#je suis fatiguée et un clown :/
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chiara-klara-claire · 5 months ago
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Wir wollen uns lieben, wir wissen nur nicht wie (Emden, 11.6.23)
We want to love each other, we just don’t know how
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superiorkenshi · 5 months ago
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Ça fait littéralement 3h que je suis téléphone avec la Caisse d'Epargne car je suis tomber dans une arnaque (DE RENOUVELLEMENT DE CARTE VITALE VUE QUE JE SUIS CON) En gros comme j'ai eu récemment des changements de mutuel et que ce matin j'avais la tête dans le cul et j'étais extrêmement fatigué car je reviens de 2 semaine ou j'étais pas chez moi (Reims puis Londre) donc je me suis dis que c'était normal et cohérent ET BAH NON ON TA PIRATER ET ON TE PREND TON ARGENT KENSHI heureusement la dame de la cause d'Epargne est très mimi et fait tout son possible pour m'aider mais du coup je suis en pique d'anxiété et d'angoisse j'ai envie de crever et le dessin de ce soir pour le pride month sera sûrement en retard du coup car je suis le plus gros clown du cirque 🤡
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ernestinee · 1 year ago
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Tu sais, ils sont fatigués.
Les patients. On est quoi aujourd'hui, j'ai perdu le compte. Vers le 29? 30 juin ? Ils étudient depuis des semaines en absorbant le stress de leurs parents, de leurs profs. Comme si ces deux semaines déterminaient l'entièreté de leur avenir. Comme si ça disait qui ils sont.
Alors qu'en vrai, il n'y a pas pire que ces deux semaines pour se rendre compte de leurs compétences scolaires. Toute la mati��re de l'année. Une épreuve côtée tous les jours. Deux semaines sans compter les semaines de révisions.
Tu sais les profs sont à bout, c'est difficile comme travail. C'est beaucoup de responsabilités, c'est beaucoup de pression. Depuis avril, ils voient le programme qui n'avance pas. Ou plutôt qui avance, mais sans leur classe. Parce qu'il y a celui-ci à qui il faut tout expliquer 36 fois. Parce qu'il y a celui-là qui fait le clown pour toute la classe. Il est marrant c'est vrai mais y a le programme, quand même. Parce qu'il y a lui, et lui, et elle, et lui, et ... Cette année la moitié de la classe était difficile.
Et tu sais les parents c'est pareil. C'est une grosse responsabilité d'élever un enfant. C'est beaucoup de pression. On va où cet été ? On doit créer des souvenirs. Il faut un truc chouette, des activités, une piscine, un peu de musée, un peu de balades. Mais si elle a une seconde sess on ne peut pas compter sur cette semaine là. Et il fera quoi comme extrascolaire ? On le met à un truc chaque semaine alors qu'il galère à l'école ? Pfff et le gamin du voisin qui réussit toujours tout.
Ils absorbent, les patients. C'est beaucoup de pression. C'est une énorme responsabilité d'être enfant, d'être ado, et de porter à bout de bras ses propres envies de réussite, et aussi celles des profs et des parents. Et de la psy. Et de la logo. Et de la voisine qui vient parfois aider pour les devoirs. Et quand même ça fait beaucoup.
Alors oui quand les parents décident de m'amener leurs enfants un 30 juin, je suis un peu en colère contre eux, et contre moi parce que ça leur aurait rendu service que je prenne congé dès aujourd'hui.
Quand j'envoie un message "Tu me l'amènes ou tu la laisses se reposer un peu quand même ?" C'est pour te donner la possibilité de la laisser se reposer. Parce que je les vois arriver l'un après l'autre avec le sourire et en même temps la petite mine qui aurait préféré être dans la piscine ou devant la TV ou en balade ou sur son tel ou n'importe où mais pas en logo.
Alors un clin d'oeil plus tard on a choisi des jeux et je leur précise qu'ils ne travaillent absolument rien. Pas une once de lecture, pas un chouïa de calculs. Et je fais le clown un peu. Bon tu diras à tes parents qu'on a fait des jeux qui bossent la concentration et la compréhension de consignes (c'est vrai en plus).
Et puis il y a R.
R. Comme Rayon de soleil. Il va sur 3 ans, il utilise une dizaine de mots. Les autres ne ressemblent pas à des mots. Il arrive avec ses longs cheveux et son sourire jusqu'aux oreilles, il a reconnu le bâtiment, il a dit "aaaaaaah iiiiiiiii" ("iiiiii" c'est moi, c'est la dernière syllabe de mon prénom et ça m'émeut encore, que mon prénom fasse partie de son inventaire de mots), il me fait un câlin incroyable et me regarde avec ses grands yeux, parce qu'il n'a pas les mots mais il a tellement d'expressions faciales et d'intonation qu'on a l'impression de pouvoir le comprendre.
J'ai déjà préparé les figurines d'animaux sur le bureau, on les passe en revue, on dit (je dis) bonjour à chaque animal en scandant son nom avec les mains du petit bonhomme, ça l'amuse, il rit de bon cœur.
Puis petit R. veut s'asseoir sur mes genoux, je fais le clown un peu en faisant semblant de ne pas comprendre où il veut en venir. Je le soulève haut et le dépose de l'autre côté, il hurle de rire et montre mes genoux, je le soulève de nouveau et le remets encore de l'autre côté, il rit encore et dit "laaaa" "mais oùùùù ?" je demande, "les jouuuu" qu'il répond. "Aaah mes genouuux okééé" on trouve les cartes de nourriture et je fais des petites phrases. Le cheval mange une pomme miam miam miam (on s'entraîne au mmmm parce qu'il ne dit pas encore maman, mais je ne pense pas que même avec des m fluides, il le dira de si tôt) etc. etc. Puis quand il a compris l'idée, je le fais terminer ma phrase "La vache mange une carotte, regarde, la vache mange une......" "Radrougou!" Hum, presque. Il n'allait pas dire "carotte", je sais, c'est surtout une séance sur le rythme de parole, pour anticiper le moment où il comprendra le principe de la répétition.
Puis on a fait un loto, il sait parfaitement appairer des images. Puis la demi-heure était finie et son papa n'était pas encore revenu, du coup on a compté jusqu'à trois en se cachant derrière la porte de la salle d'attente pour voir s'il apparaissait miraculeusement. On a fait ça plusieurs fois et il riait encore et encore. Il a le rire si communicatif que les quelques parents qui étaient là ont ri aussi. R est comme ça, il communique mais sans les mots.
R. est une victime du tabagisme et de l'alcool pendant la grossesse. Son cerveau n'est pas très stable, il convulse facilement, il fait aussi des absences épileptiques. C'est un rayon de soleil très fragile qui tente de percer une belle brume automnale.
Après son papa est arrivé, excuse moi hein j'ai voulu faire des courses sans lui mais y a du monde à la caisse alors aloooors t'as vu tous ses progrès !!?
C'était pas vraiment une question, alors j'ai dit oui, bien sûr.
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swedesinstockholm · 2 years ago
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journal de let’s move pt. 5
29.01
j’ose pas affronter mon journal, trop de choses à dire. alors des images:
cybille qui se relève avec son cul collé au mien sur le dernier and all that jazz et moi qui me trémousse contre elle en chantant et elle qui me dit tu l’as kiffé le dernier and all that jazz là et moi qui dit hein? 
moi roulée en boule sur un fauteuil mies van der rohe du foyer dans mon sous-pull rayé après le show en train de regarder éléonore avec la tête appuyée sur le dossier pas confortable au bord des larmes mais les bonnes larmes et maya qui vient me dire qu’un des syriens pensait que je faisais partie des pros lui aussi, il est venu me féliciter et je l’ai remercié en posant mes mains sur le coeur comme la drama queen premier degré que je suis. 
tous les participants qui m’ont applaudie après l’échauffement quand on a fait le débrief avec sylvain et qu’il a dit elle est où la chanteuse de all that jazz? et qu’il m’a mis mille pouces en l’air en disant que c’était top super super bien et puis il est passé à la la land et il a mis les pouces en bas.  
le moment plein de joie où on a décidé de partir à rennes en stage intensif de chant chez éléonore avec audrey et qu’on s’est dirigées droit sur elle pour aller s’incruster dans la conversation et elle s’est interrompue pour nous regarder avec son air de clown, et puis on est restées trois heures à l’écouter nous expliquer des trucs techniques sur la voix et les spécificités de son métier de cheffe de choeur comme des groupies mais j’arrivais pas à me concentrer sur ce qu’elle disait parce que j’étais trop fatiguée et aussi trop occupée à regarder ses mains qui nous expliquaient comment fonctionnent les cordes vocales qui vibrent 440 fois par seconde avec ses doigts bagués de lesbienne et ses ongles tout petits petits. sur scène au moment où on se retourne pour chanter if she’d hear her baby’s queer on s’est regardées et je crois que c’était le hasard mais j’étais en feu. comment je fais pour transformer chaque projet de spectacle participatif auquel je participe en gigantesque drame lesbien imaginaire? c’est un don et il faut que je trouve un moyen de le rentabiliser.
je continue à avoir les larmes pas loin des yeux à chaque fois que je pense à cybille et à sa vie de danseuse avec ses deux enfants et son copain qui s’est barré et ses parents en corrèze qui gardent ses enfants quand elle travaille. peut être que ça a un rapport avec maman. quand on s’est dit au revoir un peu avant une heure du matin dans son grand manteau en peau sa casquette noire et ses lunettes rondes elle m’a dit: et que la vie redevienne lumineuse, ou un truc comme ça. je dois encore porter la tristesse sur moi. vendredi soir au dessus des coupes de champagne je suis brièvement tombée dans le puits de la mélancolie et quand elle m’a demandé si j’avais de la famille ici, je sais pas pourquoi j’ai interprété de la famille d’ici, et j’ai dit non ils sont tous morts et j’ai eu un rire nerveux et elle a dit j’adore ton humour noir et j’ai dit non mais c’est vrai en plus et ç’a répandu un petit flottement sombre et je me suis demandé pourquoi j’avais dit ça. ils sont tous morts. pourquoi je glisse toujours dans le glauque? mais la mort n’est pas glauque, peut être que ce que je veux dire plutôt c’est: pourquoi avec moi la mort n’est jamais loin? j’ai l’impression de la traîner avec moi partout où je vais comme un personnage de tove jansson avec deux yeux perçants mais pas de bouche, prête à surgir à tout moment.
en regardant les photos de son profil fb je suis tombée sur des photos d’une représentation où ils dansent dans des jardins et sur la route et sur le trottoir et on y voit cybille perchée sur un mur au dessus d’un homme qui joue du saxophone avec ses longs cheveux bruns qui flottent dans le vent et y a des gros nuages gris derrière elle et elle descend doucement sur les épaules du saxophoniste, pour délicatement finir sur son dos, agrippée à lui, sa tête posée sur son épaule avec les yeux fermés, au milieu d’un jardin un peu moche avec du gravier blanc et des fleurs roses et blanches. rien que de voir les photos j’avais envie de pleurer. la douceur qui s’en dégageait, je sais pas. ça m’a donné envie de faire une performance dans la rue, sur un trottoir, dans un jardin. et puis l’idée de collaborer avec elle m’a brièvement traversé l’esprit. elle doit passer la semaine à paris pour “bosser sur une créa.” j’ai pas osé lui demander ce que ça voulait dire. quelqu’un lui a demandé si c’était elle la chorégraphe et elle a dit ohlala non pas du tout, chacun son travail, moi je suis interprète.
après le show les artistes sont tous venus dans nos loges et sylvain a fait un petit discours, il disait qu’à chaque fois qu’on ressentirait de la colère, on devait penser au moment qu’on venait de partager, interculturel, inter tout, les réfugiés syriens qui coiffaient les filles ukrainiennes avant de monter sur scène parce qu’ils étaient coiffeurs dans leur vie d’avant, des traumatisées de la danse comme moi qui dansent sur scène avec des danseurs et danseuses professionnel.les et qui ont dansé la valse avec pas moins de CINQ inconnu.es du public dont un type d’à peu près mon âge j’ai invité un type à danser la valse avec moi je peux tout faire maintenant. j’ai aussi invité une femme qui était dans mon cours de théâtre et qui m’a dit tu me reconnais pas? parce que j’ai trop la grosse tête depuis qu’ils ont fait de moi une star. j’ai fait plusieurs traversées de la scène au mambo aussi, elles étaient arythmiques et désarticulées et j’étais toujours pas à 100% à l’aise mais j’essayais de me rappeler de ce que quelqu’un m’avait dit: c’est pas grave si tu sais pas danser la valse, ça fait partie de ton personnage, et ton personnage il sait pas danser la valse.
et donc dans les loges j’étais appuyée contre le porte-manteau avec la tête d’une fille qui s’était collée contre moi posée sur mon épaule, la pression qui retombait et la tension émotionnelle qui montait chez tout le monde, les yeux humides de sylvain, la tristesse à l’idée que ce soit terminé, j’ai commencé à pleurer: des gros gros sanglots de volcan c’était magnifique. 
