#les cycles de thanatos
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Deux ou trois mots encore sur le concept freudien de "pulsion de mort"…
Si comme le dit Hegel, l’esprit ne conquiert sa vérité qu’à condition de se retrouver soi-même dans son absolu déchirement, Freud le confirme dans son "Au-delà du principe de plaisir" avec son concept encore largement incompris de "pulsion de mort" véritable concept-clé de l’édifice psychanalytique.
C’est seulement en chevauchant la folle énergie de la pulsion de mort, par delà la répétition des cycles de génération et de corruption, que le désir — en tant qu’il est toujours d’abord désinence du dire — permet au sujet de s’acheminer vers la parole.
C’est seulement par l’expérience décisive de la cure analytique menée jusqu’à son terme logique que la peur de perdre notre ancrage, que nous situons dans l’Autre, laisse la place à l'effroi de constater l'inconsistance de l’Autre lui-même, l'Autre a toujours été "barré", c'est un schème mort, la vérité ne peut pas y trouver sa garantie...
La vieille formule “Il n'y a rien à craindre si ce n'est la crainte elle-même" acquiert là un sens nouveau, le fait qu'il n'y ait rien à craindre est la chose la plus terrifiante qui soit, ce que nous avons peur de perdre, ce qui est menacé par ce dont nous avons peur (la Nature, notre mode de vie, la substance symbolique de notre communauté...) a toujours été déjà perdu…
Pour Schopenhauer, nous avons oublié comment vivre, pour Kafka, nous ne savons pas comment mourir, pour Beckett, nous sommes déjà morts.
La vie n’est qu’un moment de la mort, et la paradoxale substance de la vie, à laquelle Freud a donné le nom de "pulsion de mort", est une énergie a-substantielle, toujours déplacée, décalée, déréglée, déraillée, déjetée, déjantée, dégénérée, indiscernable en tant que telle, n’étant rien d’autre qu'une pulsation, pulsatile, avide, hors sens, sans objet, éternelle, immortelle, obscène, empêchant l'homme à tout jamais de correspondre à lui même en se considérant comme un animal rationnel…
La pulsion de mort, sur laquelle s’arrime le désir dont elle constitue l’énergétique même, est ce qui pousse le sujet à risquer sa vie dans une cause «spirituelle», une «abstraction réelle» qui lui permet de «dépasser» un horizon de la mort qu’il intègre à l’intérieur de sa propre vie, Hegel avait nommé cette dimension: négativité, ou «puissance du négatif».
Séjourner auprès du négatif est ce qui demande la plus grande force, tel est le prix du désir.
Si vous en êtes à vous demander si la mort mettra un terme définitif à vos souffrances, peut-être n’avez-vous pas encore réalisé que vous êtes toujours déjà à moitié mort, ce qui implique que votre décès ne sera que la répétition dans le Réel de ce qui aura toujours déjà eu lieu dans le Symbolique.
Ce monde n’est que le fantasme qui se soutient d’un certain type de pensée.
NB: Dans l'antagonisme freudien entre Éros et Thanatos, il ne s'agit pas d'entendre "l'amour" et "la mort" tels qu'on a l'habitude de se les représenter, mais comme les deux composantes INHÉRENTES au champ de la pulsion de mort.
La pulsion de mort désigne simultanément la "vie non-morte", cette dimension "morte-vivante" qui insiste et persiste par delà la mort, ET l'effort pour mettre fin à cette extra-vie monstrueuse.
Éros apparaît dès lors comme la forme d'amour-fascination du Réel terrifiant de la jouissance (amour excessif de la vie au-delà de la vie), tandis que Thanatos s'impose comme le moyen d'en finir avec cette horreur.
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l'été de nakamura shin'ichirô (1978)
L’Été, en japonais 夏, fait partie d’un cycle de quatre romans, portant tous le nom d’une saison et écrits entre 1947 et 1952 ; il est cependant le seul à avoir été traduit en français, probablement parce qu’il valût à son auteur le prix Jun’ichirō Tanizaki (谷崎潤一郎賞) en 1978. Souvent comparé à La Recherche du temps perdu de Marcel Proust, ce cycle de romans prend la forme d’une navigation délibérément confuse parmi les souvenirs de son narrateur, un écrivain japonais sujet à la nostalgie comme à l’oubli.
