#folle de rage elle se jette sur
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Une femme rentre tard chez elle et se glisse en silence dans la chambre conjugale. En soulevant la couverture elle voit 4 jambes, folle de rage elle se jette sur le lit et tape de toute ses forces son mari et sa maitresse. Fière d'elle elle redescend à la cuisine se servir un verre et tombe nez à nez avec son mari. Surprise elle lui demande -Mais que fais tu là? -Chéri tes parents sont passer nous faire une surprise, je leur ai laissé notre chambre vu qu'elle est plus grande!
#folle de rage elle se jette sur#Surprise elle lui demande#-Mais que fais tu là?#je leur ai laissé notre chambre#vu qu'elle est plus grande!
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Whisper.
J'ai peur. Il fait si sombre ici. Si froid, aussi. Mes vêtements sont poussiéreux, et déchirés. J'attends. Quoi ? Une énième fois, je me relève à grand-peine, vacillant sur mes jambes, et appuie de toutes mes forces contre la porte. J'aimerais que ma magie me vienne en aide... Je ne mérite pas cela. Personne ne mérite ça ! Dépossédée de ma baguette, j'en appelle à la magie innée. Celle qui est la cause de mon malheur. Je ferme les yeux et murmure des sortilèges, mais aucun n'a d'effet. Sans baguette, ma magie ne m'obéit plus. Souffre ! Souffre ! Vois ce que je vis, ressens ce que j'endure ! Souffre de ton impuissance ! SOUFFRE ! Je glisse contre la porte et tombe accroupie, la voix de mon père emplissant mon esprit. Pourtant, il n'est pas Legilimens... Il est Cracmol... S'il ne l'était pas, peut-être que tout serait différent. Des murmures. Inintelligibles. Sa voix... Et d'autres que je ne connais pas. Des murmures... Je deviens folle..! Folle comme lui ! Je me relève et m'acharne contre la porte, une rage indescriptible m'envahissant. Chaque battement de mon coeur, chaque pulsion de mon sang m'encourage. Je hurle intérieurement... Casse ! Des murmures. Inintelligibles. Sa voix... Et d'autres que je ne connais pas. Des murmures... Je deviens folle..! Folle comme lui ! Je prends de l'élan et me jette contre la porte. Je ne réussis qu'à me déboîter l'épaule, mais j'ai appris à ignorer la douleur. Serrant les dents, je me répète qu'elle ne pourra pas se déboîter davantage, même si ce n'est pas forcément vrai. Des murmures. Inintelligibles. Sa voix... Et d'autres que je ne connais pas. Des murmures... Je deviens folle..! Folle comme lui ! Un cliquetis dans la serrure. Je me fige, tous mes sens à l'affut. il est trop tard pour me cacher... Traîtresse, la porte s'ouvre. Des pas lourds résonnent. Le bruit d'un ongle contre du verre. Sûrement de la bière...
La lumière m'éblouit. Et puis, sa voix. Celle qui hante mes cauchemars. - Bonsoir, Abigail. - Bonsoiiir ! minaudai-je. Ca me fait tellllement plaisir de te voir ! Je le regarde avec un air de défi. Je m'invente une force que je n'ai pas. Un claquement. Celui du fouet qui maltraite l'air. Pour s'entraîner à me maltraiter, moi. Mon regard oscille entre mon père, le fouet et la porte. Cette lueur aveuglante, blanche... Il garde toujours ma baguette magique dans la poche de sa robe de chambre. Comme s'il espérait qu'il puisse s'en servir un jour... Tsss... La magie m'a choisie, et l'a ignoré... Elle m'aidera, sera mon avantage. Si seulement je mets la main sur cette baguette... Il s'agit de faire ça au bon moment. Surtout pas trop tôt. Surtout pas trop tard. Au bon moment. Mon coeur n'a jamais battu aussi vite. - 'Fais pas trop la maline avec moi, me conseilla mon père, ses yeux globuleux rendus vitreux par l'alcool. Tu n'as plus ton joujou pour te défendre. Et moi, j'ai apporté le mien. Un nouveau claquement. L'air gémit. La détermination m'empêche de ciller. Je suis tendue comme un arc. Le moment approche. Il lève son fouet, son sourire perfide auquel il manque quelques dents réfléchissant la lumière si prometteuse de l'extérieur. J'avais déjà tenté de m'enfuir, mais jamais ce moment n'a paru aussi proche et... Possible. Je tend les mains comme pour le supplier, mais le fouet les lacère. Mon sang tache le parquet. Je n'ai pas anticipé le coup. C'est trop tard. Dans l'énergie du désespoir, je tends la main vers ma baguette. Je sens qu'elle m'a reconnue. Chaque particule de mon corps l'appelle. Je l'imagine en train de la tenir dans ma main...
Mon effort mental est coupé par un coup de fouet. Je tombe à terre, le souffle coupé. Le fouet m'a tailladé les reins. Il faut de même avec mes mollets. Je hurle. Je ferme les yeux. Je lutte pour respirer. Je dois me souvenir de respirer. La douleur me fait oublier qui je suis. Mais l'instinct de survie me rappelle ce que je dois faire. Dans un accès de violence inouïe, mon père abat son fouet sur mon visage. Je parviens à me détourner un minimum, juste pour qu'il lacère ma joue et non pas mon oeil. Aller-retour, bien sûr, ce retour me lacère le front.
Debout ! Debout ! hurle une voix en moi. Et je lui obéis. J'affronte le regard de mon père, même si le mien est embué par les larmes, ce que je déteste. Je ne veux pas me laisser faire. Je ne veux pas me dire que je suis "battue". Ce n'est pas dans mon caractère. Je déteste ça, je hais ça. Le sang palpite dans mes veines en même temps que la colère. Au lieu de retenir ma magie, je la laisse au contraire s'exprimer, mais trop disciplinée, elle n'agit pas sans ma baguette.
Un nouveau coup de fouet creuse le creux du bas de mon dos. Je me mords la lèvre pour ne pas laisser échapper de nouvelles preuves de ma faiblesse, à ce moment-là. Alors, mon cri jaillit de moi sous la forme de larmes qui se mélangent au sang sur mon visage. Et j'imagine ce qu'a dû ressentir ma mère, tandis que la vie la quittait, enlevée par l'homme qu'elle aimait, qu'elle a aimé, qu'elle avait juré devant Merlin de continuer à aimer... Jusqu'à ce que la mort les sépare. Comme elle a séparé l'âme de papa.
Debout ! Debout ! Je saute sur mes pieds, mais mes jambes, molles comme du coton, refusent de me porter, et je m'effondre à nouveau, un nouveau coup de fouet déchirant l'air juste au-dessus de moi. Je me suis baissée juste à temps..! Un nouveau hurlement m'échappe, mais cette fois, c'est un cri de rage. N'écoutant que ce cri jaillissant de ma poitrine, je me jette sur mon père. Trop surpris, il ne tente même pas de me fouetter. Je le plaque au sol et tente de lui arracher son fouet des mains. Je grogne, comme un animal, satisfaite lorsqu'il lui échappe enfin. Je me relève, mon pied appuyé sur son thorax pour ne pas qu'il parte. Un nouveau claquement. Un hurlement. Ce n'est plus le mien. Dans un vain espoir, mon imbécile de père a pointé ma baguette sur moi. Mais il ne connaît aucun sortilège. Je profite de son hébétitude due au coup de fouet pour la lui prendre des mains. Je la pointe sur lui. Il dévoile à nouveau son sourire perfide et immonde, ses dents pourries, en grinçant : - La Trace, idiote..! Tu es suivie par la Trace ! me rappelle-t-il avec un rire dément. - Expulso ! haletai-je, à bout de forces. L'explosion projette mon père contre le mur. Il croyait qu'un simple sort du Ministère m'arrêterait ?!
J'aimerais lui jeter encore mille sorts identiques, lui faire payer, mais je n'ai que peu de temps. Je prends mes jambes à mon cou, traversant la maison qui a autrefois été mon chez-moi, et me heurtant à la porte de l'entrée fermée. Sans prendre le temps de chercher les clés, que mon père a sans doute gardées sur lui, je lance un Sortilège de Déverouillage. Etre épinglée par le Ministère pour un sort ou pour deux... ... Ou pour trois. Foutu pour foutu, je tends ma baguette magique en l'air et l'agite pour appeler le Magicobus. Le conducteur descend, puis sursaute, interloqué par mon aspect que je devine repoussant, avec mon teint gris, mes cheveux gras et poussiéreux, mes vêtements déchirés et mes pieds nus. - Je n'ai pas d'argent sur moi, là. Ma voix, bien qu'éraillée, est déterminée. - Mais si vous m'emmenez à Charlister Road, je vous paierai dès qu'on se reverra. - Mais... Que... - Je m'appelle Abigail Filch. Je vais entrer en quatrième année à Poudlard, à la rentrée. Je dois aller chez un ami. Question de vie ou de mort. Littéralement. Si vous ne m'aidez pas, vous serez complice de meurtre. J'essuyai le sang sur mon visage. - Je vous paierai. Mais... Juste, plus tard. Allez, quoi. S'il-vous-plaît. Soyez cool. - Mais.. Qu'est-ce-qui t'es arrivé ?! T'es tombée sur un Sinistros ? J'esquisse un sourire, déformé par ma blessure encore sanglante à la joue. - Non. Je viens de le quitter. Après plusieurs minutes de négociation, pendant lesquelles je tentai de dire le moins possible sur moi et les raisons de mon état, un argument (bien moins convaincant que les autres que j'ai déployés, pourtant) eut raison du côté tête de mule de mon interlocteur : un orage venait d'éclater.
Losque le Magicobus démarra, je fus plaquée au siège avec une violence hors normes, mais bien moins... bah, violente que celle avec laquelle mon père me battait, presque tous les jours. Je faillis vomir lorsqu'il acheva sa course folle. Je n'aurais su dire si il s'était passé une minute ou une heure. Le temps n'avait plus d'importance. J'étais à Charlister. Je descendis du bus d'un pas chancelant, remerciant éperduement le chauffeur. Je courais sous la pluie, pieds nus, portée seulement par l'espoir. 16, 18, 20, 22... Le numéro 24, enfin. Sans attendre, je toquai, frappant la porte fébrilement, ne contrôlant presque plus mes gestes des mains, irrépressibles et nerveux. Je patientai, tremblante, des larmes roulant sur mes joues brûlantes, et l'eau de pluie ruisselant sur mes cheveux blonds. Comme un coup de théâtre, au moment où le premier éclair déchira le ciel, la porte s'ouvrit. Je tressaille. - Abby..?! Headley me regarde, l'air inquiet. Il est le seul qui n'ait jamais ignoré ce que me faisait mon père. Le seul à savoir qui il était réellement. Le seul à savoir que tous les étés, je disais adieu à la lumière du jour pour m'enfoncer dans les ténèbres obscures de la cave, asile de sa propre folie. Le seul à jamais avoir voulu m'en délivrer. Mais je l'ai dissuadé. Maintes fois. Il fronce les sourcils, son sourcil droit marqué d'un anneau noir, avisant ma tenue et mes blessures. Puis, il s'approche de moi et m'étreint. Et je fonds en larmes.
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Mille-Hommes
C’est des larmes plein les yeux, la morve au nez, limite s’il ne s’écroulait pas sous le poids de sa propre peur, que Gageons, faisant remonter du fond de ses tripes un gargouillement atroce, réussit péniblement à émettre en bulles de mots la supplique suivante : « M… Mmmmm… MiiI I II LL e… Hom m Es ! J… gghhh jjjjJJJJJEEEEEEE…. JE T’EN SUPPLIE, SAUVE-MOI »
Un éclair, une fraction de seconde, l’éclair qui jaillit du fourreau, de son corps entier, et Mille-Hommes qui s’avance, folle qu’elle est, pointe de flèche atroce, hurlante et bouillonnante de rage – qui ose toucher à son amant – vers la succube, vers cette immondice dont les griffes se plantent déjà dans la chair de Gageons, en font sortir du pus, cette abomination qui lui bouffe le cerveau, lui ronge l’esprit, lui fait perdre la tête, et Mille-Hommes ! Mille-Hommes !
Mille-Hommes dont chaque pas est trop rapide pour nous, elle qui couvre, durant les 80ms qu’il nous faut pour traiter notre vision, la distance d’un univers qui la sépare de son doux et tendre.
Mille-Hommes qui refuse catégoriquement de voir Gageons – son Gageons – pris par quelqu’un – ou quelque chose – d’autre. Elle qui impose, en mot sec de sabre, son ordre : G A G E O N S. R E S T E .
La furie d’une armée fait trembler la terre, nos os eux-mêmes n’en peuvent plus du séisme que la colère de Mille-Hommes soulève. Nos cœurs se mettent à fibriller, nos âmes soupirent, et la succube, elle, relâche d’un seul coup son emprise sur Gageons, le laisse tomber comme une marionnette au sol, et lâche un hurlement putride à Mille-Hommes.
Fi du tonnerre qui lui apparaît en pleine gueule, Mille-Homme tranche l’onde sonore d’un simple regard et s’engouffre dans le tumulte d’un duel qui n’existe que hors du temps. Son image devient rémanente, nous ne voyons plus que des bouts de combats : un sabre qui fend l’air et vient s’abattre sur le corps répugnant du monstre, une poignée de griffes qui vole vers le visage de Mille-Hommes.
Une seconde plus tard – à moins que ça ne fut un an -, Mille-Hommes a la mâchoire en sang.
Tiens bon, et plante-lui le cœur.
L’une lui arrache de la chair, l’autre lui tranche une main.
Gageons voit tout.
Les yeux écarquillés de terreur et d’admiration pour sa guerrière, il tremble de rage de ne pas pouvoir se joindre à la bataille. Lui qui l’aime tant, lui qui ferait tout pour elle, lui qui jamais, ne cessera de l’aimer, et qui la connaît déjà dans un millions d’années, se rappelle l’incandescence de leurs touchers charnels.
Il se rappelle déjà la passion qui le dévorera.
Il se rappelle, déjà…
C’est un murmure. C’est un murmure qui, doucement, en brise légère, vient s’appuyer sur le rebord des lèvres vivantes de Gageons et dont la langue, pleine du mouvement juvénile et amoureux de Mille-Hommes, vient donner un coup d’envol.
Le murmure s’élève.
Personne ne l’entendra, sauf Mille-Hommes – il ne lui est destiné qu’à elle, et Gageons met un point d’honneur à ce que chaque mot aille à son bon destinataire. Personne, pas même la succube, qui pourtant est aux prises avec Mille-Hommes, au corps à corps, ne pourra l’intercepter.
Dans un millénaire, il sera trop tôt, mais dans une seconde, il sera trop tard : Mille-Hommes attrape le murmure du creux de l’oreille, et lui offre ses tympans.
Immédiatement, alors que le marteau frappe l’enclume, Mille-Homme jette son épée au sol, et empoigne à pleines mains la chair de la succube. Cette dernière écrase un hurlement, alors que Mille-Hommes continue de presser, de presser, de la compresser entre ses mains puissantes, ses mains qui n’ont jamais eu pour seul but que celui de protéger, sa poigne de fonte qui paralyse le démon.
Mille-Hommes la soulève, tandis que Gageons continue son murmure.
Doux et rond, c’est désormais un frai vent d’été qui se met à souffler.
Chargé d’émotions au fur et à mesure que Mille-Hommes soulève la bête, c’est un orage de Juillet.
Explosant d’un ultime cri salvateur, c’est un cyclone.
« Sic itur ad astra »
C’est ainsi que l’on s’élève vers les étoiles.
Mille-Hommes, dans un puissant mouvement de corps, finit d’agripper celui de la succube et, telle Atlas portant le monde sur ses épaules, la charge à son tour contre elle. Le mouvement qui suit nous est presque imperceptible. Une seconde, le temps s’arrête dans cette posture.
La seconde d’après, seule reste Mille-Homme, corps bandé vers le ciel des enfers, tandis que la succube va s’empaler contre la paroi d’une falaise, le crâne fracassé par la puissance de l’impact.
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Les Chroniques de Livaï #152 ~ LES AILES DE LA LIBERTE (mars 844) Furlan Church
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes.
Une fois Isabel et Livaï hors de vue, je me suis mis à me creuser les méninges pour savoir quoi faire de ce loustic qui me collait aux fesses. Plutôt bon, le mec.
