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Jour 6 - La vieille dame qui vivait dans une chaussure.
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Le jeune Laurence
« Jo ! Jo ! Où es-tu ? » cria Meg devant l'escalier qui menait au grenier.
« Ici ! » répondit une voix rauque venue d'en haut. Une fois montée, Meg trouva sa sœur en train de manger des pommes tout en pleurant sur L'Héritier de Redclyffe, drapée dans une couverture sur un sofa à trois pieds près de la fenêtre ensoleillée. C'était le refuge favori de Jo, et elle aimait à s'y retirer avec une demi-douzaine de pommes reinettes et un bon livre pour profiter du calme et de la compagnie d'un rat qui vivait dans le coin et que sa présence ne dérangeait pas le moins du monde. Quand Meg apparut, Scrabble se précipita dans son trou. Jo secoua la tête pour sécher les larmes sur ses joues et attendit d'entendre la nouvelle.
« Quelle joie ! Regarde ! Une invitation en règle de Mrs. Gardiner pour demain soir ! » s'exclama Meg en agitant le précieux papier, qu'elle se mit ensuite à lire avec excitation.
« "Mrs. Gardiner prie Miss March et Miss Joséphine de bien vouloir assister à la soirée dansante qu'elle donnera la veille du Jour de l'An." Marmee veut bien que nous y allions, alors qu'allons nous porter ?
— Quel besoin y a-t-il de poser la question quand tu sais que nous devrons porter nos robes de popeline, puisque nous n'avons rien d'autre ? répondit Jo la bouche pleine.
— Si seulement j'avais une robe de soie ! soupira Meg. Mère dit que je pourrais peut-être en avoir une quand j'aurais dix-huit ans, mais deux années, c'est une éternité à attendre.
— Je suis sûre que nos popelines ont l'air de soie, et elles sont assez bien pour nous. La tienne pourrait être neuve, mais j'ai oublié la brûlure et l'accroc dans la mienne. Que faire ? La brûlure se voit beaucoup, et je ne peux pas l'enlever.
— Tu devras rester assise autant que possible et garder ton dos hors de la vue. Le devant est très bien. J'aurai un nouveau ruban pour mes cheveux, et Marmee me prêtera sa petite broche de perles, et mes nouvelles chaussures sont adorables, et mes gants feront l'affaire, bien qu'ils ne soient pas aussi jolis que je le voudrais.
— Les miens sont tachés de limonade et je ne peux pas en avoir de neufs, alors je devrai faire sans, » dit Jo, qui ne se souciait jamais beaucoup de ses tenues.
« Il te faut des gants ou je n'irai pas, s'exclama Meg avec détermination. Les gants sont plus importants que tout le reste. Tu ne peux pas danser sans gants, et si tu ne danses pas j'en serai mortifiée.
— Eh bien je ne danserai pas. Les danses en société ne me disent rien, ce n'est pas amusant de tourner en rond. J'aime mieux gambader en tous sens et cabrioler.
— Tu ne peux pas en demander de neufs à Mère, ils sont si chers, et tu es si peu soigneuse. Elle a dit quand tu as taché les autres que tu n'en aurais pas de nouveaux cet hiver. Ne peux-tu les arranger ?
— Je peux les tenir à la main, et personne ne verra qu'ils sont tachés. C'est tout ce que je peux faire. Non ! Je vais te dire ce que nous pouvons faire - en porter chacune un de bon et en tenir un sale. Tu vois ?
— Tes mains sont plus grandes que les miennes, et tu vas terriblement étirer mon gant, » commença Meg, qui tenait beaucoup à ses gants.
« Alors j'irai sans gants. Je me moque de ce que les gens disent ! » s'écria Jo en reprenant son livre.
« Je te le prêterai, je te le prêterai ! Mais ne le tache pas, et conduis-toi bien. Ne garde pas tes mains derrière ton dos, ne fixe pas les gens, et ne dis pas, "par Cristophe Colomb !", d'accord ?
