Tumgik
#candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2018
iweb-rdc001 · 1 year
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RDC : Polémique autour de sa candidature à l'élection présidentielle de 2023, Martin Fayulu déballe tout ce lundi !
Martin Fayulu Madidi, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2018, va se prononcer, ce lundi 25 septembre aux alentours de 13 heures. L’information a été rendue publique par son parti politique Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (Ecidé) via ses différents comptes réseaux sociaux. Certaines personnes estiment que le leader du regroupement politique Lamuka va tout…
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lisolo1973 · 3 years
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Martin Fayulu Madidi adresse une correspondance à l'UA
Martin Fayulu Madidi adresse une correspondance à l’UA
Martin Madidi Fayulu, né le 21 novembre 1956 à Léopoldville, est un homme politique et homme d’affaires congolais. Il fut candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2018 en RDC, il avait été désigné candidat commun de la coalition LAMUKA. Avec surprise ce dernier a adressé une correspondance à l’UA dans laquelle il dresse un bilan sombre du régime Félix Tshisekedi, l’opposant congolais a…
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congo7-news · 3 years
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Mongala : Martin FAYULU carton plein à Lisala
Le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2018, Président national de l’Engagement pour la citoyenneté et le développement (ECIDÉ), Martin FAYULU MADIDI, a foulé le sol de Lisala chef lieu de la province de la Mongala ce vendredi 28 janvier 2022. Le coordonnateur de LAMUKA a été accueilli cet après-midi, par une foule nombreuse qui l’attendait à l’aérodrome de Lisala.À sa descente…
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12sur12infos · 3 years
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RDC : Fayulu appelle à la fin de l'État de siège à l'Est
RDC : Fayulu appelle à la fin de l’État de siège à l’Est
Martin Fayulu, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2018 et coordonnateur de Lamuka, a dans le meeting populaire du samedi 9 octobre, appelé à la fin de l’Etat de siège qui selon lui, ne sert qu’à « piller les ressources minières ». « En 2013, les FARDC avaient chassé le M23. Pourquoi ne donnent-ils pas à nos militaires des armes fortes pour se battre ? » s’est interrogé Martin…
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«Halte à la politique fiction… La Présidence de la République n’est pas vacante au Cameroun» | Dailynewscameroon
Le ministre de l’Enseignement supérieur estime que les conditions juridiques pouvant induire le déclenchement d’un constat de vacance de la présidence de la République ne sont pas remplies.
Jacques Fame Ndongo, le ministre de l’Enseignement supérieur, par ailleurs Secrétaire général à la communication du RDPC, le parti au pouvoir, livre une véritable guerre épistolaire à Maurice Kamto. A chacune des sorties de l’opposant, le chancelier des ordres académiques nationaux essaie de déconstruire à coups d’arguments juridiques, littéraires et parfois grammaticaux le discours, les assertions et les initiatives du leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC).
Actualité du Cameroun
Le mercredi 15 avril 2020,  le membre du gouvernement est une nouvelle fois monté au créneau pour contredire le candidat malheureux à la présidentielle 2018, qui ce même jour, a annoncé qu’il a saisi le président de  l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguie Djibril, afin que ce dernier enclenche le processus de constatation de la vacance du pouvoir.  Dans le manifeste qui a été publié à cet effet, Jacques Fame Ndongo, précise qu’une telle action ne peut prospérer, car elle dénuée de tout fondement juridique.
 «L’article 81, alinea 1 du règlement intérieur de l’Assemblée Nationale dispose que les pétitions doivent être adressées au président de l’Assemblée Nationale par un ou plusieurs députés. Aucun citoyen ordinaire n’a le droit de saisir le président de l’Assemblée Nationale ou le bureau. C’est un impératif exclusif» a-t-il expliqué dans un communiqué publié ce 15 avril 2020.
 Dans le déroulé de son argumentaire, le membre du Comité central du RDPC s’est même permis de donner une leçon de grammaire à Maurice Kamto.
 «Le verbe devoir est dirimant et non pas facultatif ou permissif (les permissions doivent…).Et le mode indicatif relève de l’effectivité et non de la virtualité ou de l’optatif. Au Cameroun, il n’y a pas de loi d’initiative populaire. Les experts précisent que le constitutionalisme démotique (démos= peuple en grec) n’existe pas au Cameroun. Nous sommes dans un régime de démocratie représentative. Cela signifie  que les citoyens s’expriment directement, en matière de Droit constitutionnel, soit par l’élection de leurs représentants, soit par voie de référendum. La saisine par M. Kamto (citoyen ordinaire) du président de l’Assemblée nationale, est donc nulle et de nul effet. S’il était député, il aurait pu saisir le président de l’Assemblée nationale», a-t-il souligné.
 Communiqué de Jacques Famé Ndongo(c) Boris Bertolt
De même, indique-t-il par la suite, les conditions pouvant induire le déclenchement du constat de vacance ne sont pas remplies. Ce qui selon lui, rend même illégale la démarche de Maurice Kamto.
 «Les conditions juridiques pouvant induire le déclenchement du constat de vacance de la présidence de la République sont: le décès, la démission, ou l’empêchement définitif. Aucune de ces hypothèses n’est avérée, vérifiée ou validée. Donc, la démarche du président élu… du MRC est sans fondement juridique. Aujourd’hui le président de la République Chef de l’Etat a signé un décret portant commutation et remise de peine, et un autre texte portant nomination d’un membre du conseil constitutionnel. On ne peut pas être mort, démissionnaire ou définitivement empêché et exercer pleinement ses responsabilités constitutionnelles», a-t-il conclu.
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noemiekpe · 7 years
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Mark Zuckerberg : ses premiers pas en politique
Vers l’infini et l’au-delà pour Zuckerberg 
Depuis la création de Facebook en 2004, l’influence de Mark Zuckerberg ne cesse de croître. Autre que ses ambitions de rendre le monde interconnecté, le PDG du réseau social mondial ne s’arrête pas là et développe des ambitions politiques. 
Nous sommes le 17 juillet 2017. Mark Zuckerberg rend visite à la tribu indienne des Blackfeet, dans le Montana. Et comme chacun des deux milliards d’utilisateurs de Facebook, le plus grand réseau social mondial dont il est le fondateur et PDG, Mark Zuckerberg poste les photos de sa rencontre avec les membres de la tribu des Blackfeet sur son mur. Il y décrit, entre autres, la vie quotidienne sur la réserve, précise la complexité des problématiques liées à la juridiction particulière dont elle dispose, évoque les affres de l’alcool et de la drogue au sein de la tribu… Quelques jours plus tôt, le 12 juillet, Zuck - pour les intimes - nous contait ses péripéties et ses analyses du monde rural depuis une ferme d’élevage du Dakota du Sud. Cette fois-ci, avec des photos de lui au milieu des vaches. Pourquoi Mark Zuckerberg, l’un des hommes les plus puissants et les plus influents de la planète, à la tête d’une fortune personnelle de 71,5 milliards de dollars, PDG d’un empire technologico-médiatique pouvant s’adresser d’un clic à la moitié du globe, prendrait-il la peine de se rendre dans une réserve indienne, une ferme d’élevage, ou une caserne de pompiers pour s’adresser à une petite vingtaine de personnes, ou pour voir des vaches ?
Il se pourrait bien que le plus jeune milliardaire de l’Histoire - Zuckerberg a gagné son premier milliard à 23 ans, huit ans avant Bill Gates - ne limite pas ses ambitions à l’inter­connexion de l’humanité tout entière. Mais se verrait bien en président des Etats-Unis d’Amérique.
Tout début 2017, Mark Zuckerberg annonçait ses bonnes résolutions dans une lettre ouverte à sa communauté - comme tous les ans. Mais si, les autres années, celles-ci se limitaient à apprendre le mandarin ou lire 25 livres en un an, le défi de cette année allait mettre la puce à l’oreille de certains journalistes : visiter chacun des 50 Etats avant 2018. D’où l’explication « officielle » de sa présence dans ce fameux Dakota du Sud. Depuis cette annonce et sa lettre ouverte du 16 février, Mark Zuckerberg n’a cessé de multiplier les indices laissant entendre une possible candidature à la présidence lors de l’élection de 2020. Derniers en date ? Les recrutements successifs au sein de sa fondation philanthropique Chan ­Zuckerberg Initiative de Joel Benenson, ancien conseiller de Barack Obama et stratège de la campagne d’Hillary Clinton en 2016 ; de David Plouffe, l’un des architectes de la campagne de Barack Obama en 2008 ; de Ken Mehlman, directeur de la seconde campagne de George W. Bush en 2004 ; de Charles Ommanney, ancien photographe de campagne d’Obama et de Bush… Autant de signes qui tendent à lever le voile sur sa possible candidature. Remarquons également qu’en janvier dernier, cet ancien athée assumé a avoué, après avoir rencontré le pape et fait les éloges du bouddhisme, que « la religion (était) très importante ».
Pourtant, l’intéressé nie farouchement toute ambition présidentielle. « Beaucoup me demandent si ces visites des 50 Etats signifient que je compte me présenter à une fonction officielle : ce n’est pas le cas. Je le fais simplement pour avoir une meilleure idée et perspective de notre pays, pour mieux servir notre communauté de presque 2 milliards de personnes […]. »
Peut-être le temps de faire accepter par l’opinion américaine l’idée qu’un PDG tel que lui, sans aucune expérience politique, soit investi par le Parti démocrate. Après l’investiture de Donald Trump, Mark Zuckerberg publia le 16 février 2017 un long manifeste sur Facebook à l’adresse de ses 96 millions de followers, repris dans la presse internationale qui comparait cette lettre à un des State of the Union d’un président des Etats-Unis. Intitulé « Building Global Community », le texte énonce cette question solennelle : « Sommes-nous en train de construire le monde que nous voulons tous ? » Ceux qui ne connaissaient pas bien l’homme derrière Facebook ont ainsi pu découvrir l’une de ses nombreuses facettes : Mark Zuckerberg a une vision précise du monde qui l’entoure et de l’état de nos sociétés modernes. « Depuis son plus jeune âge, Mark Zuckerberg est un garçon particulier, raconte David Kirkpatrick, journaliste et auteur d’un livre très fouillé sur la genèse de Facebook. Il est tenace, toujours cohérent et possède de vraies convictions. » Dont celle qui l’anime depuis les bancs de l’université : connecter les êtres humains entre eux pour rendre le monde meilleur, plus ouvert et plus libre. Le milliardaire a déjà contribué à la campagne de politiciens issus des deux grands partis du pays, refusant de croire à un manichéisme politique. « Je pense qu’il est difficile d’adhérer uniquement au Parti démocrate ou au Parti républicain, a affirmé en 2016 le jeune milliardaire. Je suis simplement pour une économie du savoir. » Zuckerberg avait par exemple rencontré le sénateur républicain de Floride et malheureux adversaire de Donald Trump, Marco Rubio, pour discuter d’une réforme bipartisane sur l’immigration, persuadé que les immigrants « sont la clé de l’économie et du savoir ».
Si la question est d’abord de savoir s’il se présentera bel et bien en 2020 (ou en 2024), et si oui, sous quelle égide politique, celle - évidente - que tout le monde se pose est : peut-il gagner ? Ce n’est pas impossible : un institut de sondage indiquait cet été que dans l’hypothèse d’un duel Trump-Zuckerberg en 2020, les deux candidats arriveraient au coude-à-coude. Cette même étude indique que 24 % des Américains seraient favorables à sa candidature, contre 29 % non favorables et 47 % d’indécis. En somme, en 2017, le peuple américain semble vouloir en savoir plus sur l’homme derrière cette société qui régit une grande partie de son quotidien, à travers Facebook mais aussi WhatsApp, Instagram et Messenger. Quatre des 10 applications smartphone les plus utilisées dans le monde.
Plus que d’une simple fortune, Zuckerberg est à la tête d’une entreprise tentaculaire qui fait de lui le « rédacteur en chef » le plus puissant du monde : Facebook est une vitrine virtuelle de toutes les unes des journaux du monde entier et peu de médias peuvent se targuer de disposer d’un lectorat ou d’une audience de 2 milliards de personnes. Et, comme un journal, le réseau a sa propre ligne éditoriale : des photographies historiques, notamment une sur la guerre du Vietnam, et des images de toiles de maîtres ont déjà été supprimées (temporairement) par le site car violant les conditions d’utilisation de Facebook. Un véritable empire dont il a posé la première pierre un soir d’hiver 2003, dans sa chambre de Kirkland, sur le campus d’Harvard où il était étudiant.
Lors de ses premiers mois à la prestigieuse université, après avoir refusé plusieurs propositions d’embauche de grandes sociétés, il inventa deux logiciels très populaires, CourseMatch et Facemash. Le premier permettait aux étudiants de voir à quels cours s’étaient inscrits leurs camarades et le second classait, par un système de vote, l’apparence et le physique des élèves. Bien avant Facebook donc, ce fils d’une psychiatre et d’un dentiste élevé dans l’Etat de New York démontrait une capacité sans pareille à créer des concepts de logiciels que les internautes aimaient utiliser. Pourquoi ? Car à cette époque, où les réseaux sociaux n’en étaient qu’à leurs balbutiements (Friendster et Myspace ne fonctionnaient pas très bien et croulaient sous des annonces publicitaires encombrant des interfaces déjà chargées), Zuckerberg avait su sentir ce qui composait le tissu social d’un milieu universitaire et a réussi à le transposer sur la toile. Facebook fut mis en ligne le 4 février 2004. Quatre jours plus tard, 650 utilisateurs avaient déjà créé leur compte. Puis, à l’instar d’un stratège militaire et aidé par ses camarades Dustin Moskovitz, Chris Hughes, Eduardo ­Saverin et Andrew McCollum, Zuckerberg entreprit d’étendre TheFacebook à d’autres universités : Yale, Columbia, Stanford… En un mois, 10 000 élèves dans le pays possédaient un compte Facebook. Treize ans plus tard et cinq ans après son introduction en Bourse, le réseau social est disponible dans plus de 140 langues et emploie plus de 20 000 personnes à travers le monde. Et, avec 2 milliards d’utilisateurs actifs par mois, il est - et de loin - le réseau social le plus important au monde.
Important, et influent : car Facebook a déjà révélé être capable d’agir directement sur le moral des gens en changeant l’ordre des informations présentes sur leur page personnelle. En analysant vos données, Facebook (mais également la plupart des autres grandes plates-formes internet) peut cibler les publicités que vous verrez s’afficher sur votre page. Si l’on sait ce que vous voulez acheter, on peut également déterminer (en changeant la manière dont sont compilées les données) votre candidat préféré aux prochaines élections et vos convictions politiques.