Quand Livaï a dit tout haut que c'était le bataillon d'exploration qui nous prenait en chasse, j'ai eu du mal à cacher ma joie... mais il a dû la percevoir. J'avais rien oublié du plan que j'avais imaginé, mais je pouvais pas m'assurer que Livaï le suivrait. C'est ce qui m'a fait hésité pendant un moment...
Je balade le type un peu partout dans le quartier nord-est, sans réussir à le semer ; et quelque chose en moi, peut-être un vestige de fierté, essaye pourtant réellement de le faire... Mais c'est peine perdue : ces génies du harnais ont rien à voir avec ces incapables des brigades. J'ai beau imiter le style de Livaï en effectuant les acrobaties aériennes les plus folles, il se retrouve toujours derrière moi.
Désolée, Livaï, mais je crois que c'est le destin, et il faut pas lutter. Et puis, sincèrement, je doute d'avoir assez de gaz pour tenir la distance encore longtemps. Je me pose au sol un peu vite et je trébuche en avant. Mon poursuivant atterrit à son tour devant moi et me rattrape avant que je me croûte lamentablement au sol. Puis il me met les mains dans le dos et me menotte. Plus aucun moyen de s'échapper par la voie des airs.
Je me demande où en sont les autres, de leur côté... J'imagine mal Livaï se rendre aussi facilement que moi, mais d'après ce que j'ai pu voir, il en a deux après lui. Je l'imagine bien plutôt prendre un malin plaisir à leur échapper par tous les moyens possibles, en leur faisant des crasses au passage... Et franchement, s'ils parviennent à le choper, c'est qu'ils le méritaient amplement.
Mon ravisseur me fait remonter les rues en sens inverse pour nous faire revenir à notre point de départ. Il me tient très fermement et je fais pas le mariole. Je suis étonné de son sens de l'orientation, mais les explorateur sont connus pour ça ; quand ils parcourent un trajet en volant, ils sont capables de le retracer dans n'importe quel sens, même à pieds. Une fois la moitié du chemin environ parcouru, j'entends se rapprocher des vociférations indignées. Je reconnais tout de suite la voix...
Isabel, accompagnée de son ravisseur - la seule femme du groupe on dirait - gueule comme une perdue en se tortillant dans tous les sens. Je m'empêche de pouffer de rire, ça leur mettrait la puce à l'oreille, et reste stoïque en gardant sur le visage mon air hautain. Je serais incapable de dire si Isabel est réellement en pétard ou si elle joue la comédie, mais ça fait son effet. L'exploratrice lui administre une tape sur la tête, et Isabel se calme un peu, la larme à l'oeil.
Ils nous placent côte à côte et j'essaie de capter le regard d'Isabel. Quand enfin elle se tourne vers moi en reniflant, je lui fais un clin d'oeil complice et son visage s'illumine un peu ; pas trop, pour pas que ça se voit. Elle marche alors d'un pas plus alerte, tout en se débattant un peu de temps en temps pour donner le change.
J'aperçois alors une drôle de fumée verte pas très loin de nous, et je sens que nos ravisseurs changent d'attitude. J'entends le mien dire tout haut que les autres doivent avoir des problèmes, et même si ça n'augure rien de bon pour le plan, je peux pas m'empêcher de sourire en imaginant Livaï leur faire la vie dure... On se dirige tous dans cette direction, à un pas plus rapide.
On débouche dans une petite rue qui a autrefois abrité des commerces. Et c'est là que je tombe sur cette scène absolument stupéfiante... Livaï est aux prises avec un vrai géant aux cheveux blonds qui réussit à lui tenir tête en maintenant au loin sa main armée. De toute ma vie, je n'ai jamais vu quelqu'un réussir à faire ça... Et pourtant, je sens bien que Livaï y met toute sa force... Soit il est trop furieux pour se concentrer, soit ce type est réellement fort. Troisième option : il est épuisé par la poursuite et ne peut que résister sans prendre le dessus.
Isabel explose de nouveau en voyant ça et essaie de s'échapper des mains de sa ravisseuse, sans doute dans le but d'aller aider Livaï. Le voir en mauvaise posture, c'est inhabituel, et pas agréable pour nous deux. Je prie pour que Livaï me regarde... Juste deux secondes, ça suffirait...
Il tourne la tête vers moi, et m'interroge du regard. C'est ça, vieux, laisse-toi faire, c'est le mieux ! Arrête de lutter, ça sert à rien ! Range ta fierté dans ta poche, enroule-la dans ton foulard, et tu la ressortiras plus tard ! Fais-moi confiance, putain ! C'est bon, tu leur as assez montré que tu étais pas du tout content, maintenant lâche l'affaire.
Ses muscles se relâchent et ils baissent les mains en signe de reddition. Le grand blond semble apprécier la vue et ordonne à son acolyte - un autre grand blond, à croire que le bataillon les collectionne - de menotter Livaï. Aïe, ça va être délicat. Il appréciera sûrement pas d'être entravé... Pourvu que ça se passe bien... Je fais en sorte de capter son regard durant tout le processus, pour essayer de le calmer ; mais sa rage est palpable. Il prend vraiment sur lui...
Une fois qu'on est tous les trois neutralisés, nos ravisseurs se mettent devoir de nous retirer nos harnais. Il fallait bien s'y attendre. Le grand blond aux yeux bleus fait les cents pas pendant que ces sous-fifres se chargent de la besogne. Si Isabel et moi nous montrons plutôt dociles - Isabel ne manque pourtant pas de tirer la langue à la moindre occasion -, pour Livaï, c'en est déjà trop. Il tient à son harnais plus qu'à n'importe quoi d'autre. Qu'on puisse l'en délester comme ça réveille encore une fois sa colère et il colle son genou dans la figure de l'autre géant blond qui essaie malgré tout de faire son travail. Après que celui-ci ait menacé de lui péter la jambe - ou bien après que je lui ai jeté un regard furieux -, Livaï se calme de nouveau et se laisse faire docilement.
Notre équipement s'entasse maintenant dans un coin et leur chef ordonne qu'on nous fasse mettre à genoux. Pourquoi faire, nous humilier, ou nous montrer à quel point il est gigantesque ? C'est une cérémonie d'intronisation au bataillon, peut-être ? Pas de problème, m'sieur, on le fera mais faut pas trop en rajouter... Ce type commence à me paraître vraiment antipathique... J'imagine quel sentiment il doit inspirer à Livaï... Il me suffit de le regarder pour deviner qu'il rêve déjà de lui sauter à la gorge.
Et ça s'arrange pas une fois qu'on se trouve tous à genoux. Livaï fait encore son rebelle et l'autre blond est obligé de lui faire plier les genoux de force. T'inquiète, mon vieux, à charge de revanche. Mais pas tout de suite. Avant ça, on doit écouter ce qu'ils ont à nous dire.
Le chef nous demande, avec un ton assez poli auquel je m'attendais pas, où nous avons trouvé les harnais et qui nous a appris à les utiliser. Mon cerveau fonctionne à toute allure pour tenter de deviner ses intentions. Il veut peut-être nous faire dire qu'on les a volés ou achetés illégalement, dans le but de nous faire avouer encore plus de crimes ; mais il doit sûrement savoir qu'on les a volés aux brigades. Ou alors il est réellement intéressé et veut savoir si on a suivi une formation militaire... Il ne sert à rien de lui mentir, de toute façon, on est déjà recherchés pour tout un tas de choses... J'aimerais bien lui répondre, mais je peux pas m'empêcher de me tourner vers Livaï pour demander son assentiment, même silencieux.
Son visage est sombre. Ses cheveux lui tombent dans les yeux, et je ne les vois pas, mais je connais cette attitude. Il est en ce moment même en train de se mordre la langue pour ne pas sortir une insulte ou une grossièreté qui serait de mauvais goût dans notre situation. C'est sûr que ça le démange... Ok, mon gars, je vais me taire aussi, juste pour voir s'il insiste. Je lève les yeux, l'air de rien.
Le chef vient se poster devant Livaï et repose la question. Ce n'est plus à nous qu'il s'adresse mais à Livaï directement. Je peux pas m'empêcher de remarquer que ses yeux ne cillent pas et restent particulièrement fixes. Livaï lève un peu la tête et le regarde de dessous ses mèches... Ouhla, ce regard, c'est celui qui tue... Pourvu que le blond s'en rende pas compte...
Mais bien évidemment, j'espère trop. Il remarque ses yeux assassins et le dit tout haut à Livaï. Mais... il les soutient, sans faiblir. Personne peut supporter le regard de Livaï - surtout celui-là - plus d'une minute sans se sentir mal à l'aise. Ce type, c'est pas n'importe qui, c'est sûr. Il en a dans le ventre... Le plus surprenant, c'est que j'ai l'impression que même Livaï se... ratatine devant lui, si je puis dire. Il me tuerait s'il entendait mes pensées...
Le chef jette un coup d'oeil à son acolyte blond, qui se place tout à côté de Livaï, et dit qu'il va utiliser la manière forte pour avoir ses réponses. Une grande main attrape alors la tête de Livaï et la plaque au sol ! Livaï a rien anticipé, rien vu venir, car il était trop occupé à faire son regard noir à son adversaire debout ! Nous non plus ! Son visage vient s'écraser dans une flaque d'eau croupie et boueuse qui coule devant nous. Isabel sursaute en poussant un petit gémissement et même moi je me mets à me tortiller dans le réflexe instinctif d'arrêter ça.
Le chef repose sa question directement à Livaï, alors que celui-ci essaie désespérément de tourner sa tête sur le côté pour respirer. Il recrache un peu d'eau avalée par accident, et fixe de nouveau le grand blond sans desserrer les dents.
Si des flingues s'étaient trouvés à la place de ses yeux, ce type qui le toise de haut serait déjà mort... Ses pupilles sont tellement rétractées qu'elles sont plus que deux minuscules points noirs dans l'acier de ses iris...
Ca va mal... C'est la goutte de trop... Il va craquer... Il va les tuer tous... Je sais pas comment il s'y prendra, mais il va le faire... Il faut que quelqu'un stoppe ça avant que ça dégénère. Et avant que j'ai pu en placer une, c'est Isabel qui prend l'initiative ; sous la forme d'une de ses tirades venues des bas-fonds dont elle a le secret...
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Poésie
Voici les differents poèmes.
1 - A qui la faute ? / 누구의 잘못인가? Victor HUGO / 빅토르 위고 Tu viens d'incendier la Bibliothèque ? - Oui. J'ai mis le feu, là. -Mais c'est un crime inouï ! Crime commis par toi contre toi-même, infâme ! Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme ! C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler ! Ce que ta rage impie et folle ôse brûler, C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage Le livre, hostile au maître, est à ton avantage. Le livre a toujours pris fait et cause pour toi. Une bibliothèque est un acte de foi Des générations ténébreuses encore Qui rendent dans la nuit témoignage à l'aurore. Quoi! dans ce vénérable amas des vérités, Dans ces chefs-d'oeuvre pleins de foudre et de clartés, Dans ce tombeau des temps devenu répertoire, Dans les siècles, dans l'homme antique, dans l'histoire, Dans le passé, leçon qu'épelle l'avenir, Dans ce qui commença pour ne jamais finir, Dans les poètes! quoi, dans ce gouffre des bibles, Dans le divin monceau des Eschyles terribles, Des Homères, des jobs, debout sur l'horizon, Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison, Tu jettes, misérable, une torche enflammée ! De tout l'esprit humain tu fais de la fumée ! As-tu donc oublié que ton libérateur, C'est le livre ? Le livre est là sur la hauteur; Il luit; parce qu'il brille et qu'il les illumine, 네가 서가에 불 질렀니? -응. 내가 불 질렀어, 거기에. -그것은 말도 안 되는 죄야! 네가 네 자신에 대하여 저지른 죄야, 이 비열한 것아! 너는 너의 마음의 빛을 죽였다! 네가 꺼버린 것은 네 자신의 횃불이다! 너의 부도덕하고 미친 분노가 감히 불태우는 것은 너의 재산, 보물, 지참금, 유산 책은, 선생에게는 적대적이지만, 너에게는 유익한 것이다. 책은 항상 너를 변호했다. 하나의 서가는 밤에 새벽을 기다리는, 아직 어두움 속에 있는 세대들의 하나의 믿음의 행위이다. 뭐! 진리들의 훌륭한 더미 속에, 강력한 힘과 빛들이 가득한 이 걸작들 속에, 목록화된 지나간 시간들의 무덤 속에, 수세기의 시간 속에, 고대인 속에, 역사 속에, 미래가 말해주는 교훈인 과거 속에, 시작했으나 영원히 끝나지 않는 것 속에, 시인들 속에, 뭐! 성서들의 이 깊은 심연 속에, 지평선에 서 있는, 끔찍한 아리큘로스와 호메로스와 욥의 숭고한 작품들 속에, 몰리에르, 볼테르, 칸트 속에, 이성 속에, 불쌍한 애야, 너는 불타는 횃불을 던지는구나! 너는 인간의 모든 지성을 연기로 만드는구나! 그러니 너는 너의 구세주를 잊었니? 그것이 책이라는 것을. 책은 높은 곳에 있단다; 그것은 빛난다: 왜냐하면 그것은 반짝이고, 환하게 비추어서, Il détruit l'échafaud, la guerre, la famine Il parle, plus d'esclave et plus de paria. Ouvre un livre. Platon, Milton, Beccaria. Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille L'âme immense qu'ils ont en eux, en toi s'éveille ; Ebloui, tu te sens le même homme qu'eux tous ; Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ; Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître, Ils t'enseignent ainsi que l'aube éclaire un cloître A mesure qu'il plonge en ton coeur plus avant, Leur chaud rayon t'apaise et te fait plus vivant ; Ton âme interrogée est prête à leur répondre ; Tu te reconnais bon, puis meilleur; tu sens fondre, Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs, Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs ! Car la science en l'homme arrive la première. Puis vient la liberté. Toute cette lumière, C'est à toi comprends donc, et c'est toi qui l'éteins ! Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints. Le livre en ta pensée entre, il défait en elle Les liens que l'erreur à la vérité mêle, Car toute conscience est un noeud gordien. Il est ton médecin, ton guide, ton gardien. Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l'ôte. Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute ! Le livre est ta richesse à toi ! c'est le savoir, Le droit, la vérité, la vertu, le devoir, Le progrès, la raison dissipant tout délire. Et tu détruis cela, toi ! 단두대와 전쟁과 기아를 사라지게 한다. 그것은 노예와 천민에 대하여 더 많이 말한다. 책을 펼쳐라. 플라톤, 밀턴, 베까리아. 단테, 셰익스피어, 꼬르네유 같은 예언자들을 읽어라. 그들 속에 있는 거대한 영혼이 너에게서 깨어난다; 그들에게 매료된 너는 그들 모두와 같은 부류의 사람이라고 느낀다. 책을 읽으면서 너는 진지하고, 생각이 깊어지고, 부드러워진다. 너는 너의 정신 속에 이 위대한 사람들이 자라는 것을 느끼게 되니, 책이 너의 마음속에 깊이 들어갈수록 여명이 수도원을 비추듯 너를 가르친다. 따뜻한 빛이 너를 진정시키고, 더 생기 있게 한다; 질문을 받는 너의 마음은 대답할 준비가 되어있다; 너는 자신을 훌륭하게, 더 훌륭하게 인식한다; 너는 불에 눈이 녹듯이 너의 거만함, 너의 분노, 악, 편견, 왕들과 ��제들이 녹는 것을 느낀다! 왜냐하면 인간에게는 양심이 처음에 오고, 그다음에, 자유가 오기 때문이다. 이 모든 빛을 네가 이해해 보아라, 그리고 그것을 네가 꺼라! 네가 꿈꾸었던 목표들은 책을 통해 달성된다. 책이 너의 생각 속에 들어오면, 그것은 너의 생각 속에서 잘못이 진리 속에 섞어놓은 관계들을 해체시킨다. 왜냐하면 모든 인식은 고르디우스의 매듭이기 때문이다. 책은 너의 의사이고, 안내자이고, 보호자이다. 책은 너의 증오를 치유해주고, 너의 광기를 없애준다. 애석���라! 이것이 너의 잘못 때문에 네가 잃은 것이다! 책은 너의 부유함이다. 그것은 지식이고, 법이고, 진실이고, 덕이고, 의무이고, 진보이고, 모든 망상을 없애주는 이성이다. 그런데 네가 이것을 파괴하는구나, 네가! ////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// 2 - Femme nue, femme noire / 검은 여인 Léopold Sédar SENGHOR / 레오폴드 세다르 생고르 Femme nue, femme noire Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté! J'ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux. Et voilà qu'au cœur de l'Eté et de Midi, je te découvre Terre promise, du haut d'un haut col calciné Et ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l'éclair d'un aigle. Femme nue, femme obscure Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma bouche Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d'Est Tamtam sculpté, tamtam tendu qui grondes sous les doigts du Vainqueur Ta voix grave de contre-alto est le chant spirituel de l'Aimée. Femme nue, femme obscure Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux flancs des princes du Mali Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau Délices des jeux de l'esprit, les reflets de l'or rouge sur ta peau qui se moire A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux. Femme nue, femme noire Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Eternel, Avant que le Destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie. 벗은 여인아, 검은 여인아 그대 생명의 피부 빛깔을, 아름다움의 형태를 입고 있구나! 나 그대의 그늘 속에서 자라났네, 그대의 부드러운 두 손이 내 눈을 가려 주었지. 이제, 여름과 정오(正午)의 한가운데서 나 그대의 약속된 땅을 발견하네, 검게 탄 높은 언덕의 정상으로부터 그대의 아름다움은 번개 같은 독수리처럼 내 가슴 한복판을 벼락으로 몰아치네. 벗은 여인아, 어두컴컴한 여인아 단단한 살을 가진 잘 익은 과일, 검은 포도주의 어두운 황홀, 내 입에 신명(神明)을 실어주는 입 맑은 지평을 여는 사바나, 동풍의 열렬한 애무에 전율하는 사바나, 조각장식된 탐탐북이여, 승리자의 손가락 밑에서 우레 같이 울리는 탐탐북이여 그대 알토의 낮은 목소리는 연인이 부르는 영혼의 노래. 벗은 여인아, 어두컴컴한 여인아 어떤 숨결도 일렁이게 하지 못할 기름, 운동선수의 허리에, 말��� 왕자들의 허리에 바른 고요한 기름이여 하늘의 끈에 매인 영양이여, 진주는 그대 피부의 밤 속에 빛나는 별 그대 머리카락의 그림자에 어른거리는 그대 피부 위로 노니는 정신의 환희, 붉은 금빛의 반영들이여, 나의 고뇌는 이내 솟아날 그대 두 눈의 태양 빛을 받아 환하게 개이네. 벗은 여인아, 검은 여인아 시샘하는 운명이 그대를 한 줌 재로 만들어 생명의 뿌리에 거름을 주기 전에, 나는 노래하네 지나가고 마는 그대의 아름다움을, 내가 영원 속에 잡아두고픈 그 형상을. ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// 3 - Les phares / 등대들 Charles Baudelaire / 샤를 보들레르 Rubens, fleuve d'oubli, jardin de la paresse, Oreiller de chair fraîche où l'on ne peut aimer, Mais où la vie afflue et s'agite sans cesse, Comme l'air dans le ciel et la mer dans la mer; Léonard de Vinci, miroir profond et sombre, Où des anges charmants, avec un doux souris Tout chargé de mystère, apparaissent à l'ombre Des glaciers et des pins qui ferment leur pays; Rembrandt, triste hôpital tout rempli de murmures, Et d'un grand crucifix décoré seulement, Où la prière en pleurs s'exhale des ordures, Et d'un rayon d'hiver traversé brusquement; Michel-Ange, lieu vague où l'on voit des Hercules Se mêler à des Christs, et se lever tout droits Des fantômes puissants qui dans les crépuscules Déchirent leur suaire en étirant leurs doigts; Colères de boxeur, impudences de faune, Toi qui sus ramasser la beauté des goujats, Grand coeur gonflé d'orgueil, homme débile et jaune, Puget, mélancolique empereur des forçats; Watteau, ce carnaval où bien des coeurs illustres, Comme des papillons, errent en flamboyant, Décors frais et légers éclairés par des lustres Qui versent la folie à ce bal tournoyant; Goya, cauchemar plein de choses inconnues, De foetus qu'on fait cuire au milieu des sabbats, De vieilles au miroir et d'enfants toutes nues, Pour tenter les démons ajustant bien leurs bas; 루벤스, 망각의 강. 나태의 정원,그곳에서 사랑하기엔 너무 싱싱한 살 베개, 거기선 생명이 끊임없이 넘치고 용솟음친다, 하늘에 바람처럼, 바다의 파도처럼; 레오나르도 다빈치, 그윽하고 어두운 거울, 거기서 매력적인 천사들이, 신비로 가득한 다정스런 미소 지으며 그들 나라 에워싼 빙하와 소나무 그늘에 나타난다. 렘브란트, 신음소리 가득한 서글픈 병원, 장식이라고는 커다란 십자가 하나, 눈물 섞인 기도 소리 오물에서 풍기고, 겨울 햇살 한 줄기 불쑥 비쳐든다; 미켈란젤로, 어렴풋한 곳, 그곳에서 보이는 것은 헤라클레스 무리들과 그리스도 무리들 어울리는 것, 억센 망령들이 꼿꼿이 일어나 해질 무렵 어둠 속에서 손가락 뻗쳐 자기들 수의를 찢는다 권투선수의 분노도 목신의 뻔뻔함도, 천민들의 아름다움을 긁어모을 줄 알던 그대, 자존심에 부푼 마음은 넉넉하나, 병약하고 누렇게 뜬 사나이. 퓌제, 죄수들의 우울한 제왕. 와토, 수많은 명사들이 나비처럼 찬란하게 이리저리 거니는 사육제, 샹들리에가 비추는 산뜻하고 경쾌한 배경이 빙글빙글 춤추는 무도장에 광란을 들이붓는다. 고야, 낯선 것들로 가득한 악몽, 마녀들이 잔치판에서 삶는 태아들이며 거울 보는 늙은 여인들과 악마를 유혹하려고 스타킹을 추켜올리는 벌거숭이 소녀들: Delacroix, lac de sang hanté des mauvais anges, Ombragé par un bois de sapins toujours vert, Où, sous un ciel chagrin, des fanfares étranges Passent, comme un soupir étouffé de Weber; Ces malédictions, ces blasphèmes, ces plaintes, Ces extases, ces cris, ces pleurs, ces Te Deum, Sont un écho redit par mille labyrinthes; C'est pour les coeurs mortels un divin opium! C'est un cri répété par mille sentinelles, Un ordre renvoyé par mille porte-voix; C'est un phare allumé sur mille citadelles, Un appel de chasseurs perdus dans les grands bois! Car c'est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage Que nous puissions donner de notre dignité Que cet ardent sanglot qui roule d'âge en âge Et vient mourir au bord de votre éternité! 들라크루아, 악한 천사들 드나드는 피의 호수, 거긴 늘 푸른 전나무 숲으로 그늘지고, 우울한 하늘 아래 기이한 군악대 소리가 베버의 한숨인 양 지나간다. 이 모든 저주, 이 모독, 이 탄식들, 이 황홀, 이 절규, 이 눈물, 이 <찬가>들은 수많은 미로에서 되울려오는 메아리 소리요 결국 죽게 될 인간의 마음에는 성스러운 아편이로다! 그것은 수천의 보초들이 되풀이하는 절규요, 수천의 확성기에서 나오는 하나의 명령이요, 그것은 수천의 성 위에 밝혀진 하나의 등대요, 깊은 숲속에서 방황하는 사냥꾼들이 울부짖는 소리로다! 왜냐면 주여, 진실로 이것은 우리의 존엄성을 보일 수 있는 최상의 증거, 이 뜨거운 흐느낌은 대대로 흘러 당신의 영원의 강가에서 스러져갈 것이니! ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// 4 - Mémoire / 기억 Arthur Rimbaud / 아르튀르 랭보 I L’eau claire ; comme le sel des larmes d’enfance, l’assaut au soleil des blancheurs des corps de femmes ; la soie, en foule et de lys pur, des oriflammes sous les murs dont quelque pucelle eut la défense ; l’ébat des anges ; — Non… le courant d’or en marche, meut ses bras, noirs, et lourds, et frais surtout, d’herbe. Elle sombre, avant le Ciel bleu pour ciel-de-lit, appelle pour rideaux l’ombre de la colline et de l’arche. II Eh ! l’humide carreau tend ses bouillons limpides ! L’eau meuble d’or pâle et sans fond les couches prêtes. Les robes vertes et déteintes des fillettes font les saules, d’où sautent les oiseaux sans brides. Plus pure qu’un louis, jaune et chaude paupière le souci d’eau — ta foi conjugale, ô l’Épouse ! — au midi prompt, de son terne miroir, jalouse au ciel gris de chaleur la Sphère rose et chère. III Madame se tient trop debout dans la prairie prochaine où neigent les fils du travail ; l’ombrelle aux doigts ; foulant l’ombelle ; trop fière pour elle des enfants lisant dans la verdure fleurie 1. 청명한 물, 어린 날 흘린 눈물의 소금과 같고, 여인들의 백옥같은 몸이 태양빛에 솟아오르는 듯 ; 동정녀가 지키는 벽 아래에 펼쳐진 순결한 백합문양의 프랑스 국왕기 비단의 쉴새 없는 펄럭임 ; 천사들의 즐거운 뛰놀기와 같은 것 : 아니.... 일렁이는 금물결이 검고 묵직한, 특히 신선한 풀로 휘감긴 팔을 휘젓네. 물은 푸른 하늘이 침대 덮개마냥 펼쳐지기 전, 언덕과 다리의 아치를 부르네, 커튼삼아 그늘을 드리워주라고. 2. 아! 젖은 창유리가 투명한 거품들을 뿜어내네! 물은 연한 황금빛으로 준비된 가없는 잠자리를 채우고 소녀들의 빛바랜 초록 드레스들이 수양버들처럼 하늘거리고, 그곳에서 새들은 자유로이 솟아오르네. 금화보다도 더 순수하고, 노랗고 따스한 눈꺼풀을 가진 미나리아재비가 –부부의 서약을 한, 오 신부여!- 덧없이 짧은 정오에 자신의 흐릿한 거울에 비치는 뜨거운 열기의 회색빛 하늘에 떠 있는 장밋빛 고귀한 천구를 시샘하는구나. 3. 산고 끝에 낳은 아들들이 눈처럼 내리는 그 옆 들판에 여인��� 너무나 꼿꼿이 서 있네, 작은 양산을 손가락에 움켜쥐고, 산형화를 밟으며, 너무나 자랑스러워 하네 만개한 녹음 안에서 모로코 붉은 가죽 장정의 책을 읽고 있는 제 아이들을! 그런데 어찌하리, leur livre de maroquin rouge ! Hélas, Lui, comme mille anges blancs qui se séparent sur la route, s’éloigne par-delà la montagne ! Elle, toute froide, et noire, court ! après le départ de l’homme ! IV Regret des bras épais et jeunes d’herbe pure ! Or des lunes d’avril au cœur du saint lit ! Joie des chantiers riverains à l’abandon, en proie aux soirs d’août qui faisaient germer ces pourritures ! Qu’elle pleure à présent sous les remparts ! l’haleine des peupliers d’en haut est pour la seule brise. Puis, c’est la nappe, sans reflets, sans source, grise : un vieux, dragueur, dans sa barque immobile, peine. V Jouet de cet oeil d’eau morne, je n’y puis prendre, Oh! canot immobile ! oh ! bras trop courts ! ni l’une ni l’autre fleur : ni la jaune qui m’importune, là ; ni la bleue, amie à l’eau couleur de cendre. Ah ! la poudre des saules qu’une aile secoue ! Les roses des roseaux dès longtemps dévorées ! Mon canot, toujours fixe ; et sa chaîne tirée au fond de cet œil d’eau sans bords, — à quelle boue ? 무수히 많은 하얀 천사들이 길에서 작별하듯, 산 저 너머로 그가 멀어져가네! 그녀는, 너무도 창백하고 어두워진 채로 달려가네! 그가 떠난 뒤를 쫓아서! 4 싱그런 풀로 무성했던 젊고 강건한 팔에 대한 회한이여! 사월의 금빛 달이 비추던 성스러운 침대! 버려진 강기슭 작업장에서의 즐거움이여, 팔월의 저녁이 되니 이토록 추악한 쓰레기들만 뒹구는구나! 성벽 아래서 지금 그녀가 울고 있다! 저 높은 곳 포플러나무의 숨결은 산들바람만 불어도 흩어져 가고. 반사광도 광원도 없는 회색의 식탁보가 펼쳐진 듯 : 늙은 인부는, 미동도 않는 배를 빠져나오게 하려 애쓰네. 5 음울한 물의 시선에 사로잡혀, 난 잡을 수 없네. 오! 움직이지 않는 배여! 오! 팔이 너무도 짧구나! 그 어떤 꽃도 잡을 수 없네. 날 괴롭히는 노란꽃도, 잿빛 물에 떠 있는 여인인 파란 꽃도. 아! 날갯짓에 흩날리는 버드나무의 꽃가루여! 오래전부터 탐욕스럽게 바라보던 분홍빛 갈대들이여! 여전히 꼼짝도 하지 않는 내 배, 기슭 없는 물의 시선 깊숙한 곳으로 팽팽히 끌어당겨진 사슬은, 그 어떤 진창에 빠져 있는가? ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// 5 - Non l'amour n'est pas mort Robert DESNOS Non, l'amour n'est pas mort en ce coeur et ces yeux et cette bouche qui proclamait ses funérailles commencées. Ecoutez, j'en ai assez du pittoresque et des couleurs et du charme. J'aime l'amour, sa tendresse et sa cruauté. Mon amour n'a qu'un seul nom, qu'une seule forme. Tout passe. Des bouches se collent à cette bouche. Mon amour n'a qu'un nom, qu'une forme. Et si quelque jour tu t'en souviens Ô toi, forme et nom de mon amour, Un jour sur la mer entre l'Amérique et l'Europe, A l'heure où le rayon final du soleil se réverbère sur la surface ondulée des vagues, ou bien une nuit d'orage sous un arbre dans la campagne, ou dans une rapide automobile, Un matin de printemps boulevard Malesherbes, Un jour de pluie, A l'aube avant de te coucher, Dis-toi, je l'ordonne à ton fantôme familier, que je fus seul à t'aimer davantage et qu'il est dommage que tu ne l'aies pas connu. Dis-toi qu'il ne faut pas regretter les choses: Ronsard avant moi et Baudelaire ont chanté le regret des vieilles et des mortes qui méprisèrent le plus pur amour. Toi, quand tu seras morte, Tu seras belle et toujours désirable. Je serai mort déjà, enclos tout entier en ton corps immortel, en ton image étonnante présente à jamais parmi les merveilles perpétuelles de la vie et de l'éternité, mais si je vis Ta voix et son accent, ton regard et ses rayons L'odeur de toi et celle de tes cheveux et beaucoup d'autres choses encore vivront en moi, En moi qui ne suis ni Ronsard ni Baudelaire, Moi qui suis Robert Desnos et qui, pour t'avoir connue et aimée, Les vaux bien. Moi qui suis Robert Desnos, pour t'aimer Et qui ne veux pas attacher d'autre réputation à ma memoire sur la terre méprisable. * 이 시의 번역은 없습니다. ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// 6 - Ophélie / 오필리어 Arthur RIMBAUD / 르뛰르 랭보 I Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles La blanche Ophélia flotte comme un grand lys, Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles... -- On entend dans les bois lointains des hallalis. Voici plus de mille ans que la triste OphéliePasse, fantôme blanc, sur le long fleuve noir, Voici plus de mille ans que sa douce folie Murmure sa romance à la brise du soir. Le vent baise ses seins et déploie en corolle Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ; Les saules frissonnants pleurent sur son épaule, Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux. Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;Elle éveille parfois, dans un aune qui dort, Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile : -- Un chant mystérieux tombe des astres d'or. II Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige ! Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté ! -- C'est que les vents tombant des grands monts de Norwège T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ; C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure, A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ; Que ton cœur écoutait le chant de la Nature Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ; I 별들이 잠든 어둡고 고요한 물결 위에 창백한 오필리어가 커다란 백합꽃처럼 떠내려간다. 기다란 면사에 뉘인 채 아주 천천히 떠내려간다... -아득히 먼 숲 속에서 들려오는 짐승 몰이꾼의 피리소리. 가엾은 오필리어의 창백한 영혼이 어두운 강물줄기를 따라 흐른 지 어언 천년 세월. 