#- Parce qu'il est mort à trente-cinq ans !
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La maîtresse explique aux enfants qu'une personne précoce c'est quelqu'un qui fait des choses bien plus tôt que la plupart des autres personnes. Puis, elle demande : - Qui peut me citer une personne précoce ? - Moi, madame, répond Toto. Il y a Mozart ! - Très bien. Et pourquoi peut-on dire que Mozart était précoce ? - Parce qu'il est mort à trente-cinq ans !
#elle demande :#- Qui peut me citer une personne précoce ?#- Moi#madame#répond Toto. Il y a Mozart !#- Parce qu'il est mort à trente-cinq ans !
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” Le télégramme” est un récit que j'ai écrit en 1968. Il a été publié dans le quotidien “An-Nasr” sur les conseils et avec l'aide d'un frère et “véritable ami”. La page culturelle du journal daté du 29 juin de l'année précitée, dans lequel il a été imprimé était, à l'époque, sous la responsabilité du regretté Malek HADDAD. Il est cité dans “Bibliographie méthodique et critique de la littérature algérienne d'expression française (1945 -1970) de Jean DEJEUX (Site internet “Persée”) De nos jours, on parle plutôt de S.M.S dont la seule sonorité nous rappelle la fameuse question-interjection de Racine dans “Andromaque” : “Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes” Cette allitération, à elle-seule, est rébarbative… Je trouve le mot “télégramme” plus doux, plus romantique, plus beau ; mais pourquoi se lamenter Progrès oblige, chaque époque a son lexique. Le télégramme 11 h du soir. Djelloul, pourtant exténué par une journée de travail, n'arrive pas à fermer l'oeil. Il se tourne et se retourne dans son lit, comme au milieu d'un brasier. La lumière d'un éclair lui permet de voir une bestiole qui grimpe le long du mur. Le tonnerre gronde et la pluie se met à cogner contre la vitre. Il se tourne vers la fenêtre, l'air méditatif. Les mille lumières de la ville n'accaparent plus son regard. Ce soir, plus que jamais, sa pensée va vers les siens qu'il a quittés il y a huit mois. Il revoit sa femme Rahima et son gosse né une semaine avant son départ. Il revoit sa mère, la vieille Fattouma que les durs travaux ont épuisée avant l'âge. - De son père, il n'a qu'une image très floue - Il se rappelle qu'elle avait pleuré, qu'elle avait beaucoup pleuré le jour de son départ en France. Elle voulait retenir la voiture qui emmenait sa chair, qui lui arrachait son coeur. Mais elle se rendait compte qu'elle ne pouvait rien contre cette horrible mécanique. C'est alors qu'elle dit au chauffeur : “Prenez soin de mon enfant, je vous en supplie, je veux qu'il me revienne.” Il revoit la scène comme si elle se passait à l'instant même devant ses yeux. “Oui, pense-t-il tout haut, j'étais un enfant, mais ces huit mois à Lyon m'ont appris beaucoup de choses, j'ai appris à affronter la vie, je suis devenu un homme.” En fait, il n'a que dix-huit ans. Il est ainsi plongé dans ses méditations lorsqu'il entend un murmure de voix suivi d'un bruit de pas dans les escaliers de l'immeuble. Il bondit comme un ressort et se jette à bas du lit parallèle à un deuxième, pieds nus sur les carreaux. Son compagnon qui occupe le lit inférieur se met à grogner mais Djelloul ne l'entend pas. Il court vers l'interrupteur, allume, ouvre la porte de la chambre et se trouve nez-à nez avec la concierge mal réveillée. Elle lui tend un télégramme. Instinctivement, il s'en empare, le déplie fébrilement et si maladroitement qu'il le déchire. Il oublie qu'il ne sait pas lire. C'est alors qu'il pense à Youcef, son camarade du lit d'en bas. Il le réveille non sans difficultés. L'autre met du temps à réaliser et proteste avant de saisir enfin la feuille bleue qu'il lui tend d'une main tremblante. A mesure qu'il lit, ses yeux s'écarquillent. Il veut parler, mais aucun son ne sort de sa gorge. “Mais parle, s'écrie Djelloul, parle”! Son visage prend tout à coup une expression angoissée, ses yeux sortent de leur orbite. Prenant son courage à deux mains; Youcef annonce :”Ton frère est mort” ! Ces mots ont l'effet d'un coup de massue sur le crâne de Djelloul. Il reste un moment bouche-bée puis se laisse tomber sur le lit, près de son compagnon. Il essaie de retenir ses larmes, mais en vain : il éclate en sanglots. Dans sa tête, les idées s'entrechoquent, les images défilent sans aucune unité : il a l'impression que là-bas, dans le bled, tout s'est effondré, que sa famille est restée sans abri, à la merci du premier venu. Il lui semble que là-bas, à des milliers de kilomètres, sa mère, son gosse et sa femme l'appellent en choeur et lui font des signes désespérés. Avant ce jour, il n'a jamais eu cette horrible impression, parce qu'avant ce jour, il y avait Allaoua, son aîné de huit ans. C'était lui, le chef. C'était lui qui grattait la terre à longueur de journée pour subvenir aux besoins de la famille. C'était lui qui avait planté une dizaine de petits palmiers, dans l'espoir qu'ils donneraient quelque chose un jour. C'était lui enfin, qui lui avait procuré l'argent du voyage le jour où il avait décidé d'aller travailler en France. “Dieu, s'écrie-t-il, pourquoi faut-il que le malheur s'acharne sur ceux qui ne le méritent pas ? Quel a été le crime de mon frère, celui de sa femme, de ses quatre enfants, de ma mère et de moi-même ? Nous sommes pratiquants jusqu'au bout des ongles et pas une seule fois de ma vie, je n'ai abandonné la prière ! Pourquoi ô Dieu, nous frapper de ce deuil ! Je n'y comprends rien, il y a de quoi devenir dingue” ! Il ne se rend pas compte que les trois autres camarades se sont réveillés. Ils restent silencieux. Il est le plus jeune d'entre eux. Tous l'entourent d'une grande affection. Depuis huit mois ils vivent ensemble dans cette piaule de cinq mètres sur cinq et pas une dispute. Djelloul éclate à nouveau : “Jusqu'à quand serons-nous condamnés à vivre loin des nôtres ? Devons-nous passer la vie entière dans un sol où nous sommes indésirables, mal payés et traités de “bicots” ? Il faut que je rentre pour ne plus remettre les pieds ici, j'irai vivre avec les miens ou crever avec eux, j'en ai marre de cette vie de chien”! - Tu as raison, dit Youcef, ce rital, cet enfant de tortue qui nous fait payer trente mille balles par mois, ce taudis dégueulasse, j'ai bien envie de lui casser la gueule ! Pendant que Djelloul fait sa valise un peu n'importe comment, ses compagnons se concertent un bon moment avant de s'allonger sur leur lit pour ne plus fermer l'oeil jusqu'au matin. Tous font un voyage imaginaire jusque chez eux. Ils pensent au jour où ils fouttront le camp à leur tour. Au moment des adieux, ils glissent une enveloppe à Djelloul : “Tu en auras besoin” lui dit Youcef (elle contient vingt mille francs). Il arrive chez lui. Sa mère est en train de distribuer la galette aux pauvres - c'est la tradition - Dès qu'elle l'aperçoit, elle se jette à son cou, l'embrasse affectueusement. Il retrouve sa femme et son gosse. Il retrouve son foyer. Il ne peut retenir ses larmes. -Je ne veux plus rester dans cette maison, lui dit Fattouma, si tu retournes en France, je la quitte : il y a un vide que toi seul peux combler. -Rassure-toi, mère, je ne retournerai pas. Je viens pour rester, je gratterai ma terre comme mon frère. elle a bien fait vivre la famille du temps de mon père ! Fattouma lui raconte comment Allaoua est mort : il se rendait à Alger, ô ! Ironie du sort, pour se faire soigner les yeux, lorsque l'irréparable se produisit : un accident de la route. Bilan : quatre morts et deux blessés. Parmi les quatre morts, Allaoua et sa fillette âgée de cinq ans. La veille de son départ, il avait enterré son fils Lyamine. Le lendemain il l'avait rejoint. Lorsque Djelloul et Fattouma allèrent au petit cimetière de D……, leurs yeux se voilèrent, à la vue des trois tombes allignées côte à côte : le père était au milieu ; à droite dormait la fille ; à gauche, le garçon. Triste tableau. C'en était trop pour leurs pauvres nerfs qui flanchèrent à nouveau et ils tombèrent l'un dans les bras de l'autre, pendant que des larmes coulaient sur leur visage complètement transformé par l'affliction, la fatigue et l'insomnie des derniers jours. B.Boumedien
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Une conférence religieuse
Les concepts du répertoire ecclésial se succédaient depuis une demi-heure, prélature, incardiné, économie du salut, romanité... ponctu��s de gestes circulaires de la main. Tout n’était sur ce gros homme, que dandinement, rondeur, jabot. Parfois la main s’immobilisant pendait quelques instants au poignet dans la posture qu’affectent les mimes pour figurer l'efféminé. Cette succession d’épithètes, d’hyperboles et d’adverbes ébahissait peut-être l’assistance mais glissait sur Vincent sans lui en remontrer, cependant au détour d’une remarque sur la notion de contrition il marmonna « Putain, mais La cage aux folles, quoi... ». Il voulut se boucher les oreilles, les inflexions de fausset que prenait le monsieur lui étaient insupportables. « Non mais, un jars! ». C’était jusqu’ici la seule chose que Vincent retenait, prenant conscience grâce à l’horloge que voici trente-sept minutes qu'il écoutait cacarder cette pédale. Vint l’image des racailles. En examinant ce petit monsieur gras, féminin, paré de fanfreluches, révéré par toute une cour et présenté partout comme l’unique prélat fidèle au Molinisme originel, Vincent voyait un excès de Civilisation. Aussitôt lui vint l'image des barbares symétriques. Qu’est-ce que Monsieur le Surintendant allait faire concrètement contre les racailles ? Les racailles continueraient à saloper toujours plus loin chaque mètre carré de la laborieuse, vertueuse, vénérable civilisation dont se réclamait Monsieur le Surintendant, quel que soit le nombre de conférences, tractages, manifestations qu’organiserait la Société des Bons Messieurs. Oui, lorsqu’apparaissait le prélat, et que les redeudeus rangés en double haie d’honneur ployaient le genou gauche, lorsque tous ces rubans venaient l’un après l’autre recevoir de l’air recueilli puis éberlué du courtisan, un précieux mot, un chuchotement, lorsque s’ébranlait ce fatras de protocole sorti d’une caricature anticléricale, l’image des bandes de racaille qui marchent à 8 en ligne sur les Champs-Elysées le samedi après-midi se dessinait en ombre chinoises dans l’esprit de Vincent Dubois. Mais oui ! Les racailles, résurgences des bédouins du désert pilleurs de caravane constituaient l’antimatière la plus exacte de ce monde de bourgeois intellectuels privés de force vitale. C’était parce que ces derniers avaient depuis le 17ème siècle corrompus les classes viriles des Blancs travailleurs manuels, notamment par l’hypertrophie du culte marial sous le pontificat de Léon XIII, par l’exercice d’une autorité tenant davantage de la mère abusive que du bonhomme, par la torture mentale de la culpabilisation, par les mille petites phrases toujours négatives achevées de « ce serait dommage de l’oublier », que le moment venu les racailles avaient pu débarquer à Marseille et à Chartres, dans les galettes des rois et les fêtes de village, dans tous les interstices gentils de cette société pacifique, et, comme l'analysait Xavier, tout sodomiser.
Les conférences de Monsieur le Surintendant (Le Beau, reflet de la Vérité, 2011, Splendeurs de l’Eglise, 2013, Talent et Devoir d’Etat : être bien ce que nous sommes, 2014) remportaient toujours l’adhésion générale. Les premières minutes consistaient généralement en l’énumération de toutes sortes de désastres contemporains bien connus (crise des vocations sacerdotales, doctrines fausses) qui avaient le mérite de rappeler aux auditeurs tatillons que l’heure était grave, que le navire coulait et que seule l’unité sans faille autour des derniers détenteurs d’autorité (comme Monsieur le Surintendant) permettrait de sauver quelques meubles. Puis, et c’était là que certaines têtes parmi les moins chenues de l’assistance ébauchaient les prodromes d’un branlement négateur, le propos déviait non sur la condition de ces patriciens et de cette plèbe de petits blancs condamnés dans leur pays, mal regardés, volés, chassés partout, mais sur la situation du clergé. Celle-ci était, on le savait depuis cent au moins, catastrophique etc. Ca-ta-stro-phique glapissait Monsieur le Surintendant cessant un instant de lire sa fiche pour regarder les vieux des premiers rangs, tous acquis à la démonstration. Séminaires vides, infiltrations maçonniques, collégialité, il y avait toutes les raisons de croire que nous étions « à la veille d’un châtiment divin terrible, auprès duquel le Déluge ferait figure de bagatelle ». Selon Monsieur le Surintendant la désertion chronique des églises par les fidèles avait pour cause les abus de la liturgie moderne, etc.
Vincent bailla, sortit son téléphone, consulta ses courriels en attente de réponse archivés dans la section "grande forme". Il y classait les courriels douloureux qui nécessitaient une très grande santé mentale pour y répondre à-propos. Bien qu'il fût de fort méchante humeur il relut comme poussé par la haine de soi le message de ......... vieux de 7 mois, auquel il n'avait toujours pas trouvé la force de répondre.
Le 8/8
Cher Vincent,
Aussi loin que porte le regard le paysage ressemble à une Italie qui serait vierge ; des collines vêtues de maquis et d’oliviers et c’est tout. Je t’écris depuis la place passager d’une voiture de location sur l’autoroute Split-Zadar car je fais conduire Clara, comme d’habitude. Depuis Santa Maria di Leuca nous avons effectué une magnifique traversée de ce qui fut autrefois le golfe de Venise sur le voilier que Monsieur Jacques nous prête, puis avons remonté l’Albanie jusqu’ici. La mer Adriatique recèle de ravissants joyaux orthodoxes sur son rivage monténégrin. Nous avons laissé loin derrière l’Albanie, désert où ne poussent que des sacs plastiques pris dans les ronces et battus au vent, et avons accueilli avec joie l’apparition de l’ile Saint-Stéphane à l’aube du 5, cet ancien bastion de la république de Venise aujourd’hui île privée. Grande joie de regarder depuis les murailles de ce paradis les boloss jeunes touristes à casquette hipster et lunettes essence, et de leur adresser quelques doigts d’honneur règlementaires. Clara ne manifeste aucune pitié pour ces promeneurs ignares en religion qui pour leurs vacances se ruinent par pur snobisme Instagram, se chargent de gros sacs, somnolent dans des dortoirs puants tout cela pour photographier la synthèse de tout ce qu’ils méprisent : des églises et des monastères. Touristes hipsters : "Bah on cherchait surtout l'authenticité. Pas trop l'argent". Clara compare l’ignorance de ces foules qui rigolent des saints et ignorent la vraie religion à son enfance chez les sœurs dominicaines de Fanjeaux, « Nous c'était le contraire on étudiait émerveillées les pères de l’Eglise mais on ne voyageait jamais faute d’argent. Alors pourquoi ces ploucs à casquette Obey viennent-ils admirer des chapelles ? ». « Mais c’est parce que c’est beau » se défendraient-ils, eux qui juraient deux secondes auparavant que la beauté est subjective, que Caravage vaut Picasso ou même un masque baoulé (mais jamais chez eux ils ne paient les 7 euros de l’entrée du musée des arts primitifs quai Branly). Nous avons ensuite admiré Kotor, Herceg-Novi, Dubrovnik… Petits reliquaires ramassés derrière des murailles épaisses de quatre mètres et hautes de quinze, prix de la survie pendant cinq siècles face aux ottomans massacreurs, inventeurs de la pédomazona. Le génie bâtisseur européen guetté par l'arriération saccageuse oriental, n’en sommes-nous pas exactement là ? C’est à croire que rien n’a changé depuis les Thermopyles. Connais-tu la thèse de Philippe Fabry sur Lépante répétition exacte de Salamine? Cette visite de Dubrovnik apprend davantage sur l’époque actuelle que dix ans à lire les journaux. Les murailles de Dubrovnik m’ont révélé la fonction véritable des frontières. Je tance Clara sur sa vitesse car elle dépasse actuellement les 160, warnings allumés sur la bande de gauche, et qu’elle ouvre la vitre pour lâcher un doigt d’honneur aux radars de vitesse (je crois que son pied droit écrase l’accélérateur aussi fort que Notre-Dame écrasera la tête du serpent dans les temps eschatologiques). Bientôt Zadar d'où nous repasserons l'Adriatique pour quelques jours à Venise. Les doges prenaient jadis le titre d’époux de l’Adriatique, n’est-ce pas tout à fait lyrique ? Nous descendrons d'ailleurs dans le palais de l’un d’eux, Andrea Gritti, où les selfies sont interdits ce qui tu l'imagines, a précipité le choix de Clara. On ne bouge plus d’Italie jusqu’au 20 avant de passer en France. Viendras-tu au Réyol cette année ? Nous y serons du 20 au 27 avant de remonter doucement vers la Loire. J’ai lu ton mémoire sur Scorcese, excellent. J’entame Mort à Crédit, et Clara termine Rester Vivant, si si.
FvdR
En somme, poursuivait Monsieur le Surintendant, nous allons conquérir les places par le haut. Il existe encore aujourd’hui une élite catholique, qui fait des enfants, et qui nous est fidèle. Ils remplissent nos églises et nos séminaires et c’est la seule chose qui compte pour l’avenir. La hiérarchie vaticane, bien qu’hostile à notre congrégation sera forcée le jour venu de nommer nos prêtres aux places de choix et qui sait, de faire l’un d’entre nous évêque, alors nous investirons et réunirons ces parcelles disparates comme autant de micro-chrétientés, d’un coup réunies en une grande. Les charges qui nous seront échues deviendront nos places fortes d’où nous proclamerons, inexpugnables, bien haut l’Evangile. Les gens reviendront à l’Eglise poussés par un monde encore plus vicieux et irrespirable qu’aujourd’hui. Alors leur vie prendra un sens, un but, irradiée en filigrane par la joie, par la vie de l’esprit dont nous aurons rendu les conditions d’épanouissement possible par l’établissement d’une atmosphère chrétienne, catholique, comme celle dans laquelle ont vécu nos pères durant mille cinq cent ans. Sommes-nous plus intelligents que nos pères parce que nous avons la voiture, le vote à bulletin secret et le telefonino ? Sommes-nous plus heureux que nos pères à votre avis ? A ce moment précis de la démonstration, les paroles du prélat trouvait pour la première fois en Vincent une oreille attentive. Certes, ceci était bien amené, et l’on voyait où Monsieur le Surintendant voulait en venir. Mais s’il avait tant raison pourquoi son public était-il surreprésenté en vieillards et femmes obèses? Cela, le renouveau? Depuis l'ouverture de cette paroisse il y a dix ans, non seulement aucun nouveau converti n'était apparu, mais aucun couple ne s'y était formé, et ceci pour une raison simple : aucune fille célibataire en âge de procréer ne fréquentait les lieux. Les jeunes adultes fuyaient l'Eglise dès qu'ils n'étaient plus surveillés par leurs parents ou tournait vieux garçon et vieille fille selon qu'ils aient une vocation ou une aversion innée pour le cul, et on voyait effectivement chaque dimanche venir s'asseoir un peu plus de bide, un peu plus de menton. Cette désertion de la Santé procédait d'un simple principe: le marché attirait à lui la santé, ponctionnait dans les familles chrétiennes les plus prometteurs éléments, happait les belles baigneuses, rejetant sur le sable à marée basse les obèses, les tarés. La jeune fille jolie trouverait toujours cent fois plus d'intérêt, cent fois plus de joie immédiate, à aller dans le monde plutôt qu'à épouser un jeune catho même très à son goût, et lui faire dix enfants. "Ce sont les carences en dialectique et apologétiques qui causent l'abandon de la vie chrétienne" maugréait en lui-même Vincent, baissé sur sa chaise, observant par en-dessous Monsieur le Surintendant sur son estrade. « Quelles armes dialectiques tous ces emmerdeurs donnent-ils à un type de 20 ans qui se ferait coincer sur l'avortement dans un débat improvisé devant témoins? On vient à l’Eglise par Charles Péguy et Chesterton, tout embaumé, et lorsque l’on s’en ouvre à un inconnu la première chose qu’il vous dit c’est « Mais et la capote ? Et l’avortement ? Et les pédophiles ? » Quel autre possibilité que de se rendre ridicule avec tous les principes qu'il défend, le nouveau chrétien? Et ces cuistres de répondre que c'est justement là le choix entre vie chrétienne et vie du monde! Mais non! Mais non sales flemmards que vous êtes! C'est pas ces deux choix là! Il y a une troisième voie et vous le savez bien! C'est de gagner dialectiquement le débat, calmement, logiquement! Or la dialectique de débat n'est pas faite de thomisme, de catéchisme et de droit canon, lourds éléphants d’Hannibal, bref n'est pas faite de ce que l'on dit, mais de comment on le dit. Il faut pouvoir improviser, menacer, exhorter, insinuer, avec un esprit d’à-propos, avec des équivoques, avec des synthèses ramassées, avec des questions oratoires, avec des palettes de 30 figures rhétoriques maîtrisées jusqu'à pouvoir frapper d'instinct selon le contexte, avec la phrase qui retourne toute la bataille. Car ces débats, clashs, controverses, sont les jeux du cirque de notre monde civilisé. Seuls les conférenciers capables de parler sans note intéressent les foules, et influencent éventuellement leur opinion. Dans un débat contradictoire, le Verbe c'est la dialectique. Dangerosité en politique d'avoir trop intégré des préceptes tels que ne rien demander, ne rien refuser et l'honneur de souffrir pour Notre-Seigneur-Jésus-Christ ».
Pour gagner dialectiquement les débats contre le monde il faudrait que les jeunes soient formés, initiés aux figures de rhétorique et entraînés à leur application en terrain difficile : un débat improvisé dans la rue, un entretien avec un journaliste hostile, etc. NSJC, modèle par excellence du maître dialecticien à imiter. Il faudrait aider à comprendre quelles figures privilégier selon que l’on dialogue avec tel contradicteur devant tel public ou tel autre, pratiquer l’art d’avoir toujours raison mais à l’école de Saint Dominique, se repasser certains grands débats cruels des années 90-2000 sur les plateaux de Virieu, Ardisson, Ruquier, Fogiel, pour comprendre ce qu’il aurait fallu dire, comment et quand, et bien prendre conscience de cette vulgarité admise par les foules, qui exige de vaincre ou de périr. La plupart des cultures basées sur le mensonge se réclament, on le sait, toujours du dialogue car elles savent pouvoir y triompher, le mensonge et la dissimulation étant chez elles non des péchés mais le mode habituel de rapport à l’autre, à l’étranger haï, à détruire, à soumettre. Ces enjeux de rue intéressent très peu ce clergé pour qui toute la question est de connaître le nombre de séminariste dans tel diocèse et qui en est l’évêque, ou si untel se conforme ou non à telle hiératique, ou encore d’expliciter les mérites comparés de deux congrégations jadis florissantes et aujourd’hui éteintes. Les foules de rombières et de vieux efféminés qui se passionnaient pour ces sujets seraient bafoués en deux minutes de débat face à un Dynovicz, Touitou, Ramadan, ou quelque autre sophiste habile au tour de passe-passe lévinassien (« Nous ne défendons pas le voile, qui est un tissu, mais la pudeur, qui est une vertu. Le voile n’est que l’excipient de cette vertu ») et dont la syntaxe rustique, loin de les desservir, formait le raccourci, le joker pour foncer plus vite au résultat sans la manière, laissant les héritiers de Bossuet s’empêtrer dans les ornements du beau style (liaisons, doubles négations), faites pour l’apparat des conférences avec fiches, faites pour cette foutue conférence. Ainsi à Crécy des soudards mal dégrossis massacrèrent avec des flèches et des poignards plusieurs milliers de chevaliers carapaçonnés de la plus haute extraction.
Le regard de Vincent erra un moment sur les portraits des vénérables prédécesseurs aux murs de la salle. De vieux messieurs impeccables aux regards aguerris, cardinal untel, père untel… Si de pareils soldats de la Foi n’avaient pu endiguer le flot à l’époque timide de l’arriération orientale qui montait en Occident par le moyen « civilisé » de l’Etat Profond pendant les années Nixon, que pourraient faire aujourd’hui les obèses châtrés de la Société des Bons Messieurs face aux torrents de merde rajoutés chaque jour par « étapes graduelles » aux égouts du monde qui montaient désormais jusqu’à eux?
