Un blog personnel de quelques prédications prêchées A l'Eglise Protestante Unie de la Vallée du Lot et du Bergeracois (avec des prédications de Luneray et de Dieppe) par le pasteur. Bien entendu, personne n'est obligé d'être d'accord avec l'opinion exprimée dans ces prédications,l'essentiel étant d'avoir sa propre demarche de questionnement et de foi, dans le respect des autres.
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La vie qui s'enfuit
Luc 12.13-21, Col 3.1-11 Une prédication pour Andrew Rossiter à Bergerac le 3 août 2025
Prière Lorsque tu donnes, mon Dieu, tu donnes souvent trop comme à l’homme comblé de récoltes qui songe à agrandir ses greniers.
Si tu donnes trop, ce n’est pas pour que nous gardions tout mais pour nous donner en surcroît la joie de partager.
Lorsque tu donnes, mon Dieu, tu donnes parfois peu seulement cinq pains et deux poissons pour nourrir toute une foule.
Si tu donnes peu, ce n’est pas pour que nous nous battions mais pour nous donner en surcroît la créativité et la confiance.
Lorsque tu donnes, mon Dieu, tu donnes toujours juste comme tu nous donnes chaque jour notre pain quotidien. Si tu donnes juste, ce n’est pas pour que nous nous contentions mais pour nous donner en surcroît la louange et la reconnaissance. Amen (Marion Muller-Colard, Eclats d’Evangile)
«Cette nuit, je vais te reprendre ta vie»

Rembrandt, L'homme riche 1627
Qu’est-ce qui exige ta vie aujourd’hui?
C’est la question qui est centrale à ce que je veux dire ce matin. Je ne veux pas être morbide ou vous effrayer, mais il me semble que c’est une question qui a du sens pour nous tous.
Soyons clairs, je ne parle pas de la santé physique ou des maladies. Et je ne veux même pas parler de la fin de la vie, de quand ou comment nous allons mourir. Je pense que c’est peut-être quelque chose encore plus importante, je veux parler de la façon dont notre vie peut s’éloigner de nous.
J’aimais bien aller au bord de la mer quand j’étais pasteur à Dunkerque. Les plages sont immenses, très plates et la mer prend une éternité pour monter et descendre. Debout au bord de l’eau, les petites vagues léchaient mes pieds et par moments le retour de la vague creusait un trou sous mes pieds. Et si je restais assez longtemps je m’enfonçais dans le sable jusqu’aux mollets.
Parfois nous pouvons avoir l’impression que ce qui constitue notre vie se retire ou s’éloigne. Comme le ressac de la mer à la marée descendante.
« Les eaux élèvent leur voix, les eaux élèvent leur grondement. Et pourtant, plus puissant que le bruit des eaux immenses plus puissant que le ressac de la mer Seigneur, tu es magnifique! » (Psaume 93.3-4)

Parfois, nous ressentons cette fuite dans nos relations: avec notre conjoint, nos enfants, un ami, même Dieu. Parfois, c’est comme une absence de sens ou de direction. Parfois, nous le ressentons en nous-mêmes lorsque nous n’arrivons pas à vivre la vie que nous voulons vivre. Parfois, c’est comme une perte d’enthousiasme et de vitalité, et nous avons l’impression de faire le strict nécessaire. En ces moments notre vie est en pilote automatique. Souvent ce n’est pas parce que nous avons pris des mauvaises décisions, mais il s’agit plutôt d’une agitation sans sens ou d’un sentiment que quelque chose manque.
La semaine dernière je suis allé voir quelqu’un qui m’a dit «Je pense que je commence à tourner le virage dans ma vie». Jusqu’à là elle avait l’impression que sa vie s’éloignait, et que maintenant il était temps de se lever et mettre un pied devant l’autre.
Peut-être c’est ce qui est train d’arriver à ce fermier dans la parabole. Il entassait des choses sans faire attention de ce qui donne vraiment la vie, et sa vie s’éloigne.
Le grand danger et la tragédie d’une vie en déclin sont qu’elle atteint un point de basculement, un point au-delà duquel nous ne pouvons pas revenir en arrière, le point auquel notre vie est exigée et prise. «Imbécile! Cette nuit même, votre vie vous est demandée», dit Dieu au riche fermier.
C’est facile de prendre ces mots «à la lettre», comme si Dieu exige la mort de cet homme. Mais ce n’est pas ce que le texte dit. Il est simplement écrit: «Votre vie vous est demandée.» Et je me demande, si ce n’est pas Dieu qui exige la vie de l’homme comme un jugement qui tombe sans appel, mais tout simplement que Dieu nomme ce qui est train de se passer. Dieu révèle que quand nous entassons et entassons des trucs sans prêter attention de savoir s’ils donnent «de la vie», nous sommes pris dans le ressac de notre vie. Et tous ces trucs, les grains dans nos greniers, ce sont eux qui exigent notre vie.
Quand nous lisons dans nos Bibles «Cette nuit, je vais te reprendre ta vie», en réalité Luc écrit «ils demanderont ta vie à toi». Ce sont les grains et marchandises qu’il a stockés qui exigent sa vie. Ce que nous accumulons finit par exiger notre vie.
Peu importe ce que c’est. Peut-être de la colère, des rancunes, du ressentiment. Cela pourrait être de la culpabilité ou des regrets. Ou encore l’orgueil ou l’arrogance. Cela pourrait être un besoin d’approbation, d’attention ou de reconnaissance. Ou une exigence du perfectionnisme, la nécessité d’avoir raison, le besoin d’avoir le dernier mot. Cela pourrait être la critique, la condamnation ou le jugement des autres ou de nous-mêmes. Cela pourrait être la peur, l’inquiétude, l’anxiété. L’argent, les possessions, la richesse. Cela pourrait être le pouvoir, la position ou le contrôle. Cela pourrait être le succès, la réputation ou la victoire.
La liste est interminable. Tout ce que nous entassons pour nous-mêmes finit par exiger et prendre notre vie – émotionnellement, spirituellement et parfois physiquement. Combien de fois la colère ou du ressentiment, le jugement ou la vengeance peuvent littéralement avaler toute une vie. La peur ou l’inquiétude emmagasinée nous enlève le goût de la vie.
Quand nous ressentons que notre vie s’éloigne, il est peut-être temps de regarder ce que nous avons emmagasiné dans nos greniers. Ce qui est compréhensible pour nous en tant qu’individus peut être aussi vrai pour nos communautés et notre société. Il semble pour beaucoup d’entre nous que la violence, l’incivilité, le racisme et sexisme ne reculent pas. Que les divisions et les accusations sont de plus en plus entassés dans notre vie commune.
Nous n’avons pas été créés pour vivre en emmagasinant des vies ou pour emmagasiner des gens. Ce n’est tout simplement pas la manière ou l’enseignement de Jésus. Quand il priait il disait: «Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour», pas pour la semaine, le mois ou toute la vie, mais pour aujourd’hui.

Accumuler n’est pas seulement une question de quantité, mais une façon d’être, une manière de vivre. Entasser c’est aussi une façon de se distancer et de se couper des autres. Lorsque nous accumulons, la vie se concentre sur nous-même. Écoutez la conversation de cet homme avec lui-même. Onze fois il utilise les mots je ou mon. Il est incapable de penser ou de prendre soin ou de préoccuper de quelqu’un d’autre que lui-même. Son emmagasinage l’a aveuglé à ce qui compte vraiment et en quoi consiste vraiment la vie.
La vie ne consiste pas en ce que nous stockons. Les choses de la vie qui ont la signification, la valeur et le but les plus profonds – l’amour, la compassion, la miséricorde, le pardon, la justice – ne peuvent pas être stockées. Ils ne peuvent qu’être donnés. C’est ce que nous voyons dans la vie de Jésus: une vie offerte et donnée pour les autres afin que nous puissions la recevoir pleinement.
La question du début était: «Qu’est-ce qui exige ta vie aujourd’hui?» Alors loin d’être morbide ou effrayante cette question nous offre la possibilité que Dieu puisse agir dans nos vies, pour que nous puissions les ouvrir, les partager et les vivre en plénitude.
Une petite histoire drôle Un homme était odieux, riche et ne pensait qu’à lui-même. Sur son lit de mort il appelle sa femme et lui dit, «Toute ma vie j’ai travaillé dur. J’ai réussi ma vie en accumulant beaucoup d’argent. Cet argent c’est moi qui l’ai gagné, c’est par mon travail que j’en ai autant. Il faut me promettre que quand je meurs je veux que tu mettes tout mon argent dans le cercueil avec moi». Sa femme lui a promis de faire ce qu’il a demandé. Le jour de son enterrement, sa femme s’approche du cercueil ouvert et lance un chèque dedans en disant, «Voilà ton argent!».
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Baptisé? Pour quoi faire?
Prédication par Andrew Rossiter au temple de Villeneuve sur Lot le 27 juillet 2025 lors du baptême de Julien Roulette. Marc 1.9-13, Jean 3.3-5
L’eau figure dans la toute première lecture de ce matin. Esaïe annonce un don de Dieu, l’eau gratuite, l’eau qui est en elle-même don de la vie. Mais nous savons que l’eau n’est pas gratuite, nous la payons et dans certains pays elle est une source de tension et de conflit. Ici nous entendons en arrière-plan le récit de la création, là où l’Esprit de Dieu suscite la vie à former du chaos et qui ordonne les choses à se former.

L’eau est aussi présente dans la deuxième lecture, ici il s’agit de l’eau de baptême, l’eau dans laquelle Jésus a été baptisé. Il vient en réponse à l’appel lancé par Jean. Au moment de son baptême il sort de l’anonymat pour commencer son ministère public et pour s’entourer des amis qui deviendront ses disciples.
Souvenez-vous de votre baptême?
Pour la plupart d’entre nous, nous n’avons aucun souvenir de notre baptême. C’est nos parents, en foi et en confiance, qui ont demandé que le pasteur nous baptise. Nous n’étions que des bébés et c’est plus tard que le baptême reçu devient le baptême accepté par l’acte de la confirmation. Je trouve que la démarche est forte. Ici nous sommes au cœur de l’annonce de la foi que Dieu place en nous. Nous vivons en cet instant un moment de grâce, de gratuité et d’acceptation inconditionnelle.
Ce matin Julien va se souvenir de son baptême et de ce jour. Même dans sa demande et son choix, la grâce n’est pas moins présente. Il répond au mouvement de Dieu dans sa vie. Quand Jésus dit à Nicodème «Personne ne peut voir le Royaume de Dieu s’il ne naît pas de nouveau». Naître de nouveau peut aussi se traduire par «naître d’en haut», d’ailleurs, d’en dehors de nous. En demandant le baptême nous répondons à un mouvement déjà entamé par Dieu dans nos vies. Ce mouvement peut se réaliser de plusieurs façons différentes. Pour Julien, l’Eglise Malgache de la Réunion, les cultes, les chants, la joie et l’engagement des personnes étaient autant de marqueurs sur son chemin qui le conduit ici dans ce temple ce matin.
Dans les deux cas, le baptême d’un nourrisson ou d’un confessant, le mouvement est d’abord avec Dieu. La foi n’est pas autant ma foi, mais la foi que je reçois et qui, au long de ma vie, devient la mienne. J’ai toujours aimé la phrase (attribuée à Charles Peguy) «La goute d’eau que j’ai reçu sur ma tête le jour de mon baptême prend tout une vie pour arriver jusqu’à mes pieds» .
Jean et Jésus: deux personages très différents. Marc nous décrit Jean, nous savons comment il est, comment il s’habille et ce qu’il mange. C’est une personne entièrement en chair et en os. Bien sûr il n’est pas comme nous, il a choisi de vivre en dehors des gens et il vient à notre rencontre entre le désert et la ville.

Jean le Baptiste de Leonardo da Vinci
Jésus est moins distinct, énigmatique nous dirons, nous n’avons aucune description de lui. Marc ne nous fait pas un portrait. Il est en retrait, il se trouve dans la foule des gens. Au moment de son baptême il entend une voix que personne d’autre entend.
Le moment de son baptême, c’est comme si la nature se retourne à l’envers. Les cieux se déchirent et de ce déchirement descend le Saint-Esprit comme une colombe sur lui. Marc veut nous faire comprendre autre chose, quand il dit que l’Esprit vient «vers» lui, en fin de compte il dit aussi en lui ou dans lui. L’Esprit ne s’intéresse pas à rester sur la surface, mais il entre en Jésus. Les choses ne sont pas comme avant, une nouvelle réalité entre dans le monde et prend place au cœur de la révélation de Dieu en Jésus Christ.
Cette réalité transforme ce qui est visible, ce qui est de l’extérieur: il y a bien un ceil ouvert et une colombe, et cette réalité transforme l’intérieur, l’invisible: Jésus en tend une voix.
Cette transformation se passe sur une frontière, sur une faille dans l’histoire humaine. Là, au bord de la rivière Jourdain. D’un côté se trouve le désert, lieu d’épreuve, et de l’autre la terre promise ruisselante du lait et du miel. Sur une rive, il y a désolation et en face se trouve la rive de la promesse de vie.

Jean exige un changement de vie, un changement radical de comportement qui se solde par un baptême de repentance. Et c’est ainsi que l’Eglise a compris que ce sacrement nous fait entrer dans l’Eglise: par une décision, une demande et un choix de notre part. Mais ce baptême de repentance seul ne peut pas devenir sacrement sans l’impact de la foi par l’Esprit Saint. Notre baptême ne découle pas seulement de notre profession de foi en Jésus-Christ, mais bien de notre participation à la foi de Jésus-Christ. C’est dans la foi de Jésus-Christ que nous sommes baptisés, et cette foi devient progressivement, tout au long de notre vie, notre foi. Mais au départ, perché au bord des eaux de baptême, nous entrons pour recevoir la foi et non pas parce que nous possédons déjà cette foi.
Si le baptême de Jean est un baptême de repentance pour marquer un changement de vie, nous voyons en Jésus et son baptême, la naissance d’un autre baptême. Après tout, nous ne demandons pas à nos bébés de se repentir avant de les baptiser.
Dans le baptême, nous sommes immergés dans l’accueil gracieux de l’amour de Dieu. C’est cet amour actif dans nos vies qui a le pouvoir de nous transformer petit à petit afin de réaliser le potentiel que Dieu voit déjà en nous, depuis le ventre de notre mère.
Nos pratiques de baptêmes sont souvent loin de cette réalité intérieure du baptême.
Ce n’est pas toujours évident de saisir l’énormité d’un baptême d’un bébé quand il essaie d’arracher tes lunettes, ou qui pleure en recevant l’eau sur sa tête ou qui s’accroche à ses parents et veut pas venir dans les bras d’un bonhomme tout habillé en noir… et c’est bien compréhensible.
Nos pensées sont souvent ailleurs quand nous assistons à un baptême d’adulte. Des questions les plus banales peuvent remplir nos esprits: est-ce que quelqu’un va prendre des photos? Où est-ce que j’ai mis mon texte? Dans l’émotion et le stresse c’est facile d’oublier que ce qui se passe en ce moment n’est autre que l’annonce que Dieu a vaincu la mort en la resurrection de Jésus-Christ et que notre baptême nous lie à cette trajectoire de vie.
L’Eglise est née du baptême de la foi de Jésus et cette foi inonde la terre à travers les vies des baptisés.
Par son baptême, dans les eaux de cette terre, Jésus fait que tout eau est sacrée et porteuse de vie.
C’est pourquoi nous déclarons, avec Esaïe, que ce don de Dieu est gratuit, car l’eau est la vie au-delà de ce que nous pouvons imaginer.
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Tuons des dragons, fondons des monastères.
Prédication par Andrew Rossiter à Bergerac le 20 juillet 2025. Luc 10.38-42, Colossiens 1.15-20

Il y a une légende racontée à propos de Marthe de Béthanie qui était populaire au Moyen Âge. Dans cette histoire, qui se déroule après la résurrection de Jésus, elle devient une prédicatrice itinérante et se retrouve à Tarascon en France qui, malheureusement, a un problème chronique de dragon. Elle parvient à tuer le dragon avec de l’eau bénite et, ce faisant, gagne toute la ville au christianisme. Dans cette même histoire, elle voyage avec son frère Lazare et sa sœur Marie, qui finit par fonder un monastère dans le désert, ce qui signifie qu’elles vivent selon les rôles qui leur sont assignés dans l’histoire chrétienne: Marthe agit et Marie étudie. Marthe représente une foi active, tandis que Marie représente une foi contemplative.
Cette distinction vient de notre lecture de ce matin dans lequel Marthe montre l’hospitalité à Jésus pendant que Marie est assise à ses pieds. Les deux femmes incarnent différents aspects du discipulat (apprentissage) chrétien et les deux sont honorées comme personnages positifs. Elles font toutes les deux de bonnes choses. Il n’y a pas de méchant dans cette histoire.
Marthe pratique l’hospitalité et accueille Jésus dans sa maison. Nous pouvons lire, dans le même chapitre, que Jésus bénit celles et ceux qui seront, et que le Royaume de Dieu est près d’eux (v.9). Marie est assise en train d’écouter les paroles du maître. Plus tard dans son évangile, Luc nous décrit positivement cette même attitude à plusieurs reprises. Nous avons deux sœurs, deux disciples qui font ce qu’il faut.
Mais cette histoire d’une vie familiale tourne au vinaigre quand Jésus dit à Marthe que Marie a choisi la bonne chose (souvent traduit par «la meilleure part»). Pourquoi Jésus, qui vient de raconter la parabole du Bon Samaritain, dit maintenant qu’être assis à ses pieds est la meilleure chose à faire que de le servir? Luc propose-t-il que les pratiques contemplatives du christianisme (prière et étude) sont vraiment meilleures que les pratiques actives (hospitalité et service)? Et devons-nous penser comme ça aussi?
Le discord ne vient pas de ce que les deux choisissent à faire, mais quand nous apprenons que Marthe est inquiète pour bien de choses.
Bien avant l’invention de la télévision, avant des téléphones portables, avant les réseaux sociaux, la voiture, les pesticides et autres produits nocifs dans notre nourriture. Avant les tensions de la vie moderne, la vitesse et toutes autres choses qui nous perturbent, Marthe était inquiète et troublée par beaucoup de choses. Je n’imagine pas ce que ce serait pour Marthe aujourd’hui! Nous pouvons nous identifier avec elle.
Luc nous dit que Marthe est «occupée» (perispaoumai) et le mot veut dire être tiraillé, éloigné ou déchiré. C’est exactement ce que nous ressentons quand nous avons plusieurs choses à faire en même temps, quand nous ne pouvons pas nous fixer sur une chose ou quand les demandes sur notre temps, notre énergie ou notre attention sont multiples. Comment choisir la meilleure part? On nous dit de prioriser, c’est-à-dire distinguer ce qui est très important de ce qui est moins important. Solène Verhaeghe, parmi beaucoup d’influenceuses sur YouTube, nous montre comment le faire en huit étapes (www.youtube.com/watch?v=x9dY3qlIIQk). Comme si c’était aussi facile que ça.