그녀의 애처로운 광란이 저녁 바람을 타고 제 연가를 속삭인 지 어언 천년 세월. 바람은 그녀의 젖가슴에 입 맞추고 꽃잎처럼 펼친다 물결 따라 부드럽게 너울대는 그녀의 넓은 면사를. 동요하는 버들가지들이 그녀의 어깨에 기대 흐느끼고, 꿈꾸는 그녀의 넓은 이마 위로 갈대 줄기가 기울어지누나. 움츠린 수련은 그녀의 곁에서 탄식하고, 그녀는 이따금, 잠자는 오리나무 안, 몇몇 둥지를 깨우니 작은 날갯짓 소스라친다. -그러자 신비로운 노랫소리가 금빛 별들로부터 쏟아져 내린다. II 오, 창백한 오필리어여, 흰 눈처럼 아름답구나! 그래, 그대는 아이였을 때 강물에 실려 목숨을 잃었었지! -노르웨이의 높은 산봉우리에서 불어오는 찬바람은 아주 낮게 내려와, 가혹한 자유를 그대에게 가르쳐 주었노라 그대의 긴 머릿결을 굽이치게 하는 숨결은 꿈꾸는 그대의 생각에 신비로운 소리를 들려주었고 나무의 통곡소리와 밤의 탄식 속에서 그대의 마음은 자연의 노랫소리를 듣고 있었지 C'est que la voix des mers folles, immense râle, Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux. C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle, Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux ! Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle ! Tu te fondais à lui comme une neige au feu ; Tes grandes visions étranglaient ta parole -- Et l'infini terrible effara ton œil bleu ! III -- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ; Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles, La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys. 거대한 헐떡임과 같은 미친 바다의 목소리가 그토록 인간적이고 그토록 다정한 그대의 어린 가슴을 망가뜨리고 말았구나. 사월의 어느 아침, 잘생긴 창백한 기사, 가엾은 광인이 그대의 무릎 곁에 말없이 앉았도다! 하늘이여! 사랑이여! 자유여! 어떤 꿈을 꾸는가 오 가엾은 광녀여! 불에 녹는 눈처럼, 그대 그 꿈에 녹아버렸네. 그대의 커다란 환상이 그대의 말을 질식시켜 버렸네. -그리고 끔찍한 영원이 그대의 푸른 눈을 놀라게 하였구나! III 시인은 말하노라, 별���이 내리는 밤마다 그대, 그대가 지난날 꺾었던 꽃들을 찾으러 온다고, 그는 또한 보았노라고, 긴 천을 늘어뜨린 창백한 오필리어가 커다란 백합꽃처럼 물결 위로 떠내려가는 것을. ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// 7 - Poésie Ininterrompue Paul Éluard De l'océan à la source De la montagne à la plaine Court le fantôme de la vie L'ombre sordide de la mort Mais entre nous Une aube naît de chair ardente Et bien précise Qui remet la terre en état Nous avançons d'un pas tranquille Et la nature nous salue Le jour incarne nos couleurs Le feu nos yeux et la mer notre union Et tous les vivants nous ressemblent Tous les vivants que nous aimons Les autres sont imaginaires Faux et cernés de leur néant Mais il nous faut lutter contre eux Ils vivent à coups de poignard Ils parlent comme un meuble craque Leurs lèvres tremblent de plaisir A l'écho de cloches de plomb § 멈추지 않는 시 폴 엘뤼아르 바다에서 샘까지 산에서 들판까지 삶의 환영, 죽음의 비열한 그림자가 달린다 그러나 우리들 사이로 뜨겁고 아주 뚜렷한 새벽이 태어나 대지를 회복시킨다. 우리는 고요한 걸음으로 나아간다 자연은 우리를 반긴다 해는 우리의 색깔을 구현한다 불은 우리의 눈을, 바다는 우리의 결합을. 그리고 모든 살아있는 것들이 우리를 닯는다 우리가 사랑하는 모든 살아있는 것들이. 그 외의 것들은 허상에 지나지 않는다 거짓이고 자신들의 무의미로 둘러싸여 있다 결국 우리는 그것들과 싸워야 한다 그것들은 비수 꽂기로 연명한다 그것들은 삐걱거리는 가구처럼 말한다 그것들의 입술은 쾌락으로 떨린다 납으로 된 종의 울리는 소리에 A la mutité d'un or noirUn seul coeur pas de coeur Un seul coeur tous les coeurs Et les corps chaque étoile Dans un ciel plein d'étoiles Dans la carrière en mouvement De la lumière et des regards Notre poids brillant sur terre Patine de la volupté A chanter des plages humaines Pour toi la vivante que j'aime Et pour tous ceux que nous aimons Qui n'ont envie que de s'aimer Je finirai bien par barrer la route Au flot des rêves imposés Je finirai bien par me retrouver Nous prendrons possession du monde 어두운 금빛 침묵에 단 하나의 심장 심장의 부재 단 하나의 심장 세상의 모든 심장들 그리고 우리의 몸뚱아리들 각각의 별 별로 가득한 하늘 속 빛과 시선으로 생동하는 길 위 대지 위에 빛나는 우리의 무게는 기쁨에 미끄러지며 달린다 인간의 바닷가를 노래하는 기쁨 내가 사랑하는 살아있는 이, 너를 위하여 그리고 우리가 사랑하는 모든 이들들 위하여 오로지 서로 사랑하려는 욕구만을 지닌 그들 나는 끝내 강요된 꿈이 물결치는 도로를 차단하고 말리라 나는 끝내 나 자신을 되찾고야 말리라 우리는 세상의 주인이 되리라 ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// 8 - Prière pour aller au paradis avec les ânes / 당나귀들과 함께 천국에 가기 위한 기도 Francis JAMMES / 프란시스 잠
Lorsqu'il faudra aller vers vous, ô mon Dieu, faites que ce soit par un jour où la campagne en fête poudroiera. Je désire, ainsi que je fis ici-bas, choisir un chemin pour aller, comme il me plaira, au Paradis, où sont en plein jour les étoiles. Je prendrai mon bâton et sur la grande route j'irai, et je dirai aux ânes, mes amis : Je suis Francis Jammes et je vais au Paradis, car il n'y a pas d'enfer au pays du Bon-Dieu. Je leur dirai : "Venez, doux amis du ciel bleu, pauvres bêtes chéries qui, d'un brusque mouvement d'oreille, chassez les mouches plates, les coups et les abeilles..." Que je vous apparaisse au milieu de ces bêtes que j'aime tant parce qu’elles baissent la tête doucement, et s'arrêtent en joignant leurs petits pieds d'une façon bien douce et qui vous fait pitié J'arriverai suivi de leurs milliers d'oreilles, suivi de ceux qui portèrent au flanc des corbeilles, de ceux traînant des voitures de saltimbanques ou des voitures de plumeaux et de fer-blanc, de ceux qui ont au dos des bidons bossués, des ânesses pleines comme des outres, aux pas cassés, de ceux à qui l'on met de petits pantalons à cause des plaies bleues et suintantes que font les mouches entêtées qui s'y groupent en ronds. Mon Dieu, faites qu'avec ces ânes je vous vienne. Faites que, dans la paix, des anges nous conduisent vers des ruisseaux touffus où tremblent des cerises lisses comme la chair qui rit des jeunes filles, et faites que, penché dans ce séjour des âmes, sur vos divines eaux, je sois pareil aux ânes qui mireront leur humble et douce pauvreté à la limpidité de l'amour éternel. 내가 당신의 곁으로 가는 날에는, 오 하느님, 들판이 잔치인 듯 먼지를 일으키는 날로 골라 주소서. 대낮에도 별들이 빛나는 천국으로 가기 위해, 이 세상에서 내가 한 그대로, 내가 좋아하는 길을 택하고 싶습니다. 나는 지팡이를 짚고 큰 길을 걸으며 당나귀들에게 말하고 싶습니다. 나는 프랑시스 잠므, 천국으로 가는 거야, 하느님의 나라엔 지옥이 없으니까. 나는 말하렵니다: “자 가자, 푸른 하늘의 온순한 친구들아, 날쌔게 귀를 움직여, 탐욕스런 파리, 쇠파리, 꿀벌을 쫓는 가여운 사랑스런 짐승들아...” 내가 당신 앞에 이 짐승들과 함께 나타나게 하소서 내가 이처럼 당나귀를 사랑함은 당나귀들이 ���순히 머리를 숙이고, 너무나 온순히 조그마한 발을 모아 걸음을 멈추고 당신으로 하여금 자비심을 일으키기 때문입니다. 나는 수천 마리 나귀의 귀와 함께 가겠습니다. 옆구리에 광주리를 단 것들, 광대들의 마차를 끌던 것들, 깃털 빗자루와 양철을 실은 마차를 끌던 것들, 울퉁불퉁한 술통을 등에 실은 것들, 가죽 주머니처럼 배가 불룩한, 비틀거리는 암당나귀들, 둘러싸며 달려드는 끈질긴 파리 떼들이 만드는 파랗게 질리고 고름이 질질 흐르는 상처 때문에 사람들이 작은 바지를 입혀 준 놈들을 데리고, 하느님, 이 당나귀들과 함께 당신께 가게 하소서. 천사들의 평화 속에 우리 일행을 소녀의 웃음이 넘친 육체처럼 미끄러운 버찌가 흔들리는 풀 우거진 시냇물로 인도케 하소서. 그래서 영혼들이 머무는 곳, 당신의 성스런 물에 몸을 구부린 내가, 영원한 사랑의 투명함으로 겸허하고 온순한 가난함을 비추는 당나귀들과 나도 닮게 하소서. ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// 9 - Sur les vaines occupations des gens du siècle / 세상 사람들의 헛된 염려에 대해서 Jean RACINE / 장 라신 Quel charme vainqueur du monde Vers Dieu m’élève aujourd’hui ? Malheureux l’homme qui fonde Sur les hommes son appui ! Leur gloire fuit et s’efface En moins de temps que la trace Du vaisseau qui fend les mers, Ou de la flèche rapideQui, loin de l’œil qui la guide, Cherche l’oiseau dans les airs. De la Sagesse immortelle La voix tonne et nous instruit: « Enfants des hommes, dit-elle, De vos soins quel est le fruit ? Par quelle erreur, âmes vaines, Du plus pur sang de vos veines, Achetez-vous si souvent, Non un pain qui vous repaisse, Mais une ombre qui vous laisse Plus affamés que devant ? » « Le pain que je vous propose Sert aux Anges d’aliment ; Dieu lui-même le compose De la fleur de son froment. C’est ce pain si délectable Que ne sert point à sa table Le monde que vous suivez. Je l’offre à qui me veut suivre. Approchez. Voulez-vous vivre ? Prenez, mangez, et vivez. » 얼마나 멋진 세상의 정복자가 오늘날 신을 향해 나를 고양시키는가 사람들을 의지하는 사람은 얼마나 불행한가! 그들의 영광은 달아나고 순식간에 사라진다 바다를 가르는 배의 흔적처럼 혹은 그를 안내하는 눈에서 멀어져 허공에서 새를 찾는 빠른 화살의 시간처럼. 불멸의 지혜는 천둥 같은 목소리로 우리를 가르친다 “속세의 사람들아” 지혜는 말한다 “너희들 노력으로 어떤 결실�� 얻었는가? 헛된 영혼들아, 무슨 실수를 하여 너희들 혈관에 그토록 순수한 피를 가지고도, 너희를 배부르게 하는 빵이 아니라 전보다 더 배고프게 하는 그림자에 불과한 것을 그토록 자주 사는가?” “내가 너희에게 주는 빵은 천사들이 먹는 양식 그의 밀로 만든 밀가루로 신이 손수 만드신다. 그렇게 맛있는 빵을 당신의 식탁에 올리지 아니하신다. 너희가 따르는 세상 나를 따르는 자에게 나 그것을 주리니 가까이 오라. 살고 싶으냐? 가져가라. 먹어라. 그리고 살지어다” Ô Sagesse! ta parole Fit éclore l’univers, Posa sur un double pôle La terre au milieu des airs. Tu dis; et les cieux parurent, Et tous les astres coururent, Dans leur ordre se placer. Avant les siècles tu règnes ; Et qui suis-je, que tu daignes Jusqu’à moi te rabaisser ? Le Verbe, image du Père, Laissa son trône éternel, Et d’une mortelle mère Voulut naître homme et mortel. Comme l’orgueil fut le crime Dont il naissait la victime, Il dépouilla sa splendeur, Et vint pauvre et misérable, Apprendre à l’homme coupable Sa véritable grandeur. L’âme heureusement captive Sous ton joug trouve la paix, Et s’abreuve d’une eau vive Qui ne s’épuise jamais. Chacun peut boire en cette onde, Elle invite tout le monde ; Mais nous courons follement Chercher des sources bourbeuses, Ou des citernes trompeuses D’où l’eau fuit à tout moment. “오, 지혜시여! 당신의 말씀은 우주를 개화하게 하고, 하늘 한가운데 있었던 지구를 양극단에 놓았습니다 당신은 말합니다. 하늘이 열리면서 모든 별들이 움직였고 당신이 지배하기 수십년 전에 우주의 질서 속에서 자리했다고. 그렇다면 당신이 나에게까지 당신을 낮춰 대해주는, 그런 나는 누구입니까?” 하나님의 말씀, 하나님 아버지의 이미지는 영원한 왕좌를 남겨주었고, 인간 어머니로부터 유한한 인간을 낳길 원하셨다. 자만이 범죄를 만들고 희생자를 낳듯, 인간은 자신의 영광을 스스로 버렸고, 불쌍하고 비참하게 되었으니 죄 많은 인간에게 하느님이 진정한 위대함을 알려주시리라. 자신의 속박 아래 사로잡혀 행복한 영혼은 평화를 발견한다. 하여 결코 고갈되지 않는 생명의 물로 목을 축인다. 누구나 이 물을 마실 수 있다고 지혜의 신은 모두를 초대한다 하지만 우리는 미친 듯 달려 더러운 물을 마시러 간다, 아니면 항상 물이 새어 나오는 허상의 저수지를 찾는다. ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// 10 - Unjusa, Pluie D'Automne / 운주사, 가을비 Jean-Marie Gustave Le Clézio / 르 클레지오 Couchés sous la poussière d'eau douce les dormeurs contemplatifs aux yeux rêveurs tournés vers le ciel On raconte qu'ils étaient trois et que l'un d'eux s'est levé a marché jusqu'au bord de la falaise; les deux Bouddha ont leur dos encore soudés à la pierre un jour ils se léveront à leur tour et naîtra le monde nouveau. Dans les rues de Séoul les jeunes gens, les filles bousculent le temps arrachent des secondes. Acheter vendre créer inventer chercher. Qui pense encore aux deux Bouddha rêveurs sur la montagne à Unjusa Pilier des nuages debout au milieu des feuilles rouges de l'automne? Chercher courir saisir emporter Les Bouddha de pierre aux visages des Loas aux visions des esprits des chamans rêvent-ils parfois dans leur insomnie, aux grands magasins du marché Dongdae Mun aux lettres de néon aussi nombreuses que les branches de la forêt? 부드럽게 흩날리는 물 먼지 아래 꿈꾸는 눈으로 하늘을 관조하며 누워 잠든 분들. 전해 오는 말로는, 애초에 세 분이셨으나 한 분께옵서 홀연 일어나 절벽 끝으로 가셨다지. 부처 두 분만이 이제껏 돌에 등을 붙이고 누워 계신다네 언젠가 그분들도 일어나면 새로운 세상이 도래하리라고. 서울 거리에선 청춘남녀들 시간을 떼밀고 촌각을 잡아챈다. 사고팔고 만들고 발명하고 찾아 헤매다 가을단풍 한 가운데 서 있는 운주사 구름 기둥 산 위에서 꿈꾸시는 두 분 부처일랑 생각이나 할까? 찾아 헤매고 달리고 움켜쥐고 쓸어가다. 로아(Loas)의 모습을 하신 신당의 혼령들을 닮은 돌부처들은 뜬눈으로 지새우는 밤, 숲의 잔가지들만큼이나 무수한 네온 간판들 동대문 시장의 거대한 상점들 꿈을 꾸실까? A l'autre bout du monde à l'autre bout de la mer un pays fracassé un pays aveuglé griffé par la peur Acheter vendre voir deviner zigzaguer la nuit quand Séoul s'illumine comme un navire Et les matins sont si calmes doux à Insadong à Gwangju rue des Artistes les balayeurs ramassent les cartons dans un café encore ouvert deux amoureux se tiennent par la main. Vivre, agir goûter laisser glisser les sens l'odeur des fritures de vers à soie le kimchi la soupe aux nouilles les algues les fougères les fils poivrés des méduses cette terre jaillie des profondeurs de la mer au goût d'éther Vouloir rêver vivre écrire 세상의 저 끝 바다의 저 끝 부서진 나라 두려움에 할퀴어 눈이 멀어버린 나라 사고팔고 구경하고 점을 치고 밤거리를 쏘다니다. 서울이 배처럼 불 켜질 때 그리고 그토록 고요하고 달콤한 인사동의 아침 광주 예술인의 거리 환경미화원들은 거리에 널린 버려진 박스들을 주워 모으고 이제껏 문 열어 놓은 카페의 두 연인은 손을 잡고 있다. 살고 행동하고 맛보고 오감이 스며들게 내버려두다 번데기 볶는 냄새 김치 국수 미역 고사리나물 얼얼한 해파리냉채 바다 깊은 곳에서 솟아난 이 땅에선 창공의 맛이 난다. 바라고 꿈꾸고 살고 글을 쓰다 A l'autre extrémité du monde au bout du désert les bombes à fragmentation à phosphore éclairent la nuit qui vient de commencer. Désirer déraper dépasser les lettres s'allument comme les branches brisées de la forêt ici je pense au vent qui tord au vent qui couche les enfants gris dans la mort sur l'âcre cercueil du désert Attendre rire espérer aimer aimer au jardin du palais de Séoul les enfants sont ronds comme des dieux leurs yeux ont été peints à la pointe des pinceaux Attendre vieillir pleuvoir sous la pluie qui tombe doucement à Unjusa glisse sur les feuilles rouges de l'automne joint ses doigts en longs bras vers la mer retour vers les profondeurs natales. Les visages des deux Bouddha couchés sont usés par cette pluie leurs yeux voient le ciel chaque siècle qui passe est un nuage qui passe ils rêvent d'un autre temps d'un autre lieu ils dorment leurs yeux ouverts le monde a commencé à trembler. 사막의 끝 세상의 저쪽 끝에서 번쩍 하고 터진 조명탄이 갓 시작한 밤을 밝힌다. 갈망하고 표류하고 앞지르다 숲속 부러진 가지들처럼 간판 글자들이 켜지고 이곳에서 나는 휘도는 바람에 대해 생각한다 사막의 매서운 관 위로 죽음 속에 잿빛 아이들을 눕히는 바람을 기다리고 웃고 희망을 품고 사랑하고 사랑하다 서울 고궁의 정원 아이들이 신들처럼 포동포동하다 아이들 눈은 붓끝으로 찍은 듯하다. 기다리고 늙고 비가 오다 운주사에 고요히 내리는 비 속 가을 단풍잎 위로 미끄러져 긴 팔과 손가락을 뻗어 바다로 합치고 고향인 심연으로 되돌아간다. 두 와불의 얼굴은 이 비로 씻기고 눈은 하늘을 본다. 한 세기가 지나가는 것은 구름 하나가 지나가는 것. 부처들은 또 다른 시간과 또 다른 공간을 꿈꾼다. 부처들은 눈을 뜨고 잔다. 세상이 파르르 떨기 시작한다
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Don’t sit on the king’s throne ♕ (8/11)
Elle lanca un coup de pied énergique au sol, et s'éleva aussitôt sans efforts dans le ciel, cramponnée à son balai, un peu plus crispée que d'ordinaire. Elle adorait le Quidditch, mais à la réflexion, elle aurait préféré se retrouver dans une toute autre situation pour l'instant … Elle ferma son esprit aux hurlements autour d'elle – avait-elle entendu un « Montre leur Shoena !! » du côté des Serpentards ? - et se mit à tournoyer autour du terrain, tentant de se calmer et de se détendre quelque peu avant le coup de sifflet de Madame Bibine, qui retentit quelques secondes plus tard, signant le début du match.
