#13 septembre 1931
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René Magritte - Le stropiat - René Magritte
René Magritte
Magritte est né à Lessines, dans le Hainaut, en 1898, fils aîné de Léopold Magritte, tailleur et marchand de textile, et Régina (née Bertinchamps), modiste jusqu'à son mariage. La famille bougera beaucoup : Lessines, Gilly, Châtelet, Charleroi, Châtelet, Charleroi encore ou son éduction ainsi que celle de ses frères, sera confiée à sa grand-mère et des gouvernantes.
Le 12 Mars 1912, sa mère se suicide en se noyant dans la Sambre. Ce n'était pas sa première tentative de se donner la mort, et suite à plusieurs d'entre elles, son mari Léopold s'était résolu à l'enfermer dans sa chambre. Après s'être échappé et avait disparu plusieurs jours, elle est découverte plus bas dans la rivière voisine. Magritte, 13 ans, aurait été présent lorsque son corps a été retiré des eaux, sa robe recouvrant son visage. Cette image aura été suggéré comme la source de plusieurs oeuvres de Magritte en 1927-1928 représentant des personnes dont les visages sont masqués par un drap. Magritte se défendra cependant toute sa vie de toute lecture psychologique et analytique de son œuvre.
Sa carrière d'artiste démarre jeune : il commence ses premières leçons de dessin en 1910. Les premières peintures de Magritte, qui datent d'environ 1915, étaient de style impressionniste. De 1916 à 1918, il étudie à l'Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, avec Montald Constant, mais y trouve l'instruction sans intérêt. Les tableaux qu'il a produits au cours des années 1918-1924 ont été influencés par le futurisme et le cubisme pratiqué par Metzinger. On trouve beaucoup de nus féminins
En 1922, Magritte épouse Georgette Berger, qu'il connaissait déjà depuis son enfance et une foire à Char en 1913. De Décembre 1920 à Septembre 1921, Magritte sert dans l'infanterie belge en Flandres, à Beverloo. En 1922-1923, il travaille comme dessinateur dans l'usine de papier peint Peters-Lacroix avec le peintre Victor Servranckx, il dessine également des affiches et des publicités jusqu'en 1926, quand un contrat avec la Galerie Le Centaure de Bruxelles lui offre alors la possibilité de peindre à plein temps.
Magritte rencontre E. L. T. Mesens en 1920 et Camille Goemans et Marcel Lecomte en 1924, qui l’introduisent dans le milieu dada. Le groupe Surréaliste de Bruxelles s'ébauche dès 1924 avec le rapprochement de Nougé, Goemans et Lecomte, avec Mesens et Magritte, puis de Louis Scutenaire et Irène Hamoir en 1926. Il doit alors à Lecomte, ou selon Scutenaire à Mesens, sa plus grande émotion artistique : la découverte d’une reproduction du Chant d’amour de Giorgio De Chirico (1914). « Mes yeux ont vu la pensée pour la première fois », écrira-t-il en se souvenant de cette révélation.
En 1926, Magritte réalise sa première peinture surréaliste, Le Jockey perdu, et tient sa première exposition à Bruxelles en 1927. Les critiques sont unanimement mauvaises... Déprimé, il s'installe à Paris où il se lie d'amitié avec André Breton, et rencontre les surréalistes (Paul Éluard, Max Ernst, Salvador Dalí), participe à leurs activités et expose à la galerie Goemans .
La Galerie la Centaure ferme fin de 1929, mettant fin aux revenus de Magritte. N'ayant pas eu plus de succès à Paris et suite à sa brouille avec Breton, Magritte est retourné à Bruxelles en 1930 et reprend le travail dans la publicité (qu'il appelait ses travaux imbéciles). Son frère, Paul, et lui créent une agence qui lui assure un revenu décent. Il présente en 1931 une exposition organisée par Mesens, avec une préface de Nougé. Il adhère l'année suivante au Parti communiste belge et rencontre Paul Colinet. Magritte expose en 1933 au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles et dessine en 1934 Le Viol pour la couverture de Qu'est-ce que le surréalisme ? d'André Breton. Il réalise en 1936 sa première exposition à New York, à la galerie Julien Levy, fait la connaissance l'année suivante de Marcel Mariën et séjourne à Londres où il expose en 1938 à la London gallery de Mesens.
Qu'est ce que le Surréalisme (André Breton), dessin Le Viol (René Magritte) Je ne vois pas la [femme] cachée dans la forêt
Pendant l'occupation de la Belgique lors la Seconde Guerre mondiale, il reste à Bruxelles. Il a adopte brièvement un style coloré en 1943-44, intermède connu comme sa «période Renoir », en réaction à son sentiment d'aliénation lors de ce temps d'occupation de la Belgique. En 1946, renonçant à la violence et au pessimisme de ses travaux antérieurs, il signe le manifeste du « Surréalisme en plein soleil ».
En 1948, pour sa première exposition personnelle à la Galerie du Faubourg à Paris, Magritte peint en six semaines une quarantaine de tableaux et de gouaches dans un style Fauve provocateur et grossier, ce sera sa « Période Vache », dont aucune œuvre ne sera vendue à Paris. Irène Hamoir léguera ces œuvres au Musée de Bruxelles. Pendant ce temps, Magritte subvient à ses besoins en produisant de faux Picasso, Braque et Chirico à l'initiative de son frère Paul Magritte et de son compatriote surréaliste Marcel Mariën, à qui était dévolue la tâche de vendre ces contrefaçons. À la fin de 1948, il revient au style et aux thèmes de son art surréaliste d'avant-guerre.
Magritte rencontre Alexander Iolas en 1946. Celui-ci, conscient de la demande pour l'art Surréaliste aux USA, rentre en contact avec Magritte. Très vite, Magritte expose à la Hugo Gallery de New York en 1947 et Iolas deviendra son agent jusqu'au décés de l'artiste, lui achetant la totalité de sa production (ou de ce que Magritte n'anti-date pas pour se passer de ses services!). Les expositions se succèdent, consacrant l'artiste au cours des années 50 et 60.
De 1952 à 1953, Magritte réalise Le Domaine enchanté, huit panneaux pour la décoration murale du casino de Knokke.
Magritte meurt d'un cancer du pancréas le 15 Août 1967 dans son propre lit, âgé de 68 ans, et est enterré dans le cimetière de Schaerbeek à Bruxelles.
L'intérêt populaire pour l'œuvre de Magritte a considérablement augmenté dans les années 1960, et son imagerie a influencé l'art pop, minimaliste et conceptuel.

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DES FORÇATS ONT QUITTES LA ROCHELLE De nombreux forçats sont partis mercredi dernier de l'Ile de Ré pour le bagne. Notre photo montre un convoi quittant La Rochelle a destination de l’Ile, l'homme au chapeau mou est Castaner, danseur mondain, qui tua un de ses camarades. (Voir page 12.)
- Police Magazine. 2ieme année - n° 42. 13 Septembre 1931
#la rochelle#bagne#penal colony#convict transportation#ile de ré#maison centrale#citadelle de saint martin de ré#french guiana#guyane#history of crime and punishment#carceral archipelago#histoire de france#french prisons
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Lili Ilse Elvenes
Lili Ilse Elvenes, plus connue sous le nom de Lili Elbe (28 décembre 1882 – 13 septembre 1931), est une artiste peintre danoise et une femme trans connue pour être l'une des premières personnes à avoir transitionné en bénéficiant d'une chirurgie de réattribution sexuelle, en 1930.

Lili Elbe, d'abord connue sous son nom de naissance Einar Magnus Andreas Wegener fut présentée officiellement en tant que sœur d'Einar. Après l'opération réussie en 1930, elle fit officialiser son changement de nom en Lili Ilse Elvenes et cessa de peindre. Le nom « Lili Elbe » lui avait été donné par la journaliste danoise Louise « Loulou » Lassen.

Lili Elbe meurt en 1931, trois mois après sa greffe d'utérus, sans doute à cause d'un rejet de greffe.
On situe parfois la naissance de Lili Elbe en 1886, mais cela provient d'un livre comprenant certains faits modifiés dans le but de protéger l'identité des personnes impliquées. Les références factuelles à la vie de son épouse Gerda Gottlieb indiquent que l'année 1882 est correcte, puisque le mariage a eu lieu en 1904, durant leurs années d'études à l'université.

Il est possible que Lili Elbe ait été une personne intersexuée. Certains rapports indiquent qu'elle avait des ovaires rudimentaires et qu'elle aurait pu être porteuse du syndrome de Klinefelter.
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Frise chronologique :
1917 Guillaume Apollinaire utilise pour la première fois le mot surréaliste. Les artistes André Breton et Louis Aragon se rencontrent
1919 Mars : La revue Littérature qui est dirigée par André Breton, Philippe Soupault et Louis Aragon publie sont premier numéro Mai : L'écriture automatique est née des mains d'André Breton et Philippe Soupault lorsqu'ils rédigent Les Champs magnétiques.
1920 17 janvier : L'artiste Tristan Tzara débarque à Paris. 23 janvier : Le Palais des fêtes à Paris fait son premier Vendredi de Littérature 30 mai : Publication des Champs magnétiques au Sans Pareil.
1921 14 avril : Rupture entre André Breton et Tristan Tzara lors d'une dernière manifestation du Dadaïsme. 13 mai : Scandale au procès Barrès salle des Sociétés savantes. Décembre : À Paris se tient une exposition collective des oeuvres de Joan Miro et Man Ray à Paris
1922 Formation du « mouvement flou », qui deviendra le surréalisme au cours de l'année 1924 Mars : nouvelle parution de Littérature avril : André Breton quite finalement le mouvement Dada
1923 Juillet : Tristan Tzara organise une soirée au théâtre Michel avec le poète russe Iliazd. Septembre : l'artiste André Breton fait la rencontre du poète Saint-Pol-Roux.
1924 15 octobre : L'écrivain André Breton publie le Manifeste du surréalisme 1er décembre: Le premier exemplaire de La Révolution surréaliste est publié
1925 juin : La Galerie Pierre tient une exposition de l'artiste Joan Miro à Paris août : À l'occasion de la guerre du Maroc, le mouvement surréalisme se tourne vers le communisme
1926 Mars : Man Ray fait scandale avec ses statues océanienne, dite indécentes, exposée à Paris
1927 Janvier : Le fondateur du surréalisme, André Breton se joint au parti communiste. Juin : la Galerie Surréaliste tient une exposition de peintures réalisée par Yves Tanguy.
1928 Un chien andalou, célèbre film surréaliste, de Salvador Dali et Luis Buñuel est présenté devant public pour la première fois.
1929 Juin : La revue Variétés publie un numéro spécial : « Le surréalisme en 1929 ». octobre : Un Chien andalou film par Salvador Dali et Luis Buñuel est projeté au studio 28 de Paris
1930 Mars : Le troisième manifeste, du surréalisme par Robert Desnos est publié, juin : Le Second manifeste du surréalisme est publié aux Éditions Kra. juillet: Le premier numéro du Surréalisme au service de la révolution, dirigé par André Breton est publié
1931 Première exposition des artistes surréaliste (Dali, De Chirico, Ernst, Miró) à Hartford aux États-Unis Salvador Dali et Luis Buñuel récidivent avec le film L'Âge d'Or
1932 l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires est créée À New York se tient une exposition surréaliste
1933 Mai : Le groupe pragois Devestil se joint au mouvement surréaliste. Juin: La revue surréaliste Minotaure publie un premier numéro
1934 Salvador Dali visite la ville de New York Le Musée Royal tient une exposition d'œuvres surréalistes à Bruxelles
1935 Février : L'artiste Alberto Giacometti est évincé du groupe. 9 avril : Premier numéro du Bulletin international du surréalisme . 18 juin : Décès tragique de l'écrivain René Crevel à Paris Octobre: Fondation du groupe surréaliste Contre Attaque. Novembre : La galerie Pierre tient une exposition des oeuvres de Victor Brauner
1936 Mars : Le groupe surréaliste Contre Attaque décide de se séparer Mai : La galerie Charles Ratton tient une exposition surréaliste à Paris Juillet : À Londres se tient une deuxième exposition internationale du surréalisme, y présentent des artistes tels : Duchamp, Giacometti, Picasso... Décembre : Le musée MoMa tient une exposition sur l'art surréaliste et Dada à New York
1937 André Breton publie le livre De l'humour noir.
1938 La Galerie des Beaux-Arts présente une exposition internationale du surréalisme à Paris. André Breton rencontre Léon Trotski au Mexique pour écrire le Manifeste pour un art révolutionnaire indépendant.
