French writer, écrit de la SFFF et des fanfictions, poste sur l'écriture et reblogue Pratchett
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Voir la vie en beau
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 10 août
Thème : démocratie/colore la vie
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« Lunettes Glimsy, colore ta vie ! »
Tout le monde connaît ce slogan. Simple, efficace, et vrai. Les Glimsy ne sont pas les premières lunettes de réalité augmentée mises sur le marché, mais ce sont les premières à penser à un concept étrangement réconfortant : ajouter automatiquement des couleurs dans l’environnement. Pas de la pub, pas de créature soigneusement créée sur mesure pour faire un évènement – il y en a aussi, bien sûr, mais seulement là où on a payé pour qu’il y en ait. Non, la petite touche en plus des Glimsy, c’est d’avoir aussi ajouté de la couleur partout, comme un filtre permanent sur le monde qui le rendrait plus beau, plus vif, plus brillant. N’importe quelle promenade devient une aventure au pays des fées avec ces lunettes. Même une décharge sauvage est une œuvre d’art. Un vrai bonheur.
Bien sûr, il y a des contradicteurs. Un tas de gens estiment que c’est mauvais de se déconnecter à ce point de la réalité. Il y en a eut, des émissions, des études et des reportages pour démontrer qu’il vaut mieux savoir apprécier les petites touches de couleur de la vraie vie, même si elles restent un peu ternes, que de s’habituer à une réalité réhaussée en permanence. Mais, au final, les gens sont libres. Certains pays ont essayé de réguler, limiter l’âge d’accès, le nombre d’heure, des choses comme ça. Elles sont interdites dans certains monuments et musées, aussi, par respect pour les artistes. Bref, il y a les pour et il y a les contre. Est-ce si grave ?
« Le problème, c’est qu’une fois que les gens commencent à les porter, ils ne les enlèvent plus. Ils ne supportent plus de faire un pas dehors sans elles, ni même de voir l’intérieur de leur propre maison. Ils se mettent à ne plus aimer voir leur propre reflet dans le miroir sans lunettes, à ne plus ressentir la même affection envers leurs proches, comme s’ils devenaient des étrangers parce qu’on a enlevé des lunettes colorantes ! Leurs propres enfants même ! Les études le prouvent !
― Et donc vous voulez purement et simplement interdire les Glimsy ? C’est juste pour ça que vous avez créé votre propre parti politique ?
― Juste pour ça ? Vous ne vous rendez pas compte des terribles dégâts que cette machine cause sur notre tissu social déjà au bord de la rupture ! Sans oublier qu’il s’agit d’une entreprise privée, dont le but par définition est de faire du profit. Les utilisateurs ne peuvent plus se passer du produit sans tomber dans la dépression, et c’est un produit de haute technologie et extrêmement fragile. Autrement dit, dès que les lunettes cassent, de nouvelles sont rachetées, y compris si ça doit placer la personne dans une situation de précarité financière intenable !
― Mais chacun est libre de dépenser son argent comme il l’entend. Au final, est-ce que ce ne seraient pas les consommateurs les responsables ?
― Notre parti estime qu’à partir du moment où un produit, en l’occurrence ici les Glimsy, crée une addiction qui prive le citoyen de ses capacités d’agir dans son propre intérêt, c’est l���Etat qui doit intervenir, comme il le fait déjà pour l’alcool et la cigarette.
― Qui ne sont pas interdits.
― Qui sont hautement régulés !
― Mais vous, vous parlez d’interdiction totale. Le slogan de votre parti est même « Voir la vie en vrai ». Votre position est plutôt radicale.
― Cela vient de la nature des effets des Glimsy. Je serais tout à fait pour une simple régulation si c’était efficace, mais les études le prouvent : les porter quelques heures par jour avant de revenir à la réalité augmente la sensation de manque et les effets dépressifs. Pour retrouver leur liberté, les consommateurs doivent en être totalement sevrés, et l’effet de manque peut durer des semaines avant un retour à la normale ! L’interdiction est malheureusement la seule solution efficace.
― Mais pourquoi cibler uniquement les Glimsy ? Il existe de nombreuses marques de lunettes de réalité augmentée, et beaucoup d’entre elles ont emboités le pas de Glimsy pour proposer un réhaussement continu des couleurs.
― Parce qu’elles ne sont pas aussi addictives. Leur manière de, en quelque sorte, colorer le monde, fait plus artificiel, les gens rentrent moins dans cette impression de beauté naturelle, et en général ils déconnectent d’eux-mêmes le filtre au bout de quelques heures. Je cible les Glimsy parce qu’elles sont, ironiquement, trop efficaces.
― Vraiment ? Ça n’a rien à voir avec le fait que vous ayez travaillé avec les marques concurrentes pendant des années ?
― Ecoutez, je suis sensible aux problématiques des réalités augmentées parce que je connais très bien ce milieu, et oui j’ai travaillé comme publicitaire en réalité augmenté, auprès de toutes les marques qui faisaient appel à notre agence, sans distinction. Si aujourd’hui je me tourne vers la politique, c’est pour lancer un cri d’alarme et sauver notre société.
― Vous pensez vraiment pouvoir gagner les élections ?
― Notre but n’est pas seulement les élections. Si, déjà, nous arrivons à amener ce sujet dans le débat public, je pense que nous aurons fait un grand pas en avant.
― Et ainsi vous serez remboursés de vos frais de campagne.