Elle se mit alors à scruter le ciel à la recherche du vif d'or : il était beaucoup moins aisé de discerner le petit éclat doré lorsque le match faisait rage autour, d'autant plus qu'elle devait éviter avec célérité les joueurs qui virevoltaient, à la poursuite du souaffle ou encore les cognards qui étaient soit dirigés contre elle, soit contre quelqu'un sur sa trajectoire. Elle avait l'impression que son cerveau allait exploser : mais grâce aux entraînements d'Elijah, elle gérait la situation avec dextérité et fluidité. C'était un bon capitaine, elle devait bien lui reconnaître ça.
De l'autre côté du terrain, Potter faisait de même : elle le voyait scruter le terrain, à la recherche du Vif d'Or qui se faisait désirer. N'était-il pas, après tout, la star du show ? Un bref coup d'oeil lui prouva qu'il était considéré large favori : les balustrades Gryffondor étaient toutes colorées de bannières rouge et or, clamant fièrement leur future victoire et leur assurance. Son frère faisait-il parti de ceux-là ? Ou avait-il ne serait-ce qu'une petite pensée pour sa petite sœur, en train de tournoyer sur son balai ?
Elle se ressaisi : ce n'était pas le moment de se poser ce genre de questions. Elle surprit Elijah en train de la regarder, et fut surprise de le voir lui sourire d'un air bienveillant : peut-être les règles n'étaient-elles pas les même sur le terrain de quidditch. Elle aurait souhaité pouvoir lui rendre son signe d'encouragement, mais elle était trop tendue pour sourire – et ça, elle savait qu'il le comprendrait. Ils avaient tous eu leur premier match de quidditch.
Un éclat dans le coin de son œil attira son attention et elle fonça dans cette direction : de son côté, Potter débarquait également, plus rapide qu'elle. Pourrait-elle seulement faire le poids, alors que lui volait sur un Eclair de Feu ? Elle aurait à faire preuve d'ingénuosité si elle voulait contrecarrer ce désavantage, car la vitesse ne serait pas son atout – il la battait largement de ce point de vue là. Elle se mit à souhaiter que le professeur Chourave – leur directrice de maison – fut passionnée par le Quidditch comme McGonagall pouvait l'être. Peut-être lui aurait-elle alors acheté un balai un peu plus rapide que le brossdur qu'elle chevauchait actuellement.
Un cognard manqua de la désarconner : concentrée sur le vif d'or et sur Potter, elle n'avait pas entendu venir le projectile, qu'elle ne réussit à éviter qu'en voulant contourner un des piliers du terrain. Elle sentit l'air siffler à ses oreilles, et son cœur s'accéléra, l'adrénaline pulsant dans ses veines. Et soudain, elle se rappela pourquoi elle aimait tant le quidditch, et son stress s'envola. Elle était à sa place ici, et rien ne pouvait le lui enlever. L'air volait contre son visage, fouettant sa peau et la revigorant, alors qu'elle poursuivait toujours la petite balle dorée. Potter faisait de même, et n'arrivait de toute évidence pas à semer Shoena malgré sa supériorité en matière de vélocité : elle prenait grand soin de lui barrer la trajectoire, de tournoyer autour de lui de manière imprévisible, lui bloquant ainsi le passage par peur d'entrer en collision avec elle. A defaut de pouvoir être en avance sur lui, elle pouvait au moins s'assurer qu'il n'était pas loin devant elle.
Ils se rapprochaient lentement du Vif d'Or, leurs agilités respectives leur permettant de suivre les allées et venues de la balle qui redoublait d'ingénuosité pour leur échapper. Elle n'était désormais plus qu'à deux longueur de bras de Shoena, jusqu'à ce que le vif d'or ne remonte en flèche, les faisant voler à la verticale. « Tiens, c'est nouveau », songea Shoena. Elle rectifia sa trajectoire, et se rendit vite compte qu'à ce rythme là, elle ne pourrait pas contrer Potter bien longtemps. Le son du match en dessous d'eux devenait plus sourd, alors qu'ils continuaient à grimper, bien que le match soit toujours largement visible depuis leur altitude. Le vif d'or leur imposa une nouvelle trajectoire, et ils revinrent à l'horizontale, permettant ainsi à Shoena de récupérer le retard qu'elle avait pris.
Sûrement agacé par ses manœuvres, Potter la bouscula quelque peu, mais elle l'esquiva : elle savait qu'elle ne faisait pas le poids face au contact physique, car même s'il était lui aussi petit, il était bien plus lourd, et plus puissant. Avec son mètre cinquante, elle ne pouvait clairement pas se permettre de jouer au plus dur.
Le vif d'or était si près … Il aurait suffi qu'elle se jette dans le vide pour l'attraper. Si seulement …
Elle jeta un regard en dessous d'elle : les Poufsouffles menaient toujours, mais de peu. Plus personne ne faisait attention à eux. Y aurait-il quelqu'un pour la rattraper ? Elle pouvait toujours essayer de garder son balai à la main, mais le poids bloquerait son extension et elle risquait de manquer le vif d'or, laissant une large avance à Potter du même temps. Non, c'était une affaire de « tout ou rien ». Elle se leva sur son balai, jambes fléchies, attirant le regard surpris de son adversaire, qui devait sûrement la prendre pour une folle, et elle se jeta dans le vide.
Sa main se referma sur le vif d'or, et elle entama sa chute : une chute vertigineuse, qui ne manquerait pas de la tuer si elle s'écrasait au sol. Elle n'avait plus qu'à espérer qu'un professeur ralentirait sa chute, ou que l'un des membres de son équipe la rattraperait. Ou que Potter aurait pitié d'elle. Elle se morigéna intérieurement : était-elle définitivement folle ? Encore une occasion pour les gens autour d'elle de lui assurer qu'elle aurait dû finir à Gryffondor, avec les bourrins de son espèce.
Le sol se rapprochait rapidement, et elle vit Potter qui s'élançait vers elle, sûrement pour la rattraper. Elle n'osait pas regarder derrière elle.
crédit: faust
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єรςคקค๔є ςгéקยรςยlคเгє ๓élคภς๏lเợยє
Autre soir, autre de mes créations partagée avec vous.
En alternance à la photographie, au digital art, à la musique / vidéo, et au dessin, retour à l'écriture, ou plutôt...
si vous n'avez pas le moral trop bas
, à la lecture de ce brin de texte mélancolique et bancal que j'ai rédigé il y près de 20 ans déjà une veille de Saint Valentin !
Revu et 'corrigé' il y a quelques jours pour une adaptation au thème, ou plutôt défi / mot clef tiré : hamamélis.
•´¯`•. єรςคקค๔є ςгéקยรςยlคเгє ๓élคภς๏lเợยє .•´¯`•
Ce soir-là, un homme las,
si longtemps empreint de solitude sans avoir pu s’y habituer pour autant,
prend la nonchalante décision de sortir flâner sans but...
Le jour décline...
Le soleil s’efface timidement pour laisser le ciel se couvrir inexorablement d'un épais voile nocturne ...
Refermant la porte derrière lui… inspiration profonde… aaahhh…
Devant lui, un crépuscule singulier l’attend … longue expiration… tentant de chasser sa sempiternelle lassitude…
Vague à l’âme, il entame son escapade nocturne…
Remontant les rues, franchissant une sombre ruelle, il franchit un parc, emprunte un sentier, bifurque, traverse, enjambe, dévale… puis… arpente un chemin en bordure d’un petit bois, bordé de roches et de quelques buissons épineux aux baies d’une couleur pâle accentuée par la clarté blafarde de la lune ce soir-là...
Le vent, léger, rafraîchit l’air encore lourd d’une journée généreusement ensoleillée.
Encore une fois, il s’est démené pour faire ses preuves… celles qu’on lui avait enfin permis de faire… mais... si partiellement... reconnu, enfin… qu’importe... en cet instant...
Pensif, il s’enfonce dans le petit bois… à l’écoute...
Le chant des grillons, quelques cris d’oiseaux, le bruissement du feuillage sous la caresse d’une légère brise, et le martèlement presque régulier de ses pas rythment son aventure solitaire d’un soir...
Errant au gré des sentiers forestiers, toujours il songe… mélancolique...
De pas en pas, il se laisse envahir par l’air rassérénant de cette nature isolée, loin de la ville et de ses préoccupations si artificielles...
Levant la tête vers le ciel, laissant aller son regard et son esprit vagabonder au gré de l’éclat de la lune en croissant tout juste esquissé, halo argenté, flottant parmi une pléiade d’étoiles environnantes aux lueurs si variables… cette sensation de calme... l’apaise...
Non loin, un bruit de roues et pédalier, une bicyclette probablement…
Sur un rocher, il s’assit quelques instants.
Avec du recul, le déroulement de sa fastidieuse journée défile devant lui...
Puis… Il songe à elle… Un tel gâchis... Tant d’incompréhension…
Sur sa joue fraîche, larme naissante, ses lèvres tremblent.
Il serre les poings, maugréant...
Le regard vide… il se saisit d’une pierre traînant non loin de ses pieds, l’observe, puis de dépit et rage la jette au loin.
“Aïe…��� réagit le buisson victime…
Ses muscles se contractent, un frisson le parcourt.
Fertile imagination que la sienne ? … ce bruit…
… une ombre à peine perceptible se lève derrière le buisson… Soupir féminin...
Selle enjambée, deux roues s'animent, une improbable présence en cette heure file en un instant, pédales sous pression, avant même qu’il ne réalise...
Il tente de s’approcher … Mais trop tard…
“Hé !!” s'exclame-t-il d'une voix mal assurée... “ Qui...” … hésitant… “... êtes... vous ?...”... .. .
Nulle autre réponse que... le hululement désapprobateur d’une chouette non loin...
Au pied du buisson, un petit arbuste d'hamamélis ne cache qu’à moitié le caillou exutoire…
A une de ses branches un brin de tissus chamarré est resté accroché…
Se penchant pour le ramasser, il l’observe sous toutes ses coutures… s'enivre du subtil parfum synthétique en exhalant …
Il le sert dans son poing fébrile, puis se relève…
Sans convictions il reprend sa marche perdue d’un pas irrégulier, puis…accélérant...
De petites foulées en grandes enjambées... relevant la tête, il se met alors à courir à toute jambes, d’autres larmes perlant plus abondamment sur son visage tiraillé par les doutes, entre tristesse, désespoir et rage. Il s’efforce vainement de ne plus penser à rien…
Dans cette folle course à l’oubli pour tenter de fuir l’idée d’une quelconque personnalisation de sa solitude affective, il déferle à en perdre haleine vers le village, animé par la perspective désespérée de retrouver son fragile cocon protecteur entre quatre murs…
…
..
.
Rentré, dépité, il s’écroule sur son lit, n’ayant plus de larmes inutiles à pleurer…
Il garde juste à côté de lui ce brin de tissus bien mystérieux… Il lui semble pourtant connaître ses fragrances mais… non… ça ne se peut...
Il ramène à lui sa couette, si chère couette… principale consolation… toujours présente... elle... qui ne puisse le décevoir ni le trahir...
Pitoyablement, il se serre lui-même dans ses bras... se blottit contre ses oreillers impassibles, recroquevillé...
Un peu de fatigue oui… beaucoup peut être… non… trop ... il finit par s’endormir… dans la douceur de ses draps, l’espace d’un grand lit deux places, pour lui seul, rien que pour lui...
Un voyage onirique dont il n’a pas encore idée... Des rêves pour le moins agités.
Demain… c’est… la Saint Valentin et son cortège commercial de sollicitations irritantes...
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Noé Noé, capitaine abandonné!
Vous vous souvenez de l'histoire de l'Arche de Noé? J'espère bien parce que vu le réchauffement climatique, on va finir sous l’eau même sans déluge! Alors petit rappel tout de même:
La terre était corrompue devant Dieu, elle était pleine de violence. Dieu regarda la terre et constata qu'elle était corrompue, car tout le monde avait corrompu sa conduite sur la terre*. Alors Dieu dit à Noé: "La fin de tous les hommes est décidée devant moi, car ils ont rempli la terre de violence. Je vais les détruire avec la terre**. Fais-toi un bateau avec des arbres résineux. Tu disposeras cette arche en compartiments et tu l'enduiras de poix dedans et dehors. Voici comment tu la feras: l'arche aura 150 mètres de long, 25 de large et 15 de haut. Tu feras une ouverture à l'arche et tu la feras d'une cinquantaine de centimètres depuis le haut. Tu placeras une porte sur le côté de l'arche. Tu construiras un étage inférieur, un deuxième et un troisième étages***. [...] Pour ma part, je vais faire venir le déluge d'eau sur la terre pour détruire toute créature qui a souffle de vie sous le ciel****. [..] De tout ce qui vit, de toute créature, tu feras entrer dans l'arche deux membres de chaque espèce pour leur conserver la vie avec toi. Il y aura un mâle et une femelle*****. [..] Encore 7 jours et je ferai tomber la pluie sur la terre pendant 40 jours et 40 nuits." --------------------- * wesh Dieu il aime bien rabâcher les redondances à répétition ** wesh Dieu est amour, toussa, toussa... *** c'est vrai que bon dire juste "trois étages" ça suffit pas, Noé aurait pu mettre le cinquième à la place du deuxième, ça arrive à tout le monde **** non, vraiment, ce type m'a l'air de plus en plus sympathique, pas du tout un psychopathe génocidaire ***** des fois que Noé pige pas le truc de la reproduction sexuée, c'est pas comme si il avait déjà 3 gosses à ce moment de l'histoire hein
Ainsi donc parla Dieu avec une infinie sagesse et une voix de basse, grave et mélodieuse d'une sensualité propre à inspirer des pensées homoérotiques à Noé ah merde non c'est pas une fanfiction que j'écris, là, du calme
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Alors Sem le fils de Noé dit: "Est-ce qu'on a un chiffrage pour l'arche?"