1939 Exile des surréalistes vers les États-Unis Coup de tonnerre, l'artiste Salvador Dali se fait rejeter du surréalisme
1940 À Mexico se tient l'exposition internationale du surréalisme Dans le Midi de la France, les artistes surréalistes se regroupent.
1941 Juillet : À cause de la guerre, André Breton s'exila à New York
1942 La galerie Art of this Century de Peggy Guggenheim célèbre sont inauguration à New York.
1945 À Paris se tient une rétrospective des oeuvres de Max Ernst
1946 André Breton est de retour en France
1947 Expositions internationales du surréalisme
1949 La galerie Drouin tient une rétrospective des tableaux de Francis Picabia à Paris
1950 La galerie Drouin tient une exposition des oeuvres de Max Ernst à Paris
1952 18 novembre : Décès de Paul Éluard à Charenton-le-Pont en France
1953 30 novembre : Décès du peintre Francis Picabia à Paris
1954 Les lauréats de la Biennale de Venise sont Max Ernst, Jean Arp et Joan Miró
1955 15 janvier : Décès de l'artiste français Yves Tanguy à Paris
1956 À Berlin se tient une rétrospective des oeuvres de Max Ernst
1957 1 janvier : Décès tragique de l'artiste Óscar Domínguez à Paris
1959 Le Musée d'Art Moderne tient une rétrospective des oeuvres de Max Ernst à Paris
1960 Une grande Exposition internationale sur le Surréalisme se tient à Paris
1963 25 décembre : Décès du célèbre Tristan Tzara à Paris en France
1964 La galerie Charpentier tient une rétrospective sur le surréalisme à Paris
1965 Le Musée d'Art Moderne tient une rétrospective du travail d'André Masson à Paris
1966 Fin historique du surréalisme. 7 juin : Décès de Jean Arp à Basel en Suisse 28 septembre : Décès du poète André Breton à Paris
1967 15 août : Décès de l'artiste René Magritte à Lessines en Belgique.
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Affiches du 2ème film de la trilogie de Yamada Yōji 山田洋次, “ La servante et le samouraï” (2004)
Yamada Yōji 山田洋次, est un scénariste et réalisateur japonais né le 13 septembre 1931 à Toyonaka au Japon. Il est particulièrement connu pour avoir réalisé 45 films parmi les 48 composant la série de films Otoko wa tsurai et pour sa trilogie Samouraï “Le Samouraï du crépuscule" (2002), "La Servante et le Samouraï" (2004) et "Amour et Honneur" (2006).
#yamada yoji#scriptwriter#director#film#the hidden blade#japan#scénariste#réalisateur#la servante et le samouraï#japon
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Terre créée, terre abîmée
Terre créée, terre abîmée
Prédication par Andrew Rossiter à Dieppe le 15 septembre 2019
Jérémie 4.11-12, 22-28, Luc 15.1-10

La crise de l’adolescence est un malaise que le jeune ressent montée du fond de son être. Il se sent inadapté, insécure et incompris. Il n’est pas à sa place dans sa famille et dans la société. Bien entendu il existe des ados qui passent ces années sans crise, mais pour la plupart ils vivent un tel changement que cela peut devenir un cauchemar vivant. L’adolescence habite un corps adulte mais il est traité comme un enfant. Et ce malaise déborde de la personne elle-même pour inclure ceux et celles qui sont les plus proches, la famille, les parents , les frères et soeurs et les amis. «Quand je vais mal, tout va mal !».
Voici la troisième prédication dans une série sur des textes du livre de Jérémie. La première était sur Jérémie 2.1-13 et porte le titre «De l’eau sur Mars», la deuxième de la semaine dernière sur Jérémie 18.1-10 avait pour titre «Jérémie chez le potier». Les textes sont les lectures alternatives dans le lectionnaire international et vous pouvez consulter ces prédications sur le site de Prédications et Sermons au blog https://pasteurluneray.tumblr.com. Prendre les lectures du dimanche est une façon de se confronter avec des textes que je n’aurais peut-être pas choisi moi-même, qui ne figurent pas dans mes playlists préférés. Et en toute franchisse, je n’aurais pas choisi le texte de ce matin, un véritable défi lancé au prédicateur!
Ce poème de Jérémie est «dangereux» selon Walter Brueggemann (né en 1931, Brueggemann est un théologien protestant américain, expert en le Premier Testament. Il est reconnu comme un des plus importants experts de la théologie progressiste. Ici je fais reference à son livre sur Jérémie «To Pluck Up, to Tear Down: A Commentary on the Book of Jeremiah 1–25: International Theological Commentary on the Old Testament». Eerdmans Publishing Company, 1988.«Abattre, abattre: un commentaire sur le livre de Jérémie»).
Ce poème décrit un peuple sans direction et un monde sans ordre, remplit de mal et de colère. Entendre ce poème nous place devant les mêmes puissances qui sont à l’oeuvre dans notre monde aujourd’hui, les puissances de la mort et de la destruction. Mais en écoutant ce que Jérémie dit, nous sommes surpris d’entendre des échos d’un autre texte, un autre poème, celui de Genèse chapitre 1.
Le mot qui résonne le plus fort à nos oreilles est le «grand vide» du verset 23 (traduction Bible Parole de Vie). Aussi traduit par «désert» (TOB), «chaos» (NBS) ou chez Chouraqui le «tohu-bohu», le seul autre endroit où ce terme apparaît dans les écritures.
Rappelons-nous,
«Au commencement Dieu crée le ciel et la terre La terre était un chaos, elle était vide Il y avait des ténèbres au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu tournoyait au-dessus des eaux» (Gen 1.1-2, NBS)
Moins facile à saisir, mais bien plus poétique est la traduction de Chouraqui:
Entête Elohim créait les ciels et la terre La terre était tohu-et-bohu Une ténèbre sur les faces de l’abîme Mais le souffle d’Elohim planait sur les faces des eaux.
Jérémie place en filigrane dans son texte le récit de la création. En devenant un peu plus attentifs, nous découvrons d’autres références, nous entendons d’autres echos de ce récit.

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Le vent. Le souffle qui vient du désert (v.11) est le même mot pour l’esprit de Dieu en Genèse. Là le souffle plane et tournoie pour animer le chaos, y mettant son énergie pour préparer le travail divin de séparer, former et façonner la création.
Pour Jérémie ce même mot, cette même réalité, devient un outil de jugement qui brule les hauteurs.
La parole. Dieu dit, nous dit le texte de Genèse. La parole divine se fait entendre et à l’echo de sa voix émergent la lumière, les eaux, la terre, les plantes, le soleil, lune, étoiles, animaux et l’être humain. Tandis que ce même verbe chez Jérémie prononce un jugement destructeur sur la création.
Voir. Dieu voit,Dieu voit six fois en Genèse et à chaque fois ce que Dieu voit est bon: «Elohim voit tout ce qu’il a fait, et voici un bien intense» (Gen 1.31 Chouraqui).
Par contre le prophète déclare, «je regarde ou je vois» quatre fois. En fait le texte nous dit que quand le prophète voit il exprime aussi l’impératif à son peuple «regarde». C’est encore Chouraqui nous rend ces versets plus parlant en disant «je vois, voici!». Jérémie veut que nous voyons ce qu’il voit. Il veut que nous partageons sa vision du monde.
Et il voit le monde, non pas comme «un bien intense», mais brulé, abîmé, vide et chaotique. Et en verset 25, il nous dit ce qu’il ne voit pas, «Je vois, et voici, il n’est pas l’humain».
Adam, la création de Dieu, animée par son souffle divin, n’y est plus, pas plus que tous les autres animaux, oiseaux et bêtes.
La quatrième fois que Jérémie regarde le monde il voit que les villes, les champs, les forêts et toutes les créations humaines n’y sont plus. Ils sont remplacés par le chaos et le désordre. Tout est détruit.
Qui ne peut pas entendre ces paroles et penser à notre monde d'aujourd’hui? Qui ne peut pas écouter ces paroles et entend les échos de ce qui se passe dans notre monde? Je ne vais pas faire une liste de ce qui se passe dans le monde, vous savez autant que moi ce qui se passe. J’aimerais juste partager avec vous une citation de Corinne Lanoir dans un petit livre de la Fédération Protestante de France, «Terre crée, terre abîmée, terre promise… écologie et théologie en dialogue»
«La multiplicité des diagnostics inquiétants concernant l’état de la planète pose à l’humanité la question redoutée de sa survie. Suite aux échecs répétés des grandes institutions internationales à s’accorder sur des contraintes justes et partagées quant à l’usage des ressources limitées qu’offre la planète, un sentiment d’impuissance gagne les sociétés et les élites qui les représentent, qui hésitent entre l’attente d’un pouvoir fort et la crainte de l’anarchie. Il en résulte une sidération des esprits qui, aveuglés par l’incertitude, se figent dans une fatigue désespérée ou s’évadent dans des aventures prêtes à répandre la terreur.»
Elle place les alternatives entre, d’un côté une tentation de moraliser qui résulte dans une sorte de vision apocalyptique qui cherche à blamer les victimes. Et de l’autre côté une tendance de se retirer en se disant, «quoi que je fasse, ça ne changera rien. Donc j’attends que quelqu’un me dise ce qu’il faut faire».
Jérémie nous offre autre chose avec la répétition de «je vois, voici». Je vois, regarde!
Jérémie nous oblige à regarder ce que nous préférons ignorer. Il veut que nous regardions en face le mal que nous produisons dans notre comportement: la destruction que nous infligeons à notre environnement, la desolation que nous semons dans la nature et la devastation que nous répandons dans les forêts, contre les animaux et les oiseaux.
Si nous pensons que tout ira bien…
Si nous sommes de celles et ceux qui disent, après tout l’humanité a toujours trouvé une solution aux différents crises dans son histoire…
Si nous imaginons que ce n’est pas si grave que cela…
Nous devons entendre le message de Jérémie encore une fois. Je vois, il dit, regarde!. Viens avec moi, il dit, viens et entend les lamentations et les pleurs de toute la création.
Et si nous sommes capables de faire ce déplacement, nous commencerons à comprendre comment nous avons trahi notre vocation comme gardiens de la divine création et nous pouvons trouver le courage de retourner vers Dieu en humilité et en repentance.
Le jugement de Dieu est terrible, il est final et sans appel. Ce jugement nous force à nous regarder. Il nous oblige à assumer nos responsabilités, à repentir et à détourner d’une voie de destruction pour embrasser la création de ce bien intense.
Quand l’humain va mal, tout va mal. Nous ne répondons pas seulement pour nous-mêmes, pour nos actions, nos fautes et nos manquements, mais nous sommes co-responsables de l’ensemble. Quand nous faisons le mal, nous infligeons ce mal à la terre entière.
Et c’est seulement à ce moment, quand nous avons fait ce cercle de retour, ce metanoia, que nous pouvons aussi entendre de la bouche de Jésus la promesse de Dieu qui est celui qui sans cesse cherche ce qui est perdu.
