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#Le prêtre lui répond:
lolochaponnay · 1 month
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C'est un prêtre qui a envie de se soulager. Il se précipite dans un bar et demande au barman: -Où sont vos toilettes s'il vous plaît ? -Vous prenez cette porte et c'est au bout du couloir. -D'accord, merci. Soudain, le barman le rappelle: -Attendez, mon père ! -Qu'est-ce qu'il y a ? -J'ai oublié de vous dire que dans le couloir se trouve la statue d'une femme dont le vagin, si je puis me permettre le mot, est caché par une feuille de vigne. J'ai peur que cela vous gêne. Le prêtre lui répond: -Oh, ça ? Vous savez tant que c'est caché tout va bien. Et même si ça ne l'était pas, j'aurais réussi à prendre sur moi. Il prend donc la porte et revient 3 minutes plus tard. À peine a-t-il ouvert la porte que tous les clients l'applaudissent en scandant des: "Bravo ! Il est des notres ! etc..." Le prêtre se tourne alors vers le barman: -Je ne vois en quoi aller aux toilettes est un évènement ! Le barman lui dit: -Ils veulent parler de la statue. Le prêtre lui demande: -Et bien quoi la statue ? Et le barman lui répond: -Quand on soulève la feuille de vigne, la lumière du bar s'éteins.
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swedesinstockholm · 1 year
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18 juin
je lui ai écrit, tant pis, j’en pouvais plus. j’ai voulu sortir me promener pour me changer les idées mais ça s’est révélé encore pire que de rester allongée sur le lit à regarder les arbres dehors. je rayonnais de l’énergie négative à des kilomètres à la ronde et j’avais envie de faire des doigts d’honneur à tout le monde. je suis en train de considérer l’éventualité qu’il me réponde pas et je sais pas comment réparer mon coeur, j’ai peur qu’il soit plus réparable, il a été cassé trop de fois, ça fait de trop petits morceaux maintenant. en arrivant devant le palais de justice je me suis dit et si je protégeais ce qu’il en restait et que je tombe plus amoureuse de personne? je sais pas pourquoi ça me semblait une idée envisageable sur le coup parce qu’évidemment que j’en serais totalement incapable, mon coeur est un tas de miettes mais ça l’empêche pas de carburer à plein régime, c’est une usine à aimer impossible à arrêter. j’essayais de me sentir réconfortée par les immenses colonnes au dessus de moi mais bof, j’avais surtout envie de monter sur la rambarde en pierre pour sauter tout en bas des marolles et arrêter la souffrance. j’écoutais kae tempest, prête à me faire écraser par une voiture en traversant la route/me faire agresser par un des types drogués qui trainaient derrière le palais de justice. j’ai acheté des perles moches à 1,40 euros pour me faire un chapelet-souvenir à accrocher à ma banane pour me rappeler, je sais pas, que je suis quelqu’un de fantastique et que j’arrête de me dévaloriser quand je rencontre des gens? mais ça me sert à quoi d’être fantastique si personne veut partager ma fantasticité avec moi?
sur la place où je mange des frites avec m. d’habitude je suis rentrée dans une église en espérant y grappiller un peu de réconfort et je suis tombée sur une messe en polonais. je crois que c’était du polonais. les gens se signaient tous en rentrant, puis la plupart se mettaient à genoux par terre, se signaient une deuxième fois, et allaient rejoindre les bancs. j’étais fascinée qu’autant de gens aussi divers, aussi variés en âge, aussi variés en tout, croient tous en ce même dieu, et qu’ils se plient tous à la même règle: se signer, se mettre à genoux par terre, se taire. je me suis appuyée contre le mur du fond et je suis restée une bonne demie heure à regarder les gens entrer, les touristes se faire recaler, le prêtre parler en polonais, j’imagine, une femme qui chantait, je restais parce qu’au moins impossible de checker mon téléphone, trop irrespectueux. quand la femme chantait je fermais les yeux et j’essayais de me laisser prendre au truc, mais ça marchait qu’à moitié. alors j’ai essayé de ressentir l’amour inconditionnel de jésus sensé me réconforter du non amour de mes semblables, mais bof ça marchait pas non plus. alors j’ai changé au dieu de whitehead, l’amour de l’univers qui devrait nous relier tous, puis au dieu du changement d’octavia butler, mais ça marchait pas du tout, qu’est-ce que j’en ai à faire de l’univers qui m’aime si r. qui fait partie de l’univers ne m’aime pas? god is change encore ça va parce qu’en gros ça dit this too shall pass, mais en attendant c’est la merde.
je viens d’entendre des rires et un bouchon de champagne sauter quelque part, j’arrive pas à croire qu’il y a des gens dehors qui mènent une vie légère et joyeuse, entourés de leurs amis. comme tous ces gens insupportables assis en terrasse que j’ai croisés sur mon chemin en remontant de la place flagey hier soir. en plus je venais de passer une soirée légère et joyeuse moi aussi, mais on m’a accordé cinq heures chrono en main, puis c’était le retour au drame. j’ai essayé de monter sur la lune comme cléo dans mon scénario, pour voir les choses avec du recul, mais même sur la lune j’entends chanter les anneaux de saturne qui m’attirent avec eux dans la mélancolie. elle est inéluctable.
19 juin
j’arrive pas à pleurer, ça m’énerve. j’en ai envie mais rien ne sort. j’ai l’impression que ça m’aiderait à évacuer ce gros bloc que j’ai dans le ventre qui alourdit le moindre de mes mouvements, tout est lourd, même quand je parle ça s’entend. je sais pas quoi faire, ça ressemble à la dépression mais une dépression que je connais pas, une dépression aigüe, avec une cause précise. c’est des émotions très primaires, c’est pur, c’est pas murky comme la dépression latente. j’espère qu’elle sera passagère et s’arrêtera jeudi matin, quand j’arriverai à berlin. ce voyage tombe comme une grâce des dieux. je me suis levée à 7h44 pour faire une machine, la vaisselle et mes bagages parce que je deviens folle à rester allongée sur ce lit mais je dois attendre la fin de la machine puis la fin du séchoir pour partir et ça me semble insurmontable. peut être que je devrais passer chez schleiper pour acheter un nouveau journal avant de partir. j’avais décidé d’arrêter un peu parce que j’avais l’impression que mon écriture compulsive avait participé au montage en épingle de cette histoire, que si j’avais pas autant écrit dessus, ça aurait pris moins de place et je serais tombée de moins haut. mais en même temps tout est là, dans ma tête, que je l’écrive ou non, et si je l’écrivais pas j’ai l’impression que je deviendrais encore plus folle. 
non mais quand même, c’est incroyable la cruauté de la vie, je viens de penser à un moment de notre promenade où je lui ai parlé de mon journal et ç’a activé une douleur dans mon ventre alors j’ai vite essayé de la refouler et de l’oublier, pour une fois que je passais une bonne soirée, pas seule, avec un garçon gentil, doux et drôle et qu’on avait plein de choses à se dire, je dois l’effacer de ma mémoire à jamais sous peine de mourir de chagrin. unbelievable. il va y en avoir beaucoup des unbelievable encore cette année ou ça va se calmer? mais peut être que c’est ça la vie? par rapport à la non vie dans le trou je veux dire. je sais pas. je sens la douleur dans tout mon corps. c’est même pas une douleur, c’est plutôt une substance fantomatique qui me traverse et qui me donne envie de m’évaporer, de m’écrouler sur moi-même comme une étoile en fin de vie et de disparaître, mélangé à une légère envie de vomir. ce matin en me réveillant je pensais à marissa de newport beach quand elle jette la chaise longue dans la piscine en hurlant de rage. j’avais envie de faire pareil. je me sentais comme le singe qui souffre tellement de sa solitude affective qu’il devient violent et qu’il déchire des pneus de camion dans le livre d’éric chevillard que je lisais au wc tout à l’heure. ça m’a fait penser à violette leduc qui s’en prenait aux meubles de son appartement. j’ai considéré l’idée de jeter mon téléphone par la fenêtre hier soir mais comment je fais pour partir à berlin sans mon téléphone? pendant que j’étais allongée sur le lit à regarder le plafond en essayant de pleurer j’ai commencé à composer un nouveau couplet pour ma deuxième chanson dédiée à rebeka w. je pensais qu’il voulait me draguer mais il voulait juste faire le tour du quartier. j’ai envie de la poster sur ig et qu’on en rigole et que j’arrive à me remettre de mon envie de me blottir dans ses bras et de l’embrasser avec fougue le plus vite possible.
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christophe76460 · 12 days
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ANYIGBA NYUI
Samedi, 14 septembre 2024
"Comment dirais-tu: Je ne me suis point souillée, Je ne suis point allée après les Baals? Regarde tes pas dans la vallée, Reconnais ce que tu as fait, Dromadaire à la course légère et vagabonde!"
Jérémie 2, 23 (LSG)
Avoue tes péchés au Seigneur et demande-Lui pardon
D'après le passage du jour, Israël qui a abandonné l'Éternel et s'est adonné à l'idolâtrie, est comparé à une épouse qui se sépare de son époux et se livre à la prostitution. Mais chose étonnant, le peuple de Dieu considère cette séparation d'avec l'Éternel, comme une libération du joug et du lien qui l'unissaient à Dieu. Alors, comme une jeune chamelle qui court dans tous les sens, comme une ânesse sauvage sans contrainte qui s'adonne à coeur joie à ses désirs, le peuple de Dieu, Israël s'est enfoncé dans le mal, délaissant l'Éternel. Ainsi, l'excellente vigne a perdu toute sa qualité.
Mais par amour, l'Éternel avertit son peuple : "Attention, Israël! En courant si vite tu vas te blesser les pieds, tu vas te dessécher le gosier!” Mais il répond : “Inutile d'insister, j'aime les dieux étrangers, il faut que j'aille avec eux.” (verset 25). Il dit à une idole de bois: “C'est toi qui es mon père!” et à une statue de pierre: “C'est toi qui m'as mis au monde!” Alors l'Éternel le prévient : "Seulement, un de ces jours, vous, les gens d'Israël, peuple, rois et ministres, prêtres et prophètes, serez aussi honteux qu'un voleur quand il est surpris" (verset 26).
Cher(e) ami(e), Israël, au lieu de reconnaître sa faute et revenir à Dieu, a persisté dans le mal. Ainsi, il assumera tout seul les conséquences : quand tout ira mal pour lui, même s'il appelle au secours Dieu en disant: “Viens me sauver!”; Dieu lui répondra: “Où sont donc les dieux que tu t'es fabriqués ? Qu'ils viennent te sauver, s'ils le peuvent (versets 27&28).
Bien-aimé(e), nous sommes des pécheurs (Romains 3, 23) et c'est la grâce de Dieu qui nous sauve (Ephésiens 2, 5). Dans le processus du salut, Dieu veut que l'Homme reconnaisse son état de pécheur. Il déclare à Israël : "Reconnais seulement ton iniquité, Reconnais que tu as été infidèle à l’Éternel, [...]" (Jérémie 3, 13). De plus, Dieu est conscient de la vulnérabilité de l'Homme face au péché et Il en a compassion. "Il ne nous a pas punis comme nous l'aurions mérité, il ne nous a pas fait payer le prix de nos fautes.[...] Il sait bien, lui, de quoi nous sommes faits: d'un peu de poussière, il ne l'oublie pas" (Psaumes 103, 10&14). Et Dieu désire pardonner tous tes péchés aujourd'hui, reviens donc à lui de tout ton cœur. Confesse-Lui tes transgressions et reçois son pardon (Romains 10, 9&10).
Amen!
Exhortation: Avoue tes péchés au Seigneur et demande-lui pardon
Texte du jour : Jérémie 2, 20-29
Xolali AKLIGO
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ondessiderales · 2 months
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Who killed U.N.Owen ?
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Who killed U.N.Owen ? (Qui a tué A.N. O'Nyme ?)
Dans un château sombre A lieu une tea party dont je suis la seule invitée Petit oiseau dans la cage Ne veux-tu pas danser avec moi ?
Sans plus attendre Frappons nos mains Un carnaval secret sans fin
Kagome*, kagome, veux-tu un bonbon ? Une pilule rouge ou une pilule bleue ? A la maison des bonbons, il n'y a pas de sortie D'une voix emplie de sérieux, voici ce que je murmure…
Miroir, ô mon beau miroir Dis-moi qui est la plus vilaine ? "C'est toi !" Répond mon reflet en s'esclaffant
Je suis toi Et toi, qui es-tu ?
Scintillant en se brisant, à qui appartient ce sourire ?
Tu es moi Et moi, qui suis-je ?
Planté en plein dans mon cœur... L'égoïsme
Lalala… Que cela reste notre petit secret… Lalala… La fin du début.
Où est le cadeau que tu m'as laissé ? Où ? Où ? Où donc ? La chaussette reste désespéramment vide
Qui sera le tueur ? Qui criera ? Qui sonnera La cloche ?
C'est moi ! Une voix résonne dans l'air…
Une table ronde encercle un pauvre rouge-gorge Doucement, je l'ai embrassé Élevé très haut Pressé Fait gicler Et un sourire de jubilation a illuminé mon visage
Creux et sculpté comme une Jack-o'-lantern Entourée de mannequins Il n'y a pas de place pour danser !
Toi et moi, piégés dans cette cage Toi et moi, dépareillés (incohérents)
Alors que leur clé s'arrête de tourner Les automates ont cessé leur danse Tourmenté par les mensonges et la réalité (par une réalité vide de sens) "Et soudain il n'en restait plus"*
Dans ce monde cruel Ne veux-tu pas danser avec moi ? Rouge-gorge (Cock robin*) qui faisait semblant d'être en vie Dans le château de bonbons Une sorcière brisée se tient seule
Tu es moi Et toi, qui es-tu ?
Un tapis rouge s'étend et recouvre les murs
Je suis toi Et toi, qui es-tu ?
J'en ai assez de jouer avec des marionnettes
Je suis moi Et toi, qui es-tu ?
Les Jack-o'-lantern scintillent au clair de lune
Je suis moi Et toi, tu me gènes.
Qui sera mon prochain compagnon de jeu ?
Dansons ?
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Kagome Kagome : célèbre jeu d'enfants japonais.
« Un enfant est choisi en tant que oni (littéralement « démon » ou « ogre »). Il s'assoit avec les yeux fermés ou couverts pendant que les autres enfants se prennent par la main et marchent autour de lui en chantant la chanson allant avec le jeu. Quand la chanson est finie, le oni dit le nom de la personne derrière lui ; s'il a le nom correct, cette personne devient le oni à son tour.
Traduction française
Kagome Kagome, l'oiseau dans sa cage, Quand vas-tu sortir ? Au soir de l'aube, la grue et la tortue ont glissé. Qui est derrière vous maintenant ?
Parfois les dernières strophes sont traduites littéralement, ce qui donne :
Aux aubes et aux soirs, Qui est devant le dos, Où la grue et la tortue ont glissé et sont tombés ?
Le dos évoque la personne derrière le dos de l'enfant qui joue l'oni. »
Cette comptine, mystérieuse et ambiguë, est l'objet de nombreuses théories et interprétations.
Pour en savoir plus : https://en.wikipedia.org/wiki/Kagome_Kagome#Meaning
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Cock robin : référence à une comptine anglaise du XVIIe siècle
The Death and Burial of Poor Cock Robin (littéralement « La mort et l'enterrement du Rouge-Gorge »), plus communément connue sous le nom de Who Killed Cock Robin? (littéralement « Qui a tué le Rouge-Gorge ? »), est une comptine anglaise du XVIIe siècle , souvent utilisée comme un archétype du meurtre.
Traduction française
Qui a tué le Rouge-Gorge ? Moi, a dit le moineau, Avec mon arc et ma flèche, J'ai tué le Rouge-Gorge. Qui l'a vu mourir ? Moi, a dit la mouche, avec mes petits yeux, je l'ai vu mourir. Qui a recueilli son sang ? Moi, a dit le poisson, Avec ma petite cuvette, J'ai attrapé son sang. Qui va l'envelopper ? Moi, a dit le scarabée, Avec mon fil et mon aiguille, Je ferai le linceul. Qui l'enterrera ? Moi, a dit le hibou, Avec ma petite truelle, Je creuserai sa tombe. Qui sera le pasteur ? Moi, a dit le corbeau, Avec mon petit livre, Je serai le pasteur. Qui sera le prêtre ? Moi, a dit l'alouette, Si ce n'est pas dans le noir, Je serai le prêtre. Qui portera le joug ? Moi, a dit la linotte, Je le prendrai dans une minute, Je porterai le joug. Qui sera le chef de deuil ? Moi, a dit la colombe, Je pleure pour mon amour, Je serai le chef de deuil. Qui portera le cercueil ? Moi, a dit le milan, Si ce n'est pas pendant la nuit, Je porterai le cercueil. Qui portera le voile ? Moi, a dit le roitelet, Avec le coq et la poule, Je porterai le voile. Qui chantera un psaume ? Moi, a dit la grive, S'asseyant sur un buisson, Je chanterai un psaume. Qui sonnera les cloches ? Moi, a dit le taureau, Je sais tirer, Je sonnerai les cloches. Tous les oiseaux du ciel, Tombés de sanglots et de soupirs Ayant entendu les cloches sonner Pour le pauvre Rouge-Gorge.
Là encore, il existe de nombreuses théories et interprétations de la comptine. Pour en savoir plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Death_and_Burial_of_Poor_Cock_Robin#Origine
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U.N.Owen : référence au roman Ils étaient dix (Dix Petits Nègres) d'Agatha Christie
« Dans ce roman, dix personnes apparemment sans lien entre elles sont invitées à se rendre sur une île. Bien qu'elles soient seules à se trouver sur ce lieu, elles sont assassinées les unes après les autres, à chaque fois d'une façon qui rappelle les couplets d'une comptine. En effet, les invités découvrent à leur arrivée une mystérieuse comptine affichée dans chaque chambre contant l'histoire de dix petits nègres, qui meurent les uns après les autres.
