que lorsque ma mĂšre le faisait, mais le goĂ»t Ă©tait au rendez-vous, plaisant et bien balancĂ© entre le sucrĂ© et salĂ©. Surtout : c'Ă©tait mangeable. En cet instant, c'Ă©tait ce qui m'importait. J'Ă©tais extrĂȘmement reconnaissante de l'effort qu'il avait fait Ă me faire de quoi souper, mais j'Ă©tais aussi heureuse d'avoir quelque chose de bon et nourrissant Ă me mettre sous la dent. Dans mes souvenirs, Luis n'avait jamais Ă©tĂ© un grand chef. Il Ă©tait trop maladroit pour.
Cette pensée me fit sourire.
Les souvenirs du passĂ© me hantaient. Telle une main dĂ©posĂ©e sur l'Ă©paule, ils me rĂ©confortaient, m'aidaient Ă me faire Ă l'idĂ©e que tout avait changĂ©. Ils me guidaient. Car, certes, Luis Ă©tait mĂ©connaissable, mais au fond, tout comme moi, certaines choses restaient les mĂȘmes. Cela fut amplement suffisant afin de me calmer. Cela apaisa mon cĆur Ă©puisĂ©.
Je finis mon dĂźner dans le calme.
Mon bol vide, je le nettoyai, m'en dĂ©barrassai ensuite sur l'Ă©tagĂšre au dessus de la cheminĂ©e. Luis avait Ă©teint le feu, recouvert la marmite d'un couvercle de bois. Le tout se fit dans un silence confortable. Luis Ă©tait allongĂ© sur le lit, son dos touchant le mur, et un livre dans les paumes de ses mains. Je me reculai de la cheminĂ©e, touchant la ceinture autour de ma jupe au passage, soudain un peu gĂȘnĂ©e par le fait d'ĂȘtre ainsi vĂȘtue.
« Tu crois que je peux me changer ? »
« Il y a une salle de bain juste à cÎté. » me confia-t-il.
« OĂč ça ? » je m'Ă©tonnai.
Luis ferma son livre et me rejoignit.
« Ă l'extĂ©rieur, dans la mĂȘme montagne. L'accĂšs depuis l'intĂ©rieur a Ă©tĂ© bloquĂ©, je ne sais pas pourquoi. » dĂ©veloppa-t-il, saisissant ma main au passage. « Je vais te montrer. »
Luis et moi sortions de la piĂšce, revenant Ă l'extĂ©rieur. Luis l'avait fait avec nonchalance tandis que moi, je me retrouvais surprise de constater que, une fois la porte refermĂ©e et cachĂ©e derriĂšre la verdure de la forĂȘt, il Ă©tait impossible de se douter que quelqu'un pouvait vivre ici. Le soleil Ă©tait Ă prĂ©sent couchĂ©. La lune illuminait le monde haut dans le ciel. En consĂ©quence, il faisait froid. ExtrĂȘmement froid.
Luis ouvrit une seconde porte et, l'espace d'une petite heure, j'eus l'opportunitĂ© de me dĂ©crasser et d'enfin me retrouver. La douche n'avait pas Ă©tĂ© de grande qualitĂ©, l'eau, glacĂ©e, et je fus contrainte d'enfiler une chemise Ă Luis pour Ă©viter de me prĂ©senter face Ă lui dans ma tenue d'Ăve. Mes vĂȘtements Ă©taient dans un Ă©tat inquiĂ©tant, boueux, dĂ©chirĂ©s, puants et couverts de sang, sueur. Mais cela fut amplement suffisant. J'en ressortis revigorĂ©e. AccompagnĂ©e de mon ami d'enfance, nous rentrions dans la piĂšce initiale du lieu, ainsi, je m'en allai me rĂ©chauffer auprĂšs du feu. Mon linge sale fut abandonnĂ© sur la table, de mĂȘme pour mes chaussures, toutefois, eux trouvĂšrent leur place au sol.
Le feu crĂ©pitait joliment. OrnĂ© de rouge, jaune et orange, il se noya dans mon regard, se reflĂ©ta dans mes yeux. Il Ă©tait chaud Ă souhait. Peut-ĂȘtre mĂȘme un peu trop. Je le sentais brĂ»ler la pulpe de mes doigts, la sensation n'Ă©tait pas particuliĂšrement agrĂ©able, mais cela me ramenait sur Terre, me permettait de me sentir vivre. Il me rĂ©chauffait surtout, en vue de ma tenue.
Luis s'accroupit à mes cÎtés. Il m'imita.
« Tu te sens mieux, ma douce ? »
Je lui offris un sourire sincĂšre.
