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Les Pathfinders 17 du 508e PIR de la 82e Division aéroportée américaine et les membres d'équipage posent devant leur Douglas C-47 avant le départ pour la France – Opération Boston – Débarquement de Normandie – Base aérienne de la RAF à North Witham – Angleterre – 5 juin 1944
Les éclaireurs (pathfinders) de la 82e Division aéroportée comme ceux de la 101e Airborne étaient équipées de balises radio au sol Eureka qui communiquaient avec un émetteur/récepteur Rebecca embarqué dans les appareils de parachutage. Le système de guidage indiquait au pilote la distance et l'alignement de son appareil le séparant de la zone de parachutage. Les Pathfinders décollent d'Angleterre depuis la base de la RAF North Witham et sont les premiers soldats à toucher le sol français en vue de baliser les zones de largage (DZ) des deux divisions de parachutistes américains : la 82nd et la 101st.
La composition type d'une équipe de Pathinders est la suivante :
1 officier chef d’équipe, de grade Lieutenant
1 officier assistant chef d’équipe
2 opérateurs de la balise EUREKA
2 assistants opérateur de la balise
1 chef de section lampe holophane
7 hommes équipés chacun de deux lampes holophanes
4 à 6 hommes pour protéger la DZ
#WWII#opération overlord#overlord#débarquement de normandie#normandy landings#opérations aéroportées#airborne operations#opération boston#mission boston#82e division aéroportée us#82nd airborne division#all american#508e régiment d'infanterie parachutiste#508th parachute infantry regiment#éclaireur#pathfinder#base aérienne de north witham#raf north witham#north witham#angleterre#england#05/06/1944#06/1944#1944
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News of the fleeing populace travelled through France. There were Guiders who remembered the last time this had happened only twenty-five years before, in the 'War to End All Wars'. They would never forget the wave of panic then, as people fled from their homes, and their misery as they wandered aimlessly around the country. The French Guides and Rangers were soon mobilised. In their khaki and blue uniforms the Catholic Guides de France and the non-denominational Éclaireuses worked shoulder-to-shoulder at canteens and trestle tables set up beside the roads. In a world of chaos and cruelty, it made all the difference to have blistered feet and grazes cared for at first-aid posts. Hot drinks and the Guides' smiles gave families the strength to continue. The Guides had been trained to keep their heads, and however terrible the despair around them, they served the refugees from barrows or borrowed tents. One Guide found a blackboard and wrote on it: “We have found George Ducleaux, aged three. He is here if his family wants him. Grandmother Camillion is at the first-aid post. Will her daughters join her there? Half the family of Petion from St Marie-le-Bec have gone on by train to Paris, if the other half comes through, please call at the Guide canteen for a message...” The idea soon caught on, and all along the road at canteens or first-aid posts, notices were put up to help reunite families separated by the confusion.
— How the Girl Guides Won the War (Janie Hampton)
#book quotes#janie hampton#how the girl guides won the war#history#military history#refugees#girl guides#girl scouts#ww2#ww1#german invasion of the netherlands#battle of france#france#souts et guides de france#éclaireuses et éclaireurs de france
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One book a day...
“ La génération de Yoshirô croyait qu’il y avait une manière correcte d’éplucher une orange, ou qu’il fallait utiliser une cuillère spéciale pour les pamplemousses, bref, qu’on devait respecter certaines règles quand on mange un fruit. Elle croyait qu’en unifiant et en ritualisant ces bonnes manières, les cellules neutraliseraient le signal d’alarme déclenché par l’acidité. Mais ces astuces tout juste bonnes à berner les mômes ne pouvaient pas tromper la génération de Mumei. Quelle que soit leur façon de manger, le signal caché dans le fruit se mettait immanquablement à retentir. Difficultés à respirer avec le kiwi, langue engourdie au contact du jus de citron... D’ailleurs, les fruits n’étaient pas seuls en cause. Les épinards provoquaient des brûlures d’estomac, et les champignons, des vertiges. Mumei ne pouvait pas oublier une seule seconde que les aliments sont dangereux.”
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La devise des scouts Sois Prêt
C'est une très belle devise que celle des éclaireurs. Cette devise vient même du nom de Baden-Powell. En effet, de ses initiales, il en fit sa devise : « Be Prepared » - Sois Prêt. Voici ce qu'en dit B-P : « Cela signifie que vous devez avoir l'esprit et le corps toujours en état de faire votre devoir. Prêts pour ce qui est de l'esprit : parce que vous vous serez donné à vous-même la discipline qui permet d'obéir à n'importe quel ordre, et aussi parce que vous aurez d'avance pensé à tous les accidents et à toutes les situations qui peuvent se présenter; ainsi vous saurez au moment voulu ce qu'il y a à faire et vous serez disposés à le faire. Prêts, pour ce qui est du corps, parce que vous vous serez rendu forts, actifs, capable de faire au bon moment l'action qu'il faut faire et que vous la ferez. » Baden-Powell
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Je décide de te partager mon rêve de cette nuit car il est drôle. J'étais chevalier de la table ronde post KV1 et y'avais Guenièvre et Arthur qui était partit en vacances pour prendre un break .Donc moi j'aide à la reconstruction du château tout ça sauf que personne ne sait ce qui s'est passé à la tour,tout le monde pensait qu'ils s'entendaient bien mais c'est tout. Bref les éclaireurs ils disent que le roi et la reine ils vont pas tarder donc Perceval et moi on courent les rejoindre car on est trop content et quand on arrive on voit Arthur et Guenièvre en pleine séance de pelotage sur l'herbe et moi complètement choqué je dis "Mais Sire,vous vous roulez des patins ???"
Après ya Arthur qui commence à nous engueuler et nous dire que c'est pas parce qu'il est roi qu'il a pas le droit d'avoir une vie privé, Guenièvre elle est mitigé entre mourir de honte et partir en énorme fou rire et Perceval et moi on est comme ça 🧍♂️🧍♂️ à accepter l'engueulade car on connaît pas vraiment les choses de l'amour.
MDRRRR alors non ça c'est pas un rêve c'est carrément une prémonition, et j'espère bien que ça va arriver dans kv2 parce que c'est génial
j'imagine perceval et un jeune genre petrok ou iagu qui tombent sur arthur et guenièvre en train de se pécho et juste ils sont là en mode "????????? mais c'est dégueu???????"
10/10 pour le rêve merci de l'avoir partagé
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Première neige. Le paysage s'habille doucement d'un manteau blanc immaculé. Les flocons se posent sans bruit, métamorphosant le décor. Les animaux, surpris par cette texture froide qui crisse sous leurs pattes, avancent en file indienne, suivant les traces laissées par les premiers éclaireurs. L’hiver n’est pas encore là que l’automne semble déjà derrière nous.
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L'amour d'une famille (The love of a family)
Alors cette analyse n'était pas du tout prévu mais plus j'y pense, plus je me dis qu'il y a pas mal de choses à dire. On peut voir que la famille a une place importante dans TDP. Mais je pense que ceux qui incarnent le mieux cette amour envers leur famille sont Claudia et Rayla. Avant qu'on en parle j'aimerai aborder ces deux là durant la saison 4. Car justement elles s'opposent, Claudia qui refuse d'écouter son père quand celui ci souhaite passer ses derniers jours auprès d'elle. Imposant ses propres désirs sur lui et voulant continuer sa quête de le garder auprès d'elle. Alors que Rayla était justement parti pour traquer Viren afin d'avoir des réponses sur sa famille. Et bien qu'elle semble dire que son départ a blessé Callum malgré qu'elle le voyait comme un acte d'amour. Mais elle se rendait pas compte justement à quel point ça l'a marqué. Toutefois elle n'impose pas sa présence quand Ezran lui propose de venir ou bien quand elle propose à Callum de partir en éclaireurs dans la forêt. Elle se montre assez patiente et voit bien que ce dernier n'est pas réceptif à cette dernière pour l'instant. C'est aussi pour ça qu'elle n'ose pas faire le premier pas vers lui par crainte d'amener plus de tensions dans leur relation.
L'amour que Claudia porte envers son père est destructeur, obsessionnel et malsain. On peut voir dans la saison 5, qu'elle se focalise tellement à partir qu'elle néglige sa santé refusant d'écouter les réticences de Terry. Pour elle, la survie de son père est une priorité qui passe avant tout, mettant son bien être en second plan. Quand à l'amour de Rayla envers sa famille, lorsqu'elle récupère l'arc de Runaan, elle revoit sa famille et leur dit clairement qu'elle ne les a pas oublié, qu'elle pense à eux et qu'elle les aime toujours. Mais qu'elle ne peut pas passer ses besoins en priorité par rapport à la menace d'Aaravos. Et c'est là que justement leurs amours s'opposent, car Claudia mettra toujours son père en priorité avant tout le reste. Tandis que Rayla garde une certaine distance assez saine par rapport à sa famille.
