#Chien Renard
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2t2r · 5 years ago
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Aniball - des animaux en forme de ballons par Aditya Aryanto
Nouvel article publié sur https://www.2tout2rien.fr/aniball-des-animaux-en-forme-de-ballons-par-aditya-aryanto/
Aniball - des animaux en forme de ballons par Aditya Aryanto
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sayitalianolearns · 2 years ago
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Multilingual post about (some random) animals!
ENG - ITA - FRA - ESP - KOR
Animals - (gli) Animali - (les) Animaux - (los) Animales - 동물들
dog - (il) cane - (le) chien - (el) perro - 개 cat - (il) gatto - (le) chat - (el) gato - 고양이 goldfish - (il) pesce rosso - (le) poisson rouge - (el) pez dorado, (el) pez de colores - 금붕어 turtle - (la) tartaruga (d'acqua) - (la) tortue - (la) tortuga - (바다)거북 tortoise - (la) tartaruga (di terra) - (la) tortue (terrestre) - (la) tortuga (de tierra) - 거북 bird - (l')uccello - (l')oiseaux - (el) pájaro - 새 pig - (il) maiale - (le) cochon - (el) cerdo - 돼지 donkey - (l')asino - (l')âne - (el) burro - 당나귀
cow - (la) mucca, (la) vacca - (la) vache - (la) vaca - 소 horse - (il) cavallo - (le) cheval - (el) caballo - 말 sheep - (la) pecora - (la) brebis - (la) oveja - 양 rooster - (il) gallo - (le) coq - (el) gallo - 수탉/닭 hen - (la) gallina - (la) poule - (la) gallina - 수탉 swan - (il) cigno - (le) cygne - (el) cisne - 백조 duck - (l')anatra, (la) papera - (le) canard - (el) pato - 오리 goose - (l')oca - (l')oie - (el) ganso - 똥침 fox - (la) volpe - (le) renard - (el) zorro - 여우 goat - (la) capra - (la) chèvre - (la) cabra - 염소
mouse - (il) topo - (la) souris - (el) ratón - 생쥐 rabbit - (il) coniglio - (le) lapin - (el) conejo - 토끼 hamster - (il) criceto - (l')hamster - (el) hámster - 햄스터 squirrel - (lo) scoiattolo - (l')écureuil - (la) ardilla - 다람쥐 snake - (il) serpente - (le) serpent - (la) serpiente - 뱀 fish - (il) pesce - (le) poisson - (el) pez - 물고기 bear - (l')orso - (l')ours - (el) oso - 곰 crocodile - (il) coccodrillo - (le) crocodile - (el) cocodrilo - 크로코다일
giraffe - (la) giraffa - (la) girafe - (la) jirafa - 기린 elephant - (l')elefante - (l')éléphant - (el) elefante - 코끼리 lion - (il) leone - (le) lion - (el) león - 사자 zebra - (la) zebra - (le) zèbre - (la) cebra - 얼룩말 monkey - (la) scimmia - (le) singe - (el) mono - 원숭이 dolphin - (il) delfino - (le) dauphin - (el) delfín - 돌고래 whale - (la) balena - (la) baleine - (la) ballena - 고래 shark - (lo) squalo - (le) requin - (el) tiburón - 상어
(bros, you really didn't have another word for hamster?) for Korean nouns I didn't know I used Papago
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transparentgentlemenmarker · 11 months ago
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Le loup Crin chrysocyon brachyurus ou loup à crinière. Extrêmement rare.
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est le plus grand canidé d'Amérique du Sud. Ce n'est ni un renard ni un loup. C'est la seule espèce du genre Chrysocyon ce qui signifie chien d'or
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leleaulait · 10 months ago
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Ça fait 4/5 nuits qu'il y a un animal qui se faufile dans notre auvent pour essayer de choper les croquettes des animaux. À chaque fois que j'essaie de le choper, il détale tellement vite que ni moi ni Mayka on arrive a le voir ! Ça peut pas être un chien parce qu'on les connait tous, ils detalent pas et ils dorment à l'intérieur la nuit, encore moins un chat ou hérisson parce qu'il arrive a renversé les bouteilles pleine de 5L et a aller dans le sac gigantesque de croquettes.
Du coup on se demande si ça ne serait pas un des renards qui vivent en dessous de la caravane 😍. Je vous jure je suis a deux doigts d'acheter une caméra à détection juste pour VOIR CE QUE C'EST PUTAIN !!
hier soir je l'ai entendue, je suis sortie en courant dehors, en nuisette, avec ma lampe frontale et pieds nu jusqu'au champ en dessous et impossible de le voir tellement il trace vite ! (Oui j'avais l'air complètement folle)
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au-jardin-de-mon-coeur · 1 year ago
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Je suis un chien du 21ème siècle.
Je suis un Malinois.
Surdoué parmi les chiens, je brille dans toutes les disciplines et je suis toujours prêt à travailler. Aujourd’hui, on me demande de me prélasser sur le canapé toute la journée.
Je suis un Akita Inu.
Chien de chasse hors pair, mes ancêtres ont aussi été employés pour les combats de chiens. Aujourd’hui, on me demande d’être tolérant avec mes congénères, et on me reproche ma réactivité quand l’un d’eux s’approche de moi.
Je suis un Beagle.
Quand je poursuivais ma proie, je donnais de la voix pour que les chasseurs puissent me suivre. Je menais la danse. Aujourd’hui, on me met un collier électrique pour que je me taise, et on voudrait que je revienne au rappel en un claquement de doigts.
Je suis un Yorkshire Terrier.
J’étais un redoutable chasseur de rats dans les mines anglaises. Aujourd’hui, on pense que je ne suis pas capable de me servir de mes pattes et on me garde toujours dans les bras.
Je suis un Labrador Retriever.
Ma vision du bonheur, c’est un plongeon dans un étang pour ramener à mon maître le canard qu’il vient de tirer. Aujourd’hui, on a oublié que j’étais un chien de sport, je suis obèse et je dois jouer la nounou des enfants.
Je suis un Jack Russel.
Je suis capable de tenir tête à un renard plus gros que moi dans son propre terrier. Aujourd’hui, on me reproche mon fichu caractère et on voudrait faire de moi un chien de manchon.
Je suis un Husky Sibérien.
J’ai connu les grands espaces du Nord de la Russie, où je pouvais tracter des traîneaux à une vitesse impressionnante. Aujourd’hui, je n’ai pour seul horizon que les murs du jardin, et pour seule occupation les trous que je creuse dans le sol.
Je suis un Border Collie.
Je suis fait pour travailler huit heures par jour, et je suis un artiste incomparable du travail au troupeau. Aujourd’hui, on m’en veut parce que, faute de brebis, j’essaie de contrôler les vélos, les voitures, les enfants de la maison, et tout ce qui est en mouvement.
Je suis un chien du 21ème siècle.
Si je te plais, si tu rêves de moi depuis toujours, si mes beaux yeux azur ou mon look d’athlète te font envie, mais que tu ne peux pas m’offrir une vraie vie de chien, une vie qui vaut vraiment la peine d’être vécue, et si tu ne peux pas me proposer le travail que réclament mes gènes... alors renonce à moi. Si mon allure te plaît mais tu n’es pas prêt à accepter mes traits de caractère issus d’une sélection génétique rigoureuse, et que tu penses pouvoir les changer avec ta seule bonne volonté... alors renonce à moi. Je suis un chien du 21ème siècle, oui. Mais, tapi au fond de moi, sommeille encore celui qui combattait, celui qui chassait, celui qui tirait des traîneaux, celui qui guidait un troupeau. Et, tôt ou tard, il s’éveillera. Pour le meilleur ou pour le pire.
Article d'Elsa Weiss
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luma-az · 1 year ago
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Pour les poubelles et le poulet
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 9 août 
Thème : démolition/coyotes et renards
. .
