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#jane nardal#paulette nardal#paris#france#martinique#negritude#leopold senghor#claude mckay#article#history#french history
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Brent Hayes Edwards, The Practices of Diaspora: Literature, Translation, and the Rise of Black Internationalism, 2003
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Négritude - Wikipedia
The Harlem Renaissance, a literary style developed in Harlem in Manhattan during the 1920s and 1930s, influenced the Négritude philosophy. The Harlem Renaissance's writers, including Langston Hughes, Richard Wright, Claude McKay, Alain Locke and W.E.B. Du Bois addressed the themes of "noireism", race relations and "double-consciousness".
During the 1920s and 1930s, young black students and scholars primarily from France's colonies and territories assembled in Paris, where they were introduced to writers of the Harlem Renaissance, namely Langston Hughes and Claude McKay, by Paulette Nardal and her sister Jane. The Nardal sisters contributed to the Négritude discussions in their writings and also owned the Clamart Salon, a tea-shop venue of the Afro-French intelligentsia where the philosophy of Négritude was often discussed and where the concept for La Revue du Monde Noir was conceived. Paulette Nardal and the Haitian Dr. Leo Sajou initiated La Revue du Monde Noir (1931–32), a literary journal published in English and French, which attempted to appeal to African and Caribbean intellectuals in Paris. This Harlem inspiration was shared by the parallel development of negrismo and acceptance of "double-apparantence", double-consciousness, in the Spanish-speaking Caribbean region.
PHILLY DREAM CHASERS
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We can see among the black intelligentsia in interwar France the contradictions of colonialism collapsing in on themselves. The technologies of colonialism had come together in curious ways: education system, print media, business acumen. All of these were used by a new black “assimilated” intelligentsia, who might come from the French Antilles, or West Africa, and find themselves in the same salons, or writing in the same periodicals, engaging in a similar culture as a middle-class Parisian literary elite.
They often explored themes of a different nature: exile, questions directed against the education system, the history of Africa, and the significance of their own blackness. It was how they rebelled. “I feel ridiculous, in their shoes, in their tux,” was how the negritude poet Leon Damas put it, “a killer with them, my hands frightful red.”
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Jane Nardal
NARDAL Jane
1902-1993 Écrivaine et essayiste France
Jane Nardal et sa sœur Paulette Nardal ont tenu un rôle majeur dans la genèse de la négritude, mouvement culturel et politique d’émancipation et de réflexion sur la condition noire.
Jeanne dite « Jane » Nardal naît en Martinique d’un père ingénieur et d’une mère institutrice. Ses parents tiennent salon et s’efforcent de donner à leurs sept filles le goût des arts et de l’engagement politique. Jeanne rejoint sa sœur Paulette à Paris, où elle entame des études de littérature à la Sorbonne. Elle est la première noire agrégée de lettres classiques.
Le Paris de l’entre-deux-guerres voit se développer un mouvement sans précédent, la négritude. Des intellectuel·es noir·es revendiquent leur singularité, leur fierté d’être noir·e et rejettent l’assimilation culturelle. Ce bouleversement politique est porté par la littérature. Batouala, véritable roman nègre de René Maran dénonce le colonialisme et reçoit le prix Goncourt, les revues engagées se multiplient. La négritude est influencée par la Harlem Renaissance qui renouvelle en profondeur la culture noire américaine aux États-Unis.
Si le nom négritude est créé en 1936 par un homme, Aimé Césaire, les femmes occupent dès l’origine une place déterminante au sein du mouvement. Nancy Cunard, une Anglaise installée en France, publie en 1934 un recueil célèbre d’écrivains, poètes et penseurs noirs. Suzanne Roussi Césaire a dans la réflexion de son mari une importance capitale.
C’est chez les sœurs Nardal enfin, qui animent un salon littéraire à Clamart, que se réunissent les figures du mouvement et que naissent et se transmettent les idées au cœur de la négritude. On y croise Léopold Sédar Senghor, Léon-Gontran Damas, René Maran, Aimé Césaire et d'autres venus d'Afrique et des États-Unis, tel Claude McKay, figure de la Harlem Renaissance.
Jane lance en 1928 La Dépêche africaine, organe officiel du Comité de défense des intérêts de la race noire. Elle y publie des articles qui, appelant au réveil de la conscience noire, au renouveau noir francophone et à la constitution d’une identité noire diasporique, jettent les bases théoriques de la négritude. Avec Paulette, elle crée La Revue du Monde Noir dans laquelle elles appellent à un réveil des intellectuels et un internationalisme noir. Elles y dénoncent la colonisation et contribuent, par un important travail de traduction, à faire connaître poèmes, essais et romans américains.
Jane rentre en Martinique en 1929 où elle continue son travail de diffusion de la culture noire américaine, en tentant notamment de faire connaître le blues. Elle correspond assidûment avec Paulette, restée en métropole, afin de poursuivre la réflexion qu’elles ont initiée ensemble. Elle devient enseignante sur l’île puis au Tchad et tente de se lancer en politique. Après des réactions hostiles et voyant sa santé décliner, elle se retire de la vie publique. Elle meurt en 1993.
Son apport déterminant à la négritude, ainsi que celui de sa sœur, a longtemps été occulté. Ce sont trois hommes Léopold Sédar Senghor, Léon-Gontran Damas et Aimé Césaire qui ont recueilli les lauriers de cette aventure collective. Paulette Nardal écrit ainsi :
« J’ai souvent pensé et dit, à propos des débuts de la négritude, que nous n’étions que de malheureuses femmes, ma sœur et moi, et que c’est pour cela qu’on n’a jamais parlé de nous. C’était minimisé du fait que c’étaient des femmes qui en parlaient. »
Une promenade du XIVe arrondissement porte aujourd’hui le nom « Jane et Paulette Nardal ».
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Grosso merdo j’en suis là
I/ Naissance de la revue
a- Identité et parcours intellectuels et politique des auteur-e-s
(René Ménil, Thélus Léro, Etienne Léro, Jules-Marcel Monnerot, Auguste Thésée, Michel Pilotin, Maurice-Sabas Quitman et Pierre Yoyotte. simone Yoyotte)
Etienne Léro
Parmis les contributeurs “les plus connus” on retrouve Etienne Lero, considéré comme le fondateur de la revue. Les élèments biographiques à son sujet restent flous et contradictoires. Dans Black Brown and Beige, Kelley et Rosemont partagent comme année de naissance et de décès 1910 -1939, Léro, serait mort prématurément au front à l'age de 29 ans, cependant René Ménil dans un hommage postum évoque la mort prématuré de Léro à l'age de 25 ans. Cependant on sait qu'Etienne Léro est issu de la famille Lero, famille d'intellectuels influente en Martinique (Thelus Lero, Senateur, Yva Lero, militante féministe historique en Martinique). Etudiant en philosophie à Paris, il était membre du groupe d'étude pour la phénomenologie humaine, a contribué à la revue Luciole, fondée en 1925 par Oscar Manoni et Gilbert Gratiant, à la revue du monde Noire, fondée par les soeurs nardal et Sajou mais aussi à d'autres revues surrealistes (le surrealisme au service de la révolution, document 34). Il evolue donc dans des milieux intellectuels assez divers. Un hommage postum de René Ménil publié en octobre 1985 dans le journal Justice témoigne de son relatif anonymat. “Etienne Léro : Restituer un visage”, un court article cloturé par un cliché d'Etienne Lero, le 1er publié. “C'est sans doute à ma connaissance, la première fois que se trouve publiée une photographie d'Etienne Lero dont il est tant parlé dans les livres qui traitent de la littérature moderne du Tiers-Monde. On peut s'interroger sur le pourquoi de cette étrange absence quand le visage des autres écrivains de la même époque, menant dans la même voie la lutte des idées (DAMAS, SENGHOR, CESAIRE et tant d'autres), sont de véritables icones largement répandues par le monde”. Bien que René Ménil dans cet article ne souhaite pas “determiner le role qu'il a joué dans le mouvement littéraire déclenché dans l'empire colonial français les étudiants antillais dans les années 30”, il sous entend bien qu'Etienne Lero est un des précurseurs de la négritude, le citant aux cotées de Damas, Senghor et Césaire, et en manifestant son vif interet pour “la chose nègre”.
En effet on garde en tête qu'Etienne Léro est précurseur, Kelley et Rosemont dans leur anthologie sur ce qu'on pourrait nommer “l'Afro-Surréalisme” (sur les surréalistes Africains et la diaspora) le réfèrent comme le 1er surréaliste Noir.
René Ménil peut etre considéré comme le 2eme contributeur le plus connu : C'est à son sujet que l'on retrouve le plus d'élément biographiques, il est resté actif jusqu'à son dècès en 2004. Ceci est aussi du au fait qu'il ait préfacé la réédition de la revue, et qui est la seule version accessible. Contrairement à Etienne Léro, René Ménil, né en 1907, est issu d'un milieu modeste. Comme Etienne Léro, il fait ses études secondaires au Lycée Schoelcher et part étudier à Paris où il rencontrera les autres contributeurs de la revue Légitime Défense, mais aussi d'autres figures du milieu surréaliste à travers les reunions du groupe littéraire surréaliste où l'on retrouve Paul Eluard, Tristan Tzara, Louis Aragon, André Breton entres autres. Dans une petite biographie établit par Geneviève Sézille Ménil qui se trouve être aussi sa compagne, est mis en avant dans le parcours de jeunesse de Ménil, les diffucultés rencontrées du au racisme et à la précarité (qui en plus d'être du au fait d'être issu d'un milieu populaire, est aussi du à son parcours militant, en effet il voit une de ses bourses d'étude suspendue à cause de ses idées politiques le contraignant à retourner en Martinique). Cette periode d'effervessence intellectuelle à Paris, l'ayant ammené à être contributeur de la revue Legitime Défense, est pour Ménil fondateur : “tout au long de sa vie René abordera ses activités selon les objectifs définis dans Légitime Défense tout en apportant les modifications critiques qu'imposera le long cours des évènement”. René Ménil est aussi connu pour etre une figure importante du partie Communiste en Martinique. Son rapport au marxisme que l'on pourrait qualifier de très “orthodoxe” façone sa manière de penser les thématiques raciales (et aussi de ne pas les penser) et ceci sera un point de tension important avec certains intellectuels affilié très directement à la négritude (comme Senghor notamment) mais aussi Césaire.
Parmis les autres contributeurs on retrouve Jules Marcel Monnerot, qui sera un membre très actif du milieu surrealiste à Paris mais qui au cours de son parcours, se tournera vers l'extrême droite. On peut aussi retenir Simone Yoyottr, considéré comme la 1ere femme Noire surréaliste par Rosemont et Kelley, membre actif du groupe surréaliste de Paris et contributrice à la revue Le surrealisme au service de la révolution et son frère Pierre Yoyotte, noté parmis les contributeurs mais dont le texte n'apparait pas. On peut noter qu'il ait signataire du texte “Murderous Humanitarianism”, texte virrulent à l'encontre de l'imperialisme et du colonialisme occidentale dont d'autres contributeurs de la revue sont signataires, et aussi de “réflexions conduisant à préciser la signification antifascite du surrealisme”, publié dans la revue surrealiste belge document 34. Simone et Pierre Yoyotte seraient morts assez prématurément.
b- Cadre historique et éléments historiques
La revue légitime défense n'apparait pas dans un lieu et une période au hasard. Elle est imprimée et diffusée dans un premier temps à Paris en 1932, à l'entre deux guerres. Paris durant l'entre deux guerres était un vivier de pensées anticoloniales, anti impérialistes. Bon nombres de figures intellectuelles et politiques, comme les Afro-Américains de la Renaissance d'Harlem, mais aussi bon nombre d'étudiants issus des colonies, les contributeurs de légitimes défense au même titre que d'autres étudiants comme Aimé Césaire, Suzanne Roussi, Leon Gontran Damas, Leopold Sedard Senghor, mais aussi des avocats, ingénieurs, tirailleurs et ouvriers constituait ce noyaux.
Phillippe Dewitte dans son article “Le rouge et le nègre” note que depuis 1921, avec la revue “le messager dahomeen créé et publié à Paris par Louis Hunkanrin, un instituteur, qu'il "réside la volontée d'union entre tous les Noirs de la diaspora”. On retrouve ce désir d'union et de construction de solidarité, dans des revues aussi assimilationnistes que révolutionnaires, entre Noirs mais aussi plus globalement entre colonisés (les continents, la voix des nègres, la race nègre, le paria, le libéré, dépeche africaine …). On peut dire qu'une tradition de revue “indigène” nait. Etablit par des colonisés, pour des colonisés. On ne peut pas non plus ignorer ce qu'il se passe durant ces mêmes périodes dans les caraïbes, à Haïti [A completer] mais aussi en [à completer] avec la revue Luciole, fondé par Gilbert Gratiant et Oscar Manoni, revue à laquelle Etienne Lero contribuera en 1926.
