#at the airport je suis trop triste
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Me rn bc I have to return to Ireland
#at the airport je suis trop triste#roacc#excuse the shitty meme but i had to do sometjing w my limited means rn
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Day 15
Départ pour Delhi, l’aéroport est tout petit, isolé dans le désert. Eudes ne veut pas visiter le musée d’art contemporain, plus très envie non plus de voir des trucs moins beaux. J’ai eu la brillante idée de chercher une chambre près du métro : me souviens trop bien de la dernière fois à Delhi coincée plus de 2 heures dans mon rickshaw, l’horreur, mais l’idée débile d’aller vers les guest houses pourries du vieux centre. En plus c’est la préparation d’indépendance day : c’est un bordel intégral. Certaines rues sont bloquées, on erre dans ce quartier infect, il commence à faire nuit, on visite des trous à rat, bien entendu on commence à s’engueuler, on est au bout du rouleau. J’avais vu sur internet un truc pas trop moche, on prend un rickshaws pour y aller, ça dure 30 mn, le type se perd 20 fois, les flics téléphonent, tout le monde s’y met, on trouve enfin, on refile plus au driver ( eudes s’énerve), la guest house est horrible, pleine et hors de prix. Je fais pipi et on repart. On se rend compte au bout de 5mn que l’on est à nouveau dans la même rue affreuse. On a passé tout ce temps secoués comme des petits pois pour se retrouver à la case départ. Comme dans un cauchemar, ce quartier nous colle à la peau. On paye une chambre sale et triste visitée 3 h avant et sur laquelle on avait vomi , je fais changer les draps, les oreillers, le type marche avec ses chaussures pleines de boue sur le tapis de bain, seul truc immaculé, l’hôtel est ravagé par les travaux, free wifi bien entendu ne fonctionne pas. On jette nos sacs et on va manger un croque-monsieur indien dans la rue glauque. eudes courageusement nous prépare notre dernière fruit salade, on rentre dans nos sacs de soie sous la couverture sale et rêche... tu parles d’une derrière nuit en amoureux. Matin, nuit horrible entrecoupée de braillards ivrognes sous nos fenêtres, retour à l’aéroport, on se sent misérables, je n’ai pas le droit d’accompagner eudes à l’international. Son avion pour Paris est à 13h, le mien pour Thiruvananthapuram à 17h, on pleure comme deux andouilles sur notre petit banc en fer, après s’être fait délogés par toute la sécurité de tous les endroits vaguement humains, il faut se séparer. Eudes a l’air terrifié pour moi à l’idée que je reparte dans le cauchemar New Delhi, moi ça me fait tout drôle de le voir rentrer à la maison sans moi, j’étais heureuse de partager un peu d’Inde avec lui, même si cette inde là est bien différente de la « mienne ». Je repars toute chamboulée, espérant quand même qu’il ne se perde pas dans l’aéroport, pas très doué sur le truc mon vieux eudes, des clous plein son sac, ne sachant toujours pas ce qu’est un boarding pass et disant « manaste ». Depuis le domestic airport, je récupère un peu du retard de oily trip. Plus question de repartir dans le cauchemar city. Ce blog en fait me gonfle un peu, tout le monde s’en fout, à part moi quand je le relirai dans quelques années. Trop fastidieux, les photos, textes, avec de la wifi une fois tous les 3 jours...découragée je suis, mais je continue a blablater pour mes vieux jours.