Dans la version originale et la traduction française du roman, le nom de l’hôte mystérieux est U.N. Owen, rappelant le mot unknown signifiant « inconnu ». Dans certaines adaptations en français comme la pièce de théâtre, ce nom a été changé en A.N. O'Nyme. »
(SPOILER)
"Et soudain il n'en restait plus" : célèbre phrase du livre, au moment où les dix petits nègres sont tous morts.
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blogdimanche · 6 months
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Extraits de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ selon Saint Marc : Mc 15, 1…39
 
« 1 Dès le matin, les grands prêtres convoquèrent les anciens et les scribes, et tout le Conseil suprême. Puis, après avoir ligoté Jésus, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate.
2 Celui-ci l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui le dis. »
3 Les grands prêtres multipliaient contre lui les accusations.
4 Pilate lui demanda à nouveau : « Tu ne réponds rien ? Vois toutes les accusations qu’ils portent contre toi. » 5 Mais Jésus ne répondit plus rien, si bien que Pilate fut étonné. (…)
16 Les soldats l’emmenèrent à l’intérieur du palais, c’est-à-dire dans le Prétoire. Alors ils rassemblent toute la garde,
17 ils le revêtent de pourpre, et lui posent sur la tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée.
18 Puis ils se mirent à lui faire des salutations, en disant : « Salut, roi des Juifs »
19 Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et s’agenouillaient pour lui rendre hommage.
20 Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau de pourpre, et lui remirent ses vêtements. Puis, de là, ils l’emmenèrent pour le crucifier,
21 et ils réquisitionnent, pour porter sa croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs.
22 Et ils amènent Jésus au lieu dit Golgotha, ce qui se traduit Lieu-du-Crâne (ou Calvaire).
23 Ils lui donnaient du vin aromatisé de myrrhe ; mais il n’en prit pas.
24 Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun.
25 C’était la troisième heure (c’est-à-dire neuf heures du matin) lorsqu’on le crucifia.
26 L’inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots : « Le roi des Juifs ». (…)
39 Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, s’écria :
« Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! »
(Texte biblique tiré de « La Bible — traduction officielle liturgique — AELF »)
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(Illustration du site Apprenez-nous à prier)
Commentaire Mc 15,39
« Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! » (Mc 15,39) Tout d’abord, on notera deux particularités de la Passion chez Marc : la solitude de Jésus et son silence. La solitude de Jésus : dans la Passion selon Saint Marc, Jésus est particulièrement seul ; après le reniement de Pierre, Marc ne note plus aucune présence amicale à ses côtés ; les femmes sont citées, mais seulement après sa mort. Quant à son silence, il est impressionnant : quelques mots seulement au procès, et ensuite, note Marc, « Jésus ne répondit plus rien ». Et Pilate lui-même s’en étonne : « Pilate l’interrogeait de nouveau : Tu ne réponds rien ? Vois toutes les accusations qu’ils portent contre toi. Mais Jésus ne répondit plus rien, de sorte que Pilate était étonné. » (Mc 15,4-5) Puis, sur la croix une seule parole : « Eloï, Eloï, lama sabactani ? » Interprétés par un soldat romain, ces mots sonnent comme un cri de désespoir ; mais un Juif ne s’y serait pas trompé : ce sont les premiers d’un chant de victoire ; puisque, le psaume 21/22, celui-ci n’est aucunement un cri de désespoir, ni même de doute ! Reconnu comme le Messie, c’est-à-dire le roi d’Israël, le libérateur, le sauveur par ses disciples et toute une foule enthousiaste, il est liquidé rapidement après un procès monté de toutes pièces. Il s’est laissé faire dans le triomphe, il se laisse faire plus encore dans la persécution. Ce faisant, il garde encore le secret qu’il a gardé toute sa vie ; c’est seulement après sa Résurrection que ses disciples pourront enfin comprendre. Il semble bien que cette sobriété du récit de Marc vise à faire ressortir deux aspects du mystère de Jésus : Messie-Roi et Messie-Prêtre. Messie-Roi : que ce soit sous forme de question, de dérision, d’affirmation, la royauté du Christ est bien au centre du récit. La première question que Pilate pose à cet homme qu’on lui amène, ligoté, c’est « Es-tu le roi des Juifs ? » Dans la suite, Pilate donne deux fois ce titre à Jésus « Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? » (v. 9) et « Que ferai-je donc de celui que vous appelez le roi des Juifs ? » (v. 12). Suit la parodie des soldats, le manteau, la couronne et les acclamations « Salut, roi des Juifs ! » (15,18). Et puis, cet écriteau en haut de la croix, mal intentionné peut-être, mais qui annonce quand même à tous les passants « celui-ci est le roi des Juifs » (15,26). Même les grands prêtres et les scribes en se moquant lui donnent ce titre : « Il en a sauvé d’autres, et il n’est pas capable de se sauver lui-même ! Le Messie, le roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix. » (15,32). Deuxième aspect du mystère de Jésus mis en lumière par le récit de Marc, il est le Messie-Prêtre : il y avait des grands prêtres en exercice et ce sont eux qui ont joué le premier rôle dans la condamnation et la mort de Jésus. Pilate lui-même n’est pas dupe, puisque Marc précise : « Pilate voyait bien que les grands prêtres l’avaient livré par jalousie. » (Mc 15,10). Mais le vrai prêtre, le Messie-prêtre qu’on attendait, c’est lui. Car Marc est le seul avec Jean à parler de pourpre pour le vêtement remis à Jésus pour se moquer de lui. Or la pourpre était la couleur des vêtements des rois et des grands prêtres. Suprême dérision : ceux qui portaient cette pourpre passeront à côté de la vérité. C’est d’un païen que vient la première profession de foi : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! » (Note du P. Mario Doyle, C.Ss.R. : Ce commentaire reproduit largement celui d’une bibliste bien connue des catholiques de France : Marie Noëlle Thabut)
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amicidomenicani · 1 year
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Question  Cher Père Angel,  C'est encore moi… ce garçon de quinze ans qui a commencé à réciter le chapelet.  Père, cette fois je ne vous parle pas et  je ne demande pas non plus de l'aide pour moi… mais pour un ami et camarade de classe au lycée.  Je vous parle de cette "amitié"..si on peut l'appeler ainsi…Nous nous sommes rencontrés au lycée…il est athée..et il dit qu'il est communiste..en vérité il est baptisé, et il a aussi reçu la Sainte Communion quand il était enfant… même s'il a avoué qu'il l'avait fait à contrecœur… maintenant… lui et moi avons fait face à divers conflits théologiques .. politiques et sociaux pendant l'année scolaire… je suis catholique… et il est un athée ... j'ai tout de suite voulu démontrer que je possédais la vérité… de l'autre côté… il pense que c'est lui à la connaître… alors qu'avant je voulais qu'il se convertisse au catholicisme, probablement uniquement pour faire triompher l'Église et le christianisme,… maintenant, plutôt ..à la fin de l'année scolaire,…..Je veux qu'il se convertisse pour qu'il mérite le salut…et qu'un jour nous puissions contempler Dieu ensemble…maintenant, comme vous le savez, j'ai commencé à réciter le chapelet et pendant la récitation je prie aussi pour sa conversion… Aujourd'hui, je le contacte et lui demande s'il s'est peut-être converti... comme ça... sachant qu'il ne l'a pas fait... mais en gardant toujours un peu d'espoir... il me répond que peut-être il croit en peu, mais…que si Dieu existait, il serait un méchant... disant que Dieu ne nous aime pas s'il existe... vraiment il a aussi soutenu cette thèse pendant l'année... mais il n'a jamais dit qu'il croyait ... maintenant que dois-je lui dire ... pour lui faire comprendre que Dieu n'est pas le mal ... mais Il est amour ... que dois-je lui dire pour lui faire comprendre que notre dieu est venu mourir pour nous... par amour... que dois-je lui dire pour le faire changer d'avis et favoriser sa conversion d'athée,ou de croyant découragé,à chrétien, à celui qui est mon frère en Christ ?  Père, souvenez -vous de moi dans vos prières.  Publiez cette lettre… avec la réponse relative… sur le site Web des amis dominicains… mais s'il vous plaît, pourrais-je l'avoir également en privé par e-mail. La réponse du prêtre  Très cher,  il y a trois façons de ramener votre compagnon au Christ.  1. Le premier est la prière.  Jésus a dit : « En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5).  Il est l'auteur et le perfectionneur de toute conversion.  Nous pouvons parler aux oreilles de notre prochain aussi longtemps que nous le voulons, mais si le Seigneur n'arrive pas à rejoindre son cœur de l'intérieur, notre parole reste sans effet.  C'est le premier et irremplaçable travail.  Alexis Carrel, prix Nobel de médecine, athée convaincu et converti à Lourdes à la suite d'un miracle étonnant, disait que si nous connaissions le pouvoir de la prière nous resterions toujours à genoux.  Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus en a illustré l'efficacité par ces mots : « Qu'elle est grande la puissance de la prière !  On pourrait la considérer comme une reine qui a libre accès à tout moment au roi et peut obtenir tout ce qu'elle demande" (Storia di un'anima 317).  2. La deuxième voie est celle du sacrifice.  Bien sûr, avant tout le Saint Sacrifice de la Messe, qui perpétue sur notre autel le sacrifice du Christ, avec tout son pouvoir salvifique de rédemption.  Mais nos sacrifices servent aussi à ouvrir la porte au sacrifice du Christ et à lui permettre d'exprimer sa puissance salvatrice dans les âmes.  A ce propos, j'aime aussi rapporter un autre témoignage de Sainte Thérèse : "Ah, la prière et le sacrifice forment toute ma force, ce sont les armes invincibles que Jésus m'a données, elles touchent les âmes bien plus que les discours, j'en ai souvent fait l'expérience" ( Histoire d'une âme 315).  Je pense aussi au Saint-Père Dominique quand un jour il allait prêcher avec des
frères.  Ne connaissant pas le chemin, il fit une demande à quelqu'un.  C'était un hérétique.  Et il dit à San Domenico : « Je vais te montrer le chemin ;  en effet, je vous conduis moi-même ».  Il fit passer ces frères, qui étaient pieds nus, parmi les ronces et les épines.  Alors leurs pieds étaient tous endoloris et ensanglantés.  Alors saint Dominique, plein d'espérance, dit aux frères : « Courage, la victoire sera à nous car nous avons expié nos péchés par le sang ». Ils avaient expié leurs péchés et en même temps ceux du le peuple à qui ils donneraient leur prédication  Cette deuxième voie est aussi absolument nécessaire. 3. Et avec l'enseignement de saint Paul… sans personne pour l'annoncer ?  Et comment l'annonceront-ils, s'ils n'ont pas été envoyés ?  Comme il est écrit : « Qu'ils sont beaux les pieds de ceux qui apportent de bonnes nouvelles !  (Rom 10:14-15).  Et "la foi vient de l'écoute, et l'écoute concerne la parole du Christ" (Rom 10:17).  Dans ce cas, le contenu de votre prédication concerne l'amour de Dieu.  Il suffirait de faire remarquer à votre ami que l'amour de Dieu pour lui se manifeste d'abord dans tout ce qu'il lui a donné : le corps, avec son fonctionnement, avec la perfection de ses cellules différenciées et de ses membres.  Il lui a donné l'âme qui lui permet d'être vivant, de penser, d'aimer.  Mais il l'a aussi donné à travers toutes les créatures qui l'entourent, à commencer par l'air qu'il respire, le soleil qui l'éclaire et le réchauffe, les fruits de la terre qui lui permettent de subvenir à ses besoins.  Comment ne pas se sentir entouré de l'amour du Seigneur ?  « La terre est pleine de l'amour du Seigneur » (Ps 33, 5).  C'est pourquoi saint Augustin a dit : « Le ciel et la terre et toutes les créatures qui sont en eux partout me disent qu'ils t'aiment et ils ne cessent de le dire à tout le monde afin qu'ils soient « sans excuse » (Rm 1, 20) » (Confessions , X ,6,8).  "Sans excuse" car à la bonté des créatures ils n'ont pas su reconnaître la bonté du Créateur.  Mais saint Paul l'avait dit avant lui : « Ils sont donc inexcusables » (Rm 1, 21). 4. J'aime me souvenir de saint François d'Assise qui s'extasiait en contemplant la bonté et la préciosité des créatures, un don très pur du Seigneur : Sois loué, mon Seigneur Avec tes créatures, Surtout notre frère le Soleil Et sa lumière. Grâce à lui, tu nous illumines, Pour que la beauté et la splendeur Nous apporte un signe de toi, Seigneur très haut. Sois loué, mon Seigneur, Pour nos sœurs la Lune et les étoiles, Que tu as créées dans les cieux, Justes et belles. Sois loué pour notre frère le vent, L'air, les nuages, et le mauvais temps Qui donnent la subsistance à tes créatures. Sois loué, mon Seigneur Pour notre sœur l'Eau, Elle est chaste, très utile E precieuse. Sois loué pour notre frère le feu Qui éclaire la nuit pour nous, Et il est beau, plein de charme, Robuste et fort. Sois loué, mon Seigneur, Pour notre mère la Terre, Pour elle qui nous nourrit Et nous gouverne.  Sois loué, mon Seigneur, Elle produit des fruits divers, des fleurs multicolores, Et des herbes vertes…….   5. Par saint Thomas, on peut comprendre l'amour de Dieu à partir de la bonté qu'il a placée dans les créatures.  Voici son raisonnement : "La volonté de Dieu est la cause de tout : par conséquent tout être existe pour sa volonté et reçoit par lui tous les  biens.  Donc, puisque aimer signifie souhaiter du bien à quelqu'un, il est évident que Dieu aime toutes les choses existantes.  Mais Dieu n'aime pas comme nous.  En effet, notre volonté ne cause pas le bien qui se trouve dans les choses ;  au contraire, il est mû par lui comme par son objet ;  et donc notre amour avec lequel nous faisons du bien à quelqu'un, n'est pas la cause de sa bonté, mais plutôt sa bonté, réell
e ou supposée, provoque l'amour, qui nous pousse à vouloir que le bien qu'il possède lui soit gardé et vous achetez ce que vous n'avez pas : et nous travaillons à cette fin.  L'amour de Dieu, au contraire, instille et crée la bonté dans les choses" (Summa theologica, I, 20, 2).  6. Qui sait si votre ami comprendra ces choses ?  Mais pour qu'il soit disposé à comprendre sans idées préconçues et avec un esprit clair, il faut prépare le terrain par la prière et le sacrifice.  Je me joins à votre engagement, je vous rappelle au Seigneur et je vous bénis.  Père Angelo.
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yes-bernie-stuff · 1 year
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Leçons De Lépreux (3)
“Il leur dit : Allez vous montrer aux prêtres. Pendant qu’ils y allaient, ils furent purifiés…” Lc 17. 14
lls étaient dix lépreux, neuf juifs et un samaritain, qui se trouvèrent un jour sur le chemin de Jésus. En chœur ils implorèrent le Seigneur de les guérir. Remarquez qu’ils restèrent à bonne distance, respectueux des règles les concernant. Leur foi était assez forte pour les convaincre que Jésus n’avait pas besoin de les toucher pour les délivrer de leur maladie infamante. Jésus ne leur dit pas qu’ils seraient guéris, mais seulement “Allez vous présenter aux prêtres…” (v. 14). C’est sur le chemin qu’ils découvrirent soudain qu’ils avaient été purifiés de leur lèpre. Parfois Dieu répond à nos prières de manière instantanée, mais le plus souvent nous devons faire preuve de patience avant de voir Sa réponse. Peut-être ont-il été guéris cent mètres après avoir quitté Jésus, ou peut-être plusieurs kilomètres après. Dieu décide, pas nous. Pourquoi leur dire d’aller se montrer aux prêtres ? Parce que telle était la loi mosaïque si un lépreux voulait réintégrer sa communauté. Le prêtre seul pouvait le déclarer pur dorénavant. Jésus accomplissait ainsi la loi, au lieu de l’abolir. Même si des règles vous sont imposées, sachez que Dieu est capable de vous libérer, sans que vous ayez à lutter contre ces règles par des moyens humains. Ne vous souciez pas de ce que peuvent penser ou dire les autres, même ceux qui se disent chrétiens vertueux. Jésus était prêt à toucher les infirmes, les aveugles, les handicapés, les pauvres et les émigrés, ou les gens que la société méprisait, comme Zacchée ou Matthieu. Jésus ne rejetait que les hypocrites et les religieux qui s’arrogeaient le droit de juger les autres. Il déclara : “celui qui vient à Moi, Je ne le rejetterai pas” (Jn 6. 37). Quel que soit votre passé ou votre présent, vous pouvez vous approcher de Lui pour être purifié et justifié. Il ne Se refuse pas à celui qui frappe à Sa porte. Seulement n’oubliez pas de Lui exprimer votre reconnaissance et de Le louer pour ce qu’Il a fait et pour ce qu’Il est prêt à continuer à faire pour vous. En fait, commencez et terminez chacune de vos journée en Le louant et en L’adorant !
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egliseherault · 2 years
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Es-tu celui qui vient ?
Mt 11, 2-11 3ième Avt 11.12.22 St Tho Mpl
Par rapport à ce magnifique passage de l'Évangile selon Matthieu, je vais m'arrêter sur la question de Jean le Baptiseur, en second lieu sur la réponse de Jésus et enfin sur les mots du Christ à propos du Baptiste.
