#« Vois ! Nous sommes de tes os et de ta chair.
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#LECTURES DE LA MESSE#PREMIÈRE LECTURE#« Ils donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël » (2 S 5#1-3)#Lecture du deuxième livre de Samuel#En ces jours-là#toutes les tribus d’Israël vinrent trouver David à Hébron#et lui dirent :#« Vois ! Nous sommes de tes os et de ta chair.#Dans le passé déjà#quand Saül était notre roi#c’est toi qui menais Israël en campagne et le ramenais#et le Seigneur t’a dit :#‘Tu seras le berger d’Israël mon peuple#tu seras le chef d’Israël.’ »#Ainsi#tous les anciens d’Israël#vinrent trouver le roi à Hébron.#Le roi David fit alliance avec eux#à Hébron#devant le Seigneur.#Ils donnèrent l’onction à David#pour le faire roi sur Israël.#– Parole du Seigneur.#PSAUME#(Ps 121 (122)#1-2#3-4#5-6)#R/ Dans la joie
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Lâche, cette larme, elle est à Moi.
Notre héritage est là, aussi sûr que Jésus a porté les bandelettes mortuaires et cessé de vivre. Aussi sûr que son corps a cessé de fonctionner, froid comme la pierre. Aussi sûr que son souffle a cessé de sortir et de revenir dans ses poumons. Aussi sûr que cela, nous sommes justifiés. Pas à cause de ce que nous faisons, mais à cause de ce garçon tenté par le diable et dignement, ardemment, décidément accroché au cœur de son Père —jusqu’à la froideur d’une pierre aussi froide que son corps, dans la noirceur d’une tombe où l’air ne rentre plus. Jésus est mort —pourquoi? sinon pour nous rendre capable de répondre au diable que ce n’est pas à propos de nous, mais de cette obéissance qu’il a montrée Lui. C’était pour nous la léguer en héritage qu’il l’a pratiquée et accomplie. Dans la peau et les muscles et la chair et le cerveau et la pression artérielle d’un humain de sang et d’os. C’était pour nous. Pour tout ce que nous n’arrivons pas à donner à Dieu. Sa perfection et son sans-faute, pour nous sauver de la nôtre, de situation. Du nôtre, de manque. Du gouffre abyssal de tout ce que nous devions donner à Dieu et que nous n’arrivions pas à donner, alors que nous Lui devions, et que cette dette demeurait constamment contre nous, comme un obstacle insurmontable entre Lui et nous. "Je pourrai être satisfait envers toi, quand tu M'auras rendu tout ce que tu Me dois. Quand tu auras réparé tout ce que tu m'as gâché. Et que tu auras d'abord expié tout ce que tu as commis de déplacé par rapport aux autres et Moi." Comment arriver à avoir une relation avec un Dieu qui n’aurait que des reproches, puisque nous sommes tout sauf comme Lui ? Quelle tragédie des attentes, des demandes, des listes incessantes et longues comme l’infini, de choses que je n’arrive pas à faire, alors que je voudrais être simplement là, être simplement en paix et en simplicité avec Lui.
Oh mais c'est Lui, qui voulait cela encore plus que nous.
Nous délivrer du poids constant de ce que nous ne sommes pas capables de produire et de ce que nous ne méritons pas de recevoir et de ce que nous craignons tout le temps de Sa part.
C’est pour cela, pour tout cela, que Jésus a tenu toute la peine de ton péché sur son cou à Lui. Comme un joug d'anxiété. Comme un couperet de guillotine. Comme une sentence et une punition qui est tombée.
Pour te libérer de tes dettes, et te transférer tout de Lui.
Ce péché dans lequel tu te débats a déjà été payé, et quelqu’un a déjà été jugé pour ça. Frappé pour ça. Et ce n’est pas toi. C’est Lui. Précisément pour que tu puisses savoir qu'ici et maintenant, Dieu est avec toi. Il est pour toi. Il s'est déjà vengé de ce péché sur Jésus quand Jésus l'a connu et porté dans sa chair. Et Jésus l'a vaincu. Donne-Lui. Lui seul peut le vaincre encore et encore. Ce péché est à Lui. Il l'a acheté avec sa vie pour que tu ne sois plus celui qui en sois responsable. "Le Fils de Dieu n'est pas venu pour condamner le monde à cause de son péché, mais pour que le monde soit sauvé par Lui." C'est pareil pour toi ici et maintenant. Chaque jour de ta vie. Jésus ne te condamne pas, mais il veut que tu le regardes et que tu le laisse te dire que tu n'es pas ce que tu vois. Tu es ce qu'il est, Lui. Laisse la vérité atteindre la moelle de tes os, et le péché qui te lie se dissoudra comme neige au soleil. Tu n'as pas à te battre : tu n'es pas ça. Tu es la justice de Dieu en Christ. Vois ce péché sur le Fils à la Croix. Il a pris cet obstacle entre toi et lui, et en a pris la responsabilité. Il t'aime à ce point-là. Il a ôté ce qui t’éloigne de lui. Tu n'as pas à craindre le rejet de Dieu —il a compassion de toi. Il est avec toi. Il veut t'aider à vaincre ça. Il n’y a plus de motif pour que tu attendes une guillotine sur ta tête parce qu’il n’insultera jamais la mort de son Fils. Elle a été efficace. Il n’y a plus besoin de guillotine. Ton péché est parti. Il n’y a plus ton péché devant Lui. Il est englouti dans la mort et le corps de Jésus brisé sur la Croix. Et Jésus est ressuscité : Parce que tu as été justifié.
Alors lâche cette responsabilité, lâche cette larme, lâche ce péché. Accepte ce scandale que la chair pense immonde et impossible à réaliser, le plus dur acte de foi jamais demandé à l’humanité : accepter de rejeter sur Jésus la faute de ce qui est à toi et que tu sais très bien avoir mérité. Tu dois accepter de tout rejeter sur Jésus. De t’aligner avec sa volonté à Lui, qui est de te libérer de ces choses par le moyen de les rejeter sur lui. C'est la seule foi qui compte et la seule qui sauve, celle qui fait confiance à la foi que Jésus a gardée, et pas à la tienne —à la perfection de Dieu, pas à la tienne —Dieu venu sur cette terre pour être parfait à ta place en tant qu'humain, et te l'offrir en héritage de paix avec Lui. C’est le seul échange que propose la Croix. Il n’y a pas de salut glamour et satiné, qui soit facile à notre chair ou glorieux pour notre mérite. Il n’y a qu’un scandale et une pierre sur laquelle on se brise ou on est redressé. Il n’y a qu’un statut immérité, royal sans avoir rien que Lui, et une bénédiction d’amour, reçue sans rien avoir produit.
Il n’y a qu’un pécheur au milieu de son péché, de sa distance, de son hostilité, de son orgueil, de son iniquité, qui s’entend dire qu'il est aimé infiniment, que le pardon de ses péchés a été complètement accompli, et que Jésus est le seul qui compte.
C'est parfois plus facile de se condamner soi-même que d'adorer Jésus. Mais c'est l'inverse de ce que Dieu veut pour nous.
Dieu regarde depuis l’autre côté de la mort de Jésus. Depuis l’autre côté de la Croix.
Il l'a ressuscité. L’œuvre a été approuvée à la perfection.
Jésus a été prouvé saint, et notre péché trainant la mort au bout d'une chaîne a été prouvé envolé. Jeté au fond de l'abîme comme un boulet au fond de l'océan.
Dieu ne nous bénit pas parce que nous le méritons. Il nous bénit parce que Jésus le mérite.
Celui qui obéit parfaitement à la loi obtient toutes les bénédictions de Dieu. Jésus est la loi vivante. Il la pratique à la perfection pour toute l'éternité. Sur Lui les bénédictions sont pour toujours fixées. Et il l'a fait dans un corps d'homme, pour nous. Pas pour lui. Pour que cela nous soit imputé à nous, comme justice infinie et imméritée. Pour que nous soyons participants de toutes les bénédictions qui ne sont qu'à Jésus. Elles s'accrochent à ses boucles comme la rosée. "Oh, le parfum de mon fils est comme celui d'un champ que l'Éternel a béni ! Que Dieu te donne la rosée du ciel et la graisse de la terre, du blé et du vin en abondance ! Que des peuples te soient soumis, et que des nations se prosternent devant toi ! Sois le maître de tes frères, et que les fils de ta mère se prosternent devant toi ! Maudit soit quiconque te maudira, et béni soit quiconque te bénira." —Genèse 27:29
Ton péché passé, présent, et futur, appartient maintenant à Jésus, et Dieu considère que c'est Lui, l'auteur et le responsable auquel il faut demander des comptes.
Tu es racheté. Tu es au Bien-Aimé. Tu es irrémédiablement béni. Tu es prisonnier de sa justice. Tu es Lui, aux yeux de Dieu. De même que c'était toi, aux yeux de Dieu, cloué sur cette Croix.
Tu as été transféré dans le Royaume de sainteté. Et même le diable sait que tu n'es plus fait d'un matériau qu'il puisse incriminer. Il continuera de t'accuser en pointant du doigt ce qui est mort. Mais ne le laisse pas parler. Tu es né de nouveau de l'Esprit de Jésus. De la Parole de Dieu. Tu es de cet Esprit. Il s'est uni à toi. Le Dieu de l'univers t'a aimé le premier.
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I. J'AIMERAIS : MINOTAURUS INEST – poème pour Calista (10/2020) II. J'AI AIME : VENDANGES D'ETE – poème pour 'Narcisse' (09/2020) III. J'AURAIS AIME : PANTHERES – Poème pour Julia (09/2011)
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Préambule
Je ne sais jamais vraiment lorsqu'un corps est disposé à être enlacé même lorsqu'il se dénude face à moi.
Je ne sais pas trouver les mots qui enjoignent une âme à s'attarder durablement dans mes quartiers.
Je ne sais pas non plus me taire car le silence me renvoie à mon cubiste faciès qui aurait tant besoin de s'apaiser sur le ventre d'une femme.
Il existe pour chacun un être qui a vraiment besoin de nous; mais nous nous donnons le plus souvent à ceux pour qui nous ne sommes point nécessaires..
Je sais bien que l'herbe est plus verte partout ailleurs que sur mes terres; je sais bien que personne ne me sortira jamais du labyrinthe dans lequel j'erre depuis toujours..
Mais ce soir paisiblement je viens m'asseoir: je laisse mon âme s'embraser au souvenir de ta personne..
Je t'offre une allégorie: celle de ce brasier intérieur que je porte en moi depuis des décennies tel un talisman..
MINOTAURUS INEST -Veneris monumenta-
J'aimerais que tu te postes à nouveau au sommet de mon lit le dos apposé contre le mur de mon salon, quasi-nue.
Un quart de siècle nous sépare en âge, mais tes yeux francs, intemporels, presque mystiques m'adressent un familier langage..
Laisse-moi déposer ma joue très doucement dans le creux de ton cou, être la plume qui rejoint son nid..
Je suis un enfant, une panthère, une brise d'Eté; je suis un grand soleil près d'un refuge aux portes de coton..
Ta bouche est une fleur sauvage, qui parfume mon âme de papillon. Vois mon aile silencieuse se poser sur la soie de ton épaule chaude !
Le temps suspendu infuse mon âme à ta presqu'île; Mon souffle sur ta peau me grise: tu es ma vapeur d'absinthe !
Ta chevelure est désormais un vaste champs moissonné à mon vexillum externum.
Ton épiderme irradie contre le mien comme un pain chaud sorti des braises !
Aucun des chats sacrés de l'antique Egypte, n'a transporté autant de lumière que ta peau : Hathor, Isis et Rê se sourient et se taisent lorsque je te caresse.
Tes deux pyramides sont des flacons de rivages. Fais-moi boire de ton lait; enfante ma déraison !
Mes griffes de faucon ratissent ta nuque; je porte mes dents à ton cou, je mordille ta chair tel un vampire avide..
Je suis ton Minotaure, ton Lucifer, ton Dracula !
Mes doigts délicats viennent broder d'audaces un incertain langage à même tes seins..
Des alcools de prune et de poire coulent à présent de tes tétons; je t'attrape au cou, tel un canidé, pour te tirer lentement vers moi; je sens tes fioles d'effluves infiltrer mon cœur; Ta bouche capture la mienne comme une proie fébrile. Tes bactéries s'engouffrent dans mon sang, restaurent ma matrice.. Je vois des gouttelettes d'eau fines bouillir sur ta peau puis s'évaporer au diapason de tes soupirs..
Tes aréoles crantées pénètrent souplement mon torse. C'est alors que le grand mât du Drakkar se lève et tu l'absorbes sans tarder tout entier en toi, dans ta forêt d'éponges.
Ta rosée coule déjà du septième ciel convoité. La chambre se tapisse d'un rouge-violacé..
Je sens ton odeur animale qui s'abat comme une tempête: tu plantes tes yeux intenses tel des ancres dans l'océan de mon âme. Je me retourne tout entier sur toi, ragaillardi par ton puissant courant.
Ta bouche carmin a faim de recevoir l'écume de ma lèvre.
Je t'ensevelis d'une vague puissante et j'engouffre encore davantage ma corne de Minotaure dans le tréfond de ton corps.
Voici l'offrande de nacre: de multiples orages tonnent dans ta chair Tu tressailles d'accueillir dans ton caveau ma liqueur de perle.
L'onde de choc de ma queue se prolonge tel un écho parmi tes dunes.
Tu m'enfonces tes ongles dans le dos si profondément que je sens distinctement ton nom se graver sur mes os. Je plante à mon tour mes dents dans ta jugulaire tandis que tes canines percent mon épaule.
Je m'abreuve, tu me bois, nous nous embrassons follement pour partager ce vin de messe.
Je ramasse au sol des caillots de raisin et je les porte à ta petite gueule affamée. Tu les dévores en me dévisageant.
Ta bouche coule infiniment jusque dans ton nombril et abreuve les petits papillons qui palpitent dans ton ventre.
Le coutelas divin de ton sourire en coin me suggère un sacrifice à venir
Tu t'éclipses dans la salle d'eau et déjà tu m'inspires de vilaines rêveries..
Relevant une pièce d'étoffe trop ajustée à tes hanches tu me laisses entrevoir l'arrogante colline hirsute.
M'empoignant le vit en me fixant des yeux, tu veux me voir céder à proférer mes ordres rabaissants.
Ta bouche lascive de succube réclame la lie de mon calice !
Ta main est un nid à serpents; elle me caresse et me compresse pour que je crache enfin tous mes mots volcaniques.
Tu m'engloutis de ta gueule de fauve pour m'assassiner de plaisir.
Des torrents hypnotiques se répandent en moi, tandis que tu bois toute ma fontaine.
Démon repu, tu m'adresses un sourire. Je suis une comète dans la galaxie de tes yeux fauves.
Aucunement je n'ai la beauté d'Artemis, mais je peux être un grand forgeron de volupté ! Fais de moi le gardien secret de tes moiteurs, l'arboriste de ton plus secret jardin..
Je l'avoue, je suis parfois jaloux des visiteurs que tu salues de ton candide balcon. Tous ces mirages, si laborieux, sont autant de déserts..
Et si chaque homme est fait de sable, je serai ton désert de Mojave, ton Dasht-e-lout, ta Kébili. Je serai le Queensland bouillant au milieu des montagnes de feu.
Mon orgueil est un empire suintant, et tu le sais toi qui réapparais dans une robe andrinople..
De ton dos je m'approche; tes ourlets, déjà, se pourfendent de flammèches..
Je veux sédimenter encore à ton épaule; j'entrevois tes doux seins dans l'écorchure de ta robe; ta bretelle s'affaisse ainsi que ta chute de reins; soudain, le bas de ta robe s'enflamme
Tes doigts fraîchement vernis soulèvent avec une insolente lenteur le tissu embrasé !