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''Un peu d' histoire et de culture'' Le 13 juin 1929, le ministère de l’Intérieur accuse les communistes de comploter contre la sureté de l’Etat. Le 16 août, le gouvernement tente de liquider l’Humanité en lui coupant les vivres, via la liquidation de la Banque Ouvrière et Paysanne. En réponse à un appel de Marcel Cachin, 150 Comités de défense de l’Humanité (CDH) se constituent pour la collecte de fonds et parviennent à sauver le journal. Le Parti communiste les pérennise et les réunit fin juillet 1930 à la Bellevilloise, et le 7 septembre en Congrès à Bezons. La Fête qui en découle, expressément consacrée à la défense de l’Humanité, va s’imposer comme l’acte de naissance des Fêtes de l’Humanité, non plus pour la sauver, mais pour la soutenir dès 1931.C’est donc avec une certaine constance que l’Humanité appelle au sursaut populaire, et l’objectif s’avère plus que jamais d’actualité au vu de la situation financière du journal. https://www.instagram.com/p/B2Cyy0si-d0/?igshid=5b9ihck3niev
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Des femmes à l’honneur
A la lecture du livre de Bryan SYKES, les sept filles d’Eve, dont l’une est très probablement ma lointaine ancêtre en remontant du côté des mères, je me suis demandée quelle était ma plus lointaine ancêtre connue dans mon ascendance cognatique (par les femmes).
Bien sûr, son âge est sans commune mesure avec celui de notre lointaine ancêtre commune dont l’âge peut varier entre 45 000 ans et 10 000 ans avant Jésus-Christ.
Ce qu’il y a tout de même de remarquable, c’est que toutes les femmes de ma lignée cognatique et même ma fille et ma petite-fille ont la même séquence ADN (Acide DésoxyriboNucléique) dans leurs mitochondries (petites particules se trouvant dans le cytoplasme de la cellule qui entoure le noyau), tout comme notre lointaine ancêtre.
Faisons une petite parenthèse sur l’ADN se trouvant dans une cellule. Il y a l’ADN du noyau de la cellule (le plus connu) qui est hérité des deux parents et qui est différent pour pratiquement chaque être humain. Il y a l’ADN-Y qui n’existe que chez les hommes et l’ADN mitochondrial qui existe chez tout individu mais qui est transmis par les femmes. Pour comprendre pourquoi, il faut revenir au moment de la conception d’un enfant. Lorsque le spermatozoïde réussit à pénétrer dans l’ovule, les chromosomes de son noyau se mélangent à ceux du noyau de l’ovule et le reste du spermatozoïde est rejeté. Donc, que le futur bébé soit un garçon ou une fille, ses cellules ont un cytoplasme identique à sa mère.
Ma plus ancienne ancêtre connue de la lignée maternelle se situe à la dixième génération par rapport à moi et porte le numéro SOSA 1023. Nous sommes donc dix femmes, dans ma lignée, à avoir le même ADN mitochondrial et on peut en compter douze si on ajoute ma fille et ma petite-fille. Toutes ces femmes ont chacune un nom de famille différent puisqu’il leur vient généralement de leur père et elles ont également des caractéristiques physiques différentes puisque l’ADN du noyau de leurs cellules est différent. Mais nous portons dans chacune de nos cellules un message de nos lointaines ancêtres, un marqueur familial.
Jeanne LELEU (N° 1023) a vu le jour à Lynde (près d’Hazebrouck, dans le Nord) vers 1672. Son nom ne sonne pourtant pas flamand mais l’Artois n’est pas bien loin. Son nom s’est construit à partir du vieux français leu qui veut dire loup. Heureusement que ma petite-fille ne porte pas nom, elle se serait appelée Lou LELEU ou Lou LELOUP ! Ce prénom de Lou a-t-il été donné inconsciemment ? Et le deuxième prénom de ma petite-fille n’est autre que Jeanne. C’est donc un bel hommage rendu à notre ancêtre même si cela n’a pas été fait exprès.
Jeanne LELEU s’est mariée à l’âge de vingt-neuf ans, le 13 août 1701, dans son village natal, avec Antoine BOUREZ, un jeune-homme de vingt-cinq ans qui était manouvrier. Elle est dite de même condition. Et, en effet, ni les mariés ni leurs proches, ne savent signer. Ils apposent simplement une marque en forme de croix sur l’acte de mariage.
Toutefois, deux de leurs témoins, Charles Jacques GHYS et Guillaume Augustin DE CREUS apposent une belle signature au bas de l’acte. Charles Louis GHYS était le fils de Pierre GHYS, l’ancien bailli de Lynde décédé six ans plus tôt. Il était un peu plus jeune que les mariés puisqu’il avait vingt-deux ans en 1701 et il allait devenir avocat au Parlement de Flandre. Guillaume DE CREUS était bourgeois de Cassel et coûtre de la paroisse de Lynde.
Marie Françoise BOUREZ (N° 511) est la fille de Jeanne LELEU. Dans des relevés d’actes, elle avait été dite baptisée à Lynde le 27 mars 1703 mais lorsqu’on consulte les actes sur le site des Archives Départementales du Nord, on lit bien qu’il s’agit de François qui mourra à l’âge de deux ans et demi. Je n’ai malheureusement pas trouvé l’acte de naissance de Marie Françoise ni son acte de mariage avec Jean LOOCKEREN. D’après les dates et lieux de naissance de leurs enfants, j’ai pu en déduire que le couple avait quitté Lynde pour Blaringhem entre 1738 et 1740. Je n’ai pas non plus trouvé leurs dates de décès ni à Lynde ni à Blaringhem.
Leur fille, Marie Françoise LOOCKEREN (N° 255) est née le 17 septembre 1731 à Lynde. Son nom devient LOOKERS, à son mariage, célébré le 4 août 1761 à Lynde, avec Nicolas François GRISELEIN qui est cabaretier. L’une de ses sœurs s’appelle Marie Jeanne DE LOCRE, d’autres frères et soeurs voient leur nom écrit LOOKER, LOOCKER ou LOCKER. A son inhumation, le 24 août 1800 ou plutôt le 6 fructidor de l’an VIII, elle porte le nom de DE LOCKERS ou LOCKERS.
Leur fille, Marie Jeanne Françoise GRISELEIN (N° 127) a vu le jour à Lynde le 10 juin 1762. Elle n’avait pas encore vingt ans lorsqu’elle a épousé François Joseph WATERLOOT qui avait une bonne dizaine d’années de plus qu’elle. Il semblerait que dans la famille WATERLOOT, lors de chacun des mariages de leurs enfants, il soit demandé une dispense de publication de deux bans sur les trois réglementaires à l’évêque de Saint-Omer ou à celui d’Ypres. Je les soupçonne de vouloir montrer qu’ils avaient de l’argent et qu’ils pouvaient s’affranchir des règles en usage ou était-ce un prétexte pour faire un don important à l’évêché ? Sur l’année 1782, il y a eu sept mariages à Lynde et quatre couples ont demandé une dispense de deux bans dont deux dans la famille WATERLOOT. C’est dire que cette pratique était assez courante et n’était pas spécifique à la famille WATERLOOT.
Marie Jeanne GRISELEIN et François Joseph WATERLOOT sont décédés à deux mois d’intervalle, en 1830, elle le 2 février et lui le 15 avril.
Leur fille, Reine Séraphine WATERLOOT (N° 63) est née le 10 février 1795 à Lynde ou plus exactement le 22 pluviôse de l’an III. Elle a probablement veillé sur ses parents jusqu’à leur dernier souffle et ne s’est mariée qu’après leur décès. Elle avait alors trente-six ans lorsqu’elle a pris pour époux Napoléon Henri DECOUVELAERE, un cultivateur de vingt-sept ans, le 5 octobre 1831. Ils ont eu un petit garçon, Charles Henri en 1932 et une petite fille, Adèle Caroline en 1836. Le petit garçon est mort cinq mois après la naissance de sa petite sœur. Adèle Caroline est donc devenue fille unique et je suppose que sa mère l’a élevée dans la crainte permanente qu’il lui arrive malheur. Bien que plus jeune que son épouse, Napoléon Henri est décédé en premier, à Lynde le 11 octobre 1878 tandis que Reine a quitté le monde des vivants le 16 mai 1889, à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans, au domicile de sa fille Adèle .
Adèle DECOUVELAERE (N° 31) s’est mariée à l’âge de vingt-quatre ans, avec un cultivateur originaire de Blaringhem, âgé de trente-huit ans, Pierre François WYART. Ils avaient fait un contrat de mariage chez Maître DECOOL, notaire à Wallon-Cappel. Le couple a vécu à Lynde et a eu trois filles qui y sont nées. Pierre François WYART mourra dix mois à peine après le mariage de sa plus jeune fille Sidonie avec Rémy CAULIER, soit le 19 septembre 1893 tandis qu’Adèle lui survivra un peu plus de quinze ans. Elle s’éteindra chez sa fille Sidonie, à Estaires, le 17 février 1909.
Leur deuxième fille, Julienne WYART (N° 15) est mon arrière-grand-mère. Elle avait vingt-quatre ans lorsqu’elle a épousé Jérémie VANBREMEERSCH, un cultivateur domicilié à Renescure et âgé de vingt-huit ans. Je leur ai découvert une lointaine parenté par les BELLENGIER. Adélaïde BELLENGIER, la grand-mère de Jérémie VANBREMEERSCH n’était autre que la sœur d’Agnès BELLENGIER, l’arrière-grand-mère de Julienne WYART.
tableau extrait de mon logiciel de généalogie HEREDIS
Ils ont eu six enfants, trois garçons et trois filles, tous nés à Zuytpeene. On a vu, dans les articles sur Zuytpeene et Noordpeene, qu’ils ont quitté leur ferme de Zuypeene pour en reprendre une autre à Noordpeene. Julienne WYART est décédée, le 19 juin 1939, à Arnèke où le couple s’était retiré après le mariage de leur dernier fils, Gaston, en 1931.
Mais, avant sa mort, elle a eu la douleur de perdre deux enfants, sa fille aînée Noémie, le 31 octobre 1940 à l’âge de quarante ans et son plus jeune fils, Gaston, le 17 mars 1939, à l’âge de trente-sept ans. Après le décès de son épouse, Jérémie VANBREMEERSCH était hébergé alternativement chez son fils Rémy ou chez sa fille Marie-Louise. Il est d’ailleurs décédé chez elle, à Wormhout, le 5 juillet 1954. Il allait bientôt avoir quatre-vingt-quatorze ans. On m’a dit que j’étais montée sur ses genoux, mais j’étais trop jeune pour m’en souvenir.
Ma grand-mère, Marie-Louise VANBREMEERSCH (N° 7) s’est mariée à l’âge de vingt-quatre ans, tout comme sa mère et sa grand-mère, le 6 septembre 1920, avec un jeune-homme du même âge, Paul DEHAENE qui était agriculteur à Zermezeele. Sa jeunesse a été gâchée par la Première Guerre Mondiale. Elle avait presque dix-neuf ans lorsque le conflit a débuté. Son frère Rémy qui appartenait au 145° RI a été fait prisonnier le 7 septembre 1914 à Maubeuge et il a été envoyé dans un camp à Münster, en Allemagne. Sans compter l’angoisse permanente qui devait habiter chaque membre de a famille, Marie-Louise et sa sœur Maria devaient passer le plus clair de leur temps à tricoter chandails, écharpes et chaussettes et transformer des produits de la ferme en confitures, terrines de viandes pour envoyer de généreux colis à leur frère.