« Sérieusement… ça fait mal au cœur de voir ça.
— Alors ne regarde pas.
— Mais je ne peux pas ! C’est notre maison qui part ! — C’était.
— Quoi c’était ?
— C’était notre maison.
— Mais…
— Maintenant c’est un chantier d’autoroute. Fais avec.
— On t’a jamais dit que tu n’avais pas de cœur ?
— Parfois, et surtout on ne m’a jamais dit que je manquais de cervelle. Réfléchis, sac à puce. Qu’est-ce qui arrive avec les autoroutes ?
— Des voitures.
— Et avec les voitures, des… ?
— Des… accidents de voitures ?
— Oui, c’est certain que toi et les autres coyotes vous allez devoir faire sacrément gaffe à vos fesses poilues, surtout la nuit. Mais je ne te parle pas de ça. Moi, je te parle d’une aire d’autoroute. D’un relai. D’une cité-dortoir vide toute la journée pendant la migration humaine quotidienne. Et qu’est-ce qui va arriver avec tout ça ?
— Heu… des chats ?
— Oui, si tu veux. Mais surtout…
— Parce que c’est vachement bon, les chats.
— Ça ne vaudra jamais un poulet. Non, ce qui va arriver en masse, ce sont les poubelles !
— Oh.
— De la nourriture à volonté ! Du bœuf ! Du porc ! Du mélange bizarroïde délicieusement salé ! Du chocolat ! Et surtout le summum de la gastronomie humaine : du poulet ! Pense à tous ces os de poulet qui nous seront offert encore plein de chair ! Et les restes de poulet frit ! De sandwich de poulet ! De…
— Vous, les renards, vous aimez bien le poulet, non ?
— On aime le poulet exactement à la mesure de ce qu’il mérite !
— Tu baves.
— Evidemment ! Et tu devrais baver avec moi ! Pense aux poubelles !
— Pour l’instant, je pense surtout qu’ils sont en train de démolir notre maison, et ça me rend triste. Je préfère chasser ma nourriture et rentrer tranquillement dans mon terrier que de devoir esquiver leurs voitures, leurs chiens et leurs fusils, tout ça pour une poubelle au poulet.
— Tu n’as pas le goût du challenge. Peut-être que parce que les coyotes sont nuls quand il s’agit d’ouvrir une poubelle un peu sophistiquée.
— Alors tu devrais peut-être en parler à quelqu’un qui te comprend, comme un raton-laveur.
— Et pourquoi pas, ils font des merveilles avec leurs petites pattes… hé, reviens ! Ne sois pas vexé, je ne vais pas te remplacer par un raton-laveur ! Je voulais juste te remonter le moral !
— Franchement, pour quelqu’un qui se vante d’être tellement intelligent, il y a des fois où tu es juste vraiment con. »
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icariebzh · 8 months ago
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BESTIAIRE ÉROTIQUE
"Des caps pris en beauté malgré les déferlantes, Larguée, un peu cramée, quarantaines rugissantes, Se laisser glisser pour ressurgir en grande orque, Une ode au punk à l’aube des cinquantièmes hurlantes.
Envie folle d’un bestiaire érotique et braque, D’alexandrins stylés qui déchirent et qui claquent. D’un poème utérin sur fond de ménopause, De plombs fondus, fantasmes, et de métamorphoses.
Loin des mines compassées, de la pondération, Des salons trop feutrés, de la mort des saisons. Le délire situé d’une nature ni douce, ni con.
Y fourrer l’illusion de complétude visuelle, Qui défait le réel et oxyde la raison. Un brin de rêves mystiques et de cauchemars séquelles, Raptus anxieux passé sous les démangeaisons.
Canines vulpines, cauchemars, corps de chiens mutilés, Avenir radieux fuyant à vives et grandes foulées.
L’hystérie née d’esprits tordus de mâles pétés, Imagine les fureurs viscérales d’un loir, Bestiole en quête de sang, s’agitant tard le soir De la tête à la vulve de la femme infertile, Fou de manque, vomissant l’aménorrhée, fébrile. Vives bouffées de chaleur, subite mélancolie, Bûchers, internements, vapeurs et insomnies.
Musculosité crasse et flambées d’urticaire, Herbacées maléfiques et vipérine vulgaire, Hermaphrodite velue, érigée, narcotique, Mucosités visqueuses et rêv(es) fous de mastic.
Là, des licornes en joie chient des paillettes dorées, De petites chattes bourgeoises suc(ent) des cadavr(es) rongés, Une foule de galériens accrochée à leurs pieds.
La glande supra-caudale de renardes violettes, La danse d’animalcules sur une peau offerte, Cr��atures de ténèbres, de chimères, de nuées - Noms féminins pluriel aux racines emmêlées.
Les flashs lubriques de mille lucioles dévergondées, Leur désir débridé, palpitant et veiné Luminescences fiévreuses pleines de luciférine Diaboliques femelles déguisées en ballerines.
La flamboyance de nos crises clastiques et cosmiques, L’endurance inouïe de la manie psychotique. Imperturbablement. « Le jour, le soir, la nuit ».
Orques ménopausées au mitan de leur vie, Lourdes globicéphales, bélugas aquatiques, Libérées des contraintes et rapports domestiques, Menant leur espèce en cheffes claniques respectées. Elles arborent au melon, comme un grand vit dressé, Une palanquée d’humaines pleurant leur puits séché.
Un troupeau de mille poulpes, cerveau tentaculaire, Et des pieuvres mourantes qui ne seront qu’une fois mères. Des castors résistant à la binarité, Munis d’un habile trou polyactivités, L’œuvre d’un dieu foutraque, nommée pseudo cloaque.
Le moine d’Alexandra David-Neel au Tibet, Enfanté de rêves zen et de méditation, Le Morel de Gary et sa Mademoiselle Repeuplant les bloks d’un camp de concentration. Les mésanges de Rosa, le lierre de Cyrano, Les mouches de Jack London et de son vagabond, Des tulpa, des chenils, des égrégores, des vifs, Notre insatiable besoin d’une consolation..."
Corrine Morel Darleux-Masto
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ditesdonc · 10 months ago
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Les étés à Curtin
Texte écrit par Jean-Claude Long
Fin des années cinquante. La grande maison est divisée en deux, louée en partie l’été par les sœurs Rochet, Berthe et Denise, mariées plus tard à Robert Magaud et Georges Guichert.
Dans le coin cuisine, un grand évier noir, en pierre, sert aussi à se laver. Le réchaud fonctionne avec une bouteille de butane ; au fond de la maison, une pièce fraîche sert de cellier. Un garde-manger à grille , suspendu, dissuade les mouches et les fourmis .
Dehors, une pompe, qu’il faut « amorcer », c’est un jeu ; un puits, dont on ne se sert pas, des granges, des hangars, des greniers, des machines et des outils mystérieux, des odeurs de paille et de grain, des poules en liberté. La vraie vie est là, pas en ville.
Un chien noir, Jimmy, est attaché à une grande chaîne, en permanence. Il a creusé un chemin sur son passage. Robert le lâche parfois, Jimmy part courir dans la campagne, si vite qu’on dirait un dessin animé : il a douze pattes. Quelques heures après, il revient en lambeaux, boitant, saignant d’une oreille. Cinquante ans après, on aurait dit « il s’est mis minable ».
Lorsque Robert revient sur sa moto, Jimmy s’agite avant que les humains aient entendu le moindre bruit ; Berthe dit alors : « voilà Robert ».
A gauche en sortant de la maison, un pré, dont l’enfant rêve l’hiver, comme une préface à des récits d’explorateur. On le traverse pour aller à la boulangerie à Thuellin.