Le bas de ton dos est désormais tatoué d'obscurs hiéroglyphes; «Sois indécent» chuchotes-tu.
J'ai besoin de lécher ta petite béance, comme un chien des enfers !
Tes canines d'orque scintillent dans le miroir; Tu lèves un bras au ciel; tes doigts gracieux s'éventaillent et s'enroulent tandis que la chambre prend feu.
Je pointe à mon tour vers le ciel un index qui se change en verge féconde; et tandis que les parois de ton éminence charnue s'abandonnent à mon autorité, j'enfonce un doigt séminal à ton nombril..
Des Jigokubana naissent soudain dans tes cheveux; une nuée de papillons pourpres et ocres comme sortie des enfers, vient butiner chacune de tes mèches, éteignant les feux alentours de battements d'ailes..
Des abeilles rouge-ponceau surgissent à leur tour. Tu étires ta langue en récupère de tes doigts un étrange miel que tu portes aussitôt à mes lèvres, à mes seins; de mon gland jusqu'au galbé séant.
Tu n'aimes rien tant que me sentir palpiter dans ta bouche; tu me dégustes infiniment, tandis que des plumes d'ange tombent très lentement sur nous comme une fine pluie; tandis que des sirènes au lointain nous chantent leurs plus doux sortilèges..
Sois mon alcool, mon brasier, ma folie, sois ma déesse et ma putain, Sois le petit matin des longues nuits.
Le soleil s'attarde sur mon torse lorsque tu le caresses. Je veux te voir tournoyer en riant dans des champs de coquelicots mutants.
Sidère-moi; écorche-moi de souvenirs violents !
Fais de moi le buvard de ta cyprine et de ta lave, de ton urine et de ta bave. Baise-moi comme si j'allais crever demain. Je veux mourir et ressusciter dans tes bras..
Je veux tes hanches et tes pieds dans ma bouche, ton cul sur ma gueule et ma queue dans ta main. L'un dans l'autre, je veux nous mélanger encore et toujours !
Je veux tes mamelons sauvages, ta peau soyeuse, tes épaules et ton cou.. Je veux surtout tes yeux cosmiques au fond des miens tes cuisses et ton pubis amarrés à ma taille, quand je viendrai cent fois sur toi pour te donner mon âme !
Je rêvasse, je me languis, je me dilue.. Entends-moi s'il te plait, rejoins-moi ! Viens contre mon épaule et contemplons les derniers instants de ce monde-ci !
Je veux me noyer sans fin dans des étreintes folles; je veux brûler d'ivresses, célébrer le feu qui me porte et qui m'emportera jusqu'à l'ultime crémation ! . . . . . . . VENDANGE D'ETE
«Je te sens encore en moi et c’est merveilleux.»
Nos conversations les plus profondes m'as-tu dit se font à-même-la-peau..
Dans la chair du débat, nous avons pourtant tardé à entrer !
Peu prolixe sur tes fantasmes, je t'effeuillais mes vicieux grimoires..
J’envisageais un grand festin de luxure, mais ce bouquet final, vibrant entre mes anses est à présent une allée d’asphodèles dans mes artères échaudés.
~
Les séquences me hantent ; elles passent, défilent et repassent dans mon sang bouilli ; échouent dans de blancs mouchoirs..
~
Tes lèvres se scellent aux miennes par de grisants verrous, sitôt dégondés, sitôt rappelés à la forge charnue..
Tes seins, citrouilles pétries jusqu’à l’ivresse, par mes mains gourmandes et frénétiques: le carrosse est lancé, le feu aux écoutilles !
Ta voix déroule de petites musiques, de charmantes extases.. Tu chuchotes des mots comme des sortilèges..
Je mords chichement ton épaule, infiniment tenté d’y boire un sang doux et intense !
Je remonte la clairière tempérée de ton cou pour y broder mes ardeurs..
Ton oreille, si délicate à ma langue, entend bien que j’écrase à ton corps mes amphores d’épices..
Tu aimes être giflée, et je prends mon plaisir à contenter le tien !
Je t’attrape la gueule, je compresse tes lèvres avides de crachats ; je saisis ta gorge, je la sers. Tes yeux se dilatent ; ton sexe s'ouvre..
Je viens t’ensevelir comme une vague lourde, me répandre tel un prédateur piégeant sa proie pour lui dévorer soudain la bouche !
Je m'écrase à ton dos, je capture ta gueule, je la tourne vers moi.
Ô que tu aimes ça ! Index, majeur: coutelas caressant ta langue d’avaleuse de sabre ! Tu suces mes doigts comme des sorbets..
Tes dents sont des ornières quelque peu acérées pour un fourreau d’épée.. Je n’aime rien tant que ta main incertaine cherchant à faire blanchir ma lame ;
de cette lave tu te forges à moi !
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Ta gorge est un flacon sans fond, que j’aime compresser de l’extérieur; de l’intérieur..
Tu as la moitié de mon âge, pourtant ce tubercule carnivore au déploiement de tes cuisses absorbe intensément chacun de mes torrents dans sa forêt d’éponges.
Ta bouche est une autre caverne étrange où je viens me répandre en cascades blanches indigo..
Dès que je veux dormir, tu viens me réveiller; tu me prends dans ta toile de dentelles pour te piquer à mon dard..
A mon tour, je te réveille..
Mes bras deviennent enfin des bras lorsqu’ils enlacent ton corps ! Lorsque tes cuisses capturent mes hanches, le dragon millénaire crache son feu dans ton faste volcan !
De longs week-ends électrisés à ton réseau ont restauré mon hypophyse avant de délaisser mon câble dénudé à même l’orage..
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Bien malgré moi, j’aspire encore à déverser de pleins barils d’alcool de nacre pour enivrer chaque vallée..
Caresser ce cou, bestiale romance; lui faire absorber toute ma semence..
Ta peau a parfois l’odeur des bêtes grasses; ta nuisette est un tue-la-mort !
Pourtant j’étais loin d’être rassasié de toi, possédé d’une viscérale foi, jusqu’à crucifier ton ventre à ton stérilet.. «Avoue que tu es fier de toi» me lanças-tu.
Tu n’aimais pas que je m’excuse; tu aspirais aux collisions qui laissent traces..
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C’est alors que reparut le voyageur.. Ce quinquaméricain, boucher/militaire que tu croisas à Prague, et sur lequel tu harponnas, bienheureuse, je ne sais quel mirage..
Il s'était éclipsé, six mois durant avec tout son mystère, Ô mystère, ce paravent de vacuité, si cher aux pleureuses !
Moi, je te fais l'économie des petites phrases vaporeuses déversées aux gamelles des candides rêveuses..
Je ne suis pas de ce bois qui méduse et chavire le radeau !
Tu as éveillé un dragon affamé, alors forcément je m'enflamme !
~
Tout comme ce voyageur, je t’ai connue à surgir pour mieux disparaître: un pied ici, un autre au dehors..
Souviens-toi, la première fois que tu me proposas la botte, tu venais d'absorber ton conjoint !
Cet élégant Massaï blanc mis deux ans à dérider ton pistil.. Il me fallut deux jours pour que ma lance effile ta cible de velours.. A ton caveau, quelques gorgées de Romanée Conti !
J’aurais peut-être dû m'élancer plus tôt dans tes eaux, toi qui venait parfois amarrer ta barque à mon épaule pour y passer des nuits sans remous..
Nous aurions aimé dépraver nos fluides, vautrés dans la boue. Tu m’aurais braqué la face contre ton huître, fauve ! pour m’en faire ruisseler chacune des saveurs ; à mon tour, je t’aurais nettoyé de tes copeaux..
Poire William, chocolat chaud, dans tes collines et tes ravins. Rhum et pommes broyés déversés sans tact à tes lèvres indécentes..
Aucun gaillard à la ronde ne dégondera ta chair avec plus grande ferveur que la mienne, tu le sais !
J'ai dégusté tes hanches, tes doigts et péronés, pimenté tout ton ranch chevilles, cul et poignets..
C'est pourquoi en-corps et encore, chaque amante repointe inlassablement ses seins à ma bouche sa croupe à ma souche jusqu'à ce que je chasse âprement la bête..
Un mois durant, je suis resté ivre du sang de nos sexes gorgés.. Je voulais encore pétrir et détourer ton Lys, ta Sapotille, ton Physalis..
Mais Septembre à présent, délave le soleil délave mes ardeurs..
Le bon vin a tourné, la vendange d'Eté n'a plus son amertume.. . . . . . . . PANTHERES
Je veux me répandre sur toi comme une poutrelle de feu, propager mon onde sur ton corps alangui..
Panthère de rêverie, je viens frotter mon ventre sur ton écrin de mirage. Les copeaux de mon âme pénètrent tes reliefs ; je suis ton piège à loup décapsulant tes alcools d'ivresse , Je suis l'étoffe lourde qui vient boire à ton étang de nudité. Je t'attrape au cou comme un jeune tigre joueur , tes mains empoignent mon torse mûr.
Ma peau est à point, tannée par la ferveur de tant d'années de passions. Je veux planter mes orages dans tes perles d'abysse aux mystères pédants, troubler le reflet dérangeant de tes grands yeux félins..
Tigresse, tu peux lâcher ton râle, je défenestre ta pudeur. Les parfums de l'amour fermentent dans un ballet de gestes, de cantiques éperdus. Tous mes wagons sauvages viennent claquer sur ta rame ; mes canaux électriques se tendent comme des arcs et tu me plantes ton haleine jusque dans les tripes..
Tu me décoches tes discours en regards impétueux : - Achève-moi, que j'absorbe enfin ta matrice ; crache ton encre-crème à mon sexe carbone !
Tes pupilles débordent de fuel ; j'attrape un ange-mateur par les paluches et je le broie dans ta chevelure qui s'agite soudain comme un nid à serpents ; je casse le diable en deux et je poivre ton corps ! Montre-moi tes dents de hyène échaudée et j'inverse tes pôles, je te brode à l'épaule un murmure-baiser..
Ma langue mutine câline tes commissures de cuisses, puis je remonte à tes crocs qui capturent mes lèvres. Mon aréole soudain -impaire et passe- devient l'ostie de messe basse : je te chuchote à l'oreille tes propres aveux dans l'ascension de la jouissance..
Culmine ma belle, culmine ! Je te rejoins soudain dans l'albédo violemment déployé..
Oooh, j'adore l'écho de ton timbre vibrant lorsqu'il va pour découdre tout un pendant de ciel !
Je m'assoupis -relax- bordé par ton aisselle fumante..
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Je voudrais te dire que depuis toi je meurs
Je m’apitoie, je demeure dépité, victime de toutes les pitiés du monde
Le temps qui s’affermit me tue, mon écorce se détache
Tout mon corps se recourbe, car mon âme le déserte
Je sens ton absence courir sans recours, ton souvenir sans retour me tomber dans les mains
Ton oubli me couler dans les veines comme un poison mortel
Ta douceur, ton rire et tes mots sont des heurts pour une mémoire de douleur, les joyaux d’un joyeux bordel où coulent des larmes de manque
A rebours je dévale, abruti de pensées, le temps des illusions qui retirent leurs déguisements de honte
Je ne vois que la rance tournure des journées qui finissent sans n’avoir jamais commencé
Ce monde pleurniche de n’avoir rien d’amour à recevoir des hommes
Et leur renvoie son néant de misère et de torture morale qui ne le sauve pas
Et quand l’un de ces hommes déverse ce qu’il a de possibles, ce qu’il a d’éblouissement
Coeur ouvert, face à nu, plume de chair dans un cahier d’émois, toutes semences semées
Pour absoudre la laideur des jours qui pleuvent et déçoivent toujours
Ce monde méprise, ce monde contre et bafoue, suspend, hésite, frappe fort et viole de toute sa stupeur, de toute sa sidération, celui qui le remercie à genoux
Une sécheresse qui tombe comme les moissons qui noient
Ce monde est balourd, ce monde est ingrat
Ingrat il vieillit, l’écho de la mort l’appelle, déjà, par-delà les tentures du temps
Ce monde a peur, bien plus peur que moi
Mais biensûr tout ce monde, vaste, ce tout petit monde, c’est moi
Ce monde, c’est mon vent, vent de rien, qui entre et sort pour finir à plat, qui n’aboutit qu’à ma fin, qu’à mes manies, mes ratés, mes chantages, déliées de l’espoir et de l’envie, du vouloir qui veut pour nous la vie sous des formes adoucies.
Ce monde c’est moi
Cette souffrance qu’il m’envoie, c’est moi qui la donne, elle n’est que faiblesse, ma faiblesse, la douleur des choses qui s’abattent comme bat mon coeur pour se débattre de mes os, défaits, par cette force aveugle qui me survient du dedans.
Rompre avec une idée, un chant, qui s’embourbe par le mensonge qu’on lui profère avec toute notre bonté qui se trompe, avec toute ces données qui tournent en rond dans les sphères privées de publicités qui tourmentent, c’est le moindre des maux à surmonter. Car du moindre défaut nous faisons des effets, toutes les pauvretés le prouvent.
Nous dansions nous chantions, nous parlions, nous jouions, nous vivions heureux l’espace d’une histoire sans demain
Nous ressentions, nous riions, nous nous sommes à peine vus que déjà nous aimions
Nous nous étions tout dis, nous avions déjà tout pris l’un de l’autre, tout compris c’est un fait
Et nous souffrons, et nous mourrons d’être les mêmes
De ne savoir comment aimer sans ne pas se tuer
Sans ne pas suicider par la force de nos âmes assemblées le peu qu’il reste de nous-mêmes
Le chemin n’est que peine, quand la joie est un faux jardin de fête, de masques et de feu
La vilaine vie tisse un destin de haine et de vilenie, de vices et d’anathèmes
Pour celui qui ne sait pas se taire devant l’autre qui lui tend le poème de ses regards rassurés
Pourquoi ne pas plutôt tuer ? Achever l’antithème de cette vie de revanche ?
Pourquoi ne pas me faire parler pour une fois en dehors de toute cette scène, me faire parier qu’après ce rien mort se trouve l’entièreté immarcescible d’un tout ? Un trou magique. Me faire descendre au plus haut des monts les plus hauts, dans l’infinie allégresse d’un amour sans cesse rejoué ?
L’espace m’est insupportable comme la solitude qui polisse ma retenue, ma retenue face à tout
Même face aux évènements qui s’acharnent, et face à ceux qui me charment - une science de caméléon
Je suis lésé d’un amour que rapace je voulais te prendre
En montrant que je sais le donner = je tentais à la place de le vendre
Mais rien de toute cette avalanche
N’avait bien la couleur blanche que j’ai voulu lui donner, et te faire avaler
Alors tout a fondu, gris-noir, tout est tombé de cette avalanche brune
Sur mon âme errante, au bas des pic, sur mes pas mal assurés
J’ai gardé la tête dans cette brume franche, cette menaçante buée
Les pics retournés sur mes hanches comme des épées tranchantes pour m'empêcher d'enfanter
Dans cette finitude, apeuré j’ai crié, j’ai hué, que ce monde perdu venait de me perdre
Et j’ai pensé me pendre, j’ai pensé me tuer
Mais je sais que ma stature a mué, je sais que demain cette vie de ratures aura statué.
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Feu & Sang – ch16
...Ma main tremble alors que j'écris ces lignes. Le froid me gèle les doigts, mais ton sourire suffit à me réchauffer, gravé dans ma mémoire. Grissenwald n'est plus qu'à trois jours de chariot, s'il ne pleut pas davantage et que nous ne cassons pas une roue... Mais suffit de ces mots qui vont m'attirer la malchance. Place à celui que je préfère et me donne du baume au cœur : Roxanne. Ma très chère... tu n'imagines pas combien tes bras me manques... A très vite mon amour.
...plusieurs types de cadavres animés, ponctua Scleras.
