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#La Ferme des Sept Lunes
clipstone · 8 months
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La Ferme des Sept Lunes
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La Ferme des Sept Lunes De Deux Choses Lune St. Joseph, France 2019 Roussane, Marsanne
La Ferme des Sept Lunes is 10 hectares of organic and biodynamic vineyards along the Rhone. They have a southeastern exposure and this paired with their altitude brings a freshness to the wines.
Most notably though, there is a high alcohol content to this punchy, dry white.
The grapes are manually harvested and picked when fully ripe - there is zero yeasting or addition of enzymes. Roussane - bright, floral, baked bread, spices, surprisingly high acidity. a rich wine defined by its nutty-spicy notes
Marsanne - almond and beeswax, weighty, can produce fairly decadent wine, similar to Chardonnay in having a big personality
Tasting notes: lemon filled pastries, vanilla, nectarine, toasty, waxy, great minerality
Pairing: pork, mature and hard cheese, poultry
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oenodyssee · 1 year
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Le tracteur à pédales
Le tracteur à pédales
Chez Bastien et Émilie Boustareaud / La Ferme viticole / Saint-Rémy-de-Provence / 4 hectares
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Quels liens secrets, quels échos, unissent mes passages d’un domaine à l’autre ? Font-ils sens s’ils m’apparaissent ou relèvent-ils de la coïncidence anecdotique ?
Leur identification n’est peut-être qu’une des conséquences du nomadisme. On se met en route, l’attention aux détails, à leur mémorisation et à leurs interprétations s’accroit. J’y vois une forme de paléoréflexe (de survie) réveillé par les aléas d’un déplacement au grand air. Voyager est un affut de signes.
Cette Tarasque, par exemple, qui me talonne depuis ma traversée du Rhône, cette Tarasque va-t-elle me rattraper ? Me foudroyer ou me noyer ? Toute l’après-midi j’ai tenté de décrypter la trajectoire de ses coups de boutoirs, l’écartement de ses morsures électriques. Difficile, tiens, durant cette fuite à travers le Trébon, de ne pas penser à Léo Seguin, vigneron et chasseur d’éclairs, qui aurait usé des mêmes indices pour foncer vers l’orage.
Tiens, c’est justement depuis Le Mas des Roquets, il y a deux jours, que j’avais appelé Bastien Boustareaud, pour lui proposer d’accueillir Rhapsode. Bastien m’ayant répondu à la vitesse de – ! – c’est, chez lui,  à La Ferme viticole, Chemin Monplaisir, 13210 Saint-Rémy de Provence, que j’ai débarqué il y a quelques heures. En nage mais sec de pluie.
Dans le coin, on métonymise encore Bastien du nom de sa première cuvée, Clandestino (2012), produite avec deux rangs laissés par un ami et d’autres grains grapillonnés ici et là – sans guère d'autorisations.
Il faut dire que ce grand gaillard volubile porte plutôt bien son titre. Tu es à peine arrivé chez lui que tu es déjà dans une  voiture à sillonner les voies parallèles de la contrée, à écouter le récit d’un retour en garrigue (où comment un sommelier du cru passé par une cave chic à Paris et les croisières de luxe en Alaska en vient au vin naturel et aux arbres fruitiers) ; à peine rentré que le voilà éclipsé dans l'une de ses micro parcelles insérée dans les Alpilles  pour un conciliabule avec un ami magnétiseur ;  à peine revenu qu’il t’embarque dans son garage pour te présenter son vélo-tracteur électrique, conçu et fabriqué maison, pour les traitements biodynamiques : en remplacement du pulvérisateur dorsal et en complément du cheval occasionnel.
Maintenant je suis dans le jardin, en performance. Nous sommes sept. Trois voisins qui mériteraient chacun un portrait et l’équipe Boustareaud : Émilie, Bastien, et leurs deux enfants, Baptiste et Lucien. Invité par l’endroit – potager permacultivé, comptoir surmonté d’une treille, hémicycle des grands arbres, proscenium gazonné , pré non fauché en fond de scène, oiseaux et insectes – j’ai proposé, tiens, comme chez les Gavarches de Sommière, une version mobile de Rhapsode.
Où en sommes-nous ?  À la septième lune peut-être, quelques goutes d'Esprit Libre (Nielluccio, Sciaccarello, Cinsault, Aramon et quelques hybrides en macération carbonique) dans le sang, bien accordés, ayant inclus dans notre cercle cette drôle de stèle portant relief d’une divinité manifestement soiffarde – qui m’attirait depuis un moment. Plus tard Bastien dira son adolescence passée à Tahiti et je comprendrai l’origine de ce Dionysos-de-pierre-là. Et me souviendrai aussi, tiens, du livre de Bronislaw Malinowski, précurseur de l’ethnologie contemporaine, qui attendait sur ma table de chevet au Mas des Roquets : les Argonautes du Pacifique occidental.
Et donc ? Donc rien. Juste des marques, des concordances, des entrées et des sorties, juste des rapprochements glanés plus ou moins clandestinement, par pur plaisir, avec mon cheval à pédales. Réjouissons-nous : c’est gratuit.
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soieeod · 1 year
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Triage de tritical au ventadou à la Ferme des Sept Lunes
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«(...) la véritable formule de l’athéisme n’est pas que Dieu est mort – même en fondant l’origine de la fonction du père sur son meurtre, Freud protège le père – la véritable formule de l’athéisme, c’est que Dieu est inconscient.» (Jacques Lacan)
En s’imaginant évacuer Dieu et tout "le saint frusquin", nos sociétés "libérales-libertaires" ont in fine éliminé la possibilité d’un recours à leurs propres fondements en tant que consistance logique.
Si comme l’affirme Bertrand Russel un système ne peut être que:
•soit incomplet et consistant
•soit complet et inconsistant
le paradigme de l’incomplétude (la place vide du dieu, du chef, du père...) qui organisait la vie en société dans la civilisation occidentale depuis vingt-sept siècles (cf. L’Orestie d’Eschyle...), a laissé la place au "tout numérique", un changement de paradigme qui a débuté officiellement et de façon subreptice en 1970 en France avec l’inscription au Code Civil du syntagme "autorité parentale" en lieu et place de celui d’"autorité paternelle" (puis le concept de "parentalité" est apparu en 1985, suivi de celui d’"homoparentalité" en 1997 sans qu’aucune autorité linguistique compétente puisse faire remarquer au législateur que les deux termes sont quasi-synonymes, générés tous deux par le déni de la différence sexuelle...)
Le père n’est pas à confondre avec le géniteur, le père en tant que fonction paternelle est de l’ordre d’une métaphore, et donc de logique, alors que la mère qui répond de la métonymie appartient au registre de l’immédiateté sensible, de la contingence et de la contigüité, "Mater certa, pater semper incertus" affirme le droit romain.
Seul l’appareil logique peut démontrer la faille du pur dire.
Dans son cas célèbre de L’Homme aux rats, Freud fait écho dans une note, au propos du physicien Lichtenberg dont il était le contemporain: «L’astronome sait à peu près avec la même certitude si la lune est habitée et qui est son père, mais il sait avec une toute autre certitude qui est sa mère.» Et Freud d’ajouter: «Ce fut un grand progrès de la civilisation lorsque l’humanité se décida à adopter, à côté du témoignage des sens, celui de la conclusion logique, et à passer du matriarcat au patriarcat.»)
Tant d’inepties, d’injustices et d’abominations ayant été commises au cours de l’histoire attribuées "au nom d’un père", que Lacan prend la peine de préciser: «Un père n’a droit au respect, sinon à l’amour, que si le dit respect, le dit amour, est, vous n’allez pas en croire vos oreilles, père-versement orienté, c’est à dire fait d’une femme, objet a qui cause son désir.» (Les non-dupes-errent, séance du 21 janvier 1975).
Rappelons que Lacan évoque trois conditions permettant à un homme d’être digne du mérite d'être "père": avoir fait d’une femme la cause de son désir, une femme qui lui fasse des enfants, et de ceux-ci qu'il prenne soin paternel.
Dans la dernière leçon du séminaire L’angoisse, il énonce son programme consistant à passer du Nom-du-Père aux noms du père au pluriel.
Il questionne alors le désir du père: "Dans la manifestation de son désir, le père, lui, sait à quel "a" ce désir se réfère. Contrairement à ce qu’énonce le mythe religieux, le père n’est pas causa sui, mais sujet qui a été assez loin dans la réalisation de son désir pour le réintégrer à sa cause» (Jacques Lacan, Le séminaire, Livre X, L’angoisse).
Le père qui parvient à réintégrer le désir à sa cause se trouve en position de transmettre le Nom-du-Père ; ayant réuni les conditions de possibilité de la transmission.
Cela met en évidence que l’effectuation de la métaphore paternelle n’est pas une opération qui dépend uniquement du désir maternel, comme le sous-entend depuis un certain temps le discours dominant.
Que le père soit digne de respect sinon de l’amour n’est pourtant pas une condition unique, et parfois certaines conditions énigmatiques de discours permettent l’accès à ce signifiant.
Cela relève de l’insondable dans la structure du sujet, et lui appartient en propre.
Kafka est connu pour avoir essayé de débrouiller ses rapports à l’autorité paternelle, et partant à la loi, pas seulement dans ses fameuses «Lettres au père»...
Plus K se rapproche du Château, plus le Château semble s’éloigner, K est convoqué, il ne peut pas rester en dehors, et il ne peut pas non plus accéder au Château.
N’est-ce pas là une illustration de la topologie paradoxale de l’objet-cause du désir telle qu’elle émerge de la psychanalyse? L’impact de l’objet petit a se renforce et s’accroît au fur et à mesure de sa diminution, plus il s’amenuise, plus important est le reste.
N’est-ce pas ainsi qu’apparaissait le Juif (figure libidinale par excellence) dans le discours nazi? Plus on les éliminait, on les anéantissait, plus dangereux en était le reste.
Plus on essaie de repousser l’objet horrifique cause du désir, plus il ressurgit, terrifiant, devant le sujet.
Ce qui nous saisit chez Kafka, c’est la surprésence étouffante du père, il est trop vivant, trop intrusif, trop obscène ; cette «tropeité» du père n’indique-t-elle pas que c’est l’excès de la vie elle-même qui mine son autorité symbolique?
À y regarder de près, le problème n’est pas tant que le trop-plein de vitalité du père mine l’autorité symbolique, mais bien plutôt que cet excès de survitalité obscène du père signale et présuppose une faille toujours déjà présente dans l’autorité symbolique elle-même.
La notion lacanienne de Nom-du-père permet au sujet de «tuer symboliquement» le père, autrement dit être capable de d’abandonner le père pour conquérir la liberté de son propre chemin de vie ; la difficulté chez Kafka d��assumer le Nom-du-père marque l’échec de cette libération.
Les noms du père, on ne peut s’en passer qu’à condition de savoir s’en servir. Exactement comme les Grecs anciens qui n’avaient pas besoin de croire en leurs dieux: ils savaient comment s’en servir...
Jamais la psychanalyse (la vraie) n’a été plus vitale qu’aujourd’hui pour trouver dans la parole encore assez de jouissance pour que l’histoire continue.
«Quand un discours, tel que le discours analytique, émerge, ce qu’il vous propose, c’est d’avoir les reins assez fermes pour soutenir le complot de la vérité.»
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human-interest · 5 years
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Blaise Cendrars et Sonia Delaunay,  La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France (1913)
Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France
Dédiée aux Musiciens
En ce temps-là j’étais en mon adolescence
J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
J’étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance
J’étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares
Et je n’avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours
Car mon adolescence était si ardente et si folle
Que mon cœur, tour à tour, brûlait comme le temple
D’Éphèse ou comme la Place Rouge de Moscou
Quand le soleil se couche.
Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.
Et j’étais déjà si mauvais poète
Que je ne savais pas aller jusqu’au bout.
Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare
Croustillé d’or,
Avec les grandes amandes des cathédrales toutes blanches
Et l’or mielleux des cloches…
Un vieux moine me lisait la légende de Novgorod
J’avais soif
Et je déchiffrais des caractères cunéiformes
Puis, tout à coup, les pigeons du Saint-Esprit s’envolaient sur la place
Et mes mains s’envolaient aussi, avec des bruissements d’albatros
Et ceci, c’était les dernières réminiscences du dernier jour
Du tout dernier voyage
Et de la mer.
Pourtant, j’étais fort mauvais poète.
Je ne savais pas aller jusqu’au bout.
J’avais faim
Et tous les jours et toutes les femmes dans les cafés et tous les verres
J’aurais voulu les boire et les casser
Et toutes les vitrines et toutes les rues
Et toutes les maisons et toutes les vies
Et toutes les roues des fiacres qui tournaient en tourbillon sur les mauvais pavés
J’aurais voulu les plonger dans une fournaise de glaives
Et j’aurais voulu broyer tous les os
Et arracher toutes les langues
Et liquéfier tous ces grands corps étranges et nus sous les vêtements qui m’affolent…
Je pressentais la venue du grand Christ rouge de la révolution russe…
Et le soleil était une mauvaise plaie
Qui s’ouvrait comme un brasier.
En ce temps-là j’étais en mon adolescence
J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de ma naissance
J’étais à Moscou, où je voulais me nourrir de flammes
Et je n’avais pas assez des tours et des gares que constellaient mes yeux
En Sibérie tonnait le canon, c’était la guerre
La faim le froid la peste le choléra
Et les eaux limoneuses de l’Amour charriaient des millions de charognes.
Dans toutes les gares je voyais partir tous les derniers trains
Personne ne pouvait plus partir car on ne délivrait plus de billets
Et les soldats qui s’en allaient auraient bien voulu rester…
Un vieux moine me chantait la légende de Novgorod.
Moi, le mauvais poète qui ne voulait aller nulle part, je pouvais aller partout
Et aussi les marchands avaient encore assez d’argent
Pour aller tenter faire fortune.
Leur train partait tous les vendredis matin.
On disait qu’il y avait beaucoup de morts.
L’un emportait cent caisses de réveils et de coucous de la Forêt-Noire
Un autre, des boîtes à chapeaux, des cylindres et un assortiment de tire-bouchons de Sheffield
Un autre, des cercueils de Malmoë remplis de boîtes de conserve et de sardines à l’huile
Puis il y avait beaucoup de femmes
Des femmes, des entre-jambes à louer qui pouvaient aussi servir
De cercueils
Elles étaient toutes patentées
On disait qu’il y avait beaucoup de morts là-bas
Elles voyageaient à prix réduits
Et avaient toutes un compte-courant à la banque.
Or, un vendredi matin, ce fut enfin mon tour
On était en décembre
Et je partis moi aussi pour accompagner le voyageur en bijouterie qui se rendait à Kharbine
Nous avions deux coupés dans l’express et 34 coffres de joaillerie de Pforzheim
De la camelote allemande “Made in Germany”
Il m’avait habillé de neuf, et en montant dans le train j’avais perdu un bouton
- Je m’en souviens, je m’en souviens, j’y ai souvent pensé depuis -
Je couchais sur les coffres et j’étais tout heureux de pouvoir jouer avec le browning nickelé qu’il m’avait aussi donné
J’étais très heureux insouciant
Je croyais jouer aux brigands
Nous avions volé le trésor de Golconde
Et nous allions, grâce au transsibérien, le cacher de l’autre côté du monde
Je devais le défendre contre les voleurs de l’Oural qui avaient attaqué les saltimbanques de Jules Verne
Contre les khoungouzes, les boxers de la Chine
Et les enragés petits mongols du Grand Lama
Alibaba et les quarante voleurs
Et les fidèles du terrible Vieux de la montagne
Et surtout, contre les plus modernes
Les rats d’hôtel
Et les spécialistes des express internationaux.
Et pourtant, et pourtant
J’étais triste comme un enfant.
Les rythmes du train
La “moelle chemin-de-fer” des psychiatres américains
Le bruit des portes des voix des essieux grinçant sur les rails congelés
Le ferlin d’or de mon avenir
Mon browning le piano et les jurons des joueurs de cartes dans le compartiment d’à côté
L’épatante présence de Jeanne
L’homme aux lunettes bleues qui se promenait nerveusement dans le couloir et qui me regardait en passant
Froissis de femmes
Et le sifflement de la vapeur
Et le bruit éternel des roues en folie dans les ornières du ciel
Les vitres sont givrées
Pas de nature!
Et derrière les plaines sibériennes, le ciel bas et les grandes ombres des Taciturnes qui montent et qui descendent
Je suis couché dans un plaid
Bariolé
Comme ma vie
Et ma vie ne me tient pas plus chaud que ce châle Écossais
Et l’Europe tout entière aperçue au coupe-vent d’un express à toute vapeur
N’est pas plus riche que ma vie
Ma pauvre vie
Ce châle
Effiloché sur des coffres remplis d’or
Avec lesquels je roule
Que je rêve
Que je fume
Et la seule flamme de l’univers
Est une pauvre pensée…
Du fond de mon cœur des larmes me viennent
Si je pense, Amour, à ma maîtresse;
Elle n’est qu’une enfant, que je trouvai ainsi
Pâle, immaculée, au fond d’un bordel.
Ce n’est qu’une enfant, blonde, rieuse et triste,
Elle ne sourit pas et ne pleure jamais;
Mais au fond de ses yeux, quand elle vous y laisse boire,
Tremble un doux lys d’argent, la fleur du poète.
Elle est douce et muette, sans aucun reproche,
Avec un long tressaillement à votre approche;
Mais quand moi je lui viens, de-ci, de-là, de fête,
Elle fait un pas, puis ferme les yeux – et fait un pas.
Car elle est mon amour, et les autres femmes
N’ont que des robes d’or sur de grands corps de flammes,
Ma pauvre amie est si esseulée,
Elle est toute nue, n’a pas de corps – elle est trop pauvre.
Elle n’est qu’une fleur candide, fluette,
La fleur du poète, un pauvre lys d’argent,
Tout froid, tout seul, et déjà si fané
Que les larmes me viennent si je pense à son cœur.
Et cette nuit est pareille à cent mille autres quand un train file dans la nuit
- Les comètes tombent -
Et que l’homme et la femme, mêmes jeunes, s’amusent à faire l’amour.
Le ciel est comme la tente déchirée d’un cirque pauvre dans un petit village de pêcheurs
En Flandres
Le soleil est un fumeux quinquet
Et tout au haut d’un trapèze une femme fait la lune.
La clarinette le piston une flûte aigre et un mauvais tambour
Et voici mon berceau
Mon berceau
Il était toujours près du piano quand ma mère comme Madame Bovary jouait les sonates de Beethoven
J’ai passé mon enfance dans les jardins suspendus de Babylone
Et l’école buissonnière, dans les gares devant les trains en partance
Maintenant, j’ai fait courir tous les trains derrière moi
Bâle-Tombouctou
J’ai aussi joué aux courses à Auteuil et à Longchamp
Paris-New York
Maintenant, j’ai fait courir tous les trains tout le long de ma vie
Madrid-Stockholm
Et j’ai perdu tous mes paris
Il n’y a plus que la Patagonie, la Patagonie, qui convienne à mon immense tristesse, la Patagonie, et un voyage dans les mers du Sud
Je suis en route
J’ai toujours été en route
Je suis en route avec la petite Jehanne de France.
Le train fait un saut périlleux et retombe sur toutes ses roues
Le train retombe sur ses roues
Le train retombe toujours sur toutes ses roues.
“Blaise, dis, sommes-nous bien loin de Montmartre?”
Nous sommes loin, Jeanne, tu roules depuis sept jours
Tu es loin de Montmartre, de la Butte qui t’a nourrie, du Sacré-Cœur contre lequel tu t’es blottie
Paris a disparu et son énorme flambée
Il n’y a plus que les cendres continues
La pluie qui tombe
La tourbe qui se gonfle
La Sibérie qui tourne
Les lourdes nappes de neige qui remontent
Et le grelot de la folie qui grelotte comme un dernier désir dans l’air bleui
Le train palpite au cœur des horizons plombés
Et ton chagrin ricane…
“Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre?”
Les inquiétudes
Oublie les inquiétudes
Toutes les gares lézardées obliques sur la route
Les fils télégraphiques auxquels elles pendent
Les poteaux grimaçants qui gesticulent et les étranglent
Le monde s’étire s’allonge et se retire comme un accordéon qu’une main sadique tourmente
Dans les déchirures du ciel, les locomotives en furie
S’enfuient
Et dans les trous,
Les roues vertigineuses les bouches les voix
Et les chiens du malheur qui aboient à nos trousses
Les démons sont déchaînés
Ferrailles
Tout est un faux accord
Le broun-roun-roun des roues
Chocs
Rebondissements
Nous sommes un orage sous le crâne d’un sourd…
“Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre?”
Mais oui, tu m’énerves, tu le sais bien, nous sommes bien loin
La folie surchauffée beugle dans la locomotive
La peste le choléra se lèvent comme des braises ardentes sur notre route
Nous disparaissons dans la guerre en plein dans un tunnel
La faim, la putain, se cramponne aux nuages en débandade
Et fiente des batailles en tas puants de morts
Fais comme elle, fais ton métier…
“Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre?”
Oui, nous le sommes, nous le sommes
Tous les boucs émissaires ont crevé dans ce désert
Entends les sonnailles de ce troupeau galeux
Tomsk Tchéliabinsk Kainsk Obi Taïchet Verkné Oudinsk Kourgane Samara Pensa-Touloune
La mort en Mandchourie
Est notre débarcadère est notre dernier repaire
Ce voyage est terrible
Hier matin
Ivan Oulitch avait les cheveux blancs
Et Kolia Nicolaï Ivanovitch se ronge les doigts depuis quinze jours…
Fais comme elles la Mort la Famine fais ton métier
Ça coûte cent sous, en transsibérien, ça coûte cent roubles
Enfièvre les banquettes et rougeoie sous la table
Le diable est au piano
Ses doigts noueux excitent toutes les femmes
La Nature
Les Gouges
Fais ton métier
Jusqu’à Kharbine…
“Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre?”
Non mais… fiche-moi la paix… laisse-moi tranquille
Tu as les hanches angulaires
Ton ventre est aigre et tu as la chaude-pisse
C’est tout ce que Paris a mis dans ton giron
C’est aussi un peu d’âme… car tu es malheureuse
J’ai pitié j’ai pitié viens vers moi sur mon cœur
Les roues sont les moulins à vent du pays de Cocagne
Et les moulins à vent sont les béquilles qu’un mendiant fait tournoyer
Nous sommes les culs-de-jatte de l’espace
Nous roulons sur nos quatre plaies
On nous a rogné les ailes
Les ailes de nos sept péchés
Et tous les trains sont les bilboquets du diable
Basse-cour
Le monde moderne
La vitesse n’y peut mais
Le monde moderne
Les lointains sont par trop loin
Et au bout du voyage c’est terrible d’être un homme avec une femme…
“Blaise, dis, sommes-nous bien loin de Montmartre?”
J’ai pitié j’ai pitié viens vers moi je vais te conter une histoire
Viens dans mon lit
Viens sur mon cœur
Je vais te conter une histoire…
Oh viens! Viens!
Aux Fidji règne l’éternel printemps
La paresse
L’amour pâme les couples dans l’herbe haute et la chaude syphilis rôde sous les bananiers
Viens dans les îles perdues du Pacifique!
Elles ont nom du Phénix, des Marquises
Bornéo et Java
Et Célèbes a la forme d’un chat.
Nous ne pouvons pas aller au Japon
Viens au Mexique!