Pour reprendre les mots que l’auteur lui-même (traduit par Dominique Palmé) incorpore dans son récit, ce roman se donne comme un « hymne exubérant à la sexualité », une « sorte de pèlerinage sur les traces de ces étés d’autrefois » qui s’accompagne d’un « arrière-goût de regret ». Car s’il est l’histoire d’un homme retrouvant ses souvenirs perdus, il est aussi celle d’un homme, seul et vieillissant, forcé de faire face à un poignant constat : si les souvenirs restent, les personnes, elles, peuvent disparaître. Alors, au fur et à mesure qu’il vit et revit sa jeunesse névrotique et ses amours plurielles, le narrateur perd, une seconde fois, cette femme en qui il avait vu l’amour, de même que s’échappent de sa vie amis, amantes et passagères silhouettes.
« Toutes les scènes de ma mémoire s’enchevêtrèrent, et mon champ visuel désormais troublé fut envahi par cette multitude de mortsqui, depuis peu, avant que je ne m’endorme, grouillaient souvent derrière mes paupières, et qui s’ébranlèrent de nouveau dans ma direction, en un flot inéluctable. Happé dans le tourbillon de cette vision, j’éprouvai vaguement, en un coin de ma conscience brouillée, la sensation de pénétrer une fois encore, à l’aveuglette, au plus profond du royaume de la mort, et je me hâtai, en allongeant le bras, d’éteindre la lampe de chevet. »
La confusion, propre au souvenir, qui hante la narration se fait à l’image d’une perception unique de la réalité ; car, nourrie des divagations de notre esprit et de nos divers domaines de référence (souvenirs, culture, rencontres…), chacune de nos perceptions est intrinsèquement personnelle et subjective ; ainsi, celle du narrateur est, elle, grandement influencée par la célèbre dichotomie Eros / Thanatos, et dénote de l’alliance de contraires présente dans la psychologie — et les relations — humaines. Tout le roman, alors, tourne autour de l’évolution de cette perception au fur et à mesure que le narrateur vieillit et, bien plus simplement, vit ; quant à la narration, elle se fait cyclique, puisque le récit de la vie passée et présente du narrateur ne vient nourrir que la perception initiale narrée dans l’incipit, elle ne sert finalement qu’à éclairer une association d’idées, d’abord obscure puis explicité par la subjectivité même du sujet pensant.
« son visage était empreint d’une solitude étrangement glacée, d’une sorte de désespoir sans cause et donc impossible à masquer, comme celui qui peut flotter autour des êtres qui, sentant l’épuisement les gagner bien avant d’être arrivés au terme de leur vie, se trouvent complètement désemparés. »
Mais L’Été se constitue, surtout, comme une ode à la volupté physique et à ses marques qui, elles, semblent survivre au passage du temps ; d’où l’omniprésence, frôlant l’étrange, de la sexualité qui vient obnubiler les pensées du narrateur, le désir et le manque venant s’accaparer l’ensemble de ses sens. Roman sur l’amour donc, avec une subtile volonté de le théoriser en le montrant sous toutes ses formes, certes, mais toujours via le prisme de la sexualité, via son expression corporelle et la plupart du temps charnelle.
« et j’eus l’impression que ma conscience, bondissante quand elle contemplait ces souvenirs, était prise elle aussi dans une sorte de danse névrotique, pitoyable et éphémère, au-dessus du gouffre de la mort. »
Littérairement et historiquement parlant, ce livre est d’une richesse étonnante tant son abondance est précise et diverse : ainsi, nourrissant son roman de références à la littérature médiévale et classique japonaise, l’auteur ne s’interdit pas de développer, parfois sur quelques pages, un épisode de l’histoire politique ou littéraire de la Chine ou du Japon, ou encore de mentionner, et ce à foison, le Dit du Genji (源氏物語) de Murasaki Shikibu (紫式部), œuvre majeure de la littérature japonaise datant du XIe siècle, et dont l’intrigue se déroule pendant l’époque de Heian — une période historique qui sera, à de nombreuses reprises, mentionnée dans le roman de Shin’ichirô. Enfin, en ce qui concerne ses influences occidentales, l’auteur évoque, au sein même de son récit, la littérature de Kafka, et son roman, véritable tissu de références intertextuelles, s’illustre de quelques similitudes avec les œuvres de Proust, Joyce ou encore Claude Simon, s'affirmant ainsi dans une double tradition littéraire où se rencontrent classicisme japonais et modernisme occidental.
