#mais d’un autre côté. ça aurait pas pu se finir autrement.
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jules-and-company · 5 months ago
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graine-de-courge · 5 years ago
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La fin de la fin
25 Octobre 2016. Un jour comme un autre pour certains, un anniversaire pour d’autre, un mauvais jour ou un bon jour, pour ma part c’était la fin. Aujourd’hui, je fais le pas de raconter mon histoire, anonymement, je ne cherche rien, si ce n’est un exutoire pour faire table rase de tout ça.
Assise à même le sol de mon petit appartement d’étudiante, un petit vingt mètre carré loué dans une résidence sociale pour étudiant, juste la bonne taille pour une personne seule. Seule. C’est ainsi que je me définis à cet instant, perdue dans un immense brouillard et fatiguée de vivre. Une bouteille vide à mon bord, une seconde entamée dans ma main et une clope en train de se consumer dans l’autre. Les deux mêmes chansons coincées en boucle, Where is my mind ? Des Pixies et Whiskey Lullaby de Brad Paisley. Deux chansons que j’ai mis très longtemps à pouvoir réentendre.
Je fixe à tour de rôle le vide de mes larmes et les boites de médicaments face à moi. Je ressasse sans cesse ma vie, comment j’en ai fais pour en arriver à ce point de non retour. Je pensais que ça allait passer, mais finalement non. Je me souviens de ce jour comme si c’était hier.
Comme chaque lundi, je suis allée en cours après une courte nuit de deux, trois heures, c’était monnaie courante pour moi, les derniers temps. Un cours magistral optionnel sur les méthodes d’enseignement et la didactique des langues de troisième année de Langues vivantes. J’avais horreur de ce cours, je m’y faisais chier, comme dans tout mes cours en faite. J’étais rentrée chez moi, il n’était pas là à mon grand soulagement. J’avais lâché mon sac, las, à côté du bureau et j’en sorti mon énorme trieur déjà plein en ce début d’année. J’avais essayé de bosser mes différents exposés sur l’histoire allemande, en fumant clope sur clope, envahie par mes mauvaises pensées quotidienne, j’avais pris l’habitude de vivre avec. L’heure de partir garder les enfants approchait à grand pas tandis que mon coeur se décomposait. Une envie d’hurler, c’était logée en moi à m’en tordre les boyaux, je tremblais à mesure que les souvenirs, TOUT les souvenirs remontaient. Je suis restée assise sur mon BZ, plusieurs minutes, heures ? J’avais perdue toute notion du temps. J’ai appelé ma chef pour lui dire que je ne pouvais pas garder les enfants, pas dans cet état, leurs cris et leurs caprices m’auraient fait plus de mal qu’autre chose.
Chose faite, je suis allée acheter mes bouteilles. Intelligente façon de traiter le problème, n’est-ce pas ? C’était ma façon depuis un an. Depuis cette nuit. Une fois rentrée, j’ai débouché une bouteille et j’ai bu au goulot. J’avais jamais compris l’intérêt de gâcher un verre pour trois euros cinquante huit. Coincée dans un gouffre de panique, je me suis mise à farfouiller dans ma boite à pharmacie, les mains tremblantes, tout ce qui était susceptible de calmer mon état de grand mal. J’avais finir par sortir quatre boites. Lysanxia, Lexomil, Atarax. J’ai pris un demi comprimé d’Atarax pour m’apaiser. Assise sur le sol, adossée à l’assise de mon BZ, je penchai la tête en arrière en prenant de grande inspiration pour me détendre. Mais mon corps et mon esprit en avait décidé autrement, j’avalais à nouveau quelques gorgées et subitement, mon regard se posa sur les quatre boites de médicaments, posés. Là. Sur le sol. Pêle-mêle. Me lorgnant sournoisement.
C’est peut-être comme ça que ça doit se finir… Je suis fatiguée de me battre. Après tout ça, c’est sûrement ce que je mérite.
Dans un soubresaut de lucidité, j’agrippai mon téléphone et appela ma tante. Elle répondit presque immédiatement et mes larmes se mirent à couler instinctivement. J’étais en train de perdre le contrôle, de ma voix fébrile, je lui ai demandée si je pouvais lui rendre visite. Ma tante est une des plus merveilleuses personnes que je connaisse, comme une mère pour moi, depuis que je m’étais émancipée de la maison familiale. Je n’ai rien contre mes parents, nous avons une relation cordiale, c’est ça, cordiale. Bref, je m’égare.
Le trajet en bus fut un calvaire, les yeux rougis, la mine basse et les mains tremblantes. J’avais honte de moi et le regard des gens me renvoyaient une image pitoyable. Oui, je le mérite. Je me suis traînée sous la pluie, jusqu’à l’appartement. Quand elle a ouvert, je me suis effondrée dans ses bras, non, vraiment. Mes jambes se sont dérobées sous moi et mes intestins noués m’ont mise à genoux. Je me souviens avoir soufflée un Je n’en peux plus Tata, je veux mourir. Mon cousin m’a aidé jusqu’à la cuisine pendant que ma tante me servait un café. J’ai essayé de me calmer, se fut long et de mot mal assuré, je tentais tant bien que mal de tirer au clair tout ce fouillis sans vraiment y parvenir. Cela donnait à mon discours, une certaine incohérence. Ma tante voulait que je reste dormir, mais je ne pouvais pas, je voulais rentrer me glisser sous ma couette et ne plus exister, disparaître avec l’espoir que demain serait meilleur. Accablée par le regard d’inquiétude et d’incapacité de ma tante, mon cousin et ma jeune cousine. Peu encline, elle me ramena chez moi, jusqu’à ma porte, je ne voulais pas la laisser rentrer à cause des bouteilles et des médicaments, toujours étalés sur le sol. Je lui avais expliqué, ce qui était en train de se passer quand je l’ai appelé et elle m’avait conseillé de les jeter dans les toilettes. J’avais la ferme intention de le faire quand je suis rentrée, puis la porte fermée, elle s’envola loin, très loin. J’attrapai la bouteille et j’en bu quelques lampées en allumant la musique avant de reprendre ma place initiale au sol. Mon portable vibra, c’était lui. Il voulait que je descende faire une soirée chez des amis en bas, je me traînais jusqu’à la fenêtre et constatait que l’appartement de ma voisine de rez-de-chaussé était plein de mes amis, ceux que je considérais comme tels à l’époque. Pas envie de voir leur gueule. Je répondis par la négative avant de recevoir un déferlement de SMS, me disant que si on battait de l’aile, c’était ma faute, que j’avais une propension énorme à gâcher nos bons moments et ainsi de suite, les reproches habituels, eux aussi j’en avais pris l’habitude.
Ne me croyez pas assez idiote pour m’être foutue en l’air à cause d’un con, c’est une des raisons, mais il y en a tellement. Je les accumule depuis ma naissance et on m’a doté de la capacité de ne jamais oublier, rien. Certains souvenirs sont confus, mais reste présent et apparaissent par flash de temps à autre quand les jours se font un peu sombre, c’est pour cette raison, que j’ai décidé de coucher tout ça à l’écrit, pour partager mes vieilles douleurs, dans l’espoir que si quelqu’un tombe dessus et se reconnaisse dans certaines situations, qu’il sache, qu’il peut s’en sortir que rien n’est fini.
J’allumai une clope et fini la première bouteille, je ne perdis pas de temps pour ouvrir la seconde. J’essayais de m’imaginer le tableau et je le trouvais minable, pitoyable, j’aurai voulu le brûler. Les minutes avançaient et doucement, l’idée d’en finir fit son nid au creux de moi, s’enfonçant un peu plus comme un poignard. J’alternais larmes et état catatonique. Et puis, ma main glissa vers une plaquette et j’en pris un. Puis deux. Une plaquette. Une boite, puis les quatre. Une vague de soulagement me réchauffa le coeur et pour la première fois en 2 ans et demi, je me sentie sereine, apaisée. Ma clope à la main, je me délectais de la fumée et du goût de la cigarette. Les affres de la vie ne me faisait plus souffrir. J’allais partir en paix.
A ce moment, j’ai pu expérimenté la théorie Freudienne du ça, du surmoi et du moi : je voulais partir, en finir, mon surmoi essayait de contre balancer ma décision et mon ça m’a sauvé.
Je sais que pour beaucoup, le suicide est une preuve de lâcheté. Je le pensais aussi, figurez-vous, mais j’ai pu ressentir les effets de ce besoin vital. Quand plus rien ne vous sourit, que vous accumuler beaucoup trop de merde et qu’il n’y a personne pour vous écouter et vous comprendre. Bien sûr, des personnes essayent avec bienveillance ou juste pour leur conscience, j’aurai aimé que ma meilleure amie soit là, elle était deux étages en dessous, ils étaient tous deux étages en dessous, et celui que j’espérais tant, deux rues plus loin, mais chacun a ses problèmes et essayent de les gérer à sa manière. J’avais tout sauf l’envie de m’expliquer, de me justifier, de m’adonner à cet épanchement narcissique. Je croyais avoir les épaules pour faire face seule, parce que j’avais toujours fais ainsi. Je me suis trompée.
Comment je suis encore là ? Mon cerveau. Apparemment, je vous le dis en toute franchise, je ne me souviens de pas grand-chose après avoir éteins ma clope et m’être allongée sur mon canapé et ce pendant trois jours. Ce nigaud de cerveau, qui avait, un peu plus tôt, prit la décision d’en finir, a eut un soubresaut de conscience et aurait envoyé un message aux personnes dont j’étais le plus proche à ce moment là, alors que je voulais tout sauf les impliquer dans cette histoire. Égoïste, n’est-ce pas, étant donné que forcément mon acte, les mêlait à cette histoire ? Je ne m’en rendais pas compte, car avec tout mon bordel, je ne concevais pas que je pouvais être un être cher pour quelqu’un.
Un simple Désolée.
Je me souviens de coup pour me réveiller, je ne les ressentais pas vraiment, de mes yeux embués, je voyais Lola* me donner de grand coup pour me tenir en vie. Tandis que Vivien* essayait de me relever et de me faire vomir avec ces doigts. Ça je m’en souviens car la douleur s’est fait ressentir jusqu’à deux semaines après. J’entendais des échos de cris, de pleurs, les yeux à demi-clos et mon cœur ralentissant. J’ai sentis ce pincement, cette douleur avant de fermer les yeux.
Ça pue putain c’est quoi ce truc ? De l’éther. On essayait de me tirer de mon sommeil. Des pompiers. Ils me parlent. Je ne comprends rien, je ne veux pas comprendre. Il faisait froid. J’avais froid. Le camion. Les visages de ma tante, mon cousin et ma cousine, qu’est-ce qu’ils font là ? La lumière blanche et forte de l’ambulance.
Je suis désolée. Je ne veux plus.
Mon coeur s’est arrêté de battre quelques secondes, ils ont réussi à me réanimer en chemin. Les deux jours, qui ont suivi, ont été ponctué d’hallucination, de phase de sommeil et d’engueulade avec les infirmières. Sous hallucination, malgré les lavements, j’ai arraché plusieurs fois mes perfusions, persuadée d’entendre les cris de mes parents et des infirmiers dans le couloir et voulant les voir, je me levais. Personne. Ils m’ont récupéré en train d’errer dans les couloirs. Je me souviens d’image très floue, du monde, qui penchait sur le côté, de l’infirmier, de lui.
On m’a transféré trois jours après dans une unité psychiatrique, où je suis restée deux mois et demi et où j’ai pu faire un début de point sur ma vie.
Je suis mal placée pour faire la leçon, mais si un jour, une telle décision fait son chemin jusqu’à vous, parlez-en, appelez quelqu’un, n’importe qui, allez sonner chez un voisin, ne rester surtout pas seul. Ne vous faites pas avoir…
Aujourd’hui lorsque je relis ces lignes, j’y trouve de l’espoir et du bienfait, bien heureusement, j’ai été sauvé ce jour là et j’en ai fais du chemin, c’est long et loin d’être toujours facile, une bataille de tout les jours, MA bataille de tout les jours, celle qui me permet d’apprécier la vie telle qu’elle est, malgré la société et le monde pourri dans lequel on vit. Si je partage ce texte aujourd’hui, c’est pour que les personnes, qui souffre, y trouvent de l’espoir. Cette période est la pire de ma vie jusqu’à maintenant, même si j’en ai connue d’autre depuis. Mais je me suis fais violence, je me suis battue corps et âme, de tout mon coeur. Et aujourd’hui quand je vois le chemin que j’ai parcouru, je suis fière, même si je suis encore jeune. La souffrance psychique et psychologique n’a pas d’âge, elle existe et n’a rien d’égocentrique ou d’égoïste. Insufflez-vous la vie dans tout ce qui peut vous y raccrocher, même si aujourd’hui, le temps est dégueulasse, demain il sera peut-être plus clément. Si ce n’est pas le cas, donnez-vous les moyens pour le rendre plus clément. On a le droit de souffrir, d’être triste, d’être de mauvaise humeur, mais on a aussi le droit d’être heureux, pas par le biais et l’approbation de l’autre mais par soi-même. 
Soyez fort et rendez vous heureux! 
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navisseli · 5 years ago
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La vérité sur l’affaire Harry Québert
Marcus Goldman, tome 1
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Auteurice : Joël Dicker
Maison d’édition : De Fallois
Date de publication : 2012
Nombre de pages : 857
Genre : Policier, Thriller
!! CRITIQUE 100% SPOILERS !!
Au lendemain d’avoir fini ce livre, pas mal de choses tournent encore dans ma tête. Bon, c’était sympa, mais avec un roman comme celui-là, ce n’est pas la question. Pour résumer rapidement car je n’ai pas vraiment connu la hype de la sortie, je l’ai lu dans le creux de la vague, nous parlons d’un roman plusieurs fois récompensé par des prix prestigieux, dont on m’a rebattu les oreilles pendant des mois (mes proches, la blogosphère, les suggestions Amazon, etc.) et qui a eu droit à son adaptation en série avec rien de moins que Patrick Dempsey dans le rôle de Harry. Paie donc ta renommée internationale, tes avis élogieux et tes hordes de fans qui ont sans doute oublié que le genre thriller existait bien avant que Joël Dicker ne vienne au monde ! J’ai l’air d’être très grinçante, car même si j’ai passé un bon moment, je ne comprend pas ce qui a fait de ce roman un succès de librairie à même de le différencier du thriller classique. Car il n’a pas grand-chose à envier à ses homologues relégués dans le fond de la boutique car n’ayant pas bénéficier d’une telle couverture médiatique.
Commençons par le positif. C’est un très bon page-turner. L’auteur sait doser son rythme, égrainer ses mystères, lancer des pistes, les noyer et en créer d’autres avec efficacité. Le mystère autour de Nola est intriguant, de même que le personnage de Harry, qui paraît cependant trop honnête pour faire vrai passé un bon tiers du récit. Les ficelles sont parfois un peu grosses, mais elles permettent de bien enchaîner et de rebondir quand il le faut, ce qui est nécessaire quand on écrit un roman très long, sinon on lasse ou pire, on ennuie le lecteur. Je me suis laissée surprendre à plusieurs reprises et j’ai été bien divertie, ce qui explique ma note extrêmement généreuse (asseyez-vous bien confortablement car les points négatifs sont légions, j’adore râler !).
Le cadre est également assez immersif, et on se plaît à rêver de flâner à Aurora, sur la plage ou dans les ruelles de la ville. Les rares fois où le roman adopte un point de vue contemplatif, c’est réussi, mais c’est hélas trop rare.
Le seul personnage que j’ai pleinement apprécié est le sergent Galahawood, le flic qui aide Marcus dans son enquête, bourru, un poil cynique, mais extrêmement attachant. En plus d’être la caution diversité du roman (pour un roman qui se déroule aux États-Unis, c’est quand même très blanc tout ça…) grâce à son ethnie, il semble être le personnage au caractère le plus marqué et à la fois le plus nuancé, dont on apprécie d’autant plus les apparitions.
Bon voilà, j’ai fait le tour, passons à tout ce qui m’a gêné, sur le moment ou a posteriori.
- Pour commencer, après trois clics, m’est revenue une vieille rancœur que j’ai vis-à-vis de certains auteurices francophones. Joël Dicker est né, a grandit et vit en Suisse. Et son roman se passe dans une petite ville du New Hampshire, où tout le monde a ses rivalités et ses secrets, autrement dit, le classique de ce genre d’histoires. Je sais que la Suisse se traîne une longue tradition de neutralité dans les conflits, mais aurait-il été si difficile d’imaginer un village des Alpes où les voisins ont des conflits d’intérêts et des histoires d’amour mièvres ? Franchement, si on avait transposé le roman en Suisse, ça n’aurait vraiment pas été si différent… On a déjà suffisamment l’impression de vivre dans un super pays type United States of America the World pour que les auteurices francophones transposent leurs histoires sur le plancher de l’Oncle Sam. Si je chipote sur un détail, imaginez ce qui suit…
- Autre détail, les écrivains en carton pâte. Je veux bien que le personnage de Marcus ait été un mythomane dans sa jeunesse (c’est même la partie la plus intéressante du personnage), et que son envie d’écrire soit un peu intéressée, mais où sont ses références littéraires ? Pour un roman qui base ses thématiques sur le processus d’écriture, c’est très pauvre. La seule référence est le roman fictif écrit par Harry Québert Les origines du Mal, et du peu qu’on en voit, il s’inscrit dans la longue tradition d’amour impossible type Les Hauts de Hurlevent ou encore Roméo et Juliette. Mais rien d’autre, néant… Mais d’un autre côté, je comprend, si une autre référence littéraire avait été proposée, les romans fictifs n’auraient pas tenu la comparaison.
- Autre point de détail mais qui a des relents vraiment nauséabond, le cliché de la maman juive. La mère de Marcus est juste insupportable, et c’est le but, mais aurait-il été possible de garder cette intention sans en faire une caricature antisémite ? Parce que là, ça pue quand même pas mal et on était sans doute à un cheveu du nez crochu et des grosses oreilles. En gros, elle passe son temps à harceler son fils, à lui reprocher tous les maux du monde, à faire des remarques homophobes et à tenter de caser son fils avec la première porteuse de vagin fertile qu’il pourrait croiser.
- Pour continuer sur les personnages, la relation entre Harry et Nola est tellement niaise et dégoulinante de clichés que je croyais au début que c’était une histoire que racontait Harry à Marcus pour lui cacher la vérité. Bon, a minima, la relation entre une ado de quinze et un homme mûr de trente-cinq ans est critiquée, mais très vite on pardonne à Harry parce que « c’est de l’amoureuh !! ». D’ailleurs, pour éviter la polémique, l’auteur ne mentionne aucune relation sexuelle. Une relation pure et saine n’est-ce pas ? Au-delà de ça, on nous ressort tel quel le cliché du coup de foudre sans nous le dépoussiérer, si bien qu’on ne sait pas ce que les tourtereaux se trouvent (où alors j’ai pas bien lu, les restes de poussière sans doute). Ou plutôt, on ne sait pas ce que Harry trouve à Nola, car une ado aux hormones en ébullition qui s’amourache d’un homme d’âge mûr qu’elle prend pour une célébrité, ça reste cohérent. Elle passe tellement de temps à lui dire qu’il est un grand écrivain, à le flatter, à les cajoler que ça ressemble presque au fantasme du vieux prof de fac qui se tape une étudiante pour sentir puissant. On ne sait pas ce qu’il aime chez elle, à part sa … dévotion justement ! C’est un problème ? Oui, car malgré les efforts de l’auteur, ça rend leur relation assez dégueu. A l’attention de tous ceux qui pensent que c’est un bon roman, de la « vraie » littérature, je tiens simplement à signaler que la romance Bella/Edward est infiniment mieux construite car… on sait ce que les personnages se trouvent. Je tenais à le préciser car apparemment, Twilight est une valeur étalon de la médiocrité pour certains… Allez lire les dialogues que partagent Harry et Nola, franchement, Charlotte Brontë peut aller se rhabiller…
- Pour continuer sur la pauvre Nola… c’est quoi cette pauvre gamine que tout le monde veut se taper avec aucune autre raison que sa jeunesse et sa beauté ? L’auteur aurait-il un soucis avec la définition de pédophilie ? Et encore, le relation entre elle et Luther est bien plus plausible, car lui ne fait que nourrir un fantasme sur elle et leur amour alors qu’elle ne l’apprécie pas vraiment.
- Ah oui et tant que je suis sur Luther. C’est quoi ce gros dégueulasse qui se fait presque dédouaner à la fin du roman ?! Il a un passé difficile, victime d’agressions, incapable de poursuivre sa passion, tué pour quelque chose qu’il n’a pas commis. Ouais, c’est injuste, et si ce n’était pas ça, moi aussi je voudrais rétablir la vérité et faire sortir de l’ombre ce génial auteur maudit. Sauf que… on parle d’un type qui a stalké une adolescente pendant des semaines, lui envoyait des lettre où il se faisait passer pour son amoureux, l’a contrainte à poser nue pour lui en profitant de sa faiblesse, et a écrit un roman sur cette romance fantasmée… Vous avez toujours envie de mettre en avant cet écrivain oublié ? Parce que Marcus oui… Nola était vraiment entourée par une belle bande d’enfoirés.
- Et pour finir sur la pauvre fille, même l’auteur semble la détester… Car un des retournements dont on se serait bien passé, c’est la révélation quand à ses troubles psychiatriques, pour justifier un twist paresseux et une tentative de suicide. On apprend donc que Nola, alors petite fille, a mis le feu à la maison et tué sa mère. Elle a ensuite été exorcisée à coups de simulations de noyade, et ce second traumatisme lui a créé un dédoublement de la personnalité où elle « devient » sa mère et se bat elle-même de façon grave. Et bien sûr, son père était parfaitement au courant mais si jamais il ne laissait pas sa fille se faire du mal… bah l’intrigue et les retournements n’auraient pas pu fonctionner. Justification du père : « ils me l’auraient enlevée alors j’ai préféré prendre le risque qu’elle se mutile ou se tue par accident plutôt que de demander de l’aide ».  Donc, une ado qui est déjà victime d’une trousaine de relations abusives a un père horrible prêt à la laisser se faire du mal… pour avoir le privilège de ramasser son cadavre noyé dans la baignoire un de ces quatre j’imagine…
- Autre retournement douteux. Nola qui décide de fellationner le Chef Pratt pour « détourner l’attention ». On pouvait s’en passer non ? Y avait pas d’autres solution pour « faire de lui un criminel » ?