Dans sa lettre à la communauté de Colosses en Asie Mineure (la Turquie actuelle), Paul proclame que le Christ «tient toutes choses ensemble», dans notre traduction «c’est par lui que toutes choses sont tenues maintenant à leur place». Tout ce qui semble différent, divergent et opposé est tenu dans un ensemble par le Christ.
Il y a un exemple de cela dans le monde de la science. C’est la molécule de protéine appelée laminine. La laminine est une molécule d’adhésion cellulaire. Comme vous savez, je ne suis pas un biologiste moléculaire, mais j’ai lu que la laminine est comme une sorte de colle dans notre corps. C’est ce qui maintient notre corps ensemble. C’est déjà pas mal pour notre réflexion de ce matin, mais ce qui est encore plus intéressant, c’est sa forme. Si vous allez sur Google Images et que vous tapez «laminine», comme je l’ai fait, vous obtenez un tas de dessins et d’images de cette molécule d’adhésion cellulaire. Et vous savez quoi? Ils ont tous la même forme – la forme d’une croix. Ils sont composés de deux «branches»: une horizontale et l’autre verticale.

Je ne suis pas en train de dire que nous avons la croix de Jésus dans toutes les cellules de notre corps, mais c’est une illustration de ce que le Christ fait dans le monde. Le Christ nous maintient dans un ensemble et nous dirige vers l’essentiel. Il est la colle dont nous avons besoin dans toutes nos distractions et soucis. Là où les inquiétudes nous déchirent, nous sommes maintenus ensemble par les bras ouverts du Christ sur la croix. Son amour. Sa grâce. Sa compassion. Ce sont les choses qui nous maintiennent ensemble, qui nous gardent proches de lui.
Jésus ne porte pas de jugement de valeur sur ce que fait Marthe, mais il remarque l’effet de ses distractions. Après tout, Jésus vivait aussi sur le continuum Marie-Marthe, comme nous tous. Parfois, Jésus s’en allait pour être seul, silencieux, pour s’asseoir, prier et écouter et pour être présent auprès de son Père. D’autres fois, Jésus était actif, en mouvement, au milieu des gens, et occupé à enseigner, guérir, nourrir 5000 personnes. L’un n’est pas meilleur ou plus important que l’autre. Nous avons besoin des deux.
Marthe pense que si Marie aidait un peu, si elle se levait et faisait un peu de travail, tout irait mieux. Elle ne voit que les distractions et elle est incapable de regarder plus loin. Mais Jésus ne parle pas des distractions de Marthe, il s’adresse directement à elle. Les distractions ne sont pas liées à ce qui se passe autour d’elle, mais à ce qui se passe en elle. Ses nombreuses tâches l’ont divisée en plusieurs parts, elle est disloquée et déchirée.
Choisir «la meilleure part» ne signifie pas que les autres choix sont inférieurs ou mauvais. Cela signifie simplement qu’à ce moment, dans cet endroit et dans ces circonstances, il y a une meilleure chose à choisir. Et si Marthe avait pu opter pour l'hospitalité avec autant de sincérité que Marie a choisi d'être assise et d'écouter? Cela aurait pu être la «seule chose» pour elle, «sa meilleure part»?
Nous n’avons pas tous à choisir la même «chose». Ma «meilleure part» n’est pas nécessairement la tienne. Il me semble que Jésus nous invite de choisir ce qui élargit notre vision de la vie et nous permet d’entrer en relation profonde avec les autres.
Je soupçonne qu’une présence totale est la clé pour choisir «la meilleure part». Quand nous sommes collés étroitement à ce que nous faisons, les parties divisées de nos vies se réunissent. Choisir «la meilleure part» n’est pas un choix «une fois pour toutes». C’est un choix fait dans un ensemble de circonstances particulières. Donc, choisissons légèrement nos options pour que, lorsque le contexte change ou que d’autres circonstances se présentent, nous puissions choisir la prochaine «meilleure part».
Pour illustrer, nous pourrions récrire cette histoire avec les rôles reversés:
Alors qu’ils continuaient leur chemin, Jésus entra dans un certain village, où une femme nommée Marthe l’accueillit chez elle. Elle avait une sœur nommée Marie, qui s’asseyait aux pieds du Seigneur et essayait d’écouter ce qu’il disait. Mais Marie était distraite par beaucoup de choses, alors elle dit à Jésus: «Seigneur, ne te soucies-tu pas que ma sœur nous ait laissés pour préparer le repas?» Dis-lui de venir s’asseoir avec nous. Mais le Seigneur lui répondit: «Marie, Marie, tu es inquiète et distraite par beaucoup de choses ; il ne faut qu’une seule chose. Marthe a choisi la meilleure part, qui ne lui sera pas retirée».
Parfois nous tuons des dragons, parfois nous fondons des monastères. Ce qui compte le plus pour Jésus, c’est que, dans tout ce que nous faisons, notre attention soit portée sur lui.

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«Espérance en service»
Prédication par Andrew Rossiter à Bergerac le22 juin 2025.
La première chose que je remarque c’est que le texte de l’Évangile, prévu pour aujourd’hui, commence au milieu d’un récit et pour pouvoir le comprendre il faut revenir au moins au verset 10: «Les apôtres reviennent et ils racontent à Jésus tout ce qu’ils ont fait. Jésus les emmène loin des gens, vers une ville appelée Bethsaïda». Et puis nous pouvons poursuivre la lecture du texte proposé en commençant par le verset 11.
Lecture biblique : Luc 9.11-17

Les hommes de Jésus (car Luc nous précise qu’il s’agit des douze, et il faut comprendre qu’il n’y avait pas de femmes) ont été envoyés en mission de village en village. Nous ne savons pas pour combien de temps ils sont partis, mais on peut imaginer qu’ils reviennent fatigués, peut-être enchantés ou, que sais-je, déçus. J’imagine aussi qu’ils ont besoin d’en parler. De faire le point et avoir un dé-briefing de leurs expériences. Ils attendent peut-être un peu (ou beaucoup) de la sympathie et de l’écoute de la part de Jésus. Et Jésus semble comprendre leurs besoins car il les emmène à part pour un peu de repos. Mais c’est peine perdue car la foule est plus rapide qu’eux. Manger, se reposer, en parler - ce sera pour plus tard. Il y a urgence avec la foule qui se presse autour de Jésus. Jésus choisit d’être disponible pour la foule, à ses yeux elle est plus démunie que ses amis.
C’est ainsi pour celles et ceux qui ont choisi de mettre leurs pas dans ceux de Jésus, qui ont répondu à son appel et ont choisi de partir en mission pour Dieu. La mission est toujours devant, même si elle est difficile, quand on ne vous accueille pas comme émissaire du bon Dieu, quand vous êtes fatigués et parfois désabusés, il faut avancer. Ces hommes avaient besoin de nourriture physique et spirituelle et ils se voient écartés. Sûrement frustrés, ils restent dans leur coin.
Et nous ce matin, nous sommes venus au culte. Nous nous sommes levés de bonne heure pour être présents, nous sommes tous venus avec nos besoins. Besoin de sentir la présence de Dieu, d’entendre un message d’espérance et peut-être de réconfort, de chanter des cantiques qui vont réchauffer le cœur et de se mettre avec d’autres qui partagent la même foi, les mêmes valeurs et perspectives sur la vie. Et souvent nous entendons des paroles qui nous disent que d’autres sont plus dans le besoin que nous. Que d’autres sont plus à plaindre que nous. On entend que Dieu se soucie des autres, et on nous invite à consacrer notre temps et notre argent à ces autres. C’est facile d’imaginer que c’est frustrant. Et c’est vrai, d’autant plus vrai que ces exhortations sont légitimes. Nous savons intérieurement que nous sommes parmi les privilégiés de ce monde et que nos vies se déroulent sans grande difficulté la plupart du temps. Bien entendu personne n’est à l’abri d’un accident, d’une maladie, de la mort d’un proche... tout cela peut nous plonger dans une spirale de désespoir. Mais c’est rare et il est vrai que face a l’adversité nous avons plus de ressources que beaucoup de gens qui vivent dans notre monde. Mais nous n’avons pas besoin de l’entendre chaque dimanche!

Et moi dans tout cela? Mes besoins? Mes préoccupations? Qui s’occupera de moi? Quand tout le monde sera servi et rassasié par ma générosité, mon don d’argent, mon emploi du temps surchargé - que restera-t-il pour moi? Et avec très peu d’imagination nous nous voyons embarqués dans le texte de ce matin, et nous endossons le rôle de ces hommes qui suivaient Jésus. Et comme eux, nous découvrons qu’il y a deux camps, deux foules ou groupes de gens. Il y a la foule qui suit les moindres faits et gestes de Jésus, en quête de tout ce qu’il veut bien leur accorder, et les autres, qui se croient plus proches de Jésus et qui nourrissent déjà des sentiments d’hostilité envers le premier groupe. Il est bien de noter que Luc emploie le même verbe pour dire que les deux groupes «suivent» Jésus.
C’est tellement humain. Espérant un peu de compassion, nous nous trouvons en deuxième zone. Car nous aimerions parfois que l’Église s’occupe un peu de nous aussi, de notre âme, de notre spiritualité, sans devoir vivre un sentiment de culpabilité pour ce que nous ne pouvons pas faire ou ne voulons pas faire ou n’avons pas le temps de faire. Et parfois nous pouvons penser que si l’Église agissait un peu plus dans cette direction, elle aurait moins de problèmes d’argent, de manque de gens et de dynamisme.
En plus, quand nous regardons un peu toutes ces personnes qui s’accourent auprès de Jésus, elles ne sont pas venues pour devenir disciples. Très probablement, elles ne vont pas participer à la construction du Royaume, et même pas contribuer à l’Église future. Ce qui est encore pire, c’est que Jésus ne cherche pas à les enrôler dans son projet. Il cherche à mettre quelque chose de nouveau dans leur vie: une meilleure santé, un peu d’espérance, une bonne parole. Et les disciples ont du mal à le supporter.
Je me rends compte que la foule dans les Évangiles n’est pas homogène. Je ne pense pas, par exemple, que cela nous avance de dire que la foule du jour des Rameaux était la même que le jour de la crucifixion. Il y a foule et foule. Les gens qui forment cette foule ne sont pas tous là pour partir avec quelque chose, ni pour participer à un miracle extraordinaire, parce que d’abord Jésus les enseigne. Il leur parle. Et ils étaient sans doute réceptifs, car ils sont restés jusqu’à la fin de la journée. Ou si nous sommes un peu plus cyniques, ils restent parce qu’ils espèrent un repas gratuit.
Nous ne savons pas ce que Jésus leur a dit, mais on peut imaginer qu’ils se sont rassasiés de ses paroles, mis en route pour devenir acteurs de leur vie. Jésus sait que ces gens n’ont pas besoin d’un maître ou un gourou à suivre, mais un besoin vital de sentir grandis pour poursuivre leur vie.
Les disciples étaient témoins de la scène. Ils ont vu ce que ces gens ont reçu de la part de Jésus, c’est maintenant le moment où Jésus doit s’occuper d’eux. Ils veulent renvoyer la foule chez elle avant qu’il soit trop tard. Et Jésus abonde dans leur sens, il n’a sûrement pas l’intention de garder tous ces gens autour de lui pour toujours. Mais il y a plus urgent d’abord. C’est à ce moment que les tensions entre les deux groupes se manifestent. Le groupe le plus virulent est celui de ses amis, qui ne voient qu’une solution au problème de la nourriture: «chacun pour soi». «Renvoie-les dans les villages».
Nous apprenons dans les Actes des Apôtres que l’Église s’est vite organisée en plaçant d’un côté les enseignants et de l’autre ceux et celles qui prennent en charge la vie de la communauté. Ici, déjà dans la vie de Jésus, le groupe de ses amis est chargé de trouver et de distribuer la nourriture.
Nous ne saurons jamais avec certitude comment s’est produit le miracle ce jour-là. Une multiplication miraculeuse de pain, ou un prodige inattendu de partage ? Mais ce qui est vrai c’est que les deux groupes ont mangé. Ce qui est aussi vrai c’est que le groupe d’amis de Jésus, qui pensaient ne devoir rien faire, reçoivent la charge de servir. La foule commence à s’organiser et à s’asseoir en lignes pour faciliter le partage. Et peut-être que la foule voit que ce sont ces hommes de Jésus, fatigués et en retrait, qui commencent à passer dans les lignes. L’espérance que Jésus a communiquée se réalise dans les gestes et les attentions des disciples. Le miracle qui s’est produit ce jour-là va bien au-delà de la surproduction des baguettes, il a été celui de la multiplication d’amour. Les deux groupes rivaux mangent et collaborent ensemble. Le miracle prend naissance dans le fait d’une transformation des disciples qui étaient prêts à laisser Jésus tout faire (après tout c’était son problème) et ils se voient au travail, au service des autres.

