La vie es très belle. ♥️ (à La Pulperie de Chicoutimi / Musée régional) https://www.instagram.com/p/CDUpLb0p6BKOYjcxB_lJIsN1buJgrevg0sLigY0/?igshid=1bbc9o4husb7a
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Chapitre V
III
Dans les jours qui suivirent, ne dormant plus, troublé par des hallucinations – une voix lui chuchotait des versets de la Bible, les averses criaient son prénom –, Pierre imaginait dans tout ce qu’il vivait, à partir d’éléments sans rapport entre eux – toponymie, graffitis de parking, couleur des voitures, fermeture d’arcades, exode rural des amis à Montréal –, un sens ésotérique, une idée fixe, une obsession : l’Éternel Retour de son union avec Natacha. La tête pleine des saxophones du Black Saint and the Sinner Lady, il déambula sous le grésil oblique dont la chanson lui souffla de descendre au Vieux Port où il cultiva son aversion pour les « vieux porcs » que cet endroit lui évoquait sur fond de Réserve navale de la Marine royale canadienne. S’appuyant contre le garde-fou de la passerelle au bord de l’eau, il observa les vaguelettes où se réfractait, dans le ruissellement de la pluie, l’innombrable étincellement des réverbères de l’autre rive. Auprès de la fontaine aux jets taris, les bélugas et les baleines d’aluminium lui parurent aussi peu à leur place dans le bassin hors service que lui-même le serait bientôt.
Il laissa libre cours à ses pleurs.
Dans le vaste et noir espace entre le hangar, la scène et les estrades vides, il s’indigna au souvenir estival des vieux qui dansaient en ligne sur de la musique country. Les locataires de la maison de chambres dont il faisait partie venaient de recevoir, de la part de la direction du Manoir Murdock qui venait d’acquérir leur immeuble, un avis d’expulsion les sommant de quitter les lieux d’ici le 30 avril 2012. Eugène Girard et ses partenaires d’affaires avaient besoin d’agrandir leur fastueuse et lucrative résidence pour aînés. Les bulldozers avaient déjà rasé la maison Lévesque, voisine architecturale des Années Folles, de style monumental anglais, abattue en même temps que les arbres autour – à l’étage de laquelle se trouvait le bistrot où Pierre avait si souvent rêvé de Natacha. La destruction de son archéologie sentimentale par ce qu’il appelait la « mafia municipale » se mêlait à la rancœur qu’il nourrissait contre son oncle.
Le Saguenay coulait sans se soucier de lui.
Voulant suivre le courant, il frôla la rambarde jusqu’à la marina du Club de Yacht qu’il ignora pour suivre la piste cyclable qui descend le long de la rivière où se déverse, plus loin, celle du Moulin, par-delà la statue de la Fée des bois et la balustrade à piliers de pierre qui surplombe la mise à nu de la marée glissant de sa robe d’algues du soir au matin – sur les rochers, sirènes vertes.
Au sommet du boulevard, il se tourna vers l’Ouest et s’inventa un Far West avec la Pulperie, la Petite maison Blanche, la maison Price. D’un pas déterminé, il revint au centre-ville pour affronter, dans le quartier du Bassin, l’abrupte inclinaison de la côte Saint-Ange, deuxième rue la plus pentue au monde, après le record de San Francisco.
Là-haut, sur le chemin de la Réserve, guidé par l’étrange étoile australe clignotant rouge au bout de l’antenne de la tour CJPM, il redescendit pour s’engager dans la rude et longue montée de la rue Notre-Dame au détour de laquelle, à presque altitude optimale pour contempler l’horizon des montagnes laurentiennes, il s’écarta du chemin pour emprunter un sentier pédestre dont l’escalier aboutissait plus haut, dans un parc aux arbres centenaires, sous le clin d’œil du hibou d’un Couche-Tard où le litre à la pompe était à 1,22 $, en face du crématorium et du boisé derrière le stationnement de l’aréna des Saguenéens – pour qui la file de voitures au bord de la rue s’allongeait d’un kilomètre quand ils jouaient – et de l’Expo agricole – où l’arrivée des manèges de Beauce-Carnaval était toujours synonyme de pluie.
Enfin, plus tard, de retour sur le pont vert, Bouchard défia l’hostile tronçon de la route 172 qui escaladait le flanc de granit rose de Chicoutimi-Nord. Son point culminant était une colline. Là-haut s’était joué l’un des plus horribles actes d’une tragédie.
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Pulperie de Chicoutimi / Musée régional
Grand Marché Dubuc 2024, samedi 31 août et dimanche 1ier septembre (10h-16h)
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Pulperie de Chicoutimi / Musée régional
Daniel T. Tremblay – Les formes du mystère, exposition du 1ier juin au 22 septembre 2024
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Pulperie de Chicoutimi / Musée régional
Une passion, deux roues, trois histoires, exposition du 1er juin 2024 au 27 avril 2025
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Fleurdelisé en fête, une célébration du drapeau québécois
Du 4 mai au 22 septembre 2024, une exposition à découvrir dès ce printemps à La Pulperie de Chicoutimi
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Pulperie de Chicoutimi | Musée régional
Visite guidée de l’exposition Atashpishinanu / Seconde peau, l’art du vêtement ilnu et atelier pratique, le 18 février 2024 à 13 heures (inscription obligatoire)
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Atashpishinanu / Seconde peau, l’art du vêtement ilnu
Du 18 novembre 2023 au 28 avril 2024 à La Pulperie de Chicoutimi / Musée régional
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