De l'index, il caressa le menton de la charogne qui les séparait. Ses pieds nus se glissant agréablement entre les brins d'herbe, elle approcha davantage. Détendue, tout les sens en éveil, elle buvait ses paroles.
Sommes toutes, reprit-il de sa voix parcheminée, ils n'ont pas besoin d'un nécromant pour exister. Preuve en est : bien des morts-vivants parcourent le monde sans que personne ne les ai relevé.
Il prit sa main dans la sienne. Elle pouvait sentir ses os à travers sa peau fripée et en frissonna de plaisir. Guidant son poignet, il l'invita à presser sa paume contre le front du mort.
Toutefois, deux catégories sont à distinguer. Ceux doués de conscience... et les décérébrés, guidés par les dernières sensations qu'ils éprouvent encore. Ils errent sans réel but. Ils n'ont pas la moindre pensée en réalité. Quelques soupçons de sensations tout au plus...
Elle esquissa un sourire comme il passait derrière elle sans cesser de parler. Elle se frotta les orteils les uns contre les autres sans le réaliser.
La nécromancie n'est autre qu'une subtile toile d'araignée, reliée à chacun d'entre eux. Manipule ces fils avec adresse et n'importe quel mort deviendra ta marionnette. En contrôler davantage demande du doigté, mais avec la pratique tu réaliseras qu'il n'est souvent pas nécessaire d'en tisser trop. Laisser les instincts imprimés dans les muscles et la chair permet une économie de concentration non négligeable.
Le vieux vampire se permit un sourire suffisant.
C'est là le secret de l'art nécromantique : être capable de manipuler autant de marionnettes que tu le peux. Avec un minimum de fils. Et ce, sans oublier ton propre corps physique.
Lui indiquant de relever la tête, il plantant son regard dans celui de la jeune femme.
Je t'apprendrais à façonner le vent sombre, à tresser des fils que tu pourras rattacher à aux morts.
Se détournant, il reprit son monologue :
Les morts doués de conscience quant à eux...
...est un don capricieux qui ne demande qu'à être libéré, déclara son professeur d'un ton grave.
La plume de l'adolescent s'affolait sur la feuille de papier, tâchant de ne perdre aucun mot.
A la différence des autres écoles, on ne puise pas dans son pouvoir. Une fois allumé, nous lui tenons la bride afin de ne pas détruire jusqu'à notre essence même.
Mêlant la pratique à la théorie, le mage au crâne luisant et à la barbe rousse fournie claqua sèchement des doigts. Avec quelques étincelles il produisit une flamme qui flotta au-dessus de son index levé.
Un sort entropique aurait tôt fait de ravager Altdorf, poursuivit-il comme sa manifestation enflait brusquement au point que l'apprenti ressenti la chaleur sur son visage et dû plisser le regard. Vous ne devez pas céder. Vous ne devez jamais céder. Vous devez faire preuve de retenue, à chaque instant. J'insiste sur ce point.
Et se faisant, la sphère crépitante se rétracta jusqu'à n'être qu'une flammèche qu'il dissipa d'un revers de la main.
C'est là le secret qui fera la différence entre un idiot calciné dans sa propre hutte et un Mage du collège Flamboyant.
Il te reste de l'eau ? Lui demanda son voisin en reniflant.
Sans prendre la peine de lui répondre, il lui tendit son outre. Leur patrouille prendrait bientôt fin. Plus qu'une journée et ils retourneraient à la caserne de Dunkelberg. Il était temps : lui ne sentait plus ses pieds et son sac lui sciait l'épaule depuis la veille. Cette fois ils n'avaient croisés ni peaux-vertes ni monstres à tête de bouc en maraude. Ils pouvaient s'estimer heureux.
En y repensant, il avait récolté quelques pièces aux dés durant son tour de veillée, malgré ses doigts engourdis. Il pouvait s'estimer heureux.
Aller courage les gars, tenta de les motiver leur lieutenant sans grande conviction. Plus qu'une heure et on s'ras à la grotte de r'lais. Et d'ici là, retour au bercail !
Hourra... maugréa son voisin en lui rendant son outre.
Il ne put réprimer un sourire fatigué, recalant son arquebuse sur son épaule valide pour s'économiser le bras. Les monts gris n'étaient pas une place pour les hommes. Seuls les plus hardis et les plus fous s'y aventuraient. Où ceux croulant sous les dettes...
Rapidement, la métamorphose opérait. Au fil des cycles, il sentait son emprise s'accentuer. Déjà il sentait son enveloppe éclore, la colère bouillonnant au plus profond de sa conscience cristallisant une multitude d'épines sur son enveloppe externe. Ses longues branches, ployant sous leur propre poids, s'assouplirent pour ressembler à celles d'un pleureur. Son incarnation se propagea jusqu'à la moindre nervure, affûtant ses feuilles unes à unes et les rendant aussi tranchantes que les outils des vandales.
Au matin du cycle suivant, il sentit que le processus prenait fin. Le craquement qu'il produisit fit fuir tout les parasites volant du bosquet. Son écorce se fendait en toutes pars, se morcelant sous la pression d'une seconde épaisseur germée par-dessous, recouvrant son corps physique comme des écailles.
Maladroitement il fit un premier pas. Il sèvait de devoir imiter ces formes de vies inférieures, mais sa soif écarlate balayait son dégoût. La base du tronc du saule blanc qu'il avait choisit était désormais fendue en deux, lui conférant la mobilité des bipèdes.
Alors que tout autour d'autres esprits de Loren s'agitaient, à la fois réjouis et affolés de son arrivée, il persévéra, devenant plus stable à chaque pas. Luisant d'une rage émeraude, venue du fond des ages, il tourna son regard vers l'Est. Il nourrirait de leur cadavres cette terre qu'ils mutilaient jours après jours...
...de faire le planton !
Secouant la tête, Manesh'k revint lentement à la réalité. L'esprit encore embrumé par le flot de souvenirs qu'il se remémorait. Il reconnut la voix de Luther. Et une fois n'était pas coutume, il était énervé.
Depuis cette foutue foret je vous reconnais plus. Entre toi qui passe le temps avec ce regard vitreux. Gilnash qui n'a d'yeux que pour son elfe de compagnie, et vas-y que je te materne, vas-y que je te nourris... Et moi dans tout ça j'suis de corvée de gardiennage du gosse !
Soupirant, Manesh'k coula un regard jusqu'à Enguerran, endormit dans le lit du vampire. L'esprit immatériel était roulé en boule sur sa couverture, semblant lui aussi dormir. Même si le vampire savait pertinemment qu'il n'en était rien. Levant la tête, il répondit à son cadet, le toisant alors qu'il se trouvait assis en tailleur, dos au mur.
Il n'a pas vraiment besoin de surveillance, jugea-t-il.
C'est pas la question, je...
Tu devrais te concentrer davantage sur la mémoire de Castille, l’interrompit-il. Sclèras était siphonné, mais il lui a tant enseigné en terme de magie... s'en est effrayant. Si cet idiot n'avait pas consumé tout son pouvoir pour créer des démons, il aurait put poser les fondations d'une nouvelle Mourkain...
Mais le cadet se contenta de grimacer dédaigneusement.
C'est pratiquer que je dois, pas me ressasser encore et encore les souvenirs dérobés à cette fille, Castille. Et j'ai besoin de cadavres pour cela.
Soupirant d'exaspération, Manesh'k secoua la tête. Cette opportunité de mieux comprendre le concept même de la magie n'était, finalement, pas une si bonne chose pour son neveu...
Tu...
On toqua soudain à la porte, interrompant le débat des deux vampires.
Sur l'marché d'la rive sud, déclara l'aubergiste lorsque Luther lui ouvrit. Un crieur du sieur' a fait passer l'mot qu'les participants d'dernière minute du tournois y d'vaient s'pointer dès qu'possible. L'auraient une broutille à régler.
Il dévisagea Luther de haut en bas, engoncé dans son armure délabrée alors qu'ils avaient passé la journée entière enfermés dans la chambre.
J'ai pensé qu'vous seriez un d'ces gars du tournois. J'ai pas raison ?
Perspicace, siffla Luther avec un sourire suffisant.
Glissant la main à sa besace, il en tira une pièce.
L'aube n'est pas encore là, mais quel temps fait-il à l'extérieur ? demanda-t-il en s'abstenant de remettre l'écu doré.
L'autre grogna, suivant du regard le poing ganté de Luther.
L'aube, le temps...
Puis il sembla réaliser que les volets étaient clos, que seule une chandelle éclairait la pièce.
Y pleut d'puis c'matin. Comme l'avaient prédit les têtes pensantes d'not' seigneur. Pour ça qu'y ont décalé l'tournois à cet' nuit. Sa d'vrait s'calmer qu'y disent.
Il pleut oui, mais voit-on la lumière du jour ? insista Manesh'k en se levant.
On a plus vu l'soleil d'puis l'accalmie d'c'midi et m'est avis qu'on l'verra pas avant d'main matin.
Je vois... merci.
Merci a vous Messeigneurs, susurra-t-il en empochant sa pièce. M'en vais transmettre cela à vos compagnons à la chambre d'à co...
N'en faites rien, l'interrompit Manesh'k en s'avançant précipitamment. Je m'en chargerais. Vous pouvez disposer.
Gheu... Comme vous voudrez...
A peine eut-il disparut dans l'escalier que le vampire souffla de soulagement. Un peu plus et il aurait prit de cours Gilnash et Gaylria. Et les dieux seuls savaient s'il aurait survécu à cette intrusion inopinée.
A ton avis, c'est jouable ? l'interrogea Luther.
Il dit qu'il fait sombre, jaugea Manesh'k. Trouvons nous des couvre-chef et allons voir ce que nous veut Thierry.
*
Avançant doucement dans la grande pièce, le dirigeant à barbe grisonnante passait d'un support a un autre. Ici se trouvait l'armure de son père. Là, le pourpoint de son grand-père. Il ne pu réprimer un sourire triste en s'attardant sur l'évident raccord, grossièrement effectué sur le flanc. Celui-ci avait été fauché par un orque alors que lui-même n'était qu'un petit garçon. Il avait d'ailleurs l'âge d'Hugo à cette époque...
Pourquoi les avoir accepté à ce tournoi ?
Il se tourna vers son cher vassal et ami, le toisant d'une bonne tête. Le seigneur de Bordeleaux se tenait droit, mais cet homme était juste... plus grand. Vêtu de son éternel gambison noir, il conservait les mains croisées dans le dos et fixait le fixait intensément.
Et pourquoi pas ? Répliqua-t-il en haussant les épaules. Je cherche a étoffer ma cour et pour cela j'offre leur chance à tous. Pas seulement à Carloman, Boit-sans-Soif ou le Chasseur de B...
Je sais bien, l'interrompit le géant sans que celui-ci ne s'en offusque. Mais tout de même. L'un avait une armure que je ne confierait pas à un mendiant. Quant au second j'ai bien l'impression qu'il a prit ses couleurs de milicien à un mort.
Nous n'avons aucun moyen de vérifier vos dires, nota le maître des lieux. Ils pourraient dire vrai et avoir réellement affronté ces monstres à Casseneuil. L'entourage d'Hugo n'en serait que meilleur avec des personnes de cette trempe.
Sauf votre respect, osa poursuivre l'homme vêtu de noir tandis que son interlocuteur se penchait sur un râtelier d'armes. Si ce Luthor a prouvé être redoutable, qu'en est-il du second ? Et ce voleur qui les accompagne qui ne souhaite pas participer ? Et je n'ai jamais entendu parler en Averland de...
Ne soyez pas si prompt à sauter aux conclusions, le reprit son aîné. Attendons la fin de la nuit pour avoir une idée plus précise de qui ils sont.
L'homme de main n'insista pas, malgré son scepticisme évident. Ils restèrent encore un moment dans la salle où Thierry, le seigneur de Bordeleaux, se recueillait devant les armes, armures et écrits de sa famille.
*
L'as-tu déjà vu à ton précédent passage ? Le châtelain je veux dire.
Luther ne répondit pas tout de suite, s'attardant sur les box devant eux.
C'était qu'un gamin si ma mémoire est bonne. Aucune chance pour qu'il se rappelle de moi.
Je vois. Tu avais déjà croisé la route de Walach à cette époque ? Continua Manesh'k comme un palefrenier venait à eux.
Pas encore...
Bonsoir messieurs, s'introduisit un jeune homme dans la vingtaine, s'essuyant les mains sur son pantalon. Que puis-je pour vous ?
Mandrak et Luther, enchaîna le vampire pour mettre fin aux questions de son aîné. Un envoyé du seigneur devrait vous avoir parlé de nous.
Cessant de se frotter les mains, leur interlocuteur plissa le regard, les étudiant d'un air soupçonneux : deux adultes au teint blafard, l'un en tabard bleu des hommes du souverain, l'autre engoncé dans une armure qui avait connu des jours meilleurs.
Cest exact, répondit-il finalement. Je crains cependant que vous ne fassiez face à quelques difficultés.
Il les invita à le suivre, les entraînant dans l'écurie.
Nous avons peu de bêtes de disponibles pour vous, commença-t-il. Et celles qui restes n'ont pour la plupart jamais été formées au combat.
Ce n'est pas un souci, déclara Manesh'k d'un ton rassurant. Tant qu'elles nous portent durant la joute de tout à l'heure, cela fera l'affaire.
L'humain tiqua en entendant ces mots. Il s'interrompit.
Excusez-moi, mais avez vous jamais chevauché une bête au combat n'ayant jamais été dressée pour cela ? Ou travaillé avec un animal que vous ne connaissez pas et qui ne vous acceptera pas forcément ? Sauf votre respect, si vous avez réellement l'intention de participer au tournois dans ces con...
Des détails, balaya Luther. Et pour te répondre : oui. Nous avons déjà chevauchés à la guerre des montures rencontrées quelques minutes plus t��t. Ne doute pas de nous.
A la guerre, répéta le palefrenier à mi-voix, plissant à nouveau le regard.
En effet, aucun conflit armé n'avait déchiré la région depuis plus d'une dizaine d'années. Or, bien qu'ayant des mines sombres, tout deux semblaient avoir moins de la trentaine.
Et... ces montures, que...
Suffit, coupa Luther en perdant patience. Elles ont survécus tout comme nous. A présent montre nous quelles bêtes nous devront chevaucher tout à l'heure si nous voulons participer à cette épreuve.
Que se soit le ton agressif ou la mimique sauvage du vampire, l'humain compris qu'il était dans son intérêt de ne pas oublier sa place.
Il s'agit... de... ces chevaux.
Écartant les bras, il leur indiqua cinq box. Luther se renfrogna aussitôt, les poings serrés contre ses hanches.
Trop âgé, trop frêle, pas assez athlétique, jugea Manesh'k en étudiant successivement les animaux sélectionnés.
A la surprise du jeune homme, les bêtes eurent unes à unes un mouvement de recul et piaffèrent au sol comme Manesh'k passait devant elles. La plupart hennirent de protestation... ou de peur ? Il n'aurait su le dire bien que travaillant chaque jours avec ces chevaux. L'un des plus jeune se cabra même.
J'aurais dû me douter... les canassons que j'ai vendu hier étaient rachitiques mais au moins n'étaient pas comme ceux-là...
Luther, n'oublie pas que nous débarquons à l'improviste. Nous devrions déjà nous estimer heureux de participer. Que Thierry nous prêtes des chevaux pour l’événement est...
Il s'immobilisa devant un nouveau box. L'animal dans celui-ci ne semblait pas le fuir comme les autres. Tout comme la bête voisine. Tout deux le suivaient du regard, grattant le sol comme s'ils le défiaient d'avancer.
Et ces deux là ? Interrogea-t-il.
