#Cazaux-Fréchet
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Cazaux-Fréchet-Anéran-Camors est un bel exemple de la richesse de la toponymie à la française. C'est un village des Hautes-Pyrénées, à la limite avec la Haute-Garonne, perché sur les flancs d'une charmante vallée, la vallée du Louron, la plus belle vallée des Pyrénées selon mon cœur. L'Histoire a laissé des traces dans cette vallée depuis des temps très anciens. De nombreux villages s'y trouvent, reliés entre eux par d'innombrables chemins que je ne me lasse pas d'arpenter.
Cazaux-Fréchet-Anéran-Camors ne compte pas moins de six hameaux, trois églises et trois chapelles. Ces dernières années, le recensement de la population n'y dénombre plus qu'une quarantaine de personnes, ce qui est déjà beaucoup quand on pense aux rudes conditions de l'hiver en montagne. Au XIXème siècle, il y en a eu jusqu'à près de 200. C'était à cette époque que Cazaux et Fréchet d'une part, Anéran et Camors de l'autre, s'étaient regroupés. L'union des quatre n'est intervenue que bien plus tard, en 1978, me signale Wikipédia.
Aujourd'hui, les habitants de la vallée et d'autres personnes soucieuses de la préservation d'un patrimoine naturel et historique agissent pour faire connaître, rénover et valoriser tous ces trésors. C'est grâce à eux que j'ai eu la chance de visiter l'église de Saint Calixte, une belle église romane, dont le clocher-mur percé de trois ouvertures abritant des cloches, se remarque de loin. Petite, massive avec ses épais murs de pierre, de l'extérieur, elle ne paye pas de mine. Quand on est sur la terrasse devant sa porte, le regard est plutôt attiré au loin, pour admirer le paysage sur l'ensemble de la vallée.
La légende du chevalier
Une fois passé le seuil, on se sent immédiatement bien dans cette église. Elle n'a évidemment pas la splendeur des basiliques ou des cathédrales, mais justement, elle est rassurante de simplicité et d'humanité. Et la foi qui l'a inspirée n'en est pas moins grande. Une légende raconte que l'église a été bâtie à l'endroit où serait tombé le chevalier Calixte, au cours d'une grande bataille menée contre les Maures. Ces derniers, après avoir conquis l'Espagne, cherchaient à remonter plus au nord encore, au-delà des Pyrénées. Le preux chevalier, sur son fier destrier, aurait franchi d'un seul bond la vallée, depuis le col d'Azet, sur l'autre versant, pour venir livrer bataille et repousser l'ennemi. Il y aurait malheureusement laissé la vie, mais on n'a jamais retrouvé trace de sa sépulture.
Posée sur une étagère en hauteur, sur le côté gauche, une statue en bois peint représente Calixte à cheval. C'est un des trésors qui se cache à l'intérieur de l'église. Cette statue est touchante et amusante : Calixte a un visage enfantin et son cheval fait un large sourire qui découvre ses dents. Elle avait été volée, puis retrouvée chez un antiquaire quelques années plus tard, dans les années 80. Les habitants de la vallée ont dû se cotiser pour racheter "leur" statue. On raconte que, pendant la période où la statue a été absente, les maladies et les décès ont été plus nombreux que d'habitude, dans ce coin de vallée... Aujourd'hui, l'église est fermée à clé et il faut attendre les visites guidées, les journées du patrimoine et les rares cérémonies pour pouvoir y pénétrer.
Un autre trésor de l'église Saint Calixte est son plafond. Il est en bois peint, avec des caissons "à la française". Il y a aussi le retable baroque, avec ses colonnes torses, ses statues et son tabernacle dorés. Il y a aussi des peintures, qui devaient recouvrir tous les murs et dont on ne devine plus que quelques fragments. Des spécialistes venus sur place y ont trouvé un ensemble remarquable par sa qualité et son homogénéité. Un chantier de rénovation est programmé et devrait démarrer bientôt. L'église Saint Calixte sera encore plus belle !
