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[Fuori le palle][Victoire Tuaillon]
Che cosa vuol dire essere uomo oggi? Victoire Tuaillon indaga l’aspetto storico, sociale, filosofico e filologico del dominio maschile, affrontando i temi più attuali e controversi della mascolinità in un racconto teso a capirne meccanismi e conseguenze. Quando nasce il mito della virilità? Perché le città, gli oggetti d’uso quotidiano e il mondo del lavoro sono declinati al maschile-neutro? Cosa…
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l'ontologie des genres et sexes, leur attribution à des rôles sociaux prédéfinis, est un combat mouvant depuis fort longtemps dans l'histoire de l'humanité… la révolution culturelle de notre temps semble renverser bcp d'habitudes prises au fil de nos époques passées… et tout ceci peut se penser en termes de transition à agir, et non seulement d'idéal conceptuel à critiquer ; un petit problème perso que je vois à cette transition, c'est qu'on est pas tous au même niveau, et qu'il faut bcp de culture pour avancer… personnellement sans forcément vouloir me vanter ni prétendre que j'suis au sommet du truc, j'ai baigné dans un milieu qui m'a fait croire que cette transition était déjà bien avancée… le couple de mes grand-parents paternels était sur ce point déjà bien plus acteur de ce rééquilibrage que des couples actuels auxquels je me sens très distant ; et du coup il y a des trucs qui pour moi paraissaient bien ancrés, des avancées avérées dont les discours ambiants ne témoignaient qu'un reflet de passé que j'imaginais déjà modifié ; alors que c'est bcp plus compliqué que ça… et du coup je crois avoir des attentes en matière d'égalité qui peuvent paraître insensées dans d'autres milieux, et qui peuvent jouer sur ceux que je pourrais qualifier de retardataires par rapport à ma norme ; mon exemple ici, je le dois à la philosophe Olivia Gazalé et son livre paru en 2024 sous le titre : "Le paradoxe du rire: Et si ce n'était pas toujours drôle" ; bon outre le fait que je partage ce côté pas si licorne arc-en-ciel à ce que les gens aiment le rire, c'est surtout la petite vidéo de promotion du livre qui m'a fait atterrir ! je ne l'ai pas lu parce que j'ai peur des livres et autres contenus culturels, je n'ai plus non plus la force de me concentrer depuis ce temps de ma psychose, alors je n'irai pas trop loin dans l'interprétation de ce produit culturel, mais qmm, en quelques minutes de vidéo, on entend que d'après l'auteure, le rire ne fut socialement autorisé aux femmes qu'à partir du XIXème… j'ai failli tomber de ma chaise ! moi qui m'énervais de cette injustice que les femmes attendent d'un homme qu'il les fasse rire, que les hommes se sentent puissants à faire rire les femmes, j'exigeais plus ou moins naturellement de vouloir que les rôles soient inversés, sans comprendre le pourquoi j'en trouvais si peu qui sachent agir ce rééquilibre… honte à moi, je n'avais pas la donnée historique ; si peu de temps, ce passé certes lointain pour la durée d'une vie, mais si minime par rapport à l'existence de la comédie… normal qu'elles cachent leur humour, qu'elles n'aient qu'à peine les moyens de le travailler ! heureusement pour moi je comprends notamment grâce à Noémie Delattre que l'humour "sexiste" peut être très délicat dans l'autre sens, ça fait longtemps que l'humour beauf et misogyne m'exaspère pour son manque de respect, même si j'admire lors de mon amertume l'utilité que peut posséder l'humour contre les hommes… je ne m'ôte de l'esprit que le sexe des hommes peut souvent passer pour drôle auprès des femmes, un point douloureux qui n'est pas du tout la même émotion provoquée par le corps de l'autre, dans le sens opposé… voilà, c'est con, tout ça pour que je me rende compte que ce qui passait pour 'évident' et 'naturel' dans mon cercle de femmes revendicatrices et d'hommes tolérants, je ne peux l'exiger de partout, car la transition n'en est qu'à ses premiers pas…
gogogo les meufs, y'en a qui m'ont fait rire sans être rémunérées sur une scène d'humoriste, au nom de l'histoire je veux bien battre quelques couilles parce que ça fait du bien quand vous parvenez à me faire rire ! merci aux rigolotes, d'autant plus fort que ça doit être bien plus complexe et délicat que ce que je croyais !
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⊹˚ ₊ ♡ ˚ people i want to know better ˚ ♡ ₊ ˚ ⊹
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last songs: cold heart by dua lipa and elton john, 2001 by foals, false god by taylor swift, boyfriends by harry styles, 1 step forward, 3 steps back by olivia rodrigo, choreomania/free/girls against god by fatm and amour toujours by clara luciani
last shows: the summer i turned pretty, stranger things and one of us is lying
currently watching: love and anarchy season 2 and skam france season 10
currently reading: myth of manhood by olivia gazalé and the green witch by arin murphy-hiscock
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Les 3 figures de la vierge, la mère et la putain : alors que l'homme aurait pu tenter de les superposer, de les unir harmonieusement en une image de femme complète, capable de lui donner des enfants bien à lui, tout en étant aimante, aimée et sexuellement désirable, il les a catégoriquement opposées, s'interdisant de jouir quand il aime et de respecter quand il jouit. La virginité est un concept qui a été créé par des hommes qui se sont dit que leur pénis était si important qu'il pouvait changer l'identité d'une femme.
Olivia Gazalé, Le mythe de la virilité Dora Moutot, Mâle Baisées
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VIRILITE
- Les couilles sur la table. Victoire Tuaillon parle en profondeur d’un aspect des masculinités contemporaines avec un·e invité·e. Parce qu’on ne naît pas homme, on le devient.
Educations viriles. Coups, rites initiatiques douloureux, humiliations : pourquoi tant de violence dans l’éducation des garçons ? Dans cet épisode, il est question de ce que les hommes font aux autres hommes.On y parle de la pédérastie dans la Grèce antique, du service militaire, des châtiments de l’école républicaine, de l’obéissance fasciste… avec Olivia Gazalé, l’auteure de l’essai Le Mythe de la Virilité, publié en octobre 2017 aux éditions Robert Laffont.
Il n'y a pas de crise de la masculinité.Pour son premier épisode, Victoire Tuaillon reçoit Mélanie Gourarier, chercheuse au CNRS, anthropologue, autrice de « Alpha mâle, séduire les femmes pour s’apprécier entre hommes ». Elles parlent de son travail, de l’étude d’un petit groupe de séducteurs qui permet de comprendre plus largement la manière dont les hommes occupent le pouvoir dans notre société, des études de masculinités, de l’homo-sociabilité (les hommes entre eux), de l’amitié virile et de l’apprentissage du contrôle de soi.