Ma grand-mère en 1917
Ils ont eu cinq enfants et après le mariage de leur fils Bernard, en 1951, ils se sont installés à Wormhout. Ils n’avaient alors que cinquante-six ans chacun et auront exploité leur ferme durant trente et un ans. Ils ont connu une heureuse et longue période de retraite qui a duré vingt-sept ans pour ma grand-mère et trente-cinq ans pour mon grand-père. Marie-Louise est décédée le 30 janvier 1970 à son domicile à Wormhout et Paul a vécu jusqu’au 18 avril 1986. Il avait quatre-vingt-onze ans lorsqu’il est mort.
Ma mère, Marie-Paule DEHAENE (N° 3) fêterait ses soixante-dix ans de mariage en mai 2019 si elle et mon père étaient encore en vie. Tout comme sa mère, elle fait partie d’une génération dont la jeunesse a été sacrifiée à cause de la guerre. Elle avait dix-sept ans et demi lorsque la guerre a été déclarée. Elle a passé presque cinq ans recluse dans la ferme de Zermezeele avec sa famille. Ses frères étaient trop jeunes pour partir à la guerre mais elle savait que le fils des voisins les plus proches avait été fait prisonnier par les Allemands en 1940. C’est ce garçon, Michel DEQUIDT, qu’elle épousera le 30 mai 1949 pour s’installer avec lui sur une ferme à Coulogne.
Ma mère, dans les années 1945- 1948
Ils ont exploité leur ferme durant vingt-cinq ans car mon père a pris sa retraite à soixante ans, ma mère n’avait alors que cinquante-deux ans, en 1974. Tout comme mes grands-parents, ils ont eu une longue et heureuse retraite (toutefois gâchée par la maladie dans les dernières années) qui a duré trente et un ans pour mon père et quarante ans pour ma mère. Mon père est décédé le 30 août 2005 à l’âge de quatre-vingt-onze ans et ma mère le 25 novembre 2014 à l’âge de quatre-vingt-douze ans.
Six générations de femmes ont pratiquement tout le temps vécu à Lynde. Ce n’est qu’à partir de mon arrière-grand-mère que ma lignée de femmes a commencé à s’installer de plus en plus loin de Lynde.
Julienne WYART a vécu à Lynde, Zuytpeene, Noordpeene et enfin à Arnèke.
Marie-Louise VANBREMEERSCH a vécu à Zuytpeene, Noordpeene, Zermeeele et enfin Wormhout.
Ma mère a vécu à Zermezeele puis à Coulogne.
Moi, j’ai vécu à Coulogne puis à Châtillon et Dieu seul sait où j’irai plus tard.
Ma fille a vécu à Châtillon, Paris, Calgary et maintenant Sceaux. Ira-t-elle vivre un jour au Canada ou aux Etats-Unis, l’avenir nous le dira ?
Et Bébé Lou a toujours vécu à Sceaux, pour l’instant mais elle ira bientôt au Canada et aux Etats-Unis. Sûre qu’elle aimera.
P.S. : Je m’aperçois que je n’ai aucune photo d’Adèle DECOUVELAERE. Si des cousins en possèdent, ils peuvent m’en envoyer un scan à l’adresse :
Je les remercie à l’avance.
Sources :
Image des deux ADN : https://www.google.fr/search?biw=1444&bih=670&tbm=isch&sa=1&ei=b6hZXP3eGqOKlwTxpLLQBg&q=adn+mitochondrial+et+adn+nucl%C3%A9aire&oq=adn&gs_l=img.1.0.35i39l2j0i67l2j0l6.5409.6670..8911...0.0..0.69.168.3......1....1..gws-wiz-img.thohtKnfMis#imgrc=nZwB3Nsr-Je-_M:
Image de l’ovule et du spermatozoïde : https://www.google.fr/search?q=ovule+et+spermatozoide&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwii38C-9qTgAhUkgM4BHTozCvIQ_AUIDigB&biw=1444&bih=670&dpr=1.1#imgrc=zOalHDO8TlgVHM:
Actes d’état-civil Archives Départementales du Nord :
https://archivesdepartementales.lenord.fr/?id=archives_online
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Dimanche 30 avril 2017.
Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation. De nombreuses cérémonies en France. Une commémoration au Mémorial de la Shoah suivie d’une cérémonie au mémorial des martyrs et de la déportation. Sur la photo, Mr Jean Villeret, déporté au Struthoh, le seul camp de concentration nazi en France. Ce camp, qui avait une petite chambre à gaz, est très peu connu au regard des autres camps de concentration et d’extermination.
« D'avril 1941 à septembre 1944, le camp, construit en Alsace annexée sur le site d'une charmante station touristique de montagne, a reçu quelque 17 000 déportés, 52 000 en tenant compte de la nébuleuse de camps annexes, regroupés de part et d'autre du Rhin sous le nom de KL-Natzweiler. Près de 22 000 y sont morts au total* ».
Aujourd’hui, le 1er mai 2017, il y a un meeting électoral du Front National qui se présente comme un parti patriote, en omettant de signaler que ses éléments fondateurs étaient pour de nombreux membres issus de la collaboration avec l’Allemagne nazi**.
Il y a au mémorial de la Shoah des murs sur lesquels sont gravés les noms de 76.000 juifs français déportés. Parmi eux 11.000 enfants. Sur ce mur, outre mes deux grands-mères, il y a Raymonde, une des petites sœurs de ma mère. Née en 1931, elle fut déportée dans le convoi 66 du 20 janvier 1944 en direction de Auschwitz, un voyage sans retour pour la plupart des 1153 juifs de ce convoi. Raymonde avait 13 ans.
Les nationalismes sont porteurs de mauvaises graines. Exclusion, racisme, mises à l’écart de ceux qui pensent autrement. Nous l’avons souvent vu. Malheureusement nous le reverrons. En dehors des frontières de l’Union Européenne, récemment, la Yougoslavie, autrefois membre essentiel, avec le Maréchal Tito, du mouvement des états non alignés, a explosé par la faute et l’ambition d’hommes politiques qui ont attisé les différences et fait resurgir des blessures que l’ont croyait soignées.
L’Union Européenne, avec tous ses défauts, qui je l’espère seront corrigés bientôt, à pour vocation de protéger ses habitants de conflits potentiels. Certes le spectre du nationalisme rode autour de nous, et c’est une raison supplémentaire pour le combattre par les urnes, et refuser une aventure dont nous ne savons pas où elle pourrait nous mener.
Il faut mettre un nom sur celui qui peut aujourd’hui nous éviter le pire : c’est Emmanuel Macron, qu’on l’aime ou non n’a que peu d’importance à côté de l’enjeu qui va se jouer dimanche prochain : la destruction de l’Europe et le champ ouvert à de nouvelles aventures nationalistes, synonymes d’affrontements entre les peuples.
* source : http://www.ouest-france.fr/europe/france/journee-de-la-deportation-struthof-le-seul-camp-nazi-francais-3360382
** source : https://www.facebook.com/jrollandrjc/posts/524407304303392
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Commisération
Lavoûte-Chilhac, Lundi 22 juillet 2019
Commisération
Sentiment de compassion, en présence des malheurs d'autrui : Élan de commisération. Le peuple russe est courageux et patriote, mais aucune race n'est plus accessible à la commisération, et je sais de source sûre que la pensée des souffrances accumulées par cette guerre commence à émouvoir les masses. Joffre, Mémoires, Tome 2, 1931
Expatrié volontaire tout au long de ma vie: en Algérie, aux deux Amériques, en Allemagne de l'Est et pour finir en Mandchourie ; j'éprouve beaucoup de commisération pour les réfugiés politiques ou autres qui trouvent refuge chez nous.
La visite hier de nos amis arméniens de Clermont-Ferrand dont j'ai enfin fait la connaissance, m'a réconforté ; ils sont arrivés tous quatre dans leur propre voiture bien plus moderne et récente que la notre, de Clermont où ils résident dans un vaste appartement, ils ont retrouvés là-bas leur frère et beau-frère professeur à la faculté.
Deux fois émigrés, une première fois d'Arménie vers Alep où ils ont admirablement réussi dans leur harmonieuse communauté, et voilà deux ans vers la France, chassés par le délabrement de la ville du fait des bourdes des occidentaux dans leur lutte contre les intégristes musulmans au Moyen-Orient où l'intégrité des pays où ils interviennent n'est pas respectée ; ils se sont sortis avec brio de cette situation et n'en garde aucune amertume.
Vahram et Asram, leurs enfants de 13 et 11 ans se sont aisément scolarisés à Clermont où à l'exemple de leur oncle ils vont faire de brillantes études, Ohans et Wanor leurs parents sont plus démunis ne parlant pas encore le français, mais Ohans s'est tout de même brillamment intégré comme tourneur dans un grande entreprise clermontoise de la sidérurgie où il fait posément son nid.
J'ai eu grand plaisir à faire leur connaissance et ils ont fait la conquête d'Oscar qu'ils ont longuement baladé.
Nous ne manquerons pas de nous revoir, Clermont n'est pas si loin et je me réserve de leur faire goûter au chevreau que j'ai commandé pour septembre.
L'amitié ça se nourrit.
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Que la première guerre mondiale éclate marie de saint exupéry à la traditionnelle séance de dédicaces de l’auteur avant la parution de l’œuvre en avril.
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Des scientifiques russes ont récemment remis en cause le record de longévité de la Française, morte en 1997. Selon eux, sa fille, Yvonne, aurait usurpé son identité. Hypothèse à laquelle ne souscrivent pas les spécialistes des « supercentenaires ».

Pour les vêpres, elle trottait jusqu’à Saint-Trophime, l’église chic de la ville, ses talons sonnant dans les ruelles, une voilette, du rose aux joues (peut-être un peu plus que nécessaire), rabrouant ceux qui la dévisageaient de trop près, à la fois fière et furieuse de son âge. Et chaque jour, des décennies durant, tout Arles regardait passer Jeanne Calment en se demandant : « Mais combien d’années peut-elle avoir ? »
L’Arlésien Rémi Venture s’est, comme tout un chacun, posé la question quand il était enfant. Aujourd’hui directeur des archives de la ville, il connaît par cœur l’écheveau des vieilles familles, toutes un peu cousines, un peu voisines, cohabitant de génération en génération dans l’intimité de ce gros village. Il a manqué tomber du lit en apprenant que deux chercheurs russes soutenaient que Jeanne Calment, doyenne de l’humanité, née en 1875 et morte à 122 ans et 164 jours en 1997, serait une diabolique usurpatrice. Selon eux, Jeanne ne serait pas Jeanne : la vraie aurait été enterrée en 1934, à 59 ans, et Yvonne, sa fille, 36 ans, aurait pris son identité. L’arnaque du siècle.
Lire aussi Des chercheurs russes remettent en question l’âge de la mort de Jeanne Calment
« Quand on est arlésien, on ne peut pas y croire. Duper toute une population ? Impossible », répète Rémi Venture. Ce soir-là, l’archiviste est aux vœux du maire (PCF), Hervé Schiavetti, où se presse la ville. Dans la lumière pâle et l’entre-soi de la Provence hors saison, on y parle de tout, sauf de la doyenne. Vue d’ici, l’hypothèse russe n’est pas une conversation. Une hérésie, plutôt.
Dans le monde de la recherche, l’hypothèse russe a fait, en revanche, l’effet d’une bombe à fragmentation. Beaucoup de spécialistes n’y croient pas, certains parlent de « fake news ». Pourtant, elle a fini par instiller le doute, diviser les équipes, y compris celles qui ont travaillé des années ensemble sur le sujet. Une réunion de crise informelle a fini par se tenir à Paris, mercredi 23 janvier, entre chercheurs internationaux.