- Bon c’est fini avec Nola, mais si déjà tout ça ne fonctionne pas, il ne reste pas grand-chose. Passons à l’autre soucis majeur (les autres étaient à mettre ensemble dans le pack « What the f**ck happened with Nola ??! ») : pour rendre son personnage malin et persévérant, les autres en deviennent cons. Harry et Marcus semblent incroyablement plus malins que les autres et de l’extérieur, il y a une espèce de complaisance classiste qui oppose les éduqués « de la grande ville » au bouseux des petites villes paumées (mais je surinterpréte peut-être). Il suffit de voir les Quinn se monter le bourrichon tous seuls, persuadés que Harry est amoureux de Jenny avant même que ce dernier ne fasse mine de s’intéresser à elle juste parce qu’il passait son temps au dinner familial pour y chercher l’inspiration. Quand ils organisent une garden-party en son honneur, c’est d’un ridicule qui confine à la misère. Même si bon, Tamara a quand même bien raison de traiter Harry de gros dégueulasse quand il apprend pour lui et Nola. Pareil pour l’exorciste, dont le récit dégoutte et horrifie Marcus (vous comprenez, lui il n’est pas fanatisé et sait que noyer à répétition une môme de neufs ans ne va pas l’aider des masses), ou encore pour Travis, qui en vient à tuer parce qu’il était bien trop con et amoureux transi pour laisser Luther repartir d’Aurora alors qu’il n’avait rien fait de mal (ah les violences policières)…
- Tant qu’on est sur sur les flics… Le Chef Pratt qui décide OKLM de forcer une ado à lui faire une fellation, ça lui a pris d’un coup comme ça ? Comme une envie de pisser ?
- Autre pendant de ce soucis, c’est quand même assez lassant de voir encore un tiers dont ce n’est pas le métier faire le boulot de la police… mieux que la police. Comment ? Il a l’idée géniallissime d’interroger tous les gens liés de prêt ou de loin à Harry ! Le nouveau Hercules Poirot mes chers amis ! Ah oui et pour les besoins de l’intrigue il se mange soudainement un malus -50 dans sa carac intelligence quand il oublie de vérifier en quelle année la mère de Nola est morte (c’est quand même une donnée importante de son livre?) sachant que personne d’autre à part Nola ne parle d’elle. Cet événement est l’élément pivot qui relance l’intrigue. Je pose ça là vous en faites ce que vous voulez…
Voilà, je pense avoir fait le tour… Qu’en conclure ?
Je ne lui reproche rien que je ne reprocherais à n’importe quel autre roman de ce type. Sauf que nous parlons ici d’un roman plébiscité, par la presse, les lecteurs, les libraires (que dis-je le monde!), multi-récompensé et apprécie. Alors quoi ? Pour ce genre de tapage médiatique, ça sent quand même pas mal le pétard mouillé cette affaire…
Ma note : 13/20
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negativelifestream · 6 years ago
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J’ai ENFIN reçu mon exemplaire de “Lateral biography Turks“, je suis donc la joie, d’autant que je l’ai finalement reçu en avance ! \o/ (Quatre mois que j’avais pré-commandé ce bouquin. Mon impatience était incommensurable.)
Je vais donc pouvoir me le relire depuis le début et, en attendant, j’ai jeté un œil à mes passages préférés, en plus de me refaire tous les passages avec Kadaj. C’est donc d’eux dont j’aimerais parler, ici. Parce que pour le coup, mon expérience de lecture a été très différente de la première fois. (Autrement dit, mon sentiment négatif à leur encontre a diminué comme il faut.)
Lors de ma première lecture, j’avais vraiment... erf, été gonflé par ces passages. Je ne reconnaissais pas Kadaj, j’avais vraiment l’impression que c’était trop... too much... nanardesque... bref, franchement, j’en état ressorti plus que mitigé avec le sentiment qu’ils avaient fait absolument n’importe quoi du personnage de Kadaj. Bon ! Je ne dis pas que je suis convaincu par tout, malgré cette nouvelle traduction, mais... c’est quand même meilleur. Et intéressant. Du coup, je ne sais pas si, à l’époque, c’était juste la faute à mon anglais qui était encore plus mauvais qu’aujourd’hui, ou bien à la traduction qui n’était juste pas très bonne.
Ce qui me dérangeait, principalement, c’est que j’avais un peu de mal à reconnaître Kadaj. J’ai compris pourquoi avec cette relecture : il se comporte de façon encore plus enfantine et paraît bien plus jeune que dans Advent Children. (Sentiment renforcé par le fait qu’ils ne cessent de le désigner par le mot “kid”.)
En terme d’apparence, dans Advent Children, j’ai tendance à penser que Kadaj tourne autour des 16/17 ans. Et vu qu’on n’a pas de réponse officielle, du côté de Square Enix à ce sujet, j’aime bien aller de deux en deux, en ce qui concerne l’âge que l’on peu coller à l’apparence physique des Incarnés. A savoir : Kadaj : 17 ans, Yazoo : 19 ans, Loz : 21 ans. (Et que se soit celui qui fait le plus âgé qui agisse le plus comme un enfant m’amuse toujours autant.)
Mais là, le Kadaj de LBT fait vraiment... plus jeune. Que ce soit quand on décrit son apparence, ou par les mots dont les autres le désignent. 14 ans ? Moins ? Du coup, ce n’est pas idiot de penser qu’entre sa première et deuxième incarnation, il a un peu grandi. Pas seulement en terme d’apparence, mais aussi de personnalité. Alors oui, les Incarnés ont quelque chose de très enfantin, mais le Kadaj d’Advent Children, malgré ses crises, ses pleurnicheries, parfois, apparaît tout de même plus mature. Dans LBT on a vraiment un Kadaj très joueur, qui peut rappeler Yazoo dans certaines de ses répliques, et Loz dans certains comportements.
Je pense par exemple à cette scène qui, vraiment, ne colle pas avec l’image du Kadaj d’AC ��:
Tseng ignored her and went to the window, wipped off the condensation, and peered outside. There, beyond the glass, was the face of a young man. Tseng caught his breath. The silver-haired boy looked straight at him and smile, then lifted a finger to his lips, commanding silence.
Aussi, ce Kadaj donne l’impression d’être bien plus perdu. Déjà, il est seul et, information sympa, ne sait même pas vraiment lui-même ce qu’il est. Autre chose, il dit à un moment qu’il connaît le nom de Sephiroth. Qu’il a vaguement senti sa présence dans la Rivière de la vie. Cependant, il ajoute qu’il n’en a rien à faire de lui. Comme s’il n’était pas conscient du lien qui les uni à Jenova. Alors que dans AC, il l’est et se soucie de Sephiroth. Il sait que celui-ci est sur le point de revenir, le sent sous sa peau. Qui plus est, toujours dans AC, il a peur que Jenova préfère Sephiroth à lui. En fait, il ne semble vraiment pas savoir grand-chose dans LBT. Juste qu’il cherche sa mère. Du coup, entre sa première incarnation (puis sa mort) et sa deuxième incarnation, c’est un peu comme si son passage dans la Rivière de la vie l’avait instruit davantage. Sur ce qu’il est. Sur tout le reste.
Et ce genre de détails, je ne les avais pas vraiment compris lors de ma première lecture, d’où mon rejet de ce Kadaj qui n’agissait pas comme celui que je connaissais. Bon, par contre... la Compilation de FF7 a tendance à se traîner pas mal d’incohérences. Là, pour le coup, comme ce bouquin a été écrit après AC, il y a vraiment des trucs qui continuent de me faire grimacer. Par exemple, le fait que ce Kadaj a quand même l’air plus costaud que le Kadaj d’AC. On lui a rajouté des pouvoirs qui auraient pu avoir leur utilité dans AC. Par exemple, celui de tromper les gens en prenant l’apparence de personnes qu’ils connaissent. Ah, et ce petit don, là, de lire dans l’esprit d'autrui, qui aurait permis à Kadaj de piger très vite que Rufus lui racontait des craques juste en le touchant. Sans parler que dans LBT il a vraiment l’air indestructible. C’est d’ailleurs ce qui le rend si menaçant. (Et le fait qu’il paraisse limite plus instable.)
Enfin !
Il y a aussi une scène intéressante avec lui, à la fin. Juste avant sa mort, Evan parvient à le frapper au visage et ce simple contact, visiblement, suffit à lui faire ressentir les sentiments qu’Evan éprouve pour son entourage. Ce qui le trouble, le perturbe même énormément :
The boy looked startled as he reeled back, then fell.
[...]
“Feelings... for your mother... for each other... for ‘friends’, wathever those are... Your feelings...” He seemed to be struggling with the words as his face screwed up and -- Was he about to cry ? An instant later, he sprung up like an animal et grabbed a sword from the air. From empty space. “I don’t like you two !”
Son “I don’t like you two” sonne vraiment comme le cri d’un gamin. En tout cas, je suppose que sa réaction est produite par le fait que lui-même est seul, à la recherche de sa mère, qu’il n’a rien d’autre vraiment à quoi se raccrocher. Qu’il n’a encore jamais connu ce genre d’affection que d’autres peuvent vous porter.
Et à Evan, du reste, de dire après sa mort :
After all, I knew what it felt like to be searching for your mother. How that lonely ache made you gravitate toward any hint of kindness or consideration. But I’d found people who accepted me. I was able to change. That boy had nothing; maybe it was the only different between him and me.
Kadaj, en définitif, reste un enfant qui cherche sa mère, qui cherche son affection, sa considération. Qui veut être son préféré et est prêt, donc, à faire n’importe quoi pour lui plaire. C’est ce qui le motive, tout le long d’AC. Pas seulement son instinct de Réunion, lié au fait qu’il soit en partie créé par ce qu’il reste de Sephiroth. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’à la fin d’AC, il accepte de retourner à la Rivière de la vie, parce qu’il croit que sa mère est enfin venue le chercher. (Ce qui n’excuse pas le fait que ce soit une sacrée petite saloperie par la même occasion, hein ? Ce gars est quand même censé incarner la cruauté, comme la folie de Sephiroth. On ne peut donc pas le considérer comme un pauvre petit agneau incompris. Néanmoins, j’aime beaucoup cette idée. Que le fait de trouver des gens qui vous acceptent, vous permet de changer. C’est un peu mon thème, pour ce qui est d’une de mes fanfics sur les Incarnés... yep ! Ça comble mon petit cœur de joie, de le voir recevoir de l’affection.)
A ce sujet, je me souviens d’un article sur Advent Children, qu’il faudrait que je songe à retrouver. Son auteurice en avait fait une lecture à travers les thèmes de la dépression (peut-être même la neurotypie de façon générale, je ne sais plus) et de la solitude des personnages de Kadaj et de Cloud. Si je me souviens bien, cet article soulignait le fait que Kadaj, tout du long, reste seul. Il a beau être entouré. De ses frères. Des enfants kidnappés. Il est seul jusqu’au bout, malgré tout. Tandis que Cloud qui, lui, s’est volontairement isolé de son entourage, n’est jamais vraiment seul, car ses amis, ceux qui tiennent à lui, continuent perpétuellement de prendre de ses nouvelles, de chercher à le voir. J’explique ça très mal, il faudrait donc vraiment que je remette la main sur cet article, mais j’avais trouvé la réflexion, la comparaison entre ces deux-là, vraiment intéressante.
Bref, pour finir, je vais aussi citer ce passage qui m’a fait bien rire :
“How is that pint-size punk a threat?” Reno remarked.
[...]
The silver-haired boy was right in front of them. He had somehow leaped onto the nose [de l’hélicoptère] and balanced there. He smirked, then thrust his sword through the glass.The reinforced pane shattered like a wineglass, and the point of the sword came to a stop an inch from Reno’s face.
“Okay. Not a punk. A monster.”
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pourtoutvousdire · 4 years ago
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La migraine de Sabine (maeva)
Il y avait à Montmartre, dans la rue de l’Abreuvoir, une jeune femme prénommée Sabine qui possédait le don d’ubiquité. Elle pouvait à son gré se multiplier et se trouver en même temps, de corps et d’esprit, en autant de lieux qu’il lui plaisait souhaiter.
Marcel Aymé, « Les Sabines »
           Pendant qu’elle dégustait des mets exquis à l’occasion d’un vernissage à Rome, Sabine dînait rue de l’Abreuvoir en face de son mari, Antoine Lemurier, qui était alors intarissable depuis la crise de Panama. Elle s’entretenait de ce même sujet avec le marquis de Marsham à Guilford en reprenant sur le vif les objections que son mari lui faisait à Paris ; tandis qu’elle s’assoupissait auprès de son amant qu’elle n’aimait déjà plus et qu’elle finissait de lire Ivanohé au coin du feu.
           Mais à la fin, la vie de Sabine s’était beaucoup simplifiée, la période faste des cinquante-sept mille n’était plus. C’est que l’infinie Sabine avait déjà tout essayé, tout vu, tout vécu. Au cours de ses innombrables voyages, elle s’était hasardée à toutes les expériences les plus incompatibles par simple goût du méli-mélo et du dépareillé. Une existence de pot-pourri, un brouillamini disparate et éclectique où des images de Taj Mahal se marient avec le Mont Rushmore. Si bien que l’envie lui avait pris de revivre les meilleurs instants de son existence en les réunissant dans une conjoncture parfaite, une sorte de mariage omnigame recueillant les visions les plus saisissantes d’une vie : entre autres, arpenter le Machu Picchu en admirant le carmin du Grand Canyon aux pieds duquel s’échouent violemment les chutes du Niagara ; ou encore plonger son regard dans une longue vue publique sur les remparts de Saint-Malo pour y apercevoir à l’autre bout des aurores boréales s’agitant dans le ciel de Tromso, en Norvège ; mais aussi, pourquoi pas, commander un café dans un troquet rue Lakanal, agripper du bout des doigts la anse de la tasse pour la porter à ses lèvres, et finir par avaler un jus d’orange qu’on avait commandé à Vienne. Mais parfois, quand on manque d’attention, c’est plutôt un caforange, boisson non identifiée au goût douteux, que l’on finit par ingurgiter. Ce sont là des incidents qui se produisent dans les premiers temps d’une vie polyforme : sans s’y attendre, on avale une gorgée immonde de capuccicola, de citronnade latte, de chouffanta, ou encore un verre de caïpiricard, aux terrasses des bars, quand sonnent dans le monde les happy hours. Puis on apprend à maîtriser ce don pour former les cocktails les plus doux, mais aussi et surtout, les plats les plus savoureux, notamment celui-là en particulier, celui que Sabine avait mangé en compagnie de son mari et du comte de Marsham : un graboeuf dauphignon.
           Sabine poursuivait ainsi paisiblement son existence protéiforme en se contentant maintenant des quelques scissions simultanées les plus commodes pour le train-train journalier : qui ne rêve pas de pouvoir, le matin, quand le temps presse, comparer ses choix de tenues sans avoir à les essayer les unes après les autres ? ou bien d’aller fermer la fenêtre qu’on avait laissée ouverte, par mégarde, un jour bruineux, alors qu’on on vient de fermer la porte à clef ? de vérifier le gaz une fois arrivé au bureau ? sans oublier, le soir, d’allumer le chauffage une fois montée dans le bus, en prévision de son arrivée dans cet appartement parisien froid et humide ; et après, une fois arrivée, quand on meurt de faim, de couper les oignons pour les faire frire en vitesse avant que les poireaux ne soient irrécupérables. Mais cette fois-ci, c’était peine perdue, car si Sabine pouvait se démultiplier, les casseroles, non. C’est pourquoi l’irremplaçable Sabine s’est munie, suite à cet incident, de huit batteries de cuisine, quatre balais, deux brosses à toilette, six seaux, trois salières, cinq carafes, sept dessous de plat et tout ce qui vous vient encore à l’esprit. La présence omniverselle absolue et toute puissante a un coût. Il allait falloir que ce monde qui l’entoure, si unique, monotone et monocouche se plie, tant bien que mal, à ce pluritidien.
           Sabine exigeait finalement peu de chose, elle ne parcourait plus le monde que par quelques monts et quelques autres vaux - autrement dit trois fois rien. Un beau jour, elle aurait même pu finir par s’accommoder d’une vie simple et bien ficelée : entrée plat dessert, matin midi soir, à la suite dans une belle enfilade, sans incursion ci et là, en avant ou en arrière dans l’espace ou le temps. Une vie qui aurait fait fondre de tendresse et de bienveillance tous les prêcheurs des principes les plus monoaspectuels.
           C’est justement à ce propos que, pendant ce temps là, et cet autre temps là, sans oublier tous les autres, Sabine riait, juste ici de l’autre côté du monde, quand elle entendait Marsham refuser un Cointreau après deux verres de Whisky : « Non merci, je n’aime pas les mélanges ».
           Tout ceci entendu, ce n’est donc pas par hasard si, dira-t-on, elle perdit un beau matin son don.  
           Tout se passa à peu près ainsi. Prise par une migraine, Sabine se rassemblait pour reprendre quelques esprits quand elle sentit alors comme une impossibilité de faire tout à fait une. Cela n’était pas dans ses habitudes, mais comme tout être humain, il lui arrivait de se sentir quelques fois « affligée » et « affaiblie », chose qui se faisait sentir chez elle, non pas deux fois plus, ou trois fois plus, mais autant-de-fois-qu’elle-était plus que chez les autres – les autres, qui avaient beau être tous les autres, n’étaient jamais qu’un seul et unique autre à la fois. Il arrivait donc que Sabine, Sabine radieuse et terne, Sabine enchantée et dégoûtée, Sabine amusée et ennuyée, fasse passer sa migraine par le moyen d’une sieste rue de l’Abreuvoir, lieu où, comme vous le savez, elle s’était un beau jour démultipliée à la face du monde. Madame Lemurier - c’est ainsi qu’elle aimait qu’on l’appelât les rares fois où elle se rassemblait intégralement - s’endormit donc dans son appartement sans faire attention à ce qu’elle pouvait bien encore fabriquer, à Auckland, en Nouvelle Zélande : il restait une Sabine dans la nature. Étourdie comme elle est, Madame n’y avait probablement pas pris garde.
           Mais au réveil, rien n’a plus jamais été pareil. Sabine souffrait d’un mal incompréhensible, elle se sentait prise par une fièvre glaciale. C’est pour cette raison qu’elle tenta d’aller se réchauffer sur la côte d’Azur, mais rien ne pouvait y faire, Sabine demeurait dans son appartement. Elle alla donc porter ses mains frigorifiées près du feu de cheminé de sa maison à Auckland, puisqu’elle y était, et que rien ne consolait son mal à Paris. Prise de panique par cette étrange migraine, Sabine prit l’initiative d’aller voir son mari à son bureau – il avait toujours les mots pour la consoler, c’est pourquoi elle finissait toujours par revenir à lui - mais elle ne put trouver d’autres moyens que d’y aller en bus : une nouvelle fois, Sabine se trouva dans l’impossibilité de se scinder. Ce n’est que bien plus tard dans la journée que Sabine comprit plus en détail ce qu’il lui arrivait, et dans quelles circonstances !
           L’appartement du couple Lemurier, 19 rue de l’Abreuvoir, explosa sans que personne ne puisse y faire grand chose : fuite de gaz. Il n’était pourtant pas tout à fait trop tard quand Sabine se rendit compte qu’elle avait laissé le gaz tourner avec la soupe sur le feu. C’est quand son mari répondit à l’interphone qu’elle fut saisie par l’image de cette casserole frémissante abandonnée au beau milieu de la cuisine. Il suffisait d’y aller pendant qu’elle se présentait à la secrétaire. C’était aussi simple que cela. Sabine délaissait progressivement sa conversation avec la secrétaire pour se concentrer davantage sur sa scission décisive, il lui fallait faire vite pour arriver à temps. Les minutes passaient, le gaz tournait, et toujours rien. Prise d’impatience, et surtout, de désespoir, Sabine planta la bonne femme. Que de précieuses minutes, elle avait perdu ! Sabine avait beau courir de toute son haleine, depuis Montparnasse ou depuis Auckland, elle ne serait jamais rentrée à temps. A son arrivée, cet appartement qui l’avait vue fleurir en millions de bourgeons n’était plus qu’un cratère dans une façade haussmannienne.
           Au réveil de cette sieste, donc, rien n’a plus jamais été pareil. Car ce beau jour, Sabine perdit toutes ses facultés polyexistentielles sans avoir eu le temps de redevenir Sabine Lemurier, 19 rue de l’Abreuvoir, 75018. Elle était condamnée à rester la Sabine francozélandaise.
           Mais ce n’était pas tant ça le problème. Sa migraine grandissante, Sabine peinait de plus en plus à départager la France de la Nouvelle Zélande : le climat, les heures, le jour, la nuit, les langues et les accents, tout se brassait de manière inattendue. Après toutes ces années d’ubiquité, Sabine n’y avait finalement rien compris. Toutes ces années furent belles et riches en expériences car Sabine n’était pas encore tout à fait cette PanSabine qu’elle allait devenir. Elle pouvait encore vivre à Paris et dormir à Séoul, faire du patin à glace et surfer sur les vagues à Biarritz. Désormais, elle n’allait pouvoir continuer à vivre  qu’en étant  la duplunique Sabine, la seule sabine ubiquitaire qui fût jamais jusque là. Sabine radierne, Sabine enchangoûtée, Sabine amuyée, Sabine2 pour toutes ses vies restantes.
           L’hiver et l’été arrivant sur l’île et la capitale, le premier chassant toujours le second d’un bout à l’autre du globe, Sabine2 avait ponctinument chfroid. Les coutumes étant ou n’étant pas ce qu’elles ne sont pas ici-là, Sabine2 finissait par rouler à drauche de la route (ce qui n’était pas tout à fait au milieu), à fuckerder les flops qu’elle croisait dans ces moments là, à endécourager les All-XV de France lors des matchs, à être constamment ensomméveillée toute la journui. Cet état de luciditolie l��2avait même menée à mordre les guits pensant que c’était des kiwis. Tout cela considéré, son idée de la morvie (n’)était plus très affligeureuse : trien ne désignifiait plutou granti chosien. Elle2 (n’)allait plus tlâcher trpeu courtemps.
 Décembre 2016
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cinostro · 5 years ago
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Penumbra Nostra 1 - Bravo Six, going dark
Chapitre 1
“- …
…hmmm… pas envie …”
Ça relève d’un effort presque surhumain, mais malgré 3 à 4 heures de sommeil que j’ai réussies à avoir, j’ouvre tout de même un oeil …
*5h40*
“- … allez, encore 5 minutes … Si je skippe le jus d’orange, je pourrai sûrement avoir le train.”
Je recontracte doucement ma paupière, pour retrouver ce cocon si chaud. Si doux. D’un mouvement de pied, je parviens à raffermir l’étreinte de cette si chaude couverture. Une couverture king-size pour soi-même … si vous voyez une autre définition du bonheur, j’en serais tout-ouïe de l’entendre.
Le tendre sentiment de sérénité que l’on éprouve le matin, tout en s’acquittant paisiblement des bras de Morphée sans pour autant contracter un seul muscle. L’esprit qui revient à lui, qui retrouve sa conscience petit à petit. Voici ce que l’on peut appeler la béatitude.
Retrouver la conscience que je ne suis ni riche, ni fils de, mais rien d’autre que quelqu’un qui a des rôles à remplir pour espérer un jour pouvoir me permettre de chérir plus longtemps ce si doux moment m’a fait rouvrir l’œil.
*5h54*
Merde.
Je lance cette couverture qui m’a si gentiment réchauffée pour … Aaaaah ! Le froid ! Bah oui ! Sauver la planète, c’est aussi vivre dans le froid l’hiver !
Direction la salle de bain.
Brosse à dent. La mouiller. Dentifrice.