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A post shared by Isabelle Coulomb (@iisab_elle) on May 8, 2019 at 3:31am PDT
Ami lecteur, amie lectrice, si tu as l'occasion de passer par les Pyrénées, je te recommande un détour par Cazaux-Fréchet-Anéran-Camors et son église Saint Calixte. La vallée du Louron mérite même, à elle seule, le voyage. Tu y trouveras tout pour être heureux, et même bien plus car, c'est bien connu, il en faut peu pour être heureux !
Et si tu veux en savoir plus et soutenir l'association Projet Saint Calixte, voici l'adresse : http://saintcalixte.fr/.
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Tuesday 4 September 1838
4
9 ¾
so bit last night that this and the loss of my cloak prevented sleep – got up at 12 ¾, and, on examining my bed killed a louse – enough – sat up the rest of the night, slumbering when I could as I leaned back in my chair – I had luckily brought away nearly 2 whole tallow candles from Bagnères de L- this morning as a separate charge (unusual) was made for them, and one of these with the one we got here made out for the night – aroused at 4 – chocolate at 5 – determined to return the same way we came to look for my cloak – off (from Bosost [Bossòst] at 5 ½ - at the little chapel of St. Antoine in ½ hour at 6 – at the top of the Portillon at 6 35 – had looked and inquired all along in vain for my poor cloak – had thought of sending Charles to the village to Lys to seek my cloak but had hardly uttered all the way till 7 35 when I said I was determined to have it found if possible conte qu’il conte – Charles rather in a pet said qu’il ne l’avait pas enlevé..... this led to some words, and I blamed him for the careless, and was annoyed – however before we had gone ½ hour father he thought better of it and seemed so ashamed and sorry and made so very sufficient an apology (poor fellow! he was in tears – said I was very just – he had been with me so long etc. etc. never did wrong willingly......) that I promised to say and think no more of it and all was right again – for at 7 35 when I had told Charles to go to Lys, seeing that he was for leaving the mule and going on foot, I thought this would not do, and sent Jean who promised to be back as soon as possible and was sure he could get the cloak back if it had been lost thereabouts - .:. at 7 35 Jean set off by our route of yesterday and we returned by the direct road – by and by passed a douanier who asked Charles if we came from Spain – Charles came to tell me that he had said no! we had only been making a petite promenade and all was settled without another word – begged if I was asked I would give the same answer – no! said I, I shall certainly tell the truth if I am applied to – Charles said, he was very glad we had got off so well; for if he had said we had been in Spain, I should have had a fine of 60/. a horse to pay – Arrived à l’hotel du commerce B. de L- at 8 25 – comfortable enough double bedded room à rez de chaussée – very well for merely breakfasting in – breakfast at 9 – boiled milk and pears and peaches – no coffee and gateau de riz at A-‘s desire – Charles got the ‘manteau rouge publié’ cried by the drum-man – the crier goes about with a drum not a bell as in England – at 11 the botaniste guide – (Joachine Martre, Rue de la poste aux Lettres, à Bagnères de Luchon) and we went with him home to see his collection of Pyrenees plants – the very pretty little pink flower, we saw on the Piméné (vide Tuesday 24 July) and in several other places Coumelie [Coumély]? Begonz? Saongué? (but not the little pink flower of the Piméné the whole plant not more than an inch high) turns out to be Azalea procumbens a little low plant, 5 or 6 in, high with little woody stems – very pretty – my great inquiry was for a specimen of Vératre – he did not know the plant by this name but knew it by the name of Hellébore.