Souvent vient brouter un troupeau de vaches. L’enfant aime les vaches, à la robe marron et blanche, cette odeur à la fois sauvage et rassurante, leur chaleur épaisse et grasse, maternelle . Elles font un peu peur avec leurs gros yeux, mais sont paisibles, c’est fascinant !Aujourd’hui encore, l’odeur des vaches me met les larmes aux yeux.  "Voilà  les vaches ! " est un cri de fête, un alléluia païen. Avec les enfants qui mènent le troupeau, je crois qu’il y avait une Mireille, on va jouer à cache- cache , à Colin Maillart, à Mère veux-tu. On mangera la tarte aux pommes de ma mère, on boira du Pschitt, l’après-midi ne sera que féerie. La Dent-du-Chat est une frontière au loin, les dieux juchés nous observent.
Fête aussi les commerçants ambulants, qui arrivent en klaxonnant ; galopade ! Dehors en pyjama ! Ducard, petit monsieur chauve aux yeux vifs, sa camionnette bleue aux odeurs de sucre et de bonbons chimiques. Fontana, fruits et légumes, sa camionnette verte, « l’Increvable », ses grosses lunettes. Le boucher a une fourgonnette deux-chevaux, grise .
L’enfant aime la campagne ; la liberté est totale. Sa mère, si craintive en ville, le laisse pendant deux mois divaguer parmi les faux, les herses, les tracteurs, dont un jour il desserra un frein à main dans une pente, bourde réparée d’urgence. Il aime l’errance, nez dans les nuages, la rêverie dans les odeurs. Il est shooté au foin, au fumier, à la pluie, aux animaux, coqs, renards toujours lointains mais dont le glapissement est proche, témoin d’un monde secret qui nous entoure, le comprendra-t-il plus tard ?
Le soir, les chiens discutent de loin en loin, que se racontent-ils ? Il pose un jour la question, un adulte répond : « ils ne racontent rien, ce sont des bêtes ». L’enfant pense que le grand se trompe, je le crois encore aujourd’hui.
On peut prendre des bâtons tant qu’on en veut, pourfendre les ennemis ; les plantes, les herbes sont des légumes pour jouer à l’épicier ; infinie profusion de cailloux pour lancer et construire. Deux shorts, deux chemises pour tout l’été suffisent pour fouler l’herbe menue par les soirs bleus d’été et sans avoir lu Rimbaud. Ma sœur et moi allons chaque soir acheter le lait à la ferme Teillon, dont les bâtiments existent encore. Quand le soir tombe au retour, et que les hirondelles se rassemblent sur les fils électriques en prévision de la migration, c’est que la rentrée des classes est proche. On transporte le lait dans un bidon en aluminium, qu’on appelle une berthe. Je suis gêné que le bidon porte le même nom que la propriétaire, gentille et aimable. Je n’ose prononcer le mot de peur de la froisser.
Après la pluie, au retour, début septembre, l’ombre monte des fossés dans des odeurs de trèfle et d’orties.
Ma mère achète parfois un lapin vivant chez Mme Guetta (Guettat ?) Mon père pourtant plutôt doux et pacifique, mais initié par ses vacances enfantines ardéchoises, assomme, suspend, saigne, écorche et éviscère l’animal sous le regard de l’enfant.
Nous rendons parfois visite à la Génie, vieille dame moustachue qui habite une sorte de chaumière dans une cour herbue et intarissable pourvoyeuse de potins de village. Tonton Maurice vient aussi parfois, il y a toujours une bouteille de vin dans la pièce fraîche.
L’église et la procession du 15 Août font un peu peur.
Mais le plus étonnant c’est le bruit fracassant des métiers à tisser. Comme c’était étrange, ce bistanclaque pan (on dit tchique tchaque pan) parmi les chevaux de trait, les vaches, et l’odeur des charrettes de foin.
Merveilleuse époque : les locataires lyonnais devinrent amis avec les propriétaires, particulièrement Berthe et Robert, qu’ils fréquentèrent jusqu’ à la mort de ma mère, en 1979 ; celle-ci allait voir aussi Denise Rochet, installée à St Sorlin. Le pluvieux été 1958, la belote, les tartes aux pommes, les gâteaux de riz au caramel favorisèrent sans doute le rapprochement. Mon père et Robert, le citadin et le campagnard, « se chambraient » amicalement, ma mère et Berthe riaient en faisant la lessive, parfois au lavoir. L’on prêtait un vélosolex. Avec Denise les conversations étaient plus sérieuses ; Georges était taciturne.
Aujourd’hui, Curtin sort parfois des brumes et ressuscite l’enfant, dont les sens et la pensée s’ouvraient au monde : quelle place y prendrait-il ?
Je voudrais avoir des nouvelles de Brigitte et Jean-Claude Magaud, les enfants de Berthe et Robert. Michel Guichert, fils de Denise et Georges ; il habite encore la maison, me permettrait-il d’y entrer ? La famille Teillon ; j’ai vu qu’il y a un boulanger, un plaquiste, un décorateur. Tonton Maurice buvait rituellement un canon avec Victor, en embarquant la provision de pommes de terre de ma mère dans la quatre-chevaux. Mireille Rochet (existait-elle, est-elle encore en vie ?) Une jeune fille aujourd’hui vieille dame, Hélène, qui était horrifiée par mes acrobaties en trottinette : « je vais le dire à ta mère ! »
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D'autres soirs bleus, par Irène, août 2023.
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legendoftherisingtide · 1 year ago
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juanaflippa
tilín
i decided to do all current languages on the server since dapper is loved by all<3
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NSBC • Chapitre 7
Un matin, en me levant, j’ai machinalement regardé mon ventre, et…
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Je peux plus le garder pour moi, c’est pas possible, il n’y a plus aucun doute… Je me suis levée précipitamment et j’ai fait le tour du lit pour réveiller Edward. Il n’a pas eu l’air de trop aimer être tiré de son sommeil en pleine nuit…
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« Qu’est-ce qu’il y a de si urgent qui ne pouvait pas attendre demain matin… ? me demande-t-il, la voix encore enrouée de sommeil.
— Eh bien… Je… On… On a apparemment pris un raccourci, haha ! »
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Je vois à sa tête qu’il ne comprend pas bien où je veux en venir.
« Ed… Je suis enceinte… »
Je ne peux m’empêcher de sourire. Cette nouvelle me stresse énormément, mais elle me rend heureuse en même temps.
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Et visiblement, je ne suis pas la seule à m’en réjouir.
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« Sérieux ? Sérieux ?! Je vais être papa ?!! Trop cool ! »
Sa réaction me soulage. Si en plus il n’en avait pas voulu, je vous explique pas l’embrouille… Et il aurait eu raison, quelque part, ça ne fait pas longtemps que nous sommes un couple…
Il se lève et m’embrasse amoureusement la joue.
« On va être de supers parents, tu vas voir… »
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J’espère qu’il a raison…
Depuis qu’Edward n’est plus là, la maison me semble un peu grande, et surtout, un peu vide. J’avais beau me plaindre de sa trop grande joie de vivre bruyante, il occupait l’espace à sa façon. Et puis… je n’ai jamais vécu sans lui. Je n’aurai jamais pensé dire ça un jour, mais il me manque, et je me sens seule.
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Oh, pourtant, il n’est pas loin, mais il ne vient pas aussi souvent que je le voudrais. Et puis même… ce n’est plus la même chose. Je me concentre comme je peux sur mon travail, mais ça reste difficile.
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Oui, même à la maison. Quand on dirige (ou presque) un labo, les vrais jours de congés n’existent pas. Et ça me va très bien comme ça.
Je pense que je peux comprendre, intellectuellement, ce qui a poussé Edward à partir. Solange lui apporte un type d’affection particulier, que je ne comprends guère, certes, mais qui semble beaucoup lui importer. Je respecte. J’ai toujours trouvé l’amour absolument futile et sans intérêt, mais je peux comprendre que ça puisse intéresser les autres. Il était inutile que je m’oppose à ses désirs. Et même si je ne comprends pas totalement, ça ne m’empêche pas de souhaiter qu’il soit heureux.