Tout en me brossant les dents, je vais chercher mes serviettes, vêtements que j’avais eu l’intelligence de préparer la veille (je m’en suis auto-congratulé, d’ailleurs), je les pose sur le panier à linge qui sert aussi de valet.
… PEUH !
On rince la bouche. Rapide coup d’oeil vers l’horloge. 6h00.
Ok, il faut que je sorte à 6h07 si je veux avoir une chance d’avoir le train.
Je lance la douche … froide pendant 2 bonnes (et longues) minutes …
Sorti à 6h10. Meeerde.
Je me sèche, m’habille, coup de déo, pointe de parfum.
6h15. Rapide coup aux toilettes. Chaussures. Parka. J’ai toujours les cheveux un peu mouillés … Saletés de cheveux longs ! Pas grave, on refait un coup de serviette.
J’ai toutes mes cartes ? Oui ok. On y va. 6h19.
J’ouvre la porte. Je ferme la porte (péniblement ! Dans le noir !).
Ça va, finalement, il est 6h20, le train est à 28, et j’ai 6 minutes de marche, si je ne traîne pas les pieds.
J’entame ma petite marche rapide.
Je me sens léger aujourd’hui, j’ai tout sur m..
MERDE. LE REPAS DU MIDI.
De toute évidence, je n’allais pas manger à la cafétéria. Un jambon-beurre à 4€, avec une baguette à faire saigner les gencives, pas question !
Petit trottin jusqu’à la porte !
“- … c’est pas vrai … Mais ..? ELLE EST OÙ CETTE CLÉ ?! Là.”
Encore une fois, une GALÈRE pour ouvrir dans le noir. J’ouvre, je cours à l’intérieur, j’ouvre le frigo, hop, petit sac à bandoulière, on repart, on ferme, la clé est déjà sur la porte, on repart ! 6h24 !
MERDEUH !
C’est bon. Plus le temps pour la marche rapide, je lance un trot sur 700m.
L’air sec et gelé me glace les poumons, à force de respirer par la bouche.
C’EST BON ! La gare !
J’y suis. 6h28. J’ai du mal à reprendre une bonne respiration. J’ai froid. J’ai les yeux qui pleurent, contre ma volonté. Mais j’ai surtout l’impression d’être un chien qui a trop fait d’exercice à haleter comme ça. Cette pensée me déplaît. Je déteste être sur les rotules. J’aime quand les choses sont parfaitement maitrisées.
Mais … Voie 2 le train ? Pourquoi je ne le vois pas ? Rapide coup d’œil vers le panneau d’affichage : Lille Flandres, voie 2, retard estimé à 5 minutes.
MERCI LA SNCF.
J’emprunte donc le passage souterrain pour rejoindre le quai, la respiration toujours bruyante et irrégulière. Quelques gouttes de sueur commencent à perler sur mon cuir chevelu. Je commence à avoir chaud. C’est dégueulasse.
Je me positionne sur le quai. Chaque matin est un nouveau défi, un nouveau jeu, qui consiste à trouver l’emplacement exact où s’ouvriront les portes. Pour être honnête, ne l’ébruitez pas, mais pour mon train, dans ma gare, le meilleur spot semble être entre les deux escaliers qui rejoignent le tunnel. 8 fois sur 10, les portes s’ouvrent là. Quel bonheur quand ce stratagème fonctionne ! Tout l’enjeu là-dedans réside dans la place que je pourrai me dénicher dans le train. Une place dans un carré de 4 sièges ? Un siège solitaire dans le wagon ? Ou encore mieux, une place double vide (et pourquoi pas qui le restera tout le long du trajet ?! Mais ne fantasmons pas. Cela n’arrive jamais.) !
Dès l’ouverture des portes, chose inhabituelle, un contrôleur du train sort du SAS pile devant moi. Oui. Il m’a donc écrasé un pied et forcé le passage en emportant avec lui ma main et le bras qui lui était collé.
“- Euh, excusez-moi ?!”
Il n’a pas bronché. Je l’avais perdu de vue dans la foule avant d’avoir pu finir ma phrase.
“Il a un problème celui-là ? Il veut jouer au héro ou quoi ? Il cherche à impressionner qui ? Gogole, va … Ou peut-être qu’il devait faire pipi. Mais bon, c’est pas une raison pour agresser les voyageurs qui prennent place à bord du TER Hauts-de-France à destination de Lille Flandres. Pfff …”
Tant pis. J’ai pris sur moi, et je suis monté à bord.
“Yes !”
Rééquilibrage des karmas ! J’ai pu trouver une place double, vide, qui plus est !
Je m’y assois et ouf. Je relâche mes sacs, je les dispose correctement dans l’espace qui m’est dédié et j’évacue la pression.
Je me sens léger. Je respire doucement, comme un chat qui se carpette sur un canapé. Je me cale bien dans mon siège, comme jamais, tête posée contre la vitre. Je suis bien. Chaque muscle de mon corps me le fait sentir en se relâchant un par un. Chacun trouve sa complémentarité dans ce siège si moelleux. Le train repart. Personne ne s’était mis à côté de moi … Quel bonheur. J’essaie de fermer les yeux … Mon Dieu, qui aurait cru que ne plus stimuler sa vision pouvait procurer un sentiment de confort si intense … et mou à la fois … J’ai besoin de redormir. Ma conscience s’en va petit à petit. Je ne peux rien y faire, c’est si doux, angélique. Je sens que mon esprit divague …
Allez … On me réveillera bien au terminus …
Chapitre 2 - Le terminus
… wow … J’ai l’impression d’avoir la bouche un peu pâteuse. Pourquoi je … Mais je n’étais pas censé être dans le train, moi ?
Pris de panique, je rouvre brutalement les deux yeux.
La lumière blanche enflamme ma rétine.
Aveuglé, je referme la bouche, qui était alors grande ouverte. Un peu de tenue, voyons.
Je ne tiens plus. Je referme les paupières, baisse la tête. Je me frotte les y… Tiens ?
Je ne peux plus bouger les bras ? Qu’est-ce qui m’arrive ? Je les sens un peu léthargique.
Petit à petit, j’entrouvre un œil.
Un sol blanc ? Quoi ? Je rêve là ou quoi ? Le sol des trains n’est pas blanc, il est dégueulasse.
Attends … Nan, c’est bizarre là … C’est pas ça, Lille Flandres, je suis où là ?! Je suis très clairement dans un rêve … C’est pas possible autrement. Je sens même le teint de ma peau qui rougit, mon cœur qui bat jusque dans mes oreilles, les tambours dans ma poitrine !
Je redonne un coup de bras. Ça ne marche pas. Je me cogne dans quelque chose. Ok. Là, c’est la grosse panique.
Je tourne la tête, avec toujours un œil qui essaie de retrouver sa vision. J’ai bien mes bras, toujours endormi mais … Des menottes ? Oui ! Maintenant que je vois ça, c’est vraiment que mes poignets me serrent ! Nom d’un chien, ce que ça fait mal !
D’instinct, j’essaie de me lever. Mais là encore, rien à faire. Les chevilles attachées par une corde aux pieds de la chaise ?!
Quoi ? Non, là, franchement, c’est bizarre. Mes tempes battent la chamade à leur tour. C’est beaucoup trop réaliste pour n’être qu’un rêve.
Ok. Mes deux yeux sont ouverts à présent. Rapide observation de là où je suis :
Du blanc.
Une pièce. Intégralement blanche. Le sol semble être fait d’un béton bien épais, peint en blanc. Un éclairage de chantier bien puissant, pointé sur moi, à peine quelques mètres de là où j’étais assis. Le mur en face devait être à une dizaine de mètres. Le mur de derrière, je ne sais pas trop. Mais sur ce mur de devant, on avait comme ces plaques en mousse anti-bruits, mais toutes de couleur blanche. On y voyait aussi une porte noire. Ok très bien. C’est très simple. Le plafond, aussi, blanc. Aucune ventilation apparente, aucun détecteur de fumée, rien. Un vide profond et peu rassurant.
Sur ma gauche, par contre, on retrouvait ce même type de mur, mais avec une vitre incrustée dedans, et quelqu’un qui tapait sur celle-ci.
Quelqu’un. Il est un peu loin, je ne peux voir que sa silhouette un peu paniquée qui donne de grands coups dessus, de toutes ses forces.
En me concentrant quelques secondes, ce personnage me dit quelque chose … Il est un peu jeune, avec des lunettes … Il ressemble un peu à …
… Samuel ?
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cinomegas · 5 years ago
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Penumbra Nostra - 1 - Bravo Six, going dark.
Chapitre 1
���- ...
...
...hmmm... pas envie ...”
Ça relève d’un effort presque surhumain, mais des 3 à 4 heures de sommeil que j’ai réussies à accomplir, j’ouvre tout de même un oeil ...
*5h40*
“- ... allez, encore 5 minutes ... Si je skippe le jus d’orange, je pourrai sûrement avoir le train.”
Je recontracte doucement ma paupière, pour retrouver ce cocon si chaud. Si doux. D’un mouvement de pied, je parviens à raffermir l’étreinte de cette si chaude couverture. Une couverture king-size pour soi-même ... si vous voyez une autre définition du bonheur, j’en serais tout-ouïe de l’entendre.
Le tendre sentiment de sérénité que l’on éprouve le matin, tout en s’acquittant paisiblement des bras de Morphée sans pour autant contracter un seul muscle. L’esprit qui revient à lui, qui retrouve sa conscience. Voici ce que l’on peut appeler la béatitude.
Retrouver la conscience que je ne suis ni riche, ni fils de, mais rien d’autre que quelqu’un qui a des rôles à remplir pour espérer un jour pouvoir me permettre de chérir plus longtemps de ce si doux moment m’a fait rouvrir l’œil.
*5h54*
Merde.
Je lance cette couverture qui m’a si gentiment réchauffée pour ... Aaaaah ! Le froid ! Bah oui ! Sauver la planète, c’est aussi vivre dans le froid l’hiver !
Direction la salle de bain.
Brosse à dent. La mouiller. Dentifrice.
Tout en me brossant les dents, je vais chercher mes serviettes, vêtements que j’avais eu l’intelligence de préparer la veille (je m’en suis auto-congratulé, d’ailleurs), je les pose sur le panier à linge qui sert aussi de valet.
... PEUH !
On rince la bouche. Rapide coup d’oeil vers l’horloge. 6h00.
Ok, il faut que je sorte à 6h07 si je veux avoir une chance d’avoir le train.
Je lance la douche ... froide pendant 2 bonnes (et longues) minutes ...
Sorti à 6h10. Meeerde.
Je me sèche, m’habille, coup de déo, pointe de parfum.
6h15. Rapide coup aux toilettes. Chaussures. Parka. J’ai toujours les cheveux un peu mouillés ... Saletés de cheveux longs ! Pas grave, on refait un coup de serviette.
J’ai toutes mes cartes ? Oui ok. On y va. 6h19.
J’ouvre la porte. Je ferme la porte (péniblement ! Dans le noir !).
Ça va, finalement, il est 6h20, le train est à 28, et j’ai 6 minutes de marche, si je ne traîne pas les pieds.
J’entame ma petite marche rapide.
Je me sens léger aujourd’hui, j’ai tout sur m..
MERDE. LE REPAS DU MIDI.
De toute évidence, je n’allais pas manger à la cafétéria. Un jambon-beurre à 4€, avec une baguette à faire saigner les gencives, pas question !
Petit trottin jusqu’à la porte !
“- ... c’est pas vrai ... Mais ..? ELLE EST OÙ CETTE CLÉ ?! Là.”
Encore une fois, une GALÈRE pour ouvrir dans le noir. J’ouvre, je cours à l’intérieur, j’ouvre le frigo, hop, petit sac à bandoulière, on repart, on ferme, la clé est déjà sur la porte, on repart ! 6h24 !
MERDEUH !
C’est bon. Plus le temps pour la marche rapide, je lance un trot sur 700m.
L’air sec et gelé me glace les poumons, à force de respirer par la bouche.
C’EST BON ! La gare !
J’y suis. 6h28. J’ai du mal à reprendre une bonne respiration. J’ai froid. J’ai les yeux qui pleurent contre ma volonté. Mais j’ai surtout l’impression d’être un chien qui a trop fait d’exercice, à haleter comme ça. Cette pensée me déplaît. Je déteste être sur les rotules. J’aime quand les choses sont parfaitement maitrisées.
Mais ... Voie 2 le train ? Pourquoi je ne le vois pas ? Rapide coup d’œil vers le panneau d’affichage : Lille Flandres, voie 2, retard estimé à 5 minutes.
MERCI LA SNCF.
J’emprunte donc le passage souterrain pour rejoindre le quai, la respiration toujours bruyante et irrégulière. Quelques gouttes de sueur commencent à perler sur mon cuir chevelu. Je commence à avoir chaud. C’est dégueulasse.
Je me positionne sur le quai. Chaque matin est un nouveau défi, un nouveau jeu, qui consiste à trouver l’emplacement exact où s’ouvriront les portes. Pour être honnête, ne l’ébruitez pas, mais pour mon train, dans ma gare, le meilleur spot semble être entre les deux escaliers qui rejoignent le tunnel. 8 fois sur 10, les portes s’ouvrent là. Quel bonheur quand ce stratagème fonctionne ! Tout l’enjeu là-dedans réside dans la place que je pourrai me dénicher dans le train. Une place dans un carré de 4 sièges ? Un siège solitaire dans le wagon ? Ou encore mieux, une place double vide (et pourquoi pas qui le restera tout le long du trajet ?! Mais ne fantasmons pas. Cela n’arrive jamais.) !
Dès l’ouverture des portes, chose inhabituelle, un contrôleur du train sort du SAS pile devant moi. Oui. Il m’a donc écrasé un pied et forcé le passage en emportant avec lui ma main et le bras qui lui était collé.
“- Euh, excusez-moi ?!”
Il n’a pas bronché. Je l’avais perdu de vue dans la foule avant d’avoir pu finir ma phrase.
“Il a un problème celui-là ? Il veut jouer au héro ou quoi ? Il cherche à impressionner qui ? Gogole, va ... Ou peut-être qu’il devait faire pipi. Mais bon, c’est pas une raison pour agresser les voyageurs qui prennent place à bord du TER Hauts-de-France à destination de Lille Flandres. Pfff ...”
Tant pis. J’ai pris sur moi, et je suis monté à bord.
“Yes !”
Rééquilibrage des karmas ! J’ai pu trouver une place double, vide, qui plus est !
Je m’y assois et ouf. Je relâche mes sacs, je les dispose correctement dans l’espace qui m’est dédié et j’évacue la pression.
Je me sens léger. Je respire doucement, comme un chat qui se carpette sur un canapé. Je me cale bien dans mon siège, comme jamais, tête posée contre la vitre. Je suis bien. Chaque muscle de mon corps me le fait sentir en se relâchant un par un. Chacun trouve sa complémentarité dans ce siège si moelleux. Le train repart. Personne ne s’était mis à côté de moi ... Quel bonheur. J’essaie de fermer les yeux ... Mon Dieu, qui aurait cru que ne plus stimuler sa vision pouvait procurer un sentiment de confort si intense ... et mou à la fois ... J’ai besoin de redormir. Ma conscience s’en va petit à petit. Je ne peux rien y faire, c’est si doux, angélique. Je sens que mon esprit divague ...
Allez ... On me réveillera bien au terminus ...
Chapitre 2 - Le terminus
...
... wow ... J’ai l’impression d’avoir la bouche un peu pâteuse. Pourquoi je ... Mais je n’étais pas censé être dans le train, moi ?
Pris de panique, je rouvre brutalement les deux yeux.
La lumière blanche enflamme ma rétine.
Aveuglé, je referme la bouche, qui était alors grande ouverte. Un peu de tenue, voyons.
Je ne tiens plus. Je referme les paupières, baisse la tête. Je me frotte les y... Tiens ?
Je ne peux plus bouger les bras ? Qu’est-ce qui m’arrive ? Je les sens un peu léthargique.
Petit à petit, j’entrouvre un œil.
Un sol blanc ? Quoi ? Je rêve là ou quoi ? Le sol des trains n’est pas blanc, il est dégueulasse.
Attends ... Nan, c’est bizarre là ... C’est pas ça, Lille Flandres, je suis où là ?! Je suis très clairement dans un rêve ... C’est pas possible autrement. Je sens même le teint de ma peau qui rougit, mon cœur qui bat jusque dans mes oreilles, les tambours dans ma poitrine !
Je redonne un coup de bras. Ça ne marche pas. Je me cogne dans quelque chose. Ok. Là, c’est la grosse panique.
Je tourne la tête, avec toujours un œil qui essaie de retrouver sa vision. J’ai bien mes bras, toujours endormi mais ... Des menottes ? Oui ! Maintenant que je vois ça, c’est vraiment que mes poignets me serrent ! Nom d’un chien, ce que ça fait mal !
D’instinct, j’essaie de me lever. Mais là encore, rien à faire. Les chevilles attachées par une corde aux pieds de la chaise ?!
Quoi ? Non, là, franchement, c’est bizarre. Mes tempes battent la chamade à leur tour. C’est beaucoup trop réaliste pour n’être qu’un rêve.
Ok. Mes deux yeux sont ouverts à présent. Rapide observation de là où je suis :
Du blanc.
Une pièce. Intégralement blanche. Le sol semble être fait d’un béton bien épais, peint en blanc. Un éclairage de chantier bien puissant, pointé sur moi, à peine quelques mètres de là où j’étais assis. Le mur en face devait être à une dizaine de mètres. Le mur de derrière, je ne sais pas trop. Mais sur ce mur de devant, on avait comme ces plaques en mousse anti-bruits, mais toutes de couleur blanche. On y voyait aussi une porte noire. Ok très bien. C’est très simple. Le plafond, aussi, blanc. Aucune ventilation apparente, aucun détecteur de fumée, rien. Un vide profond et peu rassurant.
Sur ma gauche, par contre, on retrouvait ce même type de mur, mais avec une vitre incrustée dedans, et quelqu’un qui tapait sur celle-ci.
Quelqu’un. Il est un peu loin, je ne peux voir que sa silhouette un peu paniquée qui donne de grands coups dessus, de toutes ses forces.
En me concentrant quelques secondes, ce personnage me dit quelque chose ... Il est un peu jeune, avec des lunettes ... Il ressemble un peu à ...
... Samuel ?
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axlolot · 7 years ago
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Pardon, ma rose... Tu m’as attendu ?
Je préviens seulement que ce texte comprend de gros spoilers de la V route, alors c’est à vous de juger si vous voulez lire ou non. ;)
Parfois, il y a des choses que l’on ne peut empêcher d’arriver. On aurait eu beau faire tout notre possible, retourner le problème dans tous les sens, réfléchir à en perdre le sommeil et la raison, c’est comme ça, c’est le destin, c’est Quelque Chose qui a décidé que ça devait se passer comme ça et c’est comme ça que ça s’est passé. Une fois que tout est fini, ce qui nous reste alors ce sont les morceaux et nous-même. Nous, seul, et nos questions. Et si on avait fait autrement. Et si on avait réfléchi à ça plus tôt. Et si on avait voulu faire autrement. Et si. Et si. Et si… Mais une fois que ça s’est produit, on ne peut plus rien faire, ça ne sert plus à rien ; on ne peut pas revenir dans le passé.
Malgré tout, c’est plus fort que nous, on se demande si on a bien fait, si c’était la fin que l’on voulait, si on a fait quelque chose de mal pour que ça se passe comme ça, si on a fait tout ce qu’on aurait pu faire, si on a fait assez. Et aussi, impuissants comme on l’est une fois la tempête est passée, on se pose la pire de toutes les questions : pourquoi est-ce que ça s’est passé comme ça ? Pourquoi est-ce qu’il a fallu que ça se termine comme ça ? Après tout, il y a des milliards de possibilités, à chaque seconde un simple mouvement peut changer toute la donne ! Pourquoi, parmi ces milliards de chemins et de destins différents, il a fallu que ce soit celui-là… ? Peut-être que c’est de notre faute, peut-être que c’était ce qu’on voulait, qu’une part de nous y avait pensé et que, par un étrange hasard, c’était la pensée qui avait été retenue parmi les milliards d'autres présentes à ce moment.
Mais une fois que ça s’est produit, on ne peut plus rien faire, ça ne sert plus à rien d’y réfléchir…
Parfois, il y a des choses que l’on ne peut empêcher, et ça nous hante. Mais il faut continuer à vivre, on doit continuer à vivre. Pour grandir, pour devenir plus fort. Pour arrêter de se poser ces questions qui, de toutes mani��res, ne trouveront jamais de réponses satisfaisantes à notre goût, peu importe le nombre de fois qu’on les tourne et retourne. L’homme est fait pour vivre, pour grandir et apprendre de son passé, pas pour vivre tourmenté par des questions du passé.
À cette seconde alors, des milliards de chemins s’offrent à nous.
Elle choisit celui du pardon.
Après plusieurs heures de trajet, la jeune femme descendit de la voiture, s’enroulant dans son écharpe et levant les yeux vers le soleil. Celui-ci était doux, c’était un soleil de début de printemps, un peu timide mais chaud et rassurant. Il était accompagné d’une brise légère qui chatouilla le haut de ses joues ; elle soupira à la sensation. Devant elle s’offrait un jardin, perdu en haut de la montagne, maintenant éclairé d’un soleil protecteur et couvert d’une petite rosée. Les fleurs semblaient briller, elles étaient encore jeunes et fraîches ; cela lui réchauffa le cœur. Il aurait adoré les voir, de ça, elle était certaine.
Un jeune homme descendit à son tour de la voiture, mais resta à côté de celle-ci. Et elle ne l’attendit pas non plus pour s’aventurer le long de l’étroit chemin pavé. Il y avaient toutes sortes de fleurs, de toutes les couleurs possibles et imaginables, de toutes les formes, de toutes les tailles, il y en avaient même qui venaient d’autres continents, de pays chauds ou de pays froids. Avec un peu d’imagination, on aurait pu se croire dans Alice au pays des Merveilles. Un petit sourire apparut au coin de ses lèvres à cette pensée. Elle les examina une à une, en touchant parfois du bout du doigt comme si elle vérifiait qu’elles étaient réelles, humant l’odeur douce et sucrée qui s’échappait de certaines, frissonnant à la fraîcheur de la rosée roulant sur les pétales des autres.
Au milieu du dédale de couleurs, elle s’arrêta, et regarda autour d’elle. C’était magnifique. Vraiment magnifique. Cela lui aurait beaucoup plu. C'était à la hauteur de ce qu’elle avait espéré lui offrir. Elle inspira un grand coup, et malgré que son souffle se coupa dans sa gorge, elle sourit un petit peu en serrant ses bras autour d’elle.
