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"Bardot" mini-série de Danièle et Christopher Thompson sur Brigitte Bardot avec Julia de Nunez, Victor Belmondo, Oscar Lesage, Noham Edje, Jules Benchetrit, Géraldine Pailhas, Hippolyte Girardot, Yvan Attal, Anne Le Ny, Louis-Do de Lencquesaing, Laurent Stocker, Fabian Wolfrom et Mikaël Mittelstadt, mai 2023.
#films#Series#hommage#Bardot#Vadim#Frey#Charrier#Trintignant#Distel#Becaud#Audran#Levy#Horstig#Clouzot#Lazareff#Nunez#DeNunez#Belmondo#Lesage#Edje#Benchetrit#Pailhas#Girardot#Attal#LeNy#Lencquesaing#Stocker#Wolfrom#Mittelstadt
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Romy et Alain, Gala of Artists, Paris, March 7, 1959
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Fondly i remember the early Delon, fiery, enchanting, and quicksilver, in particular this splendid period when he lived his love with Romy Schneider. I was living their love story up close and they were both one of the most beautiful couples I have ever seen, both in movies and in life... there was a question of marriage, but Romy's family was against this union...
Olga Horstig
#alain delon#romy schneider#60s#olga horstig#la piscine#french cinema#le samourai#romyandalain#alain delon & romy schneider#*about
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Brigitte Bardot and her agent Olga Horstig, c.1966
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Viktor & Rolf Fall/Winter 2005 | Rolf Snoeren, Tori Amos and Viktor Horsting.
#V&R#Viktor & Rolf#FW05#Fall 2005#PFW#PAris Fashion Week#designers#Rolf Snoeren#Tori Amos#Viktor Horstig#swede#artist#redhead#ginger#singer
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British Library digitised image from page 78 of "Tageblätter unsrer Reise in und um den Harz. Mit 16 ... Zeichnungen"
Image taken from: Title: "Tageblätter unsrer Reise in und um den Harz. Mit 16 ... Zeichnungen" Author(s): Horstig, Carl Gottlieb [person] British Library shelfmark: "Digital Store 10260.e.14" Page: 78 (scanned page number - not necessarily the actual page number in the publication) Place of publication: Leipzig Date of publication: 1805 Edition: Another edition Type of resource: Monograph Language(s): German Explore this item in the British Library’s catalogue: 001738862 (physical copy) and 014866961 (digitised copy) (numbers are British Library identifiers) Other links related to this image: - View this image as a scanned publication on the British Library’s online viewer (you can download the image, selected pages or the whole book) - Order a higher quality scanned version of this image from the British Library Other links related to this publication: - View all the illustrations found in this publication - View all the illustrations in publications from the same year (1805) - Download the Optical Character Recognised (OCR) derived text for this publication as JavaScript Object Notation (JSON) - Explore and experiment with the British Library’s digital collections The British Library community is able to flourish online thanks to freely available resources such as this. You can help support our mission to continue making our collection accessible to everyone, for research, inspiration and enjoyment, by donating on the British Library supporter webpage here. Thank you for supporting the British Library. from BLPromptBot https://ift.tt/30KaLMt
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Tourné en pleine “bardolâtrie”, La Vérité défraya la chronique. L’ogre Clouzot allait-il dévorer la star, qu’on venait de voir rieuse dans Babette s’en va-t-en guerre ? Après En cas de malheur, d’Autant-Lara, c’était son deuxième grand rôle dramatique. Le succès fut à la hauteur du battage. Grand Prix du cinéma français, La Vérité décrocha un oscar à Hollywood. Le scénario, pourtant, est des plus banals. Une jeune fille trop belle et trop libre est accusée du meurtre de son amant. A son procès, témoins et flash-back nous font revivre le drame. Le style ? C’est la “qualité française”, que contestaient les jeunes loups de la Nouvelle Vague. Aucune chance laissée au hasard, des effets d’audience avec répliques d’avocats qui font mouche. Cinquante ans après, on peut sourire devant ce Saint-Germain-des-Prés dépeint comme un lieu de débauche. Mais l’intérêt du film, c’est “l’animal Bardot”, que Clouzot s’acharne à faire jouer. Elle résiste, la mine boudeuse, puis finit par craquer, telle une bête traquée poussant un hurlement. L’auditoire à qui elle crie : « Vous ne m’avez jamais aimée. Vous êtes tous morts… » préfigure les bonnes gens qui pousseront au suicide l’héroïne de Vie privée. Peu après, Godard s’inclinera devant le mythe. [Bernard Génin – Télérama (janvier 2013)]