Des villes viriles. La façon dont nous investissons la rue, les bars ou les transports dépend beaucoup de notre genre. Qu’est-ce que ça veut dire, de grandir et de vivre comme un homme en ville ? Comment les choix d’urbanisme et d’architecture façonnent-ils les masculinités contemporaines ? Pourquoi les hommes se sentent autorisés à stationner dans l’espace urbain, et les femmes à seulement le traverser ? On discute du nom des rues, des skateparks, des statues, avec le géographe Yves Raibaud, auteur de “La ville faite par et pour les hommes” (éditions Belin).
Les preuves de la virilité.Dans ce 8e épisode, il est question de pénis, phallus et de testicules. Trop gros, trop petits, vigoureux ou mous : pourquoi les organes génitaux masculins (et leurs fonctions) font-ils l’objet d’une telle obsession ?Les Romains étaient obsédés par leurs sexes et ne cessaient de se traiter d’impuissants ; en France, il a existé pendant plusieurs siècles un Tribunal de l’Impuissance ; et aujourd’hui encore, il est souvent question de couilles dans la vie politique… Réponses et histoires fascinantes avec Olivia Gazalé, philosophe et auteure du Mythe de la Virilité, publié aux éditions Robert Laffont.
Pénétrer. Les hommes pénètrent, les femmes sont pénétrées : les rapports hétérosexuels se déroulent souvent selon le même scénario coït-pénis-vagin, érection-pénétration-éjaculation. Alors qu’elle est physiquement impossible pour certain·e·s, douloureuse pour d’autres, ou qu’elle ne procure que peu de plaisir, pourquoi la pénétration vaginale est-elle au coeur de la sexualité ? Pourquoi les autres pratiques sont reléguées au statut de « préliminaires » ? En quoi cette hiérarchisation des actes sexuels perpétue les normes viriles ?Pour interroger ces normes et les dépasser, l’écrivain Martin Page a récemment publié son essai “Au delà de la pénétration” aux éditions Monstrograph, maison d’édition qu’il a créée avec sa compagne. Loin de dicter de nouvelles normes sexuelles, cet épisode a pour objectif de décomplexer, de libérer les sexualités de chacun·e.
- Camille. A-t-on vraiment besoin du genre sur les papiers d’identité ? Pourquoi traiter quelqu’un d’enculé, c’est homophobe ? Un jeudi sur deux, Camille Regache propose de déconstruire tout ce qui est considéré comme naturel et inné en ce qui concerne l’identité de genre et la sexualité. Camille est un podcast de Binge Audio destiné aux lesbiennes, gay, bi, trans et surtout aux hétéros.
Dans ton cul.Des pénétrant·e·s et des pénétré·e·s, des passif·ve·s et des actif·ve·s. Le modèle de la sexualité procréatrice et hétéronormée pèse lourd sur nos relations sexuelles, enfermant chacun·e dans des rôles contraignants. Pour se reconnecter à nos corps et à nos envies, il faut donc dépasser ce paradigme, quelle que soit notre orientation sexuelle.Pourquoi est-il important d’abandonner la notion de normalité dans notre désir ? Comment interroger les rôles de genre qui traversent nos relations sexuelles ? Comment s’ouvrir à d’autres pratiques et conceptions des relations sexuelles ?Camille Regache en discute avec Diane Saint-Réquier, éducatrice et formatrice en santé sexuelle, fondatrice du site Sexy Soucis, qui se définit comme le « Google du cul ».
Il n’y a pas de théorie du genre. Pour l’Église catholique, Dieu aurait créé des hommes et des femmes, des êtres de nature différente et complémentaire, destiné·e·s à se marier et élever des enfants. Celles et ceux qui pensent autrement seraient, selon le Vatican, des partisan·e·s de ce qu’il appelle « théorie du genre ».Que signifie le mot « genre » ? Qui l’utilise ? Et pour dire quoi ? En quoi le sexe, le genre, et la sexualité sont trois choses différentes ? Pourquoi la soi-disante « théorie du genre » a-t-elle été inventée ? En quoi cette expression utilisée par le Vatican nourrit une vision binaire du monde, un discours religieux qui ne porte pas son nom et des paroles politiques discriminantes ?Pour répondre à ces questions, Camille Regache reçoit Massimo Prearo, chercheur à l’université de Vérone (Italie), spécialiste des mouvements politiques LGBT en France et en Italie, co-auteur d’un livre intitulé « La croisade « anti-genre » : Du Vatican aux manifs pour tous »
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Olivia Gazalé - Je t'aime à la philo Par Marion ! Je t'aime à la philo est un essai d'Olivia Gazalé : celle-ci s'interroge ici sur l'amour et le sexe, problématiques qu'elle traite sous différents angles, aussi bien philosophique que littéraire, sociologique ou même biologique. L'autrice emprunte ainsi la thèse de plusieurs philosophes, sociologues tels que Schopenhauer, Beauvoir, Nietzche ou Foucault afin d'engager sa réflexion qui se révèle très riche, menée logiquement et de façon très ludique à travers plusieurs questions telles que "Sommes-nous biologiquement programmés pour aimer ?" ou encore "D'où vient la morale sexuelle occidentale ?" C'est un livre très facile d'accès, il se dévore en peu de temps et fait partie de ces ouvrages dont on sent qu'il nourrit notre intérieur : de la même façon, c'est typiquement une bonne porte d'entrée en matière de philosophie, sociologie pour quiconque s'intéressant à ces thématiques. On est très loin de ces livres ardus où certaines connaissances antérieures sont requises pour comprendre de quoi il est question : ici c'est un voyage, une discussion, à mettre entre toutes les mains à n'importe quel moment de la vie. Les écueils angéliques, cyniques sont évités et l'on ressort de la lecture avec un sentiment de plénitude et de lucidité qui gravent le texte dans notre mémoire...!
