#et j'ai été voir la mer
Explore tagged Tumblr posts
Text
#billet#pas de rando#il ne fait pas très beau aujourd’hui#le sud#en attendant#j'ai rattrapé mes mails perso non répondus depuis 6 mois#et j'ai été voir la mer
6 notes
·
View notes
Text
Journal
Il y a 20 ans, tout commençait entre nous. Nous nous sommes connus sur un site de discussion, comme il y en avait beaucoup au début des années 2000. J'étais en vacances dans le sud et nous avons dialogué jusqu'à mon retour en Normandie. Mon divorce venait tout juste d'être prononcé. Nous nous sommes rencontrés au début du mois d'aout et cela a tout de suite fonctionné entre nous. Mais ce mois ci, il y avait les jeux olympiques et ta passion pour le sport est passé avant ton envie de me voir. Vexée, je t'ai dis que je préférais qu'on en reste là. Le 29 aout, tu m'as envoyé un message pour me souhaiter ma fête et le dialogue a reprit. Tu es venu me voir le 6 septembre et nous ne nous sommes plus jamais quitté. Les premiers mois ont été superbes. Nous sortions beaucoup, tu m'emmenais faire des choses que je n'avais jamais faites comme voir un concert d'artiste que je ne connaissais pas (Mes souliers sont rouges) aller à La nuit du Zapping au Zenith de Caen, ou voir des matchs de Hockey sur glace. Nous aimons les choses simples alors nous faisions des pique niques en bord de mer, avec juste du pain et du camembert. Nous allions aussi dans pas mal de restaurant découvrir la cuisine du monde. Et comme je vivais toujours sous le même toit que mon ex-mari, nous allions dormir à l'hotel régulièrement. Tu prévoyais toujours une surprise. Un soir, je suis arrivée après toi et tu avais pavé le couloir de l'hotel de pétales de roses, jusqu'à la chambre ou je devais te retrouver. Quelques mois plus tard, j'ai emménagé dans ta ville, dans la même rue. Mais comme mes 3 enfants vivaient avec moi et que toi, tu n'avais jamais eu d'enfant, nous avons préféré garder chacun notre appartement au cas où. En 2007, nous avons eu notre fils mais nous avons tout de même conserver nos appartements. La naissance de notre fils a changé beaucoup de chose dans notre couple et 3 ans plus tard, afin d'éviter la rupture, nous avons pris la décision de nous laisser la liberté de vivre d'autres choses. Nous avons vécu ainsi quelques années. En 2020, mes 3 premiers enfants étant partis de la maison et le confinement arrivant, tu es venu t'installer chez moi. Nous avons continuer à faire chambre à part. De toute façon, il y avait déjà quelques années qu'il n'y avait plus de relation sexuelles entre nous. Nous sommes des amis, des parents mais plus des amants et probablement plus des amoureux. Nous aimons la façon de vivre de l'autre, le calme, la tranquillité et l'âge venant, nous avons décidé de nous marier, pour mettre à l'abri celui de nous deux qui restera en vie le plus longtemps. Demain, je porterai ton nom. Même si nous sommes très différents dans nos gouts et nos passions, nous en avons une qui nous lie depuis près de 18 ans, notre fils ! Je sais, parce que tu me l'a prouvé, qu'en cas de coup dur, mes enfants et moi nous pouvons compter sur toi. Désormais, nous avons un petit-fils qui, même s'il est le fils de mon fils t'appelle Papi et se moque bien qu'il n'y ait pas de lien du sang entre vous. Alors oui, il me manque la tendresse, la passion, l'amour, les mots doux, les compliments, les câlins, la sensualité, le sexe, la séduction, les projets, les voyages à deux et tout ce qui se rattache au sentiment amoureux. Mais je sais à quel point les sentiments sont éphémères. On dit "Marriage plus vieux (et non pas pluvieux) mariage heureux" parce que justement, on a souvent fait une croix sur la folie de la passion que recherche encore les plus jeunes. Ce qui est important désormais, c'est la stabilité et la confiance et cela, tu me l'apporte jour après jour depuis 20 ans. Merci d'avoir pris soins de moi et de mes enfants. Merci d'être l'homme que tu es, avec tes qualités et tes défauts. Demain, ce sera OUI, pour le meilleur et pour le pire, jusqu'à ce que la mort nous sépare.
22 notes
·
View notes
Text
" Il arrive qu'un journal illustré, entrouvert il y a des années, laisse en nous des traces aussi profondes qu'un grand livre ou qu'une rencontre mémorable. À l'époque où Life était l'hebdomadaire américain par excellence, dans un numéro tourné probablement par une main négligente ( toujours ce qu'on s'attendait à voir : la guerre du Vietnam ou celle de Corée, mêlée à des vedettes de cinéma, du sport, ou de la politique du moment ), je tombai sur la dernière page, réservée d'ordinaire à la "photographie de la semaine", sans référence aux événements d'actualité, élue seulement pour ce que l'image présentait d'exceptionnel, de beau ou de saisissant. Cette fois, c'était, en pleine page, un instantané de femme vue de dos. Une dame quelconque, un peu épaisse, sans doute située entre la quarantaine et la soixantaine, un manteau de voyage qu'on devinait beige, souliers de ville à talons mi-haut, petit chapeau sûrement acheté dans un grand magasin, sac volumineux, serré sous le bras avec ce geste possessif qu'ont souvent les femmes un peu mûres, et qui contenait à n'en pas douter le porte-monnaie, quelques billets de banque, l'assurance-santé, le portrait des enfants ou des petits-enfants, peut-être un de ces petits carrés de papier de soie imprégnés de produit chimique qui donnent à l'Américain en voyage l'impression de s'être lavé les mains. Une rombière américaine telle qu'on les rencontre, innombrables, dans les magasins de souvenirs et les restaurants convenablement bien côtés. Celle-ci était debout devant une mer calme ; une vaguelette léchait le sable à quelques mètres de ses souliers. Cette photographie prise sans doute au cours d'un petit voyage en Californie, par un mari ou un fils un peu en retrait sur la plage, avait eu les honneurs de la semaine parce que, l'instant qui suivit le déclic, une énorme lame de fond emporta la femme, le chapeau du grand magasin, le manteau, le sac, les papiers d'identité avec les portraits des enfants ou des petits-enfants, en fait, toute une vie. Ce qui avait été une forme, une forme reconnaissable, chérie peut-être, ou détestée, ou l'objet pour les siens d'une tranquille indifférence, tricotant ou jouant ou jouant au bridge, aimant la glace aux framboises, en parfaite santé ou atteinte de varices ou peut-être d'un cancer au sein, et jusqu'aux accessoires et au tout-fait de la société de consommation, s'était d'un seul coup amalgamé à la mer informe. Mrs Smith ( si c'était son nom ), ou Jones, ou Hopkins, avait disparu dans le primordial et l'illimité. J'ai repensé plusieurs fois à elle. J'y pense encore. À l'heure qu'il est, je suis peut-être la seule personne sur la terre à me souvenir qu'elle a été. " M. Yourcenar
19 notes
·
View notes
Text
[It's nothing less, nothing less between the worldly and the one self. All this breathing and the truth that's in your last breath. Don't it make you want to cry?]
VII - Daphnis
Paddington a pris une profonde inspiration puis m'a lu la traduction.
"Plongez dans les sept mers."
J'étais prêt, mais où était la mer ?
Instinctivement, je savais que cette phrase devait faire allusion aux sept chansons. Les sept mers du son. Depuis le tout début, j'avais le sentiment que quelque chose s'y cachait. Je devais juste plonger et le trouver, quoi que ce soit. Le problème était que j'ai déjà connu ces chansons par cœur. Il n'y avait rien d'autre à découvrir. Mais peut-être que j'ai juste besoin de regarder de plus près. Il existe toujours plus de détails. Toujours un autre monde dans le monde. Les réponses étaient là quelque part.
L'enquête qui a suivi a été compliquée et ardue. J'ai passé ces dix-sept minutes au peigne fin, à la recherche du lapin blanc. Chaque son, chaque bruit de fond, chaque grincement du piano devenait une voix. Aucun détail trop petit, aucune intuition trop farfelue. Je suis allé de plus en plus profondément dans une fractale sans fin. J'ai disparu dans la mer et j'ai perdu de vue ce que je cherchais. J'ai pris chaque murmure et l'ai transformé en un mot de passe. Rien n'a fonctionné.
J'ai également perdu le contact avec le monde extérieur et je n'ai pas parlé avec mes amis pendant plusieurs semaines. Un soir, Christina est passée sans me prévenir pour voir comment j'allais. J'ai rangé en hâte et je l'ai laissée entrer. J'avais définitivement une sale tête, mais elle ne l'a pas commenté. On a parlé un moment et quand il y a eu une pause dans la conversation, elle m'a demandé ce que j'écoutais. Ça jouait en boucle depuis si longtemps que je ne remarquais même plus la musique. J'ai répondu que c'était l'album qu'elle m'avait aidé à trouver au café la dernière fois qu'on s'était rencontrés.
On s'est assis et on a écouté l'album entier en silence, puis j'ai finalement arrêté la boucle.
Christina: C'est étrange.
Moi: Je suis d'accord. Ces chansons sont très courtes et sans aucune structure. Pas vraiment bien écrit. Une seule mélodie presque enfantine et puis c'est fini.
Christina: Non, non, je suis habituée aux musiques expérimentales. En fait, c'est comme la bande originale d'un jeu vidéo. Mais, il y a des choix étranges faits ici. Par exemple, cette chanson que l'on a juste écouté…
Moi: Hořčický.
Christina: Quoi ?
Moi: Ç'est le titre. Ça ne fait rien.
Christina: De plus en plus bizarre. En tout cas, c'est une chanson très calme, mais tout à coup un instrument bruyant joue quatre notes et rien d'autre. Je pense que j'ai entendu ce bruit dans plusieurs chansons. C'est bizarre, non ?
J'ai recommencé à jouer l'album. Je connaissais exactement le son dont elle parlait. Ça apparait une fois dans chaque chanson. Je ne pouvais pas croire que je n'avais pas vu la vue d'ensemble plus tôt, mais j'avais simplement été trop près pour la voir. Christina m'avait donné la clé, maintenant je devais franchir la porte.
Je me suis retrouvé avec ce qui suit écrit dans mon cahier:
Adrogué (−·· = D)
Terra Incognita (·− = A)
Unending Night (·−−· = P)
Hořčický (···· = H)
Who Is The Dreamer? (−· = N)
Adelma (·· = I)
El Barco Velero (··· = S)
En les mettant ensemble, j'ai obtenu DAPHNIS. Un nom si familier. J'ai feuilleté mon carnet et sur la page écrite lors de la visite au Louvre pour voir le tableau Et in Arcadia Ego, j'ai trouvé: "Les bergers sont réunis autour d'une pierre tombale. L'un des bergers pointe le nom gravé sur la pierre tombale : Daphnis."