ON SET – Brigitte Bardot et Henri-Georges Clouzot sur le tournage de LA VÉRITÉ (The Truth) -1960
Le 11 janvier 1960, à trois heures du matin, un évènement ébranle le monde. B.B., Brigitte Bardot, est maman. Il s’agit d’un garçon, Nicolas. Le père est le comédien Jacques Charrier, rencontré sur le tournage de Babette s’en va-t’en guerre puis épousé dans la foulée. A défaut d’une filmographie conséquente, Brigitte Bardot est à l’apogée de sa gloire. Il est déjà trop tard pour devenir une femme au foyer, une mère-poule. Peu après son accouchement, la star reprend le chemin des studios et rejoint les plateaux de Joinville. Le réalisateur de son prochain film est Henri-Georges Clouzot. Après l’échec des Espions, le cinéaste n’a plus tourné. Heureux producteur des films de Brigitte Bardot depuis Et Dieu créa la femme, Raoul Lévy lui a proposé de faire un film avec sa protégée. [Clouzot cinéaste – Jose-Louis Bocquet et Marc Godin – Ed. La Table Ronde (2011)]
ON SET – Brigitte Bardot, Jean-Loup Reynold et Henri-Georges Clouzot sur le tournage de LA VÉRITÉ (The Truth) -1960
Le succès commercial d’En cas de malheur, donc la possibilité de rattraper l’échec des Espions, est un argument de plus en faveur du projet. Clouzot cherche, d’abord sans succès, une intrigue qui pourrait convenir à la vedette ; se souvenant de son idée de film judiciaire, qu’il destinait à Sophia Loren, il en reprend le scénario pour l’adapter à l’emploi de Bardot. [Les Métamorphoses d’Henri-Georges Clouzot – Chloé Folen – Ed. Vendémiaire / Cine patrimoine concept (2017)]
LA VÉRITÉ (The Truth) – Henri-Georges Clouzot (1960)
Une affaire a retenu l’attention du metteur en scène: le procès de Pauline Dubuisson, jugée en 1951 pour le meurtre de son fiancé. Comme elle étudiant en médecine, il avait brusquement refusé de l’épouser en apprenant qu’elle avait été tondue à la Libération. Mais Pauline, “qui n’avait pas l’allure de son crime”, était une intellectuelle dont le caractère correspond mal à la personnalité de Bardot. Le synopsis réclame de nombreux ajustements. Clouzot se souvient d’un roman de Michèle Perrein, Le Soleil dans l’œil, paru en 1957. La journaliste y peint les amours inconséquentes d’une adolescente, Emma. Michèle Perrein connaît la jeunesse et la légèreté de ses mœurs; elle apportera à Clouzot la finesse de vue qui lui manque et l’aidera à adapter le fait divers à son interprète. [Les Métamorphoses d’Henri-Georges Clouzot – Chloé Folen – Ed. Vendémiaire / Cine patrimoine concept (2017)]
Le cinéaste reconnaît que dans son film les “jeunes gens” sont plus sympathiques que leurs aînés. Il espère même que « Brigitte devienne sympathique à ceux qui éprouvaient pour elle de l’antipathie ». Les mots sont délicatement choisis. Mais ce n’est pas pour autant qu’il excuse le crime de son personnage ou approuve son suicide. « Je ne juge pas. . » Son propos est ailleurs : « Je suis contre toute peine de mort, et réprouve autant les attentats que la façon dont on les réprime. » Clouzot va d’ailleurs lui-même se plonger au cœur de l’univers judiciaire en assistant, sur l’invitation de son ami Maître Flotter, au procès d’une certaine Clotilde Seggiaro. Le procès a lieu à Draguignan en 1959. Clouzot en fera le compte-rendu pour Jours de France et conclura ainsi son article: « Décidément, les nuances s’accommodent mal de la lumière brutale des assises. » [Clouzot cinéaste – Jose-Louis Bocquet et Marc Godin – Ed. La Table Ronde (2011)]
ON SET – Brigitte Bardot et Henri-Georges Clouzot sur le tournage de LA VÉRITÉ (The Truth) -1960