Négar Djavadi - Désorientale Par Annso ! Olala mais quel livre ! Pfiou ! Un peu difficile à commencer, j’ai même failli abandonner (tous ces noms différents, aux consonnances inhabituelles pour mes yeux de petite française). Et puis quelque chose dans le ton m’a fait continuer et je ne regrette rien. Me voilà même complètement désœuvrée maintenant qu’il est fini ! Il faut dire que pendant plus de 300 pages, j’ai suivi l’histoire de la famille de Kimiâ sur 4 générations : Bruxelles, Téhéran, Paris, un harem, les squats, la résistance iranienne, l’enfance… au détour de nombreux flashbacks, j’ai découvert les membres d’une grande famille chaque fois un peu plus. C’est drôle, percutant, fin, intelligent, profond. Cela ressemble à y méprendre à une oeuvre autobiographique (si comme moi, vous voulez savoir dans quelle mesure elle s’est inspirée de sa vie, cette interview est intéressante), et c’est ça qui le rend si touchant. Bref, ce livre est fou. Chaque pan de l’histoire m’a transporté, et chaque fois j’ai été captivée. Bon voilà, je ne sais pas comment le tourner autrement que pour dire : j’ai adoré.
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Une mise en lumière sur la construction social qu’est la masculinité
“Les couilles sur la table” de Victoire Tuaillon, un livre essentiel à la compréhension des différences faites entre les genres dans notre société. Ce livre est un condensé des travaux sur la masculinité, les hommes et la virilité que son autrice à étudier tout au long de sa carrière.
Une autrice inspirante et passionnée
Mais avant de parler de l’oeuvre, il faut s’attarder sur l’autrice. Victoire Tuaillon est journaliste, ainsi que rédactrice en chef chez Binge Audio. Il y a 2 ans, elle a créé le podcast “Les couilles sur la table”, dans lequel elle revient sur des questions liées aux masculinités, avec de nombreux spécialistes comme des chercheurs / chercheuses, des universitaires et des artistes. C’est notamment grâce à son podcast que j’ai découvert le projet de son livre : “une synthèse indispensable et passionnante de ce que l’on sait sur la virilité, la masculinité et les hommes”. Accessible à tous et passionnant, à travers son projet elle nous partage le savoir de ses invités ainsi que ses propres recherches sur le sujet.
Une approche global de la masculinité
Dans son livre “Les couilles sur la table”, Victoire Tuaillon revient sur l’ensemble du spectre des masculinités, des points de vue économique, symbolique, et culturel. De la construction des différences dans l’enfance et au sein de la famille, en passant par le standard masculin et son irresponsabilité, ou encore les violences faites aux femmes et la culture du viol, tout y est ! Avec de très belles interventions, comme l’autrice du “Mythe de la virilité”, Olivia Gazalé, ou encore la chercheuse, Manon Garcia, mais aussi de grande référence littéraire comme l’indispensable “King Kong Théorie” de Virginie Despentes pour n’en citer qu’une.
Laisser place à la nouvelle pensée
Au delà de l’observation et de l’analyse, l’autrice nous amène aussi à nous interroger sur les changements et les actions à mener ensemble pour faire évoluer les choses, et parvenir à une véritable égalité entre les femmes et les hommes. Comme par exemple : “repenser le désir”, revoir l’éducation des enfants, ou être un allié des femmes fassent aux discriminations et violences qu’elles subissent. Tant de raisonnement qui aujourd’hui prennent tout leurs sens au sein de notre société.
Un manuel pour l’égalité homme-femme
Je cite “Ceci n’est pas un manuel pour apprendre à être un homme”, mais ce livre est par la force des choses un véritable outil pour comprendre les rouages des différences faites entre les hommes et les femmes dans notre société. Une preuve que le féminisme est nécessaire autant pour le bien des femmes que celui des hommes.
En savoir plus :
Une présentation vidéo du livre par Victoire Tuaillon, sur YouTube, par Général Pop
Le podcast “Les Couilles sur la table”
La page Facebook de Binge Audio pour suivre toutes leurs publications
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Marylin Maeso : « Au motif d’expurger les préjugés, on infantilise le lecteur et on appauvrit la littérature »
La profession de « lecteur en sensibilité » qui, aux Etats-Unis, se propose de traquer dans les manuscrits tout ce qui est susceptible d’offenser une minorité, substitue aux préjugés une autre forme d’appauvrissement, s’inquiète, dans une tribune au « Monde », la philosophe.
Tribune. On a tort de dire que « l’art se moque de la morale », selon la formule consacrée. C’est occulter la longue lignée des artistes engagés qui ont insufflé à leurs écrits l’incisivité de l’épée, fiers qu’ils étaient d’apporter leur pierre à l’édifice des justes combats. Mais se mettre au service d’une noble cause n’est pas s’y asservir. La nuance réside dans l’entière liberté que le créateur préserve farouchement, quitte à s’attirer les foudres de ses contemporains.
Ce débat millénaire est aujourd’hui relancé par le phénomène des « sensitivity readers » américains, recrutés par des écrivains ou éditeurs pour repérer et expurger des manuscrits toute expression de préjugés susceptibles de heurter la sensibilité des lecteurs issus de minorités. Un reportage a été récemment consacré par France 24 à ces « relecteurs en sensibilité ».
Doit-on voir en ces relecteurs les dignes héritiers d’Hugo, clamant, dans son William Shakespeare : « Ah ! esprits ! soyez utiles ! servez à quelque chose. Ne faites pas les dégoûtés quand il s’agit d’être efficaces et bons. L’art pour l’art peut être beau, mais l’art pour le progrès est plus beau encore » ? Ou ne sont-ils que les rejetons de la tranchante Anastasie ?
Faire un sort aux stéréotypes
Si l’objectif est de sortir la littérature de ses ornières pour lui imprimer les aspérités bigarrées qui donnent tout son relief à l’humanité, force est de constater que nombre d’auteurs n’ont pas attendu l’œil des sensitivity readerspour, dans leurs œuvres, faire un sort aux stéréotypes. Songeons au roman de Virginie Despentes King Kong Théorie (Grasset, 2006), qui déchire le carcan de l’éternel féminin en parlant « pour les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du marché de la bonne meuf » et dynamite son pendant masculin, ce « piège pour les deux sexes » déconstruit par Olivia Gazalé dans Le Mythe de la virilité (Robert Laffont, 2017).
Songeons également au roman autobiographique Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage, publié, en 1969, par Maya Angelou, figure du mouvement américain pour les droits civiques, où elle démontre par l’exemple le pouvoir transformateur et libérateur de la littérature contre le racisme.
Quant à la littérature jeunesse, si importante dans la formation des esprits qui ont besoin de pouvoir s’identifier à des personnages pour se construire sans complexes, le diptyque Les filles peuvent le faire… aussi !/Les garçons peuvent le faire… aussi !, de Sophie Gourion et Isabelle Maroger (Gründ, 2019), prolonge dignement un travail salutaire de dépoussiérage. Il invite les enfants à faire fi des stéréotypes de genre et à ne pas censurer leurs goûts et leurs envies par crainte d’être socialement stigmatisés : on n’est pas moins fille en pirate qu’en princesse, et pas moins garçon en danseur étoile qu’en pompier.