En 2014, dans une étude menée en collaboration avec les universités de Cornell et de Californie (UCLA) sur un échantillon de près de 700 000 personnes, Facebook démontrait qu’il était tout à fait possible d’altérer les humeurs des gens. Qu’il était tout à fait possible, en somme, de créer à l’aide d’algorithmes une « contagion affective à grande échelle ».
L’étude avait évidemment provoqué un tollé et n’avait pas manqué d’affoler politiques et observateurs du monde digital. « Est-ce que la CIA pourrait inciter à une révolution au Soudan en faisant pression sur Facebook pour qu’il mette en avant des messages de mécontentement ? Est-ce que ça doit être légal ? » s’interrogeait alors un spécialiste avant de poursuivre, précurseur : « Est-ce que Zuckerberg pourrait rafler une élection en faisant la promotion de tel ou tel site internet ? » Pour ne rien arranger, Facebook avait conduit cette expérience sans que les personnes sélectionnées dans l’échantillon aient été préalablement prévenues.
C’est là que le bât blesse : dans 1984, George Orwell prédisait un futur où la vie privée ne serait plus qu’une relique du passé. L’un des seuls détails que l’auteur visionnaire n’avait pas prévu est au cœur de la réussite même de Facebook : Zuckerberg n’a jamais volé une information à qui que ce soit. Nous lui avons tout donné, et gratuitement. Un fait qu’il mentionnait déjà à Harvard en 2004, quelques semaines après le lancement de Facebook, dans un échange d’e-mails publié quelques années plus tard dans la presse : « Si tu veux des informations sur quelqu’un de l’université, tu me demandes. J’ai environ 4 000 adresses mails, des photos, des coordonnées… » - « Comment t’as fait ça ? ! » - « Les gens les ont juste envoyées. Je ne sais pas pourquoi. Ils me font confiance. Bande d’abrutis. » Notons qu’à l’époque, Zuckerberg n’était encore qu’un jeune étudiant, au caractère bien éloigné du PDG qu’il est aujourd’hui. Un PDG qui, grâce aux informations que mettent en ligne ses utilisateurs, sait tout (ou presque) d’eux : 230 des 360 millions d’habitants aux Etats-Unis sont sur Facebook. S’il le souhaitait, Mark Zuckerberg pourrait aisément utiliser la masse de données dont il dispose pour analyser les opinions du pays, d’une région, d’un Etat, d’un district, d’une ville… et adapter ainsi une éventuelle stratégie électorale. Et si certains de ses détracteurs ne manquent pas de souligner son manque de charisme naturel - élément crucial à l’heure de la prédominance de la communication et de l’image dans la vie politique -, Zuckerberg est loin de la caricature du simple geek ayant eu une bonne idée au fin fond de son garage ou de sa chambre. « Il s’est révélé être quelqu’un d’aussi visionnaire que Steve Jobs et d’aussi influent que Bill Gates », témoigne un journaliste du New Yorker. Discret dans les médias « traditionnels », ­Zuckerberg partage son quotidien le plus intime sur sa page Facebook. Il ne va pas arpenter les couloirs du Capitole à Washington mais a facilement accès aux plus hautes sphères du pouvoir : Barack Obama pendant ses mandats (le président américain se félicitait d’être celui qui avait réussi à faire mettre une veste et des chaussures à Mark Zuckerberg, connu pour ne porter que des tee-shirts et des sandales), Angela Merkel, le pape François… Mais, en revanche, il décline les invitations de Donald Trump à participer aux réunions entre la Maison-Blanche et les autres géants de la tech américaine.
Demeure une question : pourquoi se présenterait-il ? Après tout, Mark Zuckerberg dispose déjà d’une immense fortune, d’une immense influence… d’un immense pouvoir. En tant que PDG, il pourrait parfaitement continuer à étendre l’emprise de Facebook à travers le monde : le soleil se lève et se couche d’ores et déjà sur Facebook mais reste à conquérir l’Afrique, et également l’Asie, où l’Inde et la Chine résistent à l’arrivée du réseau social sur leur territoire. Se lancer dans une campagne présidentielle, dans le monde tumultueux de la politique, c’est risquer d’y perdre des plumes, d’y perdre du temps, de fouler le sol d’un monde dont les Américains se méfient beaucoup plus, à tort ou à raison, que celui idyllique et optimiste des nouvelles technologies.
Mais peut-être Mark Zuckerberg a-t-il pris conscience de son influence politique avec l’élection de Donald Trump ? Après tout, et ce n’est plus à démontrer, ce sont en grande partie des plates-formes comme Facebook et Twitter qui ont été l’un des théâtres de l’élection du nouveau Président. C’est son royaume, son empire, qui a donné naissance au concept même de « fake news », qui a vu la promotion de sites internet colportant des informations haineuses faisant fi de la réalité. Avant l’élection de Trump, Zuckerberg arguait de vouloir rester neutre. Depuis son investiture en janvier dernier, Facebook a installé une nouvelle fonctionnalité pour faciliter les échanges entre les citoyens américains et leurs élus. Au XXIe siècle, Mark Zuckerberg n’a pas besoin du Bureau ovale pour devenir le maître du monde. S’il se présente, c’est que son ambition est nourrie par d’autres motifs. Peut-être celui de vouloir donner à ses deux filles, Maxima, née en novembre 2015, et August, née le 28 août dernier, un monde meilleur. Un monde avec « une meilleure éducation, moins de maladies, des communautés soudées et plus d’égalité », comme il l’écrit dans une lettre adressée à sa benjamine. Car si le candidat Donald Trump était sans aucun doute l’un des visages de l’Amérique, Mark Zuckerberg, lui, en est un autre : celui de la démesure, de la réussite, de l’optimisme, de la mondialisation à outrance et de l’universalité… du progrès aussi. Lui et sa femme Priscilla Chan, une fille d’immigrés vietnamiens diplômée d’Harvard Med School en pédiatrie et très impliquée dans l’éducation, multiplient les actes caritatifs - ils ont récemment donné 3 milliards de dollars à la recherche médicale - et se sont engagés à reverser 99 % de leur fortune personnelle. Peut-être un nouveau chapitre de la saga politique du pays et un exemple de ces storytellings dont les électeurs américains raffolent.
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leo-schaller-blog · 7 years
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Composez la titraille
TITRE informatif : USA : S’il se présentait, Zuckerberg serait au coude-à coude avec Trump lors des  prochaines élections présidentielles de 2020.
TITRE incitatif : Le roi de Facebook bientôt roi du monde ?
CHAPO : Déjà homme le plus puissant des réseaux sociaux avec Facebook, Mark Zuckerberg pourrait bientôt être placé au rang de l’homme le plus puissant du monde. De plus en plus actif et engagé au niveau politique, il n’est pas impossible qu’il s’engage politiquement, avec les élections présidentielles américaines de 2020 dans le viseur. Selon une étude, le génie d’Harvard serait plus que crédible face à Donald Trump.
Nous sommes le 17 juillet 2017. Mark Zuckerberg rend visite à la tribu indienne des Blackfeet, dans le Montana. Et comme chacun des deux milliards d’utilisateurs de Facebook, le plus grand réseau social mondial dont il est le fondateur et PDG, Mark Zuckerberg poste les photos de sa rencontre avec les membres de la tribu des Blackfeet sur son mur. Il y décrit, entre autres, la vie quotidienne sur la réserve, précise la complexité des problématiques liées à la juridiction particulière dont elle dispose, évoque les affres de l’alcool et de la drogue au sein de la tribu… Quelques jours plus tôt, le 12 juillet, Zuck - pour les intimes - nous contait ses péripéties et ses analyses du monde rural depuis une ferme d’élevage du Dakota du Sud. Cette fois-ci, avec des photos de lui au milieu des vaches. Pourquoi Mark Zuckerberg, l’un des hommes les plus puissants et les plus influents de la planète, à la tête d’une fortune personnelle de 71,5 milliards de dollars, PDG d’un empire technologico-médiatique pouvant s’adresser d’un clic à la moitié du globe, prendrait-il la peine de se rendre dans une réserve indienne, une ferme d’élevage, ou une caserne de pompiers pour s’adresser à une petite vingtaine de personnes, ou pour voir des vaches ?
Il se pourrait bien que le plus jeune milliardaire de l’Histoire - Zuckerberg a gagné son premier milliard à 23 ans, huit ans avant Bill Gates - ne limite pas ses ambitions à l’inter­connexion de l’humanité tout entière. Mais se verrait bien en président des Etats-Unis d’Amérique.
Tout début 2017, Mark Zuckerberg annonçait ses bonnes résolutions dans une lettre ouverte à sa communauté - comme tous les ans. Mais si, les autres années, celles-ci se limitaient à apprendre le mandarin ou lire 25 livres en un an, le défi de cette année allait mettre la puce à l’oreille de certains journalistes : visiter chacun des 50 Etats avant 2018. D’où l’explication « officielle » de sa présence dans ce fameux Dakota du Sud. Depuis cette annonce et sa lettre ouverte du 16 février, Mark Zuckerberg n’a cessé de multiplier les indices laissant entendre une possible candidature à la présidence lors de l’élection de 2020. Derniers en date ? Les recrutements successifs au sein de sa fondation philanthropique Chan ­Zuckerberg Initiative de Joel Benenson, ancien conseiller de Barack Obama et stratège de la campagne d’Hillary Clinton en 2016 ; de David Plouffe, l’un des architectes de la campagne de Barack Obama en 2008 ; de Ken Mehlman, directeur de la seconde campagne de George W. Bush en 2004 ; de Charles Ommanney, ancien photographe de campagne d’Obama et de Bush… Autant de signes qui tendent à lever le voile sur sa possible candidature. Remarquons également qu’en janvier dernier, cet ancien athée assumé a avoué, après avoir rencontré le pape et fait les éloges du bouddhisme, que « la religion (était) très importante ».
Pourtant, l’intéressé nie farouchement toute ambition présidentielle. « Beaucoup me demandent si ces visites des 50 Etats signifient que je compte me présenter à une fonction officielle : ce n’est pas le cas. Je le fais simplement pour avoir une meilleure idée et perspective de notre pays, pour mieux servir notre communauté de presque 2 milliards de personnes […]. »
Peut-être le temps de faire accepter par l’opinion américaine l’idée qu’un PDG tel que lui, sans aucune expérience politique, soit investi par le Parti démocrate. Après l’investiture de Donald Trump, Mark Zuckerberg publia le 16 février 2017 un long manifeste sur Facebook à l’adresse de ses 96 millions de followers, repris dans la presse internationale qui comparait cette lettre à un des State of the Union d’un président des Etats-Unis. Intitulé « Building Global Community », le texte énonce cette question solennelle : « Sommes-nous en train de construire le monde que nous voulons tous ? » Ceux qui ne connaissaient pas bien l’homme derrière Facebook ont ainsi pu découvrir l’une de ses nombreuses facettes : Mark Zuckerberg a une vision précise du monde qui l’entoure et de l’état de nos sociétés modernes. « Depuis son plus jeune âge, Mark Zuckerberg est un garçon particulier, raconte David Kirkpatrick, journaliste et auteur d’un livre très fouillé sur la genèse de Facebook. Il est tenace, toujours cohérent et possède de vraies convictions. » Dont celle qui l’anime depuis les bancs de l’université : connecter les êtres humains entre eux pour rendre le monde meilleur, plus ouvert et plus libre. Le milliardaire a déjà contribué à la campagne de politiciens issus des deux grands partis du pays, refusant de croire à un manichéisme politique. « Je pense qu’il est difficile d’adhérer uniquement au Parti démocrate ou au Parti républicain, a affirmé en 2016 le jeune milliardaire. Je suis simplement pour une économie du savoir. » Zuckerberg avait par exemple rencontré le sénateur républicain de Floride et malheureux adversaire de Donald Trump, Marco Rubio, pour discuter d’une réforme bipartisane sur l’immigration, persuadé que les immigrants « sont la clé de l’économie et du savoir ».
Intelligent, génie et social
Si la question est d’abord de savoir s’il se présentera bel et bien en 2020 (ou en 2024), et si oui, sous quelle égide politique, celle - évidente - que tout le monde se pose est : peut-il gagner ? Ce n’est pas impossible : un institut de sondage indiquait cet été que dans l’hypothèse d’un duel Trump-Zuckerberg en 2020, les deux candidats arriveraient au coude-à-coude. Cette même étude indique que 24 % des Américains seraient favorables à sa candidature, contre 29 % non favorables et 47 % d’indécis. En somme, en 2017, le peuple américain semble vouloir en savoir plus sur l’homme derrière cette société qui régit une grande partie de son quotidien, à travers Facebook mais aussi WhatsApp, Instagram et Messenger. Quatre des 10 applications smartphone les plus utilisées dans le monde.
Plus que d’une simple fortune, Zuckerberg est à la tête d’une entreprise tentaculaire qui fait de lui le « rédacteur en chef » le plus puissant du monde : Facebook est une vitrine virtuelle de toutes les unes des journaux du monde entier et peu de médias peuvent se targuer de disposer d’un lectorat ou d’une audience de 2 milliards de personnes. Et, comme un journal, le réseau a sa propre ligne éditoriale : des photographies historiques, notamment une sur la guerre du Vietnam, et des images de toiles de maîtres ont déjà été supprimées (temporairement) par le site car violant les conditions d’utilisation de Facebook. Un véritable empire dont il a posé la première pierre un soir d’hiver 2003, dans sa chambre de Kirkland, sur le campus d’Harvard où il était étudiant.
Lors de ses premiers mois à la prestigieuse université, après avoir refusé plusieurs propositions d’embauche de grandes sociétés, il inventa deux logiciels très populaires, CourseMatch et Facemash. Le premier permettait aux étudiants de voir à quels cours s’étaient inscrits leurs camarades et le second classait, par un système de vote, l’apparence et le physique des élèves. Bien avant Facebook donc, ce fils d’une psychiatre et d’un dentiste élevé dans l’Etat de New York démontrait une capacité sans pareille à créer des concepts de logiciels que les internautes aimaient utiliser. Pourquoi ? Car à cette époque, où les réseaux sociaux n’en étaient qu’à leurs balbutiements (Friendster et Myspace ne fonctionnaient pas très bien et croulaient sous des annonces publicitaires encombrant des interfaces déjà chargées), Zuckerberg avait su sentir ce qui composait le tissu social d’un milieu universitaire et a réussi à le transposer sur la toile. Facebook fut mis en ligne le 4 février 2004. Quatre jours plus tard, 650 utilisateurs avaient déjà créé leur compte. Puis, à l’instar d’un stratège militaire et aidé par ses camarades Dustin Moskovitz, Chris Hughes, Eduardo ­Saverin et Andrew McCollum, Zuckerberg entreprit d’étendre TheFacebook à d’autres universités : Yale, Columbia, Stanford… En un mois, 10 000 élèves dans le pays possédaient un compte Facebook. Treize ans plus tard et cinq ans après son introduction en Bourse, le réseau social est disponible dans plus de 140 langues et emploie plus de 20 000 personnes à travers le monde. Et, avec 2 milliards d’utilisateurs actifs par mois, il est - et de loin - le réseau social le plus important au monde.
