#on était tellement motivées au début pourtant...
Explore tagged Tumblr posts
Text
See you in AbHELL Tasman
Bon je vais pas vous la faire à l’envers, la meilleure partie de cette journée canoë c’est quand on a vu Pitch Perfect bien confo dans les fauteuils du cinéma. Parce qu’on va pas se mentir, les guides sur la Nouvelle-Zélande auront beau dire tout ce qu’ils veulent, le kayak c’est un sport de con. J’entends déjà les habitués des gorges du Verdon marmonner dans leur tuba que c’est faux archi faux et que je fais que me plaindre. Et oui certes c’est vrai, je ne peux pas contester ce dernier point, mais croyez moi quand je vous dis qu’il y a quelques petites différences entre se faire porter par le courant, en donnant un petit coup de pagaie de temps en temps pour pas faire croire qu’on est venu là que pour bronzer et rigoler comme un con devant les plages nudistes, et L’ENFER qui nous attendait à Abel Tasman.
Déjà, je pense que la majorité des personnes équipées d’un vagin s’accordera à dire que pratiquer un sport aquatique (ou un sport tout court d’ailleurs) quand ton utérus a décidé de faire hara kiri, ce n’est pas idéal. Tampon or not tampon.
Généralement t’as mal, t’es grognon, et t’es tout sauf confo. Ah bah c’est parfait, on va faire ça alors ! Ensuite, je ne dis pas qu’il n’y a AUCUN plaisir à faire du kayak : profiter du beau temps par exemple, ça peut être un plus. C’est nettement moins funky quand il pleut du coup. Non seulement parce que duh la pluie c’est nul quand t’es DEJA sur l’eau, mais en plus ça agite la mer et tu dois te donner deux fois plus pour avancer deux fois moins. Et comme si ça déjà ce n’était pas suffisant tu peux avoir la joie de prendre l’eau par le cul parce que ta toile de kayak est pas assez étanche. Comble du bonheur, tu dois porter un k-way. UN fcking K-WAY. Donc non seulement t’as tes règles, et les chutes du Niagara le long de la raie mais EN PLUS tu transpires comme jaja tout en crevant de froid dans ton p’tit gilet printemps-été en plastique. Même la présence de bébés phoques n’a pas réussi à nous remonter le moral.
Après au moins 10 bonnes heures d’efforts gargantuesques on décide de regagner terre pour pique niquer. Cap sur la plage la plus proche et on pagaie en ligne droite comme des malades jusqu’à risquer de tourner de l’oeil. J’aurais jamais cru pouvoir prendre autant de plaisir à pique niquer sous la pluie, mais rien que le fait de sortir de cette prison flottante m’emplit de joie ! A quelques mètres du kayak, balancé dans le sable avec les faibles ressources qu’il nous restait, se trouve un couple d’oiseaux. On est surprises qu’ils ne s’envolent pas à notre arrivée un brin musclée, mais la raison devient évidente lorsqu’une touriste allemande s’approche un peu trop près pour prendre une photo et manque de se faire éborgner par Monsieur Piaf qui se met à lui courir après en hurlant à la mort pendant que Madame Piaf reste immobile... à couver un oeuf. Bichettes, on a dû leur mettre la pression à manger nos oeufs durs à trois mètres d’eux…
Notre repos est de courte durée pour la simple et bonne raison qu’en fait on en a vraiment ras le cul et qu’on veut juste rentrer se mettre en pls. On repart donc comme on est venues : à bout de force et avec pour seul objectif d’atteindre la terre. Sauf que voilà… quelle terre ? Elle a dit quoi la mono ce matin ? “Oh et pour le retour vous verrez c’est simple, à partir de 16h tout le monde se dirige vers le lieu où l’on vous récupère. Il suffit de suivre les autres.” Ah oui mais bon il est 14h là, et bizarrement les autres ont l’air de prendre leur pied et ne veulent pas rentrer. On avance donc à l’aveugle, plus du tout dans le mood pour chanter “et on pagaie et on pagaie” parce que de toute façon Y’A PAS DE COCOTIER ICI, en espérant que le destin saura nous mener à bon port. Sauf que même le destin n’a pas de race aujourd’hui, et notre plan de rentrer par là où nous sommes arrivées tombe à l’eau (badum tss) quand on réalise que nous sommes maintenant à marée basse et qu’il n’y a de fait plus assez de profondeur pour retourner à la plage de départ. Deux options s’offrent donc à nous : continuer de pagayer et trouver le point de rdv, ou bien faire demi tour, se poser sur une plage et attendre la grande migration. Nos esprits bornés de Haond-Debiez (les gènes ne mentent pas) préfèrent créer leur propre solution et nous nous retrouvons à rage-porter le kayak.
Je pense que l’on peut, sans l’ombre d’un doute, marquer ce moment précis comme le plus tendu de nos vacances entre soeurs. Que du love. Heureusement une camionnette du groupe de location nous attendait comme une lumière au bout du tunnel……..
Nan j’déconne, y’avait personne, on avait envie de chialer, on a abandonné le kayak sur la rive et on a marché 20 minutes pieds nus en portant nos gilets de sauvetage, nos pagaies et nos fcking k-way jusqu’à la location. RIP. Instant gênant au moment d’annoncer à la mono qu’on est rentrées 2h plus tôt parce qu’on est FAIBLES, et qu’en plus on a laissé son kayak au bord du chemin. <3 Mais elle est néo-zélandaise donc forcément en tant que personne trop kiki elle nous dit no problem pour le kayak, et s’excuse presque qu’on ai pas pris notre pied. Oh bébé.
On retrouve finalement la voiture et notre humeur remonte instantanément de 10 points quand on s’assoit sur ses sièges secs, doux et si confortables. On a traversé l’enfer et on en est ressorties plus fortes et plus soudées que jamais. Au moins pour les 3 prochaines heures.
Merci Kelly. T’es une vraie.
Ecourter aussi radicalement cette sortie, au-delà de préserver notre santé mentale, aura eu comme effet bénéfique d’arriver assez tôt à Nelson pour profiter de la séance de Pitch Perfect 3 que nous avions loupé la veille. Je ne me revendique pas critique de films et me contenterai donc de dire que cette heure et demie de blagues ne nécessitant pas un doctorat et de quelques bonnes reprises était exactement ce dont j’avais besoin pour me remettre d’aplomb. La journée se termine par un Subway des familles #wifigratuit, et au lit. Demain nous retournons dans l’île du Nord, ça sent la fin du trip…
#plus jamais je fais du canoe#on était tellement motivées au début pourtant...#ça aura duré 5min#merci pour ce moment#what doesn't kill you makes you stronger#sure jan#aller c'est derrière nous tout ça#sans rancunce#abhell tasman#3moisauboutdumonde#les soeurs debiez en nz
3 notes
·
View notes
Text
1 er mars
Du badminton jeudi soir, charlotte est revenue avec une bonne nouvelle : ce weekend, on ferait du ski.
Hier, nous n’avons pas fait grand chose hormis organiser la journée d’aujourd’hui. Nous sommes aussi allées à la piscine gratuite à côté de l’appartement pour patauger. Dans le bassin, il n’y avait que des hommes qui avaient un bon niveau. Et nous, avec nos maillots de plage et notre crawl coulé. Marin est arrivé. Justine est heureuse et, même s’ils sont quand même un peu là, je retrouve une vie à deux avec charlotte. Vendredi soir, alors qu’ils étaient tout deux au restaurant, on a tellement rigolé qu’on a conclu qu’on était bien toutes les deux. Seules mais ensemble.
Et aujourd’hui… Nous sommes partis à deux voitures avec ses potes du badminton dans l’une des stations proches de montréal. Il a fait un temps magnifique. Charlotte était l’une des seuls à ne jamais avoir fait de ski. Alors, une fois que tout le monde était équipé, on a commencé sur une petite pente « école » pour appréhender l’après-midi. sur cette piste, il n’y avait que des enfants qui avaient maximum 6 ans. Et nous deux. A la première descente, charlotte a décrété que ce n’était pas fait pour elle. Elle est tombée sur l’un des énormes tuyaux en plastique qui longeaient la piste. Les autres étaient déjà partis qu’elle me disait qu’elle ne prendrait jamais le télésiège pour tenter quoi que ce soit de plus. Quant à moi, j’ai mimé avoir le contrôle sur la situation. Cela a fonctionné. Quelques descentes après, nous voila installées toutes les deux sur un télésiège pour notre première (vraie) piste. Cela a duré longtemps… Vraiment longtemps. Je crois que ce premier test de ski a été réellement difficile pour Cha qui n’y a trouvé presque aucun intérêt. A avoir peur de la vitesse, j’ai passé beaucoup de temps à lui crier de déchausser ses skis, à lui dire de regarder devant elle, de ne pas avoir peur. Bref. C’était les débuts et je pense qu’elle peut être fière d’avoir descendu trois pistes aujourd’hui, même si c’était trois fois la même, sans se casser quoi que ce soit.
Je me croyais nulle sur des skis. Je l’étais surement. Pourtant, je me suis impressionnée aujourd’hui. J’ai oublié la peur à la voiture avec le reste de mes affaires et, une fois que charlotte en a eu marre, j’ai rejoins Jordan (le voisin) pour le reste de l’après-midi. On a descendu les pistes les unes après les autres, lui devant, moi en zigzaguant. Honnêtement, c’était super. Le cadre était magnifique, il n’y avait que nous, il ne faisait presque pas froid et…. Et il m’a mené sur des pistes que je n’aurais jamais cru prendre une heure auparavant. Papa, tu serais bien étonné je crois.
En fin d’après-midi, nous nous sommes tous réchauffés auprès d’un feu en bas des pistes. Le cliché, t’as vu. Je suis rentrée dans la même voiture qu’à l’aller, avec Jordan, Etienne et Valentin. Je ne les connais que depuis peu et pourtant, c’est comme si l’on se connaissait depuis longtemps tellement les discussions fusent. Ils nous ont ramené devant chez nous et on s’est promis de s’organiser d’autres moments comme celui-ci, d’autres journées comme celle-là, d’autres soirées comme hier soir.
C’est un peu décousu mais nous avons organisé une petite soirée toute petite hier soir avec les personnes qui étaient motivées pour skier aujourd’hui. Au final, nous n’étions que six et ce n’était pas plus mal. Justine et Marin sont rentrés. Les voisins nous ont rejoins. C’était un joyeux bazar, avec beaucoup de toulousains, un mexicain qui parlait aussi bien français que le reste du monde, et des parcours de vie tellement tellement tellement variés… Qu’on aurait voulu organiser aussi bien, finalement.
Bref. Mes parents ont vu des dauphins hier. Et moi, j’ai descendu la première piste noire de ma vie. C’est pas grand chose, surtout quand on sait que ça valait le niveau d’une rouge mais quand même, c’est à notifier : je l’ai fais.
3 notes
·
View notes
Link
0 notes
Text
Universal downloads...
Today is a day! The last day of 2021. Je me sens assez motivée mais la route m'envoie de nombreux obstacles sur le plan émotionnel. Physiquement, les choses prennent une tournure plutôt satisfaisante. (J'ai commencé mon prepwork qui s'avère super intéressant,j'ai fait du yoga depuis hier et j'en suis contente, j'ai travaillé mes fessiers hier avec mon booty band, j'ai bossé sur mon alimentation, mon skincare, je m'occupe plutôt bien de Petit Poa-en structurant sa journée à lui aussi) Bref, les pentacles se portent très bien et en toute stabilité.
Au fin fond de moi, je ressens de la difficulté à vivre le moment présent. J'ai réalisé que c'était triste qu'une présence aussi sacrée vive dans tant d'incompréhension de la part des autres et voit les autres vivre dans l'accomplissement de tout ce qui touche aux relations-ils n'ont pas vraiment de difficultés à ce niveau-aussi, ils n'ont pas trop de difficultés niveau pentacles, non plus. Pourtant, ils sont moins conscients et éveillés que moi. Leur ignorance leur est bénéfique.) Bizarre...
J'ai aussi reçu l'insight de ma première vidéo YouTube. ça va parler de comment j'ai rencontré Ijklmnop, mais je ne vais pas parler des choses dures qu'on a vécues (les conflits, les coups bas, les manques et restrictions,...) Je ne me suis pas sentie aimée, juste emprisonnée. Je ne sais pas s'il était conscient de ça mais c'était comme ça. Je le vivais comme la normale, en fait j'était limitée dans ma situation à cause de ma situation. Je suis responsable de la situation qui continuait car je laissais faire les injustices, je combattais tout sans jamais m'en aller et aussi, je me disais que c'était comme ça et qu'on allait évoluer ensemble.
Je vais juste parler de la magie irréplicable de nos débuts et aussi de comment sa maladie est venue tout arrêter pour lui, pour nous. Puis, à partir de là je vais continuer.
Je vais parler des co��ncidences : nos dates de naissance, la date de sa mort, ;
de l'importance des anges gardiens;
de la parabole enfant-rêves;
Le disclaimer important de ne pas me juger sur ma façon de m'exprimer : l'anglicisme, créolisme sont présents dans mon vocabulaire, la flexibilité linguistique est normale chez moi, je suis trilingue après tout;
je veux parler de mon deuil, les étapes (comment je les ai vécues, mes struggles pendant, ce que j'ai vécu)
de ce que j'ai compris pour pouvoir me relever
Je réalise aussi que je ne veux pas juste être en forme, manger sainement, bosser de façon épanouissante, je veux vraiment devenir une femme d'affaires, qui ne se laisse pas faire, avec qui on a envie de faire affaire, qu'on sait avec qui on a affaire. Pour le moment, je suis une chochotte, je cherche tellement à me montrer auprès des autres. Les yeux des autres me paraissent tellement importants. C'est bête comme raisonnement.
Je veux me surpasser. Me mettre face à moi-même et m'affronter. Je pense que le livre de David Goggins pourrait m'aider. Parce que j'ai l'impression que pour aller vers une autre vie, je vais devoir devenir meilleure. En fait, pas changer qui je suis, mais l'incarner pleinement. Je veux me surprendre.Changer de plans, rêver plus grand.
Parce que j'ai l'espoir. Que je peux faire mieux. Mais pour faire mieux, il faut faire différemment. Ne plus laisser passer ma chance. Own every moment, prendre le dessus et avancer. Parce qu'on ne sait jamais ; je peux mourir n'importe quand, la vie nous réserve pleins de surprises. Mais pour une fois, je dois me mettre au travail et c'est à ce moment que les choses/l'énergie de la vie se met comme par magie à mon service. J'y crois et ça me suffit. Je m'aime. Il y a une force inégalable en moi, au fin fond de moi, qui m'aime. Sans que je n'aie à Lui demander quoi que ce soit. Un amour infini.
Je me laisse parfois troubler par les choses externes mais Lui reste ébahi par ma beauté, par ma condition d'humaine inarrêtable. Il existe justement, précisément, expressément pour que je survive, pour que je sois heureuse, pour que je surmonte tous les obstacles, pour que je parvienne à toutes mes fins et mes rêves. C'est juste trop magique, cette Présence.
0 notes
Text
CdV5 – 3. Deux ans de dressage…
Règle numéro trois de l’Aar’on modèle : s’il n’est pas bien tenu en laisse, un Kili’an cherchera toujours à dominer et rendra la vie impossible à son propriétaire, c’est dans l’ordre naturel des choses. Un Kili’an n’est pas soumis par nature, il se dresse. Le rôle de l’Aar’on modèle est d’assurer ce dressage, il en va de la stabilité de Vojolakta.