― Je…
― Merci d’être venu sur notre plateau, c’était un plaisir de vous accueillir. Et tout de suite nous retrouvons la météo après une courte page de publicité. »
« Lunettes GLIMSY, colore ta vie ! »
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#30jourspourécrire#30 jours pour écrire#10 août#démocratie#colore la vie#politique#télé#personnellement je suis très admirative des gens qui voient la beauté dans le quotidien#je préfère rêvasser que d’observer mon environnement#il faut vraiment que ça me saute aux yeux pour que j’y prête attention#j’aurai tellement été une cible de choix pour ces lunettes#french#french writer#écriture
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Oh, vous...
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 9 août
Thème : étoiles/chamailler
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C’est bientôt Noël ! Toute la maison de retraite est en pleine décoration. Aujourd’hui, Paula, l’animatrice, fait un atelier créatif autour des étoiles. Le petit groupe, armé de ciseaux et de papier brillant, se lance dans la découpe.
« Bravo, Madame Breteuil, c’est très bien ! Oh, Monsieur Henry, faites attention, si vous coupez trop loin vous allez… non, non, ce n’est pas grave, on va garder cette moitié de la feuille et faire une étoile plus petite, d’accord ? Ah, Monsieur Martin, vous avez déjà fini la première ? Neuf branches ? C’est sûr que c’est original… Et vous mesdames, comment ça se passe ? »
Paule s’arme de patience et de son plus brave sourire avant d’aller jusqu’à la table de Madame Vaugirard et Madame Lecourbe. Elles viennent toujours aux mêmes activités et elles partagent toujours la même table, au fond d’elles, quelque part, elles doivent se considérer comme des amies, non ? Deux amies qui aiment plaisanter à leur manière. Absolument rien de grave.
Madame Vaugirard renifle avec mépris avant de lancer :
― Si cet endroit continue à être aussi mal fréquenté, je déménage !
Ce à quoi sa voisine répond avec un petit ton narquois :
― Ah ça, vous m’dites ça pour me faire plaisir, mais vous l’faites jamais !
― Allons, allons, » répond Paula avec toute sa bonne volonté « qu’est-ce qui se passe ? Vous avez avancé sur vos étoiles ?
― Pour ça, encore faudrait-il pouvoir commencer ! Mais il se trouve qu’une certaine idiote ici présente a volé mes ciseaux !
― Je dois devenir sourde, parce que j’ai comme l’impression qu’y a quelqu’un qui parle, mais rien à faire, j’entends rien qui fait du sens dans ce qui se dit !
Paula se mord les lèvres. Ne pas rire, ne pas paniquer, rester patiente et positive.
― Madame Lecourbe, est-ce que par hasard vous auriez vu les ciseaux de Madame Vaugirard ?
― Hum ? J’y ai pas fait attention… Oh, c’est peut-être ça que vous cherchez, ma poule ?
Madame Lecourbe lève le coude et fait mine de découvrir la paire de ciseaux en question, cachée sous son bras, avec une expression digne des meilleurs acteurs de vaudeville.
Paula ne réagit pas au « ma poule » qui lui est adressé. Ça fait un certain temps que Madame Lecourbe a renoncé à tenter de mémoriser les noms des professionnelles de la maison de retraite et qu’elle les a toutes regroupées sous ce surnom affectueux, ça limite les erreurs. Par contre, elle se souvient très bien du prénom des deux seuls hommes à travailler ici. Certes, ça demande moins d’effort, mais l’équipe en général pense qu’il y a aussi une question de motivation.
― Merci, Madame Lecourbe, je pense que c’est ça… Tenez, Madame Vaugirard, vos ciseaux !
― Merci, Paula. Maintenant, je vous conseille de venir surveiller la catastrophe qui est en train d’arriver à ce pauvre papier. On dirait que quelqu’un n’a pas compris la consigne, une fois de plus.
― Oh vous,» répond Madame Lecourbe « je vous conseille de vous occuper de vos fesses !
Paula intervient :
― Madame, s’il vous plait ! Si vous utilisez ce genre de langage, je vais devoir vous séparer !
― Ah, j’ai pourtant bien été polie. J’aurais pu dire…
― Oui, oui, je sais très bien ce que vous avez en tête, je pense que tout le monde a compris, mais je dois vous demander de rester polie et respectueuse envers les autres résidents ! Maintenant, montrez-moi votre étoile… Ah, oui, je crois que je vois le problème…
Le problème, c’est que bien que Madame Lecourbe n’ai jamais perdu son sens aiguisé de la répartie, tout le reste est en train de prendre la tengeante. L’utilisation de l’espace en fait partie. Le papier est tailladé de coups de ciseaux là où on devrait garder les pointes, comme si elle avait essayé au contraire d’arrondir les angles.
Paula ne perd pas son inoxydable sourire pour autant. Elle a l’habitude.
― Vous savez quoi, on va partir sur un autre papier. Celui-là est blanc d’un coté, je vais vous dessiner des traits, et il faudra découper en suivant les traits. D’accord ? Attention, pas plus loin que le trait !
Madame Vaugirard renifle à nouveau et roule des yeux pour faire bonne mesure. Elle marmonne pour elle-même – mais assez fort pour que toute la pièce l’entende :
― Comme dirait mon petit-fils, il y a deux neurones qui se battent en duel pour la troisième place !
Madame Lecourbe est très concentrée sur ses ciseaux, aussi il lui faut un bon moment avant de répliquer :
― Hé, je vous ai entendu !
― Entendre c’est une chose, mais si j’attends que vous ayez compris ce que je dis, on y est encore pour Noël de l’an prochain ! »
Paula les laisse, un autre résident a besoin d’aide – les bords de son étoile ont l’air plus mâchés que découpés. Après tout, elles ont l’habitude de se chamailler comme ça, c’est même leur principale occupation. Les journées seraient longues sinon, dit madame Lecourbe.
Quand à madame Vaugirard, elle a une fois expliqué à Paula que c’était important pour madame Lecourbe de garder son répondant. Comme ça, elle ne perdra pas la tête.