Je m'en suis voulu de ne pas avoir essayé ce nom plus tôt, mais avec tant de possibilités à parcourir, j'en avais raté quelques-uns évidents. J'essayais de comprendre comment tout était lié. Les cartes de tarot, Nicolas Poussin, le manuscrit de Voynich… tout semblait être un monde à part et impossible à relier. Comment Leonora était-elle connectée à Daphnis? Et qui est la rêveuse? À ce moment, il m'est venu à l'esprit que les réponses à certaines de ces questions pourraient se trouver dans les titres des chansons. Mais d'abord…
J'ai rechargé le site web. Rien n'avait changé. Les pages du manuscrit de Voynich étaient encore légèrement en arrière-plan, tout comme la case pour le mot de passe. J'ai soigneusement tapé Daphnis et cliqué sur la button. La case n'a pas tremblé cette fois-ci. Au lieu de ça, le site a disparu. Après quelques secondes, deux triangles sont apparus; un blanc et un noir. L'image de fond est également passée de Voynich à un dessin d'une mystérieuse créature ressemblant à un cheval avec trois têtes.
Les triangles ont disparu et ont été remplacés par du texte qui s'est estompé ligne par ligne. Je ne pouvais pas le comprendre, encore une fois c'était écrit dans l'alphabet Voynich. Il était tard, mais j'ai écrit un message à Paddington et lui ai demandé s'il pouvait m'envoyer la cartographie qu'il avait utilisé pour le dernier message. Il s'est avéré que Paddington était toujours éveillé. J'ai reçu presque aussitôt cette image:
Avec cette aide, j'ai traduit les mots à l'écran.
S'est-on réunis au-delà des ruines circulaires ? Quelque chose n'allait pas On s'est vu dans le miroir Mais on n'était pas dans la même pièce Les intruses Les témoins La rêveuse Je réside dans un endroit où le temps n'existe pas Détenant les secrets de Dieu
Il y avait un symbole; un carré avec un cercle au milieu, sous le texte. Je l'ai cliqué. Le symbole a tourné et est devenu un diamant, avant de disparaître. La plupart des lettres du texte se sont estompées, ne laissant que celles qui forment la phrase Trouve moi.
C'est alors que j'ai remarqué que l'image de fond avait encore changé. Cette fois, c'était une carte d'un monde.
#s10e11 sweet 'n savory#guy fieri#guyfieri#diners drive-ins and dives#i tego arcana dei#terra incognita
93 notes
·
View notes
Text
" Puppy Love "
𝗠𝗲𝘁 𝗲𝗻 𝘀𝗰𝗲̀𝗻𝗲 : Arlong The Saw.
𝗥𝗲́𝘀𝘂𝗺𝗲́ : Malgré les actes cruels qu'il commettait depuis son retour à la surface, Arlong avait le cœur tendre. Il le cachait, brisé et piétiné par le passé. Cependant, en sa présence, sous son regard d'une innocence pure, il ne savait plus comment taper du pied et s'affirmer. Elle, son amie de longue date, la fille qui avait fait chavirer son cœur et qui continuait de le mener par le bout du nez, malgré les années et les monstruosités dont il avait été témoin.
𝗔𝘃𝗲𝗿𝘁𝗶𝘀𝘀𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 : aucun.
ENG : PLEASE DO NOT STEAL MY WORKS. If you want to translate it, ask me first then we can talk about it. If you want to find me on Wattpad, my account is in my bio, this is the ONLY ONE i have. FR : MERCI DE NE PAS VOLER MES OS. Si vous avez envie de les traduire, merci de me demander la permission avant. Si vous voulez me retrouver sur Wattpad, j'ai un lien dans ma bio, c'est mon SEUL compte.
𝙽𝚘𝚖𝚋𝚛𝚎 𝚍𝚎 𝚖𝚘𝚝𝚜 : 𝟐,𝟏𝟔��.
Commentaires, likes et reblogues super appréciés. Tout type de soutien l'est, merci beaucoup !! <33
Sous les yeux pétillants de Arlong, la jolie sirène gloussa. Elle camouflait son sourire derrière sa main, les yeux clos, et son cœur battant à tout rompre. Elle en sentit chacune de ses palpitations. Arlong, quant à lui, avait les pieds plongés dans l'eau, il était assis sur le bord de sa piscine personnelle donnant accès à la mer, la sirène devant lui étant dans l'incapacité de le rejoindre sur la terre ferme.
Les autres hommes poissons habitants Arlong Park, compagnons et amis de Arlong, avaient depuis longtemps disparu, séparés en plusieurs groupes qui s'en étaient allés récolter leurs dûs dans les villages de l'île Conomi. Une fois le bâtiment vidé, Arlong avait rejoint la sirène et, sans s'en être rendu compte, une heure et demie s'était déjà écoulée. Trop occupé par son rire et son savoir enthousiaste, l'homme poisson requin scie en aurait presque oublié la rage qu'il portait envers le monde des hommes, et, ainsi, il ne songeait qu'à elle. Cela fut la raison pour laquelle Arlong regardait la sirène, ou plutôt : la raison pour laquelle il ne l'a quittait plus du regard.
« Tu es tellement drôle, Arlong. » miaula la demoiselle, des étoiles dans les yeux. « Les garçons dans le district des hommes poissons ne sont pas comme toi. Ils sont ennuyants et si faibles... Il n'y a que toi qui sait te montrer aussi parfait. »
L'ego de Arlong s'en retrouva boosté, l'homme poisson bomba le torse, un sourire carnassier dessiné sur ses lèvres humides. La jolie sirène, elle, occupée à l'admirer, s'accouda contre le bord de la piscine. Elle reposa sa mâchoire contre la paume de sa main et fit parcourir ses pupilles qui brillaient d'admiration sur le splendide visage de Arlong. Elle se mordit la lèvre inférieure à la vue de son fier torse marqué au fer rouge, aucunement tâché par des cicatrices. Car Arlong n'était pas le type d'homme à tomber au combat, il n'était pas le type de garçon à essuyer des coups, il était celui qui les assénait.
« Le district des hommes poissons, ça me rappelle des souvenirs. »
« Oh, tu devrais y revenir un de ces jours ! » s'exclama la sirène. « Je suis sûre que tout le monde serait ravi de te voir ! »
« Après tout ce temps ? J'en doute. »
Arlong déposa une main sur le crâne de la demoiselle, sa paume était si grande et ses doigts si longs que le tout vint presque recouvrir sa tête. La jeune femme gloussa à ce geste, sa queue tressaillit et son cœur bondit dans sa poitrine. Elle serra ses poignets contre sa poitrine. Ses yeux donnèrent l'impression de s'être changés en cœur, Arlong pensa même qu'elle s'était métamorphosée en roc. Cependant, l'intensité avec laquelle elle le regardait lui certifiait le contraire.
« Tu seras accueilli en héros, même le roi Neptune devrait se déplacer ! » affirma-t-elle. « Tu as fait tellement pour nous protéger, jamais nous ne pourrons assez t'être reconnaissant. »
Arlong grinça des dents, il retira sa main d'elle et la plaça ensuite sur le bord de la piscine. Il savait que son admiration avait un côté pervers. L'obsession qu'elle lui vouait était malsaine, Arlong n'était pas quelqu'un de bien. Arlong prenait plaisir à torturer enfants et femmes. Il en avait même tués. Aveuglé par son désir de vengeance, il se savait monstre et non héros. Cependant, être vu de cette manière par la fille dont il était épris depuis l'enfance lui faisait de l'effet. Aussi innocente que splendide, elle lui vouait un amour aveugle auquel il répondait par les mêmes symptômes. Arlong voulait juste profiter de ça, encore un peu plus longtemps, il voulait qu'elle continue à le regarder avec ces gros yeux globuleux semblables à des cœurs qui ne battaient rien que pour lui.
C'était égoïste, mais Arlong l'était, égoïste. Qui avait-il de mal, alors, à profiter de la situation ? C'était tout ce dont il avait toujours rêvé. Il était servi.
« T'es bien gentille, mais ça fait longtemps que l'équipage de Fisher Tiger n'est plus vu en héro. Il faut te faire une raison. »
« Je suis sûre qu'un jour on vous rendra justice. »
Glissant la paume de sa main sur sa joue, la demoiselle pencha la tête sur le côté afin d'avoir accès au profil de Arlong. Elle lui sourit de manière stupide, toujours avec ce regard intense et accompagnée par les battements rythmés de son organe thoracique. Arlong en rougit. Il détourna le regard et se racla la gorge.
« Tu resteras toujours mon héros, moi. » avoua-t-elle. « Après tout c'est toi qui m'as sauvée la vie lorsque ces stupides humains ont cherché à m'enlever. Je m'en souviens comme si c'était hier. »
De cet acte charitable, en était née une obsession. Ce fut une journée banale où un Arlong très jeune, enfant, avait vu la jolie sirène, plus jeune de quelques années que lui, se faire emprisonnée par un groupe de pirates. Elle s'était débattue aussi fort qu'elle avait pu. Elle s'était souvenue de ce que ses parents lui avaient dit à propos des humains, de leur dangerosité et de leur avidité, alors, lorsqu'elle s'était retrouvée face à eux, elle avait immédiatement cherché à s'enfuir. Et si Arlong ne les avait pas sauvagement assassinés ce jour là, elle serait sûrement morte aux mains d'un dragon céleste ou utilisée comme décoration dans un aquarium.
Arlong était devenu bien plus que son sauveur, il était devenu son Dieu.
« C'est rien. J'allais pas les laisser t'emmener. »
Émue, la sirène déposa sa main gauche sur la sienne. De l'eau gouttait de ses doigts, la main de Arlong finit aussi trempée que la sienne. La demoiselle profita de son silence pour entremêler ses doigts aux siens. Arlong déglutit. Il jeta un coup d'œil à sa main et serra ses doigts entre les siens tout en relevant son regard dans le sien. Ce contact physique les reliant fit tambouriner leur deux cœurs à vive allure, Arlong déglutit de nouveau tandis que la jolie jeune sirène, elle, fut incapable de respirer autre chose que son odeur et de contempler autre chose que son faciès.
« Tu as un si grand cœur, pas étonnant que tu sois arrivé à faire tout ça. » songea-t-elle en faisant référence à Arlong Park. « Tu me garderas avec toi lorsque tu auras conquis tout East Blue, n'est-ce pas ? »
« Pourquoi pas. » répondit-il.
« Oh, oh ! Comme c'est excitant ! J'ai hâte de voir à quoi ressemble le reste du monde ! » elle s'enthousiasma. « Est-ce que tu crois qu'il y a des parcs d'attraction comme sur l'archipel Sabaody ? J'aimerais tous les essayer ! »
Arlong sentit ses doigts s'accrocher aux siens, la sirène était si heureuse à l'idée d'enfin pouvoir profiter de la terre ferme qu'elle fut incapable de contrôler sa force. C'était avec des étoiles dans les yeux qu'elle déblatérait son désir de profiter des constructions humaines, et Arlong l'écoutait attentivement. Il tendait l'oreille, hochant la tête lorsqu'elle citait le grand huit, les auto-tamponneuses, la nourriture à base de sucre; tels que la barbe à papa ou la pomme d'amour, et se rapprochait d'elle lorsqu'elle tirait avidement sur son avant-bras de sa main libre.