Pour Phillippe Dewitte c'est dans ce contexte et dans cette continuité qu'apparait La Revue Du Monde Noire, créé par Leon Sajoux, Me Henry Jean Louis et Paulette, Jane et Andrée Nardal, revue historique considéré comme fondatrice de la négritude, revue necessaire pour comprendre l'apparition de Legitime Défense. La revue du monde Noir né en 1931, les soeurs Nardal, originaires de la martinique jouent un role fondamental. Cette revue a pour but de réhabilliter la “civilisation” Noire et la culture Noire dans toute sa globalité, culture Noire aussi bien Africaine que diasporique. Elle veut être un point d'union entre les Noirs d'Afrique, d'Amerique et d'Europe. [voir en détail LRDMN, notamment l'intro, pour completer] On y retrouve des journalistes, des poètes, des chercheurs scientifiques dans le domaine de l'anthropologie, de la sociologie … pour des productions divers sur des thèmes assez larges aillant pour point commun, les Noirs. En parallèle à LRDMN, apparait les salons des soeurs Nardal, qui matérialise ce point d'union entre Noirs de tout horizons, bon nombre d'intellectuels Noirs se rendent à ces salons et contribuent un peu plus à l'émergence d'une pensée Noire. Elle permettra d'ailleurs à bon nombre d'intellectuels de diaspora divers de s'unir et collaborer. [voir hommage de René Ménil à Nardal] Ménil, Lero et Quitman seront contributeur de la revue du monde noire. Cette revue, à vocation internationnaliste, dans le sens où elle souhaite être un point d'union entre tous les Noirs, une revue d'ailleurs bilingues, regroupe essentiellement des Noirs issus de classes aisées. Ne se retrouve pas dans les préoccupations revolutionnaires d'un Lamine Senghor par exemple. Pour Phillippe Dewitte, LRDMN se réapproprie mais retourne aussi certains discours et rethoriques negrophobes, faisant des Noirs déficiant en terme d'intellectualisme, de technique, mais avancé en ce qui concerne l'art et la culture, qui seraient plus lié à l'emotionnel. Ce discours est d'ailleurs commun dans le surrealisme (d'où leur interet pour le “primitivisme”, “l'art africain”) {comme en témoigne Breton dans une interview de Bélance pour un journal Haitien } [placer la citation là ou attendre la partie suivante ?]
C'est en réponse à la revue du monde Noire que la revue Legitime Défense apparait, marquant alors une scission entre ces deux courants. Une partie sera consacré en détail à cette scission.
Le milieu surrealiste était lui aussi
[je peux peut etre ajouter un truc sur le surrealisme, parce que dans les années 30 c'était aussi très à la mode, avec le texte de Brent Hayes et Black Brown and beige]
[En 1931 est publiée la revue du monde noire,
1932
1 an après la revue du monde noire (1931) et en réponse à ça. Voir P. Dewitte
imprimé à ?.
entre 2 guerres
autres publications la RDMN, lucioles
ecrivains noirs à Paris (auteurs afro americains)]
c- Les mouvements politiques dans lesquels la revue s'inscrit (ou une partie essentiellement sur le surrealisme ?)
[Brent Hayes, Lori Cole, la revue, Ménil]
coté negritude et anti colonialisme :
La revue légitime défense s'inscrit dans cette continuité de revues Noires. Elle part du point de vue situé de la caraïbe pour dénoncer “la bourgeoisie de couleur”. Il s'agit là d'une critique interne, sans doute faisant référence à la revue du monde Noir, d'après Phillippe Dewitte. Pour se faire elle emprunte au surréalisme, au matérialisme dialectique et au marxisme.
-parler du mixe surrealisme et marxisme : texte de Lori Cole
Le choix du surrealisme à cette époque là dans une perspective anti coloniale semble aller de soit dans le sens où le surrealisme s'empare des critiques anticolonialistes et de quelques critiques antiracistes, et manifeste de manière assez problématique un interet global pour differents groupes racisés ethnicisés.
C'est avec André Breton et d'autres surrealistes que des membres de légitime défense signe le texte Murderous Humanitarianism, traduit par Samuel Beckett et publié uniquement en Anglais, un véritable texte anticolonialiste et anti imperialiste. Le surrealisme se veut allié des causes anti racistes et anticolonialistes. Ils dénonceront l'exposition universel et ses zoos humains, se veut une tribune pour beaucoup d'artistes, sportifs afro américains. Cependant ceci se fait aussi de manière problématique. Le surrealisme ne se cache pas d'une fétichisation et d'une objectification de l'autre. Le primitivisme en est une illustration. L'interet porter pour certains artistes, representant une “authenticité Noire” d'après eux, illustre une essentialisation raciste. Le propos d'André Breton lors d'une interview par René Bélance illustre bien cela :
“ R.B : Je sais que l'une des démarches essentielles du surréalisme est d'aboutir à l'abolition "des différences existant entre les hommes”, pensez vous que les méthodes préconisées par vous on des chances de parvenir à ce résultat ? Quels avantages les peuples de couleur, enjeu éternel de l'impérialisme, peuvent-ils tirer d'une adhésion totale à cette forme de penser, de sentir et de vivre qu'est le surréalisme ?
A.B. : Oui, tout compte tenu des barrières de classes et autres dont il faut, d'abord, avoir raison par d'autres moyens, je pense que le surréalisme tend, est seul à tendre systématiquement à l'abolition de ces différences. Vous savez, en effet, qu'avec lui l'accent a été déplacé du moi, toujours plus ou moins despotique, vers le soi commun à tous les hommes. Mais cela m'entrainerait à retracer toute la démarche surréaliste de ces vingt ans.
Le surréalisme a partoe liée avec les peuples de couleur, d'une part parce qu'il a toujours été a leurs cotés contre toutes les formes d'impérialisme et de brigandage blancs, ainsi qu'en temoignent les manifestes publiés à Paris contre la guerre du Maroc, contre l'exposition coloniale, etc.; d'autres part, parce que les plus profondes affinités existent entre la pensée dite “primitive” et la pensée surréaliste, qu'elles visent l'une et l'autre à supprimer l'hégémonie du conscient, du quotidien, pour se porter à la conquête de l'émotion révélatrice. Ces affinités ont été mises en évidence par un écrivain martiniquais, Jules Monnerot, dans un ouvrage récemment paru: La poésie moderne et le sacré. Je crois que la lecture de cet ouvrage est absolument convaincante à cet égard.“
Cette citation fait vaguement écho à une citation de Senghor "l'émotion est nègre, la raison est hellène” très critiqué par René Ménil qui formulera sa critique de la négritude notamment autour de cette citation.
{Nous nous réclamons du matérialisme dialectique de Marx, soustrait à toute interprétation tendancieuse et victorieusement soumis à l'épreuve des faits par Lénine. Sur le plan concret des modes figurés de l'expression humaine, nous acceptons également sans réserves le surréalisme auquel -en 1932- nous lions notre devenir.}
La revue se revendique du surrealisme et du marxisme leninisme
surrealisme (liens avec Andre Breton, place dans le mouvement surrealiste) le potentiel antiraciste (anti fasciste) du surrealisme : texte de Yoyotte et murderous humanitarianism, critique de la blanchité ? (mais relativiser ça car surrealisme => fetichisation, primitivisme ?)
marxisme, se revendique du matérialisme dialectique, critique de la bourgeoisie de couleur
voir texte de Lori Cole sur surrealisme et marxisme
[negritude ? référence aux mouvements noirs, auteurs noirs (claude McKay, Langston H., solidarité avec les AF.AM)]
II - Conflits, tensions et scissions
a - Thèmes, arguments, références faits abordés dans la revue
Ce premier (et unique, car censuré) numéro de légitime défense est axé essentiellement sur la critique de la bourgeoisie de couleur.
La revue est composée d'une introduction signée par Etienne Léro, Thelus Léro, René Ménil, Jules Marcel Monnerot, Michel Pilotin, Maurice Sabas Quitman, Auguste Thésée et Pierre Yoyotte, de quelques essaies polémiques et est clôturée par des poèmes.
“Ceci est un avertissement”, c'est ainsi que débute ce manifeste. C’est dans l’introduction qu’ils font allégeance au marxisme, au surréalisme et à la psychanalyse, ils font part de leur volonté d'être en quelque sorte l’élément perturbateur de la bourgeoisie de couleur, “des traîtres à la classe”. Voué à l’échec ou à la réussite, ceci leur est égale, cette revue est un “outil provisoire” ils sauront se renouveler (“s’il casse nous saurons trouver d’autres instruments”). Ils s’expriment de manière instantanée sans se laisser figer.
Cette revue est fait par et pour les jeunes antillais français et s’adresse spécifiquement “aux jeunes noirs”, aux enfants de la bourgeoisie noire “à ceux qui ne sont pas sont pas encore tués placés foutus universitaires réussis décorés pourris pourvus décoratifs pudibonds opportunistes marqués”, “ceux qui peuvent encore se réclamer de la vie avec quelque apparence de vraisemblance” car ils ont le capital (matériel et culturel) pour accéder à cette revue, mais aussi par leur place social spécifique dans la société coloniale qui leur confère “un potentiel plus élevé de révolte et de joie” et les appels à les rejoindre dans leur trahison et leur ‘haine’ du “monde capitaliste chrétien bourgeois” et ses valeurs.
Leur basculement entre critique socio-structurelle et culturel de la société coloniale reflète leur double allégeance au marxisme et au surréalisme pensée comme contradictoire, on peut y voire la dichotomie “base/superstructure”, Légitime Défense mêle sans cesse les deux. La revue est composée de 5 petits essais : ”Note touchant la bourgeoisie de couleur française” de Jules Marcel Monnerot, “Le Paradis sur Terre” de Maurice Sabas Quitman, “Généralités sur “l’écrivain” de couleur antillais” de René Ménil et “Civilisation” et “Misère d’une poésie” d’Etienne Léro, un extrait traduit de Banjo de Claude McKay clôture cette série d’essaie (et illustre en quelque sorte leurs propos)
L’assemblage de ces différents essais à une certaine logique et commence avec un texte de Jules Marcel Monnerot sur la bourgeoisie de couleur (“Note touchant à la bourgeoisie de couleur française”)
Jules Marcel Monnerot dresse en quelque sorte une monographie de la bourgeoisie de couleur en Martinique et le continuum esclavagiste de sa position de traître à cette bourgeoisie. La bourgeoisie de couleur joue un rôle particulier, ces petits fils d’esclaves sont amenés à reproduire les mêmes logiques que la bourgeoisie blanche. Pour Jules Monnerot la société post esclavagiste est un leurre, les blancs sont les détenteurs des terres et du capital et la situation du prolétariat noir reste peu différente de celle des esclaves noirs (“Les blancs créoles à qui profitaient l’esclavage et au profit de qui, principalement, il existe encore sous forme du salariat (le sort des coupeurs de canne en 1932 n’est pas meilleur que celui des coupeurs de canne de 1932), constituent une société fermée”), ce qui peut paraître inédit est l’apparition d’une bourgeoisie de couleur qui ne représente pas de danger pour la bourgeoisie blanche, au contraire. La bourgeoisie blanche, numériquement faible, peut se servir sans problème des bourgeois de couleur (l’exemple pris est celui des élections de représentants) qui sont eux même dans une espèce d’entreprise de blanchiment au fur et à mesure qu’ils s’élèvent socialement (“Ils s’y montrent avides de se conformer aux moeurs et caractères de la majorité de leurs condisciples Européens” “Les blancs n’ont pas de mérite, qui sont nés blancs. Eux, à force de conformisme se font une blancheur.”). Certains d’entre eux réussissent et n’hésitent pas à récupérer le flambeau des colons blancs.
Le texte Paradis sur Terre de Marcel Sabas Quitman met plus en avant la position du prolétariat noire en s'interrogeant sur le rôle de la bourgeoisie de couleur dans leur oppression et la question du capital culturel. Il démarre son propos en s’attardant sur la question de l'illettrisme : Le taux d’illétrisme en Martinique est très important, à titre d’exemple, sur 700 recrus de l’armée, 500 sont illettrés, 500 personnes du prolétariat noire car “l’instruction se mesurant à la fortune, on peut aisément répartir la société en classe qui existent”. L’exploitation “salariale” (avec des guillemets car pour Quitman le salaire est si faible qu’on ne peut parler de salaire, ce qui revient donc à dire que les salariés sont en réalité toujours des esclaves) en est la cause et engendre un cercle d'illettrisme : Malgré le nombre d’école en Martinique, un enfant de travailleur des champs par exemple ne peut se rendre à l’école, il doit aider le foyer familiale dès son plus jeune, et il en sera de même pour sa descendance. Et ce cycle se poursuit avec la complicité de la bourgeoisie de couleur, qui privilégie son ascension et son enrichissement à la solidarité de race. La solution à ce problème est pourtant simple “il faut donner aux pauvres le moyen de les [école] fréquenter, et pour ce faire améliorer leur situation”, cependant qui risque d’arriver pour Quitman, car il est peu confiant vis à vis de l’intervention de l’Etat coloniale et capitaliste, est la révolte.