« Beaucoup. »
Ătant assise au tailleur au sol, je n'eus aucun mal Ă me rapprocher de lui. Luis manqua de perdre Ă©quilibre, nĂ©anmoins, il ne me repoussa pas lorsque je posai ma tĂȘte contre son bras. Il me jeta un coup d'Ćil, prit par surprise. Il n'obtint rien en retour. La splendeur du feu, son Ă©lĂ©gance, ses moindres mouvements accompagnĂ©s de grĂące continuaient de s'accaparer mon attention.
J'étais dans l'incapacité de regarder autre chose.
« Merci pour tout, Luis. Je t'ai déjà remercié, non ? Je ne m'en souviens plus. »
« Mhh, pas de problÚme. »
Une de ses mains se plaqua contre la surface de mon visage qui n'était pas collée contre son bras. Sa paume recouvra cette partie. Il me pressait un peu plus contre lui.
J'aurais voulu le toucher un peu plus. Quelques heures plus tĂŽt, nous avions sautĂ© un grand pas âžșou nous Ă©tions revenus au point de dĂ©part ? De base, nous Ă©tions bel et bien amoureux. Ă prĂ©sent, nous l'Ă©tions Ă nouveau. Je ne savais plus trop sur quel pied danser avec lui, oser me blottir contre lui et aller trop vite, ou rester dans mon coin et manquer de prĂšs la chance de revivre les meilleures annĂ©es de ma vie. Je ne savais plus quoi lui dire.
Je me sentais toute nerveuse.
Peut-ĂȘtre que, finalement, le feu ne m'intĂ©ressait pas tant que ça. Ăa n'Ă©taient pas les premiers bouts de bois que je voyais se faire calcinĂ©s sous mes yeux, mais c'Ă©tait bel et bien la premiĂšre fois que je revoyais Luis. J'Ă©tais passĂ©e de jeune adolescente passionnĂ©e Ă une jeune femme plus mature et un poil fatiguĂ©e. Je n'Ă©tais sĂ»rement plus aussi spontanĂ©e qu'auparavant. Moins dĂ©licieuse, enivrante. En revanche, Luis, lui... Luis Ă©tait restĂ© le mĂȘme.
Un peu comme une poupée
Oui c'Ă©tait ça. C'Ă©tait tout Ă fait ça. Je l'avais retrouvĂ© dans notre village, exactement le mĂȘme, peut-ĂȘtre plus ĂągĂ©, mais toujours le mĂȘme Luis dont j'Ă©tais tombĂ©e amoureuse. Le mĂȘme Luis qui m'avait brisĂ© le cĆur et qui aujourd'hui recollait les morceaux sans mĂȘme s'en soucier. Il Ă©tait intact. Parfait. Une perfection Ă vous en couper le souffle et Ă bien vous demander si vous n'ĂȘtes pas en plein rĂȘve. Ou en pleine folie.
« Tu es bien pensive. »
Luis caressait ma joue du bout de son pouce. Je tournai la tĂȘte.
« Désolée, tu disais ? »
« Je te demandais si tu voulais te reposer. »
Sa proposition me tenta. Toutefois, je la déclinai.
« Non, ça ira. J'aimerais rester ici encore un peu, si ça te dérange pas. » répondis-je. « Mais tu peux y aller, toi, si tu veux. »
Luis secoua la tĂȘte.
« Moi non plus, je n'ai pas sommeil. »
Son pouce s'approcha de ma lÚvre inférieure, il la frÎla. Mes yeux, quant à eux, louchÚrent sur sa bouche.
« Je peux rester ici aussi, si ça ne t'embĂȘte pas, bien sĂ»r. » murmura Luis.
« Non, je t'en prie.. Reste. »
Je posai ma paume sur le dos de sa main posĂ©e sur ma joue. Je m'accrochais Ă lui, de peur de le voir s'en aller, de peur qu'il ne commence Ă hĂ©siter et Ă penser que tout cela n'Ă©tait que pure folie. Ăa n'Ă©tait pas le cas. Je m'Ă©tais empressĂ©e de le lui faire comprendre.
« Dis-moi. »
Luis pivota de maniÚre à me faire face. Il tomba à genoux et se saisit de mon visage en coupe, me forçant ainsi à me tourner vers lui. De profil à la cheminée, face à face, je ne pus lui échapper.
« Combien d'hommes as-tu embrassé aprÚs moi ? »
Mes paupiÚres se faisaient lourdes. à force de le regarder mon corps avait sombré dans la folie, le fait qu'il me touche.. Je flottais sur un nuage.
« TrÚs peu. »
« Mais tu m'as embrassé moi. » insista-t-il. « Pour quelle raison ? »
Mes mains se saisirent de ses poignets, je me penchai dans sa direction. Il m'imita.
« C'est idiot, je t'assure. »
Je souris lorsque nos fronts entrĂšrent en contact.