SH:7/ML/E/22/0011
but he had to seek a long before he found a specimen of this plant – his specimen about a foot long – could not judge how much longer the whole plant might have been – he said the colour of the flower was yellow – a person not understanding the difference of the petals (h meant to say the pistils etc. classical distinction as established by Linnaeus) might mistake it for the aconite – How said I the aconite flower is blue and the leaves quite different – yes! but he meant the A. Anthora – is the flower of the A. Anthora yellow? he said the hellébore was plentiful in the Près de St. Jean (near Paillole) –
le Vératre, la plus haute plante des montagnes. Chaussenque [Chausenque] i. 196
les Vératres, l’ellébore des anciens, croissent à hauteur d’homme somewhere sur un plateau herbeux near above la butte de Sers. i. 202.
l’aconit anthora, quoiqu’ vénéneux lui-même, passe pour le contrepoison de la renoucule thora, petite plante – n’a qu’une feuille et une fleur jaune – used by les peuples de nord pour empoisonner leurs flèches. i. 198
while Matre looked for the Vératre, he gave me a letter to read from our late M.P. Mr. James Stuart Wortley from which it appeared M- had been his guide in the valle de Lys, valle d’Arran [Aran?], etc. and desiring to send some pine cones of 2 or 3 different sorts named and the plants according to order, and giving M- an order for the sum due upon W-‘s banker at Bordeaux the parcel to be sent from Bordeaux to England – M- shewed me also a letter from an Angalise Mrs. Martin who had ordered of him a collection of Pyrenees plants – he furnishes specimens at 25/. per centaine – what I paid in Switzerland – but when I said I had paid 20/. per 100 at Chamouni [Chamonix] he said he would furnish me specimens at that price I had asked him the price of guides here, he said 3/. a day per man and 3/. a day per horse and nourriture, but when a man was not mounted and had long courses, he deserved something more – He shewed me also a little work which he praised much, written by a Mr. Bentham the son (he said) of an English general who was with the d. of Wellington in the peninsular war –
Catalogue des plantes ingidènes des Pyrénées et du Bas Languedoc. Par George Bentham à Paris chez Madame Huzard imprimer-libraire Rue de l’Epéron – St. André n°7 1826. and Toulouse chez Vieusseux. and Montpellier, chez Gabon and cie. and Sévalle libraire
Martres’ specimen of Vératre too long for me to bring away – took nothing but gave him a 5/. piece and my name ‘Madame Lister’ begging him to set down the receipt towards anything I might order hereafter – Jean came here to be paid 12/. for man and horse the 2 days, and gave him 10/. with which to pay the man at Lys who had found the manteau rouge (as he said) not far from the cottage where we had fed the horses – satisfied to have my poor cloak back again – it went with me to the top of Mt. Perdu in 1830, and has been my companion too long to be unvalued tho’ now worn into holes round the bottom – Pierre too (Dalgarotte) came here to wish me goodbye and recommended himself and his son for future employment – but Martre would be the man for me another time – A- not having been much amused had probably been proportionally impatient of delay – walked back to the Inn – and off from here – off from Bagnères de Luchon at 12 10 – had we had time Jean had greatly vaunted an excursion to Montné (should it be Mouné?) from the top of which a very fine view of all the mountains around and we should have returned upon Arreau by a new line all the way – I think he said it would only have taken us 7 hours this way to Arreau – we had doubted between this and the valle d’Oo and lake of Seculejo in one road as we passed by our former route – it was now too late for the lake – but we might have done the other – However, I thought not of it at the moment, and we jogged on the old way – at St. Aventin at 1 10 good church and village – Casauz [Cazaux -Fréchet-Anéran-Camors] at 1 ½ just skirt along the top of the village, and close by and under the church – at 1 50 pass thro’ Garrey and