L’homme qui l’accompagnait la regarda simplement faire. Il n’avait jamais vraiment compris pourquoi elle avait voulu faire construire un jardin dans un endroit pareil. Il n’avait jamais vraiment compris pourquoi elle voulait retourner dans un endroit pareil. Mais il avait accepté de le faire et de l’y emmener, parce qu’il avait vu que cela lui faisait du bien, parce que c’était sa manière à elle de choisir son chemin. Il ne connaissait pas sa vie, il n'avait aucunes idées de ce qui s’était passé ici, de ce qu’elle avait vécu, de ce qu’elle avait vu ; alors il ne pouvait pas se permettre de la juger. A sa demande, il avait fait raser le bâtiment, fait disparaître toutes traces du passé et de ce qui avait pu s-y passer. Grâce à ses connaissances, il avait ensuite fait construire un jardin, grand, serein ; un jardin où on pouvait oublier tous ses problèmes, où on pouvait venir contempler le silence de la nature ; c’était ce qu’elle avait demandé. Un jardin où n’importe qui pourrait s’y sentir à sa place.
Il ne savait pas pourquoi il avait accédé à sa demande, mais une voix dans le fond de sa tête lui disait que c’était le moins qu’il pouvait faire pour la remercier de ce qu’elle avait fait. Si ça pouvait l’aider, d’une quelconque manière, à apaiser ses tourments intérieurs, alors il le referait même volontiers. Pourtant, il n’avait jamais osé s’y promener, parce qu’il avait parfaitement conscience que même si ce jardin était ouvert à tout le monde, pas tout le monde ne pouvait y rentrer. Elle, s’y sentait en paix, et il ne voulait surtout pas troubler cette paix qu’elle ne trouvait qu’ici.
Elle tourna la tête vers lui, quelques secondes, avec un petit sourire, auquel il lui répondit par un hochement de tête. Et comme si c’était la confirmation qu’elle attendait, elle reprit son chemin, serrant son manteau autour d’elle. Son regard parfois s’arrêtait sur des fleurs sauvages qui poussaient entre celles qui avaient été plantées au millimètre près. La nature avait repris ses droits, et elle n’avait aucunement l’intention de l’en empêcher. Elle voulait qu’elle s’épanouisse, autant qu’elle le pouvait ; elle ne voulait empêcher personne de grandir comme il le voulait, de s’épanouir à leur guise. Au fond, tout au fond d’elle, elle savait que si elle avait demandé à faire construire ce jardin c’était seulement pour se faire pardonner, même si c’était inutile de demander pardon une fois que tout était terminé. Elle en avait juste besoin, pour pouvoir grandir, de montrer qu’elle était désolée et qu’elle n’arrivait pas à vivre avec cela sur la conscience. Elle voulait qu’il comprenne qu’elle avait des remords, tous les jours, et espérait qu’il lui accorde son pardon.
Dans le fond du jardin, à la fin du chemin, se trouvait une pierre, entourée de rosiers. La dernière fois qu’elle les avait vus, ils étaient frêles et squelettiques, comme s’ils étaient effrayés par leur nouvel habitat, mais aujourd’hui, en cette matinée de printemps, ils étaient grands et fiers, resplendissants, brillants de beauté sous la chaude lumière du soleil. Des centaines de roses y avaient éclos pleinement et librement, s’entremêlant et se mélangeant avec la forêt. Elles étaient oranges, et s’illuminaient avec la rosée comme des milliers de petites lucioles. La jeune femme sourit, et s’arrêta, prenant le temps d'admirer chacune d’entre elles. Elles étaient magnifiques… Elles avaient l’air de se plaire, ici, sous le soleil…
Elle soupira, le souffle tremblant, s’approchant lentement de la pierre. « Rappelle-toi simplement que mes sentiments pour toi étaient sincères. Adieu, mon amour… Tu dois avoir une vie beaucoup plus heureuse que la mienne… » Ses yeux s’écartèrent instinctivement de la plaque avant qu’elle n’ait pu finir de la lire. Elle n’avait pas vraiment besoin de la lire pour savoir ce qui était écrit dessus, ces mots résonnaient dans sa tête tous les jours comme un rappel permanent du chemin sur lequel elle se trouvait. Ses lèvres tremblèrent alors qu’elle relevait la tête vers les roses. Elle voulait respecter son dernier vœu, mais elle savait qu’elle n’y arriverait que le jour où elle serait sûre qu’elle s’était faite pardonner de ses actions. Que le jour où elle serait sûre qu’il était heureux là où il était et se sentait à sa place.
De voir le jardin aussi beau et fleuri, de voir que ses roses étaient aussi colorées, elle savait que les lieux étaient en paix, que son âme était paisible en cet endroit et qu’il s’y sentait bien. Son cœur aussi ressentait la sérénité qui régnait dans le jardin. Et c’était tout ce qu’elle voulait, qu’il se sente chez lui.
Elle releva lentement une main vers son visage, s’essuyant la joue, avant que son regard ne se stoppe. Elle ne pouvait en croire ses yeux, et resta bloquée pendant quelques secondes. C’était comme si son cœur s’était arrêté de battre, qu’elle n’était plus vraiment là, plus vraiment sur Terre, mais dans un endroit où tout était calme. Doucement, elle s’approcha du rosier et tendit ses doigts tremblants vers celui-ci. Elle n’osa pas le toucher, de peur qu’il disparaisse ou parte en poussière, de peur que tout cela ne soit qu’un rêve, mais elle sourit. Des larmes glissèrent le long de ses joues sans même qu’elle ne s’en rende compte, et elle inspira profondément, comme si c’était la première fois qu’elle respirait depuis des lustres. Un rire résonna entre les arbres, et le jeune homme qui attendait patiemment s’approcha même du jardin pour vérifier que c’était bien elle qui avait rit. Cela faisait des mois qu’elle n’avait pas ri. Mais voilà, c’était là, juste sous ses yeux, le milliardième de chemin, celui qu’elle croyait inespéré car attendu depuis si longtemps, celui qui la délivrerait de ses tourments, celui qui lui permettrait d’avancer.
Elle déposa ses doigts tremblants contre sa bouche, relevant les yeux vers le soleil. Celui-ci semblait briller différemment, plus fort, plus vivement. Et elle sourit encore plus grand. Elle était apaisée. Elle avait accompli son dernier vœu. Maintenant, elle pourrait vivre heureuse, en harmonie avec ce jardin, en harmonie avec le passé, en harmonie avec le soleil.
« Ray… » murmura-t-elle vers le ciel, les yeux fermés. « Je suis désolée d’avoir mis si longtemps à tenir ma promesse mais, maintenant, je sais... que là où tu es, tu es heureux… J’en suis certaine… Merci, Ray... »
Elle rit une dernière fois, s’étouffant légèrement entre deux sanglots. Et lorsqu’elle rouvrit les yeux, les rayons du soleil l’éblouirent, mais la sensation ne lui avait jamais paru si douce. C’était comme s’il lui disait qu’il la pardonnait, comme s’il était là, en face d’elle, qu’il l’enveloppait de sa chaleur et lui disait qu’elle pouvait le laisser partir.
Parce que maintenant, c’est terminé, elle peut vivre, et il peut être heureux. Parce qu’il est là, il a trouvé sa place.
Dans une rose bleue au milieu d’un grand jardin.
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xoxhellsxox · 7 years ago
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Hello les Amis,
On est en Septembre et pour moi, cela marque le début du commencement de la vraie année. Eh oui, chez moi, l’année, celle que j’aime vraiment, dure de septembre à décembre et puis c’est tout.
Maintenant que le contexte est placé, revenons-en aux fondamentaux. C’est la rentrée. Qui dit rentrée / début d’année dit nouveauté. Aussi, c’est tout naturellement que je prends (assez tardivement m’enfin, “l’important, c’est de participer” comme ils disent -et ne me demandez pas qui c’est “ils” je n’en sais rien, c’est façon de parler-) le train en marche du Top Five SeriesAddict. Le concept a été mis en place par Tequi du blog Smells Like Chick Spirit et consiste, comme son nom l’indique, à réaliser un top 5 (ou un top 3 si on est moins inspiré et un top 10 si on est très inspiré) sur des sujets qui auront été proposés.
Le sujet de la semaine est “Les personnages qui vous font fantasmer“. Forcément, il fallait que je débute avec un thème de ce style. Un TOP 5, c’est compliqué à faire quand on sait le nombre de séries que j’ai regardé dans ma vie. C’est pourquoi, je me facilite un petit peu la tache en proposant un TOP 10.
Petite précision : je fais ce classement selon les idées qui me viennent mais je n’ai pas classé selon un ordre de préférence (bien que le premier et le dernier soient mes chouchous, je l’avoue d’emblée). Dites-vous que c’est fait à la mémoire et au feeling !
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Alors là, j’crois que je vais surprendre plusieurs personnes parce que tout le monde et samamie craquaient sur le grand et musclé Derek Morgan (et je ne crache pas du tout sur lui: il est sexy, on ne peut pas le nier mais je me cantonne à un choix par série donc forcément…). Et puis il y a moi. Et moi, j’adore voir notre cher Docteur Reid. Son intellect, son humour, sa réflexion, sa complexité, ses doutes et sa personnalité (rien que ça) le rendent absolument adorable à mes yeux. Le petit côté intello, c’est sexy aussi (et je ne dis pas ça parce que j’en suis une moi-même). Alors sans aucun doute, il a sa place dans mon Top 5.
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Ce n’est pas LE fantasme du siècle mais je trouve que sa corpulence imposante ajoutée à une bouille adorable, ça le fait ! Il a un charme de folie. Cet ensemble, je trouve ça sexy et top. Et si on ajoute sa gentillesse… Alors là les Amis, c’est plié ! 
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Je le trouve physiquement attirant, c’est sûr mais c’est sa voix, sa façon de s’exprimer qui captivent. Au-delà de cela, le personnage qu’il incarne fait que son attirance est multipliée… Je suis sûre que je ne suis pas la seule à trouver un personnage de plus en plus attirant en raison de sa personnalité. C’est sans doute le côté torturé ou quoi…
Si ? Non ?
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    C’est très drôle parce que je n’ai pas même pas suivi Grey’s Anatomy en entier ni même dans l’ordre. L’histoire est relativement floue dans mon esprit. J’ai vu des bribes et des passages par moment à la télé. Par contre, je me rappelle clairement que ce cher Dr Avery (ou interne ou peu importe ce qu’il était à l’époque où je l’ai vu) a retenu mon attention et pour cause. Les yeux et le visage… Il y a quelque chose. Après, je ne pourrais rien dire sur l’aspect personnalité de son personnage… Sur ce coup, je crains !
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Cet accent les Amis…. Ça ne pardonne pas. Il a une bouille adorable, une chevelure de cuivre sans pareil et un physique fort sympathique. La combinaison de tout cela avec la personnalité attachée à son personnage et l’accent en plus… C’est le début de la fin, je vous le dis.
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Ses yeux et sa chevelure sombre et ténébreuse. Je crois que ça avec la combinaison du mauvais genre qu’il a, ça fait un mélange imparable. Et les réalisateurs l’ont très bien compris vu les focus qui sont fait sur ses yeux d’un bleu incroyable. Il a une dégaine aussi assez décontractée qui rajoute un truc que je ne parviens pas à caractériser.
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J’adorais le voir à l’écran et l’entendre parler. Je ne sais pas si c’est dû au fait que dès qu’il apparaissait, on ne savait jamais ce qui pouvait se passer, ce côté un peu sombre et imprévisible ou simplement son physique qui était clairement avantageux. Ce n’est pas un personnage que je trouvais physiquement beau et pourtant, je lui trouvait un côté attirant. Il était sexy sans être beau. Je ne sais pas comment l’expliquer autrement.
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  Lui aussi, j’adorais son accent (décidément !) sauf que lui, c’est un autre type d’accent. L’accent du sud des Etats-Unis, le côté un peu fermier / cow-boy… Aucune idée de ce qui m’a le plus acheté. J’aimais bien son personnage et la personnalité qui y était attachée (même si j’avais clairement envie de le frapper par moment -assez souvent, en fait-). Il a un faciès pas moche du tout, et il en est de même pour son corps, du reste donc ceci explique peut-être cela.
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Alors lui… Il faut replacer le contexte. Je parle pour la Hecstulï adolescente. Et clairement, il aurait été un personnage qui m’aurait fait fantasmer durant mon adolescence ! C’est essentiellement dû à la douceur de son personnage. Jamais un mot plus haut que l’autre. C’est le caractère attaché à son personnage qui fait absolument tout le charme (ça et le fait qu’il n’est pas du tout dégueulasse à regarder, je vous l’accorde).
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Je me dois de finir en beauté (sans mauvais jeu de mot !). Pardon mais… Je ne pouvais pas exclure Jason Momoa (oui, ça va carrément au-delà du simple Khal Drogo même si dans ce rôle en particulier il est splendide -rien que ça-). Il est magnifique. Le physique et le personnage qu’on lui prête (bon, pas au début, bien sûr m’enfin vous comprenez) lui donnent un charme fou… C’est un personnage secondaire mais il avait toute sa place dans la série, rien que pour le plaisir de nos petits yeux (et un peu pour l’histoire aussi, je vous l’accorde). Si Khal Drogo n’est pas sexy et fantasmagorique, qui d’autre l’est ? Je ne sais pas non plus les Amis.
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Voilà qui achève ce TOP 10 des personnages qui ont pu me faire “fantasmer” (bon, c’est surtout dans le cadre des histoires… Dans la vraie vie, c’est autre chose). La réalisation de ce classement m’a permis de voir que j’ai un truc pour les types anglophones à accent prononcé type texan, écossais, anglais ou norvégien… Ainsi que pour ceux qui ont les yeux clairs (parce que faut le reconnaître, y en a quand même pas mal qui ont les yeux clairs). Pour le reste, ils sont typés différemment et il n’y a aucune similitudes sur la couleur ou la longueur des cheveux et encore pire concernant les traits de caractère des personnages. Il y a des méchants et des moins méchants… Des tourmentés et des moins tourmentés… Allez savoir !
Et vous les Amis, si vous deviez me citer un personnage de série qui vous a fait fantasmer, ce serait lequel ? 
Vous pouvez me retrouver sur : Instagram, Facebook, Pinterest, Twitter et Hello Cotton.
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ichifaitdesbios · 6 years ago
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LOGAN COHL BALDWIN
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Logan Cohl Baldwin, 35 ans, ex militaire, tireur d’élite, responsable tueur à gage. 
Pan, un coup de fusil venait de retentir dans la forêt, résonnant à travers les arbres. Le bruit avait effrayé certains oiseaux qui s’étaient envolé en secouant violemment leurs ailes.
« C’est bien, gamin ! » s’exclamait un des vieux chasseurs, tandis que le père du blondinet lui tapotait doucement la tête fière de lui. Il venait de toucher sa première cible et pile entre les deux yeux, comme s’il avait toujours été destiné à être un chasseur. Ce qui ne pouvait que rendre son père plus que fier, c’était un projet de toute une vie qui se formait devant lui. Les Baldwin sont une famille de chasseur depuis une dizaine de génération. De père en fils ils devenaient des chasseurs et malheureusement, ils étaient très attachés à leur tradition, alors personne ne pouvait y échapper. C’était d’ailleurs une famille principalement composée d’homme, où quand il y avait des filles étaient délaissée, destinée à travailler à la maison et trouver un mari. C’était extrêmement sexiste et machiste comme éducation, mais les Baldwin étaient une vieille famille qui de génération en génération n’ont pas vraiment évolué de façon moderne. Logan Coll Baldwin était le fils unique de Georges Edward Baldwin et de Katherine Baldwin. Cette union était quasiment arrangée, et Logan allait surement finir par avoir le même destin, du moins dans les projets de son paternel qui était extrêmement carré en ce qui concerne les traditions et les règles familiales.
A l’âge de 12 ans, comme tout homme de la famille, Logan devait pendant un an, vivre seul et en autonomie au milieu de la forêt. Il devait alors chasser pour pouvoir se nourrir, savoir créer un campement au milieu de la nature et y survivre. C’était une formation qui se faisait à chaque génération, c’était le moyen pour les enfants de devenir de vrais hommes à la fin des épreuves. Pas tous ont réussi, beaucoup ont abandonné au milieu. C’était plus un moyen de vraiment faire ses preuves qu’autre chose, la durée n’était pas fixe, ça déterminait juste la force de l’homme et sa détermination. Logan lui, resta 365 jours dans cette forêt. Il n’était encore qu’un gamin, il était parti complètement naïf et quand il était revenu, il n’était plus la même personne. Cette année avait été particulièrement dure à vivre pour le blond. Qui, au début, avait extrêmement peur, la première nuit fut la pire, il s’était retrouvé à se cacher dans une crevasse formée par des racines d’arbres, coincé à côté d’une famille de sanglier, qui faisait facilement sa taille. Le garçon était armé d’un fusil et on en lui avait pas donné grand-chose, juste des équipements de survie de base ; une corde, une gourde en cuir et une boussole, rien de plus rien de moins. Il avait cependant embarqué avec lui un journal où, chaque jour il écrivait une sorte de compte rendu de ses journées.  Et les mois s’accumulèrent, le garçon se débrouillait de mieux en mieux. Il était un chasseur hors pair alors il n’eut jamais de difficulté pour ce qui est de se nourrir comme du reste, où il prit finalement ses marques. La seule chose qui avait été difficile pour lui, c’est de n’avoir aucun contact humain. Sa mère lui manquait, son père aussi. Et il aurait très bien pu mourir dans cette forêt et ça n’aurait pas été la première fois. C’était clairement de la maltraitance mais la famille fonctionnait comme ça, il était hors de question d’en changer les traditions.
Quand il rentra chez lui au bout de cette longue année, il était devenu un garçon agressif et sauvage, qui avait pris la fâcheuse habitude de vivre en solitaire. Logan était tellement perturbé par cette année en survie totale, que quand sa mère est morte, il ne s’en était même pas rendu compte, il n’avait pas pleuré et elle ne lui avait plus manquer. Comme si les êtres humains n’existaient plus pour lui. C’était un choc psychologique qui mit quelques années avant de se résorber. C’est à l’école avec les autres adolescents que ça fut le plus dur. Il passait le clair de son temps à se bagarrer, refusant d’écouter les consignes que lui donnaient ses professeurs. Il n’était pas psychopathe pour autant, il avait des sentiments, c’était un type normal qui était juste un peu trop agressif, qui est toujours sur la défensive. Son éducation était toujours la même, il devait devenir chasseur comme son père. Alors les études passèrent assez vite à la trappe. Logan était très proche avec son paternel, c’était un de ses seuls amis du moins, jusqu’à ce qu’il eût 21 ans où leurs chemins se séparèrent. Logan ne voulait pas continuer à chasser. Il n’aimait pas rester au même endroit, il voulait bouger, voyager. Alors il lisait beaucoup les journaux, regardait beaucoup de documentaire de toute sorte. Et il ne supportait pas voir ce qui se passait dans le monde extérieur. Logan voulait se rendre utile. Il savait qu’il était un excellent chasseur et il était persuadé que ça pourrait lui servir autrement. Alors, contre toute attente, il s’engagea à l’armée. Son père ne l’avait pas accepté, ils s’étaient disputé assez violemment ce soir-là, l’accusant même de trahison envers sa famille.
Mais le temps passa, et il avait fini par l’accepter, Georges était même devenu fière de son fils qui était devenu quelqu’un. A l’armée, Logan avait commencé au plus bas, pour finalement arriver à la place qu’il voulait avoir. Devenant ainsi tireur d’élite, il était un des meilleurs snipers de sa brigade. Toujours extrêmement efficace sur le terrain, il ne l’était pas forcément quand il s’agissait aux rapports humains, les vieilles rengaines et son agressivité reprenaient assez vite le dessus. Puis, il arriva une chose qu’il ne pouvait pas prévoir. Son père s’était fait arrêté pour meurtre. Ce dernier avait en réalité accidentellement tuer Katherine. Logan l’ignorait totalement car, il n’avait même pas pris conscience de la mort de sa mère. Et ce fut un énorme choc, il perdit d’ailleurs complètement les pédales. A tel point qu’il fut viré de l’armée pour insubordination et refus d’obéir aux ordres.
Il se retrouva alors à New York après toutes ces histoires, il s’était installé là où son père avait fini en prison, tout ça pour pouvoir avoir des réponses à ses questions. Cependant, le gouvernement et la politique américaine étant ce qu’elle est, quand il se fit virer, il n’avait strictement plus rien alors Logan finit à la rue. Pauvre et sans toit, il avait erré dans les rues de New York pendant une ou deux années, le rendant encore plus amer et agressif qu’il l’était avant. Il n’eut pas trop de mal à survivre de cette manière, mais là il n’était plus question de chasser, le seul bétail qui se trouvait dans cette ville était des êtres humains et il n’était clairement pas cannibale. A force de traîner, il finit par découvrir l’existence des gangs et prêt à tout, il n’hésita pas une seule seconde à les rejoindre. C’est ainsi qu’il devint un membre du gang des Night Death. Commençant au plus bas, il finit par montrer de quoi il était capable. Il était un chasseur, alors il allait chasser, mais pas le même genre de bétail. Il allait chasser des hommes qu’on lui chargeait d’éliminer pour de l’argent. C’est ainsi qu’il put se faire une place dans une société dangereuse et complètement illégale, mais il se plaisait ainsi et l’argent était quelque chose qui bizarrement, lui plaisait énormément.