Tout ça pour dire que finalement, la solitude ne me réussit pas tant que ça. Et… Qu’est-ce que c’est ? J’entends des aboiements devant la maison. Je me lève de mon siège, enfile une tenue plus légère pour supporter le passage de l’air climatisé de ma maison à l’air lourd d’Oasis Spring, et sors. Et là, je vois le plus adorable des petits chiens devant chez moi… Avec une grande prudence, je m’approche et le caresse.
« Eh bah alors petit père, qu’est-ce que tu fais ici… ? »
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Il aboie joyeusement et frotte sa tête contre mes mains. Je sens la glace autour de mon cœur fondre instantanément, et je ne résiste pas à le prendre dans les bras pour le cajoler un peu.
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Je reconnais cette race, c’est un Shiba. Vous ne trouvez pas qu’on dirait un petit renard ? Cependant, il doit appartenir à quelqu’un, forcément. Je scrute le paysage autour de moi, mais c’est désert. Il se serait enfui ? Je le pose donc, pour voir quelle direction il va prendre.
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La réponse est : la porte ouverte de ma maison. Bon… qui suis-je pour l’en empêcher ? Je resterai attentive si j’aperçois des annonces à propos d’un chien disparu, on ne sait jamais, mais j’avoue que je ne serais pas contre une présence de plus dans la maison, surtout si elle est animalière… tellement moins d’inconvénients qu’avec un humain.
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Je décide quand même de le nommer, même si c’est temporaire. Je vous présente donc Zippy.
Dans l’après-midi, j’ai reçu la visite d’Edward et Solange. Apparemment, ils ont quelque chose à m’annoncer, si j’en crois le ventre légèrement proéminant de cette dernière…
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« Je vais faire comme si j’avais rien vu et je vais vous laisser parler, d’accord ? dis-je avec un sourire.
— Merci, sœurette. »
J’ignorais qu’une telle annonce pouvait tenir tant à cœur… Je les invite à entrer, et ils s’assoient tous les deux sur les fauteuils.
« Alors, voilà, Victoria… On… On va être parents. C’était pas prévu, mais bon…
— Oui, mais j’espère que tu ne trouveras pas qu’on va trop vite et que tu… accepteras de le ou la voir ? »
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Mais pour qui est-ce qu’ils me prennent ? Enfin, surtout Solange, avec sa dernière question ? Je suis quoi, un monstre ?
« Je suis contente pour vous, surtout si vous, vous êtes heureux. Je me fiche un peu des enfants de manière générale, mais… »
… Puisque celui-ci partage mon sang, je me ferais un devoir de le protéger.
« … Ouais, c’est cool. »
Ils sont restés un moment, et j’ai pu rattraper un peu le temps perdu avec Edward. Je lui ai présenté Zippy, et il a commencé à essayer de me taquiner sur le fait que je remplace un éventuel homme par un chien.
« Ed, je t’ai déjà dis mille fois que ça ne m’intéressait pas tout ça, tu m’écoutes quand je parle ?
— Oui, pardon… ! »
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Il m’a lâchée, ensuite. Je me suis un peu énervée, mais en même temps, en quoi est-ce si dur à comprendre que je ne fonctionne pas comme la majorité des sims ? On ne va pas en faire toute une histoire, non ? Bref.
Peu avant qu’ils ne partent, Solange m’a proposé de toucher son ventre pour sentir le bébé bouger. Je n’ai pas été très à l’aise avec l’exercice, mais je l’ai fait. Et dire qu’il y a un futur petit sim là-dedans…
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jojobegood1 · 1 year ago
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Regardez "Races de CHIENS qui RESSEMBLENT à DES RENARDS 🦊 10 CHIENS RENARDS !" sur YouTube
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😙🐕☺️
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bonheurportatif · 1 year ago
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J’ai aimé mai
1er mai J'ai réorganisé l'affichage des fonctions de mon smartphone. J'ai pris le temps de découvrir les pilules magiques de Dana Wyse. (Je me suis pesé et je n'ai pas aimé ce que j'ai vu.) (Un cousin a émis l'idée que l'on mange ensemble et j'ai pensé qu'il devait forcément exister une pilule de Dana Wyse pour remédier à ce petit désagrément.) J'ai lu Vie 2 de Nicolas Bouyssi. J'ai reçu un mail m'annonçant qu'un de mes textes avait été retenu pour une revue. J'ai aperçu un renard traverser devant la voiture. Ma chérie m'a fait remarquer que j'avais interverti Cadette et Benjamine dans les notes des mois précédents. J'ai corrigé toutes mes erreurs.
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2 mai J'ai sorti Benjamine de la panade, toute affaire cessante. Je me suis auto-interviewé. J'ai abattu à toute vitesse tout un tas de petites tâches qui allaient m'enquiquiner. (Impossible de pousser efficacement la voiture sur un sol gravillonné.) (Impossible de redémarrer la voiture.) Benjamine m'a offert un sachet d'oursons à la guimauve. (J'ai passé l'après-midi sur mon pensum délibératif mensuel.) Je suis allé posé mes fesses sur le sable, et mon regard sur l'horizon. (La journée s'annonçait tranquille et ne l'a pas été tant que ça.) Ma mère a appelé pour me dire qu'elle allait mieux, qu'elle était trop chiante et que c'était pour ça que le bon dieu ne voulait pas d'elle. 3 mai (Les pollens m'ont sauté dessus dès le réveil.) Je suis allé à l'atelier à vélo. J'ai shunté un mec qui m'avait doublé en vélo électrique, en prenant les bons chemins. (Le train a été annoncé avec 45mn de retard quand je suis arrivé à la gare.) Le mécanicien a fini les réparations sur la voiture. J'ai bu une grenadine. (Junior s'est plaint qu'il n'avait toujours pas accès au Monde.) (Pas plus que Cadette.) (Le service en ligne du Monde n'était pas accessible.) J'ai trouvé un épais portefeuille posé sur une pile d'ananas et je suis allé le rapporter à la caisse. (J'ai erré comme une âme en peine dans les allées du supermarché.) J'ai préparé un risotto. 4 mai (Mon bracelet de montre a cassé.) J'ai été applaudi à l'issue de l'atelier. Un bouquin que j'attendais est arrivé plus tôt que je ne le pensais. (Nous nous sommes promenés dans une zone artisanale.) La queue à l'unique caisse de la recyclerie m'a fait bien vite reposer le livre que je m'apprêtais à acheter. J'ai récupéré une voiture avec un nouveau démarreur. (Le débranchement de la batterie a verrouillé l'autoradio.) (Je n'ai pas retrouvé le code inscrit sur un papier dans le vide-poches.) Je me suis mis à jour des quelques tâches qui me restaient à régler (relance, prise de contact, devis, mot de présentation, candidature). (On m'a fait une réponse compliquée à une requête simple.) (Je me suis perdu dans les topics d'un forum automobile où j'espérais qu'on m'aiderait à retrouver le code de la voiture.) J'ai mangé les premières fèves de l'année. J'ai fini par retrouver tout seul le code de l'autoradio. 5 mai J'ai remonté toute la rue en une looongue marche arrière. (Le passage à niveau s'est abaissé juste devant moi.) J'ai empoché plein de petits carnets mis à disposition. (Sur le trottoir de gauche, un maître, sur le trottoir de droite, son chien, entre eux, la laisse déroulante, bloquant la route.) J'ai acheté une nouvelle montre. (J'ai pété l'antenne de l'autoradio.) Nous sommes revenus du resto par la plage. Ma chérie a pris une photo incroyable. J'ai fini Éloge de la plage, par Grégory Le Floch. J'ai reçu la nouvelle du dernier groupe d'étudiant.