Règle numéro trois bis de l’Aar’on modèle : faire des bisous dans le cou à son Kili’an et lui masser les pieds n’est PAS considéré comme du dressage. Ça, c’est de la mièvrerie, et la mièvrerie, c’est dangereux et mal.
Extrait tiré du guide de bon comportement à l’usage des Aar’ons en devenir du précepteur Mathuz
*****
Miracle sur Marama : Solzabul libéré !
Par Jean’mich’apati, grand reporter au journal « L’Univers ».
Enfin, Vojolakta aurait-elle trouvé son rédempteur, en la personne du treizième Aar’on ? C’est en tout cas ce que l’Humanité et ses alliés Avs peuvent aujourd’hui espérer, après la libération héroïque du système Solzabul ! Reportage.
Après une série de très mauvais Aar’on, parfaitement illustrée par la mort pitoyable du douzième, retrouvé écrasé sur Horus, la Fédération chancelait. Les Ashtars étaient à notre porte, mais l’espoir n’était pas encore tout à fait mort. L’intronisation rapide du treizième brun pouvait nous laisser espérer des jours meilleurs. Conseillé par l’illustre ancien combattant Mathuz, son précepteur, le jeune garçon avait promis aux Âminêtres des résultats rapides et surtout des victoires. Sa jeunesse, sa beauté, son éclat naturel, la douceur de ses lèvres rouges et la noirceur de ses cheveux nous avaient mis en confiance. Sa première décision, courageuse, avait été de se mettre immédiatement en chasse de son Kili’an, un choix malin qui nous laissait entrevoir le meilleur pour la suite de son règne.
Après quelques dizaines de jours de préparations, l’armée Fédérale avait lancé à la surprise générale son assaut sur Solzabul. Le choix de ce système, assez éloigné des principales routes commerciales, eut de quoi étonner. Il se révéla au contraire des plus judicieux. Puisque les Ashtars avaient mobilisé le gros de leur force sur Yum pour réprimer le soulèvement Kekchi, le bon sens poussait à imaginer que notre grandiose Aar’on bien aimé irait leur porter secours, afin de renverser l’oppresseur. C’était passer à côté de l’intelligence du jeune leader. Embourbés, les soldats de l’odieux Bottel’ron ne pouvaient pas lutter sur plusieurs fronts simultanément.
Une alliance stratégique et temporaire avec des animaux, les Maors.
L’attaque de Solzabul eut lieu en deux temps. Dans un premier, notre grande armée prit possession des cieux. Dans un second, l’Aar’on lui-même se posa sur Marama afin d’y fédérer les peuples autochtones sous sa bannière. Au sein de la sainte marmite Maors, notre bien aimé leader signa un traité de paix avec les stupides locaux qui retenaient en otage son Kili’an bien aimé. Cette prise de risque insensée pour un brun fut heureusement couronnée du plus intense de tous les succès et se conclut par le massacre rituel des Maors, à présent inutiles, puis par l’union physique et morale de l’Aar’on et de son blond, aussi connue sous le nom légendaire de « saillie kilianesque ». D’après nos informations, cet instant de pur amour dévasta à lui seul une troupe Ashtar qui passait par là. Ce n’était pas encore la Résonnance, mais la Fédération tout entière pouvait à nouveau espérer. Nous avions un grand Aar’on, et lui avait trouvé son Kili’an.
Une libération blonde et rapide.
La suite des évènements ayant conduit au miracle de Marama est moins claire, mais le résultat, lui, est limpide. Après cette première union charnelle, motivé et heureux comme jamais, le Kili’an aurait libéré par lui-même et tout seul Marama en allant occire un à un tous les Ashtars qui croisaient sa route, ainsi que tous les témoins qui avaient eu la stupide idée de se trouver sur son chemin. Heureusement, nous avons pu interroger le grand Mathuz, précepteur de sa brunitude l’Aar’on. Présent aux avant-postes, le vaillant vétéran a pu nous expliquer ce qui s’était passé, non sans afficher une profonde émotion dans la voix : « Mais il est nul ! Il est nul ! J’ai jamais vu ça ! Pas foutu de pilonner, et il couine comme un Kili’an quand l’autre lui montre comment faut faire ! C’est le monde à l’envers ! Même le blond, à la fin, il en a eu marre, il est parti calmer ses nerfs en massacrant tout ce qui bougeait ! Ah certes, vu comment il boudait fort, Marama a été vite libérée, mais niveau légende, on repassera, hein ! Non, parce que ce n’est pas vous les journaleux qui l’écrivez, la légende ! C’est nous, les historiens ! Et j’peux vous dire qu’avec ces bras cassés qu’on se tape depuis le septième, j’vais en chier, moi, surtout pour expliquer qu’il n’est pas pitoyable, celui-là ! Non, parce que le débile, après, il a couru en canard après son blond sur des milliers de kilomètres la bouche amoureusement ouverte ! C’est toute son éducation qui est à refaire ! »
Éclairés par ce témoignage, nous pouvons l’affirmer sans peine : Vojolakta s’est trouvé un nouveau leader. Mais avant de nous précipiter, attendons. Au loin, nos amis Kekchis appellent à l’aide. Leur soulèvement, réprimé dans le sang, mérite vengeance. C’est à notre Aar’on et à son Kili’an bien aimé qu’incombe cette tâche : libérer Solphéra. Ce ne sera que lorsque la bannière fédérale flottera sur les collines de Yum que nous pourrons décerner au treizième le surnom mérité de « Libérateur ».
*****
Reposant son journal sur ses genoux, Mathuz soupira lourdement. Cela faisait à présent deux ans que cet article était paru. Certes, la libération de Solzabul avait été un véritable évènement, salué par des scènes de liesse dans toute la Fédération. Peu d’Aar’ons avaient pu se targuer de débuts aussi prometteurs et glorieux. Et pourtant… depuis cette époque, peu de choses s’étaient passées et c’était bien le précepteur qui tenait les rênes de Vojolakta et qui dirigeait le conseil, au nom du jeune brun. La décision de mettre en place cette tutelle avait été facile à prendre : l’Aar’on ne pouvait pas faire de politique ni mener une armée avant d’avoir terminé le dressage de son Kili’an. Simple sens des priorités. Le blond lui prenait beaucoup trop de temps et d’énergie pour en gâcher à s’occuper de son empire.
Mathuz avait espéré un petit miracle. Certes, le treizième était un petit peu gauche dans sa manière de faire l’amour, mais il avait en lui un sang illustre. Il suffisait d’une fois. Cela faisait deux ans que Mathuz attendait les fameux piaillements qui pourraient changer la face de Vojolakta. Mais toujours, c’était le brun qui les lâchait, au plus grand effarement de son principal conseiller.
– MAIS C’EST PAS POSSIBLE ! Je t’ai déjà dit mille fois que ta place naturelle était DERRIÈRE ! Et pas devant !
– Meh… – pleurnicha l’adolescent. Pourquoi tu cris ? Et pourquoi tu me tutoies ? Tu me vouvoyais, avant ! C’était classe, j’avais l’impression d’être important !
– Avant, p’tit con, j’étais loin de me douter que tu écarterais un jour les fesses ! Surtout devant un Kili’an !
– Bah oui, mais lui, en fait, il s’est rendu compte qu’il aimait bien ça, et maintenant, il ne veut plus inverser… J’ai essayé de proposer, une fois, il m’a envoyé chier…
Complètement effaré, Mathuz tomba à la renverse sur le trône aaronesque. Deux ans qu’il attendait un miracle, et voilà où il en était rendu. Et comme si sa désillusion totale n’était pas suffisante, le brun lui offrait des détails :
– Mais attention, hein, ça reste moi le chef ! Il me laisse l’appeler « mon bichon ! » ou « mon trésor ! ». Enfin, que quand je lui masse et embrasse les pieds, mais bon, y a quand même du positif, non ? Ses petits petons sont tellement beaux ! Et puis, t’arrêtes pas de dire que je suis nul au lit, mais c’est pas vrai ! Il parait que je suis très doué avec ma bouche ! Sinon, tu savais que les Kili’ans pouvaient produire un lait semblable à celui de l’Aar’on ? Nan mais sérieusement, j’ai jamais vu ça marqué dans aucun ouvrage, moi donc la première fois, ça m’a super surpris ! C’est une avancée scientifique majeure, tu crois pas ? J’ai p’têt bien découvert un truc ultra important, là…
Mathuz avait beau réfléchir en scrutant son élève d’un air particulièrement désolé, il ne voyait pas du coup en quoi cette trouvaille pouvait être utile à l’Humanité. Au contraire, même, celle-là pouvaient bien être le signe annonciateur de son apocalypse. Enfin bon, le sage homme n’avait pas le temps de se lamenter. Au loin, les Kekchis souffraient, et ils n’avaient pas envie d’attendre deux générations d’Aar’on pour être secouru. C’était à ce brun de se bouger le derrière, au lieu de l’offrir à son blond. Une fois de plus, l’adulte soupira, puis sortit des lanières de cuir d’un sac. Puisqu’en matière de dressage de Kili’an, la méthode douce avait échoué, il pousserait le jeune Aar’on à utiliser la méthode forte.
– C’est quoi ? – demanda ce dernier, étonné, en tripotant le cadeau qui lui était fait.
– Un collier, une muselière, des menottes et une laisse. Avec ça, ton blond risque de beaucoup moins rigoler. Il est temps de lui faire comprendre une bonne fois pour toute qui est le maître de cette Fédération. Tu penses en être capable ?
Hésitant, le brun finit par hocher la tête. Mathuz avait parfaitement raison. Depuis trop longtemps, il se laissait marcher sur les pieds. Il en avait un peu honte. Les réprimandes de son précepteur étaient méritées. Il était temps de faire quelque chose et de se montrer sous un jour nouveau à son Kili’an. S’il l’impressionnait, son compagnon serait obligé de le reconnaître et de se prosterner, comme l’avaient fait avant lui tous les adolescents aux yeux verts devant leur brun. La hiérarchie devait être claire s’il souhaitait briller en tant qu’Aar’on. D’ailleurs, à ce sujet, il avait déjà un tout petit peu travaillé de son côté. Souhaitant marcher dans les pas de l’illustre septième et marquer l’Histoire, il s’était lancé dans une entreprise abandonnée par ce dernier : donner un hymne à la Fédération. Avec, il comptait bien remettre les choses à leur place : les bruns tout en haut, et les blonds en dessous. Pendant des mois, dans le plus grand secret, il avait travaillé son texte.
– Vu que, soyons honnête, je suis tout nul pour le sauter, j’pensais qu’avec un poème, ça passerait mieux. Tu veux écouter ? J’ai nommé ça « Prenons le blond ! »
Inspirant lourdement, Mathuz leva les yeux au ciel. Il avait peur.
Prenons le blond.
Nous sommes les enfants d’Vojolakta Et on cherche des rimes en « A » J’voulais te dire qu’au-au fond Oh oui je t’aime, mon bichon Je ne suis pas en colère Quand tu m’la mets dans le derrière Car un jour peut-être qu’enfin C’est moi qui t’ferais du bien !
Prenons le temps de s’faire des bisous ! Laisse-moi te glisser mes lèvres dans l’cou ! Prenons le blond, j’en-en tremble J’aim-euh trop qu’on soit ensemble
On fait quand même bien la paire On déchire tout à la guerre On se bat pour le même drapeau Oh les chatouilles, c’est trop rigolo Nous sommes les enfants d’Vojolakta Et j’ai toujours pas d’rime en « A »
Mais comme on est dans l’même bateau Laisse-moi t’chanter comment t’es beau. Prenons le temps de se faire des bisous ! Laisse-moi te glisser mes lèvres dans l’cou ! Prenons le blond, j’en-en tremble J’aim-euh trop qu’on soit ensemble
(bis)
– Alors, alors ? T’en penses quoi ? – demanda le brun, aux anges.
Touché par l’émotion, Mathuz plaqua sa main sur sa bouche pour étouffer un sanglot et masquer ses larmes. C’était la première fois qu’il entendait quelque chose comme ça. Les mots lui manquaient. Il n’en trouva que quelques-uns.
– C’est de la merde.
– MAIS ! Je… J’y ai mis tout mon cœur ! Enfin, c’est le futur hymne de Vojolakta ! Censé être chanté dans l’univers tout entier ! Ça symbolise l’union du blond et du brun, leur amour et leur pardon mutuel ! J’ai bossé ça comme un malade, avec plein de figures de styles, de sous-entendus et d’images poétiques ! C’est mon chef d’œuvre ! Rien qu’en l’entendant, je suis sûr que mon Kili’an se sentira obligé de se foutre à genoux, tellement c’est beau !
– Non, non ! – contesta l’Humain avec assurance. Les rimes sont pauvres, c’est mièvre au possible, tu répètes des syllabes car tu n’arrives pas à tenir le nombre de pieds et tu passes pour un guignol. C’est nul à chier. Définitivement. T’es le pire Aar’on de la création.
– MAIS ! C’EST SUPER MÉCHANT DE DIRE ÇA ! Je… j’ai quand même libéré Solzabul et trouvé mon Kili’an, quoi ! C’est mieux que certains ! Et j’préfère que mon Kili’an me domine plutôt que de le violer comme le onzième ! Voilà, c’est tout, j’ai une éthique et une morale, je respecte mon blond, moi ! C’est… c’est simplement un choix, et je l’assume parfaitement ! L’Histoire me donnera raison !
– Oui, enfin, la vérité, c’est surtout que t’es impuissant…
– MAIIIIIIIIS ! FAUT PAS LE DIRE ! C’est trop la honte après !
Laissant l’Aar’on bouder recroquevillé dans un coin de ses appartements, Mathuz sortit en claquant la porte. Une bonne vérité de dite ! Ça soulageait, même si elle était particulièrement ignoble. Enfin, cette petite mise au point ne pouvait être que salvatrice. C’était en faisant prendre conscience à l’Aar’on de ses limites qu’il lui permettrait de les dépasser. Dans les couloirs, il croisa Kili’an, souriant.
– Bonjour M’sieur Mathuz ! – s’écria l’adolescent, l’air ravi. Vous avez vu mon Aar’on ? J’voulais jouer avec lui !
Le jeune garçon sifflotait, les mains dans les poches, comme s’il était en terrain conquis. Rigolerait bien qui rigolerait le dernier. Le pauvre blond ignorait tout du dressage qui l’attendait. Mathuz s’en gaussait d’avance. Cet idiot allait souffrir et très rapidement retrouver la place qui était naturellement la sienne. Histoire que les choses soient bien claires, il l’attrapa par le col et le plaqua avec véhémence contre un mur.
– Il t’attend dans sa chambre. Lui aussi a envie de s’amuser. Je lui ai donné quelques conseils. Et toi, tu vas me faire le plaisir d’arrêter de faire le malin et de commencer à écarter les cuisses. Oui, je sais, il est nul et tu trouves ça chiant au possible, mais c’est ta destinée. Donc vous allez tous les deux gentiment faire cela normalement, et ensuite, vous irez libérer Solphéra ! Je me suis bien fait comprendre ?
Surpris, l’adolescent acquiesça nerveusement et fila la queue entre les jambes sans demander son reste. Non mais sérieusement, lui, il l’aimait, son Aar’on, hein. Et remplir son rôle de Kili’an, il ne demandait que ça. Ce n’était pas sa faute s’il était tombé amoureux d’un manche à balais ! Enfin, mou, le manche, mais ça, il n’y pouvait rien. En attendant, il le promettait, si c’était pour le bien de Vojolakta, il ferait des efforts.