René Ménil, dans “généralités sur “l’écrivain” de couleur antillais”, revient sur cette minorité lettrée, qui, si on base le précédent travail de Quitman, est issue de la bourgeoisie de couleur. Il revient sur l’aspect idéologique de la colonisation qu’il met au même niveau que l’exploitation matériel (“ les gendarmes, les administrateurs, les outils de travail et de police”). L’aspect idéologique compte dans le maintien et la reproduction de la société coloniale, aussi bien culturellement qu’économiquement “Si accidentellement, l’Antillais de couleur utilisé pour des fins économiques, même quand il fait profession de penser, tourne son activité vers la littérature, ses oeuvres manifestent un effort ennuyeux pour être pareil au blanc colonisateur”
critique de la bourgeoisie de couleur, solidarité avec les AF-AM, poesie, exercice de style critique de la litterature caribeenne à l'époque (Gilbert Gratient, René Maran) critique de la revue du monde Noir
{Cette petite revue, outil provisoire, s'il casse, nous sauront rouver d'autres instruments. Nous acceptons avec indifference les conditions de temps et d'espaces qui, nous définissant en 1932 Antillais de langue française, ont ainsi délimité - sans nullement le circonscrire - notre premier champ d'action. Ce premier recueil e textes est plus spécialement consacré à la question antillaise telle qu'elle nous apparait. (Les suivants, sans abandonner cette question, en aborderont bien d'autres). Et si, du fait de son contenu, il s'adresse plutôt aux jeunes antillais français, c'est qu'il nous semble opportun de faire porter notre premier effort sur des gens dont nous sommes loin de sous-estimer les possibilités de révolte, s'il s'adresse plutôt aux jeunes noirs, c'est que nous estimons qu'ils ont particulièrement à souffrir du capitalisme (hors l'Afrique, voir Scottsboro) et qu'ils semblent offrir - en tant qu'ils ont une personnalité ethnique materiellement déterminée - un potentiel plus généralement élevé de révolte et de joie. A défaut du prolétariat noir à qui le capitalisme international n'a pas donné les moyens de nous comprendre, nous nous adressons aux enfants de la bourgeoisie noire, nous nous adressions à ceux qui ne sont pas encore tuées placés foutus universitaires réussis décorés pourris pourvus décoratifs pudibonds opportunistes marqués; nous nous adressons à ceux qui peuvent encore se réclamer de la vie avec quelque apparence de vraisemblance. }
b - La question de la race, du marxisme, de l'impérialisme et du tiers monde
“Certes, le discours de Légitime Défense, considéré dans son unité et sa structure d'ensemble, n'est pas un discours de la négritude. Alors que la négritude affirme la priorité de la lutte culturelle par rapport à la lutte politique, la priorité des "valeurs nègres” par rapport à la lute politique, la priorité des “valeurs nègres” par rapport aux contradictions sociales - Légitime Défense, au contraire, soucieux au principal e la lutte anti-impérialiste qui dresse les peuples colonisés contre les bourgeoisies occidentales et leur propre bourgeoisie, siture l'action politique dans le cadre marxiste des transformations sociales et ne conçoit le développement des “valeurs nègres” qu'à l'interieur de ce combat politique.“
Primoté de "la lutte des classes” qui pour LD, comprend “la lutte des races”. Vision contraire à celle de Césaire qui sera d'ailleurs à la base de tension entre eux et notamment Senghor.
“Ce projet est plus fanoniste avant la lettre que Senghorien ou même Césairiste - encore que, à cette date, Césaire aurait, sur ce point, à se prononcer lui même. ”
Légitime Défense se veut critique des tropes et représentations racistes présentes dans la littérature à ce moment.
analyser linéairement la revue faire un parallèle avec la revue du monde noir, voir intro de Ménil.
usage du marxisme
c - Les dissensions avec d'autres mouvements, auteur-e-s
critique de Senghor et Cesaire : Cette revue, considérée comme une inspiration du mouvement de la négritude, a justement été critiqué en grande partie par les auteurs de la négritude communément cité, principalement Césaire et Senghor. René Ménil y fait référence dans la préface de la réédition “la lecture que Senghor fait aujourd'hui de Légitime Défénse, auquel il reproche, entre autres choses et de façon inattendue, de n'avoir pas en 1932 "proné l'independance de l'Afrique, encore moins celle des Antilles”. La raison de cette faute impardonnable, selon lui, serait que les signataires de Légitime Défense s'étaient fourvoyés dans le marxisme.
Critique de Sartre sur Etienne Lero :
Critique de Ménil et du groupe, Autocritique :
Critique de Cesaire, interview de Depestre, Cesaire juge L.D. assimilationniste (Ménil répondra de même)
critique de la négritude, d'une certaine negritude, celle de Senghor (préface de Ménil, qu"on retrouve dans son ouvrage Antilles Tracées)
III - Héritage
a - Tropiques
On retrouve des contributeurs de L.D. dans la revue tropiques qui se revendique elle même surréaliste, qui se verra elle aussi critiquée et censurée par l'Etat. Peut on voir en Tropiques la réalisation du projet de légitime défense ?
b - Ménil - Fanon ? parallèles et continuités
Voir intro de Ménil et premier article. rapport à la négritude et la race similaire.
c - L'oubli ?
oublie évoqué par Ménil dans la réédition de L.D., peu traité dans le milieu académique, peu de référence politique, culturelles semblent faites à L.D.
Cependant il faut reconnaitre l'influence de L.D. : pour la négritude, Damas, Cesaire malgré ses critiques. L.D. inspiration de la revue “l'étudiant noir”. Inspiration pour Tropiques. Inspiration outre atlantique, Tedd Joans. Considéré comme pionnier d'un mouvement Afro surrealiste (d'après Robin Kelley) . L.D. évoqué dans de récentes revues panafricaines. Oublié des récits du surréalisme , oublié des références marxistes, mais pas de l'historiographie Noire (?)
ou
a - influences :
“Il ne fallut pas attendre bien longtemps pour que Pigments de Damas (1937) et Cahier d'un Retour au Pays Natal de Césaire (1939) viennent répondre à cette faim de littérature dont la revue était l'expression passionnée.” Influence de la revue sur Damas (retrouver l'interview dans présence africaine), revoir l'intro de Black Brown and Beige sur l'influence de Césaire. Malgré les critiques, Légitime Défense reste une influence majeur du mouvement de la négritude
Edouard Glissant
Ted Joans,
Revue Panafricaine
b - “s'il casse, nous saurons trouver d'autres instruments” (ou switcher a et b)
Groupe Légitime Défense, groupe Front commun, et Tropiques ?
(revoir Ménil)
c - L'oubli ?
retour sur les sources etc, mes recherches. Pourquoi un manque d'accessibilité en France. Oublié du surrealisme, oublié du Marxisme en France. Meilleur reception outre atlantique, Robin Kelley, Paget Henry(?)
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De 1789 à Despentes, deux ouvrages retracent l’histoire passionnante des féminismes français
C’est l’histoire d’un oubli. Il n’y avait pas, jusqu’ici, de manuel retraçant la grande histoire des féminismes français, de ses débuts jusqu’à nos jours. Un livre transversal et complet, qu’auraient pu consulter les jeunes militant·es ou autres curieux·ses pour découvrir les racines de ce mouvement qui, à nouveau, fait tant parler.
L’absence est étonnante. Il existe bien deux ouvrages du genre, une Histoire du féminisme français du Moyen Age à nos jours par Maïté Albistur et Daniel Armogathe, et un autre, Histoire des féminismes français par Jean Rabaut, mais leurs parutions remontent respectivement à... 1977 et 1978.
Depuis, il s’en est pourtant passé des choses sur le front de la cause des femmes. (Citons également l’Histoire du féminisme de Michèle Riot-Sarcey, plus récente, mais dont le format de la collection “Repères” a contraint l’autrice à une approche très - trop - synthétique.) On pouvait lire des ouvrages sur une période restreinte, spécialisation historique oblige, mais pas de grande fresque des féminismes en France.
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>> A lire aussi : Féminismes : “Le MLF a été une rupture politique radicale”
Bye bye à la métaphore des vagues
Deux ouvrages - parus le même jour - s'attellent aujourd’hui à combler ce manque. Tout d’abord un gros volume de 500 pages, Ne nous libérez pas, on s’en charge, signé par Bibia Pavard, Florence Rochefort, Michelle Zancarini-Fournel, aux éditions La Découverte. Ces trois historiennes ont animé un séminaire sur la sociohistoire des féminismes à partir de 2013, à l’EHESS, et c'est à force d’entendre leurs étudiant·es leur réclamer les références d’un livre actuel qu’elles se sont attelées à la tâche. Le second, Rage against the machisme, est l’œuvre de Mathilde Larrère, historienne spécialiste des révolutions, pour les éditions du Détour.
Si les deux projets ne sont pas exactement les mêmes (Ne nous libérez pas est une histoire détaillée, là où Rage against the machisme affiche une vocation vulgarisatrice affirmée), ils opèrent plusieurs choix communs. Tous deux envoient valser la métaphore des vagues, souvent utilisée pour décrire les périodes d’expansion et de reflux des mouvements féministes. Résumé grossièrement, cela donne : la première vague est celle du combat pour le droit de vote, la deuxième, celle du MLF et de la lutte pour le droit à l'avortement et la contraception, et la troisième, celle qui commence à partir des années 90 avec le renouveau des approches queer et intersectionnelles.
Redécouvrir les féministes du début du XIXe
Bien que pédagogique, cette modélisation connaît de nombreuses limites. Déjà, car un certain nombre de revendications traversent les différentes vagues. L’image invisibilise également ce qui se passe pendant les creux, pas si calmes qu’il y paraît. Surtout, elle fait débuter les combats féministes à la seconde moitié du XIXe siècle. Et avant, alors ? “Toutes ces femmes qui ont lutté pour leurs droits avant la fin du XIXe siècle, on les oublie ?, déplore Mathilde Larrère. Voilà bien ce qui me gêne dans cette terminologie : l’effacement de décennies de combats et de bataillons de combattantes.”
Le mot “féministe” n'apparaît qu’à partir de 1882 dans la bouche des militantes et pourtant, on pourrait très bien qualifier rétrospectivement un certain nombre de batailles avec l’adjectif. Les autrices ont donc choisi de faire commencer leurs ouvrages respectifs dès 1789, période où des femmes commencent à s’organiser entre elles, parfois de manière non-mixte, pour revendiquer collectivement des droits. On redécouvre ainsi avec plaisir les femmes de la révolution française, les saint-simoniennes ou encore les femmes de 1848, dont les combats, tout antérieurs qu’ils sont à la “première vague”, ne manquent pas de panache !
>> A lire aussi : Du MLF à nos jours : 50 ans de féminismes en photos
Une synthèse des travaux historiques
Ensuite, les deux projets diffèrent. La force de Ne nous libérez pas est son exhaustivité. De nombreux travaux ont été produits ces dernières décennies dans le champ de l’histoire des femmes et le manuel de La Découverte permet d'en faire la synthèse, tout en restant très accessible dans sa lecture.
On sent, sous la plume de ses autrices, un vrai effort pour “réintroduire les conflits de classe, de race et de genre dans le récit historique”, dans une perspective intersectionnelle, et ainsi mieux souligner la diversité des féminismes. Elles se penchent sur le rôle qu’a joué l’anti-esclavagisme dans l’émergence d’une pensée féministe et n’oublient pas les militantes guadeloupéennes (Gerty Archimède), martiniquaises (les sœurs Nardal, Jane Léro) ou algériennes (Djamila Debèche). Les pages sur le “féminisme colonial” d’Hubertine Auclert (qui est, paradoxalement, une des seules féministes de son époque à s’être intéressée au sort des femmes d’Algérie, sans toutefois réussir à se départir de ses préjugés), sont également passionnantes. Ce manuel, à n’en pas douter, va s’imposer comme une référence.
Tacles bien mérités
De son côté, Mathilde Larrère continue avec Rage against the machisme son entreprise de vulgarisation historique. On connaissait les threads bien sentis de cette enseignante-chercheuse à l’université de Paris-Est-Marne-la-Vallée. Ici, elle tente une nouvelle fois de rendre l’histoire vivante et écrit comme elle s’adresserait à des ami·es, sans oublier petits apartés, coups de gueule et tacles bien mérités. Ça, c’est pour le contenu. Le contenant est également soigné : ses textes sont accompagnés de quelques dessins, de citations et autres logos de cup (!) qui parsèment les pages.
Si le livre suit une chronologie historique, les chapitres sont thématisés et l'universitaire effectue régulièrement des allers-retours entre les périodes pour mieux faire le lien entre les combats du présent et ceux du passé. Ainsi, pour répondre à tous les détracteurs contemporains de l’écriture dite “inclusive”, elle rappelle qu’en 1898 Hubertine Auclert estimait déjà que “la féminisation de la langue est urgente”. Comme quoi on peut lutter, dans le même temps, pour le droit de vote et pour l’émancipation par le langage. Avec son livre vif et impertinent, Mathilde Larrère semble s’adresser aux jeunes militant·es d’aujourd’hui. Un ouvrage pour leur dire : “Voici votre histoire.”