D'abord, donc, les paroles de Jean : « es tu celui qui vient, ou faut-il attendre un autre ? » (chapitre 11, verset 3). La question de l'espérance messianique à l'époque de Jésus est très complexe. L'homme de Nazareth a « incarné » - c'est le cas de le dire – certaines attentes qui existaient dans le cœur du peuple d'Israël, mais il a refusé d'être Messie au sens politique. En tout cas, il semble que Jean attendait, en quelque sorte comme une seconde étape suivant sa propre prédication, la venue d'une personnalité qu'il désignait comme « le plus fort » (Marc, chapitre 1, verset 7) ou comme Celui qui doit venir. Et du fond de sa prison, il était encore plein de questions.
Et quelle est la réaction de Jésus ? Il ne répond pas directement à la question. Il ne se complaît jamais à parler de lui-même ; il invite à voir les signes pour les aveugles, les boiteux, les lépreux, les sourds, les morts. Il y a là comme un crescendo ; et plus inouï encore que la résurrection, les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle ! Chers amis, vous le savez, ce qui peut avant tout parler aujourd'hui de Noël et de la venue toujours d'actualité du Christ, c'est que nous annoncions une Joyeuse Nouvelle en étant solidaires et fraternels avec les personnes migrantes, avec les ouvriers exploités et les personnes privées d'emploi qui risquent de voir leur situation se dégrader encore, avec les personnes démunies de notre société, qui pourtant est toujours d'abondance pour beaucoup. Ce n'est pas nous qui bâtissons tout seuls le Règne de Dieu avec nos agitations et nos idéologies, mais nous entrons déjà dans le Royaume et dans la vie plus forte que la mort lorsque nous laissons Celui qui vient transformer concrètement nos vies.
Et que dit Jésus sur Jean ? Son propos est d'abord polémique envers celui qui a fait emprisonner son ami. « L'homme vêtu d'habits délicats » est une allusion à Hérode Antipas et le « roseau agité par le vent » en est une aux monnaies que celui-ci avait fait frapper. A l'inverse de Jean, qui parlait d'un Dieu sévère, le Christ n'a cessé d'annoncer la miséricorde. Mais il admirait le Baptiseur, « plus qu'un prophète » et « le plus grand parmi les enfants des femmes ». Jésus était fasciné par la radicalité de cet homme de feu, un prêtre défroqué qui crie dans le désert ! Jean nous aide à demeurer dans l'essentiel : Dieu et son Royaume qui vient. Tout le reste doit être relativisé : le Temple, l'institution ecclésiale avec ses grandeurs et ses misères. Une seule chose est urgente et décisive : nous convertir à l'Évangile.
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17anstoujours · 3 years
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Récit de l’exécution de R. Brasillach par Me Jacques Isorni
A 8 heures 30, devant les grilles du Palais de Justice, se forme le cortège des six voitures noires qui doivent conduire à Fresnes les personnes requises par la loi et l’usage pour l’exécution. Tout le long du parcours un important service d’ordre constitué par des gardiens de la paix armés de mitraillettes. Aux abords de Fresnes, le service d’ordre est beaucoup plus dense. Dans l’allée de la prison des gardes mobiles font la haie. Nous attendons quelques instants avec les différentes personnalités devant la grille d’accès au grand couloir qui mène à la détention.
A 9 heures juste, nous nous rendons, suivis d’un peloton de gardes mobiles, à la division des condamnés à mort. Le commissaire du gouvernement François ouvre la porte de la cellule de Robert Brasillach et lui annonce d’une voix sèche que son recours en grâce a été rejeté.
Je pénètre à ce moment dans sa cellule avec Maître Mireille Noël et l’aumônier. Robert Brasillach nous embrasse tous les trois. Puis il demande à rester seul avec l’aumônier. Deux gardiens viennent lui retirer ses chaînes. Après sa confession et quelques minutes d’entretien avec le prêtre il me fait appeler ainsi que Mademoiselle Noël. Il me donne alors ses dernières lettres qu’il a préparées pour sa mère, pour sa famille, pour ses amis, pour Mademoiselle Noël et pour moi-même.
Il me donne également les manuscrits des poèmes écrits en prison et une feuille contenant quelques lignes avec ce titre : « La mort en face ». De temps en temps il me regarde avec un bon sourire d’enfant. Il avait compris, dès hier, que ce serait pour ce matin.
« Vous savez, me dit-il, j’ai parfaitement dormi ! »
Comme il doit revêtir son costume civil à la place du costume du condamné à mort qu’il porte, Mademoiselle Noël se retire et je demeure seul avec lui.
« Oui, restez près de moi », me dit-il.
Il me montre la photographie de sa mère et celle de ses deux neveux.
Il les met dans son portefeuille et m’exprime le désir de mourir avec ces photographies sur son cœur. A ce moment, il a une légère défaillance, il pousse un soupir, et des larmes coulent de ses yeux. Il se tourne vers moi et dit, comme s’il voulait s’excuser : « C’est un peu naturel. Tout à l’heure je ne manquerai pas de courage. Rassurez-vous ».
Il s’habille alors tranquillement, avec beaucoup de soin, refait la raie de ses cheveux devant sa petite glace, puis, songeant à tout, retire d’une miche de pain un petit canif et une paire de ciseaux qu’il y avait dissimulées et qu’il me remet. Il m’explique : « pour que personne n’ait d’ennuis ».
Il range ses affaires personnelles dans un grand sac. A ce moment, il a soif. Il boit un peu d’eau dans sa gamelle. Puis il achève sa toilette. Il a le pardessus bleu qu’il portait au procès. Autour de son cou il a passé un foulard de laine rouge.
Il demande à s’entretenir avec Monsieur le Commissaire du Gouvernement Reboul.
Celui-ci s’avance. Il est raidi par l’émotion, le visage tourmenté, d’une grande pâleur.
D’une voix sourde, Brasillach lui fait alors la déclaration suivante :
« Je ne vous en veux pas, Monsieur Reboul, je sais que vous croyez avoir agi selon votre devoir ; mais je tiens à vous dire que je n’ai songé, moi, qu’à servir ma patrie. Je sais que vous êtes chrétien comme moi. C’est Dieu seul qui nous jugera. Puis-je vous demander un service ? »
Monsieur Reboul s’incline. Robert Brasillach continue : « Ma famille a été très éprouvée, mon beau-frère est en prison, sans raison, depuis six mois. Ma sœur a besoin de lui. Je vous demande de faire tout ce que vous pourrez pour qu’il soit libéré. Il a été aussi le compagnon de toute ma jeunesse ».
Le commissaire du Gouvernement lui répond : « Je vous le promets ».
Robert Brasillach lui dit pour terminer : « Consentirez-vous, Monsieur Reboul, à me serrer la main ? »
Le commissaire du Gouvernement la lui serre longuement.
Robert Brasillach m’embrasse une fois encore. Il embrasse également Maître Mireille Noël qui vient de rentrer et lui dit : « Ayez du courage et restez près de ma pauvre sœur ».
Il est prêt. Il ouvre lui-même la porte de sa cellule. Il s’avance au devant des personnalités qui attendent et leur dit : « Messieurs, je suis à vos ordres ».
Deux gardes mobiles se dirigent vers lui et lui passent les menottes. Nous gagnons le grand couloir de la sortie. En passant devant une cellule, d’une voix claire, Robert Brasillach crie : « Au revoir Béraud ! » et, quelques mètres plus loin : « Au revoir Lucien Combelle ! ».
Sa voix résonne sous la voûte, au-dessus du bruit des pas.
Lorsque nous arrivons à la petite cour où attend la voiture cellulaire, il se retourne vers Mademoiselle Noël et lui baise la main en lui disant : « Je vous confie Suzanne et ses deux petits ». Il rajoute : « C’est aujourd’hui le 6 février, vous penserez à moi et vous penserez aussi aux autres qui sont morts, le même jour, il y a onze ans ».
Je monte avec lui dans la voiture qui va nous conduire au fort de Montrouge. Il s’est assis, impassible, en me prenant la main. A partir de ce moment, il ne parlera plus.
Le poteau est dressé au pied d’une butte de gazon. Le peloton, qui comprend 12 hommes et un sous-officier, nous tourne le dos. Robert Brasillach m’embrasse en me tapotant sur l’épaule en signe d’encouragement. Un sourire pur illumine son visage et son regard n’est pas malheureux. Puis, très calme, très à l’aise, sans le moindre tressaillement, il se dirige vers le poteau. Je me suis un peu détaché du groupe officiel. Il s’est retourné, adossé au poteau. Il me regarde. Il a l’air de dire : « Voilà… c’est fini ».
Un soldat sort du peloton pour lui lier les mains. Mais le soldat s’affole et n’y parvient pas. Le maréchal des logis, sur ordre du lieutenant essaye à son tour. Les secondes passent… On entend la voix du lieutenant qui coupe le silence : « Maréchal des logis !… Maréchal des logis !… ».
Robert Brasillach tourne lentement la tête de gauche à droite. Ses lèvres dessinent un sourire presque ironique. Les deux soldats rejoignent enfin le peloton.
Robert Brasillach est lié à son poteau, très droit, la tête levée et fière. Au-dessus du cache-col rouge elle apparaît toute pâle. Le greffier lit l’arrêt par lequel le pourvoi est rejeté.
Puis, d’une voix forte, Robert Brasillach crie au peloton : « Courage ! » et, les yeux levés : « Vive la France ! ».
Le feu de salve retentit. Le haut du corps se sépare du poteau, semble se dresser vers le ciel ; la bouche se crispe. Le maréchal des logis se précipite et lui donne le coup de grâce. Le corps glisse doucement jusqu’à terre. Il est 9 heures 38.
Le docteur Paul s’avance pour constater le décès. L’aumônier et moi-même le suivons et nous inclinons. Le corps est apparemment intact. Je recueille, pour ceux qui l’aiment, la grosse goutte de sang qui roule sur son front.
Fait à Paris le 6 février 1945,
Jacques Isorni
Avocat à la Cour d’Appel
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Sur la responsabilité dans l’enseignement de la psychanalyse
Lacan: "L'erreur de bonne foi est de toutes la plus impardonnable" (Écrits, p. 859)
Cet effet d'échelle inversée est celui de Thomas de Quincey dans "De l'assassinat considéré comme un des beaux-arts" où l'on lit: "Pour peu qu'un homme se laisse aller à l'assassinat, il en viendra bientôt à boire et à enfreindre le sabbat, et de là il tombera dans l'impolitesse et la nonchalance."
Le paradoxe énoncé par Lacan exprime l'essence même du freudisme, sa salubrité éthique.
Le fait qu'il y ait un inconscient nous interdit en effet de nous prévaloir de notre bonne foi, notre intention, notre "belle âme"…
"Je n'ai pas voulu cela" ne vaut en aucun cas absolution. Oui, cela que tu as fait, ou qui résulte de ce que tu as fait, tu l'as désiré, car ce que tu as désiré, tu ne le sais pas.
Ce sont les conséquences qui te l'apprennent. Ce qu'il aura désiré, l'homme est condamné à ne le savoir qu'après-coup.
Une fois n’est pas coutume, on peut même citer Jacques-Alain Miller, du temps lointain où il était encore un peu retenu par le texte de Lacan, avant d’importer son nom dans les eaux marécageuses du discours capitaliste.
"L'éthique de l'intention est bonne fille, qui fait du sujet toujours un innocent, sauf à douter, comme Kant, que jamais une bonne intention, absolument bonne, ait part en ce monde. L'inconscient veut une plus mâle morale: tu ne saurais te tenir pour quitte des suites involontaires de ta bêtise. Il y a plus de choses dans ta volonté et dans ton cœur, Horatio, que n'en rêve ta philosophie...
On répète le dit de Lacan, "Ne cède pas sur ton désir", et on crie "Au meurtre ! À l'assassin ! Attentat à la morale publique !", on ameute la population, on appelle sur lui comme jadis sur Freud la censure des bien-pensants.
Lacan dit exactement, dans le Séminaire L'Éthique de la psychanalyse: "Je propose que la seule chose dont on puisse être coupable, au moins dans la perspective psychanalytique, c'est d'avoir cédé sur son désir".
Lacan fait ici écho au Freud du Malaise dans la civilisation, selon lequel "chaque renoncement à la pulsion - «à la satisfaction pulsionnelle» - devient une source dynamique de la conscience morale, chaque renoncement nouveau accroît la sévérité et l'intolérance de celle-ci".
Ce qui signifie que selon Freud, et contrairement à ce que voudrait le sens commun, le sentiment de culpabilité (inconscient) n'est jamais si vif que lorsque le sujet sacrifie sa jouissance à l'idéal moral.
Ainsi le "Surmoi" se nourrit-il des renoncements mêmes qu'il exige. Freud présente cette notation comme l'apport spécifique de la clinique psychanalytique à la question de l'éthique. Le "avoir cédé sur son désir" de Lacan traduit et transpose à la fois le "Triebverzicht" de Freud.
C'était aussi l'intuition de Nietzsche, le génial philosophe, fils du pasteur de Röcken comme Cioran, dépressif insomniaque, était fils du prêtre orthodoxe de Rasinari, qui imputait au "training de la pénitence et de la rédemption" ce qu'il appelait "le délire collectif des enragés de la mort", dont il stigmatisait "le cri atroce, Evviva la morte!" (La Généalogie de la morale, III, 21, p. 331 de l'éd. NRF,1971).
De même, l'inconscient ne veut pas dire: tous victimes.
L'inconscient veut dire: tes intentions qui sont mignonnes, tes idées qui sont tes catins, tout cela est un trompe-l'oeil, une façade, dit Freud (en français dans le texte). Ce sont les conséquences qui font poids, et dont tu es responsable. Déchiffre ton inconscient - seul impératif éthique -, car ce que tu n'as pas voulu, ce que tu ne sais pas, sera retenu contre toi. C'est la dure loi de Freud, la terrible lex Freudiana.
On s'imagine que la doctrine psychanalytique exonère l'humanité, que le déterminisme inconscient dédouane tout un chacun, que Freud est le nouveau Rédempteur, qui vous remet vos péchés. Inconscient = punition impossible. C'est ainsi que l'on a interprété le freudisme au public: de travers.
Ce fait accuse non pas Freud, ni le commun des journalistes, mais les psychanalystes, incapables de s'égaler à la pensée que l'inconscient veut dire tout le contraire: que je suis responsable plus loin que ma conscience n'étend son empire. Seul Lacan écrit, et il est encore incompris : "De notre position de sujet, nous sommes toujours responsables. Qu'on appelle cela où l'on veut, du terrorisme" (Écrits, p. 858).
L’inconscient est logique, la logique n’a rien à voir avec le sentiment.
Interprète l’inconscient qui est le tien, il vaut mieux que tu meures pour les erreurs qui sont les tiennes plutôt que de périr par celles des autres, mais les erreurs des autres, ce sont aussi les tiennes.
C’est ainsi que Lacan répond aux trois interrogations philosophiques de Kant dans Télévision:
• Que puis-je savoir ?
«Rien qui n’ait la structure du langage en tout cas, d'où résulte que jusqu'où j'irai dans cette limite, est une question de logique.»
•Que dois-je faire ? «De ma pratique tirer l'éthique du Bien-dire.»
• Que m'est-il permis d'espérer ? «Vous comme tout autre …espérez ce qu'il vous plaira! La psychanalyse vous permettrait d’espérer assurément de tirer au clair l'inconscient dont vous êtes sujet.»
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unpeuchaquejour · 3 years
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Vendredi 25 décembre 2021.
Photos du puits, des kakis et d'un poteau de téléphone. Très content. Huitres très bonnes même si les Oléron sont meilleures que les bretonnes. Plus difficiles à ouvrir.
Éclats de voix sous la douche, soupapes qui sautent, quelques larmes mais tout le monde aime tout le monde. Le temps, je crois qu'il a fait beau à un moment mais il a fait très froid.
Dans Hyperion, le prêtre ressuscité dit qu'il se laisse guider par ses émotions et qu'il est obligé de s'éloigner pour pleurer. C'est exactement ça devant la TV. Schreck notamment et les reportages sur les Epad et la série de pubs de 20 minutes sur les différents dons à faire.
Message de L qui me dit de chouchouter mon père, de lui faire de bons souvenirs, que l'était de ma nièce le mine et qu'il doit toujours remonter mon père après ses visites. Il termine par un "sois heureux".
Plus tôt quelqu'un me dit ça va ton père ? Oui ça va, je réponds. Non on n'a pas discuté, tu sais on se parle par personnes interposées depuis si longtemps. Y a pas de raisons que ça change. Pour quoi faire ?
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obsidianbunny · 4 years
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Cette journée d’automne s’était travestie en jour de canicule estivale. Derrière les épaisses toiles de la tente de la baronne, Octavia peinait à garder sa concentration sur son travail. De lourdes gouttes de sueur roulaient sur ses pommettes dont les angles marqués rappelaient l’ascendant elfique de la magistère, avant de venir s’écraser sur le bureau qu’elle s’était improvisée en empilant quelques planches en pin. Elle avait attaché son épaisse tignasse rousse à l’aide d’un curieux anneau élastique que lui avait donné Jubilost : une de ses récentes découvertes alchimiques. Cela n’empêchait pas les charmantes boucles de quelques mèches de cheveux indisciplinées de venir chahuter devant ses yeux ; agacée, elle passait son temps à les ranger derrière ses oreilles pour les maintenir en place, sans succès. Ses mains impeccablement entretenues s’affairaient à tisser un charmant sortilège. Elle brodait dans les air des runes avec finesse, puis les mêlait aux mailles très concrètes d’une paire de gants de soie. C’était ses sortilèges préférés, ceux qui étaient aussi beaux qu’utiles. La chaleur mettait sa concentration à rude épreuve, mais elle parvenait à la maintenir tout juste assez pour continuer à travailler efficacement. Les yeux fixés sur son ouvrage, elle ne laisserait rien la perturber.