La star termine le tournage de Voulez-vous danser avec moi ? de Michel Boisrond au studio niçois de la Victorine quand son agent Olga Horstig lui apporte le script de La Vérité. Contre l’avis de son époux qui voit dans le personnage de Dominique un rôle déshonorant pour une future mère, Brigitte Bardot accepte aussitôt la proposition : « Le diable vous attire. Clouzot, c’était quelque part le diable. J’étais terrorisée. Je me suis jetée dans ce film comme je me serais jetée de la tour Eiffel » [Clouzot cinéaste – Jose-Louis Bocquet et Marc Godin – Ed. La Table Ronde (2011)]
LA VÉRITÉ (The Truth) – Henri-Georges Clouzot (1960)
Le choix de l’amant de Dominique est difficile. « Je me souviens avoir fait des essais avec une ribambelle de jeunes premiers qu’on me mettait dans les bras », confiera Brigitte Bardot à Henry-Jean Servat. La comédienne souhaiterait Jean-Louis Trintignant – son grand amour durant le tournage de Et Dieu créa la femme -, mais Clouzot semble réticent. Face à la star, il fait auditionner tous les jeunes acteurs du moment. Jean-Pierre Cassel n’a pas le physique adéquat, Gérard Blain est trop petit, Hugues Aufray est trop angoissé, et Jean-Paul Belmondo, la vedette de l’époque. Belmondo prend aussitôt en grippe Clouzot qui tente de l’impressionner et finit par s’enfuir des essais par une fenêtre, laissant le cinéaste médusé. Clouzot finit par choisir Sami Frey. Selon Brigitte Bardot, celui-ci était « comme il fallait être, lointain et proche, tendre et dur, amoureux et lucide. » [Clouzot cinéaste – Jose-Louis Bocquet et Marc Godin – Ed. La Table Ronde (2011)]
Marie-José Nat, une jeune comédienne de vingt ans, est choisie pour être la sœur de Dominique: « Je venais de faire un sketch avec René Clair, La Française et l’Amour, et c’est Clair qui a suggéré mon nom à Clouzot pour être la jeune sœur de Brigitte Bardot. Il m’a rencontrée, expliqué que je ferais couple avec Sami Frey, que je connaissais depuis le cours Simon. Il m’a parlé du personnage, m’a fait écouter la musique qu’il voulait mettre dans le film. Cela se passait à l’Hôtel George-V, Véra était là. Il m’a demandé de prendre des leçons de violon avec Sami. Pendant plusieurs mois, j’ai donc pris des cours avec un violoniste. Sami était le chef d’orchestre, moi la musicienne. Clouzot voulait que le son et le mouvement soient parfaits. Il aurait pu me filmer intégralement, mes gestes étaient synchrones. » [Clouzot cinéaste – Jose-Louis Bocquet et Marc Godin – Ed. La Table Ronde (2011)]
LA VÉRITÉ (The Truth) – Henri-Georges Clouzot (1960)
Pour interpréter le rôle de l’avocat de la défense, le cinéaste fait appel à son vieux complice Charles Vanel. Pour l’avocat de la partie civile, il contacte, contre toute attente, Paul Meurisse. Celui-ci triomphe sur la scène de la Comédie des Champs-Elysées avec L’Hurluberlu de Jean Anouilh. Meurisse est de ces acteurs qui pratiquent l’alternance théâtre/cinéma, il peut profiter de la relâche du mois d’août pour tourner dans un film. Le comédien retrouve Clouzot dans un appartement du George-V où celui-ci prépare La Vérité. Après lui avoir offert un verre d’eau de Vichy, Clouzot annonce à Meurisse qu’il veut lui donner un rôle, mais qu’il hésite. « Puis-je vous demander si cette hésitation est le résultat d’une répulsion physique que vous auriez à mon endroit ? », demande Meurisse dont l’humour ne sera décidément jamais apprécié par Clouzot. Celui-ci ne relève même pas et annonce la couleur : « Vous avez une sale manie que j’ai repérée dans Les Diaboliques. Même manie que Louis Jouvet. Même manie que Pierre Fresnay, que je n’emploie plus à cause de ça. » Un temps avant de reprendre : «Vous avez la sale manie d’arriver au studio en sachant votre texte et en sachant la façon dont vous allez le jouer ! C’est insupportable ! C’est à moi de décider ce que vous devez faire ! » La suite de la discussion portera sur la recherche d’une méthode pour empêcher Meurisse d’apprendre son texte en l’interprétant. Clouzot finit par trouver la solution : « Vous allez acheter une cage à oiseaux avec un canari. Vous l’accrocherez au mur de votre chambre et vous apprendrez votre texte en tenant votre scénario d’une main et en donnant à manger au canari de l’autre. » Déconcentrer l’attention, rien de tel pour apprendre un texte à plat. Dubitatif, Meurisse quitte Clouzot en lui promettant d’acheter immédiatement un canari. Mais, raconte-t-il, c’est au bar du George- V qu’il se rend pour y commander un double scotch. [Clouzot cinéaste – Jose-Louis Bocquet et Marc Godin – Ed. La Table Ronde (2011)]