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boris-dalmatien · 6 years ago
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A
qu'est-ce qu'une femme enceinte que perd-t’elle que l'enfant perd-il 
altération de la perception d’une femme enceinte qui ouvre les yeux au soleil pour les refermer sur le monde pour les rouvrir plus tard les lâcher au balcon du nouveau monde aux couleurs absorbées par l’astre éternellement blanc d’un aveugle vert des joncs pâles jaune émeraude livide bleu garçon qui en sera car vous le lui avez obligé d’en être
la grossesse c’est que son rapport à la douleur a changé elle s’assoit sur un étang toutes les formes d’eau sont des enfants un serpent glissant sur l’eau l’envenime elle a mal quelque part elle ne pense pas à elle mais immédiatement à son enfant c’est inconcevable mais c’est elle est prête à se passer de périr s’il le faut son corps lui appartient-il encore
elle prend des livres de son sac elle les envoie à la mer un par un comme elle le ferait dans son bain
- mes autres enfants sont morts celui-là est le premier qui va sortir
-
ça fait mal 
ça fait plus mal de perdre quelqu’un qu’on a connu non
-
je ne les ai connu que de l’intérieur pour le reste je ne m’en souviens pas l’histoire des hommes et des femmes que je n’ai pas porté ne m’intéressent plus
-
comment sont-ils morts
-
puisque tu ne peux pas je vais perdre l’os
le premier est mort dans mon ventre sans raisons il se serait appelé Camil j’aime à penser qu’il avait l’odeur des champs que le vent et le soleil ensemble font gesticuler comme lui circulant des messages étincelants de lui sur la crinière des blés qui habitent ces champs-aux-linges que j’aurai aimé confectionner 
le second est mort-né étranglé par l’homme qui m’accompagnait il se serait appelé Camil je le savais depuis le début donc je n’ai rien fait pour l’en empêcher il a été accouché pour être étranglé il voulait l’étrangler voir ce que ça faisait sur un enfant enfin sur lui d’étrangler un si petit amour je ne sais pas ce que ça lui a fait le jour d’après il a regardé une feuille tomber et il s’est suicidé par la fenêtre de la chambre notre chambre pourtant je l’ai regardé aussi cette feuille peut-être c’est ce qu’il n’a pas supporté que je la vois aussi tomber s’exténuer en prenant tout son temps et devant nous
le troisième est mort violé dans mon ventre on m’a violé en le violant il n’a pas supporté non plus il se serait appelé Camil c’était un sacré protecteur celui-ci qu’est-ce qu’il aurait aimé sa mère à mon avis je n’ai pas grand chose d’autre à dire sur lui à part que vu son tempérament j’en aurais bien fais un dresseur de félins un qui aurait même pu faire s’accoupler deux lions car ils sont pleins de sexe les lions et il l’aurait ordonné en un claquement de langue comme ça devant tout le monde et le monde aurait rugit ça c’est sûr en voyant ça grandiose ça aurait été grandiose
le quatrième n’est jamais sorti il se serait appelé Camil je l’ai tué il était le fils d’un viol je l’ai tué dans mon ventre celui-ci je me souviens un matin j’ai senti qu’il ne pouvait plus grandir alors j’ai compris qu’il fallait un peu de mort pour lui rendre son mouvement il y en a qui naissent prisonnier comme ça comme ça ils ne peuvent pas grandir plus alors on les fait grandir s’élever atteindre des sommets et ils finissent par glisser moi je voulais éviter ça d’un coup un petit coup de couteau au bon endroit sans que ça fasse mal j’ai presque rien senti et le jour d’après il n’y avait plus rien de vivant là-dedans
le cinquième je le voulais il était à peu près normal sauf que le père jamais connu pas eu de rapports avec un homme que des femmes en ce temps-là ou bien je dormais la nuit ça devait être beau comment on me prit comment on m’a prise et ôté de moi-même déraciné de la vie pour la vie déracinée en moi pour un autre moi pour un petit enfant en moi pour que je fleuve pour que je fleuve en deux beaux affluents et un seul être et tout ça la nuit ça devait être beau vraiment beau il fut accouché mort il était mort c’était dans un hôpital un enfant de nuit un enfant de rêve j’ai dû lui attribuer un prénom pour l’acte de décès j’ai aussi décidé de le congeler petit iceberg à moi et sinon je me sentais capable je sais pas celui-là je l’aimais de le garder de l’avoir à mes côtés ou au moins une petite partie ou alors j’aurais voulu connaître la couleur de ses yeux mais cet enfant de nuit dormait il était calme il dormait calme et ses yeux clos ne se sont jamais ouverts on l’a emporté dans la glace pour être certain que personne ne pourrait jamais ouvrir ses yeux jamais ouvrir ses yeux jamais ses yeux ne s’ouvriront pour quelqu’un d’autre que moi et personne n’aura su la couleur qu’ils avaient au moins on me doit bien ça une des infirmières a décidé de son prénom à ma place j’avais pas envie de l’appeler Camil il s’est appelé autrement
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tout ça je veux dire ça ne t’as pas contaminé tu es en bonne santé avec tous ses morts que tu as fais naitre au monde le monde ne les contenait pas avant et maintenant ils ont existé à cause de toi donc tu es contaminé de t’en vouloir enfin tu es malade tu es malade de ventre ton ventre est malade
- je suis ce nuage qui reçoit cette pluie depuis le haut du ciel depuis plus haut que moi et lourd avec elle je ne dois pas la déverser on m’a confié la mission de ne pas la déverser je dois « s’il vous plait » ne pas la déverser mon père m’a dit garde-là pour toi ma soeur ma mère et les autres non-nommés m’ont dis tous dis de ne pas déverser cette fois-là fois-là avant de une prochaine fois je veux dire dans un prochain présent qui n’aura rien à penser de son ancien état qui fut aussi présent parce-que le présent n’a rien à dire de rien surtout pas de son ancienne chute son ancienne trajectoire-pour-l’enfance dans cet état présent je ne pense pas je ne peux comparer prévoir que cela va se passer ainsi et au final je continue il faut continuer pour obéir du nuage chargé d’eau j’irai encore dans la mer par la surface d’abord puis je coulerai jusqu’au fond et là au fond je ne me reposerai pas je reviendrai en haut du ciel par le bas de la terre et je recommencerai en déposant chaque nouvel enfant sur le fond de l’Océan sur le sable au fond de l’océan car je ne dois pas déverser oui celle-là qui mouille derrière ses yeux qui renverse la pluie du nuage et la fait tomber sur lui pour la faire absorber et qu’il ne la déverse jamais qu’il la contienne entièrement et lourd de son fardeau qu’il chute avec elle dans la mer pour aller abandonner son enfant déjà mort le remplir d’eau aussi remplir le déjà-mort pour lutter contre l’oubli l’absence le vide le petit-de-blanc qui sépare chaque mot que je dois prononcer et cette prophétie que je dois accomplir toujours : faire naître faire mourir faire naître et mourir
- allez tu ne comprends rien au ventre et personne n’y comprend rien il faut le vivre il faut être seul
j'exploserais bien toute ces contractions qui se contredisent toutes ces concentrations contre-faites ces contentements irréguliers ces soupirs la tête à l’envers j'expliquerais bien toutes ces lactations mon ventre par troupeau de pas j’exposerais bien toutes ces contagions sincères de profil mais je suis seul je vis ça seul je suis comme à demi-étouffé sans me souvenir d'avoir avaler sans circulation de sang permise qui irait plus loin que le cœur s'inonder sans objets auquel s'accrocher dans le réconfort du monde ambiant qui blesse à visage découvert j'ai mal mon ventre comporte un carré de charbon intacte dont les parois ne souffrent pas la suie je le sens mais il n'est cloué à aucune peau à aucune veine n'observant rien se contentant d'être pour y être pour en être j’aimerais décrocher ma tête et l'envoyer rouler vers un lac dans la mer le reste est retenu au carré et je n'ai pas de pelles pour me creuser un trou avec mes bras j'ai renoncé j'ai mis ma ceinture de silence pour que mon pantalon ne fit de bruit tous les jours tu sais 
tu penses qu’elle acceptera de le voir celui-ci il faut déjà qu’il arrête les oboles poussifs tous ces dons à l’existence à la fin pourquoi autant faire naître elle a mal au ventre celui-ci le sait regarde comme il la regarde regarde comment sa tête penche sur le côté blond l’enfant sait sur sa mère regarde ses yeux ne tournent plus elle s’en rappelle avec tant de goûts cette blondeur qui se tourne elle en a tellement prise elle s’en rappelle tant dans son ventre que si jamais un venait à naître il aurait des couteaux de pailles au ventre il serait seul à palpiter sa solitude ne se comparerait à aucune autre il serait au futur il ressemblerait à un contralto tendre finalement dans son lit au chaud dormant il ne s’endormirait jamais il serait toujours différent il ne se verrait jamais il ne sera jamais bien né il ne finira jamais par l’être il serait peut-être très dangereux d’autant qu’il ne pourrait souvent pas parler et il ne faudrait jamais le regarder du coin de l’oeil il faudrait vraiment cesser de le regarder du coin de l’oeil car il ne serait pas capable vraiment pas capable de le supporter il aurait combien de soeurs il n’en parlerait que d’une il n’aurait qu’un être mais en endurerait trop il ramperait sur le dos il devrait respirer avec son ventre il ne voudrait pas qui serait-t’il donc 
il aura pris mon parcours accomplissant la douleur d’une vie se tenant bien loin des pères et des hommes-pères il aura mal au ventre il tremblera presque toujours il pourra mourir d’un moment à l’autre et il ne s’en étonnerait pas il pourrait finir après tout pourrait aller lentement il pourrait respirer en vidant ses côtes il pourrait se gonfler il aurait sa gorge il aurait sa tête il aurait mal tout y participerait pensez imaginez quatre-vingt-dix couchers de soleil règles dans tous les sens corbeaux groupées qui font le bruit des corbeaux dans un banc de neige il y aurait juste lui qui n’aurait pas même envie de mourir qui ne voudrait plus il ne penserait plus il aurait juste mal au ventre si mal au ventre il ne serait plus il ne serait plus qu’un mal de ventre il ne serait plus qu’un mal de ventre il ne serait plus qu’un mal de ventre et il aimerait en touchant une lettre écrire un mot il aimerait encore en prononçant son prénom enterrer son ventre au son de ce couplet arraché il aimerait voir le vide nouvellement conçu le vide du ventre fantôme à côté de lui moi à côté de lui mais je serais là pour le hanter au ventre et ne partirais jamais sur ses parois je marcherais comme sous l’eau sur le sable où reposent tous les autres enfants tous les autres frères toutes les autres soeurs dont n’est connu pas même la couleur des yeux
tandis qu’elle parle il écoute et pense à ceux qui marchent encore sous la neige le corps puisant les ultimes ressources face à la neige et les corbeaux qui sont beaucoup des oiseaux morts et les gens qui se concentrent et le froid il comprend
il écoute
-
mais face à sa face au ventre face à une situation dans laquelle il serait remplacé par un ventre par un ventre qui ne se repose pas face à un ventre qui est un miroir de corbeaux s’entrechoquant se mourant se définissant se blanchissant se saignant comme ce qu’ils ne sont pas se dédisant combien aimerait-il vivre se transporter de la veille au réveil en découvrant un nouvel être par-delà une longue traversée impossible néanmoins faire le lien en lui sur le brancard assis mais sur un brancard debout mais sur un brancard mort plus vivant qu’un mort mais plus triste de la mort plus envieux de mourir plus proche de la mort que personne les morts mes morts les mêmes morts ne sont aussi proches de la même mort que celui qui unirait en lui mort et vie celui qui dans la vie arriverait à sentir la mort arriverait à combattre celui qui refuserait de vivre car refuserait de faire une vie avec la mort celui-ci aura été planté pour ne pas faire de bouquet dans la roche on l’aura trouvé avec une tige de mort après une tige de vie et les deux pourquoi ils sont ensemble dans un seul être qui arrive à sentir la mort à la ressentir non ce n’est pas un état agréable non ce n’est pas là qu’il y trouvera du repos il est un poème elle l’est
ici les fleurs mangent 
de l’eau salée
les crues décousues
attendent l’enfant qui gémit
                                   cruel
puisqu’il saute le danger agrippait
tu n’étais pas obligé
                                    de mourir
pour être mon fils
-
les enfants emportent-ils arrivent frais éclos au monde autant que le prisonnier se pend par sa ceinture achetée moyennant la location de ses veines de sang que les piqures hérissent de fossés ultraviolets alors que la chair de l’enfant se teint de froid
je me rappelle avoir été fils puis père puis un jour je serais grand-père le pire advint lorsque je fus père la paternité retrouvée me remit en bouche ce que j’avais depuis longtemps éjecté au loin dans un autre trou l’amertume de l’éjaculation masculine les assiettes brisées contre chaque mur de fait baptisés les hurlements de mon père que le vent semblait avoir désigné comme messager et fidèle écho de chacun de ses meurtres tout ce qu’il portera je l’ai porté aussi j’ai été fils j’ai été père j’espère ne jamais être grand-père
un autre enfant est dans le coma elle ne l’a pas dit hier encore elle lui a écrit une lettre 
“t’avoir c’est comme posséder une couleur qu’on garderait en soi tenir une seule idée du bleu par la main la seule que je possède et la seule qui restera tu comprends toi les paupières achevées t’en croises des couleurs par-dessus t’en devines tous les jours et partout et tout le temps t'en rencontres si bien que tu ne peux même les évoquer les révoquer tu sais rien faire tu peux rien faire tu te contrôles pas je le se sais bien et toi-même d’ailleurs t'es une couleur mais seulement incapable de me regarder avec ces deux yeux-là de les jeter dans les miens et de me raconter ta couleur ta couleur-enfant-des-yeux qui se rassurerait en moi à chaque et chaque brûlure du soleil sur la nuit qui se réconforterait en apercevant à travers tes lucarnes d’ardoise miroiter ton propre reflet dans les yeux envolés de sa maman tu y découvrirais toujours le bleu que tu aimes le bleu que tu as choisi d’aimer parmi tant d’autres tu n’aurais jamais peur car tu me regarderais et tu me trouverais toute bleue toute bleue du bleu que tu aimes et que j’aimerais avec toi le bleu qui n'animerait que toi et moi j'en suis sûr à pas de velours quand venu le moment de l’amour au moment où tous les autres se prépareraient à disparaître dans leur sommeil respectifs toi et moi on partirait dans nos contrées bleus je t’aimerais à n’en plus finir toi le bleu c’est le bleu il sera à toi et jamais personne ne pourra te l'enlever vous serez liés quoi comme deux proches deux feuilles d’un même hiver d’un même arbre prêtes à s’écrouler l’une avec l’autre tu vois non tu vois pas je vois bien que tu ne me suis pas je raconte que ce que tu saurais seul dans mes yeux si tu te réveillais ou t’éveillerais tu es vivant tu es mort qu’es-tu dis moi seulement et je m’accorderais je trouverais la couleur qui te faut je trouverais un moyen de me glisser derrière la paupière pour te regarder pour que tu me regardes te regarder pour que tu me vois être là car quand t’auras connu un bleu comme ça t'auras plus d'absence ça sera ton rêve à toi tout seul et ton domaine d'exploration ton grand vase dans ton grand jardin dans ton grand océan dans ton grand parc où tu ne te concentreras pas ton grand immeuble de béton protecteur pour jouer et tout grand qu’ils sont forts de leur grandeur ils se pencheront tous les soirs juste avant la fin des jours qui viendront et ils te crieront qu’ils t'aiment partout il y en aura partout il faudra l'avoir vu je te jure enfin tu le sais toi mon bleu que je cache tu sais tout tu sauras tout quand tu me regarderas enfin bleu dans le bleu que tu voudras je serai ton bleu tu seras mon bleu mais j'ai peur de ne plus te rencontrer qu'en reflet sur ces vases sur ces jardins sur ces immeubles sur ces domaines qui concentreront sur ces océans j’ai peur que tu ne sois qu’un inconnu sans prénom sans substance sans amour sans couleur quoi j’ai peur de ne te rencontrer qu’au détour d’un couloir grimpant au noir auquel tu t'accrocheras pour me faire souffrir car moi tu le sais je peux pas tomber je peux pas tomber avec toi je peux pas mourir j’essaye pas mais je peux pas tu le sais ça tu me connais toi bleu alors maintenant sors du coma regarde-moi et rappelle-toi de mon prénom sur tes lèvres que je les embrasse car grand bleu je n'aime que toi c'est ma façon à moi de le dire pour que tu le saches avant que tu partes rappelles-toi il faut adapter de manière présente ce qu'on pense surtout si c'est un bleu qu'on aime comme rien tu attends quoi encore de moi j'irai déblayer ta chambre dans chaque rue je la transporterai et je m'y étendrai sans penser sur ton lit sous ton grand corps de grand bleu qui sera à tous comme personne ne l’est et qu’on se partagera chaudement comme la terre j'espère seulement que les autres te feront du bien bleu je pars maman
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sophieetantoine · 8 years ago
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Trek W dans le parc des Torres del Paine
Holà !
On a trouvé quelqu’un avec un chargeur pour la mac, on a donc de la batterie pour écrire un article !
 Nous voici donc arrivés à Puerto Natales, camp de base pour le Parc National de Torres Del Paine où nous avons prévus de réaliser le trek « W ». Ce parc fait parti des plus réputés pour le trekking en Patagonie et il est donc très prisé. Lorsqu’on était encore à Ilha Grande (Brésil) on avait profité du mauvais temps pour faire un point sur la suite de notre voyage et notamment la Patagonie. On savait qu’on allait arriver en pleine saison et au détour d’un des multiples blogs/forums, on est tombés sur une information capitale pour nous. Afin de limiter la fréquentation dans le parc, il est désormais nécessaire de réserver les campings à l’avance. Les campings gratuits étaient déjà pleins jusqu’au 23 février (on était le 5 décembre) on a donc du se rabattre sur les campings payants mais au moins on avait nos réservations ! Bien nous en a pris puisque arrivés à Puerto Natales, on est tombés sur des gens qui ne pouvaient pas faire le W faute de réservation et un panneau au bureau des rangers du parc nous l’a confirmé.
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Avant de se lancer dans un trek de 5 jours et 76 km en autonomie (mon premier (Antoine)), on a prévu une journée provision/équipement. Dans le bus nous amenant à Puerto Natales, on a fait les menus des différents jours afin de ne pas perdre de temps au supermarché. Pain, fromage, jambon, riz, pâtes… voilà l’essentiel de notre alimentation pour les 5 jours. Après la nourriture, il faut s’occuper de l’équipement. C’est-à-dire 1 tente, 2 sacs de couchage, 2 matelas, 1 réchaud, 2 paires de bâtons de randonnées. On passe 3h à faire le tour des magasins et on fait face à un gros dilemme ! Acheter ou louer… Lors de la préparation de ce TDM, on a fait le choix de partir avec les sacs les plus légers possible et donc pas de gros duvets, de tente ou de matelas. 2 mois plus tard, les prix des auberges dans lesquelles on dort et les tarifs argentins nous font nous dire qu’on aurait peut-être du partir avec tout l’équipement. D’autant plus qu’on a prévu pas mal de trek sur le voyage. On hésite, on hésite… et finalement on loue en se disant que ce serait trop bête d’acheter maintenant et d’être dégouté après 5 jours de trek. De retour à l’auberge, inventaire, chargement des sacs (ils pèsent une tonne !)  et on se couche tôt. Sachant que j’ai (Antoine) une bonne crève, j’avoue que je ne suis pas trop rassuré à l’idée de me taper 76 km avec 20 kg sur le dos mais hors de question de renoncer !
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Le lendemain, réveil à 6h, un gros petit déjeuner et nous voilà partis. On est loin d’être les seuls. Environ 6 bus complets prennent la route du parc. Après 2h de trajet, le Cerro Paine Grande (3 050 m) et les Torres Del Paine (2 800 m) commencent à se détacher de la pampa patagonienne. La fin du trajet est superbe et on a hâte d’être dans le parc mais avant cela il faut, faire la queue pour payer l’entrée du parc, écouter le discours des rangers sur les règles du parc, reprendre un deuxième bus et enfin un bateau qui nous amènera au refuge Paine Grande, notre point de départ. La première journée, ne démarre donc qu’à 13h00 !
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Le trek démarre près du lago Péhoé dont les eaux turquoises sont balayées par le vent. On avance dans le fond d’une vallée avant d’arriver à un premier point de vue d’où l’on peut surtout admirer l’imposant Cerro Paine Grande. La marche se poursuit au travers des arbres calcinés par l’incendie de 2012. Un touriste avait brulé son PQ... Résultat, un immense incendie qui a touché une grande partie du parc et un traumatisme pour les rangers. 
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Très vite, on aperçoit notre premier Growler (petit iceberg), signe qu’on se rapproche du Glacier Grey. Pour ce premier jour, le poids du sac se fait vite sentir et les pauses sont les bienvenues pour décharger les épaules ! On arrive finalement au premier mirador du glacier et là, première claque ! Devant nous un immense glacier qui ne semble pas en finir. 
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Le vent est toujours bien présent et on peine parfois à rester sur nos deux pieds ! On continue notre route et on arrive finalement au camping Grey après 3h de marche. On choisit notre emplacement et opération montage de tente. On ne s’en sort pas trop mal. Sophie guide les opérations. La préparation de notre de notre diner est interrompue par l’arrivée de Zorros (gros renard de patagonie). On se couche bien emmitoufflés. Les courbatures aux trapèzes annoncent une journée difficile demain.
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 Après une nuit pluvieuse et pas des plus confortables, on se réveille tranquillement. Direction la cuisine afin de prendre un bon petit déjeuner. Notre café en fait rêver certains ! Le programme du jour n’est pas très compliqué : c’est la même chose qu’hier en sens inverse. Du coup on se dit qu’on va aller voir le glacier Grey de plus près avant de repartir. Après un premier mirador avec une vue magnifique, on décide de se rajouter 2h de marche afin d’avoir une vue en surplomb du glacier. On passe un premier pont suspendu pour le plus grand plaisir de Sophie. Arrivés au chemin d’accès pour le mirador, celui-ci est fermé. Grosse déception. On décide de poursuivre encore plus loin et finalement on arrive en ligne de crête avec une vue imprenable sur le glacier !
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 J’aimerais bien pousser plus loin mais, le deuxième pont suspendu ne tente vraiment pas Sophie et il est temps de rebrousser chemin si on veut arriver au camping ce soir. On mange au camping Grey et on repart avec les sacs. 2h40 au retour ! On améliore notre temps de référence. C’est vrai qu’avec le vent dans le dos, c’est plus simple ! Arrivés au camping, on constate que celui-ci est en plein vent … On part donc à la recherche de l’emplacement le plus à l’abri et on jette notre dévolu sur un bout de terrain collé à la montagne. Ce soir c’est 2 Zorros et plusieurs lapins géants qui feront l’attraction. Douche, purée jambon et au lit. La journée de demain s’annonce autrement plus compliquée que les 2 premiers jours. 25 km, une dizaine d’heures de marche et 750 m de dénivelé !
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 Le lendemain on se réveille encore plus courbaturés que la veille. Le sol n’était pas des plus confortable ! Une fois le petit déjeuner avalé, on ne traîne pas. La première portion se fait le long du lac dans la zone touchée par l’incendie de 2012. Les arbres brulés donnent parfois une impression de fin du monde. On arrive au Camping Italiano où l’on pose nos sacs : la vallée dos Francès nous attend ! Ca grimpe assez sec parmi les cailloux, mais comme toujours la vue récompense l’effort ! En face de nous un immense glacier accroché aux montagnes. C’est grand, menaçant, puissant ! De l’autre côté en regardant une vue magnifique de la vallée avec un lac d’un bleu irréel…
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Et c’est pas fini ! Après une pause pique-nique interrompue par la visite à quelques mètres de nous d’une biche pas farouche, nous traversons une forêt qui semble magique. Nos genoux sont mis à rude épreuve car ça monte et redescend au gré des ruisseaux qui la traversent. Arrivés au point de vue Britannico tout en haut on a de la chance : le ciel c’est dégagé et nous profitons de la vue à 360 sous le soleil. C’est beau…
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On redescend, on récupère nos sacs et on attaque la dernière partie. Ca commence à devenir un peu difficile après le km 20. La fatigue se fait sentir et la grosse colline à gravir/redescendre pour accéder au camping Cuernos ainsi que les bourrasques de vent qui nous font trébucher aurait presque raison de notre moral… Presque seulement, parce qu’on marche dans une carte postale ! On longe des plages de galets, la couleur du lac est splendide et le vent, en tourbillonnant à la surface de l’eau créé des gouttelettes… et avec le soleil, Bim, on a le droit à des arcs-en-ciel !
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Monter la tente s’avère être sportif, le vent est VRAIMENT déchainé ce soir et en plus les emplacements sont des plateformes en bois, il faut donc clouer la tente avec des vieux clous tous tordus. Ce camping payé très très cher (pas le choix, les autres étaient pleins et on aurait pas pu faire plus de bornes aujourd’hui !) comprenait néanmoins un diner, petit dèj et une lunch box. On a le droit a un bon repas chaud, avec entrée plat dessert, de la viande et on se paye même une petite bière. Le grand luxe !