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thissus · 10 months ago
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J’abandonne officiellement
Photo de Lucian Alexe sur Unsplash
Comme vous le savez (enfin, ceux qui lisent mes articles), je me bats pour retrouver un emploi. C’est la plus longue période de ma vie pendant laquelle je n’ai pas pu trouver de travail, entre cela et les actions malveillantes de mon monstre d’ex-manager, cela a contribué à une baisse de mon estime de soi.
Mais aujourd’hui, je suis absolument en colère et j’en ai assez. J’ai reçu un appel de l’un des fantômes qui m’a exclu du processus de candidature parce que j’étais « trop expérimenté ». C’est d’ailleurs la même excuse que j’ai reçue d’un autre employeur potentiel qui m’a dit « nous pensons que tu t’ennuierais » après que j’ai investi un mois et demi de mon temps à passer à travers leurs cerceaux et leurs interviews.
L’un de mes amis l’a très bien exprimé
Il n’y a plus de volonté de construire quelque chose, tout le monde veut penser à son propre intérêt.
Maintenant la décision est prise, je suis fatigué de travailler avec les clowns mais je suis loin d’être fatigué de prendre de l’argent des clowns sans l’engagement d’être coincé dans leur cirque.
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Tous les patrons que j’ai eus Photo de Irena Carpaccio sur Unsplash
Alors, où vais-je aller ? Eh bien, pour faire simple, je vais devenir mon propre patron, mais pas en me reclassant dans la catégorie « plus au chômage, mais employé sans clients ».
Je suis en train de me préparer à parler à d’autres freelancers, certains dans mon domaine et d’autres en dehors, pour avoir une meilleure idée de ce que je dois faire pour bien faire les choses. J’ai déjà volé en solo et l’URSSAF ne me laissera jamais l’oublier, ce n’est donc pas un concept nouveau pour moi.
J’ai l’intention de me rapprocher d’une CAE (coopératives d’activités) une fois que tout sera en ordre et de commencer le voyage dans une meilleure position qu’en 2016 et d’une manière très différente. Donc voilà, je renonce à être un porc salarial pour au moins avoir un certain contrôle sur qui je travaille et comment je travaille pour eux.
Si vous remarquez des fautes d’orthographe ou une grammaire bizarre dans cet article, c’est parce que Jarod a décidé de dormir sur mon bras droit.
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alexar60 · 5 years ago
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La fin des idées
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Dès le dernier mot écrit au bout de la ligne, je signai avec mon pseudo, heureux de mon texte. Je relis plusieurs fois dans le but de corriger les quelques fautes d’orthographes ; je choisis ensuite une photo  et postai le tout sur mon blog, espérant que les lecteurs prennent autant plaisir à le lire que moi à l’écrire. Enfin, je continuai ma soirée à regarder quelques vidéos sur internet et lire certains textes pour m’inspirer sur une prochaine idée. Par moment, je surveillai mon compte, cherchant à savoir si j’avais déjà quelques commentaires. Généralement sans plus. Puis je retournai visiter d’autres blogs, recherchant quelques images pour mes prochains textes. Juste avant de dormir, je reçus un étrange message me signalant que je risquais des ennuis à cause de ma trop fertile imagination. Je ne pris pas le mail au sérieux et partis me laver les dents avant de me coucher.
Le lendemain, en arrivant au travail, j’eus la grande surprise de voir mon directeur dans mon bureau. Il me proposa un café et s’assit sur mon siège. Je restai debout. Il tenait une feuille que je devinai être un mail. Il me parla du beau temps, demanda de mes nouvelles ainsi que de ma famille. Il connaissait ma copine car ils fréquentèrent le même lycée. Cependant, il sembla bizarre, son visage anormalement rouge cachait mal son inquiétude. Je m’assis et dis en l’interrompant : « Je suis prêt, dites-moi quelle est votre mauvaise nouvelle ! » Il arrêta de parler, me regardant dans un silence perturbant et glacial. Il souffla et annonça que j’étais licencié pour faute grave. « Laquelle ? » demandai-je. Jusqu’à ce jour, j’étais un modèle dans mon travail, je faisais ce qu’on me réclamait, allant même jusqu’à prendre des initiatives. C’est pour ça. « Trop d’initiatives, murmura-t-il. Vous souvenez-vous des tests passés le mois dernier ? » J’avais remarqué être le seul à les avoir passés. On m’avait fait croire à une promotion. « Eh bien, c’était à la demande du gouvernement. Nous avons été obligés de vous les faire passer. Les résultats sont positifs alors ils réclament votre renvoie immédiat. »  Je fus ébahi par ses mots insensés. Comment une entreprise peut-elle accepter de virer quelqu’un sur une simple demande ? Je me levai, prêt à encastrer mon poing dans le mur quand il se leva, posant sa main sur mon épaule en racontant qu’il était désolé et tout le toutim. Puis il sortit, me laissant seul, le temps de reprendre mes esprits, mes affaires et passer à la comptabilité.
Durant une semaine, je restai chez moi, cherchant à savoir ce que je ferai par la suite. Les idées fusèrent si bien que j’écrivis trois voire quatre histoires par jours. Je postai régulièrement sur mon blog, lisant les compliments ainsi que quelques critiques négatives dont une retint mon attention : Avoir trop d’idées est mauvais car cela peut être dangereux. J’écrivis à son auteur qui ne répondit jamais, laissant ce message enflammer mon imaginaire. De temps en temps, je continuai à recevoir des mails d’un correspondant se disant du gouvernement, me signalant que je devais arrêter de réfléchir. Mais, bon, les spams, tout le monde en reçoit ! Après quelques jours de vacances, je m’inscrivis au pôle-emploi. Je découvris que tout passe par internet. Mon dossier complété, je reçus une notice me qualifiant en catégorie quatre. Cependant, je constatai le très peu d’offres pour cette catégorie. D’ailleurs c’était quoi la catégorie quatre ? Je profitai de ma première convocation pour poser la question à ma conseillère. Durant l’attente, j’entendis un homme hurler qu’il était totalement qualifié pour le métier mais sous prétexte qu’il est trop extraverti, on lui ferme l’accès. Le gars fut sorti par deux gendarmes appelés d’urgence. Apparemment, il devait faire peur. Mon attente fut longue et pénible. J’avais cette impression qu’il y avait quelque chose de grotesque dans l’agence. La déco ressemblait plus à un immense hangar transformé en bureau dont les cloisons rappelaient les entreprises de téléphonie. Chaque conseiller portait une oreillette, lisant un écran et parfois écoutait une personne par le biais du casque micro. Souvent sa discussion via l’oreillette accompagnait la réaction joyeuse ou triste du chômeur en fac de lui. Comme si tout était déjà décidé par avance.
Elle ne ressemblait à rien derrière ses lunettes de vieilles. Elle mâchouillait un chewing-gum en claquant sa bouche se moquant totalement de la politesse. Elle ne me regarda pas, s’obstinant à visionner son écran. J’attendis qu’elle me parle quand elle annonça d’un coup : « Catégorie quatre ? Je ne peux rien pour vous. Au revoir !» « C’est quoi catégorie quatre ? » questionnai-je.  Elle leva les yeux et me définit sèchement  comme imaginativement asocial. J’exigeai alors plus d’explications. Elle resta muette un petit moment avant de dire qu’avec les nouveaux critères, on demande aux gens de ne plus penser par eux-mêmes et se limiter aux ordres. Mon imagination pouvait devenir dangereuse pour la société. Peu convaincu, je sortis du centre et rentrai chez moi écrire quelque-chose pour me défouler. Le soir venu, j’écrivis l’histoire d’un jeune homme classé dangereux car il aimait raconter des aventures, si bien qu’il fut arrêté parce qu’il gênait le bon fonctionnement de la société. En finissant mon texte, j’eus cette impression d’écrire mon dernier texte. Puis fatigué bien que toujours énervé, je partis dormir.
Je fus réveillé par des coups contre la porte. Je venais à peine de me lever qu’elle céda laissant entrer une ribambelle de clowns habillés en robocops casqués et armés jusqu’aux dents. En deux secondes, je fus projeté au sol sur le ventre, une chaussure m’écrasant la tête pendant qu’un policier me menottait. Ce dernier me releva tandis qu’un autre me lit mes droits. Pendant ce temps, mon appartement était saccagé par leurs collègues. Je fus transporté jusqu’au commissariat où j’appris être surveillé depuis la création de mon blog ; mes histoires attirèrent l’attention par leur portée trop rêveuses et aventureuses. J’appris aussi qu’il était interdit de créer ou d’inventer des histoires car ils permettaient à la réflexion. Etre intelligent devenait condamnable. Je fus interné et depuis, j’attends dans un centre d’isolement mon opération; Ils appellent ça une lobotomie, j’appelle ça ma petite mort !
Alex@r60 – octobre 2019
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akelyokikagu · 5 years ago
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Ma vie, le CROUS et le wesh qui veut devenir keuf
To all my followers who can read french; sorry.  ye I came back just to post this, no respecc anymore ==========================================
Ton père est fou amoureux de ta mère. Ta mère avait une obsession avec la France et tout naturellement tu finis par être envoyée dans une université française même si au final, le Japon, quand même, c'était mieux. Tous tes amis étaient là-bas mais voilà il a fallu que tu fasses honneur à ta mère et tu te retrouves éreintée devant l'immeuble des étudiants. De toute façon les hommes de ta famille sont cons comme des balais; toi seule avait compris que si ta mère aimait la France c'était uniquement pour la bouffe et pas le paysage.
Puis, le paysage tu l'as pas non plus en fait. Quand tu regardes le ciel tu ne vois que du gris et des nuages à perte de vue, sous tes pieds c'est tacheté de crottes de pigeons– ces oiseaux du démon– et en face de toi tu vois des HLM, ton appartement étudiant camouflé dans ce tas de béton et une bande de mecs chelou qui traîne avec un gorille.
Un gorille? Attends. Tu te frottes les yeux rigoureusement et avec une certaine angoisse tu comprends que c'était pas un gorille, mais un mec qui ressemblait à un gorille. Tu n'es pas vraiment allée aux zoos mais la ressemblance est frappante avec celui du Petit Robert et puis merde, comment un être humain pouvait être aussi poilu? T'es quasiment sûre qu'en rasant ses poils on pourrait en faire un manteau, des bottes et des gants assortis. Soudainement, tu te rappelles des conseils de ta mère, ton père, ton frère, Gintoki et ton chien: mieux vaut éviter de fixer les prédateurs et tu détournes le regard mais c'est trop tard. Ils viennent vers toi.
"Ni Hao," le gorille parle et tes oreilles saignent déjà. Tu baisses les yeux et glissent ton casque en espérant qu'ils abandonneront mais on te bouscule.
"Wesh la chinoise Kondo-san te parle," dit une voix terne. Il y'a quelque chose, un grain dans sa voix que tu ne supportes pas. Tu soupires et enlèves ton casque par dépit, ton plan pour te casser est foutu et tu te décides à regarder de plus près les clowns devant toi.
