#armoire à vin
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Wine Cellar Medium Paris Medium-sized minimalist wine cellar image with racks for displays
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Wine Cellar Medium (Paris)
#Medium-sized minimalist wine cellar image with racks for displays conservation vin#garde-corps verre#maison contemporaine#armoire à vin#beton cire#maison moderne
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Cuisine haut de gamme à Orvault : luminosité, finitions chêne vieilli et céramique blanche, éclairage LED, agencement optimisé, cave à vin sur mesure, équipements V-Zug et Liebherr.
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Un voyage long mais qui s’est bien passé.
Mardi soir, traversée de kochi, un incroyable assemblage hétéroclite de constructions, du beau et du moins beau. Dans le plus surprenant : un temple avec des divinités très belles qui surpassait de l’autoroute et qui était à environ 3 mètres de la dite autoroute.
Ils aiment les lumières et les endroits de nourriture sont les plus nombreux. Nous sommes également passé devant un « Temple Célébration », une fête hindouiste avec musique, lumière où on attendait l’éléphant !
ici à la Farm house, au bord d’un fleuve-lac, une chambre avec une terrasse coloniale mais l’intérieur est à l’indienne : très spartiate, un lit, un bureau, une armoire, murs blancs, rideaux lit-de-vins, carrelage blanc au sol, pour une fois pas désagréable vu la chaleur à l’extérieur et aussi très propre.
J’ai changé de chambre la précédente avait une odeur très inhabituelle et dérangeante. Elle me donnait des hauts le cœur. D’ailleurs c’est peut-être le plus étonnant ici, ce sont les odeurs. C’est très éloigné de ce qui nous est connu !
C’est un décor de jungle.
Dans la nuit j ’entends des sons inconnus voire incongrus. Pour la plus part du règne animal, chant ou parfois ça ressemblerait à bientôt des cris, sans doute des singes, avec des irruptions sonores humaines, comme à 5h30 l’appel d’un Muezzin.
Hier, j’ai aussi découvert le lieu de la cure, en commençant par le yoga, puis petit déjeuner, puis consultation avec le docteur.
La clinique se rejoint de la farm house en bateau et à pied.
Avec hier des petites péripéties, comme de me perdre dans un labyrinthe de chemins mais des indiens m’ont permis de retrouver le bon ! Au début je n’osais pas m’adresser à eux, puisqu’on recommande de ni regarder ni parler aux hommes indiens et c’est finalement l’un d’eux qui a repéré que j’étais perdue et qui s’est adressé à moi pour m’indiquer le bon chemin.
Je suis passé plusieurs fois dans la journée, devant ces mêmes indiens qui travaillaient, ils étaient 7-8, un des hommes a passé la journée dans l’eau, mais surtout l’eau jusqu’aux épaules. Impressionnant
Le paysage sonore durant la journée au bord du fleuve est fait de bruits d’animaux, de voix chantées à la fois musulmane et hindouiste. Mais à la clinique et à la farm house, ils sont sans doute chrétiens car ils ont des images de la vierge et de Jésus et la clinique même une salle dédiée avec un autel !
Hier donc début du traitement, il est à base de massages, de sirop-gélules et de cuisine ayurvedique.
Les mains sont expertes et vigoureuses, leur taille est presque celles d’enfants car les indiennes qui m’ont massée hier étaient particulièrement petites.
Un des massages était très agréable avec des pochons chauds à quatre mains sur tout le corps.
Aujourd’hui massage toujours à l’huile mais avec les pieds, une qui fait son petit poids quand j’étais sur le ventre, on aurait qu’elle faisait du "ski in my Body", et une plus légère sur le devant, son prénom Shemi !
Le centre fait très indien. Situé au bord d’une route, on entend les motos voitures quand on fait le yoga sur la terrasse. À l’indienne… Sinon la machine tourne, c’est très organisé et efficace. Beaucoup de français
Ici à la farmhouse ils sont très gentils Aby et sa femme. C’est très calme.
Hier soir moment d’enchantement dans la contemplation de la beauté du lieu et de l’instant.
Voilà un partage de morceau de vie indienne !
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Description de la cuisine Sanson...
Dans la première armoire de la cuisine était fièrement rangés cinq gobelets en faïence et quatre coupes à vin de verre et cinq autres en sapin. Il y avait aussi dix-huits petits ballons en faïence, peint aux mêmes motifs floraux bleus que les gobelets et placés sur la même étagère, donnant à voire ainsi une magnifique collection de vaisselle pour boire. Le goût de la maison pour le vin n'était pas ainsi rendu dicret. Sur une autre, se trouvait une dizaine de soucoupes, dont deux placés verticalement pour pouvoir plus aisément en admirer les motifs à branches de tilleuil. Il y avait aussi quatorze tasses de matériaux et de motifs identiques, trois autres en bois et un plateau en argent, qui s'accordait aux petites tasses de thé qui ornaient le rebords de la cheminé du grenier. Dans la seconde étaient rangés une salière en faïence à motifs floraux bleus, un moutardier aux motifs semblables, seizes couteaux de table en étain, seizes fourchettes à deux dents du même matériel, six cuillères à thé, dix cuillères à soupes, huits assiettes aux mêmes motifs que la salière, une théière à motifs de branche de tilleuil. Il y avait plus discrètement rangés des bols en bois assez usés, visiblement servant à apprendre à de jeunes enfants à se tenir à table. La table de la salle à manger était grande, assez pour accomoder dix convives, et il y avait aussi aussi une table pour six, assez basses, spécialement conçues et acheter pour y assoire de petits enfants. Il y avait aussi un secrétaire pour les jours où le nombre de convive était trop important. Cependant, la cuisine avait aussi une table pour deux personnes, et celle du commun des domestiques pouvait accomoder facilement huits personnes. Le grenier comportait une petite table pour quatre, et le salon pour une personne. À tous les repas, jours gras ou jours maigre, il y avait toujours de la tisane, du cidre et du vin, mais jamais de café contrairement aux autres familles bourgeoises. Les jours gras, étaient servis du porc ou du pigeon, les jours maigres des pois, des lentilles, parfois des écrevisses ou du poisson.
In English:
In the first cupboard in the kitchen were proudly stored five earthenware goblets and four glass wine cups and five others made of fir. There were also eighteen small earthenware shot glasses, painted in the same blue floral designs as the goblets and placed on the same shelf, giving one a magnificent collection of drinking ware. The house's taste for wine was not thus made discreet. On another, there were around ten saucers, two of which were placed vertically to be able to more easily admire the patterns of linden branches. There were also fourteen cups of identical materials and designs, three others made of wood, and a silver tray, which matched the small teacups that adorned the ledge of the attic chimney. In the second were stored an earthenware salt shaker with blue floral patterns, a mustard pot with similar patterns, sixteen pewter table knives, sixteen two-pronged forks of the same material, six teaspoons, ten tablespoons, eight plates with the same motifs such as the salt shaker, a teapot with linden branch motifs. There were more discreetly stored quite worn wooden bowls, obviously used to teach young children to behave at the table. The dining room table was large, enough to accommodate ten guests, and there was also a table for six, quite low, specially designed and purchased to seat small children. There was also a secretary for days when the number of guests was too large. However, the kitchen also had a table for two people, and the servants' common table could easily accommodate eight people. The attic had a small table for four, and the living room for one. At all meals, fat days or lean days, there was always herbal tea, cider and wine, but never coffee unlike other bourgeois families. On fat days pork or pigeon were served, on lean days peas, lentils, sometimes crayfish or fish.
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Quand j'arrivai à la côte de May, le versant était mi-parti d'ombre et de soleil; les oiseaux chantaient moins fort; une jeune fille que je connaissais allait devant moi sur la route très blanche : je la rejoignis. Je compris que son étape aussi était à Jaur et qu'invités, nous devions coucher dans la même maison. Nous allâmes. C'était une contrée charmante : ces côtes qui montaient entre des forêts, la fraîcheur des feuilles et les bas-côtés d'argile humide qui gardent des flaques jusqu'au cœur de l'été. Quelquefois nous parlions et quelquefois nous nous taisions. Il y avait des bouquets de sapins noirs plantés à l'embranchement des routes, ou parfois un calvaire - mais le plus beau, c'était cette soirée d'été qui tenait les champs éveillés si tard, surnaturellement, comme les jours où l'on moissonne, à cause de l'heure allemande. A Thury, je m'arrêtai pour dîner à l'auberge : le soleil bas flambait encore aux carreaux et aux cuivres des armoires - je relevais les yeux entre les plats sur la route vide, qui coulait limpide et toute pure devant la porte ouverte, comme une rivière qu'on fait passer à travers son jardin. Je repartis tout éclairé par la chanson d'une bouteille de vin, comme une lanterne par sa bougie. Derrière moi, les sirènes l'une après l'autre amorçaient leur décrue sur la ville marquée pour le feu. Il n'y aurait plus à s'inquiéter jamais. La route devant était toute blanche de lune, si délicatement éclairée qu'on distinguait, sur les bas-côtés, les jeunes lames de l'herbe entre les graviers fins. Le clocher de Jaur flanquait le chemin à quelques jets de pierre, dans la nuit marquée d'un signe tendre, comme une robe blanche dans l'ombre d'un jardin - la route allait vers le Sud, toute sablée entre les tentes des pommiers ronds dans la nuit ouverte, et je chantais parce que j'étais attendu.