« C'est réel, Arlong ? Tu vas vraiment faire tout ça ? »
« C'est que justice. » répondit-il.
« C'est fantastique. Tu es fantastique ! »
Elle avait suffisamment approché l'homme poisson requin scie pour que, finalement, elle puisse embrasser son menton. La sirène l'avait attrapé, puis elle remontait sa paire de lèvres jusqu'à la commissure de sa bouche. Et enfin, sa joue. Elle baisa cette partie avec des yeux clos et sa peau poisseuse toute chaude. Arlong rougit face à ce geste. Il la regarda avec surprise, serra sa prise sur sa main un peu trop fort, sentit ses yeux s'écarquiller et son souffle se couper. C'était agréable. Son odeur, sa peau, ses doigts, ses lèvres, tout ce qui se passait autour d'eux, et ce silence aussi... Arlong et la sirène étaient, à s'y méprendre, seuls au monde. Il n'y avait qu'elle et l'amour de sa vie. Lui et la fille de ses rêves.
Et alors qu'elle se recula de manière brusque, le regard fuyant à cause de son geste spontané qu'elle regretta subitement, elle apportait ses mains hésitantes à sa poitrine, et détournait le regard. Ce fut avec une certaine honte qu'elle regarda partout sauf dans la direction de Arlong.
« Pardon. Je n'aurais pas dû. »
« Non. Non, c'est rien. »
Arlong avait avoué cela tout en apportant ses doigts à sa mâchoire, il les avaient ensuite remontés sur sa joue. Sa joue tachée par son rouge à lèvres, sa joue toute rosie par un joli sentiment d'embarras qui s'emparait de lui. Les pupilles de Arlong tremblèrent. L'homme poisson tremblait de tout son être à vrai dire, son cœur fou en était à coup sûr le responsable. Et tandis que la demoiselle fut incapable de regarder son premier amour dans les yeux, ce dernier, quant à lui, fut incapable de cesser de la contempler.
« Je suis heureux de savoir que tu as confiance en moi. »
Arlong déposa de nouveau sa main sur le sommet de son crâne, il força la sirène à planter ses yeux dans les siens et refusa de la laisser partir.
« Tu plaisantes ? » s'étonna celle-ci. « Bien sûr que j'ai confiance en toi, Arlong ! Tu es le futur héros de l'île des hommes poissons, un grand avenir t'es destiné. Et je n'ai pas besoin de voir dans le futur pour le savoir. »
Enroulant ses doigts autour de son poignet, la jeune femme apporta la main de Arlong entre ses seins.
« Mon cœur, c'est lui qui me le dit. Et j'ai autant confiance en lui que toi. »
Un sourire carnassier prit place sur les lèvres de Arlong.
« J'en doute pas. Après tout, y'a qu'un pirate de ma trempe qui régnera sur les quatre mers. C'est mon destin. »
À ces mots, la sirène frémit.
« Oui, c'est ça. »
Apportant le dos de ses doigts contre sa joue, la jolie demoiselle sourit plus fort. Elle sentit le pouce de Arlong caresser sa joue, elle zieuta sa main d'ici et resserra sa prise sur son poignet dans l'optique de le faire continuer. Elle ne voulait plus le lâcher. Et ce n'était pas comme si Arlong désirait le contraire. Il la toisait de toute sa hauteur, contemplant l'état docile et amoureux sans lequel elle se trouvait. Et il la trouva splendide, il la trouva si belle qu'il en terminait bouche bée.
« Il n'y a que toi qui puisse le faire, Arlong. Il n'y a que toi qui puisse tous nous sauver... »
Et ce fut sur ces mots rempli d'espoir, que la demoiselle ferma les yeux et poussa un long soupir. Arlong, quant à lui, resta muré dans un silence dont la jolie sirène ne compris point le sens. Mais il fut si réconfortant qu'elle y porta peu d'importance.
13 notes
·
View notes
Text
Lanterna Magica
Aurora Borealis Arctic Regions – sur la banquise, des marins anglais fraternisent avec des Esquimaux. L'un d'eux regarde son visage dans un miroir que lui présente un Anglais. Un bateau est pris dans la glace, un mur de glace a été construit pour éviter que le navire soit brisé. Dans le ciel bleu et violet, une magnifique aurore boréale.
Visible en ce moment au Musée de la Marine, dans le cadre de l'exposition temporaire Objectif Mer: l'océan filmé (jusqu'au 05/05/2024).
La « lanterne magique » apparaît en 1659 à La Haye, dans le laboratoire de l'astronome hollandais Christiaan Huygens. La lanterne magique permet la projection amplifiée, sur écran, d'images peintes sur verre. Ces images peuvent être fixes ou animées, grâce à des superpositions de verres mobiles.
Au XIXe siècle, avec la commercialisation des plaques et appareils par l'opticien Philip Carpenter et les spectacles de la Royal Polytechnic Institution. La lanterne a joué enfin le rôle de messagère d'informations, projetant les derniers événements politiques ou sociaux, comme lorsqu'une expédition s'approchait du pôle Nord...
Arctic Scene – une mer houleuse, encombrée de gros blocs de glace qui semblent enserrer deux voiliers, dont l'un, rempli de neige, paraît abandonné.
Mock Suns – dans le ciel bleu sombre, le soleil de minuit sur la banquise. Un voilier est pris dans les glaces. Des marins marchent sur la banquise.
J'ai trouvé très (très) peu d'informations quant aux plaques qui étaient dans les vitrines de cette exposition, cependant, la Cinémathèque française possède d'autres plaques parfaitement identifiées qui montrent l'expédition de Ross en Antarctique et les expéditions à la recherche de Sir John.
Vous pouvez voir le catalogue (avec d'excellents photos) ici: http://www.laternamagica.fr/resultat.plaques.php?collection=Royal+Polytechnic
Et quelques infos en plus dans cet article de la revue du cinéma : https://www.persee.fr/doc/1895_0769-0959_1996_hos_1_1_1152
Lien vers l'exposition: https://www.musee-marine.fr/nos-musees/paris/expositions-et-evenements/les-expositions/objectif-mer-locean-filme.html
Carpenter et Westley, plaque sur l'expédition de 1850 à la recherche de John Franklin.
Coll. Cinémathèque française.
8 notes
·
View notes
Text
Quand j'étais petite, même adolescente, la réponse de mon père à mes problèmes était souvent la même "on nait seul, on meurt seul, ce qu'il y a au milieu, c'est un flux incertain de gens, d'argent, de moments". J'étais toujours frustrée, c'était trop pragmatique, parce que moi je me raccrochais aux flux en les pensant constant. J'étais sûre que ce serait les gens dans ma vie qui me feraient vivre et qui y donneraient un intérêt. En un sens, c'est vrai. Ça compte beaucoup mais ça ne comptera jamais autant que nous en tant qu'individu. Ma capacité à être mon pilier, ma sûreté, ma zone de confort a longtemps était insuffisante car je ne pensais pas que ça devait venir de moi. J'ai mis du temps à comprendre que les ressources c'était dans les miennes qu'il fallait que je pioche pour avancer car elles, étaient à moi. Celles des autres sont éphémères et pas à ma disposition. J'ai toujours beaucoup de mal avec cette notion d'auto suffisance. Je dois pouvoir subvenir à mes besoins émotionnels, vitaux, individuels. Ça m'a toujours paru être une trop grande responsabilité pour moi. Aujourd'hui j'écris ça au bord de la mer. C'est la 2e fois en 6 mois dans cette nouvelle vi(ll)e que je fais ça. Je sors pas par nécessité, pas parce que je dois acheter quelque chose, aller à la fac ou encore chez le médecin. Non. Je sors pour me balader. Sans but. Juste parce que j'ai le temps et l'envie. La première fois, j'avais écrit du même endroit, en septembre, et complètement brisée. J'étais prise dans une tempête émotionnelle et sensorielle. J'avais peur pour ma mère. J'avais mal d'avoir laissé la liberté à ce garçon de me heurter. Je n'étais pas sûre de vouloir continuer les études. Je ne sais pas si je ne ressens plus tout ça. Ce serait mentir de dire que la peur, la rancoeur et le doute ne font pas partie intégrante de ma vie mais dans la mesure où ils ont toujours été présents, je ressens plus de facilité à atténuer. Je regarde la mer avec plus de sérénité. C'est peut-être bon signe que je recommence à sortir sans but et à aller au cinéma. Après tout ce temps, peut-être que l'habitation est enfin là. J'ai de moins en moins mal au ventre à mesure que le temps passe. Je trouve une sorte de routine. Enfin. Je me prépare à une rupture qui aura lieu tôt ou tard et je tâche de faire ce qu'on attend de moi. Me détacher de toute la souffrance que je sais me rajouter seule. J'essaie de faire à manger régulièrement, ne pas louper de cours, ne pas être flexible, ne pas me forcer, me cultiver, être quelqu'un de moins pénible pour moi et pour les autres. Juste prendre le temps de sourire aux personnes âgées dans la rue, parler aux filles du groupe, lire mes cours. C'est pas chose aisée. Je me contraints à être quelqu'un que j'aimerais côtoyer. J'essaie de prendre tout ça comme un moyen de grandir et moins comme une punition. Sûrement que tout arrive pour une raison (plus ou moins valable) et que ça prend du temps de voir ce qu'on peut en faire de bien. Je ne crois pas que je me déteste, je crois que je me tolère.
17 notes
·
View notes
Text
Je n'ai jamais voulu être un adulte
J'ai toujours combattu
De l'extérieur je suis devenu dur comme de la pierre
Et pourtant j'ai souvent été blessé
Quelque part au fond de moi je suis encore un enfant
Seulement quand je ne peux plus le sentir
Je sais que c'est trop tard pour moi
trop tard, trop tard
Au fond de la mer
Où toute vie est éternellement silencieuse
Puis-je encore voir mes rêves
Comme l'air qui monte des profondeurs
Quelque part au fond de moi
je suis resté un enfant
Seulement quand je ne peux plus le sentir
Je sais que c'est trop tard pour moi
trop tard, trop tard
Je glisse dans l'obscurité
Et attends la lumière du matin
Puis je joue avec le rayon de soleil
L'argent se brise dans l'eau
Quelque part au fond de moi
je suis resté un enfant
Seulement quand je ne peux plus le sentir
Je sais que c'est trop tard pour moi
Trop tard, trop tard ?