Vincent baissant les yeux sur son téléphone appuya rageusement sur « répondre » et s'employa à rédiger.
Cher Franz,
Désolé d’avoir tardé à te répondre. Mon ferry a pris du retard cet été. Hélas je n'ai pas eu le loisir de pouvoir vous suivre au Réyol, des questions bassement monétaires m'empêchant la location de voiture et l'hôtel. Ce sont probablement les prodromes du déclassement. Je ne voulais pas que vous me traînassiez comme un boulet. Misère! Je n'ai même pas accès à l’argent pour pouvoir le mépriser, ni à la bourgeoisie pour pouvoir la renier.
Ferry Italie-Albanie.
Chapitre 1. Le Ramona (coke en stock)
On arrive dans le bateau, départ 21h avec deux heures retard. Salles communes déjà remplies d'albanais assis par terre, bar, salon, ambiance chiourme entassée. Partout, des pieds d'hommes, des bides, des mâchoires où dents manquent qui mastiquent puis qui baillent, des regards qui n'attendent plus rien. Seaux rouges au milieu des couchages pour écoper des fuites du plafond. Un camp de réfugiés. Le "restaurant" : la salade caprese c'est laitue plate avec monotranche feta et monotranche tomate le tout dans assiette dessert. J'opte pour un bourguinss haricots verts. Dehors, le coucher de soleil, la chiourme s'étale partout pour dormir, bouche ouverte, nombreuses paillasses jetées sur le pont extérieur, femme jambes ouvertes avec gros chien, des types genre bédouins des mers gueulent aux dominos avec bières etc. On voit que seule une cheminée fume sur les deux existantes. On dort sur banquettes du restaurant. Arrivée prévue demain 15h.
Chapitre 2. Le boat-people à la dérive.
Réveil 7h du matin. Une seule cheminée fumait, effectivement, verdict : 1 seul moteur marche sur les deux. Annonce indique 24h de retard à cause allure trop lente, ambiance d'émeute, va falloir redormir en mer ce soir, le camp de réfugié flottant devient radeau des cinglés, les capitaines se hurlent dessus dans le poste du haut on les entend depuis le pont, genre "mais c'est toi qui devait faire le plein de mazout" etc.
On redescend : tribus d'hommes trapus obèses crânes courts peau craquelée, femmes allongées en vrac dans les couloirs, encore 19h de traversée, 30 degrés on va manquer d'eau. Odeurs corporelles, bouffe, toilettes, vomi, enfants qui crient, les gens avec des paquets de cigarette, des glaces, des chips qui bouffent hagards. Files d'attente d'hommes debout frôlent des femmes allongées (quasi contact pied-bouche) sous couvertures Bambi. Visages gras, promiscuité, haleines, colère... Partout des ventres, des poils, des tatanes quechua. A l'horizon : mer plate. Physiques louches de soudards à cous épais qui engueulent l'équipage grec. Femmes tatouées en short paillette, cheveux violets cinq doigts six bagues etc. Annonce du bateau : bouffe gratuite en dédommagement. Ruée immédiate massive au restaurant, gens frappent aux vitres, tambourinent aux portes, insinuent doigts par interstices en appelant les serveurs façon "nuit des morts-vivants" ; soudain les portes cèdent, les tribus raflent les tables de 4 comme aux soldes, embrouilles de 10 pachydermes pour les places assises, vont-ils se taper en sang par terre dans miettes de chips et tâches de mayonnaise ? 30 degrés, midi, bateau en perdition. Les gros se hurlent dessus en albanais dans le "restaurant", une femme essaie de ramener le calme en faisant tinter une fourchette contre un verre, (disproportion des bruits) pendant que ceux déjà servis le nez dans l'assiette font des soupirs de satisfaction, s'en foutent. Dans les assiettes : nouilles ketchup. 2 heures de queue je renonce. Toutes les prises occupées pour charger portables. 14h les gens commencent à ouvrir armoires sauvetage, fouillent, raclent tiroirs, s'emparent de tout à porté de main, ambiance de vengeance, l'équipage se retranche derrière des guichets.
16h déjeuner : pâtes sauce tomate. Arrêt de la climatisation, les gens qui ont des cabines ouvrent les portes pour respirer, gros hommes à 4 par chambre en superposés, dorment ventre à l'air dans cabines puantes et bouillantes. Femmes qui allaitent par terre. 16:30 tout le bateau a mangé, l'émeute se calme, digère. 17h des dauphins sautent autour du bateau. Prochain service à 21h. Ca recommence. Nuit. 4h du matin Albanie en vue. 10h on commence à sortir du bateau.
As-tu saisi la morale de cette histoire? Ainsi mon cher Franz, tout porte à croire, pour répondre à nos longues discussions sur l'avenir de l'Europe, que non ça ne va pas péter. Pour que ça pète il faudrait que la pression interne de la société soit élevée, or la satiété qu'elle éprouve trois fois par jour régule son humeur, et l'aiguille de son baromètre indique "Beau Fixe" envers et contre tout. L'histoire montre qu'il n'y a que deux types d'émeute : celle de la faim et celle financée par une organisation extérieure.
Cordialement
VD
Il faut garder l’espoir braillait maintenant Monsieur le Surintendant, cette confiance, en la France. Heureusement qu’il demeure des gens fidèles, les « appelés ». Et quand je vous vois, je réalise que cet espoir et cette confiance, sont au rendez-vous. Monsieur le Surintendant désigna d’un geste, au premier rang du parterre, une cinquantaine de vieux au teint de flaque d’eau. Vincent n’y prêta nulle attention. Ainsi le clergé actuel en était-il réduit à sa plus inoffensive expression : la fuite dans la théologie, l'abstraction, et selon qu'il soit moderno ou tratra, le baratin ou l’orthopraxie liturgique. D’où son agonie, songea Vincent en rangeant son téléphone. Encore quelques paragraphes sur le renoncement franciscain et l’union hypostatique et ce serait fini, on se dirait au revoir et l'on partirait chacun chez soi. Et les éventuels transports mystiques qui avaient saisi les auditeurs dix minutes auparavant, la certitude du Ciel et des Miracles, tout cela ne serait plus qu’un amas de mots insignifiantsnoyés dans le fatras des publicités, faisant jeu égal avec les titres des journaux, les résolutions du premier de l’an. La Religion fabriquait des brebis émues, désarmées et balancées dans le monde.
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l’Évangile au Quotidien
Psaume 46(45),2-3.5-6.8-9a.10a. Dieu est pour nous refuge et force, secours dans la détresse, toujours offert. Nous serons sans crainte si la terre est secouée, si les montagnes s'effondrent au creux de la mer. Le Fleuve, ses bras réjouissent la ville de Dieu, la plus sainte des demeures du Très-Haut. Dieu s'y tient : elle est inébranlable ; quand renaît le matin, Dieu la secourt. Il est avec nous, le Seigneur de l'univers ; citadelle pour nous, le Dieu de Jacob ! Venez et voyez les actes du Seigneur, il détruit la guerre jusqu'au bout du monde.
Évangile de Jésus-Christ selon -Jean 5,1-16. À l’occasion d’une fête juive, Jésus monta à Jérusalem. Or, à Jérusalem, près de la porte des Brebis, il existe une piscine qu’on appelle en hébreu Bethzatha. Elle a cinq colonnades, sous lesquelles étaient couchés une foule de malades, aveugles, boiteux et impotents.
[...] Il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans. Jésus, le voyant couché là, et apprenant qu’il était dans cet état depuis longtemps, lui dit : « Veux-tu être guéri ? » Le malade lui répondit : « Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne ; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi. » Jésus lui dit : « Lève-toi, prends ton brancard, et marche. » Et aussitôt l’homme fut guéri. Il prit son brancard : il marchait ! Or, ce jour-là était un jour de sabbat. Les Juifs dirent donc à cet homme que Jésus avait remis sur pieds : « C’est le sabbat ! Il ne t’est pas permis de porter ton brancard. » Il leur répliqua : « Celui qui m’a guéri, c’est lui qui m’a dit : “Prends ton brancard, et marche !” » Ils l’interrogèrent : « Quel est l’homme qui t’a dit : “Prends ton brancard, et marche” ? » Mais celui qui avait été rétabli ne savait pas qui c’était ; en effet, Jésus s’était éloigné, car il y avait foule à cet endroit. Plus tard, Jésus le retrouve dans le Temple et lui dit : « Te voilà guéri. Ne pèche plus, il pourrait t’arriver quelque chose de pire. » L’homme partit annoncer aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri. Et ceux-ci persécutaient Jésus parce qu’il avait fait cela le jour du sabbat.
- © AELF, Paris
« Veux-tu être guéri ? »
Les miracles du Christ sont des symboles des différentes circonstances de notre salut éternel (...) ; cette piscine est le symbole du don précieux que nous fait le Verbe du Seigneur. En peu de mots, cette eau, c'est le peuple juif ; les cinq portiques, c'est la Loi écrite par Moïse en cinq livres. Cette eau était donc entourée par cinq portiques, comme le peuple par la Loi qui le contenait. L'eau qui s'agitait et se troublait, c'est la Passion du Sauveur au milieu de ce peuple. Celui qui descendait dans cette eau était guéri, mais un seul, pour figurer l'unité. Ceux qui ne peuvent pas supporter qu'on leur parle de la Passion du Christ sont des orgueilleux ; ils ne veulent pas descendre et ne sont pas guéris. « Quoi, dit cet homme hautain, croire qu'un Dieu s'est incarné, qu'un Dieu est né d'une femme, qu'un Dieu a été crucifié, flagellé, qu'il a été couvert de plaies, qu'il est mort et a été enseveli ? Non, jamais je ne croirais à ces humiliations d'un Dieu, elles sont indignes de lui ».
Laissez parler ici votre cœur plutôt que votre tête. Les humiliations d'un Dieu paraissent indignes aux arrogants, c'est pourquoi ils sont bien éloignés de la guérison. Gardez-vous donc de cet orgueil ; si vous désirez votre guérison, acceptez de descendre. Il y aurait de quoi s'alarmer, si on vous disait que le Christ a subi quelque changement en s'incarnant. Mais non (...) votre Dieu reste ce qu'il était, n'ayez aucune crainte ; il ne périt pas et il vous empêche vous-même de périr. Oui, il demeure ce qu'il est ; il naît d'une femme, mais c'est selon la chair. (...) C'est comme homme qu'il a été saisi, garrotté, flagellé, couvert d'outrages, enfin crucifié et mis à mort. Pourquoi vous effrayer ? Le Verbe du Seigneur demeure éternellement. Celui qui repousse ces humiliations d'un Dieu ne veut pas être guéri de l'enflure mortelle de son orgueil.
Par son incarnation, notre Seigneur Jésus Christ a donc rendu l'espérance à notre chair. Il a pris les fruits trop connus et si communs de cette terre, la naissance et la mort. La naissance et la mort, voilà, en effet, des biens que la terre possédait en abondance ; mais on n'y trouvait ni la résurrection, ni la vie éternelle. Il a trouvé ici les fruits malheureux de cette terre ingrate, et il nous a donné en échange les biens de son royaume céleste.
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1915.
Petrograd ;; 22 octobre 1915 ; 05h00. à @Odile Jankowski, Ksenia.
je regarde mes mains. mes doigts raidis par le froid et la peau qui tire quand je les plie. elle est sèche et pèle par endroits. je regarde les jointures blanchir puis reprendre leur couleur normale, et les plis qui restent ; qui n'arrivent pas à disparaître. je gratte la saleté sous mes ongles. ça me prend du temps. ce n'est pas qu'il y en a beaucoup : c'est que je veux faire ça bien. nous amorçons un virage. les rails suivent un fleuve dont je ne me souviens plus le nom. ses eaux noires dévalent la pente pour se jeter un peu plus loin, et rejoignent peut-être ma ville natale, saint-pétersbourg, que l'on n'appelle plus ainsi depuis qu'on l'a renommée petrograd. parfois, j'oublie qu'on la nomme autrement, puisque je l'ai toujours connue ainsi : une sainte. c'est à cause de la guerre qu'elle a changé, et j'aimerais lui en vouloir, à la guerre, d'assombrir ainsi питер. mais j'ai entendu dans les rues la sourde colère qui se soulève ; et peu à peu, elle s'est frayée un chemin et a noirci à son tour mon propre cœur. j'observe les eaux qui sont trop calmes pour être celles de la neva, ce fleuve qui borde la rive de la capitale septentrionale et descend du lac ladoga qui chaque hiver, se recouvre de son manteau marbré. je me rappelle d'un temps où des familles venaient y faire du patin, mais maintenant, les familles, il n'y en a plus : les maris sont morts sur un front lointain et leur veuves s'abîment dans leur chagrin. les enfants, eux, grandissent et ont oublié ce lac où ils furent un jour heureux. certains sont même partis rejoindre leurs pères sur ces terrains boueux, j'ai entendu dire que certains étaient même très jeunes et qu'ils savaient qu'ils ne reviendraient pas. c'est là que je maudis la guerre, car elle sait très bien ravir les cœurs et elle n'a aucune pitié. elle en redemande toujours plus et j'aimerais savoir si un jour elle sera assez rassasiée ; si un jour elle se terminera, car j'ai peur que bientôt elle ait besoin de moi. novgorod. la gare n'est éclairée que par de faibles réverbères. j'ai perdu le fleuve de vue. quelques passagers descendent, le dos courbé, l'air fatigué. ils portent leurs valises comme on porte un fardeau. nous redémarrons, et aucun d'entre eux ne lève le visage pour regarder le train partir. je sais désormais que nous sommes encore loin de petrograd. la campagne est plongée dans une obscurité si épaisse que les lumières venant du train ne suffisent même pas à éclairer le bas-côté. et dans tout ce paysage, il y a mon reflet dans la vitre, à travers la crasse qui la macule. des cernes ont creusé mon visage et j'ai l'impression d'avoir vieilli. je n'ai pas dormi ; pourtant, j'avais le temps. je recoiffe mes cheveux gras. les mèches retombent sans cesse devant mes yeux. j'aimerais bien les arranger avant d'arriver. ça y est, j'ai tout enlevé. je disperse les saletés tombées sur mes genoux. on me prévient qu'on est bientôt arrivés. je me regarde à nouveau. cette fois, j'ai vraiment l'air vieux. ce n'est pas qu'une impression. j'ajuste mon col, enfile mes gants. j'attends que le train s'arrête. je descends. nous ne sommes pas beaucoup sur le quai, seulement les passagers qui étaient avec moi. je crois que c'est parce qu'il est encore tôt. les aiguilles de la grande horloge indiquent cinq heures treize. tu dois encore être endormie. après tout, la journée commence dans deux heures. j'avance dans les longs couloirs de la gare. nos pas résonnent dans le silence pesant, alourdi par la fatigue du voyage. nous formons des ombres qui s'évanouissent sous le rideau de pluie qui dégringole sur petrograd depuis plusieurs jours, à ce qu'il paraît. à moscou, il faisait beau, au moins. je m'enfonce dans la nuit épaisse à mon tour. l'air maritime persiste malgré le mauvais temps. ma valise me glisse souvent des doigts à cause du froid qui les tétanise et de l'air poisseux. je pense à mon violon sur mon dos, qui sera tout désaccordé quand j'arriverai à la maison. j'espère que j'aurai le temps de te voir un peu avant que tu partes, avant que je ne m'endorme. je me dépêche, dès lors. mes semelles laissent
des traces derrière moi là où le sol est sec, de plus en plus éloignées. je cours, maintenant ; j'aimerais rentrer, embrasser ma femme, et lui dire que je suis enfin arrivé. embrasser ma femme. ils sont combien, les hommes heureux qui peuvent dire cela ? le métal est glacé. je peine à tenir la clé. je l'insère, pourtant, dans la serrure. tourne en essayant de l'empêcher de faire du bruit. j'entre et dépose mes affaires, guette ton souffle régulier dans la torpeur de notre appartement. je t'entends, ça y est. j'ouvre ma valise. mes chemises pleines de pli surgissent de partout et je les écarte, cherchant à tâtons le paquet qui contient un foulard blanc que je t'ai rapporté de moscou. mes doigts atteignent le papier kraft miraculeusement préservé de l'humidité. je dépose le tout sur la table en espérant que tu l'ouvriras avant de partir au travail. j'enlève mon manteau trempé qui me tenait plus froid que chaud, manque de renverser la chaise sous son poids. je laisse la chaleur me gagner et remarque ton doux parfum qui flotte dans l'air. ces effluves d'été, comme si ta peau avait pris l'arôme du soleil. je l'avais oublié, depuis. je passe la tête dans l'entrebâillement de la porte qui mène à notre chambre. la pénombre m'empêche de bien te distinguer, je ne vois que ton cou et tes cheveux bouclés relevés en un chignon plein de nœuds. je voudrais courir l'embrasser, mais je me souviens de la crasse qui me recouvre, de mon allure dépenaillée et je me résigne à aller me nettoyer, ne serait-ce qu'un peu, avant de me coucher à tes côtés. j'ôte mon chandail - lui aussi a pris l'eau. je frissonne, nu face à mon miroir. j'ai maigri, je le vois bien. j'observe les marques nouvelles sur ma peau grise alors que l'eau chauffe. je passe le savon dessus, comme s'il pouvait les effacer. mais je sais bien qu'elles ne vont pas disparaître : la misère, ça n'efface pas d'un coup. je rince mon corps émacié, écarte mes cheveux sales pour en déloger les pellicules qui s'y logent depuis trop longtemps. je reste un moment allongé dans la baignoire, jusqu'à ce que l'eau finisse par refroidir. j'allume une cigarette. tire une bouffée. je ne pourrais, je crois, jamais m'en défaire tout à fait. je laisse la fumée remplir la pièce, puis je me rappelle que tu n'aimes pas ça. ça aussi, j'avais oublié, pardonne-moi. j'écrase le mégot, un peu paniqué, et enfile ma chemise de nuit. le tissu est froid sur ma peau tiède. je me glisse sous la couverture. son poids me rassure, c'est comme une étreinte. une étreinte chaleureuse pleine de sécurité. les draps sont déjà réchauffés par ta présence. j'avance mon bras pour t'enlacer, mais tu dors si bien que je m'en voudrais de te réveiller. tu es sur le ventre, ton visage tourné vers moi. j'essaye de voir si tu as changé en ces quelques mois, mais il fait trop sombre. j'essaye de t'imaginer. c'est plus difficile que ce que je ne le croyais, maintenant que tu es face à moi. pourtant, ton souvenir ne me quittait jamais vraiment quand j'étais là-bas, et ça m'attriste ; je voudrais qu'il fasse jour maintenant, et que je puisse te retrouver, pour de vrai.
j'ai fini par m'endormir sans m'en rendre compte. j'ouvre les yeux et contemple le soleil inonder la pièce. j'en déduis qu'il est presque midi et que tu es déjà partie. le matelas et les couvertures ont encore tes formes et je regrette de n'avoir pas pu te dire au revoir. en me levant, je remarque que tu as déballé le paquet et que le foulard n'est plus là. je souris en t'imaginant le porter. j’ouvre la fenêtre, le loquet coince et la peinture s’est écaillée à cause du mécanisme. le bruit de la ville résonne dans la pièce exiguë qui nous sert de cuisine, le froid s’engouffre et m’effleure comme s’il voulait me prévenir que l’hiver allait arriver, car déjà l’automne est parti : toutes les feuilles sont tombées en quelques jours. des balayeurs nettoient le trottoir où elles s’entassent, font des piles qui finiront tôt ou tard par se disperser. je regarde le mouvement de la foule et me demande à quelle heure tu rentreras. il me semble que c’est vers dix-neuf heures, mais cela a peut-être changé depuis. je me souviens, quand nous rentrions ensemble, avant. quand je t’attendais au carrefour de la boucherie chevaline et que nous étions tous les deux effrayés par la terrible vitrine. à moins que ce ne soit toi qui m’attendais, je ne sais plus - j’aurais aimé que ce soit moi. tu avais toujours un goûter avec toi et ta mère ne voulait pas que tu m'en donnes, mais nous partagions toujours car je n'avais jamais rien à manger. il y avait aussi ce petit bijoutier à l'angle de la rue. oh, ce n'était pas la plus belle des boutiques mais j'avais souvent regardé à l'intérieur. j'avais déjà remarqué cette petite alliance, en or, toute simple. on l'aurait dite d'occasion mais à force de l'observer il était évident qu'elle n'avait jamais été portée. le prix aussi, je l'avais retenu. neuf-mille roubles. cinq-cent en plus si on gravait l'intérieur. je m'étais dit que si je me passais de goûter pendant trente ans j'aurais peut-être un jour assez. je regarde dans mon porte-monnaie. dix-mille roubles. probablement le double d'ici la fin de la tournée. je pourrais, après cela, l'acquérir. j'irai voir s'ils peuvent me la mettre de côté, d'ici que je revienne. même si personne ne l'a jamais réclamée - c'est celle-là que je veux te donner. mais ça voudrait dire que je devrais repartir. un mois, deux, trois, ça dépendra. encore une fois. mais l'absence. est-ce qu'on pourra la supporter ? est-ce qu'on saura toujours s'attendre ? s'aimer de nouveau, comme les premières fois ? parfois je me demande si nous nous sommes un jour trouvés : c'est vrai, ça fait des années qu'on se quitte pour, soi-disant, mieux se reconquérir. je ne te le dis pas, mais il arrive que je ne rentre pas directement après certaines tournées. je reste chez des amis, passe même voir mes parents, je ne sais pas, je tue le temps. j'ai peur de te trouver dans les bras de quelqu'un d'autre ; en fait non, j'ai surtout peur que tu finisses par te lasser du vide que je laisse derrière moi et que tu ne me permettes plus de rester à tes côtés. parce qu'un amant c'est pas grave, mais m'empêcher de t'aimer comme je le fais, en pointillés, que tu ne veuilles plus de cette histoire d'amour qui a démarré trop tôt et n'arrive pas à se terminer... je le sais, c'est égoïste mais ksenia, il y a une chose dont je suis sûr : c'est que ma femme, c'est toi. et je m'en fous que personne ne le sache : moi, je voudrais qu'on se le promette, que même si on ne se voit plus on sera toujours ensemble. je voudrais être ton mari et qu'ils apprennent tous qu'au moins un homme à petrograd a quelqu'un qui l'aime et qui l'attend. je joue longuement. violemment. je ne joue même pas bien, j'ai l'impression que je joue comme je bois - plus pour oublier que par réel plaisir. les crins de mon archet finissent même par se détacher, épuisés par la longue course qui les a tenus en haleine pendant plusieurs heures. ce n'est que lorsque j'entends la poignée tourner que je cesse. je me retourne et te découvre, fatiguée. tu me souris et ouvre grand tes bras, je laisse tout tomber pour te rendre ton étreinte, dénouer le
foulard blanc, retirer le manteau qui fait s'affaisser tes frêles épaules. t'apporter un verre d'eau et te demander si ça va. puis je n'y tiens plus, je prends ton visage dans mes mains, laisse mes pouces caresser tes joues, mes doigts parcourir la courbe de ta nuque, les mèches perdues entre mes phalanges. j’embrasse les tâches de rousseur sous tes yeux, une fois, deux fois, puis j’arrête de compter. tes yeux se ferment et je les embrasse aussi, je t’embrasse partout. je presse mon front contre le tien, “ je t'aime je t'aime je t'aime ”. comment pourrais-je un jour douter de toi ?