— Ne te fais pas de soucis. Je serais aussi guindée que possible et je ne ferai pas de bêtises, si je peux m'en empêcher. Maintenant va répondre à ta note, et laisse-moi finir cette superbe histoire. »
Aussi Meg s'en alla pour « accepter avec ses remerciements », examiner sa robe et chanter comme un oiseau en arrangeant son unique volant de dentelle, tandis que Jo finissait son histoire, ses quatres pommes, et jouait avec Scrabble.
La veille du Nouvel An le parloir était désert, car les deux plus jeunes filles jouaient les femmes de chambre et les deux aînées étaient absorbées par l'importante tâche qu'était la « préparation pour la fête ». Aussi simples que fussent les toilettes, il y avait beaucoup d'allées et venues, de rires et de discussions, et à un moment une forte odeur de brûlé envahit la maison. Meg voulait quelques boucles pour encadrer son visage, et Jo se chargeait de pincer les mèches empapillotées avec un fer chaud.
« Est-ce que cela doit fumer comme cela ? demanda Beth depuis son perchoir sur le lit.
— C'est l'humidité qui sèche, répondit Jo.
— Quelle étrange odeur ! On dirait des plumes brûlées, » observa Amy, qui lissait ses propres boucles avec un air supérieur.
« Voilà, maintenant je vais enlever les papiers et vous allez voir un nuage de petites boucles, » dit Jo en posant le fer.
Elle ôta les papillotes, mais aucune boucle n'apparut, car les cheveux vinrent avec le papier, et la coiffeuse horrifiée déposa une rangée de petits paquets brûlés sur le bureau devant sa victime.
« Oh, oh, oh ! Qu'as-tu fait ? Je suis défigurée ! Je ne peux pas y aller ! Mes cheveux, oh, mes cheveux ! » gémit Meg en regardant avec désespoir les frisottis inégaux sur son front.
« C'est bien ma veine ! Tu n'aurais pas dû me demander de le faire. Je gâche toujours tout. Je suis vraiment désolée, mais le fer était trop chaud, et j'ai tout ruiné, » grogna la pauvre Jo, qui regardait les petits tas noirs avec des larmes de regret.
« Tout n'est pas perdu. Frise-les, et noue ton ruban de sorte que les extrémités reviennent un peu sur ton front, et ça aura l'air de la dernière mode. J'ai vu beaucoup de filles coiffées ainsi, dit Amy pour consoler sa sœur.
— Voilà qui m'apprendra à vouloir être belle. J'aurais mieux fait de laisser mes cheveux comme ils étaient, s'exclama Meg avec amertume.
— Cela aurait mieux valu, ils étaient si lisses et si jolis. Mais ils repousseront bientôt, » dit Beth, venue embrasser et réconforter le pauvre agneau tondu.
Après d'autres mésaventures de moindre importance, Meg fut enfin prête, et grâce aux efforts de toute la famille les cheveux de Jo furent coiffés et sa robe passée. Elles avaient fort bon air dans leurs robes simples - Meg en gris argent, avec un ruban de velours bleu dans les cheveux, des volants de dentelle, et la broche de perles. Jo en marron, avec un col de lin raide à l'air masculin, et quelques chrysanthèmes blancs pour seuls ornements. Chacune enfila l'un des jolis gants, et tint un gant sale à la main, et toutes affirmèrent que l'effet était « très plaisant ». Les souliers à talons hauts de Meg étaient très étroits et lui faisaient mal, quoiqu'elle refuse d'en convenir, et les dix-neuf épingles à cheveux de Jo semblaient toutes lui être plantées dans la tête, ce qui n'était vraiment pas agréable, mais, après tout, il faut souffrir pour être belle.