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La poésie disparaît. Les gens pensent que la poésie n’est pas moderne. Ils la voient même comme un signe de faiblesse, alors qu’elle est instinctive chez moi.
Le beau navire
Charles Baudelaire
Je veux te raconter, ô molle enchanteresse !
Les diverses beautés qui parent ta jeunesse ;
Je veux te peindre ta beauté,
Où l’enfance s’allie à la maturité.
Quand tu vas balayant l’air de ta jupe large,
Tu fais l’effet d’un beau vaisseau qui prend le large,
Chargé de toile, et va roulant
Suivant un rhythme doux, et paresseux, et lent.
Sur ton cou large et rond, sur tes épaules grasses,
Ta tête se pavane avec d’étranges grâces ;
D’un air placide et triomphant
Tu passes ton chemin, majestueuse enfant.
Je veux te raconter, ô molle enchanteresse !
Les diverses beautés qui parent ta jeunesse ;
Je veux te peindre ta beauté,
Où l’enfance s’allie à la maturité.
Ta gorge qui s’avance et qui pousse la moire,
Ta gorge triomphante est une belle armoire
Dont les panneaux bombés et clairs
Comme les boucliers accrochent des éclairs ;
Boucliers provoquants, armés de pointes roses !
Armoire à doux secrets, pleine de bonnes choses,
De vins, de parfums, de liqueurs
Qui feraient délirer les cerveaux et les cœurs !
Quand tu vas balayant l’air de ta jupe large,
Tu fais l’effet d’un beau vaisseau qui prend le large,
Chargé de toile, et va roulant
Suivant un rhythme doux, et paresseux, et lent.
Tes nobles jambes, sous les volants qu’elles chassent,
Tourmentent les désirs obscurs et les agacent,
Comme deux sorcières qui font
Tourner un philtre noir dans un vase profond.
Tes bras, qui se joueraient des précoces hercules,
Sont des boas luisants les solides émules,
Faits pour serrer obstinément,
Comme pour l’imprimer dans ton cœur, ton amant.
Sur ton cou large et rond, sur tes épaules grasses,
Ta tête se pavane avec d’étranges grâces ;
D’un air placide et triomphant
Tu passes ton chemin, majestueuse enfant.
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Première rencontre
Ao3
La villa était déserte. Ses occupants étaient partis passer les prochains jours à Rome, laissant la propriété sous la surveillance d’une servante qui n’avait pas été difficile à soudoyer. Un peu d’argent et beaucoup d’alcool, recette essentielle pour la réussite dans le milieu du commerce. Venec, suivi des quelques hommes qu’il avait rassemblé, se faufila entre les buissons verdoyants du jardin jusqu’à une petite porte de l’arrière-mur, dissimulée par du lierre grimpant entre les fissures et les fenêtres. Il transpirait à grosses gouttes sous son turban, le soleil de l’après-midi tapant fort et sans merci.
— Bon, les gars, dit-il en se tournant vers sa petite équipe, je me répète, mais faut faire vite et en silence. Vous faites comme on a dit, et y aura pas de pépin. Des questions avant qu’on s’y mette ?
Ses compagnons échangèrent des regards incertains entre eux. La plupart n’avaient jamais commis le moindre crime de leur vie. Venec les avaient choisi pour ça, en parti. C’était toujours plus facile de faire affaire avec des gars qui ne connaissaient pas le métier qu’avec des arnaqueurs qui manqueraient pas de demander la moitié du butin après coup. Et puis, dans l’économie actuelle, c’était pas difficile de trouver deux ou trois gars prêts à commettre un petit larcin pour pouvoir s’acheter à bouffer.
— Alors on y va, dit Venec quand aucun d’eux ne répondit. Et pas de conneries.
La petite porte en chêne, laissée déverrouillée par son informatrice, s’ouvrit avec un léger grincement quand il la poussa, révélant un couloir étroit et sombre qui menait à de petits escaliers. Ils avancèrent en fil indienne jusqu’en haut des marches pour arriver dans une large salle marbrée meublée de divans et de tables basses. Venec laissa échapper un sifflement d’appréciation.
— Eh ben, on a bien choisi les gars. Bon allez, on s’y met. Allez, j’vous dit ! Vous attendez que les autres bourges reviennent ou quoi ?
Le petit groupe se dispersa, deux d’entre eux se dirigeant vers les commodes et armoires où trônaient des statuettes en tout genre pendant que les autres partaient explorer le reste de la maison. Venec les regarda disparaitre avant d’examiner les murs à la recherche d’une quelconque trace de cachette secrète comme il y en avait parfois dans les maisons cossues.
Il n’en trouva aucune, mais ils parvinrent tout de même à amasser un butin respectable. Trois sacs en toile furent remplis de babioles plus ou moins intéressantes, allant de breloques trouvées sur les marchés aux pierres semi-précieuses portées par les dames de la haute en passant par les décorations habituelles type contre-façons de vases anciens.
— Bon, vous avez chopé deux ou trois trucs pas jo-jo, dit Venec en sortant un pot de chambre d’un des sacs. Ça, par exemple, continua-t-il, examinant l’objet sous tous ses angles. Même avec la meilleure volonté, on pourra en tirer grand chose. Y a du progrès à faire, mais globalement, c’est du bon travail. Allez, on dégage.
Il passa l’un des sacs sur son épaule, et jeta un dernier coup d’oeil autour de lui avant de descendre les escaliers par lesquels ils étaient arrivés. Leurs bruits de pas faisaient des échos entre les murs de pierres mal taillées, l’empêchant de réfléchir convenablement aux différents receleurs avec qui il pourrait négocier ses trouvailles. Il ouvrit la porte distraitement et ce ne fut que la pointe de la flèche qui se posa sur son front qui l’arrêta. Il recula de surprise, rentrant dans celui qui venait derrière lui.
Plusieurs inconnus, habillés avec des vêtements amples et ternes à la façon des marchands itinérants, s’étaient placés de sorte à former un arc de cercle autour de la porte. La plupart tenaient des épées qu’ils pointaient vers eux, d’autres des arcs auxquels des flèches étaient déjà encochées, prêtes à partir.
— Alors mes bichons, dit l’un d’eux. On a fait du bon travail ?
L’homme n’avait pas l’air romain, ni perse, ni égyptien. Il avait les trais et les long cheveux noirs et bouclés des pays du nord, bien que sa peau soit bronzée par le soleil du sud. Ses vêtements, d’une étoffe noire et épaisse, lui donnaient l’allure habillée de ceux qui pensent que l’allure fait le moine. Sa chemise était à moitié déboutonnée, laissant voir son torse, et les rayons du soleil scintillaient sur les nombreuses bagues qu’il avait au doigts, aveuglant un instant Venec. Il n’était pas armé, contrairement aux autres.
Mains posés sur les hanches, un sourire assuré sur les lèvres, il regardait les sacs d’un air affamé. Venec réajusta le sien de sorte à le cacher dans son dos.
— ‘ttendez, mais ce serait pas Venec ? dit l’un de ceux qui pointaient un arc sur eux, un homme d’une cinquantaine d’années aux cheveux frisés et grisonnants.
— Venec ? répéta le celte avec un froncement de sourcils.
— Ben oui, le gars du marché, là. Celui qu’à revendu le vin à Callutius, celui qu’avait le goût de pisse réchauffée.
— Aaah, ce Venec là, dit-il tout en l’examinant comme s’il avait voulu estimer son prix. Le pire brigands de petits chemins dont j’ai entendu parler.
— Peut-être, dit Venec, levant fièrement la tête. Mais au moins, on vous a parlé de moi.