just out of the village good view of the glacier of Mt. d’Oo on our left – at the top of the Port (de Peyresourde) at 2 50 and I alighted then and A- afterwards at 3 25 – passed thro’ Loudervielle at 2 50 – A- rather tired and sat down on a wall to rest at 4, for 5 minutes when both mounted – crossed the bridge over the gave and in the highroad in ¼ hour at 4 20 and here we came up with the 2 Spaniards and Bagnères de Luchon guide on foot carrying a largeish deal box on his back, who had passed us ¼ hour before, and they turned left to pass the port de Plan to Vielle [Vielle-Aure] (3 heures) in the valle d’Aure (on account of the Doane [douane] being there) to go tomorrow to Balbastro - at 4 50 pass thro’ the pretty village of Avvaiyorn (as pronounced by Charles) – A- tired of riding and poorlyish – very picturesque wooded hedgy, corny, well-villaged, fine valle (valle de Louron) – A- very much tired – walked 10 minutes till 5 ½ and I from 5 20 to 5 ¾ thro’ the village of Bordères (vide Chaussenque [Chausenque] i.357) in a nice green bassin – at the hotel du commerce chez Clavière à Arreau at 6 35 – very fine day and evening – Arreau beautifully situated, neat, good, very pretty picturesque little town – delighted to be as it were, at home again with these good people – out in the court and about while A- lay down – dinner at 7 ¼ in ¾ hour – A- sick and poorly – la fille came to ask me in a whisper that the mistress takes all that is given for la fille, and gives her very little of it, and gives her 55fr. a year – begged me to give her herself ½ what I gave before and give the other ½ to the mistress without saying anything – shook and folded all my things and had a thorough wash, all which took me till 9 ¾ - A- better
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Dimanche, je suis allée marcher. Si tu as l’habitude de suivre mes Traces, tu sais que c’est chez moi, un sujet récurrent. Je suis allée marcher dans « ma » vallée des Pyrénées, celle que j’aime tant. C’était un beau dimanche de janvier, avec un ciel bleu intense. Normalement, à cette époque de l’année, les chemins que j’ai empruntés auraient dû être enfouis sous la neige. Cette année, le manteau blanc se fait attendre. Tant mieux pour moi, j’en profite.
Cette fois, je suis partie avec une copine. Je l’envie un peu : elle vit dans la vallée toute l’année ! Comme elle a souvent l’occasion de partir en balade, elle me laisse choisir la destination. Il y a un endroit où j’ai envie de retourner depuis quelques mois. J’y suis déjà allée il y a presque trois ans. J’ai déjà raconté comment je suis partie en quête de quatre arbres sentinelles, perchés sur une crête sur le flanc est de la vallée. Cette fois, je sais mieux où je veux aller, puisque je sais localiser sur la carte IGN où se trouvent « mes » quatre arbres.
J’ai décidé de partir du charmant village de Mont. Ce devrait être plus court que lorsque j’étais partie de Cazaux-Fréchet. J’ai prévu de suivre un chemin tracé sur la carte, qui permet de rejoindre la crête pas très loin de l’endroit où se trouvent les arbres. Si j’ai envie de retourner voir ces arbres, c’est que de loin, depuis le fond de la vallée, l’un d’entre eux semble dégarni. Que lui est-il arrivé ?
Nous garons la voiture sur le petit parking à l’entrée du village et nous voilà parties. Je suis heureuse aussi d’avoir la compagnie de Nova, la chienne de ma copine, une adorable border collie aux yeux vairons. Nous traversons le village par la rue en pente, pavée de vieilles pierres. Passées les dernières maisons, Nova, libérée de sa laisse, court joyeusement, débordante d’énergie. Elle continuera de courir pendant toute la balade, ou presque. Comment fait-elle ? On dirait qu’elle n’est jamais fatiguée.
Après la sortie du village, une fois passées devant une minuscule chapelle, nous trouvons un chemin qui part sur la gauche. Nous l’empruntons en poursuivant notre bavardage. Marcher avec une copine, c’est très différent de marcher toute seule. J’aime autant les deux. C’est sûr qu’à deux, c’est un peu moins facile de rester attentive à ce qui m’entoure.