« Amusez-vous bien, mes chéries ! » dit Mrs. March aux deux sœurs qui descendaient gracieusement l'allée. « Ne mangez pas trop au souper, et rentrez à onze heures, quand j'enverrai Hannah vous chercher. » Comme le portail se refermait derrière elles, une voix cria depuis la fenêtre…
« Les filles, les filles ! Avez-vous pris de jolis mouchoirs de poche ?
— Oui, oui, très jolis, et Meg a mis de l'eau de Cologne sur le sien, » cria Jo, qui ajouta en riant, « je crois vraiment que Marmee nous poserait cette question même au milieu d'un tremblement de terre.
— C'est un de ses penchants aristocratiques, et fort convenable, car on reconnaît une vraie lady à la netteté de ses chaussures, de ses gants et de son mouchoir, » répondit Meg, qui avait elle-même un certain nombre de ces « penchants aristocratiques ».
« N'oublie pas de dissimuler la partie abîmée de ta robe, Jo. Ma ceinture est-elle droite ? Et est-ce que mes cheveux sont affreux ? » demanda Meg en se détournant de la glace du vestiaire des Gardiner après s'être longuement pomponnée.
« Je sais que je vais oublier. Si tu me vois faire quelque chose d'incorrect, rappelle-moi à l'ordre par un clin d'œil, tu veux bien ? » répondit Jo, en ajustant son col d'une chiquenaude et en passant hâtivement la main sur ses cheveux.
« Non, ce n'est pas distingué. Je hausserai les sourcils si quelque chose ne va pas, et je hocherai la tête si tout va bien. Maintenant redresse tes épaules, fais de petits pas, et ne serre pas la main des personnes que l'on te présente. Cela ne se fait pas.
— Comment retiens-tu tout ce qui est convenable ? Je n'y arrive jamais. Ne trouves-tu pas que cette musique est gaie ? »
Elles descendirent, légèrement intimidées, car elles sortaient rarement et cette fête, aussi simple qu'elle fut, leur semblait un événement. Mrs. Gardiner, une imposante vieille dame, les accueillit gentiment et les confia à l'aînée de ses six filles. Meg connaissait Sally et fut très vite à son aise, mais Jo, qui se souciait fort peu des filles et de leurs potins, resta à l'écart, le dos soigneusement collé au mur, en se sentant aussi peu à sa place qu'un poulain dans un jardin de fleurs. Une demi-douzaine de joyeux jeunes gens discutaient de patinage dans une autre partie de la pièce, et elle aurait vraiment aimé les rejoindre, car le patinage était l'une des joies de sa vie. Elle télégraphia son souhait à Meg, mais les sourcils se soulevèrent à une hauteur si alarmante qu'elle n'osa pas bouger d'un cheveu. Personne ne vint lui parler, et petit à petit le groupe se sépara, jusqu'à ce qu'elle reste seule. Elle ne pouvait pas vagabonder à son aise et s'amuser, car on verrait la brûlure de sa robe, alors elle regarda plutôt tristement les autres personnes de l'assistance jusqu'à ce que vienne l'heure de danser. Meg fut aussitôt invitée, et les étroits souliers glissaient si allègrement sur le parquet que nul n'aurait deviné la peine qu'elle endurait, le sourire aux lèvres. Jo vit un grand jeune homme roux s'approcher de son coin, et craignant qu'il ne vienne l'aborder, elle se glissa dans une alcôve close par des rideaux, pensant pouvoir observer et s'amuser en paix. Malheureusement, un autre timide avait choisi le même refuge, car à l'instant où les rideaux se refermèrent derrière elle, elle se trouva face à face avec « le jeune Laurence ».
« Pauvre de moi, je ne savais pas qu'il y avait quelqu'un ici ! » bafouilla Jo en se préparant à repartir aussi vite qu'elle était venue.
Mais le garçon rit et, bien qu'il ait l'air un peu surpris, dit aimablement, « Ne vous souciez pas de moi, restez si vous le voulez.
— Ne vais-je pas vous déranger ?