Sur ses hauts plateaux les tulipiers fleurissent
Les lianes tentaculaires sont la chevelure du soleil
On dirait la palette et les pinceaux d’un peintre
Des couleurs étourdissantes comme des gongs,
Rousseau y a été
Il y a ébloui sa vie
C’est le pays des oiseaux
L’oiseau du paradis, l’oiseau-lyre
Le toucan, l’oiseau moqueur
Et le colibri niche au cœur des lys noirs
Viens!
Nous nous aimerons dans les ruines majestueuses d’un temple aztèque
Tu seras mon idole
Une idole bariolée enfantine un peu laide et bizarrement étrange
Oh viens!
Si tu veux nous irons en aéroplane et nous survolerons le pays des mille lacs,
Les nuits y sont démesurément longues
L’ancêtre préhistorique aura peur de mon moteur
J’atterrirai
Et je construirai un hangar pour mon avion avec les os fossiles de mammouth
Le feu primitif réchauffera notre pauvre amour
Samowar
Et nous nous aimerons bien bourgeoisement près du pôle
Oh viens!
Jeanne Jeannette Ninette nini ninon nichon
Mimi mamour ma poupoule mon Pérou
Dodo dondon
Carotte ma crotte
Chouchou p’tit-cœur
Cocotte
Chérie p’tite chèvre
Mon p’tit-péché mignon
Concon
Coucou
Elle dort.
Elle dort
Et de toutes les heures du monde elle n’en a pas gobé une seule
Tous les visages entrevus dans les gares
Toutes les horloges
L’heure de Paris l’heure de Berlin l’heure de Saint-Pétersbourg et l’heure de toutes les gares
Et à Oufa, le visage ensanglanté du canonnier
Et le cadran bêtement lumineux de Grodno
Et l’avance perpétuelle du train
Tous les matins on met les montres à l’heure
Le train avance et le soleil retarde
Rien n’y fait, j’entends les cloches sonores
Le gros bourdon de Notre-Dame
La cloche aigrelette du Louvre qui sonna la Barthélemy
Les carillons rouillés de Bruges-la-Morte
Les sonneries électriques de la bibliothèque de New-York
Les campanes de Venise
Et les cloches de Moscou, l’horloge de la Porte-Rouge qui me comptait les heures quand j’étais dans un bureau
Et mes souvenirs
Le train tonne sur les plaques tournantes
Le train roule
Un gramophone grasseye une marche tzigane
Et le monde, comme l’horloge du quartier juif de Prague, tourne éperdument à rebours.
Effeuille la rose des vents
Voici que bruissent les orages déchaînés
Les trains roulent en tourbillon sur les réseaux enchevêtrés
Bilboquets diaboliques
Il y a des trains qui ne se rencontrent jamais
D’autres se perdent en route
Les chefs de gare jouent aux échecs
Tric-trac
Billard
Caramboles
Paraboles
La voie ferrée est une nouvelle géométrie
Syracuse
Archimède
Et les soldats qui l’égorgèrent
Et les galères
Et les vaisseaux
Et les engins prodigieux qu’il inventa
Et toutes les tueries
L’histoire antique
L’histoire moderne
Les tourbillons
Les naufrages
Même celui du Titanic que j’ai lu dans le journal
Autant d’images-associations que je ne peux pas développer dans mes vers
Car je suis encore fort mauvais poète
Car l’univers me déborde
Car j’ai négligé de m’assurer contre les accidents de chemin de fer
Car je ne sais pas aller jusqu’au bout
Et j’ai peur.
J’ai peur
Je ne sais pas aller jusqu’au bout
Comme mon ami Chagall je pourrais faire une série de tableaux déments
Mais je n’ai pas pris de notes en voyage
“Pardonnez-moi mon ignorance
“Pardonnez-moi de ne plus connaître l’ancien jeu des vers”
Comme dit Guillaume Apollinaire
Tout ce qui concerne la guerre on peut le lire dans les Mémoires de Kouropatkine
Ou dans les journaux japonais qui sont aussi cruellement illustrés
À quoi bon me documenter
Je m’abandonne
Aux sursauts de ma mémoire…
À partir d’Irkoutsk le voyage devint beaucoup trop lent
Beaucoup trop long
Nous étions dans le premier train qui contournait le lac Baïkal
On avait orné la locomotive de drapeaux et de lampions
Et nous avions quitté la gare aux accents tristes de l’hymne au Tzar.
Si j’étais peintre je déverserais beaucoup de rouge, beaucoup de jaune sur la fin de ce voyage
Car je crois bien que nous étions tous un peu fous
Et qu’un délire immense ensanglantait les faces énervées de mes compagnons de voyage.
Comme nous approchions de la Mongolie
Qui ronflait comme un incendie
Le train avait ralenti son allure
Et je percevais dans le grincement perpétuel des roues
Les accents fous et les sanglots
D’une éternelle liturgie
J’ai vu
J’ai vu les trains silencieux les trains noirs qui revenaient de l’Extrême-Orient et qui passaient en fantômes
Et mon œil, comme le fanal d’arrière, court encore derrière ces trains
A Talga 100.000 blessés agonisaient faute de soins
J’ai visité les hôpitaux de Krasnoïarsk
Et à Khilok nous avons croisé un long convoi de soldats fous
J’ai vu, dans les lazarets, des plaies béantes, des blessures qui saignaient à pleines orgues
Et les membres amputés dansaient autour ou s’envolaient dans l’air rauque
L’incendie était sur toutes les faces, dans tous les cœurs
Des doigts idiots tambourinaient sur toutes les vitres
Et sous la pression de la peur, les regards crevaient comme des abcès
Dans toutes les gares on brûlait tous les wagons
Et j’ai vu
J’ai vu des trains de 60 locomotives qui s’enfuyaient à toute vapeur pourchassées par les horizons en rut et des bandes de corbeaux qui s’envolaient désespérément après
Disparaître
Dans la direction de Port-Arthur.
À Tchita nous eûmes quelques jours de répit
Arrêt de cinq jours vu l’encombrement de la voie
Nous le passâmes chez Monsieur Iankéléwitch qui voulait me donner sa fille unique en mariage
Puis le train repartit.
Maintenant c’était moi qui avais pris place au piano et j’avais mal aux dents
Je revois quand je veux cet intérieur si calme, le magasin du père et les yeux de la fille qui venait le soir dans mon lit
Moussorgsky
Et les lieder de Hugo Wolf
Et les sables du Gobi
Et à Khaïlar une caravane de chameaux blancs
Je crois bien que j’étais ivre durant plus de 500 kilomètres
Mais j’étais au piano et c’est tout ce que je vis
Quand on voyage on devrait fermer les yeux
Dormir
J’aurais tant voulu dormir
Je reconnais tous les pays les yeux fermés à leur odeur
Et je reconnais tous les trains au bruit qu’ils font
Les trains d’Europe sont à quatre temps tandis que ceux d’Asie sont à cinq ou sept temps
D’autres vont en sourdine, sont des berceuses
Et il y en a qui dans le bruit monotone des roues me rappelle la prose lourde de Maeterlinck
J’ai déchiffré tous les textes confus des roues et j’ai rassemblé les éléments épars d’une violente beauté
Que je possède
Et qui me force.
Tsitsika et Kharbine
Je ne vais pas plus loin
C’est la dernière station
Je débarquai à Kharbine comme on venait de mettre le feu aux bureaux de la Croix-Rouge.
Ô Paris
Grand foyer chaleureux avec les tisons entrecroisés de tes rues
Et tes vieilles maisons qui se penchent au-dessus et se réchauffent
Comme des aïeules
Et voici des affiches, du rouge du vert multicolore comme mon passé bref du jaune
Jaune la fière couleur des romans de la France à l’étranger.
J’aime me frotter dans les grandes villes aux autobus en marche
Ceux de la ligne Saint-Germain-Montmartre m’emportent à l’assaut de la Butte
Les moteurs beuglent comme les taureaux d’or
Les vaches du crépuscule broutent le Sacré-Cœur
Ô Paris
Gare centrale débarcadère des volontés carrefour des inquiétudes
Seuls les marchands de couleur ont encore un peu de lumière sur leur porte
La Compagnie Internationale des Wagons-Lits et des Grands Express Européens m’a envoyé son prospectus
C’est la plus belle église du monde
J’ai des amis qui m’entourent comme des garde-fous
Ils ont peur quand je pars que je ne revienne plus
Toutes les femmes que j’ai rencontrées se dressent aux horizons
Avec les gestes piteux et les regards tristes des sémaphores sous la pluie
Bella, Agnès, Catherine et la mère de mon fils en Italie
Et celle, la mère de mon amour en Amérique
Il y a des cris de sirène qui me déchirent l’âme
Là-bas en Mandchourie un ventre tressaille encore comme dans un accouchement
Je voudrais
Je voudrais n’avoir jamais fait mes voyages
Ce soir un grand amour me tourmente
Et malgré moi je pense à la petite Jehanne de France.
C’est par un soir de tristesse que j’ai écrit ce poème en son honneur
Jeanne
La petite prostituée
Je suis triste je suis triste
J’irai au Lapin Agile me ressouvenir de ma jeunesse perdue
Et boire des petits verres
Puis je rentrerai seul
Paris
Ville de la Tour unique du grand Gibet et de la Roue.
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angelinewrites · 4 years
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sujet imposé  “Voyage autour des étoiles “
Je crois toujours déranger. Je crois toujours à l’erreur. À l’éventualité qu’on m’invite par pitié. J’ai la solitude triste et elle se voit. On finit toujours par être démasqué. 
Il a paru sincère alors je suis venue. Hésitante, mais je suis là. Je sens son corps près du mien. J’ai attendu que la nuit descende. J’ai attendu tout le jour. Mais l’été est tenace, aussi ai-je dû supplier le soleil pour qu’il s’abandonne à la lune rafraichissante. 
J’ai l’amour nocturne. Et lui aussi je crois. On voit beaucoup trop le jour pour aimer vraiment. 
Il m’a proposé de le rejoindre, ce soir, sur la deuxième colline à droite, la plus haute. Seulement lorsque la nuit sera noire. J’ai respecté ses conditions, des papillons dans le ventre. Il m’a promis une promenade, une promenade céleste. Il voulait m’apprendre les étoiles. 
Prise d’un malaise habituel quand le silence se fait trop épais, je peine à rester immobile. Comment fait-il pour demeurer si paisible, les yeux rivés au ciel ? 
Je n’ai qu’une envie : percer le mystère de cet homme, le rencontrer vraiment - et si ce n’est sur la terre ferme je suis prête à me propulser vers des hauteurs infinies. Son parfum déjà me donne le vertige, j’ai quitté ce monde quand mon regard a coulé dans le sien. 
Il a tendu son bras vers le ciel, son index dessine des lignes dans l’espace. Il relie de son doigt les étoiles. Je suis envoûtée par sa main. Il évoque la Grande Ourse, c’est un peu cliché mais commençons par le début, puis explique qu’il faut d’abord repérer l’étoile polaire, la plus brillante de toutes. Je lève les yeux et me glisse en ses mots. Je suis sa main qui légèrement se déplace vers la gauche et vois pour la premiere fois apparaître la constellation. Sept étoiles unies par un souffle invisible. Une oeuvre d’art dont personne n’est l’auteur. A moins que ce ne soit lui. Je m’étonne et m’émerveille. J’ai l’impression de décoder un langage, la plus vieille langue du Monde. Et lui, mon traducteur, semble ravi. Je scrute l’écran cosmique avec une attention redoublée. Son corps me tient chaud. Il poursuit son discours, avec ce même silence -maintenant délicieux- entre les mots. Il mentionne les noms de Licorne puis de Petit Chien. J’entends Cassiopée - mon corps frissonne - … a la forme d’un ‘W’ et je suis rassurée. La pensée d’une femme à ses côtés m’est insupportable. 