>> A lire aussi : “Sorocité”, la newsletter qui interroge le féminisme en 2020
>> A lire aussi : Féminismes : 12 livres pour (re) découvrir le MLF
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The team of La revue du monde noir (The Review of the Black World) in the early 1930s with Léopold Sédar Senghor.
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Paulette Nardal
1896-1985 Pionnière de la Négritude France
Paulette Nardal est une figure pionnière de la Négritude, mouvement d’émancipation et de réflexion sur la condition noire que l’on associe généralement à trois hommes. Ces figures masculines, Léopold Sédar Senghor, Léon-Gontran Damas et Aimé Césaire, ont partiellement éclipsé les femmes qui, comme Nardal, occupent dès les prémices du mouvement une place primordiale.
Le Paris de l’entre-deux-guerres connaît un bouillonnement intellectuel sans précédent. Des intellectuel·es noir·es revendiquent leur singularité, leur fierté d’être noir·e et rejettent l’assimilation culturelle. Batouala, véritable roman nègre de René Maran reçoit le prix Goncourt et les revues comme La Revue du monde noir se multiplient. Cette aventure collective, influencée par la « Harlem Renaissance », mouvement de renouveau de la culture afro-américaine, est portée par la littérature. Elle prend bientôt un nom, la négritude, terme créé en 1936 par Aimé Césaire.
Paulette Nardal quitte sa Martinique natale pour s’installer en métropole en 1920. Elle est la première Martiniquaise à étudier à la Sorbonne. Avec ses sœurs, Jane et Andrée, elle fonde un salon littéraire à Clamart. On y croise Léopold Sédar Senghor, Léon-Gontran Damas, René Maran, Aimé Césaire et d'autres venus d'Afrique et des États-Unis, tel Claude McKay, figure de la Harlem Renaissance. On y écrit, on y traduit des textes, on y discute. Bref, c’est à Clamart chez le trio Nardal que naissent et se transmettent les idées au cœur de la Négritude.
Paulette Nardal fonde La Revue du Monde Noir qui joue un rôle clef dans la genèse du mouvement. Elle y accomplit un travail important de réflexion et de traduction. Elle n’y est pas que passeuse d’idées puisque c’est dans cette revue qu’elle publie un article fondateur, « Éveil de la conscience de race », où elle entend redonner aux Noirs la fierté d’être Noirs.
En comparant les situations des Afro-américains et des Antillais, elle analyse les ressorts qui conduisent les Noirs à être assignés à une place inférieure ou insignifiante. Elle enjoint ses semblables à refuser l’assimilation et l’imitation de l’homme blanc – notamment sur le plan littéraire – et à revendiquer leur différence. Autant d’éléments au fondement de la Négritude.
Pionnière, Paulette Nardal ne se contente pas d’initier un mouvement profondément émancipateur. Elle prend aussi position contre l'invasion de l'Éthiopie par l'Italie fasciste de Mussolini. Un sous-marin allemand torpille son bateau et la laisse infirme ? Qu’importe, rien ne l’arrête. Elle travaille aux Nations Unies, milite pour inciter les femmes martiniquaises à faire usage de leur droit de vote récemment acquis et rédige une histoire de la musique des campagnes martiniquaises, afin que ces traditions trouvent leur place dans l’histoire de la musique antillaise. Elle s’éteint en 1985, fière d’être Noire.
Dans son « Discours sur la Négritude » prononcé en 1987, à l’Université Internationale de Floride, Aimé Césaire cite une litanie de personnages masculins qui ont contribué, selon lui, à lancer le mouvement. « Des hommes […] auxquels sont venus s’ajouter des hommes », nous apprend-il. Aucune femme.
Et pourtant, ce ne sont pas les pionnières qui manquent. Nancy Cunard, une Anglaise installée en France, publie en 1934 un recueil célèbre d’écrivains, poètes et penseurs noirs. Suzanne Roussi Césaire, son épouse, a dans le mouvement et dans la genèse de l’œuvre de Césaire lui-même une importance capitale. Et d’autres encore, telle Christiane Yandé Diop ou, justement, Paulette Nardal, qui ne s’en laisse pas conter :
« Césaire et Senghor ont repris les idées que nous avons brandies, écrit-elle, et les ont exprimées avec beaucoup plus d’étincelles, nous n’étions que des femmes ! Nous avons balisé les pistes pour les hommes ».
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Salut
Bon j’ai écrit cette semaine. Si au début j’étais “inspirée”, ces derniers jours étaient assez foireux.
Je poste tout comme ça me venait, les premières sous parties ressemblent un peu à quelque chose, le reste c’est surtout des citations qui me seront utiles pour les sous parties. Bon y’a plein de fautes d’orthographe et je ne me suis pas relu. Voilà. Si vous avez des suggestions hésitez pas.
Naissance de la revue
a- Identité et parcours intellectuels et politiqueq des auteur-e-s
(René Ménil, Thélus Léro, Etienne Léro, Jules-Marcel Monnerot, Auguste Thésée, Michel Pilotin, Maurice-Sabas Quitman et Pierre Yoyotte. simone Yoyotte)
Etienne Léro
Parmis les contributeurs "les plus connus" on retrouve Etienne Lero, considéré comme le fondateur de la revue. Etienne Lero. Les élèments biographiques à son sujet restent flous et contradictoires. Dans Black Brown and Beige, Kelley et Rosemont partagent comme année de naissance et de décès 1910 -1939, Léro, serait mort prématurément au front à l'age de 29 ans, cependant René Ménil dans un hommage postum évoque la mort prématuré de Léro à l'age de 25 ans. Cependant on sait qu'Etienne Léro est issu de la famille Lero, famille d'intellectuels influente en Martinique (Thelus Lero, Senateur, Yva Lero, militante féministe historique en Martinique). Etudiant en philosophie à Paris, il était membre du groupe d'étude pour la phénomenologie humaine, a contribué à la revue Luciole, fondée en 1925 par Oscar Manoni et Gilbert Gratiant, à la revue du monde Noire, fondée par les soeurs nardal et Sajou mais aussi à d'autres revues surrealistes (le surrealisme au service de la révolution, document 34). Il evolue donc dans des milieux intellectuels assez divers. Un hommage postum de René Ménil publié en octobre 1985 dans le journal Justice témoigne de son relatif anonymat. "Etienne Léro : Restituer un visage", un court article cloturé par un cliché d'Etienne Lero, le 1er publié. "C'est sans doute à ma connaissance, la première fois que se trouve publiée une photographie d'Etienne Lero dont il est tant parlé dans les livres qui traitent de la littérature moderne du Tiers-Monde. On peut s'interroger sur le pourquoi de cette étrange absence quand le visage des autres écrivains de la même époque, menant dans la même voie la lutte des idées (DAMAS, SENGHOR, CESAIRE et tant d'autres), sont de véritables icones largement répandues par le monde". Bien que René Ménil dans cet article ne souhaite pas "determiner le role qu'il a joué dans le mouvement littéraire déclenché dans l'empire colonial français les étudiants antillais dans les années 30", il sous entend bien qu'Etienne Lero est un des précurseurs de la négritude, le citant aux cotées de Damas, Senghor et Césaire, et en manifestant son vif interet pour "la chose nègre".
En effet on garde en tête qu'Etienne Léro est précurseur, Kelley et Rosemont dans leur anthologie sur ce qu'on pourrait nommer "l'Afro-Surréalisme" (sur les surréalistes Africains et la diaspora) le réfèrent comme le 1er surréaliste Noir.
René Ménil peut etre considéré comme le 2eme contributeur le plus connu : C'est à son sujet que l'on retrouve le plus d'élément biographiques, il est resté actif jusqu'à son dècès en 2004. Ceci est aussi du au fait qu'il ait préfacé la réédition de la revue, et qui est la seule version accessible. Contrairement à Etienne Léro, René Ménil, né en 1907, est issu d'un milieu modeste. Comme Etienne Léro, il fait ses études secondaires au Lycée Schoelcher et part étudier à Paris où il rencontrera les autres contributeurs de la revue Légitime Défense, mais aussi d'autres figures du milieu surréaliste à travers les reunions du groupe littéraire surréaliste où l'on retrouve Paul Eluard, Tristan Tzara, Louis Aragon, André Breton entres autres. Dans une petite biographie établit par Geneviève Sézille Ménil qui se trouve être aussi sa compagne, est mis en avant dans le parcours de jeunesse de Ménil, les diffucultés rencontrées du au racisme et à la précarité (qui en plus d'être du au fait d'être issu d'un milieu populaire, est aussi du à son parcours militant, en effet il voit une de ses bourses d'étude suspendue à cause de ses idées politiques le contraignant à retourner en Martinique). Cette periode d'effervessence intellectuelle à Paris, l'ayant ammené à être contributeur de la revue Legitime Défense, est pour Ménil fondateur : "tout au long de sa vie René abordera ses activités selon les objectifs définis dans Légitime Défense tout en apportant les modifications critiques qu'imposera le long cours des évènement". René Ménil est aussi connu pour etre une figure importante du partie Communiste en Martinique. Son rapport au marxisme que l'on pourrait qualifier de très "orthodoxe" façone sa manière de penser les thématiques raciales (et aussi de ne pas les penser) et ceci sera un point de tension important avec certains intellectuels affilié très directement à la négritude (comme Senghor notamment) mais aussi Césaire.
Parmis les autres contributeurs on retrouve Jules Marcel Monnerot, qui sera un membre très actif du milieu surrealiste à Paris mais qui au cours de son parcours, se tournera vers l'extrême droite. On peut aussi retenir Simone Yoyottr, considéré comme la 1ere femme Noire surréaliste par Rosemont et Kelley, membre actif du groupe surréaliste de Paris et contributrice à la revue Le surrealisme au service de la révolution et son frère Pierre Yoyotte, noté parmis les contributeurs mais dont le texte n'apparait pas. On peut noter qu'il ait signataire du texte "Murderous Humanitarianism", texte virrulent à l'encontre de l'imperialisme et du colonialisme occidentale dont d'autres contributeurs de la revue sont signataires, et aussi de "réflexions conduisant à préciser la signification antifascite du surrealisme", publié dans la revue surrealiste belge document 34. Simone et Pierre Yoyotte seraient morts assez prématurément.
b- Cadre historique et éléments historiques
La revue légitime défense n'apparait pas dans un lieu et une période au hasard. Elle est imprimée et diffusée dans un premier temps à Paris en 1932, à l'entre deux guerres. Paris durant l'entre deux guerres était un vivier de pensées anticoloniales, anti impérialistes. Bon nombres de figures intellectuelles et politiques, comme les Afro-Américains de la Renaissance d'Harlem, mais aussi bon nombre d'étudiants issus des colonies, les contributeurs de légitimes défense au même titre que d'autres étudiants comme Aimé Césaire, Suzanne Roussi, Leon Gontran Damas, Leopold Sedard Senghor, mais aussi des avocats, ingénieurs, tirailleurs et ouvriers constituait ce noyaux.
Phillippe Dewitte dans son article "Le rouge et le nègre" note que depuis 1921, avec la revue "le messager dahomeen créé et publié à Paris par Louis Hunkanrin, un instituteur, qu'il "réside la volontée d'union entre tous les Noirs de la diaspora". On retrouve ce désir d'union et de construction de solidarité, dans des revues aussi assimilationnistes que révolutionnaires, entre Noirs mais aussi plus globalement entre colonisés (les continents, la voix des nègres, la race nègre, le paria, le libéré, dépeche africaine ...). On peut dire qu'une tradition de revue "indigène" nait. Etablit par des colonisés, pour des colonisés. On ne peut pas non plus ignorer ce qu'il se passe durant ces mêmes périodes dans les caraïbes, à Haïti [A completer] mais aussi en [à completer] avec la revue Luciole, fondé par Gilbert Gratiant et Oscar Manoni, revue à laquelle Etienne Lero contribuera en 1926.