J'en avais parlé avec @theredhairedmonkey sur le fait qu'il est possible qu'elle mette de côté sa famille, comme une solution pragmatique. Dans le sens que même si ça la chagrine de les voir coincés dans des pièces. Elle souhaite avant tout se concentrer sur la mission principale ! Et d'une certaine manière, je peux le voir. Ça ne veut pas dire que Rayla est cruelle mais juste qu'elle refuse de prioriser ses besoins ce qui l'oppose justement à Claudia, qui justement impose ses propres besoins par rapport aux autres. J'avais bien aimé la scène où Amaya lui explique ce qu'est la vraie force et qu'elle peut dépendre ou demander de l'aide à quelqu'un. Car c'est justement ce qui la pousse à se confier à Callum au sujet de sa famille. En contraste, Claudia, à part la scène où il l'aide à se détendre, ne l'écoute pas vraiment. Comme je l'ai dit plus haut, elle se néglige que ce soit physiquement ou émotionnellement. Se pressant pour sauver son père et ce n'est qu'une fois que Terry trouve une solution à leur problème, qu'elle peut enfin se reposer.
La scène où justement Claudia manipule Ezran et Callum est intéressante. Parce qu'encore une fois, elle parle de son amour envers son père mais aussi utilise l'amour que les deux frères avaient pour Harrow contre eux pour justifier ses actes. Et quand justement Rayla sauve Ezran des griffes de Claudia. C'est pas seulement protéger ses amis qui est en jeu mais leurs amours envers leurs familles qui se confrontent justement. Et c'est justement pas un hasard que ce soit Rayla qui coupe la jambe de Claudia avec l'arme de son père. Car encore une fois bien que leurs amours envers leur famille se confrontent, c'est justement l'amour de Rayla qui a prit le dessus cette fois ci ! Et d'une certaine manière la perte de sa jambe est justement une conséquence de l'amour malsain qu'a Claudia envers son père. Montrant justement ce qui lui arrivera si elle continue dans ce chemin auto destructeur !
Pour ma part, j'ai pas mal aimé comment leurs amours envers leur famille s'opposent l'un à l'autre durant cet acte 2. Et je me demande si justement son amour envers sa famille ne sera pas à nouveau mis à l'épreuve lors de la saison 6. Imaginons dans la tour céleste, Callum est en danger et Rayla veut le sauver. Mais l'elfe céleste lui dit justement que si elle le sauve, elle ne pourra pas sauver sa famille. Ce serait un dilemme intéressant pour elle bien que je penche qu'elle choisira plus Callum. Mais si ce cas de figure arrive, je pense qu'il y a un moyen pour que la série lui montre que justement, elle peut les sauver tout les deux ! Mais comment ça va se dérouler ? Pour l'instant je l'ignore.
So this analysis wasn't planned at all, but the more I think about it, the more I realize there's a lot to say. You can see that family has an important place in TDP. But I think the ones who best embody that family love are Claudia and Rayla. Before we get into that, I'd like to talk about these two in season 4. Claudia refuses to listen to her father when he wants to spend his last days with her. Imposing her own desires on him and wanting to continue her quest to keep him with her. And yet Rayla was out to track Viren down and get answers about her family. And although she seems to say that her departure hurt Callum, she saw it as an act of love. But she didn't realize just how much it affected him. However, she doesn't impose her presence when Ezran asks her to come along, or when she suggests that Callum go scouting in the forest. She's patient enough to see that he's not receptive to her at the moment. That's also why she doesn't dare make the first move towards him, fearing it might bring more tension into their relationship.
Claudia's love for her father is destructive, obsessive and unhealthy. We see in season 5 that she is so focused on leaving that she neglects her health, refusing to listen to Terry's concerns. For her, her father's survival is the priority, putting her own well- being on secondary position. As for Rayla's love for her family, when she recovers Runaan's bow, she sees her family again and tells them clearly that she hasn't forgotten them, that she thinks of them and still loves them. But she can't put her needs above the threat of Aaravos. And that's precisely where their loves diverge, because Claudia will always put her father before everything else. While Rayla maintains a healthy distance to her family.
I'd talked to theredhairedmonkey about the possibility of her putting her family aside, as a pragmatic solution. In the sense that while it saddens her to see them stuck in coins. But she wants to concentrate on the main mission! And in a way, I can see that. This doesn't mean that Rayla is cruel, just that she refuses to prioritize her needs, which is precisely what opposes her to Claudia, who imposes her own needs on others. I liked the scene where Amaya explains to her what real strength is, and that she can depend on or ask someone for help. This is precisely what drives her to confide in Callum about her family. In contrast, Claudia, apart from the scene where he helps her relax, doesn't really listen to him. As I said above, she neglects herself both physically and emotionally. Rushing to save her father, it's only when Terry finds a solution to their problem that she can finally rest.
The scene in which Claudia manipulates Ezran and Callum is interesting. Once again, she speaks of her love for her father, but also uses the two brothers' love for Harrow against them to justify her actions. And when Rayla saves Ezran from Claudia's clutches. It's not just protecting her friends that's at stake, but also their love for each other's families that clashes. And it's no coincidence that it's Rayla who cuts Claudia's leg off with her father's weapon. Because, once again, although their love for their families confronts each other, it's Rayla's love that has the edge this time! And in a way, the loss of her leg is a consequence of Claudia's unhealthy love for her father. Showing exactly what will happen to her if she continues down this self-destructive path!
Personally, I liked the way their love for their families contrasted with each other in Act 2, and I wonder whether Rayla's love for her family will be put to the test again in season 6. Imagine in the tower, Callum is in danger and Rayla wants to save him. But the celestial elf tells her that if she saves him, she won't be able to save her family. This would be an interesting dilemma for her, although I think she'd choose Callum over her family. But if that happens, I think there's a way for the show to show her that she can save them both! But how will it play out? I don't know yet.
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Les nouvelles expériences d’une vie sans fin (8.3/15)
« … par ce fait, je demande aux troupes Argent et Bronze actuellement disponibles de se tenir prêtes au moindre signalement de la part des éclaireurs. » Conclut Maître Joris, vérifiant la retranscription du scribe à ses côtés. « Et ajoutez également que… » Soupir. « Que s’ils venaient à apercevoir un dragon aux écailles blanches et turquoises, ou un humanoïde semblable à un Osamodas – mêmes couleurs, grande taille – alors qu’ils n’hésitent pas à l’aborder… et qu’ils me contactent immédiatement. »
Après avoir soigneusement relu la missive, il la tendit au maître du Tofulailler royal, qui s’empressa alors de l’attacher à l’un des volatiles. Piaillant de toutes ses forces, ce-dernier décolla à vive allure, ne laissant dans son sillage qu’un souffle ainsi que quelques plumes dorées. On lui avait assuré qu’il s’agissait là du plus rapide que comptait le nid, mais cela n’avait en rien apaisé l’insupportable sentiment de démangeaison qui lui couvrait à présent la nuque. Il savait que ce n’était qu’une impression, une sensation fantôme, tout comme cette idée qu’il aurait pu, dû même, rajouter telle ou telle information à son message. Au fond, tout ça ne changerait rien, car ce n’est pas l’absence de détails de cette foutue lettre ou même la vigueur du Tofu qui le portait qui le hanterait les prochains jours… mais le sentiment d’impuissance.
« Combien de temps avant qu’il n’atteigne votre Cité ? »
L’émissaire observa l’homme de sciences qui se tenait derrière lui. Apparemment, il n’était pas le seul que cette situation mettait à mal.
« Un jour… Peut-être deux si les conditions météorologiques ne s’y prêtent pas.
- C’est beaucoup trop long. » Lança l’autre. « À l’heure qu’il est, Phaéris doit déjà pouvoir apercevoir les côtes de l’île où paissent vos sangliers – s’ils sont encore vivants. »
D’un coup trop sec, l’Éliatrope fit craquer l’ongle qu’il mordillait absentement depuis le début de l’échange. Après réflexion, Joris se dit qu’il n’aurait peut-être pas dû lui autoriser un accès aux herbiers et recueils concernant la faune et flore de Bonta. Trop d’informations.
« Je vous assure qu’il s’agit là du moyen le plus…
- Et les Zaaps ? Vous n’en avez pas à disposition ? » Rétorqua l’autre, imperturbable. « Il me semble me souvenir qu’il y en avait un à l’entrée du village.