Et Cham son autre fils dit: "Faut voir avec le commerce, c'est leur boulot!"
Et Japhet son troisième fils dit: "Euh, vous êtes au courant qu'on a aucun expert en construction de navires dans l'équipe?"
Et Jennifer (la femme de Noé, qui n'est même pas nommée dans la Bible, comme par hasard, hé, vive l’égalité des sexes! Donc on l'appellera Jennifer) dit: "Bah on a des charpentiers, suffit de faire un toit à l'envers, tout ira bien..."
Et Jacques (qui passait par là à la fin de la réunion) dit: "De toute façon c'est pas le problème, on a pas les ressources, 150 mètres de long, va nous falloir des forêts entières, qui va couper les arbres?"
Et André (le râleur du groupe) dit: "De toute manière, cette deadline est impossible, on sera sous l'eau avant même d'avoir ramené le couple de mammouths!"
Et Cham dit: "Est-ce que du coup les animaux on peut les faire passer comme un avenant? Et est-ce que les animaux aquatiques sont dans le périmètre?"
Et Jacob du commerce dit: "Non, non! Et puis c'est pas grave si c'est sous-chiffré et impossible à tenir, c'est un projet conquête! Comme on sera les seuls à survivre, on aura tous les contrats pour le prochain déluge!"
Et Thomas (de la DirTech) dit: "Mais pourquoi on l'enduirait de poix si on le fait déjà avec du résineux? Ce serait vachement mieux de tout faire en partant sur du bouleau à ce compte-là!"
Et Jean du marketing dit: "Au fait, l'électricité existe pas encore mais faut que le bateau soit tout illuminé pour que ça en jette un max!"
Et Dieu en les entendant dit: "Ohlala bon, pas besoin de perdre du temps avec des specs, ce que je vous ai dit avant suffit largement!"
Et tous, comme de bien entendu, soupirèrent.
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Plus tard un des grands prêtres du temple s'approcha de Noé et dit: "Quel est le souci avec le projet? On est en dépassement depuis un mois, le bateau ressemble à rien, les animaux n'ont pas tous été livrés, et là le déluge va commencer! Qu'est-ce que vous avez foutu? Il va pas être content, le grand barbu là-haut!"
Cham, qui avait coupé 800 arbres avec une hache en cuir (pas le budget pour une hache en métal), tout seul avec un stagiaire manchot spécialiste de la cueillette de champignons (ouais ça se passe en forêt c'est pareil), oui Cham se mit à pleurer. Sem, qui avait assemblé des centaines de panneaux de bois découpés à l'arrache par une agence de menuisiers qui "s'en foutaient de l'arche parce qu'ils savaient nager", sans plan ni clous ("pas besoin de clous, la poix ça suffit à tenir le truc!"), Sem donc se mit dans une rage folle et massacra à coups de marteau le couple de dodos qui passait par là (pas d’bol). Et Jennifer qui avait passé des jours à rassembler des animaux, se faisant mordre, griffer, pincer, piquer, déféquer dessus (et dans un cas improbable les 5 à la fois, avant de décider de ne pas sauver cet animal-là, faut pas déconner quand même), Jennifer arrêta instantanément de travailler et se servit un grand verre de gnôle, avant de se raviser et d'attaquer la bouteille directement.
Et Noé, qui finissait par en avoir marre, monta dans son bateau avec sa famille, sans les mammouths ni les dinosaures ni les casse-pieds (qui pourtant ont trouvé moyen de survivre on ne sait comment, probablement par pur esprit de contradiction), et dit: "Tcho les mecs, c'est craignos ici, j'me casse!"
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Et voilà la véritable démonstration de pourquoi la bible c'est n'importe quoi. C'est sensé se passer des milliers d'années dans le passé et même avec nos méthodes modernes on y arriverait pas!
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Une vidéo fait le tour du Net : on y voit une touriste britannique se faire jeter des pierres après avoir tenté de négocier le prix d’un thé népalais. Sur les réseaux sociaux, il se trouve une foule d’Internautes, de droite comme de gauche, pour applaudir cette pseudo-révolte contre la mondialisation.
Ces derniers temps, on voit circuler une vidéo sur les réseaux sociaux, initialement publiée par le Daily Mail en septembre 2017, et sans doute réapparue à l’occasion des vacances d’été. Cette vidéo montre une femme népalaise agressant une touriste britannique, en lui lançant des pierres, en la menaçant avec des bâtons et en l’invectivant à travers la montagne.
youtube
L’histoire racontée par cette touriste est que, pendant qu’elle faisait une randonnée sur l’Annapurna avec son fils, ils se sont tous deux arrêtés au magasin de cette femme et qu’ils y ont bu du thé. Mais quand l’Anglaise a découvert le prix du thé, soit 150 roupies, alors qu’elle payait habituellement 50 roupies pour le même thé, elle a essayé de marchander, puis devant le refus de la Népalaise, elle a payé en lui disant que le thé était « sérieusement trop cher ». Après quoi, la Népalaise s’est énervée et s’est mise à la poursuivre dans la montagne, le vide dangereusement proche, en l’injuriant et en tentant de la blesser à coups de pierres.
Le tourisme, père de tous les vices?
Cette histoire sordide, dont tous sont – étonnamment – ressortis indemnes, aurait pu ne constituer qu’une de ces curiosités dont les sites Internet sont friands, comme les vidéos de personnes qui se battent dans les magasins ou, version plus gaie, de gens qui font des plats dans leur piscine, et où les commentaires se résument généralement à diverses variantes de « oh mon Dieu !! jpp, lol ». Mais ici, qu’ont voulu y voir les réseaux sociaux ? Non pas la rage heureusement sans conséquences d’une vieille folle, mais la réaction légitime d’une pauvre femme victime de l’exploitation de l’Occident.
La rhétorique qui s’est enclenchée se greffe sur la critique du tourisme mondialisé. Ou du moins dans une certaine critique marxisante, qui n’a rien à voir avec la déploration de la « disparition de l’aventure », laquelle a bien plus un fondement esthétique que politique. Elle fait du tourisme le « prolongement consumériste de l’impérialisme territorial des siècles passés », et les « violences directes du colonialisme » sont supposées avoir été remplacées par les « violences symboliques de la domination économique ». Le tourisme est donc une autre forme d’ « oppression systémique », qu’il s’agit de renverser en prenant le parti des « dominés ». Il est d’ailleurs frappant de voir gauchistes tiers-mondistes et identitaires anti-mondialistes adopter le même discours, et approuver d’une même voix la lapidation de cette touriste, assimilée à McDonald’s, Monsanto et autres bourreaux des peuples opprimés.
«Elle mérite qu’on lui jette des pierres, c’est une exploiteuse.»
Sur le site du Daily Mail, les commentaires les plus populaires pardonnent tous la « frustration » de la « pauvre femme », et blâment la touriste britannique pour avoir tenté de marchander un thé qu’elle pouvait payer au prix demandé (n’est-ce pas pourtant une coutume locale que de marchander ?). On lit, entre autres :
« Elle était en colère tout simplement parce que l’autre avait marchandé le prix d’un thé particulier. Est-ce qu’on essaie de marchander à Starbucks ou à Costa ? Non, on n’essaie pas. On aime juste profiter des pauvres. »1
« Radins [l’anglais utilise une expression plus fleurie], moi je suis avec la femme qui vendait son thé, si tu peux te permettre de voyager, tu peux aussi te permettre de payer un foutu thé… Arrête d’être si radine… »2
« Moi aussi, je la pourchasserais comme ça. Ne viens pas dans ma foutue montagne pendant tes vacances avec ton foutu équipement REI [marque de vêtements de randonnée] et n’essaie pas de faire baisser le prix du foutu thé que je viens de faire. »3
Et enfin : « Elle mérite qu’on lui jette des pierres, c’est une exploiteuse. »4
Le dominant a honte de l’être
Résumons : l’Occidental, par essence, serait donc un colonisateur exploitant les pauvres du tiers-monde. Partant, l’Anglaise devrait s’excuser d’être plus riche que la Népalaise et devrait accepter toutes les humiliations qu’elle lui fait subir, vengeance de la femme pauvre contre la femme riche. Elle devrait même accepter, comme une juste rétribution, de se faire menacer de mort et lancer des pierres dessus.
Vis-à-vis de la Népalaise, l’attitude semble être celle de la compassion psychologisante (« pauvre femme, sa vie est difficile » etc). Mais en réalité, cette pseudo-compassion, ce n’est en fait que le mépris du pauvre, supposé ne pas pouvoir, parce qu’il est pauvre, avoir de dignité. Bien loin la fameuse « scène du pauvre » dans Dom Juan, qui exalte la fidélité d’un homme à ses principes, même dans la famine ! Il est normal que le pauvre non-occidental adopte un comportement proprement barbare, parce qu’il rentre dans la catégorie des « dominés ». Le « dominant », parce qu’il a tellement honte de l’être, consent à se laisser détruire pour faire disparaître les traces de ce qu’il croit être sa propre infamie.
Finalement, la réaction à cette vidéo ne signifie qu’une chose : la liste des personnes qu’il est désormais légitime, a priori, de mettre à mort s’allonge. Occidentaux, tenez-vous le pour dit.
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Le charme des fous
Il existe un mot très sérieux que l’on manipule avec la plus grande légèreté. Fou ! C’est sans doute le mot le plus employé par la jeunesse française sous sa forme verlan. Tout est ouf pour les gosses, à commencer par eux-mêmes. Rien n’est plus charmant qu’un fou, rien n’est plus divertissant qu’un acte de folie et rien n’est plus désirable peut-être que la prise en otage d’un troupeau de moutons blancs par le seul mouton noir. Le Fou est une icône ; une icône subversive qui ne tient pas dans notre monde carré, mais que l’on admet dans le monde cérémoniel du cinéma, dans le monde cérémoniel des arts. L’art est une cérémonie, c’est un condensé d’existence, une miniature où le Fou peut s’acheter une reconnaissance et se payer notre admiration. D’où lui vient son charme, à cet animal ? Qu’il soit Fou Dangereux, Fou Amoureux, Fou Visionnaire, Fou Fantasque, le Fou nous affole. Il nous prend par le canal de l’art. Son immoralité rivalise avec la probité des chevaliers, des champions de la justice : Arthur Pendragon, Bruce Wayne et compagnie.
Non. Le Fou se hisse un cran plus haut que les chevaliers dans l’ordre de nos préférences. Pourquoi ça ? Pourquoi Game of Thrones serait un peu moins Game of Thrones sans Ramsay Bolton et Joffrey Baratheon ? Pourquoi The Dark Knight serait un peu moins The Dark Knight sans Heath « The Joker » Ledger ? Pourquoi Outlander serait uniquement considéré comme une série pour pisseuses de seize ans et demi si Black Jack Randall n’y venait pas violer et torturer ses victimes en esthète du mal ? Les esthètes du mal, membres de la branche des Fous Dangereux, ont très bonne presse depuis qu’Anthony Hopkins a marqué Hannibal Lecter de son empreinte. On les aime malgré soi, ces fils de pute, on les aime au-dessus des bons, des preux, des défenseurs de la bienséance. Pourquoi ça ? Simple. Le charme.
Les Fous, toutes branches confondues, ont du charme. Sous la direction des artistes-créateurs, ils usent et abusent de ce charme comme pour réhabiliter les détraqués de la vie réelle sur le plan cosmique, conférer aux détraqués de la vie réelle un statut d’agents du Chaos, d’anges rebelles. Nettement plus sexy que les étiquettes malade mental, grand malade, ouf, de la société réelle. Le spectacle de l’Aliéné fait recette alors que l’Aliéné en personne dérange. C’est drôle. Personne ne voudrait croiser Heath « The Joker » Ledger sur le chemin d’un hôpital, bardé de son costume d’infirmière. Mais d’être les témoins privilégiés de ses actes de terrorisme sur Gotham City, en comptant sur la distance salutaire procurée par l’écran de cinéma, nous donne envie de l’approcher. Attention : un terroriste normal, avec son sérieux barbant, son agenda lunaire et ses revendications abstraites ne saurait combler la distance entre lui et nous, même sur un écran de cinéma. Pas de charme.
Rappelons que le mot charme issu du latin fait référence à un chant hypnotique. Le Fou hypnotise son témoin privilégié pour mieux l’extirper du camp de l’Ordre et de la Bienséance protégé par les Chevaliers Blancs : les Obama, les Aragorn, les Justin Trudeau, les Jon Snow, les Bons. Ce regard est une propriété capitale de l’hypnose. Soutiendras-tu le regard d’Hannibal Lecter, mon ami, le regard de Ramsay Bolton, celui d’Ivar the Boneless de la série Vikings ou celui d’Alex Delarge d’Orange Mécanique ? Les acteurs qui jouent les Fous Dangereux ont très souvent des yeux qu’on n’oublie pas. C’est par leurs yeux qu’on entre dans leur jeu. Ce qui rend un regard hypnotique, c’est le monde qu’on y pressent et qui nous tente alors qu’un regard uniquement fort se focalise sur l’objet regardé. Le Fou s’ouvre à son témoin privilégié. Il lui propose de jouer et il cache une partie de son jeu, d’où l’imprévisibilité.
On ne peut pas attendre le Fou là où il serait bien commode de l’attendre. Son jeu nécessite la déstabilisation des Raisonnables. Wicked Game. Jouer est une occupation d’aristocrate. De toute éternité, ce sont les aristocrates et les enfants qui ont fait de l’art de jouer un évènement en soi et pas seulement une parenthèse récréative. Les enfants jouent pour attribuer un sens à leur entrée dans le monde. Les aristocrates jouent pour miniaturiser leur influence dans le monde. Les gens ordinaires jouent pour se reposer du monde. Se divertir est populaire, jouer ne l’est pas. Pas de snobisme. De nos jours, les aristocrates peuvent émerger du peuple ; ce n’est plus qu’une question de savoir-faire, les armoiries d’une famille n’ont plus rien à voir là-dedans. On s’en fout des armoiries.
Le Fou, toute branche confondue, est un aristocrate à sa manière, “un orgueilleux qui n’en fait qu’à sa tête” selon la pensée du 17ème siècle, “un orgueilleux qui préfère croire son propre jugement plutôt que celui des autres” selon notre bon Luc Ferry national qui compare même le Fou à un philosophe. Bien qu’assujetti à un lourd système de valeurs, l’aristocrate n’en éprouve pas moins un puissant sentiment de singularité, d’aliénation vis-à-vis du monde connu. Demande à Lord Byron ce qu’il pense de l’esprit de corps, demande à Sir Richard Burton ou à Yves Saint Laurent ce qu’ils pensent de la Famille. Un château familial n’est pas nécessairement plus ouvert sur le monde inconnu qu’un asile psychiatrique. D’où l’impérieux besoin de sortie de ces aristocrates, souvent perçus comme fantasques par leurs contemporains voire… carrément fous. Prenons le fictif Christian Grey, l’ami des grands lettrés parisiens et des féministes à la rage de dents. Ni grand poète, ni grand explorateur, ni grand couturier mais grand fornicateur devant l’Eternel et notoirement aristocrate par ses manières seigneuriales, son fief sur le crâne de Seattle, son sens cérémoniel du jeu et ses fameuse cinquante nuances de folie qui lui valent tant de millions de plébiscites de par le monde. Grey appartient à la branche des Fous Amoureux ; c’est un seigneur du harcèlement. Alex Delarge d’Orange Mecanique est un orgueilleux qui n’en fait qu’à sa tête, un seigneur de la délinquance. Hannibal Lecter est un “orgueilleux qui n’en fait qu’à sa tête”, un seigneur du cannibalisme. Annie Wilkes de Misery ne croit qu’en son propre jugement, c’est une maîtresse de la séquestration. Catherine Tramel de Basic Instinct ne croit qu’en son propre jugement, c’est une maîtresse de la manipulation. Aliénés, ces aristocrates improvisés percent les murs du monde connu et basculent sur un nouveau terrain de chasse.