Sa voix est encore plus enjouée lorsqu’il cite Orion. Ce nom m’est familier, je me souviens de l’Odyssée, de l’Enéide. Nos passions fusionnent, l’engouement est palpable ; lui aussi est avide de mystère, lui aussi est en quête de sens. Il précise qu’Orion, chez les grecs, est un chasseur légendaire, un géant orgueilleux et que, tu vois ces petites étoiles alignées sous la ceinture, c’est son poignard. Je ne l’écoute plus. J’ose discrètement déposer un peu de mon regard sur son visage à peine éclairé. Je lui vole son profil. Je le dévore. Je m’aperçois de ses taches de rousseur, sur le moelleux de ses joues. En pointillé, elles égayent sa peau. 
J’aimerais les relier les unes aux autres du bout de ma langue. 
En faire la plus belle des constellations.
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Es-tu parvenu jusqu’aux sources de la mer, as-tu circulé au fin fond de l’abîme ? Livre de Job, 38, 16
La vie dans les océans doit ressembler à un véritable enfer. Un vaste enfer impitoyable de danger permanent et immédiat. C’est un tel enfer que, au cours de l’évolution, certaines espèces - y compris l’homme - ont rampé et fui vers de petits continents de terre ferme, où les leçons de ténèbres se poursuivent. Werner Herzog
Il s’est écoulé trois milliards d’années trois milliards d’années entre les premiers développements de la vie primitive dans la mer et le moment où Hugo Aasjord m’a appelé, un samedi soir de juillet, alors que j’étais pris par un dîner animé dans le centre d’Oslo.
Quelqu’un a écrit que notre planète de devrait pas s’appeler la Terre. De toute évidence, elle devrait s’appeler la Mer.
C’est la mer qui a engendré la poésie d’Arthur Rimbaud. La mer a été la clef d’une langue élargie qui, avec ‘Le bateau ivre” (1871), les a conduits dans la modernité, lui et la poésie. Le bateau est pris dans une tempête et coule pour ne plus faire qu’un avec l’océan :
Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème De la Mer, infusé d’astres, et latescent, Dévorant les azurs verts; où, flottaison blême Et ravie, un noyé pensif parfois descend
Sous la surface il y avait un monde à part qui recelait d’innombrables créatures dont j’ignorais tout. Dans les livres, j’avais vu les photos des espèces marines connues, et c’était plus que suffisant : la vie sous l’eau paraissait bien plus riche et passionnante que la vie sur terre. Des bêtes étranges nageaient alentour, presque sous notre nez, mais nous ne pouvions pas les voir, nous ne pouvions pas les toucher, nous pouvions tout juste deviner ce qui se passait sous l’eau.
La mer a conservé son pouvoir d’attraction sur moi. Une grande partie de ce que nous trouvons mystérieux et passionnant perd son aura dès les premières années de notre jeunesse. Mais la mer n’a cessé de me paraître plus grande, plus profonde et plus fantastique.Peut-être y avait-il là un atavisme, un don qui avait sauté plusieurs générations, que j’avais hérité de mon trisaïeul, lui qui avait fini au fond de l’océan.
Les projets de Hugo possédaient un autre attrait que je n’ai pas vu sur le moment, et que je ne vois toujours pas clairement, si ce n’est à la périphérie de mon champ de vision, un peu comme l’éclat d’un phare perce la nuit d’un bref rai de lumière.
En fait, il y avait plein de choses que j’aurais dû faire quand j’ai répondu sans hésiter : oui, allons-y, partons en mer à la pêche au requin du Groenland.
Les plus grandes découvertes attendent au fond des mers et des océans. Il ne cesse de surgir des formes de vie dont, jusqu’alors, nous ne soupçonnions pas l’existence. Nous connaissons souvent fort mal des animaux de grande taille qui vivent près des côtes. Il existe peut-être autant de requins que d’humains sur terre. Et qui a conscience que, dans les profondeurs et les courants du Vestfjord, on trouve des requins du Groenland, qui peuvent mesurer jusqu’à sept ou huit mètres de long et peser jusqu’à mille deux cents kilos ? A part Hugo bien entendu.
Nous avions pris notre décision ce soir-là, il y a deux ans. Coûte que coûte, nous allions capturer un de ces monstres voraces ayant des centaines de millions d’années d’évolution sur le dos, des toxines potentiellement mortelles dans le sang, des parasites dans les yeux et des dents similaires à celles d’un énorme piège à renards, mais bien plus nombreuses.
Il y a plus de gens qui ont évolué dans l’espace que dans les abysses. Nous connaissions bien mieux la surface de la Lune, voire les mers asséchées de Mars. Sous la mer, la vie est comme un rêve dont il faut beaucoup de temps pour se réveiller.
Chaque fois qu’un requin attaque un homme, cela fait les titres de l’actualité de la terre entière. Les gens imaginent un tueur impassible aux yeux inexpressifs qui frappe soudain et sans bruit. Une gueule pleine de dents acérées et pointues monte dans le colonne d’eau et mord le bras, la jambe ou la taille d’un pauvre nageur innocent. Le sang frais colore la mer en rouge et, après un bref combat inégal, le requin regagne les profondeurs en se goinfrant d’un membre ou deux. Nous avons peur du fait qu’il n’a pas peur de nous.
Quand des gens sont attaqués par des requins, cela résonne comme l’écho d’un passé antédiluvien où nous ne dominions pas encore le monde avec nos technologies avancées. Notre contrôle sur le monde est balayé en quelques secondes ; soudain, nous ne sommes plus celui qui tue, mais celui qui est tué. La possibilité que cela se produise est quasiment inexistante.Mais nous craignons de nous retrouver dans les profondeurs froides, entourés de créatures qui vont nous dévorer jusqu’à ce qu’il ne reste rien. Jusqu’à ce que nous ayons complètement disparu.
De toute façon, nous allons disparaître. Mais dans les abysses obscurs , au fond, là où attendent tous ces poissons et ces petites bêtes, nous disparaissons d’une manière tellement absolue que cette idée nous est inacceptable.
Le livre de la mer ou l’art de pêcher un requin géant à bord d’un canot pneumatique sur une vaste mer au fil de quatre saisons Morten A. Stroksnes
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Pensées dans l’eau. Mon os de l’épaule droite est nouveau, pointe, à chaque geste je le ressens me percer. Mon encre est plus foncée que la mer. J’ai repensé à une fille rousse à chevelure, croisée sur une chaîne métallique. Résonance. Si vous pouviez la vivre. Croiser des êtres vivants est une aide. J’ai regardé des poisons. Pauvre de mère. Contre le vertige, diriger son regard sous l’eau. Le corps de mes parents, sous l’eau, sans tête, mon père qui se débat lentement avec l’eau et son corps grossit. Ils flottent. Rappelez-vous de vos corps flottants. Mes parents, corps de mon corps.   Un poisson prêt à pondre, le mal. Je n’ai pas dans ma vie le mal. Je ne connais pas être la créature d’un autre. Je ne connais pas. Voir un poisson malade est une épreuve. Un ver rouge dans le crâne lui pousse. L’Enfer. C’était un tuyau, l’emprisonnement, un tuyau, un fil, un ver fin, un cordon rouge transparent, fraise vide, sortait du cadavre crâne. Enceinte était l’eau du Mal. Corruption totale, comme il ne peut qu’y en avoir dans les délires et ce poisson enceinte, ensorcelé, occupé pour accoucher mystifié, détruit. Rien de pire qu’un enseveli par un autre. Un insecte, un poisson, un homme et un homme. L’abjection sous l’eau, le mal va éclore entre l’homme et les animaux. Écrire fait tomber. Cela tombe et je ne sais pas. Mes idées tombent dans le néant en vie. Un homme, ami loin que les seuls. La pensée écrite tombe, il n’en reste que la trace, il ne devrait pas. La trace se contourne. Plaisirs, ajouts, ces assemblages se rencontrent par la main plume. Poésie incantation immature.
Parfois, je fais des crises de mutisme, d’autiste contrôle, silence. Mon corps est doublé, peau interne. Coffre du bruit. Antidote qui épouse. Elle se dégonfle avec gravité et fatigue, comme si elle avait commencé. Je ne parle pas, ne pense pas, écoute, regarde tout mouvement à mes côtés sans m’en départir. Cela bouge, je reste. Une parole offerte à mon intérieur peut m’éveiller, me couper. Cela fait sept minutes qu’il n’est plus là. Je suis figé. Je peux me lever ou m’asseoir. Ils vivent en face de moi et je ne l’imagine pas. Ils vivent sans moi. Ce n’est presque pas une vie. Je m’allonge sur un muret, regarde les étoiles là où les réverbères du village s’arrêtent, et je m’en veux. La nuit tombe d’un coup, la route est droite jusqu’au phare et la falaise, certains jeux de voitures au loin passent et le temps qu’ils se rapprochent, la lune prend le temps d’y ressembler. Je regarde le ciel sans mot à dire penser. Les enfants coupent la route et s’amusent sans danger.
Ferme les yeux et coule, souffle tout l’air que tu peux souffler et atteint le sable. Homme aérien je ne pourrais plus être debout sur le sol. Homme maritime, l’eau est un médiateur qui fait dévier le regard perçant. Il n’y a rien à percer sur la mer, vous flottez. L’homme se recommence dans l’eau. Peut-être la question de l’humanité, incapable de se transcender sans fracture, que je peux ressentir de là où elle est née et de là où elle persiste sur la terre, se fait plus sèche sous l’eau, parce qu’il n’y a pas plus grande nature adverse repoussant air et pensée.
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cybertime2000-blog · 5 years
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Je porte les patates
achetées au marché
à pince au crépuscule
dans le froid de l'hiver
la vapeur de mon souffle
s'exhale en refuge soudain
ma perception s'envole
mes oreilles sont froides
leurs tympans rebondissent
sous le rythme cardiaque
je rentre en ascenseur
par le quinzième étage
je pénètre mon antre
je m'installe en cuisine
j'écoute le quatre ohms
radio plastoc silicium
je pèle les patates
les plonge dans l'eau salée
j'allume la résistance
je pénètre au salon
alcôve où la
lune jette au mur
sa blancheur nocturne
les patates sont chouettes
molles et fermes
rondes et pointues
le tintement de l'inox
sur le kaolin chaud
encense encor une fois
mon ouïe et mes yeux
des reliefs (or) translucide
des racines déterrées
mes guibolles s'allègent
planant sur le matelas
je dors
la voiture bleue m'emmène
au travers des saphirs
vers les azurs d'émeraude
mon écran LCD
me dicte l'agenda
mon cerveau se connecte
à la bibliothèque
je clique au rythme algorithmique
de mes neurones reprogrammés
je porte les patates
à pince au crépuscule
la vapeur de mon souffle
s'envole
pénètre mon antre
la lune jette sa blancheur
sur le mur nocturne
au travers des saphirs
les azurs d'émeraude
les Ors et les Zéniths
neurones
pause
              *   *                       *               *
la pastèque m'envoûte
rouge délice
humide délicate
fraîcheur projetée
de l'or blanc de l'été
               *   *                        *                *
Alice Träumend
Sept octobre deux mille dix neuf
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fauxextraits · 7 years
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- Banane. - J’en sais rien, papa. Tu sais, depuis le divorce, je ne les vois plus beaucoup. Je ne les voyais déjà pas avant. - Et tu vas tuer le chien ? - Tuer le chien ? Assis sur son lit d’hôpital, il hausse les épaules. - Oui. Tuer le chien. - Je ne sais pas ce que ça veut dire, papa. Je suis désolé. Putain, tuer le chien, mais où est-ce que tu vas chercher ça, sérieux. Le vieux paternel sourit et tape son index sur le haut de son crâne. - Dans la poubelle, Médor ! Le fils éclate de rire. Au bout de quelques secondes, il reprend son souffle, les larmes aux yeux. - Je t’aime papa. - J’en veux aussi. Une larme glisse le long de la joue de Joël. Mais il sourit toujours. - Ça va ? Tu n’es pas trop fatigué ? Bon et comment va la bombe dans la chambre à côté ? Le vieillard sourit. - Elle sent le renard mais je trouve qu’elle a un parapluie du tonnerre. Joël remue la tête. Il ne comprend pas. Enfin, il croit comprendre. - Tu lui as parlé cette fois apparemment ? L’infirmière m’a dit qu’elle t’avait trouvé dans sa chambre.