Qui n’a jamais pensé «Je servirai Jésus un jour, mais je suis trop occupé et stressé pour m'impliquer maintenant». Ou bien: «J'ai l'intention de donner généreusement quand je gagne un peu plus, mais pour l'instant je ne peux pas me permettre de donner beaucoup».
Ou «je ne suis pas fait pour faire cela». Peut-être, juste peut-être, nous pensons que nous allons servir Jésus ou l’évangile quand nous aurons assez de temps, d'énergie et de ressources financières. A ce moment-là nous choisirons de le servir.
Mais les serviteurs ne se portent pas volontaire. Ils servent parce qu’ils ont des obligations envers leur maître. En plus, ils servent quand ils sont fatigués, épuisés émotionnellement, occupés et dépourvus de ressources adéquates. Mais comment est-ce possible? L’appel au service de cette manière est juste trop grand, trop difficile et exigeant. C’est uniquement quand nous cédons notre insuffisance que Dieu peut l'utiliser à sa guise. Cinq petits pains et deux poissons, le repas d'un garçon, c'est peu pour nourrir une foule. Luc nous dit que Jésus prend les pains et les poissons et il rend grâce. Nous ne donnons que ce que nous avons et non ce que nous n’avons pas. C’est évident ! Mais souvent nous faisons l’erreur de vouloir avoir plus, afin de pouvoir donner plus.
Souvent nous voyons les disciples comme des râleurs, lents à comprendre ce que Jésus attend d’eux et qui ne sont pas toujours au rendez-vous. Nous leur ressemblons quand nous aussi, nous traînons les pieds, quand nous avons toutes les bonnes excuses pour ne rien faire, quand nous ne voulons pas nous connecter avec la bonne nouvelle qui a été semée en nous. Ce que je remarque c’est que malgré leur indisponibilité, leur lenteur et leur mauvaise grâce, c’est eux qui réalisent le miracle.
Et puis tout se bouscule, il faut faire vite et pour le mieux, la nuit tombe et ils se trouvent dans un endroit désert. La nuit est synonyme de danger et de peur. Il faut que tout soit fini avant que l’angoisse gagne la foule (et les disciples), avant que les paroles de Jésus s’évanouissent de leurs cœurs. Il faut repartir nourri avant que les ténèbres chassent l’espoir fragile de cette rencontre. Jésus ne donne pas une potion magique qui protège le porteur de l’obscurité et qui déjoue les obstacles de la vie. La leçon que nous retenons, n’est pas son message, mais la notion de service. C’est en se servant les uns et les autres que nous retrouvons l’énergie d’être capables de faire face à l’adversité et de célébrer la vie dans sa plénitude.
Jésus n’enlève pas les difficultés de la vie, il offre une espérance dans le service. Malgré les différences et les choses qui nous opposent aux autres, il est possible d’œuvrer ensemble. Une fois que nous pratiquons cette notion «d’espérance en service», nous découvrons que les paniers sont remplis en abondance de vie.
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Une fourchette dans le cercueil
Prédication par Andrew Rossiter au temple de La Force, le 21 juin 2025. Dans le cadre d’un culte qui clôture l’année d’études bibliques sur les plantes dans la Bible. Apocalypse 7.13-17, 22.1-5 - l’Arbre de Vie

Une jeune femme a été diagnostiquée très tardivement d’un cancer déjà en phase terminale. Elle savait qu’elle n’avait pas pour longtemps et elle a tout fait pour «mettre ses affaires en ordre». Une des personnes qu’elle a rencontrée était son pasteur. Une de ses dernières volontés était surprenante. Elle a demandé que le pasteur fasse en sort qu’elle soit enterrée avec une fourchette dans sa main gauche.
Devant le look d’incompréhension du pasteur, elle a expliqué pourquoi. Elle a dit que «pendant toute sa vie de partager des repas de la paroisse ou dans les différentes associations, je me souviens toujours que quand les assiettes ont été enlevées quelqu’un se penchait vers moi pour me dire: «Garde ta fourchette. Parce que le meilleur est à venir». En effet il y avait un gâteau au chocolat ou une magnifique tarte aux pommes ou quelqu’autre délice.
Donc, je veux juste que les gens me voient là, dans ce cercueil avec une fourchette à la main et je veux qu’ils se demandent: «C’est quoi cette fourchette?» Ensuite, je veux que tu leur dises: «Garde ta fourchette... le meilleur est encore à venir.»

Pendant cette année nous avons lu les textes de la Bible qui nous parle de la création, des plantes et des arbres qui y font partie. Nous avons été émerveillés par les aquarelles de Marie-Thé Canovas qui accompagnent les textes de méditation de Pascal Geoffroy. Le Lys nous apprend à ne pas nous inquiéter de notre avenir, car tout est entre les mains de Dieu. Le Saule nous a plongés dans la détresse du peuple d’Israël et nous a amené à réfléchir sur notre rapport à la violence et à la vengeance. Le Cèdre nous rassure que Dieu est bienveillant et aimant, et bien entendu, nous savons que nous sommes attachés au Christ tout comme les sarments sont attachés à la vigne.
Nous avons vu comment la Bible s’ouvre dans un jardin avec ses deux arbres de vie éternelle et de la connaissance du bien et du mal. Bien sûr, je ne peux pas refaire tout le parcours de notre année, mais il est bon de se souvenir de ce chemin qui nous a conduit jusqu’à ici, ce soir.
Ce soir nous avons lu quelques versets de la dernière page de la Bible. Et nous nous trouvons devant un autre arbre: l’Arbre de la Vie. Il s’agit pas de l’arbre de la vie éternelle, mais de la Vie. Cet arbre se trouve à la fin de notre lecture, à la fin de la Bible et nous pouvons supposer à la fin des temps. Il est là quand tout est achevé dans les cieux et sur la terre.
Ce qui est important pour moi dans la vision de cet arbre, c’est qu’il se trouve dans un jardin, un autre jardin, un jardin dans une ville. Ce jardin n’est pas paradisiaque, mais c’est un jardin qui garde les traces et les cicatrices de toute la vie. C’est une vision à partir de la perspective du monde où nous vivons avec ses bruits de guerre, ses postures et ses luttes de pouvoir. Un jardin qui connaît les larmes de la souffrance, le deuil d’une jeune femme morte d’un cancer, la faim qui emporte les enfants du sein de leur mère et le dérèglement climatique. C’est un jardin qui aspire à un monde meilleur.
Aspirer à un monde meilleur, n’est pas rien faire, le laisser venir ou être complaisant. Aspirer est garder la fourchette, car nous savons que le meilleur est encore à venir. C’est poser les gestes, s’engager dans les mouvements et adopter les comportements d’espérance. Par tous ces moyens nous participons à l’œuvre de Dieu qui envisage ce monde nouveau.
Ce monde, décrit par l’auteur de l’Apocalypse est marqué par des absences. Il n’y aura plus de mort, ni de malédiction. Il n’y aura plus de deuil ou de souffrance. La nuit ne couvrira plus jamais la terre. Ce sont les symboles pour nous dire qu’il y a une transformation profonde dans les actes de Dieu. Le monde que nous connaissons ne sera pas ce monde à venir.
Mais nous vivons d’entre les deux mondes. Nos pieds sont fermement plantés sur le sol solide de la réalité des choses. Notre vie n’est pas semblable à ce fleuve tranquille du texte, mais bien plus souvent des cascades qui emportent tout avec elles.
Tous les verbes sont au futur, ce qui nous donne la vision, si souvent répandu, d’un monde à venir. Quelque part au-delà de l’horizon de nos vies, ce monde va arriver. Nous ne savons pas quand, nous ne savons pas pour qui, nous ne savons pas comment. Une telle compréhension peut nous effrayer ou nous rassurer ou nous laisser indifférents - parce que quoi que nous fassions ce monde arrivera.
Avec Jésus, nous pouvons acclamer que le monde décrit par l’Apocalypse est déjà parmi nous. Il est présent au milieu de nous. Il vient à tout instant quand nous nous tournons vers Dieu. Les feuilles qui guérissent les nations poussent quand les belligérants décident enfin de se mettre à table pour négocier. Ces mêmes feuilles poussent quand nous faisons sortir de nos entrailles le mot «pardon». Ces feuilles poussent quand la main d’un médecin ou d’une infirmière est posée sur le front d’un malade dans un geste de réassurance qui dit «n’aie pas peur»...

Nous annonçons la venue de ce monde nouveau dans le maintenant de nos existences chaque fois que nous gardons notre fourchette dans la main. Car dans cet instant, nous proclamons l’action de Dieu dans la vie de nos jours qui vise sa plénitude pour chacun et pour chaque instant.
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Parler ordinairement
Parler ordinairement Pentecôte, le 8 juin 2025 à Périgueux. Actes 2.1-11, Jean 14.15-26
Pentecôte, c’est comme ouvrir le troisième panneau d’un triptyque sur le Saint-Esprit.

Lucas van Leyden 1552
Le premier panneau est le jour de Pâques. Là, l’Esprit est promis par Jésus, soufflé par lui et il commence à faire son œuvre dans les cœurs des disciples. Le deuxième panneau s’ouvre avec l’Ascension, ici c’est la force de l’Esprit qui est mis entre les mains de ces femmes et ces hommes qui ont regardé Jésus disparaître de devant leurs yeux. Comment continuer? Comment croire à ce qu’il a dit? D’où viendra la force pour reprendre la route vers Jérusalem? De ce même Esprit, qui était l’engagement personnel de Dieu dans le monde en Jésus-Christ.
Nous attendons maintenant l’ouverture de ce troisième panneau, car c’est pour aujourd’hui.
J’imagine le premier panneau comme ce groupe de disciples de Jésus réunit dans une pièce, peut-être un peu sombre et là une lumière brille tout doucement près de la porte, et petit à petit cette lumière remplit la pièce. Bien entendu j’ai en tête un tableau ‘vivant’ ou une œuvre en vidéo. J’imagine trois écrans d’ordinateur qui s’allument les uns après les autres.
Le deuxième tableau se situe dans la campagne, sur une colline, ici la lumière descend du ciel et puis monte ou plutôt elle se dissipe et en même temps le petit groupe de personnes grandit en stature et en nombre.
Le troisième tableau est composé de quelques rues d’une ville, au carrefour il y a une maison parmi d’autres. De la fenêtre en haut de cette maison il y a une vive lumière, elle remplit la maison. Tout d’un coup les gens sortent (plus d’une centaine!) et ils ont «en eux» cette même lumière. Toute la ville est illuminée.
J’attends maintenant rencontrer l’artiste ou réalisateur vidéo qui peut réaliser ce triptyque.
L’Esprit n’est pas arrivé à Pentecôte, il est déjà actif dans le monde, par les bouches des prophètes et d’autres hommes et femmes dans la Bible. Nous avons vu comment l’Esprit s’est manifesté au baptême et dans la vie de Jésus et à sa résurrection et puis à l’Ascension. L’explosion de l’Esprit à Pentecôte termine tout ce qui précède. Termine? Pas du tout, cette manifestation n’est qu’une plénitude qui promet d’autres plénitudes dans les vies des personnes qui se tournent vers la source de Dieu dans leurs vies.
Les passages et interventions de Dieu dans le monde ont besoin d’activité humaine, de notre engagement, notre foi et notre mémoire. De cet récit, unique à Luc, il nous a donné la possibilité d’une infinie d’interprétations selon les croyances et les options de nos différentes églises.
Luc nous dit que Dieu envoie son Esprit sur beaucoup pour que beaucoup puisse le voir et croire. D’abord ils étaient nombreux, dans une seule pièce! 120 ensemble. Les onze disciples, les femmes, la famille de Jésus, les autres disciples qui restent sans nom, leurs amis et les amis de leurs amis. Ils étaient ensemble pour prier. Attendre et prier n’est qu’une extension de nos activités au service de Dieu.
Quand l’Esprit arrive c’est comme un vent, nous dit Luc, qui remplit toute la maison, allant dans tous les coins, incluant tous ceux et celles qui se trouvent dans la pièce. Aussitôt le vent se transforme en langues de feu qui se pose sur chacun présent. Ce qui commence comme un sentiment, quelque chose de ressentie, devient tangible et visible. Et dans cet image nous reconnaissons la présence de Dieu. Luc insiste qu’ils étaient ensemble, formant une seule communauté, et malgré leur unicité, l’Esprit se manifeste individuellement, leurs confiant la capacité de parler ordinairement, en d’autres langues (apophthengomai en grec, qui signifie que je parle en phrases). Les passages et interventions de Dieu dans le monde ont besoin d’activité humaine, de l’activité normale comme parler normalement.
Dans un monde où nous sommes contraints d’agir tous de la même façon, de se plier à la mode du moment, de suivre tous les mêmes règles et consignes il est salutaire de découvrir que le premier acte de l’Esprit en ce jour de Pentecôte donne la place à la diversité et l’individualité des croyants. L’Esprit de Dieu ne fournit pas un patron de langage ou de vocabulaire, il ne propose pas un format convenu pour parler de Dieu et de son activité dans le monde. Ce point est accentué par le fait que les gens qui entendent viennent de partout dans le monde, ils ont voyagé de l’Afrique, de Rome et de l’Asie pour entendre leur propre langue. Ce qui essentiel est de réaliser que les actes de Dieu se manifestent dans nos diverses façons de les exprimer.
Mais sans la présence des disciples sur le parvis ce jour-là, cette activité divine aurait pu passer inaperçu, ou en tout cas pas nécessairement interprétée comme une activité divine. Les gens présents auraient pu imaginer pour eux-mêmes la source de ce qui leur arrivait sans nécessairement arriver à la conclusion que c’était Dieu qui s’était présenté à eux. Pour les uns une telle manifestation aurait pu être le résultat de trop de vin, suite d’une nuit bien arrosée entre copains, pour les autres une pièce de théâtre habillement mise en scène, ou encore d’un Flashmob (www.youtube.com/watch?v=GBaHPND2QJg) et nous pouvons imaginer encore d’autres possibilités selon les différentes interprétations.
Ce qui était nécessaire était l’intervention de Pierre. Toutes les fois que Dieu agit dans l’histoire humaine nous avons besoin de l’interprétation. La réflexion théologique, l’étude, l’exégèse, la prière et la prédication sont autant de moyens que nous nous donnons pour traduire ces événements de Dieu dans un langage que nous pouvons comprendre. Nos façons de parler de Dieu sont aussi diverses que les langages que nous parlons. Et quand nous nous exprimons, c’est dans nos langues, ce qui n’est pas le langage de Dieu.

Pentecôte nous dit que Dieu honore la réalité polymorphe de l’existence humaine sans demander l’uniformité. Son Esprit désire parler à travers nos voix et nos expressions diverses. L’Esprit n’a pas une seule voix mais s’ouvre à la diversité des races, cultures, ethnies, espaces et temps qui constitue notre histoire. Et c’est Pierre qui se lève pour assumer le rôle de traducteur pour parler (apophthengomai) ordinairement.
Nous n’étions pas présents ce jour-là, mais par l’Esprit nous aussi nous devenons les traducteurs de l’activité de Dieu. L’Esprit nous permet de parler ordinairement, simplement et clairement de ce que Dieu est en train de réaliser dans nous vies.
Notre langage reste la nôtre. Nos choix de mots, sont les nôtres, les expressions que nous employons sont nos expressions, et Dieu ne voudrait pas que ce soit autrement. Mais Dieu s’incarne selon ses propres termes. Nous ne manipulons pas son Esprit. Nous prions, nous espérons et nous attendons que son Esprit agirait en nous et à travers nos vies. Nous attendons que les gens qui sortaient de la maison dans le troisième panneau du triptyque puissent nous passer la flamme à nous, pour qu’à notre tour nous la passerions aux autres. Ce passage de flamme est notre façon d’agir, notre langage et nos expressions ancrés dans le vécu de notre vie. L'Esprit nous demande d’interpréter, du mieux que nous le pouvons, ce que nous avons ressenti, entendu et vu.
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Prions
Une prédication par Andrew Rossiter au temple de Villeneuve sur Lot, le 1 juin 2025. Apocalypse 22.12-20, Jean 17.20-26
Sois sage (ou comme disait mon père: «sois sage, mais si tu ne peux pas être sage, sois prudent»). Prends soin de vous. Amuse-toi bien. Sois gentil. Passe un bon moment. Appelle-moi si tu as besoin de quelque chose. Tu n’as rien oublié? Et surtout, n’oublie pas que je t’aime.

Je ne sais pas combien de fois vous avez dit des phrases similaires. Au départ d’un enfant qui part en colonie de vacances. Quand on dit au revoir à un ami à la gare. Au moment de partir à la retraite entre collègues du travail. Je ne sais pas si vous vous souvenez que vos parents vous ont répété les mêmes phrases. Ce sont les choses que nous disons à la dernière minute pour accompagner la séparation. Par ces mots nous confions nos espoirs de bien-être futur pour la personne que nous aimons.
J’ai souvent entendu dire que les chapitres 14, 15 et 16 de l’évangile de Jean sont écrits comme un longue dernier testament de Jésus. Cela se termine en chapitre 17 avec une prière. C’est comme Jésus laisse ses dernières instructions à ses amis avant son départ. Faites ceci. Ne faites pas cela. Rappelez-vous que… Et ainsi de suite.