Au bout de quelques minutes, le tracé du chemin semble moins évident. Une petite vérification sur l’écran de mon téléphone et l’application GPS de randonnée s’impose : nous ne sommes pas du tout sur le chemin que j’avais prévu de suivre. Nous avons dû tourner à gauche trop tôt, sur un chemin qui ne figure pas sur la carte. Voilà ce qui arrive quand on discute. Que faire ? Revenir en arrière ? Essayer de rejoindre le « bon » chemin ? Tenter de retrouver la trace du chemin que nous avons suivi jusque là, puisqu’au départ, il était bien tracé ?
Ma copine me fait confiance, c’est à moi de décider. En règle générale, je n’aime pas trop rebrousser chemin. Je suis tentée par la troisième option : suivre l’intuition de nos pieds qui nous ont menées sans que nous le cherchions jusque là. En observant autour de nous, il est évident que nous sommes justement sur la crête que nous cherchons à rejoindre. Pourquoi ne pas la suivre, tout simplement ?
Nous voilà parties à grimper le long de cette crête. Nova saute toujours joyeusement, alors que nous ralentissons un peu dans la montée. On dirait qu’elle veut nous montrer le chemin. Des chemins, il y en a plusieurs qui s’entrecroisent. Nous sommes dans une zone d’estive, ce sont surtout les brebis et les vaches qui les ont tracés. Hormis la pente, il n’y a aucune difficulté à suivre la crête, qui s’élève peu à peu. Quel plaisir de prendre progressivement de la hauteur et de voir le paysage de la vallée se déployer sous nos yeux ! En poursuivant ainsi, aucun doute possible, nous allons atteindre les quatre arbres plus rapidement que prévu.
Ne pas suivre un sentier dûment tracé sur la carte officielle de l’IGN ajoute un léger parfum d’aventure à notre balade. Une aventure certes pas si aventureuse, d’autant moins que j’ai toujours dans ma poche mon téléphone et son GPS magique. Cela me rassure, surtout quand je pars seule et sans destination préétablie. Aujourd’hui, c’est particulièrement facile car, depuis la crête, nous jouissons d’une vue panoramique sur toute la vallée. Au fur et à mesure de notre progression, nous découvrons la succession de villages qui s’égrènent le long de la vallée, comme les perles d’un collier : Loudenvielle, Loudervielle (une seule lettre de différence), Génos, Armenteule, Vielle-Louron, Adervielle, Pouchergues, Estarvielle, Avajan, jusqu’à Bordères-Louron, des toponymes familiers à mes oreilles et caractéristiques de ce coin des Pyrénées. Il y a aussi quelques hameaux de Cazaux-Fréchet, dont l’église de Saint Calixte, source d’inspiration d’une Trace précédente.
Nous apercevons au loin un groupe de quelques maisons isolées, sur le flanc opposé de la vallée, à mi-hauteur au-dessus de Bordères-Louron. La carte nous renseigne (merci l’IGN), il s’agit du village d’Ilhan. Internet nous apprend que c’était une commune indépendante jusqu’en 1972, date de son rattachement à Bordères. L’église qui s’y trouve, dédiée à Saint Germé, remonte à l’époque romane, comme de nombreuses autres petites églises de la vallée. Les questions que je me pose toujours à propos de ces villages et hameaux perdus : qui étaient les premiers humains qui sont venus s’installer là ? D’où venaient-ils ? Qu’est-ce qui a guidé leur choix pour ces lieux reculés ? Comment vivaient-ils ? Étaient-ils heureux ?
Nous continuons de monter, en bavardant et en suivant la progression joyeuse et bondissante de Nova. Inévitablement, nous allons finir par rejoindre les quatre arbres. Je m’y attends. Je crois même sentir leur présence avant même de les voir. D’ailleurs, quelques branches hautes apparaissent, le relief dissimulant encore l’essentiel. Encore quelques pas et ils sont bien là, tous les quatre, fidèles sentinelles qui veillent sur la vallée. Je renoue avec l’émotion de ma première visite.