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Comment les journalistes de la cour peuvent-ils garder leur sérieux ? Extraits d'un livre intitulé Disorder in the Courts - témoignages réels devant des tribunaux. Du mot à mot, publié par des sténographes judiciaires qui devaient rester impassibles pendant les échanges. Ça prouve - s’il le fallait - que la plupart des états-uniens en Cour (les témoins, surtout leurs avocats - et ceux du Curateur public au Québec) sont des imbéciles AVOCAT : Quelle a été la première chose que votre mari vous a dite ce matin? LE TÉMOIN: Il a dit: «Où suis-je, Cathy? » AVOCAT: Et pourquoi cela vous a-t-il contrarié? TÉMOIN: Je m'appelle Susan! ____________________________________________ AVOCAT : Etes-vous active sexuellement? LE TÉMOIN: Non, je reste allongée. ____________________________________________ AVOCAT : Quelle est votre date de naissance? TÉMOIN: 18 juillet. AVOCAT : Quelle année? TÉMOIN: Chaque année. _____________________________________ AVOCAT : Quel âge a votre fils, celui qui vit avec vous? TÉMOIN: Trente-huit ou trente-cinq ans, je ne me souviens plus . AVOCAT: Depuis combien de temps vit-il avec vous? TÉMOIN: Quarante-cinq ans. _____________________________________ PROCUREUR: Cette myasthénie grave affecte-t-elle votre mémoire? TÉMOIN: Oui. PROCUREUR: Et de quelle manière cela affecte-t-il votre mémoire? TÉMOIN: J'oublie .. AVOCAT: Vous oubliez? Pouvez-vous nous donner un exemple de quelque chose que vous avez oublié? ___________________________________________ PROCUREUR: Maintenant docteur, n'est-il pas vrai que quand une personne meurt dans son sommeil, il ne le réalise pas avant le lendemain matin? TÉMOIN: Avez-vous vraiment passé l'examen du barreau? ____________________________________ PROCUREUR: Le plus jeune fils, celui de 20 ans, quel âge a-t-il? TÉMOIN: Il en a 20, comme votre quotient intellectuel. ____________________________________ AVOCAT: Étiez-vous présent lorsque votre photo a été prise? TÉMOIN: Tu me niaises ou quoi? _________________________________________ AVOCAT: Donc la date de conception (du bébé) était le 8 août? TÉMOIN: Oui. PROCUREUR: Et que faisiez-vous à ce moment-là? TÉMOIN: Je baisais. ____________________________________________ AVOCAT: Elle a eu trois enfants, n'est-ce pas? TÉMOIN: Oui. AVOCAT: Combien étaient des garçons? TÉMOIN: Aucun. AVOCAT: Y avait-il des filles? LE TÉMOIN: Votre Honneur, je pense que j'ai besoin d'un avocat différent. Puis-je avoir un nouvel avocat? ____________________________________________ PROCUREUR: Comment s'est terminé votre premier mariage? TÉMOIN: Par la mort .. PROCUREUR: Et à la mort de qui s’est-il terminé? TÉMOIN: Devine ... ___________________________________________ PROCUREUR: Pouvez-vous décrire l'individu? TÉMOIN: Il était de taille moyenne et avait une barbe AVOCAT: Était-ce un homme ou une femme? TÉMOIN: À moins que le cirque ne soit en ville, je dirais un homme. ______________________________________ PROCUREUR: Docteur, combien de vos autopsies avez-vous effectuées sur des morts? TÉMOIN: Tous. Les vivants ont trop résisté. ______________________________________ PROCUREUR: Toutes vos réponses DOIVENT être orales, OK? Dans quelle école es-tu allé? TÉMOIN: Orales ... _________________________________________ PROCUREUR: Vous rappelez-vous l'heure à laquelle vous avez examiné le corps? TÉMOIN: L'autopsie a commencé vers 20h30 PROCUREUR: Et M. Denton était mort à ce moment-là? TÉMOIN: Sinon, il l’était au moment où j'ai terminé. ____________________________________________ AVOCAT: Êtes-vous qualifié pour donner un échantillon d'urine? TÉMOIN: Êtes-vous qualifié pour poser cette question? ____________________________________________ ET CETTE P`TITE DERNIÈRE PROCUREUR: Docteur, avant de faire l'autopsie, avez-vous vérifié le pouls? TÉMOIN: Non. AVOCAT: Avez-vous vérifié la tension artérielle? TÉMOIN: Non. AVOCAT: Avez-vous vérifié pour respirer? TÉMOIN: Non .. PROCUREUR: Alors, il est possible que le patient était vivant quand vous avez commencé l'autopsie? TÉMOIN: Non. PROCUREUR: Comment pouvez-vous en être si sûr, docteur? LE TÉMOIN: Parce que son cerveau était dans un bocal sur mon bureau. PROCUREUR: Je vois, mais le patient aurait-il pu être encore vivant? TÉMOIN: Oui, il est possible qu'il ait pu être vivant et en train de pratiquer le droit.
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Journal finement confiné
F.
Dans les années vingt, pour ceux qui n'étaient pas encore nés ou trop jeunes pour s'en souvenir, se déroula une histoire très singulière, sans précédent à l'époque, et qui, osons le dire, eut un impact encore mésestimé sur l'histoire de l'Homme. Cet événement, ou devrions-nous dire, cette succession d'événements, nul n'en doute aujourd'hui, contribuèrent très largement à précipiter le monde, de l'état dans lequel il était, vers celui dans lequel nous le trouvons aujourd'hui. Si quelque de nos contemporains souhaitait comprendre pourquoi nous en sommes là, il devrait, semble-t-il, s'intéresser attentivement à cette période, que l'on pourrait faire débuter, même si, il est sans doute vrai, le terreau des années ou des dizaines d'années qui précédèrent aura rendu la terre fertile au déroulement de ce qui suivit, on pourrait la faire débuter donc par ce déclencheur, ce catalyseur qui engendra tout le reste et qui, osons le dire, précipita l'histoire, c'est-à-dire, bien sûr, la pandémie du siècle, et les soixante jours de confinement qu'elle a engendrés en France. Alors, évidemment, cet homme qui s'intéresserait à ce pan d'histoire, que nous appellerons Alfonse, car c'est un bon nom pour un homme qui s'intéresse à l'histoire, cet homme ouvrirait les livres d'histoires, les archives nationales de l'audio-visuel et de la presse écrite. Il interrogerait des spécialistes en infectiologie ou en virologie, afin de comprendre l'aspect primaire de l'événement, la cause des conséquences, si l'on puit dire. Il consulterait des sociologues et des politologues, peut-être même des journalistes de l'époque, afin de tâcher de lire les conséquences de la cause, si l'on puit dire. Peut-être aussi consulterait-il des économistes, qui présentent une très grande capacité à expliquer le passé et les moyens de le prévoir. Ce serait, vraisemblablement, une bonne manière de traiter le sujet de fond. Mais parfois, du moins certains le pensent, traiter le fond d'un sujet n'est pas une priorité. Ce n'est peut-être même pas important. Et puis, d'autres l'ont déjà fait, dans des articles de presse, dans des nouvelles voire parfois dans des romans, dans des chansons de rap et, probablement même, dans des tweets. Cet homme aurait un ami, ou plutôt, un collègue, une connaissance de connaissance, Albert, qui serait très différent d'Alfonse. Albert aurait un angle d'approche très différent, qui ne commencerait pas par la lecture d'ouvrages historiques, d'archives, ni par des dialogues avec de prétendus spécialistes. Albert, à l'origine, se ficherait complètement de ce qu'Alfonse appellerait « ce pan d'histoire », il serait plutôt le genre d'homme à s'en servir pour se moucher. Ce qui amènerait Albert à s'y intéresser finalement, mais de loin, car il resterait prudent, ce serait une découverte qu'il aurait faite, un soir assourdissant de septembre, dans une petite malle poussiéreuse qui se serait trouvée dans son grenier, entre le gramophone de son père et une palette de croquettes pour chien. Cette découverte, ç'aurait été un cahier à spirales, rouge en apparences et plutôt jaune en esprit, assez abîmé par le temps, et sur la couverture duquel aurait été inscrit un titre : « Journal finement confiné ».
Cinquième jour de confinement. Voici quelques jours que nous sommes priés de rester chez nous, sauf pour nous nourrir, aller travailler, se soigner, pratiquer une activité physique, etc. Finalement, pas grand chose ne change, le bon temps en moins. Il me semble que seules les activités de divertissement sont vraiment impactées. Nous ne pouvons plus aller boire une bière dans un bar, ni nous procurer de nouveaux livres. Nous ne pouvons plus partir en vacances ni visiter des musées. La queue devant les magasins de nourriture a très notablement grandi ; à l'inverse, leurs rayons papier toilette et pâtes sont complètement vides. À part ça, pas grand chose ne change. Il est difficile de prévoir ce qui nous attend. Nous est promise une catastrophe sanitaire sans précédent depuis un siècle, des dizaines de milliers de morts au mieux dans les prochains mois en France, si rien n'est fait. Nous sommes responsabilisés par le Père de la Nation qui nous parle à travers le petit écran. Tout repose sur nos épaules, tout dépend de nous. Il fait appel à notre bon coeur. Sauvons les plus fragiles en se privant d'un peu de joie. Préservons nos médecins et nos personnels soignants en restant chez nous, faisons donc des stocks de papier toilette, le plus possible, et sortons le moins possible, pour le bien commun. À la guerre comme à la guerre, battons-nous tous, solidairement, pour sauver notre Grande Nation. Merci Papa, nous allons voir ce que nous pouvons faire. Je m'étonne de la frénésie de certains, qui se ruent dans les boutiques pour faire des provisions insensées, comme si tout allait s'arrêter pendant des mois. Ils ont peut-être raison, c'est difficile à prévoir, mais il me semble que, si nous en arrivons là, le problème principal ne sera pas de savoir qui a fait assez de réserves de pâtes. Au fond, pas grand chose ne change. Il nous est demandé de remplir une attestation ou, pour ceux comme moi qui n'ont pas de quoi l'imprimer, de la recopier sur un bout de papier avant chaque sortie. Les motifs sont assez peu restrictifs, j'imagine que l'objectif est simplement de rendre plus pénible le fait de sortir, afin de limiter le nombre de gens dans les rues. À part ça, pas grand chose ne change.
Onzième jour de confinement. Nous sommes passés, en peu de jours, de la responsabilisation à la culpabilisation généralisée. Les professeurs de vertu sont de sortie. Les jours passent et des habitudes nouvelles, adaptées à cette période curieuse, s'installent. Je ne sais pas quoi penser de tout ceci. N'y aurait-il pas une certaine démesure à arrêter l'économie d'un pays entier pour cette maladie qui, à ce stade, a fait quelques milliers de « seulement » ? Je me le demande. En tout cas, et peu importe si c'est justifié ou pas, je suis très surpris de la docilité du peuple français, et plus généralement du monde. Les libertés individuelles de chacun ont été charcutées, et les mécontents ne se font pas entendre. Pire, on dénonce son voisin quand il sort un peu trop souvent pour une raison jugée un peu trop mauvaise. J'imagine que j'ai tort d'être surpris, les gens n'accordent, au fond, pas vraiment d'importance à leurs libertés individuelles. Serions-nous devenus des enfants gâtés de la démocratie ? Considérons-nous nos droits comme acquis, si inaliénables qu'il n'est pas nécessaire de se battre pour les conserver ?
Dix-neuvième jour de confinement. Le climat a notablement changé ces derniers jours. Les policiers qui réalisent les contrôles sont désormais ni polis ni transigeants. Même un passant en règle a le droit à son sermon sur la nécessité de rester chez soi. Les libertés ont encore été réduites, il est désormais interdit de faire son jogging en journée. À la bonne heure. C'est le cas de le dire. Haha. Et personne ne trouve rien à redire, justement. On nous demande de limiter nos consommations de bande passante internet et cellulaire. Avant que la demande ne devienne régulation puis interdiction, j'ai pris la précaution de télécharger l'intégrale du championnat du monde de pétanque de l'an passé. C'est passionnant.
Trente-deuxième jour de confinement. Ce pays marche sur la tête. Hier, en allant chercher mon Canard Enchaîné, je me suis fait contrôler. Je présente mon post-it jaune, plié en deux, sur lequel j'avais sagement recopié l'attestation dérogatoire, datée et signée s'il vous plaît. Le policier s'insurge. Il voit rouge. J'aimerais savoir, d'ailleurs, où est-ce qu'on peut se procurer du rouge digne de ce nom. Parce que les caves à vin sont toutes fermées, et c'est pas avec la villageoise du supermarché du coin qu'on va satisfaire notre soif. Il me fait du chantage. Soit je génère sur-le-champ une attestation sur mon téléphone, à partir du site officiel, soit je suis répri-amendé (sic). Je préfère dépenser cent trente-cinq euros dans une paire de bonnes bouteilles de whisky que pour financer le système de santé public qui est sous l'eau, sans doute parce qu'on ne paie pas assez d'impôts depuis quarante ans. Ça mériterait un téléthon. Je génère donc mon attestation, il est content et moi pas, me signifie que j'ai de la chance de m'en tirer à si bon compte, sans doute lui dois-je reconnaissance éternelle pour avoir été si bon avec moi. J'aurais dû lui demander son adresse, pour les fleurs.
Trente-troisième jour de confinement. Le contrôle d'hier m'a fait réfléchir. Je suis désormais convaincu que nous sommes proches d'une dérive totalitaire. Et si ça tourne mal, tout est en place pour que personne ne puisse réagir. Les lois, votées par l'Assemblée le 22 mars, ne font vraiment pas rigoler. Le téléphone est devenu mon ennemi. Générer des attestations depuis le site officiel, sur internet ? Pour que, plus tard, on vienne me demander des comptes pour être sorti tant de fois, à telle heure, pour telle raison ? Était-ce vraiment nécessaire, monsieur, de faire vos courses trois fois par semaine ? Hors de question. L'idée de traquer les gens, par leur téléphone, avec l'aide des opérateurs, semble également faire son chemin. Mais, évidemment, c'est pour notre bien. C'est pour mieux retrouver les personnes malades avant même qu'elles ne le sachent elles-mêmes. Le téléphone est devenu mon ennemi, c'est dit. Attestation manuelle, téléphone à la maison, point.
Trente-septième jour de confinement. J'ai plus de whisky, j'ai plus de vin et j'ai fini de regarder le championnat international de pétanque. Quelle merde.
Quarantième jour de confinement. On y est presque. Encore un petit effort. Je me demande s'ils jouent à savoir jusqu'où ils peuvent pousser le bouchon dans les orties avant que les gens ne s'indignent. Si ça se trouve, ils sont aussi surpris que moi que personne ne bronche. Ils doivent bien se marrer. « Eh, Jacky, viens on leur limite la bande passante quotidienne ? - Eh arrête tes conneries, ça passera jamais. - Tu paries ? » Et c'est passé. Les gens sont cons. Ils ne méritent pas d'être libres.
Quarante-troisième jour de confinement. Qu'ils aillent se faire foutre avec leurs règles à la con. Si j'ai envie de jouer à la pétanque dans le bac à sable du Square Poincaré quand il fait beau, je joue à la pétanque dans le bac à sable du Square Poincaré quand il fait beau. Ce n'est certainement pas un troupeau d'uniformes particulièrement zélés qui va m'en empêcher. Qu'ils aillent balayer devant leur porte. Maintenant, il y en a marre. Ils n'avaient qu'à préciser les heures auxquelles on a le droit de jouer à la pétanque dans le bac à sable du Square Poincaré quand il fait beau. J'en suis presque venu aux mains avec les forces du désordre à cause de ces idioties. Qu'est-ce qu'ils foutent encore dehors ? Ils sont pas confinés, eux ?
Soixante-treizième jour de confinement. Ça fait vingt-deux jours que nous n'avons plus le droit de sortir du tout. Heureusement, Roy m'a rejoint, le temps est plus supportable avec lui. Bon, il est vrai qu'il en glande pas une, mais quand même, ça fait la conversation. Il a des idées bien arrêtées, le Roy, sur tout ça. Il pense que le coup d'État a déjà eu lieu, mais qu'on n'est pas au courant parce que les médias sont censurés. En même temps, avec ce que je les écoute, ils auraient annoncé la mort de Louis Ferdinand Céline que je serais toujours pas au courant. Je me demande comment ça va finir, cette histoire.
Tiens, je l'avais oublié, ce carnet. Je cherchais du papier pour écrire ma lettre à Dieu, et je retombe sur ce torchon. Allez, ça fera aussi bien l'affaire. Cent-troisième jour de confinement, ça fait longtemps que j'ai plus de quoi bouffer. Pire, plus rien à boire, plus de quoi fumer. Arrivederci, je me casse.
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Il y a deux ans, j'avais écrit qu'il y a deux ans, j'avais écrit… euh… Bon, bref on est début 2020, c'est le bon moment pour remettre à jour le guide Création de contenu et financement. Oui, je sais: il m'a fallu un moment.
En résumé: si vous êtes un créateur de contenu – n'importe quel genre de contenu – et que vous publiez sur Internet, vous disposez de plusieurs outils et services pour recevoir des dons et des financements.
C'est un tour d'horizon principalement basé sur mon expérience perso. Ça fait un petit moment que je m'intéresse au sujet, mais je ne suis pas forcément un méga-expert, non plus. Si vous voyez des trucs qui manquent, n'hésitez pas à me le mentionner.
Oui, mais pourquoi?
En guise de prologue, la première question que j'entends, c'est "pourquoi est-ce que j'utiliserais ces outils?" Réponse simple: parce que c'est possible.
Pour aller plus loin, il y a deux aspects: soit vous êtes un créateur et ces outils peuvent effectivement apporter un revenu supplémentaire, soit vous voulez soutenir des créateurs que vous aimez et ils sont là pour le permettre. Les deux ne sont bien sûr pas incompatibles.
Après, il ne faut pas se faire d'illusion: en tant que créateur, les revenus que vous pouvez attendre de ces divers outils et services sont directement proportionnels à votre renommée. Je rappelle ici la Deuxième Loi de Doctorow: “La célébrité ne vous rendra pas riche, mais vous ne pouvez pas être payé sans elle.”
Cela dit, le coût initial est minime: la mise en place de la plupart des outils et services que je mentionne peut se faire en une dizaine de minutes.
Services, pluriels
D'abord, il faut s'entendre sur ce que peuvent être ces services et outils. Je reviendrai plus en détail sur chacun, mais je préfère poser dès le départ les bases.
Il y a des services de micro-dons, qui permettent aux utilisateurs d'envoyer et de recevoir des petites sommes, ponctuellement ou régulièrement. Il y a aussi des services de mécénat participatifs, qui sont eux clairement orientés vers le soutien à long terme, avec contreparties optionnelles pour les donateurs. Il y a enfin les services de financement participatif et les cagnottes, qui sont plutôt dédiés à des projets précis et ponctuels.
Les boutiques sont des sites qui proposent des choses à vendre. Elles sont souvent intégrées à d'autres sites (galerie d'image, blog, etc.) et concernent aussi bien les produits physiques que numériques.
Les sites de paiements sont des outils qui, le plus souvent, fonctionnent en marge des précédents et gèrent toute la partie purement banco-financière du processus. Je soupçonne que ce sont des partenaires difficilement contournables pour les services précédemment mentionnés, car leurs services sont plus de l'ordre bancaire et impliquent une rigueur légale et technique que ne peuvent pas toujours avoir les services.
Enfin, j'ai découvert récemment un autre type d'outil. Enfin, un outil qui est techniquement dans sa classe à lui: Retribute.me, un site qui se connecte avec plusieurs services fédérés (Mastodon, Funkwhale et Peertube), pour le moment pour reconnaître les liens vers des services de micro-dons ou de mécénat, ainsi que vers des boutiques.
La publicité
Ça faisait un petit moment que je me demandais combien rapportait la publicité en ligne. J'ai eu un début de réponse via un live de uTip: une vue sur une vidéo de trente secondes, c'est un demi-centime d'euro.
Voila.
Donc, à moins d'avoir un blog à dix mille vues par jour, laissez tomber: c'est moche, plus de la moitié des utilisateurs les bloque (notamment parce que c'est moche) et ça rapporte des cacahuètes.
Il y a un "mais"; je reviendrai dessus plus tard.
Les écosystèmes
Pressformore est "pressformort", Carrot végète. À mon avis, c'est un modèle qui est mort-né.
Micro-dons
Le concept central derrière les services de micro-dons, c’est que si tu vois un truc qui te plaît, tu as un bouton que tu cliques et ça donne quelques sous au créateur du truc en question. C’est des services qui sont centrés sur les contenus plus que sur les créateurs.
Flattr est un peu le Grand Ancien des services de micro-dons: il existe depuis plus de dix ans. Pour reprendre une expression lue récemment, il sent aussi un peu la marée basse. Bon, je suis sans doute un peu méchant, mais de mon point de vue, c’est un service qui est passé de 15-20€ par mois à zéro depuis deux ans.
Il y a plusieurs raisons à cela. Notamment un hiatus de plusieurs mois qui a probablement été fatal à la patience de pas mal d’utilisateurs, suivi par un changement de paradigme qui, s’il n’est pas idiot, a là encore largué pas mal de monde.
Le concept derrière Flattr, c’est une extension pour navigateur qui enregistre automatiquement les visites sur des sites qui ont activé Flattr. C’est du clic automatique tous les X temps, le X dépendant de plusieurs facteurs.
Dans l’absolu, c’est loin d’être con, surtout lié à un partenariat avec un des bloqueurs de pubs majeurs (AdBlock Plus), mais je me demande franchement qui utilise encore Flattr. Pas mes lecteurs habituels, ça c’est sûr…
ProTip est un service open-source et basé sur Bitcoin. Il fonctionne un peu sur le même principe que Flattr: une extension qui « tipe » automatiquement le contenu sur des pages qui ont activé le système.
Enfin, je devrais peut-être dire « fonctionnait », parce que la page et le projet sur Github n’ont pas bougé depuis 2018.
Parler "d'ancien" pour Liberapay est peut-être abusé, mais le service était déjà présent il y a deux ans. Dans l'intervalle, il a connu de gros soucis que je suppose être d'ordre légal et qu'il a fini par régler en changeant de système de payement.
Liberapay, à la base, c’est un peu l’ancien Flattr en version open-source, avec une touche de mécénat participatif. On peut, par exemple, définir des abonnements (techniquement, sur Flattr aussi), et aussi créer des équipes.
La différence « majeure », c’est que sur Liberapay, les payements sont hebdomadaires et non mensuels. De mon point de vue, c’est un des services les plus convaincants. Déjà, il n’essaye pas de faire autre chose que redistribuer des sous entre donneurs et créateurs et il a pas mal de trucs sympas.
Ko-fi est un sytème dont j’avais entendu parler il y a quelques temps et que je me suis décidé à tester au tout début de l’année. Il semble populaire auprès des créateurs américains, mais je n’ai pas vraiment été impressionné par ce que j’ai vu.
D’une part, le don minimal est de USD 1, ce qui est un peu à la limite ce ce que je considérerais comme un « micro-don ». Ensuite, c’est un service qui a un côté « réseau social », dans l’automatisation. Autrement dit, pour être visible sur sa propre page Ko-fi, il fait entrer les liens à la main.
C’est un peu le même problème avec MyTip, un des deux services français apparus il y a moins d’un an. MyTip demande de créer des « boîtes » avec les contenus et ces boîtes peuvent être « tipées » . Il n’est pas possible de le faire automatiquement et on ne peut tiper que les boîtes.
Par contre, MyTip a récemment introduit un système pour donner du temps (et sans doute un peu de données personnelles, aussi) contre de l’argent. Il est en effet possible de faire un don à un contenu en répondant à un sondage.
Mécénat
Si plusieurs services de micro-dons – Flattr, Liberapay – proposent des dons récurrents, il existe des outils spécifiquement conçus pour organiser des dons à plus long terme. Ces services sont Patreon et Tipeee; ils sont très similaires, sauf que le premier n'existe qu’en anglais et est plus orienté vers un public anglo-saxon et le second, d’origine française, est plus européen, avec des versions en anglais, allemand, italien et espagnol.
Les outils de mécénat se rapprochent des services de financement participatif en ce qu'ils permettent de créer des "paliers" de contribution. La somme mensuelle minimale est souvent de 1 (euro ou dollar), mais une contribution plus élevée permet par exemple d'avoir accès à du contenu exclusif.
Pour le créateur, ce sont des outils qui peuvent être très puissants, très incitatifs, mais qui demandent un poil plus de préparation. Pour présenter son projet, d'abord, puis pour proposer des contreparties supplémentaires qui soient à la fois attractives et raisonnables. Contrairement aux outils de micro-dons, ils sont plus orientés sur les créateurs ou sur les projets que sur les contenus.
À noter que, depuis quelques temps, Tipeee offre également la possibilité de faire un don sans argent, en regardant des vidéos – musicales ou autres.
Enfin, il y a uTip, qui est une plateforme qui est un peu hybride. Techniquement, elle permet des micro-dons, mais aussi des dons récurrents. C'est un service qui est surtout connu pour proposer un système de financement original: la publicité.
Oui, je vous trolle: l'idée est un peu différente des bannières de publicité, puisque les donateurs peuvent choisir, plutôt que d'envoyer de l'argent, de visionner des vidéos publicitaires, que la plateforme rémunère au créateur. Oh, pas grand-chose: entre un et cinq centimes d'euro par visionnage – ce qui est cependant bien supérieur aux tarifs habituels, mentionnés plus haut.
La plateforme propose également une autre source de revenu: la création d'objets personnalisés – t-shirts, tasses, tapis de souris, etc. – via un partenariat avec un service spécialisé. Un peu comme le ferait un Redbubble, mais intégré. Si vous faites du streaming, uTip propose également un overlay.
En conclusion
Le financement de contenu, ce n'est pas sale. Ce n'est même pas réellement difficile. Par contre, c'est vrai que ça demande un peu plus de travail que le simple "poser un bouton sur son site web et attendre la pluie de brouzoufs".