- Même en empruntant un Zaap… » Soupira l’émissaire. « … nous serions amenés à la capitale : ceci nous contraindrait à alerter les autorités présentes sur place de notre entreprise, sans compter le temps de voyage jusqu’aux prairies. Et je vous rappelle que si vous êtes lié à Bonta par contrat et au peuple éliatrope par votre sang, vous n’en demeurez pas moins un criminel recherché : en dehors du Royaume Sadida qui constitue un territoire neutre, nous ne pouvons pas vous emmener n’importe où avec nous sans risquer l’incident diplomatique ! À nouveau, il s’agit là de notre meilleur… »
Un nouveau craquement. Le pourtour de l’ongle avait pris une couleur sanguine. D’un geste, il se débarrassa du cadavre teinté, les yeux rivés sur les veinules apparentes du plancher.
« Messire Qilby… ? » C’était le Roi, qui avait tenu à assister l’émissaire dans son courrier, en profitant pour s’informer de la tournure des évènements. « L’antidote que vous étiez en train de concevoir, n’avez-vous pas dit que sa confection en était presque achevée ?
- En théorie, oui. » Presque. Il avait horreur de l’inexactitude. De l’imprévu. « Mais il restait encore à réaliser les tests de contrôle : cette formule n’est pas la même que celle que j’avais pu développer à l’époque ! Tout était à refaire. Il pourrait y avoir un délai d’action à prendre en compte, voire même des effets secondaires ! Je ne suis même pas certain que… ! »
Même pas certain qu’il soit efficace…
« Messire Qilby. » Le ton était plus ferme. Il avait commencé à s’attaquer à l’index. « Je comprends vos inquiétudes, mais je pense aussi que nul en ces lieux ne remette en doute vos qualités de scientifique. De même… » Hochement de tête grave. « … vous n’êtes pas responsable pour ce qui est arrivé aujourd’hui. »
Ses yeux quittèrent le plancher pour se river tout aussi brusquement sur ceux du Sadida. Croyait-il vraiment qu’il… ? Une image vint se dessiner à la périphérie de sa conscience : une petite boule d’écailles, ronronnant sur une couverture de fortune tout en déployant ses ailes dont la membrane était aussi fine que du papier de riz, les griffes encore molles et les dents à peine sorties. Une petite boule d’écailles. Azurée.
Non, rien de tout ça est de ta faute, bien entendu.
Tout ça, c’est encore à cause de son sale caractère et de…
de sa manie à toujours vouloir tout résoudre par la force,
car après tout
« la sagesse et la justice triomphent toujours ! ».
Oui, mais…
Mais…
Mais, c’est moi qui étais responsable de… !
Une main vint se placer sur son épaule. Il se redressa.
« Et je suis certain que Sire Phaéris nous reviendra… Sain et sauf.
- Je… » Vous remercie. « … pense qu’une sécurité renforcée autour du laboratoire est nécessaire. Je vais devoir reprendre la création d’un antidote supplémentaire. »
Au cas où…
« Aurez-vous assez des ingrédients restants ? » Ce Joris était décidément toujours aussi pragmatique.
« O-oui, je crois. J’aurai néanmoins besoin de prélever quelques spécimens de vos serres, votre Majesté.
- Nous n’y voyons pas d’inconvénients, à condition que vous ne préleviez que le nécessaire. »
Il ne répondit pas, hochant simplement la tête. Deux ou trois semaines auparavant, il n’aurait pas hésité un instant à rétorquer son intelligence, à affirmer ses connaissances en botanique et sa perspica-…
Il est parti.
Et je ne l’ai même pas vu venir…
Aujourd’hui, il en était moins sûr.
« Je vais vous laisser… Messieurs. » Avant de sortir, il demanda. « Et si jamais vous veniez à…
- Nous vous tiendrons au courant, bien entendu.
- Hum… Mais le cas échéant, je… je vous serai reconnaissant de faire preuve de bienveillance. » Soupir. « Yugo et Adamaï risquent de ne pas… vivre cette annonce comme les autres. »
Le scientifique reprit le chemin de ses quartiers, flanqué par deux gardes. Son pas était presque aussi lourd que celui des hommes armés.
« Dites-moi, mon Roi… » Reprit l’émissaire lorsque le martellement se fut éloigné. « Qu’en pensez-vous ?
- Ce que j’en pense, Maître Joris… » Lui répondit l’intéressé, les yeux rivés vers le couloir où la coiffe crème venait de disparaître. « … est qu’il est peut-être temps que nous ayons une discussion à propos du Conseil des Nations. »
L’autre leva un sourcil interrogateur de sous sa capuche.
« Accepteriez-vous de m’accompagner pour une tasse de thé, mon cher ? »
Il souriait, mais si ses traits avaient la teinte de la circonstance. Quelque chose d’autre rôdait en-dessous.
« Avec plaisir, votre Majesté… »
Il reposa la paire de ciseaux qu’il tenait adroitement pour admirer son travail : les jeunes pousses rebelles avaient été disciplinées, tandis que les feuilles ayant fait leur temps avaient été débarrassées. Contrairement à la seconde, il semblait qu’il n’avait pas perdu la main pour ce qui était de l’entretien botanique. Cette pensée fit naître une sensation étrange.
Ce qui vit, meurt.
Mais il faut croire que… certaines choses persistent malgré tout.
Un bref coup d’œil à l’horloge de sa cellule le fit toutefois grimacer. L’aiguille venait à peine de battre une heure de l’après-midi. Les plantes offertes par la Princesse Sadida étaient resplendissantes, rayonnantes même, à l’abri derrière leur cage de verre et d’argent ; ce n’était pas son cas. Plus depuis que la fugue de Phaéris avait été révélée. Lui qui pensait parvenir à se distraire avec de nouvelles recherches, il avait finalement dû se résigner : il ne pouvait pas manipuler de l’acide ou du chlore dans son état. Mieux valait éviter de perdre un œil dans une réaction mal contrôlée. Il avait l’esprit ailleurs, ça il ne pouvait pas le nier, mais ce qui l’agaçait le plus c’était que…
Ils pensaient que…
Ils pensaient que c’était moi, n’est-ce pas ?
Que j’étais coupable.
L’encapuchonné lui avait promis qu’il les tiendrait au courant des recherches lancées à travers une nation entière et pour être honnête, Qilby espérait secrètement que cela soit bien de Joris qu’il entendrait parler en premier. Il espérait qu’il n’aurait pas à nouveau à ressentir cette… douleur. Il n’y avait pas de mot pour décrire ce déchirement, cette crevasse, cette éruption. L’intégralité des cataclysmes auxquels la Grande Déesse avait pu un jour donner naissance réunis, condensés en un seul instant.
Tous les Éliatropes possèdent une relation unique les unissant à leur frères et sœurs dragons, certes, mais aucun d’entre eux n’est en mesure d’égaler les liens attachant les Douze Primordiaux. Ils étaient les aînés de leur peuple. Les premiers à avoir foulé leur monde. Les premiers à donner un sens au mot-
Famille…
La disparition de l’un des leurs les affectaient alors, et ce, autant émotionnellement que physiquement. Ils n’avaient pas besoin de constater le départ, de voir leur dofus s’illuminer d’un nouvel éclat, attendant patiemment sa moitié ou son prochain cycle d’éclosion, non… Ils savaient, tout simplement. Ils le sentaient au plus profond de leur être.
Qilby espérait ne pas avoir à ressentir ce vide à nouveau. Phaéris et lui n’étaient plus aussi proches que par le passé, mais… ce n’était pas le cas de Yugo et d’Adamaï. Ils étaient jeunes, et force est de constater que le délai dans leur réincarnation avait visiblement affaibli leur contact, et par ce fait résistance, avec leur nature éliatrope comme dragonne. Il ne savait pas comment Grougaloragran avait achevé sa dernière existence, mais lui et Chibi étaient revenus grâce au Cube ; son absence n’avait pas eu le temps de se faire ressentir. Les vagues n’avaient pas eu le temps d’éroder la falaise. S’il venait à subir le même sort… Cela ne serait pas le cas avec Phaéris.
Mina…
Si seulement tu avais été là,
alors peut-être que-
Soudain, on frappa à la porte.
« H-hey… Qilby ? Tu es là ? » S’enquit une voix timide derrière les lourdes planches de chêne. « Si ce n’est pas le cas, alors-
- On repassera plus tard ? À ton avis, s’il n’y a personne, à quoi ça sert de le préciser, hein ? » Celle-ci était indéniablement plus moqueuse, mais transpirait malgré tout une certaine tension.
« J-je ne sais pas… ? J’essayais simplement d’être… poli ou quelque chose du genre ?
- C’est un peu inutile dans c’cas-là si tu veux mon avis. »
Sans y réfléchir davantage, le scientifique se présenta aux deux frères.