Le plus corpulent est le gorille, il n'a pas l'air si méchant que ça en vrai et est habillé relativement normalement. Derrière lui tu vois un mec qui fume du malboro à l'écart et il est presque attirant jusqu'à ce que tu remarques les deux bouteilles de mayo Amora format familial dans ses poches.
"Je parle français," tu réponds d'un ton froid. Ton interlocuteur se retrouve être le moins impressionnant de la bande: il ressemble à une sorte de Justin Bieber éco+ et porte un ensemble adidas noir et doré de mauvais goût et comme si c'était pas assez son calebard dépasse de quinze centimètres, tâtant la raie du cul. Tu hausses d'un sourcil et tu souris.
T'as affaire à une merde premier degré.
"Vazy comment tu parles," il s'approche et balance ses bras dans tous les sens.
Il t'arrives au menton.
Il recule.
"Hé euh fait ta maline toi ici c'est ma zone," tu as presque pitié de lui. Il te fait penser à un chihuahua��� il crie beaucoup mais ne peut physiquement rien faire. T'es contente qu'il ait les yeux rivés sur ton minois sinon il aurait remarqué que tu portais des talons.
"Tu sais, je pense t'as fait un mauvais choix de caleçon aujourd'hui." Tu ris et te prépares à partir avec tes valises et cartons– le CROUS t'attends et c'est un ennemi bien plus grand que le "délinquant" que tu viens de croiser. T'avais entendu dire qu'il fut un temps, c'était la mode de montrer son slip mais tu t'attendais pas à un caleçon Oui-oui aussi. Le pauvre a l'air tout rouge et part en baissant la tête, cependant avant que tu puisses faire un pas de plus le gorille s'arrête.
"Je suis désolé pour son comportement, Sougo a un peu de mal avec les filles." Il fouille dans sa veste, sort un bout de papier et un stylo avant d'y gribouiller quelques choses. "Il est un peu comme mon fils," il te tend le papier, "il voulait juste te demander ton numéro. T'es nouvelle ici?"
Tu acceptes le numéro par politesse, mais honnêtement c'est pas ton type d'homme. Tu es aussi incrédule: cela faisait longtemps que tu avais vu autant de maladresse dans un flirt, même ton père était moins malaisant. "Je suis une étudiante en échange scolaire."
"Ah excuse-moi, je me suis pas présenté. Je suis Kondo Isao, le commissaire  de police du coin et là-bas c'est mon collègue Hijikata." Il te fait une tape amicale, "bienvenue dans le 93, je sais que ça peut être un peu rude mais n'hésite pas si t'as besoin d'aide. Et puis, Sougo est étudiant aussi j'espère que vous allez devenir des bons amis."
Tu fais mines de l'écouter et vous discutez un peu avant qu'il t'aide à porter tes cartons. Il se trouve que tu as la chambre 404 juste à côté du dénommé Sougo, sans doute parti changer son sous-vêtement, et tu t'installes.
Tu vivais à Tokyo avec Gintoki auparavant, une très belle ville animée et tu retrouves maintenant à Bobigny en Seine-Saint-Denis dans un appartement miteux du CROUS. Au moins tu as ta chambre personne, gigantesque par ses dix mètres carrés mais c'est propre. Le forum de 18/25 aurait donc menti: aucun disque de pisse en vue ni d'excrément dissimulé, c'est mieux que rien. La fenêtre donne vue sur la cité et le lot de parking, tu soupires et déballes tes cartons.
Au final tu n'avais pas grand chose, des vêtements, ta couette, des fournitures scolaires et un pouf. Par contre, dans un coin tu es fière d'avoir ramener un sac de riz de soixante kilos et un fidèle cuiseur à vapeur: ça sera ta nourriture quotidienne à présent. Fatiguée, tu te laisses tombée contre ton lit et allumes ton smartphone pour regarder ton compte bancaire. Après tout il va te falloir acheter assez d'oeufs et sauce soja Maggi pour accompagner ton sac de riz.
Tu ne vois rien.
Le doute ancré dans ton coeur tu regardes tes mails et tu apprends que le CROUS, bien qu'ayant accordé ta chambre étudiante, a refusé de te donner la bourse pour crédits insuffisants alors que tu t'étais préparée à débuter ta L1 de commerce internationale. Tu n'as aucune idée de ce qu'à fait l'administration: tu leur souhaites juste une mort lente et douloureuse. Au même moment tu entends ton voisin s'énerver dans une marée de mots. Tu décèles "CROUS", "bourse" et "refusé"  et tu es presque tentée de l'appeler pour lui demander la reste de la procédure.
Puis tu te souviens que t'es dans une chambre étudiante: nullement besoin de l'appeler car si toi tu peux l'entendre à travers ces murs en mousse il n'aura pas de mal à t'entendre toi aussi.
Franchement le chauve aurait pu faire mieux: tu décides de remplacer ses sérums repousse-cheveux avec de la javel la prochaine fois, ça aura au moins l'avantage de faire briller son crâne.
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justalittlethingmad · 5 years ago
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Mesmots (12/07/19, 17h01)
Les choses changent trop vite.
C'est super, mais impossible à suivre sans s'époumonner.
Et je suis pas très sportif.
Qui est ce Hugo ?
Celui qui est incapable de savoir si ce qu'il fait n'est pas uniquement pour le regard des autres. Même là, lorsqu'il écrit un truc, il y met les formes et réfléchit comme si c'était fait pour être lu.
"c'est bizarre, toi comme je te vois genre une fois par an, je t'ai vu devenir une autre personne. Avant c'était impossible de te faire arrêter de parler, t'étais un vrai clown. Alors qu'aujourd'hui t'es plus amer, plus patient. T'es carrément devenu introverti."
Hugo, je te parle ! Rien qu'évoquer l'idée de dépression te fait chialer maintenant ? Il se sent ridicule parce qu'il ne sait pas pourquoi il se sent fatigué, vide, voire en suffocation. Il grogne une à dix fois par jour, parfois même lorsque tout va bien. Comme si y'avait un besoin pathologique d'exprimer quelque chose à travers des trucs insignifiants. Il ne sort plus ou peu, parle tout seul à voix haute de son passé (même proche), et peut rester des heures sur le canapé rouge devant une série qu'il a sans doute déjà vue plusieurs fois. Il se sent tellement con qu'il parle de lui-même à la troisième personne ici.
Toi, t'es une bulle d'air.
Avec ta positivité constante et ta grande bouche. Tu parles fort (trop), tu ris une à dix fois par jour, alors que pourtant ton quotidien ne te plaît pas beaucoup. T'es la personne la plus formidable du monde. Ta force égale largement ton courage, et tes faiblesses ne font pas barrière à ton bonheur. Pourquoi faudrait-il voir du monde si ta présence remplit la jauge de sociabilité à elle seule ?
Je t'aime fort comme dans une fiction.
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thth · 3 years ago
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À Paris-Plages - enfin ce qu'il en reste avec le Covid ; mais alors, ils ont supprimé la tyrolienne ? La seule activité bandante pour les kids ?!! Par contre, ils ont engagé un artiste et première de l'histoire de cet événement que je rebaptise Paris-Bassine, c'est un putain de clown mec !!! Je l'ai rencontré hier juste avant d'aller acheter le jus de gingembre et le rhum. Oh purée, je l'ai scruté des pieds à la tête : c'est vraiment la lose édition complète remasterisée, version director's cut. Malgré le costume en couleurs et le maquillage spécifique à son rôle, il a l'air d'être habillé tout en gris le gars, il est comme... comme j'sais pas, comme si il était... froissé, voilà ! Telle une chemise en soie passée à la machine température 90°. Mais putain, qu'il a l'air vieux et fatigué derrière son maquillage, merde. Toutes les demie-heures, il joue, disons qu'il exécute, à la trompette, Les copains d'abord. L'exécution de ce morceau est une catastrophe, il enfile les fausses notes, il n'y a aucun feeling, il envoie la purée trop vite, sans respirations, sans rythme. A tel point que l'on a du mal à reconnaître la chanson de Brassens parfois tellement il la joue mal, d'une manière précipitée, mécanique, presque avec d'autres notes, inventées comme si une intelligence artificielle bugguée avait remplacé les notes manquantes mais l'air de Brassens résiste et on ne peut pas penser à autre chose. Ça te prend la tête mec, ça te prend le chou Marilou. Après l'exécution de ce massacre, il gonfle un ballon et je ne sais pas ce qu'il branle avec, mais ça pète, il doit le crever ma parole !!! Enfin, je ne sais pas, j'entends seulement la trompette et le bruit du ballon, en haut de chez moi au neuvième étage. Je suis allongé sur le lit à rien foutre pour choper l'inspiration. Il faut s'ennuyer énormément pour écrire alors t'imagines pas l'arsenal contre l'ennui que j'ai collectionné, je suis entouré de consoles de jeux, de DVD, d'ordinateurs, de smartphones et de bouffe - bref, une détonation de ballon qui éclate, retendit et on s'imagine direct que le clown s'est foutu une balle après Les Copains d'abord. Je suis mort de rire. Voilà un vrai putain de clown.
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rollingstonemag · 7 years ago
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15 femmes, héroïnes du rock
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Quinze femmes qui ont changé la face du rock, pas une de plus. Quinze égéries dont le talent, la grâce et les chansons ont traversé le temps. Retour sur les plus grandes héroïnes rock
Marianne Faithfull
Marianne Faithfull demeure la plus amboyante incarnation du sacro-saint adage “sexe, drogues & rock’n’roll”. Rolling Stone l’a rencontrée à Paris à l’occasion de la sortie de son somptueux album de reprises, Easy Come Easy Go
Il est des êtres exceptionnels ayant survécu à toutes les tentations sans jamais tirer leur révérence. Pour Marianne Faithfull, tout a commencé en 1964, avec ce disque, As Tears Go By,une ballade nostalgique composée sur mesure par Mick Jagger, Keith Richards et leur manager Andrew « Loog » Oldham. Fille d’un major de l’armée britannique et d’une baronne autrichienne, arrière-petite nièce de Sacher-Masoch, Marianne ne ressemble en rien aux autres filles, mannequins pour la plupart, qui traînent dans un Swinging London où se croisent artistes, pop stars et jeunes héritiers issus de l’Establishment. En sortant à dix-sept ans du couvent où elle a suivi toute sa scolarité, elle a épousé le marchand d’art John Dunbar qui l’a introduite dans cette bulle dorée. Repérée par Oldham alors qu’elle commence à étudier le théâtre, Marianne succombe aux charmes de Mick Jagger et se retrouve embarquée dans le sillage sulfureux des Stones. Jusqu’à sa (énième) overdose en Australie, à la fin des Sixties, juste avant le début du tournage du film Ned Kelly, le Robin des Bois australien que Jagger doit incarner. Grand seigneur, le chanteur des Stones abandonne Marianne à l’hôpital pour assurer le tournage.
