#Prix BD des étudiants
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Créé en 2020, le Prix BD des étudiants France Culture – Les Inrockuptibles récompense une bande-dessinée d’auteur émergent (pas plus de 3 BD déjà publiées à son actif), parue entre août 2021 et juin 2022 en langue française.
#litterature#prix litteraire#Prix BD des étudiants#bande dessinée#roman graphique#distinction#cérémonie de remise de prix#Les Inrockuptibles#france culture#Mahi grand
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BAUME DU TIGRE - éditions Delcourt Par Lucie Quéméner
https://www.academie-bd.fr/temoignages/lucie-quemener
Lucie a remporté le premier Prix France Culture BD des étudiants 2020 pour ce livre.
Dans une famille d’immigrés asiatiques, trois générations de femmes tentent chacune à leur manière de fuir le poids des traditions, abandonnant la protection du clan, pour conquérir leur liberté. Ald, immigré asiatique et patriarche tyrannique, veille sur son clan avec autorité. Aussi, lorsque sa petite-fille aînée, Edda, annonce qu’elle veut être médecin plutôt que de travailler dans le restaurant familial, sa colère prend des proportions terribles. Bien décidée à s’émanciper, Edda entraîne alors ses soeurs Wilma, Isa et Etta dans un périple loin de chez elles. La route vers l’indépendance se fera-t-elle au prix de leur héritage culturel ?
https://www.editions-delcourt.fr/serie/baume-du-tigre.html
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salon mad
C’est sans attente que je suis allée au MAD, tel un mouton qui suit son berger aka la prof. Après deux bus ratés et 20 minutes, nous y voilà. On est accueilli par celle qui a organisé le salon, quelle chance ! On passe de mouton à VIP. On parcours les stands. Le premier qui attire le regard est la collection de carnet de voyage de Louis Vuitton, évidemment ils ont les moyens de se payer le stand avec la meilleure place… N’empêche je suis bluffée ! Finis les carnets de voyages dans les années 2000 avec la mode de Titouan Lamazou avec des dessins crayonnés qui flottent autour de textes illisibles. En 2022 place à Nicolas de Crécy, Thomas Ott, Jiro Taniguchi et d’autres fortiches du dessin avec des dessins immersifs et à l’aspect finis. Presque envie de lâcher 45 euros.
On continue le voyage ! Je tombe nez à nez avec une maison d’édition basée en banlieue qui ont édité.. un unique livre. Je fais l’effort de le feuilleter : des grandes images en noir et blanc abstraites, aucune idée du propos. Je referme. Je regarde à côté des fanzines et petits romans graphiques qu’ils ont récolté. Je flash sur la BD « Stéfanox » à l’esthétique d’Adibou qui apprend à conduire. C’est le livre le plus drôle trouvé dans ce salon d’intellectuels. Allez, je lâche 15 euros.
Je tourne la tête, sur le stand suivant : 2 exemplaires tout frais du leporello de Françoise Pétrovitch attendent. Toujours aussi délicate dans son coup de pinceau, on l’imagine peindre comme une danseuse sur sa feuille. Le choix d’imprimer en cyanotype sur papier gris-crème est original et étonne.Ça change du papier blanc. Vu le nombre d’exemplaire, je ne demande pas le prix.
Cachés derrière un coin, 4 étudiants de Arts Décos mi-endormis mi-avenants sont là à se plaindre qu’il n’y a personne. Eh oui, on est vendredi… Je feuillette la BD du gars le plus avenant par politesse. Je déteste : aucun texte, une sorte de voyage contemplatif sur une autre planète avec des robots, « c’est un 3 » comme dirait le jury de Danse avec les stars de la BD. Je me décale vers l’autre bout du stand lentement. Surprise ! Des carrés de manières noires de 2 cm² imprimés sur une feuille A3 ! Ça, ça claque.
Enfin, c’est l’immense livre de One Piece qui m’intrigue le plus. Il pèse 17 kg et comprend tous les tomes de ce manga qu’on ne présent plus. Mais attention ! C’est la version scannée et piratée qui a été imprimée et ensuite reliée en ce livre qui paraît interminable -un peu comme la visite du MAD. 1900 euros par œuvre. La sortie s’il vous plaît ?
Klervie - 11/09/22
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La Bourse aux Livres, une histoire qui dure
La troisième bourse aux livres a permis de réunir en un même lieu plus de 3000 livres différents à des prix compris entre 0,50€ et 3€. Frédéric Kieffer, directeur de la Maison de la Jeunesse et de la Culture de Metz-sud, se félicite de pouvoir organiser un événement permettant de réunir toutes les générations autour d’une même passion, la lecture.
Plus de 3000 livres différents sont disponibles lors de la 3e bourse aux livres (Photo : Téva Vermel)
De 10h à 19h, pas moins de 400 personnes ont pu se presser dans les allées de la MJC Metz-sud pour trouver leurs prochaines lectures. Entre romans, polars, livres de science-fiction, BD et pleins d’autres, les lecteurs avaient le choix. “Quand on se donne la peine de développer un projet structuré pour favoriser la lecture, on constate que cela fonctionne”, explique Frédéric Kieffer.
Des livres à petits prix
La bourse aux livres propose avant tout des ouvrages bon marché. L’objectif n’est pas de faire du bénéfice mais plutôt de donner envie de lire aux personnes présentes. Certaines personnes amènent des sacs pour emporter une année de lecture. Pour Ludivine, étudiante en seconde et venue chercher sa prochaine lecture, “Ce n’est pas cher. Il y a aussi de la diversité, on peut trouver des livres qu’on ne penserait pas trouver ailleurs”. Les prix ayant explosé depuis plusieurs années dans les enseignes spécialisées, ce genre d’événement est une aubaine pour certains grands lecteurs. C’est le cas de Martine, “en venant ici, c’est l’occasion d’avoir des livres à bon marché car sinon, ils ne sont pas donnés”.
Pour les romans de poche, 1€ le livre, pour le reste c’est 2€ (Photo : Téva Vermel)
Un choix diversifié
Un des arguments mis en avant lors de cette bourse, c’est un choix diversifié de lectures. Il y en a pour tous les goûts, livres sur les mariages, le sport, la cuisine, BD de super-héros, réunies en un seul lieu. Au détour d’une allée, Victor venu ici grâce à sa copine, explique qu’il y a “pleins d’ouvrages intéressants”. Pour lui un livre “doit permettre d’apprendre des choses, d’ouvrir son esprit à de nouvelles perspectives”. Ces livres justement, sont destinés à circuler tout au long de l’année pour que le livre, soit une histoire sans fin.
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“La haine des Juifs n’a jamais eu de limite”
“Aujourd’hui, l’antisémitisme est une hydre impitoyable à plusieurs têtes. Son potentiel de propagation à l’échelle mondiale est sidérant. La haine des Juifs n’a jamais eu de limite”, rappelle en entrevue une grande spécialiste de l’histoire de l’antisémitisme, l’historienne américaine Deborah E. Lipstadt.
Cette universitaire réputée explore exhaustivement les différentes formes de l’antisémitisme contemporain dans un livre remarquable, fouillé et solidement documenté, Antisemitism Here and Now (Schocken Books Publisher, New York, 2019, 288 p.).
Professeure d’histoire juive contemporaine et d’études sur l’Holocauste à l’Université Emory, à Atlanta, Deborah E. Lipstadt est l’auteure de plusieurs livres très remarqués, dont The Eichmann Trial; Denial: Holocaust History on Trial, qui s’est mérité en 2005 le prestigieux prix littéraire National Jewish Book Award; Denying the Holocaust; Beyond Belief: The american Press and the Coming of the Holocaust, 1933-1945…
En 2000, l’écrivain négationniste britannique David Irving lui a intenté un procès en diffamation qu’elle a gagné après avoir, comme l’exigeait le droit anglais, démontré l’existence des chambres à gaz nazies devant une cour de justice britannique.
Le film Denial —Le procès du siècle— retrace les moments les plus marquants de cet affrontement judiciaire. L’actrice britannico-américaine Rachel Weisz interprète avec brio le rôle de l’historienne.
Deborah E. Lipstadt nous a accordé une entrevue lors de son passage à Montréal, où elle a été la conférencière d’honneur du Musée de l’Holocauste.
En cette deuxième décade du XXIe siècle, l’antisémitisme ne revêt-il pas plusieurs visages ?
Sans aucun doute. Les Juifs font face aujourd’hui à un antisémitisme hétéroclite émanant des milieux de droite, des milieux de gauche, de la mouvance islamiste radicale et des cénacles familiaux et communautaires musulmans. Cette dernière forme d’antisémitisme est souvent éludée. Je suis très prudente quand je pointe celle-ci car je ne veux pas généraliser ce phénomène en mettant tous les Musulmans dans le même panier. Cependant, force est de constater que beaucoup de Musulmans, notamment parmi les jeunes générations, qui ne sont pas violents, ni ont le profil de commettre des exactions contre les Juifs, véhiculent des stéréotypes antisémites. Ceux-ci leur ont été inculqués au sein de leur famille, par leur imam à la mosquée qu’ils fréquentent ou par des émissions colportant des préjugés antisémites diffusées par des chaînes de télévision arabes. Récemment, l’Institut de recherche des médias du Moyen-Orient (MEMRI), qui traduit de l’arabe à l’anglais et dans d’autres langues des articles de presse et des émissions diffusées par les principales chaînes de télévision arabes, a décrypté une scène tout aussi abjecte qu’effarante diffusée par une télévision arabe. Celle-ci se déroule aux États-Unis, dans le cadre d’un programme pédagogique extrascolaire destiné aux élèves musulmans d’une école de Philadelphie. Des enfants jouent une pièce de théâtre devant leurs parents. Ils interprètent le rôle de Palestiniens arborant leur accoutrement traditionnel: keffieh, foulard … Ils fredonnent une chanson appelant à trancher la gorge de ceux qui pensent que Jérusalem est leur « capitale indivisible et éternelle». Il ne faut pas être un génie pour comprendre qu’ils font allusion aux Juifs. Ça ne veut pas dire que ces enfants musulmans commettront le lendemain des actes violents antisémites. Mais ils sont victimes, dès leur plus jeune âge, d’un endoctrinement prônant la haine des Juifs. Cette quatrième forme d’antisémitisme est souvent sous-estimée ou complètement négligée.
Quelle est parmi ces quatre formes d’antisémitisme la plus dangereuse ?