Encore hébété par la réaction étrange des cinq bêtes, le palefrenier jeta un œil aux chevaux désignés par Manesh'k avant de secouer la tête.
Je vous les déconseille. Les jumeaux ne sont pas des chevaux que l'on peut monter.
Et pourquoi donc ? Questionna Luther en s'approchant, retrouvant un semblant d'entrain. Tout deux me paraissent dans la force de l'âge et en parfaite santé.
Ils ont mauvais caractère, expliqua le jeune homme. Personne n'a jamais réussi à les monter ou les faire travailler, l'un comme l'autre. Celui de droite tente même régulièrement de me mordre lorsque je le nourris. Cependant ils ont un excellent pedigree, m'est avis qu'à part les saillies nous n'en ferons jamais...
Nous les prenons, coupa Luther en affichant un sourire carnassier.
*
Foudre et Fléau, murmura Luther en tirant les deux chevaux par la bride. J'espère que vous mériterez ces noms pompeux...
Tu sais, c'est nous qui devrions être heureux qu'ils ne nous redoutent pas comme leurs camarades, tempéra Manesh'k en le suivant.
Peuh, ils...
Veuillez m'excuser, Messeigneurs...
Tout deux se tournèrent vers un adolescent approchant. Il poussait devant lui une brouette où se trouvaient deux gambisons de couleur orange qui avaient connus des jours meilleurs.
Seriez-vous Messieurs Mandrak et Luthor Harkon ? Hésita-t-il comme ils le dévisageaient en silence.
Mon prénom est Luthe...
C'est bien nous mon garçon, le devança Manesh'k en dissimulant mal un sourire amusé. Que nous veux-tu ?
He bien, un représentant du Seigneur Thierry m'a demandé de vous donner ceci.
Posant là sa brouette, il souleva l'un des jaques pour qu'ils puissent l'étudier. Aussitôt, Manesh'k devina qu'il n'avait pas été confectionné la veille, loin de là. Il paraissait néanmoins tout à fait fonctionnel et ne montrait pas de signe de déchirure ou moisissure. A l'emplacement du cœur se trouvait une peinture maladroite et difficilement interprétable, réalisée en toute hâte à même le tissu. Et il constata qu'elle se trouvait également peinte entre les omoplates, bien plus détaillée. Un dragon écarlate stylisé.
Voilà qui est...
…surprenant, compléta Luther, tout aussi étonné que lui.
Tout deux échangèrent un regard perplexe. La veille, ils s'étaient présentés à maître des lieux comme étant membres de l'Ordre du Dragon. Ce détail les perturbaient car entre héritiers d'Abhorash, ils avaient coutumes de se désigner comme des Dragons de Sang. Et jusqu'alors, seul Walach avait poussé le vice jusqu'à se dessiner un blason après la renaissance de Luther : un dragon noir sur fond écarlate. Ni l'un ni l'autre n'avait songé mettre leur lignage en avant lors de cette compétition.
Dois-je... dois-je les remmenez ? Interrogea l'écuyer comme aucun des deux vampire ne pipait mot.
Non mon garçon, nous... nous les prenons, opposa Manesh'k en prenant celui qu'il leur tendait.
Sans perdre un instant, il enfila ses bras dans les manches rembourrées. La jupe était un peu courte, constata-t-il. Mais les épaules présentaient un peu de jeu. Suffisamment pour ne pas le gêner lors de ses mouvements. Un sourire se dessinant lentement sur ses traits, il se tordit le cou pour apercevoir le symbole dans son dos. Après tout, ce blason en valait bien un autre.
Oui, nous les prenons, répéta-t-il avec davantage d'assurance.
A côté de lui, Luther roula des yeux mais n'ajouta pas un mot, se contentant d'accepter l'autre vêtement que lui tendait le garçon.
En possession de ces nouvelles tenues, les deux combattants se présentèrent à l'aire réservée aux compétiteurs éclairée par de nombreuses torches. De multiples abreuvoirs avaient été répartis le long d'une barrière.
Ils s'avançèrent pour revendiquer l'un de ces abreuvoirs lorsqu'un hurluberlu passa devant eux en titubant. Il bredouillait un air aux accents douteux, la bouteille à la main. Le bonhomme ne sembla ne même pas les voir, son armure cliquetant à chaque pas.
Que veux-tu, nous sommes à Bordeleaux, ne put que justifier Luther en haussant les épaules.
Ils se trouvaient dans une prairie rendue boueuse par la pluie insistante de la journée. Ici et là, des chapiteaux modestes trahissaient quelques participants fortunés. Les deux morts-vivants toutefois n'en avaient cure. Ils n'avaient besoin ni de confort ni de préparation. Il leur restait seulement à attendre le début de la manifestation. De l'autre côté des poteaux, plusieurs individus étaient déjà rassemblés dans un carré de terre dégagée, jouant de l'acier devant leurs futurs adversaires, attentifs.
Néanmoins, tout deux ne s'y attardèrent pas, préférant exploiter ce temps à leur disposition pour se familiariser avec leurs nouvelles montures. A tour de rôle, ils montèrent et firent trotter leurs compagnons. Si Fléau, la monture de Luther, tenta un temps de le mordre, il su la rappeler à l'ordre en resserrant sa poigne à même la nuque de l'animal. Le glapissement, mêlé de peur et de douleur, qu'il poussa alors assura le mort-vivant qu'il retiendrait la leçon. Aussi le relâcha-t-il. Témoins de sa manœuvre, un groupe d'écuyers qui passait là en resta coi.
Qu'y a-t-il ? Vous voulez mon portrait ?
Ils déguerpirent sans demander leur reste. Ce ne fut toutefois pas le cas d'un compétiteur ayant également observé la scène d'un peu plus loin.
Les gantelets, déclara Luther en levant l'autre main.
En effet, des pointes acérées ponctuaient l'arcade de ses phalanges et ses doigts, conférant à sa main un aspect crochu.
S'approchant calmement, l'homme échangea un regard serein avec lui, se contentant d’acquiescer. Car Luther ne portait pas de gantelet à sa main agrippée à même la crinière de l'animal. Alors que Manesh'k approchait en sens inverse sur le dos de Foudre, Luther prit soin de noter mentalement les couleurs de cet inconnu. Il présentait les couleurs de Bordeleaux, jaune et bleu, ainsi qu'un trident stylisé sur son écu. Il était cependant personnalisé : une croix et un cor de chasse dorés encadraient l'arme à droit dents tandis qu'une feuille de vigne surplombait l'ensemble.
Une rencontre intéressante ? Commenta Manesh'k en suivant son regard.
Tu n'as pas idée...
Il m'a tout l'air d'y avoir plus de monde qu'on ne le pensait, ajouta-t-il en balayant du regard les hommes aux tenues diverses qui se rassemblaient.
Peuh. Moins d'une dizaine mérite qu'on s'intéresse à eux...
*
Seul avec sa monture, le jeune homme flattait l'encolure de son puissant destrier s'abreuvant paisiblement. Il ne semblait pas percevoir la nervosité qui animait son cavalier. Tentant de s'occuper l'esprit et d'ignorer les dernières personnes croisant le fer un peu plus loin, il entreprit d'enfiler sa cuirasse bâtarde selon ses propres dires. Une tunique lamellaire pour lui protéger l'abdomen et les cuisses, combinée à un plastron d'acier ne présentant qu'une seule épaulière.
Toutefois, boucler seul les sangles à son côté se révélait toujours délicat. Ce que ne manquèrent pas de remarquer trois concurrents passant là. Pouffant alors que l'un d'eux le désignait du doigt, ils approchèrent. Ils étudièrent un instant sa monture d'un œil critique sans laisser comprendre qu'ils comptaient lui prêter main forte. Il tiqua et fit la grimace, renonçant pour le moment à ses préparatifs.
D'où tu viens bonhomme ? commença l'un d'eux en guise d'introduction.
Il dévisagea son aîné sans répondre, s'attardant sur le blason bleu brodé sur sa tunique. Un trident souligné de flèches : un participant bordelin.
Je viens de Brionne, finit par répondre l'étranger.
Brionne, répéta un second en le contournant, flattant à son tour l'encolure de l'animal.
Et qu'est-ce que tu viens chercher à Bordeleaux, Monsieur de Brionne ? poursuivit le troisième dans son dos.
Lui était penché sur l'écu adossé à l'abreuvoir. Il caressait la ligne noire qui barrait le blason écarlate sur toute sa diagonale, pensif. Inspirant calmement, le brionnois ne prit pas la peine de répondre, surveillant l'individu près de sa monture.
Quel est ce dessin ? reprit le précédent en soulevant le bouclier. C'est toi qui l'a fait ?
Lui accordant un nouveau regard, sa mine commença à s'assombrir. Celui-ci arborait des cornes de bélier enroulées sur elles-mêmes sur un bouclier rond, également sur fond Azur.
C'est un Griffon, grinça-t-il.
Un Griffon ? Sérieusement ? Tu en as déjà vu un au moins ?
C'est exact, répondit-il après un instant.
Peuh, n'importe quoi...
Dites, vous n'avez personnes d'autres à aller importuner ? l'interrompit brusquement le brionnois en s'échauffant.
Héla mon garçon, témoigne un peu de respect à...
Un Griffon as-tu dit ?
Tout les quatre pivotèrent d'un bloc. Mains calmement croisées dans le dos, Manesh'k c'était discrètement approché. Il portait le gambison orangé offert par le seigneur sans le boutonner, laissant apparaître le tabard bleu qu'il portait en-dessous. A côté venait Luther, ayant en partie enfilé son armure cabossée par-dessus son jaque. Il retenait leurs montures par la bride, impassible.
Mmh ? Insista le nouveau venu en tenue orangée, scrutant le jeune homme.
Ce faisant, il ignora royalement les trois autres personnes.
Bonhomme, tu es qui pour venir t'insérer dans notre conversation ? s'emporta le chevalier aux cornes spiralées en le toisant, l’œil tourné vers le tabard azur.
Un Griffon ?
Je te cause bonhomme, répéta-t-il en posant l'index sur le torse de l'importun.
Sans lui accorder le moindre regard, Manesh'k lui happa la main. Crochetant son auriculaire, il le fit ployer d'une torsion du poignet. Aucun des deux ne portait de gantelet. Le bordelin poussa un glapissement pitoyable en tombant à genoux dans l'herbe, le coude complètement arqué.
Excuse moi, déclara Manesh'k en lui adressant enfin un regard. Tu me parlais ?
Dans son dos, un sourire s'étira sur le visage de Luther alors que les compagnons du malheureux portaient la main à leurs fourreaux.
N... non je... poursuivez, parvint-il à répondre malgré la douleur.
Manesh'k acquiesça et revint à son interlocuteur sans pour autant lâcher la main de son prisonnier.
Un Griffon ? Reprit-il.
Le jeune homme, un peu moins de la trentaine, cligna des yeux en dévisageant les protagonistes de cette comédie imprévue.
Je... oui. Il a brusquement commencé à harceler les paysans œuvrant près de la forêt de Freduss, plusieurs mois après sa première apparition.
Quelle taille faisait-il ? Te souviens-tu de l'apparence de sa tête ?
Je... heu... il faisait la même taille que moi sur le dos d'Albart. Ma monture je veux dire. Et sa tête, je sais pas... des yeux sombres, un bec long comme cela, des plumes marron clair et quelques unes dorées à la jonction avec le cou...
Le vampire inclina la tête de côté en le détaillant à son tour des pieds à la tête, songeur, alors qu'il continuait de décrire la bête.
Tu as dû le voir de près pour remarquer ce genre de détails je me trompe.
A présent gêné, le brionnois déglutit. Puis ajouta :
Je l'ai... abattu.
Et... comment t'y es tu prit ? Poursuivit Manesh'k, de plus en plus intéressé par cette histoire.
Attentif, le vampire n'avait pas décelé de soubresaut dans le pouls rapide du jeune homme alors qu'il affirmait cela.
Une... flèche dans l'aile. Puis je l'ai harcelé d'une lance jusqu'à ce qu'il la brise.
Il haussa humblement les épaules avant de reprendre.
A ce moment, ses blessures le diminuaient suffisamment pour que je le finisse à l'épée.
Mmh... tu l'as affronté à pied donc, en déduisit Manesh'k. Sage décision : m'est avis qu'il aurait égorgé ta monture d'un coup de serre. La douleur a tendance à les rendre vicieux.
Sans doute... il s'est accroché les serres sur les rebords de mon bouclier. Cela m'a donné une ouverture qui... attendez, vous avez... vous aussi...
Heu...
Manesh'k chercha le regard de Luther. Venait-il de trop en dire ?
Derrière le brionnois, le bordelin aux flèches vint à son tour se saisir de l'écu qui gisait à présent dans la boue. Lentement, il le redressa, étudiant l'arrête supérieure... avant de commencer à pâlir. Trois sillons parallèles étaient gravés dans le bois et l'acier...
Possible, répondit Harkon avec un sourire énigmatique.
...grâce, supplia l'homme toujours agenouillé.
Pas un instant le vampire n'avait relâché la torsion qu'il appliquait. Et ses deux compagnons, dépassés, ne savaient trop comment gérer cette situation.
Et toi mon brave, se détourna Manesh'k en poussant le vice. Pourquoi arbores-tu des cornes de bélier sur ton bouclier ? Tu étais berger auparavant ?
Je... j'ai occis un homme... un homme-bête... lors d'un duel... prisonnier après un raid manqué...
Il a "occis un homme-bête", répéta Manesh'k à son neveu. Ce terrible détenu était sûrement armé jusqu'aux dents... quel courage.
Je serais curieux de connaître les faits d'armes de nos autres amis, répliqua Luther. Mais je te rappelle que nous sommes attendus. Le moustachu d'hier soir est passé il y a quelques minutes pour que l'on commence à se rassembler devant les tribunes.
C'est vrai ! réalisa Manesh'k en relâchant enfin la main du malheureux qui, surprit, s’étala de tout son long.
Gardant le bras contre lui, il se releva précipitamment et alla se réfugier près de ses compagnons.
Mais z'êtes qui vous ? cracha-t-il. M'avez presque cassé le bras !
Presque, souligna Manesh'k avec un sourire amusé.
Des participants de dernière minute, répondit simplement Luther en tournant les talons. On se revoit aux joutes.
Quel est ton nom, tueur de Griffon ? demanda toutefois Manesh'k avant de le suivre.
Darran de... hésita-t-il avant de se reprendre : juste... Darran.
Et bien, Darran, à tout à l'heure peut-être.
A côté de lui, les regards des trois arrogants chevaliers s’écarquillèrent : ils venaient de remarquer le dragon stylisé dans le dos de Luther. S'agissait-il d'une acquisition pompeuse, du symbole d'un ordre inconnu... ou bien alors... ?
*
Vous ne participez pas ? s'étonna le souverain alors que les premiers compétiteurs saluaient la foule rassemblée.
Ciel non. Je ne suis pas aussi belliqueux que mes compagnons, répliqua Gilnash avec un sourire pincé.
Et ma concentration est requise ailleurs qu'à l'arène, songea-t-il sans l'ajouter, gardant une main posée sur l'épaule d'Enguerran.
L'ordre des Dragons, déclara un homme proche d'eux, pensif. Il ne me semble pas en avoir jamais entendu parler.
Gilnash l'étudia un instant avant de le resituer. On lui avait parlé plus tôt de l'équipage de l'imposant navire commercial qui mouillait dans l'embouchure du Morceaux. Le seigneur de Bordeleaux espérait en effet développer le commerce fluvial de sa cité dans les décennies à venir. La présence d'un capitaine familier de Marienbourg, de l'Arabie et même de l'archipel des mystérieux elfes d'Ulthuan était par conséquent un bon augure pour l'avenir. Ce devait être le capitaine de ce bâtiment.
Nous ne sommes pas très nombreux, justifia le vampire. Et venons d'une contrée bien loin de la côte.