C'est logique et même possible. Après tout, c'est la nuit du dernier repas. Jésus sait qu'il s'en va. Il sera bientôt crucifié et les disciples devront trouver leur chemin sans sa présence physique. Alors pourquoi ne pas donner quelques instructions de dernière minute sur la manière d'agir, sur ce qu'il faut faire, sur la façon dont ils doivent se comporter les uns envers les autres. Puisqu’ils ne pouvaient pas tout enregistré sur leurs téléphones portables, est-ce qu’ils ont noté quelques bribes sur les bouts de parchemin, et c’est comme ça que nous avons les récollections de Jean dans son évangile?
Peut-être. Et face au même dilemme de Jésus je pense que c‘est ce que nous aurions fait, mais ce n'est pas ce que Jésus fait. C’est juste que c’est un peu trop facile et trop «net». De toute façon je n’ai jamais été convaincu que Jésus savait absolument qu’il allait mourir le lendemain et qu’il allait revenir pour tout remettre en ordre. Bien entendu, il savait qu'il risquait tout pour l’amour dont il vivait, et peut-être, comme tout homme, il aurait préféré éviter la croix, la souffrance et sa mort.
Le chapitre 17, d’où vient notre texte de ce matin, n’est pas un dernier au revoir, ou son testament comme a fait Jacob, Moïse ou Samuel ou d’autres personnages du Premier Testament. C’est une prière.
Jésus ne confie pas l'avenir de ses disciples à eux-mêmes. Il confie leur avenir à Dieu. Ses paroles ne sont pas des instructions de départ, mais une prière de départ. Il place la vie de ses disciples en Dieu et non pas en eux-mêmes.
L'évangile d'aujourd'hui n'est pas une conversation entre Jésus et les disciples, mais une prière de Jésus à son Père, et à notre Père. Aujourd'hui, nous entendons la prière de Jésus pour nous. Pendant un court instant, nous aussi, nous sommes dans cette pièce avec Jésus et les autres. Nous entendons sa prière pour nous, mais pas seulement pour nous. Il prie pour la vie du monde, pour que le monde croie que le Père a envoyé Jésus. Notre unité devient la présence sacramentelle de Dieu dans le monde. Par notre unité nous poursuivons l'incarnation de Dieu dans la vie de ce monde.
Et vous pensez sûrement, que nous ne le faisons pas très bien, cette unité. Nous sommes parfois si fiers et surtout tellement attachés à nos différences que nous oublions ce qui nous unis. L’unité dont parle Jésus n’est pas quelque chose que nous devons créer ou produire par nos efforts. Jésus ne dit pas aux disciples d'être un peu plus gentils les uns avec les autres, de s'entendre, de gommer leurs différences ou de se mettre d'accord sur un projet ou un objectif commun. Il ne prescrit pas la tolérance, l'uniformité, l'unanimité ou même pas le consensus. Nous ne sommes pas les destinataires d'instructions, mais le sujet et au bénéfice de la prière de Jésus.
La prière de Jésus fait écho de la prière juive «Schéma Israël» que nous chantons dans nos recueils de cantiques (en Arc En Ciel le numéro 186 et en Alléluia 55-02) «Ecoute Israël! Le Seigneur notre Dieu est un». Et pour souligner son importance, Jésus répète la phrase trois fois dans sa prière. Il prie que ses amis deviennent aussi unis que lui et Dieu sont un.
Que Jésus prie pour notre unité, au lieu de nous donner des instructions, signifie que cette unité vient de Dieu. Ce n’est pas quelque chose que nous allons créer ou fabriquer. C'est la vie et l'essence même de Dieu que Dieu nous offre. Nous n'établissons pas l'unité, nous participons à l'unité qui existe déjà en Dieu et nous la manifestons au monde.
Dit comme ça, ce n’est pas trop difficile, en fait c’est assez simple. En un mot, nous n’avons rien à faire. En réalité c’est un peu plus compliqué que ça. C’est dans notre façon de vivre cette unité que le monde va apercevoir son existence. La façon dont nous vivons ensemble est une réponse à la prière de Jésus.
Nos vies et nos relations sont des signes extérieurs et visibles de la présence intérieure et invisible de Dieu. Bien entendu parfois, même souvent, nous ne reflétons pas cette vie intérieure envers le monde. Souvent nous préférons la garder pour nous-mêmes, bien cachée, bien au chaud pour nous rassurer, nous conforter face à un monde qui peut être assez hostile à notre foi et à nos pratiques. Souvent nous ne savons pas aborder le sujet avec notre entourage, d’autant plus qu’il est facile de pointer de doigt ce que nous ne faisons pas.
Et, à vrai dire, en ces moments-là, nous aimerions avoir une petite liste pour savoir exactement ce qu’il faut dire. Je pense à cette scène dans le film «Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain» où elle est face à l’épicier Monsieur Collignon, qui harcèle Lucien, son assistant. Elle aurait aimé avoir quelqu’un pour lui chuchoter ce qu’il faut dire pour mettre l’épicier à sa place. Et comme par magie il y a un bon souffleur de rue, comme au théâtre, qui se cache dans un soupirail et lui dit, «Vous au moins, vous ne risquez pas d’être un légume, parce qu’au moins un artichaut a du cœur». (www.youtube.com/watch?v=7gu7KqKQ4SA)

Un souffleur, un pense-bête, des idées bien tournées, une phrase ou deux que nous pouvons utiliser - ça sera bon, non? Quelques aides, quelques instructions pour guider, ce n’est pas trop à demander à Jésus. Mais justement Jésus n’en a pas. Il n'existe pas de liste. Nous ne pouvons pas savoir de la part de Jésus ce qu'il faut faire ou comment réagir, mais je peux vous dire où nous pouvons commencer à chercher. Il me semble que Jésus est en train de nous dire que cette unité existe à l'intersection de notre amour pour Dieu et de notre amour pour les autres. C'est l'intersection de l'axe vertical et de l'axe horizontal. L'unité est en forme d’une croix. Et là où les deux lignes se croisent est, selon l’évangile de Jean, l'heure de la gloire du Christ, de sa mort et de sa résurrection. Ce point de convergence est l’image de ce que Dieu fait dans le monde et c’est ce que nous avons reçu pour montrer au monde.
Chaque fois que nous prenons l’option de se centrer sur Dieu, d’être ouvert à sa présence et de faire confiance à son pardon et à sa grâce nous voyons que les différences s’adoucissent, les divisions deviennent un peu moins profondes et les relations commencent à se réconcilier. Bien sûr tout cela n’est pas mathématique ou scientifique, ce n’est même pas mystique ou magique… Mais c’est bien plus que possible et porte la vraie possibilité de fonctionner, une fois que nous en faisons confiance. Au point que nous pouvons faire confiance de la totalité de notre vie. A chaque pas que nous avançons vers ce point de convergence, nous nous approchons à cette unité que Dieu veut pour nous et pour le monde.
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Un regard en arrière
Une prédication par Andrew Rossiter à Castelmoron le 18 mai 2025. Jean 13.31-35

C’est une phrase de Søren Kierkegaard. Voici le contexte de cette phrase: Il est vrai que la philosophie nous dit que la vie ne peut être comprise qu’à l'envers. Mais avec cela, on oublie la première proposition, à savoir qu'elle ne peut être vécue qu'en avant. À chaque instant, la vie ne peut vraiment jamais être pleinement comprise; précisément parce qu'il n'y a pas un seul instant où le temps s'arrête complètement pour que je prenne conscience de ce qui est en train de se passer, le moment n’est plus.
Nous avançons constamment dans le temps. À aucun moment, nous ne disposons d'un espace de respiration pour faire une pause et comprendre la réalité de la vie. Elle se déroule continuellement devant nous. Donc nous essayons de comprendre et de tenir le moment dans nos philosophies, nos théologies, avec nos idées, et pendant tout ce temps la vie nous glisse entre les doigts. Nous nous projetons dans un avenir imaginé et nous ne sommes jamais certains que cet avenir est celui que nous vivrons.
Donc, avec cette introduction en tête et la phrase de Kierkegaard dans nos esprits nous allons écouter la lecture de l’évangile pour ce matin: Jean 13.31-35
Jean écrit avec un regard en arrière. Aujourd’hui, nous sommes dans la saison de Pâques. C’est-à-dire le temps après la mort et la résurrection de Jésus. Mais cette lecture nous parle d'un événement qui s'est déroulé avant le premier Pâques. Ce récit a été composé bien après le drame et donc, nous faisons, ce que Jean fait en écrivant son évangile. Nous regardons ce que Jésus a fait pendant sa vie sur terre, à la lumière de sa mort et de sa résurrection.
La vie de Jésus sur terre est mieux comprise en regardant en arrière, après les événements qui ont eu lieu le vendredi saint et à Pâques. C'est ce que Jean et les autres évangélistes ont fait et c'est ce que nous faisons aujourd'hui. Nous vivons, en tant que disciples de Jésus, vers l'avant. Mais nous apprenons parfois en regardant en arrière.
Jésus laisse à ses disciples un dernier commandement, un nouveau commandement, il dit: «aimez-vous les uns les autres». Très souvent où et comment une phrase est prononcée est aussi important que la phrase elle-même. JF Kennedy a dit «Ich bin ein Berliner» non pas assis confortablement dans le bureau oval à Washington, mais sur un podium contre le mur de Berlin. Le contexte ne donne pas seulement un poids supplémentaire à sa phrase, mais la phrase n’aura presqu’aucun sens sans le contexte.

Ici, tout se passe dans une pièce à l’étage. Jésus est avec ses amis et c’est à ce moment qu’il partage son dernier repas avec eux. Thomas est là, lui qui aura besoin de preuves tangibles avant de pouvoir croire en la résurrection. Pierre est là, qui, quelques heures plus tard, va nier le connaître. Judas vient de partir afin de le livrer à ses ennemis. Et Jésus parle de l’amour.
Mais il fait bien plus que d’en parler. Pendant le repas, Jésus prend un bassin d’eau et un linge et il lave les pieds de ses disciples. Il lave les pieds de Thomas, Pierre et Judas. Il se met à genoux devant chacun. Je ne sais pas si Jésus pratiquait l’art divinatoire. Il y en a qui disent que puisqu’il est le fils de Dieu, il savait ce que Thomas, Pierre et Judas allaient faire. Peut-être, ou non. Mais avec un peu de bon sens et d’intelligence, il aurait pu lire dans leurs pensées, comprendre leurs peurs et «savoir» comment tout cela allait terminer. Et il s’est mis à genoux pour laver leurs pieds. «Aimez-vous les uns, les autres» et il ajoute, «comme je vous ai aimés».

Ce qui est nouveau n’est pas autant le commandement d’aimer. Après tout, nous le rencontrons à plusieurs reprises dans le Premier Testament et dans les écrits des philosophes du premier siècle, mais ce qui est nouveau est le contexte. Cela signifie aimer celles et ceux qui doutent de nous, qui refusent de nous connaître et même ceux qui nous trahissent. Car c'est ce que Jésus a fait pour nous. Il nous a aimés et nous aime, même lorsque nous doutons de lui, que nous le renions ou que nous le trahissons. Et maintenant, tout simplement, il nous demande de faire la même chose pour les autres. Ce n'est pas toujours facile. Mais c'est toujours important. C'est toujours commandé. Et c’est ce que nous devrions faire.
Si facile à dire, mais comment le faire?
En retournant vers le passé, nous avons des aperçus de cet amour.
La première chose que nous remarquons est que Jésus nous montre un amour qui n’attend pas un retour. Quand Jésus lave les pieds de ses disciples, ce n'est pas dans l'espoir qu'ils lui rendent la pareille. Il leur lave les pieds en sachant qu'ils l'abandonneront bientôt et qu'il mourra seul sur la croix. Son amour est inconditionnel. Il aime sans autre but que de démontrer l'amour de Dieu pour nous et de nous montrer à quoi ressemble cet amour.
C’est très difficile d’imaginer un monde qui fonctionne avec cet amour, mais une chose est vraie, c'est qu'il est en fait très libérateur. Aimer sans compter, sans espérer obtenir quelque chose en retour, est très libérateur. Patricia Saint John raconte dans son livre «Croire, ça apprend» l’histoire d’un jeune homme qui a volé tout l’argent de son père et est parti. Plus tard il a fini en prison, puis relâché et il pense à ses parents et ce qu’il leur a fait. Il voulait les voir encore une fois, leur demander leur pardon… mais il ne voulait pas débarquer comme ça. Il leur écrit une lettre en disant que s’ils voulaient bien le recevoir qu’ils mettent un torchon blanc à la fenêtre de sa chambre. S’il n’y a pas de torchon blanc le jour convenu, il comprendra et il passera son chemin et ne les embêterait plus.Le jour venu, il entre dans l’impasse de la maison et il voit que toute la façade de la maison est couverte de draps, de torchons et des nappes blancs. Il remonte la rue en courant et entre par la porte grande ouverte.
Brené Brown est sociologue et écrivaine, dans un de ses livres elle dit: «L'amour, c'est se réveiller chaque jour et aimer quelqu'un qui peut ou non nous aimer en retour, qui peut rester dans notre vie ou la quitter sans préavis, qui peut être loyal jusqu'au jour de sa mort ou nous trahir demain - c'est cela la vulnérabilité».

Le mot vulnérable veut dire littéralement «capable d’être blessé» (vulnerare en latin). Quand nous sommes vulnérables, nous nous ouvrons à la possibilité d'être blessés.
C'est ce que Jésus a fait, n'est-ce pas? Jésus a aimé Judas, qui l'a trahi. Il a aimé Pierre, qui a nié le connaître. Il a aimé Thomas, qui a douté de lui. Il a aimé ceux qui l'ont abandonné, et même ceux qui l'ont crucifié. Jésus aime d'une manière qui le laisse ouvert à des blessures. Cela nous ouvre nos cœurs, qui est très risqué, mais seulement les cœurs ouverts peuvent recevoir l’amour de Dieu.
Et cet amour, implanté dans notre ADN, nous amène à aimer celles et ceux qui ne sont pas comme nous. Jésus a aimé les gens qui n'étaient pas comme lui. Il a aimé les gens qui n'étaient pas d'accord avec lui. Il a aimé des gens qui voyaient le monde très différemment de lui. Il n'y a personne que Jésus n'ait pas aimé. Il en était tout simplement incapable.
Cela ne veut pas dire qu'il ne les a pas confrontés, qu'il n'a pas été frustré par eux ou qu'il ne les a pas réprimandés à l'occasion. Cela signifie simplement qu'il les a aimés, quoi qu'il arrive, et qu'il nous demande à faire de même.
Jésus nous montre à aimer même nos ennemis. Cela ne veut pas dire que nous acceptons ou que nous sommes d'accord avec ce qu'ils font. L'amour selon Jésus ne signifie pas accepter des actions qui sont mauvaises. Jésus a rencontré les gens là où ils étaient, mais il ne les a pas laissés là. Il les a appelés à se repentir. Il les aimait et les pardonnait, mais il les invitait aussi à changer de voie. Jésus n'a jamais aimé le péché. Mais il a toujours aimé les pécheurs. Et il continue à le faire. Et il nous montre comment faire de même.
Jésus n’a jamais prétendu que c’est facile, c’est très difficile. Il n’a jamais dit que nous allons réussir tout le temps, et c’est vrai, mais parfois, quelques fois dans une vie ça marche. Et voici la bonne nouvelle, quand nous échouons, quand nous doutons et même quand nous trahisons son amour, il continue à nous aimer comme il nous a toujours aimé. Dans ces instants nous le trouverons à genoux devant nous.
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Aller à la pêche
Aller à la pêche Jean 21. 1-19 Une prédication d’Andrew Rossiter pour l’Église Verte à Villeneuve sur Lot le 4 mai 2025
Nous avons reçu tant de bonnes choses dans nos vies et dans la vie de notre planète. Nous pouvons émerveiller à la diversité dans la nature qui s’éclore pour nous en ce moment dans les champs et les bois. Nous apprenons tous les jours la complexité et la diversité de la création. Et nous savons que nous occupons une place privilégiée dans l’ensemble de choses. Et maintenant nous prenons conscience que toute la vie qui nous soutient est fragile, en équilibre incertain tel un funambuliste perché sur une corde au-dessus du Grand Canyon. Faire un pas d’un millimètre à gauche ou à droite et c’est la chute assurée, le grand plongeon.