Et peut-être que ça marchera. Peut-être que la dernière phrase intelligible de Madame Lecourbe sera quelque chose comme « Oh, vous, quand vous sortez la poubelle, on ne sait même pas laquelle va finir dans la benne ! ». Elle en serait bien capable.
Pour l’instant, elles sont en pleine forme, toutes les deux. Prêtes à se taper sur les nerfs pendant toutes les fêtes et même au-delà, comme deux petits grinchs aux cheveux blancs. C’est éprouvant et en même temps parfait comme ça.
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#30jourspourécrire#30 jours pour écrire#9 août#étoiles#chamailler#EHPAD#librement inspiré de certains patients#ce moment fatidique où on est censé intervenir avec sérieux alors qu’ils sortent leur meilleure punchline#et c’est pour ça qu’on les aime#ça et tout le reste#et le fameux « oh vous » parce qu’ils ont oublié le nom de la personne avec qui ils se disputent#french#french writer#écriture
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Ma meilleure vie
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 8 août
Thème : été/j’ai deux amis qui sont aussi mes amoureux
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La chaleur écrasante a poussé tous les adultes vers la sieste. Dehors, dans le chant des cigales, il ne reste que les enfants qui jouent et se chamaillent dans l’herbe du jardin. Les deux plus grands des enfants sont des adolescents maintenant, ils ont passés l’âge des jouets et ont le nez plongé dans leurs smartphones, gardant le contact avec leur monde à eux.
Ils n’ont rien demandé quand on leur agite vigoureusement une Barbie sous le nez, tandis qu’une petite voix bien trop criarde pour être mignonne lance « Dis, tu joues avec moiiiii ? »
Sarah soupire lourdement et regarde la petite Lou. Quatre ans, c’est la plus jeune, et les cousins l’ignorent souvent – ils ont six, huit et neuf ans, ils ont quitté la maternelle, ce ne sont plus des bébés, eux. A cet âge là, ça compte.
Elric, à coté de Sarah, ricane :
« Tu t’es fait choper… t’as plus qu’à te remettre aux poupées !
Nouveau soupir beaucoup trop appuyé de Sarah, mais elle pose son téléphone. Lou sourit de toutes ses dents. A ce stade, le plus dur est fait.
La plus grande demande :
― Ok, la môme, qu’est-ce que tu veux faire ?
― On joue aux Barbies ?
― Oui, ça j’avais compris, mais elles font quoi tes Barbies ? Elles s’habillent pour le bal ?
― Ben non, c’est les vacances d’été ! Elles se font bronzer sur la plage !
― Ok, ok… et c’est là que Barbie Sirène vient les rejoindre, c’est ça ?
― Oui ! Et alors elles se disputent pour que Barbie Sirène ça soit leur amoureuse !
― Oh. Et Barbie Sirène doit choisir ?
― Non, Barbie Sirène va chanter, et elles vont toutes être copines et manger des glaces !
― D’ac-cord… Du coup c’est plus des amoureuses.
― Ben si ! C’est des copines et des amoureuses !
― Alors, non, quand on dit qu’une fille c’est ta copine, ça veut pas dire… Enfin, si, ça veut dire ça à ton âge, mais pour les plus grands c’est pas pareil, c’est… Attend, on va reprendre depuis le début. Là, les Barbies elles sont copines comme des amies, d’accord ? Et pour être copine comme une amoureuse, c’est pas la même chose, c’est ce qu’on appelle une petite copine.
― Ben si c’est la même chose ! Moi à l’école j’ai deux copains-amis et c’est aussi mes copains-amoureux !
― Les deux en même temps ? Ils sont au courant ?
― Ben oui ! Ils savent que le jour de la garderie je suis l’amoureuse de Timothée, et le jour où il y a pas la garderie je suis l’amoureuse de Léo !
― Ah. Ok. C’est bien organisé, comme système. Et ils sont pas jaloux ?
― Non, ça va, je leur donne mon gouter quand ils sont gentils alors ils me font jamais de crise.
― Ça c’est une bonne idée. Je vois que t’as pensé à tout. Et tes Barbies, elles n’ont pas d’amoureux, que des amoureuses ?
― Oui, j’ai un Ken mais il est pas beau alors je préfères qu’elles aient des amoureuses. Mais moi mes amoureux ils sont très mignons !
― T’en as de la chance… Encore à la maternelle et t’es en train de vivre ta meilleure vie.
― Ben oui, pourquoi ? Toi tu vis laquelle de vie ?
― Je… Ça c’est beaucoup trop philosophique pour une gamine de quatre ans. Moi, dans ma meilleure vie, il y a pas d’amoureux, mais je suis assez grande pour me servir une glace toute seule. Qu’est-ce que tu dis de ça ?
― Tu peux m’en donner une ? »
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#30jourspourécrire#30 jours pour écrire#8 août#été#j’ai deux amis qui sont aussi mes amoureux#aller on part sur du mignon pour une fois#souvenirs d’enfance#les histoires d’amour à la maternelle c’est un monde parallèle#tout est possible et tout est interdit à la fois#en tout cas c’est toujours hilarant#enfin à jour#jusqu’à demain#french#french writer#écriture
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Le silence
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 7 août
Thème : Mon crayon dit/une chambre à soi
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Il a l’habitude de partager son espace. Tellement l’habitude, en fait, qu’il ne sait pas ce que ça fait d’avoir une chambre à soi.
Elle était belle, la chambre, quand sa mère adoptive la lui a montré fièrement. Il a sourit, les yeux brillants devant le lit orné d’une couette Cars, le bureau rien que pour lui, l’armoire et le coffre déjà remplis de jouets. Il a défait sa valise et pris le temps d’installer ses affaires soigneusement, ses jouets préférés, son doudou, ses photos. Les précieux totems emportés de maison en maison en attendant d’être enfin à leur place. Comme lui.
