#combat  arts martiaux Tver Russie guerrière combattante confianceensoi confiance
Explore tagged Tumblr posts
sandrinedrouinlove · 5 years ago
Text
Le gout du sang.
Tumblr media
Pratiquer un art martial ou un sport de combat est avant tout une histoire de contrôle de soi et ensuite de maîtrise des techniques, et ceux, bien plus que de connaitre bêtement des techniques apprises après des centaines d’heures d’entrainement. L’aspect du combat y est essentiel pour de nombreux points; Mise en pratique, agilité, connaitre les limites de son corps et son efficacité martial. J’en oublie encore certainement. L’art force le guerrier ou la guerrière à devenir une pratiquante et l’invite a dépassé le stade de la technicienne (ou du technicien). Il y a par exemple de très bons formateur, de super instructeurs, mais qui seront de mauvais guerriers. La préparation technique, l’instruction et le combat, voilà trois domaines différents. Certains parviendrons à maîtriser les trois, d’autre se concentrerons sur leur point fort. Une ceinture noire 5eme Dan bedonnant est loin d’être le guerrier suprême, mais il y a de forte chance qu’en tant que préparateur physique, il soit l’un des meilleurs. A l’inverse, ne se focaliser uniquement que sur sa bedaine et le sous-estimé invite à la prudence car l’on peut-être en surpoids et être un bon guerrier.
Mais après avoir l’assurance d’être un bon combattant, même si l’on est sûr d’être le meilleur au combat, et d’avoir une excellente maîtrise de ses peurs et de soi, il y a une chose qui ne changera pas : La mise en pratique réelle dans le combat.
Je n’aborde pas ici le combat soft pratiqué dans des cours de taekwondo ou les combattants possèdes une armure, ni de combat de type « amicale » a la fin des cours de karaté ou de judo. J’aborde ici le vrai combat. C’est dans un ring que l’on prend des coups face à un adversaire qui va y aller plus ou moins doucement avec vous, selon vos réponses. Cela reste malgré tout amical, mais c’est plus rude. Se prendre un coup de coude dans le nez a 12 ans, tu t’en souviens. J’ai passé des centaines d’heures à m’entrainer au combat avec mon frère. Nous étions bien protégés, avec un casque, des gants de boxe et bien évidement, un protège dents. Mais des bleus, des écorchures et des bosses, tu en mange !  Cela te donne le gout du sang. Pas celui que tu fais couler de ton adversaire, mais le tiens. Bien chaud qui coule dans ta bouche après un méchant coup de poing que tu n’as pas été capable d’arrêter. Cela t’apprend la modestie et te renvoie à ta propre perception de ton style de combat. Si tu prends un coup de poing, c’est que tu n’étais soi pas en mesure de l’arrêter ou bien que tu doives peaufiner ta défense, tes esquives ou tes répliques. Mais dans tous les cas, le jour où tu seras agressé et que tu seras frappé, tu ne seras pas prise de panique car ton joli petit nez aura été touché. Tu connaîtras déjà la sensation des larmes qui obstrues ta vision, le sang qui coule, son petit gout ferreux si caractéristique, l’adrénaline qui t’envahi. Tu ne fléchiras pas et il y a de fortes chances que s’il est parvenu à t’avoir par surprise, le coup suivant lui fera regretter de t’avoir malmené.
Mais même après tout ces combats, il n’est pas évident de connaitre ce qu’est un combat de rue, celui ou il n’y a aucune règle, celui ou l’agression est vrai. Car face a mon frère dans mon exemple, chacun de nous n’avait pas l’intention de faire mal a l’autre et si cela arrivait, c’était un accident au pire, au mieux, un prolongement de notre entrainement. Si cela aide à connaitre la souffrance et parvenir à maîtriser la douleur, ce ne sera jamais rien d’autre qu’un jeu.
De toute ma vie je ne me suis jamais battu. Un coup donné au primaire, une leçon de modestie a mon cousin qui se croyait un guerrier car il frappait des planches dans son sous-sol, un poignet luxé et une respiration coupé pour quelques dizaines de seconde a la sortie du Winston Churchill (pour les Montréalais qui connaissent). Rien. Pas vraiment en danger. Sûr de moi, mais toujours sur mes gardes.
Juillet 2016, j’atterris à Moscou pour me rendre à un stage intensif de 2 mois au boot camp du maitre Vadim Starov, dans son école de Tver au nord-ouest de Moscou (le centre international de combat à mains nues de style russe). 12 heures de vol et une escale, 15 minute de taxi, prendre un train a la gare de Kursk (Kurskiy Vokzal), deux heure en cabine avec deux jolies blondes, et arrivé a Tver en pleine nuit, de nouveau en taxi et me voilà arrivé à mon hôtel, le charmant « Golden Plaza », ma chambre est chaleureuse, la piscine de l’hôtel impeccable, je ne parle aucun mot de russe et je compte sur ce que l’on me raconte depuis ma naissance, comme quoi l’anglais est une langue universel. Jusqu’à ce moment-ci, pas de doute, en Russie beaucoup de gens parles et comprennent l’anglais. Je connais un peu la Russie. Je m’y suis déjà rendu avec mes parents par le passé, mais pas Tver. C’est une ville Russe sans charme, postindustriel. Je ne sors pas de l’hôtel, la Russie est un pays dangereux et il y a plus d’arme à feu en circulation illégalement, que d’habitant.Le lendemain matin, je me rend a l’école.