16 notes
·
View notes
Text
1er avril
quand on est arrivées hier la télé était allumée dans le salon et je pensais à mon texte sur ma famille dans lequel je dis deux fois que la télé est allumée et je sentais que la deuxième fois était de trop mais je l'ai laissé. parfois je me dis que c'est un bon texte et que je fais qu'énoncer des faits objectifs et qu'y a plus de tendresse que de condescendance. je me dis que je dis juste la vérité, mais évidemment ça se joue dans les vérités que je choisis de dire. ça se joue dans le choix des faits et leur agencement. j'ai peur que le texte manque de nuance. j'ai peur d'avoir caricaturé. d'avoir été blessante. j'ai l'impression d'avoir pris trop de risques. j'avais écrit je suis née en france pour des raisons administratives, le seul bébé que ma mère ait décidé de garder, je l'avais envoyé comme ça et puis je suis partie au concert d'audrey et j'arrêtais pas d'y penser sur mon banc d'église, alors dès que je suis rentrée je leur ai renvoyé le texte sans la deuxième partie de la phrase. j'avais trop peur de trahir maman. même si elle le lira jamais, puisqu'elle ne lit aucun de mes textes. de toute façon il sera probablement pas pris et j'aurai plus à me poser de questions. mais déjà, je sais où sont mes limites, ça c'est bien, je suis pas complètement unhinged non plus. et ça m'a fait du bien de l'écrire.
je viens de me rendre compte que la tortue était en train de prendre le soleil à côté de moi. elle a la tête en l'air et les yeux mi-clos. ce matin au petit-déjeuner elle a traversé mon assiette. elle a mis une patte dans le miel et elle laissait des petites traces de miel sur la nappe blanche. j'avais l'impression de regarder un dinosaure. j'avais un dinosaure dans l'assiette. en regardant sa tête elle me faisait un peu penser à mamie mais je sais pas si c'est parce que c'était sa tortue ou si elle ressemble vraiment à mamie.
hier h. m'a demandé ce que j'allais faire à bruxelles et je lui ai dit que j'avais été publiée dans une revue littéraire et que j'allais à la soirée de lancement pour faire une lecture, d'une toute petite voix, comme si j'assumais pas, non mais je veux pas vous embêter avec ça. elle a rien répondu, elle m'a même pas félicitée, et je me suis demandé ce que ça signifiait pour elle que je sois publiée dans des revues littéraires. pour moi c'est un gros truc, je suis archi fière, je me sens validée, je me suis tellement prise au jeu que mon instagram est rempli de littéraires et je baigne de plus en plus dans ce monde maintenant. mais vu de l'extérieur, depuis la perspective d'h. par exemple, on s'en fout que je sois publiée dans des revues littéraires? peut être qu'elle savait tout simplement pas quoi dire. parfois je me dis que ça les intimide, mais après je me demande pour qui je me prends de penser ça.
je sais maintenant pourquoi j'avais pas envie de venir à la mer, nouveau débordement des égouts dans la cuisine!! en allant chercher ma valise dans la chambre de j. ce soir j'ai fait trainer le plus longtemps possible parce que je voulais pas partir, je me suis assise sur le lit en disant i don't wanna leave à la couette et aux coussins et à la fenêtre et au placard et au tapis et à la table de nuit et à la commode et au cadre avec la photo de mamie posée dessus. je sais pas si c'est le pouvoir magique de la chambre de j. (cf l'été 2004) ou si c'est parce qu'elle était encore imprégnée de ma lecture de pessoa de la veille, mais j'avais le coeur brisé de partir.
en allant à la pierre plantée j'étais seule avec h. dans sa voiture, on regardait la tête de gaïa sortir de la fenêtre de la jeep de f. devant et à la radio ils parlaient des bateaux de l'escale à sète qui étaient en train de sortir du port et puis au retour elle m'a emmenée à l'endroit d'où on voit sète et la mer pour voir si on voyait les bateaux partir mais on a rien vu. mais j'ai vu un écureuil courir sur une branche et je regardais les pins et les vignes défiler par la fenêtre ouverte et je regardais h. qui conduisait et je pensais à ces dernières semaines au luxembourg et à la mort et tout d'un coup j'ai eu envie de pleurer. je me suis retenue mais j'avais envie de lui dire tout. qu'au luxembourg j'ai envie de mourir mais ici non. j'avais envie de lui demander si la prochaine fois que j'aurais envie de mourir je pourrais venir dormir chez elle, comme antidote, et puis qu'elle m'emmène à la pierre plantée tous les jours dans sa voiture avec la vitre ouverte sur les pins et les vignes.
la maison d'h. et f. m'a tellement guérie que j'étais d'excellente humeur à midi à table à côté de g. l'autre boulet de la famille sans vie sociale, malgré mon mal de ventre des règles, rien ne m'atteignait. en petit (gros) bonus j'avais un message de r. sur mon téléphone qui disait rien de particulier mais il m'a fait rire et le simple fait qu'il m'écrive a suffi à me coller un gros sourire sur les lèvres parce que ça veut dire qu'il est pas fâché avec moi (pourquoi il serait fâché? je sais pas, il faut demander à mon cerveau ravagé) et qu'il m'aime toujours.
2 notes
·
View notes
Text
Les poussières dorées
J'ai passé toute la semaine dernière à écrire cet article de blog dans ma tête, tant et si bien qu'il n'en reste rien — me voilà donc condamnée à reprendre de zéro. Je crois que je voulais écrire que je suis allée voir Dune au cinéma — la suite, évidemment — et que j'ai aimé certaines choses (le fait que le personnage de Chani ait gagné en profondeur, et Zendaya qui lui donne beaucoup de force) et que j'en ai regretté d'autre. J'ai surtout regretté les choses bizarres du roman qui ont disparu avec cette adaptation. L'enfant qui naît avec les connaissances d'une adulte, les longs trips psychédéliques sous eau de vie qui m'avaient tant marquée sous la plume d'Herbert. Même la chevauchée épique sur le ver Shai-Hulud m'a laissée un peu sur ma faim. Je crois que je ne cesserai jamais de regretter chez Villeneuve sa capacité à lisser les choses. C'est un cinéma qui n'imprime pas vraiment d'images dans ma rétine, comme s'il glissait sur mes yeux. J'ai beaucoup pensé à mon rapport aux images ces derniers jours puisque nous avons regardé par accident un film que nous avions déjà vu, Panic à Needle Park. Je me suis étonnée de ces fictions qui ne laissent pas le moindre résidu en moi quand d'autres déposent leurs poussières dorées jusqu'au plus profond de mon âme. Qu'est-ce qui accroche, qu'est-ce qui s'évapore ?
Bungalow pour femmes de Raoul Walsh (1956)
J'étais contente, après Dune, de regarder Bungalow pour femmes de Raoul Walsh (je préfère évidemment le titre anglais The revolt of Mamie Stover). Contente d'y trouver le visage en colère de Jane Russell mais aussi les reflets bleutés de ses robes à paillettes, le roux de ses cheveux, le bleu vif de la mer et le jaune du sable. La couleur au cinéma me rend très heureuse, c'est cette augmentation de la réalité derrière laquelle je cours toujours.
Bungalow pour femmes, donc, raconte l'histoire d'une femme qui s'installe à Honolulu après avoir été obligée de quitter San Francisco. Le film fait beaucoup de manières pour ne pas parler de travail du sexe (censure oblige), mais c'est bien de cela qu'il s'agit ici. Le personnage de Russell tombe amoureuse d'un homme sur le bateau, qui lui préfère une femme plus respectable, une femme qui va bien avec sa maison de riche sur les hauteurs de la ville. Mamie Stover commence à travailler dans un hôtel. Elle gagne un pourcentage sur les consommations des hommes et sur les coupons qu'ils donnent par dizaine pour passer quelques minutes avec elle. En parallèle, elle revoit l'homme du bateau avec qui elle développe une relation ambigüe.
Bungalow pour femmes n'est pas vraiment une histoire d'amour mais plutôt une histoire de ce que la société attend des femmes : d'être ambitieuses sans être vénales, d'être désirables sans être trop désirées, d'abandonner leur agentivité entre les mains d'un homme qui n'est pas digne de confiance. Mamie Stover est justement trop — trop vénale, trop corrompue. Impossible pour elle de s'arrêter de désirer de l'argent, plus d'argent, pour sortir de la pauvreté dans laquelle elle a grandi et pour réaliser son rêve : rentrer chez elle, conquérante. Le regard porté sur elle est cruel. C'est un film très dur sur la valeur de l'amour dans une société capitaliste (en un sens le film a fait écho à Simple comme Sylvain de Monia Chokri, que j'ai vu une semaine plus tard, qui est aussi un film assez triste sur le fait que l'amour s'inscrit dans un système de classes sociales, qu'il ne transcende pas les conditions matérielles des amant·es).
Et puis Bungalow pour femmes est très beau — ses plans sur la mer, les contrastes entre les lieux bourgeois et la petite pièce dans laquelle Mamie reçoit les clients de l'hôtel — de la couleur, partout ! Comme beaucoup de films de l'époque, il laisse complètement de côté la colonisation, tous les personnages racisés font de la figuration, quand bien même ce sujet aurait vraiment pu être intégré au propos du film et à son analyse des rapports de domination/pouvoir.
Come what may
Comme je suis allée voir la comédie musicale à Londres le mois dernier, j'ai replongé dans Moulin Rouge de Baz Luhrmann, un film que je ne pourrai jamais renier sans avoir l'impression d'arracher une partie de moi-même. À chaque fois que je le regarde, je le commence en étant parfaitement rationnelle, une personne de 37 ans qui a désormais vu beaucoup de comédies musicales, à qui on ne la fait pas en somme, et je le termine à pleurer sur Come What May comme si j'avais de nouveau 14 ans et que je faisais partie d'une mailing list de fan fiction consacrée à Ewan McGregor. Je pense qu'aucun film ne me fait ce même effet, et je le porte près de mon cœur tel un collier en forme de cœur en strass rouges qui s'ouvre pour dévoiler des photos du film découpées dans le Télé 7 Jours. J'éprouve une forme de fidélité pour cette ado qui cousait deux ans plus tard Placebo en strass sur un sac Café Privilège donné par sa grand-mère. Elle n'avait pas beaucoup d'ami·es — je lui dois bien d'être la sienne aujourd'hui.
Écrire !
Bref, tout ça pour dire que j'ai repris le travail sur mon projet sur la comédie musicale. Ça va faire dix ans que j'ai cette idée en tête, que je la reprends et l'abandonne et la reprend et l'abandonne (on repeat). Parfois j'écris dessus ici comme j'écrirais une pensée magique. Je me dis que je vais le faire apparaître comme ça, en en parlant, le faire exister.
J'en suis donc à ce stade habituel de mes projets où je me dis qu'il faut que je lise 150 livres universitaires sur le sujet, livres que j'achète d'occasion sur Internet, que je reçois, que je range dans une jolie pile sur mon étagère, que je lis sans vraiment en retenir grand chose. C'est une forme coûteuse et vaine de procrastination, qui a pour seul but illusoire de légitimer mon écriture. Comme c'est un livre personnel, je pourrais simplement me lancer, d'autant que j'ai beaucoup travaillé l'année dernière à me détacher de mon besoin de citer pour exister.