La p’tite frangine Morphine vient de franchir la ligne blanche fatidique. Il faudra attendre dix ans avant qu’elle ne renaisse de ses cendres poudreuses. Dix ans d’abîme et de désillusions. À l’époque, elle n’est même pas créditée pour avoir écrit le texte de la chanson « Sister Morphine » sur Sticky Fingers. Un scandale. Mais c’est sans compter sur sa pugnacité naturelle. Lorsqu’elle ressurgit, la voix grave et rauque, brisée par les cigarettes, les années d’excès, c’est avec le monumental Broken English (1979) et ses moments de grâce absolue, comme The Ballad Of Lucy Jordan, sa reprise du Working Class Hero de Lennon ou encore Why D’ya Do It, flèche « cupidonienne �� vitriolée sonnant le glas d’un style de vie décadent, et contenant quelques anomalies barbares : « Je te tenais la bite quand tu te défonçais avec mon shit/Chaque fois que je vois ta queue, je vois sa connasse de chatte dans mon lit… » Toute ressemblance avec… « C’était surtout dédié à moi, jure-t-elle. Ce n’est qu’une super-chanson à propos de personne en particulier… Tu penses que je parle de Mick Jagger, lui aussi croit que cette chanson lui est dédiée… Alors, écris ce que tu veux : c’est peut-être pour Mick, mais au-delà, c’est peut-être aussi au sujet de n’importe qui. Why D’ya Do It est un chef-d’œuvre de jalousie sexuelle ! À quoi bon dire aux gens ce qu’ils doivent comprendre ? C’est à eux de se forger leurs propres idées et d’en déduire ce qu’ils ressentent. »
Depuis Broken English, madame Faithfull continue de promener sa voix fatiguée sur des albums précieux, non sans s’offrir quelques incursions remarquées au cinéma, comme dans le Marie-Antoinette de Sofia Coppola ou l’émouvant Irina Palm (2007). Ces jours-ci, elle publie Easy Come Easy Go, album de reprises réinventant magistralement un répertoire allant de Billie Holiday aux Decemberists, en passant par Merle Haggard, Bessie Smith, Dolly Parton, Randy Newman ou encore The Black Rebel Motorcycle Club. Le tout avec la complicité de quelques « amis » triés sur le volet, Sean Lennon, Chan Marshall de Cat Power, Keith Richards, Jarvis Cocker ou Nick Cave. « Ce projet s’est vraiment bien goupillé. Au-delà de mes espérances, explique-t-elle. C’est une véritable expression artistique. Du choix des chansons aux arrangements, l’ensemble fonctionne à merveille, mais j’en ignore la raison et l’alchimie. D’un seul coup, tout s’est harmonisé. Easy Come Easy Go est un album de reprises, mais je n’aime pas ce terme. Il s’agit d’avantage d’un recueil d’interprétations et d’adaptations. Ce disque sort également en double album 33-tours car j’ai toujours préféré le son analogique et la gravure du vinyle au son numérique du CD. »
Le regard pétillant d’une éternelle adolescente, le sourire généreux et l’âme à nue, Faithfull évoque le choix de ses reprises surprises : « Ce sont mes racines musicales. Elles sont très éclectiques. Avant d’enregistrer à Paris, j’avais déjà mis en boîte Down From Dover, Solitude, Easy Come Easy Go, Ooh Ooh Baby, Sing Me Back Home, Black Coffee, Somewhere (A Place For Us). �� Et cette perle immaculée, Sing Me Back Home en duo avec Keith Richards, lequel en a enregistré une version pirate au siècle précédent, seul au piano, et continue de jouer au Rolling Clown à travers les stades du monde entier: « Je me souviens surtout de Keith Richards et Gram Parsons (Byrds, Flying Burrito Brothers, ndlr) la chantant à tue-tête dans les années soixante. Ce n’est qu’ensuite que j’ai entendu la version pirate de Keith au piano. J’ai lon- guement hésité entre les deux versions et j’ai choisi d’interpréter celle de Keith et Gram. J’adore Keith! Ce fut une partie de plaisir sur fond de flashback vers le futur. Il a toujours fait partie de ma vie. Je l’ai rencontré à dix-huit ans. Depuis nous sommes toujours restés amis. C’est la même chose avec Mick. Je suis toujours très, très proche de Charlie (Watts, ndlr), ainsi que de Ronnie (Wood, ndlr). Nous formons un clan. Une grande famille. J’ai encore parlé avec Anita Pallenberg hier (ex-égérie stonienne, elle aussi, qui vécut avec Brian Jones et Keith Richards, ndlr). En fait, je fais toujours partie des Rolling Stones ! » (Rires.)
Autre membre de l’aristocratie rock présent sur le disque, Sean, le second fils de John Lennon, qu’elle côtoya comme les autres Beatles dans les Sixties, y compris sur le tournage du fameux Rock’n’Roll Circus. « Une expérience unique et merveilleuse, difficile à réaliser dans la mesure où nous étions tous complètement défoncés », reconnaît-elle. Quant à Sean, elle assure qu’il est un ami : « J’ai toujours entretenu des liens très forts avec Yoko Ono que j’adore, tout comme j’ai toujours adoré John Lennon. C’est une forme de perfection, d’autant plus que Sean est un musicien accompli. Nous l’avons demandé, nous l’avons payé et il s’est éclaté. » Idem pour Nick Cave : « C’est un ami qui m’est cher. Quelqu’un de très sauvage. Je viens de lire son livre. Il a tellement de talent ! Quand je me plantais, il me faisait refaire la prise et j’obtempérais… »
Evidemment, la voix de Faithfull n’est jamais aussi bouleversante que sur les ballades d’une tristesse absolue, comme ce Solitude jazzy, composé par Ellington & Co et chanté par cette autre icône abîmée que fut Billie Holiday : « Le désespoir, c’est mon domaine de prédilection. J’y excelle. Ce qui ne veut pas dire, bien au contraire, que je sois une personne triste. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’aime tellement les chansons tristes : elles me permettent d’exprimer des sentiments que je n’éprouve pas dans la vie courante. Quant à Solitude, je considère cette chanson comme une tuerie: je la chante et je la laisse partir. » Easy Come, Easy Go ? « Je me sens plus confiante aujourd’hui. Plus relaxe. J’ai accompli beaucoup de choses qui me tenaient à cœur, j’ai découvert plein d’endroits et j’ai eu la chance de jouer avec des musiciens que je respecte énormément et réciproquement. Je suis devenue une légende ! » (Rires.)
Légende, vous avez dit légende ? On songe à cette version approximative mais géniale du « I Got You Babe » de Sonny & Cher revue et corrigée par Faithfull et Bowie, le temps d’un duo sur canapé, au milieu des Seventies : « Quel souvenir! (Rires.) En fait nous travaillons actuellement sur l’élaboration d’un coffret et ce duo en fait partie. Ce qui est difficile à réaliser, c’est que l’ensemble de ma carrière musicale soit explosé dans tous les sens. Tout rassembler n’est pas une mince affaire. »
L’équation s’impose d’emblée : comment Faithfull juge-t-elle ses Swinging Sixties, avec le recul ? « J’ai eu le privilège de me trouver au cœur d’une époque merveilleuse ! J’ai eu la chance de rencontrer des gens qui sont devenus des amis intimes. J’ai vécu l’aspect magique des Sixties. Ce que je regrette, c’est de les avoir traversées complètement défoncée. Je pense que j’aurais vécu encore plus intensément les années soixante si je n’avais pas été à fond dans la dope. Ce fut une perte de temps personnelle. » Et, sur ce sujet ô combien sensible, de parler à nouveau de son vieux complice Keith Richards : « Keith a toujours été comme ça! Nous l’étions tous les deux durant les Sixties. Je pensais comme lui que les drogues symbolisaient le Saint Graal. Simplement, moi, j’ai arrêté. Je ne sais pas si c’est de la sagesse, mais c’est la façon dont je ressens les choses. J’ai toujours été consciente quand je prenais de la dope que ce n’est pas ce qu’il fallait que je fasse. Quelque part, j’avais peur et ça me mettait mal à l’aise. Après l’euphorie des Sixties, les Seventies furent une longue descente en enfer. »
Pour conclure cet entretien, on choisit d’évoquer sa rencontre – immortalisée par des photos mythiques – avec le démiurge de la décadence made in France, Serge Gainsbourg, Tarzan dans la jungle des arts mineurs, sautant de liane en liane pour mieux séduire sa Jane : « Jane Birkin est une super copine. Mais j’ai rencontré Serge en 1964-1965. Si je me souviens bien, c’était par le truchement du magazine Salut les copains! Il traînait dans le coin avec Jean-Marie Perrier quand je faisais des séances d’enregistrement. Serge se tenait dangereusement en retrait. C’était un réel poète. Et un grand chanteur, mais à l’époque, je le fréquentais à peine. On se connaissait de vue, bien que j’aie enregistré certaines de ses chansons, comme Hier ou demain pour la comédie musicale Anna. Quant au clip de Running For Our Lives (sur Child’s Adventure, en 1983, ndlr), réalisé par Serge sur le toit d’une voiture, je dois dire que nous étions complètement décalqués à la vodka… À ce moment précis, le seul moyen de communiquer avec Gainsbourg était de boire avec lui. Mais c’était attendrissant. J’ai eu la chance de passer des moments merveilleux avec lui. Sur scène, je reprends Lola Rastaquouère, cette chanson fait partie de mon répertoire et Serge Gainsbourg demeure mon artiste français préféré. » Frédéric Lecomte
Grace Slick
Bien sûr, il y eut l’été de l’Amour, les concerts gratuits et les chansons qui emmenaient haut, très haut. Mais la chanteuse de l’Airplane n’était pas juste une hippie. Avec sa voix unique et sa personnalité explosive, Grace Slick dépassait de loin le folklore Flower Power. Sixties idole
Même si l’insurrection annoncée par les textes du groupe n’a jamais vraiment eu lieu, le Jefferson Airplane aura quand même été à l’épicentre d’une révolution bien réelle. Car souvenons-nous, avant que le Flower Power ne redonne un peu de couleurs à une Amérike endeuillée par la guerre du Viêtnam, les femmes n’avaient guère leur place dans les groupes de rock. Elles étaient pour la plupart cantonnées aux rôles de poupées de son, chantant en solo ou au sein de girl’s groups, mais toujours coachées par quelque producteur (mâle) tout-puissant. Ce fut l’un des grands bouleversements du San Francisco Sound que de mêler voix d’hommes et de femmes dans ce grand tourbillon folk-rock qui, peu à peu, décolla vers le psychédélisme. La Baie était ainsi remplie de combos bariolés qui prêchaient l’égalité des sexes et le gobage de LSD: The Ace of Cups, The Great Society, It’s a Beautiful Day, Big Brother & The Holding Company et, bien sûr, le Jefferson Airplane. L’Airplane, l’ex-mannequin Grace Slick, l’avait rejoint en octobre 1966, amenant avec elle deux chansons de son ancien groupe, The Great Society, « Somebody To Love » et « White Rabbit ». Ces hymnes à la liberté et aux champignons hallucinogènes se retrouvèrent sur Surrealistic Pillow (février 1967), la pierre angulaire du rock psyché, le disque sur lequel Jerry Garcia, du Grateful Dead, était crédité comme « Musical et Spiritual Adviser ». Le succès de Surrealistic aidant, Grace Slick devint l’une des icônes du Summer of Love. On aimait à la fois ses vocaux (croisés avec ceux de Marty Balin et de Paul Kantner) et son tempérament de meneuse qui tranchait avec la coolitude apathique des enfants fleurs. Les albums suivants, After Bathing At Baxter’s et Crown Of Creation, qu’elle entraîna vers les sommets grâce à des titres comme « Lather », allaient confirmer que Grace était bien l’une des plus grandes chanteuses de l’histoire du rock, toutes époques confondues. Avec Volunteers, en 1969, l’album le plus « militant » de l’Airplane, elle perdra un peu en nuance pour gagner en force, appelant sincèrement à une révolution qui paraîtra un peu pâlichonne à côté de celle hurlée à Detroit par le MC5. Séparé en 1972, l’Airplane finira son vol avec des disques de moins en moins excitants. Grace Slick trouvant dans le Jefferson Starship – au moins au début – un autre véhicule pour des chansons désormais orientées science-fiction.