Le père de Joël s’énerve. Il postillonne en parlant trop vite. - Le poulet dans le corridor. Je te baille, elle me coupe les pieds en sept. Et à chaque lune, j’y ai droit ! - Tu ne l’aimes pas celle-là. Tout ça parce qu’elle te fait tes piqûres. Mais il faut bien que quelqu’un les fasse. Le vieil homme descend de son lit, qui grince. Il tire sur sa blouse verte et montre son postérieur à son fils. - Mais elle me coupe le poil ! Joël ne peut s’empêcher un nouveau fou rire. Il regarde son père qui grimpe sur le lit et se couche. - Tu es fatigué ? - Une feuille. - Je vais te laisser alors. Tu vas dormir. Ça va te faire du bien. Les yeux mi-clos, il se cale dans son oreiller et tend sa main gauche vers son fils. - Chasse l’oiseau. Joël tire sa chaise pour se rapprocher du lit. Il prend délicatement la main de son père qui lui serre avant de la relâcher. - J’attends que tu t’endormes d’accord ? - Oui, murmure le vieil homme. Oui. Il ferme les yeux. Joël soupire. Et tente de retenir à nouveau un fou rire pour ne pas réveiller son père endormi.
Sur les nuages de la route, Pierre Faure, 2013
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soieeod · 1 year
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Triage de tritical au ventadou à la Ferme des Sept Lunes
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honel-inge-mal · 4 years
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Souvent dans les champs Navigue ce bohème, Esseulé par le temps, Il mendie, drôle de stratagème.
Pardonnez-moi monsieur de n'avoir su restituer votre âme, qui malgré vos proportions quelque peu incertaines, était belle, plus que je ne le saurai dire. Vous l'a-t'on déjà dit ?
J’absorbe comme un soldat solitaire Où es-tu, oublié par la mort ? Brume à s'en brûler les lèvres, Le meilleur des mondes se passera de toi.
L’abeille qui butina sa ruche avala le désert. Puis soudainement, il voulu caresser la glace, comme on caresse une feuille qui fond en ôtant des couleurs au monde, Des doigts et la souplesse boucle anti-errant anti âge, faiblesse de la peau découverte mutilée.
Il faudrait peut-être savoir se retourner dans les lits occupés.
La chambre des voitures, je le savais, il me fallait du temps, puis la buée. Maman passe.
Aujourd'hui des arbres, demain des hommes Plus blanc que le blanc il y a l'émeraude.
Deux comme trois, comme dix et comme sept. Deux comme jamais, comme encore, La tristesse démange alors il grimpe.
Sans affres sans ressources, sans sale sans vêtements de chaudrons. Je ne suis personne, Chante terre ferme Le corbeau au soleil son temps se forme de semaines.
Un clair-obscur aux jambes désagrafées début, début, début, début, début Fermer les yeux.
Schläft Schwan, schläft Wacht nicht auf ! Bender ist hier. Warten und klingen Schwarze bäume überall Eine Biene pflegt die Rinde Wer Schleier die Flamme ?
Je me vois. La pince et sa proie dévie Il est allongé le comble. Je ne veux pas rentrer chez moi Étiré : Le parcours sans âme d’une chaise affable Érudite la marche épousée Le givre bien fait Le silence aussitôt calme.
Giant library, crows crows, too many dead depresses the temperature Knives are our century’s fairyland Planes are sea horses to learn by heart Dogs are blind jewels that lick gases My teacher is waiting for me in his office, I think he wants to send me to jail but I will sleep on the library’s table because Sperm whales migrations should be supported somehow.
Cet insecte est mort devant mes yeux il y a quelques mois, en hiver, et son agonie ne fut pas une agonie mais cela qui le dit qui le dit Ça c’est des pétales-foutres Ça c’est autre chose que des pétales-foutres et autre chose encore que j’avais dis Ça c’est un corbeau qui mérite d’être seul car il allait perdre une plume, ce corbeau en dit plus long sur l’absence que vous sur moi.
Il y a ce chien de vingt quarts d’heures; la journée porte du fruit et du sang : le jeu du jardin montre les dents son ami l’a réveillé : suis-je une femme ou un démon ?
Ma vie est pleine de rêves, c’est chalumeau
Réunion de famille dans la belle ville qui nuit aux rapprochements.
Arbres dont la beauté est un secret comme par habitude Trois lettres à bout de pieds, moi durant l’athlète blanc Avant les voisin j’irai Écourter paysages et vallées mares et sang et pas de loup.
J’imite une activité Prendre des photos les ramasser me fait comprendre que je suis avec vous.
Bonjour Mr montagne qui glaçonne pour une raison imbibée d’incongruité et ma main elle pose Moi et les paons qui en savent long sur le long cheveux que j’ai perdu Moi et les traces des ballons de foot sous pluie sur un mur sous pluie et les lunes sous pluies Moi quand je découvre un cadavre et que je mange une clémentine ou bien une mandarine je mourrais sans savoir la différence et que je dépose autour de son corps des pelures sans broncher et qu’une moto sourit à mes côtés
Contredisant rimbaud Que dit-8 La plupart des gens. R Ne sont pas prêts à ce Qu’il soit parlé.
With you in town let me sleep He will ask, she will point at the opened subway, opened in half Is crying crying I light a candle, my hair were not washed, Moïse once sat down and the subway bloomed on a redhead eating the smoke girl.
Rêve d’oeil je dois parler d’enfer nous, ce que nous savons faire, écrire que l’on ronge Brasero : venue du problème.
Nous créons  sans savoir les voir, c’est impressionnant, où vivez-vous 
Et puis nous oublions nos vestes de bille.
Nos ampoules, nos armures.
Mendie sur le champ.
Où je vis : entre deux trois plantes ou deux trois feuilles quand j’ai moins chance. Disons que je m’abrite.
C’est ici que les enfants sont joués J’écris ce qui mérite de ne pas être écrit, je ne fais que passer la nuit, boule de cygne, comptez les soleils je m’occupe des plumes, ciels étoilés qu’ils disaient.
Cœur beau-53 temps, l’émule, joue à l’amulette rassis, J et A sont chromosomes, un couple, ils pèlent ma mandarine  Aucune idée de rien le géant d’Indonésie est en retard je me revois encore confirmé par Edgar et sa trompette en vélo, vivre et survivre !
Être en sursis avec les doudz comme dit le cercle blond ou ma sœur pas sans image et pas sans image
Nous connaissons tous ce canard aux yeux ouverts.
Il y a parfois l’anémone et nous luire se fait par touchant  dos. Écrit Bien évidemment que nous composons. Dans reposer il y a tout ce qu’il faut savoir plastifier. Si, moi aussi, je place un saut entre la dernière lettre et mon point, c’est que les pieds cornés de Christ n’étaient déjà plus collants au sol. Sa boîte. Tu aurais dû être danseuse et moi plasticien des trêves lactescentes ? Bouscule puis fais ton image, entre en toi, ici, viens, apprends à parler à celui. Fall : suppliez-vous d’oublier l’anglais et lisez ce mot en français et entendez ce que je crois dire directement dans votre lascive bouche jetée loin de moi qui est loin C’est évident, deux fois déjà, je comprends la face voilée représentée d’une photographie et je me pense flambant-nouveau, par exemple, exutoire parallèle d’un identique souhait pour la fontaine où brille la pièce toujours étalée-gronde. Urne funèbre et active sincérité du texte que je n’ai pas vu écrire, mais son dos, je l’ai vue, je l’ai poussée, on ne pouvait on ne devait que pousser son dos incessant et je l’ai fais et je l’ai bravé et ils l’acclamèrent au lieu de m’acclamer et j’acclamais au lieu des brames du daim aveugle et corrosif, fête des mères.
Nous étions là, pouce de montagne, cochon d’ivoire, bec d’oiseau au fascicule petit. Si notre ton est péremptoire où est-il, dites-le que celui qui s’éloigne devienne oui des jambes des jambes nous ôtions comme avant Ôtant nos jambes comme le cerf effeuille blanche. Ses mues ? Murs de bois, étincelante affront, libidinale sexe, vaseuse étoffe prescrite en remède.
Aurora. artiser.
Les foulques macroules nous possède et c’est bien comme cela qu’il faut faire
Ai{-je}adireadieu
Adieu l’à dieu vous voyez bien ce qui est possédé : sans dieu pas d’au revoir, pas de revoir, que de voirs n’en sauront rien ! Imbélice, chutatante, vasistas montagneux, chargé de ronces de pinces de corps blancs (dans les yeux sachez que j’ai vu à quoi vous ressembliez vraiment, vous êtes ma cédille, mon apostrophe affiliée au B brûlé, B qui brûle, B mauve maudit, maudite ?
Usine à côté de ça corps, usine à côté de car corps. Car de corps et usine. Car de corps et Mélusine retrousse sa manche qui pend dans mon œil lovée sur un endroit-enfant nain, nain rivière, rincer l’usine avec son corps, frotter l’usine en se mettant fort dans son pied -oreille : cœur de l’être, frotter l’usine.
Je crains de devoir décrire cette image.
Combien de forêts sont privés de cils alors à l’heure de nous nous parlons
Boutonner la forêt, que la ville est grande. Murmures oisifs, se perdre, marcher, devoir marcher, ne plus manger, se relever et être en liberté accouplé avec soi. Une perle de sang s’accroche à l’anneau.
Perle de lune postière ne regardez pas trop longtemps vous aimez aimez pas Se travestir est amour quand on embrasse la femme disparue.
Beau est beaucoup beaucoup est bien bien est mien
Depuis quand Chronos perce la lumière et joue carte, non pardon, perce la crête de lumière, non pardon, perce la carte de son.
ll pourrait plusieurs y en avoir, bien sûr, mais ce n’est pas parti. Le coup.
Gretel et Hansel marchent à reculons et leurs pieds sont nus, route des dames, soudain un arbre les bat.
Gretel devient immonde jardin, Hansel se transforme en orme.
Aucun intérêt mais l’idée : fruit des fleurs des arbres, votre abribus sa vitre me soutient et floue. Sale, gratter. Tout ça
Sûr-sourire je vous laisse
Le grimoire chôme, lâcher la manche mâchée. Il est surtout question de la juste récompense.
Amour tendre incertain ne me souvient plus Ou seulement si peu que compter est une affaire infectieuse
Amour tendre incertain je vais conduire, sens mon ventre sur moi tenir.
Bouquet de ventres, génuflexion aux rides, croupes maniaques Bâche l’or, combien de jour avant de mendier ?