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6 mai J'ai emprunté un vélo du premier coup. (Je n'ai pas trouvé le code de l'antivol.) J'ai mangé une gaufre sur la plage. J'ai fait une sieste. (Un oiseau a dégringolé entre la maçonnerie de la cheminée et le conduit du poêle à bois.) J'ai fini Mauvaises méthodes pour bonnes lectures, d'Eduardo Berti. (Je suis monté sur le toit, sans parvenir à libérer l'oiseau.) (Nous l'avons entendu, démunis, gratter par intermittence.) 7 mai (L'oiseau est resté coincé dans un endroit inaccessible de la maçonnerie.) J'ai repris la course sans ressentir de douleur au mollet. J'ai préparé des aubergines grillées au four. J'ai lu ce mot, "rubigineux", dans Absolutely nothing. J'ai bouquiné tout l'après-midi. Nous avons cessé d'entendre gratter l'oiseau. (Il s'est probablement envolé.) 8 mai J'ai lu ce mot, "chyme", dans Absolutely nothing de Giorgio Vasta et Ramak Fazel, dont j'ai fini la lecture dans la matinée. On a fait des frites. (J'ai écouté le long monologue de l'amie qui nous a visités.) 9 mai J'ai couru 45mn. Entendu sur le parking : "J'attendais à qu'à m'dise : 'j'ai cassé les deux miroirs'. Bon, ça peut arriver." (J'ai ramé pour avoir le service abonnement du Monde.) (J'ai reporté le paiement d'une facture.) J'ai lu Traité des mondes factices, de Pierre Déléage. (J'ai avancé à pas comptés dans le remplissage d'un dossier administratif en ligne.) (Je me suis inscrit de mon propre chef à un "webinaire".) J'ai survolu des bouquins de théorie littéraire, sans y comprendre grand chose. 10 mai (J'ai reçu une nouvelle version d'une nouvelle d'étudiant déjà relue et éditée.) J'ai reçu un des paiements que j'attendais. (Je me suis préparé une omelette avec des lardons végétaux ayant dépassé leur date limite de consommation de quinze jours.) (J'ai senti le début d'une crampe en courant.) J'ai noté quelques idées pour un nouveau projet avec les collégiens. J'ai demandé un extrait de casier judiciaire. (Sur le temps de traitement de la requête, j'ai eu une boule au ventre : "Et si j'étais un bandit ?") Une “belle femme brune” (dixit ma chérie) dans un SUV m'a chaleureusement salué dans la rue mais je n'ai pas pu voir de qui il s'agissait. Sur la plage, dans l'écume, des milliers de vélelles échouées. (Je n'ai découvert qu'au retour qu'il s'agissait de vélelles, j'avais d'abord pensé qu'il s'agissait de physalies.) J'ai boulotté des pois chiche au cumin. (J'ai regretté avoir regardé le film que j'ai regardé.)
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11 mai J'ai fait une lessive de blanc. (J'ai taillé dans la masse d'un texte d'étudiants bancal.) (J'ai suivi un webinaire, et son assortiment de colifichets numériques : micros et caméras qui s'activent et se coupent, prises de paroles qui s'entremêlent, mains virtuelles qui se lèvent, silences flottants, questions qui se télescopent.) J'ai freiné à temps pour ne pas tamponner la voiture devant moi. J'ai apprécié d'attendre dans la salle d'attente. J'ai compris pourquoi mon antécédent familial m'exonérait d'un certain examen (mais me destinait à un autre.) (J'ai mangé un Snicker sur la route.) 12 mai (J'ai démarré la journée par des négociations de bouts de ficelle.) J'ai tenu bon et obtenu gain de cause. J'ai reçu le règlement de mes ateliers. (Le chèque n'était pas signé.) J'ai terminé la saisie de mon dossier. (L'option de partage pour la relecture du dossier n'a pas fonctionné.) Les deux jeunes libraires discutaient de l'organisation de leurs bibliothèques respectives et je n'ai pas osé m'immiscer dans leur conversation. J'ai été raisonnable et je n'ai pas pris le recueil de fanzines de Jacques Reda à la librairie. (Le chèque signé n'avait pas été déposé à l'accueil, contrairement à ce que m'avait dit la comptable au téléphone.) J'ai étoffé ma collection naissante de temps d'attente en pleine conscience. J'ai récupéré Junior sur la passerelle de la gare. J'ai dit une connerie sur le nombre de dents de Benjamine et j'ai fait déborder ma chérie. Retour d'Oscar le pôle-nordiste. 13 mai J'ai nettoyé, rincé, lustré la voiture qui avait été la cible des oiseaux. (Je me suis copieusement arrosé.) J'ai fini Station Goncourt, d'Arnaud Viviant. 14 mai Mon rendez-vous sur Doctolib a avancé de trois mois et demi. Ma chérie a préparé un gâteau aux noix et au miel. J'ai lu la biographie de Robbe-Grillet par Benoît Peeters. J'ai cuisiné mon Petit tofu aux lentilles. Cadette nous a écrit d'Espagne pour nous dire qu'elle avait décroché son niveau 3 de plongée. 15 mai (Le premier moustique m'a tourné autour durant la nuit.) J'ai abandonné mon enfant sur le quai de la gare. Je suis arrivé très en avance pour ma mission d'espion. (J'ai aidé à placer des chaises, à mettre les plats du traiteur dans le frigo à glaces.) (Je me suis départi du dernier exemplaire d'un de mes livres, sans garantie de retour.) (On m'a zappé à la fin du tour de table, avant de me présenter comme celui qui ne dira probablement rien.) J'ai multiplié les expériences de socialisation, avec plus ou moins de réussite. On a eu droit à un petit pavé au chocolat. J'ai mené ma mission d'espion derrière la console son. (J'ai tenté d'effacer mon nom écrit au marqueur à même le verre.) J'ai fait un sans faute avec le vélo partagé. (J'ai oublié mon chargeur de portable.)