Dans son appartement de Meudon (Hauts-de-Seine), le docteur Michel Allard a retrouvé ses documents, accumulés il y a plus de vingt ans, quand il avait convaincu le laboratoire Ipsen d’explorer le mystère du grand âge. Une équipe pluridisciplinaire avait alors sélectionné une cohorte de 300 centenaires, dont Jeanne Calment. Celle-ci en était vite devenue la vedette, vampirisant le projet autour de sa longévité prodigieuse, qui laissait ses concurrents loin derrière elle.
Souvenirs piquants
« Une usurpation ? C’est possible », dit aujourd’hui Michel Allard. L’étude d’Ipsen s’appelait alors « Le secret des centenaires ». Et s’il s’était trompé de mystère ? Aurait-il mieux valu la baptiser « Le secret de Jeanne Calment » ? L’idée paraît amuser M. Allard, excitante au point de lui donner l’envie de se repasser le film au ralenti. Où est la faille ? « Docteur Polar », pourrait-on le surnommer. Lui-même menace d’ailleurs d’en écrire un, tendance provoc. Jeanne Calment est restée une grande aventure dans la vie de « Docteur Polar », comme pour tous ceux qui l’ont croisée : vraie ou fausse, l’éternité ne vous frôle pas si souvent.
A la première rencontre de la vieille dame avec l’équipe d’Ipsen, en 1990, ses papiers d’identité lui donnaient 115 ans. Sa vie commençait à peine. Sa vie de star, s’entend. C’est une artiste locale qui était tombée sur elle à la Maison du lac, établissement pour personnes âgées, en cherchant les traces de Vincent Van Gogh à Arles. Jeanne Calment s’était révélée être l’unique survivante susceptible d’avoir connu le peintre : elle avait 13 ans en 1888, à son arrivée en ville. Aux journalistes, la vieille dame sert quelques souvenirs piquants sur celui qu’elle baptise crânement « le Dingo ». Ils sont frelatés, bien sûr. Jeanne Calment lève un sourcil. Et alors ? C’est ce que les gens voulaient entendre, non ? « J’ai attendu suffisamment longtemps pour être célèbre, je compte bien en profiter le plus longtemps possible. » Son aplomb sidère les visiteurs. « Un monstre, mais un monstre intéressant », résume Anne Gromaire, reporter à Radio France.
Lire aussi Le boom de l'âge à trois chiffres, par Roger-Pol Droit
Le monstre ne fait pas son âge, si tant est que l’appréciation ait un sens : au-delà de 115 ans, la cohorte des survivants s’étiole furieusement. Exploré au scanner, son cerveau présente peu d’atrophies liées à l’âge. Aucun problème de santé, pas de régime, des performances intellectuelles comparables à celles d’une personne de 80 ans.
« Docteur Polar » se souvient qu’il arrivait à Jeanne Calment de s’emmêler les pinceaux entre son mari et son père, sa mère et sa grand-mère. Confusion banale, pensait-il alors. Ou bien arnaqueuse rattrapée par ses mensonges ?
« Elle ne fait pas son âge »
Ces détails ont récemment attiré l’attention d’un gérontologue russe, Valeri Novosselov, 57 ans et l’allure athlétique. Son cabinet privé est installé chez lui, belle demeure sous la neige, près de Moscou. Ici, à quelque 3 300 km d’Arles, la longévité est avant tout affaire d’Etat : des registres entiers d’état civil ont été falsifiés, notamment entre 1938 et 1948 en Géorgie, pour donner l’illusion d’une espérance de vie exceptionnelle dans la région, dont Staline était originaire. Il faut dire que l’ex-URSS offrait un tracteur à chaque centenaire déclaré. M. Novosselov raconte que le pays comptait 19 000 personnes âgées de plus de 100 ans dans les années 1970, dont 5 000 au Caucase. Entre autres tests, des questions concrètes leur ont été posées sur les grandes épidémies ou des événements extraordinaires. Résultat : « Zéro centenaire » réel, s’esclaffe M. Novosselov. Or, poursuit-il, il a noté que Jeanne Calment ne parle jamais du choléra, qui a vidé Arles de ses habitants en 1884. Cherchez la fraude.
« La fraude parfaite ? Ce serait plutôt la conspiration parfaite : peut-être possible en Russie. Pas à Arles » Bernard Jeune, médecin danois d’origine française
Au printemps 2018, Valeri Novosselov prend contact sur Internet avec un diplômé en mathématiques, Nikolaï Zak. Lui a 36 ans, un bonnet de laine enfoncé jusqu’aux oreilles et un boulot de souffleur de verre dans un labo de chimie. Les deux hommes ne se connaissent pas, mais M. Zak a un hobby : étudier les statistiques de longévité. M. Novosselov lui conseille de s’intéresser « à la courbe 584, celle de la Française bien connue : elle est douteuse ». M. Zak se souvient lui avoir demandé : « Pourquoi douteuse ? » « Elle ne fait pas son âge », aurait répondu M. Novosselov.
En septembre, le gérontologue revient à la charge, demandant à Nikolaï Zak d’écrire « quelque chose sur le sujet » dans sa revue. « Je n’en avais pas vraiment envie, mais il a insisté », continue le jeune mathématicien souffleur de verre. Cette fois, il est mordu : razzia sur tout ce qui concerne la doyenne, livres et documents sur Internet, comptes rendus scientifiques, état civil. Sans jamais être allé à Arles, M. Zak se forge la conviction que le « cas JC » est truqué : « la fraude parfaite ».
Paru en octobre 2018 dans la revue de la Société des naturalistes de l’Université de Moscou, son article n’en finit pas, depuis, de rebondir, faisant plus de bruit à chaque fois : d’abord, sur le réseau social Research Gate (utilisé par les chercheurs du monde entier), puis par une dépêche de l’Agence France-Presse, un article du Washington Post et, enfin, la revue Rejuvenation Research, première vraie publication scientifique à lui ouvrir ses colonnes.
A première vue, les vingt-six pages de M. Zak ont de quoi impressionner, graphiques, photos, résumé en dix-sept arguments. Certains points sont faciles à contrebalancer, par exemple celui où il compare les photos de la supercentenaire à celles – très rares – de Jeanne et de sa fille Yvonne. Forme du nez, du front ou de l’oreille. Le Russe n’en démord pas : c’est Yvonne qui a fini ses jours à la Maison du lac, à 99 ans – joli score tout de même.
Le « généraliste de province le plus connu du monde »
A l’heure de la reconnaissance faciale et des logiciels de vieillissement, Bertrand Ludes, directeur de l’Institut médico-légal de Paris et expert auprès la cour d’appel, balaie la démonstration d’un sourire. « Je n’irais pas aux assises avec un argument pareil. »
Il n’empêche : l’accumulation d’arguments produit son effet, même si aucun ne fait preuve. Pêle-mêle, M. Zak avance la probabilité infime qu’un humain atteigne 122 ans, l’absence d’article sur son 100e anniversaire dans la presse, le fait qu’elle ait détruit ses photos et papiers en entrant à la Maison du lac, les fameuses contradictions dans ses récits ou l’absence d’Yvonne dans un recensement de population à Arles. Il note aussi une différence entre la couleur des yeux déclarés en 1931 (noirs) et celle de 1990 (gris) ou s’étonne du peu de centimètres qu’elle a perdus pendant cette interminable existence.
Retour en France. Jean-Marie Robine, démographe, directeur de recherche à l’Inserm, ne trouve pas drôle du tout ce raid russe en pays d’Arles. L’affaire le ronge. Les prend-on pour des amateurs, alors que la validation de l’âge de la doyenne faisait jusque-là référence chez les experts internationaux ?
Lui aussi faisait partie du projet Ipsen sur « Le secret des centenaires ». Il se souvient de la montée d’adrénaline à chaque visite à la Maison du lac, entre 1990 et 1996. Comment le cerveau, cet organe qui nous distingue des autres espèces, se dégrade-t-il ? Le destin des humains est-il de mourir déments, passé un certain âge ?
A l’époque, Jeanne Calment offre à l’équipe une occasion inouïe de marquer la science. Dans sa chambre, au premier étage, elle aussi guette les scientifiques. Recevoir est son activité favorite. Leurs visites sont devenues un rituel.


Jeanne Calment en 1987, à 112 ans. ATELIER LUCIEN CLERGUE / SAIF
La vieille dame est déjà presque aveugle (pas question de se faire opérer de la cataracte). Presque sourde aussi (pas envie de porter un appareil). Victor Lèbre, son médecin traitant, a compris le niveau sonore exact où entend sa seule oreille encore en fonctionnement, la droite. Ça fait de lui une des rares personnes capable de converser longtemps avec elle : M. Lèbre est le troisième homme du projet Ipsen.
Autour de la doyenne, ça se battait pour devenir son médecin traitant : elle l’a choisi lui, dans un rapport très féminin. « Elle était son autre grand amour, un personnage sacré », dira l’épouse de M. Lèbre. Il se plaît à tenir la chronique des faits et gestes de cette vieille dame qui l’a propulsé « généraliste de province le plus connu du monde ».
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Penché sur l’oreille droite de Jeanne Calment, Victor Lèbre crie en préambule : « Vous verrez, madame, nous irons ensemble jusqu’à 120 ans. » Suit la batterie de tests préparée par l’équipe Ispen : réciter ses tables de multiplication ou ses plus lointains souvenirs, « des faits personnels susceptibles d’être vérifiés », raconte M. Robine. Il s’agit de mettre à l’épreuve sa mémoire, son agilité intellectuelle, mais aussi la véracité de ses dires.
A la surprise des chercheurs, Jeanne Calment continue à travailler les données, seule, entre chaque visite. « Ça m’amuse », dit-elle, sa grande expression. Personne ne l’entend se plaindre ou refuser une visite. Etre à la hauteur, en faire plus, défier les autres. « Son exigence pour elle-même forçait le respect, se souvient M. Robine. Le plus incroyable, c’est qu’elle s’améliorait au fil des séances, entendant même de mieux en mieux, y compris de l’oreille gauche, qu’on croyait condamnée. » Elle en riait : « Ma vie a son mystère. »
120 ans et des bons mots
A la Maison du lac, Jeanne Calment s’était tout de suite taillé un statut : elle savait se faire servir, une bourgeoise avec ses domestiques. Une soignante était en train de faire sa toilette, la première fois où Laure Meuzy, cadre supérieure de santé, est entrée dans sa chambre. « Mes fesses vous saluent », lui lance Jeanne Calment. « Elle était fière de son corps », témoigne Mme Meuzy. Puis la doyenne lui demande d’apporter l’agenda du service : elle veut lui signer, à la manière d’un livre d’or. « Elle était célèbre et le signifiait. Elle utilisait son pouvoir, dirigeait autant que la surveillante-chef », continue Mme Meuzy.
Le soir, il faut deux soignantes pour la mettre au lit, dans la position spéciale qu’elle exige, puis disposer le mouchoir, la sonnette, les pastilles. « Le coucher de la reine », murmure le personnel. Sans famille directe, Jeanne Calment règne sur cinq ou six résidents, du même monde qu’elle. « Mon cercle », dit-elle.
« A sa façon, elle luttait contre les journées interminables, pleines de petites brimades », reprend Mme Meuzy. Avec une solidarité de pensionnaires ou de taulards, le « cercle » joue à faire peur aux employés lui paraissant sans cœur ou manquant de respect à l’un d’eux. Quand le menu laisse à désirer, une femme du cercle mime la démence et balance son assiette à travers la pièce. Longtemps, Noémie, 85 ans, fut fière d’être celle qui coupait la viande de Jeanne, retardant un peu l’humiliant passage aux aliments mixés.