Le Fou et la Folle ne sont pas incohérents, empâtés dans leur retard mental, et dangereux malgré eux. Ce sont des joueurs qui se croient tout permis, des seigneurs du libre-arbitre, des chasseurs. Le cinéma de l’angoisse, de M. le Maudit en passant par Se7en aime son Fou Dangereux. L’infirmière Annie Wilkes de Misery broie les pieds d’un écrivain au marteau et nous le voulons. Pas de cris, pas de remboursement. Patrick Bateman jette une tronçonneuse sur la tête d’une prostituée et nous le voulons. Pas de cris, pas de remboursement. Catherine Tramel défonce ses amants au pic à glace et nous le voulons. Cris, remboursements ? Ramsay Bolton émascule Theon Greyjoy et nous le voulons. Le nous, qui est-ce? Celui derrière les doigts écartés sur la figure pendant les scènes chaudes. Ce nous là.
Assister au bouleversement de l’Ordre des choses est cathartique. La justice et l’Ordre des choses sont toujours souhaitables mais ne nous libèrent pas de notre appétit de violence, cet appétit qui gronde le plus au corps peut-être. L’acteur Eli Roth comparait la violence cérémonielle d’Inglorious Basterds à quelque chose de mieux qu’une érection. La cérémonie de la violence crue suffit à nous libérer de cette faim. Les Fous mangent de cette violence et nous sommes contents pour eux, nous sommes en accord. Le spectateur s’assimile au Chevalier Blanc, au Chevalier Vegan sans peur et sans reproche, mais admire secrètement le Fou Carnivore. Lui va loin. Voilà le charme : aller loin avec le consentement de ceux qui n’iront pas.
Tuer sauvagement ou torturer en esthète du mal ne fait pas tout. J’ai mentionné les branches de la famille du Fou. Par exemple, le Fou Amoureux n’appartient pas nécessairement à la branche du Fou Dangereux. Prenons Benjamin Braddock du Lauréat. Le jeune Benjamin Braddock trompe son ennui générationnel en couchant avec une femme mariée. Très bien. Et puis arrive comme un poussin dans une assiette vegan la fille de la femme mariée qui chambarde aussitôt l’esprit de Braddock. Pour cette fille de son âge, Braddock s’attirera les foudres de madame Robinson, la mère. Il ira traverser la Californie d’est en ouest à roues et à pieds, boxer des gens dans une église à l’aide de la croix du Christ, arracher la jeune fille aux mains des Chevaliers Blancs de la famille Robinson avant de se carapater dans un bus municipal avec elle. La deuxième partie du film, consacrée à la traque de mademoiselle Robinson par un Braddock Fou Amoureux , suinte l’exubérance des années 60. Dustin Hoffmann joue merveilleusement le passage de l’ennui générationnel à l’obsession démentielle que rien ni personne n’arrête. Son Braddock n’a ni frein ni filet, sème le chaos sur sa route pour les beaux yeux d’une fille. On rit de sa Folie furieuse qui déstabilise l’Ordre des choses mais qui le déstabilise dans l’optique de faire vivre et non de faire mourir. Le Fou Amoureux est un créateur bien plus qu’un ange de mort.
Le film fait un excellent contrepied aux attentes du public voué à croire que madame Robinson représente le fruit défendu en tant que femme mûre et mariée. Sa fille est l’objet du Fou. Toutefois, une fois la bataille contre les forces blanches remportée, Braddock et Elaine assis au fond de leur bus municipal, donnent clairement l’impression de tomber à plat l’un pour l’autre, de perdre déjà de leur intérêt mutuel. Normal. Ils se dirigent vers une vie raisonnable. Elaine porte encore sa robe de mariée, toute chaude de l’église où son pauvre fiancé vaincu par Braddock l’attend toujours. Quel nouvel acte de folie pourrait donc éloigner nos déserteurs de cette vie raisonnable qui se profile à l’horizon ?
“Je crois qu’il faut se tromper, il faut être imprudent, il faut être fou. Les infirmes, ce sont les hommes prudents.” Jacques Brel aurait levé son verre pour Benjamin Braddock. Selon le poète belge, imprudence et folie marchent ensemble et ce qui relève de la prudence relève directement de l’infirmité. Brel a aussi dit à la faveur d’une interview de 1966 que les mères de famille étaient coupables d’enseigner la prudence et la sécurité à leurs enfants plutôt que l’aventure. Il en résulterait une race d’adultes assis, paresseux et haïssables.
J’ai rangé le seigneurial Christian Grey dans la catégorie des Fous Amoureux et tenté d’expliquer brièvement que son succès lui vient d’être “un orgueilleux qui n’en fait qu’à sa tête”, un aristocrate en orbite et un joueur pervers qui appuie sur la violence cathartique de ses lectrices. Mais en réalité, et en dépit de la stricte apparence, le plus Fou des deux, c’est sa compagne de jeu, Anastasia Steele. Il faut se tromper, il faut être imprudent, il faut être fou. Les infirmes, ce sont les hommes prudents. Anastasia Steele, soi-disant mademoiselle Tout le Monde, n’est ni prudente, ni jamais vraiment sûre d’elle-même, ni installée dans la sécurité ou la paresse. Elle confie ses 21 ans à l’aventure, une aventure personnifiée, mais une aventure quand même. Grey.
L’argent de son playboy sadique ne tient qu’une part mineure dans ses jouissances érotiques à répétitions ; ce qui la fait jouir par-dessus tout, c’est l’imprévisibilité du Fou, un Fou dont on a détruit l’enfance et qui pourrait potentiellement et par pulsion, la détruire. Anastasia accepte et répète à loisir qu’elle confie sa vie à Grey en dépit du bon sens. Rien ne l’y prépare puisqu’elle est vierge. Pourtant, ses plus vives sensations n’éclatent jamais mieux que sous toutes les formes de séquestration que lui impose le Fou. Anastasia Steele est l’Anti-Féministe, elle est l’ange du Chaos du féminisme qui s’en remet à son Pygmalion américain pour déborder d’une vie neuve. Elle fait peau neuve en devenant la Folle Amoureuse. Beaucoup de vraies femmes l’envient. On peut dire qu’elle illustre un peu la pensée de Jacques Brel. Un peu, mon ami, ne sois pas si mauvais…
Roméo et Juliette ne sont pas Fous Amoureux l’un de l’autre, quoiqu’en stipule leur légende. Un Fou n’a pas d’intérêt à s’épanouir dans la mort. Son théâtre d’opération s’appelle la vie, la vie provocante par ses règles, la vie à démolir dans ses règles. Le Fou n’est pas nombriliste ; il se projette toujours contre un Inverse. Son existence se met au diapason d’un Inverse. Juliette et son Roméo règlent leurs pas sur le pas de la vie conjugale chrétienne en terre chrétienne par l’intermédiaire zélé de Frère Laurent. Juliette opte pour le stratagème du faux poison dans l’optique de berner sa méchante famille et de s’acheter une fuite. Pris dans les rets d’un destin malheureux, Roméo la croit morte et se donne la mort. La courte idylle des deux adolescents les plus célèbres du monde n’a pas le muscle de la vraie Folie qui tord les conventions. Les mômes véronais ne font que s’aligner et fuir. C’est un peu court pour renverser l’Ordre de Vérone, l’aventure n’est qu’un pet. Mais ils sont beaux, Roméo et Juliette, et se figent au seuil même des possibilités. D’où la tragédie.
Le Fou Visionnaire ne se contente pas d’une ou plusieurs cibles humaines pour faire prévaloir son étrangeté. Il lui faut l’étendue d’un rêve. “Etre jeune ! Faire de grands rêves !” Soupirera Ptolémée en pensant à Alexandre le Grand sous la houlette d’Oliver Stone et sans se dédire, le général macédonien ajoutera : Je n’ai jamais cru en son rêve. Aucun de nous n’y a cru. C’est la triste vérité de sa vie. Les rêveurs nous épuisent. Ils doivent mourir avant de nous tuer avec leurs satanés rêves.
Ce qui peut passer pour une contradiction caractérise en vérité le trouble de l’homme raisonnable face à son Inverse. Le clairvoyant Ptolémée ne hait pas l’imprudence des rêves de son admirable chef, il hait leur mise en route qui ne connaît presque aucun stop. Alexandre rêve éveillé. Il plaque son for intérieur sur le monde extérieur en dépit des préjugés de sa société. Il veut ce que personne ne veut comme si c’était là une évidence. Il enfourne ses rêves de fusion des races et de royauté cosmopolite dans la bouche de ses hommes qui finiront par le tuer… parce qu’ils le savent Fou. Un Fou Visionnaire incapable de s’ajuster au monde tel qu’il est. La tentation du par delà chatouille tous les types de Fou. Mais ce type-là est le plus sensible aux chatouilles. Une camisole ne l’arrêtera pas. La camisole Île d’Elbe n’a pas arrêté Napoléon. La camisole Suspension de tes Titres de Gloire n’a pas arrêté Mohammed Ali. La camisole Exil n’a pas arrêté Benazir Bhutto. La mort ne sait même pas faire oublier ces héroïques fauteurs de troubles.
Et puis, il y a le Fou Fantasque, le Récréatif, l’Eternel Enfant. Il a en commun avec tous les Fous son goût du jeu transgressif, du mépris épidermique des limites sociales. Tous les Fous sont des Fantasques attachés à suivre le cours de leur fantaisie noire, politique, criminelle. Mais le Fou Fantasque Fantasque, appelons-le comme ça, est peut-être moins regardant des enjeux, plus éloigné des aboutissements. C’est la créature même de l’instant. Jordan Belfort réincarné par Léo DiCaprio dans Le Loup de Wall Street en est un bon exemple : l’aboutissement ou l’inaboutissement de ses tractations financières de haute volée ne présente aucun intérêt sur le moindre plan, fut-ce le plan du suspense. On se fout de savoir de quelle façon les traders de Wall Street sapent la dignité discutable du capitalisme.
Tout l’intérêt du film et tout l’intérêt du Belfort de DiCaprio se situent hors argent rapide et hors confrontation tardive avec le FBI. C’est la joie furieuse et primitive de l’Eternel Enfant, du Peter Pan endiablé qui donne du goût à cette fable indécente, à ce lynchage en règle du tout au tout. DiCaprio compare Belfort à Caligula, empereur orgueilleux qui n’en fait qu’à sa tête jusqu’à nommé son cheval consul. Il n’y a pas de lendemain pour le Fantasque Fantasque, il n’y a pas de plan, il n’y a pas de point de mire. Le foutoir pour le foutoir est assez. Le cinéaste espagnol Fernando Arrabal parle d’explosion de la raison, de mouvement Panique inspiré du dieu Pan et de son effrayante vitalité sexuelle.
Le mouvement Panique fondé dans les années 60 à l’initiative d’un trio d’illuminés entend dépasser le surréalisme petit-bourgeois d’André Breton et faire du théâtre un lieu de provocations. L’illuminé Jodorowsky, copain d’Arrabal, déclare : “Je voulais que ces spectacles ne puissent jamais se répéter, qu’ils ne se fassent que dans le présent.” La fantaisie crue de Jodorowsky se déploie sans égard pour le passé ou l’avenir, “son talent fou”, comme le voit Arrabal, s’exprime spécialement dans la mise en scène. Le Fou Fantasque Fantasque a le sens du spectaculaire ; il en a le sens et le pressentiment. Mike Tyson bouffant l’oreille d’Evander Holyfield sur un ring de boxe ; c’est Panique, c’est Fantasque. Jimi Hendrix mettant le feu à sa guitare avant de la pulvériser sur la scène de Monterey en 67 ; c’est Panique, c’est Fantasque. Henry VIII d’Angleterre répudiant sa catholique épouse pour les beaux yeux d’une pin-up protestante et chiant sur le Vatican jusqu’à en sortir la spiritualité anglicane ; c’est Panique, c’est Fantasque. Hernan Cortez faisant saccager sa flotte pour empêcher les conquistadors de reprendre la mer et de tourner le dos à la conquête du Mexique ; on sait ce que c’est. L’obsession des enjeux et des aboutissements passe après la beauté du geste. Le Fantasque Fantasque fonctionne au panache. Le panache noir.
En définitive, le Fou dans toute sa variété sponsorise la prudence des bienséants, la prudence des bienveillants, des têtes froides. Mais le sismologue aime savoir son tremblement de terre à porter de pieds. L’instabilité de la Raison rend chaque action menée ou château de cartes dressé plus estimable. Un rien et on bascule à son tour. Jouissif ?
Ewan Lobé, Jr.
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Une dame près de l'arbre
poème
L’arbre par Emile Verhaeren
Tout seul, Que le berce l’été, que l’agite l’hiver, Que son tronc soit givré ou son branchage vert, Toujours, au long des jours de tendresse ou de haine, Il impose sa vie énorme et souveraine Aux plaines.
Il voit les mêmes champs depuis cent et cent ans Et les mêmes labours et les mêmes semailles ; Les yeux aujourd’hui morts, les yeux Des aïeules et des aïeux Ont regardé, maille après maille, Se nouer son écorce et ses rudes rameaux. Il présidait tranquille et fort à leurs travaux ; Son pied velu leur ménageait un lit de mousse ; Il abritait leur sieste à l’heure de midi Et son ombre fut douce A ceux de leurs enfants qui s’aimèrent jadis.
Dès le matin, dans les villages, D’après qu’il chante ou pleure, on augure du temps ; Il est dans le secret des violents nuages Et du soleil qui boude aux horizons latents ; Il est tout le passé debout sur les champs tristes, Mais quels que soient les souvenirs Qui, dans son bois, persistent, Dès que janvier vient de finir Et que la sève, en son vieux tronc, s’épanche, Avec tous ses bourgeons, avec toutes ses branches, – Lèvres folles et bras tordus – Il jette un cri immensément tendu Vers l’avenir.
Alors, avec des rais de pluie et de lumière, Il frôle les bourgeons de ses feuilles premières, Il contracte ses noeuds, il lisse ses rameaux ; Il assaille le ciel, d’un front toujours plus haut ; Il projette si loin ses poreuses racines Qu’il épuise la mare et les terres voisines Et que parfois il s’arrête, comme étonné De son travail muet, profond et acharné.
Mais pour s’épanouir et régner dans sa force, Ô les luttes qu’il lui fallut subir, l’hiver ! Glaives du vent à travers son écorce. Cris d’ouragan, rages de l’air, Givres pareils à quelque âpre limaille, Toute la haine et toute la bataille, Et les grêles de l’Est et les neiges du Nord, Et le gel morne et blanc dont la dent mord, jusqu’à l’aubier, l’ample écheveau des fibres, Tout lui fut mal qui tord, douleur qui vibre, Sans que jamais pourtant Un seul instant Se ralentît son énergie A fermement vouloir que sa vie élargie Fût plus belle, à chaque printemps.
En octobre, quand l’or triomphe en son feuillage, Mes pas larges encore, quoique lourds et lassés, Souvent ont dirigé leur long pèlerinage Vers cet arbre d’automne et de vent traversé. Comme un géant brasier de feuilles et de flammes, Il se dressait, superbement, sous le ciel bleu, Il semblait habité par un million d’âmes Qui doucement chantaient en son branchage creux. J’allais vers lui les yeux emplis par la lumière, Je le touchais, avec mes doigts, avec mes mains, Je le sentais bouger jusqu’au fond de la terre D’après un mouvement énorme et surhumain ; Et J’appuyais sur lui ma poitrine brutale, Avec un tel amour, une telle ferveur, Que son rythme profond et sa force totale Passaient en moi et pénétraient jusqu’à mon coeur.
Alors, j’étais mêlé à sa belle vie ample ; Je me sentais puissant comme un de ses rameaux ; Il se plantait, dans la splendeur, comme un exemple ; J’aimais plus ardemment le sol, les bois, les eaux, La plaine immense et nue où les nuages passent ; J’étais armé de fermeté contre le sort, Mes bras auraient voulu tenir en eux l’espace ;
Mes muscles et mes nerfs rendaient léger mon corps Et je criais : » La force est sainte. Il faut que l’homme imprime son empreinte Tranquillement, sur ses desseins hardis : Elle est celle qui tient les clefs des paradis Et dont le large poing en fait tourner les portes. Et je baisais le tronc noueux, éperdument, Et quand le soir se détachait du firmament, je me perdais, dans la campagne morte, Marchant droit devant moi, vers n’importe où, Avec des cris jaillis du fond de mon coeur fou.