Elles sont toutes dangereuses. Aux États-Unis, ces dernières années, les attaques meurtrières contre des Juifs dans des synagogues où les attaques verbales dont ces derniers ont été l’objet sont la résultante d’un antisémitisme d’extrême droite bien vivace dans plusieurs régions de l’Amérique. Par exemple, en 2017, lors des manifestations à Charlottesville, en Virginie, qui ont opposé des groupes ségrégationnistes à des militants antiracistes, des manifestants survoltés d’extrême droite ont claironné sans ambages: « Les Juifs ne nous remplaceront pas ». L’antisémitisme émanant de la gauche est plus structurel et se caractérise souvent par son hostilité envers l’État d’Israël. L’antisémitisme des islamistes radicaux est violent et très meurtrier: attentats commis contre les journalistes de Charlie Hebdo, le magasin israélite Hyper Casher, le public du Bataclan, les meurtres crapuleux d’Ilan Halimi, de Sarah Halimi, d’enfants juifs dans une école israélite de Toulouse… L’antisémitisme issu des milieux communautaires musulmans prolifère aussi dans les pays d’Europe de l’Ouest, notamment parmi les nouveaux immigrants.
Le mouvement anti-Israël BDS –Boycott, Désinvestissement, Sanctions- est-il antisémite ?
Comme je l’explique dans le livre, je ne crois pas que tous les supporters du BDS soient des antisémites invétérés. Beaucoup d’entre eux sont incapables de trouver l’emplacement d’Israël sur une carte géographique du monde. Ils sont plutôt attirés par le fait qu’il s’agit d’un mouvement gauchiste libéral très en vogue ces temps-ci. Cependant, si vous examinez les textes fondateurs du mouvement BDS, vous constaterez que celui-ci préconise la destruction de l’État d’Israël. Refuser seulement aux Juifs le droit à l’autodétermination dont bénéficient les autres peuples du monde, c’est indéniablement une preuve manifeste d’antisémitisme. Où sont supposés aller s’établir les quelque 7,5 ou 8 millions de Juifs qui vivent aujourd’hui en Israël ? Les détracteurs de l’État hébreu souhaitent que les Israéliens juifs vivent au sein d’un État binational. Montrez-moi un seul pays musulman, au Moyen-Orient, en Indonésie ou ailleurs dans le monde, où les minorités religieuses mènent une vie paisible et épanouie.
Quelles seront à long terme les conséquences pour Israël de la campagne BDS ?
Je ne pense pas que le boycott économique soit une arme efficace. Le BDS ne prône pas seulement un boycott économique, mais aussi un boycott culturel et académique. Par exemple, empêcher un professeur d’études médiévales de l’Université de Tel-Aviv ou de l’Université hébraïque de Jérusalem de donner des conférences sur un campus universitaire ou d’être invité un trimestre par une université européenne ou américaine. L’université est un lieu pour échanger des d’idées et non pour diviser et exclure des personnes en fonction de leur nationalité ou de leurs affiliations politiques. Le BDS ne préconise pas seulement un boycott économique d’Israël mais un boycott total dans tous les domaines. L’objectif principal du mouvement BDS, et il est en train de réussir, est, ce que j’appelle dans le livre la “toxification” d’Israël. C’est-à-dire, rendre Israël “toxique” aux yeux de l’opinion publique mondiale. L’un des buts des promoteurs du BDS est que, dans les campus universitaires ou les collèges, les jeunes juifs développent un sentiment de gêne, et même de honte, vis-à-vis d’Israël. Par exemple, un jeune juif étudiant à l’Université McGill ou à l’Université Concordia devant participer au programme Birthright sera réticent à annoncer à ses camarades non juifs qu’il s’apprête à effectuer prochainement un voyage en Israël. Des jeunes juifs s’abstiendront ainsi de parler ouvertement de leurs liens avec Israël avec leurs amis non juifs. L’objectif de la campagne BDS est de faire d’Israël un pays “toxique”, qui pratique sans vergogne une politique oppressive d’apartheid à l’encontre des Palestiniens que tous les êtres épris de paix devraient impérativement condamner fermement.
Dans les campus universitaires nord-américains, les étudiants juifs sont souvent intimidés par les détracteurs d’Israël et les promoteurs du BDS.
Oui. Aujourd’hui, dans les campus en Amérique du Nord, sévit un grand paradoxe. Des groupes d’étudiants défendent les droits humains des Palestiniens tout en posant des gestes antisémites. Exemple: à l’Université Emory, où j’enseigne, un groupe propalestinien, appelé Student Voices for Peace, a publié un manifeste appelant au boycott de tous les groupes dans le campus ayant un lien avec Israël, dont le Hillel et le Chabad, deux organisations étudiantes juives. Ça c’est de l’antisémitisme. On ne peut pas simultanément défendre les droits humains d’un peuple, une action des plus légitimes, et stigmatiser des groupes étudiants juifs parce qu’ils ont des liens avec Israël.
Ces dernières années, le spectre de l’antisémitisme a refait surface aux États-Unis. Nombreux sont ceux qui reprochent au président américain, Donald Trump, de marteler une rhétorique sulfureuse qui, selon eux, attise l’antisémitisme et le racisme. Ce grief sévère est-il fondé ?
On ne peut pas blâmer que Donald Trump. Ces dernières années, à travers le monde, on a assisté à l’émergence de mouvements populistes: en Italie, en Hongrie, en Pologne, en Slovénie… Aux États-Unis, les groupes antisémites et racistes d’extrême droite existent depuis très longtemps, bien avant l’arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump. Je ne crois pas du tout que ce dernier soit antisémite. Mais sa rhétorique musclée a encouragé insidieusement des groupes extrémistes à exprimer sans la moindre gêne des opinions à caractère antisémite ou raciste. Les membres de ces groupes extrémistes, certains sont très violents, décodent à leur manière la rhétorique incendiaire, et souvent exclusionniste, de Trump. Par exemple, la manifestation qui a opposé à l’été 2017 des groupes ségrégationnistes et antiracistes dans la ville de Charlottesville a eu lieu dans un contexte où l’élection de Trump à la présidence des États-Unis a désinhibé la perpétration d’exactions antisémites: tuerie dans une synagogue de Pittsburgh, de San Diego… Les membres de ces groupes racistes sont convaincus que le leader suprême de leur pays est sympathique à leur cause, bien que ce ne soit pas le cas.
À la fin 2019, la France a adopté une législation qui associe l’antisionisme à une forme d’antisémitisme. Croyez-vous à l’efficacité de ce type de loi ?
Je ne suis pas avocate, ni une experte du droit français. Le système judiciaire en France est complètement différent de celui des États-Unis. L’adoption d’une telle législation me paraît être une affaire risquée et délicate. Quelqu’un qui critique les politiques du gouvernement d’Israël n’est pas nécessairement un antisémite. Pour vous convaincre : lisez le quotidien israélien Haaretz, qui ne cesse de fustiger les politiques du gouvernement d’Israël.
Soixante-quinze ans après la Shoah, le gouvernement polonais n’a pas hésité à réécrire l’histoire de la Seconde guerre mondiale. Doit-on considérer cette initiative déplorable comme un acte négationniste?
C’est certainement une forme de déni de l’Holocauste. Les Polonais ne nient pas l’Holocauste. Ils ne disent pas que le génocide des Juifs européens pendant la Seconde Guerre mondiale n’a pas eu lieu. Ils considèrent simplement qu’ils n’ont pas été des bourreux, mais, à l’instar des Juifs, des victimes des nazis. Il est vrai qu’un bon nombre de Polonais ont été victimes de la tyrannie des nazis. Mais, force est de rappeler que beaucoup de Polonais ont collaboré avec les nazis. C’est un fait historique irrécusable, amplement documenté par des recherches scientifiques, des Mémoires et des lettres de témoins de l’Holocauste… Nier cette réalité historique, c’est réécrire l’histoire de ce chapitre noir de la Guerre de 1939-1945 qui s’est déroulé sur le territoire polonais. Réécrire l’Histoire a des fins politiques, c’est un acte fort dangereux. Ce que les Polonais font n’est pas un déni intégral et brutal de la réalité historique, mais un déni mou. Ils ne disent pas que les chambres à gaz nazies n’ont pas existé, ils affirment le contraire puisqu’ils ne cessent de nous rappeler que des centaines de milliers de Polonais ont aussi été gazés dans celles-ci. Les chiffres avancés par les autorités polonaises : 3 millions de Polonais non juifs et 3 millions de Polonais juifs ont été assassinés par les nazis. Évidemment, ces 3 millions de Juifs n’ont été considérés comme des Polonais qu’après la fin de la guerre et après leur mort. Dans les années 50, le bureau du Politburo en Pologne, dont l’un des membres était Juif, mena une enquête sur le nombre de Polonais assassinés par les nazis. Il arriva à la conclusion que 3 millions de Juifs et 1 million de non-Juifs avaient étaient tués en Pologne par les Allemands. Les dirigeants du bureau du Politburo polonais estimèrent alors que le maître du Kremlin, Joseph Staline, n’allait pas du tout aimer cette comptabilité, à savoir que plus de Juifs que de non-Juifs polonais avaient été tués par les soldats du IIIe Reich. Ils ont donc traficoté les chiffres. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Polonais n’ont cessé de jouer avec l’Histoire. Ce n’est pas un phénomène nouveau. Ces derniers veulent être considérés comme des victimes et récusent farouchement le fait historique incontournable que de nombreux Polonais ont collaboré avec les nazis.
Comment expliquer l’accointance de l’actuel Premier ministre d’Israël, Benyamin Netanyahou, avec des leaders populistes européens accusés de nourrir dans leur pays un climat antisémite ?
Il y a un élément qu’on ne peut pas éluder: la Realpolitik. À l’instar des autres nations du monde, alors que la conjoncture géopolitique internationale est de plus en plus instable, Israël est contraint aussi de jouer à fond la carte de la Realpolitik. Benyamin Netanyahou a constaté qu’à l’ONU, lors des votes sur des résolutions importantes sur la question israélo-palestinienne, Israël peut compter sur le soutien de la Hongrie et de la Pologne alors que la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne lui font défaut. Cette réalité l’a poussé à consolider ses relations avec des leaders populistes européens. C’est une situation très complexe. Par ailleurs, Israël considère que la protection des Juifs de la diaspora fait partie intégrante de sa mission en tant qu’État juif. Si des Juifs sont menacés n’importe où dans le monde, Israël viendra toujours à leur rescousse. Mais la réalité devient plus épineuse quand un Premier ministre d’Israël partage des causes communes avec des leaders politiques tenant des propos aux accents clairement antisémites.
C’est le cas du Premier ministre de Hongrie, Viktor Orban, qui mène une croisade contre le milliardaire et philanthrope juif George Soros, qu’il accuse d’être l’instigateur d’un vaste complot international pour semer le chaos en Hongrie et dans d’autres pays d’Europe centrale et de l’Est. Orban a fait placarder sur les murs des villes de Hongrie d’immenses affiches où l’on voit George Soros, grimaçant, tirant les ficelles d’une marionnette à l’effigie de Laszlo Botka, un des leaders de la gauche hongroise.
Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, et son gouvernement ont adopté une loi très controversée sur l’Holocauste qui a profondément offusqué les Israéliens qui n’ont pas hésité à qualifier celle-ci de “législation antisémite”. Cette loi, qui pénalisait « l’attribution à la nation ou à l’État polonais, en dépit des faits, de crimes contre l’humanité », dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, a été finalement amendée par le gouvernement de Varsovie.