— Que pour m’en dire du mal, répondit le celte avec un large sourire.
Venec haussa les épaules.
— Et je préfère commerçant. Bon, trêve de bavardage, on peut savoir qui vous êtes ou vous comptez la jouer petits batards mystérieux ?
— On est les connards qui viennent récupérer les fruits de votre dur labeurs. Alors vous allez gentiment poser vos fardeaux par terre, ou un des mes petits copains tachera de vous convaincre. Ça fonctionne plutôt bien en général.
Venec se retourna, prêt à courir dans la villa pour s’échapper par la porte d’entrée. Il fut bloqué par ses propres compagnons qui, dès que leurs agresseurs avaient dégainé leurs épées, s’étaient délaissés de leur butin pour mettre leur mains en l’air au-dessus de leurs tête. Il se retourna à nouveau, refermant la main autour de son sac. L’étranger le regardait, un air amusé sur le visage.
— On tire ? demanda l’un de ses sous-fifres, son arbalète pointée sur le torse de Venec.
— On tire ? demanda le celte à Venec.
— On discute ? répondit Venec, tentant de cacher les soupçons d’incertitude qu’il entendait dans sa propre voix par un ton charmeur qui l’avait, plus d’une fois, sorti du pétrin.
— On prend le tout et on vous laisse derrière, fin de la discussion.
— Non mais attendez, c’est allé un peu vite là. On peut discuter, non ? C’est nous qu’avons fait le sale boulot quand même !
— On l’aurait bien fait à votre place, même comme vous êtes arrivés avant nous, on vous a laissé faire. Pas la peine de tous se fatiguer.
— Et comment vous avez su qu’on était là d’ailleurs ?
— À part la porte grande ouverte ?
— C’est pas vrai, soupira Venec en se retournant vers ses compagnons. Lequel d’entre vous l’a laissée ouverte ? Je vous avais dit et répété de la fermer.
Aucun d’eux ne se dénonça, et ils fixèrent le sol en silence.
— Bon, on fait cinquante-cinquante ? proposa Venec, résigné.
L’étranger s’avança jusqu’à ce qu’il ne reste que quelque centimètres entre lui et Venec qui, bien qu’il en eu fort envie, ne recula pas. Une dague, sortie de nul part, se posa au creux de son cou. Toutes traces de plaisanterie avait disparu des yeux qui se plongeaient maintenant dans les siens. De grands yeux marrons aux reflets dorés, comme des pépites d’or…
— On prend le tout, et on s’en va, susurra le celte.
Il était grand, remarqua Venec. Tout du moins, plus grand que lui. Et plus large d’épaules aussi. Probablement un mauvais combattant, si ses mains dépourvues de cicatrices et son allure peu musclée malgré sa carrure étaient fiables. Tandis que ses mains à lui en était recouvertes, de cicatrices. Récoltées aux fils des ans depuis son enfance à travailler dans les champs sous une chaleur écrasante, jusqu’à ses années passées en tant que marin à traverser la Méditerranée dans tout les sens.
— Bon ben, demandé si gentiment…
D’un signe de tête, il donna l’ordre à ses hommes de se saisir des sacs. Venec lâcha le sien à contre-coeur, mais la dague toujours posée sur son cou le dissuadait de tenter une quelque action. Les trois hommes qui avaient prit les sacs se retirèrent, suivis d’une partie du reste de la troupe, ne laissant plus que le celte et deux de ses compagnons dont les arcs étaient toujours pointés sur eux.
La froide pression de la lame se retira enfin, et Venec se détendit légèrement, passant une main sur son cou pour s’assurer de l’absence d’égratignure. Le celte rangea sa lame, et regarda Venec avec un petit sourire satisfait, avant de tapoter sa joue d’une façon qui lui donna envie de disparaitre sous terre.
— Et bah, voilà, c’était pas si difficile.
— On vole pas entre voleur, question de courtoisie, répliqua Venec en croisant les bras pour se donner contenance.
L’étranger roula des yeux.
— Voleur, tout de suite.
— Parce que vous appelleriez ça comment ?
— Une collaboration. On vous apprends à pas laisser les portes ouvertes derrière vous, et vous nous payiez en échange de nos services.
Venec ne répondit pas, trop estomaqué par la réponse. Le celte était sur le point de disparaitre à la suite des autres quand il se ressaisit.
— Et on peut avoir un nom, ou ce serait trop demander ? cria-t-il, une touche de curiosité mêlée à son agacement.
Le celte se retourna, donnant un léger coup de tête pour écarter la mèche noire qui était tombé devant son visage. Il toisa Venec de la tête au pieds, ce dernier tentant de garder une allure assurée sous ces yeux inquisiteurs.
— Alzagar, finit-il par dire. À votre service.
Il fit une moquerie de courbette, et disparut à son tour au milieu des bruyères.
Venec soupira, à nouveau. Il avait prévu de se servir du pactole pour partir en Grèce, et y monter une petite boite de troc pour couvrir ses activités les plus sensibles. Mais sans une belle somme de départ, le projet était noyé avant d’avoir commencé à naviguer. Le Sud avait toujours était plus cher que le Nord. En même temps, le bruit courait que l’île de Bretagne aurait bientôt un nouveau roi. Il pourrait peut-être en profiter.
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Je te vois!
Suite à la naissance de notre deuxième enfant, nous emménageâmes dans une maison plus spacieuse. C’était une de ces maisons bourgeoises comme on les trouve dans les centres-villes. Il y avait du terrain autours si bien qu’elle fut convoitée par quelques agences immobilières afin de la détruire au profit d’un immeuble à bas prix. C’était la mode en ville, à croire que la municipalité acceptait des pots-de-vin pour laisser faire. Toutefois, nous obtînmes l’affaire pour le bonheur de ma chère et tendre.
Au-delà du jardin dont on n’entendait rien de la rue, la maison offrait de nombreuses pièces. Sur deux étages, nous avions quatre chambres, une bibliothèque, un salon, une salle à manger et deux salles d’eau. De plus, en nettoyant le grenier, jamais on n’aurait pensé trouver une salle secrète. En effet, un mur de plaques de plâtre séparait ainsi le grenier en deux.
Après avoir fait une entrée dans le faux mur, nous découvrîmes de nombreux objets et meubles oubliés sous des draps blancs couverts d’une fine couche de poussière. Nous trouvâmes deux armoires à l’apparence vieillotte, des malles plus ou moins en bon état. Nous fûmes surpris de ne rien voir rongé par la moisissure tellement la pièce parut hermétique. Dès lors, Sarah mon épouse débarrassa les valises de leur contenu. Elle et notre fille ainée, s’en donnèrent à cœur joie à la vue de magnifiques vêtements de diverses époques. La plupart rappelait les années 70 et 80. Il y avait des jeans en pattes d’éléphant, des pantalons en tulipes, des chemises et robes à fleurs, des chapeaux et le tout pouvaient encore servir.
La malle la plus cachée contenait juste une poupée. Il n’y avait rien de précis, aucune explication. Elle était isolée des autres jeux que nous découvrîmes dans un coffre à jouets en forme de coffre de pirate. Son apparence très bien conservée était charmante avec ses cheveux roux et ses yeux verts. Par ailleurs, après quelques recherches sur internet dans le but de connaitre sa valeur, mon épouse découvrit qu’elle était une des premières poupées à avoir la faculté d’intégrer un système électronique la faisant parler. Du haut de ses quatre ans, Louise n’attendit pas notre permission et joua avec. La poupée prononçait plusieurs phrases classiques telles que « Il est l’heure du thé » et « veux-tu jouer avec moi ? » Cependant, elle répétait surtout deux phrases qui me dérangeaient étrangement : « Je te vois » et « Veux-tu être mon amie ? »
En effet, il y avait dans le timbre grésillant de sa voix de petite fille, une sorte de malaise perceptible à l’oreille. Il y avait comme un dédoublement de la voix. Toutefois, nous laissâmes notre fille jouer avec. Elle s’en était amourachée….normal pour une petite fille.
Deux jours plus tard, Louise ressentit ses premiers malaises. Elle se plaignit de faire des cauchemars nous rejoignant en pleine nuit pour dormir dans notre lit. Au début, nous acceptâmes, seulement, nous décidâmes de ne pas l’habituer à continuer ce jeu. Alors, Sarah ou moi l’accompagnait dans sa chambre où l’on veillait jusqu’à ce qu’elle se rendorme. Seulement, il arrivait qu’elle revienne une heure après, toujours aussi perturbée par un terrible songe.