D'une part, il ne faut pas hésiter à jouer les évangélistes, pour sa propre paroisse d'abord et pour le concept en lui-même. Si personne ne sait que ces outils existent et que vous comptez – un peu – dessus pour avoir un petit bonus de revenus, personne ne les utilisera.
Alors, oui, ça peut faire un peu bobo à l'égo de "demander la charité", mais on peut aussi le présenter de façon plus positive. Quelque part, ça fait partie de l'aspect "se vendre" et si vous proposez régulièrement du contenu gratuitement sur Internet, pourquoi ne pas proposer à vos admirateurs la possibilité de faire plus qu'un simple "like"?
Par contre, je vous déconseille de faire comme moi et de vous abonner à tous les services possibles et imaginables. Je le fais parce que le sujet m’intéresse et que je veux voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
Si je ne devais garder que deux ou trois plateformes, je pense que je ne resterais que sur uTip, sur Liberapay et sur Tipeee. Et encore, Liberapay c’est un peu du soutien à une solution open-source.
Après, ça dépend pas mal de votre public-cible: si vous avez beaucoup d'Américains, Patreon ou Ko-Fi sont peut-être plus adaptés. Et Liberapay a la préférence des dévelopeurs open-source et des réseaux fédérés (Mastodon, par exemple).
Photo: Sam Dan Truong via Unsplash
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Si vous souhaitez me soutenir, vous pouvez me faire des micro-dons sur Flattr, sur Liberapay, sur MyTip ou sur uTip (si vous n'avez pas de sous, uTip propose également de visionner des pubs). Je suis également présent sur Tipeee pour des soutiens sur la longue durée.
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O. M. Aïvanhov 11 novembre 2005 Et bien chers amis, vous me voyez content de vous retrouver ainsi, tout d'abord, avant de m'exprimer librement, je souhaite vous entendre vous exprimer librement sur ce que vous avez à me demander. Question : A quoi correspond l'image de la pyramide ? La pyramide est un symbole universel qui a été présent dans un certain nombre de civilisations sur cette planète mais aussi dans les peuples de l'extra Terre et de l'intra Terre. C'est un symbole universellement répandu dans les mondes vivants. La pyramide correspond à un degré de diffraction de la Lumière. C'est un lieu de ressourcement dans les plans subtils. Maintenant, sur les plans denses incarnés, comme ils s'en trouvent dans différentes régions, la pyramide correspond à la concrétisation aussi de l'énergie de systèmes solaires extrêmement importants. Ce sont des centres de transformations. Ce sont des centres qui permettent, aussi bien dans les mondes subtils que dans les vibrations les plus denses, de transsubstantionner, de transmuter la matière en Lumière et de transmuter aussi la Lumière en matière. Il s'agit en quelque sorte d'une centrale de retournement de l'état matière à l'état Lumière mais aussi de l'état Lumière à l'état matière. La pyramide est un symbole de transformation, un symbole d'évolution mais aussi une usine énergétique qui permet réellement la transformation des consciences, la transformation cellulaire et la transformation des planètes, aussi. Question : Le choix de devenir psychiatre est-il juste à notre époque ? Il faut savoir que l'on ne devient pas médecin par hasard, ni médecin, ni psychiatre. Le titre ronflant de médecin, le titre ronflant de psychiatre, encore plus ronflant devrais-je dire, correspond au niveau de l'âme à un rachat karmique, à une notion de quelqu'un qui se pose comme celui qui est le sauveur et, dans cet archétype de fonctionnement, aux niveaux psychologique, spirituel mais aussi matériel. La peur de manquer est profondément inscrite dans tous les médecins car elle fait partie en quelque sorte de leur cheminement d'âme. Et le développement le plus important pour un médecin, un docteur en médecine, un docteur en psychiatrie, est bien évidemment de dépasser cette notion de peur de manquer. La personnalité freine l'enthousiasme de l'âme, l'enthousiasme du sauveur. Mais nul ne peut devenir un vrai sauveur s'il ne fait comme a dit le Christ : « Laisse les morts enterrer les morts et suis moi. » Cela voulait bien dire ce que cela voulait dire. On ne peut pas prétendre à la Lumière, on ne peut pas vouloir la Lumière et avoir peur de l'ombre. Peur de l'ombre est multiforme, c'est aussi avoir peur de manquer d'argent. Bien évidemment, on peut se dire intellectuellement, rationnellement, que le manque d'argent m'empêche de faire les choses ou que la peur de manquer d'argent va m'entraîner dans un cercle où je vais travailler de plus en plus non pas parce que je manque d'argent mais parce que j'ai peur d'en manquer. Tant que cette dialectique est mise en œuvre, aucun médecin quel qu'il soit ne peut trouver la paix de l'Esprit, quel qu'il soit, quel que soit le pays, quelle que soit la façon de travailler car cela fait partie de l'archétype karmique de celui qui a choisi d'être médecin. Voilà, ce que j'avais à dire par rapport à cela. Maintenant, il faut faire confiance à la Lumière. Laisser faire la Lumière. Lâcher prise à l'ombre. En cela, la fluidité se montrera dans toute sa magnificence et dans toute sa beauté. Aussi bien au niveau matériel, aussi bien au niveau de la Lumière intérieure, aussi bien au niveau du développement psychologique mais aussi du développement spirituel. Question : Quel est l'endroit le plus juste pour s'installer aujourd'hui ? Chacun devra être où il sera au moment où il devra y être. Il n'y a pas de prévisions ou de plans qui tiennent : à partir du moment où vous sentez l'impératif d'être à tel endroit, vous devez y être. Maintenant, s'il y a une quelconque précipitation de ce qui doit se passer, là où vous serez, vous serez touché dans votre intérieur. Il vous sera alors possible de vous rendre là où vous devez vous rendre. Simplement, effectivement, il faut anticiper, non pas des grandes décisions sur des années mais anticiper simplement sur quelques jours par rapport à l'alimentaire, par rapport aux possibilités de retrait d'un lieu temporaire. Tout cela vous devez l'avoir en tête. Mais continuer aussi à vivre, chaque jour, chaque minute de votre vie dans l'instant présent en étant le plus centré dans votre présent, dans ce que vous faites, dans ce que vous avez à faire et pas dans des projections futures. Le grand danger, voyez-vous chers amis, c'est de vouloir projeter, de penser à l'avenir, de penser à ce qui vient et qui malheureusement est déjà là parmi vous, que vous soyez sans arrêt en décalage par rapport à votre présent, sans arrêt en décalage et en fuite vers le futur. Rappelez-vous : ce qui se passe à l'extérieur, se passe à l'intérieur de vous, donc où vous voulez fuir. Il y a simplement à être raisonnable dans le bon sens du terme. En ce qui concerne cette fessée cosmique, vous sentirez l'importance et l'urgence, chacun selon sa manière, de sentir et de ressentir de ce qu'il y aura lieu de faire en ce qui concerne vos lieux, en ce qui concerne vos vies au moment précis où cela surviendra. Néanmoins, rien ne vous empêche d'anticiper ce que vous sentez devoir faire, partir de tel lieu pour aller à tel lieu, préparer pour un futur d'après la fessée ce que vous avez envie de faire, ce que vous devez faire. Mais néanmoins, il convient d'être totalement à l'instant présent. Je ne peux pas être plus précis à ce niveau là. Il est extrêmement fondamental, qu'elles que soient les informations que vous gagnez de gauche à droite et de droite à gauche, de rester centré, de rester parfaitement intériorisé par rapport à cela car, à partir du moment où vous vous centrez dans la Lumière que vous êtes dans l'instant présent, absolument rien ne peut vous déstructurer, vous déstabiliser. Il n'y a que vos pensées qui peuvent vous déstabiliser ou vous déstructurer. Rien d'autre ne peut le faire à partir du moment où vous restez centré dans la Lumière de l'instant présent. Et vous vaquez à ce que vous avez à faire à chaque minute. Ainsi, les mises en garde sont bien là. Le seul problème de l'être humain c'est que tant qu'on ne lui a pas donné de temps il est persuadé qu'il a l'éternité devant lui, c'est pareil pour la vie. Vous savez tous, nous savons tous que nous allons mourir un jour mais l'échelle de temps est profondément différente. Si je vous disais que vous alliez mourir demain, qu'allez-vous faire ? Vous n'avez plus le temps de rien faire. Si je vous dis vous allez mourir dans cinq ans, et bien, vous allez entreprendre votre vie de manière à terminer tout ce que vous avez à terminer avant ce laps de temps qui vous est imparti de cinq ans. Si je vous dis maintenant que vous allez mourir dans trente ans, vous allez vous dire j'ai le temps. Je fais ça demain. Mais n'oubliez pas qu'à un certain degré de conscience il n'y a pas de temps et néanmoins vous vivez dans le temps. Le plus merveilleux c'est que votre Esprit vit dans ce temps alors que votre Esprit doit être détaché du temps. Tout ce qui est fait dans la vie que vous avez créée sur cette Terre, de vous-même, indépendamment des forces dites involutives, vous a raccroché au temps. Vous évoluez dans un temps que vous avez créé de toute pièce, dans des corps que vous avez créés de toute pièce, dans des cellules que vous avez créées de toute pièce, dans des créations de plus en plus énormes, enchevêtrées, en résonance les unes avec les autres, extrêmement complexes, extrêmement grandes qui sont vos propres créations et la création de personne d'autre. Vous avez été libres, nous avons été libres d'expérimenter totalement tout ce qu'il a été possible d'expérimenter dans cette troisième dimension. Et là, vous êtes au chemin de la bascule entre la troisième et la cinquième dimension c'est-à-dire le passage de l'aspect purement matériel, analogique, de la vie, à l'aspect purement numérique, géométrique, vibratoire, ondulatoire de la vie où la matière perd de son importance. J'ai pas dit n'existe plus mais j'ai dit simplement perd de son importance. L'importance de la matière tient à l'illusion du temps et à rien d'autre mes enfants. Question : Pourriez-vous nous parler des dauphins ? L'enseignement des dauphins est l'enseignement de la Source. Ce mot est extrêmement important. L'enseignement de la Source est l'enseignement de l'humilité, est l'enseignement de la non séparativité des consciences ainsi que le vivent les dauphins. Tous les dauphins vivant sur cette planète dans l'eau (je ne parle pas de l'intra Terre) sont en résonance. Ils sont déjà « internet » eux-mêmes. Ils n'ont pas besoin d'appareillage. Leur Esprit est connecté en réseau tout autour de la Terre et ils sont connectés à la Source. De la vient l'intelligence suprême qui n'est pas l'intelligence isolée mais l'intelligence des réseaux. Cela vous êtes en train de le découvrir, humain incarné à travers les modèles que vous avez créés de communication, les modèles modernes et technologiques mais ce n'est que le pâle reflet de la réalité. Vous extériorisez ce qui existe déjà à l'intérieur. Il ne pourrait pas y avoir d'avion si vous ne pouviez pas voler. Il ne pourrait pas y avoir de réseau « internet » s'il n'y avait pas internet en vous au niveau de l'humanité tout entière et non pas au niveau de l'individu seulement. Ainsi, l'intelligence des dauphins repose sur ces trois mots seulement : réseau, Source, fraternité/humanité. Les dauphins sont une humanité extrêmement importante. Question : Parlez-nous de la région appelée « Pyrénées ». Oui, bien sûr, il n'y a pas de secrets là-dedans. Cette région a été une région qui a été bénie des Dieux voilà bien longtemps, lors de la dernière destruction de l'Atlantide voilà plus de douze mille ans. Un certain nombre d'êtres sont partis, certains vers l'Egypte, d'autre vers la Chine, mais aussi d'autres dans cette région qu'est les Pyrénées et ont établi dans la montagne des traces de leur passage. Il y a des pyramides enterrées depuis douze mille ans dans cette région, dans la montagne, en cristal de couleur ambrée, cristal de roche particulier, qui n'a rien à voir avec les cristaux bleus. Mais néanmoins, ces cristaux sont des générateurs extrêmement puissants qui sont en train de se réactiver dans la montagne. Vous avez dans certaines régions de la montagne des Pyrénées Atlantique, non loin de la frontière avec le pays voisin, des endroits extrêmement forts en vibration, des endroits bénis des Dieux dans tous les sens du terme, lieux qui sont en train de se réactiver. J'ai eu l'occasion de mon vivant de constater visuellement et vibratoirement aussi ce qui s'y passait. Maintenant le bord de mer n'est pas si dangereux que cela. Il y a des régions de bord de mer qui sont au-delà du niveau de la mer, bien au-delà. Ne vous attendez pas à voir débarquer une montagne d'eau de ce côté-ci de l'Atlantique. Il y aura, certes, des mouvements d'eau mais à partir du moment où vous n'êtes pas au niveau de l'eau, il n'y a aucun risque de quoi que ce soit. Maintenant, en ce qui concerne l'histoire, elle est reliée à l'Atlantide, à la destruction de l'Atlantide, et à la mémoire atlantéenne mais aussi à certain nombre de secrets vibratoires mais aussi physiques qui ont été cachés dans des endroits précis de la montagne. Il ne convient pas, pour l'instant, d'être au courant de ces lieux. Sachez simplement qu'ils existent. Ils sont extrêmement puissants, ils irradient dans toute la région leur énergie tellurique et cosmique. Ce sont des phares pour l'humanité au même titre que d'autres régions de la planète. Néanmoins, ce ne sont pas des lieux qui interviendront plus tard au niveau de ce que l'on a appelé les « regroupements ». Mais néanmoins, c'est un pays béni des Dieux et béni aussi par, en quelque sorte, une relative protection par rapport aux évènements économiques, biologiques, géologiques, aquatiques, aériques qui viennent à votre rencontre. Question : Qu'en est-il de la fraternité blanche universelle, aujourd'hui ? Bien évidemment, à partir du moment où le fondateur d'une religion ou d'un mouvement meurt, que se passe-t-il ? Les êtres de pouvoir récupèrent. Cela a été le cas pour l'église catholique, cela a été le cas pour tous les mouvements qui ont été créés à la surface de cette Terre. Pour l'instant, la fraternité blanche universelle possède un certain nombre de dérives, pas plus et pas moins que l'église catholique, qui doit, elle aussi, mourir. La fraternité blanche universelle dont je parle n'a rien à voir avec celle existante, celle qui sera mise en œuvre bien après les évènements, celle qui correspondra à la totalité de l'humanité présente sur Terre à travers un moment de renouveau du Christ, non pas dans une chapelle, non pas à travers autre chose qu'une fraternité. Je ne parle pas de la fraternité blanche telle qu'elle existe à l'heure actuelle qui a perdu son essence parce qu'elle n'est plus dirigée authentiquement par un être de Lumière ou par un être missionné pour cela. Et donc, les loups sont sortis du bois et donc, effectivement, il y a des dérives au même titre que dans l'église catholique ou dans d'autres mouvements dits spirituels. Je ne parle pas de la fraternité blanche universelle. Je parle de la future. Question : Est-ce opportun de se regrouper dans des lieux de vie communs ? Oui, à condition que cela soit fait dans un temps bien ultérieur. Ce n'est point le moment pour l'instant, à part de le mettre en idée. Il est beaucoup trop tôt. La totalité des humains n'ont pas encore vécu la fessée cosmique. Nous en reparlerons après la fessée cosmique qui changera bien des mentalités humaines. Pour le moment il est peut-être utile d'en parler dans une locution intérieure avec soi-même, de mettre en place des idées et non pas le projet lui-même. C'est beaucoup trop tôt. Bien évidemment, c'est une réalité future qui peut-être tout à fait en rapport avec l'aspect incarné de la fraternité blanche universelle qui va bien au-delà de la fraternité humaine. Rappelez-vous qu'un certain nombre d'évènements doivent se produire d'ici la fin de l'année, indépendamment de ces évènements désagréables de la fessée cosmique, mais aussi des évènements spirituels extrêmement importants comme la reconnaissance de l'existence de l'intra Terre, comme la reconnaissance de l'existence aussi des phénomènes extra Terrestres. Chaque chose en son temps mais, néanmoins, il y a possibilité d'avoir plusieurs lieux de rassemblements qui sont totalement différents de ceux que nous avions appelé, à d'autres moments, des lieux de regroupements. Ce sont des choses totalement différentes, auxquelles pour l'instant, nous n'avons pas à être confrontés. Voilà chers amis, si vous le voulez bien maintenant, je vais vous laisser profiter de cette belle soirée et pour moi retourner à mes espaces et rendre la liberté à mon canal. Je vous apporte, comme il est convenu de le faire, toute ma bénédiction et tout mon amour fraternel et tout mon amour en humanité. A tout bientôt.
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Une journée pas comme les autres
On ne s'attendait pas à ce qu'il neige aussi tard dans le mois de février. Il était tombé au moins cinq centimètres de fraîche dans la nuit. Comme toujours, dans Paris, on savait que ça ne tiendrai pas longtemps que très vite, ça se transformerait en une sorte de boue grise et glissante. Mais pour l'instant, c'était superbe. Le boulevard Blanqui était méconnaissable et les branches des platanes étaient couvertes de neige, comme les sapins en montagne, lorsqu'on allait faire du ski. Il n'y avait presque plus de bruit, les sons étaient étouffés par le manteau blanc.
Catherine pressait le pas ce matin là plus particulièrement parce qu'elle pensait à préparer la réunion qu'elle devait animer à 10h. " Franchement pas de chance avec la neige, je suis quasiment sûre que le métro n'avancera pas." Elle sortit son téléphone de son sac et appela Frédéric, son assistant, pour qu'il prépare la salle avant son arrivée probablement retardée par les problèmes de métro. Il ne faisait pas encore franchement jour et l'éclairage urbain fonctionnait encore. Elle pensa, en voyant cette scène de rue enneigée, qu'elle n'était jamais retournée aux sports d'hiver depuis qu'elle avait quitté Hervé.
Elle avait eu une liaison assez longue avec un lui. Ça avait duré huit ans. Il était dans la même entreprise qu’elle, le Crédit Avicole, mais pas dans le même service. Ils s’étaient rencontrés à l’occasion d’un stage de management. Ça se passait en province, à Orléans. C’était un stage « résidentiel » comme on dit, c’est-à-dire que les stagiaires ne pouvaient pas dormir chez eux. Ils devaient « découcher », quel joli mot ! Eh bien, ce fut une belle occasion pour Catherine et Hervé, pour ne pas dire une occasion rêvée. La formation continue, c’est très à la mode dans les grandes entreprises, et il y a une quantité de petites structures qui profitent de ce gâteau, tout en ayant des compétences certaines dans la manière d’animer les séances, concurrence oblige. En particulier, ces prestataires sont très forts pour briser la glace qui s’installe immanquablement lorsque dix personnes qui ne se connaissent pas sont mises autour d’une table pour passer trois jours à étudier sérieusement un sujet. Ce fut le cas lors de ce séminaire de management. L’animateur arriva avec un gros ballon sous le bras et il demanda à tout le monde de se lever et d’aller vers l’espace de la cafétéria. Il fixa comme règle de n’envoyer le ballon à une personne qu’en donnant le prénom de celle à laquelle elle devait le renvoyer. Effectivement, très rapidement, les prénoms de chacun furent dans la tête de tout le monde. Le soir, tout le groupe a dîné ensemble, et Hervé a fait en sorte d’être assis en face de Catherine. Leur histoire a commencé ce soir-là, cette nuit-là. Ils se sont vus régulièrement, en semaine ou lors de déplacements, pas plus car Hervé était marié. Pendant longtemps Catherine a espéré qu’Hervé divorce pour vivre avec elle. Mais un jour, alors qu’il lui expliquait une nouvelle fois qu’il n’avait pas pu en parler à sa femme, elle eut la conviction qu’il ne divorcerait jamais. Elle a donc mis fin à leur relation, et elle a demandé à être mutée à Paris.
Effectivement, le métro n'avancait pas. Pour un oui pour un non il s'arrêtait entre les stations. Catherine n'arriva à son bureau qu'à neuf heures et quart. La réunion était planifiée pour neuf heures trente. Heureusement qu'elle avait, la veille revu un par un les planches qu'elle allait projeter ce matin. Frédéric était arrivé tôt et avait veillé à ce que tout soit prêt, le rétroprojecteur, l'écran, un ordinateur correctement branché, les tables et chaises bien disposées. ...
Cette réunion représentait un enjeu important pour Catherine. Elle lançait un nouveau projet dont l'objectif était la mise en conformité du processus d'instruction de prêt immobilier pour les particuliers. Il devait y avoir tous les responsables d'agence de la région parisienne. Elle imaginait bien que , si elle réussissait ce challenge, elle obtiendrait vraisemblablement un poste de directeur. Dans sa tête, tout paraissait en ordre. Elle s'était séparée à temps d'Hervé quand elle avait été sûre qu'il ne s'engagerait jamais avec elle. Ça lui avait permis de plus s'investir dans son travail. La mutation à Paris lui avait été favorable. Bref, tout cela s'articulait bien.
Une fois l'instant café croissant terminé, tous les participants rentrèrent dans la salle. Catherine prononça quelques mots d'accueil, leur fit faire le traditionnel tour de table et commença à présenter le projet. Elle était brillante, pertinente, à l'aise et jonglait habilement en équilibrant harmonieusement les images "PowerPoint" projetées, les argumentaires oraux, les clins d'œil aux participants. On voyait que tout cela était bien préparé, même répété comme un spectacle.
Le nouveau processus d'instruction de prêts immobiliers était plus complexe et sécurisé que le précédent. Mais il était aussi plus contraignant pour les directeurs d'agence. Il y avait une fiche normalisée à remplir, en vue de justifier plus complètement les motifs d'acceptation ou de refus de la banque. Cette mesure avait même un effet rétroactif sur les trois ans passés. Catherine se doutait bien que ça n'allait pas passer comme une lettre à le poste. Il y avait, dans son exposé, la place pour des questions, c'est classique. Les principales ont porté sur le surcroît de travail que ça allait occasionner et sur le mauvais impact commercial sur la clientèle. Mais il y eut un participant qui alla plus loin. Il s'appelait Michel Delille. C'était un vieux routier de cette banque. Il y était rentré comme coursier. Il avait gravi tous les échelons jusqu'à devenir directeur d'agence. Il se leva, interrompit Catherine en disant : " Moi, je n'appliquerai jamais un truc comme ça. Et d'abord, vous êtes qui pour nous apprendre notre métier ? On voit que vous avez appris la banque dans les livres ! ". Et il sortit en claquant la porte.
Il y eut un silence de mort dans la salle. Catherine eu soudain l'impression que le ciel lui tombait sur la tête. Il y avait très longtemps que ça ne lui était pas arrivé. Elle retrouva son calme et annonça : " Bien, pour nous permettre de respirer un peu, je vous propose un arrêt d'une demi-heure, il y a des boissons et encore des croissants dans le hall." Elle chercha des yeux Frédéric qu'elle ne trouva pas parce qu'il s'était absenté pour une urgence une demi-heure plus tôt. Elle décida d'aller s'enfermer dans son bureau pour réfléchir. Elle se fit un expresso et alla s'affaler dans son fauteuil pivotant. Il lui revenait soudain les avertissements de sa mère : " tu n'arriveras jamais à rien,... tu n'as pas voulu suivre mes conseils,... tu n'écoutes pas ce que je te dis,... tu prends tout à la légère... " . Et puis, elle se souvint de la détermination dont elle avait fait preuve pour réussir sa maîtrise de droit. Lui revenait aussi à l'esprit la fermeté qu' elle avait montré vis à vis d'Hervé en mettant fin à une relation qui lui apportait beaucoup. Il fallait qu'elle trouve là, maintenant, une idée pour reprendre la main et remettre les participants sur les rails d'une réussite pour ce projet qui lui tenait à cœur.
Elle se souvint tout d'un coup d'une formation au management qui lui avait été payée par la Bbanque. Le consultant leur avaist demandé de participer à un jeu de rôle, l'objectif était de faire passer un plan social à un ensemble de cadres. La méthode à simuler dans ce jeu de rôle consistait à diviser le groupe d'une cinquantaine de personnes en sous-groupes, que ces sous-groupes désignent un porte-parole et un animateur et qu'il fassent des propositions sur le sujet douloureux. Catherine se dit : "c'est évident, c'est ce qu'il faut faire !". En reprenant sa réunion elle proposa tout de suite cet exercice, quitte à déranger un peu le plan qu'elle s'était fixé à l'avance. Il est vrai qu'il y avait un vrai risque qu'un mouvement de solidarité se déclenche en faveur de Michel de Lille. Le fait d'avoir découpé le groupe en six, de leur avoir donné une certaine autonomie, semblait avoir réussi à désamorcer la bombe. Lorsque Catherine procéda à la synthèse des propositions des sous-groupes elle n'eut a reformuler que des idées constructives. Le soir, lorsqu'elle fit son débriefing à son chef, elle n'eut que des compliments. Elle était satisfaite d'elle-même tout en se disant qu'elle n'est pas passé loin d'une catastrophe, si elle avait donné trop de place à ses doutes,
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La maîtresse explique aux enfants qu'une personne précoce c'est quelqu'un qui fait des choses bien plus tôt que la plupart des autres personnes. Puis, elle demande : - Qui peut me citer une personne précoce ? - Moi, madame, répond Toto. Il y a Mozart ! - Très bien. Et pourquoi peut-on dire que Mozart était précoce ? - Parce qu'il est mort à trente-cinq ans !