Pour Phillippe Dewitte c'est dans ce contexte et dans cette continuité qu'apparait La Revue Du Monde Noire, créé par Leon Sajoux, Me Henry Jean Louis et Paulette, Jane et Andrée Nardal, revue historique considéré comme fondatrice de la négritude, revue necessaire pour comprendre l'apparition de Legitime Défense. La revue du monde Noir né en 1931, les soeurs Nardal, originaires de la martinique jouent un role fondamental. Cette revue a pour but de réhabilliter la "civilisation" Noire et la culture Noire dans toute sa globalité, culture Noire aussi bien Africaine que diasporique. Elle veut être un point d'union entre les Noirs d'Afrique, d'Amerique et d'Europe. [voir en détail LRDMN, notamment l'intro, pour completer] On y retrouve des journalistes, des poètes, des chercheurs scientifiques dans le domaine de l'anthropologie, de la sociologie ... pour des productions divers sur des thèmes assez larges aillant pour point commun, les Noirs. En parallèle à LRDMN, apparait les salons des soeurs Nardal, qui matérialise ce point d'union entre Noirs de tout horizons, bon nombre d'intellectuels Noirs se rendent à ces salons et contribuent un peu plus à l'émergence d'une pensée Noire. Elle permettra d'ailleurs à bon nombre d'intellectuels de diaspora divers de s'unir et collaborer. [voir hommage de René Ménil à Nardal] Ménil, Lero et Quitman seront contributeur de la revue du monde noire. Cette revue, à vocation internationnaliste, dans le sens où elle souhaite être un point d'union entre tous les Noirs, une revue d'ailleurs bilingues, regroupe essentiellement des Noirs issus de classes aisées. Ne se retrouve pas dans les préoccupations revolutionnaires d'un Lamine Senghor par exemple. Pour Phillippe Dewitte, LRDMN se réapproprie mais retournes aussi certains discours et rethoriques negrophobes, faisant des Noirs déficiant en terme d'intellectualisme, de technique, mais avancé en ce qui concerne l'art et la culture, qui seraient plus lié à l'emotionnel. Ce discours est d'ailleurs commun dans le surrealisme (d'où leur interet pour le "primitivisme", "l'art africain") {comme en témoigne Breton dans une interview de Bélance pour un journal Haitien } [placer la citation là ou attendre la partie suivante ?]
C'est en réponse à la revue du monde Noire que la revue Legitime Défense apparait, marquant alors une scission entre ces deux courants. Une partie sera consacré en détail à cette scission.
Le milieu surrealiste était lui aussi
[je peux peut etre ajouter un truc sur le surrealisme, parce que dans les années 30 c'était aussi très à la mode, avec le texte de Brent Hayes et Black Brown and beige]
[En 1931 est publiée la revue du monde noire,
1932
1 an après la revue du monde noire (1931) et en réponse à ça. Voir P. Dewitte
imprimé à ?.
entre 2 guerres
autres publications la RDMN, lucioles
ecrivains noirs à Paris (auteurs afro americains)]
c- Les mouvements politiques dans lesquels la revue s'inscrit (ou une partie essentiellement sur le surrealisme ?)
[Brent Hayes, Lori Cole, la revue, Ménil]
coté negritude et anti colonialisme :
La revue légitime défense s'inscrit dans cette continuité de revues Noires. Elle part du point de vue situé de la caraïbe pour dénoncer "la bourgeoisie de couleur". Il s'agit là d'une critique interne, sans doute faisant référence à la revue du monde Noir, d'après Phillippe Dewitte. Pour se faire elle emprunte au surréalisme, au matérialisme dialectique et au marxisme.
-parler du mixe surrealisme et marxisme : texte de Lori Cole
Le choix du surrealisme à cette époque là dans une perspective anti coloniale semble aller de soit dans le sens où le surrealisme s'empare des critiques anticolonialistes et de quelques critiques antiracistes, et manifeste de manière assez problématique un interet global pour differents groupes racisés ethnicisés.
C'est avec André Breton et d'autres surrealistes que des membres de légitime défense signe le texte Murderous Humanitarianism, traduit par Samuel Beckett et publié uniquement en Anglais, un véritable texte anticolonialiste et anti imperialiste. Le surrealisme se veut allié des causes anti racistes et anticolonialistes. Ils dénonceront l'exposition universel et ses zoos humains, se veut une tribune pour beaucoup d'artistes, sportifs afro américains. Cependant ceci se fait aussi de manière problématique. Le surrealisme ne se cache pas d'une fétichisation et d'une objectification de l'autre. Le primitivisme en est une illustration. L'interet porter pour certains artistes, representant une "authenticité Noire" d'après eux, illustre une essentialisation raciste. Le propos d'André Breton lors d'une interview par René Bélance illustre bien cela :
" R.B : Je sais que l'une des démarches essentielles du surréalisme est d'aboutir à l'abolition "des différences existant entre les hommes", pensez vous que les méthodes préconisées par vous on des chances de parvenir à ce résultat ? Quels avantages les peuples de couleur, enjeu éternel de l'impérialisme, peuvent-ils tirer d'une adhésion totale à cette forme de penser, de sentir et de vivre qu'est le surréalisme ?
A.B. : Oui, tout compte tenu des barrières de classes et autres dont il faut, d'abord, avoir raison par d'autres moyens, je pense que le surréalisme tend, est seul à tendre systématiquement à l'abolition de ces différences. Vous savez, en effet, qu'avec lui l'accent a été déplacé du moi, toujours plus ou moins despotique, vers le soi commun à tous les hommes. Mais cela m'entrainerait à retracer toute la démarche surréaliste de ces vingt ans.
Le surréalisme a partoe liée avec les peuples de couleur, d'une part parce qu'il a toujours été a leurs cotés contre toutes les formes d'impérialisme et de brigandage blancs, ainsi qu'en temoignent les manifestes publiés à Paris contre la guerre du Maroc, contre l'exposition coloniale, etc.; d'autres part, parce que les plus profondes affinités existent entre la pensée dite "primitive" et la pensée surréaliste, qu'elles visent l'une et l'autre à supprimer l'hégémonie du conscient, du quotidien, pour se porter à la conquête de l'émotion révélatrice. Ces affinités ont été mises en évidence par un écrivain martiniquais, Jules Monnerot, dans un ouvrage récemment paru: La poésie moderne et le sacré. Je crois que la lecture de cet ouvrage est absolument convaincante à cet égard."
Cette citation fait vaguement écho à une citation de Senghor "l'émotion est nègre, la raison est hellène" très critiqué par René Ménil qui formulera sa critique de la négritude notamment autour de cette citation.
{Nous nous réclamons du matérialisme dialectique de Marx, soustrait à toute interprétation tendancieuse et victorieusement soumis à l'épreuve des faits par Lénine. Sur le plan concret des modes figurés de l'expression humaine, nous acceptons également sans réserves le surréalisme auquel -en 1932- nous lions notre devenir.}
La revue se revendique du surrealisme et du marxisme leniniste
surrealisme (liens avec Andre Breton, place dans le mouvement surrealiste) le potentiel antiraciste (anti fasciste) du surrealisme : texte de Yoyotte et murderous humanitarianism, critique de la blanchité ? (mais relativiser ça car surrealisme => fetichisation, primitivisme ?)
marxisme, se revendique du matérialisme dialectique, critique de la bourgeoisie de couleur
voir texte de Lori Cole sur surrealisme et marxisme
[negritude ? référence aux mouvements noirs, auteurs noirs (claude McKay, Langston H., solidarité avec les AF.AM)]
II - Conflits, tensions et scissions
a - Themes, arguments, références faits abordés dans la revue
Ce premier (et unique, car censuré) numéro de légitime défense est axé essentiellement sur la critique de la bourgeoisie de couleur
La revue est composé d'une introduction signée par tout le groupe légitime défense, de quelques essaies polémiques et est cloturé par des poèmes.
"Ceci est un avertissement", c'est ainsi que débute ce manifeste
critique de la bourgeoisie de couleur, solidarité avec les AF-AM, poesie, exercice de style critique de la litterature caribeenne à l'époque (Gilbert Gratient, René Maran) critique de la revue du monde Noir
{Cette petite revue, outil provisoire, s'il casse, nous sauront rouver d'autres instruments. Nous acceptons avec indifference les conditions de temps et d'espaces qui, nous définissant en 1932 Antillais de langue française, ont ainsi délimité - sans nullement le circonscrire - notre premier champ d'action. Ce premier recueil e textes est plus spécialement consacré à la question antillaise telle qu'elle nous apparait. (Les suivants, sans abandonner cette question, en aborderont bien d'autres). Et si, du fait de son contenu, il s'adresse plutôt aux jeunes antillais français, c'est qu'il nous semble opportun de faire porter notre premier effort sur des gens dont nous sommes loin de sous-estimer les possibilités de révolte, s'il s'adresse plutôt aux jeunes noirs, c'est que nous estimons qu'ils ont particulièrement à souffrir du capitalisme (hors l'Afrique, voir Scottsboro) et qu'ils semblent offrir - en tant qu'ils ont une personnalité ethnique materiellement déterminée - un potentiel plus généralement élevé de révolte et de joie. A défaut du prolétariat noir à qui le capitalisme international n'a pas donné les moyens de nous comprendre, nous nous adressons aux enfants de la bourgeoisie noire, nous nous adressions à ceux qui ne sont pas encore tuées placés foutus universitaires réussis décorés pourris pourvus décoratifs pudibonds opportunistes marqués; nous nous adressons à ceux qui peuvent encore se réclamer de la vie avec quelque apparence de vraisemblance. }
b - La question de la race, du marxisme, de l'impérialisme et du tiers monde
"Certes, le discours de Légitime Défense, considéré dans son unité et sa structure d'ensemble, n'est pas un discours de la négritude. Alors que la négritude affirme la priorité de la lutte culturelle par rapport à la lutte politique, la priorité des "valeurs nègres" par rapport à la lute politique, la priorité des "valeurs nègres" par rapport aux contradictions sociales - Légitime Défense, au contraire, soucieux au principal e la lutte anti-impérialiste qui dresse les peuples colonisés contre les bourgeoisies occidentales et leur propre bourgeoisie, siture l'action politique dans le cadre marxiste des transformations sociales et ne conçoit le développement des "valeurs nègres" qu'à l'interieur de ce combat politique."
Primoté de "la lutte des classes" qui pour LD, comprend "la lutte des races". Vision contraire à celle de Césaire qui sera d'ailleurs à la base de tension entre eux (et surtout avec Senghor.)
"Ce projet est plus fanoniste avant la lettre que Senghorien ou même Césairiste - encore que, à cette date, Césaire aurait, sur ce point, à se prononcer lui même. "
Légitime Défense se veut critique des tropes et représentations racistes présentes dans la littérature à ce moment.
analyser linéairement la revue faire un parallèle avec la revue du monde noir, voir intro de Ménil.
usage du marxisme
c - Les dissensions avec d'autres mouvements, auteur-e-s
critique de Senghor et Cesaire : Cette revue considéré comme une inspiration du mouvement de la négritude, et ce qu'elle est, a justement été critiqué en grande partie par les auteurs de la négritude communément cité, principalement Césaire et Senghor. René Ménil y fait référence dans la préface de la réédition "la lecture que Senghor fait aujourd'hui de Légitime Défénse, auquel il reproche, entre autres choses et de façon inattendue, de n'avoir pas en 1932 "proné l'independance de l'Afrique, encore moins celle des Antilles". La raison de cette faute impardonnable, selon lui, serait que les signataires de Légitime Défense s'étaient fourvoyés dans le marxisme.
Critique de Sartre sur Etienne Lero :
Critique de Ménil et du groupe, Autocritique :
Critique de Cesaire, interview de Depestre, Cesaire juge L.D. assimilationniste (Ménil répondra de même)
critique de la négritude, d'une certaine negritude, celle de Senghor (préface de Ménil, qu"on retrouve dans son ouvrage Antilles Tracées)
III - Héritage
a - Tropiques
On retrouve des contributeurs de L.D. dans la revue tropiques qui se revendique elle même surréaliste, qui se verra elle aussi critiquée et censurée par l'Etat. Peut on voir en Tropiques la réalisation du projet de légitime défense ?
b - Ménil - Fanon ? parallèles et continuités
Voir intro de Ménil et premier article. rapport à la négritude et la race similaire.
c - L'oubli ?
oublie évoqué par Ménil dans la réédition de L.D., peu traité dans le milieu académique, peu de référence politique, culturelles semblent faites à L.D.
Cependant il faut reconnaitre l'influence de L.D. : pour la négritude, Damas, Cesaire malgré ses critiques. L.D. inspiration de la revue "l'étudiant noir". Inspiration pour Tropiques. Inspiration outre atlantique, Tedd Joans. Considéré comme pionnier d'un mouvement Afro surrealiste (d'après Robin Kelley) . L.D. évoqué dans de récentes revues panafricaines. Oublié des récits du surréalisme , oublié des références marxistes, mais pas de l'historiographie Noire (?)
ou
a - influences :
"Il ne fallut pas attendre bien longtemps pour que Pigments de Damas (1937) et Cahier d'un Retour au Pays Natal de Césaire (1939) viennent répondre à cette faim de littérature dont la revue était l'expression passionnée." Influence de la revue sur Damas (retrouver l'interview dans présence africaine), revoir l'intro de Black Brown and Beige sur l'influence de Césaire. Malgré les critiques, Légitime Défense reste une influence majeur du mouvement de la négritude
Edouard Glissant
Ted Joans,
Revue Panafricaine
b - "s'il casse, nous saurons trouver d'autres instruments" (ou switcher a et b)
Groupe Légitime Défense, groupe Front commun, et Tropiques ?
(revoir Ménil)
c - L'oubli ?
retour sur les sources etc, mes recherches. Pourquoi un manque d'accessibilité en France. Oublié du surrealisme, oublié du Marxisme en France.