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Là-haut
Viens avec moi après le cours, c’est ce qu’elle m’a ordonné. Et même si je suis le prof et qu’elle est l’élève, j’ai acquiescé. Puis j’ai quitté le vestiaire où elle se reposait, ai laissé son amie me remplacer, veiller sur elle. Une mauvaise chute, ça arrive. Elle a eu mal mais je sais d’expérience que ce n’est pas grave. Pourtant je sais aussi qu’elle tient à sa fierté comme à la prunelle de ses yeux et qu’un tel échec, dans son esprit, mettra longtemps à s’effacer. Je suis optimiste - ou fataliste, c’est selon - et je sais qu’elle finira par l’oublier. En la quittant, en la laissant allongée sur le banc avec ses yeux durs et ses grimaces de douleur retenue, je sais aussi qu’elle s’en voudra un moment, peut-être qu’elle m’en voudra aussi. Mais la vie continue, le cours aussi. En reprenant place dans la salle de danse, je rassure les autres élèves sur sa santé : elle va bien, rien de grave, ce genre de banalités. Et on reprend, on s’entraîne. Sans elle. Quelques minutes après, à peine, son amie revient. Et à son regard vaguement coupable, contrit, je devine qu’elle l’a renvoyée pour pleurer sa rage seule. Tant pis.
Puis le cours se termine, mes élèves se dispersent. Et je range, j’attends. Jusqu’à ce que, sur le seuil de la salle, elle apparaisse. Elle est changée, toute trace de chagrin a disparu et, passés autour de son épaule, il y a son sac et ses affaires.
- Tu te sens mieux ?
- Ça va.
Je souris, elle pas. Comme toujours. Sans me démonter, je brise le silence à nouveau :
- On peut y aller ?
- Oui, oui.
Et on sort.
- On va où ?
- Surprise.
Son ton est froid, dénué de malice. D’autres que moi se seraient sans doute découragés, mais je sais que c’est comme ça qu’elle fonctionne : il faut savoir la décoder pour comprendre qu’elle a ses émotions, elle aussi. C’est qu’au bout de trois ans à lui apprendre à danser, j’ai fini par apprendre à la lire.
À moins que ce soit elle qui me l’ait appris, doucement.
Les rues sont élégantes mais froides, à son image. Et nous marchons côte à côte, sans nous regarder. Parfois je lui jette un coup d’oeil, j’observe sa démarche quand elle avance. Raide, déterminée. Un peu brusque, aussi, sans doute de colère retenue.
- Tu n’as pas à t’en vouloir, tu sais.
Silence. Je reprends :
- C’est un mouvement difficile, j’ai moi-même mis longtemps à le maîtriser.
- C’est bon.
Son ton excédé me signale que je n’ai pas intérêt à poursuivre. Je me rétracte donc, préférant lever la tête vers le ciel orangé du crépuscule. Les jours raccourciront bientôt, hélas. Bientôt, on rentrera tous dans le noir. Et elle ne dit rien et je lui fais confiance, jusqu’à ce qu’on arrive dans un coin plus inhabité de la ville, devant un immense chantier. Elle s’arrête, je fais de même.
- C’est là que tu voulais m’emmener ?
Elle hoche la tête, imperturbable. Puis nous faisons le tour, jusqu’à ce qu’elle trouve l’entrée. Alors qu’elle franchit le seuil, je l’arrête d’une main sur l’épaule.
- Qu’est-ce que tu fais ?
- Je veux te montrer un truc.
Il y a quelque chose, dans ces prunelles en amande, qui me trouble. Quelque chose de trop fort pour moi, trop grand alors même que nous avons huit ans de différence. Ma prise se resserre.
- C’est illégal de traîner sur les chantiers.
- Je sais ce que je fais.
Concours de regard, tension à couper au couteau. J’essaie d’être un adulte responsable, je le jure. Mais son expression réduirait le plus expérimenté des juges à un petit enfant pris en faute. Je déglutis.
- Et si on se fait prendre ?
Mon ton pitoyable est balayé par son affirmation.
- Ça va pas arriver.
Puis elle se soustrait brutalement, faisant un pas de côté pour ramasser un objet qu’elle pose, sans une once de sourire, sur le crâne. Un casque d’ouvrier, trop grand pour elle. Et sans me laisser même le temps de rire, elle se hisse sur la pointe des pieds et en enfonce un autre sur ma tête.
- Voilà. On est protégés maintenant.
Elle est drôle sans jamais le vouloir. C’est plus fort que moi, je me sens sourire à nouveau.
- Bon d’accord, je te suis. Mais je me réserve le droit de nous faire partir si ça devient trop dangereux.
Elle semble considérer l’éventualité, hoche la tête.
- D’accord.
Et sa main saisit la mienne, me traîne à travers la carcasse en construction, les murs à moitié défaits. Sa démarche est volante, assurée, si assurée qu’il n’y a aucun doute : cet endroit, ce n’est pas la première fois qu’elle vient le hanter. Et nous avançons parmi les fondations entamées, les murs à moitié faits. Il n’y a personne, pas âme qui vive. Les ouvriers ont sans doute terminé leur journée plus tôt.
- C’est là.
Elle a pilé sèchement en-dehors des limites du bâtiment, devant une structure jaune, métallique et familière. Je lève la tête, caresse des yeux l’immensité de cette chose.
- ... ah.
C’est tout ce que je suis capable de dire, et pour cause : je n’ai jamais vu de grue aussi... haute. Et jamais d’aussi près. Alors que je la contemple, je sens mon élève me tirer brutalement de côté et la suit sans réfléchir, sonné. Au fond de moi, il y a une voix inquiète qui me sonne de l’arrêter, de lui demander au moins ce qu’elle fout. Mais elle s’étouffe, cette voix, sous une autre bien plus forte. Un rugissement effrayant et excitant qui résonne contre les parois de mon crâne. Cette fille est folle et je la suis parce qu’il n’y a qu’elle pour me pousser à agir ainsi.
Avec aisance, elle s’approche de la grande échelle assortie à la grue et entame l’ascension. Gorge serrée, je la suis précautionneusement, mains crispées autour du métal froid. Et automatiquement je me concentre sur elle, sur sa posture : si elle tombe, je la rattraperais ; elle n’est pas bien lourde, de toute façon. Machinalement, je compte les barreaux, voit les nuages qui se rapproche et sent l’air de plus en plus froid qui nous enserre. Je crois que j’ai un peu peur, au fond, mais cette peur s’efface devant l’exaltation. Celle qui me guide grimpe vite et j’accélère aussi, jusqu’à la plateforme du sommet sur laquelle elle m’aide à monter.
Il fait bien plus venteux, bien plus frais tout en haut. Et les toits qui se sont éloignés au fur et à mesure de notre ascension ne ressemblent guerre plus qu’aux damiers d’un grand échiquier en désordre. Les jambes un peu plus tremblantes qu’au départ, je m’accroche à mon élève sans m’en rendre compte et elle fait de même, se tassant contre moi avec une brutalité qui me fait prendre conscience de notre proximité. Le ciel est rouge, orange et rose, gargantuesque. Il nous dévore, nous n’existons quasiment plus. Au milieu de l’immensité, je m’entends pose une question ridicule.
- ... tu viens ici souvent ?
Mes mots se noient dans le ciel, dans le vent qui souffle et dans la chaleur de ses bras anguleux autour de ma taille. Elle répond, pourtant, elle pardonne mon besoin de briser le silence.
- Des fois.
Un coup de vent plus fort nous atteint, nous poussant à nous accrocher plus fort l’un à l’autre. Il y a quelque chose d’humide, aux coins de mes yeux. De la beauté partout autour, mon coeur sur le point d’exploser et le métal qui gémit doucement comme pour chanter. Depuis en haut, je ne me préoccupe plus de la terre et ses problèmes. De mon travail, de mes problèmes. Il n’y a que le moment, et elle.
- Pourquoi tu m’as amené ici ?
Elle relève la tête, croise mon regard.
- Tu n’aimes pas ?
Elle n’a pas l’air déçue, elle pose la question en toute simplicité. Pourtant je m’empresse de répondre :
- Non, non, c’est magnifique. Mais je me demandais... non, rien.
Je ne peux pas lui demander si elle montre sa grue à tout le monde.
Je ne saurais dire combien de temps nous restons collés l’un à l’autre, au sommet de cette grue. Le temps que le soleil finisse de descendre, que les premières étoiles soient visibles à son opposé. Puis les préoccupations que j’ai laissé au pied de la grue remontent doucement, répandent leur venin entre les parois de mon crâne : j’ai du travail qui m’attend, j’ai faim. Et j’enlace cette fille qui est beaucoup trop jeune pour moi.
Un pas de côté, je nous décroche doucement.
- Merci.
- De rien.
Elle s’étire, ferme les yeux et inspire à fond. Et c’est là que je le vois, minuscule au coin de ses lèvres mais plus beau encore que l’aquarelle à l’horizon.
Un sourire.
- On descend ?
Je n’en ai pas envie, pas vraiment. J’ai envie de dire non.
- Mieux vaudrait.
- D’accord.
Nous nous rapprochons, prêts à repartir. Et sa main cherche la mienne, vient la presser doucement. Son sourire a disparu, son regard est trop sérieux pour ses seize ans.
- Je t’aime bien, c’est pour ça.
Moi aussi, je l’aime beaucoup, je crois. Et alors que je m’apprête à descendre, elle se hisse sur la pointe des pieds pour venir m’embrasser doucement, bouche fermée. Et je me laisse faire, surpris.
Etonné.
Envoûté.
Merde.
- Mais que...
Elle est déjà sur l’échelle, je la suis sans rien dire, étourdi comme après un verre de trop. Euphorique, un peu. Heureux d’avoir contemplé la ville avec elle. Le temps viendra pour les ennuis, pour les conséquences et la suite. Pour mettre les mains sur la peau, pour plus que les lèvres. Les ennuis viendront après, maintenant c’est le temps de vivre et la descente après tout n’est que physique. Constatation explosive qui résonne en mon présent, entre mon coeur qui bat et le ciel dans nos yeux :
Au sommet de la grue... je suis tombé amoureux.
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Les Chroniques de Livaï #87 ~ LES ENFANTS DE LA PESTE (octobre 833) Furlan Church
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes.
C'est un peu de ma faute, ce qui arrive.
Egon et moi, on était en route pour rejoindre les autres au bar, mais il était déjà passablement éméché. Il s'est mis à me parler de Clem, de façon très hargneuse et irrespectueuse. Je mettais ça sur son ivresse car lui et Clem sont amis depuis leur enfance. Ils s'engueulent parfois mais rien de bien méchant.
Là, il ne cessait de râler et de dire qu'il en avait assez d'être à sa botte, d'être que le second, que Clem avait pas les épaules pour se faire respecter. Je lui ai répondu que Clem était un bon chef et que si j'étais dans la bande, c'était uniquement parce qu'il la commandait. Il s'est énervé encore plus, et a commencé à sortir des trucs sur la... sexualité de Clem que je peux à peine me redire en pensée tellement c'était crade. Disons pour faire court qu'il l'a traité de couille molle.
J'ai vu rouge. Je me suis arrêté en pleine rue et je me suis mis dans une rage folle. Je lui ai gueulé que c'était lui la couille molle, qu'il avait rien ni dans le froc, ni dans la tête !
J'ai bien compris que c'était allé trop loin et Egon s'est rué dans le bordel le plus proche en hurlant "On va voir qui est une couille molle ! Moi au moins je suis capable de baiser une fille !" Je l'ai suivi en essayant de le calmer, mais il a balancé une chaise dans la fenêtre, a attrapé une fille qui discutait avec un homme dans un coin et l'a traînée par terre. Il ne cessait de répéter "couille molle ! couille molle !" sans arrêt. Ses yeux étaient exorbités et tout le monde s'écartait sur son passage. Deux souteneurs ont essayé de l'arrêter, mais il les a balayés d'une seule main. L'alcool devait décupler ses forces.
Tous les bourgeois de la surface se sont sauvés en courant pour s'éloigner de ce spécimen fou des bas-fonds. Je le suivais quelques pas derrière mais il semblait pas faire attention à moi. La fille criait et pleurait en appelant à l'aide... Je savais même pas si c'était une prostituée... Elle me faisait pitié... Si je pouvais le faire lâcher prise quelques secondes...
Je me suis décidé à lui sauter sur le dos, mais il a juste eu à se secouer pour m'envoyer bouler. Quand je me suis relevé, j'ai vu Clem qui lui fonçait dessus. J'ai bien cru qu'il allait se faire assommer, mais Egon a fini par terre. Après un coup de tête très violent, Clem a volé en arrière, dans un étal de pommes. La fille était tellement terrifiée que même libre, elle pensait pas à s'enfuir. Egon l'a reprise par le poignet et a continué à la traîner dans la poussière. Personne faisait rien, alors Clem m'a soufflé d'aller chercher la milice.
Je suis en train de courir en direction du centre-ville quand j'aperçois Livaï. Il sort d'un magasin de fruits et légumes juste en face. Il a toujours l'air à moitié endormi mais faut jamais s'y fier. Il semble comprendre tout de suite ce qui se passe, et il fait alors quelque chose de totalement dingue. Il pose le sac plein qu'il a à la main dans un coin, se retrousse les manches, s'accroupit et s'élance vers Egon comme une flèche. Au dernier moment, il saute en l'air et décoche un magistral coup de pied dans la mâchoire d'Egon, qui bascule sur le côté, totalement ignorant de ce qui vient de lui arriver.
Egon a la bouche en sang, mais il est pas hors combat. Il semble même reprendre un peu ses esprits, comme si ce coup l'avait ramené à la réalité. Il se relève et essaie de choper la jambe de Livaï, qui l'évite d'un bond. Puis, il s'avance vers lui et fais reculer Egon sur les fesses. Il me jette un regard en coin, et je comprends ; il veut l'éloigner de la fille. Je m'approche d'elle et je la prends par les épaules pour la mettre à l'abri. Elle ne pleure plus et semble totalement hypnotisée par Livaï, qui fait face à Egon sans aucune peur.
Je sais de quoi il est capable, je connais sa réputation mais je l'avais jamais vu à l'oeuvre. Egon non plus, je suppose. Il amorce un coup de poing dans la direction de Livaï, mais celui-ci glisse le long du bras de son adversaire, avec une rapidité étonnante, et lui colle son poing juste sous l'aisselle. Egon chancelle encore, mais tente de nouveau son coup de tête fétiche. Livaï l'encaisse avec sa propre tête, mais c'est Egon qui semble sonné. Ils saignent tous les deux, pourtant Livaï semble insensible à la douleur. Il toise Egon de toute sa petite taille, en l'invitant des yeux à continuer le combat, s'il l'ose.
Egon relève le défi, et fonce sur Livaï. Il l'attrape par la taille et tente de le plaquer au sol ; mais Livaï résiste, aussi étonnant que ça puisse paraître. Egon change de tactique et essaie de le soulever. Il finit par y arriver et Livaï décolle du sol comme s'il pesait rien. Mais, comme si Livaï se servait de la force d'Egon à son avantage, il le fait presque basculer en arrière en saisissant son gros bras, se rétablit sur ses pieds et, dans un mouvement impossible à décrire, fait virevolter Egon dans les airs pour le faire retomber lourdement sur le dos.
J'avais jamais vu quelqu'un se battre comme ça. Sans aucune autre arme que son corps, Livaï a réussi à mettre à terre un adversaire deux fois plus grand et plus lourd que lui. Il semble même pas essoufflé, comme si c'était banal pour lui.
Il s'asseoit sur la large poitrine d'Egon, croise les bras et se penche vers lui. Il a l'air de lui dire quelque chose mais j'entends pas quoi. Egon hoche la tête, et Livaï se relève en s'époussetant les vêtements. Il reprend son sac, me jette un coup d'oeil, et, enfin je pense l'avoir vu, semble s'attarder un peu sur Clem, qui arrive vers nous, soutenu par Hagen. Il hoche la tête à son adresse et s'en retourne comme si rien ne s'était passé. Je capte le regard de Clem, planté dans le dos de Livaï qui s'éloigne... Il y en a long, dans ce regard ; comme un terrible regret...
Egon roule sur le dos en gémissant, et Clem demande qu'on aille le plonger dans la fontaine pour qu'il dessoule. Je me demande si je vais pas faire pareil, histoire de me remettre les idées en place après ce que je viens de voir.
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