Que Mannan vous garde, vous ignorez ce que vous ratez. Voyez, cette ville l'a bien compris.
Se tournant vers le sud - et le fleuve au-delà des bâtiments visibles au clair de lune - il embrassa du regard le port en cours d'essor.
Les pêcheurs savent qui remplit leurs filets et leur évite les tempêtes. Tout ce qu'il manque à Bordeleaux, c'est l'infrastructure nécessaire pour accueillir de véritables navires commerçants. Et un temple dédié au seigneur des eaux salées.
Pourquoi ne pas en faire qu'un ? interrogea le souverain à côté d'eux, suivant leur discussion. Un navire lui-même dédié à Mannan ?
Ma foi, voici une brillante idée, et...
Gilnash fut toutefois sauvé des discutions politiques et religieuses qu'il sentait couver entre les deux hommes lorsqu'une trompette sonna plus bas.
Bonsoir à tous ! J'ai l'honneur d'officiellement introduire ce tournois, organisé en l'honneur de l'anniversaire de Sire Hugo de Bordeleaux, petit-fils de notre Seigneur !
Sous une ovation générale, un gamin un plus jeune qu'Enguerran s'avança timidement, n'osant trop s'éloigner de sa mère. Sur l'estrade accolé aux tribunes, le héraut lui faisait signe d'approcher. Après quelques instants, il finit par rejoindre le bordelin qui lui prit chaleureusement la main.
Sire Hugo, dés demain soir, l'un de ces braves chevaliers aura la chance de siéger à votre table pour les années à venir !
T'en pense quoi de son histoire ? Demanda Manesh'k en se détournant du discours pour chercher Darran du regard.
Luther haussa les épaules.
Il a mentionné le détail que tu souhaitais entendre non ? La couronne dorée j'entends.
En effet.
Votre neveu Julot participe aux joutes ? S'étonna Gilnash en le remarquant au deuxième rang.
Tout à fait. Mais s'il gagne, ce qui entre nous me surprendrait grandement, le suivant dans le classement de ce tournoi intégrera ma cour. Et de même si celui-ci en fait déjà partie.
Sont-ils nombreux ? Interrogea le capitaine de navire.
He bien, en plus de Julot se trouvent Piers, Renaud, Ferragus... intervint un nouveau venu en les désignant tours à tours. Et j'en oublie peut-être un...
Contrairement aux autres personnes de cette tribune, il n'était pas vêtu d'une cuirasse ou d'un pourpoint mais de vêtements simples et amples de couleur pâle. Les marins venus avec leur capitaine l'étudièrent avec étonnement.
Laissez-moi vous présenter Martin, plaça le seigneur. Mon Augure. C'est à cette personne que l'on doit d'avoir anticipé le temps exécrable qu'il y a eu toute la journée. Sans lui, nous aurions prit l'eau dans l'après-midi plutôt que de profiter du spectacle en cette soirée.
Le-dit Martin se contenta de saluts rapides à chacune des personnes présentes, son pendentif au trident battant sur sa poitrine. Il s'attarda quelques secondes sur le vampire, plissant le regard. Celui-ci resserra légèrement sa prise sur l'épaule d'Enguerran. Cet homme avait une légère affinité avec les vents. Il le percevait. Mais lui percevait-il celle du mort-vivant, de par sa nature et sa concentration tournée vers l'autre berge et une chambre bien précise ? Mais l'Augure se détourna. Il échangea un salut chaleureux avec le capitaine de navire puis pris place près d'Enguerran et étendit ses jambes avec décontraction.
...fils de Louis Sabot-Léger, Piers de la demeure de Lierre, le chevalier Darran venu de Brionne... énumérait le porte-parole, les intéressés levant leurs armes en l'honneur du garçon.
Un mâle en parade, murmura Manesh'k pour lui-même. Exposant à la vue de tous son plumage nuptial. Revendiquant un nouveau territoire...
C'est Gilnash qui va être curieux d'en apprendre plus, glissa Luther avec un sourire malicieux. Lui qui avait été si déçu que Varison ne tue ce couple qu'ils n'étaient pas foutus de dresser...
A ce souvenir l’aîné se retint grossièrement d'éclater de rire, s'attirant des regards noirs de leurs voisins.
Et votre gendre, participe-t-il ? Interrogea Gilnash entre deux noms.
Il devina toutefois avoir touché un sujet sensible lorsqu'un voilà de tristesse vint passer sur le regard du seigneur.
Celui-ci ne pouvait être présent, répondit l'estafier au bras en écharpe. Il est une affaire à Aquitanie qui requiert sa présence malgré l'anniversaire de son aîné.
Gilnash le considéra un instant. Il réalisait que cet homme massif au regard froid parlait pour la première fois en sa présence. A tel point qu'il commençait à croire muet cette personne vêtue de noir.
Aucun de mes héritiers ne participe, déclara Thierry le regard rivé sur Hugo. Même si j'impose que toutes les lances utilisées cette nuit soient bluntées, un accident peut arriver. Et je refuse que mon petit-fils soit témoin d'une tragédie en ce jour particulier. Julot est le seul membre de ma famille qui participe.
Décision à la fois honorable et compréhensible, approuva le capitaine Marienbourgeois d'un hochement de tête.
Ralof de Rivebois, Carloman Tueur de Bouc fils de Roland, Jacen des Champs de Lys venu d'Aquitanie, Benoist le Chasseur de Bulots venu de Moussillon...
Comment tu lui avais dit déjà ? Parvint-il a répondre, les larmes aux yeux.
« T'as plus qu'à couver un œuf », lui rappela le cadet qui a son tour réprima un fou-rire.
Y tenait tellement à en avoir un comme monture... se calma-t-il laborieusement.
Va savoir, si cela se trouve sa nichée lui a procuré satisfaction.
Si le seigneur de Bordeleaux, retrouvant son sourire, était absorbé par le discours de son porte-parole et son petit-fils, ce n'était pas le cas de Gilnash. L'hilarité partagée de ses deux congénères était aussi déplacée que contagieuse. Tiraillé entre embarra et amusement, il parvint à garder sa contenance. Mais ce ne fut pas chose aisée. Enfin, qu'avaient-ils bien pu se dire de si drôle ? Manesh'k s'enfonçait littéralement le poing dans la bouche pour garder le silence !
… Mandrak de l'ordre du Dragon d'Averland.
Il fallut toutefois que le cadet ne lui assène un coup de coude pour qu'il réponde à l’identité qu'ils avaient présentés la veille. Aussi s'empressa-t-il de lever au ciel son épée Lahmianne sans même la tirer du fourreau, tout sourire. Ayant remarqué son indiscipline, le porte-parole renifla dédaigneusement avant de reprendre.
… Luthor Harkon, également de l'ordre du Dragon d'Averland.
Enfin, il mit un genoux à terre et se retrouve à hauteur du jeune Hugo.
Monseigneur, pouvons nous déclarer les joutes ouvertes ?
Jetant un regard à sa mère, l'enfant hésita un instant, avant d'afficher son approbation d'un vigoureux hochements de tête.
Pour Hugo ! S'écria le héraut en se relevant, épée pointée vers le ciel qui voyait lentement monter les deux lunes.
Pour Hugo ! S'écria la quarantaine de participants de la compétition.
*
Des casques obligatoires et des lances bluntées fournies par des écuyers... je t'en foutrais des lances bluntées...
Poussant un nouveau juron, Luther botta une motte de terre qui alla s'écraser contre le pied des tribunes.
Il t'a expliqué, le modéra son ainé ayant retrouvé son calme avant d'imiter l'accent du héraut : 'Not bon seigneur y veut ni mort ni blessé. 'Y s'agit d'pas bousculer son p'tit gars'.
Sornettes. Des dents cassées et quelques tripailles lui forgeraient le caractère...
Je...
Toutefois, Manesh'k n'eut aucun argument à avancer quant à cette déclaration. Cependant, ils n'étaient pas en position pour protester concernant ces modalités...
...et des rencontres tirées au sort, ironisa Luther en levant les yeux au ciel avec un geste d'impuissance. Père deviendrait fou s'il entendait ça !
Mais tu as fini de te plaindre ? Tu vas pouvoir tourner en ridicule des malheureux qui ne comprendrons leur malchance qu'au dernier instant...
Certes ! Toutefois j'espère que nous ne serons pas amenés à nous affronter. Traverser l'empire tout entier, une foret infestée d'oreilles pointues et cette contrée barbare pour te coller une raclée... Cela j'aurai pu le faire il y a des années ! Pas besoin d'un tournois !
Tout deux rirent de bon cœur en allant retrouver leurs montures, Foudre et Fléau, ce dernier manquant à nouveau de mordre son cavalier lorsqu'il tenta de monter en selle.
Le porte-parole appela les deux premiers combattants à prendre place, les invitant à accepter les lances bluntées que leurs tendaient des écuyers. A savoir des armes ni pointues, ni tranchantes. Également, il indiqua que pour les participants ne possédant pas de casque, plusieurs avaient été mis à leur disposition.
Appelés pour la première fois, les deux cavaliers allèrent se présenter à leurs dames et tendirent leurs lances à celle-ci.
Mais... Piers l'a pas déjà une femme et un marmot ? S'étonna un bordelin proche des vampires.
Il pointait du doigt le chevalier au couleurs vertes pétante, voyant une femme accrocher un foulard à son arme.
T'es idiot où tu le fais exprès ? Répliqua son interlocuteur. C'EST ça femme.
A mince... mais au fait, l'est pas déjà de la cours d'not' seigneur ? Qu'est-ce qu'il...
C'est l'vignoble à la clé qui l'intéresse, fut-il coupé comme ils prenaient place.
Au son d'une trompette, la première charge eu lieu, voyant Piers de la Demeure de Lierre enfoncer le bouclier rond de son adversaire. A deux reprises.
Des affrontements en trois manches donc, analysa Luther en suivant du regard le vaincu revenant tête basse.
Les chevaliers Luthor Harkon et Julot de Bordeleaux, appela brusquement l'orateur en faisant sursauter les deux vampires.
Julot ? Répéta Manesh'k.
Le pauvre, commenta Luther en enfourchant Fléau. Deux fois en deux nuits...
Alors qu'il s'avançait, Manesh'k repéra le neveu de Thierry. Son visage était déformé par un masque de rancœur. Lui aussi avait visiblement reconnu son adversaire et enfila un casque étincelant. Vraisemblablement neuf.
Dés la première charge, Manesh'k eu mal pour le garçon. Luther fut sans pitié malgré sa monture capricieuse. Julot fut le premier participant à vider les étriers et être éliminé de la compétition. Toutefois indemne, il jeta son casque dans la nuit avec un cri de rage. Luther de son côté se permit un passage devant les tribunes, saluant allégrement les bordelins qui acclamèrent cet étranger vainqueur.
A peine revenu à l'espace réservé aux participants, Luther vint à son aîné auquel il tendit la main. Celui-ci la claqua allégrement en observant les appelés du duel suivant.
Gontran Boit-sans-soif ? Répéta un Luther incrédule alors que celui-ci se présentait. Tu parles d'un titr... Opposé au Chasseur de Bulots... j'aurais tout entendu cette nuit...
De sacrées anecdotes doivent se cacher derrière pareilles appellations, devina Manesh'k.
Bras croisés, il attendait l'appel d'un participant en particulier, curieux de le voir à l’œuvre. Lui-même avait facilement effleuré à trois reprises l'écu d'un adversaire dont il avait déjà oublié le nom. Il c'était tout bonnement révélé incapable de le toucher.
Lorsqu'enfin il vit Darran s'avancer, il se plaça au premier rang des compétiteurs. Celui-ci était opposé à un certain Carloman Tueur de Boucs.
Sans blague... murmura-t-il en reconnaissant la brute auquel il avait tordu le poignet plus tôt.
Vous disiez que deux compagnons de votre ordre participent, nota le capitaine du navire. S'agit-il de ces deux personnes en gambisons oranges, avec un ver pourpre dans le dos ?
C'est exact, répondit Gilnash comme Manesh'k passait devant eux, saluant les spectateurs de la main.
Je vais devoir m'excuser en ce cas, déclara-t-il. Je vous prenait pour quelqu'un digne de peu d’intérêt. Mais lorsque je vois les prouesses de vos frères d'arme... cela force le respect.
Heu... merci ? Fut tout ce qui lui vint à l'esprit tant cette déclaration le pris à contre-pied.
Devant eux, deux jeunes bretonniens se chargeaient pour la troisième fois. A une touche partout au bouclier, le vampire les estimaient sur un pied d'égalité. Tout comme les différents juges aux premier rang de leur tribune, attentif à cette dernière passe d'arme. Et finalement tout deux touchèrent au but. Sauf que le bouclier bleu vola du bras de son propriétaire. Relevant sa visière, le vainqueur aux couleurs rouge poussa un cri de joie audible de leur position.
Nous discutons depuis un moment déjà, mais ne nous sommes pas présentés, insista-t-il. Je suis Frederik, Capitaine de l'Immaculé.
Gi... Gaëtan d'Averland, hésita-t-il. Membre de l'Ordre du Dragon...
Saleté, cracha Luther en revenant de sa seconde joute.
A peine eut-il rejoint l'espace des participants avec Fléau qu'il leva son poing ganté. Toutefois Manesh'k lui retint le poignet, l'empêchant de battre sa monture devant les bordelins. Le geste n'avait pas échappé à quelques uns, auxquels le vampire répondit d'un sourire gêné. Puis, prenant son neveu par l'épaule, il l’entraîna de côté.
Qu'est-ce que tu nous fais là ? Lui reprocha-t-il. Tu viens de l'emporter et...
Ce foutu canasson a à nouveau essayé de me mordre en pleine course, rétorqua Luther en jetant un regard noir au coupable. 'pour ça que j'ai raté ma première charge.
Manesh'k allait répliquer, toutefois les mots ne lui vinrent pas. Aussi se contenta-t-il de hausser les épaules. Et vit que Darran les observait intensément un peu plus loin, affichant une mine étonnée. Le vampire soutint son regard un instant, retrouvant tout son sérieux. Jusqu'à ce que l'humain ne se tourne vers la lice en entendant un hurlement de douleur.
Que...
Bien embêté, le vainqueur du duel en cours guida sa monture vers son adversaire. Étalé de tout son long, il braillait comme un diable, se tenant l'épaule et les jambes agitées de spasmes. Dans les tribunes, le souverain quitta son siège et s'approcha de la balustrade de bois tandis que son Augure quittait précipitamment les gradins. Plusieurs écuyers entouraient le blessé, ne sachant que trop faire : bien que bluntée la lance avait profondément pénétré le plastron comme la chair en-dessous avant de se briser.
La mère d'Hugo cacha les yeux de son fils en remarquant les giclées écarlates régulières issues de la blessure. Étonnamment, le blessé continuait de hurler mais ne semblait pas cracher de sang. Du moins, ce n'était pas visible depuis les hauteurs.
Son poumon ne m'a pas l'air d'être touché, estima Gilnash en attirant Enguerran à lui pour également l'empêcher de voir cette scène traumatisante. S'ils s'empressent de stopper l’hémorragie il devrait vivre.
Êtes-vous médecin ? S'étonna le capitaine de l'Immaculé.
Pas vraiment. Toutefois, j'ai de... l'expérience en matière de saignements.
'veut voir ! Protesta l'enfant contre lui.
Toutefois, la poigne du vampire ne lui permettrait pas de contempler Martin s'affairer à retirer l'armure endommagée pour examiner la plaie. Le vainqueur, chevalier de la Demeure de Lierre, alla rejoindre les autres participants sans passer devant les tribunes, les épaules voûtées.
C'est qui l'futur macchabée ? Demanda discrètement Luther à son frère d'arme.