Meilleur reception outre atlantique, Robin Kelley, Paget Henry
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I - Naissance de la revue
I - Naissance de la revue a - Identités et parcours intellectuels et politique des auteur-e-s Parmis les membres, contributeurs et contributrices "les plus connus" de Légitime Défense, on retrouve Etienne Léro, considéré comme le fondateur de la revue. Les éléments biographiques à son sujet restent flous et contradictoires. Dans Black Brown and Beige publié en 2009, Kelley et Rosemont partagent comme année de naissance et de décès 1910 - 1939, Léro serait mort prématurément au front à l'âge de 29 ans, cependant René Ménil dans un hommage posthume évoque la mort prématurée de Léro à l'âge de 25 ans (Ménil, 2008). On sait que Etienne Léro est issu de la famille Lero, famille d'intellectuels influente en Martinique (Thélus Léro, qui est aussi signataire de la revue, Yva Lero, militante féministe historique en Martinique). Etudiant en philosophie à Paris, il est membre du Groupe d'Etude pour la Phénoménologie Humaine, a contribué à la revue Luciole, fondée en 1926 par Auguste Joyau et Gilbert Gratiant, à La Revue Du Monde Noire, fondée par Paulette, Jane et Andrée Nardal et le docteur Léon Sajou, et à différentes revues surréalistes (Le Surréalisme Au Service De La Révolution, Document 34). En 1932 il rejoint l’Union des travailleurs Nègres. Il évolue donc dans des milieux intellectuels et politiques assez divers. Un hommage posthume de René Ménil publié en octobre 1985 dans le journal Justice témoigne de son relatif anonymat. "Etienne Léro : Restituer un visage", un court article clôturé par un cliché d'Étienne Léro, le 1er publié. "C'est sans doute à ma connaissance, la première fois que se trouve publiée une photographie d'Etienne Léro dont il est tant parlé dans les livres qui traitent de la littérature moderne du Tiers-Monde. On peut s'interroger sur le pourquoi de cette étrange absence quand le visage des autres écrivains de la même époque, menant dans la même voie la lutte des idées (DAMAS, SENGHOR, CESAIRE et tant d'autres), sont de véritables icônes largement répandues par le monde". (Ménil, 2008) Bien que René Ménil, dans cet article, ne souhaite pas "déterminer le rôle qu'il a joué dans le mouvement littéraire déclenché dans l'empire colonial français par les étudiants antillais dans les années 30", il sous entend bien que Etienne Léro est un des initiateurs de la négritude, le citant aux côtés de Damas, Senghor et Césaire, et en manifestant son vif intérêt pour "la chose nègre". En effet on garde en tête qu'Etienne Léro est précurseur, Kelley et Rosemont, dans leur anthologie sur ce qu'on pourrait nommer "l'Afro-Surréalisme" (sur les surréalistes Africains et la diaspora), ou d’un “surréalisme Noir” (Kelley, Rosemont, 2009), le réfèrent comme le 1er surréaliste Noir. René Ménil peut être considéré comme le 2ème contributeur le plus connu : C'est à son sujet que l'on retrouve le plus d'éléments biographiques, il est resté actif jusqu'à son décès en 2004. Ceci est aussi dû au fait qu'il a préfacé la réédition de la revue en 1979, et qui est la seule version accessible. Contrairement à Etienne Léro, René Ménil, né en 1907, est issu d'un milieu modeste. Comme Etienne Léro, il fait ses études secondaires au Lycée Schoelcher et part étudier à Paris où il rencontrera les autres contributeurs de la revue Légitime Défense, mais aussi d'autres figures du milieu surréaliste à travers les réunions du groupe littéraire surréaliste où l'on retrouve Paul Eluard, Tristan Tzara, Louis Aragon, André Breton entre autres. Dans une courte biographie sur l’écrivain martiniquais, Geneviève Sézille Ménil, qui se trouve être aussi sa compagne, met en avant dans le parcours de jeunesse de Ménil les difficultés rencontrées dues au racisme et à la précarité. Ménil, issu d’un milieu modeste, voit une de ses bourses d'étude suspendue à cause de ses engagements politiques, il est contraint de retourner en Martinique (Ménil, 2008) (Howlett, 2013). Cette période d'effervescence intellectuelle à Paris, l'ayant amené à être contributeur de la revue Légitime Défense, est pour Ménil fondatrice : "tout au long de sa vie René abordera ses activités selon les objectifs définis dans Légitime Défense tout en apportant les modifications critiques qui imposeront le long cours des événement" (Ménil, 2008). Il est, comme Etienne Léro, contributeur à La Revue Du Monde Noir et est une des figures centrale de la revue Tropiques. De retour en Martinique après ses études, Ménil enseigne la philosophie mais est toujours actif politiquement, il contribue à plusieurs revues (Tropiques, Action, Justice) et participe à la constitution du Partie Communiste Martiniquais. Son rapport au marxisme que l'on pourrait qualifier d’"orthodoxe" à ses début, façonne sa manière de penser les thématiques raciales (et aussi de ne pas les penser) et ceci sera un point de tension important avec certains intellectuels affiliés très directement à la négritude, comme Senghor notamment, mais aussi Césaire. Il écrira jusqu'à la fin de ses jours sur des sujets tant politiques que culturels, sur la situation politique en Martinique, sur le jazz ou encore des critiques littéraires. Parmis les autres contributeurs on retrouve Jules Marcel Monnerot, qui est un membre très actif du milieu surréaliste à Paris et qui se tourne à la fin de sa vie vers l'extrême droite. Jules Marcel Monnerot est le fils de Jules Monnerot, fondateur du premier groupe communiste en Martinique, le groupe Jean Jaurès, qui est une inspiration pour Légitime Défense ; Jules Marcel Monnerot dédicace sa première contribution de la revue à un des cadres de ce groupe, Juvénal Linval. Comme ses deux camarades il est contributeur à La Revue du Monde Noir, il intervient dans la revue de Breton, Le Surréalisme Au Service De La Révolution mais aussi dans les revues Minotaure, Inquisitions, Acéphale et Arts (Mélusine, 2012). Le parcours de Monnerot est atypique. Si Ménil dédit sa vie au surréalisme et au communisme, Monnerot s'en détache de plus en plus à en devenir anti communiste, il assimile le communisme à l'islam, qu'il assimile à l'obscurantisme et au totalitarisme ; signataire de la virulente tribune anti colonialiste et anti impérialiste “Murderous Humanitarianism”, il finit défenseur de “l'Algérie française”. Il rejoint petit à petit l’extrême droite. On peut aussi retenir Simone Yoyotte, considérée par Rosemont et Kelley comme la première femme Noire surréaliste . Elle est membre active du groupe surréaliste de Paris et contributrice à la revue Le Surréalisme Au Service De La Révolution. Maurice-Sabas Quitman est également un contributeur de la revue, mais aucune information n’ont été trouvé à son sujet. D'autres signataires de la revue mais non contributeurs peuvent être retenus, comme Pierre Yoyotte, frère de Simone Yoyote. Il est signataire du texte “Murderous Humanitarianism”, et aussi est l'auteur du texte "Réflexions conduisant à préciser la signification antifasciste du surréalisme", publié dans la revue surréaliste belge Document 34. Yoyotte a aussi contribué à la revue Le Surréalisme Au Service De La Révolution et à la revue surréaliste tchèque Surrealismus (Mélusine, 2012). Pierre Yoyotte et sa soeur sont décédés prématurément. Thélus Léro, frère d’Etienne Léro, est aussi signataire de la revue. De retour en Martinique, il milite auprès de Ménil et contribue lui aussi à la constitution du Parti Communiste Martiniquais, il deviendra sénateur de la Martinique, et adjoint de Aimé Césaire lorsque celui-ci sera maire de Fort-de-France. Léro contribuera à la postérité de la revue. Dans un entretien dirigé par Marc-Vincent Howlett pour la revue Présence Africaine, Léon Gontran Damas, l’auteur Guyanais considéré comme “l’un des pères de la négritude”, déclare avoir fait parti des penseurs de la revue. “La Revue du monde noir ayant disparu, c’est à ce moment que Etienne Léro, Jules Monnerot, René Ménil, Michel Pilotin, le docteur Pierre Yoyote, Maurice Sabas Quitman, Lionel Attuly et moi-même, nous nous sommes mis à étudier l’éventualité d’une nouvelle revue, revue dont Léro devait trouver le titre à partir de l’ouvrage de Breton : Légitime Défense … de 1926.” (Howlett, 2013) Dans cette interview il partage d’ailleurs son expérience dans l’élaboration du manifeste de la revue. b - Cadre et éléments historiques La revue Légitime Défense n'apparaît pas dans un lieu et une période au hasard. Elle est imprimée et diffusée dans un premier temps en période d’entre deux guerres, à Paris en juin 1932. Paris, durant l'entre deux guerres, était un vivier de pensées anticoloniales et anti impérialistes, c’est ce Paris là qui accueille le premier congrès des écrivains et artistes Noirs. Bon nombre de figures intellectuelles et politiques, comme les Afro-Américains de la Renaissance d'Harlem, des figures panafricaines comme George Padmore, des avocats, ingénieurs, tirailleurs et ouvriers militants, comme Lamine Senghor ou encore Tiemoko Garan Kouyaté, les soeurs Nardal et leur salon à Clamart, mais aussi bon nombre d'étudiants issus des colonies, comme les contributeurs de Légitime Défense au même titre que d'autres étudiants comme Aimé Césaire, Suzanne Roussi, Léon Gontran Damas, Léopold Sédar Senghor, constituaient ce noyaux (Dewitte, 1986). Philippe Dewitte dans son article “Le rouge et le nègre” note que depuis 1921, avec la revue Le Messager Dahoméen créée et publiée à Paris par Louis Hunkanrin, un instituteur, "réside la volonté d'union entre tous les Noirs de la diaspora". On retrouve ce désir d'union et de construction, de solidarité dans des revues aussi assimilationnistes que révolutionnaires, entre Noirs, mais aussi plus globalement, entre colonisés (Les Continents, La Voix des Nègres, La Race nègre, Le Paria, Le Libéré, Dépêche Africaine ...). Une tradition de revue "indigène" naît, établie par des colonisés, pour des colonisés. Parallèlement à cela, dans le bassin caraïbéen, on retrouve une profusion similaire. En Haïti, où on fait face à une occupation impérialiste étasunienne, émerge une littérature dite “indigéniste”, et La Revue Indigène, fondée en 1927 par Émile Roumer, Normil G. Sylvain, Jacques Roumain, Carl Brouard, Antonio Vieux, Dominique Hyppolite, se fait porte-voix de cette nouvelle littérature. Les contributeurs appellent à se débarrasser de la mainmise coloniale et impériale qui se reflète dans la littérature haïtienne en prônant un “retour au source”, la reconnaissance et la valorisation de la culture haïtienne populaire et de ses racines africaines, et les échanges avec d'autres cultures. En Martinique, Gilbert Gratiant et Auguste Joyau fondent la revue Lucioles, revue à laquelle Etienne Léro contribue en 1926. Son objectif était “de populariser des oeuvres mettant en relief les particularités culturelles des Martiniquais. Lucioles est classée par les chercheurs parmi les premières manifestations des recherches de l’autonomie culturelle des Antillais” (Obszyński, 2013) C'est dans ce contexte et dans cette continuité qu'apparaît en 1931 La Revue Du Monde Noire, créée par Léo Sajou, Paulette, Jane et Andrée Nardal, revue considérée comme fondatrice de la négritude et revue nécessaire pour comprendre l'apparition de Légitime Défense. Cette revue a pour but de réhabiliter la "civilisation" Noire et la culture Noire dans toute sa globalité, culture Noire aussi bien Africaine que diasporique. Elle veut être un trait d'union entre les Noirs d'Afrique, d'Amérique et d'Europe d’après son introduction : “Ce que nous voulons faire: Donner à l’élite intellectuelle de la Race noire et aux amis des Noirs un organe où publier leurs oeuvres artistiques, littéraires et scientifiques. Etudier et faire connaître par la voix de la presse, des livres, des conférences ou des cours, tout ce qui concerne la CIVILISATION NÈGRE et les richesses naturelles de l’Afrique, patrie trois fois sacrée de la Race noire. Créer entre les Noirs du monde entier, sans distinction de nationalité, un lien intellectuel et moral qui leur permette de se mieux connaître, de s’aimer fraternellement, de défendre plus efficacement leurs intérêts collectifs et d’illustrer leur Race, tel est le triple but que poursuivra “LA REVUE DU MONDE NOIR”. Par ce moyen, la Race noire contribuera avec l’élite des autres Races et tous ceux qui ont reçu la lumière du vrai, du beau et du bien, au perfectionnement matériel, intellectuel et moral de l’humanité. Sa devise est et restera : Pour la PAIX, le TRAVAIL et la JUSTICE. Par la LIBERTE, l’EGALITE et la FRATERNITE. Et ainsi, les deux cent millions de membres que compte la Race noire, quoique partagés entre diverses Nations, formeront, au-dessus de celles-ci, une grande DEMOCRATIE, prélude de la Démocratie universelle.” Le but de la revue, bien qu’elle se focalise et soit destinée aux Noirs, est assez consensuel, elle prend pour elle-même la devise française, prétend finalement à l’universel. On y retrouve des journalistes, des