Cette richesse érudite, aux côtés de l’éparpillement maîtrisé des temporalités et de la prose poétique (bien que traduite) de Nakamura Shin’ichirô qui, pourtant, maintient une simplicité propre au récit du quotidien ; aux côtés, aussi, de ce délicat propos sur l’amour ; a su palier les quelques faiblesses du roman — sa longueur non proportionnelle au nombre de sujets traités, son insistance sur la sexualité du personnage — et en faire un récit plein de charme, à même de célébrer la saison estivale et sa lenteur commune à celle, violemment mélancolique, de la vieillesse.
« et quand la nuit, seule dans son lit, elle se souvenait des moments aussi violents qu’une tempête qu’elle avait vécus dans le bateau de pêche, sur le rivage, elle était envahie par le pressentiment qu’elle aussi allait se mettre à hurler à en perdre la raison. »
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Le saignement contre la béatitude : J'ai mangé du clair-obscur Cru ; pour le goût du sang, Du tiraillement, Au fur et à mesure Qu'il ne reste que l'os. J'ai mangé la lumière étrange Et un néant coup de crosse Je suis rattrapé, moins de dents A demi-penché sur un mur Qui sent la pisse autant Que le temps Qui suture mon futur Rien n'est tout noir Rien n'est tout blanc Rien n'est tout gris Ces pensées sont des illusions Ton sang versera toujours par terre Quand tu seras en pleine exploration Pour travailler l'autre-soi, Les mystères d'hier ; C'est pendant la blessure, l'harmonisation. J'ai mangé des oxymores puis est venue L'indigestion. Ne te penses pas plus malheureux Ou mieux que les heureux, Ne crois jamais à la postérité D'être bien mis, bien-aimé. Car tout a un cycle Tous nous finirons égaux dans la douleur, Le sang et surtout la mort. La faucheuse et Thanatos N'en a que faire de tes efforts. Ta posture, ta réussite, tes erreurs ou ton âge Que tu sois dans la peur Ou fort dans les mauvais présages. Il faut assumer ce qu'on engloutit Comme le temps Les mauvais mélanges, composantes de nos vies. Il est temps De rire de la mort. De sourire à la blessure. Des indigestions quand L'esprit agresse le corps. Apprendre les larmes, la rage Et une certaine paix dans le vacarme, De la torpeur et assumer l'ouvrage de mains Pleines de sang qui recherchent une purgation, Comme la plus tranchante des lames. Il faut toujours composer avec le temps. Rien n'est blanc Rien n'est gris Rien n'est noir Même les bouts de lumière entre mes dents. Clément Dugast (nocto)
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To bleed or not to bleed.
Sensation étrange, à se relire, que de s'entendre mettre des 'vie' par ci, des 'mort' par là, des 'vie-mort-vie' par là-bas. A asséner, mordicus, que les cycles dirigent nos existences, que nous sommes Ouroboros, que nous sommes la danse perpétuelle d'Eros et Thanatos. Que nos amours se colorent, fânent et renaissent au gré des saisons. Qu'un hiver rude est nécessaire, pour s'émouvoir des premiers bourgeons. Qu'une terre en jachère se repose pour offrir la plus belle des floraisons. Que la fleur capiteuse sur la branche ne doit pas être cueillie, pour oser s'alourdir, pleine des courbes du fruit.
Il n'y a qu'une femme, qui puisse s'identifier à ces intuitions. Qu'une femme, pour savoir dans sa chair que la mort est suivie de plus de vie. Qu'un sang qui coule, c'est la promesse d'un sein qui peut un jour se remplir. Q'un corps heureux, c'est un corps qui sait, pour renaître, mourir.
Qu'adviendra-t-il, le jour où le temps qui s'impose, la vie comme constance, comme calendrier, la vie d'un point A à un point B aura eu raison de mes roues, de ma boussole, de mes intuitions? Qu'adviendra-t-il quand ce corps de femme que j'ai mis si longtemps à écouter sera empiété de toutes ses repères et ne devra, pour vivre, plus saigner?
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