Pas de sommet à l’altitude vertigineuse, une simple crête à guère plus de 1600 m, pas de matériel de montagne élaboré, une simple paire de bonnes chaussures, pas d’escalade, ni de précipice, juste quelques rochers. Pas de longue marche éprouvante, même pas une heure de montée à travers les estives. Et le bonheur est là, tout simplement. Même Nova, pourtant débordante d’énergie, retrouve son calme et reste assise, à contempler le paysage.
Les quatre pins sont bien toujours présents, les trois du haut alignés dans le sens de la pente et le quatrième, plus gros et légèrement décalé. Un seul changement, que j’avais déjà perçu de loin : le deuxième pin en partant du haut est complètement dégarni. Plus une seule aiguille sur ses branches. Même son écorce s’est décollée. Un arbre tout nu, mais encore bien droit, sans la moindre trace visible de blessure. Que lui est-il arrivé ? Cela reste un mystère. Même les arbres finissent par mourir. Cela rappelle l’impermanence de la vie.
Nous restons là longtemps à nous imprégner du paysage. Je vais saluer et embrasser le plus gros pin et ses deux troncs enlacés. Je remonte derrière nous jusque sur la crête, pour localiser un point précis repéré sur la carte : le sommet de la Pène d’Aube, à 1631 m. Dans le lointain, quelques tintements de cloches signalent la présence d’un troupeau, qui profite encore de l’absence de neige. Calme, plénitude, solitude...
Enfin presque. Quasiment au même moment, viennent vers nous deux groupes de randonneurs. L’un arrive par la gauche, sur le sentier par lequel nous sommes arrivées. Nous les avions déjà croisés dans la montée. Ils repartent après leur pique-nique. L’autre arrive d’en face. Les cinq marcheurs sont montés tout droit à travers les estives. Ils portent chacun un gros sac, sensiblement plus gros qu’un simple sac de randonnée. Des parapentistes ? Exactement. Ils montent jusqu’au sommet de la Pène d’Aube, d’où ils décolleront un peu plus tard. Je reviendrai ici et j’y amènerai mon parapentiste préféré.
Le temps passe et il faut bien redescendre. Plutôt que de revenir sur nos pas, pourquoi ne pas prendre le chemin que j’avais prévu initialement ? Il suffit de longer la crête encore un peu, redescendre jusqu’à un col pour rejoindre un chemin qui descend à son tour dans un vallon. Jusqu’au col, il reste un peu de neige, sur ce versant un peu moins exposé au soleil. Nous ajoutons nos empreintes à celles des marcheurs qui nous ont précédées. Nova adore ça !
Nous effectuons la suite de la descente dans un paysage de carte postale : le soleil et le ciel d’un bleu intense, les sommets des montagnes enneigées en arrière-plan, la forêt vert sombre et les prairies jaunies par l’hiver, un ruisseau qui chante sur son lit de pierres et un chemin qui serpente aimablement au milieu de tout cela. Que rêver de plus ? La tisane chaude et odorante, accompagnés de quelques biscuits, qui nous attendent au retour ?
En approchant du village de Mont, nous comprenons sans peine l’erreur que nous avons commise à l’aller. Nous avons tourné à gauche trop tôt, le « bon » chemin se trouvait à peine plus loin. Mais était-ce vraiment une erreur ? Une fois de plus, je vérifie que la marche est une métaphore de la vie. Se tromper, c’est aussi un excellent moyen d’apprendre et de découvrir de nouvelles choses.
PS : si tu veux voir la carte de cette jolie balade le long de la crête au-dessus de Mont, voici le lien vers l’outil que j’ai l’habitude d’utiliser.
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Voici une anecdote que j'aurais pu ajouter dans mon histoire précédente. Mais pour une histoire qui parle de rien, elle était déjà bien assez longue. Alors mon anecdote aura droit à une histoire pour elle toute seule.