Eric Tandy
Tina Turner
Paradoxe cruel : pour Tina Turner, les années d’enfer qu’elle vécut avec l’implacable Ike furent aussi celles où nulle autre chanteuse ne pouvait rivaliser avec elle en termes de feeling, de répertoire et… de sex-appeal. Une légende
Une seule image : Tina caressant son micro de façon suggestive sur « I’ve Been Loving You Too Long », comme en 69 à Altamont, en première partie des Stones. Bien sûr, qu’IL l’obligeait à faire ça. Tout comme à danser de façon si… suggestive. À cause d’Ike, le mac à dames des trottoirs de Harlem qui inventa quasiment le rock’n’roll au piano avec Rocket 88, Annie Mae Bullock a toujours traîné cette image de bombe sexuelle, insatiable et lascive. Entouré des Ikettes, le couple immortalise dans les Sixties la décadence de la soul music afro-américaine. En 66, c’est la rencontre au sommet avec Phil Spector, qui évince Ike des séances du monumental River Deep Mountain High. Le Pop Genius ne se remettra jamais du flop de son chef-d’œuvre. Après avoir subi les derniers outrages et revisité un répertoire rock allant de « Come Together » à « Honky Tonk Women » via Proud Mary, Tina se clashe avec ce mari psychopathe qui la cogne et l’humilie méchamment depuis des années pour entamer une carrière solo en 1974. Elle est l’Acid Queen de l’opéra rock Tommy dans le film totalement barré de Ken Russell. Avant d’entamer une longue traversée du désert. Au début des Eigthies, la lionne sexy est remise en selle par Mark Knopfler de Dire Straits, avec Private Dancer. Commence alors une seconde carrière, plus F.M. (« We Don’t Need Another Hero ») qui n’entame en rien son aura de grande lady du rhythm’n’blues. Encore capable, après plusieurs années d’absence, de venir en découdre sur scène avec une Beyoncé bluffée, comme elle le fit récemment. Avant de repartir pour une (ultime ?) tournée mondiale qui passera par la France en mars 2009.
Frédéric Lecomte et Alain Gouvrion
Suzi Quatro
Au royaume de l’instant hit, difficile de rivaliser avec l’affriolante Suzi Quatro, égérie rock et glam qui enflamma le début des Seventies.
T-rex, Slade, Gary Glitter… et Suzi Q? Pour ceux qui auraient manqué le début, comme on disait alors, Susan Kay Quatro accompagne son père aux bongos dès l’âge de huit ans au sein du Quatro Jazz Band. Puis, avec ses trois sœurs, Suzi Soul fonde les Pleasure Seekers. Son premier 45-tours, Rolling Stone (en 1972), ne remporte aucun succès. Tout va changer lorsqu’elle rencontre le producteur Micky Most qui a œuvré pour The Animals, Jeff Beck, ou encore Donovan. Il emmène la petite Suzi Q à Londres et lui fait confectionner un répertoire sur mesure par le tandem Nick Chinn-Mike Chapman. Résultat, une impressionnante série de hits en pleine ère glam : « Can The Can », « 48 Crash », « The Wild One », « Daytona Demon », « Devil Gate Drive », etc. Barbare bardée de cuir noir ou en combinaison de satin lamé, Suzi Quatro va peaufiner une image de sauvageonne dominatrice (fouets, chaînes, etc.) et traverser les Seventies basse Fender Precision en bandoulière, accompagnée d’un band redoutable. Explorant une formule musicale imparable basée sur un retour aux sources et à la quintessence d’un rock’n’roll joué à fond la caisse, propulsé par les hurlements éraillés d’une bombe anatomique et sonique, le Quatro quatuor influencera énormément de groupes de filles, des Runaways aux Go-Go’s en passant par Girlschool ou Joan Jett & The Blackhearts (qui lui ont un peu tout pompé).
Frédéric Lecomte
Nico
Égérie du Velvet, icône warholienne, mannequin, actrice et junkie de luxe, la trajectoire de Nico se confond avec le grand rêve — poudré — des Sixties.
Nico, Anita Pallenberg, Amanda Lear : les mannequins de l’agence de Catherine Harlé, celles des Play-Boys de Dutronc. Avec Patti Harrison, Marianne Faithfull, Zouzou et quelques autres, ces filles belles et sexy furent les héroïnes des électriques années soixante. Nico, elle, avait quelque chose en plus. À commencer par ce (sur)nom, anagramme prédestinée d’icon – comme dans Nico Icon, l’émouvant documentaire de Susanne Ofteringer, avec les témoignages de Lou Reed, de Philippe Garrel, de Jackson Browne. Une beauté froide à couper le souffle, une voix grave, sépulcrale, une vie comme un tourbillon, la dope, encore et toujours. Factory Idol, Christia Paffgen. Toujours là où ça se passe. À l’instant X. Dans La Dolce Vita de Fellini (59), à Paris chez Castel ou au cœur du London qui swingue en compagnie de Brian Jones. Elle fait même un bout d’essai avec Gainsbourg pour Strip-Tease et grave un 45-tours avec Jones et Jimmy Page (The Last Miles), avant de filer à New York. Idylle avec Dylan, quoi de plus normal, il lui offre le troublant « I’ll Keep It With Mine ». Et puis Warhol. Plongée dans l’univers opiacé et argenté de l’Usine à rêves. Chelsea Girl et le Velvet. Combo chaotique, guitares minimalistes. Promue (?) chanteuse, la beauté blonde hante les plages soniques du mythique The Velvet Underground & Nico (1967), « Femme Fatale », « I’ll Be Your Mirror », « All Tomorrow’s Parties », psyché à mort. Andy a la banane. Et Ari, l’enfant qu’elle a eu avec Delon, qui déambule au milieu de cette endless party… quoique. Virée du Velvet par Lou Reed, repêchée par John Cale et Tom Wilson, elle grave le sublime Chelsea Girl, cultissime galette vénéneuse qui met à nue une âme maladive et maléfique sublimant une poignée de perles rares composées par Jackson Browne, Lou Reed, John Cale, Tim Hardin ou Dylan. Junkie notoire, bohémienne à la dérive courant après sa dose d’héro, Nico traversera les trois décennies suivantes en envoyant épisodiquement des cartes musicales d’un front gothique avant l’heure (son obsessionnel harmonium) au fil d’albums hautement recommandables : The Marble Index (1968), Desert Shore (1970), The End (1974) voire Drama Of Exile en 1981. L’exil et le drame, oui. À Ibiza. Où elle s’était retirée et où elle devait mourir, d’un stupide accident de bicyclette, le 18 juillet 1988.
Alain Gouvrion et Frédéric Lecomte
Debbie Harry
« Denis, Denis, je suis si folle de toi (youpidoo). » Chez Deborah Harry que peut-on préférer : la serveuse du Max’s Kansas City, la Bunny Playboy, l’actrice ou la chanteuse de Blondie ? À vrai dire, à la foire aux souvenirs, avec elle, on a le choix
Véritable bombe sexuée du rock new-yorkais seventies, Deborah Harry s’est vue affublée de ce pseudo le jour où son boyfriend Chris Stein en eut assez d’entendre les automobilistes siffler sur le passage de sa petite amie. Il venait du même coup de trouver le nom du groupe qu’il montait avec son frère Harry et sa copine… Jouant alors du cliché, ce n’est pas tant la chouette voix de mezzo-soprano de Debbie qui devait faire le succès du groupe, mais bien le marketing malin de son image, l’affairisme et la production calibrée des chansons de Blondie. Avant la carrière solo. « Je me suis réveillée un matin et j’en ai eu marre d’être Blondie, j’ai alors décidé d’être Dirty Harry, et c’est ce que je suis aujourd’hui. » La petite fille adoptée à trois ans par des commerçants de Floride avait déjà fait partie des Stilettos, un groupe pré-punk new-yorkais. Un temps serveuse dans un club Playboy, Debbie était une sacrée fêtarde, d’où la réputation pas vraiment usurpée de blonde facile, genre Marilyn décalcomaniaque, à fréquenter Warhol et le Studio 54. L’icône devait aussi beaucoup à la BD, à l’outrance et au fantasme adolescent de la girl next door, avec ce côté « qui vient de la rue » et, de l’autre, la distance qui permet d’en rêver. Soit les déclinaisons offertes par « Heart Of Glass », « Hanging On The Telephone », « Island Of Lost Souls », etc. C’est Iggy Pop qui un jour a raconté qu’après un concert en commun, il l’avait approchée, histoire de voir… Debbie lui aurait répondu que, si l’envie était partagée, elle n’était pas tout à fait sûre que cela plaise à son mec. Autre facteur de succès, la présence dans la première heure de la première journée de diffusion de MTV du clip de « Rapture », filmé par Warhol. Alors, Debbie Harry, bisexuelle affirmée, ne se pose ni du côté glacé de la Poly Styrene de X-Ray Spex de I’m A Cliche, ni encore moins dans la forêt poilue de la Palmolive des Slits de Typical Girls. Toujours en activité (on la croise sur le dernier Fall Out Boy), elle aura habilement navigué entre les images, passant du rock à la pop, d’une carrière solo au Jazz Passengers, du cinéma underground de Downtown 81 au Videodrome de Cronenberg. Mais le Polaroid qu’on gardera d’elle est bien celui de la copine amoureuse, pendue au téléphone. Sans qu’on ne sache plus très bien si elle attend un appel de Denis ou de Denise.
Jean-Pierre Simard
Patti Smith
« Jésus est mort pour les péchés de quelqu’un, mais pas les miens. » Dès l’intro de « Gloria », la chanson qui ouvre Horses, on savait à quoi s’en tenir. Reprendre les choses, côté chamanique, là où Jim Morrison les avait laissées. Premier tour de force et naissance d’une icône réconciliant Keith Richards et Rimbaud
D’abord la pochette. La photo en noir et blanc, signée Mapplethorpe. Égérie androgyne. L’élégance, aux antipodes des poupées rock de l’époque. La reprise incantatoire du Gloria des Them aux avant-postes. Cette année-là, 75, tout le monde a pris le premier album de Patti Smith en pleine tronche. Même ceux qui n’étaient pas branchés sur une nouvelle scène new-yorkaise en pleine ébullition. Trente-trois ans plus tard, tout ça semble définitivement… bizarre. Le rock, devenu mode de vie, de survie et d’envie. L’expo à la Fondation Cartier, tout le tralala. Mais Patti, décorée (en 2005) de l’insigne de commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres, comme Dylan ou Lou Reed, a peut-être atteint son but: faire reconnaître la poésie en trois accords et quelques rimes marquantes. « Baby was a black sheep, Baby was a whore. Baby got big and Baby got bigger. Baby get something. Baby get more. Baby, baby, baby was a rock’n’roll nigger. » Elevée dans le New Jersey, Patti Smith file à Paris dès 69 avec une de ses sœurs pour respirer l’air du temps, écrire et faire des performances. Revenue à New York, elle bosse dans une librairie et s’installe avec Richard Mapplethorpe au Chelsea Hotel. Devenue amie de Tom Verlaine, elle le brouille avec Richard Hell, jaloux, et fréquente le CBGB’S et le Max’s Kansas City, où elle déclame de la poésie ; seule dans un premier temps, puis accompagnée à la guitare par Lenny Kaye. Allen Ginsgberg, autre proche, lui apprend l’exigence de l’écriture. Amoureuse inconditionnelle de Rimbaud, elle écrit sans relâche et crée la pièce Cowboy Mouth avec Sam Shepard, puis publie en 1972 Seventh Heaven son premier recueil de poèmes. Elle enregistre alors Piss Factory qui allie la déclamation beat aux giclées de notes acides de Tom Verlaine. Le mode déclamatoire rock, jusqu’à présent réservé aux hommes, bascule alors dans l’androgynie punk, une sorte de mise en scène sexuée, mais sans genre dé ni. Merci Mapplethorpe. En gros, le texte a du corps et il est à partager…
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D’un côté, Smith endosse les valeurs masculines du rock : la révolte, le beat et la violence qui vont de pair; de l’autre, elle lui offre – et c’est la pre- mière depuis Janis Joplin – la liberté de la parole de son corps de femme (« Because The Night », offert par Springsteen). Respect. Mais, si le texte a du corps, et elle habite le sien avec un charisme et une présence tout en force; son corps de jeune femme, plus fille que femme, contredit son propos, et la met entre parenthèses. Elle en devient la magicienne, la passeuse, la voix qui emporte. Et c’est ainsi qu’elle est marquante, en chamane inspiré, en pythie défaite qui porte la parole sans jamais s’en défaire. Icône rock, qui après le succès de Horses, enchaîne une salve de manifestes imparables, Radio Ethiopia (1976) Easter (1978) et enfin Wave (1979). Refusant le mercantilisme statufié, Smith annonce alors sa retraite, épouse Fred « Sonic » Smith, ex-MC5. Elle s’installe à Detroit et élève leurs deux enfants, sans jamais cesser d’écrire. En 1988, elle réapparaît avec « People Have The Power », en pleine ère Reagan, c’est furieux. Revenue au rock après la disparition brutale de son mari en 98 et de son frère quelques mois plus tard, elle collabore avec REM, reprend Prince ou fait la fermeture du CBGB’s avec une performance de quatre heures. Les multiples facettes de son travail s’exposent désormais, à la Fondation Warhol à Pittsburgh, puis à la Fondation Cartier. Sa dernière apparition en France remonte à la Nuit Blanche parisienne à l’église Saint-Germain-des-Près où on la vit performer nuitamment avec ses enfants. Transmission disait Joy Division. On ajoute Till Victory…
Jean-Pierre Simard
Janis Joplin
Incontestablement la plus grande chanteuse de la planète rock. une voix phénoménale, un charisme messianique, un jeu de scène sur le l du rasoir, Janis Joplin incarne à jamais la quintessence de l’icône rock au destin tragique
C’est l’histoire d’une petite fille modèle qui tourne mal. Ou qui succombe aux sortilèges de la musique du Diable, ce qui revient plus ou moins au même quand on débarque de Port Arthur, au Texas. Elève modèle, la petite Janis se métamorphose à l’adolescence en succube infernale, aux vertiges abyssins. Après le long fleuve tranquille, place au tsunami : la jeune chanteuse n’aura désormais de cesse que de s’autodétruire et de brûler la vie par les deux bouts, plongeant irrémédiablement dans l’alcool et les drogues dures. En 1962, elle se fixe même pour mission délirante de convertir Port Arthur à la baise, c’est dire. Une seule solution, péter les plombs ! Après avoir enregistré un jingle publicitaire pour une banque (sic), la voilà qui finit par rejoindre Big Brother & The Holding Company sous prétexte « d’avoir de bons baiseurs » à portée… de main. En juin 67, Janis est la révélation du festival de Monterey, Californie, alors qu’elle le file grand amour avec le troubadour révolutionnaire Country Joe McDonald. Le mythique live Cheap Thrills (et sa pochette BD signée Crumb) capture, dans la foulée, ses performances vocales hallucinées d’écorchée vive, bluesy à vous arracher des larmes. Le tout « Approuvé par les Hell’s Angels de San Francisco ». Trajectoire fulgurante, tout comme ses pairs, Jim Morrison, Jimi Hendrix et quelques autres. Après six overdoses d’héroïne, Janis part se ressourcer au Brésil en 1970, puis, avec le Full Tilt Boogie, publie sous le pseudo de Pearl l’album du même titre, avec les immenses « Move Over », « Cry Baby », « Me And My Bobby McGee » (de Kris Kristofferson) et, bien sûr, Mercedes Benz. Le 3 octobre 1970, aux alentours de minuit, sa septième overdose lui est fatale. Les cendres de Janis sont dispersées dans l’Océan Pacifique. Reste l’œuvre, foudroyante, une explosion vocale sublime et un torrent d’émotion, dont la seule comparaison relève du génie de la môme Piaf ou des grandes héroïnes jazz, Bessie Smith ou Billie Holiday.