« Eh bien, personnellement… » Rétorqua-t-il, s’appuyant contre l’embrasure. « … je trouve cette initiative plutôt attentionnée. »
Que cela soit avec Chibi, Glip, ou bien Efrim, il n’avait jamais pu résister à l’appel de ces répliques inattendues, de ces phrases, telles des brindilles de paille sèche que vous lanciez sur les braises, de la joute verbale. Ainsi, de la pure expression de surprise du jeune dragon et du jeune Éliatrope à leur léger soubresaut lorsqu’il leur avait ouvert, il ne parvenait pas à décider lequel l’amusait le plus. Le discret mouvement de recul ainsi que les griffes serrées une fraction de seconde en trop n’eurent toutefois pas le même effet… Leur aîné les dévisagea un instant, attendant une pique cinglante en retour, une moue boudeuse, voire même un soupir exaspéré pour ses manières, mais rien ne vint. Ses visiteurs demeuraient plantés sur le seuil, cherchant visiblement à entamer la conversation, sans pour autant y parvenir. C’est alors que le scientifique remarqua ce qu’ils transportaient avec eux, et qu’Adamaï tenait habilement placé derrière son dos, mais que ses ailes de dragonnet ne permettaient pas encore de dissimuler entièrement : un livre. Pas n’importe quel livre…
Serait-ce… ?
Alors comme ça, il aurait survécu au Cata-
Non, impossible.
Peut-être Grougaloragran l’aurait-il retranscrit ?
Il commençait à avoir une ébauche du motif de leur venue. Cependant, tant qu’ils resteraient tous les trois sur le perron de sa cellule, le regard inquisiteur des gardes postés non-loin pesant sur leurs nuques, les chances de vérifier ses hypothèses étaient minces… Prenant quelques pas en arrière, il finit par désigner son humble logement d’un geste qu’il espérait invitant :
« Vous souhaitiez me voir… les garçons ? »
Il faillit se mordre la langue sur les derniers mots. Ceux-ci étaient sortis presque naturellement, un sobriquet parmi tant d’autres qu’il avait par le passé l’habitude d’utiliser envers les versions plus jeunes de ses frères et sœurs.
Par le passé !
« H-hum, à vrai dire…
- Enfin ! C’est pas trop tôt ! Ça va bientôt faire dix minutes qu’on est planté là et c’est seulement maintenant que tu te montres ? » Il avait repris son aplomb encore plus vite qu’il ne l’avait perdu. « Il faut croire que si tu n’perds pas la mémoire avec le temps, peut-être qu’tu devrais vérifier ton audition…
- Ad’ ! » S’exclama son frère, les yeux passant du dragon à la coiffe crème dans l’espoir de capter, si ce n’est diffuser, le premier signe d’hostilité.
« Oh, ne t’en fais donc pas pour cela, Adamaï : je pourrais entendre tes railleries même aux confins du Krosmoz. » Préféra-t-il répondre sur le ton de la plaisanterie. Amère. « Bon, eh bien si vous n’avez pas besoin de moi, je vais-… »
Le bousculant à peine, le dragonnet finit par rentrer dans la pièce, talonné de près par Yugo, dont la moue dépitée essayait tant bien que mal de communiquer un pardon au scientifique.
« Nan, nan… C’est bon. »
Il prit place sur un des coussins dispersés autours de la table basse qui, une fois n’est pas coutume, était chargée de paperasses en tout genre. Adamaï sembla hésiter un instant devant les parchemins recouvert des gribouillis distinctifs constituant l’écriture d’un homme de sciences : la dernière fois qu’il avait contemplé de telles notes c’était… Il secoua brièvement ses petites cornes avant de laisser choir son précieux butin sur le bois. Le mouvement provoqua l’envol de plusieurs feuilles au passage, que Yugo s’empressa de ramasser et de remettre en ordre sur un tabouret non loin de là. Lui-même finit par trouver un siège auprès de son frère. Il avait collé sa jambe contre celle sertie d’écailles et de griffes.
De loin, Qilby les observait. Il savait que quelque chose n’allait pas ; l’air qui les entourait était chargé d’un orage bien trop sombre pour les jeunes têtes qu’il menaçait.
Allez !
Fais quelque chose, imbécile !
« Eh bien… Puisque vous êtes là, puis-je vous offrir une tasse de thé ? »
Sérieusement ?!
T’as rien de mieux à d- ?
« O-oui, ça pourrait être sympa… » Lui répondit néanmoins Yugo, un sourire timide en coin. « Hein, Ad’ ?
- Ouais… Pourquoi pas. »
Et tandis que l’aîné s’investissait pleinement dans la préparation des infusions, profitant de ce cours répit pour inspirer les délicates fragrances fruitées s’échappant avec la vapeur, un parfum qu’il savait au goût des personnes moins amatrices de cette boisson qu’il l’était lui-même, les deux cadets se faisaient étrangement silencieux. Cependant, il ne doutait pas qu’entre les jumeaux, une myriade de sensations, mots et sentiments étaient échangés en ce moment même. Cette connexion intime, il la connaissait bien. Elle lui manquait. Elle lui manquait…
Finalement, alors que les feuilles finissaient de colorer l’eau qui les baignait, Adamaï tenta à nouveau d’amorcer le dialogue entre les deux partis :
« En tous cas, j’pensais pas qu’un vieillard comme toi pouvait courir aussi vite ! J’crois même que tu pourrais battre Ruel si tu l’voulais, et pourtant, je l’ai déjà vu s’élancer après un Kama ! »
Pas forcément de la meilleure des manières…
« Ad’, fais at- ! »
Les remontrances de la coiffe turquoise furent interrompues par le rire franc de l’autre.
« Haha, ha ! Ha… ! Il est vrai qu’il s’agit d’une scène peu courante, n’est-ce pas ? Il faut dire que les Éliatropes sont plus accoutumés à utiliser leurs portails que leurs jambes, hum ? » Une cuillérée de miel, puis une deuxième. Lui préférait le prendre sans. « Si Chibi était là, il vous dirait sans nul doute que si je suis aussi doué pour la course, c’est parce que contrairement au reste de notre fratrie, j’ai toujours été le plus prompt à fuir les combats… ainsi que mes responsabilités… » Hochement d’une épaule. Fatiguée.
« Tu veux dire l’ancien Chibi ? »
C’est comme s’il pouvait sentir les yeux du dragonnet s’enfoncer dans sa nuque tels des crocs. Peut-être aurait-il été plus avisé de ne pas mentionner l’un de leurs frères décédés lors de la Seconde Guerre, que beaucoup des leurs avaient d’ailleurs été amenés à prendre pour la première… Surtout connaissant les rumeurs meurtrières l’entourant, et plus encore avec la récente disparition de Phaéris.
Disparition…
Juste disparition.
« En effet. » Mieux valait ne pas insister. « Tiens, Yugo ? Pourrais-tu… ?
- Ah ! Oui, bien sûr ! »
L’intéressé se leva prestement pour assister son aîné dans le service, qui aurait pu se révéler catastrophique à la seule force d’une main. Ce-dernier se chargea d’une boite de biscuits, celle-là même qu’il avait choisi ce matin dans les cuisines. Il avait l’impression que cela faisait une éternité.
« Mais pour être tout à fait honnête avec toi… » Reprit-il en s’asseyant dans son fauteuil de cuir. « Je pense que cette faculté n’est pas tant un don que le résultat d’un… d’un long entraînement en la matière.
- Comment ça ? » S’enquit alors Yugo, occupé à faire passer les tasses légèrement ébréchées autours de la table.
« Pour reprendre la, disons, « leçon », de l’autre jour… Les Éliatropes que nous sommes sont des êtres d’énergie : ils ne font qu’un avec les flux qui les entourent, tel le Wakfu, mais également qui les composent, à savoir le sang, la lymphe, et j’en passe. »
Comme appelé par les échos du passé, Yugo s’était vu absorbé par la perspective d’en apprendre plus sur lui-même et son peuple. Adamaï, quant à lui, gardaient les yeux rivés sur l’ouvrage qu’il avait amené, mais il n’en demeurait pas moins attentif.
« Chaque Éliatrope naît avec une certaine habileté à maîtriser ces dits flux, une forme de « compatibilité » plus ou moins accrue avec les énergies et la matière. D’autres, en revanche, doivent davantage s’exercer à cet art dans l’espoir d’y trouver leur place… » Soupir. « Cela est notamment mon cas.
- Oui, c’est vrai que tu l’avais mentionné la dernière fois… Mais a-alors ! Comment est-ce que tu t’y es pris pour atteindre un tel niveau ? »
Qilby dut se retenir de sourire. S’il y avait bien une chose qui ne changerait jamais dans ce vaste et absurde univers, c’était bien son petit frère. Le dragon ivoire à ses côtés avait relevé un sourcil de la couverture brunâtre ; ancien adversaire, lui aussi semblait intéressé par la réponse.