Appauvrissement de l’art
Mais la démarche des sensitivity readers est tout autre. Il ne s’agit plus de combattre les poncifs en opposant aux œillères une fenêtre ouverte sur un monde pétri de nuances et de différences, loin des clichés en noir et blanc qui vident le réel de sa chair, mais de leur substituer une autre forme d’appauvrissement. Appauvrissement de l’art, d’abord, sommé de se plier à la loi du marché, aiguillonnée par des réseaux sociaux désormais nantis du pouvoir de faire annuler des commandes d’éditeurs à la force de l’indignation collective.
La peur de la censure, si bien intentionnés soient les motifs de cette dernière, n’a jamais fait bon ménage avec la liberté créatrice. En particulier dans un contexte où le second degré et le jeu de décalage en connivence avec le lecteur – permis par l’ironie qu’affectionnaient les philosophes des Lumières – sont aujourd’hui souvent décriés et accusés de servir d’alibi à la diffusion de préjugés coupables.
Mais c’est le réel lui-même qui fait les frais de cette restriction du domaine de la plume, puisque la suppression systématique de tout ce qui est jugé potentiellement offensant équivaut à un retouchage en règle, à la façon de ces images « embellies » sur Photoshop. Croire qu’on fait évoluer les mentalités en effaçant leurs biais, n’est-ce pas se féliciter d’avoir nettoyé le salon quand on n’a fait que planquer la poussière sous le tapis ? Laisser, au contraire, les préjugés s’exprimer dans l’art, c’est consentir à ne plus dissimuler honteusement ses défauts : une manière de jauger le chemin parcouru, et d’estimer celui qui demeure devant nous.
C’est aussi une preuve de confiance et une marque de respect envers le lecteur, qu’on infantilise à force de vouloir l’épargner. Une littérature qui se met au diapason de la fragilité présumée de son public peut-elle encore nous faire réfléchir, nous provoquer, nous malmener pour nous inviter à être acteurs critiques de notre lecture, et non simples récepteurs satisfaits ?
Ajout de nouveaux stéréotypes
Au-delà de ces inquiétudes sur le musellement arbitraire de la création littéraire, c’est la cohérence même de l’initiative qui doit être interrogée. Car confier à une personne issue d’une minorité donnée la charge de déterminer, pour l’ensemble du groupe dont elle est censée être représentative, ce qui est ou non acceptable revient à ajouter de nouveaux stéréotypes à la longue liste de ceux qu’on prétend déconstruire.
Le paradoxe de ces relecteurs est qu’ils vident la sensibilité de son irréductible singularité en prétendant établir des étalons universellement valables. Comment voir un progrès dans un geste qui se veut émancipateur mais qui ne fait qu’enfermer les individus dans de nouvelles cases aseptisées ? A l’heure où certains pans de l’antiracisme tendent à s’accommoder de la banalisation des insultes comme « nègre de maison ! », « Arabe de service ! » et autres « collabeur ! » lancés à la figure des individus auxquels on reproche de ne pas penser et s’exprimer comme leur sexe, leur orientation sexuelle ou leur couleur de peau le commandent, nous avons plus que jamais besoin d’un art qui assume la divergence et le refus des scripts préétablis. Pour nous rappeler que le progrès collectif ne se gagne pas sur la négation de l’individualité, mais sur l’acceptation d’un pluralisme, qui, seul, peut empêcher l’humanité de s’épuiser dans le standard. La diversité s’affirme par l’acceptation du désaccord, et non par l’alignement forcé.
Marylin Maeso est essayiste et professeure de philosophie dans le secondaire. Elle a publié « Les Conspirateurs du silence » (Editions de l’Observatoire, 2018).
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https://www.en-attendant-nadeau.fr/2019/05/07/deuil-virilite-gazale/
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Apprenti philosophe (1/7) : L'amour
durée : 00:58:45 - Les Chemins de la philosophie - par : Adèle Van Reeth, Géraldine Mosna-Savoye - L'amour fait-il le bonheur ? Peut-on aimer plusieurs personnes en même temps ? Peut-on se satisfaire de son amour propre ? Autant de questions que nous ont posé des lycéens, futurs bacheliers, et auxquelles trois philosophes viennent répondre avec l'aide de Platon, Beauvoir et Rousseau... - réalisation : Nicolas Berger - invités : Olivia Gazalé professeure de philosophie, co-fondatrice des Mardis de la philo et autrice; Ali Benmakhlouf professeur de philosophie à l’Université de Paris Est Créteil et membre sénior de l’Institut universitaire de France, membre correspondant de l’académie nationale de pharmacie; Fulcran Teisserenc professeur de Première Supérieure au Lycée Poincaré à Nancy, spécialiste de philosophie antique source https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/apprenti-philosophe-17-lamour
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{Le mythe de la virilité} De Olivia Gazalé, éditions Robert Laffont. Un gros pavé qui traite du viriarcat, de la création de ce mythe et de comment il broie femmes et hommes depuis 2000 ans. C’est le texte d’une philosophe, pas d’une historienne ou d’une sociologue, on n’y trouve donc pas de données chiffrées, mais une bibliographie abondante allant chercher chez tous les types d’auteur•e•s: anthropologues, sociologues, philosophes, historiens, romanciers, et sur tous les continents, toutes les époques. N’y cherchez pas un texte féministe, ce n’en est pas un et n’a pas la vocation à l’être je crois. Le chapitre sur la prostitution a failli me faire abandonner ma lecture tant cette théorie de « mal nécessaire » qui protège la société m’a mise en colère. Si j’ai trouvé le sujet passionnant j’ai souvent eu l’impression que le texte manquait de profondeur et l’absence de données scientifiques m’a frustrée. Une fois encore: j’ai lu une philosophe, pas une scientifique. @tilimarlene ton avis sur cette lecture découverte grâce à toi m’intéresse ;-) Ce qui est très bien c’est que ce livre m’a donné envie de lire Francoise Héritier. #lecture #livre #reading #book #philosophie #philosophy #oliviagazale #lemythedelavirilite #editionsrobertlaffont (à Paris, France) https://www.instagram.com/p/BoZpOS4gZAd/?utm_source=ig_tumblr_share&igshid=mkps9ntnvknn
#lecture#livre#reading#book#philosophie#philosophy#oliviagazale#lemythedelavirilite#editionsrobertlaffont
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MAI 68, « Télérama occupe le lycée Jacques-Decour », le 4 mai 2018 à 10h
50 ans après mai 68, le monde reste à réinventer. “Télérama” propose une journée de rencontres et d’échanges avec des artistes et des penseurs décapants, le vendredi 4 mai 2018, dans un lycée du 9e arrondissement de Paris. Entrée libre sur réservation.