Mais maintenant c’est la première nuit dans la maison inconnue, dans la chambre si loin des autres, dans le noir et le silence. Il a refusé qu’on mette une veilleuse, il est trop grand pour ça, mais maintenant il regrette. Ce n’est pas tellement la lumière qui lui manque. C’est surtout le bruit des respirations autour de lui, les mouvements et les ronflements, qui indiquent en temps normal que tout le monde dort et que tout va bien.
Impossible de fermer l’œil dans ce silence.
Mais il ne veut pas aller réveiller ses parents adoptifs. Ils sont gentils pourtant. Très gentils. Trop gentils. Il ne sait pas trop comment se comporter face à des gens aussi gentils. Et aussi nerveux. Comme si c’était eux qui avaient peur de faire une bêtise devant lui et qui voulaient désespérement se faire aimer.
Il ne saurait pas quoi leur dire. Surtout, il ne saurait pas comment leur dire. C’est quoi le langage des parents, de toute manière ? C’est plein de codes et de sourires trop grands devant des assistantes sociales et des éducateurs spécialisés qui surveillent et font passer une sorte d’épreuve. Les parents ne parlent pas comme des gens très à l’aise, surtout ses nouveaux parents.
Il se lève tout doucement et tatonne jusqu’à trouver l’interrupteur. Puis il commence à farfouiller dans ses affaires.
Il sursaute en entendant la voix de sa mère dans le couloir :
« Mon chéri ? Est-ce que tout va bien ?
Elle est inquiète elle a une voix inquiète il a fait quelque chose de mal il n’aurait jamais dû allumer…
Avant qu’il n’ait trouvé une solution, elle entre et demande gentiment :
― Est-ce ce que tu vas bien ? Tu n’arrives pas à dormir ?
Il n’arrive pas à parler. Si, il peut parler, mais il ne sait pas comment dire les choses, et il se contente de hausser les épaules, comme si ça n’avait pas d’importance.
Elle insiste :
― Est-ce que tu veux boire un verre d’eau ? Tu veux que je te raconte une histoire ?
Nouveau haussement d’épaules. Les mots viennent et repartent, aucun ne semble assez bien pour être prononcé.
― Je… écoute, tu sais ce qu’on pourrait faire ? On pourrait jouer à un jeu. Ça s’appelle « mon crayon dit ». Toi, tu n’as pas besoin de parler, c’est ton crayon qui va raconter des choses. Qu’est-ce que tu en penses ?
Pourquoi pas ? Un crayon ne peut pas se tromper, n’est-ce pas ? Et si le crayon dit ce qu’il ne faut pas dire, ce n’est qu’un jeu. C’est beaucoup moins effrayant si ce n’est qu’un jeu. Il hoche la tête et s’installe docilement au bureau, pendant que sa mère sort du papier et le fameux crayon.
― Aller, on commence ! Alors, je vais te poser une question, et le crayon va répondre. Première question : quel est ton parfum de glace préféré ? Mon crayon dit que c’est les glaces à…
Facile. Il écrit en s’appliquant : Pistache.
― Super ! Maintenant, une question plus dure : qui est le plus fort entre Batman et Super-man ?
Spider-man !
― Oh, voilà un crayon qui a des opinions bien tranchées. J’ai une autre question difficile pour lui : pourquoi tu as du mal à dormir ? Mon crayon dit…
Je suis tout seul.
Elle s’arrête de respirer un instant. Juste une seconde. Puis elle reprend comme si de rien n’était :
―Tu veux venir dormir avec nous ?
Oui.
Elle lui sourit. Elle a les yeux tristes, mais gentils. Elle lui tend la main.
Tout va bien. Ce soir, il ne dormira pas seul.
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#30jourspourécrire#30 jours pour écrire#7 août#mon crayon dit#une chambre à soi#adoption#enfant d’age indéterminé parce que je n’y connais rien#un petit moment spécial#et toujours dans le fun et la bonne humeur bien sûr#french#french writer#écriture
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Poulet !
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 6 août
Thème : l’appel du corps/chien
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J’ai faim.
Il y a à manger sur la table de la cuisine, mais je n’ai pas le droit d’y toucher. C’est pour les humains. Et même si j’arriverais sans doute à attraper ce poulet au délicieux fumet tentateur si je me mettais sur les pattes arrières… C’est interdit.
C’est dur.
Je veux ce poulet. Tout mon être sait que ce poulet est bon pour moi. Son odeur a déjà envahi toute la cuisine, ma truffe sensible l’a si bien analysée que je sais déjà exactement quel goût il aura, et j’en salive d’avance. Mon estomac gronde. Mes yeux ne peuvent pas se décoller de ma proie. Je veux oh je veux tellement ce poulet… et j’ai si faim !
Pourquoi doit-il être sur la table interdite ? C’est si cruel ! Il pourrait très bien être au sol. Tout ce qui tombe par terre est à moi – à moins que Rumba, cette créature maudite tireuse de poils, ne l’ai avalé avant. Si le poulet était par terre, je pourrais l’attraper et l’amener dans un coin tranquille où je le dévorerai goulument. Je pourrais même enterrer les restes dans le jardin jusqu’à ce qu’ils soient délicieusement faisandés ! Ma queue se met à battre toute seule à cette idée. Ce serait tellement parfait…
Tout est de la faute de cette table. Je me couche en dessous avec un soupir à fendre le cœur. Bien sûr, elle n’en a rien à faire. Méchante table. En train de retenir loin de moi le délicieux poulet…
J’appuie sur les pieds du meuble. Juste un petit coup d’épaule, histoire de voir si c’est bien solide, tout ça. Bien sûr, la table ne casse pas. Mais là-haut, l’assiette du poulet de mes rêves a tremblé, donc tous les espoirs sont permis !
