#curanton
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- Ça va être fastoche aujourd'hui je l'sens bien - Dis pas ça tu va nous mettre la poisse... Un bout de carton gratté chez l'épicier, et c'est reparti. On se pose sur les bords du lac de San Martin de los Andes. 100 kilomètres seulement nous séparent de la frontière, 400 pour arriver sur l'île Chiloé. On use de tous les stratagèmes, danse du ventre, tour de magie, sourire forcé, naturel décontracté, prière du désespéré... Tout ! Absolument tout ! Mais rien ne marche. - Tu vois tu nous as mis la poisse ! - Non, c'est toi qui nous a mis la poisse en disant que je nous mettais la poisse... On avance à coups de 20 kms. Sur la route on dépasse d'autres auto-stoppeurs, c'est la première fois qu'on en voit. On se met en mode Pékin express. "Va y fonce ! Euh.. Nan en fait... " Y'a pas d'immunité au bout. C'est pas une compétition, mais quand ça fait plus d'une heure que tu fais du sur place et que les deux filles que l'on a dépassé quelques temps plus tôt avec fierté, sont déposées 10 mètres devant nous, on l'a mauvaise. "Preum's ! On était là avant !" Un 4x4 passe en éclair. Je lui donne un joli nom d'oiseau qui résonne entre les pins. Il a dû m'entendre... Après avoir disparu, il réapparaît, se gare en faisant crissant les pneus. C'est un vendeurs de lunettes, il nous fait vivre le Paris Dakar sur 30 kms, on est content de sortir de la voiture et de retrouver la compagnie d'un bon vieux camionneur. Luis nous fait passer la frontière et une fois au Chili il nous trouve un copain qui va jusqu'à Chiloé. Le luxe de l'auto-stoppeur... Chiloé c'est notre dernier bout de voyage, on arpente le marché qui sent la laine fraîche et l'algue sèche. C'est une terre de pêcheurs et de bergers. Sur le port on est captivé par les trois lions de mer, énormes otaries qui quémandent un reste de saumon. On mange le Curanton, la spécialité de l'île à base de moules géantes, de lard et de far. Version mer, ça fait penser au kig ha farz. Par hasard, on entre dans ce vieil hôtel qui surplombe la mer. Dans son jus des années 60. L'architecte, Emilio Duhart Harostegu est l'un des architectes modernistes chilien les plus reconnus. Le serveur date de la même époque lui aussi, il a l'art et la manière un peu snob de nous servir. On aime. On termine notre virée à Chiloé par les pingouins, au nord de l'île. Levé vers 5h, on prend le premier bus. Arrivé sur la plage aux pingouins, tout est fermé. On attend l'ouverture des loueurs de bateaux avec les pêcheurs d'araignée. On les voit depuis la plage, mais ils sont trop loin. Depuis le bateau, on s'approche, ils sont des centaines. Humbolt et Magellan, les deux espèces cohabitent à Chiloé. D'un rocher à un autre, on s'arrête pour les observer. On s'immisce dans leur colonie. Les jeunes pingouins prennent des cours de pêche, un couple se bécote, un groupe de cinq descend de la dune à la file indienne. Tous les deux pas, ils tombent, plaqués au sol. Se relèvent comme si de rien n'était, et repartent pour chuter à nouveau, deux pas plus loin. Leur maladresse s'explique, marcher avec un pantalon descendu jusqu'aux chevilles ne nous donnerait pas non plus l'élégance de l'Empereur. Plus que 1000 kilomètres, les derniers aux compteurs de nos pouces. Luis (le troisième depuis le début) qui partage sa voiture avec nous, habite à Los Angeles. Bienvenidos à Los Angeles... Sourires. Plutôt que de dormir à l'hôtel, on décide de prendre un bus pour finir la boucle. 5h du matin, Santiago se réveille avec nous.
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