« J'en avais juste envie. »
Luis compressa mes joues. Il me toisait avec beaucoup d'intensitĂ©, tout comme moi, comme si il peinait Ă croire que ce qui se dĂ©roulait sous ses yeux Ă©tait la rĂ©alitĂ©. Cela nous Ă©chappait, autant Ă lui qu'Ă moi. J'avais le cĆur qui tambourinait dans ma poitrine, une horde de papillons dans le bas ventre pour couronner le tout. J'Ă©tais... J'Ă©tais en extase. Je ne quittais pas mon nuage. Luis avait sautĂ© le pas, il m'avait rejoint dessus, nous Ă©tions donc tous les deux sur ce morceau de coton, main dans la main, peau contre peau. Il n'y avait plus que nous.
Il n'y avait jamais eu personne d'autre.
Ăa avait toujours Ă©tĂ© ainsi. Lui et moi.
Adolescents, jeunes adultes, adultes.. C'Ă©tait Ă l'instar d'Ăąmes sĆurs. Peut-ĂȘtre Ă©tions-nous des Ăąmes sĆurs ? Au final... Des ĂȘtres qui, selon la lĂ©gende, Ă©taient destinĂ©s Ă se retrouver et s'aimer inlassablement jusqu'Ă la fin des temps. Dans la vie, la mort, le temps et l'espace. Oui. C'Ă©tait ce que nous Ă©tions. Tout Ă fait. Il n'y avait plus aucun doute.
« Luis.. »
Mes mains s'accrochaient dĂ©sespĂ©rĂ©ment Ă ses poignets, le feu me brĂ»lait la peau, ma respiration saccadĂ©e blessait mes poumons. Je.. J'Ă©taisâžș
« Luis. »
Son nom quittait mes lÚvres tel un chant noué par du désespoir. Que dire ? Que faire ? Ainsi face à lui, mes pupilles rivées dans les siennes, je n'avais plus qu'un seul et unique désir. C'était évident. à présent..
« Embrasse moi, je t'en prie. »
Luis s'humecta les lĂšvres.
Quelques mĂšches de ses cheveux titillaient ma peau, d'autres cachaient ses yeux. Je libĂ©rai ma main droite afin de remettre de l'ordre dans sa coiffure, frĂŽlant sa pommette, sa joue, sa barbe, sa tempe. Je bougeai doucement. Je ne voulais pas dĂ©pĂȘcher les choses. Cependant, alors que je m'apprĂȘtais Ă caresser son visage, une fois ma tĂąche conclue, Luis s'Ă©tait saisi de mon poignet.
Il tira ma main jusqu'Ă sa chemise entrouverte. Il me glissa dans son vĂȘtement et posa ma paume lĂ oĂč je fus apte Ă sentir son organe vital palpiter. Son regard n'eut pas quittĂ© le mien tout le long. Pas mĂȘme lorsque mes yeux s'Ă©taient Ă©carquillĂ©s. Son cĆur battait vite, il avait sombrĂ© dans la folie. Je pouvais presque l'entendre. Il battait Ă l'unisson avec le mien, dans une dĂ©licieuse symphonie.
« Ma douce.. »
Luis frotta son front au mien.
« Permets-moi de te faire mienne. »
Sa main toujours posée sur ma joue s'approcha de mon menton, elle le saisit.
« Afin que plus jamais je ne te fasse l'affront de t'abandonner. Ăa n'est pas digne de moi, ni de mes sentiments. »
J'hochai vigoureusement la tĂȘte.
« Je t'en prie, Luis. »
Mes ongles s'enracinĂšrent dans son pectoral.
« J'ai toujours été à toi. »
« De mĂȘme. »
Il baisa tendrement ma lÚvre inférieure.
« Il n'y a toujours eu que toi, mon cĆur est tien depuis le dĂ©but. Ă jamais. »
Son aveu me fit sourire. Nous étions désormais si proches que, dÚs que nous nous mettions à parler, nos lÚvres se touchaient. Et, finalement, Luis attrapa fermement mes épaules de ses deux mains. Puis, il m'embrassa. Nos bouches se rencontrÚrent, bercées par la chaleur du feu nous observant. Ce fut divin. Nous partageùmes un tendre baiser, amants, amis, ennemis, rancune, amour, amertume, tout disparu pour laisser place à un sentiment dont j'avais pourtant pensé perdu.
La sérénité.
Dans cette habitation perdue dans les bois, au cĆur de cette pandĂ©mie meurtriĂšre, de ce gĂ©nocide, ce dĂ©but de fin du monde, Luis et moi trouvĂąmes refuge dans les vestiges de notre amour.