 Le jour 4 c’est la journée récupération : seulement 11km, assez plats, on met moins de 4h à arriver au camping de las Torre Central. Fingers in the nose ! Il y a là encore quelques beaux points de vue sur le lac, des rivières translucides pour recharger en eau et… du vent. Ah oui, tout le monde nous avait prévenu : la seule constante dans le parc, c’est le vent. Sinon « don’t ask about weather, this is Patagonia » !
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Et aujourd’hui on est content, il fait super beau. On est même en T-shirt à monter la tente, et on s’imagine passer notre aprem libre à dormir au soleil… Haha. Juste après le pique-nique, en 5 minutes le ciel se couvre, puis 5 minutes plus tard il pleut… et ce jusqu’au lendemain matin ! On est bloqué dans la tente qui devient de plus en plus humide, Antoine prépare le diner sous la pluie, puis voyant que la tente prend l’eau par le dessous on décide en catastrophe de changer d’emplacement pour un autre qui semble plus protégé. Puis retour sous la tente, trempés, gelés et un peu dépités. Y’a plus qu’à essayer de dormir…
Initialement on avait mis le réveil à 6h pour pouvoir monter très tôt aux fameuses Torres del Paine (tours qui donnent leur nom au parc). Mais quand il sonne il pleut toujours, il fait froid, j’ai pas beaucoup dormi et honnêtement l’idée de plier la tente sous la pluie et de commencer la journée trempée est au dessus de mes forces ! Heureusement passé 8 heures le soleil se pointe, les oiseaux chantent et la chaleur revient ! On a l’impression que la vie reprend (en tout cas dans le camping on est pas les seuls à avoir attendu l’accalmie !)
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On commence la montée jusqu’au refuge Chileno qu’on fera en un temps record, au début pour doubler les groupes de touristes venus en car et ensuite parce qu’on garde le rythme. La seconde partie est plus tranquille jusqu’au campement Torres où l’on laisse nos sacs. La dernière portion est très raide et pendant toute la montée une question : va-t’on les voir ? En effet les tours sont très capricieuses et beaucoup de personnes grimpent les 900m de dénivelés pour ne rien apercevoir du tout car elles sont dans les nuages. Pour nous tout va bien (pour le moment). Les 3 Torres sont là, majestueuses, surplombant un petit lac. On comprend pourquoi elles sont connues, c’est vraiment grandiose ! On fait quelques photos, on est ravis. Et…. 10 minutes plus tard plus rien. Nada ! Il s’est mis à neiger, et elles ont disparu !!! On mange nos sandwichs en espérant qu’elles réapparaissent (Antoine est dèg, il n’a pas filmé quand on les voyait bien !) Pour ma part à l’arrêt et sous la neige, je meurs de froid donc je redescends vite. Antoine reste sur place, ce qui lui permet de les voir à nouveau 30 min plus tard.
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Cette ascension rapide + le froid + les 5 jours de marche nous ont quand même bien crevé. On se fait une pause au chaud au refuge de Chileno. De la bière, du chocolat, des fruits secs et on se sent d’attaque pour finir la descente.
 Et voilà, le W du Torres del Paine, check ! Ces 5 jours en autonomie, 90km parcourus ont été vraiment géniaux… On a hâte de recommencer ! Après une nuit dans un VRAI lit et du repos évidemment.
 Bises à tous, on va dormiiirzzzz zz z z
 Antoine et Sophie
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kaleiyasims · 6 years ago
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Chapitre 21 : Résistance
Face à cette nuit étrange et cette arrivée de démons un peu partout, la panique régnait dans le monde, la majorité ne sachant comment réagir face à ces créatures surnaturelles aussi affreuses qu’hostiles. Personne ne semblait capable d’enrayer cette vague maléfique qui déferlait…
Cependant, certains ne comptaient pas se laisser faire, à commencer par les habitants de Forgotten Hollow, bastion des vampires depuis des décennies et qu’eux, ainsi que leurs alliés surnaturels, n’avaient aucune intention de laisser derrière sans se battre pour le conserver, même si cela devait se finir en combat à mort.
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Lilith Vatore était très motivée à défendre ce lieu car elle y était née et tout ce à quoi elle tenait s’y trouvait : sa maison, ses lieux préférés, ses souvenirs d’enfance aux côtés de son père et, surtout, son frère Caleb. Donc ce ne sera pas un sale démon hargneux qui allait la chasser d’ici !
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—Bravo sœurette ! l’applaudit Caleb après qu’elle ait vaincu son dernier adversaire. Tu m’as battu ! Ça fait huit à cinq du coup.
—Ça risque encore de changer au rythme auquel ces saletés se pointent ! s’exclama-t-elle après que son ennemie se soit évanouie au sol. Ils sortent d’où au juste ?!
Si ça continuait, ils allaient les avoir à l’usure et Lilith se doutait bien qu’avec une telle cadence, elle et Caleb n’allaient pas tenir très longtemps. Il fallait réussir à les repousser une bonne fois pour toutes mais comment ?
Soudain, elle réalisa qu’une présence hostile s’était approchée d’elle à son insu, profitant de sa fatigue… puis un vampire qu’elle exécrait par-dessus tout la poussa sur le côté, attrapant son assaillant par la nuque avec une poigne solide.
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—Je peux savoir ce que vous fichez à bailler aux corneilles ?! s’exclama Straud en resserrant sa prise sur sa victime. Restez sur vos gardes ! Ces vermines sont de sales petits opportunistes qui s’abaissent à tous les coups bas qu’ils peuvent !
—Heu… Oui Straud !
Il allait y avoir une tempête sur Forgotten Hollow : Vladislaus Straud, leur ennemi juré, venait de leur sauver la peau. Un jour à marquer d’une pierre blanche…
D’ailleurs, Lilith Vatore n’avait pas tort en suspectant une météo défavorable dans les prochaines minutes car dans une autre partie de la ville, d’autres démons avaient cerné ce qu’ils pensaient être une simple mortelle, attirant sur eux l’attention de quelqu’un d’autre qui était bien déterminé à leur botter les fesses.
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—Hey ! s’exclama Colombine en prenant son bâton en main. Deux contre une, ce n’est pas équitable ! Essayez donc de me vaincre si vous êtes si forts !
—Ah ! Mais je n’avais pas besoin d’aide tu sais…
Colombine fut d’abord intriguée par la remarque de la jeune femme… avant que celle-ci ne change d’apparence, faisant chuter la température au même moment et lui faisant comprendre que cette fille n’était probablement pas sans défense.
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—Hein ?! fit un des démons, surpris. J’croyais que c’était une humaine moi ?!
—Moi ? Humaine ? répliqua Kate Frost sur un ton acide avant de partir dans un rire qui leur glaça le sang. C’est d’un ennui ces démons de seconde zone…
Dans un coin de sa tête, Colombine se disait qu’elle ferait peut-être mieux de déguerpir d’ici car cette fille semblait plus coriace qu’elle… mais elle se ravisa car, là, ce n’était pas dans son intérêt de fuir et de courir le risque d’être coincée par un plus grand groupe de démons mineurs.
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—Tu prends qui la nouvelle ? demanda Kate Frost avant de lâcher un soupir blasé. J’ai pas de préférence vu qu’ils ne vont amener aucun challenge….
—Moi non plus tu sais… répondit Colombine qui ne savait guère comment se comporter aux côtés de celle qui n’était manifestement pas un démon vu son aura glaçante.
—L’usage ici est de taper puis de discuter après mais, personnellement, je préfère congeler puis disséquer quand ça me tape sur les nerfs. Oh et bienvenue à Forgotten Hollow.
—Merci…
Autant dire que Colombine comptait bien ne pas se mettre son comité d’accueil à dos… surtout en voyant de la glace se former sous les pieds de Kate Frost.
Parmi la résistance contre ces démons, le quartier asiatique de Newcrest pouvait se targuer d’avoir les combattants les mieux formés à lutter contre eux. Lorsque ceux-ci apparurent sur le terrain du Matsuri, Momoko et Yamato réagirent instantanément en attrapant leurs katanas et en allant protéger la seule civile présente.
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—Mais d’où sortent-ils ?! s’étonna Momoko qui reconnut ces démons comme étant du même acabit que ceux qu’ils avaient affrontés avec Ezekiel.
—Nous nous en soucierons après que nous leur ayons montré qui commande ici, déclara Yamato, prêt à leur régler leur compte. Quant à vous mademoiselle, il serait préférable que vous alliez vous mettre à l’abri.
—D’a-accord… fit Erika en grimaçant.
Sincèrement, Erika Muerte était très partagée. D’une part, elle regrettait amèrement d’être venue chercher son téléphone qu’elle avait oublié et d’autre part, ce samouraï était plutôt mignon et elle avait très envie de savoir s’il était célibataire… ainsi que découvrir à quoi il ressemblait sans le kimono.
A Oasis Springs, Iowa et cette fille mystérieuse avaient réussi à se cacher dans les toilettes avant d’être vus et, en tendant l’oreille, il s’aperçut que les démons n’avaient peut-être pas bougé, ce qui intriguait un peu le professeur.
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—Etrange qu’ils ne viennent pas par ici, dit-il à voix basse en gardant un œil sur la porte. On dirait qu’ils sont restés dans l’entrée.
—Le sarcophage d’Isis en est surement la cause, répondit l’inconnue, pensive. Il sent la présence des démons et doit probablement les maintenir à distance pour ne pas qu’ils ne pillent cet endroit mais je ne sais pas combien de temps il tiendra seul.
En entendant cela, Iowa réalisa soudainement pourquoi cette fille lui rappelait quelqu’un… ou plutôt, pourquoi elle lui évoquait deux personnes qui n’étaient plus de ce monde.
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—Vous êtes une Sahara, c’est ça ? supposa-t-il, estimant que c’était la seule réponse possible au fait qu’elle sache ce qu’était ce sarcophage.
—Je m’appelle Soraya, se présenta-t-elle. Pour les explications, je vous propose, si on sort d’ici vivants, de vous les offrir autour d’un verre.
—Entendu. Par contre, même si ce n’est pas ma première rencontre avec le surnaturel, mes connaissances dans le domaine sont très limitées…
—Tant que vous pouvez suivre mes pas de danse ça m’ira… et aussi que vous vous retourniez le temps que je me change.
Iowa comprit mieux pourquoi elle avait un grand sac avec elle en la voyant sortir une perruque et ce qui ressemblait fort à une tenue de cérémonie qu’il avait pu voir dans un document trouvé dans les archives d’Heaven. Il fit donc face à la porte le temps nécessaire bien qu’étant homosexuel, il savait très bien que Soraya allait le laisser de marbre – et puis bon, il avait son petit copain qui, s’il n’était pas en train de s’abîmer les yeux sur son écran d’ordinateur, devait être en train de dormir dans leur chambre d’hôtel si tout se passait bien.
Du côté de Brindleton Bay, combattre des démons était plus compliqué pour Salazar et Billy, tous deux étant dotés de pouvoirs qui étaient plus inoffensifs qu’autre chose. Leur seule option était donc la fuite pure et simple pour pouvoir distancer leurs poursuivants… ce qui n’était pas gagné.
Cependant, le plus âgé des deux eut une idée et, au lieu de partir en direction de la rivière et de la forêt, il bifurqua pour prendre le sentier menant à l’étang, le tout en espérant au plus profond de lui qu’une certaine personne n’était pas partie en douce pour faire on ne sait quoi et qu’elle était soit en train de jardiner, soit en train de dormir – tant qu’elle était chez elle, son idée pouvait fonctionner. Il continua de courir, dépassant l’arbre aux fleurs roses qui avait cette fâcheuse manie de briller la nuit.
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—Sal’ ! hurla Billy derrière lui. Mais qu’est-ce que tu fiches ?! Tu les attires chez nous !
—Pas exactement ! répliqua Salazar en s’arrêtant brutalement. Nous sommes arrivés !
—HEIN ?!
Son collègue et ami le fixa avec de grands yeux ronds, pensant clairement qu’il était devenu fou, avant de pousser un soupir résigné quand leurs poursuivants se montrèrent à leur tour, marchant sur les fleurs se trouvant sur leur passage.
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—Bon ben ça y est mon pote, on est morts ! s’exclama Billy en haussant les épaules. Ravi de t’av-
—Je t’assure que nous avons encore de beaux jours devant nous, le coupa Salazar avec un sourire quelque peu malicieux. Tu te souviens de la fois où tu as voulu offrir des fleurs à Jaimie ?
—La plus belle femme de l’univers ? Comment oublier ces yeux bleus comme un ciel sans nuages, ce rire qui résonne encore plus que du cristal, s-
Puis soudain, son ami venait de comprendre ce qu’il se tramait, son teint venant de blêmir en se remémorant ce fameux jour où il s’était attiré le courroux de la maîtresse des lieux…
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—Oh non… lâcha Billy dont les yeux marrons virent que leurs poursuivants avaient écrasé une bonne dizaine d’iris. Si moi elle avait tenté de m’étrangler avec des rosiers pour une fleur coupée, alors eux…
—Tu as compris à ce que je vois, s’en amusa Salazar qui se souvenait bien du jour où son ami avait vu sa vie défiler devant ses yeux.
—T’es le pire d’entre nous en fait ! Je comprends mieux maintenant pourquoi elle te traite de filou !
Heureusement qu’il en était un car autrement, le nombre de muses aurait déjà été réduit de moitié…
Les deux démons, n’ayant aucune connaissance des dangers de ce lieu, avaient piétinés nombre de fleurs sur leur passage et l’un d’eux, pensant que leurs futures victimes avaient compris qu’elles étaient fichues, avait même été jusqu’à arracher d’un coup sec un arbuste qui avait été fraichement planté juste pour le plaisir de tout saccager. Seulement, ils n’allaient pas tarder à en payer le prix car en faisant cela, ils avaient attiré sur eux le courroux de la propriétaire du jardin…
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—Que ?! fit un des démons en jetant un œil an arrière. Il était là ce mur végétal ?
—Qu’est-ce que j’en sais ? répliqua l’autre, trop confiant. Moi j’ai hâte de leur tordre l-
Brusquement, d’autres murs de rosiers se dressèrent tout autour d’eux, cela jusqu’à les isoler totalement. D’abord surpris de ce phénomène, ils tentèrent de passer au travers mais les épines s’y trouvant étaient particulièrement solides et pointues, comme si infusées de magie.
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Alors qu’ils se demandaient comment sortir de là, un petit rire très agaçant attira leur attention : quelqu’un était avec eux.
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—Tu es qui toi au juste ?! fit l’un d’eux. D’où tu sors ?!
—Hi hi hi… répondit leur adversaire avec un sourire mauvais. Voyez-vous, de base, j’aime pas du tout les démons mais certains de vos pairs avaient… redoré votre image ? Pour faire simple, j’en étais venue à vous tolérer tant que vous respectiez un minimum les règles de bon voisinage…
Vu leurs têtes, ils ne savaient clairement pas où ils étaient tombés… et vu que ces saletés avaient sciemment détruit une partie de son ouvrage sans en exprimer le moindre remord, la diplomatie pouvait être jetée aux oubliettes au profit de la loi du Talion. Après tout, c’était la règle que sa sœur et elle appliquait en cas d’accrochage avec un démon à Brindleton Bay : pas de quartier !
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—J’suis p’ete pas avantagée la nuit mais ici, bande de nazes, c’est chez moi ! lança Fairy avec un grand sourire. Bye bye !
D’un claquement de doigts, elle fit surgir des branches épineuses qui entourèrent les deux démons avant de prendre de l’ampleur… devenant progressivement un énorme rosier qui piégea ses victimes dans ses branches et ses feuilles, étouffant leurs cris en ne leur laissant aucune échappatoire possible et les condamnant à finir comme engrais pour ses plantes.
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Une fois que le rosier eut entièrement absorbé les démons, Fairy renvoya ses barrières végétales dans le sol puis, jetant un regard noir à ses deux camarades, vint les rejoindre pour comprendre ce qu’ils avaient bien pu faire pour attirer ces deux saletés chez elle.
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—Je peux savoir lequel de vous deux a eu la brillante idée de me réveiller en fanfare avec ces trucs ?! fit-elle en désignant le rosier avec lequel elle s’en était débarrassée.
—Salazar, dénonça Billy.
—J’aurais dû me douter que c’était ton plan Moustache…
—Excuse-moi d’avoir voulu sauver nos peaux, répliqua Salazar, peu impressionné par Fairy. Au cas où tu l’aurais oublié, aucun de nous ne peut faire ce que tu fais, surtout qu’aucun de nous n’avait vu de démon ici depuis notre installation.
—Donc j’vais devoir ratisser la ville pour voir si y a d’autres saletés de ce genre et les virer avant qu’ils ne saccagent tout ! J’oublierai que tu les as attirés chez moi si tu me fais mon plat préféré !
—Vendu ! Billy te racontera des blagues pendant que tu manges.
C’était honnête comme échange… surtout qu’elle allait avoir du taf en perspective pour se débarrasser de tous les démons qui pouvaient représenter un danger à Brindleton Bay. Le bon côté, c’était que la végétation allait très bien se porter cette année une fois qu’elle aura fini son ménage…
A Windenburg, Belthelda, à sa grande surprise, avait réussi à survivre à Ezekiel, probablement grâce à sa constitution d’ogresse qui restait plus solide que celle de beaucoup de démons, faisant qu’elle avait juste dû rester un bon moment dans les vapes vu qu’il faisait nuit. Cependant, vu comme elle avait du mal à respirer, elle avait sacrément morflé et devait se nourrir au plus vite si elle voulait récupérer.
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Seulement, elle avait un petit souci en la personne de deux démons de bas étages qui semblaient très tentés à l’idée de se débarrasser d’un de leurs principaux prédateurs.
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—Combien tu penses qu’elle a mangé des nôtres celle-là ?
—C’est une ogresse donc des centaines ! Tout ça pour une question de chaine alimentaire…
Si les ogres ne faisaient pas de temps en temps un petit buffet de ce type de démons, le nombre de raids à travers le monde serait bien plus élevé qu’il ne l’était actuellement et les guerres contre les créatures surnaturelles auraient repris de plus belle. De toute façon, ces petits démons de bas étage n’avaient généralement rien dans la tête et pensaient plus à foutre le souk pour leur propre plaisir qu’autre chose, ce qui les mettaient au même niveau que les gobelins, c’est-à-dire dans les créatures surnaturelles dites nuisibles et qu’il ne fallait surtout pas laisser proliférer.
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—On fait quoi en premier ? On lui arrache la tête ?
—Et si o- Gnéé….
Qu’est-ce que… Un truc bizarre était en train de se produire apparemment car le premier démon trouvait étrange que son compère devienne soudainement amorphe. Seulement, au moment où Belthelda vit l’autre démon encore frais changer d’attitude, elle se demanda sérieusement ce qu’il se passait.
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—Un Mississipi, deux Mississipi…
—… et la poule picorait du pain dur pendant qu’il se roulait par terre depuis quatorze minutes après qu’un moucheron l’ait effleuré à la joue…
—D’accord… fit l’ogresse, stupéfaite. Je sais pas ce que vous avez mais c’est en train de me couper l’appétit…
—Ce n’est pas contagieux ce qu’ils ont.
Cette voix… Belthelda ouvrit grand les narines, réalisant qu’elle avait manqué cette odeur de mort si caractéristique des vampires, l’ennemi naturel des ogres. Seulement, elle était ponctuée par un léger parfum de bois de santal mêlé à une fragrance quelque peu anisée qui était typique du seul suceur de sang avec lequel elle s’entendait bien – il devait d’ailleurs être accompagné car il n’y avait aucune chance pour que ce soit lui qui sente ainsi les agrumes. Elle eut confirmation que son odorat ne l’avait pas trompée quand elle vit une vieille connaissance de Forgotten Hollow.
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—T’as l’air en forme depuis la dernière fois, fit-elle remarquer en constatant que son camarade avait adopté un style vestimentaire plus actuel bien que gardant une certaine classe. Ca fait quoi… deux ans ?
—A peu près oui, confirma-t-il avec un léger sourire amusé. J’avoue que je n’aurais jamais pensé devoir un jour te tirer d’affaire vu le nombre de bagarres que tu gagnais à la sortie de l’Outre-Tombe.
—Quelqu’un m’a affaiblie et ces deux là voulaient en profiter. Pour la peine, ils vont me servir de dîner car là, j’ai vraiment besoin de récupérer.
—Dès qu’elle aura terminé, ils seront tout à toi.
En tournant la tête vers leurs deux démons, Belthelda vit que la deuxième vampire avait attrapé un des deux démons sous hypnose et était en train… de quoi au juste ? Ca ne sentait pas le sang…
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—Elle fait quoi au juste ? demanda l’ogresse, intriguée.
—Elle leur pique quelques ténèbres, répondit son vieil ami l’air de rien. Je suis surpris que Kate n’ait dit à personne que tu avais déménagé ici. Vous n’étiez pas proches j’imagine…
—Kate ? C’est qui ça ?
—… Celle qui prétend que tu lui avais cédé ta maison en partant.
Aux dernières nouvelles, Belthelda avait laissé la cabane de bucheron où elle vivait sans un regard en arrière… Possible que cette fille la lui ait piquée par la suite mais c’était un peu curieux qu’elle ait déclaré autre chose.
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—Je l’ai abandonnée ma bicoque donc j’peux te confirmer qu’elle a dit des salades, dit-elle sans trop chercher à creuser. Par contre, tu tombes vraiment bien car j’crains que des potes à moi soit en danger.
—Dis m’en plus, fit le vampire, visiblement très intéressé.
—En fait, j’bosse pour une sorcière pas très commode qui voulait que j’éloigne un peu les curieux mais aujourd’hui, son frère et moi étions en ville avec la fille qu’ils protégeaient quand on est tombés sur un semi-démon qui voulait tuer quelqu’un. Sirius, le frère de la sorcière et aussi mon ami, l’a emmenée pendant que je leur faisais gagner du temps mais ce sale demi-incube m’a blousée avec ses pouvoirs et m’a mise KO.
—A moitié incube tu dis ? Il ne serait pas roux et un peu agaçant à tout hasard ?
—Roux, oui, et agaçant… si tu parles de la manière dont il m’a battue, ça colle assez. Tu le connais ?
—Oh oui… Rien que l’idée de lui coller mon poing dans la figure afin de te venger me met en joie. Quelle direction ?
—L’île de Windenburg à coup sûr pour Sirius. Tu peux pas le rater : il sent le sapin grillé et la pomme de pin fumée !
—Je prends note.
Il siffla un bon coup, attirant l’attention de l’autre vampire qui venait de terminer de s’occuper des deux démons puis, après un signe de la tête, ils partirent tous deux en direction du port… laissant à l’ogresse le soin de faire disparaitre ces deux nuisibles pour de bon et aller faire un peu de ménage en ville.
Au Manoir Von Haunt, le bâtiment avait été fermé dans l’urgence, faisant que personne, excepté des fantômes, n’était en train d’y rôder. Un vrai coup de chance pour eux car du coup, personne ne les vit arriver et ils purent ainsi fouiller les lieux, cela jusqu’à ce que Jaimie repère ce qu’ils cherchaient : l’origine du sort qui avait été lancé.