Le voile d’entrée de la tente se souleva soudain, faisant sursauter la magicienne. Les runes s’envolèrent et se mélangèrent dans un son dissonant de verre brisé.
« Dame Octavia ! », lança une voix de jeune homme un peu tremblotante. « Je souhaiterais m’entretenir avec vous, sauriez-vous m’accorder quelques minutes ? »
Octavia contempla le gâchis de son travail : son sursaut lui avait fait emmêler tous ses glyphes dans une pelote éthérée indébrouillable. Tout son ouvrage était à refaire. Elle poussa un soupir agacé et se retourna pour contempler la source de sa surprise. Elle ne fut que davantage étonnée lorsqu’elle découvrit Tristian devant elle, lui qui d’habitude ne quittait jamais sa tente de guérisseur. Il semblait tout penaud de son entrée maladroite, et rougissait de honte. Peut être même semblait-il intimidé par le regard courroucé que lui avait porté la magicienne.
« Je… je suis navré, je ne voulais pas vous déranger ! Je vous dérange n’est-ce pas ? Oh, pardonnez-moi…
– Calmez-vous, Tristian », le rassura Octavia avec un sourire attendri par sa candeur, « je ne vais pas vous manger. C’est ma faute, si j’ai perdu le fil de mon travail. »
À ces mots, Tristian sembla se détendre un peu. Il continuait cependant à jouer nerveusement avec ses mains, comme s’il ne savait pas quoi en faire.
« C’est rare de vous voir sortir de votre antre », reprit la magistère. « Le travail vous manquerait-il ?
– Oui. Enfin ! Non, je veux dire… J’ai bien assez à faire, j’ai même abandonné une jambe cassée pour venir vous voir. Enfin elle va bien, rassurez-vous ! Vous êtes plus intéressante qu’une jambe cassée. Enfin ça n’a rien à voir, et par ça je veux dire vous. Oh… Pardonnez mon inconséquence... »
Tristian rougissait de plus en plus à mesure qu’il se perdait en bafouilles. Octavia continuait de le regarder avec un sourire aux lèvres, partagée entre la compassion et l’amusement. Le garçon, si candide fut-il, restait très agréable à regarder. Malgré sa nature innocente et son jeune âge manifeste, sa carrure était celle d’un homme, avec de larges épaules et une poitrine puissante. Les traits de son visage, tout comme ses mains, étaient d’une finesse presque artistique. Ses yeux d’un bleu très clair étaient proprement captivants, et ses cheveux blonds brillaient comme d’une lumière divine. Il dissimulait constamment sa tête d’une capuche, comme s’il était conscient d’attirer les regards et qu’il voulait s’en garder. Sa capuche, d’un blanc immaculé, tombait le long de son dos en une cape qui, quand elle s’envolait sous le vent, semblaient le doter de grandes ailes d’ange. Octavia songea que si Sarenrae avait voulu s’incarner sur terre, elle n’aurait peut être pas été plus belle que son humble serviteur.
« Reprenez vous Tristian », lui répondit-elle d’un rire attendri. « Il y a quelque chose dont vous vouliez me parler ?
– En effet, excusez moi. » Le jeune prêtre semblait gêné d’aborder le sujet dont il semblait si pressé de parler en entrant. « Je voulais vous parler du comportement que vous avez à mon égard. Vous prononcez souvent des paroles qui m’interrogent, au sujet de… de nous. C’est comme si vous attendiez quelque chose de moi, et je vous avoue que j’ai de la peine à en saisir la nature.
– Ah, ça ! », lança Octavia dans un éclat de rire assez franc. « Je vous taquine Tristian, vous êtes amusant à embêter. Vous virez au rouge pivoine à l’instant où j’ouvre la bouche, c’est terriblement divertissant.
– Oui mais… Quel en est le but, où souhaitez vous en venir ? » La naïveté de la question prit la magicienne au dépourvu.
« Eh bien… Je vous aime bien Tristian, voilà tout. J’aimerais simplement que nous apprenions à mieux nous connaître. »
Octavia n’était guère habituée à tenir ce genre de discours. Souvent, ses relations avec les hommes tenaient en quelques mots et à beaucoup de langage corporel. Tristian semblait se calmer, peu à peu. Il prit un instant pour réfléchir à ces quelques mots, puis sembla en réaliser le sens. Il fut pris d’une curieuse toux, avant de reprendre :
« Je crains de vous décevoir, Octavia. Les sentiments mortels me sont bien méconnus : toute ma vie est dévouée à Sarenrae. Je ne voudrait pas que mon… ignorance, ne vous fasse défaut.
– Je vois. Mais finalement, qu’en savez-vous ? Peut-être est-ce cette ignorance qui me plaît, chez vous », répondit Octavia, un peu décontenancée.
Tristian souleva un sourcil. Il semblait confus. « C’est… amusant. J’ai l’habitude d’être apprécié pour mon savoir plutôt que pour mon inexpérience », répond-il en souriant. Il reste pensif un instant, avant d’ajouter : « Vous continuez de me surprendre, Octavia. Encore et toujours. »
Les magnifiques yeux de Tristian ne semblaient pas vouloir se détacher de ceux de la magicienne. Octavia se surprit elle-même à rougir, si bien que ce fut-elle qui détourna le regard la première.
« Je… J’en suis ravie. Je suis navrée, j’ai du travail à reprendre, et assez peu de temps…
– Oh, oui ! Naturellement, veuillez m’excuser. Je vous laisse à votre œuvre, je ne voudrais pas vous distraire davantage.
– Merci. » Elle le rappela alors qu’il s’apprêtait à quitter la tente. « Tristian ?
– Oui ?
– J’ai apprécié notre échange. J’aimerais que nous discutions ainsi de nouveau, si le cœur vous en dit. »
Un sourire radieux illumina le visage du jeune prêtre. « Cela me ferait très plaisir. »
Octavia se réveilla lorsque les premiers rayons du soleil vinrent lui percer les paupières. Parfait, pensa-t-elle, maussade. Les derniers jours avaient été longs et douloureux, passés entre attaques de loup-garous et de trolls enchantés. Pour une fois, elle avait voulu s’accorder une grasse matinée bien méritée mais manifestement, un certain astre céleste semblait en avoir décidé autrement. En grommelant, elle se hissa hors de son lit puis de sa tente où tous ses camarades dormaient encore. Quitte à être réveillée, autant mettre à profit les précieuses prochaines heures. Elle se dirigea vers le gué, le point de jonction des trois rivières, au cœur de la future cité de Kandrakhar. Encore habillée légèrement pour la nuit, elle procéda à ses ablutions matinale : elle ne pouvait se sentir correctement réveillée qu’après avoir rincé son visage à l’eau claire. L’eau lui fit un bien fou et le vent frais qui lui battit les joues la réconcilia avec ce début de matinée. Après quelque étirements, Octavia tourna les talons prête à commencer une journée de travail. Elle s’arrêta nette cependant car elle s’aperçut qu’à quelques mètres d’elle, Tristian était en train de prier sur la berge. Il était si calme que la rouquine ne l’avait pas remarqué, ses murmures étaient couverts par le bruit de l’eau. Elle s’assit un peu derrière lui, et le regarda terminer sa prière. Il tenait entre ses mains un chapelet blanc et or, au bout duquel pendait son symbole sacré : un petite statuette de Sarenrae en bois. Octavia l’avait vu la tailler lui même, lors de leur périple à travers les Terres Volées.
À la fin de son rituel, Tristian ne releva pas. Elle resta au bord de l’eau, le regard perdu dans le vide. Ses yeux portaient une émotion carrément sinistre ; même ses cheveux, d’habitude si beaux, semblait à ce moment rêches et grisâtres. Octavia fut prise d’inquiétude.
« Tristian… Vous allez bien ? »
Lentement, comme s’il s’éveillait d’un rêve, Tristian prit la parole faiblement. « Toute ma vie est vouée à la grande déesse, la radieuse Sarenrae. C’est ce que je suis, une part d’elle. Ma vie ne m’appartient pas, parce qu’elle ne compte pas. Ma vie sans elle serait comme une vie sans soleil. Je n’ai pas choisi de l’aimer ou pas : mon amour pour elle est dans ma nature profonde. Et je sais que je serai à jamais auprès de mon véritable amour, même au-delà de la mort. Pourtant ici, parmi les autres mortels... » Il secoua la tête. Il prit une courte pause, avant de poursuivre d’une voix presque distante : « Je ne cesse d’entendre parler d’une autre sorte d’amour. Un amour qui se donne, comme n’importe quelle possession matérielle, pour être repris ensuite. Tout cela semble si… éphémère ? Factice ? Je peine à trouver le mot juste. Quel courage démesuré faut-il, pour tomber amoureux d’un personne que l’on peut perdre ? Que l’on finira inévitablement par perdre ? ».
Octavia se sentait attendrie par les interrogations du jeune homme. Il était si naïf qu’elle aurait pu le prendre pour un enfant dans un corps adulte. Lui qui n’avait vécu que cloîtré dans une église ou livré à lui même dans les étendues sauvages semblait bien perdu, confronté aux réalités de la vie auprès de ses semblables.
« Votre vision de l’amour souffre de votre manque de recul », lui dit-elle d’une voix douce. « Un amour que vous auriez donné de votre plein gré, aurait-il moins de valeur que celui sur lequel vous n’avez aucun contrôle ? »
Tristian garda le silence un instant, puis se tourna vers Octavia. « Je ne pense pas, non. Je ne l’ai simplement jamais rencontré. Loin de moi la présomption de juger quelque chose dont la nature m’échappe. » Sur ses mots, le prêtre se mit à regarder attentivement, intensément la magicienne. La pureté de ses yeux semblait sonder son âme. « Octavia, avez-vous déjà éprouvé tel amour ?
– Ça m’est arrivé, en effet. C’est le genre de sentiment dont on se souvient toute sa vie tant il nous change, même bien après qu’il nous ait été repris. Quand on a vécu dans la souffrance et la haine pendant de nombreuses années, comme j’en ai eu le malheur, on prend pleinement conscience de la valeur de l’amour entre deux mortels. »
Tristian inspira profondément. Il semblait choisir ses mots avec minutie. « Dites-moi. Comment choisissez vous la personne à qui vous confierez votre… confiance ? Écoutez-vous plutôt votre cœur, ou bien votre raison ? Je vous navré de vous infliger des questions si personnelles, mais… je brûle de comprendre. »
C’est avec un sourire amusé que répondit Octavia, presque sans y penser. « J’écoute mon cœur. Il ne fait jamais d’erreur. »
Tristian hocha la tête, comme s’il s’attendait à cette réponse. « Évidemment. Je ne sais pourquoi, mais ça ne me surprend pas. Vous êtes toujours si sincère, dans tout ce que vous faites. C’est ce qui se passe quand les actions d’une personne lui viennent de son cœur. »
Tristian se lève enfin, et Octavia fit de même. Mais à sa grande surprise, le jeune homme s’approcha d’elle tout près, si près qu’elle cru qu’il allait la prendre au creux de ses bras. Il s’arrêta au dernier moment, puis comme s’il avait subitement pris conscience de ses actes, fit un pas en arrière.
« Merci beaucoup pour ces conversations, Octavia. Je chéris chaque moment que j’ai la chance de passer avec vous. J’espère que vous ne me voyez pas trop comme un fardeau. »
Avant même que la magistère puisque rétorquer quoi que ce soit, Tristian s’excusa et prit le chemin de la ville sans attendre. Octavia se demanda ce qu’il venait de se passer, abasourdie. Jamais elle n’avait vu Tristian si tourmenté, si direct aussi. Cela coupait totalement avec son caractère de jeune homme maladroit. Pantoise, Octavia prit un instant pour réunir ses esprits. Tristian avait disparu. Elle décida qu’elle retournerait le voir sous peu. Cette matinée n’avait pas été totalement perdue, en fin de compte.
Octavia attendit dans le froid un bon quart d’heure devant la tente de son ami. Le ciel abandonnait le rose du crépuscule pour le mauve du début de nuit, le soleil était depuis longtemps parti pour d’autres contrées. Elle guettait le départ de Jhod, le vieux soigneur, pour avoir l’occasion de parler seule à seule avec Tristian. Lorsque enfin le voile d’entrée se souleva, elle fut ravie de voir Jhod raccompagner son dernier patient à son lit. Elle le salua d’un signe de tête, il lui sourit en retour. La rouquine attendit quelques instants encore, puis pénétra silencieusement dans l’antre des guérisseurs. Assis sur l’un des lits des patients, éclairé par la faible lueur d’une lanterne à huile, Tristian tournait le dos à l’entrée de la tente. Il tenait un livre dans ses mains, dont Octavia ne parvenait pas à voir la couverture. Le jeune homme semblait absorbé dans sa lecture, tant qu’il ne remarqua pas la magicienne qui se glissait subrepticement dans son dos. Octavia tenta de jeter un œil au livre du jeune prêtre. Si elle ne parvint pas à saisir la nature précise de cet ouvrage, ses yeux rencontrèrent quelques lignes intrigantes qui semblait traiter du « feu sous sa peau » ou encore d’un « puissant désir dans sa voix ». Octavia tendit le cou pour en saisir davantage mais une mèche de ses boucles rousses tomba sur le cou de Tristian, qui sursauta sur le champ. Il referma son livre avec hâte avant de s’écrier :
« Octavia ! Que faites-vous là ? Je ne vous ai pas entendue rentrer.
– Qu’est-ce que vous lisez ? », demanda la magicienne avec un sourire taquin.
Tristian écartait le livre du bout de la main, d’un geste plein de malaise. « Il s’agit de quelque traité sur les relations humaines. C’est Dame Kanerah qui me l’a recommandé. Je lui ai demandé conseil, et elle m’a suggéré de lire ceci. Elle m’a dit que c’était l’ouvrage le plus approprié à traiter… des passions. » Le jeune homme semblait très embarrassé. « Je pense que je ne saisis rien à la littérature.
– J’ai cru voir que ce traité proposait des descriptions plutôt explicites », continua de le taquiner son amie.
Tristian rougit légèrement. « C’est ce qu’il semble, oui. Mais ce qui est décrit là dedans semble tellement… peu naturel, voire prétentieux ! On pourrait croire qu’il s’agit non pas d’une communion entre mortels, mais de vénérer un dieu.
– Pour les avoir vécus, ce genre de moments peut donner quelques aspirations célestes.
– C’est ce dont je veux parler ! », s’agaça Tristian. « Je pensais pouvoir calmer mon esprit, trouver des réponses à ces sujets – non, à ces problèmes, qui me tourmentent. Je pensais trouver des mots à placer sur que je suis incapable d’exprimer. À la place, je n’en suis qu’encore plus confus. »
Octavia et Tristian se regardèrent quelques secondes, l’une tentant d’envelopper de tendresse la détresse de l’autre. Puis soudain ils se mirent à rire, gagnés par l’absurde de la situation.
« Souvent, j’admire la facilité que vous avez à choisir les mots justes pour exprimer ce que vous ressentez », dit joyeusement Tristian.
« Vous vous tourmentez. Vous essayez toujours de trouver les mots justes pour ce qui ne saurait être décrit.
– Que voulez vous dire ? » L’incompréhension sur le visage de Tristian était si lisible qu’Octavia dû se mordre la joue pour ne pas repartir dans un éclat de rire. « Les mots sont les mots, toute la sagesse du monde peut se lire dans les pages de nombreux livres. Même la miséricorde de Sarenrae trouve son reflet dans les textes sacrés... »
Avec une grande délicatesse, Octavia glissa sa main sur celle de Tristian. Rien n’aurait pu trancher le lien invisible qui joignait le regard de ces deux jeunes gens à cet instant. Le temps semblait se figer, ils en oubliaient le son de leurs cœurs dans leurs tempes qui battaient à tout rompre.
« Pourtant, les réponses que vous cherchez ne se trouvent pas dans les livres. »
Les doigts de Tristian venaient s’emmêler avec ceux de la rouquine, dans une caresse qui fit courir un flot de frissons le long de son échine. La chaleur la gagnait, partait de son cœur et empourprait son visage entier. Elle porta son autre main à la joue du jeune prêtre avec une délicatesse infinie. Le temps semblait se suspendre dans cet instant de tendresse.
« Vos mains sont si chaudes. C’est comme si elles étaient vos rayons et vous, le soleil... », lui glissa-t-il dans un souffle. Il lui adressa un sourire désolé avant d’ajouter : « Je ne suis finalement pas plus doué avec les mots que le livre.
– Pas du tout, vous êtes adorable. C’est votre cœur qui parle, et si vous le laissez faire ce sera toujours avec justesse. »
Tristian sembla se figer. Entre deux battements de cœur, il ferma les yeux et couvrit la main d’Octavia de la sienne. Il tourna la tête, et vint poser ses lèvres sur la paume de la magicienne qui sentit une vague de chaleur se propager dans tout son corps.
« Comme les rayons du soleil... », murmura-t-il.
Il restèrent ainsi quelques secondes suspendus dans l’instant. Tristian ouvrit alors de nouveau les yeux, et réalisant la position dans laquelle il se trouvait, jeta un regard effrayé vers la magistère et repoussa doucement sa main.
« Pardonnez-moi ! Pardonnez-moi, j’ai outrepassé tout ce qui m’était permis.
– Quoi ? Ne vous en faites pas, il n’y a pas de... », tenta d’objecter Octavia.
« C’était inconvenant, je prie Sarenrae que je ne vous ai pas mise en colère. Veuillez m’excuser, je dois… aller retrouver Jhod. » Il jeta un dernier regard timide à la magicienne abasourdie par l’inattendu de cette réaction, et lui dit avant de quitter la tente : « Croyez moi, je tiens beaucoup à vous. »
Octavia se retrouva seule dans la demi-pénombre de cette tente. Elle ne revenait pas de ce qu’elle venait de vivre. Jamais un homme n’avait été pour elle un tel mystère. Elle sortit pour tenter de le rattraper, mais elle ne distinguait plus rien d’autre dehors que la lumière des torches des patrouilles de gardes. Le lendemain, ses compagnons et elle partiraient de nouveau hors de la ville, elle ne pourrait pas revoir Tristian. Elle jura de frustration. Les explications devraient encore attendre.