Au bout d’une semaine, elle sortit la poupée de sa chambre. Elle était en colère après elle, l’accusant d’être méchante et de vouloir la pousser à faire du mal à son petit frère qui n’avait pas encore huit mois. Elle abandonna le jouet sur le seuil de sa porte, alors, je décidai de la prendre et la ranger dans une armoire en attendant que Louise décide de rejouer avec. Mais, le soir, j’entendis un curieux bruit provenir de l’armoire. C’était comme une voix de petite fille qui répétait en boucle : « Je te vois ». Dès lors, j’ouvris la porte et remarquai que le mécanisme de la poupée fonctionnait. Je la pris dans les bras pour l’éteindre lorsqu’elle me surprit par : « Veux-tu être mon ami ? » Je répondis machinalement : « Plus tard » avant de baisser l’interrupteur sur off. Puis, je refermai les battants de l’armoire après avoir déposé la poupée.
Durant les nuits qui suivirent, Sarah et Louise furent réveillées par des rires de fillettes. Je devinai qu’elles faisaient des cauchemars. Mais j’entendis ces mêmes rires. Je me levai, me demandant d’où cela pouvait bien provenir lorsque je compris qu’il s’agissait de la poupée. Accompagnée de Sarah, j’ouvris l’armoire. Quel fut mon inquiétude d’entendre de nouveau la poupée répéter : « Je te vois ». « Tu n’y a pas touché ? » demandai-je à mon épouse. Elle répondit par un non évident. Dès lors, je repris la poupée. Mais avant, j’examinai son visage qui me semblait légèrement différent. Ses yeux paraissaient bouger et me suivre. Sarah ria jaune quand elle dit : « Veux-tu être mon ami ? » Par contre, je ne répondis pas puis je retournai la poupée, ouvris sa robe en tissu rose et restai éberlué en constatant l’interrupteur en position éteinte. « Il y a un dysfonctionnement ! » affirma Sarah. Ainsi, j’amenai la poupée dans le salon, la déposai sur la table basse avant de récupérer un tournevis.
La poupée continuait de s’exprimer récitant toujours les deux phrases : « Je te vois. Veux-tu être mon amie ? » Cela nous tapa sur le système. Sarah avoua aussi ressentir des nausées. Pendant ce temps, notre fils Noah pleura tout à coup, rappelant son besoin nocturne de manger… ou quelque-chose venait de le réveiller car il refusa le biberon préparé par sa mère. Le temps de revenir et j’entendis Sarah s’énerver sur la poupée alors qu’elle n’était pas dans la même pièce.
A peine entrai-je dans le salon que je fus déconcerté en apercevant la poupée assise alors que je l’avais allongée sur la table. Trop occupée, Sarah ne pouvait l’avoir touchée. Le poupon attendait sagement en rabâchant toujours les deux phrases. J’avançai lentement vers elle, j’étais pris d’une sensation de malaise. Sans comprendre pourquoi, mon cœur s’emballait. J’attrapai la poupée qui continuait de s’exprimer et desserrait les vis dans son dos. Seulement, une fois le boitier ouvert, je lâchai le jouet, pris de panique par ce que je venais de voir… ou par ce que je ne vis pas.
Le boitier était complètement vide. Il n’y avait pas de pile. Il n’y a jamais eu de pile dans la poupée. Je restai immobile, inquiet, apeuré, étourdis par cette horrible réalité. La poupée était possédée. Cette dernière sur le ventre, la tête anormalement tournée de côté, répétait sans cesse : « Je te vois… Veux-tu être mon ami ? Je te vois…Veux-tu être mon ami ?... » Maintenant, je comprenais pourquoi elle était enfermée dans le plus profond des coffres. Elle n’aurait jamais dû être trouvée.
Ni Sarah ni moi ne voulut retoucher à cette poupée de l’enfer. Nous la laissâmes dans le salon. Je fermai la porte, espérant qu’elle s’arrête avec l’usure. De même, Sarah décida de dormir dans la chambre de Louise après avoir déplacé le berceau contenant notre fils. Elle voulait être certaine qu’il n’arrivera rien aux enfants. De mon côté, je m’allongeai sur mon lit et ne voulant pas dormir, je lis mon livre de chevet. Toutefois, mes paupières s’alourdirent au point de se fermer. Je crois m’être assoupi quelques minutes lorsqu’une voix me réveilla.
En voyant la poupée à mes pieds, je sursautai tout en criant. Elle était assise et prononçait encore ces phrases agaçantes : « Je te vois, veux-tu être mon ami ? » Ses yeux avaient perdu leurs éclats, ils n’étaient plus verts mais d’un blanc si humide qu’ils paraissaient vivants. Son aspect livide, la couleur de son visage devenue olive rappelait les morts-vivants des films d’horreur. La poupée ne remuait pas, se contentant de répéter avec une voix de gamine mêlée de crépitement ses phrases préférées.
Dès lors, je repris mes esprits en me disant qu’elle ne pourrait rien contre moi. J’approchai lentement et murmurai par simple curiosité : « D’accord, je veux bien. ». A ce moment, le sang me glaça, la torpeur envahit mon esprit quand j’entendis la poupée demander dans la plus grande des sérénités : « Alors, tu veux bien tuer ta femme et tes enfants pour moi ? ». Elle insista à dire cette phrase sans interruption. Il n’y avait aucun silence entre la fin de la question et le début de la suivante. Elle persistait au point de m’hypnotiser. Des images effroyables me vinrent en tête. C’était comme une cruelle prédiction dont j’avais le mauvais rôle. Le sang bouillait dans mon cerveau, j’eus un soudain mal de crâne et pour m’en débarrasser je savais que je n’avais qu’une seule chose à faire : massacrer ma famille.
Soudain, je me suis levé du lit et j’ai couru pour me jeter par la fenêtre.
Quand je me suis écrasé sur le parterre de fleur, j’entendais encore la voix maudite de la poupée. Ensuite, je ne pouvais plus bouger. Je ne sentais plus mes jambes ni mes bras. En entendant le fracas, un voisin appela les secours après m’avoir aperçu gisant sur le sol. D’après les médecins, la colonne vertébrale a été sectionné et je resterai paralysé jusqu’à la fin de mes jours. On m’a demandé pourquoi j’ai fait ça. J’ai menti prétextant l’accident afin de ne pas être pris pour fou. Sarah connait la raison et cela me suffit. Elle avait été réveillée par le bruit de verre qui éclatait. Elle s’est précipitée dans la chambre et a vu la poupée tourner la tête dans sa direction avant de lui dire : « Je te vois, veux-tu être mon amie ? »
Sarah a fait appel à un professionnel du paranormal pour se débarrasser de la poupée. Depuis, nous vivons paisiblement. Je me déplace grâce à une petite voiture électrique qui obéit à ma voix. Je regarde les enfants grandir ainsi que Sarah qui s’occupe de nous trois. Parfois, je regrette ma décision. A ce moment, la dernière question de la poupée revient dans mes pensées et je sais que c’était la seule solution. Autrement, elle aurait pris possession de moi et quel mal aurait-elle fait à ma famille ? Dieu seul le sait !
Alex@r60 – décembre 2020
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Aider un camarade à déménager
« Quittez tout, vous trouverez tout. »
Saint François d’Assise
Il faut aller chercher une camionnette de déménagement à l'autre bout de la ville. On fraude un métro, on fraude un train, on marche longtemps dans un parking souterrain, voilà c'est ici. Le camarade fait un crochet par Quick pour prendre un menu à emporter et il s'éloigne sous la pluie et mes blâmes diététiques, pendant que je remplis en ligne les formulaires d'état des lieux du véhicule, déverrouille la portière avec un téléphone. Une camionnette louée avec un téléphone loué, c'est fou le commerce "interface-machine". Le pote revient et monte au volant, moi à droite, démarrage. Tout se passe bien. D'abord une petite marche arrière à l'aveugle pour se mettre en jambes, avec le levier de vitesse dans la main droite et un cheeseburger dans la main gauche, à hauteur du nez pour y faire un croc de temps en temps, et l'autoradio sur Nostalgie FM qui chantonne un morceau des Beach Boys Aruba, Jamaica, oh I want to take ya to Bermuda, Bahama, come on pretty mama. Des tas de voyants s'allument sur le tableau de bord, et une stridulation d'alarme retentit par-dessus la musique. C'est le frein à main qui n'est pas desserré voyons! Et paf tout de suite l'allure du véhicule augmente. Key Largo, Montego, baby why don't we go. C'est parti pour deux jours de déménagement de cinglé. Nous nous y sommes pris trop tard et c'est en catastrophe que nous accomplissons chaque geste, pressés par les échéances qui sont autant d'heure H et de couperets sur un billard: douze heures pour rendre un appartement vidé et récuré de fond en comble, vingt-quatre heures pour rendre ce véhicule.