Un des idiots de tout à l'heure. Celui avec le trident et les flèches.
Pas une grande perte en ce cas, ricana-t-il.
Se faisant, il s'attira les regards noirs de leurs voisins. Aussi pour une fois fit-il preuve de tact en simulant une quinte de toux.
Les écuyers, sous la direction d'un maigrichon en braies amples bleues pâle, emportèrent le blessé sur une civière. Ne restaient plus que des éclats de bois et de métal. Sans oublier le sang sombre qui tachait l'herbe là où il avait chu.
Quelques duels de plus se déroulèrent, voyant Darran triompher du Chasseur de Bulots. Puis enfin, Manesh'k revint tout sourire claquer la main de son neveu : il venait d'éliminer de deux touches le troisième gredin ayant bousculé le brionnois plus tôt dans la soirée. Le vampire s'était même permit le luxe d'un écart sur la troisième charge. Attitude qui passait clairement pour une insulte envers le vaincu qui s'esquiva sous les quolibets de plusieurs adolescents, depuis les tribunes. A nouveau par réflexe, Manesh'k chercha Darran du regard en revenant attacher Foudre à un poteau. Celui-ci l'observait d'un air désapprobateur en suivant une discussion animée entre le Chasseur de Bulots et Piers de la Demeure de Lierre.
Il commence à se faire tard, déclara soudain la voix du seigneur en personne depuis l'estrade. Et dis moi mon garçon, jusqu'ici cela te plait-il ?
Debout près de lui, le jeune Hugo leva la tête, avant de réaliser qu'on attendait de lui qu'il s'exprime.
Ho oui ! Répondit-il en hochant vigoureusement de la tête.
L'assemblée, qui était devenue silencieuse lorsqu'il s'était présenté sur les tribunes, ne put qu'être charmée par cet innocent petit garçon.
Toutefois, ce tournoi est encore loin d'être achevé, poursuivit-il . Jusqu'à présent, les rencontres ont été déterminées aléatoirement. Et il apparaît que six participants n'ont pas encore connus la défaite. J'ai décidé que trois joutes de plus se dérouleraient donc entre ces champions choisis par Mannan, pour notre plus grand plaisir !
Aussitôt, une clameur enthousiaste monta des gradins, mêlée d'applaudissements vigoureux. Parmi les combattants toutefois se fut dans une autre ambiance que la déclaration fut accueillie. Si la majorité des combattants cherchaient à retracer les duels ayant eux lieu pour identifier les combattants nominés, se ne fut pas le cas des vampires. Tout deux échangèrent un regard : ils savaient pertinemment faire partie des six.
Ils passèrent de longues secondes à s'observer sans prononcer un mot. Si Luther avait plaisanté plus tôt au sujet d'un éventuel affrontement, ils étaient à présent confronté à la réalité de cette compétition. Et, malgré leurs pérégrinations à travers l'Empire, l'Estalie et les terres des bretonnis... ils ne s'étaient jamais livré de duel jusqu'à présent.
Attendons l'appel, déclara finalement Manesh'k pour briser la glace prenant place entre eux deux. Il est peu probable que notre Thierry nous dresse l'un contre l'autre en sachant que nous partageons le même ordre.
Luther resta impassible, attendant quelques instants de plus avant d'acquiescer et se détourner de son aîné. Aussi commença-t-il à son tour à chercher parmi eux qui demeurait invaincu.
J'appelle Luthor Harkon de l'Ordre du Dragon qui nous vient d'Averland aux couleurs orangées...
Les deux vampires se figèrent sur place en entendant le nom, pivotant derechef vers l'estrade.
… ainsi que Piers de la Demeure du Lierre de Bordeleaux aux couleurs vertes !
Alors qu'une véritable ovation s'éleva aussitôt à l'appel du chevalier local, déjà membre de la cour de leur seigneur, les deux rivaux se détendirent sensiblement.
Ce sera pour une autre fois, déclara Manesh'k en lui claquant l'épaule.
Il arborait un sourire beaucoup plus décontracté alors que Luther reprenait les rênes de Fléau.
Tu ignores à quoi tu écha... Par le Feu du Dragon ! Je me vais te le...
Il s'immobilisa toutefois en plein élan, le poing gantelé levé au-dessus du mufle de sa monture. L'animal indomptable avait à nouveau tenté de le mordre. C'est sous un l'éclat de rire de Manesh'k qu'il passa sous les tribune prendre sa place.
*
J'appelle Jacen des Champs de Lys venu d'Aquitanie en blanc ainsi que Ferragus Feuille de Vigne de Bordeleaux en bleu !
A nouveau, les bordelins démontrèrent leur chauvinisme en acclamant bruyamment leur compétiteur. Tout deux s’avancèrent, ayant déjà enfourchés leurs montures.
La dernière joute donc, murmura Manesh'k en parcourant les participants du regard.
Cependant, il semblait être le seul à se préparer pour un nouveau duel. Jusqu'à ce qu'il le remarque. Un sourire s'étira lentement sur ses traits comme il réalisait qu'effectivement il n'avait lui aussi perdu aucun de ses duels.
Du gâteau ! S'écria Luther en venant à lui la main levée, après avoir jeté dans l'herbe le casque prêté.
Du gâteau, oui, répondit distraitement de vampire en lui rendant son geste de victoire, sans énergie.
Alors, tu as trouvé qui tu affrontais ? L'interrogea-t-il d'un ton beaucoup plus froid face à son manque d'entrain.
Je n'aurais pu rêver mieux...
A quelques mètres de là, Darran les dévisageait avec intensité. Il avait son écu au griffon barré de noir au bras et tenait sa monture près de lui. Il jouait des maxillaires en grimaçant légèrement, visiblement impatient d'en découdre. Manesh'k lui s'en lécha les lèvres.
Voici à présent la dernière joute de cette nuit! S'écria le héraut. J'appelle les Chevaliers Darran en rouge. Et Mandrak, également de l'Ordre du Dragon venu d'Averland en orange !
Darran tueur de Griffon, songea Manesh'k alors qu'il passait devant l'estrade en question. Arrivé au bout de la lice, il en fit le tour et contempla son adversaire déjà en position. Montre moi de quel bois tu es fait, rêva-t-il en abaissant sa visière.
Au signal, tout deux éperonnèrent leurs montures respectives. Leurs lances s'abaissèrent... mais aucune ne toucha sa cible. Faisant dévier sa monture à l'écart de la lice, le chevalier au couleurs orangées évita la lance ennemi. Sans chercher à viser l'écu adverse.
Étonnée par ce choix stratégique, un murmure monta de la foule alors que tout deux faisaient demi-tour. Ils se repositionnèrent, lances vers le ciel, attendant la trompette. Puis s'élancèrent à nouveau.
Que... balbutia le vice-capitaine en voyant Mandrak ne pas abaisser son arme.
A la surprise générale, à nouveau il ne chercha pas à toucher son adversaire, gardant sa lance dressée. Au lieu de quoi, il écarta le bras et parvint à repousser la pointe bluntée d'un revers du bouclier avant de poursuivre sa course. Et tranquillement, il alla se positionner pour la troisième et dernière charge de la compétition.
Voilà qui est surprenant, commenta un Frederik stupéfait. Quel …
ARRETE DE JOUER ! S'écria soudain Darran en retirant son heaume, jetant sa lance au sol.
Tout les spectateurs se tournèrent de Mandrak vers le brionnois, surpris de son brusque éclat de voix.
Je situe ce téméraire cavalier, commença le capitaine en faisant référence à Mandrak. Mais lui qui est-ce ?
Se faisant, il désignait Darran. Le grand-père d'Hugo haussa les épaules.
Un jeune homme originaire de Brionne si ma mémoire est exacte, répondit toutefois son estafier en tenue sombre.
TU T'AMUSES PEUT-ETRE, MAIS POUR MOI CE TITRE PEUT TOUT CHANGER ! Insista-t-il à pleins poumons.
A l'autre bout de la piste, Manesh'k releva sa visière à son tour.
ALORS CESSE DE TE FOUTRE DE MA GUEULE ! PRENDS MOI AU SERIEUX !
Se faisant, il renfila son casque et repris rageusement sa lance à un écuyer effrayé par cette déclaration.
Pour qui il se prends celui-là, grinça Luther depuis le pieds des tribunes.
Autour de lui, l'avis des autres participants semblait mitigé. Plus d'un hochèrent la tête d'approbation tandis que d'autres critiquaient le comportement de ce jeune coq.
Quel langage, renifla Martin avec dédains, revenu du chevet de son blessé.
Ses vêtements étaient tachés de sang. Toutefois, sa présence devait signifier que les jours du malheureux n'étaient pas menacés.
Répondez moi honnêtement Gaëtan, déclara Thierry en se tournant vers Manesh'k en contrebas. Ce jeune homme dit-il vrai ? Votre ami Mandrak s'amuse-t-il à nous cacher l'ampleur de ses talents ?
Le doute comme la curiosité perçaient dans sa voix, alors que le chevalier Mandrak ouvrait son bras de bouclier en signe d'acceptation.
Je ne saurais l'affirmer, fut tout ce que put répondre Gilnash tant il était prit au dépourvu par la tournure des événements.
AMENES TOI ! AVEC TOUT CE QUE TU AS ! S'obstina Darran en rabaissant sa visière.
... Tu l'auras réclamé, murmura Manesh'k de l'autre côté en faisant lentement glisser la sienne.
Dans les tribunes, Gilnash remarqua que Martin devant lui venait de brusquement se tourner vers le combattant au jaque orange. Tout comme le vampire, l'augure devait avoir perçu la légère fluctuation des vents à cet instant. Il serra les dents, suppliant en silence son frère d'arme de ne pas en faire trop...
Les deux cavaliers restèrent ainsi quelques instants à se scruter, séparé de toute la longueur des couloirs de charge. Et la trompette sonna. Aussitôt ils plantèrent leurs talons dans les flancs de leurs montures. Foudre et le destrier du brionnois foncèrent l'un sur l'autre à toute allure tandis que les lances de cavaleries s'abaissaient. Plusieurs personnes donnèrent de la voix, encourageant à plein poumons les combattants de cette dernière charge. Plusieurs cors résonnèrent gravement...
Au dernier instant, Manesh'k jeta de côté son bouclier rond. Les cuisses fermement refermées sur les flancs de Foudre, le vampire pivota sur sa selle. Il donna à son allonge autant d'amplitude qu'il le put. Avec un fracas épouvantable, l'écu écarlate barré de noir vola en éclat.
Foudre poussa un hennissement de douleur sous la pression contre ses cotes, sa course devenant incertaine. Jetant la lance à son tour, Manesh'k prit la bride d'une main et s'accrocha à la crinière de l'autre. Jouant de sa force considérable et d'une chance insolente, il parvint à ramener Foudre au trot sans plus de mal. A ce moment seulement s'autorisa-t-il à regarder en arrière.
Miraculeusement, Darran n'avait pas vidé les étriers. Un écuyer bordelin s'efforçait d’attraper les rênes alors que le cavalier penchait dangereusement en arrière, les bras ballants. Le perdant de la joute précédente vint même l'aider à se redresser comme il menaçait de chuter. Toujours conscient, le brionnois paraissait néanmoins sacrément sonné.
Il est indemne mon Seigneur ! S'écria l’écuyer après avoir échangé quelques mots avec lui.
A ces mots, les spectateurs se levèrent. Une salve d'applaudissement et d'acclamations vint les féliciter.
Impressionnant, déclara Gilnash dans la cohue, observant Darran alors que Manesh'k menait Foudre jusqu'au vaincu pour s'assurer de son état.
Au vu de la performance, il n'aurait pas été surpris de trouver chez son compagnon un regard verdoyant s'il n'avait pas porté de casque. Son frère dans la non-vie n'avait pas fait dans la demi-mesure en soulevant à bout de bras la pesante lance de cavalerie...
Il aura bien de la chance s'il n'a pas le le coude et l'épaule en miettes, commenta le grand bordelin en jaque noir, lui-même le bras en écharpe.
Certes. Mais concernant votre compagnon Mandrak : quel panache ! Oser une manœuvre aussi risquée...
Il est... audacieux de nature, ne put que répondre Gilnash au vice-capitaine de Frederik, impressionné par la prestation.
Devant eux, Enguerran ne s'arrêtait plus d’applaudir, euphorique et surexcité malgré l'heure tardive.
Rapidement, un cercle se forma autour du perdant. Cercle qui s'écarta toutefois quand le chevalier Mandrak approcha, tête nue et tenant sa monture par la bride. Il toisa un instant Darran, assis sur un banc alors que le silence se faisait autour d'eux. Et, à la surprise générale, le garçon eu un soubresaut qui rapidement vira à l'éclat de rire fatigué.
Je le savais, articula-t-il péniblement en levant le regard. Tu aurais pu m'éjecter dès les deux premières passes...
Impassible, Manesh'k vit un léger sourire éclairer l'expression du brionnois.
...mais tu vois, je n'ai pas mordu la poussière.
Repoussant l'aide d'un écuyer ne sachant trop quoi faire, il se releva. Seul. Et se tint droit face au vampire n'ayant pas prononcé un mot. Et, toujours souriant, il lui tendit la main. Main que Manesh'k considéra un instant, avant d'empoigner avec vigueur.
Merci, le remercia enfin Darran. Merci de ne pas t'être retenu.
Son adversaire d'un soir esquissa une mine partagée avant de répondre, lui posant sa paume libre sur l'épaulière.
Pense quand même à faire regarder ton bras.
Aussitôt, Darran esquissa une grimace de douleur.
Les choses sérieuses commencent demain, ajouta-t-il en souriant.
Et à ses paroles, il tourna les talons, laissant là les autres compétiteurs qui le regardèrent partir. Le sourire de Darran s'estompa légèrement, puis il consulta du regard les autres compétiteurs et écuyers. Mais pas uns ne semblait avoir remarqué les crocs de Mandrak.
Le Chasseur de Bulots, Piers de la Demeure du Lierre et quelques autres échangèrent des regards incertains. Croiser le fer le lendemain avec cet homme en orange... n'était-ce pas une erreur monumentale ?
*
L'immense salle était silencieuse. Pas un souffle ne venait troubler les armures et trophées sur leurs présentoirs. La pièce était l'une des plus reculée du château de Bordeleaux. Les ancêtres du seigneur c'étaient succédé en ces lieux depuis plusieurs générations. Leur famille avait fait construire cet édifice qui surplombait la ville alors que ce n'était qu'un village. L'épée du premier souverain trônait d'ailleurs sur un support, sous une légère couche de poussière. Plusieurs tâches d'oxydes commençaient à apparaître ici et là. Elle avait défait maints orques, mais n'en pourfendrait vraisemblablement pas un de plus.
Perturbant le calme de ces lieux, un crépitement dans l'air agita les plastrons sur leurs mannequins. Une bourrasque balaya le cœur de la pièce aux vitres centenaires, scellant pourtant la moindre issue vers l'extérieur. Et soudain, un flash lumineux illumina les étagères. Plusieurs casques bosselés rebondirent sur le dallage. L'instant d'après, une fissure s'était dessinée dans le centre de la pièce, pulsant d'éclairs grésillants. Et lentement, la réalité s'effilocha comme la brèche dans l'espace s'étirait. Elle illumina les présentoirs d'une lumière mauve éblouissante.
Une ombre vint toutefois assombrir le portail. Générant un sifflement sourd qui domina un instant les détonations d'énergie, une pièce de métal se fraya un chemin jusqu'à ce plan d'existence. Noire, longue et effilée, une lame ciselée de symboles luisants émergea. Son fil comme la qualité de son matériau ridiculisaient les reliques entreposées là. Et avec une nouvelle détonation l'arme fut brusquement régurgitée, allant fracasser le râtelier d'armes plusieurs fois centenaire. Tout comme l'épée rouillée qu'il exposait.