Et cela fut amplement suffisant pour soigner les blessures du passĂ©. J'en ressortis nouvelle. ComblĂ©e. Ăprise. J'Ă©tais dĂ©sormais prĂȘte Ă tout pour rester aux cĂŽtĂ©s du garçon dont j'Ă©tais tombĂ©e amoureuse depuis si longtemps. Quitte Ă tout sacrifier, jusqu'Ă la vie que j'avais battit au cours de ces derniĂšres annĂ©es. Tout cela ne faisait pas le poids face Ă la possibilitĂ© de tout reconstruire Ă ses cĂŽtĂ©s et de revivre les plus charmants instants de mon existence. Remplis d'innocence et d'amour. C'Ă©tait d'une Ă©vidence accablante.
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" Sacrifice "
đ đČđ đČđ» đđ°đČÌđ»đČ : Geto Suguru
đ„đČÌđđđșđČÌ : Geto et sa petite-amie avaient rompu depuis quelques mois dĂ©jĂ , cependant, Gojo refusait de lĂącher l'affaire : ils finiraient ensemble. Qu'ils le veuillent ou non.
đđđČđżđđ¶đđđČđșđČđ»đ : angst mais happy ending.
ENG : PLEASE DO NOT STEAL MY WORKS.
If you want to translate it, ask me first then we can talk about it. If you want to find me on Wattpad or AO3, my accounts are in my bio, these are the ONLY ONES i have.
FR : MERCI DE NE PAS VOLER MES OS.
Si vous avez envie de les traduire, merci de me demander la permission avant. Si vous voulez me retrouver sur Wattpad ou AO3, j'ai des liens dans ma bio, ce sont mes SEULS comptes.
đœđđđđđ đđ đđđđ : đđ€.
« C'est que ça capte mal ici.. »
Geto bougeait son portable à clapet de haut en bas, de droite à gauche, il le fit en vain, aucune barre de réseau ne daignait se montrer. Sans attendre, une petite moue s'installa sur les traits de son visage.
« Qu'est-ce que je fous là , bon sang. »
La seconde suivante, il entendit quelqu'un arriver. Geto releva la tĂȘte dans sa direction.
Il faisait un peu sombre, les reflets du soleil obscurcissaient la silhouette en dehors des deux ponts routiers entre lesquels il se tenait. Geto posa son poignet contre son front, il plissa les yeux, pensant ainsi mieux y voir, mais ça ne s'arrangea pas. Il ne remarqua que deux détails : c'était une fille, et elle était étudiante. Il l'avait compris en la voyant avancer dans son joli uniforme d'écoliÚre, accompagnée par son sac de cours de cuir trÚs semblable aux valises avec lesquelles les professeurs avaient l'habitude de se balader. Lorsqu'elle fut arrivée sous le premier pont routier, Geto y vit plus clair, en conséquence; ses yeux s'écarquillÚrent. Il l'avait immédiatement reconnue. Et il compris sans attendre la raison de sa venue ici, pourquoi il avait reçu ce message aussi étrange et pourquoi il n'avait pas hésité à faire le chemin du centre-ville jusqu'à la campagne.
« Tu étais obligée de passer par Satoru, hein ? » soupira Geto.
« Tu ne répondais pas par message. Tu m'as bloquée ? »
Il hocha la tĂȘte en rangeant son portable Ă clapet dans sa poche de pantalon.
« Je m'en doutais. » jura-t-elle.
L'adolescente plissa finement les yeux, elle foudroya le noiraud du regard, raffermissant au mĂȘme moment la prise qu'elle exerçait sur son sac de cours, elle se mit Ă tapoter le sol de terre trempĂ© Ă ses pieds de la pointe de sa chaussure.
« Il m'a tout expliqué. »
L'adolescent grogna, embarrassé. Il masqua brusquement une partie de son visage derriÚre sa main libre, la bouche écartée en une vilaine grimace.
« Qu'est-ce qu'il t'a dit ? »
La jolie demoiselle dĂ©tourna le regard, elle aussi embarrassĂ©e par cette situation. Geto Ă©tait drĂŽlement imposant pour un garçon de seize ans. Il la dĂ©passait largement et mĂȘme sa carrure imposante aurait suffit Ă cacher son corps. Elle peinait Ă le regarder, elle Ă©tait constamment frappĂ©e par des images du passĂ© autant plaisantes que douloureuses, lui rappelant la sensation de ses mains sur son corps, l'onctuositĂ© de ses lĂšvres, l'odeur de sa peau et l'adorable petit sourire qui prenait place sur ses lĂšvres Ă chaque fois qu'il l'avait autrefois taquinĂ©e.