Satisfait, Mathuz laissa passer quelques heures en se frottant les mains. Maintenant qu’il avait fait la leçon aux deux membres de ce duo légendaire, il n’avait plus qu’à attendre que les choses se fassent. Peut-être même, il voulait y croire, que Vojolakta connaîtrait très rapidement une nouvelle Résonnance. Le calme plat dans l’espace interstellaire le fit tout de même douter. Jamais la matière environnante n’avait semblé aussi stable. Pris d’angoisse, il courut jusqu’aux appartements. Un doute venait de l’assaillir. Le grotesque qui s’offrit à sa vue en ouvrant la porte ne fit que confirmer ses plus grandes craintes. Il s’en tapa le front contre un mur, ce qui affola immédiatement le jeune Aar’on :
– Mhhggdmlldfgùhhh
À genoux, attaché et déguisé en chien, il massait amoureusement les pieds de son Kili’an.
– Oups… – s’excusa ce dernier en porta sa main à la bouche. J’ai dû serrer trop fort la muselière, on comprend rien à ce que tu dis… Attends, j’te l’enlève, tu disais ?
– Mathuz, ça va ? T’as l’ai déprimé ! Pourtant, t’as vu, on a décidé d’utiliser tous tes jouets ! Même si franchement, on a beau s’être posé la question tous les deux, on voit mal comment ça le domine que je mette tout ça, mais bon, hein, nous, on te fait confiance. Ça doit être psychologique, un truc dans le genre.
– MAIS BANDE DE CRÉTINS ! – explosa le sage. C’est à LUI qu’il fallait passer la laisse autour du cou et les menottes ! Mais vous êtes trop cons !
– Ah… – glapit le brun, un peu gêné. Bah ouais, j’veux bien, moi, mais t’as pas précisé non plus, donc nous, on savait pas…
– J’confirme ! – glissa le blond en levant les paumes. On s’est creusé la tête, hein, mais comme il n’y avait pas de mode d’emploi, bah on a fait au plus naturel…
Dépité et la tête en sang, Mathuz tomba à genoux. Là, il en avait très clairement marre.
– DEUX ANS que vos conneries dures ! DEUX ANS ! J’en ai marre ! Puisque c’est comme ça, j’vous dégage de Thot ! Allez faire vos mièvreries ailleurs ! Je vous condamne à aller libérer Solphéra et à ne pas en revenir tant que les Ashtars n’en auront pas été chassés ! Éduan vous attendra sur place pour vous prêter main forte ! Et j’vous conseille très sérieusement, si vous n’avez pas envie de mourir comme deux cons, d’apprendre à coucher convenablement l’un avec l’autre !
– Mais… – objecta l’Aaron. C’est quand même moi le chef, non ? Tu peux pas décider pour moi de ce genre de trucs, surtout que la guerre, ça fait mal…
– TOI, TA GUEULE ! TU PRENDS TES CLICS, TES CLACS, TON BLOND, ET TU TE CASSES !
– D’accord ! – chuchota le brun, encore plus impressionné par son conseiller que par son bien aimé. Euh, dis, j’peux juste te demander une faveur, avant ?
– QUOI ? – grogna le sage.
– Tu peux nous prendre en photo ? Non, parce que c’est pas pratique avec des menottes, et j’voulais quand même garder un p’tit souvenir avant d’aller me faire massacrer…
– CASSEZ-VOUS !
– Bon, bon, d’accord, on y va… Viens mon bichon ! Allons montrer à ce grossier personnage ce qu’on peut faire ensemble ! Boude pas, j’ai décidé de te laisser ma cabine dans mon vaisseau pour que tu te sentes bien ! Moi j’dormirais dans la cale. Tu voudras un massage ?
2 notes
·
View notes
Text
Désolé de vous emmerder avec ça. Mais il y ait un sujet dont on ne parle quasiment jamais. Pas même dans les espaces gay et lesbien, dans les associations LGBT et encore moins dans les médias : La biphobie.
Sur son site, SOS Homophobie la définit ainsi : « attitudes ou manifestations de mépris, de rejet ou de haine envers des personnes bi ». Ce n’est pas une mauvaise définition.
Néanmoins, certaines personnes pensent que la biphobie n’existe pas. Qu’au fond, ce n’est qu’une autre forme d’homophobie qui ne mériterait pas nécessairement un mot à part entière.
Aujourd’hui, j’ai envie de montrer à ces personnes qu’elles ont tort. La biphobie existe. Et elle fait mal.
La fois la plus marquante où j'ai été confronté à la biphobie, c'était avec des membres de ma famille, je m'en rappellerais toute ma vie.
Ces personnes étaient et sont toujours les personnes qui compte le plus dans ma vie. Ça rend la situation d’autant plus douloureuse...
Première fois qu’on en parlait à coeur ouvert depuis mon coming-out, c’etait bizarre et légèrement tendu... on en parlait tranquillement, j’ai eu le droit au questions d’usage : « mais pourquoi tu dis que tu es bisexuel ? », « mais t’es sûr que tu n’es pas gay ? », ect...
Et là la Phrase, avec un foutu P majuscule, « pour moi ça n’existe pas! »
C’etait clair, conci et sans appel... une simple accusation ! J’ai été pris de court, ne sachant quoi répondre... Ce « ça » insultant, l’injustice de l’accusation à peine voilée, l’inutilité de cette remarque frappante au détour d’une conversation qui devrait être anodine et simple...
Tous mes espoirs de leur faire comprendre mon orientation sexuelle, écrasés, pulvérisés par cette simple phrase... Ils reniaient ce que j’etais, trop campé sur leur position, sur leu vision « normale » des choses... une chose que j’ai appris ces dernières années : Inutile de vouloir raisonner quelqu’un convaincu d’avoir raison...
Après cette fois, d’autres ont suivi. Certaines plus marquantes que d’autres. Plus choquantes. Plus blessantes. Plus déprimantes.
Vous savez, il n’y a aucune insulte spécifiquement bi. Forcément, la bisexualité n’est qu’une forme d’homosexualité, c’est bien connu. Je ne me suis donc jamais faite insulté parce que j’étais bisexuel.
Par contre, je me rappelle de la soirée d’un ami, j’étais venue avec L. une de mes amies, bi elle aussi. On était tous regroupés autour de la table basse où s’entassaient verres, bouteilles, paquets de chips et cakes maison. Il y avait une douzaine de personnes présentes qui échangeaient dans un joyeux brouhaha. Je discutais avec L. que je n’avais pas vu depuis longtemps, on parlait de filles et de mecs et en particulier d’une fille qu’elle avait rencontré à la fac et qui lui plaisait beaucoup. Une conversation ordinaire... On n’avait aucune raison de se cacher, notre hôte était gay, la soirée friendly.
— T’es pédé toi ? Et elle ? C’est une gouine?
Voilà ce que m’a demandé un des mecs de la soirée en désignant mon amie et moi. J’ai avalé de travers, mes yeux me sont sortis de la tête. Il avait sorti ça avec un naturel effrayant, en souriant, comme il aurait pu demander de quelle fac on venait. J’étais tellement prise de cours que je n’ai pas su quoi répondre.
— Euuuuh, c’est quoi cette question ?
— Pardon, je sais pas comment on dit.
— Je sais pas, utilise « lesbienne » et « gay » par exemple. Même si c’est pas le cas : on est tous les deux bi.
Il se fichait de nous...
Il ne connaissait pas d’autre manière de parler de femmes qui aiment les femmes ou d’homme aimant les hommes autrement qu’en utilisant des insultes. L'alcool que j'avais déjà ingurgité m'a fait perdre les répliques cinglantes que j'aurais aimé lui envoyer et je n’ai pas réalisé ce qui se passait sur le moment. Ce n’est que le lendemain matin que j’ai compris qu’on s’était vraiment fait insulter tous les deux, que j’ai pris conscience de la violence des propos qu’on m’avait tenu et de l’absurdité de la situation.
La biphobie s'immisce également dans les espaces gay-friendly...
Je me souviens très bien d’un soir, sur la piste de danse d’un bar LGBT. Il y avait de la musique très forte, on était plongés dans la pénombre. Il faisait chaud. J’étais avec un groupe d’ami-e-s dont un très bon pote, bisexuel lui aussi, tout le monde savait très bien qu’il était bi et que cette fille l’était aussi. Ils flirtaient depuis un moment déjà, ce n’était pas vraiment un secret. Ils dansaient collé-serré, son bassin contre sien mien. Le courant passait ça se voyait. Ce soir-là, ils se sont embrassés pour la première fois. Naturellement, parce qu’ils etaient à l’aise. Ils n’imaginaient pas une seule seconde devenir le centre de l’attention.
— Wouhou les hétéros !
Il y a eu des rires. Pas de la part des anonymes autour de nous, juste de la part de nos ami-e-s. A côté, deux mecs se galochaient, ça ne faisait rire personne. La seule différence était qu’ ils étaient bi. Ici et maintenant, leur relation passait pour hétéro. Arrêtez de rire, ce n’est pas drôle.
Ce n'est pas drôle non plus la seconde, ni la troisième, ni la énième fois.
On avait envie de rentrer sous terre, et on savait que son flirt aussi rêvait de partir en courant. C’était gênant. J’avais rarement été aussi mal à l’aise de ma vie.
En réaction à cette biphobie interne, j’ai décidé de créer un groupe bi et pan dans mon association LGBT avec un autre bi de l’asso. On était motivé, même si on avait un peu peur que l’idée ne prenne pas, que les concerné-e-s ne s’intéressent pas à notre projet.
Ce qui m’a le plus motivé, c’est la remarque d’un des mecs cis-gay de l’asso. Il prétendait encourager l’initiative. Pourtant sa seule réaction aura été :
— C’est mignon, mais entre nous, ça ne va intéresser personne !
Dans son esprit, il n’y avait pas de bi autour de lui. Ou pas suffisamment pour créer un groupe autour d’événements dédiés. La bisexualité, ça n’existe pas vraiment, après tout. Ou alors, ce n’est que transitoire. Un groupe ne peut pas se créer autour de tout ça, ça ne peut pas tenir. Impossible.
Quelle n’a pas été ma joie lorsque j’ai pu lui annoncer qu’il y avait 20 personnes lors du premier événement, 30 au second !
Non, nous ne sommes pas seuls ! Oui, nous existons !
N’étant pas intégrée aux espaces et groupes lesbiens, je ne pourrais pas vous parler de la biphobie en milieu lesbien. Par contre la biphobie en milieu gay, je commence à bien la connaître.
Lorsque je me promène sur les sites gays, que je lis la presse gays, que je fréquente des lieux associatifs gays, un mot me sort par les yeux.
GAY. Il est partout.
Magazine 100% gay. Média gay. Radio gay. Soirée gay. Association gay. Cinéma gay. Archives gays. Romans gays. Porno gay. Rencontres gays.
Au début, ça ne me dérangeait pas. Je me disais que « gay» était tout simplement utilisé comme terme parapluie pour désigner les hommes qui aiment les hommes. J’étais naïf. Je me trompais. Parfois, on trouve la petite mention « Bisexuels s’abstenir » qui fait toujours plaisir. D’autres fois, c’est seulement sous-entendu.
Ou pire, on considère que ce n’est pas nécessaire de citer explicitement les bi. Car ils seraient comprises dans « gays » dans le cas où ils seraient avec des hommes. Et si ils sont avec des femmes, de toute manière ils ne seraient pas concernés.
Moi, ça me donne envie de chialer. Avant même d’avoir mis un pied dans ces communautés, je me sens exclu d’office. Illégitime. Non-concerné. Ignoré. Alors que bordel, je suis légitime, concerné et je dois être inclu !
Pourquoi la visibilité et l’identité gay devraient-elles se construire en piétinant celles des hommes bisexuels? Ne serions-nous pas plus forts ensemble ?
Je ne comprends pas.
Les gens pensent que c’est cool d’être bi, parce que ça fait deux fois plus de chances de pécho ou de trouver l’âme sœur. C'est sans compter sur la biphobie.
J’ai tendance à parler de ma bisexualité très tôt quand je rencontre quelqu’un. Pour éviter les mauvaises surprises. Il y a deux ans, je fréquentais un fille, plutôt intelligente et cultivée. On se promenait tous les deux dans les rues du quartier latin, discutant inlassablement de tout et de rien. Cela faisait plusieurs soirs qu’on se fréquentait ainsi. J’avais même mis ma chemise noire des grandes occasions en espérant lui plaire.
Pourtant un soir, au cours d'une conversation, j’ai réussi à glisser que j’étais bi. Comme ça, juste en passant, alors que je parlais de mes engagements en association LGBT.
— Ça veut dire que tu sors à la fois avec un mec et une meuf ?
— Euh… non.
— Excuse, mais j’y connais rien à ces trucs là.
— Ouais non, ça veut juste dire que je peux être attiré par une fille ou un garçon, pas que je veux les deux en même temps.
Cette conversation m’a paru tellement surréaliste. Ce fille, elle avait dix-neuf ans, j’imaginais stupidement qu’elle connaissait au moins la définition de la bisexualité. En fait non. En même temps, où aurait-elle pu l’apprendre cette définition ?
Nous sommes passés à autre chose, avons lancé un nouveau sujet de conversation. Moins gênant.
Je ne sais pas si c’est à cause de ça ou si c’est parce que finalement je ne lui plaisais plus, mais après cette soirée, elle ne m’a plus jamais rappelé.
Ayant pendant longtemps été l’une des seules personnes bi out dans mes groupes d’amis (avant que les autres osent faire leur coming-out), j’ai souvent été « le » référent bi. Sans doute comme des mecs hétéro vont voir leur ami gay* pour qu’il leur raconte comment c’est « les garçons », mes amis gays venaient me chercher pour parler de cette curiosité qu’était la bisexualité pour eux. *(oups j’oubliait que c’était, hélas, quasiment inexistant...) C’est ainsi qu’au cours de conversations bienveillantes et pourtant très posées, j’ai eu droit aux remarques suivantes :
— Je ne pourrais jamais sortir avec un bi, c’est pas contre toi ou contre les bi. Mais mentalement, je pourrais pas supporter l’idée qu’il ait eu une meuf avant.
— Mon premier copain était bi, il m’a quittée parce qu’il n’assumait pas et il est sortie avec une fille . Malgré moi, j’ai toujours peur que ça se reproduise. Je ne pourrais plus jamais sortir avec un bi.
Je n’ai jamais su quoi leur répondre. Ces garçons étaient pleins de bonnes intentions, vraiment très amicaux et ouverts d’esprit. Il n’empêche que dans les faits, c’est toujours la même chose. On ne veut pas de relation avec moi, parce que je suis bi. Et il paraît que c’est dangereux pour un couple.
Je préférerai mille fois être mis sur le côté sous prétexte d’être trop moche, trop con, trop chiant, plutôt que ce soit… juste parce que je suis bi. Vous en connaissez beaucoup des mecs hétéros qui ne sortent pas avec des filles parce qu’elles sont hétéros ? Ou des lesbiennes qui ne sortent pas avec des filles parce qu’elles sont lesbiennes ?
Pourtant moi, c’est ce qui m’arrive. On m’exclue d’office parce que je suis bi.
Ça a l’air de rien, tout ce que je raconte. Je sais que je suis privilégié et que je n’ai pas vécu la moitié des horreurs que certaines personnes LGBT ont pu malheureusement rencontrer au cours de leur vie. Mais il n’en demeure pas moins que j’ai souffert de cette biphobie silencieuse, insidieuse, vicieuse qui m’oppresse partout où je vais.