Vous ne pouvez pas jouer sur les deux tableaux. Israël ne peut pas tabler sur la Realpolitik dans ses relations avec des leaders populistes, suspectés d’antisémitisme, et clamer en même temps: “Nous sommes les défenseurs du peuple juif”.
Ces leaders populistes ayant un penchant antisémite sont des ardents défenseurs d’Israël. N’y a-t-il pas là un grand paradoxe ?
Ironiquement, aux États-Unis ou dans des pays européens, tels que la France et l’Italie, dans les milieux d’extrême droite, il y a des gens qui sont à la fois antisémites et des admirateurs zélés d’Israël. Pourquoi aiment-ils Israël ? Parce que l’État hébreu incarne à leur yeux l’ethno-État blanc qu’ils souhaitent ardemment créer. Ils se disent: “Si les Israéliens sont parvenus à créer un ethno-État spécifiquement juif, pourquoi nous ne serions pas capables d’en édifier un semblable”. Quand on les accuse de “racistes”, ces antisémites se défendent en clamant qu’ils soutiennent inconditionnellement Israël. Comme avec la « cape magique d’invisibilité » dans les aventures de Harry Potter, ils espèrent aussi rendre « invisible » leur antisémitisme en avançant la preuve de leur admiration profonde pour Israël. En ce qui a trait à l’antisémitisme, les lignes sont en train de changer, elles sont plus floues et plus compliquées.
En 2000, vous avez remporté une éclatante victoire judiciaire contre le négationniste britannique David Irving, qui vous avait intenté un procès en diffamation. Plusieurs pays occidentaux ont adopté des législations pour sanctionner pénalement les négationnistes de la Shoah. Ces lois vous paraissent-elles pertinentes et efficaces ?
Non. Pour deux raisons. Première: je crois vraiment en la liberté d’expression. Si vous dites “ce type de discours doit être autorisé et tel autre non”, vous vous retrouverez dans une pente glissante. Je ne crois pas que ce type de législation soit efficace et qu’il donne des résultats probants. Transformer l’Holocauste en un interdit, ce n’est pas une solution pour contrer le négationnisme. Beaucoup se demanderont pourquoi a-t-on besoin d’une loi pour combattre le négationnisme de l’Holocauste alors qu’il n’y a pas une loi équivalente sur la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, sur l’esclavage… ? On transforme alors l’Holocauste en une sorte de fruit interdit qu’on ne pas toucher ni manger. Je ne crois pas qu’il faille mettre entre les mains de politiciens le pouvoir de décider ce qui peut être, ou non, dit. J’ai participé à un débat sur cette question très délicate à Oxford Union, la plus célèbre association de débats académiques et intellectuels dans le monde.
L’antisémitisme semble être un fléau sempiternel. Y a-t-il réellement des outils, des stratégies et des plans d’action nationaux pour contrer celui-ci ?
Je n’ai pas une formule magique à proposer. Mais il y a un certain nombre de choses que nous pouvons faire. Premièrement : espérer que les leaders politiques dénoncent vigoureusement la montée de l’antisémitisme. Ils doivent aussi cesser de créer des divisions entre des groupes communautaires. Je ne crois pas que Donald Trump soit un antisémite, mais il divise le peuple américain pour des motifs strictement politiques. Que pouvons-nous faire à la base pour lutter contre l’antisémitisme ? Nous devons être les invités importuns au dîner (unwelcome guest at the dinner party). Quand quelqu’un émet des opinions antisémites (les Juifs sont partout, ils contrôlent les banques, les médias, les gouvernements…), nous devons réagir sur-le-champ et répliquer sans la moindre gêne : “Ça, c’est de l’antisémitisme”. Nous devons aussi lutter contre tous les “ismes” et pas seulement contre l’antisémitisme, c’est-à-dire, combattre aussi fermement toutes les autres formes de racisme. Quand on combat les racismes, on ne peut pas être sélectif. Quand on est Juif, c’est normal qu’on lutte contre l’antisémitisme puisque ce fléau a des répercussions très négatives sur notre communauté, notre famille. Mais on ne peut pas faire fi des autres “isme” parce que l’Histoire nous rappelle que la persécution des Juifs a été le prélude à la stigmatisation d’autres groupes communautaires. Et vice-versa parfois.
Selon vous, il est important d’établir une distinction entre l’antisémitisme et les autres formes de racisme. Pourquoi ?
Nous devons combattre tous les “isme”. Mais nous devons reconnaître la différence existant entre l’antisémitisme et le racisme. Le raciste considère une personne de couleur comme un être inférieur. Il est persuadé que si un Noir, un Asiatique… s’installe dans son quartier et envoie ses enfants à la même école que fréquentent les siens, le niveau éducatif de celle-ci baissera. Les antisémites sont résolument convaincus que les Juifs sont plus brillants, plus puissants, plus riches… que les non-Juifs. Nous devons comprendre ce qu’est l’antisémitisme et le dénoncer. Mais, prenons garde, on ne peut pas qualifier d’antisémite tout ce qu’on n’aime pas. Par exemple, critiquer Israël, ce n’est pas nécessairement un acte antisémite.
L’école a-t-elle un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre l’antisémitisme ?
J’ai passé ma vie à écrire sur l’Holocauste et à enseigner l’histoire de cette effroyable tragédie humaine. Nous devons faire preuve de prudence lorsque nous enseignons à des jeunes l’histoire de l’Holocauste. Il ne suffit pas de leur expliquer que l’antisémitisme est un phénomène délétère qui peut déboucher sur l’extermination physique du peuple Juif. La réalité est bien plus complexe. L’enseignement de l’Holocauste n’est pas un exercice pédagogique aisé. Nous devons également enseigner aux jeunes ce que sont la haine et le préjudice, et leur rappeler leurs conséquences désastreuses. Nous devons aussi leur expliquer qu’il y a une corrélation et une interaction entre l’antisémitisme et les autres “isme”. L’éducation a un rôle très important à jouer dans la lutte contre l’antisémitisme et les autres racismes. Mais nous n’avons pas encore formellement compris comment utiliser celle-ci efficacement.
Envisagez-vous l’avenir des Juifs avec optimisme ou pessimisme ?
Je suis une historienne qui compose avec le passé et non avec le futur. J’ai passé une grande partie de ma vie à étudier les variantes de l’antisémitisme pour essayer de comprendre pourquoi les Juifs sont haïs depuis la Nuit des temps. Pourtant, j’ai toujours été optimiste. Récemment, j’étais en Grande-Bretagne pour donner un cycle de conférences. Durant le week-end, je suis allée visiter un site historique et archéologique situé à Bath, une ville du comté de Somerset, au sud-ouest de l’Angleterre. En 50 après Jésus-Christ, les Romains fondèrent cette ville pour en faire un lieu thermal qui s’appelait en latin Aquae Sulis (“les eaux de Sulis”). Ils construisirent des bains et un temple dans les collines aux alentours de la cité. Je me suis alors demandé comment les Juifs de Bath ont-ils pu survivre alors que les autres civilisations environnantes ont disparu ? Comment ont-ils fait pour ne pas être complètement absorbés par la majorité chrétienne ou la majorité musulmane dans les différents pays où ils ont vécu ? Des millénaires plus tard, les Juifs sont toujours là. Comment ne pas être optimiste. Un Juif optimiste est quelqu’un qui est persuadé que les choses ne pourront pas être pires. Un juif pessimiste est quelqu’un qui est convaincu que les choses peuvent devenir pires. Un juif réaliste est quelqu’un qui est conscient que les choses sont devenues pires! Qui aurait pu prédire il y a quelques années que l’on assisterait à un retour en force de l’antisémitisme en Europe, aux États-Unis… Qu’au début du XXIe siècle des Juifs seraient lâchement assassinés parce qu’ils sont Juifs dans des pays occidentaux démocratiques. Personne ne l’a prédit. Et, si quelqu’un dit qu’il l’a prédit, il ment.
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Lire oui, mais à petit prix!
Bonjour à toutes et tous!
Revoilà denouveau un nouvel article après cette petite semaine de pause de vacances!
La wifi était très mauvaise là où j’étais et je n’ai donc pas pu poster comme je le souhaitais! Mais tout cela est terminé car me revoici la besace pleine d’idées pour les prochaines semaines à venir!
Aujourd’hui je vais vous donner des petites astuces pour lire à petit prix.
(Dit la personne qui est en train de préparer l’écriture d’un roman fantastique ^^”).
Cela n’a pas dû vous échapper, les prix des livres sont assez élevés. Cela peut être un frein dans votre envie de lire.
Voici une liste de lieux/ d’astuces pour accéder à la lecture à moindre prix!
La bibliothèque: on n’y pense pas assez souvent mais la bibliothèque est une très bonne manière d’accéder à des livres à moindre coût. Si vous êtes étudiant / moins de 26 ans ou même en tarif normal, les prix ne sont pas très élevés, et vous pouvez emprunter plusieurs ouvrages à la fois : romans, BD... le choix est vaste!
Les cabines à livre: Ce concept se développe de plus en plus, du moins dans ma région. Les anciennes cabines téléphoniques sont transformées en cabines à livres. Le principe: chacun amène des livres dont il ne veut plus, et choisit de nouveaux ouvrages à lire. C’est une espèce de troc complètement GRATUIT! Et vous ne savez jamais à l’avance sur quoi vous allez tomber. Chouette non?
Les magasins d’occasions/ les Emmaüs / Les brocantes: ces trois solutions ont toutes un même point commun: les livres à bas prix. Beaucoup moins chers que dans les commerces traditionnels, et parfois de très bonne qualité, vous pourrez faire le plein de lecture à petits prix.
La lecture en famille: un principe tout bête mais très utile. Un membre de votre famille achète un livre, le lit te vous en parle. Vous pouvez lui demander de vous le prêter et hop! Une lecture gratuite ^^
Voilà, j’espère que ces quelques idées vous aideront à profiter un maximum de lecture cet été!
Passez une belle journée ♥
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TOUCHE-À-TOUT
Anna Maisonneuve / Gilles Massicard
Du 23 au 25 mars, Beychac-et-Cailleau accueille la septième édition du salon Lis Tes Ratures. L’invitée d’honneur de cette manifestation littéraire jeunesse n’est autre que la Bordelaise Sandrine Revel. Rencontre avec cette illustratrice et auteure de bandes dessinées, qui aime à varier les genres, les styles et les thèmes abordés. En témoignent deux de ses derniers ouvrages : un biopic auréolé du prix Artémisia 2016 consacré à Glenn Gould, et Hey Jude !, chronique d’une enfance loufoque.
Est-ce votre première participation à Lis Tes Ratures ?
Oui.
Y venez-vous défendre un album en particulier ?