Important, et influent : car Facebook a déjà révélé être capable d’agir directement sur le moral des gens en changeant l’ordre des informations présentes sur leur page personnelle. En analysant vos données, Facebook (mais également la plupart des autres grandes plates-formes internet) peut cibler les publicités que vous verrez s’afficher sur votre page. Si l’on sait ce que vous voulez acheter, on peut également déterminer (en changeant la manière dont sont compilées les données) votre candidat préféré aux prochaines élections et vos convictions politiques.
En 2014, dans une étude menée en collaboration avec les universités de Cornell et de Californie (UCLA) sur un échantillon de près de 700 000 personnes, Facebook démontrait qu’il était tout à fait possible d’altérer les humeurs des gens. Qu’il était tout à fait possible, en somme, de créer à l’aide d’algorithmes une « contagion affective à grande échelle ».
L’étude avait évidemment provoqué un tollé et n’avait pas manqué d’affoler politiques et observateurs du monde digital. « Est-ce que la CIA pourrait inciter à une révolution au Soudan en faisant pression sur Facebook pour qu’il mette en avant des messages de mécontentement ? Est-ce que ça doit être légal ? » s’interrogeait alors un spécialiste avant de poursuivre, précurseur : « Est-ce que Zuckerberg pourrait rafler une élection en faisant la promotion de tel ou tel site internet ? » Pour ne rien arranger, Facebook avait conduit cette expérience sans que les personnes sélectionnées dans l’échantillon aient été préalablement prévenues.
C’est là que le bât blesse : dans 1984, George Orwell prédisait un futur où la vie privée ne serait plus qu’une relique du passé. L’un des seuls détails que l’auteur visionnaire n’avait pas prévu est au cœur de la réussite même de Facebook : Zuckerberg n’a jamais volé une information à qui que ce soit. Nous lui avons tout donné, et gratuitement. Un fait qu’il mentionnait déjà à Harvard en 2004, quelques semaines après le lancement de Facebook, dans un échange d’e-mails publié quelques années plus tard dans la presse : « Si tu veux des informations sur quelqu’un de l’université, tu me demandes. J’ai environ 4 000 adresses mails, des photos, des coordonnées… » - « Comment t’as fait ça ? ! » - « Les gens les ont juste envoyées. Je ne sais pas pourquoi. Ils me font confiance. Bande d’abrutis. » Notons qu’à l’époque, Zuckerberg n’était encore qu’un jeune étudiant, au caractère bien éloigné du PDG qu’il est aujourd’hui. Un PDG qui, grâce aux informations que mettent en ligne ses utilisateurs, sait tout (ou presque) d’eux : 230 des 360 millions d’habitants aux Etats-Unis sont sur Facebook. S’il le souhaitait, Mark Zuckerberg pourrait aisément utiliser la masse de données dont il dispose pour analyser les opinions du pays, d’une région, d’un Etat, d’un district, d’une ville… et adapter ainsi une éventuelle stratégie électorale. Et si certains de ses détracteurs ne manquent pas de souligner son manque de charisme naturel - élément crucial à l’heure de la prédominance de la communication et de l’image dans la vie politique -, Zuckerberg est loin de la caricature du simple geek ayant eu une bonne idée au fin fond de son garage ou de sa chambre. « Il s’est révélé être quelqu’un d’aussi visionnaire que Steve Jobs et d’aussi influent que Bill Gates », témoigne un journaliste du New Yorker. Discret dans les médias « traditionnels », ­Zuckerberg partage son quotidien le plus intime sur sa page Facebook. Il ne va pas arpenter les couloirs du Capitole à Washington mais a facilement accès aux plus hautes sphères du pouvoir : Barack Obama pendant ses mandats (le président américain se félicitait d’être celui qui avait réussi à faire mettre une veste et des chaussures à Mark Zuckerberg, connu pour ne porter que des tee-shirts et des sandales), Angela Merkel, le pape François… Mais, en revanche, il décline les invitations de Donald Trump à participer aux réunions entre la Maison-Blanche et les autres géants de la tech américaine.
Pourquoi cette conquête politique ?
Demeure une question : pourquoi se présenterait-il ? Après tout, Mark Zuckerberg dispose déjà d’une immense fortune, d’une immense influence… d’un immense pouvoir. En tant que PDG, il pourrait parfaitement continuer à étendre l’emprise de Facebook à travers le monde : le soleil se lève et se couche d’ores et déjà sur Facebook mais reste à conquérir l’Afrique, et également l’Asie, où l’Inde et la Chine résistent à l’arrivée du réseau social sur leur territoire. Se lancer dans une campagne présidentielle, dans le monde tumultueux de la politique, c’est risquer d’y perdre des plumes, d’y perdre du temps, de fouler le sol d’un monde dont les Américains se méfient beaucoup plus, à tort ou à raison, que celui idyllique et optimiste des nouvelles technologies.
Mais peut-être Mark Zuckerberg a-t-il pris conscience de son influence politique avec l’élection de Donald Trump ? Après tout, et ce n’est plus à démontrer, ce sont en grande partie des plates-formes comme Facebook et Twitter qui ont été l’un des théâtres de l’élection du nouveau Président. C’est son royaume, son empire, qui a donné naissance au concept même de « fake news », qui a vu la promotion de sites internet colportant des informations haineuses faisant fi de la réalité. Avant l’élection de Trump, Zuckerberg arguait de vouloir rester neutre. Depuis son investiture en janvier dernier, Facebook a installé une nouvelle fonctionnalité pour faciliter les échanges entre les citoyens américains et leurs élus. Au XXIe siècle, Mark Zuckerberg n’a pas besoin du Bureau ovale pour devenir le maître du monde. S’il se présente, c’est que son ambition est nourrie par d’autres motifs. Peut-être celui de vouloir donner à ses deux filles, Maxima, née en novembre 2015, et August, née le 28 août dernier, un monde meilleur. Un monde avec « une meilleure éducation, moins de maladies, des communautés soudées et plus d’égalité », comme il l’écrit dans une lettre adressée à sa benjamine. Car si le candidat Donald Trump était sans aucun doute l’un des visages de l’Amérique, Mark Zuckerberg, lui, en est un autre : celui de la démesure, de la réussite, de l’optimisme, de la mondialisation à outrance et de l’universalité… du progrès aussi. Lui et sa femme Priscilla Chan, une fille d’immigrés vietnamiens diplômée d’Harvard Med School en pédiatrie et très impliquée dans l’éducation, multiplient les actes caritatifs - ils ont récemment donné 3 milliards de dollars à la recherche médicale - et se sont engagés à reverser 99 % de leur fortune personnelle. Peut-être un nouveau chapitre de la saga politique du pays et un exemple de ces storytellings dont les électeurs américains raffolent.
■ VINCENT JOLLY
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angeliqtoscano · 7 years
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D’une présidence à l’autre, il n’y a qu’un pas 
Zuckerberg: une ambition politique
Mark Zuckerberg, fondateur de facebook a entamé en 2017 une visite des 50 états américains. Cette tournée pourrait s’annoncer comme un début de campagne pour les élections présidentielles américaines de 2020.
Nous sommes le 17 juillet 2017. Mark Zuckerberg rend visite à la tribu indienne des Blackfeet, dans le Montana. Et comme chacun des deux milliards d’utilisateurs de Facebook, le plus grand réseau social mondial dont il est le fondateur et PDG, Mark Zuckerberg poste les photos de sa rencontre avec les membres de la tribu des Blackfeet sur son mur. Il y décrit, entre autres, la vie quotidienne sur la réserve, précise la complexité des problématiques liées à la juridiction particulière dont elle dispose, évoque les affres de l’alcool et de la drogue au sein de la tribu… Quelques jours plus tôt, le 12 juillet, Zuck - pour les intimes - nous contait ses péripéties et ses analyses du monde rural depuis une ferme d’élevage du Dakota du Sud. Cette fois-ci, avec des photos de lui au milieu des vaches. Pourquoi Mark Zuckerberg, l’un des hommes les plus puissants et les plus influents de la planète, à la tête d’une fortune personnelle de 71,5 milliards de dollars, PDG d’un empire technologico-médiatique pouvant s’adresser d’un clic à la moitié du globe, prendrait-il la peine de se rendre dans une réserve indienne, une ferme d’élevage, ou une caserne de pompiers pour s’adresser à une petite vingtaine de personnes, ou pour voir des vaches ?
Il se pourrait bien que le plus jeune milliardaire de l’Histoire - Zuckerberg a gagné son premier milliard à 23 ans, huit ans avant Bill Gates - ne limite pas ses ambitions à l’inter­connexion de l’humanité tout entière. Mais se verrait bien en président des Etats-Unis d’Amérique.
Un début de campagne?
Tout début 2017, Mark Zuckerberg annonçait ses bonnes résolutions dans une lettre ouverte à sa communauté - comme tous les ans. Mais si, les autres années, celles-ci se limitaient à apprendre le mandarin ou lire 25 livres en un an, le défi de cette année allait mettre la puce à l’oreille de certains journalistes : visiter chacun des 50 Etats avant 2018. D’où l’explication « officielle » de sa présence dans ce fameux Dakota du Sud. Depuis cette annonce et sa lettre ouverte du 16 février, Mark Zuckerberg n’a cessé de multiplier les indices laissant entendre une possible candidature à la présidence lors de l’élection de 2020. Derniers en date ? Les recrutements successifs au sein de sa fondation philanthropique Chan ­Zuckerberg Initiative de Joel Benenson, ancien conseiller de Barack Obama et stratège de la campagne d’Hillary Clinton en 2016 ; de David Plouffe, l’un des architectes de la campagne de Barack Obama en 2008 ; de Ken Mehlman, directeur de la seconde campagne de George W. Bush en 2004 ; de Charles Ommanney, ancien photographe de campagne d’Obama et de Bush… Autant de signes qui tendent à lever le voile sur sa possible candidature. Remarquons également qu’en janvier dernier, cet ancien athée assumé a avoué, après avoir rencontré le pape et fait les éloges du bouddhisme, que « la religion (était) très importante ».
Pourtant, l’intéressé nie farouchement toute ambition présidentielle. « Beaucoup me demandent si ces visites des 50 Etats signifient que je compte me présenter à une fonction officielle : ce n’est pas le cas. Je le fais simplement pour avoir une meilleure idée et perspective de notre pays, pour mieux servir notre communauté de presque 2 milliards de personnes […]. »
Peut-être le temps de faire accepter par l’opinion américaine l’idée qu’un PDG tel que lui, sans aucune expérience politique, soit investi par le Parti démocrate. Après l’investiture de Donald Trump, Mark Zuckerberg publia le 16 février 2017 un long manifeste sur Facebook à l’adresse de ses 96 millions de followers, repris dans la presse internationale qui comparait cette lettre à un des State of the Union d’un président des Etats-Unis. Intitulé « Building Global Community », le texte énonce cette question solennelle : « Sommes-nous en train de construire le monde que nous voulons tous ? » Ceux qui ne connaissaient pas bien l’homme derrière Facebook ont ainsi pu découvrir l’une de ses nombreuses facettes : Mark Zuckerberg a une vision précise du monde qui l’entoure et de l’état de nos sociétés modernes. « Depuis son plus jeune âge, Mark Zuckerberg est un garçon particulier, raconte David Kirkpatrick, journaliste et auteur d’un livre très fouillé sur la genèse de Facebook. Il est tenace, toujours cohérent et possède de vraies convictions. » Dont celle qui l’anime depuis les bancs de l’université : connecter les êtres humains entre eux pour rendre le monde meilleur, plus ouvert et plus libre. Le milliardaire a déjà contribué à la campagne de politiciens issus des deux grands partis du pays, refusant de croire à un manichéisme politique. « Je pense qu’il est difficile d’adhérer uniquement au Parti démocrate ou au Parti républicain, a affirmé en 2016 le jeune milliardaire. Je suis simplement pour une économie du savoir. » Zuckerberg avait par exemple rencontré le sénateur républicain de Floride et malheureux adversaire de Donald Trump, Marco Rubio, pour discuter d’une réforme bipartisane sur l’immigration, persuadé que les immigrants « sont la clé de l’économie et du savoir ».
2020: Trump-Zuckerberg, à égalité 
Si la question est d’abord de savoir s’il se présentera bel et bien en 2020 (ou en 2024), et si oui, sous quelle égide politique, celle - évidente - que tout le monde se pose est : peut-il gagner ? Ce n’est pas impossible : un institut de sondage indiquait cet été que dans l’hypothèse d’un duel Trump-Zuckerberg en 2020, les deux candidats arriveraient au coude-à-coude. Cette même étude indique que 24 % des Américains seraient favorables à sa candidature, contre 29 % non favorables et 47 % d’indécis. En somme, en 2017, le peuple américain semble vouloir en savoir plus sur l’homme derrière cette société qui régit une grande partie de son quotidien, à travers Facebook mais aussi WhatsApp, Instagram et Messenger. Quatre des 10 applications smartphone les plus utilisées dans le monde.
Plus que d’une simple fortune, Zuckerberg est à la tête d’une entreprise tentaculaire qui fait de lui le « rédacteur en chef » le plus puissant du monde : Facebook est une vitrine virtuelle de toutes les unes des journaux du monde entier et peu de médias peuvent se targuer de disposer d’un lectorat ou d’une audience de 2 milliards de personnes. Et, comme un journal, le réseau a sa propre ligne éditoriale : des photographies historiques, notamment une sur la guerre du Vietnam, et des images de toiles de maîtres ont déjà été supprimées (temporairement) par le site car violant les conditions d’utilisation de Facebook. Un véritable empire dont il a posé la première pierre un soir d’hiver 2003, dans sa chambre de Kirkland, sur le campus d’Harvard où il était étudiant.