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lily-yvonne · 4 years
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LE MERCREDI AVANT LA PÂQUE (PESSAH)
Le jour dans la mâtinée –plans extérieurs
Enchaînement sur Jésus qui entre au temple encore plus bondé que les jours précédents. Il est tout en blanc, dans son vêtement de lin. C’est une journée étouffante. Il va adorer dans l’Atrium. Des Israélites, suivi d’un cortège de gens, alors que d’autres ont déjà pris les meilleures places sous les portiques, et la plupart sont des gentils, qui ne pouvant aller au-delà de la première cour, au-delà du Portique des Païens, ont profité du fait que les hébreux ont suivi le Christ pour prendre des places de faveur. Mais un groupe bien nombreux de pharisiens les dérange. Ils ont toujours leurs façons arrogantes et se fraient un chemin, de force, pour s’approcher de Jésus penché sur un malade. Ils attendent qu’il l’ait guéri, puis ils envoient près de Lui un scribe pour l’interroger. Vraiment il y avait entre eux une brève discussion parce que Joël, dit Alamot, voulait aller interroger le Maître. Mais un pharisien s’y oppose, et d’autres le soutiennent :
— Non. Il est connu que tu es du parti du Rabbi, bien que tu agisses secrètement. Laisse aller Urie…
Un autre scribe : — Urie, non. Urie a trop d’âpreté quand il parle. Il exciterait la foule. J’y vais moi.
Et sans écouter davantage les protestations des autres, il va près du Maître juste au moment où Jésus congédie le malade en lui disant : — Aie foi. Tu es guéri. La fièvre et la souffrance ne reviendront jamais plus
Le scribe : — Maître, quel est le plus grand des commandement de la Loi ?
Jésus, qui l’avait derrière Lui, se retourne et le regarde. Un doux sourire lumineux éclaire son visage et puis il lève la tête, car il a la tête penchée à cause du scribe qui est de petite taille et qui de plus reste penché pour Lui rendre honneur. Jésus tourne son regard sur la foule, il fixe le groupe de pharisiens et docteurs, et il aperçoit le visage pâle de Joël à demi caché derrière un pharisien gros et richement vêtu. Son sourire s’accentue. C’est comme une lumière qui va caresser le scribe honnête. Puis il rabaisse la tête pour regarder son interlocuteur et lui répond : — Le premier de tous les commandements est : « Ecoute, ô Israël Adonaï notre Elohîm est l’unique Adonaï. Tu aimeras Adonaï. Tu aimeras Adonaï, ton Eloah de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces » C’est le premier et le suprême commandement. Le second ensuite est semblable à celui-ci : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Il n’y pas de commandements plus grands que ceux-ci. Ils renferment toutes la Loi et les Prophètes.
Le scribe : — Rabbi, tu as répondu avec sagesse et avec vérité. Il en est ainsi. Elohîm est unique et il n’y en a pas d’autre en dehors de Lui. L’aimer de tout son propre cœur, de toute sa propre intelligence, de toute son âme et de toutes ses forces, et aimer le prochain comme soi-même a beaucoup plus de valeur que tous les holocaustes et tous les sacrifices. J’en suis tout à fait persuadé quand je médite les paroles de David : « A Toi ne plaisent pas les holocaustes ; le sacrifice à Elohîm, c’est l’esprit contrit. »
Jésus : — Tu n’es pas loin du Royaume d’Elohîm car tu as compris quel est l’holocauste qui est agréable à Elohîm.
Le scribe demande vite et à voix basse, comme s’il disait un secret : — Mais quel est l’holocauste le plus parfait ?
Jésus rayonne d’amour en laissant tomber cette perle dans le cœur de celui qui s’ouvre à sa doctrine, à la doctrine du royaume de Dieu, et il lui dit en se penchant sur lui : — L’holocauste parfait, c’est d’aimer comme nous-mêmes ceux qui nous persécutent et ne pas avoir de rancœur. Celui qui fait cela possédera la Paix. Il est dit : les doux posséderont la Terre et ils jouiront de l’abondance de la Paix. En vérité je te dis que celui qui sait aimer atteint la perfection et possède Elohîm.
Le scribe le salue respectueusement et s’en retourne vers son groupe qui lui reproche à voix basse d’avoir loué le Maître, et ils lui disent avec colère :
— Que lui as-tu demandé secrètement ? Es-tu aussi par hasard séduit par lui ?
Le scribe : — J’ai entendu l’esprit d’Elohîm parler sur ses lèvres.
Les autres : — Tu es sot. Crois-tu peut être qu’il est le Christos ?
 Le scribe : — Je le crois. 
 Les autres : — En vérité, d’ici peu nous verrons se vider les écoles de nos scribes et eux s’en aller errants derrière cet homme. Mais d’où vois-tu en Lui le Christos.
 Le scribe : — D’où, je ne sais pas. Je sais que je sens que c’est Lui. 
 Les autres : — Fou !
Et ils lui tournent le dos. Jésus a observé le dialogue et quand les pharisiens se trouvent devant Lui en groupe serré pour s’en aller fâchés, il les appelle pour leur dire : — Ecoutez-moi. Je veux vous demander quelque chose. D’après vous, que vous semble-t-il du Christos ? De qui est-il le Fils.
Ils répondent : — Ce sera le bèn David. En marquant le « sera », car ils veulent Lui faire comprendre que pour eux il n’est pas le Christ.
 Jésus leur répond : — Et comment donc David, inspiré par Elohîm, l’appelle-t-il : Adôn, en disant : « Adonaï a dit à mon Adôn : Assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que j’ai fait de tes ennemis l’escabeau de tes pieds ? Si donc David appelle le Christos Adôn, comment le Christos peut-il être son bèn ?
Ne sachant que répondre ils s’éloignèrent en remâchant leur poison. Elévation de la caméra qui observe audessus les actions en plan général et une musique de fond se fait entendre. Nous pouvons voir Jésus se déplacer du lieu où il était, tout envahi par le soleil, pour aller plus loin vers les bouches du trésor, près de la salle du Gazophilacium. Ce côté encore à l’ombre, est occupé par les rabbis qui pérorent avec de grands gestes adressés à leurs auditeurs hébreux, dont le nombre augmente de plus en plus comme à mesure que les heures passent, ne cessent d’augmenter l’affluence des gens vers le temple. L’endroit se remplit de gens qui vont et qui viennent dans tous les sens. Il y a des prêtres et des fidèles, des hommes, des femmes et des enfants. Les uns passent, d’autres s’arrêtent, écoutent les docteurs, d’autres qui mènent des agneaux ou portent des colombes, se dirigent vers d’autres endroits, dans le but de les sacrifier. Jésus reste appuyé à sa colonne, il regarde et ne parle pas. Par deux fois même il a été interrogé par des apôtres et il a fait signe que non, mais il n’a pas parlé. La musique cesse, laissant la place aux bruits des voix de tous ceux qui sont présents sur les parvis du Temple, puis la caméra fait un gros plan sur les yeux de Jésus qui observe avec beaucoup d’attention. D’après son expression, il semble juger ce qu’il regarde. Il est sérieux, scrutateur, mais si parfois il est d’une sincérité à faire trembler le plus effronté, parfois aussi il est si doux, d’une tristesse souriante, que son regard paraît une caresse. Il semble ne rien entendre, mais il doit tout écouter. 
Un groupe éloigné de quelques mètres, rassemblé autour d’un docteur qui proclame d’une voix nasillarde. :  — Plus que tout autre commandement est valable celui-ci : « que tout ce qui est pour le Temple aille au Temple. Le Temple est au-dessus du père et de la mère et si quelqu’un veut donner à la Gloire d’Adonaï tout ce qu’il a, il peut le faire et en sera béni car il n’y a pas de sang, ni d’affection supérieure au Temple ».
Jésus tourne lentement la tête dans cette direction et regarde d’un œil très dur. Il paraît observer l’ensemble. Mais quand un petit vieux tremblant s’apprête à gravir les quelques marches d’une espèce de terrasse qui est près de Jésus, — semblant conduire à une autre cour plus intérieure — et pointe son bâton, il tombe presque en s’empêtrant dans son vêtement. Jésus allonge son long bras, le saisit le soutient et ne le laisse que quand il le voit en sûreté. Le petit vieux lève son visage ridé, regarde son grand sauveur, murmure une parole de bénédiction, et Jésus lui sourit et caresse sa tête à moitié chauve. Puis il revient contre sa colonne et s’en détache encore une fois pour relever un enfant qui glisse de la main de sa mère et tombe à plat ventre, en pleurant, contre la première marche. Il le relève, le caresse, le console. La mère, confuse remercie. Jésus lui sourit aussi et lui rend le petit. Mais il ne sourit pas quand passe un pharisien bouffi d’orgueil, ni non plus quand passent en groupe des scribes. Ce groupe salue avec de grands gestes et des courbettes. Jésus les regarde si fixement qu’il semble les transpercer, et salue mais sans chaleur. Il est sévère. Un prêtre aussi passe : la foule s’écarte et le salue, et lui passe, fier comme un paon. Jésus lui donne un long regard, un regard tel que celui-ci, qui pourtant est plein d’orgueil, baisse la tête. Il ne salue pas, mais il ne résiste pas au regard de Jésus. 
Jésus cesse de le regarder pour observer une pauvre petite femme, vêtue de marron foncé, qui monte honteusement les marches et va vers le mur où se trouvent des têtes de lions ou autres animaux du même genre, la bouche ouverte. Beaucoup s’y rendent ; mais Jésus paraissait ne pas s’en occuper. Maintenant, au contraire, il suit la démarche de la petite femme. Son œil la regarde avec pitié et devient d’une grande douceur quand il la voit allonger une main et jeter dans la bouche de pierre de l’un de ces lions quelque chose. Et quand la pauvrette, en se retirant, passa près de Lui, il lui dit le premier : — Paix à toi, femme.   
Celle-ci, stupéfaite, lève la tête, interdite. Jésus répète : — Paix à toi. Va, car le Très-Haut te bénit.
Cette pauvre femme reste bouche bée, puis murmure un salut et s’en va.
Jésus explique aux apôtres qui sont proches de Lui : — Elle est heureuse dans son malheur. Maintenant elle est heureuse car la bénédiction d’Elohîm l’accompagne. Ecoutez, amis, et vous qui êtes autour de Moi, voyez-vous cette femme ? Elle n’a donné que deux piécettes, moins qu’il n’en faut pour payer le repas d’un passereau en cage, et pourtant elle a donné davantage que tous ceux qui, depuis l’ouverture du Temple à l’aurore, ont versé leur obole au Trésor du Temple. Ecoutez. J’ai vu les riches en grand nombre mettre dans ces bouches des sommes capables de la rassasier pendant une année et de revêtir sa pauvreté qui, n’est décente que parce qu’elle est propre. J’ai vu des riches qui, avec une satisfaction visible, mettaient des sommes avec lesquelles on aurait pu rassasier des pauvres de la Cité Sacrée pendant un jour ou plus, et leur faire bénir Adonaï. Mais en vérité, je vous dis que personne n’a donné plus qu’elle. Son obole est charité, l’autre ne l’est pas. Elle est générosité, l’autre ne l’est pas. Elle est sacrifice, l’autre ne l’est pas. Aujourd’hui cette femme ne mangera pas car elle n’a plus rien. Il lui faudra travailler d’abord pour un salaire pour qu’elle puisse donner du pain à sa faim. Elle n’a pas de richesse en réserve ; elle n’a pas de parents qui gagnent pour elle. Elle est seule. Elohîm lui a enlevé parents mari et enfants. Il a enlevé le peu de bien que sa famille défunte avait laissé, et plus qu’Eloah, le lui ont enlevé les hommes ; ces hommes qui maintenant avec de grands gestes, vous les voyez ?... continuent de jeter à l’intérieur leur superflu dont une grande partie est extorquée par l’usure aux pauvres mains de ceux qui sont faibles et qui ont faim. Eux disent qu’il n’y a pas de sang ni d’affection supérieure au Temple et de cette façon enseignent à ne pas aimer le prochain. Moi je vous dis qu’au-dessus du Temple, il y a l’Amour. La Loi d’Elohîm est Amour et Il n’aime pas qui n’a pas pitié de son prochain. L’argent superflu, l’argent souillé par l’usure, par la rancœur, par la dureté, par l’hypocrisie, ne chante pas la louange d’Eloah et n’attire pas sur le donateur la bénédiction céleste. Elohîm le rejette car il engraisse cette caisse du Temple, mais ce n’est pas de l’or pour l’encens : c’est de la boue qui vous submerge ! Ô ministres, qui ne servez pas Elohîm, mais votre intérêt ; mais c’est un lacet qui vous étrangle ! Ô docteurs, qui enseignez une doctrine de votre invention ; mais c’est un poison qui vous corrode ce reste d’âme que vous avez encore ! Ô peroushîm1 , Elohîm ne veut pas ce qui reste ! Ne soyez pas des Caîns. Elohîm ne veut pas ce qui est le fruit de la dureté. Elohîm ne veut pas des dons fastueux, des dons orgueilleux, au son des tambours et des shophars, au détriment des plus pauvres, de la veuve ou de l’orphelin. Non, le rabbi qui enseignes que ce qui est reste doit être donné à Elohîm et qu’il est permis de refuser au père et à la mère pour donner à Yahweh, ne connaît pas la Loi. Le premier commandement c’est : « Aime Yahweh de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intelligence, de toute ta force ». Ce n’est donc pas le superflu, mais ce qui est notre sang qu'il faut Lui donner, en aimant souffrir pour Lui. Souffrir, non pas faire souffrir. Et s’il en coûte beaucoup de donner parce qu’il est désagréable de se dépouiller des richesses, et que le trésor est le cœur de l’homme, vicieux par nature, c’est justement parce qu’il en coûte qu’il faut donner. Par justice : car tout ce qu’on a, on l’a par la bonté d’Elohîm. Par Amour, car c’est une preuve d’Amour d’aimer le sacrifice pour donner de la joie à ceux qu’on aime. Souffrir pour offrir. Mais souffrir. Non pas faire souffrir, je le répète. Car le second commandement dit : « Aime ton prochain comme toi-même. » Et la Loi précise qu’après Elohîm, les parents sont le prochain à qui on a l’obligation de donner honneur et aide. Je vous dis donc en vérité que cette pauvre femme a compris la Loi mieux que les sages, et qu’elle est justifiée plus que tout autre et bénie, puisque dans sa pauvreté elle a tout donné à Yahweh, alors que vous, vous donnez le superflu et le donnez pour grandir dans l’estime des hommes. Je sais que vous me haïssez parce que je parle ainsi. Mais tant que cette bouche pourra parler, elle parlera de cette façon. Vous joignez votre haine pour Moi au mépris pour la pauvresse que je loue. Mais ne croyez pas faire de ces deux pierres un double piédestal pour votre orgueil. Ce sera la meule qui vous broiera. Allons. Laissons les vipères se mordrent pour augmenter leur venin. Que celui qui est pur, bon, humble, contrit et qui veut connaître le vrai visage d’Elohîm me suive.
Les apôtres, les disciples et la foule le suivent en groupes compacts quand il se dirige dans l’encoignure du portique de Salomon et du portique royal, là où il y a un peu de fraîcheur car la journée est absolument étouffante. Comme le terrain est bouleversé par les sabots des animaux, semé de pierres que les marchands et les changeurs emploient pour fixer leurs enclos et leurs tentes, les rabbis d’Israël n’y viennent pas. Jésus se réfugie là, un peu surélevé par deux hautes marches, face à un demi cercle de nombreux auditeurs.