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—Vous aviez raison Margaux, dit-elle en fixant le cercle au sol.
—Certaines choses ne changent pas, même après un millénaire, déclara la magicienne, la mine sombre. Seulement, il semblerait que nous soyons arrivés un peu tard…
—Rien n’est certain, leur fit remarquer Gabriel dont les yeux bleus analysaient les environs. Cordelia est en train de déplacer la Tour Mirage dans un lieu plus riche en ténèbres donc dès qu’elle aura terminé, nous pourrons passer à l’action et briser cette magie.
Sa compagne avait été enragée de ne pas pouvoir venir avec eux mais elle était la seule à pouvoir mettre en place la nouvelle version de leur tour – quoique le terme « Bastion » serait plus approprié à présent – à Forgotten Hollow, l’endroit où l’on pouvait trouver la plus grande quantité de ténèbres et d’où elle allait devoir leur envoyer celles-ci droit sur eux afin de contrer la corruption lumineuse qui, pour le moment, faisait sortir tous les démons mineurs des environs.
Qui plus est, même s’ils avaient beaucoup de choses dont ils devaient parler avec Margaux, cela allait devoir attendre, surtout qu’elle avait insisté sur le fait qu’Ezekiel n’était pas prioritaire pour le moment.
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—Si seule la corruption est à éliminer, nous avons juste le temps pour y parvenir, déclara Jaimie qui semblait soucieuse. Seulement, cela n’affectera que celle qui a été dispersée par ce sort donc si Ezekiel est corrompu, cela risque de n’avoir aucun effet sur lui. Surtout que je crains que ce sort ne soit pas si simple…
—Le cercle ressemble fort à ceux utilisés pour créer des portails, constata Margaux, pensive. Cela aurait donc ouvert un portail pour… de la corruption ? D’où viendrait-elle dans ce cas et pourquoi forcer la nuit sur le monde entier ? Ca n’a pas de sens…
—Ca, ce sera à déterminer plus tard. Il faut que nous nous mettions en place et vite avant que cela ne dégénère. La dernière fois que c’est arrivé, cela avait été provoqué par la corruption Ténébreuse au sein de Midgard et avait conduit à ce qu’ils avaient appelé le Ragnarök.
Au loin, Gabriel voyait une chaine de montagnes enneigées, lui faisant se demander si ce sort était allé jusque là-bas… et lui rappelant que cela faisait maintenant plusieurs années qu’il n’était pas retourné là où il était né, ne serait-ce que pour aller fleurir la tombe de sa mère. Une fois tout cela terminé, il faudra vraiment qu’il explique correctement ses origines à son fils et qu’il l’emmène à Granite Falls pour qu’ils aient la possibilité d’en parler seuls à seuls.
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—Gabriel ? fit la muse, le sortant de ses pensées. Tout va bien ?
—Oui, dit-il en se plaçant d’un côté du cercle. Tenez-vous prêtes car l’échec n’est pas permis pour ce sort…
Cordelia avait intérêt à se dépêcher car, comme Margaux l’avait relevé, le cercle était fait pour créer des portails et il doutait fort que ceux-ci ne soient censés faire passer que de la corruption…
Aux Falaises, Eurydice, Sirius, Liam et Alphonse étaient arrivés sans encombre. Seulement, la marche rapide qu’ils avaient faite pour atteindre les lieux au plus vite n’avait pas été de tout repos sur ce terrain quelque peu accidenté.
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—J’avais oublié que ça grimpait autant… souffla la jeune femme, essoufflée. Comment tu fais pour pas être crevé toi ?
—L’habitude et ce terrain m’est très favorable, répondit le musicien, l’air amusé. Encore quelques mètres et j’aurais des conditions optimales pour nous éloigner d’ici.
C’est vrai que l’élément de Sirius était l’air… Les vents soufflant sur les Falaises devaient le renforcer à tous les coups et il devait plus qu’apprécier les lieux en hauteur.
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—Et comment comptez-vous faire ça ? lui lança un Alphonse Duspeti qui avait visiblement mal digéré d’avoir abîmé son costume sur mesure. Vous oubliez que nous sommes poursuivis !
—Même si ça me hérisse le poil de sauver vos miches, va falloir me faire confiance, comme quand j’ai récupéré l’autre abruti quand il m’a pas écouté sur le chemin à prendre.
Eurydice dut retenir un rire en se rappelant que Liam, dans la montée, avait voulu couper à travers des fourrés. Mauvaise idée car il avait mis son pied sur un terrier de renard et l’avait coincé dedans… pour ensuite perdre l’équilibre et tomber sur un buisson de ronces. Autant dire qu’il s’était bien ridiculisé…
—Y a plus que quelques mètres à faire. Autant ne pas trop trainer.
Sur ce point, tous étaient du même avis que Sirius et, prenant sur eux-mêmes, ils le suivirent sur le reste du sentier… avant de s’arrêter net quand ils virent quelqu’un sortir des fourrés.
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—Et zut ! jura le musicien entre ses dents. Il a vu venir le truc…
Honnêtement, Eurydice mentirait si elle disait qu’elle était surprise de ça car, de ce qu’elle avait vu à Avalon, Viktor était quelqu’un de rusé et ces falaises devaient déjà exister à son époque donc il n’avait pas dû avoir besoin de beaucoup de temps pour comprendre qu’il lui suffirait de les attendre ici pour qu’ils viennent à lui.
Par contre, vu ce qui était ressorti de la discussion avec Alphonse Duspeti, elle avait quelques questions en tête dont elle tenterait bien d’avoir les réponses, même si c’était risqué. Lorsqu’elle fit un pas en avant, son ami lui tint le bras pour l’arrêter mais elle lui fit signe de la laisser faire et il la lâcha, prêt à intervenir si besoin.
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—Alors tu nous attendais, c’est ça ? lança-t-elle avant de reprendre lorsqu’elle n’obtint aucune réponse. Je sais que c’est toi Viktor donc dis moi enfin ce que tu me veux qu’on en finisse !
—… Hé… finit-elle par entendre en face. On a du courage à ce que je vois… Fascinant…
L’intuition de la jeune femme lui disait qu’un truc clochait et elle trouva vite quoi : la façon dont il s’exprimait. Pourtant, ça ne pouvait être que Viktor en face d’elle car Ezekiel n’avait pas ce genre de tic de langage… D’ailleurs, à Avalon, n’avait-elle pas déjà montré sa vaillance à cet homme ? Pourquoi donc formulerait-il sa phrase comme si c’était la première fois qu’il la voyait lui tenir tête ?
Elle fit un pas de plus, guettant les réactions en face, notant ainsi que la main gauche de celui qui s’était approprié le corps d’Ezekiel tremblait… mais alors qu’elle comptait continuer d’avancer, elle sentit quelque chose de pointu dans son dos et quelqu’un lui attrapa le bras avec force.
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—Pas si vite, fit la voix d’Alphonse Duspeti derrière elle. Si c’est pour me donner comme monnaie d’échange à ce tordu, alors je préfère encore finir ce que j’ai commencé ici !
Eurydice était à la fois tétanisée et prise de court car, dans leur hâte, ils n’avaient pas pensé un seul instant à fouiller leurs deux lascars, si bien que l’homme d’affaires, faisant mine de coopérer, avait réussi à leur cacher qu’il avait un couteau sur lui. A cause de cela, la situation risquait fort de dégénérer…
Sans surprise, en voyant le danger, Sirius réagit tout de suite, usant de sa magie pour faire sauter le couteau de la main d’Alphonse Duspeti.
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—Hey ! fit le musicien, ayant revêtu son apparence d’incarnation du Tome de l’Air. Eloigne-toi d’elle tout de suite !
Alors que l’homme d’affaires allait répondre, la jeune femme entendit un son étranglé derrière elle puis soudain, la prise sur son bras disparaitre… tandis que leur ennemi se téléporta à côté d’elle pour avancer de quelques pas, un air mauvais sur le visage.
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—Tut tut tut, fit Ezekiel en agitant la main. De mémoire, je t’avais dit que ce que tu cherchais était ici mais à aucun moment je ne t’ai autorisé à tuer cette fille que je sache. Vous les Duspeti avez parfaitement joué votre rôle d’appât et maintenant que j’ai tout ce que je veux, vous ne m’êtes plus d’aucune utilité.
Eurydice, jusque là tétanisée, se retourna pour essayer de stopper leur ennemi mais elle fut figée d’horreur en réalisant que d’un geste, le magicien était en train de faire voler Alphonse Duspeti vers le bord des falaises…
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… pour ensuite le lâcher au dessus du vide, le laissant hurler le temps de sa chute jusqu’à ce qu’un son atroce parvint à leur oreilles, ne laissant guère d’espoirs sur la survie de l’homme d’affaires.
Ne voulant certainement pas subir le même sort, Liam prit ses jambes à son cou avant même que son cousin n’ait atteint les rochers en bas des falaises, ne prenant même pas la peine de se retourner.
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La jeune femme s’éloigna de leur ennemi, horrifiée par l’acte qu’il venait de commettre de sang froid. Ce dernier se tourna vers elle, surement pour s’occuper d’elle, mais Sirius se plaça entre eux deux.
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—Tu ne la toucheras pas, dit fermement son ami.
—Oh ? fit Ezekiel, peu impressionné. Et tu te crois de taille ? On va voir cela…
Sur ces mots, les deux magiciens se préparèrent au combat tandis qu’Eurydice alla vite se mettre à l’abri.
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A Forgotten Hollow, Cordelia avait enfin terminé de mettre en place leur nouvelle demeure et, aussi, ce qu’il lui fallait pour mettre un terme à cette nuit dangereuse…
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—Il ne serait pas plus logique de faire cela d’Oasis Springs ? demanda Flamberge, sceptique.
—Si la corruption n’était pas d’origine lumineuse, oui mais là, il faut que l’on démarre d’un point riche en ténèbres pour avoir une chance que ça marche, répondit la succube qui venait de revêtir sa forme sombre. Si le soleil que l’on créé ici perce la nuit sur Forgotten Hollow, c’est que nous aurons réussi.
—Autrement, ça peut finir en Ragnarök, fit Sedna, pensive. Bizarre quand même que les dieux de Midgard n’ait pas usé de cette option…
—Peut-être parce qu’ils n’avaient pas eu cette idée et les moyens de la mettre en place sans risque majeur ?
A cet instant, les deux incarnations la fixèrent avec de grands yeux… et visiblement, elles avaient vite compris le cœur du problème…
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—Vous êtes en train de nous dire que vous n’avez aucune idée de si ça va marcher ou non ?! s’exclama la chanteuse, abasourdie. Et il se passe quoi si on se rate ?!
—Je vous déconseille d’y penser… déclara Cordelia en serrant les dents, n’ayant aucune intention de leur dire qu’un échec signifierait, vu la puissance de feu de Flamberge, que Forgotten Hollow et ses habitants seraient rayés de la carte à tout jamais.
—Alors allons-y, fit la danseuse en prenant position.
Chacune se mit en place et, ainsi, commença la chaine magique : Sedna usait de ses pouvoirs sur Cordelia pour la renforcer, Cordelia faisait de même avec Flamberge et cette dernière concentrait au maximum sa magie…
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… cela jusqu’à former une puissante boule de lumière aveuglante entre ses mains…
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… avant de la lâcher en plein ciel, en direction du manoir Von Haunt à Windenburg où, quelques minutes plus tard, Gabriel sentit ses cheveux se dresser sur sa nuque. C’était le moment.
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—Il arrive !
Le signal était à présent donné et ils n’avaient que quelques secondes pour préparer leurs sorts et, surtout, être dans le bon timing…
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—C’est bon pour moi !
Jaimie était forcée d’user de ses deux mains, n’ayant pas de possibilité autre pour lancer un sort puissant vu que, de base, sa magie n’était pas faite pour l’attaque mais pour la défense. Avec lui, elle était la seule à avoir une chance de pouvoir compenser une erreur… à condition qu’elle ne soit pas trop grave.
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—Prête.
Le crépitement qu’il entendit lui confirma que Margaux était effectivement parée à l’attaque et que c’était clairement son domaine de prédilection, ce qui était une bonne chose car c’était probablement elle qui allait le mieux tenir son sort le temps nécessaire. Surtout que son rôle allait être de disperser la magie qui venait droit sur eux car elle était la seule qui pouvait le faire.
—MAINTENANT !
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Au même moment, ils lancèrent leur sort sur la boule de magie qui tombait droit sur eux, la gardant en place le temps qu’il fallait pour la charger de leurs magies respectives afin que, lorsqu’ils allaient la renvoyer dans le ciel, elle se disperse convenablement, détruisant toute la corruption qui s’y trouvait et mette fin à cette nuit infernale…
Aux Falaises, le combat faisait rage entre les deux magiciens, si bien qu’Eurydice ne savait pas comment aider Sirius car celui-ci commençait à être en difficulté. Elle les observait depuis un moment, réfléchissant à tout ce qui était à sa portée… mais elle ne trouvait rien et la fuite n’était pas une option envisageable à ses yeux car il était hors de question pour elle de l’abandonner à nouveau.
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Puis ce qu’elle redoutait tant se produisit : le musicien reçu une attaque magique de plein fouet et fut projeté plusieurs mètres plus loin dans un son qui ne présageait rien de bon…
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—SIRIUS !
Elle se précipita à ses côtés, constatant avec soulagement qu’il était vivant. Seulement, en s’approchant de lui, elle comprit vite qu’il n’allait pas pouvoir tenir plus longtemps : il avait le souffle court et ses jambes tremblaient. A tous les coups, il ne devait sa survie qu’au fait qu’il était une incarnation magique car s’il avait été un simple mortel…
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—Oh la vache… fit son ami en grimaçant. Y a pas de doutes : c’est un descendant de Joshua. Il cogne aussi fort que lui… Ma magie ne lui fait quasi rien à part m’épuiser.
—Le feu est ta faiblesse et est aussi la force d’Ezekiel, leur déclara leur ennemi avec un sourire mauvais. Je ne peux peut-être pas user de sa magie contre toi sale petite vermine mais ça ne changera rien au résultat.
En entendant ces mots, Eurydice comme Sirius tiquèrent. Quelque chose ne collait pas du tout car Viktor n’avait pas rabaissé le musicien de cette façon lors de leur dernier affrontement. Qui plus est, l’autre point illogique était leurs tailles respectives à tous les trois : Eurydice faisait un mètre soixante-cinq et Ezekiel devait peiner à atteindre le mètre soixante-dix vu qu’avec des talons bas, elle était à la même hauteur que lui. Pour ce qui était de Sirius, il faisait facilement dix centimètres de plus qu’elle… et de ce qu’elle se souvenait d’Avalon, Viktor était quelqu’un de grand lui aussi vu qu’il dépassait le musicien mais jamais elle ne l’avait entendu faire allusion à la taille des personnes.
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—C’est vraiment Viktor ça ? souffla Sirius qui avait dû suivre le même raisonnement qu’elle alors qu’elle l’aidait à se relever. J’ai un sérieux doute quand je l’entends parler ainsi…
—Moi aussi, admit la jeune femme avant de noter que leur ennemi semblait reprendre sa respiration, signe que le musicien lui avait tout de même donné du fil à retordre. Sauf que là, je crois que c’est trop tard pour tirer ça au clair…
—Effectivement, fit leur ennemi, visiblement satisfait. Quel dommage de mourir dans l’incertitude, n’est-il pas ?
—C’est un peu tôt pour dire ça…
Qui avait parlé ? La voix était grave, celle d’un homme très certainement… et soudain, Eurydice vit deux chauves-souris se placer entre eux et leur ennemi avant de prendre forme humaine… ou plutôt démoniaque.
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—Qu’est-ce que… fit leur adversaire, ne s’étant clairement pas attendu à être interrompu par deux vampires. Comment êtes-vous arrivés ici ?! Vous n’êtes pas censés être là !
Ils se connaissaient ? Vu la réaction de celui qui n’était peut-être pas Viktor finalement, ils n’étaient pas ses amis et les attitudes des deux inconnus tendaient à confirmer cela.
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—Est-ce Ezekiel ? demanda la femme avec une voix qui était très familière aux oreilles d’Eurydice. Je ne me souvenais pas qu’il était aussi… comment dire…
—Tête à claques ? compléta l’autre vampire, quelque peu agacé. Son parfum d’incube me déplaisait mais ça, je ne sais pas ce qu’est cette puanteur mais ce n’est pas l’odeur d’Ezekiel.
—Etrange car son parfum est assez agréable pour moi…
—J’en conclus que le fait que je n’ai aucun attrait pour les hommes fait que son parfum m’insupporte autant que les pitreries d’un Arlequin. Et je te recommanderai de ne pas succomber à ses tours d’incube.
—Dois-je en déduire que tu veux t’en occuper Dimitri ?
—J’ai une dette envers lui. Le ramener à la raison devrait nous permettre d’être quittes…
A l’instant où le dénommé Dimitri fit craquer ses doigts, leur ennemi tenta de les contourner avec sa magie, comme s’il voulait éviter les deux démons, mais le vampire réagit au quart de tour : au moment où Ezekiel préparait une attaque, Dimitri sauta par-dessus le muret pour se ruer sur lui, prêt à le frapper.
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Pris par surprise, le magicien était visiblement mécontent de devoir lutter au corps à corps et en prime, son adversaire ne se laissait clairement pas faire, contrant ses coups avec aisance et n’hésitant pas à user de certains coups bas pour l’empêcher d’attaquer.
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Sentant une présence près d’elle, Eurydice se tourna, faisant face à l’autre démon… qui, maintenant qu’elle voyait son visage, lui était terriblement familière, un sentiment qui était clairement réciproque.
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—Alors ça ! fit celle dont les canines bien pointues ne laissaient guère de doute sur l’espèce à laquelle elle appartenait. Moi qui me disais qu’il fallait que je t’appelle, il semblerait que ce ne soit plus utile.
Cette voix… et puis ce sourire… Avec son mètre quatre-vingt et ses courbes qui lui feraient certainement remporter le concours de Miss Monde haut la main, Eurydice réalisa qu’elle faisait face à une vieille amie de lycée dont elle avait souvent regretté l’absence ces derniers jours.
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—Lucy ! s’exclama avec joie la jeune femme en reconnaissant Lucinda Gregorio, son amie fan de surnaturel qui avait un an de plus qu’elle. T’as pas mal changé depuis la dernière fois ! Une nouvelle crème de jour peut-être ?
—C’est une assez longue histoire, lui dit la vampire dont le regard se tourna brièvement vers Dimitri qui était très occupé à se battre. Pour faire court, sans lui, nous ne nous serions jamais revues toi et moi.
Bien qu’elle avait pas mal de questions, Eurydice se doutait que ce n’était pas le moment pour ça, surtout que leur priorité était de sauver Ezekiel de ce qui le possédait et pour cela, il allait falloir le maitriser, ce que ce vampire semblait arriver à faire avec aisance.
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—C’est un coup de cette sale sorcière d- commença leur ennemi avant de se prendre un coup en pleine mâchoire.
—Surveille ton langage, lui dit Dimitri en ricanant. Cela pourrait te jouer des tours…
Leur ennemi n’était visiblement pas enchanté de la tournure des évènements, surtout qu’il semblait avoir du mal à prendre le dessus, comme s’il n’était pas habitué au combat physique – en même temps, Ezekiel était un magicien donc son point fort devait plutôt être la magie alors il était logique que face à quelqu’un le contraignant au corps-à-corps, il se retrouve en difficulté.
Puis soudain, il y eu une sorte de bruit qui résonna au loin, faisant qu’Eurydice tourna la tête vers la côte, manquant de se faire aveugler par une énorme boule de lumière.
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—La vache ! s’exclama Sirius en se couvrant les yeux. Je sais pas ce que c’est exactement mais c’est de la magie à l’état pur !
—Cette lumière est aussi aveuglante que le soleil, fit remarquer Lucinda qui plissait les yeux. Avec une telle puissance cela pourrait peut-être mettre fin à cette nuit bizarre.
Et elle avait raison : quelques secondes, la boule de lumière vola dans le ciel et éclata avec force, produisant un bruit semblable à un avion franchissant le mur du son, et s’éparpilla à toute vitesse au dessus d’eux.
Au bout d’une dizaine de secondes, Eurydice vit son ombre au sol, signe que cette nuit étrange prenait fin, puis l’instant d’après, elle fut tirée en arrière par Sirius, évitant de justesse Ezekiel qui, manifestement, venait de se faire projeter dans les airs par Dimitri et qui atterrit brutalement de l’autre côté du bassin. Le magicien essaya de se relever mais il avait le souffle court, signe qu’il était épuisé.
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En revanche, pour ce qui était du vampire, celui-ci montra un instant de surprise en voyant où se trouvait à présent son adversaire. Il s’avança, semblant chercher à comprendre ce qu’il venait de faire.
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—Je ne me souvenais pas que tu étais doté d’une telle force Dimitri ! s’étonna Lucinda en s’approchant du bassin.
—Parce que c’est tout récent… déclara le vampire en lâchant un soupir. J’imagine que c’était prévu que je développe ce genre de capacité….
—Et quelle était la cible originelle ? questionna Eurydice, un peu curieuse.
—Le bassin. Sauf que j’ai peut-être bien fait de le manquer vu qu’il semble avoir plus de mal à récupérer que je ne l’avais escompté.
Oui, Ezekiel était épuisé, ayant probablement été vidé de son énergie après ces deux combats. S’il avait atterri dans le bassin, il se serait probablement noyé et ce n’était pas ce qu’ils voulaient… D’ailleurs, que devaient-ils faire à présent ? La prophétie parlait du Jugement mais il leur manquait deux des personnes requises pour l’ouvrir et puis celui qui devait y aller, c’était Viktor… qui était peut-être dans le corps du magicien.
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Comment faire pour les séparer ? Etait-ce seulement possible ?
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—Le seul moyen de le sauver est le Jugement, fit la voix de Margaux, la faisant sursauter. Et il va falloir se hâter car je crains que nous n’ayons un plus gros problème qui nous attende ailleurs vu ce que nous avons trouvé…
La magicienne s’avança au bord du bassin et observa Ezekiel… avant de plisser les yeux, l’air suspicieuse. Quelque chose semblait ne pas lui plaire…
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—Il était seul quand vous l’avez affronté ? demanda-t-elle à Dimitri.
—Si on ne tient pas compte des quelques démons mineurs que nous avons laissés à Belthelda en venant ici, oui, répondit le vampire, apportant un certain soulagement à Eurydice et à Sirius sur le sort de leur amie. Je ne cache pas que pour un semi-démon, je m’attendais à plus de résistance de sa part.
—A moins que vos capacités de Ténébreux ne l’ait surpassé monsieur Markoff mais…
—Y a peut-être autre chose, précisa Sirius en massant son bras. Mais je doute fort qu’il nous le dise donc…
… Elle avait bien dit que Dimitri était un « Ténébreux » ? Tout à coup, la jeune femme comprit pourquoi les deux vampires étaient ici : ils étaient là pour l’aider à invoquer le Jugement.