Informer les créatures et pourquoi les S étaient tous des F à la forêt de Windsor. J’avais failli tout taper mais j’ai trop dormi enroulé en mouton
C’est si drôle de tracer des carrés dans ces rubis pour vous les bébés i et les bébés u
Qu’est-ce qu’on se marre ! Ah oui, et surtout quand on dort
Puis la nuit ! Non, vous trouvez pas ? Encore fallut-il faut-il eût-il fallu chercher : cher cher, drôle de découpage Je sais pourquoi les noirs sont noirs c’est parce-que les ciseaux étaient froids Alors pour se réchauffer et bien ils ont rigolé à plat Ah non c’est qu’ils avaient froids et des ciseaux et ils étaient grands jusqu’au ciel noir Et le plat c’est momomo
Je vais écrire un porme avec le même nombre de lettre exactement hi Allaerm t’es pas tout nu dans ta tombe C’est gentil de ta part Mais tu n’as pas volé assez de bains d’enfants Merci pour beaucoup Raconter c’est fatiguant : fêtes des fourmis des éléphants et des poissons Calme et sans lapins je suis j’hante la gente des reins L’alcool mugit à table la nuit Forgive farfadet Feu à l’o, menthe à peau hongroise en verbe d’extase vomir la forêt choca  pulse dal fal chin  m  h animal plaza partir pour le signes
C’est eux que je reçois sur mon œil sur ma main au milieu des hachées, des arbrisseaux Nous attendons, sommes-nous pressés, les insectes nous volent la pression, défèquent avec passion et le conte est conté. J’avance par derrière, au milieu repoussant des aéroports ! On m’éclaire par vélos interposés, j’ai les jambes à mon cou, j’avance Peut-être qu’il doit être beaucoup question de ces choses, ombres de jambes parmi la lumière, faire sienne : Attaque de miroir en nuit.
J’avais des tessons dans les pieds et des fourmis sur les jambes j’aimerais savoir quel objet vous détruiriez. Comme tous les gens malades j’ai été éduqué au plomb pour cela que je suis dans le train
Le pare-brise de F, espiègle divinité qui n’a que le corps du chat pour chercher à être la cible de l’amour I : Je Tu, je t’aime dans le vent d’une vapeur : boyauter.
What kind do you like, she asked. The fly-mouth in the shut down island Its a shadow of my wound.
A pleure quand B lui fait remarquer
Aeher.a
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lily-yvonne · 4 years
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DIMANCHE DES RAMEAUX (Suite)
                                   Le soir - plans extérieurs
Enchaînement sur Jésus et les siens assis sur le sol du Jardin des Oliviers. Il ne fait pas encore nuit et c’est un soir de pleine lune. Il fait tiède avec une légère brise. Nous entendons le bruissement du Cédron qui coule à proximité et un rossignol positionné non loin de là au sommet d’une branche d’un olivier. Le soleil n’est plus présent mais la lumière crépusculaire naturelle éclaire faiblement les visages. Jésus parle aux apôtres qui Le regardent attentivement : 
— Après le triomphe de ce matin, bien différent est votre esprit. Que dois-je dire ? Qu’il est soulagé ? Oh oui ! Selon l’humanité il est soulagé. Vous êtes entrés dans la ville, tout tremblant à cause de mes paroles. Il semblait que chacun craignait, pour lui-même, les sicaires au-delà des murs, prêts à l’assaillir et à le faire prisonnier. En tout homme, il y a un autre homme qui se révèle aux heures les plus graves. Il y a le héros qui, aux heures du plus grand danger, bondit de l’homme doux que le monde a l’habitude de voir et juge insignifiant, le héros qui dit à la lutte : « Me voici », qui dit à l’ennemi, à l’arrogant : « Mesure-toi avec moi ». Et il y a le sacré qui, alors que tous s’enfuient terrorisés devant les tyrans qui veulent des victimes, dit : « Prenez-moi en otage et en sacrifice. Je paie pour tous. » Et il y a le cynique qui profite personnellement des malheurs de tous et rit sur les corps des victimes. Il y a le traître qui a son courage particulier : celui du mal. Le traître qui est l’amalgame du cynique et du lâche, qui est aussi une catégorie qui se manifeste dans les heures graves. Car cyniquement il tire profit d’un malheur et lâchement il passe au parti le plus fort, osant, pour en tirer profit, affronter le mépris des ennemis et les malédictions de ceux qu’il abandonne. Il y a enfin le type le plus répandu, le lâche qui, aux heures graves, n’est capable que de regretter d’avoir fait connaître son appartenance à un parti et à un homme, maintenant frappé par l’anathème, et de s’enfuir… Ce lâche n’est pas aussi criminel que le cynique ni aussi dégoûtant que le traître. Mais il montre toujours l’imperfection de sa structure spirituelle… Vous… vous êtes tels. Ne le niez pas. Je lis dans les consciences. Ce matin, vous pensiez entre-vous : « Qu’est-ce qui va nous arriver ? Allons-nous à la mort, nous aussi ? » Et la partie la plus basse gémissait : « Que jamais ! »… Oui… mais vous ai-je jamais trompé ? Dès mes premières paroles, je vous ai parlé de persécution et de mort. Et quand l’un d’entre-vous, par excès d’admiration, a voulu voir en Moi un Roi et a voulu me présenter comme un roi, un des pauvres rois de la Terre, toujours pauvre, même s’il est Roi et qu’il restaure le royaume d’Israël, j’ai tout de suite corrigé son erreur, et j’ai dit : « Je suis Roi de l’esprit. J’offre, en ce monde : privations, sacrifices, douleurs. Je n’ai pas autre chose. Ici, sur la Terre, je n’ai pas autre chose. Mais après ma mort, et votre mort dans ma Foi, je vous donnerai un Royaume éternel : celui des Cieux ». Vous ai-je dit, peut-être, quelque chose de différent ?... Non. Vous dites non… Et vous, alors, vous disiez aussi : « Nous ne voulons que cela. Nous voulons être traités, et souffrir avec Toi, comme Toi et à cause de Toi. » Oui, vous parliez ainsi. Et vous étiez sincères aussi. Mais c’était parce que vous raisonniez comme des enfants, comme des enfants étourdis. Vous pensiez qu’il était facile de me suivre, et vous étiez tellement imprégnés de la triple sensualité que vous ne pouviez admettre ce à quoi je faisais allusion. Vous pensiez : « Lui est le Bèn Elohîm. Il le dit pour éprouver notre amour. Mais Lui ne pourra être frappé par l’homme. Lui qui opère des miracles saura bien faire un grand miracle en sa faveur ! » Si forte était la foi humaine que vous aviez en ma puissance que vous arriviez à n’avoir pas foi dans mes paroles, la Foi vraie, spirituelle, sacrée et sanctifiante. « Lui qui fait des miracles pourra en faire un en sa faveur ! » disiez-vous. Or ce n’est pas un, mais un grand nombre encore que je ferai, et grâce soit rendue à Elohîm !… Deux seront tels qu’aucune intelligence ne peut y penser. Ils seront tels que seulement ceux qui croient en Adonaï pourront les admettre. Tous les autres, dans les siècles des siècles, diront : « Impossible ! » Et même au-delà de la mort je serai un objet de contradiction pour beaucoup. En une douce matinée de printemps, j’ai annoncé d’une montagne les diverses béatitudes. Il y en a encore une : « Bienheureux ceux qui savent croire sans voir ».J’ai déjà dit en allant à travers la terre de Pelishtîm1 : « Bienheureux ceux qui font la volonté d’Elohîm » et d’autres, j’en ai dit d’autres, car dans la maison de mon Père nombreuses sont les joies qui attendent les sacrés. Mais il y a aussi celle-ci. Oh oui ! Bienheureux ceux qui croient sans avoir vu avec leurs yeux corporels ! Ils seront tellement sacrés que, étant sur la Terre, ils verront déjà Elohîm, l’Elohaï Yahweh, caché dans le Mystère d’Amour… Mais vous, depuis trois ans que vous êtes avec Moi, vous n’êtes pas encore arrivés à cette Foi. Et vous croyez seulement ce que vous voyez. C’est pour cela que depuis ce matin, après le triomphe, vous dites : « C’est ce que nous disions. Il triomphe et nous avec Lui ». Et comme des oiseaux qui remettent en place leurs plumes froissées par quelqu’un de cruel, vous vous lever pour voler, ivres de joie, pleins d’assurance, libres de cette constriction que mes paroles vous avaient mises dans le cœur… Etes-vous plus soulagés alors, même dans votre esprit ?... Non. En lui, vous êtes encore moins soulagés, d’autant plus que vous n’êtes pas du tout préparés à l’heure qui arrive. Vous avez bu les hosannas comme du vin fort et agréable. Et vous en êtes ivres. Un homme ivre est-il rempli de force ?… En effet, il suffit d’une main d’enfant pour le faire chanceler et tomber. C’est ainsi que vous êtes. Et il suffira qu’apparaissent des sicaires pour vous faire fuir comme de timides gazelles qui, à l’approche du chacal, se dispersent rapidement d’un côté et de l’autre dans les solitudes du désert… Oh ! Prenez garde de ne pas mourir de soif dans ce sable brûlé qu’est le monde sans Elohîm !… Ne dites pas, ne dites pas, ô mes amis, ce que dit Iesha’yahou 1 en faisant allusion à votre état d’esprit faux et dangereux. Ne dites pas : « Celui-là ne parle que de conjuration. Mais il n’y a pas à craindre, il n’y a pas lieu de s’épouvanter. Nous ne devons pas craindre ce que Lui nous prophétise. Israël l’aime, et nous l’avons vu »… Que de fois le tendre pied nu d’un petit enfant foule les herbes fleuries du pré, pour cueillir des fleurs qu’il portera à sa mère, et croit ne trouver que des fleurs, et au contraire pose son talon sur la tête d’un serpent, en est mordu et en meurt ! Les fleurs cachaient le serpent… Ce matin aussi… ce matin aussi c’était ainsi ! Je suis le Condamné couronné de roses. Les roses !… Combien de temps durent les roses ? Que reste-t-il d’elles lorsque leurs corolles se sont effeuillées en une neige de pétales parfumés ? Des épines. Moi — Iesha’yahou l’a dit — je serai pour vous, et je dis qu’avec vous je serai pour le monde, sanctification, mais aussi pierre d’achoppement, pierre de scandale et ruine pour Israël et pour la Terre. Je sanctifierai ceux qui auront bonne volonté et je ferai tomber et briser en mille morceaux ceux qui auront mauvaise volonté. Les Anges ne disent pas des paroles mensongères, ni des paroles de peu de durée. Ils viennent d’Eloah, qui est Vérité et qui est Eternel, et ce qu’ils disent est vérité et parole immuable. Ils ont dit : « Paix au hommes de bonne volonté ». Il naissait alors, ô Terre, ton Sauveur. Maintenant il va à la mort ton Rédempteur. Mais pour avoir d’Elohîm la Paix, c’est à dire sanctification et gloire, il faut avoir « bonne volonté ». Inutile ma naissance, inutile ma mort pour ceux qui n’ont pas cette bonne volonté. Mon vagissement et mon râle, le premier pas et le dernier, la blessure de la circoncision et celle de la consommation, auront existé en vain si en vous, si dans les hommes, il n’y a pas la bonne volonté de se racheter et de se sanctifier… Et je vous le dis : un très grand nombre d’individus se butteront contre Moi qui ai été placé comme colonne de soutènement et comme un piège pour l’homme, et ils tomberont parce qu’ivres d’orgueil, de luxure, d’avarice, et ils seront enfermés dans le filet de leurs péchés et pris et donnés à Satân. Mettez ces paroles dans vos cœurs et scellez-les pour les futurs disciples… Allons, il fait nuit. La Pierre se lève… (Jésus se met debout et les apôtres L’imitent.) Un autre pas en avant sur la montagne qui doit resplendir au sommet, car Il est le Soleil. Il est la Lumière, Il est l’Orient. Et le soleil brille sur les cimes. Il doit être sur la montagne car le vrai Temple doit être vu du monde entier. Et de moi-même je l’édifie avec la Pierre vivante de ma Chair immolée. J’en assemblerai les parties avec le mortier fait de ma sueur et de mon sang. Et je serai sur mon trône recouvert d’une pourpre vivante, couronné d’une couronne nouvelle, et ceux qui sont au loin viendront à Moi, ils travailleront dans mon Temple, autour de lui. Et Moi-même, je travaillerai mes pierres et mes artisans. Comme j’ai été travaillé au ciseau par le Père, par l’Amour et par l’homme et par la Haine, de même je les travaillerai. Et après qu’aura été enlevé l’iniquité de la Terre, en un seul jour, sur la pierre de celui qui est Prêtre pour l’éternité, viendront les sept yeux pour voir Elohîm et déboucheront les sept sources pour vaincre le feu de Satân… Satân…
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1 La Palestine. Traduction exacte : « Philistins ». Avant de devenir la « Palestine » cette terre était en effet occupée par les Philistins à l’époque de l’Exode.