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Jour 24- Les dernières paroles du chercheur d’or en Mongolie
La Mongolie est un pays immense qu’on ne peut vraiment comprendre avant d’avoir visité sa capitale. Déjà parce qu’elle regroupe 1,5 million d’habitant, soit la moitié de la population du pays et puis parce qu’il y a tant de choses à voir, de trésors à chercher, que ce serait bête de rater ça. Oulan-Bator a un premier aspect peu accueillant : les 3 cheminées de la centrale à charbon n’aident en rien. Les premiers faubourgs témoignent d’une cité occidentalisée, pleine de fast-food, de gens bien habillés, plein de toute la mode occidentale que l’on espérait fuir ou ne pas fuir en arrivant ici. Certes ce n’est pas très grand, mais que c’est dense ! Il y a tant de choses à voir : des musées, des temples, des buildings, des monuments, des zoos, des rues, des ponts et des points de vue sur les collines alentours. Le temps nous manquera, c’est sûr. Le plus beau dans tout cela c’est l’enchevêtrement de tout ce méli-mélo architectural où le temple centenaire tutoie le gratte-ciel ; où des ruelles donnent sur des cours cachées entourées d’immeubles croulants ; où de vieilles maisons font face à des résidences de luxes à peine séparés par une rue étroite où un homme d’affaire, attaché case au bras, se presse au milieu des touristes, tout en dédaignant d’un regard de cocker malade le type endormi, ivre mort, sur le trottoir. Ce qui est pratique avec O-B c’est qu’il ne faut pas chercher longtemps pour trouver quelque chose de beau, quelque chose d’amusant ou d’intéressant.
Déjà parce que la présence soviétique est partout et que de se moquer des russes est encore à la mode en 2017 : dans les immeubles gigantesque en brique rouge, dans les statues monstrueuses de la grande place en l’honneur de Gengis Khan. Mais la présence asiatique est partout aussi (se moquer des asiatiques est risqué) : dans les voitures d’importation japonaises, dans les inscriptions chinoises sur les produits d’électroménager, dans les traductions en coréen. La présence occidentale aussi est partout, et là se moquer de soi-même c’est trop simple : dans les centres commerciaux effrayants qui pullulent le long de l’avenue de la Paix, dans cette façon idiote d’accueillir le touriste comme un étranger, comme si il était différent ; dans toutes les marques françaises qu’on s’étonne de trouver ici ; dans tout ce qu’il y a de plus occidental à l’occident, Oulan-Bator l’a déjà.
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Si on devait faire un plat avec O-B ce serait un gros paquet de riz gluant, enroulé dans une ignoble côte de bœuf, le tout arrosé de vodka bon marché. Ça a l’air dégueu non ? Pourtant c’est très bon. Et on en redemande même ! Oulan-Bator est incroyable. Incroyable d’une énergie dégagée par une population jeune et dynamique. Incroyable d’un patrimoine sublime incarné dans cet ahurissant Bouddha de Gandan qui nous impose ses 26 mètres de haut. Incroyable de sincérité, de vie, de curiosité, de scènes loufoques, de moments que l’on regarde hébété, de mots que l’on ne comprend pas et auxquels on répond « tsugei » comme pour ne pas vexer. Oulan-Bator est un éveil de chaque instant, un arbre en train de fleurir et que l’on dépose dans un jardin d’hiver en s’imaginant comment il sera beau quand sera venu le printemps.
Si O-B est à la confluence de l’Asie, de la Russie et de l’Europe, elle tend la main, par certain aspects à l’Afrique du Nord. Le premier d’entre eux : Naran Tuul. Littéralement : « Place Noire ». C’est un marché immense qui n’a de noir que son nom : il n’est ni illégal, ni dissimulé, il est juste tellement grand que j’imagine que les autorités mongoles ont du abandonner l’idée de savoir ce qui s’y passe vraiment. A défaut d’ordre publique, il règne entre les étalages un certain calme que l’on ne retrouve jamais dans le souk de Fès. Naran Tuul n’est pas un lieu de non droit, c’est un lieu de commerce, où tout se vend. Où l’on flâne, rêveur, aux milieux de tissu si décoré qu’on en perd la raison, aux milieux de tapis si large qu’il faudrait 10 hommes pour les porter. J’aime Naran Tuul, ici les gens sourient, ils ne cachent pas, au contraire, ils proposent.