« Moi, j’ai envie de savoir, c’est devenu un problème international. Finissons-en avec Jeanne Calment ! » Michel Poulain, anthropologue belge
L’approche de ses 120 ans, en 1995, ressemble à une longue veillée d’armes. « Docteur Polar » se souvient avoir pensé : « Et si elle nous faisait le coup de décéder la veille ? » Certains très vieux flanchent aux dates symboliques, paraît-il. Pas Jeanne Calment. Elle ne raterait ce jour pour rien au monde. Avant elle, aucun humain n’a passé la barre des 120 ans. Le monde entier est venu y assister, et les scientifiques s’interrogent : la vie connaît-elle une limite indépassable ou sa durée peut-elle être repoussée sans cesse ?
Dans le brouillard presque silencieux où vit désormais la doyenne, elle sent quand l’animation monte autour d’elle et quand les caméras s’allument. Alors, elle se redresse. Sourit, écarquillant plus grand ses yeux vides. Elle a préparé des bons mots aussi, qui seront répétés, elle en est sûre, à la manière d’une réplique de Michel Audiard. La plus célèbre : « Je n’ai qu’une seule ride, je suis assise dessus. »
L’année suivante, l’anniversaire de ses 121 ans vire au délire : parade en ville entre des gardians à cheval, journalistes par centaines, enregistrement d’un disque de rap. Jeanne Calment se vend aussi en cartes postales, en vidéo ou en pin’s à l’accueil de la Maison du lac. Elle jubile : « J’attends la mort et les journalistes. »
La piste Yvonne
Pour valider son record, un protocole d’homologation de son âge est impératif. Après le trio Allard-Robine-Lèbre, des spécialistes internationaux incontestés sont envoyés à Arles, un Américain, un Finlandais et un Danois d’origine française, Bernard Jeune.
Il se souvient que l’hypothèse d’une fraude mère-fille circulait déjà à l’époque, en 1995. Ce serait d’ailleurs la seule possible : aucune autre Jeanne Calment n’est née dans la région, et Jeanne elle-même n’a pas de sœur. En revanche, elle a une fille unique, Yvonne, née en 1898. La seule photo où elles apparaissent ensemble daterait des années 1930. Plutôt troublante : des deux, la mère semble la plus jeune.
En 1994, une généalogiste avait déjà exploré pendant un an les archives d’Arles, civiles et religieuses, à la recherche des documents concernant Jeanne Calment. Plus de trente sont exhumés : treize sur son état civil et seize recensements de population, dont un seul est raturé. C’est bien plus que pour n’importe quel autre centenaire, le golden standard, comme disent les scientifiques, les vérifications poussées à leur maximum. « On en a conclu que la permutation était impossible », tranche Bernard Jeune.
Vingt-quatre ans plus tard, le médecin danois ne croit pas à l’hypothèse russe – « une “fake news” », selon lui –, mais se dit qu’il aurait peut-être dû, en 1995, mentionner noir sur blanc l’hypothèse d’une substitution. « En même temps, on n’avait rien de concret, ajoute-t-il. On n’allait pas l’attaquer sans preuve. Elle vivait encore. »


L’acte de naissance de Jeanne Calment, daté du 22 février 1975. ARCHIVES MUNICIPALES
A la Maison du lac, Jeanne Calment ne s’est jamais étendue sur ses souvenirs, comme si elle avait traversé son temps sans s’attacher à autre chose que la couleur d’une robe, un air au piano ou les iris qu’elle aimait peindre. La suivre dans sa vie d’avant n’a rien d’une cavalcade flamboyante au milieu des guerres et des révolutions : c’est faire quelques petits pas dans les venelles du vieil Arles, depuis la rue du Roure, où elle a vécu enfant, jusqu’à la rue Gambetta, 200 mètres plus loin, où elle s’installe après son mariage avec un cousin.
Leur appartement est au-dessus du magasin de tissu hérité de sa belle-mère, le plus grand de la ville. Les journaux de l’époque montrent les Calment inaugurant un lycée ou dansant aux folies d’Arles. Vie transparente dans une ville transparente.
La vieille dame évoque volontiers son mari, mort en 1942 d’une intoxication. Ou son petit-fils, décédé dans un accident en 1963. Mais sa fille, Yvonne, non. A peine sait-on qu’elle épouse un officier en 1926 et qu’elle le suit en garnison. Aucun visiteur ne la questionne d’ailleurs à ce sujet, encore moins sur une fraude. Un scientifique en tremble encore : « Ça aurait été un affront. » Et qui voudrait contrarier la star de la Maison du lac ? Laure Meuzy, sans doute sa confidente la plus intime, estime qu’« elle n’avait pas grand-chose à dire d’Yvonne. Elles s’étaient peu connues : une nourrice avait élevé la petite. Jeanne n’avait voulu qu’un enfant, sa vie de couple passait avant tout. »
« Ce serait honteux »
L’autre soir, « Docteur Polar » s’est surpris à réécouter chez lui les enregistrements faits avec la doyenne, à l’époque du projet Ipsen. Jeanne y fait allusion à un séjour d’Yvonne en sanatorium, la tuberculose peut-être, mais les bonnes familles ne prononçaient pas le nom de ce mal honteux. Yvonne serait revenue mourir à Arles, dans sa famille, en 1934, toujours selon Jeanne. Famille, alliés, employés ont assisté à la veillée funèbre, puis à l’enterrement : là encore, archives et journaux ne pointent rien d’anormal.
Quand le tour de passe-passe aurait-il pu avoir lieu dans le cercle clos de cette ville de 25 000 habitants ? Dès le début de la maladie, en prévision d’un éventuel décès ? Au moment de la mort, au risque de surprendre ou d’impliquer tout le monde ? « La fraude parfaite ? Ce serait plutôt la conspiration parfaite : peut-être possible en Russie. Pas à Arles », dit le Danois Bernard Jeune.
« Ce serait pour nous un honneur de réaliser cette opération gratuitement pour Mme Calment » Steve Horvath, généticien américain
Et surtout, quel est le mobile ? Eviter l’impôt sur l’héritage, avance le Russe Nikolaï Zak, sans verser aucun document. Il existe bien une célèbre histoire d’argent autour de la doyenne, mais bien après 1934, date de la fraude supposée. Elle a lieu dans les années 1960, lorsque Jeanne Calment cède en viager le cabinet médical de son petit-fils. A la mort d’Yvonne, c’est elle qui a élevé le garçon, qu’elle adore. Elle a vendu tout ce qui pouvait l’être pour payer ses études et son installation. Quand il se tue au volant, elle va avoir 90 ans et aucun revenu. Sa seule activité au magasin de tissu consistait à pister, entre les rayons, les employés paresseux. Les statistiques lui donnent à peine quelques années à vivre. Après avoir soupesé le dossier, Me Raffray, 47 ans, notaire en ville, signe le viager pour y installer son étude. Il mourra deux ans avant la Doyenne, après avoir versé trois fois le prix du bien.
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A Arles, c’est peut-être Huguette, la veuve du notaire, que l’hypothèse russe choque le plus. « Une honte pour notre ville, où personne n’a jamais entendu ni rumeur ni contestation. » Une seule fois, son mari avait évoqué une procédure permettant de récupérer le viager du vivant de la doyenne. Discussion sitôt close : « Ce serait honteux de faire ça à Mme Calment. » Huguette continuera de payer au décès de son époux.
Exhumation ou analyses ADN ?
Le problème du soupçon, c’est comment s’en débarrasser. La réunion de crise confidentielle, il y a quelques jours à Paris, a esquissé une voie de sortie. Parmi les personnalités conviées, Michel Poulain, anthropologue belge mondialement respecté, le dit clairement : « Moi, j’ai envie de savoir, c’est devenu un problème international. Les Russes ont réveillé le doute avec de mauvaises manières. Finissons-en une bonne fois avec Jeanne Calment ! »
Certes irréprochables dans les années 1990, les critères de validation pourraient être affinés : retrouver des documents notariés pour expertiser les signatures, exhumer les comptes bancaires, retracer la vie d’Yvonne et de son mari de casernes en sanatoriums, dénicher les originaux des photos pour les analyser.
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Certains brandissent aussi l’exhumation, menaçant de transformer la controverse scientifique en film d’horreur au cimetière de Trinquetaille. Combien de cadavres faudrait-il déterrer ? Et lesquels pour déterminer les liens de parenté ? La mère, la fille, le petit-fils ? De toute façon, sa famille ne le souhaite pas, celle du notaire non plus, et les autorités n’ont aucun motif légal.
A vrai dire, le problème pourrait se poser différemment. Car les empreintes génétiques de la doyenne ont déjà été stockées. Un programme baptisé Chronos, conduit par la Fondation Jean-Dausset, a prélevé, dans les années 1990, le sang de centaines de nonagénaires, centenaires… et d’une supercentenaire, Jeanne Calment. Le biologiste François Schächter, alors responsable de l’opération, nous révèle que de l’ADN et des cellules avaient été extraites de son plasma.
Tenue par l’anonymat des recherches, la Fondation ne confirme pas les identités, mais nous précise que l’ADN des donneurs de Chronos est toujours conservé à − 80° C dans ses congélateurs. Quant aux cellules, elles trempent dans l’azote liquide, à quelque − 196° C.
« Plaisir complice »
C’est là que Steve Horvath surgit, comme le lapin du chapeau, sommité de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA). Spécialiste de l’épigénétique, il a mis au point une « horloge du vieillissement » permettant de déterminer l’âge d’un individu avec son seul ADN. La méthode reste-t-elle fiable avec des supercentenaires, dont il est établi qu’ils vieillissent plus lentement que les autres ? Aucun problème, assure M. Horvath. « Nous avons déjà un échantillon de quarante supercentenaires, et ce serait pour nous un honneur de réaliser cette opération gratuitement pour Mme Calment », offre le généticien.
Pour l’instant, l’incendie allumé par MM. Zak et Novosselov flambe encore. Dans certains domaines scientifiques – comme la très lucrative gérontologie –, les chercheurs russes peinent à exister : s’y imposer suppose un long parcours d’obstacles, avec résultats et publications. Qu’ils l’aient calculé ou non, créer le scandale en s’attaquant à la « Doyenne de l’humanité » s’est révélé pour eux un raccourci imparable vers la célébrité.
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Le 4 août 1997, à midi, la Maison du lac annonce « la mort subite » de Jeanne Calment. Après son 121e anniversaire, particulièrement exubérant, l’établissement avait été accusé d’en avoir fait « une bête de foire ». Le quotidien La Provence s’était offusqué de « l’impudeur de ces rendez-vous », auquel Jeanne Calment prenait « un plaisir complice ». Depuis, les visites lui avaient été coupées, ses photos décrochées des murs à l’accueil.
De la vieillesse, symbole de déchéance en Occident, Jeanne Calment avait fait sa gloire. Désormais seule au premier étage, la star s’était muée en une toute petite vieille dame, 1 m 43, 40 kg à peine, des capacités mentales en régression.
« L’ennui l’a tuée », assure Jean-Claude Lamy, auteur d’un livre sur elle. Même ses proches avaient été éloignés. A la retraite anticipée, Victor Lèbre, son médecin, se faufilait parfois en cachette. Et Laure Meuzy aussi, mutée loin d’Arles. A sa dernière visite, Jeanne Calment l’avait embrassée en lui disant : « Vis jusqu’à 135 ans, je te protégerai. Pour emmerder tout le monde. » Laure Meuzy est sûre d’y arriver. Elle a 71 ans et elle ne les fait pas.