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Adolescent je me promettais une fois adulte, de vivre dans la beauté, par et pour la beauté: j'aurai la verve d'Edouard Baer, l'ameublement Armani Casa, les vêtements hooligan chic, l'érudition de Pierre Grimal, le courage physique de Marcel Bigeard, le détachement de Sempé, et la France pour jardin semée de maisons de pierres blondes, de dentelures de feuilles de chênes qui se détachent sur un ciel de soir d’été et de clairières comme sur les tableaux d'Hubert Robert. Il n'y eut rien de tout cela et j'arrivai à la majorité dans un Grenoble abominable, dans le shit, le tam-tam et les dépressions.
Nous avons au préalable "fait les cartons" c'est à dire bourré des sacs de fortune avec toutes sortes de tableaux, de linges de maison, d'objets sortis d'héritages lointains et dont plus personne ne connaît la valeur. Les dentelles de Bruges, les écharpes de cachemire, les lustres du plafond, trésors des cristalleries européennes, emballés tous en vrac dans des journaux titrés "Alan Waquebaert quitte Namur", émergent ça et là d'un amoncellement de sacs, sachets, boîtes, paquets. Nous avons démonté des meubles, vidé le contenu des tiroirs à la verticale dans les poubelles, puis judicieusement entassé celles-ci sur le palier, palier dont les voisins d'en face se trouvent être les propriétaires d'ici.
Fracas dans la cuisine, le cache de porte du lave-vaisselle a frappé le carrelage. Catastrophe. Bientôt un réparateur bruxellois accourt, long et maigre, soixante-cinq ans, cheveux blancs jusqu'aux omoplates, gestes fébriles. Il se blesse au doigt en manipulant le cadre intérieur de la machine, toute de métal à bord tranchants, abominable. Du sang partout, des jurons, nous improvisons un pansement au sopalin et scotch et le congédions ; cette porte doit être réparée dans les dix heures prochaines et nous devons vider le chargement du véhicule d'ici une heure dans une maison des faubourgs de Charleroi, l'un des comptoirs du camarade.
En route il me semble soudain que ce n'est pas la grande forme. J'ai tous les symptômes d'un empoisonnement alimentaire passager et il va falloir rendre ce qui est de trop, tout en déchargeant des paquets dans un décor de briques et de désespoir wallon humide. Bientôt à Charleroi étalé sur un canapé, en proie aux joies des chauds et froids internes je rabat la capuche et médite un remède possible. Il me revient soudain que les Grecs recommandaient de traiter l'acidité par l'amertume et je progresse bientôt courbé en deux vers la cuisine, à la vitesse de 0,2 kilomètre par heure. En fouillant ici et là il s'avère possible de mêler dans une eau frémissante du thé vert et du curcuma en poudre. Un grand verre de ce mélange vous donne des frissons tellement c’est amer mais se révèle très vite constituer un baume souverain sur la douleur, et un fortifiant merveilleux. Me revoilà dispo et mon ami a dans l'intervalle terminé la manutention. Nous rentrons à Bruxelles. Tout s'arrange?
On bombarde sur l'autoroute. Des voyants s'allument sur le cadran de bord. Avant même de pouvoir y prêter attention un orage effroyable s'abat sur le pays, et l'autoroute devient un tobogan de parc aquatique. Le halo des phares ne porte plus qu'à trois mètres. Trente-cinq minutes de ce régime et nous arrivons, parquons le véhicule devant le logement à vider et mettons pied à terre. La portière latérale est grande ouverte. C’était pour ça les voyants allumés. Elle a été grande ouverte pendant trente-cinq minutes sous une averse de mer du nord. Bon, on ne dit rien. Un sac en toile que l'on avait bourré de paires de Crockett & Jones, trempé. On ouvre le sac pour vérifier les chaussures: miracle elles étaient cirées et fourrées d'embauchoir en pin, la pluie a glissé sur le cuir lorsque le bois sec ne l'a pas bue. L’averse a tourné au crachin. “La pluie tombait comme une aumône” dit quelque part Houellebecq dans un poème.
Avant de charger encore le véhicule il faut abandonner un bureau années 60 les quatre pieds en l'air sur un trottoir, sous la pluie, comme un bœuf abattu. Ces trucs sont invendables, les gens ne distinguent plus l’artisanat de la camelote, ne jurent que par Ikéa, les copeaux agglomérés sans style, sans race, sans passé. Signe des temps. Bientôt plus rien ne vaudra plus rien sur le marché, la beauté seule restera le critère inattaquable.
Il faudra beaucoup d'autres choses. Il faudra porter des tapis emballés dans des rideaux chouraves au logeur depuis la camionnette en triple file aux warnings dans un escalier branlant qui tient par miracle avec des poutrelles de soutènement jusqu'au 4ème étage chez des locataires ahuris et pas prévenus pendant qu'un GSM sonne pour la neuvième fois d'affilée dans une poche sans pouvoir l'éteindre (deux mains occupées). Mais qui appelle, bon sang? C'est un candidat Airbnb avec accent africain complètement paniqué qui a payé sa location et ne trouve pas la clé, normal nous sommes occupés à autre chose! Et puis le logement que tu as loué, mon petit père, a été vidé par nos soins et tu vas dormir par terre, ça te va comme ça? Et puis quoi, est-ce que nous sommes au service de ces fils d'ambassa-bassadeurs qui n'ont d'argent que par notre argent? De toute façon il patientera. Demain après l'état des lieux et la remise des clés, de ses clés à lui-aussi, il devra pour finir son séjour passer par la courette et grimper au logement par une échelle dissimulée sous une bâche dont lui indiquons l'emplacement, puis pousser la fenêtre de l'antichambre que nous aurons maintenu entrouverte au moyen d'un segment de carton astucieusement inséré entre le vantail ouvrant et le dormant précadre. Ce stratagème permet de sous-louer le bien au-delà de la fin du bail même après en avoir rendu les clés au logeur. Mais ce primitif à peine capable de saisir la complexité de phrases du genre de "clé sous paillasson" et qui téléphone 9 fois de suite pour se les faire répéter sera-t-il à même de suivre les directives évoquées ci-dessus? C'est le cadet de nos soucis.
On redescend, on remonte encore avec des tringles chargées de vêtements, des tapis, des trumeaux en marbre. Il reste un canapé à 40 euros et une armoire Ikéa. Ecœurés nous abandonnons ces marchandises sur le trottoir.
Mince, le lave-vaisselle cassé avec sa porte effondrée! Bim une idée, je me rappelle que nous avons un camarade menuisier dans un quartier tout proche. On l'appelle en catastrophe et le pressons de passer réparer d'ici une heure, il accepte. Réseau en béton, nous avons. Il arrive, pose des points de colle avec un pistolet à colle, compresse la porte... Ça tient. Merveilleux, on a presque fini. Dans douze heures il faudra avoir quitté les lieux.
Bientôt il y aura les effroyables négociations d'état des lieux, sous le regard furieux de propriétaires rêches comme des toiles de jute, dans une ambiance en bronze massif d'une pesanteur insoutenable, lorsque l'on compte les secondes et que ça ne finit jamais.
Nous sommes à jeun et j'aime extrêmement cette sensation lorsqu'on est au bout de ses forces et que l'on s'en découvre de nouvelles, insoupçonnées. Cette phrase dans les romans autobiographiques de Dostoïevski: "il n'avait rien mangé depuis trois jours", me porte et me transporte. Il y a une noblesse du jeûne et Paul Morand me comble avec son "J'aime manger, mais je n'aime pas avoir mangé". J'ouvre une porte d'armoire de cuisine pour vérifier que tout est vide et que voilà dedans? Bon sang un énorme lave-linge. Et par-dessus le mastodonte, quoi? Un sèche-linge rotatif. Je claque la porte écœuré et gueule des insultes à travers les pièces désertes à l'intention du camarade.