— Pas du tout. Je ne suis venu ici que parce que je ne connais pas grand monde et que je me sentais un peu mal à l'aise, vous voyez.
— Il en est de même pour moi. Ne vous en allez pas, s'il vous plaît, sauf si vous en avez envie. »
Le garçon se rassit et regarda ses chaussures, jusqu'à ce que Jo, voulant être polie et entamer la discussion, dise « Je pense que j'ai eu le plaisir de vous rencontrer auparavant. Vous vivez près de chez nous, n'est-ce pas ?
— Dans la maison d'à côté. » Et il leva les yeux et rit tout de bon, car les manières guindées de Jo étaient plutôt amusantes quand il se rappelait comment ils avaient bavardé à propos de cricket la fois où il avait ramené le chat.
Cela mit Jo à son aise et elle rit aussi, en disant de son ton le plus chaleureux, « Nous avons passé un si bon moment avec vos cadeaux de Noël.
— C'est Grand-père qui les a envoyés.
— Mais c'est vous qui le lui avez mis en tête, n'est-ce pas ?
— Comment va votre chat, Miss March ? » demanda le garçon, tentant de garder l'air sérieux alors que ses yeux pétillaient d'amusement.
— Très bien, merci, Mr. Laurence. Mais je ne suis pas Miss March, je ne suis que Jo, répliqua la jeune demoiselle.
— Je ne suis pas Mr. Laurence, je ne suis que Laurie.
— Laurie Laurence - quel nom étrange ?
— Mon prénom est Théodore, mais je ne l'aime pas, car mes camarades m'appelaient Dora. Alors je les ai forcés à m'appeler Laurie.
— Je déteste mon nom, moi aussi, il est si sentimental ! J'aimerais que tout le monde m'appelle Jo au lieu de Joséphine. Comment avez-vous fait en sorte qu'ils cessent de vous appeler Dora ?
— Je les ai battus.
— Je ne peux pas battre Tante March, aussi je suppose que je vais devoir le supporter. » Et Jo se résigna avec un soupir.
« Aimez-vous danser, Miss Jo ? » demanda Laurie, qui avait l'air de penser que le nom lui seyait bien.
« J'aime assez ça, quand il y a beaucoup de place et que tout le monde est plein d'entrain. Dans un endroit comme celui-ci je suis sûre de renverser quelque chose, d'écraser les orteils des gens, ou de faire quelque chose de terrible, aussi j'évite les ennuis et laisse Meg danser tout son content. Ne dansez-vous pas ?
— Parfois. Voyez-vous, je suis resté quelques années en Europe, et je ne suis pas encore très au fait de ce qui se fait ici.
— L'Europe ! s'écria Jo. Oh, parlez-m'en ! J'aime entendre les gens raconter leurs voyages. »
Laurie semblait ne pas savoir par où commencer, mais aidé par les questions empressées de Jo il se lança bien vite, et il lui raconta comment il avait été à l'école à Vevey, où les garçons ne portaient jamais de chapeaux et avaient une flotte de bateaux sur le lac, et où, pendant leurs vacances, ils partaient en excursion avec leurs maîtres à travers la Suisse.
« Comme j'aurais aimé y être ! s'écria Jo. Êtes-vous allé à Paris ?
— Nous y avons passé l'hiver dernier.
— Savez-vous parler français ?
— À Vevey, nous n'étions pas autorisés à parler une autre langue.
— Dites-moi quelque chose en français ! Je peux le lire, mais pas le prononcer.
— Quel nom a cette jeune demoiselle en les pantoufles jolis ?*
— Comme vous le parlez bien ! Attendez - vous avez dit, "Qui est la jeune demoiselle aux jolis souliers ?" n'est-ce pas ?
— Oui, mademoiselle.*
— C'est ma sœur Margaret, et vous le saviez ! La trouvez-vous jolie ?