« Par de l’entraînement, et avant tout… » Il pointa l’objet métallique qui lui enserrait la gorge. « … grâce à ceci !
- Q-quoi ?! Le c-collier est capable de renforcer notre lien avec le Wakfu ?!
- Hum, pas véritablement, ou du moins pas dans le sens dans lequel tu peux y penser. » Il secoua la tête, grimaçant légèrement à la décharge améthyste que provoquèrent le mouvement et l’émotion qui l’accompagnait. « Il s’agit d’un outil permettant de rompre notre lien avec le Wakfu environnant, tout simplement. Cela peut alors paraître contre-intuitif au premier abord : après tout, comment peut-on améliorer un don en le restreignant ?
- En effet… » Murmura Yugo, toujours aussi perplexe.
« Pourtant, après des centaines de programmes infructueux et presque autant de réflexions sans succès, j’ai finalement été amené à penser que si la base de cette connexion reposait sur le corps, réceptacle en un sens du Wakfu, alors…
- Alors c’est en renforçant notre corps et en ne faisant qu’un avec lui que nous pourrions parvenir à mieux ressentir les flux ! » S’exclama le plus jeune.
Yugo avait presque bondit de sa chaise, des étoiles dans les yeux comme s’il venait à lui seul de dévoiler un secret millénaire. Qilby, cette fois-ci, esquissa un discret rictus.
« Tout à fait : excellente déduction. » Son jeune frère rayonnait presque.
« Donc, tu veux dire que si t’es parvenu à nous battre, Grougal et moi… » Enchaîna Adamaï, demeuré dubitatif. « C’est simplement en faisant de la musculation ? Comme les mouvements de gonflette que fait parfois Tristepin pour impression Éva ?
- Hum, pas tout à fait, non… » La simple image du Iop en pleine parade amoureuse et démonstration de force lui donna presque la nausée.
Comment un esprit aussi fin que celui de Dame Évangéline
a pu s’amouracher d’un crétin comme lui ?
Tout cela me rappelle le cas de Mina et de Chibi.
Décidément, éliatrope ou douzien,
l’amour est un phénomène bien obscur…
« Il s’agit principalement d’exercices de renforcement musculaire, mais également de « pleine conscience » : ceux-ci n’ont pas pour vocation première la performance sportive, mais de permettre au pratiquant de ressentir pleinement son corps. Nos muscles sont une extension de notre système nerveux, et s’y reconnecter permet de mieux en apprécier le potentiel ! » Hochement de tête déductif. « Pour ce qui est de notre race, il en va de même avec le Wakfu.
- Ah ! Un peu comme quand Éva a dû apprendre à faire sans son arc après le coup de rage de Pinpin ! » Appuya le dragonnet, subitement pris dans l’échange.
« Je suppose. » Suppléa l’aîné. « Pour les Crâs -c’est cela ?-, leur arc doit bien être une forme de maîtrise quasi-innée. Toutefois, dans le cas des Éliatropes, le Wakfu est une part intégrante de notre organisme… Il est donc extrêmement difficile d’en faire abstraction, contrairement à une arme que l’on pourrait tenter de remplacer le temps de mieux en apprécier les subtilités une fois réuni avec elle. C’est là que m’est venu l’idée de ce collier, d’ailleurs qualifié « d’entraînement ».
- Et tu l’as donc créé toi-même ?
- Ha, pour ça, le mérite revient plutôt à Chibi et Grougaloragran… » Haussement d’épaules. « Je possède peut-être la connaissance et la théorie, mais quand il vient la question de la technique, ces deux-là sont bien les meilleurs. »
L’aveu de faiblesse sembla plaire au jeune dragon, qui esquissa un rictus moqueur. Bien. Mieux valait ne pas tenter de ruiner ce moment en rentrant des explications trop complexes ou des querelles fraternelles puériles… Même si au fond de lui, il ne transigerait pas sur le fait que sans le mode d’emploi qui allait avec, une machine, aussi sophistiquée soit-elle, ne valait que bien peu de chose.
« M-mais alors… » Se reprit-il toutefois, les yeux teintés d’une certaine inquiétude. « Si les Éliatropes sont faits d’énergie, et que le collier la bloque, même de manière incomplète… N’y-a-t-il pas un risque que… ?
- Et ainsi donc, vous avez réussi à mettre la main sur un exemplaire du Dragonica Doctum ? Je ne pensais pas revoir une de ces vieilles reliques en si bon état. »
La manœuvre était grossière, il le savait, mais si elle lui permettait de se soustraire au sujet, il ne s’en priverait pas. Yugo ne semblait manifestement pas satisfait de la tournure de la conversation, mais fut pris de vitesse par Adamaï, ayant trouvé l’opportunité d’aborder ce pour quoi les deux frères étaient venus en premier lieu :
« Et comment ! Ce n’est pas parce que nous avons des griffes qu’on ne sait pas comment prendre soin des objets qui nous entourent !
- Oh, loin de moi cette idée. » Rétorqua Qilby. « Notre cher Balthazar ne supportait pas l’idée que les encres de couleur différente puissent être rangées dans des flacons identiques, tandis que Shi-… » Il s’arrêta, ravalant sa salive. « …tandis que Shinonomé, ma… sœur… Elle avait horreur de voir ses précieuses casseroles prendre la rouille, o-ou encore ses aiguilles se tordre. » Il finit par secouer la tête. « Après des millénaires passés auprès de dragons, je dirais qu’il y a davantage de risque à les voir devenir possessifs, voire matérialistes, que négligents. Cela en fait, je suppose, de parfaits compagnons pour nous autres Éliatropes, plutôt poussés à suivre le flot du changement comme celui de la vie… »
Aucun des jumeaux ne savaient vraiment comment répondre à une telle déclaration. Yugo, de son côté, se sentait… empli d’un nouvel espoir. D’une part pour son peuple, dont la fresque ne cessait de s’étendre au travers des récits et des découvertes de ces dernières semaines, mais également pour…
C-c’est la première fois qu’il…
Il n’avait jamais parlé de Shinonomé avant.
Du moins… pas aussi spontanément.
Adamaï aussi semblait surpris par l’attitude de celui qu’il avait pourtant affronté il y a moins d’un an de cela, et que tous considéraient comme la seconde menace la plus importante connue par le Monde des Douzes avec Nox. Cette ambiance de fin d’été, ces anecdotes et questions innocentes, ces tasses et ces gâteaux sablés… On aurait presque pu croire à un après-midi en… famille ?
« Ouais, et donc… » Tenta de reprendre le dragon. « Avec Yugo, étant donné que l’on… » Ne veut pas rester tous les deux. Seuls. « … n’a pas grand-chose de prévu pour aujourd’hui, on voulait te poser quelques questions concernant la langue draconique.
- Si tu n’es pas occupé, bien entendu ! » S’empressa de rajouter son frère. « Simplement, comme tu as une, hum, « bonne mémoire », on se demandait si tu accepterais de nous transmettre ce… » Que ceux qui nous quittés trop tôt n’ont pas pu nous enseigner. « … qui nous manque ? »
Il soupira. Il les connaissait par cœur, à tel point qu’il pouvait presque entendre leurs âmes donner les mots que leurs têtes se refusaient d’avouer. Et ce qui le peinait le plus, ce n’était pas tant qu’il ne soit pas encore parvenu à gagner leur confiance, mais que…
Fut un temps,
ils n’auraient pas hésité un instant
à me dire ce qui les chagrinait. En particulier pour
un incident tel que celui-ci…
Quand…
Quand ai-je donc perdu ce privilège, au juste ?
« Eh bien… Je devrais avoir fini mes recherches pour aujourd’hui. » Je ne veux pas y retourner ! Elles me rappellent que… ! « Alors, ma foi, pourquoi pas ? »
Ah ! Donc ce symbole, là… S’il est associé à celui-ci, cela ne veut plus du tout dire la même chose !
Parfaitement, c’est cela Adamaï.
Qui aurait cru que les dragons s’exprimaient de manière aussi alambiquée !
Cela provient de leur façon de percevoir le monde, qui est relativement différente de la nôtre. En effet, leur capacité à voler, cracher du feu, ou même fusionner avec un élément naturel sont autant de particularités pour lesquels ils ont dû trouver des termes appropriés…
Ouais !! Le pouvoir de la roche !
… et il y a aussi le fait qu’ils soient assez fiers, cherchant la moindre opportunité pour paraître supérieurs aux autres…
Hein ?! Répète un peu pour voir, Mr. Je-sais-tout ?
Allons, allons, je suis certain que- !
Non, Yugo, c’est très aimable de ta part, mais je cherchais sincèrement à provoquer ton frère sur celle-ci ~ hé, hé.