C'est un peu comme si toute ma vie, on avait cherché à me faire douter de ma propre existence. J'ai passé des années à m'auto-persuader que ce que je ressentais n'existait pas, que je ne traversais qu'une phase et que de toute manière, je ferais forcément ma vie avec une fille. Il ne pouvait pas en être autrement. Mon attirance pour les garçons ne pouvait qu'être accessoire. Un bonus pour l'femme qui partagerait ma vie.
On a essayé de me faire croire que ma bisexualité était un privilège. Car grâce à elle, on m'assurait que je ne subirais jamais d'homophobie et que j'aurais davantage de succès auprès de la gente féminine . QUE NENNI ! C'est un beau mensonge. Il n'y a aucun privilège.
Juste cette peur qui me serre les entrailles à chaque fois que je dois parler de moi, de mon passé, de mes désirs. Peur de ne pas être compris. Peur d'être ignoré. Peur d'être ridiculisé. Peur d'être rejeté. Peur d'être insulté.
"Honte. Rejet. Isolement. Dépression. Suicide."
Ces mots prennent aussi beaucoup trop de sens chez les personnes bi. Y compris chez moi.
Parce qu’elles ne sont pas supposées exister. Alors pourquoi se donner la peine de les représenter ?
Ou alors, elles ne font que suivre une mode. Alors pourquoi s’y intéresser ?
Et de toute manière, elles finiront par choisir. Alors pourquoi leur donner la parole ?
Vous savez quoi ? Je ne suis ni en recherche d’attention, ni un phénomène de mode, ni quelqu’un en questionnement, ni le symbole d’une société utopique où tout le monde serait ouvert d’esprit et donc bisexuel.
Je suis seulement bisexuel. J’existe.
Et la biphobie, je la subis.
Article dont je me suis inspiré:
http://petitsmensonges.canalblog.com/archives/2016/01/04/33160275.html
1 note
·
View note
Text
1986
Un enfant qui effleure les mains de sa mère, un enfant dont la gastro a torturé l'estomac toute la nuit, littéralement plié en deux, un seau à ses pieds. Le lundi, c'est toujours pareil, il a toujours quelque chose. Ils ont déménagés il y a peu, elle n'était pas certaine de son choix. Elle ne voulait pas partir, il l'a forcée. Les coups sont comme des tatouages, ils marquent pour toujours. Elle l'aime tellement, cet enfant que cet homme a crée avec elle. Au début, c'était bien, il était aimant, doux, patient. Pourtant, elle a vu sa passion s'effriter en même temps qu'il lui collait des trempes dans le ventre. Elle pensait qu'avec un bébé, ça irait mieux, elle le voulait tellement. Elle voulait le guérir de ses blessures, après tout, quel genre d'homme pouvait frapper une femme ? Il devait être brisé pour en arriver là. Elle était persuadée qu'il était possible de tout reprendre, de tout recommencer, avec lui, elle croyait qu'il était possible de créer un foyer paisible, inspirant. Mais elle est partie, et dans son appartement, son fils sur les genoux, elle comprend. On ne refait pas les choses, on ne change pas les autres. Elle s'est sécurisée. Le parquet est chaud, elle a de la chance, elle profite de chaque instant, le calme ambiant la sauve. Son fils avait subit les conséquences de ses blessures. Tous les lundis, il y avait quelque chose. Aujourd'hui, la gastro. La semaine prochaine, une migraine. Celle d'après, une crise d'angoisse. Elle voulait l'emmener parler à quelqu'un mais la DASS guettait, les médecins auraient vite fait de faire une information préoccupante, elle ne voulait pas le perdre, elle sauvait les meubles. Elle buvait de temps en temps, par contre, elle prenait soin de bien cacher ses bouteilles. Elle avait des seringues au cas où ses vieux démons la hanterait, elle n'hésiterait pas, elle se ferait monter dans les airs, c'est comme ça qu'elle grimpe aux rideaux. Le sexe ne l'intéresse plus, ce qu'elle cherche, c'est la paix, c'est ce qui lui prodigue les orgasmes les plus profonds, les plus fous. Son fils est trop jeune pour s'en apercevoir mais sa mère est prise dans les filets de l'addiction. Elle a commencé il y a trois ans, elle n'a plus su s'arrêter. Sa première prise, c'était juste après avoir été passée à tabac par son mec. Un ami lui avait dit que ça apaiserait les douleurs. En effet, c'était doux, l'air semblait chargé, elle se sentait flotter sur du coton. La paix qu'elle cherchait se trouvait en réalité dans la petite cuillère pleine d'ammoniaque et de cocaïne chauffée au briquet et piquée dans le creux de son coude. L'appartement appartient à sa mère, elle ne l'a pas décoré, elle ne voulait rien d'elle. La dernière prise remonte à deux semaines, elle veut se sevrer, elle le veut vraiment. Voir son fils vomir les immondices qu'elle lui sert en guise de repas la rappelle à son rôle de gardienne, mais ça la désespère aussi. S'occuper d'un enfant, c'est le plus grand challenge qui soit, ça lui paraît insurmontable. Il n'a pas de problème à l'école, il est plutôt vif, c'est un bon petit, comme le qualifie souvent les instit de l'école St Martin. Elle n'aurait jamais pu lui offrir une telle éducation seule, mettre son fils dans le privé, pour elle, c'était l'accomplissement, mais elle a dû accepter l'aide financière de sa mère. Son père est mort quand elle était encore jeune, bien avant la puberté. Elle n'a jamais eu une relation établie de longue durée avec un homme. Le sexe, c'était sa toute première drogue. Elle faisait tout pour attirer, telle une araignée, elle tissait des toiles gluantes dans lesquelles elle attrapait ceux qu'elle visait, ils tombaient tous. Elle leur donnait tout ce qu'elle pouvait, puis les gardait avec elle, les empêchant de partir, les emprisonnant de son affection folle et démesurée. Elle faisait peur. La veuve noire dans toute sa splendeur, prête à se plier en quatre pour que ça rentre en glissant. Elle voulait garder ces hommes, de tout son corps, elle voulait garder leur coeur. C'est dans cet appartement qu'elle recommencerait, ici qu'elle pourrait donner à son fils la vie qu'il mérite. La nymphomane devenue maman toxico n'attire plus personne aujourd'hui. Son fils bave de la bile sur son 501, elle s'en tape, sa bile est la plus douce des liqueurs, son fils, ses tripes, elle mourrait pour lui, juste après avoir piqué sa dose, oui juste après en avoir dormi des heures, juste après son malaise. C'est toujours lui qui la réveille, voir sa mère allongée, plongée dans une autre dimension, ne pas réussir à lui faire ouvrir les yeux, c'est trop pour un enfant. Il est intelligent, il sait réagir, il sait quoi dire à l'école pour qu'on ne lui pose pas de question sur sa famille. Il sait comment faire. Il sait que l'eau froide réveille même les plus assoupis. Il sait qu'on est lundi et qu'elle ne supporte plus de le voir souffrir. Il sait qu'ils ont besoin d'aide, mais il ne dit rien. Il aime bien habiter ici avec elle, il aime bien aller sur balcon et souffler des bulles de savon, il aime bien le centre-ville. Il connaît la véritable violence, celle qui n'est pas motivée, la gratuite, celle qui fait le plus mal. Il l'a vue en souffrir si longtemps. Il l'a regardée se relever avec peine de chaque coup, de chaque blessure. Quand ils sont enfin partis, il l'a vécu comme un soulagement, comme un poids qu'on ôterait de son dos. Il s'imaginait partir en vélo pour l'école, rentrer à midi et trouver sa mère dans la cuisine, faire ses devoirs sur la table du salon, danser devant le miroir, tourbillonner à en perdre l'esprit dans ce qu'on appelait utopie. Il savait que tout ça, c'était plus de l'ordre du rêve, sa vie est rouge, la musique de la voix de sa mère est verte, il entend en couleurs, voit en musique, lit assez mal et peine à écrire. Il n'a jamais subit de test, malgré les demandes répétées de sa maîtresse, elle pense qu'il a un défaut. Il n'a pas compris, il fait pourtant le maximum pour ne pas se faire repérer, pour être discret. Aujourd'hui, il ne voulait pas aller à l'école, elle va trop mal pour qu'il parte.
0 notes
Text
Hello les Koalas !
Comme vous avez pu le lire dans mon article ‘retour de vacances‘, j’ai pris plaisir à lire 7 très belles histoires lors de mon séjour à Punta Cana. Et oui, vacances hors saison alors que certains n’ont pas encore terminé leurs examens. Courage à vous !
Lors de ces deux semaines de congés, j’ai lu les 4 romans envoyés par Le livre de poche dans le cadre de la sélection de juin du Prix des Lecteurs 2018. Les 3 autres livres lus sont des romans de ma PAL perso et je peux déjà vous dire que ces 7 livres furent TOUS incroyables.
✿ Mon avis ✿
C’est parti pour une flopée de bons moments. Oui, oui, ce fut une sélection ahurissante qui m’a procurée tellement de belles heures livresques ❤
La délicatesse du homard ★★★★★
Quand je repense à ce livre, je pense plage, espoir, reconstruction de soi, identité, persévérance, deuil et romance. Quelle magnifique lecture ! Je l’ai dévoré ❤ Il y a une douceur dans ces lignes qui m’a plusieurs fois fait monter les larmes aux yeux. Pendant toute la lecture, un mystère plane mais à la fois, on apprend à apprécier cette petite chose fragile qu’est Elsa, la fille abandonnée sur la plage, découverte par l’adorable François. Leur cohabitation n’est pas toute rose dans les premiers jours mais petit à petit, ils gagent en confiance et osent s’ouvrir l’un à l’autre. C’est émouvant, déchirant parfois mais beau et poétique. Je ne l’ai pas lâché !
Gaspard ne répond plus ★★★
Ce roman fut celui que j’ai le moins apprécié des sept. Pourtant, le début était prometteur et plein d’humour. L’histoire d’un show télévisé qui perd un de ses participants en Asie. Ce dernier est récupéré par les habitants d’un village perdu sur une montagne. A partir de là, on découvre le passé d’un Français qui a terminé sa vie au Vietnam. Le concept me paraissait fun mais l’auteur s’est perdu dans la sous-histoire qui était à mon goût trop longue et parfois inutile. Trop de digressions ce qui n’aide pas le lecteur à rester encré dans l’histoire. Et puis, certains éléments sont un peu trop tirés par les cheveux voir loufoques pour le contexte. Une lecture sympa mais sans plus.
♡ No home ★★★★★♡
Ce roman, je l’attendais depuis looooongtemps. Depuis qu’il est sorti en grand format en réalité. Ce fut donc une joie de le découvrir dans la sélection pour le Prix des Lecteurs. Cette histoire est magistrale. Magnifique, bouleversante et unique ! En début d’histoire, l’auteur nous présente un arbre généalogique à deux branches. Chaque chapitre est alors l’histoire (telle une nouvelle) d’un des descendants de Maame. En alternant la vie des ces personnages africains, d’origine fanti et ashanti, Yaa Gyasi nous fait faire un voyage dans le temps en nous racontant les épopées de ces enfants nés en période d’esclavage. J’ai été bluffée par la construction, la plume et par le contenu qui est riche en faits historiques et en émotions. La gorge qui se serre, les ongles qui se crispent tant la révolte rageait dans mon coeur à certains moments. Je le recommande chaudement à tous !
D’ailleurs, si n’y a pas de surprise dans les deux dernières sélections des mois prochains, je pense voter pour celui-ci en fin d’aventure. J’ai vraiment envie que l’auteur reçoive le Prix des Lecteurs 2018 pour cette oeuvre bouleversante.
Elle voulait juste marcher tout droit ★★★★★
Certains ont critiqué ce livre en mentionnant que la voix de la petite Alice était fausse car on dirait une adulte qui parle. Moi, j’ai trouvé ce livre saisissant et prenant. J’ai été happée dès les premières pages par l’aventure de cette petite fille abandonnée par sa mère pendant la guerre. On trépigne constamment d’impatience de connaitre la suite de ses aventures en France puis aux Etats-Unis. La jeune Alice, toujours courageuse, veut simplement comprendre pourquoi sa maman l’a laissée. Elle veut être une enfant aimée et protégée. L’auteur fait voyager Alice dans différentes familles et endroits ce qui donne du rythme au récit. On ne s’ennuie pas une seconde. C’est simple, il fait 400 pages et je l’ai lu en une journée ! Sur un décor d’après-guerre, ce livre donne un regard original sur la perte d’un proche et l’espoir de jours meilleurs.
Milles soleils splendides ★★★★★
Vous allez rire mais ce roman fut également un 5 étoiles pour moi. Je rêvais de le lire depuis que j��ai découvert le blog de My Pretty Books que je consulte régulièrement. Il s’agit de son livre favori et vu la diversité de ses lectures, ça ne pouvait qu’être bien. Mon avis est similaire.
Ce livre est désarmant. Merveilleux. Impossible à oublier. Nous partons avec Khaled Hosseini en Afghanistan pour découvrir le destin tragique de deux femmes fort différentes et qui vont se retrouver rivales à un moment donné : Mariam et Laila. L’une est née dans la pauvreté, l’autre avait une très belle vie de famille et un coup de coeur pour un garçon. Pourtant, leur vie va leur jouer un tour et les amener à vivre dans la même maison, contre leur gré. Entre les traditions culturelles arabes, la violence des hommes envers les femmes, la douleur de perdre un enfant ainsi que la vie à Kaboul entre les bombes et les couvre-feux… croyez-moi ce livre est dur mais vibrant. A lire absolument ❤
♡ Un palais de colère et de brume ★★★★★♡
Ce second tome fut un coup de coeur. Un pavé de 700 pages qui m’en a mis plein la vue. Le premier tome m’avait séduit de part son univers original et cette héroïne du feu de dieu. Mais alors celui-ci. Mon dieu, Sarah J Maas a du en faire des nuits blanches pour écrire un truc pareil. C’est rare que je préfère un tome 2 à un tome 1 mais c’est bien le cas ici. Si vous hésitez à lire cette série YA, n’y pensez plus et ruez-vous dessus. Je l’ai fini dans mon lit avec la lampe de chevet pendant que chéri dormait car il fallait que je sache ! Et maintenant, j’ai simplement envie de m’acheter le 3 en anglais car je refuse d’attendre pour découvrir la suite. Aaaaaaaaaaah.
Changer l’eau des fleurs ★★★★
Enfin, dernière et septième lecture des vacances ! J’ai terminé de lire ce roman le jour de notre départ. Lu en numérique cette fois-ci et beaucoup apprécié. La publicité et les chroniques m’ont motivé à donner une chance à ce roman qui a fait beaucoup parler de lui dès sa sortie. Lauréat du prix maison de la presse, ce livre est bien plus que sa couverture ne laisse penser.
Oui, l’héroïne est une garde-cimetière et on pourrait penser que sa vie est ennuyante au possible. Cependant, si vous pensez cela, vous êtes bien loin de la vérité. Cette histoire renferme d’un côté beaucoup de poésie et de douceur et de l’autre de la souffrance et un mystère digne d’un thriller. Ne vous arrêtez pas à son aperçu très féminin : nous en sommes loin ! Un chouette lecture que je ne regrette pas d’avoir lu. La plume de l’auteur m’a donné fort envie de découvrir son premier roman (Les oubliés du dimanche). Des aller-retour dans le passé et le présent d’une flopée de personnages et une intrigue toute bien ficelée, vous ne vous ennuierez pas en parcourant les pages de la vie de Violette Toussaint, une femme simple qui a vécu pas mal de choses !