Effectivement. Une bande dessinée pour la jeunesse, sortie il y a presque un an, qui s’appelle Hey Jude !. J’avais envie de faire quelque chose à la Snoopy. C’est l’histoire d’une petite fille qui rêve d’avoir un chien. Orpheline de sa mère, elle vit avec son père ingénieur qui est très occupé et qui a beaucoup de mal à l’éduquer. Pour veiller sur sa fille lorsqu’il est absent, il a fabriqué un robot à partir de l’une de ses peluches. La routine du foyer va être perturbée par l’arrivée d’un chiot. C’est une bande dessinée très fraîche qui parle beaucoup de chiens, leurs origines et qui donne aussi des astuces et des conseils pour les éduquer à travers une histoire très légère.
L’approche est différente dans le biopic que vous avez réalisé sur la figure de Glenn Gould…
En effet. Ce projet a pris 5 ans et a demandé beaucoup de travail de documentations. Le récit se raconte à contretemps, le passé se confronte au présent, la construction est un peu pensée comme l’esprit de ce pianiste, excentrique et bourré de contradictions. Ce n’est pas du tout la même recherche que pour Hey Jude !. Là, c’était une récréation durant laquelle j’ai pris beaucoup de plaisir à dessiner mon chien !
Appréciez-vous de mener de front des projets aussi différents ?
Il y a quand même un an qui sépare ces deux albums mais, en effet, j’aime bien varier. Ma bibliographie est faite de va-et-vient entre les éditions pour la jeunesse et l’adulte. Les sujets sont très panachés, les styles graphiques aussi. Je ne m’enterre pas dans une forme, j’essaie de m’amuser en trouvant la bonne écriture, un esprit différent pour chaque BD.
Vous êtes passée par l’école des Beaux-Arts de Bordeaux. Comment êtes-vous entrée dans le milieu de la BD ?
Quand j’étais étudiante, je me faisais de l’argent de poche en réalisant des planches pour des gratuits. Mes dessins ont été remarqués par un humoriste, Frédéric Bouchet qui m’a demandé d’illustrer Jouvence la Bordelaise. Ça a été ma toute première BD. De là, j’ai rencontré Denis-Pierre Filippi avec qui j’ai réalisé toute la série Un drôle d’ange gardien, entre 1999 et 2008. Ça a démarré comme ça ; depuis, ça ne s’est jamais arrêté.
Par ailleurs, vous avez également une pratique de peintre.
Je travaille beaucoup sur support numérique, sur ordinateur. Glenn Gould une vie à contretemps comme Hey Jude ! ont été entièrement réalisés sur tablette. Je viens du traditionnel, du papier, et, parfois, cela me manque. J’ai alors besoin de peindre pour retrouver ce goût du risque, cette attente de la peinture qui sèche, ce travail sur la matière. Il y a une dizaine d’années, j’ai réalisé une série de portraits d’enfants aux regards dérangeants, intranquilles, travaillés par couches de cire fondue et d’acrylique… Le sujet c’était l’enfance, le passage à l’âge adulte, une thématique qui revient souvent dans mes livres aussi. Aujourd’hui, je cherche une nouvelle idée.
Actuellement sur quels projets travaillez-vous ?
Pour l’instant, un album à paraître en mai : l’adaptation de Pygmalion de Jean-Jacques Rousseau à l’invitation de la cheffe d’orchestre Claire Gibault qui a beaucoup aimé l’album sur Glenn Gould. Chaque année, elle essaie d’amener la musique classique dans les lycées de la banlieue parisienne. Avec son orchestre, elle associe un artiste à ce projet. Je réalise cette bande dessinée et le Paris Mozart Orchestra compose la musique puisque Jean-Jacques Rousseau a pensé ce texte en y intégrant des séquences musicales. En juin, il y aura un concert dessiné à la Philharmonie de Paris. Parallèlement, je travaille également sur la vie de Tom Thomson, peintre canadien mystérieusement disparu en 1917.
Lis Tes Ratures, du vendredi 23 au dimanche 25 mars, Beychac-et-Cailleau (33750) www.cdcsaintloubes.fr
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Aspirine de Joann Sfar
[Chronique de Littlepadfoot] Mon avis sur la nouvelle bande-dessinée Joann Sfar, Aspirine : Une belle découverte et un style très intéressant graphiquement.
Nombre de pages : 140 pages Editeur : Rue de Sèvres Date de sortie : 6 juin 2018 Collection : BD ADO-ADULTES Langue : Français ISBN-10: 2369814616 ISBN-13: 978-2369814610 Prix Editeur : 16€ Disponible sur Liseuse : Oui à 6,99€
De quoi ça parle ?
Aspirine, étudiante en philosophie à la Sorbonne a la rage, elle ne supporte plus de revivre sans cesse les mêmes épisodes de sa vie pourrie. Et ça…
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VALENTINE
-Bonjour, tu peux te présenter ?
Je m’appelle Valentine, j’ai 22 ans, je suis étudiante, j’aime beaucoup étudier et apprendre en général. J’ai étudié l’allemand, pays avec lequel j’aurai toujours un lien très fort. J’y vais régulièrement et j’apprécie énormément ce pays. Et je fais actuellement un master 2 en management.
J’aime principalement les musées, voyager, être entourée.
Je m’intéresse beaucoup au féminisme, je suis limite boulimique. Je m’imprègne de tout ce qui existe sur ce qui touche ce sujet. Il y a cet aspect de lutte sociale, culturelle et intellectuelle que j’aime beaucoup. Tous les livres, films, expos, BD concernant le féminisme est mon quotidien culturel.
-Si on devait donner une définition de ce qu’est une femme, que répondrais-tu ?
Alors, je pense que les gens ne seraient pas tous d’accord, mais je pense que tout individu qui se sent femme est une femme. Il y a plusieurs aspects à prendre en compte, celui sexuel, naturel que nous ne choisissons pas, notre corps. Puis la construction sociale qui nous est imposée par rapport à ce sexe. Plus tard, en grandissant on a plus la possibilité de vivre notre genre à notre façon, mais au début c’est pas vraiment le cas. Il y a notre éducation avec les parents, à l’école, nos amis, qui nous demandent de suivre des codes qui sont attribués à la féminité.
-Quelle est ton orientation sexuelle ? Ça a toujours été évident pour toi ?
Je suis hétérosexuelle. Je n’ai jamais eu vraiment de doute. J’ai toujours été attirée par des garçons. Bon, après, à l'adolescence, j’avais un peu des interrogations, si j’aimais les filles et/ou les garçons. Pour moi personne ne peut être à 100% hétérosexuel, mais via notre éducation, on s’autorise peut-être moins facilement à expérimenter avec le même sexe aussi facilement. Inconsciemment, je me le suis peut-être interdit.
Il y a des femmes que je considère comme très attirantes, très inspirantes, fascinantes, qui ont des personnalités très fortes, qui peuvent m’impressionner. Mais il n’y a pas d’attirance sexuelle.
-Est-ce que ton développement a été compliqué à l’adolescence ?
Ça a été effectivement une période un peu compliquée. Je n’étais pas une ado perturbée qui faisait des crises ou je ne sais pas quoi, mais j’avais très peu confiance en moi. J’ai grandi dans un environnement assez dur, notamment avec mon père, qui est une personne très misogyne. J’ai cru à sa vision erronée des rapports hommes-femmes, des rapports de couple, et ça ne m’a pas vraiment fait de bien. Il fait des remarques très blessantes à ma mère, et accumule les réflexions sexistes : des remarques sur le physique, la façon d’être, de se comporter, la sexualité, le style vestimentaire, et sur comment considérer une « vraie femme ». Du coup j’ai intégré tout ça. S’il le disait, c’est que ça devait forcément être vrai. Quand j’ai commencé à sortir avec des garçons, je me comportais de telle ou telle façon afin de leur plaire. Et une fille, pour plaire, doit être jolie, gentille, à l’écoute, sourire, sexuellement toujours disponible, sexy, épilée, intelligente et drôle, mais pas trop non plus, car sinon les garçons prennent peur. Mon premier petit ami m’a quittée car je pense que je ne correspondais pas à cette image de fille jolie mais un peu cruche. Comme j’étais studieuse, bonne à l’école, aussi cultivée que lui, il n’avait peut-être pas la sensation de me dominer. J’étais trop son égale.
Adolescente, j’ai aussi ressenti que les injonctions qui pèsent sur les épaules des filles sont très puissantes, et très contradictoires. Du genre : il faut très jeune avoir eu des relations sexuelles, mais pas trop non plus, sinon on te considère comme une pute. Ou encore il faut être belle mais pas trop non plus, car après les autres filles sont jalouses de toi. Tu n’es jamais satisfaite de ce que tu es, car on trouvera toujours quelque chose à redire. Quand tu es jeune, c’est difficile de comprendre tout ça. C’est dur de prendre confiance en soi, de ce dire « je suis bien », je n’ai rien à me reprocher. J’ai les capacités de faire ce que je veux. D’autre part, la société n’attend pas des filles qu’elles prennent une position dirigeante.
-Tu es plutôt amie avec des hommes, des femmes ou les deux ? Si un genre en particulier, pourquoi ? Comment gères-tu tes relations amicales ?
Les deux, je me suis toujours très bien entendue avec les filles et les garçons. Même si avec les garçons, il peut y avoir des ambiguïtés.
En revanche, enfant, à l’école primaire, on ne se mélange pas beaucoup. Les filles restent ensemble et c’est pareil chez les garçons. J’ai toujours trouvé ça dommage, moi j’aimais bien jouer avec les garçons, et j’en étais très contente dès que je pouvais le faire. Il y a en plus cette rivalité débile entre les deux camps : les filles sont « nulles » d’un côté, et les garçons sont « cons » de l’autre.
Ensuite vient le collège, où les filles sont très jalouses les unes des autres, on nous apprend à être en compétition pour les garçons, et je trouve ça horrible. On n’est pas du tout solidaires, on se tire dans les pattes, c’est affreux. Les copines que j’avais qui étaient comme ça, bah elles me fatiguaient et je préférais être avec les garçons, car ils n’avaient pas cet esprit-là.
-Et amoureuse, tu cherches quoi dans une relation ?
Je recherche de l’écoute. Parce que j’ai été avec un garçon qui ne m'écoutait pas, du moins, pas assez, qui dévalorisait ce que je lui disais, donnait peu de place à mes passions, mes hobbies et mes façons de voir la vie. Du coup, c’était frustrant. Maintenant, ce qui me plaît le plus chez les garçons, c’est leur capacité à être empathique. Je trouve ça important qu’on se soutienne tous les deux.
-Des croyances religieuses ?
Alors, pas du tout. Je respecte complètement les croyances des autres, mais ce n’est pas trop mon truc. Je reste tout de même une personne qui a grandi dans une culture catholique. Etant jeune, j’ai été curieuse et je suis allée à la messe, mais j’ai trouvé ça très ennuyeux.