ON SET – Brigitte Bardot et Henri-Georges Clouzot sur le tournage de LA VÉRITÉ (The Truth) -1960
Le tournage débute au printemps 1960 aux studios de Joinville. Clouzot est plus cinglant que jamais avec ses acteurs. Charles Vanel est l’une des exceptions qui confirment la règle : « Il était charmant avec deux personnes, Brigitte pour qui – j’imagine – il avait un petit coup de cœur, et avec moi puisque nous nous étions expliqués une fois pour toutes avant le tournage du Salaire. » Mais avec Meurisse, les relations s’affirment tendues. Lors de sa fameuse plaidoirie, Clouzot l’interrompt : « Vous ne comprenez pas ce que vous dites ? » « Mais, moi, Monsieur, j’ai compris Shakespeare », rétorque l’acteur. Charles Vanel confirme l’extrême tension entre les deux hommes : « Meurisse, réputé pour son humour, n’osait plus ouvrir la bouche ! » [Clouzot cinéaste – Jose-Louis Bocquet et Marc Godin – Ed. La Table Ronde (2011)]
ON SET – Sami Frey, Brigitte Bardot et Henri-Georges Clouzot sur le tournage de LA VÉRITÉ (The Truth) -1960
Sur le plateau de La Vérité, Meurisse n’aura pas été le seul à souffrir. Vanel l’observe : « Je vis un jour un monsieur comme Seigner craquer d’énervement; vous imaginez l’état de la pauvre petite Nat. » Pourtant celle-ci ne se plaint pas : « Des amis m’avaient prévenue que Clouzot était très dur, sous-entendant qu’il ne pourrait s’énerver après Bardot, et qu’il s’en prendrait donc aux seconds rôles. C’est vrai que le tournage était difficile, il y avait une atmosphère lourde, pesante, mais l’histoire s’y prêtait, ce n’était pas une comédie, cela aidait l’acteur qui restait concentré. Il a toujours été agréable avec moi, sauf un jour. Je devais tourner une scène qu’il ne m’avait pas vraiment expliquée et, tout à coup, il s’est mis dans une colère folle. J’étais tellement surprise que j’ai crié plus fort que lui en lui demandant de m’expliquer ce qu’il voulait. Il m’a regardée, sidéré. Il aimait bien les gens qui avaient du répondant. Il s’est excusé, m’a expliqué ce qu’il souhaitait. Peu importe les énervements, ce qui importe, c’est le résultat final » [Clouzot cinéaste – Jose-Louis Bocquet et Marc Godin – Ed. La Table Ronde (2011)]
ON SET – Brigitte Bardot et Henri-Georges Clouzot sur le tournage de LA VÉRITÉ (The Truth) -1960
La vérité sur le tournage de La Vérité sera dévoilée par Brigitte Bardot lors de la publication de ses Mémoires. Elle juge le réalisateur “despotique”. « Clouzot me mettait en condition chaque matin, me montrant la vie sous son jour le plus désespéré, le plus injuste, le plus cruel. » Le cinéaste n’a pas besoin de forcer la note pour brosser la vie en noir aux yeux de sa vedette. Celle-ci traverse une période dépressive. Le baby-blues la travaille encore, sa relation avec Jacques Charrier se détériore sans rémission, son secrétaire particulier vient de vendre à France-Dimanche les secrets de son intimité, ragots et rumeurs fleurissent sur son passage. Les scènes du procès semblent refléter sa propre image. Troublant effet de miroir pour l’actrice : « Il me semblait que se déroulait mon propre procès. Il était question de ma mauvaise réputation, de ma façon de vivre scandaleuse, de ma légèreté, de mon absence totale de moralité. Cette vie de mon absence totale de moralité. Cette vie dissolue qui me faisait changer d’amants comme de chemises pouvait s’adapter aussi bien à Brigitte Bardot qu’à Dominique Marceau »
ON SET – Brigitte Bardot et Henri-Georges Clouzot sur le tournage de LA VÉRITÉ (The Truth) -1960