Son équilibre sur la corde est toujours provisoire, toujours changeant. Pour l’acrobat les minuscules variations de tension dans le fil, un oiseau qui passe trop près ou un instant d’inattention peuvent être fatale. Sans cesse il doit s’adapter à son environnement. Être prêt à s’arrêter un instant, avancer plus rapidement ou plus lentement. Tout en étant attentif à ce qui se passe: le vent qui souffle un peu plus fort, le rythme de son cœur et la répétition de sa respiration… il doit lire les dangers et en même temps contempler la beauté autour de lui et prendre plaisir d’être suspendu à plus de 2500 mètres du sol.
Notre église a décidé d’adopter le label «Église Verte» pour marquer son engagement à l’appel d’un équilibre toujours à chercher pour continuer à célébrer notre appartenance à un seul monde. L’Église Verte n’est pas juste une série de consignes de recyclage, d’effort ou d’isolation - tout cela nous pouvons le faire sans être engagés dans une église. «L’Église Verte» n’est pas, non plus une chose de plus aux nombreuses activités de notre paroisse. L’Eglise Verte offre une vision globale de la communauté que Dieu fait émerger, c’est
prendre notre place dans la protection de l’environnement
être attentifs à la voix des pauvres
pardonner souvent
rejeter le racisme
lutter avec les sans-pouvoirs, les sans-voix
partager les ressources terrestres et spirituelles
embrasser la diversité
aimer Dieu
apprécier cette vie
et plus encore
Pour faire cela nous avons besoin de savoir où nous mettons les pieds, de pouvoir voir la corde raide tendue devant nous et d’avancer en confiance un pied après l’autre. Et si vous pensez que tout cela est difficile et que la possibilité d’une chute vous effraie, vous avez tout à fait raison.
Et raison de plus de ne rien faire. En ce cas vaut mieux aller à la pêche. C’est-à-dire faire ce que nous avons toujours fait, faire ce que nous savons faire, retourner à nos habitudes. Jusqu’à là ça a toujours marché. Je ne vois pas pourquoi il faut changer.
Avant le bouleversement de Jésus dans leurs vies, ces quelques hommes de Galilée gagnaient leur vie par la pêche. Ils avaient des bateaux, des filets et parmi eux ils étaient si bien qu’ils embauchaient des ouvriers. Les poissons étaient toujours là. Les filets cassés étaient raccommodés, les bateaux qui commençaient à prendre l’eau étaient réparés. Les nuits où il n’y avaient pas beaucoup de poissons, on revenait le lendemain. C’était une vie sans trop de questions.
Pas étonnant que Jésus trouve ses amis à la pêche quand il revient. Il les trouve là où ils se sentent chez eux. Mais cette fois-ci la pêche n’est pas seulement pas bon, mais ils ont pris aucun poisson. Je ne pense pas qu’il faut lire dans ce récit une analyse de changement climatique qui affecte la reproduction des poissons du lac de Tibériade ou la pollution de l’eau par l’activité industrielle grandissante du premier siècle. Ce qu’il faut comprendre, je pense, c’est que la vie qui semble si sûre et stable n’est pas. Tout est en mutation, tout est mis sous question. Et si cela te semble fatiguant, bah c’est parce que c’est fatiguant et incertain et en fragile équilibre. Et cela ne sert à rien de vouloir se cacher, de prétendre ou d’ignorer la réalité de choses.
L’événement bouleversant de l’histoire, qui est la resurrection est un non-événement. Ce qui révèle la puissance de l’amour agissant de Dieu au monde comme jamais auparavant est… si ordinaire. C’est un tas de vêtements dans un tombeau, une rencontre dans un jardin, une miche de pain partagée entre amis, un pique-nique sur la plage après une longue nuit de travail.
La resurrection se révèle dans les choses ordinaires de nos vies. Dans l’épuisement de ne pas savoir ce qu’il faut faire. Comment choisir de conduire une voiture électrique ou thermique, ou ne pas avoir un voiture. Dépenser souvent plus pour le bio et le local ou d’acheter plus de plus loin et de plus industriel? Trier? Pourquoi faire quand les super-riches s’enrichissent toujours et ne font aucun effort dans leurs hyper SUV et leur jets privés?
Je sais que c’est facile de retourner comme avant. Revenir à ces endroits où tout était plus simple et où on savait exactement comment le monde fonctionnait. Retourner à la pêche, non loin de la berge de nos habitudes, nos certitudes et nos sécurités.
Et la chose étonnante, vraiment remarquable c’est justement que Jésus est là et les attendait! Dingue, non? Là où ils pensaient pouvoir tout contrôler, ils se trouvent devant celui qui a bousculé toute leur vie. Celui qui avait toujours les paroles de grâce et d’amour oui, mais aussi d’exigence et de confiance. Celui qui a relevé les morts, guéri les estropiés et nourri la foule mais en même temps celui qui les a poussé, enseigné, défié à être meilleurs que leurs habitudes et de vivre hors de leurs sécurités.
Et parfois cette vie risquée est juste trop risquée, trop exigeante, trop difficile et trop différente que nous, comme eux, avons envie de s’assoir et laisser-passer. L’irruption de la resurrection ne va pas tout arranger. Nous n’allons pas trouvé le miracle pour nourrir tout le monde, partager équitablement les ressources de la terre, réduire la temperature globale et remettre les glaciers à leur place.
C'est à ce moment que Jésus, encore méconnu des disciples, se montre et dit: «Enfants, vous n'avez pas de poisson?». Ce n'est pas tant une question qu'une affirmation. Dans les mots de Jésus, j'entends l'écho de la voix de Marie aux noces de Cana lorsqu'elle dit à Jésus: «Ils n'ont pas de vin» (Jean 2:3). Des filets vides. Des jarres vides. Pas de vin, pas de poisson, pas de vie. C'est à ce moment-là que Jésus se montre.
Les filets et les jarres ne peuvent être remplis que s'ils sont d'abord vidés. De la même manière, nous ne pourrons jamais être remplis de Jésus tant que nous ne nous serons pas vidés de nous-mêmes, tant que nous n'aurons pas reconnu les limites de notre autosuffisance. Le vide n'est pas une fin ou un échec, mais un commencement et une possibilité. Le miracle commence lorsque le vin vient à manquer. Jésus apparaît lorsque les filets sont vides.
Que peuvent nous dire ces filets vides et ces jarres vides? Ne les jetez pas, ne les abandonnez pas. Ce sont les endroits mêmes où Jésus se montre à nous. Ce sont des lieux de résurrection - des jarres débordant du meilleur vin et des filets remplis de gros poissons.

Peut-être, juste peut-être, une des plages au bord de l’eau où Jésus nous attend est l’engagement dans l’Église Verte, non pas une réponse à tout, même pas un programme pour résoudre les problèmes de l’environnement, mais un rendez-vous qui nous met en route. Un de ces nombreux lieux où nous reprenons confiance que nous pouvons placer notre pied sur la corde pour avancer ensemble vers un royaume en construction.
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Dire la vérité de Dieu aux pouvoir
Prédication par Andrew Rossiter le 27 avril 2025 à Bergerac Dire la vérité de Dieu aux pouvoirs Apoc 1.1-8, Jean 20.19-31
Peut-être, comme moi, vous pensez que c’est drôle d’entendre une lecture de l’Apocalypse le dimanche après Pâques. Quel est le rapport avec l’annonce de la résurrection? ici nous avons une introduction d’une lettre ancienne, le nom de son auteur, son accréditation et les salutations aux destinataires. Quel est le lien avec une rencontre joyeuse dans une maison privée le soir du premier jour et ce texte qui parfois nous fait peur? Et comment ce texte nous aide à proclamer la bonne nouvelle de Dieu dans notre monde?

Je ne sais pas si j’ai tout compris de ce texte, mais il me semble que j’aperçois quelques indications pour nous.
La première chose c’est que nous avons ici une lettre. Comme je viens de dire, il y a un auteur et un ou des destinataires. J’imagine que Jean avait en tête ces différentes églises qui sont nommées un peu plus tard dans la lettre. Est-ce qu’il les connaissait? Est-il allé les rendre visite dans sa longues vie? Et est-ce qu’il attendait une réponse de cette lettre de leur part? Ce sont quelques questions que nous sommes en droit de poser en lisant son texte. Si le dernier livre de la Bible est une lettre, elle est bien autre chose aussi. Elle est une apocalypse et une prophétie, et en anglais ce livre porte le titre de «Révélation» parce que le mot apocalypse en grec veut dire «dévoiler». Elle cherche à révéler les problèmes du monde et à dévoiler la bonne volonté et projets de Dieu pour tout le cosmos. Les prophéties aspirent à proclamer la parole de Dieu dans une situation spécifique. «Voici la parole de Dieu», nous pouvons lire à plusieurs reprises dans les livres des prophètes du premier testament.
En tant que lettre, elle parle d'une situation particulière ancrée dans le vécu des communautés réelles.
En tant qu’apocalypse, elle dit la vérité de Dieu aux pouvoirs.
La lettre nous dit encore plus sur l’auteur que son nom et ses compétences, elle annonce que les mots que nous allons lire sont de l’inspiration divine. Nous n’avons pas une lettre quelconque mais un message envoyé du ciel. Et pour être sûr que le lecteur le comprenne, il le dit deux fois. Ce monde a besoin de savoir que c’est le monde de Dieu, le monde que Dieu a tellement aimé et Dieu n’est pas prêt à renoncer à son désire de le voir devenir le reflet de son amour et de sa grâce.
Je vous entends, au moins j’imagine ce que vous pensez, «ce que tu dis là est n’importe quoi», il faut revenir dans le monde réel, le vrai, pour voir comment la majorité de gens vivent pour savoir que le monde n’est pas du tout le reflet d’une volonté divine. La manipulation des idées, des soi-disant vérités et des fake news nous embobinent dans une vision du monde «apocalyptique», où tout va vers le mur. Regardez un peu ces méga-riches qui s’enrichissent encore sur les fluctuations boursières engendrées par les déclarations d’une politique douanière. Ou encore ces parents qui envoient leurs enfants à l’école avec des cartables «pare-balle» (que tu peux acheter sur Internet pour moins de 100€) afin de les protéger des tires de Kalashnikov dans les salles de classe. Actuellement en RDC quelques 28 million de personnes sont confrontées à une faim aiguë. Chacune des ces 28 millions est une personne: une mère, un enfant, un père, frère, ami… Chacune des vies de ces personnes sont tissées dans la vie des communautés. Et en même temps les Etats-Unis retire leur aide humanitaire. La mère qui attend la nourriture dans un centre de distribution où il y a de moins en moins de choses, son visage ne reflète pas le dessin bienveillant de Dieu pour son monde. C’est simplement pas vrai.

Que faire? Nous ne sommes pas assez fort, assez nombreux, assez organisés, ou tout simplement «pas assez» pour faire grande chose. Nous ne sommes pas si différents que ces chrétiens qui ont été les premiers à lire cette lettre. Face aux exigences de l’Empereur d’être adorer comme le seul vrai dieu et ayant subit les conséquences de leurs refus, certains souffrent et meurent à cause de leur foi, mais d’autres n’ont pas le courage et ont abandonné leur foi et renoncé leur Dieu.
La deuxième chose que je retiens est que nous ne sommes pas seul et Dieu n’agit pas seul. Jean s’adresse aux sept églises d’Asie Mineure. Il emploie des pronoms pluriels pour souligner que l'Église de Dieu est universelle et communautaire. «Grâce à vous (pluriel) et paix de la part de celui qui est, qui était et qui vient». Et Jean n’est pas un observateur extérieur, un donneur de leçons de comment il faut faire ou ce qu’il convient de dire mais il s’inclut lui-même dans le groupe que Dieu aime et appelle comme serviteurs. Bien que Jean s'adresse ensuite à chaque Église individuellement dans les chapitres 2 et 3, il est essentiel de garder en esprit que son message commence par la communauté. Donc nous pouvons proclamer ce matin de dimanche après Pâques que la resurrection n’est pas une affaire confiée aux individus, mais une aventure communautaire.

Jean nous appelle à poursuivre notre action dans l’œuvre de Dieu. Sans cesse il nous invite à faire quelque chose. Le livre de l’Apocalypse est donc plus qu'un message. C'est un appel à l'action. Le premier mot après la salutation est le commandement «Regardez!». Ce commandement est répété plus de vingt de fois dans sa lettre. Jean nous implore en tant qu’églises de lire, d'écouter et de garder la parole de Dieu. Tout au long de l'Apocalypse, il nous encourage à résister aux voies déformées du monde. En résumé, l'Église de Dieu joue un rôle crucial dans la réalisation des intentions de Dieu pour la création. Contrairement aux démagogues politiques populaires qui préfèrent la dictature et la monocratie, la bonne nouvelle de Pâques exige une communauté. Nous sommes appelés à nous joindre à Dieu dans sa bonne œuvre, et nous n'avons pas à le faire seuls.
Et la troisième et dernière chose que je partage ce matin avec vous c’est que Dieu ne nous appelles pas comme des super-héros, dotés des pouvoirs extra-terrestres… Dieu nous fait confiance là où nous sommes, et qui nous sommes. Après tout le Christ ressuscité est celui qui est transpercé (v.7).
Jean ne parle pas de Dieu comme un dirigeant politique avec les apparences de pouvoir, force, puissance, richesse, etc. Jean met l'accent sur les blessures de Jésus. Il veut que nous soyons attentifs aux dangers de ces pouvoirs impériaux. Il veut que nous voyons les cicatrices de cet empire.
Mais ce n'est pas tout.
Il décrit à quoi ressemble le service de Dieu. Pour servir Dieu, il faut servir celui qui remarque les victimes de l'empire, plutôt que de servir les empires eux-mêmes. En d'autres termes, les dirigeants doivent dénoncer la violence, et non la perpétuer. Jean nous montre que les vrais dirigeants se joignent à Dieu pour dévoiler la vérité et exposer l'injustice. Cela me rappelle la prédication de la femme évêque Mariann Edgar Budde lors du service de prière dans la cathédrale nationale à Washington pendant l'inauguration de Donald Trump. Elle s’est rappelée de ce passage pour dire la vérité au pouvoir.
Dans son sermon elle encourageait Donald Trump, «au nom de notre Dieu», à faire preuve de «miséricorde» envers «les millions de personnes qui ont peur sur la frontière mexicaine, la vaste majorité de ces personnes ne sont pas des criminels» elle lui a dit. Elle a continué, «Il y a des enfants gays, lesbiennes, transgenres de familles démocrates, républicaines ou indépendantes, dont certains craignent pour leurs vies», a-t-elle plaidé face au président et sa femme Melania, assis au premier rang au côté du vice-président J. D. Vance et de son épouse.

La réaction de Trump ne s’est pas fait attendre: «Cette pseudo-évêque est une radicale de gauche», a-t-il posté sur son réseau «Truth Social», estimant que l’évêque «a introduit son Église dans le monde de la politique de manière très ingrate. Elle était méchante par son ton et ce n’était ni convaincant ni intelligent… Elle et son Église doivent faire des excuses en public!»
Budee posait son regard sur des victimes de la violence impériale et elle ne s'est pas détournée. Elle a demandé aux détenteurs du pouvoir de faire preuve de miséricorde. En ce temps de Pâques, aurons-nous le courage de nous joindre à l'évêque Budee pour identifier les cicatrices du mal et de son pouvoir, et élever nos voix au service des victimes de la violence?
Nous voyons que ces quelques versets de l'Apocalypse sont remplis de l'espoir de Pâques. Il est tissé dans la joie de la rencontre dans cette maison cachée, secrète quelque part à Jérusalem. Ces versets rejoignent toutes ses personnes qui ont peur, qui n’ont pas d’avenir, qui ont faim en leur annonçant qu’elles peuvent prendre conscience qu’elles ne sont pas seules. Ces versets nous disent que Dieu œuvre inlassablement et que Dieu n'agit pas seul. Jean nous encourage à servir celles et ceux qui subissent la violence des mains du pouvoir, plutôt que les puissants eux-mêmes.
Et là, nous avons une bonne nouvelle à proclamer et à vivre.
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Seul à Pâques
Seul à Pâques
Prédication par Andrew Rossiter à Clairac le 20 avril 2025. Colossiens 3.1-4, Jean 20.1-9
Je me rappel le jour de Pâques 2020. Je suis allé au temple ce matin, comme tous les ans, pour le cute de Pâques et bien entendu il n'y avait personne. Personne dans le temple. C’était mon lieu de travail donc j’avais mon autorisation pour y aller, mais pas les autres. Seul dans le temple le jour de Pâques. C'est étrange. Habituellement le temple est plein, 200-250 personnes, les enfants, les familles, les jeunes, les vieux. Tout le monde. Mais pas cette année-là.
Etre seul à Pâques, c’est peut-être la seule chose qui est vraie à Pâques. C’est peut-être ça Pâques. Être seul. Tout seul.

Toute sa vie, Jésus n’était presque jamais seul.
Luc nous dit que sa naissance a été annoncée par la fanfare céleste accompagnant la chorale de Paradis, des centaines et centaines d’anges qui chantaient dans le ciel pour le pur bonheur de quelques bergers.
Matthieu nous raconte l’apparition d’une nouvelle étoile, sa lumière indiquait la route à suivre pour les mages qui s’embarquaient sur leur «road movie». Ils venaient de l’est en allant vers l’ouest. La même trajectoire que l’église emprunterait dans les premiers siècles de son existence.
Dans les évangiles, la foule est partout. Tellement de gens que Jésus devait négocier avec un petit garçon pour ses quelques pains et poissons afin d’improviser un pique-nique pour nourrir tout le monde.
Les bains de foule, dignes d’un président de la République, partout où il allait, à chacune de ses sorties. Les uns voulaient simplement toucher le bord de son manteau pour être guéris, d’autres grimpaient dans les arbres pour mieux voir au-dessus la tête des gens.
Un jour il y avait tellement de monde que Jésus s’est mis dans un bateau pour prêcher. J’imagine que celles et ceux qui étaient au fond n’ont pas pu capter tout ce qu’il a dit. Ce qu’ils ont entendu, les phrases par ci et par là, ils ont sûrement partagé avec d’autres au moment de l’apéritif ou en prenant une bière sur le terrace d’un café, en disant entre eux: «J’ai été là, tu sais, quand ils sont revenus après la tempête sur le lac», ou encore, «la parabole que je préfère est celle des moutons, de la brebis perdue, ou de cette histoire d’un père et ses deux fils». «Moi, j’apprécie énormément quand Jésus parlait de la prière, et de le faire en secret».
La foule était toujours avec lui, jusqu’à la fin, ou presque. À la croix, la foule se tenait à distance.
Et puis le moment qui change tout. Le moment clé, le point culminant de son message, et de sa vie, quand tout a bouleversé… il n’y avait personne.
L’instant de la Résurrection était un rendez-vous privé, secret, caché de vue. Un temps uniquement pour Jésus et Dieu. Il n’y avait personne, pas de témoin. Personne pour en parler ou prendre une photo pour poster sur Instagram. Jésus était seul, tout seul.