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16 mai J'ai assorti mes chaussettes à ma marinière. J'ai demandé trois fois à ChatGPT la signification d'un même acronyme et j'ai obtenu trois réponses différentes. (J'ai croisé Carole sur le port et on a laissé passer une seconde de trop, suffisante pour rendre perceptible qu'on n'avait rien à se dire.) Caroline m'a rendu mon livre. J'ai récupéré mon chargeur et repris mon poste derrière la console. Je me suis enquis de mes droits de formation professionnelle. J'ai obtenu d'une source humaine et fiable la signification de l'acronyme que ChatGPT m'avait baratinée. J'ai écouté avec intérêt la promotion expresse du no-code. Je me suis rabattu sur la seule proposition végétarienne du menu, la salade d'entrée. Et le gâteau au chocolat, dont j'ai repris une part. J'ai enregistré les échanges de la journée, et réduit ma prise de notes. J'ai suis ressorti bredouille de la librairie. (Je me suis fait assez sèchement éconduire par une femme qui portait malaisément sa lourde trottinette électrique dans l'escalier de la gare et à qui j'avais proposé mon aide.) J'ai tenté de comprendre l'embrouillamini de mon statut professionnel. (Et renoncé.) 17 mai (Je me suis rendormi.) J'ai inséré quelques derniers mots-clés avant d'envoyer mon dossier. (J'ai relu avec peine les versions retouchées et engraissées de mes articles minimalistes.) J'ai abandonné les travaux en cours et imprimé des cartes postales. J'ai installé ma première appli de musique. J'ai reçu Le Matricule des anges. La revue qui m'a pris un texte m'a écrit pour me demander une photo où l'on voit toute ma tête. (On a été pris dans les embouteillages du grand week-end.) (On a démonté un lit au rez-de-chaussée pour mieux le monter et le remonter à l'étage.) J'ai bu une limonade avec un revenant. 18 mai Il m'a fallu un peu de sport pour m'extraire de ma flemme. J'ai haché du persil avec la lame courbe. J'ai fait une sieste dans la chaise longue, sous un soleil timide. (On a suivi une voiture lente sans pouvoir la doubler.) J'ai parcouru les petits carnets manuscrits d'Oscar le pôle-nordiste, de retour d'expédition en mer de Norvège. J'ai vu une étoile de mer à onze branches. (J'ai eu la respiration un brin sifflante à cause des pollens.) 19 mai J'ai pré-commandé le 4ème volume de l'Atlas des Régions Naturelles. (Le point-relais le plus proche est une boutique de croquettes pour chiens dans une zone commerciale.) (Le bar du bout de la rue est resté toujours aussi peu accueillant, malgré la nouvelle gérance.) On a trouvé à acheter quatre livres pour deux euros au vide-maison : Choderlos de Laclos, Bailly, Manchette et Pennac. J'ai écrit tout l'après-midi le début de mon récit de séminaire. J'ai fait des pizzas maison. (J'ai eu les yeux attaqués par le pollen.) 20 mai Je me suis réveillé tôt et je me suis rendormi tard. (Les allergies m'ont sauté dessus dès le matin.) (J'ai eu des démangeaisons inexplicables dans les pieds.) On a grignoté sur le pouce. J'ai lu tout le début d'après-midi. (J'ai craqué pour un sachet d'oursons.) J'ai sombré dans le canapé. J'ai suivi de loin en loin le match de rugby sur les fils d'actus. (Je me suis aperçu d'un télescopage d'horaires dans les rendez-vous de la semaine prochaine.) J'ai senti l'odeur de la pluie sur le bitume chaud. J'ai testé l'option de lecture audio des articles du Monde par une voix artificielle : Fuck y est prononcé "fuque" et Artpress, "arpre". 21 mai On a déclaré nos revenus. J'ai mangé un Nuts (je ne savais pas que ça existait encore, les Nuts.) J'ai révisé mon code de la route avec Benjamine. (Je n'ai pas toujours répondu correctement.) J'ai lu tout l'après-midi. J'ai bien réussi à faire sauter du tofu fumé. 22 mai J'ai accompagné Benjamine à vélo. Je me suis fait détartrer, nettoyer, rincer, lustrer les dents. J'ai acheté le recueil de fanzines de Jacques Réda. J'ai fait une ballade à vélo jusqu'au ravitaillement. J'ai fait la lecture des unités de mesure anglo-saxonnes à Benjamine. 23 mai J'ai fait une longue marche arrière pour me sortir d'un embouteillage. (Un van a bloqué la rue.) J'ai découvert une nouvelle salle d'attente. (Le médecin n'a posé que des questions fermées.) J'ai pris un rendez-vous pour une nouvelle salle d'attente. J'ai travaillé assis sur mon ballon gonflable.
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24 mai J'ai remonté la plage à vélo au petit matin. J'ai bidouillé une maquette pour le journal des collégiens. J'ai fait une pause dans ma rédaction pour manger une gaufre avec Benjamine et ma chérie. J'ai fini Factographies, de Marie-Jeanne Zenetti. 25 mai J'ai remonté la plage à vélo. (J'ai overloadé mon cloud.) Je suis retombé sans le chercher sur une ancienne tentative de journal, assez proche de celle-ci. (Je me suis retrouvée dans une réunion syndicale qui ne me concerne pas en salle des profs.) Barbara m'a offert un café. (Aucune prise HDMI sur l'ordinateur du collège.) La séance de bouclage avec les collégiens a été assez plaisante. (J'ai enchaîné directement par une visio barbante depuis ma voiture.) Je suis passé prendre un café chez Pierre. Nous sommes allés ensemble à la conférence de rédaction. (Je n'ai pas eu le temps de manger.) (Les collègues ont été d'incorrigibles bavards, comme à leur habitude.) Je suis passé à la librairie. J'ai englouti tout ce qui pouvait entrer dans la composition d'un sandwich en arrivant à la maison. J'ai mangé mes premières cerises de l'année. J'ai commencé une nouvelle série "factographique". Cadette a enfin pu accéder aux articles abonnés du Monde. (J'avais prévu d'aller m'acheter un jean, j'ai oublié.) Je suis tombé de fatigue. 26 mai Je me suis réveillé avec Au Mont Sans-Souci dans la tête. Sur la route, à vélo, j'ai senti une odeur de grillé, agréable, connue, sans parvenir cependant à retrouver son origine. J'ai pris un café sur le sable avec ma chérie. (J'ai mangé un plein bol de cerises, et comme j'avais encore faim, je me suis jeté sur une baguette.) (La malédiction des dernières merdes à envoyer au pigiste avant de partir en week-end a encore frappé : une vague scélérate de mails m'est tombée dessus en fin d'après-midi.) J'ai rejoint un document Canva partagé en tant que "héron". J'ai décidé de ne m'occuper de rien avant au moins lundi. J'ai lu Journal du dehors d'Annie Ernaux. 27 mai J'ai rendu mes bouquins dans diverses bibliothèques et acheté un jean en 30 mn chrono. J'ai salué Florence et nous n'avons pas fait semblant de n'avoir rien à nous dire, nous ne nous sommes rien dit. J'ai racheté un bouquin volatilisé. La libraire m'a offert un bouquin. J'ai attendu à proximité du parking où m'ont rejoint ma chérie et Benjamine. Nous avons pique-niqué au pied des tours, face à la mer. J'ai mangé un flan. Et mes premières fraises. (J'ai effacé sans le vouloir les dernières notes d'hier et je ne suis pas sûr de les avoir toutes retrouvées.) (J'ai entendu un gars soupçonné de vol s'enfoncer dans ses explications à la caisse du Décathlon.) (J'ai vu un marcassin agoniser sur la route.) J'ai mangé un deuxième flan. J’ai lu Épuisez-vous, d’Antoine Mouton. 28 mai (Je me suis réveillé dans la nuit, la respiration sifflante, attaqué par les pollens.) On a dénoyauté 2,5 kg de cerises pour faire des confitures. J'ai fini Du lisible au visible : la naissance du texte, d'Ivan Illich. Je me suis mis à la cuisine en fin d'après-midi. Nous sommes allés sur la plage voir l'échouage massif de méduses.
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29 mai (J'ai travaillé.) J'ai rejoint un document Canva partagé en tant que "ours" J'ai sorti la poubelle au moment où le camion-benne passait dans la rue. J'ai avalé en douce une noisette échappée du distributeur de vrac. J'ai fait une chouette pizza tomates fraiches-poivrons-mozza. J'ai traversé les marais de l'île au soleil couchant et réalisé qu'il s'agissait sans doute d'une des dernières fois. J'ai reçu la newsletter Scotch & Penicillin (en seulement deux clics à partir de cette lettre, je me suis retrouvé sur Pandi-Panda de Chantal Goya.) 30 mai (J'ai mal dormi à cause de mes allergies.) Ma chérie a trouvé le bon anti-histaminique à la pharmacie. J'ai rejoint un document Canva partagé en tant que "tortue de mer". J'ai pris de l'avance sur mes différentes tâches. J'ai enchaîné médiathèque-librairie-librairie. Je me suis demandé de quoi pouvaient bien parler les deux gars fatigués sur le banc. J'ai entendu "méthadone", j'ai eu ma réponse. J'ai retrouvé Junior, qui m'a offert un livre. J'ai pris un mini-fanzine en libre-service. (J'ai bloqué un énième bot porno sur tumblr.) 31 mai J'ai remonté le front de mer à vélo. J'ai rayé un à un les items de ma to-do list : j'ai envoyé mon pensum délibératif mensuel, j'ai uploadé mon devis de prise en charge, j'ai pris mon ticket pour un séjour à l'hôpital, j'ai toiletté les versions provisoires de projets en cours. (J’ai reçu un mail pour noter la façon dont j’avais moi-même rempli mon dossier de pré-admission.) Je suis allé chercher le volume 4 de l’Atlas des Régions Naturelles au magasin de croquettes. J’ai découvert l’existence du métier d’ostéopathe animalier. (J’ai reçu un mail pour noter la façon dont s’était déroulé mon retrait au magasin de croquettes.) (J’ai bravé une déviation pour travaux, fait un faux détour pour éviter les travaux et je suis tombé sur les travaux, qui n’avaient pas commencé.) (J’ai accompagné ma mère à un lieu dont elle ne connaissait ni l’adresse, ni le nom exact.) On m’a proposé d’exposer à nouveau l’expo des Secrets. (J’ai assisté à une horrible table ronde, sans possibilité de m’en échapper.)