— Oui, elle me rappelle les jeunes allemandes. Elle est fraîche et calme et danse comme une vraie dame. »
Jo rayonna de plaisir à ce compliment juvénile, qu'elle retint pour le répéter à Meg. Tous deux observèrent et critiquèrent les danseurs et discutèrent jusqu'à avoir l'impression d'être de vieilles connaissances. La timidité de Laurie s'évanouit bientôt, car les manières de gentleman de Jo l'amusaient et le mettaient à l'aise ; et Jo avait retrouvé sa gaieté habituelle, car elle avait oublié sa robe et personne ne haussait les sourcils à son attention. Elle appréciait plus que jamais le « jeune Laurence », et elle l'observa attentivement à plusieurs reprises pour pouvoir le décrire à ses sœurs, car elles n'avaient pas de frère et très peu de cousins, et les garçons étaient pour elles des créatures presque inconnues.
« Des cheveux noirs bouclés, le teint brun, de grands yeux noirs, un beau nez, de jolies dents, des mains fines et de petits pieds, plus grand que moi, très poli pour un garçon, et assez jovial en fin de compte. Je me demande quel âge il a ? »
Jo brûlait de le lui demander, mais elle se contint à temps et, avec un tact inhabituel, essaya de le découvrir par des moyens détournés.
« Je suppose que vous irez bientôt à l'université ? Je vous vois toujours piocher - non, je veux dire, étudier. » Et Jo rougit à ce terrible « piocher » qui lui avait échappé.
Laurie sourit mais ne sembla pas choqué, et répondit en haussant les épaules. « Pas avant un an ou deux. Je n'irai pas avant mes dix-sept ans, de toute façon.
— Vous n'avez donc que quinze ans ? » demanda Jo en regardant ce grand garçon, qu'elle avait imaginé avoir déjà dix-sept ans.
— Seize ans, le mois prochain.
— Comme j'aimerais pouvoir aller à l'université ! Cela n'a pas l'air de vous enchanter.
— Je déteste ça ! On n'y fait que bûcher ou chahuter. Et je n'aime pas la façon dont mes camarades s'adonnent à l'un comme à l'autre, dans ce pays.
— Qu'aimeriez-vous ?
— Vivre en Italie, et m'amuser comme je l'entends. »
Jo avait très envie de lui demander ce qu'il entendait par s'amuser, mais il fronçait ses sourcils noirs de manière plutôt menaçante, aussi elle changea de sujet et dit tout en battant la mesure du pied, « C'est une superbe polka ! Pourquoi n'allez-vous pas danser ?
— Si vous venez avec moi, » répondit-il, en s'inclinant avec galanterie.
« Je ne peux pas, j'ai dit à Meg que je ne danserais pas, parce que - » Ici Jo s'interrompit, avec l'air de ne pas savoir si elle devait continuer ou rire.
« Parce que, quoi ?
— Vous ne le répéterez pas ?
— Jamais !
— Eh bien, j'ai la fâcheuse habitude de me tenir devant le feu, et de brûler mes robes, et j'ai roussi celle-ci, et même si c'est joliment raccommodé cela se voit, et Meg m'a dit de me tenir tranquille pour que personne ne le voie. Vous pouvez rire si vous le voulez. Je sais bien que c'est drôle. »
Mais Laurie ne rit pas. Il baissa seulement les yeux pendant une minute, et l'expression de son visage intrigua Jo quand il dit très gentiment, « Peu importe. Je vais vous dire comment nous pouvons faire. Il y a un grand vestibule juste là, et nous pouvons y danser superbement, et personne ne nous verra. Venez, s'il vous plaît. »
Jo le remercia et vint avec joie, regrettant seulement, à la vue des beaux gants couleur de perle de son partenaire, de ne pas en avoir une paire propre. Le couloir était désert et ils dansèrent une merveilleuse polka, car Laurie dansait fort bien, et il lui apprit le pas allemand, qui ravit Jo par ses nombreux sauts et virevoltes. Quand la musique cessa, ils s'assirent sur les escaliers pour reprendre leur souffle ; et Laurie était au milieu du récit d'un festival d'étudiants à Heidelberg quand Meg fit son apparition, à la recherche de sa sœur. Elle lui fit signe, et Jo la suivit à contrecœur dans une pièce attenante où elle la trouva assise sur un sofa, l'air pâle et se tenant le pied.