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4 SAISONS, arrêtez vous à la moitié du DIETE 1
régime 1 Vos jambes deviennent lourdes et vous ne pouvez ni les soulever ni les déplacer. Vous ne pouvez pas bouger votre tête d'un côté à l'autre car quelque chose éclabousse et grince dans vos oreilles. Vous craignez que votre tête n'explose ou ne fuit par ses orbites. Vous sentez votre tête comme si elle avait un mètre de diamètre et vous êtes à l'intérieur aussi petit qu'une cacahuète. Et pourtant tu ne rentre pas et tu sens que le ballon est sur le point d'éclater ...
ce ne sont pas des signaux hypnotiques, ni un rêve. C'est la réalité d'un homme de trente-cinq ans qui s'assied sur le canapé et qui a peur de bouger. C'est mon histoire, donc l'espace m'a trouvé soudainement et sans espoir. Le médecin est venu avec une injection qui était stupidement relaxante, de sorte que je me déstresse et que je ne pense pas à la société et à qui économiser l'argent accumulé. Il a vu que les vaisseaux sanguins dans mes yeux ont éclaté et que mes yeux se sont couverts de sang. Tension artérielle 285 par 180, il a mesuré deux fois parce qu'il pensait que le tensiomètre s'était cassé. Mes pieds étaient enflés et noirs, se transformant en une sorte de taches violettes et brunes au-dessus, se terminant par des taches orange et brunes au niveau des genoux. Les jambes jusqu'aux genoux étaient gonflées d'eau, comme des piliers. Le médecin a dit que j'avais plusieurs années. Un cardiologue en Allemagne, après avoir examiné l'épaisseur du muscle cardiaque et une possible hypertrophie du ventricule, a dit que j'avais terminé. Il m'a référé à un médecin de Biilefeld. Le néphrologue a examiné la sortie de mes reins, ce qui est parfois la cause de l'hypertension artérielle. Les résultats étaient bons. Alors ça va et je mourrai? D'où vient cette hypertension artérielle? Stress? En surpoids? Pas de mouvement? Trop de café et de biscuits dans les discussions d'affaires? Des médicaments qu'un cardiologue en Allemagne m'avait prescrits, supposément modernes, mais ils ne fonctionnaient pas et j'avais toujours une pression artérielle très élevée et d'étranges jambes enflées de couleur.
Puis j'ai commencé à suivre mon régime et à chercher des solutions dans tous les sens. Chez un médecin australien qui a fait des diagnostics urinaires précis. Et finalement j'ai trouvé une prescription d'un très bon herboriste qui soigne des maladies graves. Elle m'a fait comprendre que chaque personne a des milliers d'inflammations micro-intercellulaires, et mon corps ne peut pas les combattre, ni les exposer à la surface de la peau, ni à travers les intestins. Si je ne fais rien, j'exploserai.
Je parlerai des médicaments réels plus tard. Parce qu'ils sont comme ça et que cet herboriste a guéri de nombreuses personnes. Une autre personne qui traite l'hypertension avec succès est un prêtre, également à son sujet plus tard.
Maintenant, je vais vous présenter quelques points qui m'ont guéri, certainement en partie, et des années ont passé, et la tension artérielle est normale.Bien sûr, je prends toujours les pilules. Le premier point est votre alimentation.
Le deuxième point est un régime spécial avec nettoyage des canaux et désintoxication dans le sens de l'élimination des commentaires négatifs.
Le troisième point est la gymnastique, essentiellement des mouvements quotidiens sans prétendre qu'il pleut, etc.
Le quatrième point est la superconscience et la compréhension des capillaires dans la nature.
Pour les personnes avancées, j'ai le cinquième point, qui raconte les cellules apoptotiques et les cocktails de Bela, un apothicaire italien, qui a guéri plus de 5000 patients de cancer dans les années 1970, - des cas confirmés et bien d'autres jusqu'à 10000 personnes.
Plus d'informations sur mon site Web dans les articles et dans les prochaines vidéos, car il vaut la peine de dire que nous avons réussi à échapper à la maladie et à la mort.
Mon régime n'est pas un miracle de régime. Cependant, j'ai perdu de 100 à 88 kg. Et mes jambes sont sans gonflement et sans taches de pluie noires.
Je vous en dirai plus plus tard.
Je vais vous montrer que le régime se compose de ce que nous aimons, pas de ce qui est à la mode. Jusqu'à la prochaine fois.
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La machine à Histoire - 2
Suite d’Histoires d’éternité
Fanfiction inspirée de la série tv britannique Torchwood (2006-2011) Tous les personnages restent évidemment la propriété intellectuelle de la BBC
Chapitre 2 : Petit lutin à la patte folle
Galaxie Alpha, Péninsule de Boeshane
51e siècle
Ces créatures étaient vraiment monstrueuses.
Protégés par un champ d'invisibilité généré par le TARDIS, Jax et le Docteur regardaient ces ... choses envahir la péninsule de Boeshane et massacrer ses habitants.
Jax avait vécu cette invasion aux premières loges, plus de vingt ans plus tôt. Mais là, il lui semblait que l’observer de loin était pire encore. Être le témoin de cette panique, au milieu de ce qui avait été un paradis sur Terre. Cette violence, cette rage destructrice. Comment de telles créatures pouvaient-elles simplement exister?
Les envahisseurs étaient arrivés sur un gigantesque vaisseau noir et sinistre qui planait au-dessus de la mer, stagnant à quelques centimètres de l'eau bleu azur. Ils avaient déferlé sur la plage comme un ouragan de hurlements, de sang et de terreur. Hébété, Jax les regarda massacrer son peuple, incendier son village, tout piétiner et tout détruire sur leur passage. Ils avaient embarqués tout ce qu'ils trouvaient. Y compris quelques enfants.
Une fois leur sinistre besogne accomplie, ils ré-embarquèrent, traînant à leur suite quelques petites silhouettes prisonnières.
Sans perdre une minute, Jax et le Docteur mirent en route le TARDIS et collèrent le vaisseau noir aux trousses.
Tant de choses tourbillonnaient dans la tête de Jax qu'il se demandait s'il n'allait pas craquer. Lui, dont les supérieurs à l'Agence avaient pourtant toujours vanté l'extraordinaire sang-froid. Mais c'était facile d'être froid et détaché quand rien de vous touchait réellement. Là, il lui était impossible d'éloigner l'idée qu'à quelques centaines de mètres, Gray était peut-être torturé par ces créatures. Peut-être qu'elles étaient en train de le tuer en ce moment-même.
Il fallait qu'il se calme.
Il s'employa à respirer calmement et profondément par le nez.
Depuis sa console de pilotage, le docteur le dévisageait intensément. Sans empathie mais sans jugement non plus. C'était un regard qui disait "Tu dois tenir bon".
Assez soudainement, le vaisseau qu'ils suivaient perdit de la vitesse et puis stoppa net, pour se mettre à flotter à l'arrêt dans un coin désert à l'extrême sud de la Galaxie.
Le docteur et Jax échangèrent un regard. Etaient-ils repérés?
Le TARDIS se figea et ses occupants en firent de même, comme si se taire et rester sans bouger pouvait empêcher leurs ennemis de les repérer.
Ils attendirent quelques minutes. Il ne se passa rien. Du moins, à l'extérieur du vaisseau noir.
-Pour ce que j'en sais, dit lentement le Docteur. Il s'agit d'un peuple de pilleurs nomades. Ils n'ont pas de terres à eux, ils se contentent de se servir sur celles des autres. Ce sont les vermines de l'univers.
Jax hocha douloureusement la tête.
-Ils n'ont pas de point d'ancrage, poursuivit le Seigneur du temps. Ils vadrouillent d'un point à un autre. Ils ont probablement stoppé ici, dans un endroit peu fréquenté, pour passer leur butin en revue.
Il se remit à pianoter sur sa console. Jax comprit qu'il lançait les commandes pour matérialiser le TARDIS directement à bord du vaisseau et se porta naturellement à son aide. Le Docteur accueillit ce copilotage comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.
Une fois la manœuvre faite, Jax passa prudemment la tête par la porte. Les lieux semblaient déserts et nus, comme un endroit qu'on n'utilise pas et où on ne se rend jamais. Les deux hommes sortirent.
-Trouve ton jeune frère et attendez-moi dans le TARDIS, Jack, ordonna le Docteur. Ne fais rien de stupide.
Puis il partit d'un pas rapide et assuré, marchant en plein milieu du couloir sans chercher à se dissimuler.
Jax le regarda s'éloigner, mi-admiratif mi-incrédule.
Mais il se reprit rapidement et partit dans le sens inverse, rasant furtivement les murs tout en pianotant à toute vitesse sur son bracelet électronique.
Les cordonnées génétiques de Gray étaient si proche des siennes qu'il ne fallut pas longtemps au bracelet pour le localiser. Jax avait à peine commencé à se diriger dans la bonne direction qu'un son atroce, à vous déchirer les tympans, raisonna dans les couloirs, lancinant comme une alarme.
Probablement l'oeuvre du Docteur.
Cette diversion était tellement efficace que Jax ne croisa personne. Heureusement parce qu'il aurait étripé sans le moindre scrupule tout ce qui aurait pu se mettre entre Gray et lui. Qu'importe sa promesse au Docteur.
Plus il se rapprochait du petit point qui clignotait sur l'écran de son bracelet, plus son cœur battait à tout rompre. Plus que quelques virages ... Gray était là, il était vivant !
Jax allait le sauver et le ramener chez eux. Bon sang, vingt ans qu'il priait pour que cet instant arrive !
Au début, lorsqu'il parvint à l'endroit indiqué par son bracelet, Jax ne vit rien. Il faisait tellement sombre dans ces couloirs qu'il parvenait à peine à voir ses propres pieds.
Puis il entendit un gémissement alors il braqua la lueur de son bracelet droit devant lui. Et c'est là qu'il les vit. Les enfants avaient été jetés dans une sorte de cage forgée à même les murs du vaisseau. Tout semblait sale dans ce vaisseau. Il était constitué d'une étrange matière organique sombre et gluante qui donnait l'impression d'évoluer dans un cauchemar.
Jax se précipita jusqu'à la cage. Il sortit de sa poche le passe-partout dont il ne se séparait jamais et en deux en trois mouvements, la porte s'ouvrit.
Un petit bonhomme aux cheveux bouclés s'était levé d'un bond dès qu'il avait aperçu la haute silhouette de Jax à l'entrée de la cage. Jax tomba à genoux et le serra dans ses bras.
-Gray... Oh Gray, sanglota-t-il. Merci ! Merci ! Merci !
-Pa... Papa ? souffla Gray.
Jax secoua la tête, des larmes roulant sur ses joues.
-Non, c'est moi, Jax.
A la lueur du manipulateur de vortex, il vit Gray lui lancer un regard incrédule.
-Je sais, sourit Jax à travers ses larmes.
Et se penchant légèrement, il lui souffla quelques mots à l'oreille. Des mots d'enfants, un code qu'eux seuls connaissaient.
-Comment... ? laissa échapper Gray.
-Je t'expliquerai plus tard, éluda Jax. Tu es blessé, petit frère? Tu peux marcher?
-Je vais bien.
Jax se redressa et balaya la cage du regard. Il y avait deux corps sur le sol. Il distingua des cheveux blonds. Il fit mine de se pencher vers eux mais Gray l'arrêta d'une pression sur le bras.
-Ils sont morts, souffla-t-il. Il ne reste qu'Ifan et moi. Viens, Ifan, dit-il en haussant légèrement la voix.
Un tout petit garçon sortit alors d'un recoin où il s'était réfugié, en traînant la patte.
-Il est blessé... murmura Gray.
-Ça va aller, dit Jax d'un ton rassurant qui s'adressait aux deux enfants à la fois.
Il ressortit de la cage, s'assura que la voie était toujours libre et cueillit le petit Ifan dans ses bras. Puis il fit signe à Gray de le suivre.
-On se tire d'ici.
Ifan se laissa attraper sans protester. Il contempla simplement Jax de ses grands yeux bleus intelligents et craintifs.
.
Dans les couleurs vides et gluants, seuls raisonnaient les grands pas de Jax et les trottinements de Gray. Il n'y avait pas un bruit, pas même une rumeur lointaine. Rien que l'étourdissant silence rompu par la cavale pressée de Jax et ses protégés vers le TARDIS.
Une fois qu'ils eurent atteint le vaisseau, celui-ci les laissa complaisamment entrer. Maintenant qu'il y pensait, Jax était sûr que le Docteur était parti sans même verrouiller la porte.
Fallait-il craindre la présence d'un ennemi qui les aurait précédés ici?
Il passa prudemment la tête à l'intérieur. La gigantesque pièce principale semblait aussi vide qu'accueillante. Il y raisonnait un doux ronronnement métallique qui paraissait aussi rassurant à Jax que le silence du vaisseau ennemi était menaçant.
Ouvrant tout grand la porte, il poussa Gray à l'intérieur. Serrant toujours le petit corps tremblant d'Ifan d'un bras, il referma la porte du vaisseau de l'autre.
Le TARDIS ronronna de plus belle, comme pour les accueillir et les rassurer.
Debout au pied de l'escalier principal, Gray contemplait ce nouvel environnement, interloqué.
-Où sommes-nous?
-En sécurité, lui affirma Jax.
Il grimpa jusqu'à la mezzanine surplombant la salle de commande, déposa délicatement le petit Ifan dans un immense fauteuil au creux duquel il parut minuscule et tapota gentiment sa petite tête pleine de bouclettes brunes. Jax gardait en tête que le garçonnet avait probablement le pied foulé mais il avait d'autres sources d'inquiétude plus immédiate pour l'instant.
Ce vaisseau, dans lequel lui et les enfants étaient entrés comme dans un moulin, les protégerait-il des montres envahisseurs?
Et si le Docteur ne revenait pas, Jax serait-il capable de piloter seul cet engin ? C'était probable. Pouvait-il pour autant envisager de laisser derrière lui l'homme qui lui avait permis d'accomplir ce qu'il souhaitait le plus au monde ?
-Où sont Papa et Maman ? le pressa Gray.
-Maman est à Boeshane. Tu vas la revoir très bientôt, promit Jax.
Leur mère et sa souffrance d'être privée de son enfant, son impuissance face à son sort. Leur mère et son deuil bien trop lourd à porter. Leur mère et cette colère qu'elle avait reportée sur le seul membre de la famille encore en vie ...
A peine six mois après l'attaque de Boeshane, Jax avait quitté son île natale en ruine pour ne jamais y revenir. Il avait voyagé en clandestin et vécu comme un moins que rien avant que de bonnes rencontres et quelques coups de chance lui permettent d'entrer à l'Agence du Temps. Il ignorait ce qu'était devenue sa mère. Si elle était toujours sur Boeshane. Ni même si les boeshans avaient reconstruit l'île ou l'avaient fuie.
-Pourquoi tu es vieux ? lâcha Gray.
-Je ne suis pas vieux, contra Jax mi-vexé, mi hilare. J'ai trente-cinq ans !
En réalité, se reprit-il mentalement, il devait être plus proche des trente-sept. Il n'était toujours pas sûr du temps qu'il manquait dans sa mémoire mutilée mais il savait que cela tournait autour de deux ans. Difficile de se rappeler de son âge quand on ignorait ce qu'on avait fait ces dernières années.
-Il m'a fallu vingt ans pour te retrouver, avoua-t-il. Je t'ai cherché pendant vingt ans. Ce vaisseau, poursuivit-il en désignant le TARDIS d'un vaste geste du bras, peut voyager dans le temps.
-Et il va pouvoir nous ramener à la maison ?
-Absolument.
Jax redescendit près de la console principale.
Gray hésita un moment entre Ifan, perché sur son drôle de fauteuil et son frère, puis se décida à suivre Jax.
Le ventre contracté et la tête renversée en arrière pour glisser plus facilement, Ifan se laissa lentement tomber de son siège et suivi les deux autres, toujours en traînant la patte.
Jax activa l'écran de contrôle du TARDIS pour surveiller les alentours. En se retournant, il découvrit un Gray fasciné par la console de commande du vaisseau. Puis il avisa un petit lutin estropié qui tentait une descente périlleuse de l'escalier.
Il alla cueillir Ifan dans ses bras. L'enfant se laissa faire et pressa sa petite tête brune contre l'épaule de Jax qui en ressentit une profonde bouffée d'affection.
-Vous vous connaissiez, Ifan et toi? demanda-t-il à Gray tout en caressant la tête brune toujours nichée contre lui.
Les deux frères étaient plantés devant la console, observant d'un œil distrait un écran qui leur montrait un couloir sombre et vide.
-Je crois que ses parents habitent tout près de la plage sud, pas vrai Ifan?
L'enfant hocha fermement la tête.
Selon les souvenir de Jax, aucune des familles qui habitaient de ce côté de la péninsule n'avait survécu.
Gray sursauta et désigna du doigt le coin gauche de l'écran. Une mince silhouette se dirigeait vers eux d'un pas vif, les pans de son long manteau noir virevoltant autour d'elle.
-Pas d'inquiétude, dit Jax. C'est un ami, c'est grâce à lui que je suis ici.
Le Docteur pénétra dans son vaisseau à pas lents. La porte grinça et se referma derrière lui.
Son visage était fermé, ses yeux sombres. Mais il eut un léger sourire lorsqu'il vit Jax et les enfants.
-Deux pour le prix d'un? s'amusa-t-il.
-Voici Gray. Et Ifan.
Le Docteur se positionna près de sa console et jeta un regard interrogateur à Jax.
-Oh ... oui, lâcha ce dernier en réalisant que le Docteur attendait qu'il annonce leur prochaine destination. On retourne sur Boeshane. Six mois après l'attaque.
Le Docteur obtempéra. Jax, qui tenait toujours Ifan dans ses bras, donna des instructions à Gray pour qu'il assiste le Seigneur du temps dans son pilotage. Puis il se baissa pour que Ifan soit à hauteur de la console et puisse participer lui aussi.
Les deux enfants étaient au comble de l'excitation lorsque le TARDIS se matérialisa finalement sur Boeshane, tout près de la maison d'enfance de Jax.
A l'écran, ils virent plusieurs habitants passer des têtes anxieuses par les portes ou les fenêtres, alertés par l'apparition de ce curieux vaisseau. Jax et Ifan reconnurent leur mère à l'une des fenêtres.
-Vas-y, dit Jax à son jeune frère en l'accompagnant jusqu'à la porte.
Gray lui lança un regard un peu incertain. Face au sourire de son grand-frère, il se décida finalement. Il actionna la poignée de la porte du TARDIS et sortit sous un magnifique soleil d'été, suivi par Jax qui tenait toujours Ifan contre lui.
Il y eu un hurlement alors que Gray marchait en clignant des yeux sous la lumière vive. Une porte claqua. Et une femme se précipita en sanglotant jusqu'à tomber à genoux devant l'enfant, qu'elle serra dans ses bras à l'en étouffer.
-Mon fils ! Mon fils !!
Bien vite, ils furent entourés par plusieurs dizaines de villageois. Le Docteur sortit à son tour du TARDIS et enfila une paire de lunettes de soleil.
Personne ne vint pour arracher Ifan des bras de Jax. C'était bien ce qu'il craignait.
Et puis finalement, sa mère s'avança vers lui.
Ils se dévisagèrent longuement.
Jax posa délicatement son petit fardeau sur le sol, puis fit un pas en avant.
-Salut, maman.
Elle se jeta à son cou, au grand désarroi de Jax.
Après ce qui lui parut une éternité, elle se redressa et lui caressa la joue.
-Alors c'est ... c'est vrai? C'est vraiment toi, Jax? Tu ressembles tellement à ton père, un instant j'ai cru ...
-Je sais. Gray a dit la même chose.
-Comment est-ce que tu as fait, comment est-ce possible?
Jax se retourna pour jeter un regard au Docteur. Il s'amusait à faire des grimaces à Ifan.
L'ancien agent du temps savait qu'il ne pouvait pas rester ici. En tout cas, pas maintenant.
Il ne pouvait pas se payer le luxe des retrouvailles et de la nostalgie. Pas même pour un soir. Ce n’était pas sa place.
-Il faut que tu m'écoutes, dit-il à sa mère. Je dois partir.
Elle écarquilla les yeux et ouvrit la bouche mais il leva la main pour faire taire toute protestation.
-Je vais revenir. Pour moi, ce sera probablement dans cinq minutes. Mais pour toi, dans vingt ans.
Sa mère en resta bouche-bée.
-Jax, mon fils, tu ...
-C'est ainsi que ça doit se passer, la coupa à nouveau Jax.
Il aurait voulu lui dire qu'il ne pouvait pas tricher avec sa propre ligne temporelle, qu'il devait vivre dans son propre présent, que c'était ainsi qu'allaient les règles. Celles du l'univers lui-même.
Mais tout cela, c'était du jargon d'agent du temps. Sa mère n'y comprendrait rien. Elle ne savait pas qu'il était devenu agent du temps. De toute façon, si on se fiait à l'époque, il n'était pas encore devenu agent du temps.
Il se contenta alors de l'essentiel.
-Prends soin de Gray, s'il te plaît. Dis-lui que je vais revenir. Et veille sur ce petit, aussi, dit-il en désignant Ifan qui jouait désormais avec les lunettes de soleil du Docteur, au grand dam de ce dernier.
-Evidemment, Jax, mais ...
-Je vais revenir, promit-il. A bientôt, mère.
-Attends, Jax, comment as-tu... Mais Jax se détourna et marcha vers le TARDIS sans un regard en arrière.
Il croisa le regard du Docteur qui lui adressa un bref hochement de tête, récupéra ses précieuses lunettes et le précéda dans son vaisseau.
Un coup de tambour, un chuintement et Boeshane ensoleillée disparut.
Merci d’avoir lu ! La semaine prochaine, nous parlerons de curieuses apparitions et d’un mariage princier (et ce n’est même pas en lien avec l’actualité, je vous jure !)
D’ici là, vous pouvez toujours me rejoindre sur Twitter : @kate_ngtg !
A mercredi !
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Maxime de Rostolan : "Tout est possible si on remue ciel et terre. Surtout la terre"
Le documentaire "On a 20 ans pour changer le monde" d'Hélène Médigue sort en salle mercredi 11 avril. Cinq questions à Maxime de Rostolan, fondateur de l'association Fermes d'avenir et fil rouge du film, sur son combat pour une agriculture durable.
Pendant un an, la réalisatrice Hélène Médigue a suivi Maxime de Rostolan, patron de Fermes d'Avenir, un réseau de fermes biologiques, et grand défenseur d'un modèle agricole proche de la permaculture. De cette aventure, qui les a mené des champs de Touraine aux portes des ministères, à la rencontre de spécialistes, d'agriculteurs ou de politiques, en sort un documentaire au titre alarmiste : On a 20 ans pour changer le monde, en salle mercredi 11 avril. L'ancien ingénieur reconverti en paysan y dresse un constat : "60 % des sols sont morts. Dans vingt ans, nous ne devront plus utiliser d'intrants chimiques pour produire notre alimentation". Dans une France où 90 % de l'agriculture reste conventionnelle, l'entrepreneur de 37 ans tente d'apporter des solutions. Il revient pour We Demain sur son engagement.
We Demain : Vous êtes le patron de l'association Fermes d’avenir, que l’on suit à travers tout le documentaire. Quelles sont les solutions concrètes que vous proposez ?