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Après que Jésus eut prononcé une première fois : « Satân », il ferme les yeux. A la lueur de la lune nous devinons l’expression amère de son visage et il baisse la tête. Il garde un silence, puis reprend en secouant la tête une deuxième fois : « Satân ». Enfin il relève la tête, pose ses yeux sur Judas et lui dit sur un ton impératif : — Iehouda, allons ! Et rappelle-toi que le temps presse et que pour le soir du jeudi l’Agneau doit être livré.
1 Nom hébreu d’Isaïe. Prononciation : Ieshayahou.
EXTRAIT DE l’OUVRAGE : “SCÉNARIO - L’ULTIME ALLIANCE” : http://www.prophete-du-sacre-coeur.com/scenario-l_ultime-alliance.pdf
http://www.prophete-du-sacre-coeur.com/ https://www.youtube.com/watch?v=1qI8FeNbFsM&t=621s https://www.change.org/p/emmanuel-macron-dieu-ne-veut-pas-de-fl%C3%A8che-sur-notre-dame-098097a0-f72c-4021-9b66-cc9c78ecb8a8?lang=fr-FR
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reseau-actu · 5 years
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GRAND REPORTAGE - Notre envoyé spécial a vécu dans cette ville les quelques jours qui ont vu s’envoler le rêve kurde d’une région autonome.
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Envoyé spécial à Qamishli
Il est arrivé dans l’après-midi, ne sait plus très bien quand, tout est confus après cette frappe qui l’a blessé, à 6 heures, ce dimanche matin. Le filet de voix qui sort de sa gorge, ses traits tendus, ses yeux vagues, sa peau sèche — sur son brancard, le corps entier de Delil Hassakeh raconte les durs combats dont il vient de réchapper. Il sort de Ras al-Aïn. La petite ville, tout contre la frontière, est l’un des points d’entrée de l’offensive turque en Syrie.
«On se battait dans l’usine, depuis 3 heures du matin. J’étais aux côtés d’un ami. Soudain, un missile nous frappe. Mon ami meurt. Je suis blessé. J’ai fini par être évacué. En cinq jours de combats, je n’ai pas vu le visage d’un ennemi», dit Delil Hassakeh - son nom de guerre. Ses traits se tendent. Chaque mouvement le fait souffrir. Il a reçu des éclats dans la jambe droite et dans le dos. Il faut l’examiner, mais ce n’est pas possible, dans cette clinique de Tall Tamer, à quarante kilomètres de Ras al-Aïn. Il attend son transfert.
À côté, sur un lit, couché en travers, sommeille un jeune homme aux allures de dormeur du val. Il a le bras droit en écharpe. Une infirmière tente de le réveiller. «Camarade. Camarade. Réveille-toi. Camarade. Camarade. Quel est ton nom?» Le dormeur ne réagit pas. Il est roux, a le visage poupin.
Tout le contraire de Delil, tanné, brun, barbu. C’est un Arabe de Hassakeh - la plus grande ville du Nord-Est syrien, dont il tire son nom de guerre. Il a rejoint les FDS, Forces démocratiques syriennes, menées par les Kurdes, dans leur combat contre l’État islamique, lors de la bataille de Raqqa, en 2017. À présent, il se bat contre les Turcs, qui eux soutiennent nombre de groupes arabes. Au lieu de basculer dans les perpétuels changements d’alliances de la guerre civile syrienne, Delil a choisi son camp: «J’ai décidé de rejoindre mes frères kurdes parce qu’ils ont raison. Ils se sont toujours battus contre les djihadistes. Et si la Turquie gagne, Daech reviendra.» À côté, l’infirmière continue, d’une voix ferme: «Camarade, camarade. Réveille-toi. Ton nom? Ton nom?» Le dormeur ne bouge pas.
On ne peut rien faire contre l’aviation turque. On demande simplement aux États-Unis d’interdire aux F-16 turcs de nous attaquer. Le reste, on s’en occupe
Delil Hassakeh, combattant au sein des FDS, menées par les Kurdes
«Les Turcs ont des chars, des canons, des avions. On a réussi à leur détruire un tank, à coups de mitrailleuse lourde et de lance-roquettes. Mais on ne peut rien faire contre l’aviation turque. On demande simplement aux États-Unis d’interdire aux F-16 turcs de nous attaquer. Le reste, on s’en occupe», continue Delil. Depuis que le président américain Donald Trump a décidé de retirer son soutien aux Kurdes, ceux-ci ont perdu leur principal avantage stratégique dans la guerre civile syrienne: l’appui aérien et logistique des États-Unis. Ils se retrouvent seuls face à la Turquie, une nébuleuse de milices, dont un État islamique plus que jamais menaçant, et un régime en embuscade, prêt à reprendre le contrôle d’une région à la moindre défaillance.
À lire aussi : Syrie: une nouvelle cartographie du conflit favorable à Bachar el-Assad
La voix de Delil devient de plus en plus faible. Elle s’évanouit dans la chambre ouverte sur l’automne syrien, ocre et chaud comme des herbes sèches: «On ne peut pas perdre Ras al-Aïn. Même si les Turcs nous attaquent de toutes leurs forces, on tiendra. Parce que c’est notre terre. Les Américains vont revenir. Je ne perds pas espoir.» Ras al-Aïn est un symbole. C’était le baptême du feu des YPG, les forces kurdes syriennes, au début de leur autonomie. Au bout de longs mois de combats contre Jabhat al-Nosra, affilié à al-Qaida, et d’autres milices dont l’Armée syrienne libre, ils sont parvenus à s’emparer de la ville en juillet 2013 - qu’ils rebaptisent de son nom kurde, Serekanye.
Une femme blessée soignée dans un hôpital de Qamishli, dimanche. DELIL SOULEIMAN/AFP
«Camarade, camarade», dit l’infirmière en secouant le dormeur. Celui-ci se réveille enfin, se lève à demi, puis marche, somnolent, soutenu par la soignante. Il va être transféré à l’hôpital de Hassakeh, où sont traités les cas graves. Delil est aussi emmené. La mâchoire serrée, il semble s’accrocher d’un même mouvement à la vie, comme à un espoir perdu. Les adversaires ne se battent tout simplement pas à armes égales. D’un côté, une force sommairement équipée, privée de son lointain protecteur. De l’autre, la deuxième armée de l’Otan, appuyée par des groupes qui rêvent de prendre leur revanche contre les Kurdes.
L’ambulance part en silence. Autour, des visages fermés et inquiets, le deuil d’une expérimentation politique de sept ans. Le Rojava, nom kurde du Nord-Est syrien, est de facto autonome depuis 2012, quand l’armée et les services de renseignements du régime de Bachar el-Assad quittent le territoire pour projeter leurs forces ailleurs, dans une révolution qui tourne en guerre civile.
La branche syrienne du PKK, le PYD (Parti de l’Union démocratique), prend alors le contrôle de la région. Il met en œuvre, tout en menant la guerre à multiples groupes armés et en neutralisant ses opposants politiques, le projet d’Abdullah Öcalan, leader indépendantiste kurde. Les régions abandonnent l’idéologie du parti Baas pour celle du confédéralisme démocratique, qui vise au dépassement du cadre de l’État-nation. Quadrillée par de redoutables services de sécurité, la région autonome apprend aussi à s’adapter aux zones moins favorables aux Kurdes, privilégiant la stabilité à l’idéologie, la négociation à la confrontation.
Cet édifice s’écroule à toute vitesse. Tall Tamer en est le témoin privilégié. Ville la plus proche des combats de Ras al-Aïn, elle a vu passer quelques-uns des 100.000 déplacés, selon les Nations unies.
L’hiver arrive. Je ne peux pas vivre ici, il fait trop froid. Je garde espoir. Les Américains vont revenir
Imane Hajj Mamo, mère de famille
C’est le troisième exode que connaît Imane Hajj Mamo. Cette mère de 40 ans, toute ronde dans sa robe à fleurs, est née à Kobané. Elle a déménagé dans son enfance dans le quartier kurde de Cheikh Maqsoud, à Alep. Elle fuit une première fois quand la bataille commence, en 2012, pour s’abriter à Kobané. En 2014, l’État islamique attaque ce fief kurde. Son père, son frère, ses cousins partent dans la bataille. Elle se réfugie à Ras al-Aïn. Commence une parenthèse de paix de cinq ans. «On se sentait chez soi. Qui n’aime pas vivre sur sa terre!», s’exclame-t-elle. Mais la semaine dernière, les Turcs attaquent. Pendant que son mari se bat, elle vit à même le sol de ciment d’une école désaffectée, sans médicaments pour sa fille épileptique, que les crises laissent épuisée. «L’hiver arrive. Je ne peux pas vivre ici, il fait trop froid. Je garde espoir. Les Américains vont revenir.»
Au moins Imane est-elle en vie. Des dizaines de familles hébergées à l’école de Tall Tamer se sont jointes dimanche à un convoi organisé par les autorités kurdes et ont formé un convoi pour se rendre à Ras al-Aïn. Elles espèrent un miracle, mais risquent un massacre. Las - l’avant du convoi est visé par une frappe aérienne de l’aviation turque à l’entrée de la ville. Une dizaine de personnes ont été tuées dans une opération qui n’a même pas ralenti l’offensive d’Ankara.
Des habitants de Tall Tamer accueillent l’armée du régime syrien, lundi. DELIL SOULEIMAN/AFP
Chaque jour qui passe confirme bel et bien le départ des Américains. L’armée turque progresse méthodiquement sur les deux zones d’incursion, Tall Abyad et Ras al-Aïn. Elle harcèle les YPG tout le long des cinq cents kilomètres de frontière. Ébranlés par les coups de boutoir, les redoutables services de sécurité kurdes font aussi face à coups de main menés au cœur du Rojava. Vendredi, un attentat à la voiture piégée secoue la «capitale» de la région autonome, Qamishli. Samedi, une autre voiture explose devant une prison abritant des djihadistes, sans faire de dégâts. Le même jour, des miliciens arabes soutenus par la Turquie tendent une embuscade sur l’autoroute qui relie le Kurdistan de l’est à l’ouest. Ils mettent en scène une exécution qui rappelle les pires moments de la guerre civile syrienne. Se répandent des rumeurs de mutinerie dans les camps où sont hébergés des partisans de l’État islamique.
Sous la pâle lumière d’une nuit de pleine lune, le Rojava semble disparaître, peu à peu, et revient la République arabe syrienne
La soirée du dimanche s’enfonce dans l’incertitude. Comment tenir? Quelques signes inquiétants - le réseau cellulaire montre des signes de faiblesse. Une panne passagère ou un terminal attaqué par la Turquie? Non - le réseau syrien a été coupé. Internet ne passe plus. Un coup du régime? Une offensive sur les deux fronts, Ankara au nord, Damas au sud? Les rares informations sont remplacées par de folles rumeurs. La nuit tombe. Le Rojava se vide. Des fantômes semblent rôder derrière les rideaux fermés et les rues vides de Qamishli, autrefois pétillante de vie.
Dans la soirée, l’information tombe comme un couperet. Un accord a été passé avec le régime. Dépassées par l’offensive turque, harcelées par des attaques à l’intérieur de son territoire, les autorités kurdes n’avaient plus vraiment le choix: négocier avec l’autorité de tutelle, le régime syrien, qu’elles ont parfois combattu, souvent évité, mais avec lequel elles n’ont jamais rompu.
L’accord prévoit que les Syriens se déploieront le long de la frontière turque pour en assurer la protection. L’administration et la sécurité interne resteront à l’administration autonome. Les camps de prisonniers, y compris ceux qui abritent les djihadistes, seront toujours surveillés par les forces kurdes.