10h>11h15 Paul Jorion (chapelle) Anthropologue, ex-trader, Paul Jorion, l’homme qui a « vu » la crise des subprimes, a des idées décapantes sur énormément de choses, de l’intelligence artificielle à la gratuité de l’essentiel, sans oublier la survie de l’humanité.
1958-1968 : une décennie « foudroyante » par sa créativité, renversante au plan politique et grosse de transformations sociales majeures.
Une « occupation » ouverte aux lecteurs de Télérama et aux lycéens de Jacques-Decour. Entrée libre sur réservation : [email protected]
Le programme
Deux rencontres en simultané, l’une dans la chapelle du lycée, l’autre dans le théâtre, chacune animée par un journaliste de Télérama.
10h>11h15
Antoine Garapon (théâtre) Cet ancien juge des enfants, longtemps magistrat au tribunal de Créteil et secrétaire général de l’Institut des hautes études sur la justice est aussi « journaliste intello », comme il dit, pour son émission sur France Culture, Le bien commun. Auteur ou coauteur d’une vingtaine d’ouvrages, il publie Justice digitale. Quand vous serez jugés par des algorithmes. Paul Jorion (chapelle) Anthropologue, ex-trader, Paul Jorion, l’homme qui a « vu » la crise des subprimes, a des idées décapantes sur énormément de choses, de l’intelligence artificielle à la gratuité de l’essentiel, sans oublier la survie de l’humanité.
11h30>12h45
Anastasia Colosimo (chapelle) Depuis trente ans, la liberté d’expression n’a cessé d’être fragilisée par la pression du religieux. « Comment sortir de cette logique infernale ? », demande Anastasia Colosimo, enseignante en théologie politique à Sciences-Po. François Cusset (théâtre) Historien des idées et professeur de civilisation américaine à l’université de Paris Nanterre. Auteur de nombreux ouvrages, il vient de publier, aux éditions La Découverte, Le déchaînement du monde, logiques nouvelles de la violence.
14h>15h15
Pascal Chabot (chapelle) Peut-on encore choisir sa vie dans un monde contrôlé par des forces sur lesquelles nous n’avons aucune prise ? Le philosophe belge Pascal Chabot répond. Juliette Rennes (théâtre) Sociologue, elle a dirigé l’Encyclopédie critique du genre (éd. La Découverte). Elle évoquera les récents événements et controverses féministes (#MeToo, écriture inclusive, âge du consentement, accès des femmes aux métiers réservés aux hommes, etc.) et les replacera dans un contexte historique.
15h30>16h45
Baptiste Morizot (théâtre) 35 ans, philosophe, maitre de conférences à l’université d’Aix-Marseille, il a fait de sa fascination pour le vivant la clé de voûte de son travail et de son existence, depuis les forêts de Yellowstone aux crêtes du Kirghistan en passant par les steppes du Haut-Var. Auteur des Diplomates. Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant, il publie ce printemps Sur la piste animale. Richard Rechtman (chapelle) Psychiatre et anthropologue, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Il est spécialiste depuis près de trente ans du génocide cambodgien et des processus génocidaires. Il travaille désormais sur le djihadisme. Avec Didier Fassin, il a écrit L’Empire du traumatisme : Enquête sur la condition de victime.
17h>18h15
Thierry Kühn (théâtre) Président de Emmaüs France, association qui regroupe tous les groupes Emmaüs. Nous parlerons solidarité, économie sociale et solidaire, organisation de l’accueil des migrants, dialogue avec le nouveau gouvernement… Olivia Gazalé (chapelle) Philosophe, auteur du Mythe de la virilité. Un piège pour les deux sexes (éd. Robert Laffont). Elle reviendra sur ce mythe de la virilité, socle de la domination masculine, et sur ce qu’il représente pour les deux sexes.
En parallèle, dans une jolie salle du lycée se dérouleront 4 master-classes d’artistes à la suite :
14h15
Isabelle Carré Comédienne au théâtre et au cinéma, elle a obtenu le César de la meilleure actrice en 2003 pour Se souvenir des belles choses ; et deux Molière de la meilleure comédienne : en 1999 pour Mademoiselle Else, en 2004 pour L’Hiver sous la table. En 2018, elle publie un premier roman autobiographique Les Rêveurs. Elle joue actuellement dans Baby, de Jane Anderson, au Théâtre de l’Atelier.
15h15
Françoise Huguier Journaliste et auteure, s’est illustrée en Afrique et dans le monde de la mode. Comment a-t-elle su s’imposer dans le milieu très masculin de la photographie?
16h20
Chloé Dabert D’abord comédienne, Chloé Dabert a été lauréate en 2014 du Festival impatience pour sa mise en scène d’Orphelins, de Dennis Kelly. Elle vient de monter avec les Comédiens-Français un Jean-Luc Lagarce très remarqué (J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne) et mettra en scène au prochain Festival d’Avignon Iphigénie, de Racine.
17h20
Monica Sabolo Après notamment Crans-Montana (2015), le magnétique Summer, son quatrième roman, paru en août dernier, a confirmé le singulier talent de Monica Sabolo à dépeindre les fragilités de l’adolescence, à ausculter les dérèglements familiaux, à mettre au jour les mensonges derrière les apparences.
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Assistons-nous vraiment au déclin du « système viriarcal » ?
Fin 2017, la philosophe Olivia Gazalé s’intéressait au mythe de la virilité dans un livre paru chez Robert Laffont. Elle y retrace de manière précise et détaillée les constructions sociales et culturelles liées aux injonctions qui pèsent sur les hommes, comme les historiens Alain Corbin, Jean‑Jacques Courtine et Georges Vigarelo s’y étaient intéressés en 2013 à travers les trois tomes de l’Histoire de la virilité. L’originalité du propos de la philosophe est de montrer que les hommes auraient tout à perdre de la domination masculine et tout à gagner de la déconstruction des assignations sexuées qui pèsent sur eux (comme sur les femmes).