poètes, des chercheurs scientifiques dans le domaine de l'anthropologie, de la sociologie, généralement issus de la bourgeoisie, pour des productions divers sur des thèmes assez larges ayant pour point commun, les Noirs. Ménil, Léro et Quitman seront contributeurs de La Revue Du Monde Noir. En parallèle à la revue, il y a les salons des soeurs Nardal, qui matérialisent ce point d'union entre Noirs de tous horizons. Bon nombre d'intellectuels Noirs se rendent à ces salons et échangent et construisent des réflexions, ils permettent d'ailleurs des intellectuels de diaspora divers de s'unir et collaborer. Paris durant cette période était aussi riche pour d’autres acteurs politiques, culturels, notamment pour les surréalistes et les membres de Légitime Défense. Pour certains chercheurs en littérature, le titre est un hommage à Breton et fait référence à un de ses essais éponyme, mais ceci est contesté dans la biographie de Ménil (Ménil, 2008) . Les membres de Légitime Défense font partis de ces cercles, participent aux différents cafés, contribuent à des revues et signent des tracts surréalistes, les membres maintiennent la vie politique de ces cercles. c - Une revue marxiste et surréaliste ? Dans son introduction, Légitime Défense se revendique du marxisme et du surréalisme. Le surréalisme en France a su se montrer présent sur le terrain de la contestation du racisme, du colonialisme et de l’impérialisme. En 1921, on retrouve aux côtés de la revue La dépêche africaine, et de militants communistes, un groupe de surréalistes dénonçant l’exposition coloniale qui a lieu à la porte Dorée et à Vincennes. André Breton, Paul Eluard, Benjamin Peret, Georges Sadoul, Pierre Unik, André Thirion, René Crevel, Aragon, René Char, Maxime Alexandre, Yves Tanguy et Georges Malkine, signent et diffusent un tract intitulé “Ne visitez pas l’exposition coloniale”, ils y dénoncent le pillage, l’exploitation, les crimes coloniaux et la justice arbitraire dont sont victimes les sujets coloniaux en France. En plus de ce tract et de la mobilisation à Vincennes contre l’exposition, le groupe de surréalistes organise une contre-exposition, “La vérité sur les colonies”. En 1932 certains membres de Légitime Défense, Monnerot et Yoyotte, signent le tract “Murderous Humanitarianism”, traduit par Samuel Beckett et publié dans Negro Anthology de Nancy Cunard, rédigé en 1932 pour protester contre la guerre du Rif au Maroc. Parmi les groupes qui appellent à protester contre cette guerre, on retrouve les communistes; les surréalistes répondent d’ailleurs à cet appel. Surréalisme et communisme semblent se retrouver dans la lutte anticoloniale. Pourtant l’association de ces mouvements en France ne va pas de soi. Lori Cole dans son article “Légitime défense, From Communism and Surrealism to Caribbean Self-Definition” revient sur les tensions idéologiques entre surréalisme et marxisme “If both [Marx and Breton] saw the revolution as a prelude to the founding of a world based on the desires of men, their ideas about the context of these desires were not the same. For the Marxists they were material while for the Surrealists they were primarily subjective and spiritual.” (Cole, 2010) Quand l’un se réalise dans la lutte, l’autre se réalise dans l’art, l’un collectivement, l’autre individuellement. De plus le surréalisme, bien que se voulant anti-colonial, se caractérise par le “primitivisme” et l’exotisation des cultures non occidentales, la distinction du “je” et de “l’autre”, un “je” occidental, moderne (donc colonial ?), conscient et rationnel, et un autre de la périphérie, colonisé et minorisé, primitif, émotionnel (dans lequel Légitime Défense et ses acteurs sont considérés). Pour Lori Cole, c’est justement parce que Légitime Défense est (construit) comme “autre” que la démarche prend alors un autre sens, elle reprend Lilyan Kesteloot, “Lilyan Kesteloot points out that unlike the Surrealists who belonged to the civilization they sought to dismantle, Légitime défense’s critique possesses an additional force garnered by its outsider status. She explains that “in contrast to the French surrealists, it was not their own mental structures or their own society they were combating, but a foreign establishment and its detested social order because it was both conqueror and oppressor” While the students parrot much of Marx and Breton’s ideology, their refusals resonate more powerfully because they are black colonial subjects.” (Cole, 2010) Pour Légitime Défense, ce qui est considéré “autre” par les surréalistes, ne l’est pas pour eux. Le surréalisme est utilisé pour que le sujet colonisé assujetti (par le “Je” surréaliste, qui est “autre” pour Légitime défense) puisse exister, devenir sujet “je” (ou plutôt “nous”). “Moreover, the students are explicitly devoted to “the Caribbean question” that neither Communists nor Surrealists prioritized. They poach Marx and Breton’s authority so as to redirect it to their immediate historic conditions. Grounded in both Surrealist and Marxist ideology, Légitime défense uses its precursors’ tools to surpass them by attacking the unique problem of race and colonialism from the position of colonial subject.” (Cole, 2010) Se revendiquer du marxisme et du surréalisme pour Légitime Défense est purement utilitaire et permet de compléter les lacunes de chacun de ces outils, ils sont utilisé pour se réaffirmer en tant que sujet (“nous”) qui est, noir, colonisé, assimilé et adresser un problème d’aliénation, d’oppression collective, qui se reflète structurellement, dans l’organisation de la société martiniquaise mais aussi dans la culture, les arts, idéologiquement voir plus intimement. Cependant, on pourrait se dire que Légitime Défense produit alors un discours de négritude et s'inscrit dans cette lignée (Brent Hayes, 1998), ou alors de “pré-négritude” (Rabbit, 2002). Il est compliqué de l’affirmer quand Légitime Défense se distancie de la Négritude et que les acteurs de la Négritude (à l’exception de Damas) s’en distancient aussi. L’adhésion ferme au marxisme de Légitime Défense et leur aspect révolutionnaire, insurrectionnel rend cette affirmation caduque. “Unlike Négritude, Légitime défense comprised an anti-imperialist struggle which roused colonial peoples against both the Western and its own bourgeoisie, situating political action in the framework of social transformation without conceiving the development of “black values” other than within such political conflict.” De plus l’adhésion de Légitime Défense à des outils “européens” leur est aussi reproché par les ténors de la négritude et est de tensions entre la revue et la Négritude.
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La première partie du coup ça donnera ça : I/ Naissance de la revue
I/ Naissance de la revue
a - Identités et parcours intellectuels et politique des auteur-e-s
Parmis les membres et contributeurs "les plus connus" de Légitime Défense, on retrouve Etienne Lero, considéré comme le fondateur de la revue. Etienne Léro. Les éléments biographiques à son sujet restent flous et contradictoires. Dans Black Brown and Beige publié en 2009, Kelley et Rosemont partagent comme année de naissance et de décès 1910 -1939, Léro serait mort prématurément au front à l'âge de 29 ans, cependant René Ménil dans un hommage postum évoque la mort prématuré de Léro à l'âge de 25 ans (Ménil, 2008). On sait que Etienne Léro est issu de la famille Lero, famille d'intellectuels influente en Martinique (Thélus Léro, qui est aussi signataire de la revue, Yva Lero, militante féministe historique en Martinique). Etudiant en philosophie à Paris, il est membre du Groupe d'Etude pour la Phénoménologie Humaine, a contribué à la revue Luciole, fondée en 1926 par Auguste Joyau et Gilbert Gratiant, à La Revue Du Monde Noire, fondée par Paulette, Jane et André Nardal et le docteur Léon Sajou, et à différentes revues surréalistes (Le Surréalisme Au Service De La Révolution, Document 34). En 1932 il rejoint l’Union des travailleurs Nègres. Il évolue donc dans des milieux intellectuels et politiques assez divers. Un hommage postum de René Ménil publié en octobre 1985 dans le journal Justice témoigne de son relatif anonymat. "Etienne Léro : Restituer un visage", un court article clôturé par un cliché d'Etienne Léro, le 1er publié.
"C'est sans doute à ma connaissance, la première fois que se trouve publiée une photographie d'Etienne Léro dont il est tant parlé dans les livres qui traitent de la littérature moderne du Tiers-Monde. On peut s'interroger sur le pourquoi de cette étrange absence quand le visage des autres écrivains de la même époque, menant dans la même voie la lutte des idées (DAMAS, SENGHOR, CESAIRE et tant d'autres), sont de véritables icônes largement répandues par le monde". (Ménil, 2008)
Bien que René Ménil, dans cet article, ne souhaite pas "déterminer le rôle qu'il a joué dans le mouvement littéraire déclenché dans l'empire colonial français les étudiants antillais dans les années 30", il sous entend bien que Etienne Léro est un des initiateurs de la négritude, le citant aux cotées de Damas, Senghor et Césaire, et en manifestant son vif intérêt pour "la chose nègre".
En effet on garde en tête qu'Etienne Léro est précurseur, Kelley et Rosemont, dans leur anthologie sur ce qu'on pourrait nommer "l'Afro-Surréalisme" (sur les surréalistes Africains et la diaspora), ou d’un “surréalisme Noir” (Kelley, Rosemont, 2009), le réfèrent comme le 1er surréaliste Noir.
René Ménil peut être considéré comme le 2ème contributeur le plus connu : C'est à son sujet que l'on retrouve le plus d'éléments biographiques, il est resté actif jusqu'à son décès en 2004. Ceci est aussi dû au fait qu'il ait préfacé la réédition de la revue en 1979, et qui est la seule version accessible. Contrairement à Etienne Léro, René Ménil, né en 1907, est issu d'un milieu modeste. Comme Etienne Léro, il fait ses études secondaires au Lycée Schoelcher et part étudier à Paris où il rencontrera les autres contributeurs de la revue Légitime Défense, mais aussi d'autres figures du milieu surréaliste à travers les réunions du groupe littéraire surréaliste où l'on retrouve Paul Eluard, Tristan Tzara, Louis Aragon, André Breton entres autres. Dans une courte biographie sur l’écrivain martiniquais, Geneviève Sézille Ménil, qui se trouve être aussi sa compagne, met en avant dans le parcours de jeunesse de Ménil, les difficultés rencontrées dû au racisme et à la précarité. Ménil, issu d’un milieu modeste, voit une de ses bourses d'étude suspendue à cause de ses engagements politiques, il est contraint de retourner en Martinique (Ménil, 2008) (Howlett, 2013). Cette période d'effervescence intellectuelle à Paris, l'ayant amené à être contributeur de la revue Légitime Défense, est pour Ménil fondateur : "tout au long de sa vie René abordera ses activités selon les objectifs définis dans Légitime Défense tout en apportant les modifications critiques qui imposera le long cours des événement" (Ménil, 2008). Il est, comme Etienne Léro, contributeur à La Revue Du Monde Noir et est une des figures centrale de la revue Tropiques. De retour en Martinique après ses études, Ménil enseigne la philosophie mais est toujours actif politiquement, il contribue à plusieurs revues (Tropiques, Action, Justice) et contribue à la constitution du Partie Communiste Martiniquais. Son rapport au marxisme que l'on pourrait qualifier d’"orthodoxe" à ses début, façonne sa manière de penser les thématiques raciales (et aussi de ne pas les penser) et ceci sera un point de tension important avec certains intellectuels affilié très directement à la négritude, comme Senghor notamment, mais aussi Césaire. Il écrira jusqu'à la fin de ses jours sur des sujets tant politiques que culturelles, sur la situation politique en Martinique, sur le jazz ou encore des critiques littéraires.
Parmis les autres contributeurs on retrouve Jules Marcel Monnerot, qui est un membre très actif du milieu surréaliste à Paris et qui se tourne à la fin de sa vie vers l'extrême droite. Jules Marcel Monnerot est le fils de Jules Monnerot, fondateur du premier groupe communiste en Martinique, le groupe Jean Jaures, qui est une inspiration pour Légitime Défense ; Jules Marcel Monnerot dédicace sa première contribution de la revue à un des cadres de ce groupe, Juvénal Linval. Comme ses deux camarades il est contributeur à La Revue du Monde Noir, il intervient dans la revue de Breton, Le Surréalisme Au Service De La Révolution mais aussi dans les revues Minotaure, Inquisitions, Acéphale et Arts (Mélusine, 2012). Le parcours de Monnerot est atypique, si Ménil dédit sa vie au surréalisme et au communisme, Monnerot s'en détache de plus en plus devenir anti communiste, il assimile le communisme à l'islam, qu'il assimile à l'obscurantisme et au totalitarisme ; signataire de la virulente tribune anti colonialiste et anti impérialiste “Murderous Humanitarianism”, il finit défenseur de “l'Algérie française”. Il rejoint petit à petit l’extrême droite.