Avec de nouveaux arcs d'énergie, la brèche se referma rapidement, entraînant avec elle les étranges lueurs violettes issues d'autres mondes. En quelques instants, l'endroit retrouva son calme. Si ce n'était le bois fumant et sifflant du mobilier, tranché net par la lame noire. Ainsi que la pierre en-dessous. Entaillée d'un doigt de profondeur.
Lentement, les symboles perdirent de leur éclat, fondant dans la lame quelques minutes plus tard. Le silence revint... jusqu'à ce qu'une ombre ne se présente, attirée par le vacarme.
*
Sans dire un mot, l'aubergiste les observa quitter les lieux, le gamin sur les talons. Ils opéraient exactement le même manège que la veille, partant tout les quatre de son auberge à la nuit tombée. Et laissant le cinquième membre de leur groupe, seul à l'étage.
Trépignant, il alla jeter un coup d’œil à travers un carreau noirci par l'humidité. Il eu le temps d'apercevoir le garçon disparaître à l'angle de la rue avant qu'ils ne sortent de son champ de vision. Le tenancier esquissa alors un sourire irrépressible s'étalant d'une oreille à l'autre. Sourire partagé par ses compagnons jusque là attablés et qui avaient su rester impassible. Ils se levèrent en échangeant des rires gras, savourant d'avance la nuit à venir. Ils étaient plus d'une dizaine à se presser en direction de l'escalier.
C'est toutefois avec une discipline insoupçonnée qu'ils approchèrent de la chambre. Pas un n'osait troubler le silence. Venue le visage dissimulé par un capuchon, les courbes de cette femme n'avaient pas échappées au propriétaire. Ces inconnus avaient payé à leur arrivée pour l'ensemble de ses chambres, réservées la semaine entière. Riche était un peu dire de leur condition. Mannan seul savait quelles richesses ils allaient récolter à l'intérieur. Puis sur ces hurluberlus lorsqu'ils les soulageraient de leurs possessions, à leur retour. Mais se serait pour plus tard. Il avait une récompense d'un autre genre à collecter. Et celle-ci se dissimulait derrière cette porte depuis deux jours maintenant.
Toujours souriant, il tourna la poignée.
Enguerran bouscula le vampire lorsque celui-ci s'immobilisa brusquement à l'approche du pont. Levant la tête, il vit l'expression de Gilnash littéralement se décomposer.
Gaylria... murmura-t-il d'une voix tremblante.
Et sans un mot de plus il s'élança en sens inverse, projetant de côté une pauvre dame ayant eu le malheur de se trouver sur son chemin.
Quelle mouche le pique ? S'étonna Luther en le suivant du regard.
L'elfe, devina son aîné avec une mine sombre. Quelque chose vient d'arriver.
C'est pas sérieux ! Les combats commencent dans moins d'une heure !
Mais Manesh'k ne l'écoutait déjà plus. Il se faufila dans le sillage de son camarade, plusieurs personnes se relevant après avoir été repoussées par le précédent coureur. Se retrouvant seul avec Enguerran, Luther leva les yeux au ciel. Puis les baissa sur l'enfant. Celui-ci eu un frisson en devinant la colère qu'éprouvait le vampire exaspéré. Il ne prononça pas un mot et se contenta de marcher pour revenir sur ses pas.
Manesh'k s'arrêta à l'entrée de l'édifice où Gilnash avait déjà disparut. Mais il voyait déjà qu'il ne serait pas nécessaire d'aller plus loin. Un tabouret trônait au milieu de la rue, ayant traversé l'une des rares vitres du rez-de-chaussé. La porte pendait sur un gond, enfoncée depuis l'intérieur. L'individu ayant servit de bélier gisait dans l'encablure, la gorge arrachée, le torse et le visage mutilés. Renâclant, le vampire entra malgré tout. L'endroit était méconnaissable. L'odeur épouvantable. Même pour lui. La puanteur des entrailles éventrées, de l'alcool renversé et du sang le prit à la gorge.
Le mobilier avait été réduis en miettes, y compris le comptoir. Ici et là, les malheureux ayant servit à le fracasser se vidaient lentement de leur sang, soulagés d'un membre ou deux pour la plupart. Le vampire sentait ses bottes adhérer au sol poisseux alors qu'il évoluait dans cet impressionnant charnier. Les murs n'étaient pas en reste, des traces de doigts écarlates ponctuant les giclées vermeilles qui avaient repeints les lieux. Avec une grimace, il se refusa à aller plus loin : la traînée d'intestins dévalant l'escalier laissait un aperçu de ce qui l'attendait à l'étage. Et dire que l'auteur de cette tuerie avait agit à mains nues...
Par le... commença Luther en se présentant à son tour.
Il eut un mouvement de recul, portant la main à son nez en découvrant l'ampleur des dégâts.
Ne laisse pas le gamin appro...
Requête bien inutile. Déjà à côté du vampire, Enguerran passait la tête dans l’entrebâillement. Son visage perdit toute couleurs comme Luther ressortait en l'ignorant, pestant contre Gilnash et « son animal elfique ».
Manesh'k arracha le garçon à cette contemplation morbide, l’entraînant dans la rue par l'épaule. Après un bref coup d’œil alentour, il balança le cadavre à l'intérieur et ferma la porte. Puis revint à Enguerran.
Le pauvre enfant avait les yeux exorbités, tremblant comme une feuille. Il ne prononçait pas un mot, la bouche ouverte, béat.
Enguerran, regarde moi, ordonna-t-il. Maintenant. Regarde moi et écoute ma voix. Tu...
Toutefois il s'interrompit bien vite. A l'évidence, il ne l'entendait même pas. L'enfant était sous le choc. Même lui ne pourrait rien en tirer pour le moment.
Manesh'k pivota en entendant la porte grincer derrière lui.
Elle n'est plus là, déclara platement Gilnash en se frottant le front.
C'était l'évidence même. Toutefois, Manesh'k eu le tact de ne pas le lui faire remarquer. Ils avaient un problème bien plus important à régler. Gaylria était là, quelque part dans les bas-fond de la ville. Et elle fauchait vraisemblablement une nouvelle vie à chaque instant qu'ils perdaient à la rattraper.
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Lundi 27 janvier 2020 : Deuxième livre de Samuel 5,1-7.10.
En ces jours-là, toutes les tribus d’Israël vinrent trouver David à Hébron et lui dirent : « Vois ! Nous sommes de tes os et de ta chair. Dans le passé déjà, quand Saül était notre roi, c’est toi qui menais Israël en campagne et le ramenais, et le Seigneur t’a dit : “Tu seras le berger d’Israël mon peuple, tu seras le chef d’Israël.” » Ainsi, tous les anciens d’Israël vinrent trouver le roi à Hébron. Le roi David fit alliance avec eux, à Hébron, devant le Seigneur. Ils donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël. Il avait trente ans quand il devint roi, et il régna quarante ans : à Hébron il régna sur Juda pendant sept ans et demi ; et à Jérusalem il régna trente-trois ans, à la fois sur Israël et sur Juda. Le roi avec ses hommes marcha sur Jérusalem contre les habitants de la région, les Jébuséens. On lui dit : « Tu n’entreras pas ici : des aveugles et des boiteux suffiraient à te repousser. » Autrement dit : David n’entrera pas ici. Mais David s’empara de la forteresse de Sion – c’est la Cité de David. David devint de plus en plus puissant. Le Seigneur, Dieu des armées, était avec lui.
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L’homme en songeant descend au gouffre universel. J’errais près du dolmen qui domine Rozel, À l’endroit où le cap se prolonge en presqu’île. Le spectre m’attendait ; l’être sombre et tranquille Me prit par les cheveux dans sa main qui grandit, M’emporta sur le haut du rocher, et me dit : * Sache que tout connaît sa loi, son but, sa route ; Que, de l’astre au ciron, l’immensité écoute ; Que tout a conscience en la création ; Et l’oreille pourrait avoir sa vision, Car les choses et l’être ont un grand dialogue. Tout parle ; l’air qui passe et l’alcyon qui vogue, Le brin d’herbe, la fleur, le germe, l’élément. T’imaginais-tu donc l’univers autrement ? Crois-tu que Dieu, par qui la forme sort du nombre, Aurait fait à jamais sonner la forêt sombre, L’orage, le torrent roulant de noirs limons, Le rocher dans les flots, la bête dans les monts, La mouche, le buisson, la ronce où croît la mûre, Et qu’il n’aurait rien mis dans l’éternel murmure ? Crois-tu que l’eau du fleuve et les arbres des bois, S’ils n’avaient rien à dire, élèveraient la voix ? Prends-tu le vent des mers pour un joueur de flûte ? Crois-tu que l’océan, qui se gonfle et qui lutte, Serait content d’ouvrir sa gueule jour et nuit Pour souffler dans le vide une vapeur de bruit, Et qu’il voudrait rugir, sous l’ouragan qui vole, Si son rugissement n’était une parole ? Crois-tu que le tombeau, d’herbe et de nuit vêtu, Ne soit rien qu’un silence ? et te figures-tu Que la création profonde, qui compose Sa rumeur des frissons du lys et de la rose, De la foudre, des flots, des souffles du ciel bleu, Ne sait ce qu’elle dit quand elle parle à Dieu ? Crois-tu qu’elle ne soit qu’une langue épaissie ? Crois-tu que la nature énorme balbutie, Et que Dieu se serait, dans son immensité, Donné pour tout plaisir, pendant l’éternité, D’entendre bégayer une sourde-muette ? Non, l’abîme est un prêtre et l’ombre est un poëte ; Non, tout est une voix et tout est un parfum ; Tout dit dans l’infini quelque chose à quelqu’un ; Une pensée emplit le tumulte superbe. Dieu n’a pas fait un bruit sans y mêler le Verbe. Tout, comme toi, gémit ou chante comme moi ; Tout parle. Et maintenant, homme, sais-tu pourquoi Tout parle ? Écoute bien. C’est que vents, ondes, flamme Arbres, roseaux, rochers, tout vit ! Tout est plein d’âmes. Mais comment ! Oh ! voilà le mystère inouï. Puisque tu ne t’es pas en route évanoui, Causons. * Dieu n’a créé que l’être impondérable. Il le fit radieux, beau, candide, adorable, Mais imparfait ; sans quoi, sur la même hauteur, La créature étant égale au créateur, Cette perfection, dans l’infini perdue, Se serait avec Dieu mêlée et confondue, Et la création, à force de clarté, En lui serait rentrée et n’aurait pas été. La création sainte où rêve le prophète, Pour être, ô profondeur ! devait être imparfaite. Donc, Dieu fit l’univers, l’univers fit le mal. L’être créé, paré du rayon baptismal, En des temps dont nous seuls conservons la mémoire, Planait dans la splendeur sur des ailes de gloire ; Tout était chant, encens, flamme, éblouissement ; L’être errait, aile d’or, dans un rayon charmant, Et de tous les parfums tour à tour était l’hôte ; Tout nageait, tout volait. Or, la première faute Fut le premier poids. Dieu sentit une douleur. Le poids prit une forme, et, comme l’oiseleur Fuit emportant l’oiseau qui frissonne et qui lutte, Il tomba, traînant l’ange éperdu dans sa chute. Le mal était fait. Puis tout alla s’aggravant ; Et l’éther devint l’air, et l’air devint le vent ; L’ange devint l’esprit, et l’esprit devint l’homme. L’âme tomba, des maux multipliant la somme, Dans la brute, dans l’arbre, et même, au-dessous d’eux, Dans le caillou pensif, cet aveugle hideux. Être vils qu’à regret les anges énumèrent ! Et de tous ces amas des globes se formèrent, Et derrière ces blocs naquit la sombre nuit. Le mal, c’est la matière. Arbre noir, fatal fruit. * Ne réfléchis-tu pas lorsque tu vois ton ombre ? Cette forme de toi, rampante, horrible, sombre, Qui liée à tes pas comme un spectre vivant, Va tantôt en arrière et tantôt en avant, Qui se mêle à la nuit, sa grande soeur funeste, Et qui contre le jour, noire et dure proteste, D’où vient-elle ? De toi, de ta chair, du limon Dont l’esprit se revêt en devenant démon ; De ce corps qui, créé par ta faute première, Ayant rejeté Dieu, résiste à la lumière ; De ta matière, hélas ! de ton iniquité. Cette ombre dit : - Je suis l’être d’infirmité ; Je suis tombé déjà ; je puis tomber encore. L’ange laisse passer à travers lui l’aurore ; Nul simulacre obscur ne suit l’être aromal ; Homme, tout ce qui fait de l’ombre a fait le mal. * Maintenant, c’est ici le rocher fatidique, Et je vais t’expliquer tout ce que je t’indique ; Je vais t’emplir les yeux de nuit et de lueurs. Prépare-toi, front triste, aux funèbres sueurs. Le vent d’en haut sur moi passe, et, ce qu’il m’arrache, Je te le jette ; prends, et vois. Et, d’abord, sache Que le monde où tu vis est un monde effrayant Devant qui le songeur, sous l’infini ployant, Lève les bras au ciel et recule terrible. Ton soleil est lugubre et ta terre est horrible. Vous habitez le seuil du monde châtiment. Mais vous n’êtes pas hors de Dieu complétement ; Dieu, soleil dans l’azur, dans la cendre étincelle, N’est hors de rien, étant la fin universelle ; L’éclair est son regard, autant que le rayon ; Et tout, même le mal, est la création, Car le dedans du masque est encor la figure. — Ô sombre aile invisible à l’immense envergure Esprit ! esprit ! esprit ! m’écriai-je éperdu. Le spectre poursuivit sans m’avoir entendu : * Faisons un pas de plus dans ces choses profondes. Homme, tu veux, tu fais, tu construis et tu fondes, Et tu dis : — Je suis seul, car je suis le penseur. L’univers n’a que moi dans sa morne épaissseur. En deçà, c’est la nuit ; au-delà, c’est le rêve. L’idéal est un œil que la science crève. C’est moi qui suis la fin et qui suis le sommet. — Voyons ; observes-tu le bœuf qui se soumet ? Écoutes-tu le bruit de ton pas sur les marbres ? Interroges-tu l’onde ? et, quand tu vois des arbres, Parles-tu quelquefois à ces religieux ? Comme sur le verseau d’un mont prodigieux, Vaste mêlée aux bruits confus, du fond de l’ombre, Tu vois monter à toi la création sombre. Le rocher est plus loin, l’animal est plus près. Comme le faîte altier et vivant, tu parais ! Mais, dis, crois-tu que l’être illogique nous trompe ? L’échelle que tu vois, crois-tu qu’elle se rompe ? Crois-tu, toi dont les sens d’en haut sont éclairés, Que la création qui, lente et par degrés, S’élève à la lumière, et, dans sa marche entière, Fait de plus de clarté luire moins de matière Et mêle plus d’instincts au monstre décroissant, Crois-tu que cette vie énorme, remplissant De souffles le feuillage et de lueurs la tête, Qui va du roc à l’arbre et de l’arbre à la bête, Et de la pierre à toi monte insensiblement, S’arrête sur l’abîme à l’homme, escarpement ? Non, elle continue, invincible, admirable, Entre dans l’invisible et dans l’impondérable, Y disparaît pour toi, chair vile, emplit l’azur D’un monde éblouissant, miroir du monde obscur, D’êtres voisins de l’homme et d’autres qui s’éloignent, D’esprits purs, de voyants dont les splendeurs témoignent D’anges faits de rayons comme l’homme d’instincts ; Elle plonge à travers les cieux