Lors de ses premiers mois à la prestigieuse université, après avoir refusé plusieurs propositions d’embauche de grandes sociétés, il inventa deux logiciels très populaires, CourseMatch et Facemash. Le premier permettait aux étudiants de voir à quels cours s’étaient inscrits leurs camarades et le second classait, par un système de vote, l’apparence et le physique des élèves. Bien avant Facebook donc, ce fils d’une psychiatre et d’un dentiste élevé dans l’Etat de New York démontrait une capacité sans pareille à créer des concepts de logiciels que les internautes aimaient utiliser. Pourquoi ? Car à cette époque, où les réseaux sociaux n’en étaient qu’à leurs balbutiements (Friendster et Myspace ne fonctionnaient pas très bien et croulaient sous des annonces publicitaires encombrant des interfaces déjà chargées), Zuckerberg avait su sentir ce qui composait le tissu social d’un milieu universitaire et a réussi à le transposer sur la toile. Facebook fut mis en ligne le 4 février 2004. Quatre jours plus tard, 650 utilisateurs avaient déjà créé leur compte. Puis, à l’instar d’un stratège militaire et aidé par ses camarades Dustin Moskovitz, Chris Hughes, Eduardo ­Saverin et Andrew McCollum, Zuckerberg entreprit d’étendre TheFacebook à d’autres universités : Yale, Columbia, Stanford… En un mois, 10 000 élèves dans le pays possédaient un compte Facebook. Treize ans plus tard et cinq ans après son introduction en Bourse, le réseau social est disponible dans plus de 140 langues et emploie plus de 20 000 personnes à travers le monde. Et, avec 2 milliards d’utilisateurs actifs par mois, il est - et de loin - le réseau social le plus important au monde.
Facebook sait tout de nous  
Important, et influent : car Facebook a déjà révélé être capable d’agir directement sur le moral des gens en changeant l’ordre des informations présentes sur leur page personnelle. En analysant vos données, Facebook (mais également la plupart des autres grandes plates-formes internet) peut cibler les publicités que vous verrez s’afficher sur votre page. Si l’on sait ce que vous voulez acheter, on peut également déterminer (en changeant la manière dont sont compilées les données) votre candidat préféré aux prochaines élections et vos convictions politiques.
En 2014, dans une étude menée en collaboration avec les universités de Cornell et de Californie (UCLA) sur un échantillon de près de 700 000 personnes, Facebook démontrait qu’il était tout à fait possible d’altérer les humeurs des gens. Qu’il était tout à fait possible, en somme, de créer à l’aide d’algorithmes une « contagion affective à grande échelle ».
L’étude avait évidemment provoqué un tollé et n’avait pas manqué d’affoler politiques et observateurs du monde digital. « Est-ce que la CIA pourrait inciter à une révolution au Soudan en faisant pression sur Facebook pour qu’il mette en avant des messages de mécontentement ? Est-ce que ça doit être légal ? » s’interrogeait alors un spécialiste avant de poursuivre, précurseur : « Est-ce que Zuckerberg pourrait rafler une élection en faisant la promotion de tel ou tel site internet ? » Pour ne rien arranger, Facebook avait conduit cette expérience sans que les personnes sélectionnées dans l’échantillon aient été préalablement prévenues.
C’est là que le bât blesse : dans 1984, George Orwell prédisait un futur où la vie privée ne serait plus qu’une relique du passé. L’un des seuls détails que l’auteur visionnaire n’avait pas prévu est au cœur de la réussite même de Facebook : Zuckerberg n’a jamais volé une information à qui que ce soit. Nous lui avons tout donné, et gratuitement. Un fait qu’il mentionnait déjà à Harvard en 2004, quelques semaines après le lancement de Facebook, dans un échange d’e-mails publié quelques années plus tard dans la presse : « Si tu veux des informations sur quelqu’un de l’université, tu me demandes. J’ai environ 4 000 adresses mails, des photos, des coordonnées… » - « Comment t’as fait ça ? ! » - « Les gens les ont juste envoyées. Je ne sais pas pourquoi. Ils me font confiance. Bande d’abrutis. » Notons qu’à l’époque, Zuckerberg n’était encore qu’un jeune étudiant, au caractère bien éloigné du PDG qu’il est aujourd’hui. Un PDG qui, grâce aux informations que mettent en ligne ses utilisateurs, sait tout (ou presque) d’eux : 230 des 360 millions d’habitants aux Etats-Unis sont sur Facebook. S’il le souhaitait, Mark Zuckerberg pourrait aisément utiliser la masse de données dont il dispose pour analyser les opinions du pays, d’une région, d’un Etat, d’un district, d’une ville… et adapter ainsi une éventuelle stratégie électorale. Et si certains de ses détracteurs ne manquent pas de souligner son manque de charisme naturel - élément crucial à l’heure de la prédominance de la communication et de l’image dans la vie politique -, Zuckerberg est loin de la caricature du simple geek ayant eu une bonne idée au fin fond de son garage ou de sa chambre. « Il s’est révélé être quelqu’un d’aussi visionnaire que Steve Jobs et d’aussi influent que Bill Gates », témoigne un journaliste du New Yorker. Discret dans les médias « traditionnels », Zuckerberg partage son quotidien le plus intime sur sa page Facebook. Il ne va pas arpenter les couloirs du Capitole à Washington mais a facilement accès aux plus hautes sphères du pouvoir : Barack Obama pendant ses mandats (le président américain se félicitait d’être celui qui avait réussi à faire mettre une veste et des chaussures à Mark Zuckerberg, connu pour ne porter que des tee-shirts et des sandales), Angela Merkel, le pape François… Mais, en revanche, il décline les invitations de Donald Trump à participer aux réunions entre la Maison-Blanche et les autres géants de la tech américaine.
Demeure une question : pourquoi se présenterait-il ? Après tout, Mark Zuckerberg dispose déjà d’une immense fortune, d’une immense influence… d’un immense pouvoir. En tant que PDG, il pourrait parfaitement continuer à étendre l’emprise de Facebook à travers le monde : le soleil se lève et se couche d’ores et déjà sur Facebook mais reste à conquérir l’Afrique, et également l’Asie, où l’Inde et la Chine résistent à l’arrivée du réseau social sur leur territoire. Se lancer dans une campagne présidentielle, dans le monde tumultueux de la politique, c’est risquer d’y perdre des plumes, d’y perdre du temps, de fouler le sol d’un monde dont les Américains se méfient beaucoup plus, à tort ou à raison, que celui idyllique et optimiste des nouvelles technologies.
Les réseaux sociaux, la force de zuckerberg
Mais peut-être Mark Zuckerberg a-t-il pris conscience de son influence politique avec l’élection de Donald Trump ? Après tout, et ce n’est plus à démontrer, ce sont en grande partie des plates-formes comme Facebook et Twitter qui ont été l’un des théâtres de l’élection du nouveau Président. C’est son royaume, son empire, qui a donné naissance au concept même de « fake news », qui a vu la promotion de sites internet colportant des informations haineuses faisant fi de la réalité. Avant l’élection de Trump, Zuckerberg arguait de vouloir rester neutre. Depuis son investiture en janvier dernier, Facebook a installé une nouvelle fonctionnalité pour faciliter les échanges entre les citoyens américains et leurs élus. Au XXIe siècle, Mark Zuckerberg n’a pas besoin du Bureau ovale pour devenir le maître du monde. S’il se présente, c’est que son ambition est nourrie par d’autres motifs. Peut-être celui de vouloir donner à ses deux filles, Maxima, née en novembre 2015, et August, née le 28 août dernier, un monde meilleur. Un monde avec « une meilleure éducation, moins de maladies, des communautés soudées et plus d’égalité », comme il l’écrit dans une lettre adressée à sa benjamine. Car si le candidat Donald Trump était sans aucun doute l’un des visages de l’Amérique, Mark Zuckerberg, lui, en est un autre : celui de la démesure, de la réussite, de l’optimisme, de la mondialisation à outrance et de l’universalité… du progrès aussi. Lui et sa femme Priscilla Chan, une fille d’immigrés vietnamiens diplômée d’Harvard Med School en pédiatrie et très impliquée dans l’éducation, multiplient les actes caritatifs - ils ont récemment donné 3 milliards de dollars à la recherche médicale - et se sont engagés à reverser 99 % de leur fortune personnelle. Peut-être un nouveau chapitre de la saga politique du pays et un exemple de ces storytellings dont les électeurs américains raffolent.
■ VINCENT JOLLY
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iweb-rdc001 · 1 year
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RDC : Polémique autour de sa candidature à l'élection présidentielle de 2023, Martin Fayulu déballe tout ce lundi !
Martin Fayulu Madidi, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2018, va se prononcer, ce lundi 25 septembre aux alentours de 13 heures. L’information a été rendue publique par son parti politique Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (Ecidé) via ses différents comptes réseaux sociaux. Certaines personnes estiment que le leader du regroupement politique Lamuka va tout…
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- Zuckerberg “like” la Maison Blanche - Et si Zuckerberg visait la Maison Blanche?
Visites des états, engagements associatifs, lettres ouvertes sur Facebook... Depuis plusieurs mois, Mark Zuckerberg semble être parti en campagne. Campagne politique ou humanitaire? Le doute est permis.
Nous sommes le 17 juillet 2017. Mark Zuckerberg rend visite à la tribu indienne des Blackfeet, dans le Montana. Et comme chacun des deux milliards d’utilisateurs de Facebook, le plus grand réseau social mondial dont il est le fondateur et PDG, Mark Zuckerberg poste les photos de sa rencontre avec les membres de la tribu des Blackfeet sur son mur. Il y décrit, entre autres, la vie quotidienne sur la réserve, précise la complexité des problématiques liées à la juridiction particulière dont elle dispose, évoque les affres de l’alcool et de la drogue au sein de la tribu… Quelques jours plus tôt, le 12 juillet, Zuck - pour les intimes - nous contait ses péripéties et ses analyses du monde rural depuis une ferme d’élevage du Dakota du Sud. Cette fois-ci, avec des photos de lui au milieu des vaches. Pourquoi Mark Zuckerberg, l’un des hommes les plus puissants et les plus influents de la planète, à la tête d’une fortune personnelle de 71,5 milliards de dollars, PDG d’un empire technologico-médiatique pouvant s’adresser d’un clic à la moitié du globe, prendrait-il la peine de se rendre dans une réserve indienne, une ferme d’élevage, ou une caserne de pompiers pour s’adresser à une petite vingtaine de personnes, ou pour voir des vaches ?
Il se pourrait bien que le plus jeune milliardaire de l’Histoire - Zuckerberg a gagné son premier milliard à 23 ans, huit ans avant Bill Gates - ne limite pas ses ambitions à l’inter­connexion de l’humanité tout entière. Mais se verrait bien en président des Etats-Unis d’Amérique.
Tout début 2017, Mark Zuckerberg annonçait ses bonnes résolutions dans une lettre ouverte à sa communauté - comme tous les ans. Mais si, les autres années, celles-ci se limitaient à apprendre le mandarin ou lire 25 livres en un an, le défi de cette année allait mettre la puce à l’oreille de certains journalistes : visiter chacun des 50 Etats avant 2018. D’où l’explication « officielle » de sa présence dans ce fameux Dakota du Sud. Depuis cette annonce et sa lettre ouverte du 16 février, Mark Zuckerberg n’a cessé de multiplier les indices laissant entendre une possible candidature à la présidence lors de l’élection de 2020. Derniers en date ? Les recrutements successifs au sein de sa fondation philanthropique Chan ­Zuckerberg Initiative de Joel Benenson, ancien conseiller de Barack Obama et stratège de la campagne d’Hillary Clinton en 2016 ; de David Plouffe, l’un des architectes de la campagne de Barack Obama en 2008 ; de Ken Mehlman, directeur de la seconde campagne de George W. Bush en 2004 ; de Charles Ommanney, ancien photographe de campagne d’Obama et de Bush… Autant de signes qui tendent à lever le voile sur sa possible candidature. Remarquons également qu’en janvier dernier, cet ancien athée assumé a avoué, après avoir rencontré le pape et fait les éloges du bouddhisme, que « la religion (était) très importante ».
L’homme aux 2 milliards d’amis
Pourtant, l’intéressé nie farouchement toute ambition présidentielle. « Beaucoup me demandent si ces visites des 50 Etats signifient que je compte me présenter à une fonction officielle : ce n’est pas le cas. Je le fais simplement pour avoir une meilleure idée et perspective de notre pays, pour mieux servir notre communauté de presque 2 milliards de personnes […]. »
Peut-être le temps de faire accepter par l’opinion américaine l’idée qu’un PDG tel que lui, sans aucune expérience politique, soit investi par le Parti démocrate. Après l’investiture de Donald Trump, Mark Zuckerberg publia le 16 février 2017 un long manifeste sur Facebook à l’adresse de ses 96 millions de followers, repris dans la presse internationale qui comparait cette lettre à un des State of the Union d’un président des Etats-Unis. Intitulé « Building Global Community », le texte énonce cette question solennelle : « Sommes-nous en train de construire le monde que nous voulons tous ? » Ceux qui ne connaissaient pas bien l’homme derrière Facebook ont ainsi pu découvrir l’une de ses nombreuses facettes : Mark Zuckerberg a une vision précise du monde qui l’entoure et de l’état de nos sociétés modernes. « Depuis son plus jeune âge, Mark Zuckerberg est un garçon particulier, raconte David Kirkpatrick, journaliste et auteur d’un livre très fouillé sur la genèse de Facebook. Il est tenace, toujours cohérent et possède de vraies convictions. » Dont celle qui l’anime depuis les bancs de l’université : connecter les êtres humains entre eux pour rendre le monde meilleur, plus ouvert et plus libre. Le milliardaire a déjà contribué à la campagne de politiciens issus des deux grands partis du pays, refusant de croire à un manichéisme politique. « Je pense qu’il est difficile d’adhérer uniquement au Parti démocrate ou au Parti républicain, a affirmé en 2016 le jeune milliardaire. Je suis simplement pour une économie du savoir. » Zuckerberg avait par exemple rencontré le sénateur républicain de Floride et malheureux adversaire de Donald Trump, Marco Rubio, pour discuter d’une réforme bipartisane sur l’immigration, persuadé que les immigrants « sont la clé de l’économie et du savoir ».
Si la question est d’abord de savoir s’il se présentera bel et bien en 2020 (ou en 2024), et si oui, sous quelle égide politique, celle - évidente - que tout le monde se pose est : peut-il gagner ? Ce n’est pas impossible : un institut de sondage indiquait cet été que dans l’hypothèse d’un duel Trump-Zuckerberg en 2020, les deux candidats arriveraient au coude-à-coude. Cette même étude indique que 24 % des Américains seraient favorables à sa candidature, contre 29 % non favorables et 47 % d’indécis. En somme, en 2017, le peuple américain semble vouloir en savoir plus sur l’homme derrière cette société qui régit une grande partie de son quotidien, à travers Facebook mais aussi WhatsApp, Instagram et Messenger. Quatre des 10 applications smartphone les plus utilisées dans le monde.
Contrôle des données, contrôle des pensées?
Plus que d’une simple fortune, Zuckerberg est à la tête d’une entreprise tentaculaire qui fait de lui le « rédacteur en chef » le plus puissant du monde : Facebook est une vitrine virtuelle de toutes les unes des journaux du monde entier et peu de médias peuvent se targuer de disposer d’un lectorat ou d’une audience de 2 milliards de personnes. Et, comme un journal, le réseau a sa propre ligne éditoriale : des photographies historiques, notamment une sur la guerre du Vietnam, et des images de toiles de maîtres ont déjà été supprimées (temporairement) par le site car violant les conditions d’utilisation de Facebook. Un véritable empire dont il a posé la première pierre un soir d’hiver 2003, dans sa chambre de Kirkland, sur le campus d’Harvard où il était étudiant.