J’appuie encore. Plus fort. Plus fort. L’épaule, le flanc, le dos, tout est bon pour faire bouger la table – l’assiette est si près du bord, je vais bien finir par…
Oh non. Mon humaine est entrée et a pris mon poulet ! Je ne la lâche pas d’une semelle et pense très, très, très fort à ce que je veux. Des fois, ça marche !
Des fois non.
Toute la famille est là, prête à manger mon poulet. Je n’ai pas le droit de quémander quand ils sont à table. Et ils ne me donnent jamais les os. Alors que ça croquerait sous la dent…
Dernier espoir : je me glisse sous la table et je me couche sur les pieds de mon meilleur pourvoyeur. Le petit humain m’adore, il va bien me glisser quelques miettes en douce, n’est-ce pas ? Et s’il m’ignore, je poserai ma tête sur ses genoux. Aucun humain n’a jamais résisté à cette technique. Oui, j’ai beaucoup bavé, mais ça va forcément rendre la méthode encore plus efficace ! Mon instinct ne me trompe jamais.
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#30jourspourécrire#30 jours pour écrire#6 août#l’appel du corps#chien#pensées de chien#je le comprends tellement#moi aussi j’ai faim#french#french writer#écriture
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Danse écarlate
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 5 août
Thème : face au loup/une seule danse
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Certaines danses ne demandent pas de musique.
Le bruit des bois la nuit sera notre seul accompagnement ce soir. Le bruissement du vent dans les feuilles. Le murmure de l’eau du ruisseau tout proche. Le tintement discret des rayons de lune.
N’est-ce pas romantique ?
Il viendra, je le sais. Il laissera près de l’eau sa peau d’homme, celle qui a la fourrure cachée à l’intérieur. Il boira au ruisseau. Puis il saura me trouver, toute proche, attendant patiemment qu’il flaire ma présence.
Alors nous danserons.
La danse du loup et de la bergère. Vieille comme l’éternité.
Ce soir, je suis venue sans mon troupeau ni ma houlette. Ça ne m’empêche pas de veiller sur les miens. Férocement.
Je suis venue porteuse d’une dague d’argent. Il viendra avec ses crocs et sa faim. Je veux planter ma dague dans son cœur. Il veut planter ses crocs dans ma chair. Ainsi, nous danserons.
Et lorsque le soleil se lèvera, un seul rentrera au village, avec une piètre excuse pour son absence nocturne.
Pour l’instant, la lune se dévoile à peine. Donnons lui à voir un spectacle magnifique.
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#30jourspourécrire#30 jours pour écrire#5 août#face au loup#une seule danse#loup-garou#french#french writer#écriture
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Cri silencieux
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 4 août
Thème : La vaisselle/je n’ai rien reçu
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Sans rien dire, Mémé a attrapé le plateau rempli de vaisselle et l’a fracassé sur la table.
Tout a volé en éclat. Les verres, les assiettes, la cruche de l’arrière-grand-mère, en miettes. Les couteaux et les fourchettes ont volé, le plat contenant les restes de tarte faite maison s’est lamentablement retourné sur le carrelage. Et tout le monde la regarde, abasourdi.
Moi, je n’ai rien reçu – ni un éclat de verre, ni un couvert volant, ni même une goutte d’eau. Mais je reste figée, sous le choc, comme si elle m’avait lancé le plateau à la figure. Je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas quoi faire, et je ne sais même pas quoi penser.
Maman commence à se lever en bredouillant :
« Mais enfin, Mémé… »
Mémé ne répond pas. Elle nous tourne le dos et retourne dans sa cuisine.
Les adultes se regardent les uns les autres, un mélange de perplexité, de peur, de colère et de résignation sur leurs visages. Puis, sans un mot, ils se mettent à nettoyer le chantier. Ils me demandent de rassembler les plus jeunes enfants dans la pièce d’à coté pour que personne ne se blesse sur un morceau coupant. C’est tout.
Je ne comprends pas. Je fais ce qu’on me dit. Ça me donne un but, un moyen d’empêcher mes mains de trembler. Mais je ne comprends pas. Je ne comprends pas !
Les adultes parlent à mi-voix une fois que nous sommes éloignés. En me rapprochant dans le couloir j’entends parler de sénilité, de vieilles rancunes, de Pépé. Ils savent. En tout cas ils imaginent. Ils mettent des mots sur les éclats de vaisselle.
Je ne sais pas si ce sont les mots de Mémé.
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#30jourspourécrire#30 jours pour écrire#4 août#la vaisselle#je n’ai rien reçu#je n’explique pas grand-chose mais je trouve que c’est mieux comme ça#les histoires de famille c’est toujours compliqué#autant laisser ouvert à l’interprétation#french#french writer#écriture
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Culture
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 3 août
Thème : au milieu du champ/lueurs et tambours
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Les blés sont hauts et mûrs, prêts pour la moisson. Sauf dans le cercle. Quelque chose les a couchés en cercles entrelacés, traçant des symboles étranges vus du ciel, et un désastre incompréhensible vu du sol.
C’est la troisième fois ce mois-ci.
Eliane tire rageusement une dernière bouffée de sa cigarette avant de l’éteindre soigneusement sur la semelle de sa chaussure – ce n’est pas le moment de déclencher un incendie. Trop, c’est trop. Elle va trouver quel est le mauvais plaisantin qui a fait ça à son champ, et lui faire passer définitivement le goût de ces petites blagues. Et si c’est un alien ? Aucune différence. C’est son foutu champ, bordel de merde. Ils vont voir de quel bois elle se chauffe.