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Mais, si jamais quelqu’un de votre entourage caressait le désir fugace de s’évader de son 20 mètres carré en taquinant sottement les pages du guide Michelin sur la Mongolie, dites-lui de s’arrêter un instant sur la page de l’ensemble Tumen Ekh. C’est une surprise que l’on ne peut rater. Ce qui semble de loin pour une nouvelle attraction pour touriste en manque de folklore est en fait un spectacle, d’une très grande qualité qui ferait pâlir de jalousie toute la descendance de Patrick Sébastien et toute la production de France 2 pour leur pseudo-cabaret morbide des samedis soirs tristes d’Octobre, où même le fossoyeur oublie son humour noir et son cynisme en regardant des sois disant artistes s’agiter béatement devant un parterre sois disant célèbre de radis et de radasse en manque de caméra. Au contraire de l’ennui laxatif provoqué par le plus grand cabaret, le plus petit cabaret du monde produit un effet euphorisant très puissant. Tumen Ekh c’est le feu, c’est le tambour du chaman, c’est la grâce des danseuses et de leurs mains de velours. Tumen Ekh c’est des performances humaines ahurissantes et surtout c’est de la culture. Enfin un peu de culture distillée à coup d’instrument rétro futuristes, de cries de joies et de sourires enjôleurs, de mouvement lestes et déposés. Tumen Ekh est un musée où on reste assis et où on applaudit à la fin. Alors que si vous applaudissez devant la Joconde vous allez passer pour un con. C’est le genre de témoignage vivant, heureux et surtout volontaire de la culture mongole qui me donne espoir. N’en déplaise aux violons larmoyants de Voyage en Terre Inconnue qui enterre les cultures comme on plante des navets, la culture nomade n’est pas morte, le chamanisme non plus et tout cela se mêle à la globalisation comme deux flammes qui se rencontre. Pour créer quelque chose de plus grand. La ville des héros rouges a les bras grands ouverts et elle est prête à ce qui l’attend.
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On la quitte en admirant une dernière fois, depuis la baie vitrée du Chinggis Khan International Airport, la steppe d’émeraude, comme un fil de rubis qui s’était rompu et que l’on retisse avec plaisir. A titre personnel, je considère le décollage de ce foutu Boeing 737 comme l’évènement le plus déchirant de ma brève existence. Dans le coucher de soleil qui s’est allumé à l’horizon j’aurais pu pleurer et noyer de larmes les souvenirs colorés de mon passage ici. Alors que la steppe devenait de plus en plus imperceptible dessous les nuages que le zinc maudit transperçaient, je me suis mis à chanter :
« Qui peut faire de la voile sans vent ?
Qui peut ramer sans rame ?
Et qui peut quitter son ami sans verser une larme ?
Je peux faire de la voile sans vent,
Je peux ramer sans ramer sans rame,
Mais ne peux quitter mon ami sans verser une larme. »
Les souvenirs étreignent nos gorges sèches. Tout cela parait si loin désormais. Les enfants, la steppe, Tsertserleg Sum. Et même la France nous parait loin : 20h de transit pour rentrer chez nous ! Alors où sommes-nous ? Nous sommes dans cet état où l’émotion parle à la place de la mémoire. Nous sommes dans ce moment merveilleux où un dernier rayon de soleil flambant vient sécher les larmes qu’on n’arrive pas à pleurer. Ca y est, nous sommes au-dessus des nuages. Il est trop tard désormais. Et même si il est trop tard désormais, j’aimerais dire merci, car il n’y a plus que ça, il me semble, à vous dire. Vous dire la tendresse et l’énergie des enfants : Sarnai, la grande Sarnai, Moogi, la grande Moogi : merci. Vous dire l’amour dans les yeux des gens qui nous ont accueillis: Surdwa, la prof d’anglais, le menuisier, Erdene Baat et sa camionnette, Puje, notre guide et notre maman et bien sûr Gumbayar et Gantselgel : merci. Vous dire une dernière fois que la steppe est jolie, qu’il faut être un chercheur d’or. Vous dire une dernière fois que la Mongolie est le plus beau pays du monde. Vous le dire.
Une toute dernière fois.
Le hurler. L’écrire. Puis le hurler encore ; comme un mensonge.
Et puis vite fermer ce carnet, avant que mes larmes ne coule.
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