Je trouve que dans les religions, les femmes n’occupent pas une place très valorisante. C’est assez révoltant que dans les fondements du catholicisme, Marie est une figure très importante, mais elle a tout ce qu’on attend d’une vraie femme : elle n’a pas de relations sexuelles, mais tombe enceinte, et donne la vie sans accoucher. On épargne au monde tout ce qui est lié à son sexe et sa sexualité, car c’est considéré comme répugnant. Même la “fonctionnalité première d’une femme”, qui est de donner un enfant, on passe à côté, parce qu’on trouve ça sale. On va droit au but. C’est bon, elle a un enfant, tu es une femme accomplie, et tu as rempli ton rôle, et tu ne dis rien. Mais ce n’est que mon interprétation. Dans les religions, les femmes ont surtout ce rôle de mère. Quand elles ne sont pas mères, elles sont pucelles, comme Jeanne d’Arc, ou pute comme Marie-Madeleine.
-Te donnes-tu un rôle dans une relation avec quelqu’un ?
Non, pas particulièrement. Après, si la personne est sexiste, je ne vais pas me gêner pour essayer de la faire réfléchir, surtout si elle est dans mon entourage proche.
-Tu souhaites te marier ?
Je sais pas, on verra !
Quand j’étais en maternelle, je pensais vraiment qu’épouser un garçon était LA quête ultime, LE but à atteindre à tout prix. A base de Disney et autres, je me disais qu’à 18 ans, j’épouserai mon amoureux.
Plus tard, après avoir expérimenté les relations amoureuses, et que j’ai eu mes premiers chagrins d’amour, je me disais que le mariage ne servait à rien, n’avait aucune valeur.
Mais ce sujet est intéressant, car quand on est féministe, généralement on remet en question cette construction sociale du couple, et cette institutionnalisation du mariage. Notre société s'est peu à peu construite sur cette base-là. Quand l’humain s’est sédentarisé, il a fallu organiser la société, faire quelque chose des hommes et des femmes, et surtout des richesses et possessions de chacun. Le patrimoine, comme son nom l’indique : « patri » et non « matri », devait se transmettre de père en fils. C’est aussi pour ça qu’on porte le nom de notre père, et non celui de notre mère. La femme, dans toute cette histoire, est vu comme « moyen » de donner un fils, pour transmettre le patrimoine, et également pour générer de la chair à canon, c’est-à-dire des hommes prêts à faire la guerre. Un vrai truc de mec quoi. Les femmes se voient donc imposées le rôle de mère, d’épouse, de femme de ménage, d’esclave sexuelle, etc. Pas le droit à l’éducation, à l’indépendance financière, cela pourrait déstructurer cette société si bien pensée.
Aujourd’hui, on se fiche un peu de tout ça. Si on trouve une personne avec qui on est bien, on peut se marier. Mais je pense aussi que la question financière garde une place importante dans ce choix.
-Souhaites-tu avoir des enfants ?
Oui, j’ai envie d’avoir des enfants. Je ne sais pas quand. C’est déjà plus important pour moi d’en avoir que de me marier. Ça a plus de signification.
-Es-tu à l’aise avec ta sexualité ?
Globalement, j’ai pas de tabous sur ce sujet. Je pense que ça reste quelque chose de privé avant tout. Ce que je fais, ce que j’aime faire, ça ne regarde que moi. Chacun vit sa sexualité comme il l’entend. Par contre, Il faut en parler à des gens quand ça ne va pas, une personne de confiance.
Il n’y a pas de sexe normal/anormal. Tout doit être fait dans le consentement et le respect de l’autre. Un slogan, de la libération des femmes, qui date des années 60, disait “Le privé est politique”. Ce qui se passe chez les gens, dans leur lit, ne regarde pas qu'eux. S’il se passe des choses anormales, elles doivent être réglées via des lois. La société doit en prendre conscience. Si je me fais violer, c’est pas normal et pas juste un problème de communication de couple. Je dois pouvoir porter plainte même si c’est mon copain. Faut être écoutée, être soutenue.
J’ai eu pas mal de partenaires, et il y a parfois beaucoup de violences, ou de la brutalité qui semble être normale dans la relation sexuelle. Je pense que ça vient de la pornographie. Dès mes premiers rapports, je l’ai ressenti, et j’en ai été déçue. Les garçons sont trop exposés, ou ne prennent pas assez de recul sur ce qu’ils voient, et pensent que c’est la normalité. Que ça va forcément plaire aux filles. Filles qui sont aussi exposées, et qui peuvent aussi se dire que c’est normal. Inconsciemment, elles peuvent se dire que ça leur plaît.
-Le fait de vieillir te préoccupe-t-il ?
Au niveau du visage, pas trop. Au contraire je trouve qu’elles sont belles, les femmes qui ont un peu de rides. Je les trouve charmantes. Toutes les pubs avec ces crèmes anti-rides et autres produits pour paraître jeune, je trouve ça fatigant, que cela sert à rien.
-Comment tu vis ton genre ?
Le jugement de l’autre ne va pas forcément être le même que celui que je peux avoir. Au boulot, comme je suis assez jolie, sympa, et pas non plus une grande gueule, j’ai l’impression que l’on me prend pour une petite jeune femme fragile et sympathique. Je trouve dommage que l’on ne puisse pas être une femme forte, en portant une jupe et en se maquillant. On rapproche souvent la féminité à quelque chose de futile, d’inférieur. Ce genre de choses me blesse, et qui m'empêche de vivre mon genre pleinement.
-Quelle est ta plus grosse motivation dans la vie ?
Être actrice dans la société. En bien ou en mal, on a tous un impact sur la nature, sur d’autres personnes. Je me rends compte qu’en discutant, en écrivant ou en étant tout simplement, on influence les autres, et moi je souhaite en donner une positive.
J’ai envie d’associer ça à mon futur travail en entreprise ou en association. Avoir un impact dans la vie d'autrui.
Changer à mon échelle notre façon de vivre à tous.
Par exemple, j’ai une fille en fac qui était très timide, qui était avec la même personne tout le temps, qui ne voulait pratiquement pas sortir. Cette année on est à côté en cours, on passe beaucoup de temps ensemble, je pense l’avoir influencée, car elle a beaucoup gagné en confiance en elle, elle est vachement plus ouverte, elle parle sans même lever la main, elle interrompt le prof, elle va vers les autres. La voir réussir ce qu’elle n’arrivait pas à faire il y a quelque temps, c’est génial. Je me sens vraiment utile.
-Comment vis-tu les échecs amoureux ?
Les premiers, c’est extrêmement difficile, comme beaucoup de gens le savent. Je me remettais énormément en question : j’aurais dû faire ça, ou être plus sympa à certains moments… Ou alors remettre la faute sur lui, genre, c’est un connard.
Je culpabilise aujourd’hui. Quand je sais que j’ai pas géré le truc, je m’en veux beaucoup. Quand je sais que c’est pas ma faute mais celle de l’autre, je culpabilise aussi. Je me dis que j’aurais dû partir, je perds ton temps, pourquoi tu fais ça...
-Si demain il arrive que par miracle nous arrivions à une égalité, que le patriarcat ne devienne qu’une histoire ancienne. Qu’est-ce que tu te permettrais de faire ?
Même si je le fais déjà, je ne m’épile plus. Seulement quand ça devient d��sagréable.
J’ai de la chance de ne pas avoir une pilosité très forte, ainsi le regard extérieur n’est pas très violent.
Par contre, si je me mets en robe et que je prends le train, je vais être anxieuse. J’ai peur que les gens me regardent bizarrement, alors qu’au fond de moi, je m’en fou. C’est pas agréable de se faire regarder, et parfois on peut même se faire insulter. Donc, s’il n’y avait plus d’inégalités hommes-femmes, j’oserais sortir avec mes poils sans honte. Je ferais beaucoup moins attention à mes arrières aussi, même au travail. Il n’y a que 30% de femmes qui sont entrepreneuses, les banquiers ne les regardent pas pareil, les fournisseurs et les clients non plus. En étant simplement une femme.
Dans la vie de tous les jours, quand nous rencontrons un homme, il y a des chances que le mec me voit et se dit “elle est sympa et souriante, j’arrive à la faire rire, je peux penser qu’il y a des chances si je tente quelque chose”. S’il n’y avait plus se fait d’être objectifiée, être un objet sexuel, de désir, de fantasme et de beauté, je pourrais effectivement faire tout ce que je souhaite. Sans avoir cette idée de : “j’ai des boobs, faut que je fasse attention en sortant dans la rue”.
-On t’a déjà dit que tu n’étais pas faite pour certaines choses ?
Je ne crois pas qu’on me les ait vraiment dites, c’est plus une culture. Quand j’étais ado, je me disais “moi, je veux pas être chef”… pourquoi ? Aujourd’hui, je fais des études de management, pour diriger une équipe, voire même une entreprise. C’est justement ça qui qui me motive. J’ai envie de travailler avec des gens, les écouter, créer quelque chose.
On associe aussi cette image de chef, au tyran qui hurle sur les gens et qui est autoritaire. Alors que non, une femme peut très bien être une chef à sa façon.
-Tu aimes faire quoi de ton temps libre ?
Lire, voir des expos, me balader, la nature. Je trouve que la nature est très impressionnante car très imprévisible. Je trouve ça simplement beau. J’aime voir mes ami.e.s, échanger, m’amuser avec eux. Aller en Allemagne. Dès que je peux, j’y vais !
J’aime la musique aussi, je vais à des festivals. De la photo aussi de façon amatrice. J’aime bien l’Art en général. J’adore la bande dessinée. J’aime le cinéma, même si j’y connais pas grand-chose. Je le trouve assez sexiste en général.
-Des projets ?
J’ai monté une association récemment, d'empowerment des femmes. Je suis entourée d’un petit groupe de filles qui ont mon âge. L’association s’appelle “The beauty and brain”. Sur notre site internet, on regroupe les inégalités hommes/femmes, on parle de femmes inspirantes. Donner une image positive aussi, montrer que nous sommes fortes et motivées, pousser les femmes à entreprendre, sans rejeter la féminité non plus. Au-delà de notre apparence physique, on a aussi un cerveau que l’on sait utiliser. Par exemple, on fait aussi des événements. L’autre jour, nous avions une soirée organisée avec des échanges, notamment sur comment entreprendre et vivre dans l’entreprenariat entre hommes et femmes. Il y a eu un débat et c’était très riche. On a envie de continuer dans cette lancée.
-As tu un/des modèle(s) féminin(s), une/des héroïne(s) dans la vie ?