« Satoru m'a dit que tu avais encore des sentiments pour moi. Il a ajouté que tu parlais beaucoup de nous, que ça le saoulait. »
Elle le remarqua immĂ©diatement : Geto rougissait. Il se cachait derriĂšre sa main, mais elle reconnut sans mal les quelques rougeurs Ă©parpillĂ©es sur ses pommettes et celles remontant jusqu'Ă la pointe de ses oreilles. Geto se tourna de maniĂšre Ă ĂȘtre de profil devant elle. Il faisait face Ă un mur de bĂ©ton, sur lequel les deux ponts routiers reposaient. Geto refusa de croiser son regard. Tout en songeant Ă quel point cela Ă©tait humiliant, il ne put se retenir de maudire son meilleur ami Gojo, jurant sur le plus prĂ©cieux de ses biens qu'il obtiendrait vengeance de sa trahison.
La demoiselle souffla. Elle se pencha sur sa gauche á
łplus particuliĂšrement le haut de son corpsá
ł de maniĂšre Ă mieux observer Geto.
« Il m'a dit que si je revenais vers toi, que si on arrangeait les choses, tu finirais pas arrĂȘter de l'embĂȘter avec nos histoires. » prĂ©cisa-t-elle. « Alors me voici, sombre idiot. »
« Et tu l'as écouté ? » il gémit.
« Suguru, je suis pas abrutie, abuse pas non plus. Tu crois quoi, que j'ai avalé ton histoire ? Elle était bidon. »
Le noiraud lui jeta un coup d'Ćil Ă travers ses doigts. Elle le regardait curieusement, penchĂ©e sur sa droite et Ă partir de ce moment, il fut incapable de regarder ailleurs. La main de Geto lui tomba le long du corps et, toujours de profil, il l'observa.
« Tu as peur. »
La constatation de la jeune fille ne le fit point réagir.
« Je sais ce que j'ai dit à propos de l'année prochaine, et je sais que tu m'en veux. »
Elle avança gentiment sur sa gauche jusqu'Ă coller son dos contre le long mur de bĂ©ton. Geto resta interdit. Elle lui faisait Ă prĂ©sent face Ă deux mĂštres de lĂ . Elle abandonna son sac Ă mĂȘme le sol et se laissa glisser au sol, sa jupe s'en souleva lĂ©gĂšrement et ses chaussures, elles, foncĂšrent la tĂȘte la premiĂšre dans la terre humide. Geto soupira. L'image qu'elle lui offrait lui faisait mal au cĆur, mais qu'elle pouvait ĂȘtre jolie.. Ă vous couper le souffle.
« Je continue de les voir, tu sais. Tous les jours. »
La charmante adolescente leva le dos de sa main dans sa propre direction, elle admira sa fine manucure transparente, dont les extrémités faits de blanc faisaient ressortir le cÎté lumineux et pétillant de son épiderme. Elle plissa finalement les yeux.
« Et je me dis, peut-ĂȘtre que si j'arrĂȘtais d'ĂȘtre Ă©goĂŻste, je pourrais tout avoir. Je pourrais tout ravoir. » conta-t-elle. « Gojo, un avenir sĂ»r, la fiertĂ© de ma famille, un haut rang dans notre sociĂ©tĂ©... »
Elle referma le poing, plantant soudainement son regard dans le sien.
« Et toi, Suguru. »
L'étudiant ne répondit pas.
« Mais c'est tellement bizarre. Toi et Satoru, vous avez trempé dans ça toute votre vie, Satoru est destiné à devenir l'exorciste le plus puissant. Il a déjà tout à portée de main. Et toi... Oh, Suguru. Il n'y a aucun doute sur le fait que tu deviendras quelqu'un de grand. Mais... Et moi, dans tout ça ? »
Comme pour appuyer ses propos, l'adolescente baissa le poing, tel le plus grand signe de défaite au monde : l'abandon. Elle n'avait plus la force de le conservé élevé dans les airs. Elle n'en avait plus la convictions.
« Tu te sens de trop ? » s'interrogea Geto.
« Pas spécialement. »
Sa rĂ©ponse ne sembla pas lui suffire. Geto s'en contenta malgrĂ© tout, il avança dans sa direction, sans y rĂ©flĂ©chir Ă deux fois, il prit place Ă cĂŽtĂ© d'elle. Il trempait son uniforme, tachait son derriĂšre de boue et sans attendre, se saisit de sa main. Geto n'y eut point songĂ© car il avait su qu'elle ne l'aurait pas repoussĂ© et que, de plus, c'Ă©tait la bonne chose Ă faire. AprĂšs tout, elle avait toujours aimĂ© le toucher. OĂč qu'il soit, peu importe la situation, elle attrapait toujours sa main ou se collait Ă son dos, de mĂȘme pour son flanc. Et il devait l'avouer : ça commençait Ă lui manquer. Geto Suguru n'Ă©tait pas un garçon difficile Ă cerner, il Ă©tait trĂšs expressif, presque incapable de mentir, il avait toujours tendance Ă obtenir ce qu'il dĂ©sirait. VoilĂ pourquoi il n'avait pas rĂ©sistĂ© Ă la simple idĂ©e de la toucher. De plus que, Ă sa grande surprise, l'adolescente pensait comme lui. Tout ce qu'elle dĂ©sirait lui faire, il planifiait dĂ©jĂ de le lui faire en retour.