Si on peut se réjouir que paraisse cette stimulante réflexion sur le sujet, on sera plus circonspect sur la conclusion de la philosophe quant au déclin d’un « système viriarcal » qui serait pris à son propre piège. Si la virilité comme modèle normatif nourrit certes un certain malaise et certaines interrogations, on peut aussi penser que dans une société obsédée par la performance, l’usage de la virilité ne cesse de se réinventer et de se transformer pour favoriser la légitimation d’une masculinité hégémonique sous des formes renouvelées.
La virilité, entre fascination et répulsion
Partons d’une définition simple : la virilité est un idéal. Un idéal de perfection, de performance et de courage qui passe autant par des démonstrations corporelles que par des démonstrations verbales d’autorité et de pouvoir. La virilité est porteuse d’un imaginaire qui fascine par sa manière de pousser aux limites certaines qualités attendues d’un homme. Le cinéma et la littérature regorgent de l’exploitation de ces mythes virils (Indiana Jones, Rocky, Terminator), mais aussi de leur caricature, nous rappelant que les figures les plus viriles ne sont pas nécessairement les plus désirables.
Couverture de « Pascal Brutal 2 ». Riad Sattouf
En 2006, Riad Sattouf crée le désormais célèbre Pascal Brutal, « l’homme le plus viril du monde ». Le monde dans lequel vit ce héros est un univers imaginaire où Alain Madelin est président de la République, où le centre de Paris est interdit d’accès aux pauvres et où la Bretagne est indépendante.
À travers les cinq tomes de la série, on découvre un personnage sans cesse poussé par ses pulsions. Adidas Torsion 1992 visés aux pieds, gourmette en argent clinquante au poignet et petit bouc parfaitement taillé, Pascal Brutal est un fervent adepte de la baston et de la moto à grande vitesse. La musculation qu’il pratique assidûment lui offre un physique avantageux qui lui permet d’aligner les conquêtes féminines (et masculines). Pascal Brutal est particulièrement à l’aise dans un environnement populaire duquel il est issu (il est le fruit d’une union entre une ancienne teufeuse et un punk à chien) autant que dans les sphères dirigeantes à qui il arrive de prêter main-forte. Même s’il ne possède pas le QI d’un astronaute, Pascal Brutal sait s’imposer. Rien n’y personne ne lui résiste. « La virilité, c’est mon métier » déclare-t-il. Mais derrière les facéties surréalistes du héros, Riad Sattouf dessine l’époque d’un trait à la fois provocateur et malin, démontrant avec brio par l’absurde, démolissant par le ridicule et la démesure les codes sociaux d’une société ultra-libérale où seuls les plus forts s’imposent, un monde dans lequel l’intelligence ne paie plus et où l’image prime sur les idées.
Si la caricature fonctionne ici si bien, c’est que les formes de virilisme incarnées par le héros ne correspondent plus à ce qui est attendu d’un comportement masculin dans le fonctionnement actuel de la société. La représentation culturelle et médiatique d’une virilité excessive sert souvent (et malheureusement de manière beaucoup plus sérieuse) la stigmatisation des classes populaires (les jeunes de banlieue, les rappeurs ou encore certains groupes ouvriers comme les dockers décrits par Michel Pigenet), tandis qu’au sein des classes supérieures, cette représentation prend généralement la forme d’une fascination teintée d’inquiétude (en particulier dans certaines professions comme chez les traders ou encore chez les leaders politiques). Donald Trump représente de manière exemplaire cette figure d’une masculinité ostentatoire, entre hétérosexualité conquérante et excès de violence.
Donald Trump, figure d’une masculinité de la performance. Amazon
Le fait que les propos et les actes de l’actuel président des États-Unis apparaissent à ce point en décalage avec l’époque témoigne d’un fonctionnement que l’on pensait dépassé. Les soupçons récurrents sur la santé mentale de Donald Trump témoignent bien du fait que cette virilité est jugée comme extra-ordinaire et donc dangereuse, précisément parce qu’elle semble ne pas pouvoir être maîtrisée. À l’inverse, certains leaders politiques n’hésitent pas à revendiquer une masculinité plus « inclusive », compatible avec une exigence d’égalité entre les hommes et les femmes, la défense du droit des homosexuels, l’expression des émotions, etc.
On pense aux larmes de Justin Trudeau lors de son discours d’excuse envers la communauté homosexuelle ou encore à l’attention portée aux droits des femmes par Barack Obama, à contre-courant de la masculinité des angry white men décrit par le sociologue Michael Kimmel, qui ont conduit aux portes de la Maison Blanche un président à leur image.
Dans ce sens, il ne faut pas sous-estimer la résistance des groupes conservateurs menacés par cette « dévirilisation » de la société et/ou le regret qu’expriment certains (ou certaines) d’une disparition de la figure virile comme Emmanuel Macron a pu en faire l’objet durant la campagne présidentielle (soupçon quant à sa capacité à diriger l’armée faute de service militaire réalisé ou rumeurs relatives à son orientation sexuelle). Pour autant, l’élection de l’actuel Président français ne doit pas nous leurrer et cette apparente « neutralisation » ne signifie pas qu’hommes et femmes occupent des places égales, ni que la virilité ait perdu de sa valeur symbolique dans les coulisses du pouvoir.
« Les habits neuf de la domination masculine »
la couverture de Management en septembre 2017. Relay
Quand bien même la masculinité hégémonique se serait elle débarrassée de ses oripeaux les plus visibles, l’obsession pour la preuve virile n’a pas disparue. Dans une société « féminisée » où la virilité, tenue pour suspecte, aurait disparu et empêcherait les hommes d’« oser l’autorité », l’injonction du magazine Nouveau Management nous donne les clés pour être « un chef assumé », un vrai : « fermeté, écoute et empathie ».
Comme l’analyse Serge Rabier en s’intéressant à la figure d’Emmanuel Macron, son leadership tiendrait dans son « audace stratégique, un sens aigu des opportunités, un courage affirmé dans la prise de risque, une ardeur et une ténacité sans failles, une croyance insolente en son destin, une combinaison entre la fougue de jeunesse et une maturité sage… toutes qualités mobilisées vers un seul objectif : la conquête et la pratique volontaire du pouvoir ».
À des formes plus traditionnelles de commandement succède donc l’autorité conquise dans l’aptitude à se contrôler, à surmonter les épreuves, à faire preuve de tempérance et d’endurance, à être maître de soi-même et de son destin. Comme le souligne le sociologue Alain Ehrenberg, les individus évoluant dans une société « où la norme n’est plus fondée sur la culpabilité et la discipline mais sur la responsabilité et l’initiative individuelle » autrement dit, dans une société où chacun est amené à devenir entrepreneur de soi, assurer son leadership ne passe plus par les voies traditionnelle de la virilité – le corps masculin dont elle a été si souvent l’emblème – mais par un usage toujours plus fin de l’autorité et du pouvoir, dans un savant mélange de savoir-faire et de savoir-être.