Lors de ses premiers mois à la prestigieuse université, après avoir refusé plusieurs propositions d’embauche de grandes sociétés, il inventa deux logiciels très populaires, CourseMatch et Facemash. Le premier permettait aux étudiants de voir à quels cours s’étaient inscrits leurs camarades et le second classait, par un système de vote, l’apparence et le physique des élèves. Bien avant Facebook donc, ce fils d’une psychiatre et d’un dentiste élevé dans l’Etat de New York démontrait une capacité sans pareille à créer des concepts de logiciels que les internautes aimaient utiliser. Pourquoi ? Car à cette époque, où les réseaux sociaux n’en étaient qu’à leurs balbutiements (Friendster et Myspace ne fonctionnaient pas très bien et croulaient sous des annonces publicitaires encombrant des interfaces déjà chargées), Zuckerberg avait su sentir ce qui composait le tissu social d’un milieu universitaire et a réussi à le transposer sur la toile. Facebook fut mis en ligne le 4 février 2004. Quatre jours plus tard, 650 utilisateurs avaient déjà créé leur compte. Puis, à l’instar d’un stratège militaire et aidé par ses camarades Dustin Moskovitz, Chris Hughes, Eduardo ­Saverin et Andrew McCollum, Zuckerberg entreprit d’étendre TheFacebook à d’autres universités : Yale, Columbia, Stanford… En un mois, 10 000 élèves dans le pays possédaient un compte Facebook. Treize ans plus tard et cinq ans après son introduction en Bourse, le réseau social est disponible dans plus de 140 langues et emploie plus de 20 000 personnes à travers le monde. Et, avec 2 milliards d’utilisateurs actifs par mois, il est - et de loin - le réseau social le plus important au monde.
Important, et influent : car Facebook a déjà révélé être capable d’agir directement sur le moral des gens en changeant l’ordre des informations présentes sur leur page personnelle. En analysant vos données, Facebook (mais également la plupart des autres grandes plates-formes internet) peut cibler les publicités que vous verrez s’afficher sur votre page. Si l’on sait ce que vous voulez acheter, on peut également déterminer (en changeant la manière dont sont compilées les données) votre candidat préféré aux prochaines élections et vos convictions politiques.
En 2014, dans une étude menée en collaboration avec les universités de Cornell et de Californie (UCLA) sur un échantillon de près de 700 000 personnes, Facebook démontrait qu’il était tout à fait possible d’altérer les humeurs des gens. Qu’il était tout à fait possible, en somme, de créer à l’aide d’algorithmes une « contagion affective à grande échelle ».
L’étude avait évidemment provoqué un tollé et n’avait pas manqué d’affoler politiques et observateurs du monde digital. « Est-ce que la CIA pourrait inciter à une révolution au Soudan en faisant pression sur Facebook pour qu’il mette en avant des messages de mécontentement ? Est-ce que ça doit être légal ? » s’interrogeait alors un spécialiste avant de poursuivre, précurseur : « Est-ce que Zuckerberg pourrait rafler une élection en faisant la promotion de tel ou tel site internet ? » Pour ne rien arranger, Facebook avait conduit cette expérience sans que les personnes sélectionnées dans l’échantillon aient été préalablement prévenues.
C’est là que le bât blesse : dans 1984, George Orwell prédisait un futur où la vie privée ne serait plus qu’une relique du passé. L’un des seuls détails que l’auteur visionnaire n’avait pas prévu est au cœur de la réussite même de Facebook : Zuckerberg n’a jamais volé une information à qui que ce soit. Nous lui avons tout donné, et gratuitement. Un fait qu’il mentionnait déjà à Harvard en 2004, quelques semaines après le lancement de Facebook, dans un échange d’e-mails publié quelques années plus tard dans la presse : « Si tu veux des informations sur quelqu’un de l’université, tu me demandes. J’ai environ 4 000 adresses mails, des photos, des coordonnées… » - « Comment t’as fait ça ? ! » - « Les gens les ont juste envoyées. Je ne sais pas pourquoi. Ils me font confiance. Bande d’abrutis. » Notons qu’à l’époque, Zuckerberg n’était encore qu’un jeune étudiant, au caractère bien éloigné du PDG qu’il est aujourd’hui. Un PDG qui, grâce aux informations que mettent en ligne ses utilisateurs, sait tout (ou presque) d’eux : 230 des 360 millions d’habitants aux Etats-Unis sont sur Facebook. S’il le souhaitait, Mark Zuckerberg pourrait aisément utiliser la masse de données dont il dispose pour analyser les opinions du pays, d’une région, d’un Etat, d’un district, d’une ville… et adapter ainsi une éventuelle stratégie électorale. Et si certains de ses détracteurs ne manquent pas de souligner son manque de charisme naturel - élément crucial à l’heure de la prédominance de la communication et de l’image dans la vie politique -, Zuckerberg est loin de la caricature du simple geek ayant eu une bonne idée au fin fond de son garage ou de sa chambre. « Il s’est révélé être quelqu’un d’aussi visionnaire que Steve Jobs et d’aussi influent que Bill Gates », témoigne un journaliste du New Yorker. Discret dans les médias « traditionnels », Zuckerberg partage son quotidien le plus intime sur sa page Facebook. Il ne va pas arpenter les couloirs du Capitole à Washington mais a facilement accès aux plus hautes sphères du pouvoir : Barack Obama pendant ses mandats (le président américain se félicitait d’être celui qui avait réussi à faire mettre une veste et des chaussures à Mark Zuckerberg, connu pour ne porter que des tee-shirts et des sandales), Angela Merkel, le pape François… Mais, en revanche, il décline les invitations de Donald Trump à participer aux réunions entre la Maison-Blanche et les autres géants de la tech américaine.
Demeure une question : pourquoi se présenterait-il ? Après tout, Mark Zuckerberg dispose déjà d’une immense fortune, d’une immense influence… d’un immense pouvoir. En tant que PDG, il pourrait parfaitement continuer à étendre l’emprise de Facebook à travers le monde : le soleil se lève et se couche d’ores et déjà sur Facebook mais reste à conquérir l’Afrique, et également l’Asie, où l’Inde et la Chine résistent à l’arrivée du réseau social sur leur territoire. Se lancer dans une campagne présidentielle, dans le monde tumultueux de la politique, c’est risquer d’y perdre des plumes, d’y perdre du temps, de fouler le sol d’un monde dont les Américains se méfient beaucoup plus, à tort ou à raison, que celui idyllique et optimiste des nouvelles technologies.
Mais peut-être Mark Zuckerberg a-t-il pris conscience de son influence politique avec l’élection de Donald Trump ? Après tout, et ce n’est plus à démontrer, ce sont en grande partie des plates-formes comme Facebook et Twitter qui ont été l’un des théâtres de l’élection du nouveau Président. C’est son royaume, son empire, qui a donné naissance au concept même de « fake news », qui a vu la promotion de sites internet colportant des informations haineuses faisant fi de la réalité. Avant l’élection de Trump, Zuckerberg arguait de vouloir rester neutre. Depuis son investiture en janvier dernier, Facebook a installé une nouvelle fonctionnalité pour faciliter les échanges entre les citoyens américains et leurs élus. Au XXIe siècle, Mark Zuckerberg n’a pas besoin du Bureau ovale pour devenir le maître du monde. S’il se présente, c’est que son ambition est nourrie par d’autres motifs. Peut-être celui de vouloir donner à ses deux filles, Maxima, née en novembre 2015, et August, née le 28 août dernier, un monde meilleur. Un monde avec « une meilleure éducation, moins de maladies, des communautés soudées et plus d’égalité », comme il l’écrit dans une lettre adressée à sa benjamine. Car si le candidat Donald Trump était sans aucun doute l’un des visages de l’Amérique, Mark Zuckerberg, lui, en est un autre : celui de la démesure, de la réussite, de l’optimisme, de la mondialisation à outrance et de l’universalité… du progrès aussi. Lui et sa femme Priscilla Chan, une fille d’immigrés vietnamiens diplômée d’Harvard Med School en pédiatrie et très impliquée dans l’éducation, multiplient les actes caritatifs - ils ont récemment donné 3 milliards de dollars à la recherche médicale - et se sont engagés à reverser 99 % de leur fortune personnelle. Peut-être un nouveau chapitre de la saga politique du pays et un exemple de ces storytellings dont les électeurs américains raffolent.
■ VINCENT JOLLY
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congo7-news · 3 years
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REFORMES ELECTORALE : Giress SANZALA à Noël TSHIANI « cette Proposition ne passera pas »
La proposition relativeaux conditions d’accès au poste de président de la République au congolais de père et de mère du candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2018 Noël TSHIANI MWADIA-VITA ne passera pas car cette proposition viole la constitution et discriminatoire, a-t-il posté sur son compte tweeter Giress Sanzala, président de l’Asbl, Gagnons Ensemble. Selon lui, « la question de…
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12sur12infos · 3 years
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RDC : la loi sur la congolité n'a pas été déclarée irrecevable par le bureau d'étude de l'assemblée nationale, dément Noël Tshiani
RDC : la loi sur la congolité n’a pas été déclarée irrecevable par le bureau d’étude de l’assemblée nationale, dément Noël Tshiani
L’ancien candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2018 et député national, Noël Tshiani a dans un message publié sur son compte Twitter démenti que sa proposition de loi verouillant l’accès à des postes clés aux congolais d’origine n’a pas été déclarée irrecevable par le bureau d’étude de l’assemblée nationale. ” Chers compatriotes,ne vous laissez pas influencer par les mensonges des…
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seneweb · 4 years
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Une passation de service après différentes passes d’armes dans les dédales du CESE
Un face-à-face Mimi Touré/Idrissa Seck, même le temps d’une cérémonie de passation de service, pourrait bien être cocasse, au vu des relations politiques heurtées entre les deux. Si le natif de Thiès n’a jamais attaqué ou répondu aux attaques de celle que beaucoup appellent “dame de fer”, il n’a jamais, cependant, manqué de lancer des pics et de provoquer l’équipe dirigeante. Et sans jamais se lasser, Mimi avait toujours été aux aguets pour lui apporter la riposte et laver l’affront. Vraisemblablement, il n’était pas question pour l’ancien Premier ministre du Président Sall de laisser Idrissa Seck s’en prendre à son leader ou déprécier la politique du gouvernement et repartir tout tranquillement chez lui, sans en prendre pour son grade. Et c’est curieux que c’est celui qu’elle défendait qui, après l’avoir remplacée contre toute attente, lui demande de céder son fauteuil à son bourreau d’hier.
QUAND MIMI DÉZINGUAIT IDY
 Déjà en novembre  2015, l’on se rappelle lorsque Mimi Touré dézinguait le patron de Rewmi en ces termes, dans l’affaire de la mort du jeune étudiant de  Diourbel : « Monsieur le Premier Ministre, vous faites la politique à l’ancienne; si vous pensez que charrier régulièrement des impolitesses à l’encontre de la première institution du pays vous rendra sympathique auprès des sénégalais, faites donc et vous l’apprendrez encore une fois à vos dépens. Le Sénégal est un pays qui a bien évolué, Monsieur le Premier Ministre « . Le 19 mai 2018, elle exigeait du même Idrissa Seck qu’il présentât ses plates excuses à l’armée. Mimi Touré accusait celui-ci d’utiliser la malheureuse mort de Fallou pour revenir au devant de la scène  politique en manquant de respect à l’armée.
En mai 2019, au lendemain de la Présidentielle, Mimi Touré faisait la leçon au malheureux perdant : «Plus de deux mois après l’élection présidentielle, Idrissa Seck qui, faut-il le rappeler, n’a obtenu que 20% des suffrages des Sénégalais, a présenté hier un soi-disant livre blanc des irrégularités du scrutin. À la lecture du document, il est évident que les allégations ne correspondent en rien à la réalité vécue par les électeurs et les observateurs indépendants. Le candidat Idrissa Seck s’est bien gardé de saisir une quelconque juridiction habilitée pour contester la véracité des résultats issus du scrutin. Ses représentants siégeant au niveau des commissions départementales de recensement des votes et celui présent au niveau de la commission nationale n’ont déposé aucun recours. Le mandataire de Idrissa Seck auprès du Conseil Constitutionnel n’a non plus formulé aucune contestation à la publication provisoire des résultats par le Conseil Constitutionnel. Rien de plus normal puisqu’aucun des représentants de Idrissa Seck ne disposait d’éléments de contestation sérieuse”.   BREF…   La prochaine rencontre entre les deux Présidents risque d’être particulière pour les deux leaders politiques qui ont, visiblement, cultivé entre eux un désamour politique évident.
Crédit: Lien source
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sciampa-blog1 · 7 years
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Un like pour Mark Zuckerberg / Mark Zuckerberg à la conquête des Etats-Unis
Quatorze ans après la création de Facebook, Mark Zuckerberg semble avoir de nouveaux projets. Après avoir été le plus jeune milliardaire de l’Histoire, il se pourrait bien qu’il devienne le plus jeune président des Etats-Unis.
Nous sommes le 17 juillet 2017. Mark Zuckerberg rend visite à la tribu indienne des Blackfeet, dans le Montana. Et comme chacun des deux milliards d’utilisateurs de Facebook, le plus grand réseau social mondial dont il est le fondateur et PDG, Mark Zuckerberg poste les photos de sa rencontre avec les membres de la tribu des Blackfeet sur son mur. Il y décrit, entre autres, la vie quotidienne sur la réserve, précise la complexité des problématiques liées à la juridiction particulière dont elle dispose, évoque les affres de l’alcool et de la drogue au sein de la tribu… Quelques jours plus tôt, le 12 juillet, Zuck - pour les intimes - nous contait ses péripéties et ses analyses du monde rural depuis une ferme d’élevage du Dakota du Sud. Cette fois-ci, avec des photos de lui au milieu des vaches. Pourquoi Mark Zuckerberg, l’un des hommes les plus puissants et les plus influents de la planète, à la tête d’une fortune personnelle de 71,5 milliards de dollars, PDG d’un empire technologico-médiatique pouvant s’adresser d’un clic à la moitié du globe, prendrait-il la peine de se rendre dans une réserve indienne, une ferme d’élevage, ou une caserne de pompiers pour s’adresser à une petite vingtaine de personnes, ou pour voir des vaches ?
Il se pourrait bien que le plus jeune milliardaire de l’Histoire - Zuckerberg a gagné son premier milliard à 23 ans, huit ans avant Bill Gates - ne limite pas ses ambitions à l’inter­connexion de l’humanité tout entière. Mais se verrait bien en président des Etats-Unis d’Amérique.