Fin du bilan et en route pour de nouvelles lectures ! Quels sont les livres qui vous tentent le plus ? Lesquels avez-vous déjà lu ? Avez-vous des livres dans le même style à me recommander ?
A bientôt !
Mini-chroniques de mes lectures de vacances Hello les Koalas ! Comme vous avez pu le lire dans mon article 'retour de vacances…
0 notes
Text
15 jours après mon marathon de Paris, il était sans doute un peu prématuré de porter un nouveau dossard. Pourtant, un concours sur la page facebook du DKV Urban Trail 2018 m’a permis de découvrir cette course. Malgré ma participation à l’Eco Trail de Paris, je ne suis pas encore un grand addict de ce genre de course. Pourtant, l’aspect Urbain d’une ville que je connais assez bien avec mon boulot m’a motivé à m’aligner sur le 13km.
DKV Urban Trail 2018
Avant course
Que dire de ma préparation pour cette course? un seul mot: rien 🙂 Après mon marathon de Paris, je me suis pris une semaine de repos et j’ai ensuite débuté un plan d’entrainement court Fréquence Running pour le semi de Luxembourg où je vise juste d’y arriver en forme sans tentative de RP.
C’est donc dans une semaine d’entrainement classique: 2X 1h15 de running, 2 sorties natation et 1 sortie de 75km de vélo que j’arrive dimanche au DKV Urban Trail 2018. J’arrive tellement en touriste que je n’ai même pas pris le temps de voir le profil de la course ni même regardé pour que ma lionne et mes monstres puissent se mettre pour me voir. Comme on est à l’avance, ce deuxième point sera vite mis en place. Le premier restera de la découverte.
Notre journée sportive en famille commence par la course des enfants où mes 2 monstres y participeront. Pour une fois, ni mon épouse, ni moi ne les accompagnera et ils vont gérer au mieux la course sous une chaleur. La motivation est (et restera) la médaille à la fin.
La course
Comme le départ se fait en 3 vagues au format “premier arrivé, premier servi”, je parviens à être sur la première ligne de la première vague. Le but étant de galoper le premier kilomètre pour être un peu plus à l’aise dans les endroits plus étroits et, surtout, les endroits où se retrouvent toutes les courses parties plutôt dans la journée.
12h10, le départ DKV Urban Trail 2018 est lancé. Je respecte mon envie de tout donner au début. Ce début de parcours me convient bien car il est en ville et donc le dénivellé est gérable pour le mangeur de bitume que je suis.
Assez vite, je vois mes supporters du jour qui m’attendent en pleine descente vers le grund.
Très vite arrivent les escaliers que l’on descend et que l’on monte avec des marches “naturelles” et donc avec des hauteurs différentes. Un petit groupe se forme devant moi et je suis en les gardent à vue durant la première partie de circuit.
On arrive ensuite sur certaines portions où les autres circuits se trouvent. Dans les passages très étroits et où cela bouchonne, les concurents des autres distances nous laissent passer en nous encourageant, cela motive un maximum.
Avant le Philarmonie de Luxembourg, le VTT du leader sur le 18km me dépasse. Ce VTT ouvre la route à l’ami François Reding. Comme à son habitude, il lance quelques mots sympathiques et je lui souhaite une bonne route.
Le bout du tunnel?
La suite du parcours est comme le début: cela monte et cela descend dans la chaleur. N’ayant pas analysé le parcours avant ma course, j’ai la surprise de passer dans un tunnel long de 900m qui est ouvert uniquement pour la course: quel plaisir.
Malgré cette fin magique, les jambes sont très lourdes. Des restes du marathon? une semaine d’entrainement un peu trop intense? on fait le métier.
L’arrivée
Je passe la ligne d’arrivée après 1h tour rond (temps officiel) à la 10ème place sur 1396 finishers. Je suis le premier surpris mais je suis aussi content d’enfin franchir cette ligne d’arrivée . L’occasion de voir une dernière fois ma lionne et les monstres.
[activity id=1524408490]
L’après course
Le DKV Urban Trail 2018 est sans doute une des courses que j’attendais avec impatience. Ayant bosser dans le centre ville de Luxembourg pendant plusieurs années, je voulais le découvrir autrement et je n’ai rien regretté. Si cela s’y prête, pourquoi pas y revenir l’année prochaine.
Une chose est sure, on y retournera pour se balader en famille 🙂
Retour sur le DKV Urban Trail 2018 de Luxembourg 15 jours après mon marathon de Paris, il était sans doute un peu prématuré de porter un nouveau dossard.
0 notes
Text
Quelle lecture géopolitique de la crise grecque ?
Pierre Verluise (P. V.) : Pourquoi la relation entre la Grèce et l’Occident est-elle ambivalente ?
Georges Prévélakis (G. P. ) : Il faut chercher l’explication dans le processus de création de la Grèce moderne.
A la fin du XVIIIème siècle et au début du XXème siècle, les sociétés européennes ont subi une profonde transformation politique et idéologique. Leurs élites se sont tournées vers l’antiquité, à la recherche d’une utopie historique capable de légitimer la rupture avec le passé qu’elles préconisaient. Parmi les différents nationalismes qui se sont consolidés pendant cette période en exploitant la référence hellénique, le nationalisme allemand occupe une place particulière. Au-delà d’un modèle politique, il a trouvé dans l’antiquité grecque un précédent géopolitique : de même que l’Allemagne avant son unification en 1871, la Grèce de l’antiquité était un ensemble de cités unies par la culture. C’est pour cette raison que la relation gréco-allemande est tellement passionnelle. La France napoléonienne s’est tournée par contre vers l’antiquité romaine.
Le néoclassicisme, mouvement artistique et architectural, a apporté une expression sensible à ces diverses représentations géo-historiques. Les grandes villes européennes et nord-américaines ont vu se multiplier les monuments conçus selon les règles élaborées par l’archéologie.
En même temps, dans l’Empire Ottoman, l’élite chrétienne orthodoxe (les Rums), était hellénophone ou employait le grec de l’Eglise comme langue véhiculaire, et avait développé des relations commerciales avec l’Europe. Sous l’influence idéologique européenne, les marchands rums ont commencé à développer une identité nationale. Ce fut le début d’une mutation identitaire qui a transformé une partie importante des Rums en Grecs « modernes ».
En 1821 éclata au sud des Balkans l’insurrection, que l’on connait aujourd’hui en tant que « Révolution grecque ». Cet événement a été perçu par l’Europe comme une chance inespérée pour réaliser une construction néoclassique à l’échelle d’un Etat et, qui plus est, sur la base de la géographie mentale des guerres du Péloponnèse (territoires autour d’Athènes et Sparte).
La contradiction entre une image imposée par les besoins identitaires occidentaux et la réalité du terrain est à l’origine de l’ambivalence de la relation entre la Grèce et l’Occident.
Ce rêve européen supposait d’idéaliser ceux qui devaient l’incarner, les “Grecs”. Les Rums, anciens schismatiques méprisés en tant que serviteurs du Grand Turc, sont devenus, aux yeux de l’Occident, les nobles descendants des Grecs de l’antiquité soumis à la “barbarie turque”. Pourtant ni le changement du regard occidental, ni la construction d’institutions étatiques selon le modèle occidental n’ont suffi à transformer complètement les réalités sociales et culturelles héritées du long passé impérial, byzantin et ottoman.
La contradiction entre une image imposée par les besoins identitaires occidentaux et la réalité du terrain est à l’origine de l’ambivalence de la relation entre la Grèce et l’Occident. Chaque fois que la Grèce donne des signes encourageants, l’ancienne idéalisation revient. Pourtant, la réalité dément tôt ou tard l’exagération des images. Le désenchantement conduit à des ressentiments ou même à l’hostilité, comme si les Grecs trahissaient les attentes de l’Occident.
Il s’agit d’un processus qui se répète de manière cyclique. Beaucoup de Philhellènes (amis des Grecs) de la Révolution grecque sont devenus des Mishellènes (ceux qui haïssent les Grecs) après avoir rencontré les “vrais Grecs”. Plus récemment, au lendemain de la dictature des colonels (1967-1974) l’Europe a idéalisé la Grèce de Constantin Karamanlis, qui a présidé le rétablissement de la démocratie en 1974, et d’Andréas Papandréou, dont l’élection triomphale en 1981 a marqué la fin de l’hégémonie politique des conservateurs, pour découvrir par la suite son visage balkanique pendant les années des guerres en Yougoslavie.
Le dernier épisode concerne évidemment la crise économique, amorcée cinq ans après les triomphalismes qui ont suivi l’organisation des Jeux olympiques d’Athènes de 2004. Quand la crise a joué son rôle révélateur, l’admiration pour l’“européanisation” grecque et ses taux de croissances élevés, s’est muée en mépris, parfois même en haine, comme si les Grecs étaient les seuls responsables d’une gestion économique et politique connue et tolérée par les institutions européennes.
L’Occident a du mal à percevoir les Grecs tels qu’ils sont, c’est à dire un peuple avec ses qualités et ses défauts. Cette difficulté de perception objective, conjuguée à l’importance de l’influence occidentale, se trouve à la source de bien de problèmes de la Grèce depuis le XIXème siècle. La crise actuelle ne constitue pas une exception à cette règle.
Grèce, Athènes, le Parthénon : une représentation classique de la Grèce transformée en ressource géopolitique ?
P. V. : Comment cette relation entre la Grèce et l’Occident est-elle devenue une rente, particulièrement depuis l’entrée dans le Communauté économique européenne (1981) puis dans la zone euro (2001) ?
G. P. : On imagine l’Empire ottoman comme une “prison de peuples”, comme si les nations y étaient déjà présentes et prêtes à surgir sur la scène de l’histoire une fois libérées de la domination impériale. Si cela était vrai, l’indépendance grecque, suivie des autres indépendances balkaniques, aurait été un simple retour à la normale, donc sans conflits et tensions. Or, comme on sait, le démembrement de l’Empire ottoman a conduit à un processus de terribles conflits, désigné d’ailleurs comme balkanisation.
L’explication de ces contradictions se trouve dans le fait que ce processus de balkanisation, loin d’être une normalisation, consistait au contraire en une transformation de fond en comble des espaces, des sociétés, des identités. La logique géopolitique impériale, qui régissait sociétés et territoires, devait être remplacée par la nouvelle logique westphalienne. Les sociétés balkaniques ont dû accomplir en quelques décennies le parcours que les sociétés occidentales ont mis de siècles à achever, en passant, elles aussi, par des terribles crises, comme la Guerre de Trente Ans (1618-1648).
La Grèce a été pionnière dans ce processus balkanique. Un morceau de l’espace ottoman a été découpé « à la hache » selon une géographie historique imaginée qui n’avait aucun rapport avec les réalités du terrain. Le premier territoire de la Grèce correspondait grosso modo à une ellipse dont les deux centres étaient, sans surprise, Athènes et Sparte. Ce nouvel Etat s’est vite avéré ingouvernable. Une administration étrangère a été importée de Bavière pour remplacer le pouvoir éclaté des notables autochtones par une structure centralisée. Une armée mercenaire a accompagné le roi et les administrateurs bavarois afin de mater les révoltes des “bandits” c’est à dire des anciens “combattants de la liberté” contre les Ottomans.
Pourtant, la logique de rente a des effets pervers puisqu’elle détourne les énergies de la création de richesses, renforce la centralisation partisane et encourage la corruption.
Un tel régime, fondé sur la violence, même légitime, ne pouvait pas être viable à la longue. Ainsi, le pouvoir central a créé un type de rapports entre le centre et la périphérie, dont l’évolution a conduit au clientélisme d’aujourd’hui. A travers ce système, il distribuait des privilèges, monétaires ou autres, à la périphérie. Comment trouver les moyens pour cette distribution ? La réponse est souvent venue de l’extérieur. L’importance de la thématique grecque imposait aux Occidentaux des efforts pour sauver la Grèce de l’implosion en lui apportant protection, soutien et financements. Ainsi s’est établie la tradition de la rente. Le système politique grec a rapidement appris à chercher, voire à revendiquer, la rente de l’Occident.
Pourtant, la logique de rente a des effets pervers puisqu’elle détourne les énergies de la création de richesses, renforce la centralisation partisane et encourage la corruption. En apportant une rente “philosophique”, justifiée par l’image idéalisée de la Grèce, l’Occident a souvent contribué à éloigner la Grèce de l’évolution voulue et espérée. En découvrant les effets sans en comprendre les causes, les Occidentaux se fâchaient avec les Grecs, sans réaliser que c’était leur propre influence qui avait provoqué les problèmes. L’ambivalence de la relation entre la Grèce et l’Occident est ainsi étroitement liée à la rente.
Toutes les périodes de l’histoire de la Grèce moderne n’ont toutefois pas été dominées par la logique rentière.
Ce fut le cas au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, lorsque le pays a bénéficié de très importants financements des Etats-Unis, qui étaient soucieux d’empêcher l’extension du bloc communiste au sud des Balkans. Cette “rente géopolitique”, qui a duré jusque dans les années 1950, a fait entrer la Grèce dans une période de croissance, désignée comme le “miracle économique grec” qui s’est poursuivie malgré les conséquences de la crise pétrolière de 1973, et s’est doublée, dans les années 1970, d’une modernisation institutionnelle et politique.
Ces réussites n’étaient néanmoins pas suffisantes pour justifier l’adhésion de la Grèce à la Communauté économique européenne (CEE), du fait notamment des problèmes structurels persistants de l’économie. L’entrée de la Grèce dans le club européen dès 1981 a été motivée avant tout par l’argument néoclassique. La construction européenne avait en effet toujours besoin de la symbolique grecque.
On a considéré que l’aide économique européenne permettrait à la Grèce d’accélérer sa modernisation et de rattraper ses retards. Perçues par les Grecs comme une nouvelle forme de rente, les diverses subventions qui ont irrigué l’économie grecque ont toutefois été utilisées par le système politique en place pour consolider son pouvoir. L’entrée de la Grèce dans l’Eurozone (2001) a amplifié cette la logique, dès lors que la Grèce a pu emprunter facilement et à des taux très avantageux sur les marchés internationaux de capitaux.
La longue période de stabilité politique (1981-2009), rare dans l’histoire de la Grèce, est due à l’abondance de la rente qui a alimenté une société de consommation, sans rapport avec la production de richesses. Derrière l’apparence de prospérité, se cachait la déformation de toutes les structures économiques et sociales. Gérée par l’administration centrale, la rente a renforcé une centralisation déjà excessive. La population a appris à mépriser l’effort et à considérer comme acquis des avantages qui n’avaient pas été mérités. L’économie grecque s’est introvertie : il suffisait d’entretenir ses relations avec les partis au pouvoir pour s’assurer la réussite économique. Le double déficit (budgétaire et commercial) qui se gonflait année après année, était couvert par les subventions et surtout par l’emprunt. On ne s’inquiétait pas du gonflement de la dette, puisque les Européens le toléraient.
Ainsi l’entrée de la Grèce dans la CEE et l’Eurozone a réactivé des anciens réflexes rentiers que les décennies précédentes avaient plus ou moins réussi à maitriser.