Bref, il est grand temps que je m'y remette, que je me jette dans le grand bain de l'écriture et autres métaphores. D'autant que mon deuxième chapitre porte sur Brigadoon et sur la nécessité d'ouvrir les portes d'un autre monde ! Une joyeuse perspective ? Une joyeuse perspective !
5 notes
·
View notes
Text
Valdivia et début de la Patagonie
Hola todos,
J'espère que vous allez bien depuis mon dernier post qui sonnait quelque peu déçu de Huilo Huilo.
Suite à cela nous avons mis le cap vers Valdivia pour faire notre contrôle technique, graver les vitres de la voiture pour afficher notre plaque d'immatriculation dessus (nouvelle loi chilienne farfelue) et aller voir le bord de mer. Finalement, nous avons dû faire les vitres et le contrôle technique dans la ville suivante mais tout a été validé !
Valdivia est une ville assez jolie avec un beau parc botanique. Il est apparemment possible d'y apercevoir des lions de mer sur les bords du marché fluvial, mais nous n'en avons pas vu en nous y rendant.
Après une journée à Valdivia nous avons pris la route de la côte pour aller voir la mer et nous avons fait une des plus belles routes que j'ai pu voir depuis notre arrivée. La côte était sublime et nous avons fini sur une petite crique idyllique, bercés par les sons de la mer. Avant cela nous avons fait la visite d'un ancien fort surplombé par un vieux phare gardé par Mito le llama 🦙.
Après Valdivia nous avons mis le cap vers Hornopiren pour prendre les deux ferrys qui devaient nous amener près de Chaiten. Nous avons terminé la route incroyable des 7 Lagos pour enfin arriver sur la carretera austral (qui démarre à Puerto Montt). Comme promis. C'est magique.
J'ai très peu de photos de la route car j'ai beaucoup conduit durant cette partie. Mais comme me l'a dit mon père : "À partir de là, tout est beau".
Nous avons fait une halte à Cochamó près d'un lac paradisiaque où nous avons eu la chance de pouvoir nous baigner avec trois dauphins qui n'étaient qu'à quelques mètres de nous (pour des raisons évidentes je n'ai pas d'image de ça mais mon esprit en garde un souvenir indélébile). J'ai aussi tenté de domestiquer des vautours et des buses (qui sont l'équivalent des pigeons ici tant il y en a) en leur donnant du pain. J'ai eu le droit à un magnifique ballet aérien en remerciement.
Hier soir nous avons pris les ferrys et nous sommes actuellement à Santa Barbara, près de Chaiten.
Nous allons aller au parc Pumaline dès aujourd'hui ! On va sûrement s'éterniser dans le coin quelques jours, c'est trop beau. On commence à cailler un peu dans la tente la nuit mais on est super équipés alors ça le fait. Ceci dit, on va peut-être craquer une petite cabaña pour les deux prochains soirs. À voir !
Je vous raconte vite la suite,
Besitos.
Luna
2 notes
·
View notes
Text
J'aime la France, tout simplement.
Harcelés par les bêtises et les mensonges du discours officiel, nous avons perdu de vue la différence qui existe entre “la République”, ce lieu imaginaire dans lequel vivent, en vase clos, nos élites… et “la France”, notre “Mère-Patrie”, dont ils ont égaré l'adresse dans le désordre de leur pensée aussi bobo-clonée que gaucho-normalisée. Il n'y a rien à redire contre une république (qui gagnerait tout de même à être plus amicale, moins dogmatique et moins liberticide …), à la seule condition qu'elle sache rester à la place qui devrait être la sienne : un régime politique au service de la France et des français, pas un rêve insurpassable...ce qu'elle n'est pas.
L'enfant de la guerre que j'ai été a appris à aimer la France plus qu’il ne m’est possible de le dire. D''un amour passionné et raisonné tout-à-la-fois, qui puise ses raisons d'être dans “la légende des siècles” autant que dans leur vérité historique. J'aime tout : sa langue, sa culture, son histoire, ses habitudes, ses us et ses coutumes, ses habitants lorsqu'ils le méritent, ses réussites et même ses échecs quand elle en a (un peu moins fort, peut-être). Et s'il faut vraiment choisir... je garde tout.
J’aime ses architectures traditionnelles si différentes, la diversité de ses paysages, son climat, ses campagnes, ses accents régionaux menacés par une unification aussi appauvrissante que télé-fabriquée, ses mers et ses montagnes, ses plaines et ses lacs, son unité dans sa diversité, ses traditions (NDLR - Au premier rang desquelles, en cette Chandeleur où on les ''démonte'', nos crèches… si jolies qu'elles en deviennent dangereuses aux yeux de soi-disant “libres penseurs” qui ne sont, évidemment, ni libres ni -surtout- penseurs !), ses beffrois carillonnants, ses clochers graciles et ses cathédrales puissantes, les milliers de petits calvaires perdus au creux des chemins, témoins si émouvants de la foi de nos ancêtres depuis son baptême chrétien en l'an de grâce 496, son histoire, les valeurs millénaires qui ont structuré sa belle œuvre coloniale si abîmée dans et par des mensonges à dormir debout, ses révoltes parfois et ses “coups de gueule”, souvent… et –je l'ai dit, je le répète-- ses habitants, avec leurs qualités profondes et tous leurs défauts, soulignés avec complaisance par ceux qui ne veulent voir que ce qui est un peu moins beau… tout, j'aime tout !
Et plus que tout, j’aime ce que fut la France, MA France admirée et respectée, car admirable et respectable… même s'il m'arrive de plus en plus souvent de regretter qu'elle soit devenue… ce qu’elle est : un peu moins de tout ce qui la définissait et la rendait aimable, au point de risquer en permanence de perdre son âme, à jamais… Et au premier chef, ce qui fut, jusque il y a peu de temps encore, la plus belle langue du monde. Tout ce que chacun de nous peut penser ne peut s'exprimer que parce que nous partageons cette langue merveilleuse que l’on nous a enseignée, avec et dans un système clair et précis de références historiques et de valeurs structurées. Chacun de nous n’est que le produit de tout ce qui vient d’elle : idées, réflexes, opinions, jugements, pensées, musiques, souvenirs, sens esthétique, goûts, culture, notre “esprit gaulois”, nos raffinements culinaires… et jusqu'à notre penchant parfois exagéré pour la critique… et, ces derniers temps, pour la repentance, surtout lorsqu'elle est sans sujet et sans objet...
C’est cette certitude calme et réfléchie que j’appelle “patriotisme”, avec tout ce que ce mot comporte de bon et de beau a mes yeux, et de moins bon, paraît-il, aux yeux de ces gens qui se sentent intelligents uniquement parce qu’ils pensent ''contre'' plutôt que ''avec'', et disent tous les mêmes contre-vérités au même moment, entre eux : la preuve est faite qu'ils n'ont à offrir que désordre, utopies mortifères, désolation, violence, repentance imméritée, multiculturalisme chimérique, communautarisme létal et rejet du beau, du bon, du juste, du vrai… en un mot, cette sinistrose qui est le seul “bien” (un bien vraiment très mauvais !) que le fisc nous permette de garder encore.
’‘Attaché a ma patrie par une tradition familiale déjà longue, nourri de son héritage spirituel et de son histoire, incapable en vérité d’en concevoir une autre ou je puisse respirer a l’aise, je l’ai beaucoup aimée et servie de toutes mes forces’’ . C’est de Marc Bloch, que l'on ne citera jamais assez. Dans une dernière lettre a ses parents, il ajoutait : “Vous m’avez appris à mettre certaines choses au dessus de la vie même”, écrivant ces mots pendant les drames sans nom de la guerre et de la folie des hommes… où, seulement parce qu’il s’appelait Bloch, il allait quitter cette vie moins valable à ses yeux que son amour pour sa Patrie… fidèle perinde ac cadaver, comme disait Ignace de Loyola (voulant dire : jusqu'à la mort). Prémonition, ou beauté d'une âme ?
Le très républicain Ernest Lavisse écrivait, dans la préface de son “Histoire de France” : “Tu dois aimer la France parce que la nature l’a faite belle, et parce que son histoire l’a faite grande”… Les modes changent, pas comme il faudrait, hélas. Mais comme j’ai honte des fausses pudeurs et des repentances compulsives actuelles, toutes à contre-vérité, toutes perverses et nocives, réinventées et déconnectées de toute vérité autre que “la doxa officielle” –qui ne sont que partisanes... je reste , en bon républicain et contre vents et marées, à contre-rythme de tout le mal que se donnent ceux qui, au prétexte de la faire aimer, ne savent que la rendre haïssable au point de mettre ''vent debout'' tous les braves gens du pays, tous les deux ou trois ans...
Car la France, après seulement 325 ans ''avec'', contre plus de 1500 ans ''sans'', se proclame et se répète républicaine… au point qu'il semble obligatoire à ses leaders de répéter cette particularité à chacun de leurs discours, ce qui est tout-à-fait redondant et quelque peu ridicule : imagine-t-on tous les royaumes du monde chanter à la fin de chaque prise de parole les mérites de la royauté, à temps et à contre-temps ? La République, chez nous, n'est plus en danger, et depuis fort longtemps. Arrêtons ce faux culte qui force ses promoteurs et ses thuriféraires à renier tout autre culte responsable de son ''être'' et de son ''avoir été'' –au profit, même pas reconnu comme tel, d'une soumission aveugle à des rites qui ne sont inscrits ni dans nos gênes, ni dans notre Histoire, ni sous nos climats, ni dans les attentes de nos citoyens contraints d'en accepter les conséquences dont, massivement et avec juste raison, ils ne veulent pas... Alors… “Vive la France”, un point, c'est tout ! Et s'il faut –comme le disent certains-- s'appuyer sur l'Europe... faisons-le, dans des limites où le rôle principal ne perd pas ses prérogatives au profit d'un ''second rôle''.