Dans "ma" vallée, le paysage est d'une grande richesse : de hautes montagnes, des pâturages et des forêts, un lac, une rivière et des torrents, des villages et des granges isolées, des tours et des clochers... Sur le versant est, en haut d'un pâturage, le long d'une crête, se dressent quatre sentinelles. Depuis des tas d'endroits de la vallée, à l'occasion de mes balades, je les aperçois au loin. Elles sont là, immobiles, fidèles au poste, chaque fois dans des perspectives différentes, selon l'endroit d'où je les vois. Ce sont quatre arbres, qui forment une ligne le long de la crête. De loin, on dirait quatre petits bâtons noirs, surmontés d'une touffe vert tellement foncé que, de certains endroits ou à certains moments, elle semble noire aussi.
Ces arbres apparaissent régulièrement dans mon champ de vision, on dirait qu'ils veulent me narguer, ou alors qu'ils m'appellent. Depuis longtemps, je me dis : "un jour, il faudra bien que je leur rende visite." J'ai soigneusement étudié la carte au 25 000ème : pas si facile de faire le lien entre le paysage réel et la représentation sur le papier. En l'occurrence, ce n'est pas sur le papier, mais sur l'écran, mais cela revient au même. Je pense avoir à peu près localisé le secteur, au-dessus du village de Cazaux-Fréchet. Ensuite, autre point épineux, trouver un chemin pour aller jusque là-haut. Sur le papier ou à l'écran, les tracés figurant les pistes forestières, les chemins et les sentiers sont nombreux et je suis toujours émerveillée de constater la précision des cartes de randonnées. Grâce à elles et au GPS embarqué dans mon téléphone intelligent, je me sens capable d'aller quasiment n'importe où. Donc, c'est décidé, je vais partir à la recherche de "mes" quatre arbres. Je vais au moins rejoindre la crête ; ensuite, de là-haut, je verrai bien.
Première approche en voiture, jusqu'au début de la piste forestière qui démarre un peu au-dessus du hameau de Cazaux-Dessus. J'ai déjà emprunté cette piste précédemment, mais c'était pour grimper ensuite sur la gauche ; cette fois, je vais prendre à droite. Enfin, à condition d'arriver jusqu'au départ du chemin qui monte dans les bois. Ce qui pourrait m'en empêcher ? La neige, qui, sur ce versant exposé au nord, est encore loin d'avoir fondu. Au début, quelques plaques par ci, par là, puis de plus en plus jusqu'à recouvrir toute la piste. Faire quelques pas sur la neige, pas de souci, mais toute la montée, ce serait une autre histoire. Je croise d'abord trois randonneurs avec des raquettes accrochées sur leurs sacs à dos. Puis, un peu plus loin, deux skieurs. Deux skieurs ? Que font-ils par ici ? D'où peuvent-ils bien venir ?
Moi qui n'ai que de simples chaussures aux pieds, je me demande si je ne vais pas devoir attendre encore pour tenter de rencontrer "mes" quatre arbres. La neige est suffisamment dure pour que mes pieds ne s'enfoncent pas, mais pas trop glacée non plus pour se transformer en patinoire. J'avance précautionneusement, en posant les pieds le plus légèrement possible, jusqu'à atteindre l'intersection avec le chemin qui monte à droite dans la forêt. À l'abri sous le couvert des sapins, il n'y a plus de neige. Ouf, je peux poursuivre ma montée, sauf que la pente devient plus raide. Alors, je continue doucement, à tout petits pas, en m'efforçant de contrôler mon souffle. Et un pas après l'autre, je finis par atteindre la crête que je visais.
Ce qu'il y a de chouette, à la montagne, c'est que, généralement, quand on arrive en haut, on est récompensé de ses efforts par un point de vue intéressant. À ce moment, en débouchant de la forêt sur la crête, ma récompense est encore plus belle que ce que j'imaginais. Pourtant, cette vallée, je commence à la connaître sous tous ses angles. Je la découvre à nouveau, avec un bonheur toujours intact. Les sommets encore enneigés, le lac qui scintille sous les rayons du soleil et tout le reste du paysage que mes pauvres mots peinent à décrire. Et puis, il n'y a pas que ce que mes yeux voient. Il y a le goût et l'odeur de l'air, tous les pores de ma peau qui respirent, la vague vivante qui circule à l'intérieur de moi. Je suis... ? Je ne trouve pas le mot juste, peut-être qu'il n'y en a pas. Simplement, je suis.