Techniquement, le champ, comme tous les autres et la ferme au milieu, appartiennent à son père. Mais ses parents ont passé l’âge de gérer le gros des travaux et surtout ils ont passé l’âge d’être emmerdés par des petits cons. Eliane reprendra la ferme familiale dès que son père se sera décidé à lui passer la main, c’est acté depuis longtemps, et elle préfère prendre les choses en main dès maintenant plutôt que l’ennuyer avec ces satanés cercles.
Au moins il n’y a pas de trace de ces cercles sur Internet, et Eliane n’a pas à gérer en même temps des hordes d’ufologues et autres médiums venus sentir l’énergie spirituelle du lieu. Dans le même temps, ça rend toute l’affaire encore plus étrange. Pourquoi ils ont fait ça ? Est-ce que la blague va courir sur plusieurs semaines ? Jusqu’à la moisson ? Mais pourquoi, bordel ?
En attendant, elle a commandé des caméras et les installe soigneusement et discrètement autour des lieux les plus à risque par la suite. Les champs qui n’ont pas été encore saccagés par ces maudits cercles, les chemins qui y mènent, les bois environnants par où les plaisantins pourraient venir discrètement… Tout ce à quoi elle peut penser. Puis elle attend.
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Il a fallut six jours pour qu’enfin on morde à l’hameçon, mais quand ça arrive, Eliane est prête.
Il est minuit – l’heure du crime, les romans noirs ne se sont pas trompés. Les étoiles sont cachées par de lourds nuages mais il ne pleut pas. La nuit est d’un noir d’encre. Etait d’un noir d’encre. Sur les écrans, les caméras montrent clairement les lueurs des torches qui sont apparues tout autour du champ.
Ils sont au moins une dizaine, et ils ont ramenés du feu avec eux, ces imbéciles ! Ils vont réussir à cramer toute la région ! Immédiatement, Eliane siffle son chien et saute avec lui dans la voiture.
Lorsqu’elle arrive, elle ne parvient pas à distinguer les porteurs de torches, entre la lueur du feu et celle des phares, mais elle ne peut pas douter de leur présence oppressante. Ils ont même ramené des tambours qui résonnent dans la nuit, obsédants et hypnotiques, dans un rythme beaucoup trop intense et trop vif pour la paisible campagne. Elle a presque l’impression que c’est elle qui s’apprête à commettre un sacrilège en interrompant cette cérémonie païenne.
Une hésitation qui disparaît dès qu’elle aperçoit un mouvement au milieu du champ. Ils ont commencé, ils sont en train de lui coucher son blé, ces saligauds !
Portée par la force de sa colère, elle tonne « Qu’est-ce que vous foutez là, bande d’abrutis ? Dégagez de mon champ, sinon j’appelle les gendarmes ! »
Les tambours s’arrêtent net. A croire que sa voix les impressionne plus que l’arrivée de sa voiture. A coté d’elle, Champion, son chien, ne fait pas le fier. Mais si elle le lance à leurs trousses, elle sait qu’il va savoir s’y prendre pour disperser cette petite bande, en leur mordillant les mollets comme des moutons. Puisqu’ils ont visiblement autant de cerveau que les ovins, autant prendre les méthodes qui marchent.
Eliane avance d’un pas de plus et ajoute avec force « Et vous allez m’éteindre ces torches avant de foutre le feu à tout le pays ! Allez, fichez-moi le camp ! Ouste ! »
Elle ne distingue qu’une ombre derrière chaque flamme, puis plus rien lorsque celles-ci s’éteignent docilement. La lueur des phares ne suffit pas et elle revient en pestant chercher sa lampe torche dans la boite à gant de la voiture. Le temps qu’elle puisse faire la lumière sur la scène, il n’y a plus personne. Envolés aussi les torches et les tambours. Pas une trace de pas au sol. Juste le début d’un cercle au milieu du champ, à peine plus grand qu’une pizza.
Bien. Ce n’est peut-être pas la fin, mais Eliane a l’impression qu’elle leur a vraiment fichu la trouille. Ces idiots n’oseront pas revenir de sitot !
Avant de repartir elle caresse le blé abimé et redresse ce qui peut l’être. Elle ne sait pas pourquoi elle se sent étrangement mal à l’aise. Comme si elle venait de perdre quelque chose qu’elle avait toujours possédé sans le savoir et qui vient de s’évanouir sans bruit dans la nuit noire.
Bah. Ce n’est sans doute rien. Tout ce qui compte, c’est que les cultures soient protégées. Une petite voix dans sa tête lui demande « Protégées de quoi ? ». Ce qui est absurde. Protégées de tout, voilà. C’est ça qu’il faut. C’est ça qu’il a toujours fallu. Il faut protéger les champs. Point barre.
Elle réprime un frisson. Il est temps de rentrer. C’est cette nuit si sombre, si bizarre, qui lui met des idées en tête. Une fois à la maison, avec un plaid et un chocolat chaud, ça ira mieux.
Oui. Sans aucun doute. Tout ira pour le mieux.
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#30jourspourécrire#30 jours pour écrire#3 août#au milieu du champ#lueurs et tambours#cercle de culture#mystique#ou pas#ouvert à toute interprétation#french#french writer#écriture
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Game over
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 2 août
Thème : Ode à l’arc-en-ciel/en attendant l’aube
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Encore une fois. Je vais y arriver. Cette fois, ça va marcher…
Je meurs encore.
Je peste et je reprends. Je connais le début de ce niveau par cœur maintenant. Chaque ennemi, chaque obstacle, chaque saut ; mon rythme est parfait, jusqu’à cet endroit…
Trop haut. Ma tête touche le rebord et je tombe misérablement dans les piques.