En campagne
Tout début 2017, Mark Zuckerberg annonçait ses bonnes résolutions dans une lettre ouverte à sa communauté - comme tous les ans. Mais si, les autres années, celles-ci se limitaient à apprendre le mandarin ou lire 25 livres en un an, le défi de cette année allait mettre la puce à l’oreille de certains journalistes : visiter chacun des 50 Etats avant 2018. D’où l’explication « officielle » de sa présence dans ce fameux Dakota du Sud. Depuis cette annonce et sa lettre ouverte du 16 février, Mark Zuckerberg n’a cessé de multiplier les indices laissant entendre une possible candidature à la présidence lors de l’élection de 2020. Derniers en date ? Les recrutements successifs au sein de sa fondation philanthropique Chan ­Zuckerberg Initiative de Joel Benenson, ancien conseiller de Barack Obama et stratège de la campagne d’Hillary Clinton en 2016 ; de David Plouffe, l’un des architectes de la campagne de Barack Obama en 2008 ; de Ken Mehlman, directeur de la seconde campagne de George W. Bush en 2004 ; de Charles Ommanney, ancien photographe de campagne d’Obama et de Bush… Autant de signes qui tendent à lever le voile sur sa possible candidature. Remarquons également qu’en janvier dernier, cet ancien athée assumé a avoué, après avoir rencontré le pape et fait les éloges du bouddhisme, que « la religion (était) très importante ».
Pourtant, l’intéressé nie farouchement toute ambition présidentielle. « Beaucoup me demandent si ces visites des 50 Etats signifient que je compte me présenter à une fonction officielle : ce n’est pas le cas. Je le fais simplement pour avoir une meilleure idée et perspective de notre pays, pour mieux servir notre communauté de presque 2 milliards de personnes […]. »
Peut-être le temps de faire accepter par l’opinion américaine l’idée qu’un PDG tel que lui, sans aucune expérience politique, soit investi par le Parti démocrate. Après l’investiture de Donald Trump, Mark Zuckerberg publia le 16 février 2017 un long manifeste sur Facebook à l’adresse de ses 96 millions de followers, repris dans la presse internationale qui comparait cette lettre à un des State of the Union d’un président des Etats-Unis. Intitulé « Building Global Community », le texte énonce cette question solennelle : « Sommes-nous en train de construire le monde que nous voulons tous ? » Ceux qui ne connaissaient pas bien l’homme derrière Facebook ont ainsi pu découvrir l’une de ses nombreuses facettes : Mark Zuckerberg a une vision précise du monde qui l’entoure et de l’état de nos sociétés modernes. « Depuis son plus jeune âge, Mark Zuckerberg est un garçon particulier, raconte David Kirkpatrick, journaliste et auteur d’un livre très fouillé sur la genèse de Facebook. Il est tenace, toujours cohérent et possède de vraies convictions. » Dont celle qui l’anime depuis les bancs de l’université : connecter les êtres humains entre eux pour rendre le monde meilleur, plus ouvert et plus libre. Le milliardaire a déjà contribué à la campagne de politiciens issus des deux grands partis du pays, refusant de croire à un manichéisme politique. « Je pense qu’il est difficile d’adhérer uniquement au Parti démocrate ou au Parti républicain, a affirmé en 2016 le jeune milliardaire. Je suis simplement pour une économie du savoir. » Zuckerberg avait par exemple rencontré le sénateur républicain de Floride et malheureux adversaire de Donald Trump, Marco Rubio, pour discuter d’une réforme bipartisane sur l’immigration, persuadé que les immigrants « sont la clé de l’économie et du savoir ».
Si la question est d’abord de savoir s’il se présentera bel et bien en 2020 (ou en 2024), et si oui, sous quelle égide politique, celle - évidente - que tout le monde se pose est : peut-il gagner ? Ce n’est pas impossible : un institut de sondage indiquait cet été que dans l’hypothèse d’un duel Trump-Zuckerberg en 2020, les deux candidats arriveraient au coude-à-coude. Cette même étude indique que 24 % des Américains seraient favorables à sa candidature, contre 29 % non favorables et 47 % d’indécis. En somme, en 2017, le peuple américain semble vouloir en savoir plus sur l’homme derrière cette société qui régit une grande partie de son quotidien, à travers Facebook mais aussi WhatsApp, Instagram et Messenger. Quatre des 10 applications smartphone les plus utilisées dans le monde.
La construction d’un empire
Plus que d’une simple fortune, Zuckerberg est à la tête d’une entreprise tentaculaire qui fait de lui le « rédacteur en chef » le plus puissant du monde : Facebook est une vitrine virtuelle de toutes les unes des journaux du monde entier et peu de médias peuvent se targuer de disposer d’un lectorat ou d’une audience de 2 milliards de personnes. Et, comme un journal, le réseau a sa propre ligne éditoriale : des photographies historiques, notamment une sur la guerre du Vietnam, et des images de toiles de maîtres ont déjà été supprimées (temporairement) par le site car violant les conditions d’utilisation de Facebook. Un véritable empire dont il a posé la première pierre un soir d’hiver 2003, dans sa chambre de Kirkland, sur le campus d’Harvard où il était étudiant.
Lors de ses premiers mois à la prestigieuse université, après avoir refusé plusieurs propositions d’embauche de grandes sociétés, il inventa deux logiciels très populaires, CourseMatch et Facemash. Le premier permettait aux étudiants de voir à quels cours s’étaient inscrits leurs camarades et le second classait, par un système de vote, l’apparence et le physique des élèves. Bien avant Facebook donc, ce fils d’une psychiatre et d’un dentiste élevé dans l’Etat de New York démontrait une capacité sans pareille à créer des concepts de logiciels que les internautes aimaient utiliser. Pourquoi ? Car à cette époque, où les réseaux sociaux n’en étaient qu’à leurs balbutiements (Friendster et Myspace ne fonctionnaient pas très bien et croulaient sous des annonces publicitaires encombrant des interfaces déjà chargées), Zuckerberg avait su sentir ce qui composait le tissu social d’un milieu universitaire et a réussi à le transposer sur la toile. Facebook fut mis en ligne le 4 février 2004. Quatre jours plus tard, 650 utilisateurs avaient déjà créé leur compte. Puis, à l’instar d’un stratège militaire et aidé par ses camarades Dustin Moskovitz, Chris Hughes, Eduardo ­Saverin et Andrew McCollum, Zuckerberg entreprit d’étendre TheFacebook à d’autres universités : Yale, Columbia, Stanford… En un mois, 10 000 élèves dans le pays possédaient un compte Facebook. Treize ans plus tard et cinq ans après son introduction en Bourse, le réseau social est disponible dans plus de 140 langues et emploie plus de 20 000 personnes à travers le monde. Et, avec 2 milliards d’utilisateurs actifs par mois, il est - et de loin - le réseau social le plus important au monde.
Important, et influent : car Facebook a déjà révélé être capable d’agir directement sur le moral des gens en changeant l’ordre des informations présentes sur leur page personnelle. En analysant vos données, Facebook (mais également la plupart des autres grandes plates-formes internet) peut cibler les publicités que vous verrez s’afficher sur votre page. Si l’on sait ce que vous voulez acheter, on peut également déterminer (en changeant la manière dont sont compilées les données) votre candidat préféré aux prochaines élections et vos convictions politiques.
Nos données mal gardées ?  
En 2014, dans une étude menée en collaboration avec les universités de Cornell et de Californie (UCLA) sur un échantillon de près de 700 000 personnes, Facebook démontrait qu’il était tout à fait possible d’altérer les humeurs des gens. Qu’il était tout à fait possible, en somme, de créer à l’aide d’algorithmes une « contagion affective à grande échelle ».
L’étude avait évidemment provoqué un tollé et n’avait pas manqué d’affoler politiques et observateurs du monde digital. « Est-ce que la CIA pourrait inciter à une révolution au Soudan en faisant pression sur Facebook pour qu’il mette en avant des messages de mécontentement ? Est-ce que ça doit être légal ? » s’interrogeait alors un spécialiste avant de poursuivre, précurseur : « Est-ce que Zuckerberg pourrait rafler une élection en faisant la promotion de tel ou tel site internet ? » Pour ne rien arranger, Facebook avait conduit cette expérience sans que les personnes sélectionnées dans l’échantillon aient été préalablement prévenues.
C’est là que le bât blesse : dans 1984, George Orwell prédisait un futur où la vie privée ne serait plus qu’une relique du passé. L’un des seuls détails que l’auteur visionnaire n’avait pas prévu est au cœur de la réussite même de Facebook : Zuckerberg n’a jamais volé une information à qui que ce soit. Nous lui avons tout donné, et gratuitement. Un fait qu’il mentionnait déjà à Harvard en 2004, quelques semaines après le lancement de Facebook, dans un échange d’e-mails publié quelques années plus tard dans la presse : « Si tu veux des informations sur quelqu’un de l’université, tu me demandes. J’ai environ 4 000 adresses mails, des photos, des coordonnées… » - « Comment t’as fait ça ? ! » - « Les gens les ont juste envoyées. Je ne sais pas pourquoi. Ils me font confiance. Bande d’abrutis. » Notons qu’à l’époque, Zuckerberg n’était encore qu’un jeune étudiant, au caractère bien éloigné du PDG qu’il est aujourd’hui. Un PDG qui, grâce aux informations que mettent en ligne ses utilisateurs, sait tout (ou presque) d’eux : 230 des 360 millions d’habitants aux Etats-Unis sont sur Facebook. S’il le souhaitait, Mark Zuckerberg pourrait aisément utiliser la masse de données dont il dispose pour analyser les opinions du pays, d’une région, d’un Etat, d’un district, d’une ville… et adapter ainsi une éventuelle stratégie électorale. Et si certains de ses détracteurs ne manquent pas de souligner son manque de charisme naturel - élément crucial à l’heure de la prédominance de la communication et de l’image dans la vie politique -, Zuckerberg est loin de la caricature du simple geek ayant eu une bonne idée au fin fond de son garage ou de sa chambre. « Il s’est révélé être quelqu’un d’aussi visionnaire que Steve Jobs et d’aussi influent que Bill Gates », témoigne un journaliste du New Yorker. Discret dans les médias « traditionnels », ­Zuckerberg partage son quotidien le plus intime sur sa page Facebook. Il ne va pas arpenter les couloirs du Capitole à Washington mais a facilement accès aux plus hautes sphères du pouvoir : Barack Obama pendant ses mandats (le président américain se félicitait d’être celui qui avait réussi à faire mettre une veste et des chaussures à Mark Zuckerberg, connu pour ne porter que des tee-shirts et des sandales), Angela Merkel, le pape François… Mais, en revanche, il décline les invitations de Donald Trump à participer aux réunions entre la Maison-Blanche et les autres géants de la tech américaine.
Demeure une question : pourquoi se présenterait-il ? Après tout, Mark Zuckerberg dispose déjà d’une immense fortune, d’une immense influence… d’un immense pouvoir. En tant que PDG, il pourrait parfaitement continuer à étendre l’emprise de Facebook à travers le monde : le soleil se lève et se couche d’ores et déjà sur Facebook mais reste à conquérir l’Afrique, et également l’Asie, où l’Inde et la Chine résistent à l’arrivée du réseau social sur leur territoire. Se lancer dans une campagne présidentielle, dans le monde tumultueux de la politique, c’est risquer d’y perdre des plumes, d’y perdre du temps, de fouler le sol d’un monde dont les Américains se méfient beaucoup plus, à tort ou à raison, que celui idyllique et optimiste des nouvelles technologies.
Mais peut-être Mark Zuckerberg a-t-il pris conscience de son influence politique avec l’élection de Donald Trump ? Après tout, et ce n’est plus à démontrer, ce sont en grande partie des plates-formes comme Facebook et Twitter qui ont été l’un des théâtres de l’élection du nouveau Président. C’est son royaume, son empire, qui a donné naissance au concept même de « fake news », qui a vu la promotion de sites internet colportant des informations haineuses faisant fi de la réalité. Avant l’élection de Trump, Zuckerberg arguait de vouloir rester neutre. Depuis son investiture en janvier dernier, Facebook a installé une nouvelle fonctionnalité pour faciliter les échanges entre les citoyens américains et leurs élus. Au XXIe siècle, Mark Zuckerberg n’a pas besoin du Bureau ovale pour devenir le maître du monde. S’il se présente, c’est que son ambition est nourrie par d’autres motifs. Peut-être celui de vouloir donner à ses deux filles, Maxima, née en novembre 2015, et August, née le 28 août dernier, un monde meilleur. Un monde avec « une meilleure éducation, moins de maladies, des communautés soudées et plus d’égalité », comme il l’écrit dans une lettre adressée à sa benjamine. Car si le candidat Donald Trump était sans aucun doute l’un des visages de l’Amérique, Mark Zuckerberg, lui, en est un autre : celui de la démesure, de la réussite, de l’optimisme, de la mondialisation à outrance et de l’universalité… du progrès aussi. Lui et sa femme Priscilla Chan, une fille d’immigrés vietnamiens diplômée d’Harvard Med School en pédiatrie et très impliquée dans l’éducation, multiplient les actes caritatifs - ils ont récemment donné 3 milliards de dollars à la recherche médicale - et se sont engagés à reverser 99 % de leur fortune personnelle. Peut-être un nouveau chapitre de la saga politique du pays et un exemple de ces storytellings dont les électeurs américains raffolent.
■ VINCENT JOLLY
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alexis-mjmn-blog · 7 years
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Marck Zuckerberg : en route vers la maison blanche ? « Ce n’est pas le cas. » / Après l'indien dans la ville, Mark Zuckerberg dans la réserve indienne
La success story de Mark Zuckerberg n'en finit pas d'alimenter les médias. Dernièrement, des rumeurs courent quant à la candidature de l'intéressé à la présidence.
Nous sommes le 17 juillet 2017. Mark Zuckerberg rend visite à la tribu indienne des Blackfeet, dans le Montana. Et comme chacun des deux milliards d’utilisateurs de Facebook, le plus grand réseau social mondial dont il est le fondateur et PDG, Mark Zuckerberg poste les photos de sa rencontre avec les membres de la tribu des Blackfeet sur son mur. Il y décrit, entre autres, la vie quotidienne sur la réserve, précise la complexité des problématiques liées à la juridiction particulière dont elle dispose, évoque les affres de l’alcool et de la drogue au sein de la tribu… Quelques jours plus tôt, le 12 juillet, Zuck - pour les intimes - nous contait ses péripéties et ses analyses du monde rural depuis une ferme d’élevage du Dakota du Sud. Cette fois-ci, avec des photos de lui au milieu des vaches. Pourquoi Mark Zuckerberg, l’un des hommes les plus puissants et les plus influents de la planète, à la tête d’une fortune personnelle de 71,5 milliards de dollars, PDG d’un empire technologico-médiatique pouvant s’adresser d’un clic à la moitié du globe, prendrait-il la peine de se rendre dans une réserve indienne, une ferme d’élevage, ou une caserne de pompiers pour s’adresser à une petite vingtaine de personnes, ou pour voir des vaches ?