Mais dans la nuit, la réalité semble tourner à l’avantage du régime. Un check-point isolé sur la route entre Qamishli et Hassakeh est abandonné discrètement par les YPG. «L’armée syrienne doit arriver», souffle un combattant kurde, avant de s’évanouir dans l’obscurité. À Qamishli, des partisans du régime viennent tester les défenses de l’administration autonome. À Hassakeh, partagée entre les deux autorités, les check-points passent du côté de l’armée. Sous la pâle lumière d’une nuit de pleine lune, le Rojava semble disparaître, peu à peu, et revient la République arabe syrienne.
Le lendemain ne fait que confirmer la tendance. Damas progresse, grignote les flancs est et sud du Kurdistan. Manbij, Raqqa, et même la petite ville de Tall Tamer, voient arriver les forces de Damas. La BBC affirme que deux divisions de l’armée syrienne vont être déployées dans les provinces de Hassakeh et Deir ez-Zor. Ainsi s’achève, en moins d’une semaine, une aventure politique inédite de sept ans.
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xyzoeoh · 6 years
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Et nous nous aimions pour de vrai
Mais personne ne le savait
Mais qu’en pense mon therapist
Qu’en pensent les enfants des cieux
Qu’en pense le grand monsieur là-bas
Qu’en pense le chat qui me regarde (c’est Mistoune !)
Et la lune
Qu’en pense la lune
Les espoirs du monde et de soi
Du monde et de soi
Et de soi et du monde
Le silence me paraît une éternité
Ce que je désire :
Désirer au plus
L’apprentissage de la chair
Le silence dedans
Et qui danse
Qui la détient au juste cette vérité
Profonde la mienne
Je ne poserai rien
Aucun acte
Aucune intention de rien
 Et si je dois m’enfuir
Ce sera avec toi
L’ancien
Celui qui revient de loin
Du bout du monde
D’accord ?
Je partirai avec toi
Pour voir la mer
Encore une fois
Comme le premier jour
Comme le premier échange
Le premier baiser
La première fois
Que ta main sur ma peau
Posée là
D’accord ?
Je partirai avec toi
Et nous regarderons la mer
Encore une fois
Nous nous y perdrons
Elle nous lavera
De tout notre passé individuel commun ancestral virtuel alimentaire drogues dures et douces
Tout le passé de mes cellules et de tes cellules
Et tout ce qu’elles se mettent à raconter
Ensemble
D’accord ?
Tu vois
Un deux trois quatre cinq six sept lundi mardi mercredi jeudi janvier février mars avril mai
Je ferme mes yeux je compte dans ma tête
J’imagine je savoure
J’espère je demande tout et encore plus si je le peux
Sans aucune concession
Avec tout mon corps
Ma peau mes os les étoiles l’univers à l’intérieur de moi
Je demande tout toi et tout moi
Au même instant merveilleux
De nos corps et de nos âmes
Au même endroit merveilleux de nos pieds de nos mains
Nos yeux et nos bouches
Au même
Silence
De nos
Ancêtres
Aux mêmes regards
Aux mêmes pensées
Aux mêmes instincts
Incroyables
De ces voix qui nous guident
L’un vers l’autre
Voilà
Tu vois
Je demande tout ça
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Eliane Radigue - Transamorem - Transamorem (Important Records, 2011)
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Petit sifflement strident inoffensif que tu crois. Survolé par un vaisseau spatial. On est dans x files ou dans un salon parisien ou autre, en 1973. A gauche un petit clic régulier, au début je croyais que c'était un craquement extérieur à la musique, mais non pas du tout.
C'est marrant parce que réflexion faite, un chat intelligent ferait probablement ce genre de musique qui mélange infra ronron et couinement strident régulier. Les chats aiment les infraronrons.
Ok petite précision : il y a un seul morceau, il dure 1h et 7 minutes. C'est un lac ronron de une heure et sept minutes.
Un lac calme à première vue mais approche toi tu verras l'eau onduler micro + la marée.
A 4 minutes à peu près un autre OVNI quitte l'hyper espace pour se planter juste à côté de l'autre. Autant te dire que ça ronronne de plus belle. La souris est toujours là. Elle n'est pas vraiment une souris. C'est juste pour te donner une idée. En réalité, c'est juste la résultante d'un mini frottement quelque part dans la machinerie de ces vaisseaux géants. Ou un sifflement, plutôt.
Il y a des petits déphasages. Le sifflement est constant par contre le psycho ronron frotte c'est normal il y en a plusieurs ils ne sont pas tous identiques, il faut dire qu'on parle là d'une technologie des années 70. Et puis Eliane essaie de te raconter quelque chose, tu dois être attentif aux petites subtilités. Par exemple là à 9 minutes, petite agression aigue désagréable. Pourquoi ? Est ce que c'était voulu d'ailleurs ? Je sais pas. Honnêtement, le son est moins agréable que dans mes souvenirs. Et puis il y a un sacré déséquilibre entre le canal gauche et le canal droit, sur des enceintes c'est ok mais ok casque, ouille ouille ouille. C'est comme si mes deux hémisphères étaient découpés séparés de force alors que j'ai besoin des 2 ! Quelle violence ! Ce disque est violent. Il n'a pas l'air comme ça, mais c'est brutal. Il faut de la force mentale pour l'endurer d'une traite.
Toujours à gauche, un clic. J'aurais bien aimé qu'il n'y ait pas de clic.
Ecouter un disque d'Eliane Radigue, c'est une expérience pas ordinaire. Ça demande de la volonté, de la concentration, et il faut savoir écouter son corps, parce que je crois que l'essentiel se joue à la jonction entre l'esprit et le corps. C'est de la musique subliminale, elle ne s'adresse pas à ton Moi. Ton moi n'est pas capable de comprendre, il est aveugle, et bête. Il n’entend qu'un vulgaire sifflement, une basse ronron, un truc statique sans intérêt. Sauf que dans ta tête, il y a plusieurs strates, n'est-ce pas. Ton mental, c'est la partie émergée de l'iceberg. Tu es bien plus que ton mental. Ton âme est autrement plus sensible, elle détecte des signaux subtils, mais les messages qu'elle te renvoie sont eux mêmes très subtils. Tu dois apprendre à les sentir. Subtil, c'est le maître mot. Une personne est éveillée quand elle sait observer les phénomènes subtils qui la parcourent. Ce disque est un bon entrainement. Assieds toi, la colonne vertébrale bien droite, ferme les yeux, laisse ces vibrations t'envahir. Ne pense pas trop. Observe comment le turbo ronron agit sur ton organisme. Ton cerveau et ta peau et tes organes sont massés par les enceintes. Il s'agit bien d'une action physique avant tout. C'est pas une Idée qui te fait du bien ici. C'est pas la 9e symphonie de Beethoven ou les variations Goldberg. Ici la musique est comme une masseuse Thaïlandaise qui aurait appris à te papouiller le corps astral.
Je me demande à quoi sert ce sifflement strident. Ce craquement à gauche. Ce déséquilibre spatial. Je sais qu'en concert, Eliane aime disposer ses sources sonores en X pour que tout l'espace soit sonorisé de la même manière. Il me faudrait peut être un autre jeu d'enceinte. Peut-être qu'il n'est pas censé y avoir de gauche et de droite. Peut-être que je m'y prends mal.
Ce morceau prend vraiment son temps. Il faut savoir apprécier le son qui te parvient sur le moment, et surtout ne pas anticiper ce qui va suivre. L'immersion doit être totale sinon ça ne marche pas. Mais les efforts sont payants : tu te sens bien, c'est clair.
Ce turbo ronron tournoie dans les airs, du fait de son déphasage. Je suis fox mulder. je me situe actuellement dans le désert du nouveau mexique, et je contemple du sol un gros objet noir qui flotte immobile dans le ciel. Autour de moi l'espace temps est un peu chamboulé, les lois de la physique ramollissent comme une montre surréaliste. Le temps n'existe plus, je flotte dans un présent perpétuel où mon corps est comme un long fil reliant ma naissance à ma mort. un être aux dimensions infinies se déplaçant avec aisance dans les 4 dimensions, pour l'éternité. Quand j'écoute ce disque, je ne suis plus Guy-Jean, je suis un lac. Je m'étale, j'ondoie, je reflète.
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J'ai dépassé la moitié. Toujours presque aucun changement. Je pensais que le paysage serait un peu plus bariolé, j'ai en tête ces longs rouleaux de partition où chaque potentiomètre du gros synthétiseur est représenté sur une ligne. Ce sont de jolis objets d'ailleurs. Donc la; Transamortem Transamorem, bof pas grand chose. Ou alors je suis pas assez attentif. Ah si à 40 minutes et 40 secondes environ, et pendant une demi secondes, le sifflement a changé. Mais était-ce volontaire ? En partant du principe que oui, à quoi ça a servi ? Peut-être, à faire parler les bavards. Ou plutôt, à réveiller les endormis, comme un coup de kyosaku sur les épaules. Oh puis quelques minutes plus tard, il se passe la même chose. Je dois dire que ça réveille un peu. Je m'étais presque assoupi. Comme dans la méditation zen, le piège c'est l'endormissement. C'est pour ça qu'il faut garder les yeux ouverts, et maintenir la posture juste. La colonne droite tendue vers le ciel, la tête comme accrochée au plafond avec une ficelle nouée au sommet du crâne.
Non, cette musique ne peut pas s'écouter n'importe quand. Vous allez me dire : comme toutes les musiques. A chacune son lieu, son moment, son occasion. Son rituel, serais-je tenté d'ajouter. Il s'agit d'une forme de méditation, dans le cas de ce disque. Il ne faut pas systématiquement méditer avec une musique de fond aussi lacustre soit-elle. De temps en temps, oui, à titre d'expérience. C'est comme le sexe dans un lieu inhabituel. Sous les pins, à l'océan, par exemple (se munir d'une serviette de plage, de préférence). La musique d'Eliane Radigue est donc quelque chose qui doit rester rare, dans ta vie. Tu ne vas pas l'écouter en boucle comme un album de Sonic Youth, des Beach Boys ou de Carly Rae Jepsen. Non la musique d'Eliane Radigue est comme une étoile filante, une éclipse de lune, une soirée de nouvel an réussie. Un instant précieux, qui restera gravé éternellement dans ta mémoire, mais dont les occurrences restent exceptionnelles. C'est exactement ce que dit Brandon Lee, ce grand philosophe mort trop tôt, dans une interview sur le tournage de The Crow. Paix à son âme.
(petite parenthèse : je me rends compte qu'en levant la tête et en regardant vers le plafond, j'entends un bruit que je n'entendais pas jusque là, une rapide pulsation très aigue, comme un language extraterrestre de film hollywoodien des années 90 avec Will Smith. C'est troublant : ce son parvenait à mes oreilles jusqu'à maintenant, est-ce qu'une partie de moi immergée l'a reçu et décodé ? Maintenant, j'ai juste envie de regarder au plafond jusqu'à la fin du disque mais ça risque d'être délicat pour taper sur mon clavier.)
Je sens un reflux imperceptible. On s'approche de la fin on dirait. C'est vraiment très subtil comme la course du Soleil. Les ombres s'allongent s'allongent s'allongent. L E N T E M E N T. Ou alors j'ai rêvé, je sais pas. Cette musique possède une inertie incroyable, le meilleur hand spinner du monde ne peut pas rivaliser. Bref. Le Soleil est de plus en plus bas sur l'horizon. Je peux le voir avancer à vue d'oeil maintenant. Le ciel se teinte de rouge, et puis le disque finit par toucher l'horizon, il s'enfonce dans des sables mouvants, pris au piège, la pénombre s'installe, les insectes nocturnes se réveillent, tranquillité, sérénité, tu es arrivé, tu es chez toi, tu es arrivé, tu es chez toi.
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