Ha ! Tu vois ?!
Tss… Bon tous les deux, on peut reprendre… ?
Les désirs de Sa Majesté sont des ordres.
Pah ! Touché !
Et maintenant tu es de son côté, toi ?
Ce n’est qu’une trêve temporaire pour des raisons d’égalité, n’est-ce pas ?
Égali- ?
Tout à fait. Nous contestons le pouvoir actuellement en place.
Contester le pou- ? Mais de quoi est-ce que vous- ?
Tu t’accapares la boite de biscuits depuis une heure ! Voilà le problème !
J-je ne vois pas ce que v-vous voulez dire…!
Votre Majesté, il semblerait que vos loyaux sujets réclament leur dose de sucre. Puis-je vous suggérer de concéder à leur requête si vous ne voulez pas les voir prendre d’assaut votre trésor sans possibilité de négociations ?
Bon… d’accord. Mais j’en ai pas mangé tant que ça…
Ha, ha ! Victoire du peuple !
Victoire du peuple, en effet.
…
Cependant… Adamaï… ?
Hum, oui l’ancêtre ?
Je te ferai remarquer qu’une trêve est toujours temporaire par définition : c’est un pléo-…
Et c’est reparti…
.
.
.
« Et c’est ainsi que le terme « Ignirrh » peut se décliner sous plusieurs formes selon le sous-texte. Il est alors important de s’assurer de la présence ou non du signe « dom’ah » pour -hé… ?» Ses yeux quittèrent les symboles et enluminures. Il murmura. «Tss… Pour s’assurer que l’on parle bien ici du « feu intérieur » de manière métaphorique, et non pas de « la flamme » physique… »
Devant lui, droits sur leurs coussins respectifs mais avachis l’un sur l’autre dans une pile de bras et d’écailles, les deux plus jeunes frères avaient fini par s’assoupir. Au-dehors, le soleil venait à peine d’entamer sa rencontre avec l’horizon ; il était encore bien tôt pour se laisser aller au sommeil. Cependant, au regard des émotions provoquées par cette journée, le scientifique ne pouvait reprocher à ses cadets leur fatigue.
Au cours des dernières heures de leur leçon, Yugo avait glissé sur les genoux du dragonnet, qui avait également succombé à l’appel de Morphée, sa tête dodelinant au rythme des inspirations de l’autre. Leur souffle était régulier, et malgré la prise presque possessive d’Adamaï sur son frère, comme pour protéger ce corps si frêle d’une attaque quelconque, les deux semblaient en paix. La scène était… familière. Lointaine aussi. Trop lointaine. À quand remontait la dernière fois où il avait eu la chance d’assister à autant d’insouciance de la part de ses frères et sœurs ? Qui plus est… en sa compagnie ?
Ils… Ils se sont endormis.
Il aurait aimé être capable, lui aussi, de fermer les yeux, ne serait-ce qu’un instant.
Mais si tu fermes les yeux ici,
tu les rouvriras… là-bas.
Oui, oui… Je sais.
Prenant soin de ne pas renverser le moindre meuble ou de faire craquer ces planches qu’il avait fini par croire aussi vieilles que lui, Qilby alla prendre l’une des fines couvertures qui traînaient régulièrement contre le dossier de son bureau. Délicatement, priant sa mère pour que les deux petits êtres ne se réveillent pas, il la déposa sur leurs épaules.
Lentement, il se dirigea enfin vers la lucarne de sa cellule, qu’il referma avec précaution, avant d’y installer, en évidence, un carnet relié de cuir rouge. Tesla comprendrait.
Au-dehors, les feuilles de la forêt commençaient à se teindre d’une myriade d’accents métalliques : ocre, or, cuivre… L’écorce du Palais s’était faite plus claire, gorgée de sève pour tenir la saison qui s’annonçait.
Qui aurait crû que l’hiver s’annoncerait aussi rude ?
Mais au fond de lui, ce à quoi le vieil Éliatrope cherchait une réponse, c’était…
Qui aurait crû que je serai toujours ici pour le voir ?
Certainement pas lui.
Que faisait-il encore ici ? Pourquoi n’était-il pas parvenu à partir ?
Quel était le but de tout ceci ?
Pourquoi n’avait-il… ? Pourquoi - ?!
Mais finalement, la question la plus importante de toute, n’était-ce pas…
Est-ce que tu as toujours envie de partir… ?
Il se retourna un instant. Sur l’étagère, que la poussière commençait à recouvrir doucement, trônait une verrière toute de verre et d’argent, où trois petits pots de céramique laissait entrapercevoir des pousses pleines de vie. Les fleurs exotiques, à l’abri derrière des parois immaculées et profitant d’une chaleur constante, n’allaient pas tarder à éclore. Dans la penderie, les draps et tuniques étaient repassés de frais, embaumés d’une délicate odeur de bois de santal. Le bureau portait autant de taches noires que la marque de nuits blanches, qui, si elles étaient regrettées le lendemain, n’en demeurait pas moins de délicieuses épreuves contre l’ennui. La grande table basse avait été débarrassée, mais le tapis sur lequel elle reposait montrait encore de petites griffes, ci-et-là. Celles d’un petit animal, qui ne lâchait jamais d’une semelle son maître et ami, à la voix forte, les mots rudes, mais le cœur vieux et bienveillant. Quant à l’ensemble de coussins et chaises basses, eux qui avaient été entreposés au fond de la pièce dans un premier temps, entouraient désormais constamment le large tronçon de bois verni. Il n’était, après tout, pas nécessaire de ranger constamment quelque chose dont vous aviez besoin quotidiennement. Deux âmes s’y prélassaient d’ailleurs au moment-même sous une douillette masse de laine colorée…
Et enfin, il y avait ce fauteuil. Ce fauteuil de cuir. Inconfortable, étriqué, trop bas et trop profond à son goût… Mais sur lequel il ne rechignait jamais à s’asseoir pour échanger avec un invité. Tel un mirage de brume, la silhouette d’une jeune femme, aux grandes oreilles et à la chevelure blonde se dessina devant lui. Dans ce fauteuil, il avait parlé de longues heures… Il l’avait dit. Il avait dit pourquoi il avait fait tout ça.
Donc, finalement, s’il avait déjà fait ce fameux pourquoi… S’il l’avait déjà exprimé. Déjà enterré. Peut-être que… ?
Il scruta à nouveau le paysage qui s’offrait à lui. Ces vastes branchages à perte de vue, un océan végétal qui s’étendait seulement aussi loin que son imagination ne lui permettait. Car n’était-ce donc pas là, la seule limite que pouvait connaître leur univers… ? Celle que leur esprit leur imposait ?
Et si… Tout ce qu’il nous suffisait pour nous libérer de notre cage… C’était de la repenser autrement ?
Non…
J-je crois que…
.
.
Je crois que j’aimerai rester ici.
.
Juste encore un peu…
Loin, par-delà les murs, les mers et les monts…
« Excellence ! Nous avons pu obtenir des nouvelles de nos hommes postés à Bonta : il semblerait que la cible ait répondu à l’appel ! Votre plan a fonctionné, S- !
- Êtes-vous en train de suggérer que celui-ci pouvait échouer, lieutenant… ?
- N-non, a-absolument pas Votre Généralissime Grand- !
- Suffit ! » Depuis son trône perché sur d’innombrables marches, il agita furieusement son sceptre. « Hors de ma vue, et ne revenez que lorsque vous aurez reçu d’autres informations de la part de nos troupes. » Les yeux bardés de fard blanc se plissèrent sous des traits prédateurs. « Et j’espère pour vous qu’elles seront bonnes… »
Sans plus de cérémonie, le militaire fit claquer ses talons, ce bien entendu sans oublier de saluer une dernière fois son monarque, et s’enfonça dans le long corridor obscur.
« Il semblerait que nous soyons enfin parvenus à séparer ce satané Joris de son dragon ! » S’exclama-t-il. « Comment se prénommait-il déjà ? Fasté.. ? Pharo.. ?
- Phaéris, Mon cher Époux ?
- Oui ! C’est tout à fait cela, Ma Reine ! » Rire aigu. « Cela devrait enfin nous permettre de passer à la vitesse supérieure ! Mais pour ce faire, nous allons avoir besoin d’un petit coup de main… »
Il s’empara alors d’une plaque de verre emprisonnant un parchemin. Sur ce-dernier, l’on pouvait apercevoir le portrait d’un homme aux longs cheveux bruns, le regard vif surmonté de lunettes, et deux larges cornes de part et d’autre de sa tête… le tout accompagné d’un rictus mauvais.
« Et je sais exactement à qui nous devrions « demander » ce service… »
.
. Ha !
.