—Nous n’avons que quelques minutes avant qu’il ne réalise pourquoi je lui ai faussé compagnie et où nous sommes, leur dit la sorcière avant de lâcher un soupir. Je vais rapidement vous expliquer ce qu’il faut faire, cela en espérant que cela fonctionne.
Fallait-il vraiment envoyer Ezekiel dans le Jugement ? Certes, la prophétie disait que cela mettrait fin à la menace sur Avalon mais… en quoi au juste ? Le royaume n’existait plus et expédier le magicien dans ce piège alors qu’il était un descendant du Téméraire… Pour elle, cela n’avait pas vraiment de sens, un sentiment partagé par les vampires qui, vu les regards qu’ils échangeaient, avaient des doutes sur tout cela.
Seulement, ils n’avaient pas vraiment d’autres options, surtout après que Lucinda ait souligné que si Ezekiel était possédé, le tuer était plus risqué que de l’enfermer car personne ne savait où l’âme qui lui prenait son corps irait se cacher ensuite.
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—Je ne suis pas persuadé que ce soit la meilleure option, déclara Dimitri après que le rituel leur fut expliqué.
—Je partage ton avis, ajouta Lucy qui masquait mieux son scepticisme. Mais avons-nous une meilleure solution ?
—Non, répondit Eurydice en serrant les poings. S’il reste libre, qui sait ce qu’il fera ? Je l’ai vu tuer des personnes de sang froid…
… Et elle était quasi certaine qu’elle était la suivante sur la liste.
—Toi qui est impartial, nous t’appelons, récitèrent-ils tous les trois. Ouvre tes portes pour cette âme que nous t’offrons. Nous t’invoquons Jugement !
Soudain, une sensation bizarre la saisie, comme la fois où elle avait abusé de ce truc de lunettes de réalité virtuelle et en avait eu la nausée. Elle ferma un instant les yeux… et quand elle les rouvrit, elle fut surprise de voir trois statues de l’autre côté du bassin, chacune tenait un récipient entre ses mains – à vue de nez, le contenu de chacun correspondait à leurs alignements respectifs, à savoir Ténébreux, Lumineux et Cœur Vaillant.
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En baissant ses yeux vers Ezekiel, elle vit s’ouvrir une sorte de passage magique si l’on peut dire – difficile pour elle de trouver autre chose pour décrire ce truc excepté que ça reflétait bizarrement la réalité et qu’elle ne voyait pas ce qu’il y avait de l’autre côté de cette chose. Puis soudain, quelque chose en sortit… en se muant en des mains griffues qui se dirigeaient droit sur le magicien.
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Ce dernier s’aperçut de leur présence une demi-seconde trop tard, l’une d’elles lui ayant attrapé la cheville. Il tenta de s’agripper à quelque chose tendit qu’il se faisait tirer dans le Jugement mais ses mains glissaient et ses ongles crissaient sur la pierre. Elle croisa une dernière fois son regard avant qu’il ne disparaisse brutalement, les statues faisant de même.
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Tout était donc fini… donc elle devrait être contente, non ? Alors pourquoi avait-elle si mal au cœur en repensant à ces yeux brillant de haine qui l’avaient fixée avant de disparaître dans le néant ? Pourquoi avait-il dû être sacrifié pour cette fichue prophétie ?
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Pourquoi était-elle certaine qu’elle n’arrivera jamais à se le pardonner de ne pas avoir pu le sauver ?
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lettreopr · 8 years ago
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« Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. » - Article 19, DDHC
Monsieur le Président de la République,
Ayant connaissance de l’état de psychose dans lequel votre gouvernement qui se sent en permanence persécuté/menacé depuis le début de vos mandats baigne constamment,  j’ai fait savoir à mon père que son implication dans l’opposition lui vaudra sûrement une visite dans les locaux de la Police. Autant vous dire que lorsque le matin du 15 Mai 2017, j’ai appris qu’il avait été interpellé très tôt par la Police Judiciaire de Niamey, je n’étais nullement surprise.



Monsieur le Président,
Lorsque vous avez pris le pouvoir de notre cher pays le Niger, vous avez choisi d’être le père d’une Nation d’un peu plus de 17 millions d’« enfants » qui attendent énormément de vous, moi y compris.
Le sentiment  de fierté est, par exemple, un sentiment important qu’un enfant éprouve généralement envers son parent et pour être tout à fait honnête je ne suis pas fière de ce que vous faite des valeurs de mon pays.
Le contexte actuel dans lequel nous évoluons est un contexte de terreur ou la liberté d’expression n’est pas respectée, les lois ignorées et pire, dans certains cas, les droits de l’homme carrément bafoués.

J’ai alors pensé que, vous montrer à travers trois points les raisons pour lesquelles je suis fière de mon père, vous rappelleront peut être le rôle que vous avez envers tous les nigériens. L’image que vous êtes supposé véhiculer et surtout les sentiments que l’on peut s’attendre à avoir à votre égard, vous, le père de notre jolie Nation.

Il m’a été difficile de résumé et de choisir dans les milliers de raisons qui font de admirer l’homme qu’est « Max » un homme que j’admire aussi fort mais je pense avoir tout de même réussi l’exercice.


Tout d’abord, je suis fière de lui car c’est un homme de Dieu, pieux, qui possède une foi énorme, inébranlable qui remets toute situation entre les mains de son Seigneur et c’est d’ailleurs pourquoi, même si je suis triste de la situation actuelle, je n’ai aucunement « peur » pour lui.  
Je suis sereine car comme on dit communément: « l’Homme propose, Dieu dispose ». De plus, les Voies du Seigneur étant impénétrables je pense que m’inquiéter ne sert pas à grand chose car lorsque le décret divin tombe, il est incontournable… 


Ensuite, je suis fière de lui, pour la personne, l’être humain remarquable qu’il est.  Tout comme l’un de mes frère l’a souligné, son intégrité le singularise. La vérité est une notion très importante pour lui, l’importance qu’il accorde au fait de rester digne en toute circonstance est quelque chose que j’admire réellement et qui me fait comprendre que les choses les plus importantes dans la vie ne sont pas toujours celles qu’on croit. Plus je grandis à ses côtés, plus je me rends compte à travers les valeurs qu’il nous inculques, son comportement, son caractère, que la culture de la richesse de l’âme, la bonté , le partage sont des valeurs à ne pas négliger. Que seul le travail dur est paie et que celui qui fait le bien sera toujours récompensé. 
De plus, l’honnêteté, la générosité et la compassion sont des qualités qu’il possède indéniablement et qui me pousse tous les jours à demander à Dieu de pouvoir lui ressembler, d’avoir ne serait-ce qu’un dixième de sa bonté, il est pour moi un exemple à tout égard.



Et pour finir, je suis fière de lui pour être un homme que Dieu à doté d’une intelligence hors du commun Ma Shaa Allah, un homme en avance sur son temps, un visionnaire; 
Un homme qui a su faire comprendre à son père l’importance de l’éducation de la femme dans un Niger ou celles-ci n’étaient que très peu valorisée.
Qui de ce fait, à contribué au fait que ses soeurs soient inscrites à l’école, qu’elles puissent recevoir la meilleure éducation possible. Ses soeurs, mes tantes qui sont aujourd’hui des pharmaciennes, notaires, auto-entrepreneurs, comptables remarquables et dont je suis également extrêmement fière.
Un homme qui a marqué l’histoire de son pays par un parcours professionnel  brillant & remarquable en devenant le premier expert-comptable agrée du Niger par exemple. Pour son ambition, son sérieux dans son travail et son engagement désintéressé dans tout ce qu’il entreprends, pour l’amour sans limite qu’il porte a ses pays et aux enfants de ce pays justement, je l’admire comme jamais je n’ai admiré un homme.
 Et tout autant que les points énumérés au dessus, je  fière qu’il soit un homme de conviction et de valeur. Un homme qui a des principes auxquels il ne déroge pas, ne cède pas et ce malgré toutes les tentations que peuvent se présenter lorsque l’on évolue dans ce milieu qu’est la politique. 
 Monsieur le Président, pensez vous que les nigériens ressentent autant de fierté à votre égard, de reconnaissance vis a vis de vos accomplissements? Je n’en sais rien en toute honnêteté, mais pour ma part, ce n’est malheureusement pas le cas.


Evidemment, aucun homme n’est parfait et mon discours est sans nul doute celui d’une petite fille qui aime son papa d’un amour inconditionnel, sans limite. Je sais donc que je ne suis certainement pas totalement objective. 


En réalité, au plus profond de moi, j’ai toujours espéré qu’il réaliserait à quel point il était bien trop pur pour ce milieu. J’aurais souhaitée qu’il ne s’engage jamais sur se sentier là. Ce monde de la politique qui ne lui ressemble pas, dans lequel les personnes les plus hypocrites, les plus vils , les personnes sans morales ni scrupules réussissent davantage et mieux.  
Le fait qu’il soit aujourd’hui privé de sa liberté aurait pu me convaincre du fondement de mon sentiment mais il semble inutile de s’opposer à la volonté du coeur et à la passion d’un homme. 
 Être un homme politique, défendre ses idées, ses convictions avec force et oeuvrer pour l’intérêt de la Nation c’est ce qui le rends heureux et tant qu’il le sera, je le serais également.
 Aussi, papa, si tu me lis, j’ai entendu de maman ce soir que tu t’inquiétais pour moi du fait que la situation dans laquelle tu te trouves puisse affecter mon moral au point de déteindre sur mes examens. Rassures-toi, je te connais, je sais parfaitement que je n’ai pas à m’inquiéter et je sais qu’elles doivent êtres mes priorités.
 Maman, Kader, Karim, Haïraty, Bibo, Doudou, Amy, Aydin,  tout le reste de la famille et moi même prions pour toi,  comme toujours, ça ne change pas.
J’ai promis a Monsieur le President que je serait brève et je souhaite lui assurer que, tout comme toi, je tiens mes engagements c’est pourquoi je n’ai pas cité tout le monde car, autrement, je n’aurais pas tenu ma promesse.
 Enfin, Monsieur le Président, je ne comprends pas l’utilisation de méthodes anti-démocratiques qui consistent en l’arrestation systématique de militants de l’opposition dès lors que ce qui est dit par ces derniers vous gêne. Max n’est pas le premier ni le seul homme politique nigérien à qui l’on veut museler la voix. Je ne comprends pas la détention de mon père (dont la garde à vue semble d’ailleurs s’étendre au delà de la durée légale) mais je me dois quant même de vous accorder un mérite…
 En effet, je ne peux m’empêcher d’être admirative devant votre intelligence. Votre stratégie de mise en pièce de l’opposition politique nigérienne est admirable et mérite, sans nul doute, prise de note. 
Après tout, au vu du nombre d’années que vous avez passées vous même étant opposant , personne n’est mieux placé pour savoir sur quelles zone est-ce qu’il faut faire pression le plus fort pour faire lâcher l’adversaire. 
Avoir un sens de l’organisation, être méthodique et utiliser son expérience/s’en servir pour affaiblir le concurrent n’est pas chose aisée et nécessite une certaine intelligence et vous êtes indéniablement un homme très intelligent, chapeau!
 Encore une fois, j’ai essayé d’être la plus concise possible dans l’espoir que vous puissiez prendre cinq minutes de votre précieux temps pour me lire. 
De toute manière, les récents événements démontrent clairement un ennui flagrant des autorités publiques , je pense donc que le temps ne doit pas vous manquer.. 
En même temps, au vu de la multitude de ministères que nous possédons, il faut bien que les uns et les autre s’occupent et pour cela quoi de mieux que d’ouvrir la saison de la « Chasse à l’opposant politique »? Très divertissant sans aucun doute. Ne m’en voulez pas de finir sur cette pointe d’ironie, c’était plus fort que moi et puis après tout, je suis bien la fille de mon père non?
 Dans l'attente de vivre dans une République démocratique, 
Sarah Max
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thecupofink-blog · 8 years ago
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Survie
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8h. Le réveil sonne, l’alarme résonne. Elle entend vaguement quelqu’un l’appeler mais elle est encore bien trop engourdie pour prendre conscience de quoi que ce soit. Quel jour sommes-nous déjà ? Lentement, sans faire de bruit, son cerveau se remet en marche.
D’un bon, elle se relève, droite comme un piquet. C’est aujourd’hui, l’inauguration. La consécration d’années d’acharnement.
Elle se réveille en sursaut. Où est-elle ? Son cœur palpite, son sang court dans ses veines, tremble sous sa peau. Ses paupières se détachent avec peine, son regard balaye la pénombre. Une main tremblante, le « clic » de la lampe résonne dans la pièce, la lumière tamisé fait disparaître l’obscurité.
Bordel, c’est vrai, elle est là. Pour combien de temps encore ? Elle passe ses paumes sur son visage, sent les larmes qui coulent sur ses joues. Elle arrive à pleurer ? Après tout ce temps ? Mais son coeur n’était-il pas censé s’être enroulé dans le barbelé, s’être figé dans le temps ? Son regard croise un bout de miroir brisé. T’es pitoyable ma pauvre fille, se murmure-t-elle. Regarde-toi, regarde ce que t’es devenu. Toi, une survivante ? A travers les larmes, qui tombent comme des lames sur la chaire de sa joue, elle se met à rire. Elle passe d’une émotion à l’autre, sans transition. Pas de pause. La folie l’emporte quelques secondes. Elle se lève, tape dans ce qui devait sûrement être autrefois, une commode. Le bois se brise sur le sol, éclate en morceau. Son rire étrangle sa gorge. Détruire, encore, plus. Elle ne sait faire que ça. Sais-je faire autre chose ? Tuer, tous les jours. Pour quoi ? Pour qui ? Dans quel but ?
Elle s’aimait tellement, avant tout ça. Elle était tellement aimée, quand tout allait bien. Gentille, attentionnée. Un brin maladroite, pleine de vie. Toujours positive, prête à vaincre le monde, à défendre toutes les causes qui lui tenait à cœur. Le sourire brodé sur ses lèvres, une expression de joie que personne n’aurait pu lui enlever.
Avant elle. Avant que cette conne débarque. L’Apocalypse. Oui, c’est assez théâtral de l’appeler comme ça. Mais comment peut-on qualifier autrement ce qu’il s’est passé ? Du jour au lendemain. Les morts qui reviennent à la vie. Ces marionnettes sans âme qui n’ont pour seul but que de se mettre votre peau sous les dents. Des vampires ? Vous êtes mignons. Edward n’aurait fait qu’une bouchée de Bella, Dracula aurait grogné, Bella serait revenue à la vie. Pas de peau brillante, juste la pourriture pour seul habit.
Aiden se fige. Que faisait-elle déjà ? Une autre crise de larme surgit. Elle marmonne des mots que seule elle est en position de comprendre, tant sa voix est faible. Voilà. Voilà la femme qu’elle est devenue. Folle, bipolaire, méfiante, paranoïaque. Mais après tout, qui n’est pas comme ça ? Elle ne fait plus confiance à personne. Des gens, elle en a croisé. Pour au final, toujours finir seule. Son comportement n’est pas compatible avec la « société ». Les différents groupes ne tolère pas quelqu’un comme elle. Elle représente trop un danger, pour elle, pour les autres, peut-être même pour ces morts qui déambulent dans les rues.
Son visage plonge dans ses mains. Elle se déteste tellement. Elle a tant de fois, tentée de mettre fin à son existence. Mais pas une fois elle a réussie. C’est sa malédiction ; être prisonnière de ce monde jusqu’à ce que la vieillesse l’emporte.
Il n’y a que son instinct de survie qui est encore fiable. Elle sait se battre, maîtrise ses armes à la perfection. Ses crises de folies ne sont que passagères, mais altère grandement sur sa façon de vivre. Elle peut être votre meilleur atout, et se retourner contre vous à n’importe quel moment.
C’est peut-être ça, finalement, le challenge de cette Apocalypse.
Apprivoiser Aiden, et l’avoir à vos côtés, jusqu’à la fin.
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kaleiyasims · 7 years ago
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2. Les joies de la grossesse
Après une bonne nuit de sommeil, William réfléchit à ce qu’il pouvait faire maintenant qu’il était au chômage. Certes, il avait ses plantes comme potentiel gagne-pain sur le long terme et éventuellement, il pouvait se remettre un peu à la programmation mais ce n’était pas dit qu’il ait le temps pour cela plus tard. Là où il était le plus compétent était en fuséologie mais les vampires avaient détruit toutes les fusées en état de marche donc pour le coup, cette compétence ne lui servait à rien…
Il opta donc pour la solution la plus simple : vendre les objets qu’il avait récoltés. Qui plus est, s’il se débrouillait bien, il pourrait faire un élevage de grenouilles. D’après une note de Lilith, les vampires en recherchaient souvent donc il serait assuré d’avoir des clients… à condition que ceux-ci ne tentent pas de le manger avant.
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Par contre, William réalisa vite que sa collecte d’objets ne serait pas si évidente dans son état. Entre les nausées matinales et sa vessie qui avait dû se réduire à la taille d’un pois-chiche, il pouvait oublier tout projet de déplacement hors de chez lui pendant un moment…
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Après avoir réorganisé un peu ses plants, William fut plutôt content de son petit jardin. Quand il sera plus expérimenté en jardinage, il pourra faire quelques greffes pour obtenir de nouveaux fruits et, plus tard, il ira chercher de nouvelles graines à planter… à la fois dans son jardin et dans son ventre qui risquait de garder cette forme arrondie pendant TRES longtemps.
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Alors qu’il venait de finir son petit déjeuner, William reçut une visite : Fred Worst, son ex-coloc et pote de bunker.
—Salut Will ! La pêche d’puis l’temps ?
—Salut Fred. Ca va et toi ? Tu deviens quoi ?
—Ben je vis en face de chez Bob. Il est rentré dans sa maison et habite avec Johnny pendant que moi, j’suis avec J et Salim. Pas super mais je fais avec.
Comme William l’avait prévu, Fred avait trouvé un nouveau canapé à squatter…
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—Whoua la vache Will ! C���que t’as pris !
—Merci…
—Ca doit être pratique pour poser ta bouteille de bière quand t’es allongé sur le canap’ !
—Si tu le dis… Par contre, faut se faire à l’idée que se couper les ongles de pieds devient plus compliqué quand tu ne les vois plus.
—Ah ouais mince… Et qui c’est qui t’as fait ce bide de malade ?
—Don Lothario. Je l’ai trouvé à Willow Creek.
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William prit ensuite quelque nouvelles des autres : si Bob et Johnny ne semblaient pas avoir de soucis pour cohabiter, J et Salim en revanche ne s’entendaient pas et Fred avait aperçu Salim faire mumuse avec des antennes dernièrement. Quant à Paolo, il était reparti à Winderburg dès qu’ils avaient pu sortir du bunker.
—Voilà les nouvelles… Et chouette que t’ait la télé !
—Oui. Et au fait Fred ?
—Ouais ?
—N’espère pas squatter ici.
—Ben quoi ? Ca marchait bien entre nous avant, non ?
—J’te rappelle que je suis surveillé par des vampires donc s’ils voient que tu squattes, tu seras sur leur menu du jour.
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Quand Fred fut parti, William se remit en quête d’objets à collectionner mais le fait que son ventre avait pris du volume le gênait et il devait faire attention quand il s’accroupissait car il avait une chance sur deux de ne pas arriver à se relever.
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Sérieusement, il avait l’impression d’avoir un gros poids sur l’estomac et son dos était douloureux. Il allait vraiment falloir qu’il s’y habitue car le ventre plat, c’était fini pour un moment...
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Comme il ne trouvait plus rien et que la nuit tombait, il mit en place le stand qu’il avait acheté et mis en vente ce qu’il avait en stock.
—Brocante ! Affaires à saisir !
Par contre, il aurait peut-être dû réfléchir avant de faire ça la nuit…
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—Salut mon mignon. C’est qu’t’as un joli p’tit bidon dis-moi…
—Merci…
—Dis-moi, c’est quoi ton numéro ?
… parce que la nuit, c’était souvent les plus bizarres qui étaient de sortie...
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… ainsi que les vampires…
—Tiens donc… C’est vous qui devez repeupler la ville donc ?
Vladimir Gothik était un vampire à présent, qui plus est dans le camp de Straud dont Lilith n’avait pas encore pu lui fournir un recensement exact.
—Vous vendez des grenouilles ?
—J’en ai deux en stock.
—Je les prends. Si vous en avez d’autres, gardez-les moi. Ca me fera gagner du temps.
Et c’est ainsi que William eut la garantie d’avoir un client fidèle…
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Dans les hauts et les bas de la grossesse, il y avait la perpétuelle envie de manger et les envies particulières comme, dans le cas présent, des fraises. Il avait dû en manger au moins trois kilos pour son petit-déjeuner et il avait encore faim. Heureusement qu’il savait où en trouver car autrement, il aurait du mal à satisfaire ses envies.
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William pouvait aussi ajouter les pieds enflés, le bébé qui bougeait dans tous les sens quand il dormait, les allers-retours incessants vers les toilettes… ainsi que l’odorat plus sensible, faisant qu’il avait vomi en sentant le fumet du plant d’oignons à côté de chez lui.
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Ses plantes poussaient bien, tout comme le bébé qu’il avait dans le ventre. Au final, William ne se trouvait pas très différent de ces végétaux actuellement : lui aussi allait produire des fruits à profusion…
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Comme il avait récolté de nouveaux objets, William refit une brocante…
—Vous devriez arrêter la bi- Oh ? Mais c’est la figurine super méga ultra rare que je recherche depuis que j’ai sept ans un quart dans tous les paquets de céréales au chocolat au lait de mon voisin quand il avait le dos tourné ! J’vous la prends !
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—Mais… Une femme ?! Vous voul-
—Vous emballez pas. J’suis stérile…
—On se disait aussi…
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Dès que le soleil commença à disparaître, les vampires commencèrent à se montrer.
—Bien bien tout ça… Je vous recommanderai.
—Merci…
William jugea que c’était peut-être un bon plan de se lancer dans l’élevage de grenouilles vu sa clientèle…
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Le lendemain, alors qu’il prenait son petit déjeuner, William eut très mal au ventre. Il ne comprit pas tout de suite ce qu’il se passait puis il saisit quand il perdit les eaux. C’était le moment…
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Par contre, à cause des vampires, l’hôpital était inaccessible donc William devait se débrouiller pour accoucher… mais comment allait-il sortir au juste le bébé ?! Il aurait peut-être dû y penser avant pour pouvoir poser la question à Lilith mais là, à part pousser en espérant que son ventre n’allait pas éclater, il ne voyait pas quoi faire d’autre.
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Puis après de douloureux efforts, il fut enfin délivré avec la naissance de Mélissa, son premier enfant !
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Après une bonne sieste pour récupérer, William donna le biberon à sa fille qui était plutôt sage. Lui qui avait envisagé de se marier et d’avoir des enfants, il n’aurait pas imaginé avoir l’un sans l’autre.
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Mélissa endormie, William pouvait aller arroser ses plantes puis appeler Fred pour mettre en route le prochain bébé…
—Tiens tiens. J’vois que t’es dispo actuellement.
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Mince… Tout mais pas lui…
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