Parfois, la méthode Clouzot ne porte pas ses fruits. Un matin, ils préparent ensemble une scène dramatique ; Brigitte doit pleurer. Clouzot lui parle “doucement de choses tristes, horribles”. Le plateau est silencieux, on attend les larmes de la comédienne. Celle-ci se concentre, pense à ses parents, la tragédie que serait leur disparition. Elle va plonger dans le désespoir, quand elle entend un toussotement qui la ramène à la réalité, à l’absurde réalité de tous ces gens qui attendent en regardant leur montre qu’elle pleure enfin en sacrifiant virtuellement les êtres les plus chers. Contre toute attente, elle éclate d’un rire nerveux ; irrépressible. « Clouzot arriva, furieux, et me balança deux paires de gifles retentissantes. Sans réfléchir, je les lui retournai sur-Iechamp. » Le cinéaste réagit en écrasant les pieds de sa vedette d’un coup de talon. Pieds nus, elle hurle et pleure de douleur. Aussitôt Clouzot en profite pour exiger le “Moteur”. Mais Bardot quitte le plateau et fait venir un huissier pour constater l’état de ses doigts de pied. Le cinéaste devra s’excuser. [Clouzot cinéaste – Jose-Louis Bocquet et Marc Godin – Ed. La Table Ronde (2011)]
Plus tard, on tourne la scène du suicide manqué. Dominique Marceau est censée avoir avalé des barbituriques. Faisant appel à sa propre expérience, la comédienne pense être juste dans son jeu de semi-comateuse. Ce n’est pas l’avis de Clouzot. La journée est presque finie, mais on retourne la scène sans cesse. La chaleur des projecteurs est accablante, Bardot est exténuée, elle a mal à la tête et demande de l’aspirine. Justement, Clouzot en sort de sa poche. Elle avale les cachets : « Je me sentis bizarre, une torpeur m’envahit, mes yeux pesaient une tonne, j’entendais comme à travers du coton… ». Dernière prise. Clouzot est enfin satisfait du réalisme de la scène. L’actrice rentre chez elle, portée par deux machinistes. Quarante-huit heures plus tard, elle dort toujours. En lieu et place de l’aspirine, Clouzot lui a fait avaler deux puissants somnifères. Scandale. Monsieur Bardot père menace le réalisateur de le poursuivre devant les tribunaux, Raoul Lévy le sermonne par écrit. Mais La Vérité y a gagné une nouvelle scène d’anthologie. [Clouzot cinéaste – Jose-Louis Bocquet et Marc Godin – Ed. La Table Ronde (2011)]
LA VÉRITÉ (The Truth) – Henri-Georges Clouzot (1960)
A la fin de La Vérité, Dominique Marceau se donne la mort en s’ouvrant les veines. Dans la nuit du 28 au 29 septembre 1960, quelques heures seulement après avoir fêté son vingt-sixième anniversaire, Brigitte Bardot avale le contenu d’une boîte de barbituriques et se taillade les veines avec une lame de rasoir. Elle venait de quitter Paris pour trouver refuge à Menton dans une villa isolée mise à sa disposition par des relations, seulement accompagnée d’une amie. L’actrice dépressive a profité d’une absence de celle-ci pour passer à l’acte. Quand on la retrouve au fond du jardin, elle est déjà tombée dans un coma profond. Quelques jours auparavant, Clouzot avait déjeuné elle à La Colombe d’Or ; elle lui avait paru extrêmement déprimée. Le 2 octobre, Brigitte Bardot est encore entre la vie et la mort. Sa mère, Anne-Marie Bardot, donne une conférence de presse pour calmer la meute des journalistes : « Je me suis jamais mêlée de la carrière de ma fille. J’ai toujours voulu rester en dehors de celle-ci n’ai plus de vie humaine et je suis pourtant comme les autres ! Dans la rue, on la montre du doigt. Si elle ouvre ses volets, un flash éclate. Les médecins sont formels. Elle ne peut plus continuer à vivre comme cela. Si cela continue, elle va recommencer, elle va encore vouloir se tuer. » [Clouzot cinéaste – Jose-Louis Bocquet et Marc Godin – Ed. La Table Ronde (2011)]
LA VÉRITÉ (The Truth) – Henri-Georges Clouzot (1960)