« Je me suis foulé la cheville. Ces stupides talons ont tourné, et j'ai une vilaine entorse. J'ai si mal que je peux à peine tenir debout, et je ne sais pas comment je vais pouvoir rentrer à la maison, » dit Meg, qui se balançait d'avant en arrière sous l'effet de la douleur.
« Je savais que tu te ferais mal avec ces stupides chaussures. Je suis désolée. Mais je ne vois pas ce que tu peux faire, à part prendre une voiture, ou passer la nuit ici, » répondit Jo, tout en massant doucement la cheville meurtrie.
« Je ne peux pas prendre un fiacre, cela coûterait trop cher. D'ailleurs je ne pourrais pas en trouver un, car la plupart des gens sont venus dans leurs propres voitures, et la station est loin d'ici et nous n'avons personne à envoyer.
— J'irai.
— Non, certainement pas ! Il est neuf heures passées, et il fait noir comme dans un four. Je ne peux pas rester ici, la maison est pleine ; Sallie a invité quelques amies à rester. Je vais me reposer jusqu'à ce que Hannah vienne, puis faire du mieux que je peux.
— Je vais demander à Laurie, il ira, dit Jo, l'air soulagée à cette idée.
— Seigneur, non ! Ne demande rien à personne. Va me chercher mes caoutchoucs, et range ces souliers avec nos affaires. Je ne peux plus danser, mais dès que le souper sera terminé, guette Hannah et préviens-moi à l'instant où elle arrive.
— Tout le monde va souper maintenant. Je vais rester avec toi. Je préfère ça.
— Non, ma chérie, va avec les autres, et rapporte moi un peu de café. Je suis si fatiguée que je ne peux plus bouger. »
Alors Meg s'étendit, ses bottes soigneusement dissimulées, et Jo partit en quête de la salle à manger, qu'elle trouva après être entrée dans un cabinet de porcelaines et dans une chambre où le vieux Mr. Gardiner prenait une collation en privé. Filant tout droit vers le buffet, elle se procura le café qu'elle renversa immédiatement, rendant le devant de sa robe aussi peu présentable que le dos.
« Oh, non, quel manche je suis ! » s'exclama Jo, achevant d'abîmer le gant de Meg en l'utilisant pour frotter sa robe.
« Puis-je vous aider ? » demanda une voix amicale. Et Laurie la rejoignit, avec une tasse pleine dans une main et une assiette de crème glacée dans l'autre.
« J'essayais de ramener quelque chose à Meg, qui est très fatiguée, et quelqu'un m'a bousculée, et me voilà dans un bel état, » répondit Jo, avec un regard noir sur sa jupe tachée et le gant couleur café.
« Quel dommage ! Je cherchais quelqu'un à qui donner ceci. Puis-je le porter à votre sœur ?
— Oh, merci ! Je vais vous mener à elle. Je ne vous propose pas de m'en charger moi-même, je risquerais de commettre une autre gaffe. »
Jo ouvrit la marche, et, comme s'il était habitué à servir les dames, Laurie alla chercher une seconde table, un second service de café et de glace pour Jo, et fut si obligeant que même la pointilleuse Meg déclara qu'il était « un gentil garçon ». Ils passèrent un moment agréable avec les papillotes et leurs maximes, et étaient en train de jouer tranquillement à un jeu de société avec deux ou trois autres jeunes gens qui s'étaient aventurés par là, quand Hannah apparut. Meg oublia son pied et se leva si rapidement qu'elle fut forcée de se tenir à Jo, avec un cri de douleur. « Chut ! Ne dis rien, » lui chuchota-t-elle, puis elle ajouta à voix haute, « Ce n'est rien. Je me suis tordue la cheville, c'est tout, » et elle claudiqua jusqu'à l'étage pour mettre son manteau.