C’est notamment un des résultats de la passionnante enquête de l’anthropologue Mélanie Gourarier sur la communauté des séducteurs de rue où l’on comprend que l’idéal viril qui gouverne les hommes ne se définit pas seulement dans la démonstration de sa puissance que par la hantise de l’impuissance. Dans cette virilité « en creux », « l’idée est de se gouverner soi-même pour mieux gouverner les autres » précise-t-elle.
C’est donc dans une forme plus individuelle de disqualification du féminin et d’autres formes de masculinités (des masculinités jugées trop viriles ou trop efféminées) que la masculinité hégémonique se renouvelle. Dans les positions socialement valorisées (chez les cadres par exemple), cette masculinité se construit en effet par le biais d’une désolidarisation de groupes masculins dont les pratiques virilistes apparaissent comme démodées. En 1993, le sociologue François de Singly soulignait déjà dans un article paru dans la revue Esprit que l’apparente « neutralisation » de la société s’était « opérée sur le dos des milieux populaires » dont la masculinité est régulièrement dévaluée et stigmatisée.
Dans ce sens, on peut penser qu’aujourd’hui, ce ne sont pas les injonctions qui pèsent sur ces « leaders » qui diffèrent (quête d’excellence et de performance) mais la manière dont les hommes se distinguent au sein de cette compétition. En effet, on en attend pas moins des hommes dans l’exercice du pouvoir, on en attend différemment. La référence identitaire à la virilité dans l’accession au pouvoir n’a donc pas disparu, elle s’est modifiée. Aussi ne faut-il pas se réjouir trop vite des transformations du masculin mais s’intéresser aux conditions dans lesquelles les hommes (et les femmes) répondent aux injonctions sexuées et sociales. Si la figure du pouvoir change de forme en s’incarnant dans une masculinité plus « inclusive », elle n’implique pas nécessairement plus d’égalité. Ainsi, plutôt que de se focaliser sur les pratiques virilistes dont les médias sont si friands, on aurait tout intérêt à détourner le regard vers les nouvelles formes de domination, plus pernicieuses à détecter.
Article complet: The Conversation — http://theconversation.com/assistons-nous-vraiment-au-declin-du-systeme-viriarcal-91291
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Lectures de la semaine (11/12/17)
À la une : Guide des humanités environnementales / Aurélie Choné, Isabelle Hajek, Philippe Hamman (dir.)
Cote de rangement : GF 41 G 254721 / Domaine : Environnement
« L'ampleur des changements environnementaux est aujourd’hui bien établie. Face à cette situation inédite dans l’histoire de l’humanité, quels « cadres » et catégories mobiliser pour penser ces bouleversements et guider l’action ?
La mise en évidence de l’origine humaine de ces changements et la critique du dualisme Nature/Culture ont conduit à souligner les limites d’approches strictement scientifiques et techniques. C’est pourquoi le présent guide propose un état inédit et original des savoirs des Lettres et Sciences Humaines et Sociales sur la nature. Il rassemble les travaux de spécialistes (civilisation, ethnologie, géographie, histoire, littérature, philosophie, psychologie, sociologie, science politique, urbanisme…) afin de montrer comment l’idée de nature, dans les défis qu’elle adresse aux sociétés contemporaines, reconfigure les cadres de pensée, les disciplines et leurs objets pour produire de nouveaux champs de questionnements et de pratiques qui marquent l’émergence des Humanités environnementales." - Quatrième de couverture
Anthropologie
Millennial monsters : Japanese toys and the global imagination / Anne Allison
Cote de rangement : GN 635 A 254727
Design anthropological futures / edited by Rachel Charlotte Smith, Kasper Tang Vangkilde, Mette Gislev Kjaersgaard, e.a.
Cote de rangement : NK 1520 D 254712
Sciences politiques
Movement parties against austerity / Donatella della Porta, Joseba Fernández, Hara Kouki and Lorenzo Mosca
Cote de rangement : JF 2051 D 254713
Turkish foreign policy : international relations, legality and global reach / Pinar Gözen Ercan, editor
Cote de rangement : DR 477 T 254714
Les gouvernements New Labour : le bilan de Tony Blair à Gordon Brown / Florence Faucher-King, Patrick Le Galès
Cote de rangement : JN 1129 F 254716
Indispensable ONU / Jean-Marc de La Sablière
Cote de rangement : JZ 4984 .5 D 254717
Federalism : a political theory for our time / Lucio Levi, Giampiero Bordino, Antonio Mosconi (eds.)
Cote de rangement : JC 355 F 254728
Démographie
Trajectoires et origines : enquête sur la diversité des populations en France / sous la direction de Cris Beauchemin, Christelle Hamel et Patrick Simon
Cote de rangement : HB 3593 T 254715
Sociologie
Être forêts : habiter des territoires en lutte / Jean-Baptiste Vidalou
Cote de rangement : SD 411 V 254718
Le mythe de la virilité : un piège pour les deux sexes / Olivia Gazalé
Cote de rangement : BF 692 .5 G 254719
Poverty : a study of town life / by B. Seebohm Rowntree
Cote de rangement : HV 4088 R 254726
Transports
Big data et politiques publiques dans les transports / André de Palma, Sophie Dantan
Cote de rangement : HE 336 E 254720
Sciences économiques
Ce que les riches pensent des pauvres / Serge Paugam, Bruno Cousin, Camila Giorgetti
Cote de rangement : HC 59 .72 P 254722
Microeconomic theory : a heterodox approach / Frederic S. Lee ; edited by Tae-Hee Jo
Cote de rangement : HB 172 L 254731
A culture of growth : the origins of the modern economy / Joel Mokyr
Cote de rangement : HD 75 M 254732
Gestion
Reinventing organizations : vers des communautés de travail inspirées / Frédéric Laloux
Cote de rangement : HD 58 .8 L 254723
Communication
Introduction à la communication politique / Philippe Aldrin, Nicolas Hubé
Cote de rangement : JA 85 A 254725
Edward Said : le roman de sa pensée / Dominique Eddé
Cote de rangement : PN 75 E 254724
Big data
Big data is not a monolith / edited by Cassidy R. Sugimoto, Hamid R. Ekbia, and Michael Mattioli
Cote de rangement : QA 76 .9 B 254729
Finance
Noise : living and trading in electronic finance / Alex Preda
Cote de rangement : HG 4621 P 254730
Advances in endogenous money analysis / edited by Louis-Philippe Rochon, Sergio Rossi
Cote de rangement : HG 221 A 254733
Tous ces ouvrages sont exposés sur le présentoir des nouveautés de la BSPO. Ceux-ci pourront être empruntés à domicile à partir du 2 janvier 2018.