Frédéric Lecomte
Courtney Love
Brûler lentement, briller sûrement. évidemment too much, Courtney Love, l’égérie rock qu’on adore ou qu’on hait avec autant de force. Sa carrière a beau être partie en vrille, elle seule continue à conjuguer excès, scandales et démence pure. Va jouer ailleurs, Amy !
« Courtney Love est le meilleur coup du monde. » C’est en ces termes élégants que Kurt Cobain présente la rockeuse, le 8 novembre 1991, en direct à la télé US. Le jour où il l’a rencontrée, la légende dit qu’elle aurait hurlé « Je te connais, tu es Kurt Cobain et tu es un connard ! » avant de lui balancer un coup de poing dans l’estomac. Bad girl de la Côte Ouest par excellence, Courtney est alors bien plus cabossée que lui, c’est une jeune fille blessée qui a déjà cramé plusieurs existences. Fille d’un dealer roadie du Grateful Dead et d’une mère qui l’abandonne rapidement, elle connaît les maisons de correction, avant de devenir strip-teaseuse au Japon. Au milieu des années quatre-vingt, elle crée Sugar Baby Doll avec Jennifer Finch – future L7 – tout en restant strip-teaseuse à mi-temps à Los Angeles. Jusqu’à ce qu’elle décide que c’est à Seattle que ça se passe: « Ça ne m’intéressait pas du tout d’avoir un groupe si c’était pour faire autre chose que du Mudhoney. » Son premier album avec Hole, coproduit par Kim Gordon de Sonic Youth, reste un monument poignant de rock acéré, de violence et de noirceur. Elle l’intitule Pretty On The Inside, en se vantant parallèlement d’aimer « foutre le bordel » partout où elle passe, répétant « Je suis remplie de merde », n’hésitant pas à se castagner avec ses proches, notamment Jennifer Finch. « Courtney est une énigme, commente cette dernière. C’est quelqu’un d’extraordinaire, très intelligente, très créative, et très drôle… » Mais qui n’arrive pas à décrocher de l’héroïne. Sa love story avec Kurt squatte les tabloïds. Après quatre albums, Hole se sépare en 1998. Depuis le suicide de Cobain, Courtney fait du cinéma, (Larry Flint), coécrit une série « manga » et enchaîne les cures de désintoxication, tout en se battant pour la garde de sa fille. Enfin, en 2004, en solo, elle sort une perle – oui ! –, America’s Sweetheart, avec des ballades aiguisées chantées de cette sublime voix éraillée. Et elle prouve qu’elle reste une flamboyante songwriter et interprète. Rarement des textes rock ont été aussi crus et aussi violents sur le mal-être, sur une société aux aventures et aux valeurs jetables. Depuis, elle plancherait sur un nouvel opus, intitulé Nobody’s Daughter, aidée par Billy Corgan et Linda Perry – ex-Four Non Blondes reconvertie en faiseuse de hits pour toute la planète pop.
CF
Joni Mitchell
Artiste aventureuse, inspiratrice de tout ce que la planète folk-rock compte de songwriters importants, amoureuse invétérée, la Canadienne Joni Mitchell a prouvé qu’on pouvait révolutionner la musique avec une simple guitare acoustique
Roberta Joan Anderson est probablement la « songwriteuse » la plus douée de sa génération. Issue de la scène folk, cette authentique séductrice (parmi ses amants, Crosby, Stills, Nash, James Taylor, etc.) s’installe à New York dès sa majorité et fait sensation avec sa silhouette romantique, sa voix caressante et frémissante lapée de velours coquin, ainsi qu’avec des compositions bouleversantes de fraîcheur que Judy Collins ou le sous-estimé Tom Rush (The Circle Game) reprendront à satiété. Égérie hippie par excellence (la chanson « Woodstock »), elle découvre en Californie un véritable rêve éveillé sur fond de Flower Power et de sexualité débridée qu’elle observera avec acuité – affichant ostensiblement sa liberté de corps et d’esprit en posant nue sur l’album For The Roses. Adepte des trilogies et des triptyques (Blue, For The Roses et Court & Spark d’un côté; Hejira, Don Juan’s Reckless Daughter et Mingus de l’autre), Mitchell explore musicalement tous azimuts, passant du folk traditionnel au jazz (Mingus), voire au jazz-folk. Artiste complète et peintre accompli, Mitchell a illustré elle-même nombre de ses pochettes de disque, révélant une œuvre multicolore et multisonore, louée par la plupart de ses contemporains. Parmi ses fans, des figures telles que Robert Plant, Elvis Costello, Prince, Herbie Hancock et bien sûr Neil Young & Co. Après une retraite de plusieurs années, Mitchell est sortie de son silence fin 2007 avec le superbe Shine, stigmatisant au passage, avec son franc-parler habituel, la génération Woodstock coupable, selon elle, « d’avoir tout foutu en l’air ».
Frédéric Lecomte et Alain Gouvrion
Joan Baez
Innovatrice lumineuse de l’idiome folk contestataire par excellence, Joan Baez incarne plus que tout autre un esprit sixties issu de la bohème de Greenwich et des protest songs de Woody Guthrie. une authentique légende de la musique populaire
Dans le documentaire No Direction Home de Martin Scorsese, Joan Baez, charismatique en diable, évoquait avec une grande élégance et une distance amusée l’époque où elle avait été l’amie de cœur de celui qu’elle s’obstine à appeler Bobby, Bob Dylan. Celui qu’elle surnommait son « petit vagabond » fut probablement le grand amour de sa vie, « la Reine et le Roi du Folk » ainsi qu’on les surnomma à l’aube des Sixties. Elle lui avait mis le pied à l’étrier à l’époque où il vagabondait encore comme un chien fou dans le Village, puis l’avait fait couronner à Newport. Elle s’effaça lorsque les choses commencèrent à mal tourner entre eux. D’une beauté de madone, Baez ne fut sans doute pas la blanche colombe (trompée et humiliée par Bob) que l’on décrit souvent, plutôt une femme libre, peut-être une séductrice, n’hésitant pas à profiter charnellement de l’instant (on lui prête des aventures avec Lennon et Donovan). Militante infatigable, sa carrière a réellement souffert de ses engagements politiques, mais sa discographie, au regard de tant d’autres, reste assez digne, jalonnée en tout cas de classiques aussi intemporels que « Joe Hill » (qu’elle interpréta à Woodstock), « Here’s To You » ou son « We Shall Overcome » chanté en 63 à Washington le jour où Martin Luther King prononça son fameux « I have a dream… » Sorti à l’automne, son dernier album en date, Day After Tomorrow, produit par Steve Earle, est une authentique réussite.
Frédéric Lecomte et Alain Gouvrion
Stevie Nicks
D’un côté, la chanteuse diaphane marquée par l’enfance et les fées. De l’autre, la rockstar racontant un quotidien fortement envapé et ses déceptions amoureuses. et si le destin de stevie nicks ressemblait tout simple- ment à celui du rock californien ?