Nathaniel Herzberg
Isabelle Mandraud Moscou, correspondante
Florence Aubenas
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Les trois huiles sur toile de George PAPAZOFF : les deux Composition (115 X 100cm et 60 X 73cm) et le Paysage en Dordogne, circa en 1931 (40 X 33cm) sont disponibles sur le catalogue de la vente du mercredi 13 septembre à 15h sur : https://www.auction.fr/_fr/vente/tableaux-estampes-sculptures-argenterie-bijoux-montre-vin-spiritueux-49933#.Wa6mDdOrTUI . . The 3 oils on canvas by Georges PAPAZOFF : the 2 Composition (45 X 39 inches and 24 X 29 inches) are available at the catalogue of the auction on Wednesday, September the 13th at 3PM at : https://www.auction.fr/_fr/vente/tableaux-estampes-sculptures-argenterie-bijoux-montre-vin-spiritueux-49933#.Wa6mDdOrTUI #papazoff #oiloncanvas #oilsoncancas #huilesurtoile #auction #auctions #venteauxencheres #venteauxenchères #peinture #painter #painting #art #expertisez
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Le 28 juillet 1931 dans le ciel : Les Américains Boardman et Polando partent pour la Turquie
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Photos du 2ème film de la trilogie de Yamada Yōji 山田洋次, “ La servante et le samouraï” (2004)
Yamada Yōji 山田洋次, est un scénariste et réalisateur japonais né le 13 septembre 1931 à Toyonaka au Japon. Il est particulièrement connu pour avoir réalisé 45 films parmi les 48 composant la série de films Otoko wa tsurai et pour sa trilogie Samouraï “Le Samouraï du crépuscule" (2002), "La Servante et le Samouraï" (2004) et "Amour et Honneur" (2006).
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Soucieux de donner plus d’ampleur à sa carrière, Hitchcock se tourna à la fin des années 1930 vers les États-Unis. Son départ était déjà prévu quand il entreprit la réalisation d’une œuvre ambitieuse, un film-tempête entièrement tourné en studio, sans concession pour le pays qu’iI s’apprêtait à quitter – l’Angleterre. L’ultime œuvre britannique d’Hitchcock est un film en costumes inspiré d’un roman de Daphné Du Maurier.
En trouvant refuge chez l’excentrique Sir Pengallan, l’innocente Mary Yellard ignore que, loin d’échapper à la bande de pillards qui règne à la Taverne de la Jamaïque, elle se jette dans la gueule du loup…
Les prémices du film
Daphné Du Maurier (1907-1989) était la fille d’une vieille connaissance d’Hitchcock : Sir Gerald Du Maurier. Aussi, le réalisateur put-il lire, avant sa sortie en librairie, “Rebecca”, le dernier opus de l’auteure. Après avoir envisagé de l’adapter à l’écran pour la Mayflower, dirigée par Erich Pommer et Charles Laughton, Hitchcock accepta d’en faire son premier film américain auprès de Selznick. Pommer et Laughton étaient au courant du projet lorsqu’ils acquirent les droits du précédent ouvrage de Du Maurier, Jamaïca Inn, sorti en 1936, et proposèrent à Hitchcock d’en faire un film. Le réalisateur tourna une adaptation très libre, à tel point que, alors que la production avançait, Du Maurier fit savoir qu’elle n’était pas du tout satisfaite de la manière dont son livre avait été adapté. Pour son film suivant, Rebecca, Hitchcock restera au plus près du roman.
Alfred Hitchcock
Distribution
Le génial Charles Laughton (1899-1962), d’origine britannique, restera un grand acteur de théâtre, même après son énorme succès à l’écran qui lui permit de travailler avec les plus grands noms, de De Mille à Kubrick en passant par Renoir et Wilder. Pour Hitchcock, il jouera à nouveau un juge, celui du Procès Paradine (1947). Laughton réalisa lui-même un film, unique par sa mise en scène comme par le sujet qui l’inspire : La Nuit du chasseur (1955). Maureen O’Hara (1920-2015), d’origine irlandaise, fut révélée au public par Jamaïca Inn. La célébrité arriva deux ans plus tard, derrière la caméra de John Ford, dans How Green Was My Valley (Qu’elle était verte ma vallée, 1941). O’Hara retrouva Laughton dans deux œuvres : The Hunchback of Notre Dame (Quasimodo, 1939) et This Land is Mine (Vivre libre, Renoir, 1943). Après un arrêt de vingt ans, elle fit un retour remarqué dans Only the Lonely (Ta mère ou moi !, Columbus, 1991). Robert Newton (1905-1956), lui, était expert en piraterie : il passa à la postérité avec une jambe de bois, incarnant majestueusement Long John Silver, le pirate de Treasure Island (L’Ile au trésor, B. Haskin, 1950). Quant à Emlyn Williams (1905-1987), un proche d’Hitchcock, il avait signé les dialogues de L‘Homme qui en savait trop de 1934. En 1958, il incarna Émile Zola dans L’Affaire Dreyfus (Ferrer), et se fit réalisateur pour un unique film : Dolwyn.
Charles Laughton et Maureen O’Hara (1939)
DERNIER FILM
En 1938, à moins de quarante ans, Alfred Hitchcock avait déjà vingt-deux films à son actif, sans compter une bonne dizaine de collaborations ! Après avoir travaillé avec la Gainsborough Pictures, la British International, la Gaumont-British et collaboré avec les plus grands studios allemands, le réalisateur avait en quelque sorte fait le tour de son île. Il lui fallait aller de l’avant, car le milieu du cinéma britannique et le peu de goût de ses compatriotes pour l’art cinématographique le limitaient dans sa progression. Hitchcock avait besoin de moyens à sa mesure pour développer son talent : des moyens économiques certes, mais aussi des moyens artistiques et techniques. Il se tourna donc vers Hollywood. Ses derniers succès,The 39 Steps (Les Trente-Neuf Marches) ou The Lady Vanishes (Une Femme disparaît) qu’il était en train de terminer, lui assurèrent un bon accueil dans cet Eldorado du cinéma américain. En position de force, il put choisir avec qui, parmi les grands producteurs hollywoodiens, il travaillerait. C’est finalement David O. Selznick qui obtint ses faveurs.
JAMAICA INN (La Taverne de la Jamaïque) – Alfred Hitchcock (1939) – Charles Laughton, Maurenn O’Hara
Le réalisateur rappela ensuite les circonstances de ses premiers contacts avec Selznick : « Pendant que je tournais Lady Vanishes (Une Femme disparaît), j’ai reçu un télégramme de Selznick me demandant de venir à Hollywood pour tourner un film inspiré par le naufrage du Titanic. Je suis allé en Amérique pour la première fois après la fin du tournage de Lady Vanishes, et j’y suis resté dix jours. C’était en août 1938. J’ai accepté cette proposition de film sur le Titanic mais, mon contrat avec Selznick ne devant commencer qu’en avril 1939, j’avais la possibilité de faire un dernier film anglais, Jamaica Inn. » Tourner un film sur le Titanic ne semblait pas effrayer Hitchcock qui se vantait à sa manière d’avoir une bonne expérience en la matière : « J’ai une grande expérience des icebergs. N’oubliez pas que j’ai déjà dirigé Madeleine Carroll ! » Pourtant très impatient de débuter sa nouvelle carrière hollywoodienne, le réalisateur entendait néanmoins mener à bien un dernier projet britannique : Jamaica Inn.
JAMAICA INN (La Taverne de la Jamaïque) – Alfred Hitchcock (1939) – Robert Newton, Maurenn O’Hara
Mayflower
Depuis quelques mois, Hitchcock était en négociation pour la réalisation d’un film pour le compte de la Mayflower, une société de production dirigée par l’acteur Charles Laughton et le producteur Erich Pommer (1889-1966). Il avait connu ce dernier en 1924, alors qu’il cumulait les fonctions de scénariste, directeur artistique et assistant réalisateur sur le tournage de Voyou (The Blackguard) réalisé par Graham Cutts en 1925, en Allemagne, dans les imposants studios de l’UFA (Universum Film Aktiengesellschaft). Erich Pommer était alors associé à Michael Balcon pour la production du film. Durant ce séjour en Allemagne, Hitchcock avait eu la possibilité de rencontrer le maître incontesté du cinéma allemand de l’époque, F. W Murnau (1888-1931), qui tournait dans les mêmes studios Le Dernier des hommes (1924). L’esthétique expressionniste du grand maître marqua durablement le jeune réalisateur, et se fit notamment sentir dans Jamaica Inn.
JAMAICA INN (La Taverne de la Jamaïque) – Alfred Hitchcock (1939) – Charles Laughton, Maurenn O’Hara
Pommer et Laughton souhaitaient travailler avec celui que tous considéraient à juste titre comme le plus grand réalisateur anglais. Mais Charles Laughton ne cachait pas son ambition : réaliser un film dans lequel il aurait le rôle principal, un film cousu à sa mesure, et à sa démesure. L’écriture du scénario porte la trace de cette ambition. L’ouvrage de Daphné Du Maurier avait d’abord été confié à Clemence Dane, l’auteure, avec Helen Simpson, d’Enter Sir John, dont Hitchcock avait tiré huit ans auparavant Meurtre. Hitchcock s’en saisit ensuite et écrivit, avec Sydney Gilliat, un script détaillé de Jamaica Inn. Puis le producteur-acteur intervint. Charles Laughton, désireux d’étoffer son rôle, amena J. B. Priestley, chargé d’écrire des dialogues additionnels – pour le personnage de Pengallan en particulier. Hitchcock laissa faire. Le dialogue ne pouvait en sortir que plus piquant. Quant à l’acteur, il était loin de lui déplaire. Hitchcock déclara à Truffaut : « Charles Laughton était un aimable plaisantin. Lorsque nous avons commencé le film, il m’a demandé de ne tourner sur lui que des plans rapprochés parce qu’il n’avait pas encore trouvé la façon dont il marcherait quand il aurait à traverser le décor. Au bout d’une dizaine de jours, il est arrivé en disant : “J’ai trouvé.” Et il s’est mis à marcher en se dandinant et en sifflant une petite valse allemande qui lui était revenue en mémoire et qui lui avait inspiré le rythme de son pas. Je m’en souviens très bien, je vais vous montrer… » Ici, il faut imaginer Hitchcock singeant le déhanchement de Sir Humphrey Pengallan… une petite danse que Truffaut jugea «vraiment très jolie» !
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Le tournage
Avant Ie début du tournage, Hitchcock interrompit le travail. Pour accélérer les négociations avec Selznick, il décida de se rendre à Los Angeles. Il confia à sa fidèle secrétaire Joan Harrison le manuscrit de La Taverne et, le 1 er juin 1938, il s’embarqua avec sa femme et sa fille Patricia (âgée de 9 ans) à bord du Queen Mary. Aux Etats-Unis, les négociations allèrent bon train et Hitchcock put, dès le 14 juillet, signer le contrat qui allait le lier à Selznick pour plusieurs années. Le même jour, il sautait sur le Normandie pour rallier l’Angleterre et terminer Jamaica Inn. Enfin, le 1 er septembre 1938, Hitchcock put faire retentir le clap de début du tournage. La quasi-totalité du film fut réalisée dans les studios d’Esltree, qu’il connaissait de longue date. Les moyens imposants de la production, avec d’immenses décors et de non moins gigantesques bassins consacrés aux scènes aquatiques, constituèrent un des principaux tours de force du film.