Hannah gronda, Meg pleura, et Jo, frustrée, décida de prendre la situation en mains. Elle s'esquiva, descendit au rez-de-chaussée et, croisant un domestique, lui demanda s'il pouvait lui trouver une voiture. Il se trouva que c'était un extra qui ne connaissait pas le voisinage, et Jo cherchait de l'aide quand Laurie qui l'avait entendue lui proposa de prendre la voiture de son grand-père, qui venait juste d'arriver, dit-il.
« Il est si tôt ! Vous ne pouvez pas déjà vouloir partir ? » commença Jo, soulagée mais hésitant à accepter cette offre.
« Je rentre toujours tôt - vraiment ! S'il vous plaît, laissez-moi vous ramener. C'est sur mon chemin, vous le savez, et il paraît qu'il pleut. »
Cela régla la question, et en lui racontant la mésaventure de Meg, Jo accepta avec gratitude et se précipita pour aller chercher Meg et Hannah. Celle-ci, comme les chats, détestait la pluie, aussi ne fit-elle aucune objection, et elles partirent gaiement dans la luxueuse calèche. Laurie grimpa sur le siège pour que Meg puisse garder son pied surélevé, et les filles discutèrent de la fête en toute tranquillité.
« J'ai passé une soirée formidable. Et toi ? » demanda Jo en se ébouriffant ses cheveux et en se mettant à l'aise.
« Oui, jusqu'à ce que je me fasse mal. L'amie de Sallie, Annie Moffat, s'est prise d'amitié pour moi et m'a demandé de venir passer une semaine chez elle en même temps que Sallie. Ce sera au printemps, à la saison de l'opéra, et ce sera absolument splendide, si Mère veut bien me laisser y aller, » répondit Meg, toute réjouie à cette idée.
« Je t'ai vue danser avec cet homme roux que j'ai fui. Était-il gentil ?
— Oh, oui ! Ses cheveux sont auburn et non roux, et il était très poli, et j'ai dansé une délicieuse redowa avec lui.
— Il avait l'air d'une sauterelle surexcitée quand il a fait ce nouveau pas. Laurie et moi n'avons pas pu nous empêcher de rire. Nous as-tu entendus ?
— Non, mais c'était très impoli. Qu'as-tu fait pendant tout ce temps, cachée dans ton coin ? »
Jo lui raconta ses aventures, et finit juste au moment où elles arrivaient à la maison. Avec de nombreux remerciements, elles firent leurs adieux et se glissèrent à l'intérieur, espérant ne réveiller personne, mais dès l'instant où la porte grinça, deux petits bonnets de nuit se redressèrent, et deux voix ensommeillées mais impatientes s'exclamèrent…
« Racontez-nous la fête ! Racontez-nous la fête ! »
Jo avait mis de côté des bonbons pour les petites, ce que Meg qualifia de « réel manque de savoir-vivre », et elles se calmèrent rapidement après avoir entendu le récit des événements les plus excitants de la soirée.
« Je dois dire que j'ai vraiment l'impression d'être une grande dame, assise en peignoir avec une femme de chambre pour m'assister, après être rentrée en voiture de la fête, » déclara Meg tandis que Jo lui bandait le pied avec de l'arnica et lui brossait les cheveux.
« Je ne crois pas que les grandes dames s'amusent plus que nous, en dépit de nos cheveux brûlés, de nos vieilles robes, de nos gants dépareillés et de nos souliers trop étroits qui nous tordent les chevilles quand nous sommes assez bêtes pour les porter. » Et je pense que Jo avait tout à fait raison.
(* en français dans le texte)
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