 Avant de parler, Jésus appelle près de Lui ses apôtres auxquels il dit : — Venez et écoutez bien. Hier, vous vouliez savoir beaucoup de choses que je vais vous dire maintenant et auxquelles hier je faisais de vagues allusions quand nous reposions dans le jardin de Iosseph.2 Soyez donc bien attentifs, car ce sont de grandes leçons pour tous et surtout pour vous, mes ministres et mes continuateurs. Ecoutez… Sur le siège de Moshè s’assirent, autant qu’il fallait, les sopherîm3 et les peroushîm. Tristes heures celles-là pour la Patrie. Une fois terminé l’exil de Babylone, et une fois reconstruite, la nation grâce à la magnanimité de Cyrus, ceux qui dirigeaient le peuple se rendirent compte de la nécessité de reconstruire aussi le culte et la connaissance de la Loi. S’élevèrent donc les scribes, ou docteurs de la Loi, pour pouvoir enseigner le peuple qui, parlant la langue chaldéenne, héritage du dur exil, ne comprenait plus les Écritures écrites en pur hébreu. Ils s’élevèrent pour aider les prêtres, en nombre insuffisant pour s’acquitter du devoir d’enseigner les foules. Un laïcat docte et consacré pour honorer l’Adonaï, en portant sa connaissance chez les hommes et en amenant à Lui les hommes. Ce laïcat eut sa raison d’être et il fit aussi du bien. Car, rappelez-le-vous tous, même les choses qui à cause de la faiblesse humaine, dégénère ensuite, comme ce fut le cas pour celle-là qui s’est corrompue au cours des siècles, ont toujours quelque chose de bon et au début, du moins, une raison d’être, à cause de quoi Él-Shaddaï leur permet de s’élever et de durer, jusqu’au moment où la dégénérescence arrivant à son comble, Él-Shaddaï les disperses. Vint ensuite l’autre secte des peroushîm, de la transformation de celle des assidéens, qui surgit pour soutenir par la morale la plus rigide et l’obéissance la plus intransigeante à la Loi de Moshè et l’esprit d’indépendance de notre peuple, quand le parti helléniste s’étant formé sous la pression et les séduction commencées au temps d’Antiochus Epiphane, et devenues bientôt des persécutions contre ceux qui ne cédaient pas aux pressions du roi rusé, qui plus que sur ses armes comptait sur la désagrégation de la foi dans les cœurs pour régner sur notre Patrie, tentait de nous rendre esclaves. Rappeler vous également ceci : craignez plutôt les alliances faciles et les flatteries d’un étranger que ses légions. En effet, tant que vous serez fidèles aux Lois d’Elohîm et de la Patrie, vous vaincrez, même si vous êtes encerclés par des armées puissantes, mais quand vous serez corrompus par le poison subtil donné comme un miel enivrant par l’étranger qui a formé des desseins contre vous, Elohîm vous abandonnera à cause de vos péchés, et vous serez vaincus et assujettis, sans que votre faux allié livre une bataille sanglante contre vous. C’est une bonne chose que la charité envers tous, même envers les peuples qui ne partagent pas notre foi, qui n’ont pas nos usages, qui nous ont nui au cours des siècles. Mais l’amour pour ces peuples qui sont toujours notre prochain, ne doit jamais nous faire renier la Loi d’Elohîm et de la Patrie par le calcul de quelque profit soutiré ainsi aux voisins. Non. Les étrangers méprisent ceux qui sont serviles jusqu’à répudier les choses les plus sacrées de la Patrie. Ce n’est pas en reniant son père et sa mère, Elohîm et la Patrie, que l’on obtient le respect et la liberté. Il fut donc un bien qu’au bon moment se dressèrent aussi les peroushîm pour faire une digue contre le débordement fangeux des usages et des coutumes étrangers. Je le répète : toute chose qui surgit et qui dure a sa raison d’être. Et il faut la respecter pour ce qu’elle a fait. Que si elle est coupable, désormais, il n’appartient pas aux hommes de l’insulter et encore moins de la frapper. Il y a quelqu’un qui sait le faire : Elohîm et Celui qu’Il a envoyé et qui a le droit et le devoir d’ouvrir la bouche et d’ouvrir vos yeux pour que vous et eux connaissiez la pensée d’Él-Shaddaï et agissiez avec justice. Moi et aucun autre. Moi, parce que je parle par ordre divin. Moi, parce que je puis parler n’ayant en Moi aucun des péchés qui vous scandalisent quand vous les voyez faits par des sopherîm et des peroushîm, mais que, si vous le pouvez, vous faites vous aussi.
Jésus qui avait commencé doucement son discours, a élevé graduellement la voix et dans ces dernières paroles, elle est devenue puissante comme une sonnerie de trompettes. Hébreux et gentils sont appliqués et attentifs pour l’écouter. Si les premiers applaudissent Jésus quand il rappelle la Patrie et qu’il nomme ouvertement par leurs noms les étrangers qui ont assujettis et fait souffrir, les seconds admirent la forme oratoire du discours et se félicitent d’assister à ce discours digne d’un grand orateur, disent-ils entre eux.
— Cela je vous l’ais dit pour vous rappeler la raison d’être des sopherîm et des peroushîm, comment et pourquoi ils se sont assis sur le siège de Moshè, comment et pourquoi ils parlent et que leurs paroles ne sont pas vaines. Faites donc ce qu’ils disent mais n’imitez pas leurs actions. Car ils disent d’agir de telle manière, mais ensuite ne font pas ce qu’ils disent qu’il faut faire. En fait, ils enseignent les lois d’humanité du Pentateuque, mais ensuite ils chargent les autres de fardeaux énormes, impossibles à porter, inhumains, alors que pour eux-mêmes, ils ne lèvent même pas le petit doigt, non pour porter ces fardeaux, mais même pour les toucher. Leurs règles de vie, c’est d’être vus et remarqués et applaudis pour leurs œuvres, qu’ils font de manière qu’on les voie, pour en être loués. Il contreviennent à la Loi de l’Amour car ils aiment à se définir séparés et méprisent ceux qui ne sont pas de leur secte et exigent de leurs disciples le titre de rabbis et un culte qu’eux-mêmes ne donnent pas à Eloah. Ils se croient des élohîm pour la sagesse et la puissance ; ils veulent être supérieurs au père et à la mère dans le cœur de leurs disciples ; ils prétendent que leur doctrine surpasse celle d’Eloah et exigent qu’on la pratique à la lettre même si elle altère la vraie Loi. Certains d’entre eux sont hérétiques, en croyant, comme les païens à des sciences occultes pourtant interdites, en niant les uns ce que les premiers admettent et, de fait, sinon effectivement, ce qu’Eloah même a indiqué comme la Foi, quand Il s’est défini Eloah unique auquel doit aller le culte et a dit que le père et la mère viennent immédiatement après Elohîm, comme tel ont le droit d’être obéis plus qu’un rabbi qui n’est pas divin. Si maintenant je vous dis : « Celui qui aime son père et sa mère plus que Moi n’est pas digne du royaume d’Elohîm », ce n’est pas pourtant pour vous inculquer l’indifférence pour les parents que vous devez respecter et aider ; et il n’est pas permis de leur enlever un secours en disant : « C’est l’argent du Temple », ou l’hospitalité en disant : « Ma charge me le défend », ou la vie en disant : « Je te tue parce que tu aimes le Rabbi », mais c’est pour que vous ayez pour vos parents l’Amour qu’il faut, c'est-à-dire un Amour patient et fort dans sa douceur, qui sait — sans arriver à la haine pour le parent qui pèche ou afflige, en ne vous suivant pas sur le chemin de la Vie, la mienne — qui sait choisir entre ma Loi et l’égoïsme familial et la violence familiale. Aimez vos parents, obéissez-leur pour tout ce qui est sacré. Mais soyez prêts à mourir, non à donner la mort, mais à mourir, je dis, s’ils veulent vous amener à trahir la vocation que Yahweh a mise en vous d’être les citoyens du Royaume d’Elohîm que je suis venu former. N’imitez pas les sopherîm et les peroushîm, divisés entre eux bien qu’ils affectent d’être unis. Vous, disciples du Christos, que vous soyez vraiment unis, une seule chose pour les autres, les chefs pleins de douceur à l’égard des sujets, les sujets pleins de douceur envers les chefs, une seule chose dans l’Amour et le but de votre union : conquérir mon royaume et être à ma droite dans l’éternel Jugement. Rappelez vous qu’un royaume divisé n’est plus un royaume et ne peut subsister. Soyez donc unis entre vous dans l’Amour pour Moi et pour ma doctrine. Que l’uniforme du chrétien, tel sera le nom de mes sujets, soit l’Amour et l’union, l’égalité entre vous pour les vêtements, la communauté des biens, la fraternité des cœurs. Tous pour chacun, chacun pour tous. Que celui qui possède donne humblement. Que celui qui n’a pas accepte humblement et expose humblement ses besoins à ses frères, en les sachant tels, et que les frères écoutent affectueusement les besoins des frères, se sentant vraiment tels pour eux. Souvenez-vous que votre Rabbi a eu souvent faim, froid et mille autres besoins et privations et les a exposés humblement aux hommes, Lui, Verbe d’Elohîm. Rappelez-vous que sera récompensé celui qui a pitié, quand il ne donnerait qu’une gorgée d’eau. Rappelez-vous qu’il vaut mieux donner que recevoir. Que dans ces trois souvenirs, le pauvre trouve la force de demander sans se sentir humilié, en pensant que je l’ai fait avant lui, et de pardonner si on le repousse, en pensant que bien des fois on a refusé au Fils de l’homme la place et la nourriture que l’on donne au chien qui garde le troupeau. Et que le riche trouve la générosité de donner ses richesses, en pensant que le vil argent, l’odieux argent que Satân fait rechercher et qui cause les neufs dixièmes des ruines du monde, si on le donne par Amour se change en une gemme immortelle et paradisiaque. Soyez vêtus de vos vertus. Qu’elles soient grandes, mais connues d’Eloah seul. Ne faites pas comme les peroushîm qui font toutes leurs œuvres pour être remarqués par les hommes, qui portent leurs tephilîn1 plus larges et leurs tsitsit2 plus longues, et qui aiment les premières stalles dans les synagogues et les marques de respect sur les places, et veulent que le peuple les appelle : « Rabbi ». Vous n’avez qu’un seul Rabbi : le Christos. Vous, qui dans l’avenir serez les nouveaux docteurs, je vous parle, mes apôtres et mes disciples, souvenez-vous que Moi seul suis votre Rabbi. Et je le serai encore quand je ne serai plus parmi vous. Parce que la Sagesse est la seule maîtresse d’enseignement. Ne vous faites donc pas appeler Rabbi car vous êtes vous-mêmes des disciples. N’exigez pas le nom de père et ne le donnez à personne sur la Terre, parce qu’un seul est le Père de tous : votre Père qui est dans les Cieux. Que cette vérité vous donne la sagesse de vous sentir vraiment tous frères entre vous, aussi bien ceux qui dirigent que ceux qui sont dirigés, et aimez-vous par conséquent comme de bons frères ; et qu’aucun de ceux qui dirigent ne se fasse appeler guide car il n’y a qu’un seul guide pour vous tous : le Christos. Que le plus grand d’entre vous soit votre serviteur. Ce n’est pas s’humilier que d’être le serviteur des serviteurs d’Elohîm, mais c’est m’imiter, Moi qui ai été doux et humble de cœur, toujours prêt à avoir de l’Amour pour les frères en Adâma3 et à les aider avec la puissance que j’ai en Moi comme Eloah. Et je n’ai pas humilié Él-Shaddaï en servant les hommes. En effet, le vrai roi c’est celui qui sait dominer pas tant les hommes que les passions de l’homme, et en tête de toutes les passions : le sot orgueil. Rappelez-vous : celui qui s’humilie sera élevé et celui qui s’élève sera humilié… La Femme dont Adonaï a parlé dans le second livre de la Genèse, la Vierge dont il est question dans Iesha’yahou4 , la Mère-Vierge de l’Imanou-Él5 , a prophétisé cette vérité des temps nouveaux en chantant : « L’Adonaï a renversé les puissants de leur trône et Il a élevé les humbles ». La Sagesse d’Elohîm parlait sur les lèvres de Celle qui était Mère de la Grâce et Trône de la Sagesse. Et je répète les paroles inspirées qui m’ont loué, uni au Père et au Souffle Sacré dans nos œuvres admirables quand, sans offense pour la Vierge, Moi, l’Homme, je me formais dans son sein sans cesser d’être Eloah : le Bèn. Que ce soit une règle pour ceux qui veulent enfanter le Christos dans leur cœur et arriver au Royaume du Christos. Il n’y aura pas de Yeshouah : le Sauveur ; pas de Christos : l’Adôn ; et il n’y aura pas de Royaume des Cieux pour ceux qui sont orgueilleux, fornicateurs, idolâtres, qui s’adorent eux-mêmes et leur propre volonté. ... 
À SUIVRE sur l’Ouvrage Sacré  “SCÉNARIO - L’ULTIME ALLIANCE”
EXTRAIT DE L’OUVRAGE  “SCÉNARIO - L’ULTIME ALLIANCE” : http://www.prophete-du-sacre-coeur.com/scenario-l_ultime-alliance.pdf
http://www.prophete-du-sacre-coeur.com/ https://www.youtube.com/watch?v=1qI8FeNbFsM&t=621s https://www.change.org/p/emmanuel-macron-dieu-ne-veut-pas-de-fl%C3%A8che-sur-notre-dame-098097a0-f72c-4021-9b66-cc9c78ecb8a8?lang=fr-FR
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christophe76460 · 2 months
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C’est pourquoi je veux qu’en tout lieu les hommes prient en élevant vers le ciel des mains pures, sans colère ni esprit de dispute (1Timothée 2:8).
Dans l’Église d’Éphèse, les rassemblements étaient devenus des moments de tensions et de controverses. Alors, Paul pèse avec tout le poids de son autorité. Il veut et ordonne que les hommes prient. Ici, il s’adresse spécifiquement à eux, car dans les assemblées chrétiennes, ce sont les hommes qui doivent donner l’exemple et diriger le culte.
Le fait d’élever les mains vers le ciel n’est pas ce qui est important. Dans l’Ancien Testament, on priait souvent ainsi (Exode 9:29; 1Rois 8:22), ce qui était un acte de foi, un geste d’adoration, et une façon d’implorer le Dieu qui répond à tous nos besoins. Ce qui compte n’est pas tant le geste mais que ces mains soient pures, sans colère ni esprit de dispute. Le mot pur signifie non souillé par le mal. Ces mains représentent une vie sainte, un esprit de paix et l’absence de conflit.
Un autre point important à considérer concernant la prière est la foi. Celui qui s’adresse à Dieu doit le faire en croyant qu’il va agir. Je lis un passage :
Sans la foi, il est impossible d’être agréable à Dieu. Car celui qui s’approche de lui doit croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent (Hébreux 11:6).
Dans les assemblées chrétiennes, les réunions de prières sont peu fréquentées parce que les gens pensent que Dieu ne va ni les écouter ni leur répondre. En réalité, le Seigneur écoute toujours ceux qui l’implorent et qui sont en règle avec lui et avec les autres. Seulement sa réponse n’est pas toujours immédiate ou conforme à ce qu’on veut. Moi je suis convaincu que mes prières servent à quelque chose, même si je ne sais pas comment.
Maintenant, Paul va s’adresser aux femmes et définir leur rôle dans l’Église. Traditionnellement, elles ne peuvent pas devenir prêtres dans l’Église catholique ou orthodoxe. À l’origine, dans les Églises protestantes les femmes n’occupaient pas non plus de position d’autorité. Mais avec les mouvements féministes du siècle dernier, elles ont vu leur rôle évoluer jusqu’à devenir égal à celui des hommes, du moins dans certaines familles d’Églises protestantes comme les Méthodistes, Presbytériens et surtout les Épiscopaliens.
Dans l’Ancien Testament, beaucoup de femmes vertueuses furent de grandes et célèbres servantes de l’Éternel. Débora, par exemple, était prophétesse et juge en Israël (Juges 4:4). À cette époque, le peuple était opprimé et Dieu décida de le libérer. Il ordonna à un certain Baraq de recruter 10 000 hommes. Je lis l’histoire en compressant :
Mais Baraq a répondu à la prophétesse : Si tu m’accompagnes, j’irai ; mais si tu ne viens pas avec moi, je n’irai pas. Alors Débora dit à Baraq : En avant ! C’est aujourd’hui que l’Éternel te donnera la victoire. En ce même jour, Débora chanta ce cantique avec Baraq : Les villes d’Israël étaient abandonnées, la vie avait cessé. Alors, moi, Débora, je suis intervenue comme une mère pour Israël. Debout ! Éveille-toi, Débora, interviens ! Debout, éveille-toi, entonne un chant de guerre ! Toi, Baraq, lève-toi, ramène tes captifs (Juges 4:8, 14; 5:1, 7, 12).
Alors qu’aucun homme ne voulait ni administrer Israël, ni le délivrer de ses ennemis, Dieu a choisi une femme ; quant à Baraq, il ne fut qu’un intermédiaire.
Il y a aussi eu la reine Esther et Ruth la Moabite qui ont chacune donné leur nom à l’un des livres de l’Ancien Testament ; et encore la vierge Marie, Anne la prophétesse qui ne quittait jamais le Temple où elle servait Dieu, nuit et jour, par le jeûne et la prière (Luc 2:36) et bien d’autres.
Au premier siècle, la femme était utilisée comme objet sexuel religieux. Elle avait une place prépondérante dans les cultes païens et surtout les rites de fertilité. À Corinthe, le temple dédié à la déesse Aphrodite comptait mille prostituées sacrées. À Éphèse on adorait la déesse Diane. Et toutes les religions à mystères comptaient des prêtresses.
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Inconnu en France, Chagnon est mort fin septembre. Ses travaux, qui rompaient avec la vision du paisible indigène, ont fait l'objet de controverses féroces. Par Matthew Blackwell* pour Quillette** (traduction par Peggy Sastre)
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Nous sommes en 1978. Juché sur des béquilles, une jambe dans le plâtre à cause d'un accident de jogging, Edward O. Wilson, biologiste renommé, s'avance lentement à la tribune du congrès annuel de l'AAAS, l'Association américaine pour l'avancement des sciences. Alors qu'il prend place devant ses notes, une soudaine clameur brise le silence de l'assemblée : tout le premier rang s'est levé comme un seul homme et hurle des insultes en rejoignant prestement l'estrade. Les protestataires bousculent Wilson et lui renversent un pichet d'eau glacée sur la tête. Ce sont des marxistes, ulcérés par le livre que Wilson a publié quelques années plus tôt, Sociobiology.
Cette histoire est aujourd'hui familière lorsqu'il est question du débat nature/culture, tant elle illustre l'hostilité rageuse dont font preuve certains idéologues pour réduire au silence ce que le commun des mortels considère déjà comme un fait incontestable : que les humains, comme toutes les autres espèces vivantes, ont une nature. Ce jour-là, alors que la foule abandonne Wilson pour quitter l'auditorium, un homme ira à contre-courant et essayera de se frayer un chemin vers l'avant de la salle. « Je n'avais jamais vu un comportement aussi haineux, terrifiant et dégueulasse dans une conférence universitaire », se souvient le célèbre anthropologue Napoléon Chagnon. S'il ne le savait pas encore, ces événements présageaient ce que Chagnon allait lui-même endurer pour avoir voulu importer une vision du monde wilsonienne en anthropologie, et générer ainsi l'une des plus énormes polémiques jamais traversées par la discipline.