#Environnement#Anthropologie#Sciences Politiques#Démographie#Sociologie#Transports#Sciences Economiques#Gestion#Communication#Big Data#Finance
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MAI 68, C’ÉTAIT IL Y A 50 ANS, « Télérama occupe le lycée Jacques-Decour », le 4 mai 2018 à 10h
50 ans après mai 68, le monde reste à réinventer. “Télérama” propose une journée de rencontres et d’échanges avec des artistes et des penseurs décapants, le vendredi 4 mai 2018, dans un lycée du 9e arrondissement de Paris. Entrée libre sur réservation.
1958-1968 : une décennie « foudroyante » par sa créativité, renversante au plan politique et grosse de transformations sociales majeures.
2018… : comme il y a cinquante ans, la France se trouve devant un mur. Pourtant, une énergie nouvelle se fait sentir chez beaucoup de penseurs. Plutôt que de provoquer l’angoisse, l’époque suscite l’urgence, rappellent ces intellectuel(le)s capables de penser autrement.
Le 4 mai, Télérama invite au lycée Jacques-Decour des essayistes et des artistes qui ont compris qu’on n’est jamais aussi imaginatifs qu’au bord du vide. Et qui croient, comme nous, que l’on peut faire face aux murs l’esprit grave, mais le tempérament joyeux.
Une « occupation » ouverte aux lecteurs de Télérama et aux lycéens de Jacques-Decour. Entrée libre sur réservation : [email protected]
Le programme
Deux rencontres en simultané, l’une dans la chapelle du lycée, l’autre dans le théâtre, chacune animée par un journaliste de Télérama.
10h>11h15
Antoine Garapon (théâtre) Cet ancien juge des enfants, longtemps magistrat au tribunal de Créteil et secrétaire général de l’Institut des hautes études sur la justice est aussi « journaliste intello », comme il dit, pour son émission sur France Culture, Le bien commun. Auteur ou coauteur d’une vingtaine d’ouvrages, il publie Justice digitale. Quand vous serez jugés par des algorithmes. Paul Jorion (chapelle) Anthropologue, ex-trader, Paul Jorion, l’homme qui a « vu » la crise des subprimes, a des idées décapantes sur énormément de choses, de l’intelligence artificielle à la gratuité de l’essentiel, sans oublier la survie de l’humanité.
11h30>12h45
Anastasia Colosimo (chapelle) Depuis trente ans, la liberté d’expression n’a cessé d’être fragilisée par la pression du religieux. « Comment sortir de cette logique infernale ? », demande Anastasia Colosimo, enseignante en théologie politique à Sciences-Po. François Cusset (théâtre) Historien des idées et professeur de civilisation américaine à l’université de Paris Nanterre. Auteur de nombreux ouvrages, il vient de publier, aux éditions La Découverte, Le déchaînement du monde, logiques nouvelles de la violence.
14h>15h15
Pascal Chabot (chapelle) Peut-on encore choisir sa vie dans un monde contrôlé par des forces sur lesquelles nous n’avons aucune prise ? Le philosophe belge Pascal Chabot répond. Juliette Rennes (théâtre) Sociologue, elle a dirigé l’Encyclopédie critique du genre (éd. La Découverte). Elle évoquera les récents événements et controverses féministes (#MeToo, écriture inclusive, âge du consentement, accès des femmes aux métiers réservés aux hommes, etc.) et les replacera dans un contexte historique.
15h30>16h45
Baptiste Morizot (théâtre) 35 ans, philosophe, maitre de conférences à l’université d’Aix-Marseille, il a fait de sa fascination pour le vivant la clé de voûte de son travail et de son existence, depuis les forêts de Yellowstone aux crêtes du Kirghistan en passant par les steppes du Haut-Var. Auteur des Diplomates. Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant, il publie ce printemps Sur la piste animale. Richard Rechtman (chapelle) Psychiatre et anthropologue, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Il est spécialiste depuis près de trente ans du génocide cambodgien et des processus génocidaires. Il travaille désormais sur le djihadisme. Avec Didier Fassin, il a écrit L’Empire du traumatisme : Enquête sur la condition de victime.
17h>18h15
Thierry Kühn (théâtre) Président de Emmaüs France, association qui regroupe tous les groupes Emmaüs. Nous parlerons solidarité, économie sociale et solidaire, organisation de l’accueil des migrants, dialogue avec le nouveau gouvernement… Olivia Gazalé (chapelle) Philosophe, auteur du Mythe de la virilité. Un piège pour les deux sexes (éd. Robert Laffont). Elle reviendra sur ce mythe de la virilité, socle de la domination masculine, et sur ce qu’il représente pour les deux sexes.
En parallèle, dans une jolie salle du lycée se dérouleront 4 master-classes d’artistes à la suite :
14h15
Isabelle Carré Comédienne au théâtre et au cinéma, elle a obtenu le César de la meilleure actrice en 2003 pour Se souvenir des belles choses ; et deux Molière de la meilleure comédienne : en 1999 pour Mademoiselle Else, en 2004 pour L’Hiver sous la table. En 2018, elle publie un premier roman autobiographique Les Rêveurs. Elle joue actuellement dans Baby, de Jane Anderson, au Théâtre de l’Atelier.
15h15
Françoise Huguier Journaliste et auteure, s’est illustrée en Afrique et dans le monde de la mode. Comment a-t-elle su s’imposer dans le milieu très masculin de la photographie?
16h20
Chloé Dabert D’abord comédienne, Chloé Dabert a été lauréate en 2014 du Festival impatience pour sa mise en scène d’Orphelins, de Dennis Kelly. Elle vient de monter avec les Comédiens-Français un Jean-Luc Lagarce très remarqué (J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne) et mettra en scène au prochain Festival d’Avignon Iphigénie, de Racine.
17h20
Monica Sabolo Après notamment Crans-Montana (2015), le magnétique Summer, son quatrième roman, paru en août dernier, a confirmé le singulier talent de Monica Sabolo à dépeindre les fragilités de l’adolescence, à ausculter les dérèglements familiaux, à mettre au jour les mensonges derrière les apparences.
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