Jean, et les autres évangiles, nous disent que la première personne présente et qui en a témoigné est une femme. Cela nous rappelle que Dieu se révèle d’abord par la voix des femmes. Je ne veux pas dire que Jean ou même Jésus portaient un badge #MeToo. Ce n’est pas une option inclusive ni féministe et Jean ne veut pas nous faire croire que Jésus cherchait à modifier le rôle féminin dans le judaïsme; au contraire, Jésus semble tout simplement l'ignorer complètement lorsqu'il appelle les femmes au ministère public et les affirme face à l'opposition masculine. Le premier signe de Jésus est accompli en réponse à une perturbation sociale remarquée par sa mère (Jean 2,3) et une communauté entière est initiée à l'idée que Jésus est le Messie sur le témoignage d'une femme (Jean 4,42).
Et, pour accentuer l’aspect essentiel de la solitude de ce moment, c’est une femme qui arrive en premier. Une femme seule qui se déplace, qui vient aux premières lueurs de la journée. Il fait encore nuit, nous dit Jean. Mais la nuit n'est pas seulement un moment de la journée, elle peut aussi être l'absence de lumière. Et cette absence de lumière, ce sont les moments de notre vie où nous avons l'impression que Dieu n'est pas présent. Où le poids écrasant de nos ténèbres est interrompue par la reconnaissance explosive de la résurrection. Le Dieu qui a fait naître la lumière a ressuscité celui qui est décrit comme la lumière du monde. Le Dieu qui a donné dignité à la boue a vaincu la mort.
C’est une femme seule, toute seule et son témoignage est irrecevable par les hommes. Le choix d’une femme n’est pas un hasard, après tout c’est la femme qui porte la vie, qui donne la vie au monde, c’est juste et bon que ça soit elle qui est la première d’annoncer le don de la vie nouvelle.
Et puis les choses se déroulent comme prévu. Bien entendu les hommes ne peuvent pas la croire. Ils doutent, ils veulent voir pour eux-mêmes. Ils ne peuvent pas faire confiance au témoignage de cette femme. Comme prévu, c‘est le doute et l’incrédulité qui mettent ces hommes en route pour la tombe. C’est le doute et l’incapacité de faire confiance au témoignage d’une autre qui poussent ces disciples à faire l’expérience de la Résurrection pour eux-mêmes.

Et nous ne sommes pas différents.
L’expérience de la Résurrection n’est jamais autre chose qu’une expérience intime, personnelle que nous devons faire seul. Personne ne peut le faire à ma place. Comme ces hommes; il n’y a pas d’alternative, il faut que j’aille moi-même pour voir, pour me rendre compte, pour rencontrer la vérité de celui qui vit.
Nous venons au culte de Pâques pour beaucoup de raisons différentes, et quelque soit la raison qui nous pousse à venir, elle est forcement la bonne, car nous sommes là!
Poussés par nos doutes, nos hésitations, nos incertitudes, nos questions et notre incrédulité, nous sommes amenés à faire pour nous-mêmes la découverte de cette vie nouvelle qui surgit des lieux secrets de nos intérieurs. De ce lieu où le témoignage intérieur du Saint-Esprit nous anime, nous remet debout et en route.
Car c’est sur la route de retour que la femme a proclamé ce que nous aussi, nous avons à dire, «Il est vivant!»
Et après tout, je me suis dit, c’est peut-être ça Pâques. Être seul. Chacun, chacune, seul.e a la mission de transmettre le message.
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Sans tentation, pas de salut!
« Sans tentation, pas de salut »
Prédication par Andrew Rossiter à Bergerac le 9 mars 2025 Luc 4.1-13
Si je dis le mot «tentation», vous pensez à quoi au juste? Quelle est la plus grande tentation pour vous? Quelle est cette tentation que vous avez du mal à résister?

Je vous pose ces questions, non pas parce que nous entrons dans le temps de Carême et que l’Église a traditionnellement mise en place la résistance à la tentation comme épreuve de la foi. Non, je pose la question parce que peut-être ce que nous appelons tentation n’en est pas. Souvent nous voyons une tentation comme une lutte entre moi et quelque chose ou quelqu’un d’autre. Nous sommes tentés de prendre un troisième ou quatrième verre de whisky (vous remplacez whisky par votre boissons préférée) ou un deuxième dessert. Nous sommes tentés de dire à untel ce que nous pensons de lui. Nous sommes tentés de tricher sur nos impôts ou de se cacher derrière un mensonge. Nous sommes tentés par une femme ou un homme séduisant.
Ce sont les choses qui peuvent être mauvaises, et peut-être nous devrions dire «non» plus souvent, mais je ne suis pas sûr qu’elles sont des tentations. Je me rends compte que les tentations sont plutôt la lutte entre moi et moi. C'est la lutte entre les divisions et les contradictions qui m'habitent. C'est la lutte pour clarifier qui je suis et les valeurs qui orientent et conduisent ma vie. C'est la lutte pour faire face aux réalités de ma vie et pour prendre la responsabilité de moi-même et de ma vie chaque jour.
Et si cette lutte en nous-mêmes était tout simplement nécessaire à notre réveil et à notre croissance? A notre vie de foi et à notre attachement au Christ et son évangile? Et si c’est bien que l'Esprit de Dieu nous conduit dans cette lutte? Et c’est justement ce qui se passe dans l'évangile d’aujourd’hui. Car l’Esprit conduit Jésus dans le désert.

Get Thee Behind Me, Satan, c. 1895, Ilya Repin
Et si c’est l’Esprit qui fait cela, c’est le même Esprit: Qui est descendu sur lui au moment de son baptême Le même Esprit par lequel Jésus baptise Le même qui remplit Elisabeth et Zacharie de prophétiser Le même Eprit qui rende visite à Marie pour qu’elle conçoive le Fils de Dieu C’est le même Esprit qui balayait la surface des eaux au commencement de toutes choses. Et par lequel la vie apparaisse.
Là où il y a la vie, là où la création est en train de se faire naître, l’Esprit est présent.
Et si c’était aussi vrai pour nous dans nos difficultés et nos tentations? Imaginons que l’Esprit de Dieu sait que nous luttons en nous-mêmes, parfois il nous semble contre nous-mêmes. Et si cette lutte ne consistait pas à prouver que nous sommes bons ou mauvais, que nous avons raison ou tort, mais à nous découvrir, à devenir plus pleinement vivants et à exprimer la vie que nous sommes les seuls à pouvoir exprimer? Et si c'était là la tentation dans laquelle l'Esprit nous entraîne?
Et si c’était aussi vrai pour Jésus? Jésus a été conduit par l'Esprit dans le désert pour être tenté pendant quarante jours, et après ce temps il était prêt, il savait qu’il a reçu quelque chose de la part de Dieu. Le verset 14 (celui juste après notre texte) nous dit: «Jésus, rempli de la puissance de l’Esprit, retourne en Galilée». Et c’est là qu’il déclare son programme dans la Synagogue de: «porter la bonne nouvelle aux pauvres, proclamer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, libérer les opprimés, et proclamer une année de grâce du Seigneur» (Luc 4:18-19).
Ses tentations et ses luttes dans le désert visaient à clarifier et à approfondir sa vie. En suivant Jésus, peut-être nous pouvons aborder nos tentations de la même façon?
Et c’est bon que nous réfléchissons à tout cela en ce premier dimanche de Carême. Je sais que chez nous les protestants, nous ne sommes pas trop portés sur Carême, l’obligation religieuse d’éviter de faire ceci ou cela… mais si à travers nos différentes rencontres programmées dans les cinq prochaines semaines nous pouvons prendre le temps de nous regarder et laissés venir des questions en nous: Je suis protestant, pourquoi et pour quoi faire? Je suis protestant et quel est la force que cela me donne?
Carême est souvent vu comme un temps d’auto-flagellation, comme s’il faut se faire du mal pour se faire du bien. C’est comme si nous devons régler certains dérives vis-à-vis d’un aspect de notre personnalité ou notre relation avec une autre personne. Nous renonçons donc au chocolat ou à Facebook, nous nous engageons à lire davantage la Bible, nous exprimons quotidiennement notre gratitude. Il n'y a rien de mal à cela, mais je me demande si tout cela n'est qu'une distraction et un moyen d'éviter notre plus grande tentation. Je me demande si nous ne nous concentrons pas sur ce qui est de l’extérieur plutôt de ce qui est au cœur de notre vie.
Je ne pense pas que notre plus grande tentation soit la nourriture, le sexe, l'argent ou le pouvoir. Je pense que notre plus grande tentation est de nous détourner de nous-mêmes et de fuir notre propre vie, de nous contenter d'une vie superficielle, de ne pas nous montrer qui nous sommes en vérité, d'être des somnambules dans ce monde.
Si nous voulons aller en profondeur*, si nous voulons vivre notre vie en vérité, si nous voulons commencer à guérir nos blessures et vivre de tout notre cœur, alors Jésus dans ses tentations, nous invite à faire face à notre tentation de nous éviter, de nous nier et de nous fuir nous-mêmes et notre vie. Dieu ne nous sauve pas de nos tentations, Dieu nous sauve à travers nos tentations. C'est pourquoi saint Antoine a dit: «Sans tentations, il n’y a pas du salut».
Alors je reviens à la question que j’ai posé au commencement: Quelle est la plus grande tentation pour vous? Quelle est cette tentation que vous avez du mal à résister?
C’est peut-être la honte ou la culpabilité; la peur, une blessure subie ou une douleur permanente. Il peut s’agir de douter de soi-même, d’une déception ou d'attentes non satisfaites. Ou encore de chagrin, de perte ou de trahison; d'un besoin de reconnaissance, d'éloges ou de perfection; de désespoir, de colère, d'obsession ou d'addictions.
Ce n’est pas seulement des aspects négatifs de nous-mêmes que nous évitons. Parfois, nous évitons ce qu'il y a de meilleur en nous. Il s'agit peut-être de notre bonté et de notre beauté, de nos dons et de nos capacités, ou d'une aspiration et d'un désir profonds. Il s'agit peut-être d'une vocation, d'un rêve ou d'une vie que vous n'auriez jamais cru possible et que vous avez abandonné il y bien longtemps.
À vous de cocher la ou les cases qui correspondent, et s’il n’y a pas de case pour vous, libre à vous d’en ajouter.
Quelle que soit la distance ou la vitesse à laquelle nous courons, nous ne pouvons jamais nous éloigner de nous-mêmes ou de notre vie. Et c’est ici que la persistance et la fidélité de l'Esprit nous conduit encore et encore dans le désert à être tentés, à nous confronter à nous-mêmes, à approfondir et à clarifier notre vie. «Lorsque l’esprit du mal a fini de tenter Jésus, il s’éloigne de lui jusqu’au temps fixé». Et à chacun de ces temps fixés dans sa vie, l’Esprit de Dieu le conduisait.
Chaque fois que nous succombons à la tentation et que nous nous détournons de nous-mêmes, nous nous trahissons et nous nous trompons nous-mêmes. Et c'est exactement ce que Jésus ne fait pas. Jésus ne surmonte pas ses tentations, il les utilise pour clarifier et approfondir sa vie. Elles sont moins un choix sur ce qu'il fera ou ne fera pas qu'un choix sur ce qu'il est.

D’accord, d’accord, mais il est Jésus et moi, je suis moi. Il a un avantage que je n'ai pas. Dire cela peut aussi être un autre moyen de nous éviter et de nous détourner de nous-mêmes.
Jésus ne dit pas «non» parce qu'il est plus intelligent, meilleur ou plus saint que nous. Il dit «non» parce qu'il refuse de se trahir ou de se tromper. Il ne se détourne pas de lui-même et ne fuit pas sa vie. Il choisit qui il veut être, ce qui compte le plus pour lui et comment il veut vivre. Matthieu nous dit, dans son récit des tentations que les anges s’approchent de Jésus pour lui donner à manger. Dans nos choix qui nous engagent dans la vie de Dieu, nous ne sommes pas seuls. L’Esprit de Dieu nous pousse, nous accompagne et nous nourrit.
Les choix de Jésus pour devenir véritablement le Fils de Dieu sont les choix dans nos vies pour devenir nous-mêmes les véritables enfants de Dieu et ainsi découvrir toute la joie et la plénitude que Dieu nous offre.
(* Psaume 42.7)
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Aveuglé par la grâce
Aveuglé par la grâce Prédication par Andrew Rossiter à Bergerac le 2 mars 2025 1 Corinthiens 15.54-58, Luc 6.39-45
Voici le tableau de Pieter Brueghel l’Ancien réalisé en 1568, un an avant sa mort.

Ici les aveugles sont des vagabonds vêtus de haillons et se livrant à une vie de mendicité. La scène projette tous dans la chute. Le tableau est austère, peinte en tonalité de gris, vert et noir, c’est une représentation sombre de l’humanité. Dans ses autres oeuvres les aveugles sont les bénéficiaires de dons de la part des autres, mais ici ils sont seuls, pauvres, et décrépits.
Il existe beaucoup de commentaires sur ce tableau:
En relevant les différentes maladies d’aveuglement, en commençant par les yeux inexistants en passant par photophobie et pemphigus.
L’église au fond est bien l’Eglise de Sainte Anna, et l’arbre desséché peut signifier un message anti-catholique, «Passe ton chemin, car il n’y a pas de salut dans cette église».
Le tableau représente une descente de gauche vers le droit qui indique un mouvement et nous sommes invités à contempler notre propre chute.
Et enfin, il faut noter que les deux aveugles qui ont dépassé l’église sont tombés, tandis que les quatre autres restent debout: faut-il comprendre qu’ils ont encore une chance d’être sauvés?
Bien entendu, l’artiste n’a pas laissé un commentaire, donc nous sommes libres de lire ce que nous voulons!
Les aveugles de Breughel sont comme tous les aveugles, il faut que le premier recouvre la vue pour bien guider les autres, et pour que cela se fasse il faut un miracle ou une guérison.
Pour qu’un mauvais arbre porte de bons fruits, il faut une greffe pour transformer sa nature profonde. Il faut aussi la grâce de l’art du jardiner, son intervention relève du miracle.
Pour qu’un homme mauvais, ou une femme mauvaise, devient bon et bonne, il faut aussi un miracle qui transforme sa vie.
Jésus insiste que seul l’arbre, l’homme et l’aveugle par sa propre nature n’a que peu de chance de changer sa vie. Il suggère qu’il faut une ouverture à Dieu, un miracle ou une transformation au-delà de nos forces.
Si nous croyons que les choses doivent changer autour de nous, si nous pensons que nous pouvons devenir meilleurs, il faut que Dieu par le fait de Jésus change nos cœurs de pierres en cœurs de chairs et que la poutre tombe pour que nous puissions voir pour enlever la paille dans l’œil de l’autre.
Difficile d’admettre de telles propos, surtout aujourd’hui où tout semble à la portée de la main: les solutions miraculeuses sont produites quotidiennement dans nos hôpitaux et dans les laboratoires de science. Nous découvrons, chaque jour, d’autres étoiles de plus en plus loin, d’autres galaxies qui mettent en évidence combien nous sommes petits et insignifiants. Nous plongeons de plus en plus profondément dans les connexions minutieuses de nos cerveaux pour comprendre encore de mieux en mieux le fonctionnement de nos corps dans la micro-biologie.