Ils Ă©taient comme une mĂȘme personne, un mĂȘme cerveau, un mĂȘme cĆur, sĂ©parĂ© en deux et fatalement destinĂ©s Ă se retrouver.
« C'est effrayant. » parla l'adolescente.
« Pas les fléaux. » se reprit-elle dans l'immédiat. « C'est plutÎt le fait de changer de vie. Je vais devoir tout réapprendre et ma vie va changer, je pensais qu'en ignorant mon don, j'aurais pu m'en sortir. Mais je vous ai rencontrés toi et Satoru et Choko. Et maintenant je vais devoir quitter mes amies tout en sachant que je ne les reverrais jamais. Je me demande juste... »
Elle se tourna, de maniĂšre Ă faire face au regard attentif de Geto. Et alors qu'elle eut Ă peine le temps de finir de parler, et l'assaillit en serrant fort sa main dans la sienne et parlant de nouveau.
« Est-ce que j'en suis capable ? »
Geto sourit Ă cela.
« Tu te penses faible ? »
« Est-ce que je peux me considérer forte ? »
Le noiraud roula des yeux au ciel, cette fois amusĂ©, il se dĂ©pĂȘcha, de sa main libre, d'attraper son bras; la limite entre celui-ci et son Ă©paule. Geto plongea dans ses beaux yeux larmoyants, un regard rempli de conviction qui l'Ă©branla jusque dans le plus profond de son Ăąme. Elle en frĂ©mit durement.
« Rejoins-moi. »
Geto balançait ses yeux dans les siens, de droite à gauche.
« Je vais pas accepter alors que tu m'as larguĂ©e, abruti. » rĂ©pliqua-t-elle sĂšchement. « Je t'ai mĂȘme pas encore entendu t'excuser. »
L'étudiant acquiesça.
« T'as raison, excuse moi. »
Il remonta sa main sur son Ă©paule jusqu'Ă son visage. Il eut frĂŽlĂ© sa jolie nuque, et ses lĂšvres, avant de plaquer sa paume contre une grande partie de sa joue droite, ses doigts se fondirent dans sa chevelure tandis que le dĂ©but de sa paume se tint sur sa mĂąchoire et que la plus grande partie de celle-ci se tint sur celle rebondissante de son joli petit minois. Et, sans surprise, Geto l'observa. Il se mit mĂȘme Ă nouveau Ă sourire. Qu'elle Ă©tait belle... Douce et aimante, tel le plus beau des anges.
Et c'Ă©tait lui qu'elle avait choisi d'aimer.
« Satoru t'as dit pourquoi j'ai rompu ? » la questionna-t-il.
L'adolescente secoua vigoureusement la tĂȘte, le faisant ainsi rire de bon cĆur.
« Si j'ai décidé de rompre, du jour au lendemain, c'était parce que j'avais peur. » expliqua Geto, soudain sérieux. « Le métier d'exorciste n'est pas vraiment reconnu, qu'est-ce que j'aurais dit à tes parents ? Et, sachant que tu ne voulais pas étudier avec nous, je ne voulais pas risquer de te mettre en danger. »
Il poussa un profond soupir, une partie de son cĆur soudain allĂ©gĂ©. Le poids qui s'y Ă©tait accumulĂ© depuis dĂ©jĂ trois mois commençait Ă disparaĂźtre.
« Nos vies allaient devenir différentes. J'étais terrifié à l'idée de te voir perdre tes sentiments pour moi, j'avais peur que tu m'abandonnes pour quelqu'un de plus normal. J'y ai tellement réfléchi, je pensais que c'était la meilleure solution pour nous deux. La meilleure solution pour te savoir en sécurité. »
« Oh, Suguru... »
La charmante adolescente pouffa.
« Tu t'imagines vraiment que ça m'aurait suffi ? »
Elle vit avec amusement les yeux du noiraud s'ouvrir sous la surprise.
« Je veux pas vivre sans toi. Je suis mĂȘme prĂȘte Ă tout quitter si ça signifie vieillir Ă tes cĂŽtĂ©s, ou mourir au combat pour sauver ta peau. » affirma-t-elle.