Il nous faut un "diable" pour bouger ces crasses, et un lieu de stockage. Oh ça c'est réglé: le gars fréquente une meuf actuellement qui a un logement avec cave dans le quartier européen, on lui fourguera le tout à cette eurocrate. Il reste juste le temps de foncer au grossiste de vin là-bas plus haut dans la rue, cinq minutes avant fermeture pour un mois, pour lui soutirer un petit peu son diable. Les heures suivantes sont brouillées, nous descendons et montons l'électroménager sur des escaliers, dans des camionnettes, dans des tunnels de cave, occupés que nous sommes à rentrer des lave-linges dans des caves, des sèche-linges dans des ascenseurs comme on fait rentrer des carrés dans des ronds, au forceps, au chausse-cube et au "han" de porteur d'eau avec la sueur qui perle au front. Mais tout s’arrange.
Le camarade m’offre un magnifique tapis, et un tableau splendide: le panthéon de Rome.
Je rentre écouter ceci. Bon, bon, je sais... Mais elle a une voix superbe.
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Exorcisme par réflexion (ou comment je me suis libérée d‘un enthousiasme un peu trop possessif)
On me propose une collaboration artistique? Je saute de joie et me plonge dans la création. Un super concert se profile ce soir? Je trépigne d’impatience en m’enivrant en amont de leur musique. Une nouvelle idée de chronique me vient en tête? Je m’entraine dans les métaphores quitte à me transformer en friandise s’il le faut. Une envie de changement me démange? Je fouille et farfouille les Petites Annonces et prépare mon quatorzième déménagement en dix ans. Un super look m’inspire? Je suis prête à changer toute ma garde robe pour me l’approprier, car ce style, c’est tout moi (dans mon armoire? 20 jeans, 45 robes, 1484 t-shirt).
Vous l’aurez compris, je suis une personne enthousiaste, TRÈS TRÈS TRÈS enthousiaste.
Etymologiquement le mot enthousiasme vient du grec ancien ἐνθουσιασμός enthousiasmós, qui signifiait à l’origine inspiration ou possession par le divin ou par la présence d’un dieu.
Etudions ceci de plus près: inspiration ou possession, ce n’est pas la même chose! Et bien je dois l’admettre que dans mon cas, il m’arrive de zapper l’inspiration et passer directement à la phase possession.
Exemple 1: L’idée d’une soirée festive me fait jubiler? Alors je deviens la soirée festive (disons Dionysos). En tout cas, j’y crois dur comme fer et j’incarne dès lors l’excès, la démesure et la folie le temps d’une soirée (qui peut durer 72 heures, encouragée par diverses consommations festives et mes nouveaux pouvoirs divins). Evidement cet enthousiasme exacerbé finit par disparaître (et moi avec). Je passe alors de la joie exorbitante au désenchantement le plus brutal. Ça s’appelle la désillusion. Ceci provoque évidemment de longs moments de déprime et de léthargie, renforcées dans ce cas par une gueule de bois carabinée, un corps endoloris par diverses acrobaties et une fatigue écrasante. Vous me direz qu’il suffit de quelques jours de repos, d’une cure de probiotiques et d’un peu de méditation pour s’en remettre. Vous avez raison, je vous l’accorde. Mais franchement, cette proposition n’est pas très enthousiasmante.N’est-il bien plus tentant de replonger dans l’ivresse de l’inconnu, d’une divine nouvelle folie? Oui, mais tout ceci n’est plus si nouveau (aaaah la trentaine). Les soirées qui s’enchainent finissent par toutes se ressembler, les chorégraphies ivres donnent le tournis et le divin nectar n’exprime plus aucune profondeur. Combattre le mal par le mal? ça finit par faire encore plus mal.
Lorsque l’enthousiasme me prend je quitte la terre ferme comme une fusée et me ramasse à chaque fois un satellite dans la gueule.
Etudions à nouveau ceci de plus près (d’encore plus près): inspiration ou possession, ce n’est pas la même chose! Et quand je m’arrête plus longuement sur l’inspiration, les choses évoluent bien mieux.
Exemple 2: L’idée d’une soirée festive me fait jubiler? Oui, toujours autant, mais je me méfie, dorénavant. J’en ai ma claque de la déprime découlante puis des trois jours de cure de jus de choucroute, des 72 heures de repos forcé, et des maintes tentatives de méditation pour en sortir (si je n’ai pas essayer une énième fois de combattre le mal par le mal). Dès lors, pour éviter l’étape dépression-cure de désintox (ou l’étape dépression-je rallume le sapin) il me suffit de rester inspirée par Dionysos et non de m’abandonner à lui et finir possédée par le Démon de Minuit, et ce jusqu’à midi (je ne suis définitivement pas l’incarnation d’un dieu). Dans ce cas aussi l’enthousiasme finit par s’estomper. Je passe alors de la joie avisée à la douce plénitude qui suit une agréable soirée, en entière possession de moi-même (ou presque). Ca s’appelle le flegme. Je ne suis dès lors plus déprimée et léthargique mais ravie de ma soirée, calme et prête à accueillir de nouvelles idées.
Lorsque l’enthousiasme m’inspire, je vois des étoiles filantes tout en gardant les pieds sur terre.
P.S.1. Il m’arrive même maintenant d’être prise d’enthousiasme à l’idée d’être flegmatique. Dans ce cas, je suis possédée par moi-même. Et pour l’anecdote, vers 1228 on a rajouter le g dans flemme pour conformer l’orthographe latine et grecque (les formateurs ne sont pas flemmards) Donc être flegme c’est aussi parfois être paresseuse. D’ailleurs ce côté-ci de ma personnalité m’a bien souvent sauvé d’un enthousiasme exagéré. Par exemple il m’arrive bien souvent d’avoir très très envie d’un verre de vin et de ne pas me le servir par flemme d’ouvrir la bouteille (attention à ne jamais laisser de bouteilles ouvertes chez moi). Il y a-t-il encore quelqu’un pour me dire que la paresse est un vilain défaut?
P.S.2. Evidemment je n’ai pas seulement cru être Dionysos, j’ai aussi été habité par Aphrodite, Zeus, Poséidon, Apollon, … et même Hadès (si je mens, je vais en enfer). Dans tous les cas, j’en ai presque fini avec la frénésie (du moins dans la vraie vie)
P.S.3. Pas étonnant que cet enthousiasme débordant m’a valu l’étiquette de bipolaire.
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Qu'est-ce qu'un porte-bouteille de vin ?
Qu'est-ce qu'un porte bouteille vin ?
Un porte-bouteille de vin est un dispositif qui permet de maintenir les bouteilles de vin en position verticale. C'est un excellent moyen de conserver votre collection de vins en toute sécurité.
Pourquoi en avez-vous besoin ?
Les porte-bouteilles de vin sont parfaits pour conserver les vins à la maison ou même en voyage. Ils permettent de transporter et de stocker facilement vos vins sans craindre qu'ils ne se renversent ou ne se brisent à la suite d'accidents tels que des chutes ou des basculements.
Où puis-je en trouver un porte bouteille ?
Vous pouvez trouver ces supports dans presque tous les magasins de vin, les établissements vinicoles ou même les détaillants en ligne tels qu'Amazon, Ebay, etc. Д.
Mots-clés : porte-bouteilles de vin, armoire à vin, présentoir à vin
Des solutions de stockage du vin que toute la maison appréciera
L'une des choses les plus importantes à prendre en compte lors du choix des solutions de stockage du vin est la manière dont elles s'intégreront au reste de votre maison.
Si vous recherchez un porte-vin moderne et minimaliste, un porte-vin en forme de Z sera parfait pour vous. Il peut être placé sur un mur ou une table et peut contenir jusqu'à 12 bouteilles de vin.
Si vous voulez quelque chose de plus caractéristique, une armoire à vin traditionnelle en bois serait idéale. Ils existent en différents styles et couleurs et peuvent contenir jusqu'à 30 bouteilles de vin.
Mots clés : rangement du réfrigérateur à vin, rangement de la cave à vin
Ne perdez pas de vue vos vins préférés avec ces 10 meilleurs porte-bouteilles
Les porte-bouteilles sont un excellent moyen de sortir le vin du réfrigérateur et de l'exposer à la lumière. Ils feraient également un excellent cadeau pour les amateurs de vin. Alors, si vous êtes à la recherche d'un nouveau porte-bouteille ou si vous voulez en trouver un pour quelqu'un d'autre, voici dix des meilleurs sur le marché.