Nous expliquons les choses aujourd’hui qui relevaient de la pure science-fiction d’il y a une génération. Nous avançons sans relâche vers des remèdes des maladies incurables d’il y un siècle. Nous expliquons ce qui était inexplicable et un jour nous aurions "tout expliqué". Pourtant l’explication ne rend pas les hommes et les femmes meilleurs pour autant, et c’est là où Jésus intervient. Car c’est là, le problème.
Si nous comprenions mieux comment le monde fonctionne, pourquoi, avec ce savoir, ne pouvons-nous pas rendre le monde meilleur?
Peut-être le monde est créé comme ça, imparfait, inachevé, en train d’échapper au contrôle de Dieu? Peut-être il faut espérer que Dieu reprenne les choses en main, pourquoi pas? Quelle que soit la réponse qui peut nous plaire, le constat est qu’il semble que nous soyons guidés par de mauvais instincts et que seule une intervention divine peut changer notre nature.
Mais, à l’image de cette église dans le tableau: Dieu, la foi et l’église semblent très loin, en arrière-arrière-plan de notre vie de tous les jours. Pour ainsi dire ineffectif dans la transformation de la personne et de la société. Le tableau de notre existence est aussi sombre que celui de Breughel.
Mais nous continuons de penser que la foi et croire sont essentiels à qui nous sommes. Nous venons ici, nous prions et lisons la Bible pour nourrir nos convictions et pour replonger dans cette transformation que nos cœurs ont connu. Croire fait une différence. Croire doit faire une différence. Nous avons tous eu la certitude qu’habité par la foi, ma vie a changé. Les actions bonnes que je fais ne sont pas pour moi, mais orientées vers les autres, la communauté ou la société en général.
La tentation est de penser qu’une fois que nous avons fait l’expérience de la foi, nous sommes en quelque sort vaccinés, ou injecté par une force divine. La vérité est que chaque matin, nous devons renouveler notre foi. Chaque jour commence par l’irruption de Dieu dans ma vie. Dieu prépare avec moi mes interventions, mes intentions et mes désirs de faire, de dire et d’agir.
C’est Dieu, chaque jour, qui cherche à provoquer le miracle de sa présence dans ma vie. J’ai besoin chaque jour de prendre conscience de sa présence afin que Dieu devienne autre qu’une sorte de flou ambiant auquel je m’habitue. C’est seulement dans son intervention que Dieu changera mon regard sur les autres et sur moi-même.
En regardant le tableau encore une fois, nous voyons que le monde trébuche vers sa perte. Ce monde, ce monde de Dieu, profite et exploite les autres, si possible les plus faibles. Il est sûr que les innocents périssent par la suite de mauvais comportements de ceux et celles qui sont malhonnêtes et sans scrupules.
C’est dans ce contexte que Dieu cherche à provoquer les changements en nous pour que par nos actions les choses évoluent.
Le plus grand changement que Dieu provoque est de déposer en nous, en chacun de nous, cette espérance que les choses peuvent être changées. Que la fatalité de la chute des quatre autres aveugles n’est pas une nécessité. Que la famine qui décime des millions d’hommes, femmes et enfants n’est pas programmée, que l’injustice qui tue et emprisonne des plus vulnérables ne fait pas parti de l’ordre naturelle de notre monde. Que les catastrophes climatiques ne sont pas inévitables, pas plus qu’un enfant issue d’un quartier défavorisé est condamné à une vie de drogue et de violence.
Le miracle de Dieu est de faire naître en nous l’espérance que la fatalité du mal n’aura pas raison et n’entraînera pas notre monde à sa perte. Notre écoute quotidienne de Dieu nous rendra attentifs à son appel à la transformation de ce monde. Ce n’est pas pour nous de savoir comment se produit le miracle de Dieu, ce n’est pas à nous de produire ce miracle qui est propre à Dieu, mais c’est à nous de participer à sa volonté et d’aimer ce monde.
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La résurrection du corps
Une prédication par Andrew Rossiter à Clairac le 16 février 2025 Luc 6.17-26 (texte pour la Volonté de Dieu), 1 Cor 15.12-20
Pour l’apôtre Paul, croire en la résurrection n’est pas optionnel dans sa foi.

Pericle Fazzini, Bozzetto per «Resurrezione» (1969-70 Musée du Vatican). La Résurrection est conçue par l’artiste comme une authentique explosion, qui bouleverse le jardin de Gethsémani : «Une explosion de la terre – telle est la façon dont l’artiste décrit la scène – avec les oliviers qui s’envolent, les pierres, les nuages, des flèches… comme un énorme orage en forme de monde et le Christ qui ressuscite de tout cela, dans toute sa sérénité».
Paul n’a pas peur de choquer les sensibilités des juifs et des grecs dans son annonce, de ce qui pour lui, la Bonne Nouvelle. La résurrection tombe, non pas comme une mouche, mais un véritable boulet dans la soupe de la bonne foi et de l’espérance chrétienne.
Croire en la résurrection est un scandale - et le scandale est ce qui est de mieux dans la foi chrétienne.
Un tel scandale que tout le monde ne pouvait pas l’accepter, loin de cela. Pouvons-nous imaginer le choque chez les gens de cette communauté de Corinth en lisant ces lignes? Je ne le pense pas. Pour nous le mot résurrection est un mot banal qu’on utilise (dans nos prières et dans nos cantiques) et que nous entendons tous les dimanches. Mais pour beaucoup des gens de Corinthe, c’était tout simplement inimaginable! C’était ridicule! Dire que Dieu relève les corps des défunts! Qu’est-ce que Dieu va faire avec tous ces cadavres?
Et les gens de Corinthe l’ont cru… Est-ce nous sommes bien plus raisonnables qu’eux?
Qui a vu des tombeaux s’ouvrir et les morts se balader dans nos cimetières?
Pourquoi ne contenons-nous pas de croire et d’appliquer le message de Jésus d’une transformation profonde qu’opère Dieu dans nos vies?
Pour suivre Jésus dans son enseignement, sommes-nous obligés de croire que Dieu a relevé Jésus de la mort?
Et la résurrection reste un message qui est difficile à faire passer de nos jours, même si nous en sommes persuadés nous-mêmes.
Paul est catégorique.
S’il n’y pas de résurrection il n’y a pas d’espérance.
S’il n’y pas de résurrection, tout ce que nous avons appris de Dieu est mensonge.
S’il n’y a pas de résurrection, notre existence n’est que la somme de nos jours que nous passons sur cette terre.
Et l’Évangile n’est pas la Bonne Nouvelle dont nous avons besoin.
Nous ne savons pas comment, mais Paul a appris que le doute s’est installé dans la communauté de Corinthe et il veut rectifier les choses avant que ce doute se répand plus loin. Donc il frappe fort dans ses propos. Il emploie le mot «nekros» pour parler du corps. C’est-à-dire cadavre. Il ne dit pas que c’est l’esprit qui est ressuscité. Il ne dit pas que l’âme va monter jusqu’à Dieu. Il ne nous dit pas que les esprits des défunts vont nous regarder d’en-haut, réunis dans «Mon Bistro Préféré» avec ses copains, comme chantait Renaud. Non, Paul parle du corps.

Nous sommes bien plus discrets, et nous disons, «il est allé joindre sa femme» ou «elle est parti l’attendre». Quand un enfant dans le cimetière demande à sa maman, «si mamie est montée au ciel, pourquoi l’avons-nous mis dans la terre?», nous ne savons pas comment répondre. Nous sommes désemparés quand il faut parler de la mort, de la fin de vie et du vide que la personne laisse derrière elle. Devant ce que nous ne pouvons pas comprendre nous nous tournons vers les euphémismes:
Il s’est endormi.
Elle s’en est allé (sans dire où exactement).
(et le pire) Nous l’avons perdu, égaré quelque part, comme une vulgaire paire de lunettes.
Nous avons encore de la chance en France de pouvoir assister à la fermeture du cercueil. Toute la famille et les amis proches peuvent voir pour la dernière fois le visage de celle ou celui qu’ils ont aimé, ils peuvent le toucher et à partir de là, ils peuvent commencer la longue route du deuil. Dans bien d’autres pays «civilisés» le corps est caché, fermé dans le cercueil et tout ce que la famille voit c’est une boite qui contient leurs souvenirs et qui enferme leurs sentiments de perte.
Paul insiste sur la réalité physique de la mort et puisque Dieu aime tellement tout ce qui est physique, il annonce aussi que la résurrection est physique. Nous avons l’habitude d’entendre de tels propos, et ils ne nous choquent plus. Mais pour beaucoup dans la communauté de Corinthe le corps était considéré comme une prison qui enfermait l’âme. Le but de notre existence était de séparer les deux réalités, de laisser s’échapper l’âme.
Tout la philosophie grecque visait à cette séparation pour que l’âme incorruptible puisse enfin quitter la corruptibilité de son corps. Bien entendu nous partageons en grande partie cette vision de notre existence quand nous divisons notre être en corps et âme, comme si notre «moi» est constitué de deux réalités réunis pour le temps de ma vie terrestre. Au lieu de croire que mon «moi » est une unité inséparable de tout ce qui me constitue: pensées, sentiments, spiritualité, douleurs et joies physiques. Nous sommes tenté de croire que c’est uniquement l’âme qui contient l’empreinte de Dieu. Comme si c’est seulement dans notre âme que Dieu a choisi de nous habiter… si c’est le cas, le corps n’a que peu d’importance, il n’est rien dans notre démarche vers le salut. C’est l’enveloppe qui contient notre âme ou notre esprit, nous disons.
Sans savoir, nous avons emprunté facilement cette façon de parler et de penser au point que nous croyons que c’est la foi chrétienne! Combien de fois j’entends «c’est dans le cœur que Dieu se trouve», et nous savons tous que dans cette phrase le mot cœur ne désigne pas l’organe biologique, mais plutôt ce que nous appelions autrefois l’âme.
Paul connaissait déjà la croyance en la résurrection, car le Nouveau Testament nous dit qu’il était Pharisien. La croyance en la résurrection corporelle est installée dans le judaïsme petit à petit pendant les troisième et deuxième siècles avant Jésus-Christ. Tous les juifs n’y croyaient pas. Les Saducéens et autres contestaient ce apport de la religion perse.
Pour Paul, sa conviction est confirmée au moment de sa rencontre avec le Christ ressuscité sur la route vers Damas. Là il était face-à-face avec le Ressuscité, et cette rencontre a transformé sa vie. En un instant éblouissant, aveuglant, la résurrection n’était plus quelque chose qu’il attendait quelque part dans l’avenir, mais une rencontre sur sa route, c’est-à-dire dans le quotidien de son existence.

La Bonne Nouvelle vécue et annoncée est l’œuvre de la résurrection. Et si Dieu n’a pas relevé Jésus, Dieu n’est pas plus fort que la mort. Pour Paul, la mort n’était pas une question philosophique, un constat que la vie va se terminer, et que c’est dans l’ordre des choses. La mort est l’ennemie qu’il faut combattre et vaincre. Dieu est le Dieu de la vie.
Et c’est la vie qui est au cœur du message de Paul. La vie dans toute son abondance, la vie qui déborde, qui est puissante et don de Dieu. Si la mort a le dernier mot, Dieu est plus faible que la mort et
nous n’avons rien à annoncer dans ce monde
nous sommes les plus malheureux
et nous restons prisonniers de ce monde et de la puissance de la mort.
La résurrection de Jésus est le signe que Dieu a agit définitivement contre les puissances du mal et de la mort. Un signe pour nous, mais pas uniquement pour nous, pour toute la création. L’annonce de la résurrection est un message scandaleux que nous avons à annoncer à tout le monde.
Les personnes autour de nous n’attendent pas de nous, les chrétiens, que nous leur parlons de la paix dans le monde, ou d’une vie spirituelle intérieure, ou que ça serez mieux si toute le monde était un plus généreux, bienveillant ou gentil. Bien entendu nous pouvons faire tout cela et le monde sera certainement meilleur, mais au centre de notre message est une parole qui dit que Dieu ne nous abandonne pas. Que Dieu n’abandonne pas la création aux puissances de la corruption et de la mort.
Le Dieu de la vie offre sa vie et cela est une sacré bonne nouvelle.
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Où sont passés les prophètes?
Prédication par Andrew Rossiter au temple de Villeneuve sur Lot le 9 février 2025 Luc 5.1-11
Où sont passés les prophètes aujourd’hui? Quelle est la voix prophétique des églises, et plus précisément de notre église? Je ne parle pas de ces prophètes qui prétendent dire le future, annoncent les cataclysmes, promettent de guérir avec un pouvoir magique ou autre manifestations douteuses. Mais de ces voix qui se lèvent pour dénoncer l’injustice et qui protestent au nom d’une vraie fraternité comme réponse à l’appel de Dieu.

Je suis attristé par beaucoup de messages d’églises qui sont obsédés par la répétition de louanges vaines et de manifestations d’adoration sans fin, qui sont préoccupées par le nombre de fidèles chaque dimanche, ou qui annoncent un évangile de prospérité (ce qui est une perversion de l’Evangile: de prétendre que la pauvreté est le résultat d’une personnalité inepte qui ne sais pas se prendre en main, et non enracinée dans les inégalités structurelles). Donc la question est là: Où sont allés tous les prophètes?
Et si nous regardons au-delà des prédicateurs pour s’intéresser aux dirigeants en général aujourd’hui, nous pouvons poser la même question: «Où sont partis tous les vrais dirigeants?» Des dirigeants de courage et de vision qui avancent et font avancer le monde?
Dieu sait que le monde a besoin de vrais leaders aujourd’hui. Et qu’est-ce que nous trouvons sur la scène publique et politique? Des occupants narcissiques des bureaux qui cherchent à remplir leurs propres poches avec la richesse du public, des présidents intempérés, déréglés par leurs passions et intérêts ou imbibés de leur importance qui se lancent dans des tours de vengeance, des politiciens heureux que leurs déclarations sans fondement font le buzz sur Internet. Alors, où sont passés les vrais leaders? Ou pourquoi ne voyons-nous pas aujourd’hui des vrais femmes et hommes d’état émerger?
Vous vous demandez, sans doute, où est-ce que je vais vous amener ce matin? Le temps de culte n’est pas une plateforme pour des propos politiques! Quel est le rapport avec une histoire d’une pêche miraculeuse et de savoir qui occupe la Maison Blanche actuellement ou le Kremlin, ou d’autres capitales dans le monde en Asie et en Afrique? Et vous avez raison de poser la question, mais je vois un lien directe entre ce que nous vivons aujourd’hui dans le monde politique et l’appel de ses premiers disciples dans l’Évangile de Luc. Car ce récit n’est pas autant une belle histoire qui termine avec assez de poissons pour nourrir tout le village, même pas une histoire d’une abondance qui aurait pu être vendu rassurant l’avenir de la famille de Simon et de Jean et Jacques. En regardant bien l’ensemble du récit et non seulement «la prise miraculeuse des poissons» nous voyons une autre grande prise de Jésus, c’est sa capacité de rassembler et élever des futurs chefs pour sa mission.

Le mouvement dans cette histoire nous déplacer de ce petit village au bord du lac de Gennésareth pour contempler la situation dans son ensemble (the big picture). Luc est préoccupé par les origines de son église et d’où venaient ses dirigeants. Les personnes qu’il a connu telles que Simon, Jacques et Jean, Marie de Magdala, Jeanne et d’autres femmes qui sont dans les premières pages de son Évangile, comment sont-elles devenues les futurs leaders du mouvement de Jésus? Nous reverrons Marie et Jeanne au tombeau. Nous entendrons parler de Jacques et Jean encore dans la maison de Jaïrus. Nous entendrons parler à nouveau de Simon, lors de la Transfiguration et dans l’une des apparitions post-résurrection de Jésus. Et dans le livre des Actes nous les retrouvons tous. Bien que peu nombreux, et incertains au début, ces suiveurs, cette «grande prise» de partisans, deviendront une force redoutable dans les années à venir.
Pourtant, ce n’est pas certain que cette grande prise aurait pu avoir lieu si Jésus n’avait pas aidé ces hommes et ces femmes. Il a accompagné leur transformation pas à pas pour surmonter les obstacles personnels qu’ils percevaient en eux. Il les a aidé de dépasser ce qui les empêchait de devenir les personnes que Jésus voyait en eux. Et dans ce que Luc nous dit, nous pouvons voir, peut-être, les clés pour comprendre quels sont les obstacles qui font que le monde est en panne de vrais dirigeants aujourd’hui.
En premier lieu, certains dirigeants potentiels sont bloqués parce qu’ils portent le poids des échecs passés. Les partenaires de Simon avaient pêché toute la nuit, mais n’avaient rien pris. Peut-être qu’ils pêcheraient un autre jour, mais pas maintenant. Fatigués et affligés, impuissants et déçus ils ont une seul envie - rentrer chez eux. Mais Jésus fait en sorte que les pêcheurs détournent leur vue du rivage pour regarder la mer (en mettant leurs bateaux à l’eau pour avancer vers les profondeurs). Il les aide ainsi à surmonter leurs échecs passés avec de nouveaux succès dans le présent.
Ce n’est pas seulement à cause de l’âge de beaucoup de nos dirigeants, mais c’est aussi vrai que le poids du passé pèse un peu plus chaque année, empêchant un mouvement vers l’avant, en voulant figer les choses dans un passé doré. Comment faire en sorte que les femmes et les hommes qui se lèvent pour nous diriger puissent réorienter leur vision en déplaçant la lumière des projecteurs de la côte vers la mer, et ainsi se détournant des anciens échecs vers la promesse de nouveaux succès?
En deuxième lieu, certains futurs dirigeants potentiels restent dans l’ombre parce qu’ils luttent avec leurs faiblesses actuelles. Quand Simon dit: «Je suis un pécheur», Jésus ne détourne pas son regard. Il ne cherchait pas des gens parfaits, mais seulement des gens engagés. Et quoi qu’il devienne en tant que guérisseur, prédicateur et apôtre, Simon commence avec qui il est en reconnaissant qu’il est pécheur.
Reconnaître et, avec le temps, peut-être l’accepter, mais au moins apprendre à vivre avec nos cicatrices peut nous libérer pour vivre le potentiel que Dieu place en nous. Cette idée est centrale du livre d’Henri Nouwen: «Le Guérisseur Blessé» (The Wounded Healer).