Maxime de Rostolan : L'association a quatre pôles d'activité ; la production, la formation, le financement et l’influence. Nous gérons des fermes comme celle de la Bourdaisière, en Touraine, par laquelle tout a commencé, ou encore celle, plus récente, de Brétigny-sur-Orge, dans l’Essonne. Nous y testons des techniques agroécologiques intensives inspirées de la permaculture. Le projet Cœur d’Essonne est un prototype qui vise à montrer la viabilité de ce type d’agriculture, et qui devrait permettre de créer 100 fermes aux alentours et 2 000 emplois. L’idée est d’essaimer ce concept pour en faire une par région. Mais on propose aussi des formations, longues pour ce qui est du compagnonnage en maraîchage bio, ou plus courte pour les curieux ou les amateurs qui veulent travailler la terre. Dans le film, vous verrez que l’on fait aussi de l’aide à la conversion, comme avec Vincent Louault, un agriculteur conventionnel qui veut réduire ses parcelles consacrées à l’agriculture chimique. Le financement tient également une place importante : grâce à la plateforme de financement participatif Blue Bees, les investisseurs et les particuliers peuvent soutenir des projets agricoles. Nous avons aussi une activité d'influence, notamment auprès du grand public avec un tour de France où nous faisons découvrir à tous l'agroécologie et la permaculture. Mais nous faisons aussi du lobbying auprès des politiques, en étant présent aux États Généraux de l'Alimentation, et en proposant des amendements. Je suis en ce moment même souvent à l’Assemblée nationale pour suivre leur avancement en commission. Tous ces aspects sont présents dans le film, que je vois comme un outil de mobilisation, qui veut redonner un peu d'espoir. Ce qui en ressort, c'est que tout est possible si l'on remue ciel et terre (pour nous, surtout la terre), même recevoir un candidat à l'élection présidentielle, Emmanuel Macron, pour lui faire passer une dizaine de propositions de loi. À leur échelle, les particuliers ont une arme, leur portefeuille. Ils peuvent soutenir ce modèle durable en achetant bio, local, et de saison. Et pour peu qu'ils trouvent ces produits chers, ils peuvent diminuer leur consommation de viande.
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Le titre sonne comme un ultimatum. Pourquoi ce chiffre ? Est-ce qu’il est pas déjà trop tard ?
Le titre est alarmiste car l'urgence est là. Le climatologue Jean Jouzel nous donne trois ans, l’écologiste Yves Cochet dit que l’effondrement est probable en 2020, vraisemblable en 2025 et inévitable en 2030, le GIEC nous parle d'une augmentation de 2°C d'ici 2100... Alors on coupe la poire en deux et on se dit vingt ans. Il y a vingt ans, Google n'existait pas, il y a dix ans le smartphone n'existait pas, on est donc dans un horizon audible à l'échelle d'une génération pour pouvoir embrayer sur des solutions. Aujourd'hui encore, chaque jour qui passe est un jour de trop dans la mauvaise direction, mais si j'étais convaincu qu'il était trop tard, je serais sur la plage avec un mojito en train de regarder la mer monter. L'important, c'est que chacun s'empare de cette question comme si elle ne reposait que sur ses propres épaules.
Est-ce qu’il faut faire peur au gens ou leur faire miroiter un futur désirable ?
Les deux. "Faire peur", je ne sais pas, mais en tout cas, il faut alerter sur le fait qu'il s'agit bien d'un sauvetage. La biodiversité a pris cher : 52 % des animaux sauvages ont disparus en quarante ans, 80 % des insectes en trente ans. Je fais partie de ceux qui pensent que dans cent ans, il n'est pas dit qu'il y ait beaucoup d'hommes sur cette planète. Nous sommes vraiment à une période charnière, il faut les secouer tout ceux qui se voilent la face, se disent que l'homme a toujours connu ça et s'en est toujours remit. C'est ce qu'essayent de faire les collapsologues (ceux qui étudient le scénario d'un effondrement écologique, ndlr) : ils apportent un discours lucide et éclairé sur ce qui est en train de nous arriver. Mais comme l'écrivain Yves Paccalet avait écrit L'Humanité disparaîtra, bon débarras en 2006, avant de faire Sortie de Secours en 2007 pour se racheter une image, le chercheur Pablo Servigne, après avoir sorti Comment tout peut s'effondrer en 2015, a écrit deux ans plus tard L'entraide, l'autre loi de la jungle ! Certains collapsologues ne font pas que dénoncer, mais montrent aussi des issues.
Le documentaire laisse entendre que le pouvoir politique est trop lent, qu’il ne faut pas l'attendre pour agir. Même Stéphane Le Foll et Nicolas Hulot reconnaissent face caméra leur impuissance. Avez-vous perdu foi dans le levier politique pour engranger cette transition agricole ?
Les politiques sont contraints et doivent composer avec les forces en présence, et notamment les forces économiques qui ne sont pas prêtes de lâcher un pourcent de leur emprise. Il y a aujourd’hui 2 000 lobbyistes à Bruxelles qui font passer des lois favorables à l'agrochimie. Même s’ils se donnent des horizons qui sont en phase avec nos valeurs, il ne faut pas attendre que les politiques fassent quelque-chose. Selon moi, ils ne pourront et ne sauront le faire que lorsque nous seront tous mobilisés, et qu'il y aura suffisamment de retour d'expériences positives et validées. Aujourd'hui, aucune forme d'agriculture n'est viable, sachant que l'agriculture conventionnelle est financée directement par la PAC (Politique Agricole Commune) de l'Union Européenne, et que sans cette aide, 70% des fermes françaises déposent le bilan dans la semaine. Notre objectif est de faire en sorte que la conjoncture soit favorable à l'agroécologie, pour la rendre viable, et que globalement l'agriculture soit viable. Pour ça, nous avançons sur tous les fronts à la fois, mais le front politique prend du temps, car c'est un levier énorme et difficile à actionner, mais nous ne le perdons pas de vue.
Qu’espérez vous voir évoluer d’ici 10 ans ?
J'espère que dans dix ans, on aura mis en place des lois qui favoriseront le déploiement de fermes agroécologiques. Parce qu’il ne faut pas oublier qu’une transition entre deux modèles agricoles prend minimum cinq ans, que c’est difficile pour les agriculteurs qui ne sont pas suffisamment aidés. J’espère qu’on aura réussi à mettre en place des conditions de travail décentes pour les agriculteurs, qui aujourd'hu...
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Monolith
Angel a finalement su comment les arrêter. Mais d'abord il a dû les attraper.
Laissant la GTX stationnée à environ un milles de retard, Angel a pris les toits, sa force vampirique lui permettant de franchir les écarts entre les bâtiments avec une relative facilité. Comme il a couru, son plombier en cuir noir a glissé derrière lui, exposant le métal brillant de l'épée serré à la main. Ses sens accrus ont balayé tout signe révélateur d'une attaque.
Durant plusieurs nuits, le démon avait emmené des piétons solitaires, des coureurs solitaires, des sans-abris et quelqu'un d'autre, ils ont attrapé dehors après le crépuscule. Le paquet apparaîtrait, frapperait impunément et disparaîtrait dans la nuit, jusqu'à l'inévitable attaque suivante, quelques heures plus tard et à quelques kilomètres. Les quelques témoignages disponibles étaient contradictoires. Et, jusqu'ici, aucune des victimes n'avait survécu.
Cordelia et Fred avaient comploté les attaques du démon sur une carte de Los Angeles. Au fur et à mesure que le nombre de poussoirs s'accumulait, leur frustration aussi. Jusqu’à hier, un modèle prévisible pour l'emplacement des attaques - ainsi que le genre de ce démon particulier - les avait échappé. Jusqu'à ce que Fred, fasse une sieste en milieu de l'après-midi, regarde la carte pour la centième fois et vit, au lieu d'être aléatoire, un motif clair dans le chaos apparente. Chaque groupe d'attaque a formé une spirale en expansion dans le sens des aiguilles d'une montre. Le premier groupe d'attaques était aléatoire, et le deuxième groupe semblait aussi aléatoire, mais c'était la clé de la forme de la spirale. Si le deuxième groupe était au nord-ouest du premier, le troisième groupe serait au nord, mais si le deuxième groupe était à l'est de la première, le troisième serait au sud-est. La meilleure chance pour Angel d'intercepter le paquet était au troisième point de la spirale, mais la localisation était une science inexacte. Dans un rayon de moitié à trois quarts de mile, il a fallu explorer des points d'embûches probables et espérer intercepter le peloton avant de se précipiter sur leur victime malheureuse et de passer à autre chose.
Selon quelques rapports, les attaquants ont quitté un toit situé à proximité pour encercler leur victime. Angel pensait que sa meilleure chance pour les arrêter était de les attraper avant de se lâcher, alors il avait pris le terrain pour persécuter les harceleurs. Hier, la stratégie s'est avérée réussie ... à un certain point. Il a intercepté les trois membres du groupe: des démons lâches avec de la fourrure noire mate et des cornes jaunes, comme des cornes, des moments avant qu'ils n'entendent un adolescent imprudent dans une allée sombre. Une bataille féroce s'ensuivit, mais Angel pensa que les cotes empilées étaient gérables, jusqu'à ce qu'elles deviennent pires. Quand il a pensé qu'il avait tué le premier démon, il a déversé comme une hydre dans deux démons réanimés. Trois à une cote est devenue quatre à un. Peut-être qu'il avait une punition pour avoir été glouton, mais il devait être sûr. Il a tué un autre démon, et il a bientôt fait face à cinq d'entre eux. Au lieu d'éliminer le problème du démon-pack, il l'avait aggravé involontairement.
Il n'avait eu d'autre choix que de se retirer de la bataille et d'espérer que le gang d'Angel Investigations pouvait trouver un talon d'Achille pour l'hydre démoniaque, mettant de côté les métaphores mythologiques mixtes. Heureusement, les pièces du puzzle ont commencé à tomber en place. Lorne a pris l'information supplémentaire - description physique et capacité de division - à la vigne démoniaque et renvoyé avec le nom Hyconus. Wesley avait étudié le nom toute la journée avant de découvrir dans un tome moisi une référence rare à l'Ordre d'Hyconus. L'entrée a décrit les démons comme des harceleurs maraudant sans expliquer quel type particulier de méchanceté présentaient leur présence. Cependant, la référence a fourni une idée de la façon dont on pourrait les expédier sans déclencher leur mitoses démoniaque complète.
Mais d'abord il a dû attraper une série de mouvements alors que quelque chose de prédateur débarquait derrière lui.Angel a filé, brandissant l'épée dans une poignée à deux mains, et s'est attaché à l'attaque.
* * *
Le vieux sans-abris poussait ses affaires mondaines dans un panier car il marchait derrière l'entrepôt. Sous la pile de bouteilles et de boîtes en aluminium, dans une couverture roulée et en lambeaux, il gardait tout ce qu'il possédait de valeur. Sa maigre valeur nette comprenait plusieurs paquets de biscuits au beurre d'arachide, une bouteille d'eau de vingt-quatre onces, un demi-paquet de cigarettes Marlboro avec un briquet jetable, une radio AM / FM avec une antenne tordue et des boutons manquants, une chaussette remplie de tâche, Une Bible King James avec une couverture effilochée et une attache en détresse, et un cadre de bois carbonisé tenant l'image fanée de la femme qu'il avait aimée et perdue il y a trente ans, mais récemment il avait du mal à se rappeler de son nom. Comme d'habitude, les quelques factures qu'il avait réussi à panhandle ce jour-là, il a gardé sa personne, caché dans l'une de ses baskets usés. Et parce que ses poches de pantalons étaient criblées de trous, il tenait un couteau de poche dans sa chaussette.
Il n'avait d'autre choix que de tout porter avec lui. Quand il ne pouvait pas trouver un lit dans un abri local, il campait dans l'un des endroits qu'il préférait, des endroits relativement sûrs, mais il ne laissait rien derrière, il regretterait de manquer quand il serait rentré.
En dirigeant le panier d'achat dans l'allée qui séparait deux entrepôts, il s'arrêta à la première des deux Benne à ordures. Il a tourné le couvercle sur le côté le plus proche de lui, dérangeant une douzaine de mouches alimentaires dans le processus. Trop étroite pour les chariots de livraison à dix-huit roues, l'allée a vu un trafic limité, principalement des voitures d'employés pendant la journée et des camions de service d'enlèvement de déchets la nuit. Le vieil homme a tenté de frapper l'allée avant que les camions ne viennent vider les Benne à ordures. Il a jeté des canettes de soda sur son épaule dans son panier débordé, mais a pris plus de soin avec le jus vide et les bouteilles de bière qu'il a trouvées.
C'était tout en s'éloignant de la poubelle avec une bouteille de bière à cols longs qui s'accrochait entre le pouce et l'index, qu'il les voyait tomber émergeant du ciel, débarquant pour former un cercle rugueux autour de lui. Cinq d'entre eux. Sa première pensée était qu'ils étaient des hooligans ou des adolescents délinquants dont l'idée d'un divertissement du soir était de tourmenter un vieux sans-abri impuissant, qui a tourné son esprit vers le couteau dans sa chaussette.
Mais lorsqu'ils se sont approchés dans l'obscurité, il a vu qu'ils n'étaient pas adolescents. Ils n'étaient pas du tout humains. Ils ne sont pas non plus des animaux, malgré les caractéristiques animales, y compris les fourrures, les cornes et les griffes. Ils marchèrent droit, ces hommes proches, mais sinon ils étaient des créatures de cauchemars ... ou des hallucinations. Le vieil homme n'avait pas pris de boisson en jours. Très éveillée et froide, elle n'avait aucune excuse et aucune explication pour ce qu'il voyait.
La pensée éphémère d'attraper l'ancien couteau de poche rouillé pour se défendre contre un seul, mais cinq créatures vomissaient des entrailles de l'enfer, semblait ridicule. La peur l'a paralysé. Ses jambes arthritiques tremblaient. Son cœur faible galopait dangereusement. Sa gorge était trop sèche pour crier ou même demander de la miséricorde. Alors qu'ils fermaient le cercle autour du vieillard, leurs griffes de doigts cliquaient et languissaient avec une langue d'avant, la bouteille de soda à long col avait glissée de ses doigts.
* * *
Pris hors-garde, Angel avait pris une posture défensive avec l'épée, prêt à écarter l'attaquant silencieux qui avait atterri derrière lui à sa gauche.
-Je t’ai eu, a déclaré Connor avec un sourire satisfait.
-Non, nia Angel d’une mine renfrogné en abaissant son arme.
-Admet le.
Angel n'était pas sur le point d'admettre une telle chose. La dernière fois que Connor l'a laissé tomber, la goutte avait été littérale, Connor a enchaîné son père vampire dans un cercueil en verre improvisé et la déversé dans l'océan Pacifique, dans l'intention de le laisser épuiser pour l'éternité et perdre lentement la marchandise . Connor avait agi par vengeance, parce qu'il croyait à tort que Angel était responsable de la mort de son père adoptif, l'ennemi juré d'Angel, Daniel Holtz.
Beaucoup de circonstances atténuantes ont fonctionné en faveur du garçon. Holtz avait trompé Wesley pour l'aider à kidnapper le nourrisson, après quoi Holtz a emmené le garçon à travers un portail dans une dimension infernale connue sous le nom de Quor-Toth. Là, Holtz avait affiné les extraordinaires émotions physiques de Connor, créant un traqueur expert et un tueur de démons redouté appelé «le Destroyer» tout en trouvant du temps pour un petit lavage de cerveau.
Le temps passe différemment à Quor-Toth. Angel était toujours en deuil au sujet de la perte récente de son fils enfant lorsque le garçon est revenu de Quor-Toth en adolescent, rempli de venin de Holtz, une véritable haine pour Angel.
Rendre le meilleur d'une mauvaise situation, Angel a travaillé pour réparer sa relation endommagée avec Connor. Angel avait cru qu'il avançait. Il avait espéré que sa mission continue d'aider les impuissants à convaincre le garçon qu'Angel n'était plus l'Angelus malade que Holtz ne pardonna jamais pour avoir détruit sa propre famille. Malgré les apparences extérieures, Connor est resté fidèle à la quête de la vengeance de Holtz. La paille finale est venue lorsque Holtz a orchestré la manière de sa propre mort, ce qui fait qu'il semble avoir été tué par un vampire, à savoir Angel. Connor était trop disposé à croire que Angel était encore capable de meurtre à sang froid. Holtz l'avait élevé pour le croire. Et ainsi, Connor avait confié son père naturel à la mort et à la folie dans les profondeurs de l'océan.
Heureusement pour Angel, Wesley avait découvert l'intrigue et contraint l'assistant fanatique de Holtz, Justine, à l'aider à trouver ce qui devait être le dernier lieu de repos d'Angel. Au lieu de passer l'éternité emprisonnée au fond de la mer, la peine d'Angel avait été commuée à trois mois. Il ne semblait que l'éternité.
Avec ce sauvetage, Angel croyait que Wesley s'était racheté pour l'enlèvement bien intentionné mais mal orienté du fils nourrissant d'Angel. Ils travaillaient ensemble dans une alliance mal à l'aise, inquiet��surtout parce que Wesley avait toujours des problèmes à propos de sa crédulité dans le schéma de Holtz. La situation avec Connor était plus compliquée. Angel avait pardonné l'acte de trahison patricide de Connor car, après trois mois d'emprisonnement, Angel savait qu'il aimait toujours son fils. Apprendre à lui faire confiance était une autre question.
-Je suis au milieu de quelque chose ici, Connor.
-L'épée était un cadeau mort, a déclaré Connor.
-Je pourrais être en route de cette façon.
Le fils humain impossible de deux vampires, Connor avait une force surhumaine et des sens accrus. Plus léger dans la construction que Angel, l'adolescent était presque aussi rapide et fort. Alors qu'Angel avait bénéficié d'un couple de siècles pour affiner ses talents de combat, Connor avait survécu à l'enfance dans une dimension dangereuse. Il serait un allié précieux dans la mêlée démoniaque à venir.
-Bien, a déclaré Angel.
Il atteignit l'intérieur de son chiffon et déchaussa une machette qu'il avait caché là-bas comme une arme de sauvegarde.
-Tu auras besoin de ça.
-Doux, a commenta Connor en admirant la lame. À quoi sommes-nous confrontés?
-Démons.
-Naturellement.
-L'ordre d'Hyconus, expliqua Angel. Cinq d'entre eux. Coure dans un paquet. Attaque et tue tous ceux qu'ils attrapent dehors après le noir.
-Jusqu'à ce que nous les tuons.
Dans un flou de mouvement, Connor a balayé la machette d'avant en arrière, des traits de pratique vicieux qui ont fait sauter la lame étincelante dans la nuit.
-Bien, déclara Angel.
-Des armes bordées?
-Pour décapiter, a déclaré Angel. Sauf si nous pouvons les persuader de nous tuer.
-Pourquoi les laisser s'amuser?
-Un détail mineur, a déclaré Angel. Nous devons les tuer dans l'ordre.
-Quoi? Prendre des tours?
-Non, c'est leur ...
Ils l'ont tous deux entendu. Un son assez loin pour dépasser la portée de l'audition humaine normale. Pas un problème pour l'un ou l'autre.
-Verre brisé? demanda Connor.
Angel hocha la tête.
-On dirait qu'ils ont trouvé une victime. Connor attends!
Connor avait déjà commencé à courir sur le toit. Il s'est borné sur une unité de conditionnement d'air et a utilisé cette hauteur supplémentaire comme un tremplin improvisé pour se lancer sur le prochain toit.
-Pourquoi ne m’attends-tu pas?
-Ils ne le feront pas.
En un clin d'œil, en supposant que son cœur de vampire avait été capable de battre, Angel a décollé après la forme déjà en avant de Connor.
-Connor, c'est leurs cornes!
-Et eux?
-La taille importe, a crié Angel.
Mais il avait le sentiment que l'attention de Connor était sur le prochain combat.
-La taille de leurs cornes!
Wesley avait découvert que la «commande» dans le nom de l'Ordre d'Hyconus faisait référence à la vulnérabilité des démons.
-Connor? Appela Angel.
-Dead is dead, était la réponse éloignée de Connor.
Pas nécessairement, pensa Angel avec ironie. Trois toits séparaient le père du fils et, bien que Angel ne perdait pas de terrain, il ne gagnait pas non plus. Connor engagerait d'abord les démons de Hyconus.
Connor s'arrêta au bord d'un immeuble de bureaux de trois étages, puis se retira, sort de la vue. Angel s'arrangea en espérant saisir Connor avant de faire la même erreur que lui avait faite la nuit précédente.
Par la suite, Angel entendit le bruit du métal qui s'écroulait, le bris de verre et une ruée et un hochet de canettes d'aluminium renversées. Trop tard pour arrêter leur embuscade, Angel le savait. Peut-être pas trop tard pour sauver leur victime. C'est alors qu'il a entendu un homme crier de terreur.
Sans ralentir, Angel se lançait en tête d'abord dans le bâtiment de bureau, s'élançait jusqu'à ce que la gravité surpasse son élan considérable et l'entraîne vers le bas, comme un missile entrant. Sous lui, Connor franchissait un toit d'entrepôt, ses jambes flou de mouvement scissant. Angel s'est caché et a roulé, avec l'impact, Connor surpris, a franchi une crise cardiaque pendant un moment, même si Angel s'est émerveillé et a couru sur le bord du toit de l'entrepôt.
-Je t’ai eu! appela Angel sur son épaule alors qu'il bondissait à l'allée ci-dessous.
À l'instant, il a évalué la situation. Près d'une paire de Benne à ordures et d'un panier revêtu, qui avait été rempli de boîtes et de bouteilles vides, cinq démons à cornes entouraient un vieillard effrayé vêtu de vêtements raides dont les cheveux gris ressemblaient à un nid d'oiseau abandonné. Le démon alpha, avec cinq cornes tournées de chaque côté de sa tête en forme de coin, tenait l'homme en haut avec une main griffonnée serrée autour de son poignet. À en juger par la position de l'autre main du démon, il était sur le point d'eviscerer l'homme quand Angel tomba sur eux.
-Des intimidateurs de démons, dit Angel dérisoirement. Vous êtes pathétique. Il se promenait de façon décontractée, son regard clignotant vers les griffes méchantes du démon, sur l'abdomen du vieillard.
-Accrochez-vous sur un vieillard effrayé. Où est l’estime de soi?
Connor a atterri avec une grâce de chat à côté d'Angel.
Le démon haussa les épaules et sourit, exposant une bouche doublée de dents pointues et pointues sous des trous de narines évasés et des yeux jaunes profonds.
-Nous amincissions le troupeau humain.
Le plus petit démon, avec une cornelette à un tourbillon, sourit et dit:
-Qu'est-ce que tu fais? Tu n'es pas humain. Accroissant la tête vers Connor. Et il ne l'est pas non plus.
Connor retourna le sourire sourd.
-Indique combien vous savez.
-Assez! Le démon alpha a crié. Nous tuerons celui-ci, puis les contrebandiers!
Angel s'avança un moment avant que les griffes du démon aient clignoté vers le midsection exposé du vieil homme. Il a balayé son épée comme s'il s'agissait d'un couteau à viande et a coupé la main du démon au poignet. Le démon rugit dans la douleur et de rage, mais sortit son otage, laissant tomber le vieil homme sur un tas de cannettes et de bouteilles.
Le sans-abris roulait sur les mains et les genoux, se pencha sur ses pieds et baissa l'allée, gémissant de peur, certain qu'il ne pouvait jamais échapper aux monstruosités, mais qui coulait néanmoins.
-Ne vous inquiétez pas, a déclaré Angel au démon alpha à une main. Je ne vais pas vous tuer ... pour le moment.
Au lieu de cela, Angel a tourné sur son talon et a balancé son épée au démon à un seul tourbillon. Le démon a profité et la lame a frappé la poubelle la plus proche dans un jet d'étincelles. Petit, mais rapide, pensa Angel. Mais il doit mourir en premier.
Encore enflammé, le démon alpha chargé de sa tête s'inclina de sorte que ses cornes pointues pouvaient empaler Angel.
-J'ai toujours voulu voir le déroulement des taureaux, a déclaré Angel, en lançant un coup de pied qui a redirigé les cornes vers le Dumpster.
Dazed, le démon échelonné de coté.
-Détend toi papa, a déclaré Connor. Je vais prendre celui-ci.
-Connor, non!
Alors qu'Angel était distrait, deux des dieux à cornes intermédiaires l'attrapaient sous ses bras et le claqua contre le Dumpster. Il a esquivé ses griffes, bloqué son coude gauche dans le visage de celui-ci, puis a conduit ce poing dans le visage sans nez de l'autre.
Le coup de balle de Connor a abattu le troisième des trois démons du milieu, le libérant pour avancer sur le démon alpha altéré.
Angel se précipita pour intercepter Connor, mais le pot à tourbillon a sauté devant lui. -Tu peux tuer maintenant, a déclaré Angel, mais il savait qu'il serait trop tard.
Au fur et à mesure que le démon alpha se redressait, Connor brandissait sa machette dans une poignée à deux mains et la balançait comme une batte de baseball vers la gorge exposée du démon.
-Il est le dernier! Angel a crié.
La tête du démon alpha tomba de son corps une fraction de seconde avant qu'Angel ne puisse décapiter un seul tourbillon.
-Mauvais ordre!