De président directeur-général à président du pays ?
Il se pourrait bien que le plus jeune milliardaire de l’Histoire - Zuckerberg a gagné son premier milliard à 23 ans, huit ans avant Bill Gates - ne limite pas ses ambitions à l’inter­connexion de l’humanité tout entière. Mais se verrait bien en président des Etats-Unis d’Amérique.
Tout début 2017, Mark Zuckerberg annonçait ses bonnes résolutions dans une lettre ouverte à sa communauté - comme tous les ans. Mais si, les autres années, celles-ci se limitaient à apprendre le mandarin ou lire 25 livres en un an, le défi de cette année allait mettre la puce à l’oreille de certains journalistes : visiter chacun des 50 Etats avant 2018. D’où l’explication « officielle » de sa présence dans ce fameux Dakota du Sud. Depuis cette annonce et sa lettre ouverte du 16 février, Mark Zuckerberg n’a cessé de multiplier les indices laissant entendre une possible candidature à la présidence lors de l’élection de 2020. Derniers en date ? Les recrutements successifs au sein de sa fondation philanthropique Chan ­Zuckerberg Initiative de Joel Benenson, ancien conseiller de Barack Obama et stratège de la campagne d’Hillary Clinton en 2016 ; de David Plouffe, l’un des architectes de la campagne de Barack Obama en 2008 ; de Ken Mehlman, directeur de la seconde campagne de George W. Bush en 2004 ; de Charles Ommanney, ancien photographe de campagne d’Obama et de Bush… Autant de signes qui tendent à lever le voile sur sa possible candidature. Remarquons également qu’en janvier dernier, cet ancien athée assumé a avoué, après avoir rencontré le pape et fait les éloges du bouddhisme, que « la religion (était) très importante ».
Pourtant, l’intéressé nie farouchement toute ambition présidentielle. « Beaucoup me demandent si ces visites des 50 Etats signifient que je compte me présenter à une fonction officielle : ce n’est pas le cas. Je le fais simplement pour avoir une meilleure idée et perspective de notre pays, pour mieux servir notre communauté de presque 2 milliards de personnes […]. »
Peut-être le temps de faire accepter par l’opinion américaine l’idée qu’un PDG tel que lui, sans aucune expérience politique, soit investi par le Parti démocrate. Après l’investiture de Donald Trump, Mark Zuckerberg publia le 16 février 2017 un long manifeste sur Facebook à l’adresse de ses 96 millions de followers, repris dans la presse internationale qui comparait cette lettre à un des State of the Union d’un président des Etats-Unis. Intitulé « Building Global Community », le texte énonce cette question solennelle : « Sommes-nous en train de construire le monde que nous voulons tous ? » Ceux qui ne connaissaient pas bien l’homme derrière Facebook ont ainsi pu découvrir l’une de ses nombreuses facettes : Mark Zuckerberg a une vision précise du monde qui l’entoure et de l’état de nos sociétés modernes. « Depuis son plus jeune âge, Mark Zuckerberg est un garçon particulier, raconte David Kirkpatrick, journaliste et auteur d’un livre très fouillé sur la genèse de Facebook. Il est tenace, toujours cohérent et possède de vraies convictions. » Dont celle qui l’anime depuis les bancs de l’université : connecter les êtres humains entre eux pour rendre le monde meilleur, plus ouvert et plus libre. Le milliardaire a déjà contribué à la campagne de politiciens issus des deux grands partis du pays, refusant de croire à un manichéisme politique. « Je pense qu’il est difficile d’adhérer uniquement au Parti démocrate ou au Parti républicain, a affirmé en 2016 le jeune milliardaire. Je suis simplement pour une économie du savoir. » Zuckerberg avait par exemple rencontré le sénateur républicain de Floride et malheureux adversaire de Donald Trump, Marco Rubio, pour discuter d’une réforme bipartisane sur l’immigration, persuadé que les immigrants « sont la clé de l’économie et du savoir ».
Si la question est d’abord de savoir s’il se présentera bel et bien en 2020 (ou en 2024), et si oui, sous quelle égide politique, celle - évidente - que tout le monde se pose est : peut-il gagner ? Ce n’est pas impossible : un institut de sondage indiquait cet été que dans l’hypothèse d’un duel Trump-Zuckerberg en 2020, les deux candidats arriveraient au coude-à-coude. Cette même étude indique que 24 % des Américains seraient favorables à sa candidature, contre 29 % non favorables et 47 % d’indécis. En somme, en 2017, le peuple américain semble vouloir en savoir plus sur l’homme derrière cette société qui régit une grande partie de son quotidien, à travers Facebook mais aussi WhatsApp, Instagram et Messenger. Quatre des 10 applications smartphone les plus utilisées dans le monde.
Sur les traces d'un milliardaire
Plus que d’une simple fortune, Zuckerberg est à la tête d’une entreprise tentaculaire qui fait de lui le « rédacteur en chef » le plus puissant du monde : Facebook est une vitrine virtuelle de toutes les unes des journaux du monde entier et peu de médias peuvent se targuer de disposer d’un lectorat ou d’une audience de 2 milliards de personnes. Et, comme un journal, le réseau a sa propre ligne éditoriale : des photographies historiques, notamment une sur la guerre du Vietnam, et des images de toiles de maîtres ont déjà été supprimées (temporairement) par le site car violant les conditions d’utilisation de Facebook. Un véritable empire dont il a posé la première pierre un soir d’hiver 2003, dans sa chambre de Kirkland, sur le campus d’Harvard où il était étudiant.
Lors de ses premiers mois à la prestigieuse université, après avoir refusé plusieurs propositions d’embauche de grandes sociétés, il inventa deux logiciels très populaires, CourseMatch et Facemash. Le premier permettait aux étudiants de voir à quels cours s’étaient inscrits leurs camarades et le second classait, par un système de vote, l’apparence et le physique des élèves. Bien avant Facebook donc, ce fils d’une psychiatre et d’un dentiste élevé dans l’Etat de New York démontrait une capacité sans pareille à créer des concepts de logiciels que les internautes aimaient utiliser. Pourquoi ? Car à cette époque, où les réseaux sociaux n’en étaient qu’à leurs balbutiements (Friendster et Myspace ne fonctionnaient pas très bien et croulaient sous des annonces publicitaires encombrant des interfaces déjà chargées), Zuckerberg avait su sentir ce qui composait le tissu social d’un milieu universitaire et a réussi à le transposer sur la toile. Facebook fut mis en ligne le 4 février 2004. Quatre jours plus tard, 650 utilisateurs avaient déjà créé leur compte. Puis, à l’instar d’un stratège militaire et aidé par ses camarades Dustin Moskovitz, Chris Hughes, Eduardo ­Saverin et Andrew McCollum, Zuckerberg entreprit d’étendre TheFacebook à d’autres universités : Yale, Columbia, Stanford… En un mois, 10 000 élèves dans le pays possédaient un compte Facebook. Treize ans plus tard et cinq ans après son introduction en Bourse, le réseau social est disponible dans plus de 140 langues et emploie plus de 20 000 personnes à travers le monde. Et, avec 2 milliards d’utilisateurs actifs par mois, il est - et de loin - le réseau social le plus important au monde.
Important, et influent : car Facebook a déjà révélé être capable d’agir directement sur le moral des gens en changeant l’ordre des informations présentes sur leur page personnelle. En analysant vos données, Facebook (mais également la plupart des autres grandes plates-formes internet) peut cibler les publicités que vous verrez s’afficher sur votre page. Si l’on sait ce que vous voulez acheter, on peut également déterminer (en changeant la manière dont sont compilées les données) votre candidat préféré aux prochaines élections et vos convictions politiques.
En 2014, dans une étude menée en collaboration avec les universités de Cornell et de Californie (UCLA) sur un échantillon de près de 700 000 personnes, Facebook démontrait qu’il était tout à fait possible d’altérer les humeurs des gens. Qu’il était tout à fait possible, en somme, de créer à l’aide d’algorithmes une « contagion affective à grande échelle ».
L’étude avait évidemment provoqué un tollé et n’avait pas manqué d’affoler politiques et observateurs du monde digital. « Est-ce que la CIA pourrait inciter à une révolution au Soudan en faisant pression sur Facebook pour qu’il mette en avant des messages de mécontentement ? Est-ce que ça doit être légal ? » s’interrogeait alors un spécialiste avant de poursuivre, précurseur : « Est-ce que Zuckerberg pourrait rafler une élection en faisant la promotion de tel ou tel site internet ? » Pour ne rien arranger, Facebook avait conduit cette expérience sans que les personnes sélectionnées dans l’échantillon aient été préalablement prévenues.
C’est là que le bât blesse : dans 1984, George Orwell prédisait un futur où la vie privée ne serait plus qu’une relique du passé. L’un des seuls détails que l’auteur visionnaire n’avait pas prévu est au cœur de la réussite même de Facebook : Zuckerberg n’a jamais volé une information à qui que ce soit. Nous lui avons tout donné, et gratuitement. Un fait qu’il mentionnait déjà à Harvard en 2004, quelques semaines après le lancement de Facebook, dans un échange d’e-mails publié quelques années plus tard dans la presse : « Si tu veux des informations sur quelqu’un de l’université, tu me demandes. J’ai environ 4 000 adresses mails, des photos, des coordonnées… » - « Comment t’as fait ça ? ! » - « Les gens les ont juste envoyées. Je ne sais pas pourquoi. Ils me font confiance. Bande d’abrutis. » Notons qu’à l’époque, Zuckerberg n’était encore qu’un jeune étudiant, au caractère bien éloigné du PDG qu’il est aujourd’hui. Un PDG qui, grâce aux informations que mettent en ligne ses utilisateurs, sait tout (ou presque) d’eux : 230 des 360 millions d’habitants aux Etats-Unis sont sur Facebook. S’il le souhaitait, Mark Zuckerberg pourrait aisément utiliser la masse de données dont il dispose pour analyser les opinions du pays, d’une région, d’un Etat, d’un district, d’une ville… et adapter ainsi une éventuelle stratégie électorale. Et si certains de ses détracteurs ne manquent pas de souligner son manque de charisme naturel - élément crucial à l’heure de la prédominance de la communication et de l’image dans la vie politique -, Zuckerberg est loin de la caricature du simple geek ayant eu une bonne idée au fin fond de son garage ou de sa chambre. « Il s’est révélé être quelqu’un d’aussi visionnaire que Steve Jobs et d’aussi influent que Bill Gates », témoigne un journaliste du New Yorker. Discret dans les médias « traditionnels », ­Zuckerberg partage son quotidien le plus intime sur sa page Facebook. Il ne va pas arpenter les couloirs du Capitole à Washington mais a facilement accès aux plus hautes sphères du pouvoir : Barack Obama pendant ses mandats (le président américain se félicitait d’être celui qui avait réussi à faire mettre une veste et des chaussures à Mark Zuckerberg, connu pour ne porter que des tee-shirts et des sandales), Angela Merkel, le pape François… Mais, en revanche, il décline les invitations de Donald Trump à participer aux réunions entre la Maison-Blanche et les autres géants de la tech américaine.
Demeure une question : pourquoi se présenterait-il ? Après tout, Mark Zuckerberg dispose déjà d’une immense fortune, d’une immense influence… d’un immense pouvoir. En tant que PDG, il pourrait parfaitement continuer à étendre l’emprise de Facebook à travers le monde : le soleil se lève et se couche d’ores et déjà sur Facebook mais reste à conquérir l’Afrique, et également l’Asie, où l’Inde et la Chine résistent à l’arrivée du réseau social sur leur territoire. Se lancer dans une campagne présidentielle, dans le monde tumultueux de la politique, c’est risquer d’y perdre des plumes, d’y perdre du temps, de fouler le sol d’un monde dont les Américains se méfient beaucoup plus, à tort ou à raison, que celui idyllique et optimiste des nouvelles technologies.
Mais peut-être Mark Zuckerberg a-t-il pris conscience de son influence politique avec l’élection de Donald Trump ? Après tout, et ce n’est plus à démontrer, ce sont en grande partie des plates-formes comme Facebook et Twitter qui ont été l’un des théâtres de l’élection du nouveau Président. C’est son royaume, son empire, qui a donné naissance au concept même de « fake news », qui a vu la promotion de sites internet colportant des informations haineuses faisant fi de la réalité. Avant l’élection de Trump, Zuckerberg arguait de vouloir rester neutre. Depuis son investiture en janvier dernier, Facebook a installé une nouvelle fonctionnalité pour faciliter les échanges entre les citoyens américains et leurs élus. Au XXIe siècle, Mark Zuckerberg n’a pas besoin du Bureau ovale pour devenir le maître du monde. S’il se présente, c’est que son ambition est nourrie par d’autres motifs. Peut-être celui de vouloir donner à ses deux filles, Maxima, née en novembre 2015, et August, née le 28 août dernier, un monde meilleur. Un monde avec « une meilleure éducation, moins de maladies, des communautés soudées et plus d’égalité », comme il l’écrit dans une lettre adressée à sa benjamine. Car si le candidat Donald Trump était sans aucun doute l’un des visages de l’Amérique, Mark Zuckerberg, lui, en est un autre : celui de la démesure, de la réussite, de l’optimisme, de la mondialisation à outrance et de l’universalité… du progrès aussi. Lui et sa femme Priscilla Chan, une fille d’immigrés vietnamiens diplômée d’Harvard Med School en pédiatrie et très impliquée dans l’éducation, multiplient les actes caritatifs - ils ont récemment donné 3 milliards de dollars à la recherche médicale - et se sont engagés à reverser 99 % de leur fortune personnelle. Peut-être un nouveau chapitre de la saga politique du pays et un exemple de ces storytellings dont les électeurs américains raffolent.
■ VINCENT JOLLY
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mariellepski-blog · 7 years
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Titre informatif | Les ambitions dévorantes de Mark Zuckerberg
Titre incitatif | Mark Zuckerberg : un président à plus de 96 millions de followers ?
Visiter les 50 Etats américains avant 2018, tel est la mission personnelle de Mark Zuckerberg. Ce défi aux faux airs de présentation politique signifie-t-il pour autant que le fondateur et PDG de Facebook compte se lancer dans le milieu, dans un pays où il semble de plus en plus indispensable ?