Nous sommes deux femmes, une américaine et moi. Avec une bonne trentaine de gars. Maitre Vadim est grand, gentleman, parle assez bien anglais, c’est un ancien officier des forces spéciales. Dans les années 90 il a créé son style, le Kadotchnikov Systema. Il nous connaît car nous avons rempli une fiche d’identité martial; Nos connaissances, styles pratiqués, niveau atteint. A un certain moment il s’attarde sur un gars plutôt grand et mince, il me demande d’avancer et de le mettre à terre, il demande la même chose au type. Je le mets à terre en quelques seconde. Tout le monde semble impressionné, sauf maitre Vadim. Il fait une grimace qui veut dire « très bien », puis me met face a une grosse brute de 250 livres facile. Le type ressemble à un bagnard des camps de prisonniers de Sibérie et passe son temps à regarder ma poitrine avec un sourire assez pervers. Maitre Vadim nous demande de nous battre ! Le gars rit doucement, moi, non; J’ai peur ! Vadim nous redemande de nous battre, et puis … je ne pourrais pas facilement décrire avec uniquement des mots ce qui s’est déroulé. Cela a été très vite. Le gros est pratiquant, énorme, tout en muscle, moi il me fait voler comme une feuille de papier. Je me relève, esquive, lui tire le poignet, pratique un étranglement et il me renvoi a terre … j’ai fini à l’infirmerie, un œil bleu, des ecchymoses sur mon dos. Lui aussi a eu des traces, mais il les a toutes absorbés.
Je n’avais jamais eu d’ecchymose a l’œil avant. C’est ignoble esthétiquement parlant; D’abord bleu autour de l’œil, puis il devient noir, la couleur finie par descendre vers la bouche après une semaine, puis il rougie avant de jaunire. 5 semaines avec cette face ! Mettre un fond de teint aurait été ridicule. J’étais ici pour un stage de combat, pas pour une sortie entre copine. Et puis avec l’effort fourni, il aurait coulé.
Le lendemain je reviens. La grosse brute vient s’excuser, je lui pardonne car je ne suis pas aussi idiote : Il aurait pu me mettre K.O, ce qu’il n’a pas fait. Maitre Vadim vient me trouver, il pensait que j’allais repartir au Canada. Puis m’explique des choses pourtant logiques. Avec mon poids plume, je dois privilégier l’esquive face aux forts en muscle et ne pas hésiter à utiliser les mauvais coups (mortel au Krav Maga, mais il connait car il a lu tous ceci dans mon CV martial). Une leçon qui a bien faillit m’envoyé a l’hopital ! 
La grosse brute est devenue un ami (Grisha de son prénom) et mon partenaire de combat pendant tout le stage. Deux mois a se frapper, à s’entrainer, à avoir mal, à modifier mon comportement martial et l’adapter a ceux qui pouvaient vraiment être dangereux malgré mon expertise : Les grosses brutes tout en muscle et pratiquants. Seul maitre Vadim avait compris.
Je ne suis jamais parvenu à vaincre Grisha, je l’ai mis souvent à terre, j’esquivais 99% de ses coups avec une facilité déconcertante, je le remettais à terre, je lui ai coupé la respiration plus d’une fois, mais il se relevait à chaque fois. Par contre, lorsqu’il me touchait, je voyais les étoiles et lui cessait de me frapper. Il n’y avait ni gants, ni casque. J’ai appris que c’était un ancien boxeur semi-pro et un lutteur en plus d’être un instructeur de maitre Vadim. Maitre Vadim m’a dit que j’avais la force de vaincre des gars comme Grisha, car nos combats se déroulait dans une école de combat, bien encadré, même si les coups étaient réels. Il est certains que j’ai simulé plusieurs étranglements, plusieurs coups du lapin et autre luxations mortel, mais Grisha aussi aurait pu me mettre facilement K.O avec son petit doigt. Ce que voulait dire maitre Vadim, c’est que finalement j’étais une très bonne guerrière.
Je suis retourné trois autres fois en Russie pour des stages avec maitre Vadim. Grisha vit aujourd’hui au Canada après que je l’ai parrainé. Il vie désormais a Laval et il est mon instructeur personnel en Systéma (chanceuse!).
S.D
4 notes · View notes