Détecteur de mouvement derrière lui de la position du démon déclenché, Connor a pivoté sur son talon et a coupé la tête avec un coup efficace mais sans but.
-Trois en bas, a t-il déclaré.
Alors que trois corps démoniaques frappaient le sol avec des battements successifs et ennuyeux, ils commencèrent à se briller et à se séparer. Quelques secondes plus tard, trois corps sans tête sont devenus six corps sans tête. Ensuite, des têtes fraîches ont émergé des six souches de cou. C'était comme regarder un temps la photographie caduque des bourgeons fleuris ... des fleurs hideuses certes, mais c'était l'impression visuelle générale.Trois en bas, pensa Angel, puis ajouta en résignation:
-Et six en haut.
Là où il y avait eu cinq démons pour le sang, il y avait maintenant huit. Les démons se sont mis debout et ont formé un demi-cercle autour d'Angel et Connor, essayant de les renvoyer contre les Benne à ordures où ils ne pouvaient pas balancer leurs armes efficacement. Quand les démons ne grinçaient pas leurs dents pointues ou faisaient flotter des langues fourrées, ils ont cliqué sur leurs griffes ensemble dans une anticipation joyeuse. Et l'accumulation de fourrure matée devenait un peu mûre.
Connor tira à Angel un regard confus.
-Qu'est-ce qui vient de se passer?
-Est-ce que ça te tue de suivre les instructions de temps en temps?
texte traduit ( congel )
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King Crimson - Vroom ISABELLE TESSIER nouvelle La pluie n'avait pas l'air de vouloir s'arrêter, gluante, baveuse, postillonnant une ondée d'injures sur les pelouses fraîchement pieds nues et tondues de la petite banlieue, le cou de la ville, comme certains l'appelaient dans une métaphore boîttillante (je cite le maire). Mais cela n'allait pas changer les projets d'Isabelle Tessier, c'était sa fin de semaine de sortie : une femme mariée. Isabelle St-Martin ne referait surface que dimanche soir. Elle se laissa tremper encore un moment, s’abandonnant à l’eau mousseuse qui diminuait lentement, puis attrapa une serviette Miami Beach. Quelle idée stupide et mélo qu'elle avait eu d'acheter cette horreur! Du romantisme OneDollar. Une fois sa peau séchée, sans se couvrir, elle passa au salon et se servit un verre, « c'est la maison qui paye! ». Isabelle Tessier aimait rester nue lorsqu'elle était seule à la maison (les gosses fraîchement tordus de la petite banlieue...comme toues les femmes, une p’lotte a vue d'oeil le même rêve, toujours vide Une architecture inhabitée elle embrasse Dieu sur la croix (a l'époque on croyait dur comme plaie aux croix) Ses lèvres posées sur la proéminence, effective ou hallucinogène ses cuisses d'abord Une odeur... la Mère supérieure la gifle en la traitant de putain mystique... elle sent le sexe de l'Homme enfler dans sa bouche -la Raison a ses désordres que le Désordre ignore nous resterons couchés quand longtemps debout le sommeil et ses images vécues, verbales St-Martin Le nom qu'elle portait depuis quinze ans, son weddind trademark depuis le jour où, comment dire comme un mensonge soutiré sous la torture (ou sous de bien curieuses promesses), elle avait basculé la tête, une cloche, un coup, ding et dong, pour faire plaisir à ses parents, trois mois juste avant sa vingtième année et deux juste après la naissance de Samuel, leur fils unique. « Jean est un bon garçon et surtout il jouit, d'une belle situation », avait tranché son père deux heures après que son futur gendre eut fait sa terrible demande. Ce qui régla définitivement le cas de sa fille (et peut-être les factures) (je suis revenu à la fille) enfant unique, ça aussi c’était sur son CV,, du moins depuis la mort de son bro environ un an avant son entrée au secondaire, retrouvé la gorge tranchée Peut-être était-ce pour ça qu'elle avait fait oui de la tête, pour mourir à son tour... certes elle aimait son mari, tout au plus elle en mimait les attitudes, les dehors. Mais en sourdine, comme un chuchotement, la timbale craintive d’un débutant, un reniement dans l'intimité d'un cri. Entre elle et lui, l'amour? s'épanouissant d'un bond un soir, s'était évanouit doucement au matin, quand la chair s'était affaissée, redevenue obscène, grotesque, non désirée. par la grande fenêtre du salon, dissimulés dans les buissons ou derrière les autos, les pare-brises, les licences volées, des jeunes l'épiaient Dans ces moments, Isabelle Tessier se sentait légère, comme la fumée d'une cigarette, sa chair bénie par les regards...ume Chair a rouler Il aurait suffit d'un faible mouvement de tête pour faire fuir toutes ces petites gouttes de spermes vicieuses et retrouver la timidité inutile d'un corps nu avec des gestes négligées, elle releva les bras au-dessus de sa tête et s'étira, donnant à voir des seins encore fermes Isabelle Tessier accordait une attention particulière à son apparence physique À trente-cinq ans, elle ne voulait surtout pas devenir une pièce de collection, une de ces curiosités morbides qu'on sort de la crypte quand les invités débarquent, envahissants la maison comme de la moisissure bleuâtre et grouillante À aucun prix elle ne voulait devenir une de ces « elle-était-si-ravissante-autrefois », autrefois, càd quand elle possédait encore une tête insouciante de sa beauté, de son cul et des regards qui la tripotaient À trente-cinq ans elle refusait de devenir un vieux slow démodé, une photo jaunie dans un album de famille épuisée : à trente-cinq ans, sans profession précise, c'est tout ce qu'il lui restait : sa devanture physique Et elle n'avait pas encore tout donné Ni tout reçu Si elle devait quitter le musée conjugal, elle partirait la tête haute Elle avait respecté les clauses de son contrat consciencieusement, sans bavure, sans rechigner, maintenant elle devenait joueuse autonome et réintégrait le marché des femmes disponibles Restait plus qu'à attendre les offres Bien conservée, après toutes ces années accrochée au mur, elle avait encore une chance de participer aux finales La seule chose qu'elle exigerait : un coach qui saurait tirer le maximum d'elle, l'obligerait à concrétiser ses fantasmes érotico-postnuptiaux : et elle ne se priverait d'aucun, elle scorerait, comme on dit...même en postrestante depuis quelques années, au juste combien, je sais pas, elle ne pouvait sans difficultés, ou sans risque, le préciser, elle sentait une opacité, un éclat de fusain incurable s'immiscer en elle, dans son mail profond, intime, toujours achalandé, une sorte de hachure envahissante, une vente de garage, qui, comme l'ombre de la Svatiska s'accouplant au monde, menaçante, par dessus tout, la traquait telle une armée de sangsues endoctrinées Elle devenait le monde, un monde en ruine, un monde de boue On l'atteignait dans sa dignité, on l'épouillait, la dépouillait de ses gardes-fou Elle se sentait abandonnée, trahie, désaluée Inexpiable Alors, dans ces moments de noirceur, de grand deuil, elle relevait la tête, semblable à une madone carravagiesque implorant le ciel, et fixait Dieu en prenant des poses répugnantes, humiliant son corps, ce corps condamné à périr, ce corps voué à la pourriture, à une puante résurrection « Toi seul est coupable, Toi seul est responsable de l'échec de ma chair, contemple ce que Toi seul pouvait créer : un monde de merde sanctifiée Lèche, lèche », hurlait-elle alors en se penchant vers l'avant, écartant ses fesses avec ses longs doigts accusateurs, « notre Père qui êtes odieux, donnez-nous aujourd'hui notre pain ranci quotidien » Dans le fracas de ses blasphèmes, elle percevait le cri des suppliciés s'égouttant contre la pierre froide et humide, dévorés par leur foi Un puits immensément profond se creusait entre le Dit moral et le Dire sexuel, un mauvais contact Sa foi transmettait des informations erronées à son soma, ou du moins que celui-ci ne pouvait décoder Sa foi l'avait trahie Désormais Isabelle St-Martin vivait avec de l'inexpiable dans sa maison malgré ses nombreux trous de mémoire, de plus en plus fréquents, Isabelle St-Martin se rappelait avoir consulté On lui avait alors expliqué -on, les grands compreneurs-, comme à une débile, qu'un fossoyeur imaginaire creusait un fossé -ou était-ce un tunnel?- dans sa tête dans lequel il ensevelissait ses désirs en veillant à ce que ceux-ci ne soient jamais exhumés, que leur sépulture ne soit jamais profanée, /ce qui rendait leur résolution objective à peu près impossible/ Bref, façon d'expliquer à une retardataire mentale le refoulement Mais fossoyeur, fictif ou pas, répliquait Isabelle St-Martin, sa tête, elle, était bien réelle, cette tête à l'origine de ses malheurs, et tout ce qui se trouvait dedans aussi forcément Férocement Toutefois les choses n'étaient pas si simples, lui rétorquaient les éboueurs de conscience qui, bien sûr, adorent fouiller dans les ordures psychiques de leur clientèle Et qui, bien sûr, finissent toujours par trouver des choses qu'on ne se souvenait même pas avoir jeté, encore moins avoir eu en sa possession Sa vie de couple, par exemple « Parlez-moi de votre ménage, vous sentez-vous heureuse? » Un must cette saloperie de question, comme s'ils espéraient, inconsciemment bien sûr, qu'on se soit débarrassé du mari à la dernière collecte (ce qui permet entre autre de refiler le dossier aux flics) « En morceaux, je vous dis », ironisait-elle Mais les grands explicateurs n'entendent pas à rire Ils écoutent, c'est tout Alors, vérité ou pas, faut bien dire quelque chose, alors suffit de dire quelque chose qui se tient Quinze années Quinze années de son existence ou elle s'était sentie la symbolisation mythique d'un désir soit inexistant, soit refoulé Bref, en termes moins tordus, l'épouse sur le banc Puis, pour les dérouter, leur crever un pneu peut-être, Isabelle St-Martin poursuivait ses confessions, comme elle aurait eu envie certains soirs qu'il la bloque sur la route conjugale, la débarque de force, la bouscule sur le capot en lui retirant d'un coup sec son permis de conduire Était-ce une envie réelle ou seulement une panne d'essence, un prétexte pour apprendre à changer une roue au cas ou? Elle s'en foutait éperdument Qu'importe les pourquoi pour qui sait les parce que Tout ce qu'elle avait envie, c'était de sentir ses orifices faire le plein, de rouler avant de crever et de creuser son trou Le dernier Celui de la quatrième et ultime dimension, last call, dernier service, quand le futur est complètement bouffé Mais M. St-Martin est si bon conducteur et les bons conducteurs vous savez! Son mariage était un accident et son puits intime, un puits de pétrole immensément vide Ça faisait si longtemps qu'elle s'était pas arrêtée, question de casser quelque chose, la croûte, une gueule, maison peut-être... Trop longtemps, oui, qu'elle s'était pas mise un sexe d'homme sous la dent, qu'elle avait rien avalé de substantiel et les rares fois ou elle s'allongeait sous le véhicule de son époux, une carrosserie sans chair, sans tuyau d'échappement certifié anti-rouille, cela avait été à des fins strictement mécaniques, ou encore essentiellement sociologique genre : « J'ai baisé ma pute hier soir » Sorte d'entente à l'amiable, version automatique d'une relation sexuellement immobilisée sur la rouge en fin de séance, pour son public, Isabelle St-Martin sortait un kleenex de son sac en peau de crocodile et essuyait un peu de ridicule qui suintait de ses yeux Un miracle qu'elle ne se mettait pas à rire « Vous faites encore l'amour avec votre mari? » Je viens de vous le dire : pour des motifs strictement physico-bureaucratiques -il écoute même pas, c'est ça son problème à lui, pensait-elle Et pas de fell', pas de sodomie, monsieur trouve ça dégradant pour un couple de banlieue Pratique déviante, qu'il dit, comme on dit : pas sur celui-là, mauvais cheval Jument, disons Isabelle Tessier, de son côté, avait consulté par rapport à ses crises de déprime, ses dégonflages systémiques, comme elle les appelait On lui avait expliqué alors, à grand renfort d’annexes, que l'objet de ses angoisses (des angoisses? première nouvelle) ne constituait qu'une idéalité fantomale, exangue, sans contenu formel (?), tangible : un faux-fuyant, en somme Or son objet (l'angoisse qu'elle réajustait de son point de vue) à elle c'était pas qu'une carcasse pourrissante enfoncée dans son crâne mais un truc bien vivant, concret, la vérité toute nue, opaque, datée, chatouilleuse « On dirait que vous pensez tous vous autres que j'ai rien dans' tête, que toutt est dehors : ma chair a pas de dehors, pas d'amant, rien » certes la Chair n'a pas de dehors ni de dedans Cependant, ce que Isabelle Tessier entendait par chair c'était cette chair corporelle, vaccinable, tripotable, synonyme du corps et cette chair possède bel et bien un dehors, si par dehors on entend une substance apparaîssante sans retrait, un fait irréductible sur lequel la morale et la justice ont la main longue -et la dent courte Mais ce que tous s'entendaient à reconnaître était que Isabelle Tessier possédait en revanche un goût inné pour les vêtements, ce qui m'amène à parler de l'étrange ambiguité dont se revêt le vêtement Le vêtement prolonge la Chair plus qu'il ne masque le corps, car le vêtement {est} Chair, il voile en dévoilant La Chair se dévoile, secrète, sous le vêtement Non pas à titre de support matériel mais de présence désertante, fuyante Il ne s'agit pas d'une substance qu'on peut désarticuler en parties plus ou moins autonomes et qui, une fois réunies, formeraient un ensemble, un être-objet ou corps-spectacle La Chair, cette diaphanéité {non}-positive, ouverture pure mais voilée, dé-figurée, réfractaire à toute représentation : il ne saurait y avoir de métaphysique de la Chair, si par métaphysique on entend ce qui se dévoile assermenté d'une signature : la Chair {est} (proprement) innendossable Présence spectrale, esquisse inachevée, inaboutie, qui ne peut se dévoiler dans une étendue cosmico-temporelle ; la Chair fait tache, se dissimule dans le monde sous l'apparaître d'un vêtement C'est une visibilité muette, {non}-positive Dévoilement sans la possibilité insigne d'un point de vue qui s'offrirait à un voyeurisme naif ou scientifique : la Chair ne se donne pas en spectacle le Vêtement -et le corps érotisé, froissé- constituent des factualités de la Chair, sa raison matérielle Le Vêtement dont il est ici question, en question, ne concerne en rien le vêtement en tant que signe indiquant une fonction sociale, l'uniforme, l'habit, le moine -et même le vêtement de mode, le lagerfield, s'il n'opère qu'à titre d'objet de luxe dans un pur paraître ne représente rien de plus qu'un costume désignant une fonction, une classe sociale, bref un lieu dans un monde manufacturé Le Vêtement {est} factuel, non factice Seule la Chair possède un monde et le Vêtement -et le corps érotisé- en sont ses manifestations {Non}-positives cependant Le Vêtement et le corps de la putain dévoilent en voilant Le Vêtement dénude le corps pour en dévoiler la Chair Non métaphysique, la Chair {est} un pur surgissement sans médiation : l'épiphanie {non}-positive de la Chair échappe à toute phénoménalité, à toute tentative de structuration, à toute re-présentation La Chair révélée dans son retrait même demeure un « événement » impossible à signer, à signaler puisque cela l'essentialiserait, la cadrerait Cette présence qui se déprésente dans l'instant même de son surgissement, cette présence {non}-positive de la Chair sur la chair n'aurait eu lieu qu'une fois De même la mort du dieu chrétien ne peut se réitérer sans se voir récupérée dans une essentialisation onto-théologique, il n'y a essence que dès qu'on remise son gain, qu'on re-joue l'événement Pur surgissement, non pas dans l'immanence logique d'une identité sans distance, car la Chair {est} Unité fracturée, cette Chair n'est qu'en se désertant, qu'en s'exilant en une proximmance infinie sur la chair de l'Autre La Chair en se dissolvant en l'Autre renonce à sa substantialité, au soi qui n'advient à l'être que dans une déchirure métaphysique avec l'autre, que dans une dualité irréductible qui se masque dans une représentation, celle du Même Pour échapper à cette récupération, le soi doit se déserter dans son être, se faire {soi}, {soi}Autre, la véritable symbiose que recherchent les {consciences}corps en se perdant en Dieue, Tiers inclut Sans ce rapport, {non}-positif, au Tiers, l'union charnelle, anhistorique, fruit de l'affirmation la plus haute, se résorbe en une négativité désirante conflictuelle, à savoir métaphysique Le désir sexuel, au plan strict d'une psychologie empirique d'origine métaphysique, est essentiellement privation du divin et origine de la prière comme répétition de l'échec de ce désir L'autre se révèle, sous -et même sans- la signature d'un désir, dans la facticité d'un dehors Et cette facticité suppose une distance entre le désirant et le désiré, distance que viendrait combler un représentant symbolique, si on en croit le discours clinique : le phallus Dans le désir, je me frotte au divin pour le dévoiler par la chair sexuée Chair signée, toute entière concentrée dans une éclaboussure lumineuse, léger rehaut indiquant derrière l'oeil organique un puits sans fond Le Vêtement et le corps érotisé de la putain {sont} des factualités, càd à la fois retrait et ouverture Retrait dans la Chair et ouverture par le Vêtement et le corps érotisé de la putain et par cette ouverture se glisse le désir Ce que désire cette chair désirante, coupée du corps factice installé dans l'être, c’est l’événementialité d’un conflit de forces natales différenciées échouées dans le mauvais sens, dans le mauvais ego, c'est se mirer dans cette profondeur, envoûtée, ensorcellée, entièrement noyée dans le regard de l'Autre, aspirant à voir son image émerger à la surface de ce lac profond sous les caresses de son Architecte, de s'élever, majestueuse, opaque, immortelle tel un temple de pierre sous-marin dressé à la gloire du dieu Poséidon (pourquoi Isabelle Tessier avait-elle cessé de consulter, de voir (sans le regarder en face) son psy, y avait-il eu quelque chose entre elle et lui, quelque chose qu'elle avait oublié, qu'elle devait oublier?) or malheureusement, c’est-à-dire structuralement, cette chair séduite, aspirée par le désir d'autrui, reste condamnée à demeurer l'éternelle déception de son séducteur dans sa quête d'absolu, du divin, de l'Autre(soi) et à transiter indéfiniment, dépossédée, d'un temple à l'autre Dès lors le désir de séduction -même se survivant dans l'amour, l'amour trop souvent n'étant qu'un désir exaspéré échouant à se transcender vers la Chair- s'évanouit en un pur solipsisme sans étain Car enfin que veut Don Juan si ce n'est s'unir à son propre reflet, se rassembler en soi hors de soi, s'épuisant à rechercher pour soi ce soi qualifié dans l'étincelle réflétante d'un regard envoûté depuis son libre consentement, irréductible et intime, depuis, pour parler le langage de la phénoménologie, sa subjectité -qui est aussi sujétion? Cette subjectité et non une autre, dans ce reflet miroitant à la surface d'un abîme qualifié, possessif et qui, par empathie, le qualifie en retour en tant qu'être-substance, le définit par un ensemble structuré de propriétés objectives, en soi Ce que le séducteur veut c'est se faire qualifier non comme corps dans le monde mais en qualité de Chair-monde visible dans l'Unité fracturée, disjonctive, d'un désir transgressé or précisément cette chair qualifiée n'est plus Chair, en se qualifiant elle redevient -mais n'a jamais cessé de l'être, corps articulé, substance finie, jetable, et se figeant en chose sur fond de monde, en soi pour l'autre, forme : aux yeux d'autrui et non pour soi Le désir, au point de vue d'une métaphysique du désir, suppose l'exclusion de la Chair -exclusion partiellement réussie cependant puisque la « menace » Charnelle persiste depuis son originarité hors-cadre, sa déprésence exclusive qui ouvre, dans une genèse nihiliste, l'espace de la représentation, de la répétition, la réplétion constituant l'unique « présence » métaphysique du corps dépossédé de sa Chair{soi} Métaphore d'une présence La Chair ne procrée pas, ne se répète pas C'est donc comme déprésence indomptable, in-différente, neutre, Vierge, que la Chair rend possible le corps sexué Seul le quantitatif implique la différence, à l'inverse de l'Unité fracturée, en-deça ou au-delà de toute distinction dehors-dedans, de toute opposition distancielle depuis l'affirmation la plus haute {Non}-rapport conflictuel de forces et non de formes, formes se niant dans leur identité réciproque, se différenciant en intériorité sans dedans Sans rapport au rapport conflictuel extérieur, positif, de formes rapport essentiellement politique, stratégique, urgent et ne pouvant être différé Au point de vue métaphysico-politique il n'existe aucun report, aucun ajournement Temporellement on passe de l'homogène à l'homogène et c'est ce jeu du Même qui traverse toute la philosophie de Platon à Descartes et de Descartes à Hegel revenons en arrière Cette fixation de la chair en chose du monde, le corps organique, signifie que l'être que je tente d'atteindre, mon être, aspérité en soi, pour moi, sur la chair qualifiée, et par là disqualifiée, de l'autre, cet être m'échappe Le désir échoue et cet échec constitue le sens, mais non excédé, sans neutralité, des conduites de rechange que sont le sadisme et le masochisme À travers ces conduites je vise autrui. Ou m'offre à lui, en niant la Chair pour sublimer le corps-objet Je tente de dévoiler ce corps, mien ou autre, à travers des conduites existentielles dans le monde Dans la torture ou l'avilissement les chairs mondaines ne sont plus que des instruments avec lesquels je m'empare de l'objectivité d'autrui en ne reconnaissant de valeur qu'à la substantialité des corps, substantialité externe J'atteins, ou suis atteint par, l'autre sans me compremettre ou être compromis Et cette valeur que je confère à la substantialité du corps émane d'une conscience hyperlucide, consciente de soi, ou d'autrui, que comme perte de soi ou de l'autre La quête du divin se fait ici négation d'elle-même, càd négation du Tiers inclusif, le pervers profane le Tiers en en faisant son complice, en revendiquant dans sa chair ou en celle d'autrui la présence du dieu voyeur L'acte sadique ou masochiste s'inscrit dans un rituel de désacralisation : c'est par l'avilissement du divin en lui que le pervers nie la Chair Conscience hyperlucide mais malheureuse : parce que le désir, sexuel ou amoureux, ce qui au fond revient au même, l'une des conduites se substituant à l'autre inlassablement, parce que le désir échoue à qualifier la chair de l'autre, ou la sienne, dans une pure mécanique corporelle, cartésienne À une dynamique il substitut un pur mécanisme, faisant des corps une collecte de qualités topiquement séparées les unes des autres (et dans certains cas cela peut aller jusqu'à la mutilation ; mais celle-ci suppose toujours, idéalement, qu'au bout on recolle les morceaux) Le pervers travaille pour la mort, à savoir le sens non excédé, -celui en retrait d’une première lecture-, pure signification à vide, pour la représentation Mais le pervers n'est qu'un actant, le sadique ou le masochiste joue un rôle déjà écrit (de la main du Tiers?) : la relation perverse reste entièrement programmée En augmentant la quantité de douleur, de honte, jusqu'à l'insoutenable, le but avoué du pervers est de faire tomber les résistances, d'aggraver la marque, la caresse s'adressant à la plaie, présentifiant la souffrance pour que la mort ne puisse plus se différer en fondant la vie Le pervers veut présentifier la marque originaire, substantifier la Chair -et n'est-ce pas là le vœu le plus cher de toute la métaphysique occidentale, de l'humanisme onto-théologique comme dressage des corps? mais cette tentative est vouée à l'échec Seule une désubstantialisation achevée d'être permet l'accès au Soi réel, celui-ci n'étant rien d'autre que cette fracture d'Unité, ce {soi} en urgence d'un Soi Devenir impossible, métaphysiquement, càd sur un plan humain, impossible pour nous qui vivons en retard d'être, de réellité, dans un inassouvissable devenir Être-Réel aphénoménal (le phénomène au point de vue phénoménologique ne signifie pas ce qui se donne à voir mais ce qui se terre dans cette donation phénoménale, ce que nous appelons précisément l'aphénoménal) Non pas absence de phénoménalité mais retard initial, la vie n'étant que l'ombre d'une mort différée, substantielle et présente qu'à se répéter dans une mort représentée (et n'est-ce pas là le sens profond, excédé, du Tragique? ce soir-là, assise au bar d'un hôtel du centre-ville, patiente, Isabelle Tessier ressasserait toutes ces données dans sa tête Mais pour cette épouse de banlieue, ex-meneuse de claques pour un club de foot universitaire, à l'époque où elle avait rencontré Jean, son aîné, brillant étudiant aux HEC et quart-arrière plus ou moins potable, la difficulté d'assimiler tout ce bagage d'informations fraîchement débarquées, d'en inspecter le contenu avant de tout ranger de l'autre côté de la frontière, lui apparaissait insurmontable -et pour tout dire inutile, à ses yeux en tous cas Tout semblait baigner dans une sorte de magma inconsistant où des idées émergeaient à la surface et éclataient comme autant de boursoufflures flasques et difformes L'enfer, quoi! elle n'avait jamais beaucoup voyagé intellectuellement dans sa vie, ayant trop peur que les livres l'écrasent Elle avait toujours préféré, et de loin, le gros bon sens de son mari, celui des idées qui volent bas... Mais ce soir-là elle regarderait tout cela de haut Isabelle St-Martin se dirigea vers la chambre Repensant à son jeune frère, ce matin-là...ce n'était pas vraiment une pensée, quelque chose à raconter, mais plutôt une sorte de schème vaporeux Comme une odeur Un éclat de fusain...bref un événement que sa mémoire avait simplifié à l'excès jusqu'à le rendre pratiquement ridicule Elle devait avoir quinze ans, et sans doute moins Se souvenait-elle ou était-ce encore cette saloperie d'armée de sangsues qui l'assiégeaient (dévoraient sa mémoire?) Ou peut-être bien que le Très-Abruti révérend fossoyeur était même pas fichu de faire convenablement son job...