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mmepastel · 2 years ago
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Je suis réjouie.
J’ai découvert l’existence de ce court roman grâce à ma librairie préférée La femme Renard 🦊 qui a posté un joli billet sur ce texte (sur Instagram) qui a immédiatement attiré mon attention. Le titre était si beau, et la critique si élogieuse, que je voulais lire ce texte. En plus, dès qu’il s’agit de forêt, je suis déjà à moitié conquise.
J’ai donc lu, d’une traite, ce court roman sombre édité chez Le Rouergue (Noir).
Difficile de classer ce roman, les éditions nous disent que c’est un roman noir, voire un polar, la quatrième de couverture parle de conte noir. En effet, ce qui vient d’emblée c’est la noirceur, l’obscurité qui enserre les quelques personnages, Jean, éleveur de brebis, et Agnès, sa fille, largement adulte, coincée auprès de lui dans un monde masculin et taiseux, après la disparition de sa mère, et Pàl, un homme d’ailleurs, solitaire, comme effectuant une halte dans cette campagne âpre et inhospitalière où la vie est rude pour tout le monde.
Obscurité de la forêt, qui est le personnage matrice du roman, qui contient beauté, obstacles, mystère immémoriaux, secrets dévastateurs, sauvagerie, air neuf et… un loup. (Écoutez ci-dessus, sans vous commander, l’auteur qui parle de la forêt et de sa dimension métaphorique).
Celui-ci (le loup) apparaît immédiatement comme meurtrier puisque le récit s’ouvre sur un carnage qui est son œuvre auprès d’un éleveur voisin. Le loup, la forêt, évidemment. Des tropes ancestraux qui éveillent la peur, et ramènent l’homme à sa condition de mortel et de proie, éventuellement.
Mais la course lente qui mène Jean et son fusil pour abattre le nuisible prend pourtant une toute autre tournure. Il s’agit plutôt d’un face à face qui va révéler les secrets et les aspirations de chacun et chacune.
Au fond, le sujet principal du roman à mon sens est la solitude, tapie au fond des corps de chacun, sombre et silencieuse, qui empêche tout élan vers l’autre, et replie l’individu dans des réflexes primaires, presque animaux. Pentecôte, le chien, est, comme le dit l’auteur lui-même, le seul à essayer de faire le lien entre ces êtres malheureux, muselés et solitaires. Le loup semble être, l’espace d’un jour entier, le miroir d’un homme muré dans son silence, l’incarnation de sa propre sauvagerie.
Il faut beaucoup de talent d’écriture pour rendre toute cette tension et ce noeud quasi freudien en une centaine de pages. Aucun mot n’est inutile ici, tout est condensé, ramassé, resserré autour d’un suspens psychologique qui ne passe pas par des explications, mais plutôt par des sensations qui lient les corps aux éléments. Les images font mouche, les phrases sèches ou elliptiques sont d’une grande beauté grave. Agnès, au prénom prédestiné, jusque-là sacrifiée sur l’autel d’une famille amputée, doit apprendre à écouter ce que son ventre lui dit, pour espérer se libérer des secrets de son père, pour rompre l’héritage mortifère qui la guette. On ne sait pas si elle pourra renaître après cela, mais on sait qu’elle pourra partir, sortir du conte, et de son rôle. Après cet horizon bouché qui était son quotidien, c’est déjà une issue lumineuse, on n’en demande pas plus, on est dans un conte noir, ne l’oublions pas, et pas dans un conte de fées.
NB : après quelques recherches, il s’avère que l’auteur est mon voisin, et cette proximité géographique est tout à fait réjouissante, ne me demandez pas pourquoi.
NB 2 : ce roman m’a fait penser à un autre livre que j’avais beaucoup aimé, Écorces vives, d’Alexandre Lénot, publié chez Actes Sud (Noir) il y a quelques années.
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arnocalleja · 2 years ago
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Je vais faire un poème qui tombe. Au début il tient. C’est à la fin qu’il tombe. C’est normal.
Au début le poème il a un renard dans la gorge. Ensuite le poème il a un loup dans le ventre. Des fourmis dans les couilles et des hirondelles dans les ovaires. Le poème. Il avance un moment avec toute sa faune. Puis il arrive face à la montagne. Les uns s’enfuient, les autres s’envolent. C’est là qu’il tombe, face à la montagne.
Maintenant je vais dire le récit de la domestication.
Au début il n’y a que des loups. Ils se déplacent en meute. Il y a un chef de meute, il décide. Un jour arrivent les hommes. Les hommes encerclent la meute. Avec des pierres des bâtons les hommes tuent le chef de meute. Ils ne gardent que les petits. Les petits sont nourris au lait de femmes. En grandissant, les petits ne sont plus des loups, ils deviennent des chiens.
Voilà, c’était le récit de la domestication.
C’est un vrai récit qui n’est pas un poème. Je vous l’ai dit.
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luma-az · 1 year ago
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Elle s'appelle Blanche
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 15 août 
Thème : Le corps/six mois dormir
. .
C’est… perturbant.
Le corps est là depuis longtemps, il est impossible qu’il en soit autrement. Il n’a pas été enterré, il a été posé dans la forêt, et la terre, les feuilles mortes et les plantes se sont accumulées dessus petit à petit. Sans oublier qu’on sait très bien que la demoiselle a été assassinée il y a six mois. Une avalanche de preuves le démontre, dont une vidéo. Il ne manquait que le cadavre.
Le cadavre est frais comme une rose.
L’inspectrice s’accroupit tout en mettant sur sa main un gant en latex. Elle a beaucoup de choses à examiner sur ce corps, mais sa première impulsion est de chercher le pouls. La victime a l’air si vivante…
Sous ses doigts, la peau est douce et élastique. Tiède.
Son propre cœur bat à tout rompre. Non, ce n’est pas possible que la jeune fille soit vivante, qu’elle n’ait fait que dormir six mois, à même le sol, dans cette forêt si…
Une forêt si enchanteresse, et si calme à la fois. Pas un bruit, ni un pépiement d’oiseau, ni un bourdonnement d’insecte. Le corps repose dans une clairière, exactement où il faut pour qu’un rayon de soleil doré l’illumine. L’endroit a des allures de cathédrale végétale.
L’inspectrice ne trouve pas le pouls, bien sûr, quelle idée absurde. En attendant elle a trouvé le corps signalé par le promeneur, et en dépit de ses bizarreries il est temps d’enclencher la procédure. Appel au poste, protection du périmètre, envoi de la police scientifique… Elle a hâte d’avoir l’avis du légiste sur ce cas. Vraiment très étran...
Elle était en train de saisir sa radio quand une chouette fond sur elle et lui laboure la main de ses serres. Ah, d’où elle sort, cette saleté ? Ça fait un mal de chien ! Et depuis quand les chouettes se pointent en plein jour ?
En regardant autour d’elle pour chercher son agresseuse à plumes, l’inspectrice s’aperçoit que chaque branche de chaque arbre est recouverte d’animaux. Oiseaux, écureuils, chauve-souris. En-dessous, les buissons sont remplis également de lapins, de renards, de blaireaux, de daims et de cerfs – sans oublier toutes les bestioles de la forêt qu’elle serait incapable d’identifier. Tout ce petit monde reste là, sans un bruit, se contentant de la fixer des yeux d’une manière qui la terrifie.