Menace
On se souvient de Chagnon, décédé le 21 septembre, comme de l'un des derniers titans de l'anthropologie. Peut-être même comme l'un des derniers ethnographes, dans la lignée de Mead et de Malinowski, à avoir été capable de s'enfoncer dans une région reculée du monde pour vivre aux côtés d'un peuple aussi relativement peu acculturé qu'étudié. Grâce à ses recherches, des millions de personnes se sont intéressées aux cultures traditionnelles et au champ de l'anthropologie culturelle.
Trempé de sueur, les mains et le visage gonflés par les piqûres d'insectes, c'est en 1964 que Chagnon débarque pour la première fois dans un village vénézuélien enclavé au cœur de l'Amazonie, au bord d'une rivière infestée de piranhas. En sortant de sa barque en aluminium, une odeur d'excréments et de matières végétales en décomposition le prend à la gorge. Il se fraye alors un chemin à travers un mur de feuilles et tombe nez à nez avec « une douzaine d'hommes hideux, nus et musculeux qui [le] fixaient derrière leurs arcs bandés ». Dès sa toute première rencontre avec les Yanomamö, Chagnon comprend combien la paranoïa règne sur le quotidien de ce peuple qui vit sous la menace permanente de rapines.
Il faudra du temps pour que Chagnon s'acclimate au fin fond de la forêt amazonienne et à ses menaces exceptionnelles. Les insectes ne cessent de le tourmenter – pas seulement les volants qui piquent, mais aussi les termites qui colonisent les chaussures pour y faire leurs nids ou les araignées et les scorpions que la chaleur des vêtements attire au beau milieu de la nuit. Sans oublier les serpents. « J'avais posé mon fusil à double canon de calibre 12 sur la rive à côté de moi », se souvient-il. Quelques instants plus tard, « je vois l'eau exploser : une énorme tête d'anaconda jaillit et se précipite à quelques centimètres seulement de mon visage. J'ai tout de suite eu la rage : cet enculé de serpent essayait d'avoir ma peau  ! » Chagnon se met à tirer. Le serpent se tortille violemment tandis qu'il recharge et tire, recharge et tire.
Mais c'est surtout des jaguars que Chagnon s'inquiétait le plus. L'animal est en effet connu pour pouvoir tuer plusieurs hommes en une seule attaque. De temps à autre, Chagnon et ses compagnons sont harcelés par ces prédateurs, parfois pendant des heures. Il les entend rôder la nuit autour du bivouac où il fait étape entre deux visites de villages. Une nuit, il se réveille nez à nez avec un jaguar toutes dents dehors. Mais grâce à la moustiquaire et aux cris des villageois, l'animal déguerpira dans la jungle sans demander son reste.
Potache
En 1966, Chagnon se met à travailler avec le généticien James Neel. Neel avait réussi à convaincre la Commission de l'énergie atomique des États-Unis de financer une étude génétique d'une population isolée et pouvait rémunérer Chagnon pour l'aider dans ses recherches. Ayant commencé à prélever des échantillons de sang des Yanomamö pour leur administrer le vaccin Edmonston B, l'équipe de Neel allait découvrir que les Yanomamö n'avaient aucun anticorps contre la rougeole.
De fait, la tribu semble sortir tout droit d'un manuel d'anthropologie – les Yanomamö sont patrilinéaires et polygames (polygynes) ; comme d'autres cultures dans le monde, ils pratiquent le lévirat – un homme doit épouser la femme de son frère mort ; ils respectent des rôles cérémonieux et s'adonnent à des rituels d'isolement avec des tabous alimentaires et sexuels. Mais il arrive que le vernis exotique craquelle pour révéler une humanité commune, notamment un féroce humour potache. Au début des recherches de Chagnon, les Yanomamö lui feront une blague : lorsqu'il leur demande leur nom, ils lui répondent des obscénités. Chagnon ne s'en rendra compte que plusieurs mois plus tard, lorsqu'il se vante auprès d'un autre groupe de Yanomamö de bien connaître leurs généalogies et qu'il les voit rire aux larmes. Ils le supplient de continuer et, sans en être conscient, Chagnon énumère : « Chatte Poilue était mariée au chef Grosse Bite, leur plus jeune fils s'appelait Trou-du-Cul ». Découvrant le canular, Chagnon est à la fois gêné et furieux : cinq mois de collecte de noms se révèlent n'être qu'une litanie d'insultes. À partir de ce jour, il vérifiera toutes ses informations auprès de plusieurs Yanomamö de différents villages.
Pourquoi la violence  ?
S'ils sont de joyeux drilles, les Yanomamö sont aussi extrêmement violents : Chagnon découvre que jusqu'à 30 % des hommes se font massacrer par leurs congénères. La guerre et la violence sont monnaie courante, et les duels une pratique rituelle : deux hommes se tapent dessus à la matraque jusqu'à ce que l'un des deux succombe. Selon Chagnon, cela ne fait aucun doute que les femmes et les vengeances constituent les causes principales de cette violence. Un point qui n'est pas très surprenant lorsqu'on connaît l'omniprésence d'une impitoyable compétition sexuelle entre mâles dans le règne animal, sauf que les anthropologues préfèrent voir dans la genèse de la violence humaine des questions plus immédiates, comme les conflits de ressources. Un jour que Chagnon demande au chaman yanomamö Dedeheiwa de lui expliquer la cause de la violence, le prêtre répond : « Ne pose pas de questions aussi stupides  ! Ce sont les femmes  ! Les femmes  ! Les femmes  ! Les femmes  ! Les femmes  ! » Chez les Yanomamö, les combats éclatent sur fond de jalousie, d'indécence sexuelle, de viol, de tentatives de séduction, de kidnapping et de promesses de femmes non tenues.
En général, les raids et les attaques intestines voient un ou plusieurs hommes essayer d'enlever les femmes du groupe ciblé. « La victime est agrippée par un bras par ses ravisseurs et ses défenseurs tiennent l'autre bras. Puis les deux groupes tirent dans des directions opposées », explique Chagnon. On lui raconte même l'histoire d'une femme désarticulée dans la manœuvre. « La victime hurle de douleur et la lutte peut durer plusieurs longues minutes avant qu'un groupe n'ait l'avantage. » Si, dans ses entretiens, Chagnon trouve qu'une femme sur cinq a été enlevée, il n'est pas rare que certaines soient reconnaissantes envers leur kidnappeur quand le nouveau mari est moins cruel que l'ancien. De fait, le traitement des femmes yanomamö est des plus horribles et Chagnon doit souvent faire face au dilemme que connaissent bien des anthropologues – faut-il intervenir ou rester dans sa position d'observateur  ? Les hommes battent leur femme par jalousie sexuelle, les punissent à coup de flèches ou de bâtons incandescents qu'ils placent entre leurs jambes pour leur faire passer toute envie d'infidélité. Un jour, un homme allait frapper sa femme à la tête avec une bûche devant un public impassible. « À chaque fois, sa tête rebondissait sur le sol, comme s'il tapait dans un ballon de foot avec une batte de base-ball. Avec le chef, nous sommes intervenus – il était en train de la tuer. » Chagnon lui suturera la tête. Mais une fois rétablie, la femme allait jeter sa petite fille endormie au feu, pour plus tard mourir mordue par un serpent venimeux. En Amazonie, la vie peut être misérable, brutale et courte.
Les tueurs récompensés
Pour ses recherches, Chagnon se rendra plus de vingt fois en Amazonie. En 1968, il publie Yanomamö : The Fierce People, tout de suite best-seller dans le monde entier. Mais en anthropologie, le livre suscite tout aussi immédiatement la controverse. S'il fait l'objet d'un immense respect et devient vite une référence dans le cursus universitaire, son sous-titre qualifiant les Yanomanö de peuple « féroce » dérange les anthropologues, qui préfèrent à l'époque parler dans leurs monographies de tribus « paisibles », de peuplades « inoffensives », voire de communautés qui « ne connaissent pas la colère ». Au sein de la discipline, on s'obstine à camoufler les cultures primitives sous une façade idyllique : 61 % des hommes waorani ont beau connaître une mort violente, un anthropologue qui décrit ce peuple amazonien en parle néanmoins comme d'une « tribu où règne l'harmonie » du fait d'une « éthique mettant l'accent sur la paix ». Lorsque vous considérez ce genre de société comme harmonieuse, il est peu probable que vous soyez impressionné par un Chagnon qui voit dans les Yanomamö un « peuple féroce », alors que seulement 30 % des hommes sont tués par d'autres hommes. Ce même anthropologue, pour qui les Waoroni se feraient fort d'une éthique pacifiste, mettra d'ailleurs ses plus beaux habits jargonneux pour accuser Chagnon de « projection des traditionnels préjugés de la construction occidentale de l'Altérité ».
Mais c'est face à la découverte des unokai – titre honorifique récompensant des hommes pour en avoir tué d'autres – que les anthropologues vont le plus blêmir. Selon les calculs de Chagnon, les tueurs ont environ trois fois plus d'enfants et deux fois plus d'épouses que les autres. Détaillant ses observations dans un article publié dans Science en 1988, Chagnon laisse entendre que les hommes victorieux dans ce phénomène culturel – démontrer sa prouesse militaire à tuer pour se venger – étaient tenus en meilleure estime par le groupe et étaient aussi considérés comme plus séduisants par les femmes. Dans certains cercles extérieurs à l'anthropologie, là encore, la théorie de Chagnon n'est pas surprenante, mais ses implications pour l'anthropologie pouvaient être profondes. Dans La Part d'ange en nous, Steven Pinker souligne que si les hommes violents s'avèrent plus adaptés sur un plan évolutif que les autres, « cette arithmétique, si elle persistait pendant plusieurs générations, favoriserait une tendance génétique à vouloir et à pouvoir tuer ».
Les conflits sur les moyens de reproduction – les femmes – (...) – ont façonné la psychologie masculine humaine
La question de savoir si la meilleure fitness darwinienne des hommes violents est un phénomène universel à toute l'humanité préhistorique reste contestée. Chagnon va visiblement dans ce sens : « Les conflits sur les moyens de reproduction – les femmes – ont dominé les machinations politiques masculines durant toute l'histoire de l'humanité et ont façonné la psychologie masculine humaine », écrit-il. Ses détracteurs n'en croient pas leurs yeux. Non seulement accusait-il une société amazonienne jusqu'ici inconnue de récompenser ses mâles les plus violents par un succès reproductif, mais il en déduisait que l'humanité tout entière était elle-même souillée du sang de nos ancêtres ! Dans cette hypothèse, ils voient une menace : une nouvelle façon de penser le comportement humain risquait de s'immiscer en anthropologie pour promouvoir un nouveau paradigme d'écologie comportementale appliquée à l'humain. Chagnon fait une entrée fracassante sur le champ de bataille des science wars et les anthropologues vont faire la queue pour le couvrir d'opprobre et tourner ses hypothèses en ridicule. Le « débat » sera si mesquin que certains anthropologues refuseront d'utiliser sa translittération « Yanomamö », pour lui préférer « Yanomami ». S'ils n'arrivaient pas à s'entendre sur le nom du peuple, sur quoi d'autre pouvaient-ils espérer tomber d'accord  ?
Aux yeux de Chagnon, son plus redoutable critique fut l'éminent anthropologue Marvin Harris. Harris avait été officieusement couronné roi de la discipline après la publication de son magnus opus The Rise of Anthropological Theory. Fondateur de la très influente école matérialiste d'anthropologie, il soutient que les ethnographes devraient d'abord chercher des explications matérielles au comportement humain avant d'envisager des alternatives, car « la vie sociale humaine est une réponse à des problèmes pratiques de l'existence ». Selon Harris, la structure et la « superstructure » d'une société sont en grande partie des épiphénomènes de son « infrastructure » ; en d'autres termes, que l'organisation économique et sociale, les croyances, les valeurs, l'idéologie et le symbolisme d'une culture évoluent à la suite des changements des circonstances matérielles d'une société particulière et que des pratiques culturelles apparemment désuètes tendent à refléter la relation entre l'Homme et son environnement. Par exemple, l'interdiction de la consommation de bœuf chez les Hindous en Inde n'est pas principalement le fait d'injonctions religieuses. Ces croyances religieuses sont elles-mêmes des épiphénomènes des véritables causes : les vaches sont plus précieuses pour tirer les charrues et produire des engrais et du combustible pour chauffer les maisons. Le matérialisme culturel privilégie les explications de type « étique » sur l'« émique », il ignore les opinions des membres d'une société et entend découvrir la réalité qui se cache derrière ces opinions.
Ainsi, lorsque les Yanomamö expliquent que la guerre et les combats sont causés par les femmes et les vendettas, Harris leur cherche une explication matérielle relevant des préoccupations immédiates de survie. Les données de Chagnon confirment que plus un village est grand, plus les risques de combats, de violence et de guerre sont élevés. Dans son livre Good to Eat : Riddles of Food and Culture, Harris soutient que les combats sont plus fréquents dans les plus grands villages yanomamö parce qu'ils épuisent les stocks de gibier local plus rapidement que les petits villages, ce qui ne laisse aux hommes pas d'autres choix que de se battre entre eux ou d'attaquer des groupes extérieurs pour combler leurs besoins en protéines. Lorsque Chagnon présente la théorie matérialiste de Harris aux Yanomamö, ils éclatent de rire et répondent : « Oui, nous aimons la viande, mais nous aimons beaucoup plus les femmes. » Selon Chagnon, les petits villages sont moins violents parce que leurs membres sont biologiquement plus proches – ces communautés ne sont composées que de deux ou trois grandes familles, avec des systèmes de répartition et de partage des femmes plus stables.
Un soir, Chagnon assiste à un débat sur la sociobiologie entre Edward Wilson et Harris au Smithsonian Institute. À un moment donné, alors qu'il est en train de décrire les dangers de la sociobiologie, Harris fait une pause et s'exclame : « Saviez-vous qu'il y a un anthropologue, un homme désormais célèbre pour ses longues recherches sur les Indiens d'Amazonie, qui prétend, mesdames et messieurs, que ces tribus n'ont pas seulement un gène de la guerre, mais qu'elles ont aussi des gènes de l'infanticide  ! » Une telle caricature du point de vue de Chagnon que ce dernier fait passer une question au modérateur. Il veut qu'Harris « donne le nom de ce fameux anthropologue qui affirme qu'il existe des gènes de la guerre et de l'infanticide ». Mais pendant toute la session des échanges avec le public, Harris ne cesse de temporiser sa réponse, tant et si bien que le modérateur en vient à annoncer la conférence terminée. Qu'à cela ne tienne, Chagnon se lève et demande une nouvelle fois à Harris de donner le nom de l'anthropologue mystère. Le public, qui reconnaît immédiatement Chagnon de ses documentaires, se met à crier : « Qu'il parle  ! Laissez-le parler  ! » Momentanément décontenancé, Harris avoue que s'il a mal compris Chagnon, il l'invite à revenir à l'anthropologie. La réponse de Chagnon ? « Mais je ne l'ai jamais quittée. »
En butte aux missionnaires salésiens
Si les critiques de Harris et d'autres anthropologues continuent de pleuvoir sur Chagnon aux États-Unis, sa réputation en vient à se détériorer sur un autre front. Dès son arrivée en Amazonie, Chagnon avait entretenu des relations cordiales avec un prêtre missionnaire des Salésiens de Don Bosco. En réalité, Chagnon et le prêtre sont devenus tellement bons amis que le religieux demande un jour à Chagnon de tuer un de ses compagnons de mission, accusé d'avoir rompu son vœu de chasteté en couchant avec une femme yanomamö. Le prêtre craint que l'incartade ne salisse l'honneur de l'ordre salésien. Évidemment, Chagnon refuse, mais cela met leur relation à rude épreuve. Elle se détériore davantage lorsque Chagnon découvre que les missionnaires distribuent des fusils aux autochtones et que ceux-ci les utilisent dans leurs guerres. En outre, les missionnaires ignorent toutes les recommandations de Chagnon pour préserver les Indiens de la rougeole : en voulant convertir les Yanomamö, les salésiens contribuent à la propagation rapide de la maladie. Les liens entre les missionnaires et Chagnon se rompent définitivement lorsque l'anthropologue collabore à un documentaire où les religieux sont présentés sous un jour moins que flatteur. Au début des années 1990, les missionnaires entendent chasser tout bonnement Chagnon d'Amazonie et redoublent d'efforts lorsqu'ils apprennent que la BBC et Nova sont sur le point de produire un nouveau documentaire dans la forêt tropicale portant sur sa dispute avec Marvin Harris. Ils arriveront à leurs fins : les salésiens font pression sur Maria Luisa Allais, la responsable de la Commission indienne du Venezuela, pour qu'elle refuse à Chagnon un permis dont il avait besoin pour revenir dans le pays et continuer ses recherches.
En 1993, une tragédie frappe l'Amazonie lorsque des chercheurs d'or traversent la frontière en provenance du Brésil et massacrent plusieurs Yanomamö, dont des femmes et des enfants. L'explorateur Charles Brewer-Carías est choisi pour diriger une commission présidentielle sur le massacre, et il veut que Chagnon en fasse partie, vu qu'il est l'un des rares anthropologues au monde à parler yanomamö. Lorsque le président vénézuélien Carlos Perez apprend que Chagnon s'est vu refuser un permis d'entrée, il téléphone au ministère de l'Éducation et lui ordonne de lui en délivrer un derechef. Maria Luisa Allais, visiblement dans ses petits souliers, s'exécute et Chagnon récupère ses papiers. Le fait que Chagnon ait court-circuité la Commission indienne et fasse maintenant partie de la commission présidentielle chargée d'enquêter sur le massacre exaspère au plus haut point les salésiens. Ils pensent que l'enquête leur revient de droit. Dès le premier jour des investigations, un évêque salésien accompagné d'hommes armés de fusils automatiques se pose en hélicoptère sur le lieu du massacre et ordonne à Brewer-Carías et à Chagnon de déguerpir. Le gouvernement étant alors à la veille d'un coup d'État et peu disposé à faire respecter la loi et l'ordre dans les profondeurs de l'Amazonie, la commission d'enquête sera rapidement dissoute. Toute sa vie, Chagnon regrettera que les morts n'aient pu obtenir justice.