J’en ai plein, mais celle qui m'a le plus marquée quand je suis tombée sur elle, c’est Olympe de Gouges. C’est vraiment mon héroïne. Elle a une personnalité très forte. Elle était révolutionnaire durant la Révolution française. Durant cette période, les femmes n’avaient pas vraiment beaucoup de temps de parole en public. Contrairement à ce que l’on pense, elles avaient beaucoup plus de libertés avant. Les femmes sont les grandes perdantes de la Révolution. Elles en avaient pas beaucoup de base de toute façon, donc à quoi bon. Elle était très cultivée, venant d’un endroit pas si bourgeois que ça, et elle a grandi toute seule pour se forger intellectuellement. Elle s’est battue pour la cause des noirs et des femmes. Elle a écrit la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, en réponse à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Elle a publié plein de trucs, et elle critiquait cette révolution qui était sanguinaire et opportuniste, comme le cas de Robespierre pour citer que lui.
Elle n’avait pas peur. Pas peur de mourir.
-Un dernier mot ?
Il est dit que l’inégalité sera terminée en France dans 50 ans et en Allemagne dans 150 ans. Du coup, je ne sais où je vais vivre. En tout cas, je continuerai à me battre pour le cas de la France à mon niveau, à une plus ou moins grande échelle. Faut rester optimiste, les choses avancent très doucement. Faut pas baisser les bras.
C’était pas mieux avant.
Merci à toi Valentine, pour ta participation :)
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BD : Sous le Lit de Quentin Zuttion est disponible sur tictail
Sous le Lit, de Quentin Zuttion est disponible sur sa page Tictail, au prix de 9,90 euros. Résumé : Valentin est étudiant et vit avec sa mère. Lors d’une soirée en discothèque trop alcoolisée, il rencontre un homme avec qui il va passer la nuit. Le lendemain, il est incapable de se souvenir si son partenaire a bien utilisé un préservatif. Par peur que sa vie change et du regard des autres vis à vis d’une possible séropositivé, il repousse sans arrêt son dépistage. Sa décision prend un enjeu encore différent lorsqu’il rencontre Sam et qu’ils tombent amoureux. Sous le Lit nous parle d'une génération qui grandit et découvre sa sexualité dans le désir des corps, les joies de la fête, mais aussi parfois dans la peur. On suit Valentin et sa meilleure amie Emilie dans leur recherche d'identité, à travers l'amitié, l'amour, la famille, le sexe et les soirées étudiantes arrosées. Sous le Lit, c'est les secrets et les cachotteries, les mensonges et les bêtises, mais surtout la dévotion envers les personnes qu'on aime. Une BD de 126 pages en couleur, reçu en format PDF. Livre reçu en format PDF à télécharger, par email sous 24h. Elle est à 9,90€ et tu peux l'acheter ici
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Le livre multiprimé "Petit pays" va voyager à travers les mille collines
Livres – BD Disponible depuis hier en format Poche, le roman « Petit Pays » vient aussi d’être traduit en kinyarwanda. En version audio ou radiophonique, il va partir à la conquête des villages. Afin de toucher son cœur de cible.
C’était il y a un an. Le 24 août 2016, les éditions Grasset publiaient « Petit pays », le premier roman de Gaël Faye, connu jusqu’alors comme auteur-compositeur et interprète. Un slameur mariant rythmes et mots avec talent et poésie, comme le prouve son album « Pili pili sur un croissant au beurre » sorti en 2013.
Né au Burundi de mère rwandaise et de père français, Gaël Faye avait enfoui au plus profond de lui-même les souvenirs d’une enfance paisible et enviée avant que la violence ne s’empare des hommes et ne change son « Petit pays » en chaudron de l’enfer. Cette histoire traumatique, il l’a couchée dans un livre doté d’un narrateur (le jeune Gaby) suffisamment proche pour qu’il lui transmette ses souvenirs, mais aussi suffisamment distant pour que Gaël puisse le propulser au centre de ces histoires vues ou entendues qui ont définitivement fait chavirer son cœur.
Multiprimé (*), ce texte fort, qui a tant bouleversé autour de lui, s’apprête à connaître une nouvelle vie. En étant traduit en kinyarwanda, la langue de la mère de Gaël Faye et en étant à la fois porté sur les ondes et sur scène.
Ateliers littéraires et « Retour à Kigali »
Tout a commencé par des ateliers organisés au Rwanda entre des étudiants rwandais et des étudiants français en partenariat avec l’université de Paris VIII et son master en création littéraire. Une dizaine de Rwandais et cinq Français ont été réunis pour travailler ensemble sur les archives du Centre de documentation de Kigali, qui rassemble la mémoire audiovisuelle du pays. « Ils ont fait deux séjours de deux semaines chaque fois au Rwanda, en novembre et décembre 2015. Ensuite, ce travail a été présenté à Paris, explique Dorcy Rugamba, écrivain et « futur » éditeur de la traduction rwandaise.
« De ces très beaux textes a surgi une dramaturgie portée à la scène, en avril 2016, sous forme de lectures publiques, accompagnées par des performeurs. J’avais invité Gaël à nous rejoindre, sachant qu’il était à la fois dans l’écriture et dans la musique. On cherchait une forme musicale qui laisse passer la force du texte. Gaël était en plein travail sur son roman et venait d’emménager à Kigali, dans le pays de sa mère, où il n’avait jamais vécu. »
Favoriser une lecture tous publics
Un mélange de textes et de musiques de Gaël Faye et de son ami Samy Kamanzi, « guitariste très sensible qui accompagne parfaitement la littérature », a été mis au point. « Gaël portait certains des textes des jeunes écrivains mais aussi ses propres textes. Ce travail sera à nouveau présenté à Bobigny en janvier 2018 pour une dizaine de dates », précise Dorcy Rugamba.
En discutant avec Gaël Faye au sujet de son roman, une volonté a émergé : « celle de rencontrer le vrai pays. Mais le fait d’écrire en français empêche d’entrer en contact avec toute la jeunesse. Il y a une minorité de gens instruits qui parlent anglais, la plus grande partie de la jeunesse n’a pas accès au livre et à la littérature, à la culture. Or, le livre de Gaël met en scène les dérives de la jeunesse et c’est intéressant parce que c’est cela qui se passe au Rwanda, au Burundi et dans l’Est du Congo, notamment. Le personnage de Gaby est un jeune un peu perdu qui finit par se faire happer par les milices des partis qui criminalisent cette jeunesse désœuvrée. Pour nous, il était important de ne pas nous adresser qu’à la jeunesse scolarisée et privilégiée car, de toute façon, ce n’est pas elle qui risque de se faire embrigader par la milice. Nous ne voulions pas nous adresser qu’à la jeunesse du centre-ville, d’où l’idée de traduire le livre et de porter ce texte comme on l’avait fait avec ‘Retour à Kigali’: trouver une forme scénique qui permette que les textes soient accompagnés par la musique et puissent voyager à travers tout le pays », précise Dorcy Rugamba.
(*) Prix Goncourt des lycéens, prix du roman Fnac, prix Talent Cultura, prix du roman des étudiants France Culture-Télérama, prix Transfuge, prix Fetkann ! Maryse Condé, meilleur roman Globes de cristal et prix Palissy
Livre numérique, livre audio et feuilleton radiophonique
Il y a deux volets dans le travail entrepris par Dorcy Rugamba avec le soutien d’Africalia : le livre, dont la traduction est terminée, et sa propagation au Rwanda sous différentes formes.
« C’est le premier livre traduit en kinyarwanda après la Bible », souligne fièrement Dorcy Rugamba, auteur et éditeur, qui précise : « On veut développer ce travail d’édition à Kigali. »
La traduction de « Petit pays » a été réalisée par un jeune écrivain et journaliste rwandais, Olivier Bahizi. « Nous voulions qu’il puisse trouver le kinyarwanda de la ville : une langue moderne, plus urbaine, plus proche du slam. Le résultat a été relu par un aîné et un jeune : ils ont tous les deux apporté des corrections intéressantes. »
Maintenant que le texte est prêt, le projet est de le sortir sous trois formats : « Le livre papier qui va être distribué dans les écoles publiques et privées (un livre par école); le livre numérique, pour la diaspora qui souhaite avoir du matériel pour l’apprentissage de la langue; et un livre audio qui permet de toucher même les couches analphabètes de la population. » Il sera notamment diffusé sous forme de feuilleton, chapitre par chapitre, en partenariat avec la radio nationale. Un mode de diffusion très populaire au Rwanda où certains feuilletons radiophoniques font un tabac non seulement au pays mais aussi au sein de la diaspora, via les podcasts et Internet.
Soutenir la lecture et le livre au Rwanda
« En marge de cela, nous avons prévu de tourner avec une forme scénique, avec extraits et musique. Il y aura d’autres récitants si Gaël est absent. Et on a prévu un dossier pédagogique pour les enseignants. Nos partenaires sont Africalia, qui a soutenu la traduction et la parution du livre, et le CEC (Coopération Education Culture), qui soutient la rédaction du dossier pédagogique, en français et bientôt en kinyarwanda. » Dossier qui pourra également être distribué en Belgique.
« Notre volonté est de vulgariser la littérature parce que le Rwanda est en retard sur le plan de la lecture, par rapport à d’autres pays africains. Le livre est cher et il n’y a qu’une librairie à Kigali. Il y a quelques bons livres jeunesse, mais c’est tout. Les gens lisent très peu, même par rapport au Congo-Brazzaville, par exemple. On souhaite poursuivre cette initiative. » Le projet est soutenu par une maison d’édition suisse : les Editions d’En bas, à Lausanne.
Dorcy Rugamba, à la tête de « Rwanda Arts Initiative », confie sa volonté de créer une revue littéraire avec le même éditeur. « Ce serait une première étape. Grasset nous a accordé les droits de ‘Petit pays’ pour un euro symbolique et nous autorise à produire les trois formats. Africalia va nous aider dans la diffusion car même 20 euros pour un enseignant, cela reste très cher. Le livre sera tiré à 2 000 exemplaires : quelques exemplaires seront déposés à la bibliothèque et à la grande librairie. On va surtout vendre l’édition numérique. »
Le projet a reçu le soutien de l’Etat via la WDA (Work Force Development Authority) qui gère 300 établissements : « Ils accompagnent la diffusion scénique et le livre. »
Et pourquoi pas susciter des vocations ?
« On a déjà fait cette campagne sur le livre en français, dans les écoles de Kigali, précise Dorcy Rugamba . Aujourd’hui, on vise l’arrière-pays et les cinq provinces via quelques écoles pilotes. Nous incitons le gouvernement et le ministère de l’Education à soutenir l’opération et à éventuellement la répéter pour d’autres livres. On pourra commencer la distribution début 2018, et faire des soirées littéraires et musicales à Kigali, à Bruxelles et aussi au Canada. On pourrait aussi le traduire en swahili et toucher ainsi 7 pays depuis l’Est du Congo jusqu’à l’océan Indien. Et, qui sait, peut-être susciter d’autres vocations… » espère un éditeur, et futur rédacteur en chef de revue littéraire, optimiste.