Nous sommes le 17 juillet 2017. Mark Zuckerberg rend visite à la tribu indienne des Blackfeet, dans le Montana. Et comme chacun des deux milliards d’utilisateurs de Facebook, le plus grand réseau social mondial dont il est le fondateur et PDG, Mark Zuckerberg poste les photos de sa rencontre avec les membres de la tribu des Blackfeet sur son mur. Il y décrit, entre autres, la vie quotidienne sur la réserve, précise la complexité des problématiques liées à la juridiction particulière dont elle dispose, évoque les affres de l’alcool et de la drogue au sein de la tribu… Quelques jours plus tôt, le 12 juillet, Zuck - pour les intimes - nous contait ses péripéties et ses analyses du monde rural depuis une ferme d’élevage du Dakota du Sud. Cette fois-ci, avec des photos de lui au milieu des vaches. Pourquoi Mark Zuckerberg, l’un des hommes les plus puissants et les plus influents de la planète, à la tête d’une fortune personnelle de 71,5 milliards de dollars, PDG d’un empire technologico-médiatique pouvant s’adresser d’un clic à la moitié du globe, prendrait-il la peine de se rendre dans une réserve indienne, une ferme d’élevage, ou une caserne de pompiers pour s’adresser à une petite vingtaine de personnes, ou pour voir des vaches ?
Il se pourrait bien que le plus jeune milliardaire de l’Histoire - Zuckerberg a gagné son premier milliard à 23 ans, huit ans avant Bill Gates - ne limite pas ses ambitions à l’inter­connexion de l’humanité tout entière. Mais se verrait bien en président des Etats-Unis d’Amérique.
Tout début 2017, Mark Zuckerberg annonçait ses bonnes résolutions dans une lettre ouverte à sa communauté - comme tous les ans. Mais si, les autres années, celles-ci se limitaient à apprendre le mandarin ou lire 25 livres en un an, le défi de cette année allait mettre la puce à l’oreille de certains journalistes : visiter chacun des 50 Etats avant 2018. D’où l’explication « officielle » de sa présence dans ce fameux Dakota du Sud. Depuis cette annonce et sa lettre ouverte du 16 février, Mark Zuckerberg n’a cessé de multiplier les indices laissant entendre une possible candidature à la présidence lors de l’élection de 2020. Derniers en date ? Les recrutements successifs au sein de sa fondation philanthropique Chan ­Zuckerberg Initiative de Joel Benenson, ancien conseiller de Barack Obama et stratège de la campagne d’Hillary Clinton en 2016 ; de David Plouffe, l’un des architectes de la campagne de Barack Obama en 2008 ; de Ken Mehlman, directeur de la seconde campagne de George W. Bush en 2004 ; de Charles Ommanney, ancien photographe de campagne d’Obama et de Bush… Autant de signes qui tendent à lever le voile sur sa possible candidature. Remarquons également qu’en janvier dernier, cet ancien athée assumé a avoué, après avoir rencontré le pape et fait les éloges du bouddhisme, que « la religion (était) très importante ».
Pourtant, l’intéressé nie farouchement toute ambition présidentielle. « Beaucoup me demandent si ces visites des 50 Etats signifient que je compte me présenter à une fonction officielle : ce n’est pas le cas. Je le fais simplement pour avoir une meilleure idée et perspective de notre pays, pour mieux servir notre communauté de presque 2 milliards de personnes […]. »
Peut-être le temps de faire accepter par l’opinion américaine l’idée qu’un PDG tel que lui, sans aucune expérience politique, soit investi par le Parti démocrate. Après l’investiture de Donald Trump, Mark Zuckerberg publia le 16 février 2017 un long manifeste sur Facebook à l’adresse de ses 96 millions de followers, repris dans la presse internationale qui comparait cette lettre à un des State of the Union d’un président des Etats-Unis. Intitulé « Building Global Community », le texte énonce cette question solennelle : « Sommes-nous en train de construire le monde que nous voulons tous ? » Ceux qui ne connaissaient pas bien l’homme derrière Facebook ont ainsi pu découvrir l’une de ses nombreuses facettes : Mark Zuckerberg a une vision précise du monde qui l’entoure et de l’état de nos sociétés modernes. « Depuis son plus jeune âge, Mark Zuckerberg est un garçon particulier, raconte David Kirkpatrick, journaliste et auteur d’un livre très fouillé sur la genèse de Facebook. Il est tenace, toujours cohérent et possède de vraies convictions. » Dont celle qui l’anime depuis les bancs de l’université : connecter les êtres humains entre eux pour rendre le monde meilleur, plus ouvert et plus libre. Le milliardaire a déjà contribué à la campagne de politiciens issus des deux grands partis du pays, refusant de croire à un manichéisme politique. « Je pense qu’il est difficile d’adhérer uniquement au Parti démocrate ou au Parti républicain, a affirmé en 2016 le jeune milliardaire. Je suis simplement pour une économie du savoir. » Zuckerberg avait par exemple rencontré le sénateur républicain de Floride et malheureux adversaire de Donald Trump, Marco Rubio, pour discuter d’une réforme bipartisane sur l’immigration, persuadé que les immigrants « sont la clé de l’économie et du savoir ».
Si la question est d’abord de savoir s’il se présentera bel et bien en 2020 (ou en 2024), et si oui, sous quelle égide politique, celle - évidente - que tout le monde se pose est : peut-il gagner ? Ce n’est pas impossible : un institut de sondage indiquait cet été que dans l’hypothèse d’un duel Trump-Zuckerberg en 2020, les deux candidats arriveraient au coude-à-coude. Cette même étude indique que 24 % des Américains seraient favorables à sa candidature, contre 29 % non favorables et 47 % d’indécis. En somme, en 2017, le peuple américain semble vouloir en savoir plus sur l’homme derrière cette société qui régit une grande partie de son quotidien, à travers Facebook mais aussi WhatsApp, Instagram et Messenger. Quatre des 10 applications smartphone les plus utilisées dans le monde.
Plus que d’une simple fortune, Zuckerberg est à la tête d’une entreprise tentaculaire qui fait de lui le « rédacteur en chef » le plus puissant du monde : Facebook est une vitrine virtuelle de toutes les unes des journaux du monde entier et peu de médias peuvent se targuer de disposer d’un lectorat ou d’une audience de 2 milliards de personnes. Et, comme un journal, le réseau a sa propre ligne éditoriale : des photographies historiques, notamment une sur la guerre du Vietnam, et des images de toiles de maîtres ont déjà été supprimées (temporairement) par le site car violant les conditions d’utilisation de Facebook. Un véritable empire dont il a posé la première pierre un soir d’hiver 2003, dans sa chambre de Kirkland, sur le campus d’Harvard où il était étudiant.
Lors de ses premiers mois à la prestigieuse université, après avoir refusé plusieurs propositions d’embauche de grandes sociétés, il inventa deux logiciels très populaires, CourseMatch et Facemash. Le premier permettait aux étudiants de voir à quels cours s’étaient inscrits leurs camarades et le second classait, par un système de vote, l’apparence et le physique des élèves. Bien avant Facebook donc, ce fils d’une psychiatre et d’un dentiste élevé dans l’Etat de New York démontrait une capacité sans pareille à créer des concepts de logiciels que les internautes aimaient utiliser. Pourquoi ? Car à cette époque, où les réseaux sociaux n’en étaient qu’à leurs balbutiements (Friendster et Myspace ne fonctionnaient pas très bien et croulaient sous des annonces publicitaires encombrant des interfaces déjà chargées), Zuckerberg avait su sentir ce qui composait le tissu social d’un milieu universitaire et a réussi à le transposer sur la toile. Facebook fut mis en ligne le 4 février 2004. Quatre jours plus tard, 650 utilisateurs avaient déjà créé leur compte. Puis, à l’instar d’un stratège militaire et aidé par ses camarades Dustin Moskovitz, Chris Hughes, Eduardo ­Saverin et Andrew McCollum, Zuckerberg entreprit d’étendre TheFacebook à d’autres universités : Yale, Columbia, Stanford… En un mois, 10 000 élèves dans le pays possédaient un compte Facebook. Treize ans plus tard et cinq ans après son introduction en Bourse, le réseau social est disponible dans plus de 140 langues et emploie plus de 20 000 personnes à travers le monde. Et, avec 2 milliards d’utilisateurs actifs par mois, il est - et de loin - le réseau social le plus important au monde.
Important, et influent : car Facebook a déjà révélé être capable d’agir directement sur le moral des gens en changeant l’ordre des informations présentes sur leur page personnelle. En analysant vos données, Facebook (mais également la plupart des autres grandes plates-formes internet) peut cibler les publicités que vous verrez s’afficher sur votre page. Si l’on sait ce que vous voulez acheter, on peut également déterminer (en changeant la manière dont sont compilées les données) votre candidat préféré aux prochaines élections et vos convictions politiques.
En 2014, dans une étude menée en collaboration avec les universités de Cornell et de Californie (UCLA) sur un échantillon de près de 700 000 personnes, Facebook démontrait qu’il était tout à fait possible d’altérer les humeurs des gens. Qu’il était tout à fait possible, en somme, de créer à l’aide d’algorithmes une « contagion affective à grande échelle ».
L’étude avait évidemment provoqué un tollé et n’avait pas manqué d’affoler politiques et observateurs du monde digital. « Est-ce que la CIA pourrait inciter à une révolution au Soudan en faisant pression sur Facebook pour qu’il mette en avant des messages de mécontentement ? Est-ce que ça doit être légal ? » s’interrogeait alors un spécialiste avant de poursuivre, précurseur : « Est-ce que Zuckerberg pourrait rafler une élection en faisant la promotion de tel ou tel site internet ? » Pour ne rien arranger, Facebook avait conduit cette expérience sans que les personnes sélectionnées dans l’échantillon aient été préalablement prévenues.
C’est là que le bât blesse : dans 1984, George Orwell prédisait un futur où la vie privée ne serait plus qu’une relique du passé. L’un des seuls détails que l’auteur visionnaire n’avait pas prévu est au cœur de la réussite même de Facebook : Zuckerberg n’a jamais volé une information à qui que ce soit. Nous lui avons tout donné, et gratuitement. Un fait qu’il mentionnait déjà à Harvard en 2004, quelques semaines après le lancement de Facebook, dans un échange d’e-mails publié quelques années plus tard dans la presse : « Si tu veux des informations sur quelqu’un de l’université, tu me demandes. J’ai environ 4 000 adresses mails, des photos, des coordonnées… » - « Comment t’as fait ça ? ! » - « Les gens les ont juste envoyées. Je ne sais pas pourquoi. Ils me font confiance. Bande d’abrutis. » Notons qu’à l’époque, Zuckerberg n’était encore qu’un jeune étudiant, au caractère bien éloigné du PDG qu’il est aujourd’hui. Un PDG qui, grâce aux informations que mettent en ligne ses utilisateurs, sait tout (ou presque) d’eux : 230 des 360 millions d’habitants aux Etats-Unis sont sur Facebook. S’il le souhaitait, Mark Zuckerberg pourrait aisément utiliser la masse de données dont il dispose pour analyser les opinions du pays, d’une région, d’un Etat, d’un district, d’une ville… et adapter ainsi une éventuelle stratégie électorale. Et si certains de ses détracteurs ne manquent pas de souligner son manque de charisme naturel - élément crucial à l’heure de la prédominance de la communication et de l’image dans la vie politique -, Zuckerberg est loin de la caricature du simple geek ayant eu une bonne idée au fin fond de son garage ou de sa chambre. « Il s’est révélé être quelqu’un d’aussi visionnaire que Steve Jobs et d’aussi influent que Bill Gates », témoigne un journaliste du New Yorker. Discret dans les médias « traditionnels », ­Zuckerberg partage son quotidien le plus intime sur sa page Facebook. Il ne va pas arpenter les couloirs du Capitole à Washington mais a facilement accès aux plus hautes sphères du pouvoir : Barack Obama pendant ses mandats (le président américain se félicitait d’être celui qui avait réussi à faire mettre une veste et des chaussures à Mark Zuckerberg, connu pour ne porter que des tee-shirts et des sandales), Angela Merkel, le pape François… Mais, en revanche, il décline les invitations de Donald Trump à participer aux réunions entre la Maison-Blanche et les autres géants de la tech américaine.
Demeure une question : pourquoi se présenterait-il ? Après tout, Mark Zuckerberg dispose déjà d’une immense fortune, d’une immense influence… d’un immense pouvoir. En tant que PDG, il pourrait parfaitement continuer à étendre l’emprise de Facebook à travers le monde : le soleil se lève et se couche d’ores et déjà sur Facebook mais reste à conquérir l’Afrique, et également l’Asie, où l’Inde et la Chine résistent à l’arrivée du réseau social sur leur territoire. Se lancer dans une campagne présidentielle, dans le monde tumultueux de la politique, c’est risquer d’y perdre des plumes, d’y perdre du temps, de fouler le sol d’un monde dont les Américains se méfient beaucoup plus, à tort ou à raison, que celui idyllique et optimiste des nouvelles technologies.
Mais peut-être Mark Zuckerberg a-t-il pris conscience de son influence politique avec l’élection de Donald Trump ? Après tout, et ce n’est plus à démontrer, ce sont en grande partie des plates-formes comme Facebook et Twitter qui ont été l’un des théâtres de l’élection du nouveau Président. C’est son royaume, son empire, qui a donné naissance au concept même de « fake news », qui a vu la promotion de sites internet colportant des informations haineuses faisant fi de la réalité. Avant l’élection de Trump, Zuckerberg arguait de vouloir rester neutre. Depuis son investiture en janvier dernier, Facebook a installé une nouvelle fonctionnalité pour faciliter les échanges entre les citoyens américains et leurs élus. Au XXIe siècle, Mark Zuckerberg n’a pas besoin du Bureau ovale pour devenir le maître du monde. S’il se présente, c’est que son ambition est nourrie par d’autres motifs. Peut-être celui de vouloir donner à ses deux filles, Maxima, née en novembre 2015, et August, née le 28 août dernier, un monde meilleur. Un monde avec « une meilleure éducation, moins de maladies, des communautés soudées et plus d’égalité », comme il l’écrit dans une lettre adressée à sa benjamine. Car si le candidat Donald Trump était sans aucun doute l’un des visages de l’Amérique, Mark Zuckerberg, lui, en est un autre : celui de la démesure, de la réussite, de l’optimisme, de la mondialisation à outrance et de l’universalité… du progrès aussi. Lui et sa femme Priscilla Chan, une fille d’immigrés vietnamiens diplômée d’Harvard Med School en pédiatrie et très impliquée dans l’éducation, multiplient les actes caritatifs - ils ont récemment donné 3 milliards de dollars à la recherche médicale - et se sont engagés à reverser 99 % de leur fortune personnelle. Peut-être un nouveau chapitre de la saga politique du pays et un exemple de ces storytellings dont les électeurs américains raffolent.
■ VINCENT JOLLY
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