Notre patrimoine est là… reprenons notre destin en mains ! “N’ayez pas peur”, recommandait Jean-Paul II… Tout est ouvert, tout est prêt à renaître… Le futur sera ce que nous en ferons… espérons-le différent de tout ce qu'ils ont fait de notre présent. Et aujourd'hui, alors que la France est diaboliquement menacée dans son essence autant que dans son existence, et que les ultimes patriotes tentent une dernière fois de la sauver des miasmes mortifères de Bruxelles, j'avais envie de partager tout ça…
H-Cl
2 notes
·
View notes
Text
C’était bien mars
1er mars J’ai essayé de me placer, l'air de rien, pour des ateliers en Master à la rentrée prochaine. J'ai vu une scène qui m'a amusé en voiture : deux animateurs en gilet fluo regroupaient de très petits enfants devant un point de dépôt de verre. Ils donnaient l'impression qu'ils s'apprêtaient à s'en débarrasser. J'ai préparé une salade de chou-rouge en utilisant une mandoline et une espèce de lame courbe super-tranchante. (J'ai été un peu déçu du rendu de l'affiche commandée en ligne.) J'ai parlé tricot en visio avec la mère de João aux Açores. J'ai acheté la nouvelle biographie de Georges Perec. J'ai vu passer des oies sauvages en formation. (J'ai mangé un Snicker au retour de la supérette.) J'ai repris ma série d'affiches pour régler le problème de transparence visible à l'impression. 2 mars J'ai meublé comme j'ai pu un atelier d'écriture qui commence à tourner un peu à vide. On m'a fait cadeau d'une bière, que je ne boirai sans doute pas. On m'a rappelé le nom d'une ancienne copine de fac. J'ai réservé un logement pour dimanche soir prochain. 3 mars Je me suis réveillé, sans réveil, après une nuit parfaite. J'ai lu une petite heure, dans la maison silencieuse. (J'ai composé, machinalement. mon ancien code de carte bleue.) On m'a rappelé ce très beau mot, "tambourinaire". J'ai vu une de ces buses qui veillent au bord des routes fondre sur un talus pour attraper sa proie. (Je n'ai pas trouvé les bonnes références d'étiquettes pour l'expo Dis-moi ton secret.) J'ai résisté à l'achat de petits écouteurs sans fil. J'ai dicté la plupart de ces notes et j'ai trouvé ça assez satisfaisant. (Je n'ai pas plus accroché au nouvel album de Dominique A qu'au précédent.) J'ai testé la nouvelle passerelle d'accès aux quais de la gare (et rien n'est encore fonctionnel.) 4 mars Je me suis levé tôt, j'ai lancé une machine et plié la précédente. J'ai joué avec Benjamine à compter les voitures rouge à l'aller et au retour de son atelier (près de cent cinquante, quand même). J'ai bouiné/bouquiné tout l'après-midi. J'ai ressorti mes photos de classe pour voir combien de noms et de prénoms pouvaient me revenir.
5 mars J'ai traversé les marais, dans la lumière rasante du soleil levant. Je suis allé à la piscine à vélo et j'ai nagé un kilomètre cinq cents. J'ai plutôt bien réussi les tartines du déjeuner. J'ai fait cadeau de deux bières que je n'aurais pas bues. J'ai traversé les vignes, dans la lumière rasante du soleil couchant. J'ai fourré dans mon sac un Perec que je n'avais pas, avec l'autorisation écrite de ma logeuse. L'entrée de la chambre au grenier était une porte de hobbit, qui ne dépassait pas mes épaules. (Le resto asiatique était assez médiocre, mais j'y étais avec Cadette.) 6 mars J'ai parcouru la ville où nous avons vécu et j'ai trouvé qu'elle avait vieilli. J'ai travaillé dans une toute petite pièce sous les toits, entre le chauffage et le thé qui infuse. (Je me suis cogné à la grosse poutre traversante à deux ou trois reprises.) J'ai reçu tard un travail urgent et je l'ai expédié en quelques dizaines de minutes avant d'aller manger. (J'ai travaillé assis, et ça ne m'a pas fait de bien.) Le dessert du restaurant de salades était une tarte renversée à l'ananas et c'était drôlement bon. (Les librairies visitées ne m'ont pas emballées.) J'ai trouvé des étiquettes aux bonnes dimensions pour l'expo. La mer avait des reflets violets. J'ai fait le plein sous la pleine lune. Nous avons rivalisé de commentaires élogieux avec mon hôtesse.
7 mars Réveil sans réveil, et tôt cependant. J'ai avancé dans la lecture inspirante de la bio de Perec. J'ai calé les ateliers à venir. (J'ai à nouveau une petite douleur au niveau des trapèzes.) J'ai fait bureau dans ma voiture. (On a préféré annuler l'atelier du soir.) J'ai évité in extremis les gros bouchons sur la rocade. (J'ai fait un long détour dans la pampa.) (J'ai oublié ma clé USB dans la salle de classe.) On a trouvé une solution pour la récupérer avec l'enseignante. Ma chérie a fait des crêpes. On a bricolé en famille la playlist féminine et impromptue de nos années 90 : The Breeders, Belly, P.J. Harvey, Björk puis, insensiblement, Katerine. J'ai entendu le léger crépitement de la pluie sur le toit. 8 mars J'ai pris la route avec France Culture en grève qui passait Brassens puis aussitôt après, P.J. Harvey. (Il m'a manqué 5 centimes pour m'acheter un deuxième croissant.) J'ai récupéré ma clé USB. J'ai bravé la pluie et la flemme et je suis allé faire du sport. (La flemme m'a vite rattrapé.) 9 mars (Les deux interventions scolaires du matin ont été foireuses.) J'ai mis la main sur le livre québécois que je traquais depuis des mois. (Le type devant moi au resto ponctuait toutes ses phrases de "en mode", de "méga-concept", de "meilleure idée".) J'ai choisi le fondant châtaigne. L'atelier de l'après-midi avec les étudiantes, et la discussion qui s'est poursuivie plus d'une heure après, m'ont requinqué. J'y ai loué la poésie et conchié les poètes. Je me suis couché tôt, et endormi de suite. 10 mars J'ai pris mon temps, tout le matin, et, plus tard, en route, un appel libérateur. J'ai goûté quelques minutes de calme dans l'habitacle protecteur de la voiture à l'arrêt. J'ai regardé l'heure sur la pendule au-dessus du tableau, et la séance était pratiquement finie. Au dernier moment, j'ai tourné à droite pour aller chercher ma fille plutôt qu'à gauche pour aller chercher mon livre. J'ai préparé un riz cantonais maison. 11 mars Je me suis débarrassé (enfin) du vieux short un peu pisseux, élimé et troué qui faisait office (de plus en plus rarement) de pyjama du matin. Je me suis montré raisonnable dans la librairie, différant à un prochain passage l'achat de deux livres, sur les quatre que j'avais en main. J'ai flâné en ville, pour la première fois depuis bien longtemps. (J'ai encore mangé un Snicker en revenant de la supérette.) J'ai dansé avec Benjamine. J'ai fini la biographie de Perec par Burgelin. J'ai lu d'une traite La Rédactrice de Michèle Cohen, l'un des deux livres achetés le matin. (J'ai commencé à taper mon ancien code de carte, avant de me corriger.) J'ai lu Superballe de Philippe Charron dans la soirée. 12 mars J'ai remis la bâche sur les vélos. (Le vent l'a soufflée d'un rien.) J'ai lu Récits d'Ellis Island. J'ai imprimé une carte postale pour Benjamine. (J'ai cherché en vain le titre d'une chanson des années 80.) J'ai lu Sortir au jour, d'Amandine Dhée. J'ai trouvé une course à faire pour occuper la fin de mon dimanche. J'ai vadrouillé dans la pampa, au gré des indications de la voix synthétique de Google Maps. J'ai immortalisé ma première traversée de Blouc. J'ai rapporté notre nouveau tourniquet à cartes postales.
13 mars J'ai commandé les affiches pour l'expo. Nous avons poussé des soupirs d'aise dans les bras l'un de l'autre. Je me suis laissé bercer par Mady Mesplé. J'ai fait une sieste. (Je suis allé m'acheter un sachet d'oursons à la guimauve.) (Je les ai tous mangés.) (J'ai expédié les affaires courantes.) J'ai remis la bâche sur les vélos. Nous avons longé la plage à marée haute. J'ai fait don de ma très vénérable chapka à Benjamine. Je suis sorti lester de chaises et de tables de jardin la bâche sur les vélos, que le vent s'amusait à gonfler. 14 mars Nous sommes allés marcher sur la plage. Nous avons eu la pluie dans le dos. J'ai trouvé un tout petit oursin. (La pluie nous a fait rebrousser chemin, et s'est arrêtée presque aussitôt.) J'ai rapidement bouclé un article en cours. J'ai fait mes emplettes pour les expos à venir. J'ai couru une demi-heure, et fait un quart d'heure d'autres trucs. L'eau de la douche a été chaude tout de suite. (J'ai demandé à ChatGPT de faire un peu de mon boulot.) J'ai mis en page les travaux des étudiantes pour l'atelier de jeudi. Maps m'a fait découvrir un nouvel itinéraire. J'ai récupéré un deuxième présentoir à cartes postales. J'ai dansé sur The Cure avec Benjamine. J'ai fini la lecture du bouquin de Pierre Bayard. 15 mars J'ai vu une étoile de mer et ramassé un nouvel oursin. J'ai fait mes impressions sur post-it pour la petite expo. J'ai reçu Le Matricule des anges. J'ai trouvé quatre livres pas mal à la petite médiathèque. (Je bricole un nouvel atelier pour lundi prochain, mais sera-ce suffisant ?) Notre expo a été annoncée dans la programmation de la grande médiathèque. J'ai trouvé qui solliciter pour le job d'été de Junior.
16 mars J'ai vu le ciel bleu du matin finir son croissant de lune. (Impossible de retrouver mon mètre.) J'ai mis à jour mon curriculum. J'ai changé ma formule d'abonnement au Monde. Ma chérie a retrouvé mon mètre. On a éteint tous les chauffages, et laissé le soleil entrer par les baies ouvertes. L'atelier a été très efficace, avec des renforts bienvenus. J'ai échangé les présentoirs par des isoloirs dans le coffre de la voiture. On a répété avec les étudiants pour la lecture publique. Bratislava a fait son entrée dans la géographie familiale. (Je me suis gavé de sandwichs en rentrant tard de l'atelier.) (Le vrai repas a été de trop.) J'ai dansé avec Benjamine sur sa sélection musicale. On a fait du Air Ping-pong. (Le courant a sauté.) 17 mars Le déplacement de 8h a été déplacé à 11h. J'ai cherché la différence entre cheveux bouclés et cheveux frisés. (Mon changement de formule d'abonnement n'a pas été pris en compte.) (La conseillère me propose l'abonnement plus cher, l'air de rien.) J'ai expliqué à Benjamine toute ouïe comment était censée fonctionner notre Ve République. (J'ai glandé sur le net, pour une récolte évidemment nulle.) J'ai mangé avec les filles. J'ai pris une tisane avec Cadette et parlé philo, lettres et méthodo. J'ai fini Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon. J'ai dû m'endormir à peine la tête sur l'oreiller. 18 mars (J'ai commencé un roman d'Éric Neuhoff.) (Un couple de bourgeois blasés s'emmerdait à Venise. Un narrateur qui s'emmerdait lui aussi enfilait des phrases courtes qui se voulaient signifiantes. Des références un peu cuistres faisaient office de ponctuation. Leur vie d'éditeurs parisiens semblait de peu d'intérêt. Ils avalaient page après page des cocktails compliqués qui sentaient le pastiche.) J'ai reçu les belles affiches pour l'expo Beaufort. J'ai lu Le capital, c'est ta vie de Hughes Jallon. (J'ai oublié la buchette de chèvre à la caisse de la supérette.) (J'ai mis trop de béchamel dans les croque-monsieur.) (Benjamine nous a dit que sa prof de musique avait proposé d'apprendre Boys don't cry ou Where is my mind, mais que la majorité des élèves de sa classe avait voté pour La Bamba.) Nous avons applaudi, crié et ri au concert des Pixies avec Benjamine. (Sur Arte.) 19 mars Je me suis inscrit aux ateliers d'écriture en ligne de Laura Vasquez. J'ai pu prolonger de quelques jours encore mes emprunts à la bibliothèque universitaire. (Je m'y suis repris plusieurs fois pour resserrer ma branche de lunettes parce que je ne voyais plus l'encoche de la tête de vis.) On a pris le café sur la terrasse pour la première fois cette année, réchauffés par le soleil. 20 mars J'ai bien mené l'atelier que j'appréhendais. J'ai vu une cigogne perchée sur un pylône battre des ailes en majesté. J'ai joué de mes très hautes relations pour les premiers jobs d'été de Cadette. J'ai réalisé qu'à l'exception des expos à accrocher jeudi, je n'avais, pour la première fois depuis très longtemps, aucun travail en cours à m'occuper l'esprit. (J'ai encore boulotté un sachet d'oursons à la guimauve.) En le voyant sortir de chez lui dans son petit maillot de bain rouge, j'ai découvert que le type qui va se baigner tous les jours, toute l'année, quelle que soit la température, s'appelle Monsieur Caille. J'ai photographié la cabane à huîtres de la sortie du pont. (J'ai récupéré une Cadette mécontente d'elle.) (J'ai ruminé une bonne partie de la soirée ma rancœur contre ce gouvernement de jésuites.)