Lentement, prudemment, elle amorce à nouveau le geste d’attraper sa radio. Toutes les têtes bougent au rythme de sa main.
Une voix bourrue la fait sursauter :
« Allons, ce n’est pas la peine de faire ça, mademoiselle.
Elle se retourne. Personne. Ah, non, son interlocuteur est nettement plus bas. C’est une personne atteinte de nanisme – si c’est comme ça qu’on dit pour être politiquement correct aujourd’hui, en tout cas il ne donne pas envie de l’appeler « personne de petite taille ». Rien chez lui n’a l’air très petit, à part bien sûr la hauteur. Il est très large, très fort, et sa voix ressemble au bruit d’une avalanche de pierres.
Plus que nerveuse, l’inspectrice passe en mode automatique et lui répond d’une voix sèche :
 — Inspectrice Zenigata, police criminelle. Je vous prie de dégager la zone, ceci est une scène de crime dans une enquête en cours.
— Non, répond tout simplement le nain. Ceci est un lieu de recueillement pour nous tous. Vous voulez la voir ?
— De recueill… Monsieur, vous savez qu’il y a un cadavre là ?
— Elle s’appelle Blanche, et elle n’est pas morte.
— Vous la connaissez ! Vous allez avoir de nombreuses questions à répondre au poste…
— Non.
Il s’avance. Il n’a rien de menaçant dans son attitude, si on ignore le fait qu’il ressemble à une force de la nature, et que l’inspectrice n’est absolument pas certaine qu’elle pourrait le maitriser s’il le fallait. Comment peut-on humainement être aussi large que haut ? Elle ne va quand même pas lui tirer dessus !
Mais elle se sent très seule dans cette forêt, sous le feu du regard des animaux dont au moins un a l’air d’avoir la rage, et la situation n’est plus sous son contrôle depuis beaucoup trop longtemps. Elle attrape enfin sa radio et appelle du renfort.
Elle n’entend rien en retour. Pas même en crachotement. Comme si l’appareil était éteint, ou mort.
En attendant, l’homme a presque atteint le cadavre. Il se penche devant et soupire :
— Mes frères et moi voulions lui créer un cercueil de verre. Vous savez, pour la protéger de la terre. Mais elle aimait tellement la nature. Elle aurait voulu sentir les racines des plantes pousser sur elle, vous comprenez ?
— Reculez ! Dernier avertissement ! Reculez tout de suite ou je tire !
— N’est-elle pas magnifique ? ajoute le nain en se tournant vers l’inspectrice. N’avez-vous pas envie de la sauver ?
Elle sort son arme de service de son étui. Elle ne s’en est jamais servi et ne voit pas par quel miracle toute cette histoire ne finira pas en bavure, mais il est hors de question qu’elle laisse s’échapper cet homme. Même si ce n’est pas lui l’assassin – c’était un chasseur, qui lui a arraché le cœur au couteau de survie, un meurtre horrible – il est sans aucun doute un complice.
Et un taré. Il s’agenouille devant le cadavre et commence à nettoyer délicatement la terre qui recouvre son visage.
— Arrêtez ça ! Levez les mains en l’air, ou je tire !
— Vous êtes sûre, mademoiselle Zenigata ? Vous ne préféreriez pas la sauver ? Vous auriez dû la connaître. Elle était si gentille. Vous seriez si heureuses, toutes les deux.
— Je…
Quelle histoire de fous. Du début à la fin. Comment est-ce qu’elle peut se sortir de…
— N’insiste pas, dit une autre voix aussi rocailleuse que la première.
Un autre nain est arrivé, au moins aussi massif que le premier. Et un autre. Combien sont-ils en tout, et d’où sortent-ils à la fin ? Elle n’a entendu aucune voiture !
Le premier lui répond :
— Elle pourrait être la bonne. Elle pourrait la réveiller.
— Non, mon frère. Tu ne vois pas qu’elle est terrifiée ? Elle n’a pas ce que nous cherchons. Il faudrait le cœur d’un prince…
— Les princes n’existent plus. Elle a un cœur de chevalier protecteur, c’est déjà beaucoup. Ça pourrait marcher…
L’inspectrice balaie la clairière du regard, pistolet en avant. Ils sont sept, puissants, barbus, massifs, qui semblent avoir émergés de la terre elle-même. Et ces satanés bestiaux qui n’arrêtent pas de la fixer…
Un nain à la longue barbe blanche prend la parole – sa voix ressemble au grondement d’un tremblement de terre et il est à peine compréhensible :
— Si elle avait voulu le faire, elle l’aurait fait. Patience, mes frères. Le temps n’est pas encore venu. »
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Lorsque l’inspectrice se réveille, il fait nuit, et il ne reste personne – ni corps, ni nains, ni animaux. Rien que la vague sensation d’être passé très près de quelque chose d’extraordinaire, et de l’avoir manqué.
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ondessiderales · 3 days ago
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Histoire éternelle
Je vous propose ici une ébauche d'analyse littéraire et psychanalytique du conte-type, ce que l'on pourrait appeler « l'âme du conte », le conte universel.
Les deux protagonistes (les deux héros) :
La bergère et le ramoneur La belle et la bête Cendrillon et Peter Pan / Robin des bois Le chat et le chien (le renard) La petite princesse et le petit prince
Mêmes facettes du couple mythique Mêmes facettes de l'homme et de la femme héroïque qui sommeille en chaque petit garçon et en chaque petite fille Un symbole de pureté absolue
L'antagoniste :
Le méchant roi La mauvaise marâtre Le mauvais père Le grand méchant loup
La trame :
Acte 1 Le petit prince et la petite princesse ne sont encore que des enfants. Des enfants innocents, des enfants d'un milieu humble, des enfants de rien. Mais dès leur prime jeunesse ils s'aiment sans en avoir conscience, jusqu'à leur séparation et leur chute tragique du paradis perdu de l'enfance.
Acte 2 La vie est cruelle envers les innocents. Les méchants, riches et impitoyables, renforcent toujours plus leur emprise sur la société et leur cruauté. Ils méprisent et humilient les innocents, les renvoyant à leur condition sociale modeste et à leur impuissance.
Acte 3 Maintenant adultes, humiliés par la vie mais n'ayant jamais cédé au fond d'eux-mêmes, la vérité qui sommeille au fond des innocents se met en mouvement. Le monde, toujours plus injuste, poussé par l'appel à l'aide inconscient de la petite Princesse, inspire la révolte au petit Prince, ce sauvage des forêts que l'on méprisait, ce Robin des Bois. Sa révolte inspire l'espoir à la petite princesse qui tombe folle amoureuse de lui, et qui elle aussi se révolte contre cet ordre injuste, symbolisé par une autorité paternelle despotique et décadente. Sa rencontre avec le Prince, lui aussi follement amoureux d'elle, lui donne le courage de mettre définitivement fin à l'ordre ancien.
Acte 4 Confrontation entre le Bien et le Mal. Le Héros, avec l'aide de la Princesse et avec le soutien de la population maintenue sous le joug du mauvais Roi, remporte le combat contre lui et ce qu'il symbolise, un monde injuste et décadent. Symboliquement, il tue le Père et libère la Fille. Métaphoriquement, le Chien (le Renard) triomphe du Loup.
Acte 5 Les Héros triomphent au grand jour et leur vraie valeur éclate aux yeux de tous : ils ont engendré la Libération, ramenant la paix sur le royaume. Le mariage de la Princesse et du Prince est célébré dans le pays entier, et leur union, célébrée comme un symbole absolu de pureté. Ils sont devenus l'allégorie du Bien triomphant sur le Mal. À eux-deux, ils forment le mythe, le conte universel.
L'histoire éternelle.
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