Il faut croire que le dicton dit vrai, alors…
.
On ne fait pas d’omelette sans casser du Dofus, haha, ha !
~ Fin du Chapitre 8
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Writever Janvier 2024 : médias !
01 – Sortie
4h avant la sortie du nouveau numéro de l'Aventurier Moderne, notre éclaireur ne donne pas de nouvelles. 3h, il y aurait une ouverture par la porte de livraison, 2h, nous sommes dedans, 1 heure... Encore 4000 exemplaire à détruire pour préserver notre secret.
02 – Magazine
- Mais qui achète encore des magazines en 2065 ? Je ne savais même pas que ça existait encore !
- L'industrie s'est tournée vers le blanchiment d'argent, c'est pour ça qu'ils coûtent plus cher que les livres... et puis j'adore ces mots croisés.
03 – Micro
Avec le nouvel ePhone, en partenariat avec TokTok, vos enregistrements seront censurés en direct par IA, vous permettant de gagner un précieux temps en post prod !
Finit la corvée de vérification des nouveaux mots censurés par TokTok !
04 – Tournoi
-Après le séminaire se tiendra un tournoi télévisé sur 4 mois. Un poste garanti au premier classé, possibles ouvertures de périodes d'essais chez nos partenaires pour le top10.
-On parle bien du poste d'agent d'entretien des tubes de machine à milk-shake ?
5. Papier
Sous un climat aussi humide, le papier se conserve mal, et les essences de bois locales ne sont pas adaptées à sa fabrication. Les veines d'argile en revanche sont nombreuses, c'est pour cela que dans leur langue "cuire" et "archiver" sont un seul et même mot.
#writeverjanvier2024#writever#writever2024#writers on tumblr#écrire#écriture#writing prompts#auteurs de tumblr#court#format court#writever fr#writeblr#writing#writerscommunity#SFFF#science fiction#fantasy#fantastique#imaginaire
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Des éclaireurs soviétiques du 1031e Régiment d'artillerie de la 100e Division d'infanterie de la 40e Armée du Front de Voronej dans la salle de contrôle principale de la centrale hydroélectrique de Voronej – Première bataille de Voronej – 1942
#WWII#front est#eastern front#bataille de voronej#battle of voronezh#armée soviétique#soviet army#armée rouge#red army#front de voronej#voronezh front#1st ukrainian front#voronej#voronezh#union soviétique#soviet union#urss#ussr#1942
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Attribution: first image is Paul Gauguin (French, 1848-1903), Haere Pape, 1892. Oil on canvas. Second image is Little Girl on Dog, probably American, 19th-20th cent., reverse painting on glass. Third image is Henri Rousseau (French, 1844-1910), Scouts Attacked by a Tiger (Éclaireurs attaqués par un tigre), 1904, oil on canvas. All viewed at Barnes Foundation, Philadelphia, Pennsylvania, USA.
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Corbeaux
C’était une nuit calme et douce. Pourtant, je n’arrivais pas à dormir. Je pensais à cette bataille prévue le lendemain. Je savais qu’elle ne serait pas facile car l’ennemi est vicieux, fourbe et revanchard. Leurs guerriers sont connus pour être belliqueux, et ils n’ont pas peur de la mort.
La porte de ma tente s’ouvrit laissant apparaitre une silhouette féminine. J’aperçus, derrière elle, un feu crépiter autours duquel trois légionnaires trouvaient de la chaleur.
Marcus, tu dors ?
Je relevai légèrement la tête pour observer la jeune femme. Macha était une très belle femme brune au teint blanc. Je l’avais rencontré dans d’étranges circonstances. Après un énième combat, j’étais parti m’isoler près d’un lac. J’étais fatigué, alors, je m’allongeais dans une herbe grasse. Je sentais ce court soleil du nord de l’ile de Bretagne réchauffer mon visage en pensant quitter la légion. Tout-à-coup, le soleil disparut caché par un ombre venue de nulle part. Macha me faisait face. Son corps ferme et harmonieux se dessinait légèrement sous une longue robe blanche. Elle me sourit avant de dire:
Ainsi, c’est donc toi !
Je restai abasourdi par la beauté de cette calédonienne. De plus, je fus intrigué d’entendre une voix féminine parler un parfait latin. Nous discutâmes de ce qu’elle voulait dire par cette phrase. Sa réponse me surprit encore plus :
Tu es celui que je dois prendre soin. Avec moi tu connaitras la gloire et la richesse à condition que tu ne parles jamais de moi.
J’acceptais son pacte et depuis, je ne sais comment elle entre et sort du camp, sans être remarqué par les légionnaires. Elle entre comme ce soir, se couche auprès de moi. Nous discutons de tout sauf de la guerre. Nous faisons l’amour puis elle part avant le lever du soleil.
Cette nuit, je regardais sa robe blanche glisser le long de ses hanches. Elle approcha, releva les couvertures et se colla contre moi. Elle me laissa l’aimer. Je sentais ses cuisses me serrer m’incitant à m’enfoncer en elle. Ses ongles lacéraient mon dos. Ses yeux me regardaient avec passion. Sa bouche me réclamait. Elle aimait que je l’aime. Puis, après un long râle de plaisir, nous restâmes exténués. Je repris mon souffle pendant elle reposait sa tête sur mon épaule.
La bataille de demain sera terrible. Les dieux ont décidé de s’en mêler, murmura-t-elle.
Serais-tu une espionne ? demandai-je. Dans ce cas, je serai obligé de te faire arrêter et torturer avant de te condamner à la crucifixion.
Je cours trop vite pour que tu me rattrapes, affirma-t-elle en riant.
J’accompagnais son rire dans demander d’explications. Je ne me sentis pas m’endormir. A mon réveil, Macha avait une nouvelle fois disparu. Mon aide de camps entra alors que j’étais toujours couché. Il annonça que la légion était prête. Soudain, il ramassa quelque-chose au pied de mon lit. C’était une plume de corbeau.
Cela faisait une bonne heure que nous avancions dans une plaine déserte et encerclée de petites montagnes et de collines. Les hommes ne supportaient plus les moustiques qui suçaient leur sang. Ils marchaient à pas lent. Devant la cavalerie revenait lentement. Les chevaux appréciaient mal de galoper dans cette tourbe. Leur chef fit son rapport. Je m’étonnais d’apprendre qu’il n’y avait personne d’autre que nous.
Qui est cette femme, demanda un centurion en pointant son doigt.
En haut d’une colline, assise sur un rocher, une femme dansait avec des oiseaux. Elle écartait les bras imitant leurs ailes déployées. Elle semblait jouer avec eux. J’ordonnai qu’on envoie quatre hommes afin de la capturer pour obtenir de possibles renseignements. Je regardai les cavaliers se diriger vers la belle. Son comportement paraissait étrange, et déjà j’entendais autour de moi qu’elle était dangereuse.
Partout, il n’y avait rien d’autre que de la tourbe. Il n’y avait pas d’arbre, ni le moindre buisson. Cependant, à cause de l’atmosphère pesant, les hommes restaient sur le qui-vive. On pouvait sentir les tensions. Au loin, les éclaireurs étaient à quelques pas de la femme lorsque celle-ci se mit à chanter et à croasser.
Une nuée de corneilles s’envola avant de se jeter sur les quatre cavaliers. Ils chutèrent, hurlèrent sans arriver à se défendre. Les becs et les serres des oiseaux pénétraient et déchiraient leur chair. Le calme revint brusquement pendant que la sorcière dansait tranquillement. Un corbeau se posa sur son épaule. Son bec contenait un morceau de viande arrachée.
Cette scène mortifia les légionnaires. Ils demeurèrent muet devant tant d’horreur. Tout-à-coup, un cri provint de l’arrière, puis un second. La panique s’engouffra parmi les romains. On se débattait ! Des hurlements venaient de sous la terre. L’ennemi était avec nous. Il attendait patiemment enterré dans la tourbe, depuis le matin. Son chef avait jugé le bon moment pour sortir. En effet, nous n’avions pas la possibilité de s’organiser en bataille rangée.
Les pictes étaient pratiquement tous nus, le corps peint de bleu, certains en rouge. Ce qui voulait dire qu’ils ne feraient pas de prisonnier. Le combat fut rude et long. Je me battais au corps à corps. Je voyais mes hommes tomber, s’écrouler sous les coups de haches et d’épées de nos adversaires. Mais nous leur rendions la pareille.
La dame aux corbeaux dansait toujours avec ses oiseaux. Parfois, nous entendions des croassements, des chants venant de sa part. Elle encourageait les pictes à vaincre les soldats de la prestigieuse Rome. Finalement, nous prîmes le dessus. Nous arrivâmes à encercler la dizaine de survivants. De notre côté, je voyais des légionnaires exténués, fatigués. Nous avions perdu au moins la moitié de la légion. Alors, je me mis à parler.