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Carnet de route - janvier 2017
Initialement publié sur tcrouzet.com
Lundi 1er, Monts sur Guesnes
Lundi 2, Balaruc
Nous avons retrouvé le bleu, les déjeuners sur la terrasse, les lunettes de soleil… Les contrastes climatiques n’en finiront jamais de me réjouir. Isa se moque de moi. Elle s’imagine répondre à des interviews longtemps après ma mort et dire : « Il parlait toujours du temps qu’il faisait. Il lui fallait sans cesse rappeler combien le Midi est paradisiaque. »
Mardi 3, Balaruc
Quand je vois un pêcheur sur sa barque, je crois toujours que c’est mon père.
Mercredi 4, Balaruc
J’attache beaucoup d’importance à dater mes notes de journal. Quand j’écris un texte long, cet ancrage dans le temps n’a aucune importance, mais dans le journal il marque l’écoulement de la pensée, il est le métronome de ma vie.
Je commence à réfléchir à un récit géolocalisé qui se déroulerait à Montpellier. Je lis l’histoire de la ville, je mets mon cerveau en marche pour que quelque chose émerge. Dans Wikipédia, je découvre que l’étang de Thau a été entièrement gelé durant l’hiver 1364. Inimaginable, même si mon père parlait sans cesse de la vague de froid de février 1956, qui a gelé la crique de l’Angle, qu’on pouvait traverser à pied. Par grand froid, j’ai déjà vu les rives prises, mais jamais toute l’étendue de la crique.
Vendredi 6, Balaruc
Toujours la lumière éblouissante de l’hiver.
Samedi 7, Balaruc
Hier, le soleil m’incite à la sieste. Au moment de m’endormir, j’ai une intuition pour ma géolecture. Quand j’étais jeune, j’avais le fantasme de m’asseoir quelque part pour lire, puis, au bout d’un moment, de lever la tête pour découvrir une femme sublime lire le même livre que moi. J’ai toujours ce désir de rencontrer des gens qui seraient au même moment que moi au même endroit avec les mêmes idées dans la tête.
Je pourrais travailler ce fantasme dans ma géolecture puisque je connaîtrai avec certitude la position du lecteur. Lui parler comme si je voulais qu’il m’aime puisque j’aurais déjà réussi à l’attirer dans des lieux que j’aime. Faire en sorte que le lecteur tombe amoureux de la voix qui lui parlera à travers son téléphone, et donc faire du téléphone lui-même une sorte de personnage ou d’objet transactionnel.
Samedi 7, Lattes
Pendant qu’Émile fait un stage de robotique, j’esquisse quelques lignes qui pourraient servir de prélude à ma géolecture. Une voix enregistrée parle au lecteur, que je dois éviter à tout prix de sexuer, plus difficile pour la voix elle-même, et si c’était la mienne, celle d’un écrivain voulant séduire son lecteur ?
Dimanche 8, Balaruc
Lundi 9, Montpellier
Onze heures, je me suis installé place Jean Jaures, où se trouvait au moyen-âge Notre-Dame-des-Tables, la première église de Montpellier, reconstruite un peu plus bas après sa destruction durant les guerres de religion.
Je suis en repérage pour ma géolecture. Avant de partir de la maison ce matin, je vois que François Bon a l’idée d’une narration qui reposerait sur des séquences à 360°. La semaine dernière avec ViaFabula qui développera la technologie de ma géolecture, nous avons aussi évoqué les séquences à 360°, pour que les lecteurs qui ne viendront pas à Montpellier puissent s’immerger dans les lieux de lecture. Je suis toujours émerveillé par nos synchronicités esthétiques.
Une chose me chagrine. J’ai eu l’idée de la géolecture sans réellement avoir une idée d’histoire, tout est ouvert. Il m’arrive souvent de lire des textes écrits sans nécessité, écrits parce que les mots sont en stocks. Je n’ai pas envie d’écrire parce qu’on me payera pour le faire, il faut que quelque chose émerge, qu’un propos s’impose.
Je suis passé chez Sauramps à la recherche d’un livre sur l’histoire de Montpellier. Le seul digne de ce nom est épuisé comme je l’avais constaté sur Internet. En quelques requêtes, je m’étais mis au niveau du libraire. Profession en sursis si elle ne se réinvente pas, je ne sais pas trop comment d’ailleurs, peut-être en diffusant des œuvres qu’on ne trouve pas ailleurs : des livres épuisés, des tirages rares, des expérimentations non commercialisées par les géants du Net…
Je change de table à cause trois étudiantes qui fument, et même pas envie de leur expliquer que c’est une habitude ridicule, et je me retrouve près de deux joggers qui parlent régimes sans lactose. Terrain familier pour moi, presque trop familier pour que j’ai envie de me joindre à leur conversation.
Si ma géolecture fonctionne, j’attirerai des lecteurs dans des lieux bien précis. Qu’est-ce que j’aurais envie de leur dire qui aurait moins de sens s’ils me lisaient ailleurs ? C’est toute la question. Les conduire en des endroits qui résonnent pour moi, leur faire ressentir cette vibration et profiter de son onde porteuse pour transmettre quelque chose qui sinon serait de l’ordre de l’indicible.
J’aurais moins de mal sur Sète, ou autour de l’étang de Thau, parce que je suis pénétré depuis l’enfance par leurs lumières. Montpellier reste une ville étrangère, même si j’y ai étudié, même si j’y viens tout le temps. Ce n’est pas une ville d’aventure pour moi. Elle ne m’a jamais inspiré.
Je me promène, mais il fait un froid guère propice à la rêverie. J’atterris au café de la Mer après une boucle qui ne me révèle rien que je ne connaisse déjà, je passe même par une place où nous possédons un appartement. Et je ne cesse me dire que Montpellier n’est pas le lieu. Si je veux me faire aimer d’un lecteur imaginaire, il faut que j’écrive sur un lieu chargé pour moi d’imaginaire, sinon j’en serai réduit à écrire une simple fiction, ce dont je n’ai aucune envie après mon année passée à batailler sur Résistants.
J’ai néanmoins acheté un livre chez Sauramps, une histoire secrète de Montpellier. Je lis quelques pages qui paraissent copiées de la fiche Wikipedia sur Montpellier, à moins que ce ne soit le contraire. J’ai quelques doutes, tant le niveau de langage est identique. Et déjà l’impression qu’il en sera ainsi de page en page, parce que dès le début rien ne se détache sinon le besoin d’écrire un livre pour gagner un peu d’argent. Pour rien au monde tomber sans ce piège.
Je pourrais lancer un appel sur le Net, que les gens me montrent des lieux, me révèlent des histoires… J’en suis à l’étape du conditionnement mental, la plus douloureuse quand tout est possible et que tout paraît d’autant plus impossible.
Musique à la con dans ce café, dont je n’arrive pas à faire abstraction, le garçon qui laisse la porte ouverte pour faciliter ses allers-retours avec la terrasse, et je me caille, alors je pars à la recherche d’un autre lieu. Peut-être le Musée languedocien où je ne suis jamais allé.
Musée fermé, je m’assois au soleil sur un des bancs de l’esplanade, où il fait meilleur qu’à l’intérieur des cafés montpelliérains inconfortables. La géolecture est climatique, et devoir écrire l’histoire en janvier n’est sans doute pas idéal.
Je suis assis sur un banc où quand j’étais encore lycéen je retrouvais une copine les mercredis après-midi. Le souvenir me revient par un effet du lieu sur ma mémoire. Elle s’appelait Isabelle, comme mon Isa d’aujourd’hui, pas si étonnant tant ce prénom a été distribué à tour de bras. Nous connaissons tous des dizaines d’Isabelle nées durant les années 1960 et 1970, un virus mimétique a frappé la génération de nos parents.
Lundi 9, Balaruc
Apple fête les dix ans de l’iPhone. J’ai l’impression que nous avons des smartphones depuis des siècles, tant ils ont profondément affecté nos comportements. Mes fils ont du mal à imaginer que nous n’avons pas toujours vécu avec ces gadgets qui ont leur âge.
Mardi 10, Balaruc
Je réécris et réécris ce qui pourrait être l’introduction de la géolecture, à la recherche du ton, de la forme, de la magie qui me permettra de dérouler la suite de ce texte. Et alors que j’évoque l’influence d’un lieu sur la lecture, je repense Cosey, qui au dos de ses BD propose une bande-son à écouter lors de la lecture.
Mercredi 11, Balaruc
Hier, Narvic me parle La voix humaine de Cocteau, une pièce où une actrice seule sur scène discute au téléphone. Je tombe très vite sur l’article Le Téléphone au théâtre, qui montre que le téléphone entre en France au théâtre presque immédiatement après son introduction commerciale en 1879.
Alors ma géolecture doit-elle tenir du roman ou du théâtre ? Si le texte doit être lu par un acteur, il ne peut être le même que s’il doit être lu par le lecteur.
Je ne me suis jamais essayé au théâtre, parce que souvent les pièces m’ennuient. Mais là il ne s’agit pas vraiment de théâtre, plutôt d’une sorte de livre audio.
Mercredi 11, Montpellier
Je suis contracté, tendu, et loin de la sérénité qui me serait nécessaire pour me projeter dans ma géolecture. La traduction de One Minute s’est mal passée. Ça me prenait trop de temps, le texte anglais divergeait trop du mien, le contredisait souvent, ce qui me forçait à m’expliquer sans cesse, souvent sans effet. J’ai très vite senti que je ne teindrai pas le choc tout au long de l’année. Heureusement que la traduction de Résistants se déroule pour le mieux, d’où l’intérêt de travailler avec des professionnels plutôt qu’avec des amis. Et c’est justement à cause de l’amitié que je ne suis pas bien, parce que je n’ai pas su gérer, pas su expliquer… mais je n’ai jamais été pédagogue, même avec mes enfants ça coince souvent. Je ne vais pas me changer, je connais mes seuils d’incompétence… et maintenant j’anticipe très tôt les catastrophes, sans réussir à les éviter tout à fait.
Jeudi 12, Balaruc
Journée contrastée. Énervement au départ des enfants à l’école, puis ça piétine sur la géolecture, et puis une idée d’Isa me débloque et le projet prend forme, et je me sens soudain léger. Mais je passe le début d’après-midi sur le site UPS à tenter d’envoyer un canapé IKEA à un cousin, un cadeau acheté une semaine plus tôt, avant de voir que ça me coûte plus cher que le contenu lui-même et plus cher que de le faire directement envoyer par IKEA (ce qui est hors de prix et qui explique pourquoi je voulais passer par UPS).