Alfred Hitchcock
Il convient toutefois d’y ajouter la qualité du jeu des acteurs. L’interprétation de Charles Laughton s’avéra aussi expressive et expressionniste que les décors dans lesquels il évoluait. La jeune actrice Maureen O’Hara, que le réalisateur projeta sur le devant de la scène, montra elle aussi un grand talent. Une fois encore, Hitchcock apportait la preuve qu’il était un grand découvreur de talents. Les seconds rôles furent attribués à des fidèles du réalisateur. Clare Greet (1871-1939) avait tenu la vedette dans le premier film réalisé par Hitchcock (en 1922), malheureusement jamais terminé : Number 13 ; elle joua ici le rôle d’une vieille femme venue réclamer un nouveau toit pour sa maison. Wylie Watson (1889-1966) interpréta le bien ironiquement nommé Salvation, tenant un discours sur la damnation qui guette les naufrageurs ; il avait joué, dans The 39 Steps, le rôle-clé de Mr Memory, le MacGuffin du film. C’est donc avec une équipe efficace et rodée que le réalisateur finit sa carrière anglaise. Le tournage s’acheva à la mi-octobre. A cette même date, Une The Lady Vanishes (Une Femme disparaît) sortait sur les écrans londoniens. Immédiatement, le film fit de son réalisateur le cinéaste anglais le plus populaire au monde, ce qui accentua le désir d’Hitchcock d’aller faire ses premières armes outre-Atlantique. Négligea-t-il pour autant la réalisation du dernier opus de la première période britannique ? L’idée a souvent été avancée à propos de Jamaica Inn. Le film porte pourtant la marque du maître et des qualités qui témoignent de son talent.
JAMAICA INN (La Taverne de la Jamaïque) – Alfred Hitchcock (1939) – Charles Laughton, Maurenn O’Hara
Dr Jekyll et Mr Hyde
Jamaica Inn est le deuxième des trois films en costumes d’Hitchcock, après Waltzes from Vienna (Le Chant du Danube, 1933) et avant Under Capricorn (Les Amants du Capricorne, 1949). Cet élément dérouta sans doute le public. Pourtant, le réalisateur fit en sorte de rendre intemporelles les aventures de Mary Yellard. Mis à part le carton qui ouvre le film, aucune référence réellement historique n’apparaît. Le réalisateur s’attache à la psychologie des personnages, laquelle n’a pas d’âge. Le dîner de Pengallan avec ses invités avides et grotesques pourrait avoir lieu aujourd’hui.
JAMAICA INN (La Taverne de la Jamaïque) – Alfred Hitchcock (1939) – Charles Laughton, Maurenn O’Hara
A sa sortie, le film reçut un accueil mitigé, à la fois du public et de la critique, laquelle souligna que Jamaica Inn était une œuvre faite pour satisfaire l’ego du seul acteur et producteur Charles Laughton. Pourtant le personnage de Sir Humphrey Pengallan était aussi l’œuvre d’Hitchcock, qui fit ressortir sa dimension tout à la fois exécrable et sublime, ainsi qu’il en témoigna lui-même : « Je m’intéresse surtout à l’aspect Dr Jekyll et Mr Hyde du juge. » Comme souvent, il porta une attention toute particulière à son « méchant », à tel point que le personnage de Trehearne semble falot en comparaison. On peut même supposer qu’Hitchcock s’identifia au juge tout autant que Charles Laughton. Ainsi, quand Pengallan, sur le point de sauter du mât où il s’est réfugié, déclare : « Vous voulez du spectacle, je vais vous en donner ! », comment ne pas penser que c’est le faiseur de spectacle Alfred Hitchcock qui parle à travers Sir Humprey ? Plus encore, la dualité du personnage évoque celle du réalisateur. Pengallan va chercher la beauté au plus profond du Mal. Il évolue dans un monde corrompu, mais c’est pour y trouver la beauté et les plaisirs, par-delà toute morale. D’une certaine façon, n’est-ce pas ce que fait Hitchcock dans chacun de ses films ?
AMAICA INN (La Taverne de la Jamaïque) – Alfred Hitchcock (1939) – Charles Laughton, Maurenn O’Hara
La Belle
Mary Yellard constitue le pendant du personnage totalement amoral qu’est Sir Humphrey Pengallan. Elle apparaît comme la Belle opposée à la Bête. Le critique Bruno Villien l’explique : « Hitchcock trouve un visible plaisir à jeter la débutante Maureen O’Hara dans un groupe de pillards déchaînés et à soumettre la farouche vierge aux caprices adorateurs de Charles Laughton, grandiose génie du Mal. » Si la confrontation des deux figures peut évoquer l’opposition entre le Bien et le Mal, elle n’a pourtant rien de manichéen. Les deux univers se fondent en un seul dans le jeu aux allures sado-masochistes qui les réunit et culmine avec l’enlèvement de Mary par Sir Humphrey. Pengallan agit comme l’un des révélateurs (le second étant la caméra d’Hitchcock) de la beauté de Mary. Dès leur première rencontre, il demande à la jeune femme d’ôter son manteau pour admirer sa silhouette. Les deux personnages évoluent dans un monde qui ignore la beauté, et Pengallan seul semble y trouver encore goût.
Charles Laughton et Maureen O’Hara (1939)
Pengallan est un homme du XVIIIe siècle, ultime représentant d’un goût que le siècle suivant s’apprête à balayer. Le juge ne cesse de se lamenter sur l’époque révolue et la bassesse des temps présents qui ne sont qu’envie et cupidité. Mary offre également une autre figure, celle du salut. Elle sauve d’abord Trehearne du lynchage, puis les membres de l’équipage du dernier navire d’une mort certaine, en ravivant le « phare ». A ce thème répond celui de la responsabilité. Dans la grotte où ils sont réfugiés, Trehearne dit en substance à Mary : «Tu m’as sauvé la vie, tu es responsable de moi. » Dans Vertigo, Scottie fera une remarque similaire à Madeleine.
JAMAICA INN (La Taverne de la Jamaïque) – Alfred Hitchcock (1939) – Charles Laughton, Maurenn O’Hara
Mary évolue dans deux demeures qui, par leur forte présence, constituent des personnages à part entière, tel Manderley dans Rebecca. Presque toute la première partie du film se déroule alternativement dans la villa de Sir Humphrey et la taverne de Joss, créant une atmosphère de claustrophobie à laquelle on n’échappe qu’à la fin du film. Cependant, alors que la demeure de Pengallan est lumineuse et d’un style néo-classique, la taverne semble tout droit sortie d’un film de Murnau. Ses murs penchés, ses ombres, son escalier de guingois nous plongent dans une atmosphère fortement expressionniste. Hitchcock multiplie les parallèles entre les deux maisons et leurs propriétaires : Pengallan règne sur ses voisins vulgaires, Merlyn sur une bande d’assassins ; Pengallan fait entrer sa jument dans son salon, Merlyn selle son cheval pour se lancer à la recherche de Mary et Jem. Aristocrates et brigands de bas étages sont ainsi mis sur le même plan, celui d’un monde corrompu dans lequel seule ta beauté triomphera.
Robert Newton, Marie Ney, Charles Laughton, Maureen O’Hara et Alfred Hitchcock – JAMAICA INN (La Taverne de la Jamaïque) – Alfred Hitchcock (1939)
Analyse du film
Sur les côtes de Cornouailles, au début du XIXe siècle, un homme sort de la taverne de la Jamaïque et se dirige vers le phare rudimentaire qui aide les navires à repérer la côte. Il cache la lumière et provoque le naufrage d’un bateau. Une bande de pillards tue alors tout l’équipage et s’empare de la cargaison. Au même moment, Mary Yellard arrive en diligence. Elle veut s’arrêter à la taverne de la Jamaïque, mais le cocher refuse de la déposer dans un lieu aussi mal famé. Déposée devant une demeure aristocratique, Mary y demande de l’aide. Elle est accueillie par le propriétaire des lieux : Sir Humphrey Pengallan, juge de paix. Malgré les mise en garde des invités de Pengallan, Mary insiste pour qu’on la conduise à la taverne de la Jamaïque où elle doit retrouver sa tante. Sir Humphrey l’y accompagne.
Laissée seule devant la taverne, Mary se retrouve face à un homme à l’allure sinistre : son oncle Joss. Elle rencontre enfin sa tante Patience et découvre la bande de pillards qui occupent les lieux. Pendant ce temps, Joss retrouve Joss retrouve Pengallan , qui en réalité dirige le groupe et l’informe du passage des navires. Une dispute éclate. Un nouveau membre, Jem Trehearne, est pendu. Depuis sa chambre à l’étage, Mary parvient à décrocher Jem et l’aide à fuir. Menacée à son tour, elle s’enfuit.
Chadwick, fidèle serviteur de Pengallan, informe son maître des nombreuses factures en retard. Le mouvement d’humeur qu’il provoque chez Sir Humphrey par ce rappel renvoie à la folie qui semble avoir frappé plusieurs membres de la famille Pengallan. Joss vient informer Pengallan de la fuite de Jem et Mary, craignant qu’ils avertissent la police. Jem et Mary se sont réfugiés en canot dans une grotte creusée dans la falaise au bord de la mer. Tentant de fuir celui qu’elle prend pour un des pirates, Mary provoque la perte de l’embarcation. La bande de pillards, toujours à leurs trousses, les découvre dans leur cachette. Mary et Jem n’ont d’autre solution que de fuir à la nage.
Alors qu’il s’occupe, avec beaucoup de magnanimité, des réclamations des habitants de son domaine, Sir Humphrey voit arriver Mary et Jem, trempés tous les deux. Ils informent Pengallan de leur fuite et sollicitent son aide. Mary réclame la clémence pour Jem qui l’a aidé dans sa fuite. Alors que Pengallan rejoint ses amis qui lui apprennent le passage prochain d’un navire (une proie pour les naufrageurs), Trehearne insiste pour le voir. Il apprend à son hôte qu’il est lieutenant de la Marine enquêtant sur les activités de la taverne de la Jamaïque. Pengallan propose de s’y rendre avec Jem, et écrit une lettre demandant des renforts. Après s’être changée, Mary rejoint le salon où sont réunis Jem et Pengallan. Elle surprend leur conversation et apprend qu’ils ont l’intention d’arrêter les naufrageurs de la taverne de la Jamaïque. Après s’être armés, Jem et Sir Humphrey s’apprêtent à partir en voiture : ils découvrent alors que Mary les a devancés et qu’elle a pris la calèche.
Mary, qui a rallié la taverne de la Jamaïque, informe sa tante de l’arrivée prochaine de la police. Joss a à peine le temps d’être prévenu qu’on frappe déjà à la porte : Jem et Pengallan arrivent. Ce dernier feint de ne pas connaître Joss ; il demande à fouiller la maison en attendant l’arrivée des renforts et, surtout, du cerveau des opérations qui doit informer Joss d’un prochain passage de navire au large. Croyant à l’arrivée imminente de la police, Trehearne tombe nez à nez avec la bande de pillards ; il est fait prisonnier. Sir Humphrey feint alors d’être attrapé par Joss. Les deux hommes sont ligotés, et la bande part préparer un nouveau pillage, emportant Mary et laissant à Patience le soin de surveiller les deux prisonniers. Pengallan se débarrasse de ses liens, qui avaient été faussement noués par Joss, dévoile sa position réelle et quitte les lieux. Sur la côte, les brigands préparent le naufrage du bateau annoncé, mais Mary parvient finalement à rallumer le phare et permet au navire d’éviter la catastrophe. Face à la bande qui veut s’occuper d’elle, elle ne doit son salut qu’à Joss, qui la protège et l’emmène sur sa charrette. Un des marins, furieux, tire et blesse Joss. Pendant ce temps, Trehearne convainc Patience de le laisser partir.
Mary ramène Joss mourant à la taverne, où elle retrouve Patience qui est bientôt abattue par Sir Humphrey. Le juge kidnappe Mary et embarque avec elle sur un navire en partance pour la France. Pendant ce temps, Trehearne revient à la taverne avec des renforts. Il arrête les pillards, et se lance à la poursuite de Mary et Pengallan. Sur le navire, Sir Humphrey préfère se suicider plutôt que d’être arrêté. Le fidèle Chadwick assiste, impuissant, à la folie fatale de son maître.
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Fiche technique du film
JAMAICA INN – Alfred Hitchcock (1939) Soucieux de donner plus d'ampleur à sa carrière, Hitchcock se tourna à la fin des années 1930 vers les États-Unis.
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