On peut aussi retenir Simone Yoyotte, considérée comme la 1ere femme Noire surréaliste par Rosemont et Kelley. Elle est membre active du groupe surréaliste de Paris et contributrice à la revue Le Surréalisme Au Service De La Révolution. Aucune information n'ont été trouvé sur Maurice- Sabas Quitman.
D'autres signataires de la revue mais non contributeurs peuvent être retenus, comme Pierre Yoyotte, frère de Simone Yoyote. Il est signataire du texte “Murderous Humanitarianism”, et aussi est l'auteur du texte "Réflexions conduisant à préciser la signification antifasciste du surréalisme", publié dans la revue surréaliste belge Document 34. Yoyotte aussi contribué à la revue Le Surréalisme Au Service De La Révolution et à la revue surréaliste tchèque Surrealismus (Mélusine, 2012). Pierre Yoyotte et sa soeurs sont décédés prématurément. Thélus Léro, frère d’Etienne Léro, est aussi signataire de la revue. De retour en Martinique, il milite auprès de Ménil et contribue lui aussi à la constitution du Parti Communiste Martiniquais, il deviendra sénateur de la Martinique, et adjoint de Aimé Césaire lorsque celui ci sera maire de Fort-de-France. Léro contribuera à la postérité de la revue.
Dans un entretien dirigé par Marc-Vincent Howlett pour la revue Présence Africaine, Léon Gontran Damas, l’auteur Guyanais considéré comme “l’un des pères de la négritude”, déclare avoir fait parti des penseurs de la revue,
“La Revue du monde noir ayant disparu, c’est à ce moment que Etienne Léro, Jules Monnerot, René Ménil, Michel Pilotin, le docteur Pierre Yoyote, Maurice Sabas Quitman, Lionel Attuly et moi-même, nous nous somme mis à étudier l’éventualité d’une nouvelle revue, revue dont Léro devait trouver le titre à partir de l’ouvrage de Breton: Légitime Défense … de 1926.” (Howlett, 2013)
Dans cette interview il partage d’ailleurs son expérience dans l’élaboration du manifeste de la revue.
b - Cadre et éléments historiques
La revue Légitime Défense n'apparaît pas dans un lieu et une période au hasard. Elle est imprimée et diffusée dans un premier temps en période d’entre deux guerres, à Paris en juin 1932. Paris, durant l'entre deux guerres, était un vivier de pensées anticoloniales et anti impérialistes, c’est ce Paris là qui accueille le premier congrès des écrivains et artistes Noirs. Bon nombre de figures intellectuelles et politiques, comme les Afro-Américains de la Renaissance d'Harlem, des figures panafricaines comme Georges Padmore, des avocats, ingénieurs, tirailleurs et ouvriers militants, comme Lamine Senghor ou encore Tiemoko Garan Kouyaté, les soeurs Nardal et leur salon à Clamart, mais aussi bon nombre d'étudiants issus des colonies, comme les contributeurs de Légitime Défense au même titre que d'autres étudiants comme Aimé Césaire, Suzanne Roussi, Léon Gontran Damas, Léopold Sédar Senghor, constituaient ce noyaux (Dewitte, 1986).
Phillippe Dewitte dans son article “Le rouge et le nègre” note que depuis 1921, avec la revue Le Messager Dahoméen créé et publié à Paris par Louis Hunkanrin, un instituteur, "réside la volontée d'union entre tous les Noirs de la diaspora". On retrouve ce désir d'union et de construction, de solidarité dans des revues aussi assimilationnistes que révolutionnaires, entre Noirs, mais aussi plus globalement, entre colonisés (Les Continents, La Voix des Nègres, La Race nègre, Le Paria, Le Libéré, Dépêche Africaine ...). Une tradition de revue "indigène" né, établie par des colonisés, pour des colonisés.
Parallèlement à cela, dans le bassin caraïbéen, on retrouve une profusion similaire. En Haïti, où on fait fasse à une occupation impérialiste étasunienne, émerge une littérature dite “indigéniste”, et La Revue Indigène, fondée en 1927 par Émile Roumer, Normil G. Sylvain, Jacques Roumain, Carl Brouard, Antonio Vieux, Dominique Hyppolite, se fait porte voix de cette nouvelle littérature. Les contributeurs appelle à se débarrasser de la mainmise coloniale et impérial qui se reflète dans la littérature haïtienne en prônant un “retour au source”, reconnaître et valoriser la culture haïtienne populaire et ses racines africaines, et échanger avec d’autres cultures. En Martinique, Gilbert Gratiant et Auguste Joyau fondent la revue Lucioles, revue à laquelle Etienne Lero contribue en 1926. Son objectif était “de populariser des oeuvres mettant en relief les particularités culturelles des Martiniquais. Lucioles est classée par les chercheurs parmi les premières manifestations des recherches de l’autonomie culturelle des Antillais” (Obszyński, 2013)
C'est dans ce contexte et dans cette continuité qu'apparaît en 1931 La Revue Du Monde Noire, créée par Léo Sajou, Paulette, Jane et Andrée Nardal, revue considérée comme fondatrice de la négritude et revue nécessaire pour comprendre l'apparition de Légitime Défense. Cette revue a pour but de réhabiliter la "civilisation" Noire et la culture Noire dans toute sa globalité, culture Noire aussi bien Africaine que diasporique. Elle veut être un trait d'union entre les Noirs d'Afrique, d'Amérique et d'Europe d’après son introduction :
“Ce que nous voulons faire:
Donner à l’élite intellectuelle de la Race noire et aux amis des Noirs un organe où publier leurs oeuvres artistiques, littéraires et scientifiques.
Etudier et faire connaître par la voix de la presse, des livres, des conférences ou des cours, tout ce qui concerne la CIVILISATION NÈGRE et les richesses naturelles de l’Afrique, patrie trois fois sacrée de la Race noire.
Créer entre les Noirs du monde entier, sans distinction de nationalité, un lien intellectuel et moral qui leur permette de se mieux connaître, de s’aimer fraternellement, de défendre plus efficacement leurs intérêts collectifs et d’illustrer leur Race, tel est le triple but que poursuivra “LA REVUE DU MONDE NOIR”.
Par ce moyen, la Race noire contribuera avec l’élite des autres Races et tous ceux qui ont reçu la lumière du vrai, du beau et du bien, au perfectionnement matériel, intellectuel et moral de l’humanité.
Sa devise est et restera :
Pour la PAIX, le TRAVAIL et la JUSTICE.
Par la LIBERTE, l’EGALITE et la FRATERNITE.
Et ainsi, les deux cent millions de membres que compte la Race noire, quoique partagés entre diverses Nations, formeront, au-dessus de celles-ci, une grande DEMOCRATIE, prélude de la Démocratie universelle.”
Le but de la revue, bien qu’elle se focalise et soit destinée aux Noirs, est assez consensuel, elle prend pour elle même la devise Française, prétend finalement à l’universel.
On y retrouve des journalistes, des poètes, des chercheurs scientifiques dans le domaine de l'anthropologie, de la sociologie, généralement issus de la bourgeoisie, pour des productions divers sur des thèmes assez larges ayant pour point commun, les Noirs. Ménil, Lero et Quitman seront contributeur de la revue du monde noire.
En parallèle à La Revue Du Monde Noir, il y a les salons des soeurs Nardal, qui matérialisent ce point d'union entre Noirs de tous horizons. Bon nombre d'intellectuels Noirs se rendent à ces salons et échangent et construisent des réflexions, ils permettent d'ailleurs à bon nombre d'intellectuels de diaspora divers de s'unir et collaborer.
Paris durant cette période était aussi riche pour d’autres acteurs politiques, culturels, notamment pour les surréalistes et les membres de Légitime Défense (le titre fait écho à un texte d’André Breton mais dont la référence direct n’est pas faite à ce texte (Ménil, 2008) font partis de ces cercles, participent aux différents cafés, contribuent à des revues et signent des tracts surréalistes.
c - Une revue marxiste et surréaliste ?
Légitime Défense dans son introduction, se revendique du marxisme et du surréalisme.
Le surréalisme en France a su se montrer présent sur le terrain de la contestation du racisme, du colonialisme et de l’impérialisme. En 1921, on retrouve présent aux côtés de la revue La dépêche africaine, et de militants communistes, un groupe de surréaliste dénonçant l’exposition coloniale qui a lieu à la porte Dorée et à Vincennes. André Breton, Paul Eluard, Benjamin Peret, Georges Sadoul, Pierre Unik, André Thirion, René Crevel, Aragon, René Char, Maxime Alexandre, Yves Tanguy et Georges Malkine, signe et diffuse un tract intitulé “Ne visitez pas l’exposition colonial”, ils y dénoncent le pillage l’exploitation, les crimes coloniaux et la justice arbitraire dont sont victimes les sujets coloniaux en France. En plus de ce tract et de la mobilisation à Vincennes contre l’exposition, le groupe de surréaliste organise une contre exposition, “La vérité sur les colonies”.
En 1932 certains membres de Légitime Défense, Monnerot et Yoyotte, signent le tract “Murderous Humanitarianism”, traduit par Samuel Beckett et publié dans Negro Anthology de Nancy Cunard, rédigé en 1932 pour protester contre la guerre du Rif au Maroc. Parmi les groupes qui appellent à protester contre cette guerre, on retrouve les communistes; les surréalistes répondent d’ailleurs à cette appel.
Surréalisme et communisme semblent se retrouver dans la lutte anticoloniale. Pourtant l’association de ces mouvements en France ne vont pas de soi. Lori Cole dans son article “Légitime défense, From Communism and Surrealism to Caribbean Self-Definition” revient sur les tensions idéologiques entre surréalisme et marxisme
“If both [Marx and Breton] saw the revolution as a prelude to the founding of a world based on the desires of men, their ideas about the context of these desires were not the same. For the Marxist they were material while for the Surrealists they were primarily subjective and spiritual.” (Cole, 2010)
Quand l’un se réalise dans la lutte, l’autre se réalise dans l’art, l’un collectivement, l’autre individuellement. De plus le surréalisme, bien que se voulant anti-colonial, se caractérise par le “primitivisme” et l’exotisation des cultures non occidental, la distinction du “je” et de “l’autre”, un “je” occidental, moderne (donc colonial ?), consciente et rationnel, et un autre de la périphérie, colonisé et minorisé, primitif, émotionnel (dans lequel Légitime Défense et ses acteurs sont considérés). Pour Lori Cole, c’est justement parce que Légitime Défense est (construit) comme “autre” que la démarche prend alors un autre sens, elle reprend Lilyan Kesteloot,
“Lilyan Kesteloot points out that unlike the Surrealists who belonged to the civilization they sought to dismantle, Légitime défense’s critique possesses an additional force garnered by its outsider status. She explains that “in constrast to the French surrealists, it was not their own mental structures or their own society they were combating, but a foreign establishment and its detested social order because it was both conqueror and oppressor” While the students parrot much of Marx and Breton’s ideology, their refusals resonate more powerfully because they are black colonial subjects.” (Cole, 2010)
Pour Légitime Défense, ce qui est considéré “autre” par les surréalistes, ne l’est pas pour eux. Le surréalisme est utilisé pour que le sujet colonisé assujetti (par le “Je” surréaliste, qui est “autre” pour Légitime défense) puisse exister, devenir sujet “je” (ou plutôt “nous”).
Moreover, the students are explicitly devoted to “the Caribbean question” that neither Communists nor Surrealists prioritized. They poach Marx and Breton’s authority so as to redirect it to their immediate historic conditions. Grounded in both surrealist and Marxist ideology, Légitime défense uses its precursors’ tools to surpass them by attacking the unique problem of race and colonialism from the position of colonial subject. (Cole, 2010)
Se revendiquer du marxisme et du surréalisme pour Légitime Défense est purement utilitaire et permet de compléter les lacunes de chacun de ces outils, ils sont utilisé pour se réaffirmer en tant que sujet (“nous”) qui est, noir, colonisé, assimilé et adresser un problème d’aliénation, d’oppression collective, qui se reflète structurellement, dans l’organisation de la société martiniquaise mais aussi dans la culture, les arts, idéologiquement voir plus intimement.
Cependant, on pourrait se dire que Légitime Défense produit alors un discours de négritude et s'inscrit dans cette lignée (Brent Hayes, 1999), ou alors de “pré-négritude” (Rabbit, 2002). Il est compliqué de l’affirmer quand Légitime Défense se distancie de la Négritude et que les acteurs de la Négritude (à l’exception de Damas) s’en distancient aussi. L’adhésion ferme au marxisme de Légitime Défense et leur aspect révolutionnaire, insurrectionnel rend cette affirmation caduque.
“Unlike Négritude, Légitime défense comprised an anti-imperialist struggle which roused colonial peoples against both the Western and its own bourgeoisie, situating political action in the framework of social transformation without conceiving the development of “black values” other than within such political conflict.”
De plus l’adhésion de Légitime Défense à des outils “européens” leur est aussi reproché par les ténors de la négritude et est de tensions entre la revue et la Négritude.
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