Fiers guerriers de Rome ! Hier, Macha, la plus belle femme du monde m’avait annoncé la bataille serait terrible. Nous en avons payé le prix, mais aujourd‘hui, nous avons vaincu ! Merci Macha !
Les hommes se mirent à scander mon nom.et celui de Macha. Leurs voix résonnaient dans la plaine. La femme de la colline leva les bras et croassa soudainement. Dès lors, des milliers de corbeaux répondirent et j’eus l’impression que le sens de leur cri disait Macha. Nous restâmes surpris, puis tout-à-coup, des milliers de guerriers apparurent en haut des collines. Nous étions encerclés. Ils frappaient sur leur bouclier. Ils croassaient et criaient le nom de Morrigan. Ils hurlaient nous insultaient.
Dès lors, je réorganisais les centuries en trois rangs de chaque côté. Pendant ce temps, le reste de la cavalerie de chargeait des survivants de la première attaque. Le sang collait à mon plastron. J’en avais aussi sur les bras et le visage. Je restai au milieu des cohortes, attendant que les calédoniens chargent. Tout d’un coup, une voix douce susurra au creux de mon oreille.
Je t’avais prévenu de ne jamais parler de moi.
Je me tournai et remarquai au loin, sur la colline, une seconde femme à côté de la fameuse déesse Morrigan. Je reconnus sa longue robe blanche ainsi que ses longs cheveux noirs. Une larme perla sur sa joue. Elle baissa la tête. Brusquement, un corbeau noir atterrit sur mon épaule. Je restai statufié sans savoir quoi faire. L’animal se dressait avec fierté. Et au moment de croasser, les pictes se jetèrent dans la plaine en courant et hurlant le nom de Morrigan, la déesse de la guerre et du massacre.
Ce jour-là, elle fut comblée. Ses corbeaux ont été rassasiés par les milliers de morts jonchant la plaine.
Alex@r60 – août 2023
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Il y a cette histoire des quatre bons éclaireurs qui avaient aidé une vieille dame à traverser la rue, et avaient fait un rapport à leur guide:
— Et on avait besoin de vous quatre pour cela? demanda le guide étonné…
— Elle opposait une résistance assez forte, ont-ils répondu.
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Les “Éclaireurs de France” - BOY-SCOUTS FRANÇAIS
Origine des Boy-Scouts La création des Boy-Scouts dans les Îles Britanniques en 1908 est due au lieutenant général Baden-Powell, qui a pris part à toutes les grandes opérations coloniales de son pays. Dans ses périodes de loisir, il a mené une vie sportive intense. Ayant constaté les lacunes militaires que révéla la guerre du Transvaal et voyant se rapprocher les difficultés internationales qui…
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Samedi 15 Avril - Étape 11: Courcelles - St Hilaire de Villefranche. Ce matin, enfin un grand soleil, mes chaussures sont à peine sèches mais elles seront sèches à l'arrivée . Marie Jeanne me donne des conseils sur le chemin à parcourir ou plus précisément une zone du chemin à éviter entre Courcelles et St Jean d'Angely qui est à environ 1h00 (a pied bien-sûr). Je profite du marché de cette ville pour faire le plein, afin d'assurer le repas de midi car si j'ai bien regardé, je ne traverse que des hameaux sans aucun commerce. Et finalement j'ai eu le nez fin. suite à la pluie d'hier, tel un éclaireur, je scrute le sol pour repérer des traces de pèlerins et je suis particulièrement une trace fraîche depuis un certain temps et donc me dis que peut-être ce soir un autre pèlerin m'accompagnera pour le dîner ! PERDU , Il a dû prendre un autre logement ou aller plus loin. Vous l'avez deviné ce soir je suis encore en solo. Mais je me rapproche de cet être qui me fuit. La nuit dernière, ils étaient 8 dans le gîte que j'occupe ce soir et demain 3 d'annoncer. Je crois qu'un record va être établi : 11 étapes sans voir un Pèlerin piéton. À Suivre...
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Les chevaux en Russie (1812) Partie 2
(suite partie 1)
Ça passe ou ça casse ?
La perte des dépôts de chevaux et des stocks de fourrage profitait à l'ennemi et allait compromettre la ligne opérationnelle Vilna-Minsk-Smolensk.
Napoléon fut contraint d’abandonner Smolensk, et de se replier en direction de Minsk. Il partit le 13 novembre, et l'arrière garde du maréchal Ney le 17 à minuit.
L’itinéraire Smolensk-Orcha fut un risque des plus dangereux : 120 km entre 4 et 6 jours, les marches nocturnes, une chute de la température passant de -10°C à -16-18°C, les chemins verglacés, la fatigue, le manque de vivres, puis le combat de Krasnoï.
Ces contraintes additionnées allaient décimer les chevaux : une perte de 30000 chevaux, surtout ceux originaires de France et d'Allemagne. L'attelage étant diminué, l'ordre est donné de détruire une partie des pièces de canon et des munitions, et de brûler les caissons, bagages et charrettes inutiles.
L’armée de repli devint temporairement quasi aveugle les éclaireurs à cheval se limitant à 2 km delà des troupes.
Ça passe ! "Hourra !"
Mais malgré cette semaine noire, le passage du fleuve Borysthène s'effectua.
Il n'y avait pas d'ordre de bataille, à ce moment, sur l'axe Smolensk-Orcha. Il n'y a qu'un combat sur Krasnoï pour la sauvegarde de la ligne opérationnelle.
Les corps d'armée sous le commandement de Napoléon étaient en mouvement et espacés de 1 à 3 jours. Les corps d'armée russe sous commandement de Koutuzov n'avait pas les moyens de livrer bataille suite à leurs défaites de la Moscowa et à Maloiaroslavets. Les Russes n'essaieront que de suivre, attaqueront uniquement les unités vulnérables et les trainards.
L'avant-garde (VIIIe corps) de Junot, le Ve corps (polonais) de Poniatowski, la Garde, la cavalerie Murat, le IVe corps d'Eugène, et le Ier corps de Davout ont su protéger leur ligne opérationnelle, ont repoussé les quelques attaques de l'avant garde russe, ont pu passer le fleuve Borysthène à l'Ouest, et rejoindre Orcha en sécurité.
Ne restait que le IIIe corps de Ney, formant l'arrière-garde, isolé en position vulnérable à l'Est de Krasnoï. Il allait subir les attaques et de lourdes pertes des avant-gardes russes en supériorité numérique. De là, suit un épisode d'aventures où seuls les audacieux et braves survivent. Ney et les rescapés réussirent à esquiver en passant sur l'autre rive Nord du Borysthène. Les marches intensives de nuit avaient finalement permis de distancer l'armée de Kutuzov de 3 jours.
Entre temps, la division Dombrowski laissa la ville de Minsk aux mains du corps russe Tchitchagov, ce qui coupa la ligne opérationnelle entre Vilna-Borissof-Orcha. Dombrowski fut contraint de partir sur Borisof pour rejoindre Napoléon.
Les 19-20 novembre, à Orcha, Napoléon réorganisa les corps d'armée I, III, IV, V et VIII.
Le 22 novembre, à Tolotchine, ils trouvèrent de la farine considérable et une grande quantité d'eau de vie dans les magasins. Les soldats et les chevaux ont pu se remettre en état.
Les IIe corps d'Oudinot, IXe corps de Victor et la division Dombrowski allaient se joindre aux cinq corps de Napoléon, et allaient apporter une bonne quantité de chevaux...
Arrivé le 23 novembre à Bobr, Napoléon réorganisa, une nouvelle fois, la cavalerie : on brûla la moitié des charrettes, et 200 chevaux allèrent compléter le parc d'artillerie.
Le 24 novembre, le IIe corps d’Oudinot fit 2000 prisonniers au corps d'armée russe de Tchitchagov, et récupéra 6 pièces de canon, 500 voitures de bagages, et un nombre non négligeable de chevaux.
Les manuscrits du secrétaire particulier de l'Empereur indiquent : "une file d'artillerie de 250 bouches à feu, leurs approvisionnements, 300 voitures qui passent tranquillement la rivière Bérézina le 26 novembre. Sans compter les passages du 27 et 28 novembre, nous serions impressionnés du nombre de chevaux de traits présents…"
Et les chevaux de selle furent, semble-t-il, assez nombreux, les 28-29 novembre, pour culbuter et achever les avants des corps russes de Tchitchagov et de Wittgenstein, sur la rive droite, et rive gauche de la Bérézina.
Bataille de la Bérézina, victoire française qui permettra de sécuriser la retraite et de distancer de plusieurs jours l'armée russe.
(Txt LB)
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