Je retiens de justesse un « putain ! » beaucoup trop sonore et je recommence. Il est quelle heure, deux heures, trois heures du matin ? En tout cas beaucoup trop tard pour réveiller toute la maison. Ils n’apprécieraient pas. Et ils ne comprendraient pas.
Comment je suis censé passer ça ? Si je saute trop haut, ma tête touche. Si je saute trop bas, la bombe me fait exploser. Et si je reste sur place le temps de calculer, la plate-forme tombe dans la lave. J’ai une fraction de seconde pour réaliser le mouvement parfait, et plus je recommence, plus je rage, et plus je suis loin de cette foutue perfection…
Sur la boite, le tatoo arc-en-ciel me nargue. Il se fout carrément de ma gueule, d’ailleurs. Alors comme ça on aime les jeux rétro ? Et bien vient affronter un véritable défi. Tu es en train de bloquer au niveau trois, au passage. Essaie seulement d’imaginer les autres…
Je serre les dents et je recommence. Je vais y arriver. Tant pis pour le mouvement parfait, j’y vais à l’instinct. J’ai fait ce saut des centaines de fois cette nuit, mon cerveau a appris des choses, je vais laisser mon inconscient travailler. Je vais…
Et MER-DE !
Encore mort.
Je résiste héroïquement à l’envie de foutre ma manette à travers l’écran de la télé et je me lève. Il faut que je fasse une pause, que je me dégourdisse les jambes, que je boive quelque chose. Laisser un peu de temps à tout ça pour décanter. Après, c’est sûr, c’est certain, je vais y arriver. Je vais forcément y arriver.
Je rentre à pas de loup dans la cuisine silencieuse – je n’allume pas, il ne faut surtout pas qu’on sache que je suis encore debout.
Les pensées reviennent alors que je bois mon verre d’eau au-dessus de l’évier. Tout ce qu’il va falloir faire demain. Il va falloir être en forme, demain.
J’emmerde demain. Tant que je ne dors pas, on est encore aujourd’hui, demain est un problème pour plus tard. Cette nuit sera dédiée au tatoo arc-en-ciel et à ses pièges démoniaques. J’y retourne.
Je passe le début du niveau que je connais par cœur et je fonce sans réfléchir dans le saut impossible. Et ça passe ! Ça passe ! Pour la première fois, ça…
Pour la première fois j’affronte la suite du niveau, et une boule de feu venue de nulle part vient de me renvoyer au game over.
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRGGGGGGGGGGGGGGGGHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !
Je vais buter quelqu’un. PROBABLEMENT UN DES CREATEURS DE CE JEU DE MERDE !!!
Et je reprends. Le début. Le saut. Et après le saut, on attend deux secondes, le temps que la boule de feu de MERDE passe, puis on continue. Plate-forme, plate-forme, bombe, ennemi qui se suicide en se jetant dans la lave, très aimable, ensuite…
Qui est le sadique pervers qui a foutu un putain de rocher juste au-dessus de ce putain de coffre ?
Et maintenant je n’arrive plus à passer le saut diabolique. Je l’ai fait six fois de suite, et ça y est, c’est fini, j’ai perdu le truc, le rythme ne fonctionne plus. Fait chier.
Quatre heures du matin.
Je jure sur le tatoo lui-même que je passerai ce foutu niveau avant l’aube, même si je dois y laisser mes derniers neurones.
Le début. Le saut. On revient au début. Encore le saut. Cette fois ça passe. La boule de feu. Plate-forme, plate-forme…
Attend, comment je suis tombé, là ? J’avais réussi ce passage sans problème la dernière fois !
La fatigue commence à m’envelopper comme une énorme couette trop douillette pour résister. Le stress et l’adrénaline me tiennent encore sur le jeu, mais ça ne va pas durer pour toujours.
Ça devrait. Tant que je ne dors pas, demain n’arrive pas, et je peux faire comme s’il n’existait pas.
Je me concentre sur mon écran. C’est le seul monde que je voir exister là maintenant.
Début. Saut. Boule de feu. Plate forme, plate forme, on attend le suicide de l’ennemi, on s’approche du coffre, la pierre tombe, je peux prendre le contenu. Une vie supplémentaire. Parfait. C’est exactement ce dont j’avais besoin.
Quand l’aube approche, j’ai fini le niveau trois. Il me reste beaucoup à faire. Mais j’entends du bruit dans la maison. Le monde se réveille. Demain a fini par arriver.
Au moins je me suis bien battu.
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#30jourspourécrire#30 jours pour écrire#2 août#ode à l’arc-en-ciel#en attendant l’aube#retro gaming#même s’il est un peu nul#ce n’est pas un jeu en particulier#le petit clin d’œil à Infograme était surtout pour coller au thème#toujours rien de très gai sous le soleil#mais ça va venir#french#french writer#écriture#un jour je serai à jour#mais ce jour n'est pas arrivé
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Fantôme
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 1er août
Thème : Sensations/la pièce manquante
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Ma jambe me fait mal.
Je ne peux rien faire. La chambre d’hopital est pratiquement silencieuse. La respiration de mon voisin est forte mais régulière. Des raies de lumière venant de la rue parsèment le sol. Le reste est plongé dans la pénombre. Il faut dormir.
Ma jambe me fait mal.
La pendule tic-taque avec une lenteur sadique. De toute façon, on ne peut pas lire l’heure dans le noir. Pour savoir, je dois regarder mon téléphone. Une lumière vive qui me brûle les yeux. Encore deux heures et trente-cinq minutes avant mon prochain cachet de morphine.
Ma jambe me fait mal.