P. V. : Dans ce sytème, quelles sont les véritables fonctions des élites politiques grecques ?
G. P. : On peut considérer que les élites politiques ont fonctionné comme une articulation entre un Occident rêvant de l’ “européanisation” de la Grèce et une population qui y résistait. En obtenant la rente de l’étranger, en la distribuant et en imposant une certaine occidentalisation, plus ou moins profonde, ces élites profitaient du rôle de médiation pour servir leurs propres intérêts. Cette image est certes trop schématique. Pendant certaines périodes, les élites politiques ont abandonné ce rôle parasitaire en se concentrant aux efforts pour faire avancer la modernisation du pays.
Après 1981, une partie des élites politiques grecques a misé à nouveau sur la rente pour alimenter le système clientéliste. Cela leur a permis d’exercer une “concurrence déloyale” face à des opposants qui prônaient la voie de l’autonomie et d’un développement économique fondé sur les avantages comparatifs du pays. La rente est ainsi devenue un facteur de “sélection naturelle” négative des élites politiques, dont les éléments sains se sont retrouvés largement marginalisés. L’image désolante de la classe politique grecque au lendemain de la crise n’est donc pas l’expression d’une mauvaise qualité inhérente aux hommes et femmes politiques grecs, mais le résultat de cette forme de sélection. A quelques exceptions près, après trois décennies de domination de la rente et du clientélisme, les meilleurs avaient été éliminés de la scène politique.
La crise de 2009 a mis fin à l’abondance de la rente. Le système politique a été ébranlé. Les citoyens grecs ont découvert avec colère que leurs élites politiques n’étaient plus capables de capter la rente et de la distribuer. Ils se sont sentis trahis.
La gauche radicale, SYRIZA, a promis le retour au paradis de la rente : on obligerait les « banquiers européens » à payer sans poser de conditions et l’Allemagne fédérale à dédommager la Grèce pour l’occupation nazie pendant la Deuxième Guerre mondiale, ou on irait chercher de l’argent chez les Russes en leur proposant une alliance, etc. Se présentant comme force de renouveau face à un système politique vieilli et usé, ce parti a en fait prôné la régression à la logique rentière. Son échec à remplir ses promesses quand il est arrivé au pouvoir explique sa chute dans les sondages.
P. V. : Dans ce contexte, quels sont les rôles de la diaspora grecque, de la marine marchande et des réseaux ecclésiastiques ?
G. P. : La Grèce est une des manifestations d’une importante tradition géopolitique et géoculturelle, difficile à définir mais réelle. On utilise le terme de néo-hellénisme pour la désigner, en ayant conscience de ses limites. Cette tradition est composée d’éléments comme la continuité linguistique, étroitement associée à l’Eglise orthodoxe, la maritimité, la territorialité locale (tradition de la Polis), les réseaux diasporiques, ou encore certaines formes de vie familiale.
Contrairement aux récits de l’historiographie nationaliste, le néohellénisme était à l’aise au sein de l’Empire ottoman. Pourtant, une certaine perspicacité ou intuition de certains de ses membres leur a montré au début du XIXème siècle que l’avenir ne se trouvait pas dans le monde des empires mais dans la modernité, représentée par l’Etat-Nation organisé selon la territorialité westphalienne. Le rôle de la thématique grecque en Europe a joué aussi, comme nous venons de voir, un rôle important dans la décision d’accepter une mutation géopolitique et géoculturelle profonde. Le néohellénisme s’est ainsi habillé avec des vêtements empruntés à l’Europe. Il en a adopté la modernité, même s’il n’y a jamais été vraiment à l’aise. L’Etat grec, malgré ses réussites, n’a pas été à la hauteur des attentes de ses élites fondatrices. Il constitue aujourd’hui un acteur européen marginal, humilié, dépendant, piégé dans une relation malsaine avec l’Occident.
Cette Grèce est le visage le plus connu du néohellénisme, mais pas l’unique. Les structures prémodernes, celles qui lui permettaient de réussir dans les espaces impériaux, n’ont pas disparu. Leur résilience est une des causes de certains blocages de la modernisation. Ainsi, par exemple, la force du lien familial explique les difficultés pour imposer la méritocratie dans l’administration publique. En échange, les liens familiaux ont joué un rôle fondamental pour diminuer le choc social de la crise.
La diaspora, la marine marchande et les réseaux ecclésiastiques sont étroitement liés à la persistance des structures prémodernes. L’Etat grec, comme tout Etat national, a été hostile à la diaspora. Son objectif était de rassembler tous les Grecs au sein de son territoire. Il perçoit la marine marchande comme un acteur trop indépendant de lui, puisque les armateurs peuvent se déplacer sans entrave. Enfin, l’Etat grec a créé sa propre Eglise orthodoxe « nationale » ce qui est contraire aux règles de l’Eglise orthodoxe pour éviter l’influence religieuse du Patriarcat de Constantinople et échapper ainsi à son contrôle.
Ces visages extra-étatiques du néohellénisme ont survécu malgré les persécutions et les difficultés. La diaspora, détruite dans ses foyers traditionnels, a été reconstituée aux Etats-Unis, en Europe et en Australie. La marine marchande a réussi à renouveler sa flotte après les destructions de la Deuxième Guerre mondiale et constitue aujourd’hui la première force dans son domaine sur le plan international. Enfin, le Patriarcat de Constantinople a pu se maintenir à Istanbul en dépit de la politique kemaliste, hostile à toute forme de présence “grecque” sur le territoire turc, et constitue aujourd’hui une institution très respectée par la communauté internationale.
Les évolutions des dernières décennies comme la mondialisation, l’affaiblissement du rôle et de la fonction de la territorialité “westphalienne”, le développement explosif des communications etc., créent des conditions qui favorisent les formes prémodernes du néohellénisme. Les diasporas deviennent à nouveau des acteurs importants de la vie économique et politique globale. La mer se révèle comme le principal enjeu économique, politique et environnemental des décennies qui viennent. Le talent des armateurs grecs leur permettra de profiter de cette nouvelle donne. Enfin, le rôle des réseaux ecclésiastiques orthodoxes hellénophones ou, plus généralement, sous influence hellénique, est très important en Afrique, en Asie et en Amérique. Ils sont sous l’influence spirituelle des patriarcats hellénophones de Constantinople et d’Alexandrie. Ce monde orthodoxe, indépendant de l’Etat grec, est un acteur important de la géopolitique religieuse. Acceptés beaucoup plus favorablement que les autres Européens, les Grecs, à travers leurs réseaux religieux peuvent jouer un rôle de médiation entre l’Europe et les peuples anciennement colonisés.
Il faut donc cesser de percevoir la présence grecque, européenne et globale, uniquement sous le prisme de l’Etat-Nation. Ses formes à la fois prémodernes et post-modernes sont peu visibles mais au moins aussi importantes que la Grèce stricto sensu.
P. V. : Comment imaginez-vous les perspectives géopolitiques de la Grèce d’ici 2020 ?
G. P. : Le territoire grec fait partie d’un grand carrefour composé des Balkans et de l’Anatolie, entre lesquels se situent les ensembles maritimes de la mer Noire, des détroits turcs et de la mer Egée. Ce carrefour liait dans le passé les deux grands foyers économiques de l’Eurasie, le foyer européen et le foyer indo-chinois. Jusqu’au XVIIIème siècle, malgré l’importance croissante des relations entre l’Europe et l’Amérique, le centre de gravité de l’économie mondiale se trouvait encore à l’est du carrefour ottoman. La situation a changé radicalement pendant les deux siècles qui ont suivi. Cette situation change à nouveau par le déplacement du centre de gravité de l’économie mondiale vers l’est. Donc, le carrefour balkano-anatolien est en train de regagner sa centralité. Cette nouvelle réalité a déjà commencé à influencer la géoéconomie et la géopolitique grecque. Le port du Pirée est passé sous contrôle chinois. La réactivation de ce carrefour et la place cruciale du territoire grec en son sein conditionnera la géopolitique grecque dans les prochaines décennies.
La Grèce se trouve en crise, face à un environnement géopolitique instable et fluide.
Pourtant, à plus courte échéance, les facteurs de l’environnement géopolitique qui exerceront une influence sur la Grèce viennent d’autres élements :
1. La stabilité interne de la Turquie et ses orientations géopolitiques. La vague de déstabilisation qui a évolué d’est en ouest au Moyen-Orient touche maintenant la Turquie. Il paraît difficile de prévoir si la politique de plus en plus autoritaire du Président Recep Tayyip Erdogan réussira à maitriser les tendances centrifuges et les menaces pour l’intégrité territoriale de son pays. Une déstabilisation éventuelle de la Turquie aurait comme conséquence possible un flot massif de réfugiés à partir du littoral anatolien vers les îles grecques. La question kurde peut aussi transformer la Grèce en otage des relations entre la Turquie et l’Occident. L’imprévisibilité de la situation turque pèsera lourdement sur la géopolitique grecque.
2. La relation entre l’Union européenne et les Etats-Unis. La Grèce dépend économiquement et institutionnellement de l’Union européenne. Il ne faut pourtant pas sous-estimer ses liens avec les Etats-Unis. La défense grecque est garantie par les Etats-Unis, qui disposent d’une importante base en Crète. La diaspora grecque-américaine ainsi que différents réseaux, culturels et autres, lient étroitement la Grèce aux Etats-Unis. Une éventuelle dégradation des relations entre l’Union européenne et les Etats-Unis mettra la politique grecque devant des graves dilemmes.
3. Les ambitions russes. La russophilie est fortement enracinée en Grèce. La confession orthodoxe commune, l’admiration pour Vladimir Poutine ainsi que le souvenir de l’Union soviétique fédèrent un ensemble hétéroclite de partisans, issus des deux extrêmes de l’échiquier politique, sur lequel peut miser l’influence russe.
4. La situation balkanique. Les problèmes issus de la décomposition de la Yougoslavie (1991-1992) n’ont été résolus qu’en surface. Plusieurs défis existent encore et menacent la stabilité de la région. La Grèce est particulièrement exposée aux enjeux albanais et à leurs répercussions en Macédoine.
5. Finalement, last but not least, la Grèce est fortement influencée par l’évolution de l’Union européenne. Une Union européenne à deux vitesses renforcerait en l’institutionnalisant la marginalisation que connait la Grèce du fait de la crise économique.
Il est très difficile de prévoir l’évolution de ces facteurs et encore plus la manière dont ils peuvent se combiner. La Grèce se trouve face à un environnement géopolitique instable et fluide.
La situation politique intérieure grecque est naturellement d’importance cruciale. Les prochaines élections législatives sont normalement prévues à l’automne 2019. Les sondages prévoient que SYRIZA en sortira fortement affaibli et n’aura plus les sièges nécessaires pour former un gouvernement, même avec ses partenaires actuels de la droite souverainiste. Deux scénarios se dessinent : . une nette victoire de la Nouvelle Démocratie (centre-droit), suffisante pour la restructuration de la vie politique sur des nouvelles bases ; . une situation confuse, sans majorité, qui conduirait à un véritable saut dans l’inconnu.
La Grèce entre ainsi dans une période très critique. Soit elle arrivera à sortir renouvelée de la crise, ce qui lui permettra de gérer à son profit les différents défis géopolitiques pour renforcer son rôle européen et international ; soit elle va être entrainée dans une instabilité politique qui l’exposera à tous les dangers.
Malgré ses problèmes, la Grèce constitue un pôle de stabilité dans une région difficile. Une éventuelle déstabilisation grecque dans les années 2020 aurait de lourdes conséquences pour l’Union européenne. En même temps, l’importance de son territoire, en tant que carrefour énergétique mais surtout comme probable noeud de la route de la soie, rend sa maîtrise et sa gestion dans le cadre européen un enjeu crucial à long terme. Du côté européen, une connaissance de la politique grecque et néohellénique, débarrassée des idées reçues et des stéréotypes, s’impose.
L’Union européenne a aussi intérêt à exploiter les ressources néohelléniques réticulaires et globales (diaspora, marine marchande et réseaux ecclésiastiques) pour sa connexion et son dialogue avec les nouveaux grands foyers économiques et géopolitiques. Un re-équilibrage des représentations géopolitiques, à même de rendre visibles les aspects les moins connus du néohellénisme, est indispensable.
Copyright Janvier 2018-Prévélakis-Verluise/Diploweb.com
Plus
. Georges Prévélakis, “Qui sont les Grecs ? Une identité en crise”, Paris, CNRS éditions, 2017, 184 p.
Georges Prévélakis, “Qui sont les Grecs ? Une identité en crise”, Paris, CNRS éditions
Un livre recommandé par le Diploweb.com
4e de couverture
La Grèce constitue une énigme pour l’Occident. À chaque fois qu’on a pensé que le peuple grec était définitivement sur la voix de la modernisation, la situation s’est dégradée, comme depuis 2010. Jamais la confiance en l’avenir de la Grèce n’a été aussi basse, jamais on ne s’est autant interrogé sur l’identité grecque.
C’est pendant de tels moments de crise que se révèle l’ambivalence de la relation entre la Grèce et l’Occident. On passe de l’admiration béate pour le « berceau de la démocratie » au mépris, parfois même à la colère. Ce décalage entre représentation et réalité est la source de la plupart des problèmes grecs, internes et externes. En sept ans, la crise a montré qu’elle ne peut pas être résolue par des simples approches économiques, sans une révision des idées reçues, sans la prise en compte de structures et de comportements enracinés dans l’histoire et la géographie.
En dévoilant les atouts d’un « néohellénisme » disposant d’importants réseaux diasporiques, maritimes et religieux, ce livre échappe à une historiographie romantique et indique les ressources de la Grèce face à une Europe en train de redéfinir sa relation avec « les Autres ».
Le livre de Georges Prévélakis, “Qui sont les Grecs ? Une identité en crise” sur le site de CNRS éditions
Article complet: https://www.diploweb.com/Quelle-lecture-geopolitique-de-la-crise-grecque.html
0 notes
Text
In-sens-é ? Episode 4 - Des choses simples
Donner du sens. Voilà bien une réflexion personnelle qui a pris du temps pour s’enraciner jusqu’à faire éclore une nouvelle facette de moi. Je suis professeure de français pour les migrants et c’est compliqué ! Dernier volet d’une quête de sens lorsqu’on a 25 ans et que tout nous sourit. Pas de panique ! Si tu veux rester up-to-date dans cette histoire, tu peux (re)lire les épisodes précédents de la chronique “In-sens-é” : Episode 1, 2 et 3.
Des choses simples ?
Mardi 10 Janvier 2017 - 18h53 Ils sont moins d’une dizaine, assis en face de moi. Dans cette promo, il y a autant de femmes que d’hommes. Certains souriants et d’autres hagards. Quelques uns sortent leur cahier et stylo, d’autres s’impatientent. Et moi, je suis là, debout et immobile. Les regards pesants sur mes moindres gestes me stressent. Je respire une première fois, puis une deuxième; plus profondément. Les premiers mots sortent enfin de ma bouche :
“Hello everybody ! My name is …”
Mince ! L’anglais est venu naturellement. Je suis professeure de français, mais qu’est-ce qui m’a pris ? Je me ressaisis.