à ces propos, Geto raffermit la prise de sa main sur la sienne. Son regard palpita un bref instant, si bref que l'adolescente jura que cela avait été une hallucination. Néanmoins, cela ne la retint pas de faire aussi pression sur sa main. Geto la touchait si tendrement, elle en avait oublié à quel point elle se sentait bien à ses cÎtés. Qu'il était grand et charmant... Elle peina à croire qu'elle avait osé le laisser partir quelques mois plus tÎt. Alors qu'elle le contempla, elle jura que ça n'avait été que pure folie de sa part. Elle s'en alla jusqu'à se demander comment elle avait pu survivre sans lui jusqu'ici. Sans se noyer dans ses beaux yeux malicieux, sans fondre dans son étreinte et sans discuter à ses cÎtés la nuit, jusqu'à entendre les oiseaux gazouiller et sentir les premiers rayons du soleil se frayer un chemin à travers les volets.
Elle insista de nouveau : ça n'était que folie.
« Alors, j'ai décidé. »
La jeune fille plia et ramena ses jambes sur le cĂŽtĂ© droit de son corps, ainsi elle força son corps Ă faire face Ă celui du noiraud. Elle apporta sa seconde main Ă sa joue, oĂč elle vint y cueillir celle de Geto. AprĂšs quelques manĆuvres, elle posa leurs mains sur ses propres cuisses, leurs doigts entremĂȘlĂ©s et impossible de s'en dĂ©gager.
« J'y ai rĂ©flĂ©chi depuis que Satoru m'a Ă©crit, tellement que j'en ai encore mal Ă la tĂȘte. » avoua-t-elle avec embarras. « Et je sais mĂȘme pas ce que je veux ĂȘtre plus tard. J'y ai pensĂ©, je te promets. Et... »
Geto arqua un sourcil.
« Je veux qu'une chose pour l'instant. C'est tout. Et c'est ĂȘtre avec toi, Suguru. Alors, je m'en fiche de ce que l'avenir nous rĂ©serve, tout ce que je sais, c'est que je resterai avec toi, peu importe les sacrifices que ça me demandera. Je t'aime. Et ça changera pas. »
Elle se pencha dĂ©licatement dans sa direction, le cĆur battant Ă vive allure et le corps tout chaud. Geto restait stoĂŻque. Il la regardait s'avancer, timide et presque incapable de soutenir leur contact visuel.
« Ăa changera jamais. »
Il ne put se retenir plus longtemps. Ă ces mots, Geto se jeta sur ses lĂšvres; il pressa ses dix doigts contre les siens, dans ce nĆud d'amour entre leur corps, et il lui vola un baiser. Un baiser rempli d'amour. Geto avait fermĂ© les yeux, immĂ©diatement suivi par la fille de ses rĂȘves, et il l'avait embrassĂ©e Ă en devenir fou, Ă en sentir ses tympans palpiter et son cĆur exploser tel un ballon. Le son fit Ă©cho dans ses veines. Il Ă©tait assourdissant. Il tapait fort en lui, dans un rythme effrĂ©nĂ©, le forçant Ă s'abandonner toujours plus contre elle.
« Ăa veut dire que Satoru avait raison ? » demanda l'adolescente une fois sĂ©parĂ©e de lui.
« Tu m'étonnes. » répliqua-t-il.
Geto apporta une de leur main Ă ses lĂšvres, il embrassa rapidement le dos de la sienne.
« Je promets de te protéger. Je t'aiderai à t'adapter, tu verras, ce sera génial. »
« Je vais continuer à voir ces créatures tous les jours ? »
Le noiraud colla son front au sien.
« Jusqu'Ă la fin de ta vie. » il avoua sans arriĂšre pensĂ©e. « Mais je serais lĂ pour t'aider Ă affronter tout ça, moi, Satoru et mĂȘme Choko. »
« On va en tuer beaucoup ? »
« Des tonnes. »
« Bizarrement, ça m'enchante moins... »
Geto rit.
« Tu m'as manqué, Suguru. »
Son regard s'adoucit.
« Toi aussi tu m'as manqué. »
Ils Ă©taient assez proches pour, front contre front, mains enlacĂ©es et doigts entremĂȘlĂ©s. Alors en consĂ©quence, Geto et la fille de ses rĂȘves vinrent une seconde fois s'embrasser. Cette fois-ci, le baiser fut moins passionnĂ©. Les deux adolescents s'embrassĂšrent calmement, ils savourĂšrent cet instant, chanceux de s'ĂȘtre retrouvĂ©s et de s'ĂȘtre offert une seconde chance, malgrĂ© le futur sinistre qui, Ă prĂ©sent, les attendait. Geto bĂ©cota les jolies lĂšvres de sa copine et, celle-ci, quant Ă elle, huma avec plaisir l'odeur de son eau de Cologne. La gorge de Geto sentait bon l'aprĂšs-rasage, elle s'en dĂ©lecta sans en oublier de l'embrasser en retour. Elle ne le lĂącha pas. Au contraire, elle s'agrippa davantage Ă lui, dĂ©sireuse de rester Ă ses cĂŽtĂ©s, de ne plus jamais le laisser s'en aller et de l'Ă©pauler mĂȘme dans les moments les plus durs.