Je suis dans un état lamentable, je n’ai même pas attaqué les bricolages qui étaient au programme. Je file à Sète récupérer les enfants, je reviens avec un ciel merveilleux, puis je pars courir pour me calmer, je tiens les 12 km/h de moyenne et ma montre m’annonce un nouveau record de VO2max. Une douche et je saute dans la voiture, direction Monptellier. Passage par IKEA ramener le canapé où la réceptionniste me jure que je l’ai ouvert…
Il y a des jours où c’est compliqué, des jours de fatigue. Je m’en vais rejoindre des amis au resto. Quand je dévale dans le parking souterrain, j’oublie que je suis avec la Kangou, la galerie fait valdinguer le panneau hauteur limitée, mais trop tard, je m’engage dans le tunnel. L’antenne racle contre le plafond et bing, bing, elle cogne contre chacun des néons. Je vais jusqu’au bout du parking, pas de place, et je reviens vers l’entrée, et bing, bing, à la sortie, la machine me dit que je dois payer, ça m’énerve, et ma CB est refusée en prime, faut cinq bonnes minutes pour que quelqu’un réponde à l’interphone et me libère.
Vendredi 13, Balaruc
Je suis béa devant mes photos de coucher de soleil prises hier. Un souvenir remonte peu à peu. Quand j’étais ado, je dormais face à un trompe-l’œil montrant des palmiers au coucher de soleil, avec des noirs profonds, un embrassement orange. J’ai été en quelque sorte programmé pour aimer ce moment de la journée.
Barbara Murray remarque que le nom Resistants n’existe pas en anglais, c’est un adjectif, donc pas de « s » terminal. Je suis encore en train de digérer cette news.
Il semble que Resistant soit parfois utilisé en anglais en tant que nom, mais n’est pas d’un usage très courant.
Samedi 14, Balaruc
Imaginer un personnage qui souffre de synesthésie, qui transforme ce qu’il entend, ce qu’il sent, ce qu’il touche en couleurs et images.
Dans NewScientist, il est toujours question de spéculations physiques, d’expériences prometteuses, dont on n’entend jamais plus parler parce qu’elles ne donnent pas les résultats escomptés. De fait, on est souvent dans la SF.
Dimanche 15, Balaruc
Je me disperse, j’écris des billets politiques sur le blog, parce que j’ai peur, parce que je vois les meilleures idées dévoyées ou transformées en idéologie que personne ne veut remettre en cause. Alors je le dis, pour me dire que je l’aurais dit, et je me moque au passage de me brouiller avec mes amis, ils ne peuvent pas l’être s’ils refusent mon questionnement.
Line Fromental m’apprend la mort soudaine de mon ami Jacques Bruyère, ancien journaliste du Midi Libre, avec lequel je mangeais jeudi soir. Il était assis en face de moi. Il avait commandé un pot au feu. Je le revois, avec ses doigts rassemblés bout à bout, mimer « Miam miam » et dire en même temps « C’est excellent » de sa voix chantante et bougonne. Nous avons parlé de Montpellier, il m’a conseillé des lieux pour ma géolecture. Quelle absurdité ! Parfois je me demande pourquoi nous acceptons de jouer ? Peut-être parce que nous ne sommes pas seuls, nous le faisons pour les autres, pour leur donner du courage et de la joie. Pour nous-mêmes, vraiment, ça ne compte pas. Avec Jacques s’en va un peu d’amour, je sais qu’il aimait beaucoup, surtout pour mon habitude de donner des coups de pied dans la fourmilière, avec lui un peu d’énergie qui nous connecte s’est effacée. Ce n’est pas simple cette affaire. Après cette nouvelle, je n’ai rien trouvé de mieux à faire qu’à jardiner. Isa m’a signalé qu’on avait un problème d’égout. J’ai dû les déboucher au Karsher. Vraiment, c’est absurde.
Lundi 16, Balaruc
Lundi 16, Montpellier
Repérage photo pour ma géolecture. J’explore les marges de Montpellier, suivant le Lez en direction de la mer. C’est là que je veux perdre mon lecteur pour l’assassiner virtuellement. Le lieu où les eaux qui ont traversé la ville se jettent, et avec elle toutes les mauvaises humeurs en même temps que toutes les extases.
J’aime cet endroit presque sous l’autoroute, avec deux plans inclinés de béton couvert de tags, l’un avec un lapin bleu aux yeux hallucinés. Le bruit de l’eau et du trafic se mêlent et inventent un silence artificiel, un monde de bruit blanc. Je me sens là mieux qu’au cœur de la ville, peut-être parce qu’ici je suis seul et n’ai pas l’impression d’être attiré là par une alléchante publicité.
Je suis passé par l’hôtel de ville construit par Nouvel. C’est une belle chose toute en reflets, avec des jardins, un rien sauvages. Un bâtiment qui ne renie pas la campagne, il s’intègre dans la ville d’aujourd’hui, pensée pour les esprits d’aujourd’hui. Un air de Canary Warf à Londres. Un endroit où je me suis toujours senti bien, peut-être parce qu’il a été pensé et construit par mes contemporains, des gens comme moi, avec les mêmes idées que moi.
Je me suis assis à même le béton, le dos sur le plan incliné froid, le soleil me chauffe, j’ai prévu de remonter peu à peu vers le centre-ville, vers le point où commence mon histoire. Et sur ce trajet, je dois repérer les lieux où j’aurai envie d’amener le lecteur.
Un black dévale le plan incliné, il me regarde surpris, continue son chemin au-dessus du barrage et rejoint l’autre rive où, de temps à autre, passe un jogger ou un cycliste. Plus loin, tout droit, c’est la mer, alors envie de pousser jusque là-bas, pourquoi ne pas y envoyer le lecteur, jusqu’à la plage, jusqu’à l’horizon ?
Mardi 17, Balaruc
Nous avons reçu hier un courrier administratif… écrit sans le moindre respect, avec un dédain manifeste, une haine évidente… tout ça parce que nous avions oublié d’envoyer une déclaration. Dans quel monde vivons-nous ? Pourquoi nous faisons-nous autant de mal ? Un simple rappel aimable et bienveillant aurait eu le même effet que cette missive qui fait remonter toutes les puanteurs de notre société.
Mercredi 18, Balaruc
Ce n’était pas prévu, j’enchaîne les billets sur la liberté et le libre. Ils touchent à des points noirs que je n’avais jamais perçus, et des gens me tombent dessus, non pour s’attaquer au cœur de mon propos, mais pour corriger la périphérie nécessairement imprécise d’une pensée qui se donne en même temps qu’elle se fait. Sur le fond, rien, comme si je jetais des pierres dans un lieu de silence.
Jeudi 19, Balaruc
Nous ne dormons pas à la maison à cause du tournage de Candice Renoir, et je me réveille sans cesse, persuadé qu’il est l’heure de se lever. J’aime avoir une horloge lumineuse dans ma chambre, sinon je ne fais qu’anticiper la sonnerie du réveil. Je suis sans doute trop ponctuel, trop attaché à respecter les règles (même si je passe ma vie à les dénoncer).
Vendredi 20, Balaruc
Coup dur. Martin Blaser refuse d’être dans Résistants, sans bonne raison, sans doute parce ce livre n’est pas tout à son honneur. Les histoires d’ego ralentissent l’humanité quand elles ne la font pas reculer. Stress, me faut réécrire, trouver quelqu’un d’autre pour le remplacer. Quelle idée d’avoir voulu une fiction avec des personnages réels.
Samedi 21, Balaruc
Après mes douze bornes sur la plage, je me remets à l’organisation du voyage en Islande pour cet été. Tous les hôtels sont pris !
Dimanche 22, Balaruc
En réservant jour par jour, j’arrive à trouver des points de chute en Islande, le circuit s’organise peu à peu, mais cette histoire combinée au lâchage de Blaser m’a mis sur les charbons ardants.
Lundi 23, Balaruc
Je lis le journal de Philippe Castelneau dans ma boîte mail et j’en éprouve une sorte d’intimité, comme s’il s’agissait d’un message rien que pour moi. Les textes de Philippe ne me font pas le même effet quand je les pêche sur son blog ou avec mon agrégateur de flux. Je suis même certain que si je lisais son journal sur le Web, je ressentirais autre chose, malgré la similitude du contenu. Sur le Web, c’est pour tout le monde. Dans ma BAL, c’est pour moi, rien que pour moi, bien plus fort que dans un livre, aussi fort que si Philippe avait écrit à la main. Ça me donne à réfléchir pour mon journal, que je publie sur le Web, mais que la plupart des lecteurs lisent dans leur boîte mail. Creuser cette pseudo intimité littéraire qui transforme l’écriture en performance.
Un peu écœuré par l’organisation du voyage en Islande, impression d’être pris pour une carte de crédit. À l’avenir, penser autrement les vacances, créer des liens, échanger… mais on repousse toujours le moment et on finit par consommer bêtement.
Mardi 24, Balaruc
Jeudi 26, Balaruc
Second rhume en deux semaines, peut-être parce les finitions de Résistants n’en finissent pas. Je récolte les commentaires des scientifiques non francophones, ajuste la version française, qui doit à nouveau être traduite. Ce n’est plus de l’écriture depuis longtemps cette affaire.
Vendredi 27, Balaruc
Hier soir, François Bon publie un beau billet sur l’exploration du monde à travers Google Earth et Google Street View, où il évoque l’envoûtant travail d’Olivier Hodasava. Quand j’écris des romans, je passe souvent du temps à explorer les lieux de mes scènes. J’ai commencé en 2008 quand j’écrivais La quatrième théorie, c’est devenu une habitude, mais je me livre à cet exercice que parce que je n’ai pas les moyens de me rendre sur place. Je n’imagine pas de traîner sur le Web juste pour me balader, je préfère encore sortir et envoyer en enfer mes écrans.
Dimanche 29, Balaruc
La VF de Résistants envoyée en corrections finales. Je ne suis pas encore tout à fait débarrassé de ce roman. Je me demande quand je serai capable de passer autre chose. Quel sens de travailler autant pour en toute probabilité ne pas avoir de lecteurs ?
Lundi 30, Balaruc
Je ne devrais écrire que ce qui m’arrive. L’imagination nous trahit plus que la mémoire.
Je repense aux balades photographiques sur Google Earth évoquée par François. J’avais promis à une revue de refaire sur Google Street View le célèbre dépliant Every building on the Sunset Strip d’Edward Ruscha, et je ne l’ai pas fait.
Une autre idée surgit : faire une balade sur Google puis aller sur les lieux pour refaire la balade, et montrer ce que l’écran m’avait caché… dans le but peut-être illusoire de prouver que le réel est supérieur au virtuel.
Je sais au moins une chose : je suis plus heureux quand je ma balade sur mes jambes que quand je reste devant mon ordi.
Après la note précédente, je fais des recherches sur Ruscha et Street View, et j’essaie même de monter la première page de son dépliant. Quelle aliénation de passer des heures à capturer des images. Hans Gremmen mieux fait de fixer une GoPro sur sa voiture plutôt que de copier-coller durant deux ans les paysages du trajet Chicago-LA. Un développeur aurait même pu faire ça automatiquement. C’est risible, et déprimant.
Mardi 31, Balaruc
Comme j’ai mal aux genoux, pas de footing. Je vais faire du vélo et j’en reviens avec encore plus mal aux genoux. Vieillir, tout simplement.
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