La Vérité sort le 2 novembre 1960 sur les écrans parisiens. Si Brigitte Bardot a pu assurer la synchro du film, elle n’assiste pas à la première. Le succès public se double d’un succès critique ; la star est enfin considérée comme une comédienne. Le film sera choisi par la commission de sélection pour représenter la France dans la course aux Oscars, remis au mois de mars 1961 à Hollywood. À cette occasion, le producteur Raoul Lévy accorde une interview au New York Herald Tribune. Il y explique les risques de la surexposition pour une star. À l’aide de chiffres, il démontre que plus Brigitte Bardot est célèbre et moins elle est rentable. Il cite les chiffres des films de B. B. qu’il a produits. Pour Dieu créa la femme, Bardot aurait touché 12 000 dollars, le film a couté 300 000 dollars et rapporté 7 000 000 dollars. Pour Une Parisienne, 25 000 dollars pour Bardot sur un budget de 450 000 dollars et des recettes de 3 000 000 dollars. Pour La Vérité, c’est 250 000 dollars pour Bardot sur un budget de 1 500 000 dollars. « Mais, estime le producteur, La Vérité avait d’autres “plus”, tels que le metteur en scène, Henri-Georges Clouzot, et une vraie histoire. Ce qui donne, sur l’écran, un bon film. » Désormais Raoul Lévy considère que Brigitte Bardot coûte trop cher pour se permettre de faire autre chose que des films ambitieux. Ce qui ne l’empêchera pas, dès le film suivant, de la laisser revenir aux pochades de ses débuts avec La Bride sur le cou, commencé par Jean Aurel puis terminé par Roger Vadim. Serge Gainsbourg, son futur compagnon et complice, résumera sans ménagement les aléas de sa filmographie : « Son destin cinématographique est dû aux producteurs, qui la voyaient sensuelle et champagnisée : ils pensaient que c’était ce qu’attendait le public. Pourtant quand Clouzot lui a serré la vis, il en a sorti quelque chose d’intense. » Vingt-neuf ans plus tard, presque jour pour jour, alors que La Vérité est resté invisible au public durant deux décennies, la fin d’un imbroglio juridique permet une nouvelle sortie en salles. [Clouzot cinéaste – Jose-Louis Bocquet et Marc Godin – Ed. La Table Ronde (2011)]
L’histoire
La Vérité est le récit du procès de Dominique Marceau, une jeune femme séduisante que l’on juge pour le meurtre de son amant, Gilbert Tellier, un chef d’orchestre prometteur, un jeune homme sage et sérieux qui était promis à la sœur de Dominique, Annie. Annie est raisonnable et discrète; elle pratique le violon avec talent et ses parents ont décidé de l’envoyer à Paris pour qu’elle puisse poursuivre ses études au conservatoire. Sa sœur Dominique, une blonde oisive et impudente qu’étouffe la rigueur provinciale, supplie ses parents de la laisser l’accompagner. Elle promet de gagner sa vie rapidement mais ils refusent. Le soir même, Dominique avale une boîte de barbituriques; on lui cède de peur qu’elle ne réussisse une prochaine tentative. [Les Métamorphoses d’Henri-Georges Clouzot – Chloé Folen – Ed. Vendémiaire / Cine patrimoine concept (2017)]
LA VÉRITÉ (The Truth) – Henri-Georges Clouzot (1960)
À Paris, Dominique découvre les cafés de Saint-Germain-des-Prés où elle passe ses soirées entourée d’étudiants désœuvrés qui sont aussi ses occasionnels amants. Elle réveille sa sœur à des heures impossibles, traîne au lit tout le jour et néglige la promesse faite à ses parents. Une après-midi, Gilbert Tellier, un élève du conservatoire venu rendre visite à Annie, découvre Dominique nue sous les draps, pas pudique. Annie arrive à cet instant, et rouge de honte, chasse son aînée. [Les Métamorphoses d’Henri-Georges Clouzot – Chloé Folen – Ed. Vendémiaire / Cine patrimoine concept (2017)]
LA VÉRITÉ (The Truth) – Henri-Georges Clouzot (1960)
Gilbert, sous le prétexte de réconcilier les deux sœurs, retrouve Dominique dont il s’est éperdument entiché. Elle s’en amuse, se refuse à lui, le rend fou de désir et de frustration. Quand elle le trompe, il pardonne; quand elle ne le trompe pas, la jalousie de plus en plus agressive de Gilbert la jette dans les bras d’un autre. Pourtant, Dominique l’aime : elle sacrifie ses soirées, ses amis, sa liberté même aux ambitions de son amant qui essaie de monter un orchestre. Mais la routine et la sévérité de Gilbert lui pèsent; ils se séparent après une énième scène. [Les Métamorphoses d’Henri-Georges Clouzot – Chloé Folen – Ed. Vendémiaire / Cine patrimoine concept (2017)]
LA VÉRITÉ (The Truth) – Henri-Georges Clouzot (1960)