Doit-on aimer le contralto de Stevie Nicks pour nous avoir fait préférer les disques d’Iggy Pop au Rumours de Fleetwood Mac ? Ou bien pour son habilité à conter les histoires de sorcières comme les malheurs d’un quintette qui se la jouait tournante à tous les étages? Stevie Nicks, c’est l’histoire d’un vertige, d’une Alice qui se perd dans d’invraisemblables jeux de miroirs à force de les traverser. Ou de se pencher un peu trop souvent sur eux, histoire de se repoudrer le nez. Quand Nicks et Lindsey Buckingham rejoignent Fleetwood Mac, ils viennent de faire un flop avec leur premier album, à la pochette gentiment topless. L’alchimie fonctionne immédiatement. L’album de 1975 frappe deux fois dans les charts grâce aux titres de Stevie, Rihannon et Landslide. Mais Rumours, l’année suivante, téléporte le groupe dans une autre dimension, avec les hits « Don’t Stop », « Go Your Own Way », « I Dont’ Wanna Know », « Dreams », ou « Gold Dust Woman » qui parle des dangers de la vie rock’n’roll et de la cocaïne réunies. Bilan : dix-neuf millions d’albums et trente et une semaines dans le Billboard 200. Au sein du Big Mac, les couples ont explosé, comme les egos. Stevie se console avec Don Henley des Eagles, qu’elle partage avec le tourneur du groupe, dans les couloirs de l’Hotel California, celui dans lequel on peut s’enregistrer, mais jamais payer sa note. Les jeux sont brouillés et Fleetwood Mac est rattrapé par ce qu’il chante : les musiciens deviennent tous cham- pions du monde de descente en poudreuse, affichent des liaisons au sein et à l’extérieur du groupe, sniffent 1 million de dollars en remontées mécaniques pendant l’enregistrement de Tusk. Lors de la tournée qui suit, le club des ex se fout joyeusement sur la gueule. Suivront des années de séparations, de brouilles, de reformations. Stevie entame une carrière solo avec Bella Donna en 1981 – où figure son duo avec son ami Tom Petty, « Stop Draggin’ My Heart Around ». Rolling Stone l’intronise reine du rock : une paille ! C’est reparti pour un tour de grande roue : quadruple platine et double pour le suivant The Wild Heart. Aujourd’hui, le vieux Mac s’ébroue encore de loin en loin, le temps d’un disque (Say You Will, 2003) de concerts haut de gamme, souvent incandescents. Sur scène, Buckingham et Nicks affichent fugitivement une complicité un rien émouvante. Mais l’icône californienne après des années d’addiction et de désintox, ne peut cacher, sur son visage, les stigmates des excès de la rock’n’roll way of life. Et dire que Ian Dury chantait narquois au plus fort de leur succès « Sex & Drugs & Rock’n’roll is all my brain and body. »
Jean-Pierre Simard
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heidiinmelbourne · 7 years ago
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Heureusement, je suis assez en forme pour partir à mon stage ce matin ! 👌 J’attaque par la théorie. Cette fois-ci, j’apprends les risques de la plongée, les différents sites, les situations d’urgence, ... C’est très rassurant de savoir tout ça car ca permet de vraiment comprendre comment ça marche et nos responsabilités en tant que plongeur. Je sens aussi que je serai comment réagir dans plein de situations, même celles qu’on ne veut jamais vivre ! C’est donc avec plaisir que je potasse mon cours vu que le lendemain j’ai mon examen théorique. 📉 On attaque ensuite la deuxième session dans la piscine. Elle s’est avérée particulièrement longue et épuisante vu qu’on a passé trois heures à faire des exercices: tracter son partenaire s’il est trop fatigué pour nager, enlever son gilet ou ses poids si besoin, les remontées d’urgence,... On refait aussi les basiques et les signes pour vraiment les maîtriser. 👌 Le midi, je mange sur la plage qui est vraiment sublime. Le sable est noir et chaud et dans le fond, on voit des montagnes toutes vertes ! J’adore ce paysage de montagnes qui finissent dans la mer 😍 L’après-midi, on a notre deuxième plongée en mer sur le site des Biorock. On pratique encore plein d’exercices sous l’eau et on apprend la navigation avec un compas. Ça nous sera utile vu comme on peut être désorientée sous l’eau ! Après une longue série d’exercices, on explore librement le site et je prend de plus en plus de plaisir vu que je gagne en confiance. J’admire notamment toutes les étoiles de mer, les poissons clowns, les coraux, les « block fish ».... 🐠🐡🦀 Je reconnais certains poissons que j’avais découvert en Australie et je commence à connaître les noms (en anglais par contre). Je suis à nouveau épuisée mais ravie quand je sors de l’eau ! Cette journée était à nouveau incroyable et j’adore ma buddy et mon instructeur avec qui on rigole bien ! Il est patient et nous met en confiance, c’est vraiment chouette. Le soir, je dîne à mon hôtel du riz gentiment préparé par mes hôtes 🍚 J’en profite pour réviser mes cours et m’endors très tôt en compagne de mes lézards ! 😴
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journalduneprof · 7 years ago
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La reprise
11/11/17
Ça y est, me voilà embarquée pour une nouvelle période. 7 semaines jusqu’à Noël, qui ne sont apparemment pas les plus faciles : les bulletins tombent, les journées raccourcissent, élèves et profs sont fatigués. Mais je ne suis pas mécontente de retrouver mes chers petits, histoire de conjurer deux semaines de rêves angoissés (merci mon inconscient).
Lundi
Pleine de bonne volonté mais prête à jouer à la méchante s’il le faut, je débute la semaine avec les 6èmes. Ils sont très agités, mais contents de se retrouver entre copains, et même de me retrouver ! J’en suis flattée mais cela ne m’assure pas une classe calme pour autant. M’étant rappelée de cours de français que j’avais beaucoup aimés étant élève, j’avais décidé de faire une séance qui sortait un peu de l’ordinaire: faire parler mes élèves des livres, films, expos qu’ils auraient lus ou vus pendant les vacances. Pour une fois la participation est timide au début, puis ils s’échauffent : « Madame je peux venir parler d’un jeu vidéo ? Madame je peux raconter un film d’horreur que j’ai vu l’année dernière ? ». Ce n’était pas exactement ce que j’avais prévu, mais allons-y. Quelques téméraires volontaires viennent au tableau pour livrer leurs impressions sur les œuvres de leur choix, essayant de tenir compte de mes questions : « Qu’est-ce qui t’a plu ? Qu’est-ce qui t’a surpris ? Est-ce que tu recommanderais cette œuvre à tes camarades ? ». Ils avaient pourtant du mal à faire autre chose que raconter l’histoire, de manière assez brouillonne. Cela m’a fait prendre conscience que l’oral, malgré leur énergie et leur bonne volonté, c’est comme le reste : il faut les préparer en amont et leur donner des consignes claires et précises si on veut que ça marche.
Je retrouve les 6èmes plus tard dans la journée. On consacre cette fois-ci le cours à corriger les devoirs qu’ils avaient à faire pour la rentrée (inutile de préciser que tous ne l’ont pas fait, « j’étais en vacances » semblant être un argument acceptable pour ne pas ouvrir son agenda pendant deux semaines). Je trouve cela un peu laborieux de revenir sur des choses qu’on a abordées il y a plus de deux semaines mais en même temps je n’ai pas le choix, cela n’a aucun sens de les faire travailler sur quelque chose et de ne pas le corriger ensuite. Malheureusement je n’ai pas encore trouvé la bonne combine pour que 1/ tous fassent systématiquement leur travail 2/ même ceux qui ne l’auraient (remarquez l’emploi optimiste du conditionnel) pas fait se sentent concernés par ces sessions de correction. Je conclus cette deuxième heure de cours un peu pénible par un petit sermon. Leur comportement n’était pas dramatique en soit mais je préfère marquer le coup, histoire qu’ils ne perdent pas toutes les bonnes habitudes que l’on avait commencé à construire en deux mois ; et je joue aussi de la bonne relation que j’ai avec eux. Je peux désormais faire vibrer la corde l’affect - “Je m’attendais à mieux, je veux pouvoir dire que je suis fière de ma classe, je compte sur vous pour changer de comportement” - chose qui aurait été difficile en septembre. Je ne vais pas me priver si ça peut marcher!
Mardi
Je retrouve ce jour-là mes 5èmes, pour entamer avec eux une séquence intitulée « Héros et héroïnes ». Ils semblent emballés par le thème, jouent le jeu, participent, donnent leurs propres définitions d’un héros… Je suis contente de les voir dans cet état d’esprit et les encourage donc beaucoup, et savoure mon rôle de prof plutôt que celui de flic. Les 6èmes quant à eux continuent à être assez pénibles, je décide donc de recourir à une technique pratiquée par plusieurs de mes copains profs : je lance le chronomètre dès qu’ils sont trop bruyants, me tais, et attends le silence pour reprendre le cours. Dès qu’on arrivera en cumulé à 53 minutes (durée d’un cours), on récupérera une heure. La technique est relativement efficace (dans le sens où l’heure sera bien rattrapée) mais même si les élèves se calment une fois le chronomètre enclenché, ils reprennent leurs bavardages cinq minutes plus tard. Qu’à cela ne tienne, je relance le chrono, et conserve ma bonne humeur: j’ai l’impression de vivre ces heures agitées avec plus de distance désormais, et ma colère est désormais (parfois) feinte. Je commence à rentrer dans mon “clown de prof”, comme dirait l’un de mes collègues.
Mercredi
Allez, les quatre heures du mercredi matin, et ma semaine sera presque finie. Je retrouve les 3èmes latinistes, avec qui je travaille bien. Je fais une heure à peu près calme avec les 6èmes, puis deux plus agitées avec les 5èmes. L’accalmie aura été de courte durée mais j’ai l’impression d’être mieux entendue lorsque je leur fais des remontrances après les deux heures réussies de la veille : les réprimandes ont plus d’effets quand elles alternent avec des encouragements plutôt que lorsqu’elles sont incessantes. C’est pour cela que même si je ne m’attends pas à ce que ce soit une partie de plaisir tous les jours, j’ai le sentiment de construire progressivement ma relation avec mes classes. Chaque fois où l’on travaille efficacement est non seulement un bonheur pour moi sur le moment mais aussi une cartouche pour la suite, qui me permet d’être plus crédible lorsque je les gronde, et moins tendue lorsque j’ai l’impression qu’on perd notre temps. Après tout, qu’est-ce qu’une heure dans la vie d’un élève…
Jeudi
La journée débute par des commissions éducatives pour deux de mes 6èmes. Cette discussion, qui réunit l’élève, ses parents, la directrice, les CPE, et les professeurs disponibles, est le dernier échelon avant le conseil de discipline (dont l’issue potentielle est l’exclusion définitive). Autant dire que cela ne rigolait pas pour ces deux garçons. Les profs commencent par mentionner les problèmes d’apprentissage et de discipline, suivis par les CPE qui font le point sur la vie scolaire (comportement en général dans le collège), pour enfin passer à la directrice qui expose les conséquences possibles si l’élève ne change pas de comportement. La parole est bien sûr laissée à l’élève pour qu’il donne sa position sur la questions (étonnamment, les deux lascars n’étaient pas bavards) et à ses parents pour qu’ils nous expliquent comment cela se passait les années précédents (en l’occurrence, au primaire). Expliquer clairement à l’enfant pourquoi son comportement n’est pas tolérable sans poser de sanction me paraît important, et contraste avec les moments de conflits en classe où l’on est obligé de punir (mot dans le carnet, menace d’appel aux parents, heure de colle…). J’étais aussi très intéressée par le point de vue de ma collègue CPE, qui a une relation plus individuelle avec les élèves que moi, prof, qui interagit principalement avec eux dans le cadre du groupe classe. Reste à voir maintenant si ces discussions auront un réel impact… On l’espère.
Je retrouve mes latinistes de 5ème puis de 3ème pour finir la journée, improvisant avec ces derniers une heure d’initiation au grec et d’étymologie. Ils ont bien accroché et cela m’a donné plein d’idées pour de prochains ateliers plus structurés.
Vendredi
Ah je ne vous avais pas encore dit ? Je ne travaille pas le vendredi. Bon weekend à tous !
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oliviasunway · 5 years ago
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Bonjour, Alors, comment s'est passé cette première semaine de rentrée? Dites-moi tout! Pas trop fatigué(e)? Pour ma part, c'était un peu mouvementé, ma fille de 4 ans a repris l'école et c'est une vraie chipie! L'année dernière, je me suis fait convoquer par la maîtresse dès le premier mois, car elle adore faire le clown. Je ne vous dirai pas de qui elle tient... chuuuut :p Le week-end prochain, je continue ma tournée de dédicaces. Cette fois, vous me retrouverez près de Lyon au salon de Pusignan (Centre Culturel de l'Odyssée) Le samedi 14 et 15 septembre. À bientôt, Olivia https://www.instagram.com/p/B2J1vjgIQrn/?igshid=o76fcuhg0cr0
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astrangeyoungboy · 7 years ago
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*PUTAIN DE MERDE DÉSOLÉ POUR CETTE ENTRÉE FRACASSANTE MAIS FAUT SAVOIR QUE J’ÉCRIS CA MERCREDI SOIR ET QUE JUSTE QUAND J'AI CLIQUER SUR "PUBLIER" MES PARENTS ONT COUPER LE WIFI PUTAIN DU COUP JE LE PUBLIERAI JEUDI MATIN, surement maintenant pour vous quoi.*
Merci @mesmontagnesrusses​ pour le tag :3
5 things you’ll find in my bag pockets (sub with vehicle if you don’t carry a bag or pockets):
Mon téléphone, ah non on me dit qu’il serait tomber à l’eau, rien alors, vraiment rien x)
5 things you’ll find in my bedroom:
Des posters de voitures, ah on me dit que non ça c’était quand j’étais gosse encore, fin y’a un an et demi. Je vais peut-être arrêter mes blagues à la con, je risquerais de paraître chiant, même si c’est déjà fait je pense x) Mon pc haha, des livres, mon casque, ma nouvelle chaise de ministre, des mouchoirs xD
5 things I’ve always wanted to do:
Je dirais plutôt 5 choses que je veux faire car je suis trop jeune pour utiliser toujours pour des pensées datant de seulement quelques années :
Voyager au Japon, c’est un truc qui me tient vraiment à cœur, trouver mon avenir, gagner au loto sans même y jouer, et réussir à parler aux gens, à mes parents. *ce classement n’est pas L’EXACTITUDE VÉRITÉ des 5 choses que je veux faire, seulement 5 choses qui me sont venu à l’esprit , bien qu’elles soient importantes*
5 things that make me happy:
La musique qui me retourne les tripes, ah mince @mesmontagnesrusses​ a dit exactement la même chose, ah on me dit dans l'oreillette que cet incident n’est pas dû au hasard car j’ai fait un copier coller pour avoir les questions que j’ai elles-même copier coller sur translate pour être sur de ne pas me tromper sur le sens des phrases, interrogatives. Ne me demandez pas pourquoi je fait le clown ce soir, je n’en sais rien. J’aime aussi parler avec mes amis, faire du vélo, l’orage et lire bien entendu.