MĂȘme Ă bout de souffle, elle continua Ă l'embrasser. Son visage saisi en coupe, Geto sentit les lĂšvres de la jolie adolescente s'attaquer Ă toutes les parties de son visage. Que ce soit son front, ses tempes, ses paupiĂšres, l'arĂȘte de son nez, son menton, les lobes de ses oreilles et la commissure de ses lĂšvres, elle le laissa rien lui Ă©chapper.
« Je suis tellement heureuse. »
« Je t'ai manqué à ce point ? »
Geto arqua un sourcil.
« T'as pas idée. »
La charmante demoiselle se recula brusquement, elle quitta Geto pour se relever sur ses chaussures d'uniforme et tapoter son fessier. Des bribes de poussiÚres, de cailloux et de terre humide tombÚrent au sol, tachant au passage ses mains. Geto se releva à son tour. Il l'imita. Puis, la voyant se saisir de sa mallette de cour, il s'autorisa à vérifier si elle était encore sale.
« Ăa partira au lavage ? » s'interrogea-t-il.
« De quoi ? Oh, mon Dieu. Suguru, me dis pas que je suis tachée derriÚre. »
« D'accord, je dis rien. »
Le noiraud s'avança jusqu'à la rejoindre, une fois à sa hauteur, il passa son bras autour de sa nuque et la colla contre lui.
« J'ai le cul trempé moi aussi, c'est pas grave. » il marmonna. « Au moins on est accordés. »
« Je te déteste. »
« Eh, c'était ton idée de te poser là . »
« Et il a fallu que tu me suives, hein ? »
Geto voulut lui rĂ©pondre, rĂ©torquer qu'il l'aurait suivie jusqu'au bout du monde, que ça n'aurait pas Ă©tĂ© la fin du monde. Cependant, il prĂ©fĂ©ra plonger sa main libre dans la poche de son pantalon et en extirper son portable Ă clapet, Geto le zieuta curieusement en forçant l'adolescente Ă le suivre hors des deux ponts routiers sous lesquels ils s'Ă©taient tenus. Elle le laissa faire, dĂ©jĂ bien occupĂ©e Ă apporter sa main Ă la sienne á
łsur son Ă©pauleá
ł et Ă entremĂȘler leurs doigts ensemble. Geto y rĂ©pondit en faisant doucement pression dessus, son nez toujours vautrĂ© sur l'Ă©cran de son portable.
« J'ai pas la moindre barre. »
« T'en auras pas avant un sacré bout de temps. Pourquoi ? »
Le ton curieux dans sa voix força Geto à dévisager la jolie adolescente. D'un ton las, il lui répondit :
« Pour dire à Satoru de se préparer quand je rentrerai. Je vais lui botter le cul. »
Sa réplique suffit à la faire ricaner. La demoiselle enjamba la petite structure en briques les séparant du dessous du pont routier au terrain d'herbe qu'ils essayaient de rejoindre, tout cela, en riant joyeusement. Geto l'ignora, il pesta plus vivement en direction de son portable à clapet, y voyant du WiFi lui revenir, pour aussitÎt disparaßtre. Finalement, il l'éteignit et le rangea à sa place.
« Tu veux rentrer ? » demanda-t-il.
« Pas maintenant. »
L'adolescente zieuta la montre Ă son poignet.
« Il nous reste encore un peu de temps, non ? Je viens juste de finir les cours. »
« Pareil. »
Geto serra sa main dans la sienne, il pressa leurs doigts les uns contre les autres, forçant sa peau à se mouler dans sa chair.
« Tu veux aller manger une glace ? »
« Tu m'invites ? »
Un sourire se forma sur ses lĂšvres.
« Toujours. »
« Alors je te suis. »
Geto expira l'inspiration qu'il avait rĂ©primĂ© le temps qu'elle rĂ©ponde. Son cĆur s'allĂ©gea. Il contempla l'espace d'un instant l'expression malicieuse de la fille de ses rĂȘves et, la seconde suivante, la pressa contre lui. Une fois Ă sa portĂ©e, Geto embrassa tendrement son front. L'adolescente gloussa. Elle subit son baiser, une fois reculĂ©e, elle haussa les sourcils.
« Je savais bien que je t'avais manqué. »
Geto roula des yeux.
à l'instar de lui répondre, il préféra se focaliser sur le chemin qu'ils avaient emprunté.
« On va manger au centre-ville ? »
« Y'a pas un glacier ici ? »
« Je pense pas. » elle songea.
« C'est parti, alors. Allons-y. »
Les photographies âžșdont je me suis inspirĂ©e pour cet OSâžș proviennent du compte Twitter de HakkenRyou
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