Dominique, désespérée, sans le sou, court les cafés, quémande des cigarettes, dort chez des copains. Un touriste américain l’entretient depuis peu quand elle apprend la mort de son père. Après l’enterrement, Annie annonce ses fiançailles avec Gilbert Tellier, sans parvenir à réfréner son triomphe. Dominique est effondrée et veut mourir. Un soir, dans les rues de Paris, elle s’arrête devant une vitrine où des dizaines de postes de télévision diffusent un concert dirigé par son ancien amant. Dans la nuit, l’image la torture. A deux heures et demie, elle se lève et court retrouver Gilbert, qui la reprend. [Les Métamorphoses d’Henri-Georges Clouzot – Chloé Folen – Ed. Vendémiaire / Cine patrimoine concept (2017)]
LA VÉRITÉ (The Truth) – Henri-Georges Clouzot (1960)
Au matin, il la jette dehors: ce n’était pour lui qu’une nuit de plus, sans signification ni conséquence. Dominique, humiliée, se jette sous un tramway qui l’évite de peu. Elle ne pense plus qu’au suicide et achète un revolver. Inquiet, l’un de ses amis prévient Gilbert, qui hausse les épaules. Un soir, Dominique décide de passer à l’acte. Elle se glisse chez Gilbert : « T’inquiète pas je t’embêterai plus. J’ai trop souffert. Je suis à bout. Je vais te laisser tranquille … pour toujours ! » [Les Métamorphoses d’Henri-Georges Clouzot – Chloé Folen – Ed. Vendémiaire / Cine patrimoine concept (2017)]
LA VÉRITÉ (The Truth) – Henri-Georges Clouzot (1960)
Gilbert croit à du bluff et devient furieux; il ne supporte plus ses drames, il la déteste, il la met au défi de tirer. Sans réfléchir, affolée, Dominique vide le chargeur de son revolver sur Gilbert qui s’écroule. Elle retourne l’arme contre elle: un cliquetis. Elle se précipite à la cuisine et ouvre le gaz ; c’est là qu’on la retrouve, juste à temps. Aux assises, les avocats luttent férocement pour imposer leur interprétation de l’affaire. L’accusation dresse de Dominique un portrait scandaleux, celui d’une égoïste, d’une fille ingrate, perverse, qui a tué Gilbert pour l’arracher à sa sœur dont elle a toujours jalousé la réussite. A l’appui de ces thèses, on cite une dispute d’enfants et son renvoi du collège pour y avoir introduit les pages scabreuses des Mandarins. Parce qu’elle a eu deux ou trois amants, parce que ça ne prêtait pas à conséquence pour elle, elle est décrite comme un monstre d’immoralité et de débauche. De toute évidence, elle manipulait Gilbert et avait prémédité son crime. La défense à l’inverse plaide le crime passionnel. Gilbert était un salaud, qu’intéressait seulement le corps de Dominique, et qui n’a pas eu un geste de compassion quand elle dormait sur les banquettes des cafés, quand elle menaçait de se tuer. [Les Métamorphoses d’Henri-Georges Clouzot – Chloé Folen – Ed. Vendémiaire / Cine patrimoine concept (2017)]
LA VÉRITÉ (The Truth) – Henri-Georges Clouzot (1960)
Dans ces joutes oratoires, la vérité n’est qu’un prétexte. Les deux avocats, qui ne se font aucune concession, multiplient les répliques assassines et les effets théâtraux. Quand la séance s’interrompt, ils quittent la salle comme on quitterait une scène ; dans les couloirs du Palais de Justice, ils redeviennent deux confrères, et l’on pourrait sans peine inverser leurs rôles. Habitué des cours d’assises, ami intime d’avocats parmi les plus réputés, Clouzot connaît bien ces coulisses. René Floriot sert de modèle à l’avocat de la partie civile ; Maurice Garçon inspire celui de la défense ! La mauvaise foi de la concierge qui témoigne contre Dominique est calquée sur celle d’une gardienne d’immeuble qui assurait, dans le procès Girard, que l’accusé menait une vie dissolue au seul prétexte qu’il rentrait chaque soir à une heure du matin. Les journalistes avides de scandale, les bourgeoises insistant pour être placées au premier fang, les regards entendus qu’échangent les jurés : Clouzot connaît tout cela par cœur. [Les Métamorphoses d’Henri-Georges Clouzot – Chloé Folen – Ed. Vendémiaire / Cine patrimoine concept (2017)]
Les extraits
A lire également
La vraie histoire de “La Vérité”, d’Henri-Georges Clouzot, par Samuel Douhaire En 1960, Brigitte Bardot incarnait une jeune femme accusée d’avoir assassiné son amant dans “La Vérité”, l’un des plus gros succès de Clouzot, à revoir à la Cinémathèque française dans le cadre de l’exposition-rétrospective qui lui est consacré. Une histoire inspirée par l’un des faits divers les plus médiatisés des années 1950 : l’affaire Pauline Dubuisson. Flash-back.