Une crise sans précédent
Malgré leur amère rivalité intellectuelle, Marvin Harris ne va jouer aucun rôle dans les sensationnelles accusations portées contre Chagnon, voulant qu'il ait mené ses recherches en Amazonie de manière contraire à l'éthique. Celles-ci seront le fait d'une coalition d'anthropologues moins éminents, dont certains occupent des fonctions de premier plan dans des organisations militantes créées de toutes pièces pour s'opposer à Chagnon. David Maybury-Lewis, président de l'association Cultural Survival, fut l'un des premiers critiques de Chagnon et aussi l'un des premiers anthropologues à conspuer la « férocité » qu'il attribuait aux Yanomamö. Un étudiant de Maybury-Lewis, Terence Turner, président pour sa part de Survival International USA, sera un détracteur encore plus farouche de Chagnon. Survival International, qui s'en est récemment pris à Steven Pinker pour La Part d'ange en nous, promeut depuis longtemps l'image rousseauiste de peuplades traditionnelles devant être préservées dans toute leur splendeur naturelle des ravages du monde moderne. Survival International vilipende toutes les découvertes anthropologiques susceptibles de compliquer cet angélique tableau et Chagnon s'est aventuré en plein dans leur ligne de tir. Sur leur site internet, on trouve toujours une pétition reprochant à Chagnon sa caractérisation des Yanomamö comme « peuple féroce, violent et archaïque ».
Pendant des années, Terence Turner de Survival International prêtera main-forte à un soi-disant journaliste, Patrick Tierney, qui enquêtait sur Chagnon pour son livre Au nom de la civilisation. En 2000, alors que le livre de Tierney est sur le point d'être publié, Turner et son collègue Leslie Sponsel écrivent à la présidente de l'American Anthropological Association (AAA) et l'informent qu'une crise sans précédent est sur le point de toucher l'anthropologie. En effet, Tierney affirme que Chagnon et Neel avaient propagé la rougeole chez les Yanomamö en 1968 en utilisant des vaccins défectueux ou que les documentaires de Chagnon dépeignant la violence des Yanomamö ont été truqués et que plusieurs Yanomamö l'ont payé de leur vie sur le tournage de scènes dangereuses. En outre et entre autres, Chagnon est accusé d'avoir généré de la violence parmi les Yanomamö, falsifié ses données, déclenché des guerres et aidé des politiciens corrompus. Neel est également accusé d'avoir refusé des vaccins à certaines populations autochtones dans le cadre d'une expérience. Les médias ne tardent pas à se faire l'écho des calomnies de Tierney, dont le Guardian qui publie un article incendiaire accusant Neel et Chagnon d'eugénisme. Turner affirme pour sa part que Neel croyait en un gène du « leadership » et que le pool génétique humain pouvait être amélioré en éliminant les individus les plus médiocres. « L'implication politique de cet eugénisme fasciste », déclare Turner au Guardian, « est clairement que la société devrait être réorganisée en petits isolats procréatifs dans lesquels des hommes génétiquement supérieurs pourraient devenir dominants et ainsi éliminer ou réduire les perdants en esclavage ».
Une guerre sans merci
À la fin de 2000, l'American Anthropological Association (AAA) annonce une consultation au sujet du livre de Tierney. La nouvelle n'est pas tout à fait rassurante pour Chagnon, vu le passif de l'organisation avec des anthropologues ne suivant pas la ligne du parti. Lors de la controverse Freeman-Mead, quand l'anthropologue néo-zélandais Derek Freeman avait critiqué le livre de Margaret Mead Adolescence à Samoa, le magazine Science, édité par l'association américaine pour l'avancement des sciences (AAAS), louera le travail de Freeman au moment même où l'AAA le conspuait. L'AAA s'en prendra d'ailleurs à l'AAAS à laquelle elle reproche de pas avoir condamné Freeman. Sauf que selon une enquête approfondie de l'Académie des sciences, les affirmations de Tierney étaient « manifestement fausses », son livre portant « un grave préjudice (…) à la science elle-même ». Du côté de l'AAA, on estime que l'ouvrage de Tierney a « rendu un précieux service à notre discipline ». L'AAA décide de réunir un groupe de travail, l'« El Dorado Task Force », chargé non pas d'« enquêter » sur Chagnon, ce qui aurait violé son code de déontologie, mais sur les affirmations de Tierney.
Derrière les portes closes de l'AAA, les tensions sont vives. « Détruisez ce message », écrit Jane Hill, chef du groupe de travail à Sarah Hrdy, une autre anthropologue. « Le livre n'est qu'un tas de fumier (nous utiliserons des mots plus ripolinés dans notre rapport, mais nous sommes tous d'accord là-dessus). Je pense néanmoins que l'AAA devait faire quelque chose, parce que je suis persuadée que les travaux des anthropologues auprès des peuples indigènes en Amérique latine (…) et leur avenir ont été gravement remis en question par ces accusations. Le silence de l'AAA aurait été interprété comme un acte d'approbation ou de lâcheté. La postérité jugera du bien-fondé de cette décision. » Bouleversé d'apprendre que la communauté anthropologique pourrait prendre au sérieux les accusations de Tierney, Chagnon est hospitalisé pour un évanouissement causé par le stress. Soupçonnant que le groupe de travail avait été constitué pour pousser Chagnon sous le bus, l'anthropologue Raymond Hame démissionnera de la commission. En 2002, l'AAA se voit remettre le rapport du groupe de travail : s'il n'est pas une « enquête » en bonne et due forme, il reproche néanmoins à Chagnon d'avoir dépeint les Yanomamö d'une manière « néfaste » et le tient responsable d'avoir fait passer ses recherches avant leurs intérêts.
Lavé de tout soupçon
Les accusations les plus graves de Tierney s'effondrent cependant comme un château de cartes. En 2000, les chefs élus des Yanomamö publient un communiqué, affirmant que Chagnon était arrivé après l'épidémie de rougeole et qu'il avait sauvé des vies, « Le Dr Chagnon – que nous connaissons sous le nom de Shaki – est venu dans nos communautés avec des médecins et il nous a vaccinés contre la maladie épidémique qui nous tuait. Grâce à lui, nous sommes des centaines à avoir survécu et nous sommes très reconnaissants au Dr Chagnon et à ses collaborateurs pour leur aide. » Des enquêtes de l'American Society of Human Genetics et de l'International Genetic Epidemiology Society concluent toutes au caractère sans fondement des accusations de Tierney quant à l'épidémie de rougeole. L'université du Michigan renouvelle sa confiance à son professeur. Les articles se multiplient dans les revues spécialisées pour dénoncer les conclusions erronées du groupe de travail de l'AAA. En 2005, l'American Anthropological Association vote le retrait du rapport et lave Chagnon de tout soupçon.
En 2000, un communiqué commun entre leaders yanomamö et leurs voisins Ye'kwana réclame la tête de Tierney : « Nous exigeons que notre gouvernement national enquête sur les fausses déclarations de Tierney, qui entachent la mission humanitaire qu'avait menée Shaki [Chagnon] avec beaucoup de tendresse et de respect pour nos communautés. » L'enquête ne verra jamais le jour, mais la réputation de Tierney, déjà bringuebalante, est achevée par les travaux de l'historienne des sciences Alice Dreger. Elle découvre, entre autres, que si Tierney remercie une anthropologue vénézuélienne de lui avoir fourni un dossier sur Chagnon, en réalité, comme l'anthropologue l'avouera à Dreger, Tierney en était le seul auteur et l'avait fait passer pour une source à charge indépendante.
En 2012, Tierney a disparu des radars. Il n'écrit ni ne se montre plus jamais plus en public. Chagnon, lui, a été élu à l'Académie nationale des sciences, la plus prestigieuse distinction qui puisse être décernée à un scientifique après le prix Nobel. Pour Chagnon, l'exonération est totale mais, aujourd'hui encore, certains anthropologues continuent de véhiculer les mensonges de Tierney. Si Turner a fini par les abandonner, il cherchera jusqu'à sa mort en 2015 d'autres preuves accablantes contre Chagnon. En 2013, l'anthropologue David Price publie un article dans le journal d'extrême gauche CounterPunch pour critiquer la décision de l'Académie nationale des sciences. Il y cite le livre de Tierney sans se fatiguer à préciser que l'auteur et ses arguments ont été depuis longtemps discrédités. L'anthropologue Marshall Sahlins, également thuriféraire de Tierney, démissionne de l'Académie nationale des sciences pour protester contre l'élection de Chagnon. David Graeber, son protégé, commente « Sahlins est un véritable homme de principe (...) Il n'a jamais eu beaucoup de patience pour les machos yankees en débardeur qui prenaient d'assaut les jungles et traitaient leurs habitants de brutes sauvages histoire d'avoir une excuse pour se comporter eux-mêmes en brutes sauvages ». Les querelles entre détracteurs et partisans de Chagnon ne sont pas près de s'éteindre, malgré les preuves disponibles. Comme Alice Dreger le faisait remarquer à Graeber sur Twitter en 2013 : « Si Sahlins n'arrive pas à admettre que Chagnon n'a rien fait, alors peut-être qu'il n'avait effectivement plus sa place à l'Académie nationale des sciences. »
Le véritable schisme
Pour le Scientific American, cette controverse incarne les « heures les plus sombres de l'anthropologie » et soulève de troublantes questions pour l'ensemble de la discipline. En 2013, Chagnon publie son dernier livre, une autobiographie où il écrit que l'anthropologie est depuis longtemps tiraillée par un schisme bien plus important que n'importe quelle opposition entre paradigmes de recherche ou écoles d'ethnographie. Le schisme entre ceux qui se consacrent à la science de l'humanité, les anthropologues au vrai sens du terme, et les opposants à la science, que ce soit ceux que l'on définit vaguement comme « postmodernes » ou les militants qui se déguisent en scientifiques et font passer la défense des droits autochtones avant la recherche de la vérité objective. Comme ambassadrice de la faction activiste des anthropologues, Chagnon désigne Nancy Scheper-Hughes et cite sa déclaration selon laquelle nous « n'avons pas besoin de nous engager philosophiquement pour les notions de raison et de vérité chères aux Lumières ».
si nous ne pouvons pas penser les institutions et les pratiques sociales en termes scientifiques et objectifs, alors l'anthropologie sera encore plus faible et inutile
Qu'importe les raisons et les torts des trois décennies de débat entre Chagnon et Harris, le paradigme matérialiste était une hypothèse scientifiquement discutable. Chagnon finira d'ailleurs par admettre qu'il avait bien plus en commun avec son vieux rival qu'avec les nouvelles générations de chercheurs-activistes. « Ironiquement, Harris et moi avons tous les deux plaidé pour une vision scientifique du comportement humain à une époque où un nombre croissant d'anthropologues ne pouvaient plus voir l'approche scientifique en peinture », écrit-il. Lorsque Nancy Scheper-Hughes déclare « si nous ne pouvons pas penser les institutions et les pratiques sociales en termes moraux ou éthiques, alors l'anthropologie me semble assez faible et inutile », Marvin Harris lui répond : « Si nous ne pouvons pas penser les institutions et les pratiques sociales en termes scientifiques et objectifs, alors l'anthropologie sera encore plus faible et inutile. »
Pour Chagnon comme pour Harris, il était dangereux que l'anthropologie ne soit plus une entreprise scientifique. Et tous les deux estimaient que des anthropologues, sans même parler d'autres chercheurs en sciences sociales, déguisaient un activisme de plus en plus anti-scientifique par le recours à un charabia postmoderne obscurantiste. Dans les années 1980, Chagnon ne renouvela pas son adhésion à l'American Anthropological Association parce qu'il ne comprenait plus le « charabia postmoderne inintelligible » enseigné dans le domaine. Dans son dernier livre, Harris abondait presque dans le sens de Chagnon : « Les postmodernistes sont désormais capables d'écrire sur leurs pensées d'une manière exceptionnellement impénétrable. Leur prose néo-baroque avec ses propositions enchâssées, ses syllabes entre crochets, ses métaphores de métaphores, ses pirouettes verbales, ses fioritures et ses figures stylistiques n'est pas un simple épiphénomène ; il s'agit bien plutôt d'une saillie raillant quiconque s'essayant à écrire des phrases simples et intelligibles dans la plus pure tradition moderniste. »
Dans la discipline que l'on appelle aujourd'hui anthropologie, la quête de connaissances sur l'humanité est à bien des égards devenue méconnaissable. Selon Chagnon, l'anthropologie culturelle était entrée dans « une ère de ténèbres ». Avec sa mort, l'anthropologie s'avance un peu plus vers l'obscurité.
*Matthew Blackwell est un écrivain australien, diplômé de l'université du Queensland en économie et en anthropologie. Vous pouvez le suivre sur Twitter @MBlackwell27
**Cet article est paru dans Quillette. Quillette est un journal australien en ligne qui promeut le libre-échange d'idées sur de nombreux sujets, même les plus polémiques. Cette jeune parution, devenue référence, cherche à raviver le débat intellectuel anglo-saxon en donnant une voix à des chercheurs et des penseurs qui peinent à se faire entendre. Quillette aborde des sujets aussi variés que la polarisation politique, la crise du libéralisme, le féminisme ou encore le racisme. « Le Point » publiera chaque semaine une traduction d'un article paru dans Quillette.
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blogdimanche · 7 months
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Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1,12-15
« Jésus venait d’être baptisé.
12 Aussitôt l’Esprit le pousse au désert
13 et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
14 Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ;
15 il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
(Texte biblique tiré de « La Bible — traduction officielle liturgique — AELF »)
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(Illustration du site Apprenez-nous à prier)
Commentaire Mc 1,12-13
« Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt, l’Esprit le pousse au désert. Et dans le désert il resta quarante jours, tenté par Satan. » (Mc 1,12-13) Marc ne nous précise pas quelles tentations Jésus a dû affronter, mais la suite de son évangile nous permet de les deviner : ce sont toutes les fois où il a dû dire non ; parce que les pensées de Dieu ne sont pas celles des hommes, et que, homme lui-même, il était entouré d’hommes, il a dû faire sans cesse le choix de la fidélité à son Père. L’épisode qui nous vient tout de suite à l’esprit, c’est ce qui s’est passé près de Césarée de Philippe : « En chemin, Jésus interrogeait ses disciples : Qui suis-je, au dire des hommes ? Ils lui dirent Jean le Baptiste ; pour d’autres, Elie ; pour d’autres, l’un des prophètes. Et lui leur demandait : Et vous, qui dites-vous que je suis ? Prenant la parole, Pierre lui répond : Tu es le Christ. Alors il leur commanda sévèrement de ne parler de lui à personne. » (Mc 8,27-30). Cette sévérité même est certainement déjà signe d’un combat intérieur. Et tout de suite après, Marc enchaîne « Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’Homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit mis à mort et que, trois jours après, il ressuscite. » Et vous connaissez la suite : « Pierre, le tirant à part, se mit à le réprimander. Mais lui, se retournant et voyant ses disciples, réprimanda Pierre ; il lui dit : Retire-toi ! Derrière moi, Satan, car tes vues ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes. » Il y a là, dans la bouche de Jésus l’aveu de ce qui fut la plus forte peut-être des tentations : celle d’échapper aux conséquences tragiques de l’annonce de l’évangile. Jusqu’à la dernière minute, à Gethsémani, il aura la tentation de reculer devant la souffrance : « Mon âme est triste à en mourir... Père, à toi tout est possible, écarte de moi cette coupe ! Pourtant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » (Mc 14,34-36) Il est bien clair ici que sa volonté doit faire effort pour s’accorder à celle de son Père. Jésus a connu aussi la tentation de réussir ; là encore, son entourage l’y poussait ; le succès pouvait bien devenir un piège : « Tout le monde te cherche » (Mc 1,37), lui disaient ses disciples à Capharnaüm ; le matin du sabbat à la synagogue, d’abord, où il avait délivré un possédé, puis la journée au calme chez Simon et André, où il avait guéri la belle-mère de Pierre ; le soir tous les alentours étaient là, qui avec son malade, qui avec son possédé ; et il avait guéri de nombreux malades ; la nuit suivante, avant l’aube, il était sorti à l’écart pour prier ; Jésus avait dû s’arracher : « Allons ailleurs dans les bourgs voisins, pour que j’y proclame aussi l’Évangile : car c’est pour cela que je suis sorti. » (Mc 1,38). Elle est là, la tentation : se laisser détourner de sa mission. Jésus a vécu cette souffrance de l'incompréhension et a dû affronter une autre sorte de tentation, celle de convaincre par des actes spectaculaires : « Les Pharisiens vinrent et se mirent à discuter avec Jésus ; pour lui tendre un piège, ils lui demandent un signe qui vienne du ciel. Poussant un profond soupir, Jésus dit : Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe ? En vérité, je vous le déclare, il ne sera pas donné de signe à cette génération... Et les quittant, il remonta dans la barque et il partit sur l’autre rive. » (Mc 8,11-12). Très certainement, quand Jésus décide brusquement de fausser compagnie à ses interlocuteurs du moment, que ce soient ses amis ou ses adversaires, c'est qu'il a un choix à faire. Ce choix est celui de la fidélité à sa mission. (Note du P. Mario Doyle, C.Ss.R. : Ce commentaire reproduit largement celui d’une bibliste bien connue des catholiques de France : Marie Noëlle Thabut)
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