La morphine ne fera rien. J’espère encore qu’elle me fera dormir. Ma mère a toujours peur que je finisse drogué avec ce genre de médicaments. Je sais ce qu’elle a en tête. Moi, ça m’irai. Drogué, zombifié, le cerveau enfin éteint. Tout pour arrêter tout ça. Je regrette que ça ne marche pas.
Ma jambe me fait mal.
Contractée, pliée, serrée comme si chacune de ses cellules avait décidé d’être un poing écrasant les nerfs hurlant. Du feu des orteils jusqu’à la moitié de la cuisse. Des décharges électrique dès que je commence à me relâcher. Elle refuse d’être oubliée, même pendant une demi-seconde. Elle hante chaque instant de ma conscience. Elle m’en veut. Elle m’en veut terriblement.
C’est pour ça qu’elle me fait mal.
Sous le drap, il n’y a plus que son absence. Alors pourquoi refuse-t-elle de me laisser tranquille ?
C’est sa vengeance ? Pour l’accident ? Pour avoir accepté l’opération ? L’amputation ? La sacrifier elle pour me sauver moi ?
Pleurant dans le noir, je lui demande pardon.
Et implacablement, ma jambe me fait mal.
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#30jourspourécrire#30 jours pour écrire#1er août#sensations#la pièce manquante#on attaque le défi avec de la gaité et de la légèreté comme d’habitude#membre fantome#les amputations aussi demandent de faire un deuil...#et parfois elles ne nous laissent pas le faire en paix#en vrai il va finir par aller mieux#mais sur le coup c’est difficile à imaginer#french#french writer#écriture
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Ma petite boutique est ouverte.
C'est très bizarre d'écrire ça. C'est un peu comme si j’avais lancé une bouteille à la mer avec mes collages dedans. Mais voilà, ma boutique est en ligne, et j'y vends ce que je créé : - Des originaux uniques, - Des reproductions en édition limitée, - Des morceaux de papier, des mots, des histoires… Ce que je fais de mes mains et de mes nuits, maintenant disponible quelque part entre vous et moi. Si vous voulez y faire un tour (et pourquoi pas m'acheter quelques trésors ?), il vous suffit de cliquer ☆ ICI ☆ Merci à celles et ceux qui me lisent, me regardent, partagent ce que je fais et me supportent depuis tout ce temps (même si "tout ce temps" c'est cinq minutes). Si vous aimez ce que je fais, n’hésitez pas à partager la boutique autour de vous : un mot, un lien, une story… c’est peut-être ce petit geste qui fera voyager une œuvre un peu plus loin (et qui me permettra de payer mon loyer). Merci du fond du cœur. Luza ♡
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Keep your windows closed people!
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Tous les gens français/ francophones de tumblr vous pourriez mettre un like à ce post pour que je sache si ça vaut le coup d'avoir de la promo de petite maison d'édition indépendante de l'imaginaire ici ou c'est un doux rêve et que vous nous mangeriez pour x ou y raisons si on mettait un pied ici
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La dernière fic de la painlandweek arrive ! J'avais une idée à plusieurs chapitres, donc la suite arrivera petit à petit. On est sur une divergence du canon : et si Edwin était sorti de l'Enfer dix ans plus tôt, et qu'il était resté à Saint Hilarion en tant que fantôme protecteur contre les harceleurs ? Charles découvre son existence en arrivant dans l'école, et leur rencontre sera assez différente... Le tout sera un peu angst, puisqu'on parle des maltraitances que subit Charles, mais au moins il va avoir un fantome peu commode à ses cotés.
@painlandweek
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Mon presque dernier texte de la painland week, à peine en retard : un univers alternatif sur les âmes soeurs ! C'est la première fois que j'explore ce thème, le résultat est à la fois angst et romantique, ça m'a bien plu de l'écrire. Au final, sur cette semaine il ne me manque que le thème de vendredi sur "canon divergence/casefic", j'ai déjà une idée mais elle était trop longue pour que je l'explore maintenant... Je vais sans doute le faire dans quinze jours, normalement on a jusqu'à la fin août pour poster.
En tous cas je suis fière d'avoir fini tant de fics, je n'aurais jamais cru être capable d'écrire autant à nouveau, et merci à tous ceux qui m'ont soutenue sur tumblr et AO3 !
@painlandweek
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Painlandweek toujours, je n'ai pas eu le temps de finir l'idée que j'avais pour le thème d'hier, et je préfère poster plus tard plutôt que de rusher les choses... Mais aujourd'hui, il n'y avait pas de thème prédéfini, et j'avais une idée qui me semblait rapide à écrire.
Evidemment, entre l'idée et l'exécution, la fic a doublé de taille, mais au moins c'est fait et posté dans les temps.
On part sur un peu de angst mais avec une bonne fin, parce que même moi je ne peux pas faire que du fluff et de la guimauve sur cette série, leurs traumas me parlent beaucoup trop pour que je ne réponde pas. Au menu d'aujourd'hui, je vous propose donc Edwin qui exprime ses émotions par l'art !
@painlandweek
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Avec un jour de retard, mais je poste deux fics aujourd'hui, donc je suis toujours techniquement dans les temps pour la Painland Week !
La première fic où enfin on parle romance et confession, et si j'ai mis autant de temps, c'est parce qu'il faut beaucoup, beaucoup de place pour mettre autant de guimauve dans une seule fic :
Et une autre histoire, beaucoup plus courte, où j'ai essayé de retrouver l'humour des dialogues chaotiques de la série... en ajoutant quelques petites habitudes toutes mignonnes :
Bonne lecture !
@painlandweek
#painlandweek#fanfiction#DeadBoyDetectives#dbda#payneland#paineland#french#confession#first kiss#domestic#fluff#tellement de fluff
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