Je vous écris dans le noir de Jean-Luc Seigle 1961. Après avoir vu La Vérité de Clouzot, inspiré de sa vie et dans lequel Brigitte Bardot incarne son rôle de meurtrière, Pauline Dubuisson fuit la France et s’exile au Maroc sous un faux nom. Lorsque Jean la demande en mariage, il ne sait rien de son passé. Il ne sait pas non plus que le destin oblige Pauline à revivre la même situation qui, dix ans plus tôt, l’avait conduite au crime. Choisira-t-elle de se taire ou de dire la vérité ? Jean-Luc Seigle signe un roman à la première personne où résonnent les silences, les rêves et les souffrances d’une femme condamnée à mort à trois reprises par les hommes de son temps. – Hors collection – Littérature française / 07/01/2015
LA VÉRITÉ (The Truth) – Henri-Georges Clouzot (1960)
Tourné en pleine "bardolâtrie", La Vérité défraya la chronique. L'ogre Clouzot allait-il dévorer la star, qu'on venait de voir rieuse dans Babette s'en va-t-en guerre ? Après En cas de malheur, d'Autant-Lara, c'était son deuxième grand rôle dramatique. Le succès fut à la hauteur du battage. Grand Prix du cinéma français, La Vérité décrocha un oscar à Hollywood. Le scénario, pourtant, est des plus banals. Une jeune fille trop belle et trop libre est accusée du meurtre de son amant. A son procès, témoins et flash-back nous font revivre le drame. Le style ? C'est la "qualité française", que contestaient les jeunes loups de la Nouvelle Vague. Aucune chance laissée au hasard, des effets d'audience avec répliques d'avocats qui font mouche. Cinquante ans après, on peut sourire devant ce Saint-Germain-des-Prés dépeint comme un lieu de débauche. Mais l'intérêt du film, c'est "l'animal Bardot", que Clouzot s'acharne à faire jouer. Elle résiste, la mine boudeuse, puis finit par craquer, telle une bête traquée poussant un hurlement. L'auditoire à qui elle crie : « Vous ne m'avez jamais aimée. Vous êtes tous morts... » préfigure les bonnes gens qui pousseront au suicide l'héroïne de Vie privée. Peu après, Godard s'inclinera devant le mythe. [Bernard Génin - Télérama (janvier 2013] Tourné en pleine "bardolâtrie", La Vérité défraya la chronique. L'ogre Clouzot allait-il dévorer la star, qu'on venait de voir rieuse dans…
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Brigitte Bardot surrounded by Michèle Morgan, Michèle Mercier, Alain Delon, Mike Marshall and Olga Horstig, c.1968
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Image taken from page 84 of '[Tageblätter unsrer Reise in und um den Harz. Mit 16 ... Zeichnungen.]'
Image taken from: Title: "[Tageblätter unsrer Reise in und um den Harz. Mit 16 ... Zeichnungen.]" Author: HORSTIG, Carl Gottlieb. Shelfmark: "British Library HMNTS 10260.e.14." Page: 84 Place of Publishing: Leipzig Date of Publishing: 1805 Edition: [Another edition.] Issuance: monographic Identifier: 001738862 Explore: Find this item in the British Library catalogue, 'Explore'. Download the PDF for this book (volume: 0) Image found on book scan 84 (NB not necessarily a page number) Download the OCR-derived text for this volume: (plain text) or (json) Click here to see all the illustrations in this book and click here to browse other illustrations published in books in the same year. Order a higher quality version from here. from BLPromptBot https://ift.tt/2P07cKo
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