5 things I’m into currently:
Le démontage de mon téléphone, réparer mes chambres à air qui aiment tellement les trous, rejouer à la play3 parce que ça fait plus de 8 mois quand même, musique, manger aussi, j’aime bien manger.
5 things on my to do list: (5 choses qui DEVRAIENT être sur ma to do list)
- Réfléchir plus et prendre mon temps au lieu de faire des bêtises. - Muscler ce corps qui n’est pas très ”massif” selon les sportifs de haut niveau haha. en vrai faut savoir que j’y pense deux secondes puis j’oublie puis j’y repense le lendemain et ainsi de suite. - je trouve rien d’autre,  il commence à se faire tard, mon cerveau est fatigué, ne lui en voulait pas. s’il vous plaît.
Je désigne maintenant @crtsgrl​ si elle a le courage de le faire et toutes les autres personnes qui en ont envies car ça serait long de tous vous inviter :3
Tchao, bonne nuit :)
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viedemaigre · 6 years ago
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#2 Intermittence
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Je suis intermittent du spectacle depuis octobre dernier. Et si ça n’assure pas mon futur à long terme, ça a grandement transformé mon quotidien. Je t’explique pourquoi.
Si ce sujet t’emmerde, clique ici 
  En 2017, entre la sortie du « Voleur de Couleurs » et la pièce « La Résistible Ascension d’Arturo Ui », j’ai comptabilisé plus de 507 heures de travail déclarées dans le milieu du spectacle. Après des mésaventures liées à un établissement public à caractère administratif dont le nom commence par « Pôle » et finit par « Emploi » pour ne pas le citer (rattachement à l’antenne de Nanterre sans explication, demande de justificatifs sans en préciser la nature, absence de courrier ou mail pour me tenir au courant…), j’ai finalement obtenu le statut.
 Pour être honnête, je ne l’avais jamais cherché car il induit de comptabiliser ces 507 heures minimum chaque année pour renouveler son allocation calculée selon la médiane des cachets touchés en 365 jours. J’ai connu des gens qui déclaraient de fausses heures de travail auprès de leurs potes pour pérenniser leur statut. Pas facile.
 Mais ce système unique au monde permet quand même une chose non-négligeable : vivre décemment (demande à tes potes artistes étrangers).
 Celles et ceux qui me connaissent bien le savent. À partir de 2013, après mes échecs aux concours de journalisme, je me suis lancé en tant que freelance. Les premières années, je gagnais 900 euros par mois (sans cotiser) que je complétais en travaillant en tant que plongeur dans un restaurant pour environ 300 euros par moi. Ensuite, j’ai lâché ce job alimentaire pour me consacrer aux concerts et ateliers mais ma rémunération freelance est tombée à 600 euros par mois. Cette dernière étant liée à l’actualité. Juillet-Août était la période la plus horrible. À l’été 2016, j’ai dû toucher à peine 250 euros en deux mois.
 Même quand on est très motivé, ce n’est pas une vie. Car cela oblige à être regardant sur tout. Pas de vacances, pas de petits plaisirs. Ou si peu car tout repose sur les économies. Outre cette disette financière, un complexe social s’installe. On a honte, on s’en cache. C’est très violent.
 Aujourd’hui, je gagne un petit peu plus du smic avec mon allocation. Je loue un appartement de 33m2, je peux faire des courses normalement, m’acheter des livres (!!), aller au restaurant et surtout : consacrer l’intégralité de mon temps à ce que j’aime.
 Résultat ?
 Mes textes sont mieux écrits, mes ateliers sont de meilleure qualité, mes prestations sur scène plus intenses, mes recherches plus poussées sans parler de l’amélioration de ma santé mentale (rappel : artiste fait partie du top 3 des métiers les plus touchés par les maladies mentales). Je suis toujours aussi fatigué car actif mais plus serein. Je peux prendre le temps et je me rends compte que c’est extrêmement important quand on crée.
 Or, régulièrement, la légitimité du statut est attaquée par le gouvernement car considérée comme trop « privilégiée ». Certain(e)s en abusent probablement mais c’est tout de même ce qui fait vivre des milliers de chanteurs, clown(e)s, jongleurs, musicien(ne)s, comédien(ne)s qui ne passent pas à la télévision.
 C’est pourquoi je t’invite à le défendre et à en suivre l’actualité sur différentes pages et groupes facebook ainsi que sites associés :
 https://www.facebook.com/CipIdf/
https://www.facebook.com/CICP72/
https://www.facebook.com/cgt.spectacle/
https://www.facebook.com/groups/intermittents.droits.sociaux/permalink/10156723407151000/
https://www.facebook.com/groups/intermittents.du.spectacle/
https://www.facebook.com/groups/31094647840/?fref=nf
https://www.facebook.com/SoutienAuxIntermittents/
  Et aussi à diffuser mon travail. Qui sait ? Ça pourrait me permettre de renouveler mon statut..
  - Photo : Alexandre Sepré
- Musique : « Only wolves » - Gael Faure
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ceuxquidormentdebout · 8 years ago
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Histoire sans lendemain
Je commande un verre et me dis que j’embrasserai bien ce grand garçon efflanqué, oh non plutôt celui-ci avec la moustache, oui des lèvres moustachues, ça chatouille mais c’est agréable, ça tient chaud, mais quand il sourit sa moustache frétille, on dirait une grosse chenille, je hais les insectes et puis je n’aime pas sa manière de rouler des mécaniques, j’ai envie de lui dire que c’est facile d'être viril, plus beau d'être Homme, et puis il est joli garçon, j’en ai marre des jolis garçons, la beauté c’est monotone, ils ont tous les mêmes traits droits, les sourires brillants, les pommettes saillantes, l’allure sportive, j’ai l’impression d’avoir embrassé la même personne des centaines de fois. Alors j’embrasserai celui-là, il a l’air perclus de tristesse et reclus dans l’ivresse. Il sent la solitude, cette odeur de renfermé que prennent les objets perdus parfois pour ne plus ��tre retrouvés. Oui, celui-là avec ses grands yeux bleus tristes, les yeux c’est le reflet de l’âme alors la sienne doit être couverte de bleus, une fille de joie et un garçon de tristesse, on sera un drôle de couple, comme ces clowns dans les cirques, un Pierrot et un Auguste. Son attitude crie je n’ai besoin de personne, ça tombe bien, moi non plus, je n’ai jamais eu besoin de personne, je n’ai besoin de rien, ni du soleil, ni de la caresse du vent, ni de liberté, j’ai juste envie de toutes ces choses comme j’ai envie de lui.
Oui, je reprends une bière avant d’y aller et puis je l’embrasserai, je le baiserai, on boira et on parlera et on boira et on parlera encore, il me demandera si je parle toujours autant de moi aux inconnus, je lui dirai qu'il n'y a qu'aux inconnus qu'on peut vraiment parler de soi et quand il n’y aura plus d’alcool, je boirai ses paroles et je ferai un coma idyllique, je serai complètement raide et peut-être que celui-ci survivra au crush-test pour une fois. Il me parlera de tout, de rien, de lui,  il sera drôle et ne cherchera pas à m’impressionner, trop d’hommes m’ont dit leur vulgarité en parlant de culture. Oui je bois un dernier verre et je l’embrasserai dehors quand il fumera, il aura un goût de nicotine et de houblon, nous nous mènerons en bateau ivres, je l’embrasserai sous la lune indifférente et nous laisserons les cieux taire nos noms puisqu’ils n’auront rien de mieux à faire et peut-être que, pour une fois, le soleil trouvera mon corps enlacé à un autre et sinon tant pis car je ne connaîtrai pas son nom et on ne connaît ce qu’on ne peut nommer.
Je bois un dernier verre et j’y vais, je crierai pour couvrir la musique, pour couvrir la distance, pour couvrir la peur, oui, je bois un dernier verre ça la noiera. Je bois un dernier verre et ce soir je ne rentrerai pas seul dans le néant de ma chambre. Le vide traverse mon appartement, parfois un brin de vent y souffle, un mouvement se fait pour souligner le rien. Ce soir je finis dans de beaux draps, les miens, les siens, peu m’importe, une nuit de percale contre l’ennui qui percute. Il me caressera avec ses deux mains, ces mêmes mains sales qui auront touché les barres de métro, porté sa nourriture en bouche, qui lui auront servi à écrire ou à serrer tant d’autres inconnus. Je lui dirai peut-être que ma mère me disait qu’il devait bien y avoir quelqu’un qui m’attend quelque part et je trouvais ça drôle car d’un autre côté elle répétait que mon seul don c’était d’être là où on ne m’attendait pas, j’en concluais mentalement que cela me condamnait à la solitude. Non je ne lui dirai rien, à quoi ça sert de parler de soi, de se mettre à nu, ce n’est pas à cette intimité-là que les hommes s’intéressent. 
Je bois encore un verre et demain, nous nous réveillerons peut-être ensemble, il aura les traits gonflés et l’haleine lourde, il sera embarrassé et moi aussi, nos solitudes se regarderont en chien de faïence gênées de s’être crues toute autre. Demain, on aura déjà oublié, tous nous auront oublié car deux corps qui se frottent cela n’a aucune importance dans la grande marche des choses, oui demain peut-être mais nous sommes ce soir et que m’importe demain et souvent ils partent même avant le réveil et je me dirai que ce n’est pas parce qu’il n’y avait rien de vrai que tout était faux. On croit à force être libre de ce vain désir de plaire attaché à notre petit tas de chair mais ce besoin d’attachement, cette nécessité vitale de créer des liens torture toujours, triste bondage affectif, masochisme sentimental. Je n’ai plus de coups de foudre, quel ennui, ça vous éclaire un millième de seconde avant de vous laisser seuls, désemparés au cœur de l'orage. Oui je suis fatigué, des coups de foudre, des coups à gauche à droite, des coups de cœur, des coups d’un soir, des coups de tête, des coups d’éclat et des coups bas, j’ai vidé mon six-coups voilà bien longtemps. 
Mais ce soir je bois un dernier verre et je prends ma dose d’affection, d’épiderme et de caresse sur des peaux de chagrin. Juste une petite rechute, pas grand-chose, pas plus, je ne m’attacherai pas, il ne faut pas, en escalade on ne s’appuie pas sur une prise tant qu’elle n’est pas sûre. Les hommes c’est comme les cigarettes, on croit arrêter et on retombe souvent dedans même si c’est nocif et plein de maladies. Les hommes c’est ennuyeux, ça ne sait jamais communiquer, les hommes ça ne dit jamais rien, les hommes ça ne me dit plus rien.
J’ai repris un verre mais il est parti, la piste de danse est vide et dehors le soleil se lève.  
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