“Pardon, excusez-moi ! Je ne sais pas pourquoi j’ai parlé anglais, c’est sûrement l’habitude de …”
Re-mince ! Ils ne comprennent strictement rien à ce que je raconte. Prise de panique, je me justifie, je balbutie. Je cherche mes mots, je veux aller trop vite, je perds pieds. Mon charabia et leurs grands yeux écarquillés me laissent croire que j’ai l’air d’un clown désarticulé. Pourtant, ce cours, je l’avais préparé ! Des mots-clés dans la barre de recherche Google, j’en ai tapés : “premiers cours FLE (Français Langue Étrangère)”, “apprendre le français pour les nuls”, “apprendre à lire au CP”... J’ai pris le soin de faire des fiches détaillées par leçon. Je me rappelais de mes cours en école en primaire et des conseils de ma cousine pour préparer ce cours. A la fin de chaque leçon, les mots-clés étaient écrits au tableau avec un code couleur qui expliquerait l’étymologie de ces derniers. L’apprentissage est plus fluide, en faisant ainsi des connexions logiques partout où il est possible d’en mettre. Mon cerveau tel qu’il a été formaté en salle de classe, s’attache à relier les choses entre-elles, cherche à expliquer les choses pour mieux les comprendre. Le leur devrait fonctionner de la même manière. Sauf que, ma perception de l’apprentissage n’était pas la leur. J’ai recréé avec ces fiches détaillées, toutes les conditions optimales pour ma réussite, ma logique, ma simplicité.
… Et ce n’est effectivement pas (si) simple.
J’ai beau connaître le pluriel de “cheval, bijou, festival” ou connaître la conjugaison des verbes du 3e groupe ou même savoir que le subjonctif s’emploie après la conjonction “que” ; à ce moment présent, rien de tout ça n’était important. Ma prestation assez dérisoire doit être corrigée si je veux être sûre de transmettre correctement mes connaissances linguistiques. Troisième respiration. “Bonjour, je m’appelle Elora et je suis votre professeur” dis-je très lentement. Chaque syllabe durait 1 à 2 secondes. En tête, j’avais l’image de Dory dans “Nemo” qui pense savoir “parler baleine”.
“Aujourd’hui pour la première leçon, nous allons apprendre à se présenter. Je m’appelle Elora. J’ai 25 ans. Je suis française. Je suis professeure de français. J’habite à Paris. A toi !”
Le jeu commence. Chacun, à tour de rôle, essaye de prononcer ces 5 phrases. Dans ma classe, environ 7 nationalités de 4 continents sont représentées. Ils viennent des quatre coins du monde. Il y a des jeunes - tout de même, plus âgés que moi - et des moins jeunes - beaucoup plus âgés que moi. Ils sont assis autour d’une table en U. Ils ont pratiquement tous gardés leurs manteaux et écharpes ce soir d’hiver ; tous couverts à cause du froid, ou par souhait de ne pas trop s'exposer ?
Le Jeu des Présentations
Le premier à prendre la parole est Sixto. Un homme d’une cinquantaine d’années environ. Il est d’origine colombienne et est venu pour la première fois avec sa belle-soeur. Sa première réaction était de sourire avec la tête penchée, comme pour s’excuser d’avance de son accent ou de son hésitation. La honte pouvait se lire sur son visage mais il restait souriant. Les autres le regardaient fixement. Vient le tour de Youdon, jeune femme de 32 ans. Elle a une peau très blanche et les cheveux coupés courts. Sa voix est très douce. J’ai du lui demander de parler plus fort pour que tout le monde entende. Elle s’est tout de suite tue et a passé la parole à la personne suivante. Je me suis sentie coupable sur le coup. Aussi, lorsque plus tard dans le cours, elle s’est dévêtue de son manteau, on pouvait apercevoir deux fils de laine rouge qui entouraient ses deux bras. Je ne lui ai jamais demandé ce que ça signifiait. Plus tard, j’ai appris qu’elle était médecin traditionnelle dans son pays. Liubomyr, lui, a le même âge que Youdon. Il vient d’Ukraine. Il est arrivé en France, il y a un peu moins de 3 ans. Il est grand et très athlétique. Il est confiant. Son élocution est parfaite. Sa voix est plutôt grave et porte dans la petite salle de classe. Si certains ne prêtaient plus attention aux présentations des autres, avec ses premiers mots, ils se sont vite concentrés à nouveau. Cet exercice n’a pas été compliqué pour lui. Il en a même rajouté en disant qu’il était un fan de football et du PSG. Tellement à l’aise qu’une fois, il m’a même invité à aller boire un café. La suivante, c’est Maria, 49 ans, d’origine colombienne. Elle est arrivée en France, il y a un peu moins de deux mois. C’est la belle-soeur de Sixto. Son énorme manque de confiance l’empêche de se concentrer pour prononcer ces 5 phrases. A l’instar de Sixto, elle rigole à gorge déployée à chaque syllabe. Pourtant, je n’arrêtais pas de gesticuler pour lui dire de continuer, qu’il ne faut pas avoir honte mais elle restait morte de rire. Son rire assez caractéristique entraînait toute la classe avec elle. Finalement, elle était plus amusée de faire rire que chercher à répéter ces phrases. J’ai tout de suite pensé que c’était un échappatoire pour ne pas faire l’exercice et potentiellement se ridiculiser. Déjà lors de notre première rencontre, je m’étais occupée de son inscription, elle était débordante d’énergie et très tactile. Depuis et systématiquement, elle me prend dans ses bras à chaque fois que j’ai quelques minutes de retard. Et chaque fois, elle dit qu’elle craignait qu’il me soit arrivé quelque chose. Je ne peux m’empêcher de me demander quelle histoire de vie se cache derrière ses éclats de rire, sa chaleur humaine et cette inquiétude latente. Ali, 28 ans, est arrivé en France il y a quelques mois. Ce garçon d’origine mauritanienne est très doué et motivé. Pour lui, cet exercice était assez facile. Il est allé droit au but. On avait l’impression qu’il les avait déjà prononcés de nombreuses fois. Malheureusement, il n’est pas très régulier. Il ne vient en cours qu’une fois sur deux. Un jour, je l’ai questionné. ll me dit qu’il habite très loin du 18e arrondissement et que c’est parfois difficile de rentrer chez lui après 21h. Parfois la motivation et la volonté de s’intégrer dans une nouvelle société se heurtent à des choses aussi bêtes comme le manque de transports publics. Christian a 25 ans. Il est Colombien comme Maria et Sixto. Sa présentation était très brève. Il n’a pris le temps d’articuler pour aucune des phrases. J’ai tout de même eu droit à un sourire à la fin comme pour me dire qu’il fera des efforts la fois prochaine. Il m’a un jour avoué que son plus grand rêve ce serait d’être un étudiant tous les jours pour apprendre de nouvelles choses tout le temps. Enfin, Amadu Sow prend la parole. Je ne devrais certainement pas le dire, mais il est devenu mon élève favori au fil des cours. Sa progression est fulgurante. Ces quelques phrases de présentation furent pénibles pour lui la première fois ; mais à force d’envie, il était le premier à lever la main pour se présenter aux cours suivants. Ce jeune homme de 25 ans originaire de Sierra Leone m’a vraiment épaté. Un jour, il m’a récité un de ses poèmes pour me remercier. Moment très touchant. Aussi, il dit souvent merci et s’excuse lorsque quelque fois son esprit s’absente au milieu du cours. Bref ! Pour ce premier cours m’a demandé beaucoup de patience et de souplesse pour m’adapter aux élèves. Chaque élève est unique et il est important qu’il le comprenne. Ma première fois était rythmée d’appréhension et de plaisir. Il est 20h08. Le cours touche à sa fin. Je suis épuisée. J’ai donné tout ce que j’avais. Au final, sur 3 leçons prévues, je n’ai même pas pu finir la 1e. Ce premier exercice a été un challenge pour me mettre à leur place et comprendre ce qu’ils avaient compris : la prononciation, le positionnement de la langue, les syllabes, le pronom “je”, l’apostrophe…
La dictée notée
Les cours se suivent semaine après semaine. J’adapte ma pédagogie par rapport aux réactions des élèves et j’essaye de trouver des indicateurs pour juger de ma prestation. Au début de cours, j’instaure alors une dictée notée pour les évaluer. Cette méthode me permet de voir leur niveau respectif et de rééquilibrer mes leçons sur les points nécessitants plus d’attention. Seulement, les notes que je distribue sont catastrophiques. Je m’interroge. Sont-ils venus jusqu’ici pour pouvoir être notés ? N’ont-ils pas suffisamment de stress en dehors de cette salle de classe pour pouvoir se soucier d’une dictée notée à deux balles ? Qu’est-ce qui pourrait alors me garantir que le job est bien fait ? Ce dernier épisode s’intitule : “Des choses simples”. Tout le monde sait ce que veut dire la simplicité mais je mets la définition plus bas pour qu’on soit sur la même page :
Caractère de ce qui est formé d'éléments peu nombreux et organisés de manière claire
Rien de très surprenant dans cette définition, je te l’accorde. Pourtant, le système d’évaluation que j’ai choisi est formé de
plusieurs
éléments (revoir les supposés acquis de la semaine passé et comprendre le système de notation) et qui finalement se résume à un schéma
compliqué
pour mes élèves. Certains de mes amis disent que ce sont que les premiers jours, qu’il me faut du temps pour m’adapter, que c’est nouveau et que je me mets trop de pression et ci et ça
et bla bla bla
. Ils n’ont pas tort. C’est peut-être ça la réponse, mais �� moi, ça ne me suffit pas. La simplicité devrait être simple à expliquer mais je n’y arrive pas. Je me rends compte que mes codes scolaires ne suffisent pas à transmettre mes connaissances. Je me heurte à leur réalité qui est différente de la mienne. Par extrapolation, une des formes de la simplicité revêt un caractère qui s’exprime dans l'immédiateté. Les premières réactions sont souvent les plus simples car la pensée ne s’est pas entremêlée entre la volonté de l’action et l’action en elle-même. La simplicité est “ce qui va de soi”, c’est la seule et unique possibilité pour réaliser une action. J’en reviens alors à mes fiches et à leur complexité. Elles ne sont que le résultat d’un formatage de 17 ans de scolarisation où
fiche = seule et unique moyen d’apprendre = simplicité.
Cette affirmation n’a plus de sens maintenant. Pour faire face à ce nouveau défi, le naturel devait s’emparer de moi pour enseigner. Moi, française, avec mon éducation ficelée et mes diplômes doit revoir mes acquis et accepter que c’est à eux de m’apprendre à enseigner. Nous parlions de nouveauté dans l’épisode 3; quel est l’intérêt si je ne deviens pas cette feuille blanche où mon “naturel humain” serait le pinceau ?
Des choses simples.
Je parlais de clown plus haut. J’ai décidé d’en incarner un. Expliquer le mot “poisson” revient à l’expliquer à un bambin. Ma bouche se déforme de bas en haut, prononçant des sons incompréhensibles - “paw, paw, paw” - histoire de devenir ce poisson.
Aucun doute, j’étais ridicule. Puis, discrètement, j’aperçois un sourire. Puis deux. Certes, nous ne parlons pas la même langue mais certains signes ne trompent pas. Dans toutes mes gesticulations et autres sonorités étranges, je cherche alors des indices qui me confirmeraient que le travail est bien fait. Des sourires n’arrêtent pas d’émerger sur des visages qui au départ étaient apeurés. Ces sourires me font sourire.
J’aurai pu vous parler des heures du sourire et de son importance en société mais je laisse ce sujet pour un prochain article.
Je vois aussi à travers leurs yeux de l’envie. Cette attitude qui se manifeste par une posture tournée vers l’avant et des yeux grand ouverts et lumineux. Je me surprends à épier constamment leur visage. Un indicateur de performance bien plus réfléchi finalement que les dictées notées énoncées plus haut. D’autres choses deviennent plus simple : mes échanges avec mes élèves en sont le plus bel exemple. J’apprends à les connaître chaque semaine un peu plus. Le sourire gêné de Sixto, la beauté calme de Youdon, la posture conquérante de Liubomyr, le côté maternel et en même temps enfantin de Maria, la spontanéité d’Ali, l’envie de Christian et l’intelligence d’Amadu Sow. En continuant les cours de français, j’espère faire en sorte que chacun prenne plaisir à être lui. En rencontrant autant de personnages, mon intérêt pour ce qu’ils sont, ce qu’ils représentent n’est que grandissant. Des actes et des paroles, aussi anodines les uns que les autres mais riches de sens, j’en ai plein en stock. Leur passé est un long chemin pénible qui les a mené jusqu’ici. Je n’ose même pas l’imaginer de peur d’en pleurer tous les jours. Les choses auxquelles ils ont dû faire face sont bien plus complexes qu’ “In-sens-é”. Et pourtant, ils sont là à me donner une leçon sur la simplicité et ce qu’il est important de considérer après tout.
0 notes
Photo
Pourquoi le Japon ?
Il est 7h20, nous sommes mardi 3 octobre et c’est une question à laquelle il m’est difficile de répondre avec précision, même maintenant à quelques heures de mon départ.
Pourquoi le Japon ? Pourquoi en effet ? Pour sa modernité et ses traditions peut-être, sa sobriété et son excentricité sans doute. Pour une grande partie des gens de ma génération et des suivantes, la culture nipponne, bien que totalement atypique, nous est familière à plus d’un titre. Cette culture nous a profondément marqué, véhiculée à travers différents vecteurs : les animés, les mangas, les jeux vidéo, le cinéma, les arts martiaux, la nourriture ou encore tout simplement internet. Aujourd’hui, difficile de passer à côté de la culture nippone. Impossible même. Certains y sont plus réceptifs que d’autres, j’en fais partie. Ma curiosité pour le pays du Soleil Levant s’est éveillée dès l’enfance et n’a depuis cessé de me ronger.
Expliquer d’où vient exactement cette envie de partir explorer le Japon et ses mystères revient à expliquer pourquoi j’aime voyager et découvrir de nouvelles choses : je ne sais pas. C’est comme ça. Je suis curieux et ouvert d’esprit. J’aime me sentir perdu. Le sentiment d’outsider, d’étranger et d’explorateur des temps modernes a quelque chose d’excitant, même si ça ne dure qu’un instant. C’est cette curiosité qui a motivé mon arrivée en 2007 dans un média spécialisé dans la musique électronique, avec qui j’ai vécu tellement de choses. C’est encore cette curiosité qui en 2012 m’a poussé à partir vivre à l’étranger.
En 2012 je suis parti un an au Canada. Déjà à cette époque, je visais le Japon, mais je ne parlais pas anglais et il fallait y remédier. La ville de Toronto était idéale. Cette expérience m’a profondément changé. La meilleure année de ma vie aussi. La meilleure, malgré de vraies difficultés, comme la précarité financière des débuts, la barrière culturelle et celle de la langue, un colocataire psychotique qui fait intervenir des équipes de flics à 3h du matin tous les soirs pendant une longue semaine dans l’appartement (une charmante histoire avec un vrai happy end), la disparition soudaine de ton proprio qui s’enfuit avec l’argent du loyer et ta caution et qui s’avère ne pas être le vrai proprio qui lui te laisse quelques jours pour payer l’addition une deuxième fois ou encore l’arrivée de l’ouragan Sandy qui te bloque deux semaines à Brooklyn et t’oblige à rester cloîtrer dans un appartement en espérant que ça passe. Des sacrées histoires à raconter qui n’éclipsent pourtant pas tous les bons moments, les rencontres, les vraies choses vécues.
Finalement, ce premier article n’explique pas pourquoi je pars au Japon. En revanche, il peut vous aider à comprendre pourquoi j’ai ce besoin de partir, d’explorer et découvrir un pays que je ne connais pas. Ou peut-être tout simplement que c’est parce que je fais ma crise de la quarantaine, à 29 ans.