(les morts ressusciteront, jurait la trompette) Ce matin-là... les notes retrouvées après la mort du psy qu'avait déniché M.St-Martin à l'attention de sa femme poursuivaient : le séducteur entend se voir attesté, reconnu dans son être, en soi, mais en tant que ce soi ramassé en lui-même s'existerait entièrement hors de lui-même en tant que liberté dans le monde, que liberté pour soi mais en tant que nécessité absolue (en retrait de la moindre contingence subjective) Et c'est bien là le paradoxe du séducteur : sa liberté demeure dépendante de l'objet de son désir, signifiant par là que l' « objet » désiré ou convoité doit en toute nécessité se constituer prisonnier, càd se soumettre librement en tant qu'(objet)sujet, qu'il doit se qualifier aphénoménalement et en se qualifiant qualifier le soi prétendument nécessairement libre, et cependant libre de manière purement contingente, capricieuse, phénoménale, du séducteur, le qualifier depuis son aphénoménalité, càd l'objectiver en soi en qualité d'entité ou d'essence irréductible En un mot, le diviniser (et d'ailleurs la phénoménologie n'est-elle pas précisément une entreprise de divinisation?) Dans une objectité cependant qui refuse de sortir de l'ombre, de se donner en échange, objectité soucieuse de se préserver dans le secret d'une intimité inaliénable, d'une positivité transcendantale, asubjective et non contingente N'entre en jeu ici aucune réciprocité relationnelle, le séducteur refusant tout don de soi qui travaillerait au bénéfice de l'autre : jamais le séducteur ne joue cartes sur table, les dés sont pipés depuis un proto-hasard Mais qu'il suffise que le regard dévoilant de l'autre se glisse derrière l'objectité dévoilée et tout s'effondre, la Chair redevient corps, l'ego s'évanouit dans l'existence, se désubstantialise en désertant l'être dans sa pleine positivité idéale Le jeu du séducteur n'est donc en bout de ligne qu'une simulation, un masque tout comme l'ego cartésien : un simulacre de positivité transcendantale irréductible C'est que tout en exigeant la reconnaissance de sa liberté en tant qu'asubjective, le séducteur doit supposer, et cela au moment même ou il l'affirme dans son irréductibilité, une réduction de la subjectivité du séduit De même, la séduction suppose une réduction de la subjectivité du séducteur En effet pour que l'objectité de l'être de celui-ci, comme transcendance irréversible, pleine positivité, fusse totale, autrement dit qu'il puisse être reconnu comme dehors absolu et nécessaire, il faudrait que cet être soit cause de soi, absolue substantialité Or, nous l'avons mentionné plus haut, être soi hors de soi dans une pleine identité sans distance, compacte, cela revient à poser l'autre dans une différence qualitative, si par substance l'on entend une qualité, à savoir une perfection d'être C'est que cette exigence de non subjectivité que requière à la fois le soi et l'autre pour le soi se disloque en deux directions, d'une part, du côté du séducteur, vers une transcendantalité nécessaire, et d'autre part, du côté du séduit ou soumis, vers une immanence tout aussi nécessaire Ainsi l'être ne peut être soi hors de soi, que par l'envoûtement théorique de l'autre, que dans une impossible Chair qualifiée Et c'est bien là l'écueuil de la relation, l'échec du désir Dès ce moment la relation désirante se mue en relation symbolique ou rituelle : puisque le désirant ne peut être reconnu soi pour soi hors de soi qu'en l'autre, il suffira alors, dans un acte idéel, ritualique, de manger cet autre (c'est le sens profond, excédé, en deuxième lecture, de l'hostie chez les chrétiens), comme si en consommant la chair de l'autre, le séducteur s'appropriait la subjectivité nécessaire, pour soi, de celui-ci, se réellisait dans son être en venant combler la désertion de celui-ci Face à l'échec métaphysique, Don Juan tente alors de s'unir mystiquement à l'objet désiré depuis sa Chair La relation, devenue mystique à travers une cérémonie sacrificielle, ne relève plus alors d'une métaphysique de réplétion dans l'illusion d'une présence, présence par principe conflictuelle, mais d'une déprésence anoriginaire depuis la proximmanence in-finie au divin dans la désubstantialisation du soi en l'Autre, (soi)Autre Fétichisation de la chair dans la Chair C'est par la chair de l'autre dans la Chair que je veux m'atteindre en tant qu'être nécessaire en Dieue C'est là le sens ultime, excédé, du vice, et à la limite de l'amour rapport mystique, au sens précis que nous conférons à ces mots, d'un désir se transgressant soi-même vers la Chair -le mystique {est} ce qui est exclu de la signification dans la finitude de son sens, dans une phénoménalité reniant la hachure aphénoménale, comme Pierre le Christ Rapport -qui {est} aussi non rapport, puisqu'il n'y a pas de vide à combler positivement, de topique à franchir, de voyage organisé entre des parties autosuffisantes, repliées sur elles-mêmes- {rapport}, dis-je, d'inclusion du soi en l'Autre, {soi}, de l'autre en l'Autre, {autre}, de la chair en la Chair {chair} et qu'il convient de distinguer de toute forme de relation d'extériorité pure ou chacune des parties ou catégories, dans une soi-disant autonomie, se voit récupérée dans une dialectique procédant par strates unificatrices, synthétiques, synthèses qui, au fond, demeurent purement idéelles ou formelles Loin d'opposer de simples moments conceptuels comme le mal au bien par exemple, le mal comme désir, vice, se transgresse de lui-même à partir de lui-même : il {est} cette transgression en {soi} Rapport, du mal et du bien, non plus vertical, hiérarchique, mais {rapport} depuis une proximmanence in-finie, ou finitude {non}-positive, vers le Mal, ou {mal}Bien, Autrement que soi, anoriginaire ou sacré En fait le rapport {non}-positif ici {est} un {rapport} d'éclatement Comme le mentionne Nietzsche quelque part à propos du Moi, « nous sommes une multiplicité qui s'est construite une unité imaginaire » De même l'Autre, le Divin{soi}, n'est pas l'Unique mais la fracture de cette Unité {non}-positive Ce divin ne se dévoile pas dans un monothéisme mais depuis un divin s'excédant en {soi} Le dieu unique onto-théologique ou judéo-chrétien ne constituant qu'un éclat de cet excès, un dieu échoué dans une unilatéralité du sens (« l'idée de Dieu nous a corrompu le divin » , soutient Artaud) coupé de (son) anoriginarité : {sens} ou sens excédé, sens' Nous avons vu plus haut que le désir renvoyait à une métaphysique, cela voulant dire qu'il relève dans son être d'une conduite mondaine et en tant que telle se range du côté de la Raison et donc de l'interdit social Mais en désirant la chair en la Chair, le désir se transgresse en {soi} vers ce qui, de son désir, est éliminé de la signification tout ça certes restait flou dans la tête de Isabelle St-Martin (une tête de linotte, disait son père), de la pure spéculation savante, voire de la folie explicite (pourquoi laisserais-je à Dieu le bénéfice du mal?, s'interrogeait-elle, allant droit à la question Ce qu'elle voulait, elle, c'était du real-time, du palpable, du prêt-à-supporter (s'était-il passé quelque chose entre son psy et elle, son agenda /(profanateur)/, comme elle le surnommait au début? Elle s'était finalement inscrite) à un cours du soir en philosophie à l'université il était tôt encore, pensa-t-elle en s'allongeant sur la petite table du salon, se sentant toujours épiée, épicée par la nouvelle génération de regards qui germait à l'extérieur Sans retenue (suite à une enième lecture), elle releva les jambes en s'écartant (pensant à ces jeunes bites giclant sous la pluie), respirant l'odeur qui se répandait dans le haut de ses cuisses, collantes comme du papier peint du coin de l'oeil elle apercevait un des kids qui la fixait en éclipsant sa main dans son pantalon : une putain Elle se rappela un jeu à l'époque de la poly, trois ou quatres gars, quelquefois plus, lui léchaient les pieds et le plus bandé la fourrait pendant que les autres lui pissaient dessus Mais en bout de ligne ils passaient tous sur elle et entraient en gare La jeunesse croit toujours qu'elle va arriver quelque part, puis avec le temps elle s'aperçoit qu'il n'y a pas de ligne d'arrivée Voilà ce qu'à ses yeux restait vouée toute forme d'HUMANITÉ : une vieille qui se cherche dans ses traîneries de jeunesse la vie lui semblait dénuée de tout intérêt, une grosse hypothèque, un compte de fée quelque part en Sucuisse, comme si elle n'était qu’un suicide Elle ou la vie Les deux probable Quelquefois un regard, sur la rue, dans le métro, un lit..., mais dès qu'on débarque, qu'on change de rue, les regards baillent, the show is over Ils déteignent un instant sur nous, puis tout se javellise Rien qui puisse s'accrocher, s’achever en soi, on reste pendu entre soi et l'autre : on vit au-dessus de ses moyens et on meurt en-dessous de ses convictions Aucun obstacle s'acharne plus longtemps que la décence ne le permet sur son corps -même si son corps a renié tous les obstacles (fallait quand même la voir aller, l’Isabelle, à la poly, pute jusqu’à la fin des exams, des vacances d’été, des sandales et des montagnes russes) elle obligea les deux kids à se battre une fois à l'intérieur Elle pisserait dans la face du perdant pendant que le gagnant l'enculerait...ou le perdant perdant un an environ, elle avait pieusement assisté à des réunions de femmes, pour la plupart dans la quarantaine Quelques unes d'entre elles, mariées, lui avaient confié avoir déjà fait une pipe à des ados de moins de dix-sept ans, entre quatorze et dix-sept, spécifiaient-elles en mouillant dans leur slip (l'une d'elle lui avait même proposé d'initier respectivement leur fils avait-elle accepté?... ces femmes étaient obsédées par le sexe L'insatisfaction sexuelle féminine constituait à leurs yeux le pilier des sociétés ou communautés depuis le début des temps Connais-toi toi même Une femme ne doit pas se connaître elle-même sans retenue, elle doit feindre d'ignorer sa vraie nature qui est de se faire foutre L'épouse, la putain... « on a des distances à oublier » nul port ne reprend la mer sans ton nom gravé salope et Le mariage un sacre pour farder la putain Le mariage une cachette Un couple uni par les liens d'une sexualité extraconjugale à titre d'escroquerie Gravé sur la pierre et Pourquoi laisserais-je à Dieu le bénéfice du mal qui me bouffe et me vomit?) l'épouse, la putain son âme embauchait son corps qui en retour revenait lui travailler la tête, bosser pour elle. La bourrer d'idées transmissibles sexuellement En somme, celle-ci et celle-là ruinaient sa réputation Sa tête était dans le monde Opaque, lourde, vaguement penchée...mais son coeur était ailleurs, entre ses cuisses, ses temps libres (au commissariat si nécessaire) ses rapports avec les autres étaient toujours restés poliment externes, c-à-d charnels, ou enfin! corporels (venteux) Elle ignore ce qui séjourne dans leur tête, derrière leurs yeux [Peut-être cherchent-ils simplement à se vider de leur âme liquide sur elle?] tu dois jouir de moi de manière impersonnelle, y a pas de relation, you know? tu restes extérieur à tes caresses et à mes cris, à ma jouissance Pour toi, je suis un spectacle, tu me mets en scène Mais à distance, dans un simple frottement à la Chair la pluie restait intraitable Par un fait exprès elle avait choisi cette journée-là pour se vider le cœur Ou autre chose Mais Isabelle Tessier sortirait quand même : c'était SA fin de semaine Son fils de quinze ans traînait quelque part dans le New Heaven avec des amis et son mari se trouvait en congrès à Paris, elle avait donc la maison et Montréal pour elle toute seule elle finit de refaire son maquillage avant d'enfiler une chemise ocre, sa couleur préférée, couleur chair Ensuite elle passa une jupe noire qu'elle retira aussitôt arrêtant finalement son choix sur un short jeans, juste assez usagé pour avoir l'air neuf, IN Elle détestait les vêtement trop neufs, ils semblent toujours n'appartenir à personne ou avoir été volés Elle n'appréciait que les vêtements indiscrets, qui parlaient d'elle, la dénudaient, d'où son aversion pour les défilés de mode ou les soirées mondaines Vêtements trop libres, trop indépendants, sans Chair : un vêtement porté, même mal assorti, est tellement plus compromettant...et ressemblant Bref, Isabelle Tessier avait horreur de s'habiller (update) Une petite culotte déjà salopée, même une fois retirée, ne cesse de hanter le sexe dénudé Mais ce soir elle n'en porterait pas, elle étrennerait son sexe, celui de Isabelle St-Martin, pour la première fois, quand Don Juan la pénètrerait ce ne sera que la fente d'une inconnue et ce n'est qu'à force d'être baisé que son sexe finirait par lui appartenir Donc pas de bas, pas de culotte, restait plus qu'à se fixer sur les chaussures Des aiguilles? Non, elle ne voulait pas se donner à un homme marié ni à un jeune cadre dans la vingtaine très très avancée Talons plats? souliers de course? Non, elle ne désirait pas plus se retrouver au lit, voire aux chiottes, avec un skieur à la retraite ou un jeune espoir olympique style fiston à mommy Elle opta finalement pour ses sandales de cuir indiennes Oui, un inconnu -et pourquoi pas le portier du Taj Mahal?...(si elle avait hésité encore un peu, elle serait sûrement partie sans short jeans et aurait sans doute finit jammée entre deux matraques) tout en finissant de s'habiller elle se rappela subitement une note qu'avait accroché son mari sur la porte du frigo : oubli pas lundi, tu passes à la Cour Elle s'était demandé pourquoi et maintenant des images plutôt floues, mal branchées, lui traversaient la tête, opaque, lourde, vaguement penchée...un objet du monde, une ampoule brûlée, tiens un mec l'aborde au bar Immanquable Dès qu'un inconnu se met sur sa route et qu'elle sait trop bien qu'il veut la sauter, l'envie de pisser lui prend (golden shower un autre verre? est-ce une demande, un ordre? elle se retient De quoi? Vous disiez? Le type sent l'odeur de l'urine mêlée à son parfum a-t-elle parlé trop haut, trop intimement? À cheval sur lui elle sent l'odeur de son cul Faiblement Qu'importe : elle pue Mais où se trouve la démarcation, à quel moment une femme commence à puer pour un homme? Après tout, baiser ça empeste Marcher danser aimer pourquoi tu veux me pieuter? pour te faire mal Et toi, pourquoi t'as envie de crier? pour te faire plaisir pourquoi tu veux me faire plaisir quand j'ai envie de te faire mal? parce que je suis une femme, les femmes ça sait juste faire plaisir et les mecs ça sait juste faire mal pourquoi c'est comme ça? parce que les femmes se font mal en faisant plaisir (elle le pince) hey, qu'est-ce tu fous, pourquoi tu m'as pincé? parce que je suis devenue un homme recommence jamais ça, t'as compris? ça te ferait plaisir que je comprenne? Comme j'ai mal, je souffre, je souffre de t'avoir épousé (en pensant à son mari, elle écarte les cuisses et pousse un long cri) Penses-tu qu'une femme mariée c'est sold-out? (elle prend un thermomètre et le cale dans sa bouche pendant qu'il la fourre) Je fais de la fièvre en sirotant son pinacolada au bar de l'hôtel Sharaton elle pensait à son fils, comment était-il au lit? est-ce que ses petites copines le suçaient? est-ce qu'il les enculait, les fourrait d'aplomb? les giflaient peut-être? Elle en savait rien, c'était un secret de famille, donc forcément la famille n'était pas au parfum Elle espérait juste que c'était pas un gentil comme son père Respectable Mais pas trop Travaillant Oui, mais pas trop Bon catholique Oui, mais pas trop Pour le reste c'était totalement dépourvu de sens, définitivement jamais assez Rouler, rouler, il fallait rouler encore, aller plus loin que sa vie, passé sa culotte, foncer fullspin quitte à se tuer, à s'encercueiller : quelle importance de perdre sa vie quand on ne l'a jamais gagnée : LA FEMME D'UN INGÉNIEUR DE LA NASA NE GAGNE PAS SA VIE elle la perd en trichant Mais ne sautez pas aux conclusions trop vite : elle adorait son mari, elle était probablement, c'est tout Ou super quelque chose C'était SA fin de semaine de sortie, déjà une putain White space, prête pour les grandes étendues Déjà putain une vie foutue en l'air, c'était à prendre ou à laisser, la route c'était sa façon à elle de gagner sa vie, quitte ou double elle pressent, ressent, sent la main du type qui s'écarte, se déconduit, se perd entre ses cuisses Pourquoi les choses universelles, à tous le monde, publiques, quand on les vit, en usent, on les pressent, ressent, sent tellement particulières? juste à soi?... Si j'avais su que tous le monde sentait la même chose que moi peut-être que j'aurais vécu les choses différemment Ou plus intensément On croit tellement qu'on a rien de commun avec les autres Puis la vie s'effiloche, perd sa dignité et on se retrouve en gang le rêve qu'elle fit l'empêcha de dormir Elle a jamais vraiment su rêver. Les images oniriques surgissent comme de dessous le lit « c'est pas à moi ces images, on les a volées pour me les offrir : ou me faire accuser de faux la nuit... elle aime déféquer à l'arrière de la maison le matin elle paye les jeunes d'à côté pour ramasser en disant que c'est la merde du chien mais personne n'a jamais vu de chien autour de la maison y s'promène jamais vot' chien? La nuit seulement y a horreur des gens pis c't'un chien dangereux y a déjà failli avaler ses bébés comme ça d'un coup de langue elle les avait déjà effrayés avec ses rêves mais maintenant c'est plus des gosses -et ils ont déjà vu de la merde de fille, ça sent moins fort, une odeur chromatique Les chiens on dirait de la bouffe congelée Isabelle St-Martin prit cinq minutes pour aller se brosser les dents Son mari devait être sur le point de rentrer...c'était dommage de se débarrasser de ce goût dans sa bouche Ce n'était pas tant la saveur en elle-même qui lui procurait une sensation d'euphorie mais le monde qui se dévoilait à elle à travers le goût Tout semblait s'imprégner mollement de l'odeur du foutre dans sa bouche, l'univers semblait se recréer à ses pieds Le goût du sperme collant sur ses lèvres détruisait toute distance finie entre elle et le monde, lorsqu'elle l'avait reçu, elle s'était sentie avalée par le réel, par ce monde duquel la volonté nous arrache C'est elle qui avait voulu lui faire une dernière pipe avant qu'il débarrasse le plancher, la désubstantialise entièrement, la dépouille à fond de toutes ses fictions Et Isabelle Tessier acceptait spontanément, sans recul, sans volonté, cette destruction : on la sacrifiait sur l'autel (du réel) Elle se consumait comme la cigarette malicieusement succulente, redoublement symbolique du phallus, expiant entre ses lèvres après l'activité sexuel Consumation de la chair, du corps façonné par le regard et le toucher du prêtre ritualique, ce regard et ce toucher qu'elle lui avait semi-consenti Maintenant ce corps brûlait à petit feu, s'évanouissant dans l'activité digestive À travers cette mort, la Chair {est} appelée à renaître sans cesse de ses cendres pour s'anéantir de nouveau dans les flammes éternelles Quand cette mort a accompli son cycle, les corps redeviennent corps, le chambre chambre, le mur mur, les moi se séparent, retrouvant leur transcendance, leur egoique solitude dans un monde fictif où le désir n'est plus qu'une pâte passive, cadavérique, tuméfiée C'est pourquoi toute psychanalyse suppose un débordement de conscience Car le présent se tait Pour dire, il faut être passé, càd matérialiser en un Dit en tant que stigmate, trace, conduite irréprochable L'être au présent est une abstraction, en se substantialisant il s'universalise : subjectivement, ce que l'on nomme être se désêtre, se détruit, se meure : la psychanalyse est un idéalisme les jambes en l'air Isabelle Tessier finissait de rincer sa bouche lorsqu'elle entendit son mari se garer dans l'allée Elle repensa aux anciennes questions en enfilant son déshabillé de nuit, devait-elle tout lui avouer? son Freud personnalisé lui avait expliqué que lorsqu'une femme trompait son mari, l'aveu réveillait chez celui-ci des pulsions endormies, et pas forcément sexuelles, des instincts primitifs de possession, de domination qui pouvaient aller jusqu'à une rage incontrôlée, comme lorsque le « mauvais cheval » finit par l'emporter, avait-elle ajouté Ce serait à elle en somme à réagir : s'excuser, demander pardon Ou lui faire face L'avait-elle trompé ou s'était-elle trompée en l'épousant? qu'elle lui crierait par-dessus bord, par delà les remparts des règlements conjugaux Dans ce cas on remet le pardon à plus tard, à savoir à jamais Il y a quelque chose d'intensément jouissif à mortifier son débiteur -c'est comme le Jugement Dernier, plus il est long à arriver, plus les intérêts changent et finalement plus on s'en fout, d'un côté comme de l'autre Ne reste que la violence d'un échec, un règlement de compte elle jeta un œil sensible sur ses pieds sous la table de la cuisine et repensa à cette langue naturelle qui avait glissé tout naturellement sur ceux-ci Ses pieds Son mari n'y avait jamais porté attention, des pieds c'est fait pour marcher sur la lune : LUI les avait profané, s'y était allongé, chauds comme le soleil, n’importe quel soleil Et le vagin, et l'anus, c'est fait pourquoi d'après toi? avait envie de hurler Isabelle St-Martin depuis son divorce interne Toutes ces années ou son vagin, son anus et ses pieds n'avaient servis qu'à une chose : mettre de l'ambiance dans le musée conjugal C'était fini ça, maintenant elle voulait tourner la page, finir le rouleau Une grosse bite dure et collante dans sa bouche, spontanément, sans réfléchir... Mais bien sûr tout ça était resté pendu dans le vide, du reste l'aveu est toujours une fiction et elle tenait à ce peu de réellité que lui conférait sa « mauvaise » conduite : le Mal n'est pas une fiction, le Mal c'est un Bien {non}-positif, un Bien spontané, irréfléchi : réfléchir c'est quitter le monde, le réel, s'encercueiller Bref, lui dire ça tout haut n'aurait eu aucun sens Le sens ça doit rester tout bas et dans le pire des cas s'immoler dans la mémoire, se refouler Mieux vaut garder son courrier cacheté cette nuit-là, madame St-Martin eu de la difficulté à s'endormir « pourquoi laisserais-je le bénéfice du mal à Dieu? » Quand son mari revint, après s'être débarrassé du corps comme à l’habitude, il se déshabilla, se mit au lit et s'endormit aussitôt, sans rêve Elle n'osa pas le réveiller pour lui demander de quoi {elle} devait témoigner le lendemain elle serra très fort la main de son mari dans la sienne Dans l'amour je veux rattraper mon corps concret, substantiel, caillouté dans le monde L'amour « passe », c'est la seule manière de dire je t'aime : dans le passé, les fictions disparaissent L'amant, l'époux, le psychanalyste présentifient l'être passé du patient -finalement elle regretta de s'être brossé les dents (j’ai jamais découché, qu’elle s’hurla dans le crâne avant dodo, une femme ., une ancienne de poly, peut sans doute rester coincée avec n’importe qui un soir...mais pas n’importe où...j’ai un foyer et j’y tiens( la différence entre la religion et la psychanalyse c’est que la première recherche une innocente et la seconde une coupable (1986-1987)
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