21 mars (J'ai reçu un mail en pleine nuit qui me précisait l'horaire de l'atelier de ce matin (que je connaissais).) (J'ai mis longtemps à me rendormir.) J'ai pris des notes pour un prochain texte. (Ça ne m'a pas aidé à trouver le sommeil.) J'ai retrouvé par hasard le lien d'abonnement à L'Ours Blanc. J'ai évité un ralentissement sur la rocade. J'ai animé une classe avec des élèves plutôt mignons (et une prof franchement énervée). J'ai bouclé l'impression des textes pour jeudi. J'ai récupéré (par téléphone) une Cadette contente d'elle. Je suis revenu de la supérette sans avoir acheté aucune saloperie. 22 mars J'ai repris mes courses de printemps. Des oies sauvages en formation dessinaient une coche parfaite au-dessus de ma tête. Des petits vieux parlaient inflation et prix des carottes râpées. J'ai regroupé tous les livres des éditions Verdier éparpillés au gré des étagères dans une même case de la grande bibliothèque. J'ai acheté trois livres et discuté avec la jeune libraire. J'ai fini l'étonnante lecture de Roman géométrique de terroir de Gert Jonke. J'ai reçu une nouvelle proposition de travail qui m'enthousiasme tout particulièrement. Le nouveau coiffeur m'a pris sans rendez-vous. (Je me suis fait labourer le dos par les espèces de rouleaux à pâtisserie du fauteuil massant.) On n'a pas échangé plus de trois phrases. J'ai lu Les deux dormeurs de Samy Langeraert. 23 mars (Je me suis réveillé assez tôt dans la nuit.) J'ai avancé sur mon texte. (Ça ne m'a pas aidé à trouver le sommeil.) J'ai collé, simplement mais lentement, l'expo de post-its. (J'ai à peine eu le temps de manger un mauvais wrap de distributeur automatique.) L'expo Dis-moi ton secret a été plus simple à installer que ce que je redoutais. (Mes étudiants ont été un peu pénibles.) (On a pété une étagère de la médiathèque en la déplaçant.) On a installé l'expo Beaufort facilement et rapidement. Tous mes achats de petit matériel du matin ont été utiles. J'ai aidé les étudiantes de l'atelier photo qui galéraient dans leur accrochage. (Les verres de jus de raisins m'ont donné encore plus soif.) (Le phare de la bagnole est encore grillé.) (J'ai fini la journée claqué.) 24 mars (Les gars du chantier voisin ont commencé à piquer les murs à 7h35.) Erica Van Horn a publié de nouvelles notes de son journal en ligne après deux mois d'interruption. (Je me suis mis tout seul à la bourre.) (J'ai oublié un bouquin dans la salle de classe.) Ça sentait le jasmin en entrant dans la maison. J'ai fait une sieste. (Mol après-midi.) 25 mars J'ai reçu la première consigne d'écriture des ateliers de Laura Vasquez. J'ai reçu au même moment des nouvelles d'une série de petits bouquins fabriqués il y a quelques années. J'ai répondu à la consigne et envoyé un texte. J'ai écrit un autre texte en prévision de la présentation de mes ateliers de l'an prochain. J'ai torréfié des noisettes. J'ai aidé Junior pour ses demandes de jobs d'été. J'ai préparé quatre burgers maison. J'ai regardé un film slovaque tourné à Bratislava, dans l'espoir d'apercevoir Bratislava. (Toutes les scènes ont été tournées en intérieur et on ne voit jamais la ville.) 26 mars J'ai fini L'école de la forêt de Carla Demierre, dans la maison silencieuse, avec les vagues en bruit de fond. J'ai avancé l'heure de ma montre, de la pendule du four et de la mini-chaîne et de la petite pendule à côté de l'escalier. J'ai lu en un couple d'heures Les Sources de Marie-Hélène Lafon. Je suis allé lester en vitesse la bâche sur les vélos que le vent soulevait davantage à chaque rafale. J'ai lu jusqu'au soir Marcher jusqu'au soir de Lydie Salvaire. 27 mars À en juger par leurs chants, les oiseaux semblaient contents du changement d'heure. (Pour nous, ça a été un peu plus difficile.) J'ai fait une sieste. J'ai eu un premier bon retour de l'expo Dis-moi ton secret. (Je n'ai pas osé dire que je ne venais pas assister à la session d'écoute de podcasts.) J'ai assisté à la session d'écoute de podcasts. Le vernissage s'est bien passé. J'ai discuté avec un gars qui part écrire au Pôle Nord. Mon texte envoyé samedi a été pris dans une revue. 28 mars Oscar, le pôle-nordiste, m'a envoyé son "carnet d'été". J'ai lu d'une traite ce surprenant journal. J'ai senti la terre trembler à 15h34. J'ai fait un selfie et je l'ai envoyé à la revue qui a pris mon texte. (Je n'ai pas vu mon nom sur le déroulé de l'animation de jeudi et, bizarrement, je n'en ai pas été tellement surpris.) J'ai senti la terre trembler à 18h06. 29 mars J'ai discuté de nos petits travaux avec le maçon du voisin. J'ai rallongé ma course de près d'un tiers de sa distance. (Les gars du chantier ont rasé la rose trémière devant la maison.) J'ai honorablement meublé au micro en attendant l'heure exacte du début de la lecture des étudiants. La lecture s'est bien passée. (La directrice de la médiathèque a tiqué sur certains secrets.) Je n'ai pas eu à précipiter mon départ pour prendre le train. J'ai dit au revoir à mes étudiants, nous en avons fini de nos ateliers. Ma chérie et moi avons mangé une part de far sur le port. Nous avons joué et mimé les situations d'un roman de Françoise Bourdin avec Benjamine. J'ai fini Il suffit de traverser la rue d'Éric Faye. 30 mars J'ai laissé les notes claires du piano d'Emahoy Tsegué-Maryam Guèbrou s'envoler dans le salon. J'ai mis des myrtilles fraîches dans mon muesli. J'ai croisé l'ami Louis. (Les trois premières heures de l'atelier m'ont paru au moins deux fois plus longues que les trois dernières.) J'ai fait quelques photos en attendant ma chérie. (J'ai reçu une invitation pour l'inauguration d'un tracteur.) (J'ai trop grignoté avant de passer à table.) J’ai retouché les photos prises.
31 mars Je me suis aperçu que mon jean craquait à l'entrejambe avant mon intervention au lycée. (Je n'ai pas trouvé de place pour me garer.) L'atelier est passé vite. (Je me suis pris une prune.) (J'ai été coincé dans un bouchon.) Cadette m'avait préparé un gratin de coquillettes. (Je n'ai pas la référence pour régler l'amende.) J’ai trouvé un peu de temps après avoir épluché des patates pour mettre au propres les présentes notes.
13 notes
·
View notes
Text
à la recherche de mes lectures estivales
Après mon année de préparation à l'agrégation de lettres modernes, passée à lire et relire la même dizaine de livres au programme, j'ai (enfin) pu lire ce que je voulais, et la variété de mes lectures en témoigne. De la poésie à l'essai-fiction en passant par de la littérature contemporaine et même une pièce de théâtre, mes lectures ont été relativement diverses, parfois géniales et parfois moins... mais revenons-en au début.
Alors que j'étais à Paris, prête à passer mes oraux d'agrégation, et ayant terminé mon énième relecture du Temps retrouvé de Proust (mon bijou), j'ai lu une poignée d'ouvrages qui m'ont accompagnée pendant ces temps instables.
Lectures parisiennes
Mon premier livre hors-agreg a été Roses d'acier. Chronique d'un collectif de travailleuses du sexe chinoises, écrit par le journaliste Rémi Yang (que j'ai interviewé) et publié chez Marchialy. De ce livre, j'ai déjà parlé dans un article publié chez Diacritik et que vous pouvez lire juste ici.
Emprunté dans une bibliothèque parisienne, j'ai ensuite lu L'Invitation de Claude Simon, un auteur que j'adore et qui ne m'a encore une fois pas déçue. L'Invitation, c'est cette description cryptique de ce qui ressemble à un voyage d'affaires, dans un pays et avec des personnes jamais nommées, par un narrateur qui se veut avant tout observateur, voire critique. C'est dans un entralcs de violence et de beauté, comme de passé et de présent, que Claude Simon construit ce récit court et linéaire, que je ne peux que recommander si vous désirez découvrir ce majestueux auteur.
Enfin, et vous le verrez par la suite, j'ai entamé un petit périple dans les méandres de la littérature contemporaine grâce à la plateforme NetGalley, qui permet de recevoir des services presse en version électronique. La première étape de ce voyage a été Rétrécissement de Frédéric Schiffter, un roman dont le potentiel n'a malheureusement pas été exploité : j'en parle un peu plus en détail dans ma critique Goodreads.
Lectures de plage
Qui dit lectures estivales dit lectures au bord de la mer, avec iode et odeur de crème solaire pour complimenter celle du vieux papier de mes livres d'occasion.