Étagère à vin par Vinotemp
C'est l'une des étagères à vin les plus populaires sur Amazon, avec plus de 2 500 avis à son sujet. Il est fabriqué en acier inoxydable et peut contenir jusqu'à 24 bouteilles de vin à la fois. Il dispose également d'une étagère réglable qui vous permet de ranger différents types de bouteilles - parfait si vous avez différents vins que vous aimez boire à différents moments de l'année !
Butler à vin par Vinotemp
https://tire-lbouchon.fr/produit/porte-bouteille-design-homme-fort
Ce porte-bouteille a été conçu dans un souci de commodité : il est facile à assembler et très léger, ce qui vous permet de le déplacer facilement lorsque vous en avez besoin !
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Conclusion : le mot de la fin sur les porte-bouteilles de vin et la façon dont ils amélioreront votre expérience de consommation.
En conclusion, les porte-bouteilles ont changé la façon dont les gens boivent du vin. Ils offrent une expérience plus confortable et plus agréable aux buveurs de vin. Elles sont également idéales pour les personnes qui souhaitent améliorer la qualité de leur consommation en conservant le vin à la température idéale.
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Armoire à vin 62x33x78,5 cm Bois de manguier brut
Armoire à vin 62x33x78,5 cm Bois de manguier brut
Conservez, vieillissez et affichez votre vin avec style avec cette armoire à vin en bois de manguier brut ! Le bois de manguier massif est un bois dur tropical. Il a la force de soutenir le poids et résiste également à l’usure du temps. De plus, l’artisanat exquis et les beaux grains de bois font chaque pièce des armoires à bouteilles légèrement différentes l’une de l’autre. L’armoire à vin en…
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Comédie de la Soif
1. Les parents
Nous sommes tes Grands-Parents
Les Grands !
Couverts des froides sueurs
De la lune et des verdures.
Nos vins secs avaient du cœur !
Au Soleil sans imposture
Que faut-il à l’homme ? boire.
MOI – Mourir aux fleuves barbares.
Nous sommes tes Grands-Parents
Des champs.
L’eau est au fond des osiers :
Vois le courant du fossé
Autour du Château mouillé.
Descendons en nos celliers ;
Après, le cidre et le lait.
MOI – Aller où boivent les vaches.
Nous sommes tes Grands-Parents ;
Tiens, prends
Les liqueurs dans nos armoires
Le Thé, le Café, si rares,
Frémissent dans les boulloires.
– Vois les images, les fleurs.
Nous rentrons du cimetière.
MOI – Ah ! tarir toutes les urnes !
[...]
4. Le pauvre songe
Peut-être un Soir m’attend
Où je boirai tranquille
En quelque vieille Ville,
Et mourrai plus content :
Puisque je suis patient !
Si mon mal se résigne
Si j’ai jamais quelque or,
Choisirai-je le Nord
Ou le Pays des Vignes ?…
– Ah songer est indigne
Puisque c’est pure perte !
Et si je redeviens
Le voyageur ancien,
Jamais l’auberge verte
Ne peut bien m’être ouverte.
~ Arthur Rimbaud
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Le Manoir d’Havrepin
Resserrant son col, la jeune femme sortit des ombres et se risqua à découvert. Face à l'imposant bâtiment, elle se sentit brusquement rétrécir. Bien que perdue dans les bois, la demeure dépassait la cime des résineux alentour. La femme pouvait compter trois rangées d'immenses fenêtres. Seule celles au rez-de-chaussée trahissait une présence de par les lueurs timides de bougies, visibles de l'extérieur.
Inspirant profondément, elle se força à avancer jusqu'à la volée de marche de l'entrée. Elle leva enfin la main pour utiliser l'anneau du heurtoir, hésitant une dernière fois. Néanmoins son regard se fit plus déterminé : elle n'avait pas fait tout ce chemin pour renoncer au dernier moment.
Le résonnement du métal contre le métal vint troubler la brise nocturne, lui arrachant un frisson. Un homme lui ouvrit après quelques instants. Vêtu d'une robe de chambre, il affichait des traits délicats et une frange blonde parfaitement alignée.
Bonsoir, que puis-je pour vous à cette heure tardive ?
Je... Je m'appelle Mathilda, commença-t-elle en tentant d'ordonner ses pensées. Par où commencer... Vous allez trouver cela ridicule... j'ai... j'ai entendu parler de ce manoir et je... j'aurais voulu le visiter, en apprendre plus à son sujet... S’en est devenu une idée fixe et… je…
Fronçant les sourcils en réponse aux bredouillements de la femme, l'individu leva une main pour l'interrompre.
Ma demeure est loin de tout et il se fait tard. Je m’apprêtais à dîner seul. Que diriez-vous de m'expliquer cela en partageant mon repas ? Je pourrais même vous prêter une chambre. Elles ne manquent pas.
Je... ne saurais... merci, céda-t-elle après une rapide hésitation. C'est très aimable de votre part. A vrai dire, je meurs de faim.
Elle n'osa dévorer du regard la pièce attenante où l'individu la guida. Puis elle remarqua enfin son profil atypique lorsqu'il la débarrassa de son pardessus.
Vous êtes un elfe ! s'étonna-t-elle en portant une main à ses lèvres.
C'est exact, s'amusa celui-ci avec un sourire avant d'emporter le vêtement.
Seule quelques instants, elle se permit enfin d’examiner l’endroit. Elle se trouvait dans un majestueux salon garnis de bibliothèques où trônait deux chaises et une table basse. Ses bottes s’enfonçaient dans un tapis épais bariolé de symboles inconnus. Une cheminée du côté opposé aux fenêtres assurait une température confortable.
Lorsque l'elfe revint, il tenait deux verres et lui en proposa un avant de boire une gorgée du sien.
Je ne saurais par où commencer, bredouilla-t-elle en tirant sur les manches de sa chemise très masculine. Je suis partie en laissant mes proches qui ne pouvaient… comprendre ce besoin de venir. A dire vrai, j’ignore même où j’ai entendu le nom de cet endroit pour la première fois…
Les voyageurs font souvent escale au manoir d'Havrepin, déclara-t-il juste. Et ce depuis que j'ai acquis le domaine, il y a bien longtemps de cela. J'ai pour habitude de conter de courtes histoires de ma contrée natale aux gens de passage et, si vous me le permettez, j'aimerais faire de même avant d'écouter la vôtre. De plus, cela vous laissera le temps d’ordonner vos pensées.
Il désigna de l'index un fauteuil à Mathilda pour appuyer sa proposition. Elle s'empressa de s'y laisser tomber avec un soupir de bien-être. Goûtant le breuvage, elle découvrit un vin doux et pétillant.
Il s'agit d'une fable de mon enfance, commença-t-il. Celle d'un homme qui défia un mage et s'attira son courroux. En représailles, il tourmenta l'homme durant des mois.
Portant une main à sa tempe, elle réprima un brusque vertige. Ce spiritueux était plus traître qu'il n'y semblait ! Remarquant son soudain malaise, il marqua un temps d'arrêt puis reprit :
Avant que l'homme ne succombe à ses... traitements, le mage réalisa qu'il n'était pas satisfait de cette conclusion. Cet homme n'avait que quelques jours encore à vivre, tout au plus. Ce qu'il avait commis en revanche, cela nuirait au mage pour des siècles entiers. Le châtiment était par conséquent très insuffisant à ses yeux. C'est pourquoi il prit une décision radicale.
Posant son verre, l'elfe se leva puis tranquillement se dirigea vers sa cheminée. Son regard se perdit quelques minutes dans les flammes.
Quel genre de... décision ? l'interrogea Mathilda en clignant des yeux.
Une bouffée de chaleur soudaine la fit soupirer de bien-être. Par l'empereur, on ne l'y prendrait plus à toucher aux alcools elfiques ! Se tournant vers elle, l'elfe pencha la tête de côté en l'étudiant. Un instant, elle crût lire dans son regard un éclat de tendresse. S'approchant avec décontraction, il reprit d'un ton léger :
Il jeta une malédiction sur la lignée de l'humain. Il condamna ses descendants à payer à leur tour pour ce qu'il avait réalisé.
A ces mots Mathilda commença à s'effrayer. Elle tenta de reculer dans son fauteuil, mais constata avec stupeur que ses jambes restèrent immobiles. Hoquetant, elle s'efforça de se lever. En vain. En plus de son malaise, elle se découvrait comme prisonnière de son propre corps !
Détendez-vous, intima calmement son hôte.
Que m'avez-vous fait avaler ? S'écria-t-elle.
Un filtre de mon crût, confessa l'elfe avec une mine désolée. Un élixir de contrainte. Levez-vous et ayez l'obligeance de me suivre.