Il est 7h40, nous sommes mardi 3 octobre et je termine ces quelques lignes. Dans peu de temps, j’embarquerai pour un vol de près de 15 heures en direction de Tokyo, première destination et probable point d’ancrage de ma nouvelle vie. Le début d’une nouvelle aventure.
À toutes ces opportunités manquées…
0 notes
Text
"Cette année, c'est la bonne !", chronique rennaise
Texte issu d'un threadl Twitter de @Hinho, qu'on remercie. Dans le même genre "Banter Era", vous pouvez retrouver ceux de l'OM ou de l'OL.
01/2000. Nouveau meneur de jeu du Club pour 3 millions d'euros, Franck Gava est contraint de stopper sa carrière pour raison médicale six mois après son arrivée.
24/08/99. Finale de Coupe Intertoto. Défait 2-0 à l'aller, Rennes reçoit la Juve de Zizou. Diouf et Nonda n'y peuvent rien (2-2). You shall not pass.
Été 2000. Cette année, c'est la bonne. Un recrutement à 50 millions d'euros, des giga discours ambitieux pour une superbe 6e place. So Rennes.
Été 2001. Christian Gourcuff arrive. Pourquoi faire jouer Luis Fabiano quand on a Fred Piquionne dans son effectif? Très belle 12e place au final. Pour la petite histoire, Lorient remporte la seule Coupe de son histoire cette année-là. Sans Christian Gourcuff.
28/07/2001. Première journée de Ligue 1 et premier match du sorcier Gourcuff à la tête du Club. Défaite 5-0, quadruplé de Djibril Cissé.
26/04/2003. Demi-finale de Coupe avec Cech dans les buts contre Auxerre. C'est con de commettre sa seule erreur en 2 ans à la 91e (1-2).
Sept-décembre 2005. Après avoir brillamment éliminé Osasuna en barrages, Rennes repart de l'UEFA avec 4 défaites en 4 matches. Ogre européen.
Août 2005. Début de nouvelle saison prometteur, 3 défaites en 4 matches, dont un fabuleux 0-6 à Nancy. -12 de différence de buts après 4 journées.
20/04/2006. Nouvelle demie de Coupe de France, on va à Marseille, et on revient comme on est venus – un missile de Taiwo dans la lucarne en prime. 0-3.
Été 2006. Le club cède Alex Frei à Dortmund pour 4 millions d'euros et le remplace par Daniel Moreira et Julian Esteban pour 7,5 millions au total. French Flair. Esteban et Moreira comptabiliseront à eux deux 55 matches pour un rendement sensationnel d'un but. Costaud pour des buteurs.
Janvier 2007. Olivier Monterrubio, légende, est échangé contre Olivier Thomert à Lens. Et Rennes rajoute 3 millions d'euros dans le deal. Fin du game.
Janvier 2008. Supervisé sur YouTube, le magicien Emerson, recruté pour 6 millions d'euros, repart au bercail six mois plus tard après 6 matches et 0 but. Il s'ajoute logiquement à la longue liste des brésiliens floppés au Stade rennais
26/05/07. Après une superbe saison, Rennes se fait rejoindre à la 92e minute de la 38e journée par Lille et Fauvergue (1-1).
VIDEO
Lors de cette même journée, Toulouse gagne sur tapis vert à Nantes après envahissement de terrain par les supporters canaris. Toulouse 3e, Rennes 4e. Pas de première Ligue des champions de l'histoire du club. Impossible que ces événements se produisent simultanément. Sauf quand on est le Stade rennais.
26/03/2009. En stage avec l'équipe de France, Jimmy Briand, meilleur attaquant du club, se fait les croisés. Il manquera le reste de la saison.
09/05/2009. Sans Briand, Rennes se présente en finale de Coupe de France contre le voisin guingampais (L2). Thomert est aligné en pointe. L'ouverture du score de Bocanegra ne permet pas d'enrayer les 38 ans sans titre pour Rennes. Guingamp s'impose à la surprise générale.
Été 2009. Rennes cale 11 millions d'euros sur Isma��l Bangoura. Rien à ajouter. Le même été, le club recrute Alexander Tettey, Junichi Inamoto et Félix Katongo. Vous ne vous en rappelez pas? Nous non plus.
02/07/2010. Joueur de Rennes, Gyan rate à la 124e minute le pénalty qui devait envoyer le Ghana en demie de Coupe du monde. La lose s'exporte.
Septembre 2011. "Il ira très haut parce que des comme lui, il n'y en a pas beaucoup. S'il continue, il aura sa place devant la défense du Barça." Frédéric Antonetti à propos de Yann M'Vila avant que celui-ci ne prenne un fameux taxi, en bon Rennais qu'il est.
Septembre 2011. Le FC Sion (chapeau 4), disqualifié d'Europa League, est remplacé dans sa poule par le Celtic (chapeau 2). Pas de bol pour Rennes. Sympa la poule de Ligue des champions avec l'Atlético, Udinese et le Celtic. Comment ça, c'est de l'Europa League?
Été 2011. Christian Benteke veut rejoindre Rennes absolument, mais le club se rabat finalement sur Erding. Benteke sera acheté par Liverpool 46 millions d'euros quatre ans plus tard. French flair is back.
11/04/2012. Rennes se hisse en demi-finale de Coupe de France et affronte Quevilly, pensionnaire de National. Doit-on vraiment vous décrire la suite?
22/09/2012. 95e minute, corner pour le TFC alors que Rennes mène, Ahamada, gardien toulousain, monte et égalise. Évidemment. Avant Ahamada, le dernier (et seul) gardien à avoir inscrit un but en L1 était Grégory Wimbée, en 1996. Vous en rêviez, Rennes l'a fait. https://www.youtube.com/watch?v=4aZdy8Cm07s&feature=player_embedded
Janvier 2013. Romain Alessandrini marche sur l'eau avec Rennes, après six mois en L1. Il est présélectionné en équipe de France. Les croisés? Ne nous privons pas.
20/04/2013. Finale de Coupe de la Ligue, sans Alessandrini. Défaite 1-0 contre l'ASSE. La joie de la victoire en demie était pourtant tellement belle. Une double peine? On parle du Stade rennais là, pourquoi poser la question? 50.000 euros d'amende pour l'envahissement de terrain évidemment.
Été 2013. Antonetti quitte son poste, le club veut briser la malédiction et va chercher du lourd: Philippe Montanier, meilleur entraîneur de Liga. Tonnerre sur le foot français, Rennes enfin ambitieux recrute un entraineur renommé voulant du beau jeu? Ce thread tourne-t-il au vinaigre?
01/2014. Victoire en demi-finale de Coupe de France (envahissement de terrain pour fêter ça), Rennes prépare sa revanche: finale contre l'EAG, cinq ans après. L'occasion est sublime, une finale contre le rival, plus faible sur le papier, esprit de revanche en prime: cette fois c'est la bonne. MDR. Excédés, les supporters tentent d'obtenir des explications à l'entrainement. Kana-Biyik scande alors "Brigade Loire, Brigade Loire". Génie.
Été 2014. Le Stade rennais ne lève pas la clause à 30 millions d'euros de Nelson Oliveira. L'idée avait pourtant été évoquée en début de saison. Étonnant.
Février 2015. Une tumeur au foie est détectée chez Philipp Hosiner, tout juste arrivé au club. La lose prend une tournure tragique.
25/01/2015. Doucouré privilégié pour jouer en 10, Féret rejoint Caen et permet à son équipe de s'imposer 4-1 Route-de-Lorient (1 but, 2 passes décisives).
Août 2015. Pépite du club, Ousmane Dembélé ne souhaite pas signer pro. Philippe Montanier ne croit pas en lui, jugé "trop frêle".
31/08/2015. Rennes engage Quintero à la surprise générale en prêt avec option d'achat. On raconte qu'il prenait deux places dans le bus pour s'asseoir. Inutile de préciser que le joueur a échoué au club, et est rentré après avoir rompu son prêt.
Octobre 2015. Surprise! Ousmane Dembélé signe pro, convaincu par le projet rennais, et a priori une clause de vente à 5 millions d'euros sous seing privé.
05/08/2015. Waris arrive à Lorient pour signer son contrat sous l'oeil médusé des rennais venus l'accueillir à l'aéroport. #MesQueUnClub
Mai 2016. Ousmane Dembélé affole tous les clubs européens. Rennes va le vendre une fortune. Oups, une clause sous seing privé, vous dites? Au final, son prix de vente varie de 5 à 50 millions d'euros sans que l'on sache réellement qui a raison ou tort. Quel club.
Été 2016. Christian 2: le retour. Cette fois, il est vraiment motivé et on va réussir à franchir un palier. Le club termine 9e. Mais cette année, "on va jouer la Coupe de la Ligue à fond!" On envoie la réserve à Monaco, défaite 7-0. Heureusement qu'on a joué à fond.
LIRE AUSSI : "RENNES, LES DAMNÉS DE LA LOSE"
via http://ift.tt/2vTej0A
0 notes
Text
La maladie de Crohn par Chloé : “Restez positif et surtout ne vous prenez pas la tête, profitez de la vie !“
Chloé a 19 ans et est atteinte de Crohn. Comment vit-on quand on souffre d’un handicap invisible à 19 ans ? C’est ce que Chloé partage dans son témoignage : son quotidien avec la maladie. Difficile de continuer des études quand on passe la moitié de son temps à l’hôpital, pourtant Chloé a fait le choix de poursuivre sa scolarité.
Bonjour Chloé, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Bonjour ! Je m'appelle Chloé, 20 ans dans quelques mois. Je suis actuellement en terminale ES. J'ai été confrontée à des problèmes de santé depuis ma naissance. Née avec une malformation cardiaque, j'ai été opérée trois fois à cœur ouvert. Puis on m'a diagnostiquée la maladie de Crohn à l'âge de 7 ans. Et pour finir, j'ai été opérée à deux reprises d'une double scoliose évolutive. Un parcours chaotique mais anormalement enrichissant. Une souffrance permanente qui m'a fait grandir et prendre conscience d’à quel point il est important de profiter de la vie ! C'est pour cela que je croque la vie à pleines dents, je ne me prends pas la tête et surtout... je relativise ! Mes proches m'appellent la Warrior ou la Petite Guerrière. Mais, ma force provient essentiellement de leur soutien. Ma priorité est de garder le sourire et de ne jamais me laisser abattre face aux épreuves de la vie.
Vous êtes atteinte de la maladie de Crohn, pouvez vous nous racontez brièvement votre parcours avec cette maladie ?
Je vais essayer de faire brièvement car raconter 13 ans de maladie c'est compliqué ! Le début de la maladie a été vraiment compliqué, un diagnostic qui a traîné plus de 2 ans à cause de médecins qui disaient que tout était dans ma tête... 2 ans de douleurs quotidiennes, de fatigue extrême. Au bout de 2 ans de descente aux enfers, j'avais perdu énormément de poids, impossible de me lever, clouée au lit par les douleurs. Un médecin me fait passer l’ultime examen qui fait tomber le diagnostic : maladie de Crohn. Forcément prise en charge beaucoup trop tard, la maladie s'est propagée, mes intestins sont très abîmés. Je me retrouve à être nourrie uniquement par sonde nasogastrique pendant plus de 4 mois à ne rien manger du tout. Une période extrêmement difficile à l'âge de 8-9 ans. Puis s'en sont suivies des années d'essais de traitements, tous infructueux, de longues hospitalisations. Encore aujourd'hui je me rends très régulièrement à l'hôpital pour faire de nombreux examens afin de trouver le bon traitement, qui jusqu'à présent n'a pas été trouvé.
Comment vivez-vous aujourd'hui avec la maladie ?
Etant atteinte d'une forme très sévère de la maladie, le quotidien est difficile à vivre. Une souffrance permanente, beaucoup de douleurs dans les articulations qui m'empêche parfois de marcher, une grosse fatigue et de nombreux effets indésirables des traitements assez lourds. Mais, je me bats au quotidien pour maintenir une vie au maximum "normale" même si je suis contrainte à suivre une scolarité à mi-temps à cause de la maladie, je m'accroche à mes études !
Et je me heurte souvent à l'incompréhension des gens. Oui bien sûr ma maladie ne se voit pas. Il n'y a pas écrit "malade" sur mon front. Je parais en parfaite santé et pourtant.. . La maladie est tellement imprévisible. Je peux être en forme un jour, et le lendemain voire le soir-même me retrouver complètement effondrée, impossible de me lever, clouée au lit par la douleur. Je suis jeune et mes amies ne comprennent pas toujours pourquoi je refuse de sortir le soir car je suis fatiguée et chaque geste que je fais est très douloureux. Maintenant je ne prévois rien d'avance, je vis au jour le jour sans savoir comment demain sera fait. Je reste positive et optimiste et je garde le sourire je profite au maximum des bons moments avec ma famille et mes amies qui m'entourent énormément, je les remercie infiniment!
Vous faites du motocross, pourquoi ce sport là plutôt qu'un autre?
Je suis une grande passionnée de moto cross depuis petite et je fais du quad principalement, même si je fais un peu de moto cross occasionnellement. Pourquoi ce sport ? Je ne sais pas vraiment, c'est une passion ! En fait, je ne peux pas faire de sport à cause de mes problèmes cardiaques et le quad est le seul moyen que j'ai trouvé pour m'évader. Dans les moments où ça ne va vraiment pas, où que je n’ai pas le moral je pars faire une virée en quad, cela me vide l'esprit, au guidon de mon quad rien ne peut m'arrêter même la maladie ! Je me sens plus libre. Et quand je suis à l'hôpital, mon seul objectif est de me remettre en forme pour pouvoir aller rouler ! C'est ma motivation ! Life for ride, ride for life !
Quel est votre prochain défi ou projet ?
Mon principal projet pour l'année 2017 est d'avoir mon bac ES que je passe sur 2 ans, pour lequel je travaille beaucoup et ensuite de pouvoir intégrer des études supérieures afin de m'assurer un avenir professionnel car même avec la maladie, la vie continue !
Comment vous y préparer-vous? Où en êtes-vous de ce défi ?
Je travaille un maximum quand ma santé me le permet. C'est vrai qu'avec les RDV, examens, ou encore les périodes où la maladie ne me laisse pas tranquille je manque beaucoup de cours. Mais j'ai toujours eu la chance d'avoir des copines exceptionnelles qui me transmettent les cours et m'aident énormément à rattraper, certaines me recopient les leçons, je les en remercie beaucoup. Je n'y arriverais jamais sans elles :). Et pour les périodes où j'étais hospitalisée, j'avais des cours à l'hôpital et aussi à domicile pendant ma convalescence. Le principal, c'est d'être motivée et de s'accrocher. On m'a découvert la maladie j'étais en primaire, j'ai quand même réussi à passer le collège puis le lycée et bientôt passer le bac ! Je me suis toujours dit que rien n'était impossible !
Pour finir, avez-vous un message à faire passer?
D'abord, je tiens à remercier mes proches pour le soutien qu'ils m'ont apporté durant toutes ces années de galères, ils ne m'ont jamais lâchée. Toujours présents à l'hôpital avec moi. Pour les personnes malades, le fait d'être entouré est très important !
Et ensuite, je voudrais faire passer un message aux autres malades, atteints de la maladie de Crohn (ou une autre maladie !) Je voudrais leur dire de ne jamais baisser les bras, de se battre ! Restez positif et surtout ne vous prenez pas la tête, profitez de la vie ! Nous les malades, on forme la team Warrior !
#crohn#crohnie#mici#Maladie de Crohn#crohn fighter#team Warrior#myvictories#témoignage MyVictories#défis MyVictories#témoignage
0 notes