Ici Nouwen réfléchit sur notre monde marqué par le progrès spectaculaire, et pourquoi les femmes et les hommes n’adhèrent pas à la foi chrétienne? Il identifie certaines conditions nécessaires à l’émergence d’un leadership spirituel. Tout en douceur, Nouwen nous fait pénétrer au cœur du drame que nous sommes si nombreux à vivre. C’est-à-dire l’incertitude d’où nous venons, notre perte du sens de la continuité historique, et le bouleversement de nos système de valeurs. Rien n’est pas comme avant! Le chant Gospel «It’s me, it’s me, it’s me O Lord, standing in the need of prayer» nous place dans la réalisation de notre besoin de Dieu et de l’autre.
Troisièmement, certains dirigeants potentiels n’émergent pas parce qu’ils luttent avec leurs peurs futures. Jésus déplace l’attention de ces pêcheurs loin de leurs échecs passés et de leurs faiblesses actuelles vers le futur. Il ne dit pas simplement «Ne crains pas». C’est trop facile et la phrase n’aucun sens face au désarroi profond que ressentent les femmes et les hommes. Mais il dit, «Ne crains pas parce que désormais ce sont les personnes que tu captureras». Ce qui donne à ses futurs disciples un aperçu de leur avenir malgré leurs peurs.
Combiner l’assurance d’en finir avec la peur et offrir «voici ton futur» est une déclaration que nous trouvons à travers le récit biblique en commençant avec Abraham et en passant par Moïse, Esaïe et d’autres prophètes. C’est un refrain qui a le pouvoir de sortir le potentiel qui réside en nous pour s’épanouir en service au monde. Celui qui nous appelle, nous offre un avenir.

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Dieu s’en mêle, encore une fois!
Prédication par Andrew Rossiter à Bergerac le 2 février 2025. «La Présentation de Jésus». Malachie 3.1-4, Luc 2.22-40
Je suis surpris de découvrir que les récits de la naissance et de l’enfance de Jésus dans l’Évangile de Luc sont pleins de mouvement. De Nazareth à Bethléem et retour (Luc n’a pas inclut l’histoire des Mages dans son Évangile) et puis 38 jours plus tard de Nazareth à Jérusalem et encore une fois retour à Nazareth.

Nous apprenons que Marie et Joseph prennent le temps aussi bien pour le gouvernement que pour la foi. Ils vont d’abord dans la ville de leur famille pour répondre aux obligations du recensement de l’occupant, et puis ils se sont rendus dans leur communauté de foi pour répondre aux exigences de la présentation d'un nouveau-né devant Dieu.
Combien de personnes étaient présentes ce jour-là dans le temple de Jérusalem? Combien sont venus pour présenter leur nouveau bébé? Tel un metteur en scène d’un film, Luc semble focaliser notre attention sur trois personnes: Marie, Jésus et Joseph. Nous apprenons que cette famille est juive et, profondément liée aux demandes de la loi: ils montent à Jérusalem, ils offrent les sacrifices exigés et observent les rîtes de purification. Tout cela est loin de notre expérience de la fidélité que Dieu demande de nous. Dans notre christianisme bien protestant, il est facile d'oublier qu’ils sont juifs et que ce Jésus est le Messie juif, né d'une famille juive sur une terre juive, pratiquant la religion juive. Voilà notre sauveur.
Luc veut que nous comprenions qui si nous voyons souvent Jésus comme un critique de la Loi c’est parce qu’il n’a jamais abandonné l’exemple qu’il reçu de ses parents. Les accusations que Jésus formule contre des traditions vides pratiquées par les chefs religieux et des rituels et obligations qu’ils exigeaient du peuple ne sont jamais ceux d'un étranger, mais de quelqu'un qui a fidèlement observé la Loi. La religiosité qui contredit le commandement d'amour de Dieu est inacceptable, et Jésus condamne à plusieurs reprises ceux qui tentent de faire étalage de leur sainteté devant Dieu et les autres sans pratiquer l’hospitalité envers leur prochain. Le temple est un espace ouvert à tous ceux qui recherchent la présence de Dieu, et qui fait la différence entre adorer et honorer Dieu et pratiquer l’oppression qui déshonore les autres.
Et puis cette famille rencontre un homme très âgé. Siméon sentait qu'il était temps de partir, de quitter ce monde pour - eh bien, pour ce que Dieu réserve à ceux et celles qui l'aiment et le servent. Il était fatigué, très fatigué. Avait-il encore le temps de voir se réaliser la promesse?
Et un jour, un jour comme les autres, cette famille entre dans le Temple: une mère, un homme, un bébé dans les bras.

D'une manière ou d'une autre, Siméon savait. Il savait qu'il s'agissait de l'Unique. Que ce bébé était le Messie qu'il avait attendu si longtemps. Il s'approche d'eux. Il demande à la femme sans un mot de prendre son bébé dans ses bras. Elle se laisse faire. Qu’est-ce qu’elle approuve à ce moment?
Siméon tourne les yeux vers le ciel et - il chante. «Mes yeux ont vu ton salut», a-t-il chanté. Jésus, un enfant de quelques semaines, est ce salut tant attendu. Pas seulement le salut personnel de Siméon, mais le don du salut de Dieu, qui vient pour le monde entier. Ce chant reprend le thème de tous les chants de Luc: le salut n'est pas quelque chose qui commencera 33 ans plus tard, lorsque Jésus aura grandi, enseigné, guéri et appelé ses disciples, et lorsqu'il sera enfin crucifié. Dans le fait même de la naissance de Jésus, le salut est arrivé.
Dans ce petit enfant, Dieu est avec nous. Le Dieu saint, l'image même du Père, a pris chair humaine, est devenu vraiment humain dans le sein de Marie. Maintenant, toute chair humaine, tous les hommes et toutes les femmes peuvent commencer le processus de restauration à l'image de Dieu, le renouvellement à la ressemblance même de Dieu.
Et ce n’est pas fini pour aucun d'entre nous. Mais il a commencé pour chacun d'entre nous. Et il ne peut pas être arrêté, ni annulé, pour aucun d'entre nous. Car les paroles de Siméon deviennent les nôtres, sa prière est la nôtre: nos yeux ont vu le salut que Dieu nous donnes pour le monde entier.
Mais la présentation ne s’arrête pas là. Siméon tourne vers Marie et lui dit qu’à cause son enfant beaucoup seront élevé et d’autres vont tomber. Il sera comme un gros rocher sur le chemin: certains vont grimper sur lui pour voir loin et se tenir debout, d’autres vont trébucher et tomber. Et Marie dans l'excitation de sa nouvelle maternité reçoit comme une épée dans son cœur qu’elle va souffrir à cause de son enfant. Elle s'est probablement demandé si elle n'avait pas eu tort de laisser ce vieil homme prendre Jésus dans ses bras. C’est ici que nous entendons les échos de notre première lecture et le commentaire de Dietrich Bonhoeffer (voir en bas de page, texte lut en introduction de la lecture de Malachi).
Et puis Luc introduit Anne. Une femme, une prophétesse car Luc aime inclure des femmes dans ses récits, en laissant une place importante pour leurs témoignages. C’est dommage que Luc ne nous relate pas les paroles de la prière d’Anne, mais elle est là pour confirmer que c’est ce garçon qui va libérer son peuple. C'est elle, et non Siméon, qui est le prophète. C’est Anne qui parle à tout le monde.

Et qu’est-ce qu’elle nous dit?
Tous deux ont attendu fidèlement l'intrusion d'un Dieu qui s’en mêle des affaires humaines. Tous deux témoignent aujourd'hui de l'arrivée de la paix sur la terre.
Tous deux, sous occupation étrangère, qui vivent des jours difficiles dans l’incertitude de ce que l’avenir promet: annoncent la présence de la joie de Dieu.
Tous deux qui voient ce qui se passe dans le monde: la maladie et l’infirmité qui détruit des vies, les dévastations climatiques, les gens qui s’opposent les uns aux autres pour des raisons de couleur, de race, de religion ou d’orientation sexuelle: proclament la présence joyeuse d’un Dieu qui guérit et sauve.
Tous deux qui vivent la difficulté de savoir leur place dans l’ensemble des choses, qui se sentent inutiles et insignifiants face aux menaces terroristes, trop âgés et marginalisées des affaires du monde pour faire une différence: chantent que rien ne peut atténuer la venue des signes envahissants de la paix de Dieu.
Pendant tout ce temps, au centre se trouve «l’enfant». L’occasion de la purification de Marie devient la présentation de Jésus. L'enfant ne gémit même pas, et pourtant, tout ce qui est décrit est centré sur lui. Il est mentionné par son nom qu'une seule fois, dans notre lecture. Ailleurs, il est toujours appelé «l’enfant». Des mots importants pour quelqu'un de si petit! Mais Luc a joué sur ce contraste tout au long de l'histoire de la naissance. Le sauveur du monde naît dans une étable, tandis qu'un autre «sauveur» du monde, César, est assis sur un trône dans la splendeur romaine. Ses parents viennent avec l’offrande des pauvres: deux tourterelles.
C'est cet enfant, né dans la pauvreté, est le véritable sauveur. Il est le signe de la consolation et de la rédemption de Dieu. Nous attendons avec impatience de voir l'enfant devenir fort, se remplir de sagesse et être béni par la faveur de Dieu. Car malgré tous les détails que Luc tisse dans ce récit, il veut orienter notre regard vers cet enfant en qui est l’accomplissement de la promesse de Dieu pour chacun de nous.
Extrait d'une prédication de 1928: "Il est étonnant que nous restions si calmes à l'idée de la venue de Dieu, alors qu'auparavant les peuples tremblaient devant le jour du Seigneur. Nous nous sommes tellement habitués à l'idée de l'amour divin et de la venue de Dieu à Noël que nous ne ressentons plus le frisson de peur que la venue de Dieu devrait susciter en nous. Nous sommes indifférents au message, nous n'en retenons que l'agréable et le confortable et nous en oublions l'aspect sérieux, à savoir que le Dieu du monde s'approche des habitants de notre petite terre et nous réclame. La venue de Dieu n'est pas seulement une bonne nouvelle, mais avant tout une nouvelle effrayante pour celles et ceux qui ont une conscience.Ce n'est que lorsque nous avons ressenti la terreur de la chose que nous pouvons reconnaître l'incomparable bonté. Dieu vient au milieu du mal et de la mort, et il juge le mal en nous et dans le monde. Et en nous jugeant, Dieu nous purifie et nous sanctifie, il vient à nous avec grâce et amour". (Dietrich Bonhoeffer «A Testament to Freedom», 1995 New York/Harper p.185)
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«À l’infini et au-delà»
PRIÈRE Dieu de résurrection, ton fils Jésus a émerveillé ses disciples en apparaissant parmi eux. Nous célébrons aussi sa résurrection avec crainte et émerveillement et nous nous réjouissons de la vie éternelle en toi. Amen.
Prédication par Andrew Rossiter pour la célébration de la Semaine de Prière pour l'Unité Chrétienne, à Lalinde 21 janvier 2025. Jean 20.24-29.

«Thomas qui doute», c’est ainsi que nous connaissons ce récit. À une autre époque on disait «Thomas le curieux», mais depuis ce surnom est passé à la trappe, oublié. Dans les évangiles, seul Jean passe un peu de temps avec Thomas. Pour les trois autres il est juste un nom dans une liste. Chez Jean il est présent trois fois.
1. Il est là à la résurrection de Lazare (notre texte au début de cette célébration).
Quand Jésus propose de retourner en Judée après avoir entendu que Lazare est mort, les disciples lui conseillent de ne pas y aller. En effet les Juifs ont menacé de lapider Jésus, et ils essayent de le dissuader, étant convaincu que Lazare est simplement «endormi». Ils disent que la présence de Jésus n’est pas nécessaire et que de toute façon Lazare se rétablira de lui-même. Seul Thomas veut accompagner Jésus en disant: «Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui».
2. Il est présent aussi au moment du lavement des pieds et du dernier repas.
Quand Jésus dit qu’il va préparer une place pour ses disciples. Thomas répond en disant: «Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pouvons-nous connaître le chemin?»
Ces deux déclarations de Thomas montrent une profondeur d’amitié et un niveau d’engagement qui dépasse ce que les autres disciples sont prêts à faire. Si vous avez vu le film «Toy Story», vous vous souvenez de la déclaration de Buzz L'Éclair «À l’infini et au-delà».

Thomas suivra Jésus partout où il ira — jusqu’à la mort et au-delà de la mort dans des lieux inconnus.
Dans le passage que nous venons de lire Thomas est absent, les autres sont enfermées, ils se cachent derrière les portes verrouillées «de peur des Juifs», nous dit Jean. Mais Thomas n’est pas là. Le surnom «Doute» dénigre d’une certaine façon l’absence de Thomas, laissant entendre qu’il aurait dû être là. Peut-être était-il déprimé et mélancolique, donc évasif.
Mais ce que nous savons de Thomas, c’est que les menaces et les dangers ne l’arrêteront pas dans son désir de suivre Jésus. Lui qui veut le suivre même jusqu’à la mort. Peut-être que son absence signifie qu’il devrait avoir pour surnom «Brave» ou «Fidèle» plutôt que «Douteux».
Le texte ne dit pas la raison de son absence, peut-être errant dans les rues à la recherche de son ami, il n’était pas au courant des plans de ses amis. Et quand il entend qu’il a manqué l’incroyable visite de Jésus en chair, il déclare qu’il veut voir pour lui-même. Il dit: «Je veux voir la marque des clous dans ses mains. Je veux mettre mon doigt à la place des clous, et je veux mettre ma main dans son côté. Sinon, je ne croirai pas».
Une semaine plus tard, Thomas a sa chance. Jésus vient pour une autre visite. Et Jésus montre à Thomas les marques. Le Christ partage avec Thomas ses plaies qui guérissent. Notez que le récit ne dit pas que Thomas met ses doigts dans les marques de clou et place sa main sur le côté de Jésus. Les interprétations sont divisées, les catholiques disent généralement que Thomas a touché les blessures de Jésus, et les protestants que Thomas a vu les blessures et c’était suffisant.
Peu importe, Thomas reçoit sa propre révélation. Il reçoit sa propre révélation en personne de la résurrection de Jésus. Et il répond par sa propre révélation de qui est Jésus: «Mon Seigneur et mon Dieu!» Et Jésus accepte le témoignage de Thomas.
Jésus dit alors: «Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui croient». Ainsi, ni l’accent catholique traditionnel sur le toucher ni l’accent protestant sur la vue ne sont loués par Jésus. En louant ceux qui croient sans voir, Jésus nous détourne de devoir toucher ou voir pour mettre l’accent sur la foi.
Que devons-nous croire? Thomas croit qu’il peut et doit suivre Jésus jusqu’à la mort. Mais Jésus n’a pas terminé avec lui. Suivre Jésus conduit non seulement à la mort, mais au-delà. Il s’avère que ce qui est au-delà est cet au-delà de ce qui pourrait être demandé ou imaginé. Cela signifie la résurrection. Suivre Jésus ne conduit pas seulement à le voir, mais à le connaître pour qui il est. Croire «que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu» et nous «aurons la vie en son nom».
Croire alors n’est pas simplement énoncer une confession de foi, mais une connaissance en profondeur du Christ ressuscité. Croire en lui ne change pas seulement notre compréhension de la mort. Le Christ ressuscité, présent parmi nous, change toute notre vie même.
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