Osant à peine respirer, Mathilda se leva docilement sans même contrôler ses membres, sa personne s’animant enfin. Comme si elle n'était plus qu'un témoin habitant son propre corps, elle se vit prendre la suite de l'elfe. Il reprit en la guidant vers une série de marches avec un naturel déroutant :
Pour parler en termes que vous comprendrez, expliqua-t-il en s'enfonçant dans les profondeurs du manoir, la malédiction ne se déclare qu'une fois la lignée de l'homme assurée. Les intéressés ont alors une véritable illumination. Un mot leur vient en tête. Un simple nom. Il emplit leurs pensées, jour et nuit. Il les obsède jusqu'à ce que plus rien d'autre n'ai d'importance : le nom de la demeure du mage. La malédiction les pousse à satisfaire le besoin irrépressible de rechercher et trouver cet endroit.
Havrepin, souffla-t-elle avec effroi alors que le puzzle s’assemblait dans son esprit.
L’elfe hocha la tête d’approbation. S’immobilisant la main sur la poignée de porte terminant l'escalier, il pivota et plongea son regard dans celui de Mathilda :
Vous n'avez jamais connu votre père je crois, ayant fui ses responsabilité peu après votre naissance. Et vous-même devez être mère, bien que vous me sembliez terriblement jeune. Et ce même en tenant compte de votre nature humaine...
J'ai des... jumeaux... répondit Mathilda malgré elle.
Vous me voyez ravi de l'apprendre, déclara l'elfe en ouvrant l'accès.
Il dévoila une pièce dont la seule vision glaça le sang de la jeune femme. Un chevalet trônait en plein centre de la vaste salle. Au-dessus de celui-ci pendaient de multiples chaînes et ustensiles dont elle n'osait imaginer l'utilité. D'un côté, des fers étaient incrustés dans la pierre. Ici trônait une grande croix garnie de pointes effilées. A l'opposé, plusieurs étals se succédaient où étaient alignés des lanières, lames diverses, crochets, pinces, aiguilles... Elle vit également des bocaux de fluides opaques dont certains se troublèrent à leur entrée. Des torches aux murs latéraux, accrochées symétriquement et déjà allumées, ajoutaient de multiples jeux d'ombres à cette scène déjà macabre.
J'ai hâte de faire leur rencontre d'ici une vingtaine d'années, reprit l'hôte en faisant référence aux enfants de Mathilda. En attendant, dévêtez-vous et allez-vous installer confortablement.
Se faisant, il désigna vaguement le chevalet immaculé puis se dirigea en direction des établis qu'il parcourut d'un œil pétillant. Il tendit le doigt vers une boucle de cuir ornée de symboles qui luisirent faiblement à sa caresse avant de fermer les yeux, songeur. Presque à regret, il recula et se tourna vers une armoire. Il en tira un tablier blanc qu'il noua distraitement. Puis il se retourna enfin.
Il ignora royalement la jeune femme, nue et allongée sur la table de torture impeccablement blanche et s'attarda devant un brasero adjacent. D'un claquement de doigts, l'elfe produisit une étincelle qui embrasa les charbons. La chaleur vint cueillir Mathilde à la gorge et lui fit plisser les yeux. Mais ce fut insuffisant pour dissiper les tremblements paniqués qui l'agitaient progressivement. Tremblements qui ne firent que s'accentuer lorsqu'elle sentit sans les voir les doigts fins de l'elfe refermer des entraves à ses poignets et chevilles.
L'effet de mon breuvage devrait se dissiper dans quelques minutes, expliqua-t-il en repassant en lisière de son champ de vision. Il serait dommage de ne pas profiter pleinement de l’événement. Je pourrais alors écouter comme vous me raconterez votre histoire.
L’elfe se dressa finalement au-dessus d'elle. Il l'embrassa du regard emplit de cette même tendresse exprimée auparavant. Cependant il n'avait plus à la main une coupe de liqueur mais un outil bien plus sinistre.
Que je suis heureux de retrouver votre lignée.
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Cédric
Laissez-moi vous présenter Cédric. Jeune professionnel à la fin de la vingtaine, nouvellement emménagé en ville. Beau comme 10, heureux papa du chien le plus nice au monde.
C’est avec à peu près ces informations que je le swipa à droite. HOURRA! J’ai un match! DOUBLE-HOURRA! Il répond à mes messages! TRIPLE-HOURRA! Il semble normal, agréable et drôle. QUADRUPLE-HOURRA! Il est intéressé! J’ai l’impression d’avoir trouvé le jackpot du online dating.
Il me proposa une soirée tranquille chez-lui. Hum… je ne sais pas, je ne suis pas trop à l’aise, j’aurais préféré un endroit public. Qu’est-ce que je ferais si c’était un psychopathe et qu’il essayait de me tuer? Étant ce que je suis, je ne peux pas me contenter de garder ces pensées pour moi. Je me dois de les lui partager. Ma réponse à son invitation fut donc «Es-tu un psychopathe? Vas-tu me voler un rein?»
Je ne sais pas si je m’attends à ce que cette question puisse détourner un quelconque réel psychopathe éventuel. Même si l’homme avait réellement l’intention de me tuer, ma question ne lui fera pas se sentir démasqué et lui faire abandonner son plan meurtrier… Bref, il pris ma question-révélatrice-d’une-certaine-anxiété-à-l’idée-de-rencontrer-un-inconnu-chez-lui-le-premier-soir blague avec un beau brin d’humour et me rassura de la normalité de ses intentions. Puisque je suis une fille un peu facile naïve, j’accepta son invitation et me rendis chez-lui en soirée.
Euh, WOW! Le gars était absolument génial! La discussion était hyper facile et agréable. Nous avions plein de points communs, notre vision de la vie était similaire, on complétait même certaines phrases de l’autre… Un match made in heaven! La soirée était tout simplement parfaite! On s’est fait des pizzas maisons, bu du vin et rit. Il m’a même dit qu’il avait caché son rack à couteaux dans une armoire pour ne pas le laisser sur le comptoir, pour ne pas me faire peur. Un homme plein de belles attentions. Dehors, de gros et doux flocons tombaient et recouvraient la rue. Même Dame Nature semblait vouloir nous aider à rendre la soirée plus romantique. Après souper, son chien commençait à tourner un peu en rond et à avoir un peu trop d’énergie. C’était parfait pour aller marcher. C’est donc sous les flocons, qu’il prit ma mitaine main et qu’on continua notre balade, le cœur en paix.
De retour chez-lui, c’est tout naturellement qu’on commença à se réchauffer en se rapprochant de plus en plus. La meilleure méthode, dans ces circonstances, pour se réchauffer était d’enlever un morceau à la fois, tout en se collant dans le lit. Oh que c’était chaud! C’était parfaitement chaud.
Une fois nos températures corporelles bien réchauffées et stabilisées, il quitta le lit pour le traditionnel tour à la salle de bain qui suit habituellement ce type de séance de réchauffement. Étendue dans les draps, je souriais bêtement en attendant mon tour pour la salle de bain. Je l’entendis y sortir, mais il ne revient pas dans la chambre. Aucun de bruit dans l’appart. Il était où? Qu’est-ce qu’il faisait? Ça faisait au moins deux minutes que je l’avais entendu sortir de la salle de bain mais depuis, je n’ai rien vu, ni rien entendu… Je me leva pour aller à la salle de bain et le trouva au salon. Il était couché par terre. En boule. Nu. Il spoonait son chien. En pleurant.
-«Euh… (C’est quoi le protocole dans des cas comme ça?) Est-ce que ça va? Est-ce que j’ai fait quelque chose?
- Non, non. C’est juste que ça ne fait pas longtemps (lire ici : vraiment pas assez longtemps) que je ne suis plus avec mon ex. Je croyais que j’étais prêt à faire de nouvelles rencontres mais finalement, on dirait que non.
- Oh… Est-ce que je peux faire quelque chose pour t’aider?
- Peux-tu t’en aller SVP?
Mal à l’aise, je me rhabillai en ne sachant pas trop quoi dire. «C’est correct. Prend le temps de te remettre de ta rupture. Prends soin de toi. Si jamais tu veux qu’on se revoit tu peux me faire signe..» et je quittai. Il ne me raccompagna pas jusqu’à la porte. Il resta couché par terre dans le salon. En boule. Nu. Avec son chien. Toujours en pleurant.
Je n’ai jamais eu de ses nouvelles.
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