Et sur le côté, vers la gauche, "mes" quatre arbres qui me font signent... Hélas, ils sont encore loin, nettement plus loin que ce que j'espérais. Je crois que ce n'est encore pas aujourd'hui que je leur rendrai visite. Toutefois, je ne vais pas redescendre tout de suite. Je décide de poursuivre le sentier qui monte le long de la crête, juste pour voir si la vue est encore plus belle d'un peu plus haut. Je ne suis pas très forte pour estimer les distances. Disons que je monte encore pendant un certain temps, à tout petits pas, pour ménager mes forces... Quand je m'arrête, un peu essoufflée, un sentier part sur ma droite, à flanc de montagne, en travers du pâturage et... plus ou moins en direction des quatre arbres. Au choix : soit continuer à monter le long de la crête, soit emprunter ce sentier, qui m'attire irrésistiblement car il pourrait me rapprocher de mon objectif de départ, soit redescendre. Le choix est vite fait : les quatre arbres. Déjà, ils paraissent nettement moins lointains.
Mon sentier descend en douceur à travers un pâturage et j'avance d'un pied léger, jusqu'à un col et une nouvelle intersection. Par les mystères du relief, les arbres ont disparu de mon champ de vision. On dirait qu'ils jouent à cache-cache. Pourtant, je sais qu'ils sont là, juste derrière. Je poursuis vaillamment le sentier, qui recommence à monter doucement. Les signes sont nombreux qui montrent que c'est un sentier pastoral, tracé au fil du temps par le passage de troupeaux. Pour le moment, ils sont encore en bas, dans les étables, mais bientôt, quand l'herbe reverdira, les brebis, les vaches, et aussi quelques chevaux, reviendront prendre leur place dans le paysage.
"Mes" quatre arbres, eux, sont toujours là, fidèles au poste. Ils surgissent à nouveau dans mon champ de vision. Je m'interroge une nouvelle fois : que font-ils là, tout seuls sur cette crête ? Depuis combien de temps sont-ils là ? Ont-ils poussé là par hasard ? Auquel cas, le hasard est bien malicieux de les avoir ainsi alignés. Ou alors faisaient-ils partie d'une forêt, coupée ensuite selon les plans mystérieux de l'exploitation forestière ? Avec le pastoralisme, le travail du bois est une autre activité traditionnelle de la vallée. Mais alors, pour quelle raison les bûcherons les auraient-ils épargnés ? Ces questions naïves occupent mes pensées tandis que je continue d'avancer. Il me reste encore quelques centaines de pas à faire pour être à leurs pieds, mais maintenant, c'est sûr, je vais bientôt pouvoir les toucher.
Et voilà, ils sont là ! Merci, mon corps, de m'avoir conduite jusqu'ici ! Le pouvoir d'attraction de ces arbres était puissant qui, un pas en appelant un autre, m'a entraînée nettement plus loin que ce que j'avais prévu. Quand j'atteins enfin la crête où ils se dressent, je me trouve un peu au-dessus d'eux. Je le sais depuis un petit moment, ce sont des pins. Et puis, surprise, en réalité, ils ne sont pas vraiment alignés. Les trois plus haut le sont à peu près, mais le quatrième, le plus bas et le plus gros, est légèrement décalé. Je descends jusqu'à lui, j'admire ses branches vigoureuses, son écorce rugueuse, sa force rassurante. Je m'assois à son pied, mon dos appuyé contre son tronc. Et là, face à ce paysage toujours aussi magnifique, je peux laisser le temps suspendre son vol...
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