Acheté en frippe à Paris, Trois femmes suivi de Noces, recueil de nouvelles de l'écrivain autrichien Robert Musil (connu pour son Homme sans qualités), m'a suivi jusque dans le sud, où j'ai adoré son mélange glaçant et presque psychédélique de psychologie et de fantastique. Là encore, j'en ai parlé un peu plus en longueur dans une vidéo, où j'évoque aussi les deux lectures suivantes : celle de closer, baby, closer, un recueil de poèmes tout récent de la poétesse Savannah Brown, dont je ne cesse de chanter les louanges, et celle de la pièce de Jean-Paul Sartre intitulée Le Diable et le bon dieu, immense coup de cœur qui rejoint ma collection de livres traitant du sacré, de la foi, de la morale, le tout dans un ouragan de violence.
Dans ma fièvre vingtièmiste, j'ai enchaîné avec Enfance de Nathalie Sarraute, autrice que je n'avais jusqu'ici jamais lue. Construite comme un dialogue entre le je et son alter ego, cette autobiographie non seulement promet un certain plaisir de lecture, mais s'inscrit dans une interrogation passionnante sur le double je et la diffraction narratoriale qui anime le genre biographique depuis, au moins, La Religieuse de Diderot. Une merveilleuse lecture de plage.
Deuxième lecture contemporaine de l’été, moins ambivalente que la première : j’ai apprécié la narration captivante de Sorj Chalandon dans L’Enragé, ce roman qui raconte l’histoire véritable d’un adolescent qui, enfin parvenu à s’échapper du bagne, doit réapprendre à vivre avec la violence qui couve en lui. Le style n’est ni incroyablement beau ni incroyablement mauvais, les personnages sont bien construits ; arrivée dans le dernier tiers, j’avais même du mal à lâcher le livre.
Acheté à Paris lui aussi, j’ai lu le recueil de nouvelles de Nabokov intitulé Mademoiselle O, du nom de la première nouvelle du recueil. C’est une autre facette de l’écrivain que l’on découvre ici, dans de courts récits pétris de souvenirs personnels et d’observations, mais aussi dans des histoires presque absurdes qui s’inscrivent parfaitement dans l’esthétique de l’auteur. Les nouvelles sont très courtes, une bonne façon de découvrir l’œuvre magistrale d’un des plus grands écrivains du XXe siècle.
Et parce qu’un ouvrage du XXe en cache toujours un autre… j’ai profité de l’avoir trouvé en boîte à livres pour lire Une femme d’Annie Ernaux, autrice que j’ai lue à plusieurs reprises, dont je n’apprécie pas particulièrement le style mais que je me fais un devoir de lire morceau par morceau. Dans ce récit, court à son habitude, Ernaux raconte la vie de sa mère, son éducation, sa modeste ascension sociale puis sa contraction de la maladie d’Alzheimer. Mais elle évoque aussi ce genre littéraire singulier qui lui appartient et qui se situe entre la littérature et la sociologie, le livre ne proposant pas seulement le récit de la mort d’une femme mais aussi celui de la naissance de l’écriture d’une autre.
Enfin, éloignons-nous du roman le temps de mes dernières lectures de plage : j’ai lu Lise Deharme, cygne noir de Nicolas Perge, une biographie toute récente de la poétesse surréaliste éponyme dont je n’avais auparavant jamais entendu parler. De son enfance à sa rencontre avec André Breton, en passant par sa multitude d’œuvres artistiques et littéraires, Perge raconte, en mêlant enfance, vie adulte et vieillesse, la vie mouvementée d’une autrice oubliée et pourtant essentielle à l’évolution du surréalisme en France. À lire, avant ou après la lecture de ses livres à elle.
Tes yeux sont deux cratères / de lave et de gouffres ouverts / semés d'étincelles et de feu / Tes yeux sont deux mondes perdus — Lise Deharme, Cahier de curieuse personne (1937)
À la biographie a succédé la philosophie, puisque j’ai lu Le Mythe de Sisyphe de Camus (il était temps !). Si les premières parties sur le suicide et la morale étaient certes intéressantes, j’ai surtout aimé les dernières parties, celles où l’auteur traite de littérature, et notamment des œuvres de Dostoïevski et de Kafka — mes deux écrivains adorés.
L’été prend fin
Entre la préparation des cours et les formations, plus le temps de lire autant qu’au plus fort de l’été. Mes dernières lectures estivales ont été plus brèves, à commencer par le nouveau roman de Han Kang, Impossibles adieux, que j’ai abandonné (ironie du sort) au premier tiers. Son récit était haché, mal construit, trop peu envoûtant ; sa valeur esthétique semblait reposer sur la répétition d’un seul et unique motif, comme si l’autrice n’avait voulu écrire qu’à partir d’une image jusqu’à la vider de toute puissance stylistique ou émotionnelle.
Après cette déception, retour vers une valeur sûre : j’ai enfin lu les Journées de lecture de Proust, cette préface à sa traduction de Sésame et les lys de Ruskin. Outre le plaisir de retrouver les amples phrases de Proust, le livre est empli d’une douceur nostalgique puisqu’il revient sur des souvenirs de lectures d’enfance, sur la beauté qu’ils contiennent et sur ce que la lecture a d’unique pour le développement d’un esprit. C’est loin d’être le meilleur de ce qu’a fait Proust, mais c’est une lecture courte qui permet de voir, déjà, les germes de la Recherche.
Il n'y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passé avec un livre préféré.
Mon dernier livre de l'été fut L'Abîme, un roman contemporain de Nicolas Chemla, que j'ai... abandonné. Que n'était mon enthousiasme, pourtant, au début de ma lecture, lorsque j'ai vu ces phrases longues, ces mots envoûtants, cette intrigue prometteuse...! Malheureusement, cet enthousiasme s'est rapidement dégonflé quand le narrateur est devenu, peu à peu, puis tellement que je ne pouvais plus passer outre, l'archétype même du "vieux con réac'", qui déteste tout et tout le monde, sauf son chat qu'il passe des pages et des pages à décrire — quand il ne nous fait pas un descriptif exhaustif de toutes les publicités qu'il croise sur Google. J'ai dit ma déception sur Goodreads, mais pour résumer : abstenez-vous.
Nota bene : pour la magistrale renaissance de ce blog, je lui ai ajouté une section "labo d'écriture", où vous pourrez (bientôt) retrouver des textes et poèmes signés de ma plume.
Littérairement vôtre,
Ève
4 notes
·
View notes
Text
Bien le bonjour tout le monde !
J'ai le grand plaisir de vous annoncer que j'ai passé une super journée !
La météo a été absolument parfaite pour mes activités de la journée : le matin, assez gris, ce que les baleines apprécient apparemment beaucoup !
C'était génial, on en a vu au moins 15 au total, avec un petit qui nous a fait une dizaine de sauts pour le spectacle, des groupes entiers en vadrouille, avec nageoires caudales et panaches à gogo ... Incroyable !
Après 1h de bateau, nous arrivons avec mon groupe sur Isla de la Plata, surnommée affectueusement par les locaux ... La Galapagos des pauvres.
J'accepte le surnom hehe, surtout que l'île était très belle ... Et que j'ai vu plein d'oiseaux étranges !
On commence avec les Fous à pied bleus (les Bobbies, ou Boobies selon les gens), une espèce très bizarre qui se déplace comme un canard bourré en sifflant comme une pompe à vélo percée.
Apparemment, leurs pattes deviennent bleues quand ils vieillissent à cause de leur alimentation (et non, ce n'est pas le scandale du miel bleu et des abeilles nourries aux mnms) ... Et c'est vraiment marrant comme bestiole !
Son petit copain, c'est la frégate du Pacifique ...qui n'est pas moins étrange. (Ou plus farouche)
Le plus marrant avec eux, c'est qu'ils passent par un nombre de stade de croissance assez infini, ce qui fait qu'on a 5 ou 6 oiseaux différents qui n'en sont en fait qu'un !
Et du coup, le mâle en rut possède cet étrange organe rouge qu'il gonfle en faisant un bruit de battements de tambours dès qu'une femelle le survole, c'est très joli à voir !
Ensuite, on a fait un tour en masque tuba, j'ai pû nager avec une tortue (🐢❣️), suis tombée sur des étoiles de mer bleues et blanches, suis passée au milieu de bancs de petits poissons (ils étaient des centaines !), ai découvert le concept du poisson ballon pintade (je ne suis pas non plus responsable de ce nom ... Mais je vous laisse regarder sur internet, le jaune comme le noir tacheté sont très beaux !), et surtout ... Ai pu plonger (en apnée) au milieu des chants des baleines ... Je ne m'en lasserai je crois ...
Il a fallu repartir, et c'est sous les panaches de baleines et les splash/sauts lointains qu'on est retournés sur la terre ferme, les yeux pleins d'étoiles pour moi ! En bonus le soir, un superbe coucher de soleil pour finir la journée ...
Et donc le ciel était mitigé le matin, ce qui nous a permis de ne pas griller comme des poissons au barbecue sur l'île (et qui ne m'a pas empêché de cramer, j'ai sous-estimé la puissance du soleil derrière les nuages ...), Le soleil est apparu littéralement 2 minutes avant qu'on se mette à l'eau pour disparaître juste après qu'on en sorte, et était de nouveau gris le soir... C'était parfait, juste comme il fallait, quelle chance !!
2 notes
·
View notes
Text
Réouverture du Musée de la Marine : mon avis à chaud
Après six ans de travaux, je suis évidemment heureuse de pouvoir retrouver un de mes musées favoris. La scénographie est résolument moderne et il était plus que temps de dépoussiérer les vieux cartels !
Les enjeux sont remis au goût du jour pour toucher plus facilement le visiteur (ex: parler du sauvetage des migrants en mer).
Je n'ai assisté qu'à une animation, celle d'une conteuse violoniste qui était très agréable et apportait un véritable plus à la visite. L'organisation de cette réouverture est, dans l'ensemble, très bonne.
Cependant, je ne sais pas si c'est la gratuité de l'entrée qui a rendu les gens particulièrement survoltés, mais j'ai, à plusieurs reprises, été bousculée sans même qu'on me dise pardon. Le manque de politesse était criant et m'a poussé à partir plus tôt que prévu.
La boutique propose d'excellents produits et un bon choix de livres (Erebus de Palin était présent !). Le parcours est bien indiqué également.
Je ne sais pas si ce n'est qu'une impression personnelle, mais j'ai trouvé le musée plus petit que dans mes souvenirs, une pièce aurait-elle été supprimée? Je me souviens notamment du rez-de-chaussée totalement ouvert où étaient exposées les peintures : un grand ovale tapissé par des toiles de vague, avec des bancs au milieu pour admirer et se retrouver totalement plongé dans l'océan. Ce lieu n'existe plus ainsi, il me semble avoir été cloisonné pour délimiter plusieurs espaces dans la scénographie. Cette pièce qui était avant lumineuse et ouverte, comme une bouffée d'air marin, m'a manqué.
Si vous êtes parisien-nne, je vous recommande évidemment de venir passer quelques heures dans ce musée. Autrement, ne vous déplacez pas que pour cela.
PS: j'en profite pour lancer une bouteille à la mer et proposer un petit meet-up au musée ? Date à voir, si vous êtes intéressé-e-s.
2 notes
·
View notes