jamais atteints, Sublime ascension d’échelles étoilées, Des démons enchaînés monte aux âmes ailées, Fait toucher le front sombre au radieux orteil, Rattache l’astre esprit à l’archange soleil, Relie, en traversant des millions de lieues, Les groupes constellés et les légions bleues, Peuple le haut, le bas, les bords et le milieu, Et dans les profondeurs s’évanouit en Dieu ! Cette échelle apparaît vaguement dans la vie Et dans la mort. Toujours les justes l’ont gravie : Jacob en la voyant, et Caton sans la voir. Ses échelons sont deuil, sagesse, exil, devoir. Et cette échelle vient de plus loin que la terre. Sache qu’elle commence aux mondes du mystère, Aux mondes des terreurs et des perditions ; Et qu’elle vient, parmi les pâles visions, Du précipice où sont les larves et les crimes, Où la création, effrayant les abîmes, Se prolonge dans l’ombre en spectre indéfini. Car, au-dessous du globe où vit l’homme banni, Hommes, plus bas que vous, dans le nadir livide, Dans cette plénitude horrible qu’on croit vide, Le mal, qui par la chair, hélas ! vous asservit, Dégorge une vapeur monstrueuse qui vit ! Là, sombre et s’engloutit, dans des flots de désastres, L’hydre Univers tordant son corps écaillé d’astres ; Là, tout flotte et s’en va dans un naufrage obscur ; Dans ce gouffre sans bord, sans soupirail, sans mur, De tout ce qui vécut pleut sans cesse la cendre ; Et l’on voit tout au fond, quand l’œil ose y descendre, Au delà de la vie, et du souffle et du bruit, Un affreux soleil noir d’où rayonne la nuit ! * Donc, la matière pend à l’idéal, et tire L’esprit vers l’animal, l’ange vers le satyre, Le sommet vers le bas, l’amour vers l’appétit. Avec le grand qui croule elle fait le petit. Comment de tant d’azur tant de terreur s’engendre, Comment le jour fait l’ombre et le feu pur la cendre, Comment la cécité peut naître du voyant, Comment le ténébreux descend du flamboyant, Comment du monstre esprit naît le monstre matière, Un jour, dans le tombeau, sinistre vestiaire, Tu le sauras ; la tombe est faite pour savoir ; Tu verras ; aujourd’hui, tu ne peux qu’entrevoir ; Mais, puisque Dieu permet que ma voix t’avertisse, Je te parle. Et, d’abord, qu’est-ce que la justice ? Qui la rend ? qui la fait ? où ? quand ? à quel moment ? Qui donc pèse la faute ? et qui le châtiment ? * L’être créé se meurt dans la lumière immense. Libre, il sait où le bien cesse, où le mal commence ; Il a ses actions pour juges. Il suffit Qu’il soit méchant ou bon ; tout est dit. Ce qu’on fit, Crime, est notre geôlier, ou, vertu, nous délivre. L’être ouvre à son insu de lui-même le livre ; Sa conscience calme y marque avec le doigt Ce que l’ombre lui garde ou ce que Dieu lui doit. On agit, et l’on gagne ou l’on perd à mesure ; On peut être étincelle ou bien éclaboussure ; Lumière ou fange, archange au vol d’aigle ou bandit ; L’échelle vaste est là. Comme je te l’ai dit, Par des zones sans fin la vie universelle Monte, et par des degrés innombrables ruisselle, Depuis l’infâme nuit jusqu’au charmant azur. L’être en la traversant devient mauvais ou pur. En haut plane la joie ; en bas l’horreur se traîne. Selon que l’âme, aimante, humble, bonne, sereine, Aspire à la lumière et tend vers l’idéal, Ou s’alourdit, immonde, au poids croissant du mal, Dans la vie infinie on monte et l’on s’élance, Ou l’on tombe ; et tout être est sa propre balance. Dieu ne nous juge point. Vivant tous à la fois, Nous pesons, et chacun descend selon son poids. * Hommes ! nous n’approchons que les paupières closes, De ces immensités d’en bas. Viens, si tu l’oses ! Regarde dans ce puits morne et vertigineux, De la création compte les sombres nœuds, Viens, vois, sonde : Au-dessous de l’homme qui contemple, Qui peut être un cloaque ou qui peut être un temple, Être en qui l’instinct vit dans la raison dissous, Est l’animal courbé vers la terre ; au-dessous De la brute est la plante inerte, sans paupière Et sans cris ; au-dessous de la plante est la pierre ; Au-dessous de la pierre est le chaos sans nom. Avançons dans cette ombre et sois mon compagnon. * Toute faute qu’on fait est un cachot qu’on s’ouvre Les mauvais, ignorant quel mystère les couvre, Les êtres de fureur, de sang, de trahison, Avec leurs actions bâtissent leur prison ; Tout bandit, quand la mort vient lui toucher l’épaule Et l’éveille, hagard, se retrouve en la geôle Que lui fit son forfait derrière lui rampant ; Tibère en un rocher, Séjan dans un serpent. L’homme marche sans voir ce qu’il fait dans l’abîme. L’assassin pâlirait s’il voyait sa victime ; C’est lui. L’oppresseur vil, le tyran sombre et fou, En frappant sans pitié sur tous, forge le clou Qui le clouera dans l’ombre au fond de la matière. Les tombeaux sont les trous du crible cimetière. D’où tombe, graine obscure en un ténébreux champ, L’effrayant tourbillon des âmes. * Tout méchant Fait naître en expirant le monstre de sa vie, Qui le saisit. L’horreur par l’horreur est suivie. Nemrod gronde enfermé dans la montagne à pic ; Quand Dalila descend dans la tombe, un aspic Sort des plis du linceul, emportant l’âme fausse ; Phryné meurt, un crapaud saute hors de la fosse ; Ce scorpion au fond d’une pierre dormant, C’est Clytemnestre aux bras d’Égysthe son amant ; Du tombeau d’Anitus il sort une cigüe ; Le houx sombre et l’ortie à la piqûre aiguë Pleurent quand l’aquilon les fouette, et l’aquilon Leur dit : Tais-toi, Zoïle ! et souffre, Ganelon ! Dieu livre, choc affreux dont la plaine au loin gronde, Au cheval Brunehaut le pavé Frédégonde ; La pince qui rougit dans le brasier hideux Est faite du duc d’Albe et de Philippe Deux ; Farinace est le croc des noires boucheries ; L’orfraie au fond de l’ombre a les yeux de Jeffryes ; Tristan est au secret dans le bois d’un gibet. Quand tombent dans la mort tous ces brigands, Macbeth, Ezzelin, Richard Trois, Carrier, Ludovic Sforce, La matière leur met la chemise de force. Oh ! comme en son bonheur, qui masque un sombre arrêt, Messaline ou l’horrible Isabeau frémirait Si, dans ses actions du sépulcre voisines, Cette femme sentait qu’il lui vient des racines, Et qu’ayant été monstre, elle deviendra fleur ! À chacun son forfait ! à chacun sa douleur ! Claude est l’algue que l’eau traîne de havre en havre ; Xercès est excrément, Charles Neuf est cadavre ; Hérode, c’est l’osier des berceaux vagissants ; L’âme du noir Judas, depuis dix-huit cents ans, Se disperse et renaît dans les crachats de hommes ; Et le vent qui jadis soufflait sur les Sodomes Mêle, dans l’âtre abject et sous le vil chaudron, La fumée Érostrate à la flamme Néron. * Et tout, bête, arbre et roche, étant vivant sur terre, Tout est monstre, excepté l’homme, esprit solitaire. L’âme que sa noirceur chasse du firmament Descend dans les degrés divers du châtiment Selon que plus ou moins d’obscurité la gagne. L’homme en est la prison, la bête en est le bagne, L’arbre en est le cachot, la pierre en est l’enfer. Le ciel d’en haut, le seul qui soit splendide et clair, La suit des yeux dans l’ombre, et, lui jetant l’aurore, Tâche, en la regardant, de l’attirer encore. Ô chute ! dans la bête, à travers les barreaux De l’instinct, obstruant de pâles soupiraux, Ayant encor la voix, l’essor et la prunelle, L’âme entrevoit de loin la lueur éternelle ; Dans l’arbre elle frissonne, et, sans jour et sans yeux, Sent encor dans le vent quelque chose des cieux ; Dans la pierre elle rampe, immobile, muette, Ne voyant même plus l’obscure silhouette Du monde qui s’éclipse et qui s’évanouit, Et face à face avec son crime dans la nuit, L’âme en ces trois cachots traîne sa faute noire. Comme elle en a la forme, elle en a la mémoire ; Elle sait ce qu’elle est ; et, tombant sans appuis, Voit la clarté décroître à la paroi du puits ; Elle assiste à sa chute ; et, dur caillou qui roule, Pense : Je suis Octave ; et, vil chardon qu’on foule, Crie au talon : Je suis Attila le géant ; Et, ver de terre au fond du charnier, et rongeant Un crâne infect et noir, dit : Je suis Cléopâtre. Et, hibou, malgré l’aube, ours, en bravant le pâtre, Elle accomplit la loi qui l’enchaîne d’en haut ; Pierre, elle écrase ; épine, elle pique ; il le faut. Le monstre est enfermé dans son horreur vivante. Il aurait beau vouloir dépouiller l’épouvante ; Il faut qu’il reste horrible et reste châtié ; Ô mystère ! le tigre a peut-être pitié ! Le tigre sur son dos, qui peut-être eut une aile, À l’ombre des barreaux de la cage éternelle ; Un invisible fil lie aux noirs échafauds Le noir corbeau dont l’aile est en forme de faulx ; L’âme louve ne peut s’empêcher d’être louve, Car le monstre est tenu, sous le ciel qui l’éprouve, Dans l’expiation par la fatalité. Jadis, sans la comprendre et d’un œil hébété, L’Inde a presque entrevu cette métempsychose. La ronce devient griffe, et la feuille de rose Devient langue de chat, et, dans l’ombre et les cris, Horrible, lèche et boit le sang de la souris ; Qui donc connaît le monstre appelé mandragore ? Qui sait ce que, le soir, éclaire le fulgore, Être en qui la laideur devient une clarté ? Ce qui se passe en l’ombre où croît la fleur d’été Efface la terreur des antiques avernes. Étages effrayants ! cavernes sur cavernes. Ruche obscure du mal, du crime et du remord ! Donc, une bête va, vient, rugit, hurle, mord ; Un arbre est là, dressant ses branches hérissées, Une dalle s’effondre au milieu des chaussées Que la charrette écrase et que l’hiver détruit, Et, sous ces épaisseurs de matière et de nuit, Arbre, bête, pavé, poids que rien ne soulève, Dans cette profondeur terrible, une âme rêve ! Que fait-elle ? Elle songe à Dieu ! * Fatalité ! Echéance ! retour ! revers ! autre côté ! Ô loi ! pendant qu’assis à table, joyeux groupes, Les pervers, les puissants, vidant toutes les coupes, Oubliant qu’aujourd’hui par demain est guetté, Étalent leur mâchoire en leur folle gaîté, Voilà ce qu’en sa nuit muette et colossale, Montrant comme eux ses dents tout au fond de la salle, Leur réserve la mort, ce sinistre rieur ! Nous avons, nous, voyants du ciel supérieur, Le spectacle inouï de vos régions basses. Ô songeur, fallait-il qu’en ces nuits tu tombasses ! Nous écoutons le cri de l’immense malheur. Au-dessus d’un rocher, d’un loup ou d’une fleur, Parfois nous apparaît l’âme à mi-corps sortie, Pauvre ombre en pleurs qui lutte, hélas ! presque engloutie ; Le loup la tient, le roc étreint ses pieds qu’il tord, Et la fleur implacable et féroce la mord. Nous entendons le bruit du rayon que Dieu lance, La voix de ce que l’homme appelle le silence, Et vos soupirs profonds, cailloux désespérés ! Nous voyons la pâleur de tous les fronts murés. À travers la matière, affreux caveau sans portes, L’ange est pour nous visible avec ses ailes mortes. Nous assistons aux deuils, au blasphème, aux regrets, Aux fureurs ; et, la nuit, nous voyons les forêts, D’où cherchent à s’enfuir les larves enfermées, S’écheveler dans l’ombre en lugubres fumées. Partout, partout, partout ! dans les flots, dans les bois, Dans l’herbe en fleur, dans l’or qui sert de sceptre aux rois, Dans le jonc dont Hermès se fait une baguette, Partout, le châtiment contemple, observe ou guette, Sourd aux questions, triste, affreux, pensif, hagard ; Et tout est l’œil d’où sort ce terrible regard. Ô châtiment ! dédale aux spirales funèbres ! Construction d’en bas qui cherche les ténèbres, Plonge au-dessous du monde et descend dans la nuit, Et, Babel renversée, au fond de l’ombre fuit ! L’homme qui plane et rampe, être crépusculaire, En est le milieu. * L’homme est clémence et colère ; Fond vil du puits, plateau radieux de la tour ; Degré d’en haut pour l’ombre, et d’en bas pour le jour. L’ange y descend, la bête après la mort y monte ; Pour la bête, il est gloire, et, pour l’ange, il est honte ; Dieu mêle en votre race, hommes infortunés, Les demi-dieux punis aux monstres pardonnés. De là vient que, parfois, — mystère que Dieu mène ! — On entend d’une bouche en apparence humaine Sortir des mots pareils à des rugissements, Et que, dans d’autres lieux et dans d’autres moments, On croit voir sur un front s’ouvrir des ailes d’anges. Roi forçat, l’homme, esprit, pense, et, matière, mange. L’âme en lui ne se peut dresser sur son séant. L’homme, comme la brute abreuvé de néant, Vide toutes les nuits le verre noir du somme. La chaîne de l’enfer, liée au pied de l’homme, Ramène chaque jour vers le cloaque impur La beauté, le génie, envolés dans l’azur, Mêle la peste au souffle idéal des poitrines, Et traîne, avec Socrate, Aspasie aux latrines. * Par un côté pourtant l’homme est illimité. Le monstre a la carcan, l’homme a la liberté. Songeur, retiens ceci : l’homme est un équilibre. L’homme est une prison où l’âme reste libre. L’âme, dans l’homme, agit, fait le bien, fait le mal, Remonte vers l’esprit, retombe à l’animal ; Et, pour que, dans son vol vers les cieux, rien ne lie Sa conscience ailée et de Dieu seul remplie, Dieu, quand une âme éclôt dans l’homme au bien poussé, Casse en son souvenir le fil du passé ; De là vient que la nuit en sait plus que l’aurore. Le monstre se connaît lorsque l’homme s’ignore. Le monstre est la souffrance, et l’homme et l’action. L’homme est l’unique point de la création Où, pour demeurer libre en se faisant meilleur, L’âme doive oublier sa vie antérieure. Mystère ! au seuil de tout l’esprit rêve ébloui. * L’homme ne voit pas Dieu, mais peut aller à lui, En suivant la clarté du bien, toujours présente ; Le monstre, arbre, rocher ou bête rugissante, Voit Dieu, c’est là sa peine, et reste enchaîné loin. L’homme a l’amour pour aile, et pour joug le besoin, L’ombre est sur ce qu’il voit par lui-même semée ; La nuit sort de son œil ainsi qu’une fumée ; Homme, tu ne sais rien ; tu marches, pâlissant ! Parfois le voile obscur qui te couvre, ô passant ! S’envole et flotte au vent soufflant d’une autre sphère, Gonfle un moment ses plis jusque dans la lumière, Puis retombe sur toi, spectre, et redevient noir. Tes sages, tes penseurs ont essayé de voir ; Qu’ont-ils vu ? qu’ont-ils fait ? qu’ont-ils dit, ces fils d’Ève ? Rien. Homme ! autour de toi la création rêve. Mille êtres inconnus t’entourent dans ton mur. Tu vas, tu viens, tu dors sous leur regard obscur, Et tu ne les sens pas vivre autour de ta vie : Toute une légion d’âmes t’est asservie ; Pendant qu’elle te plaint, tu la foules aux pieds. Tous tes pas vers le jour sont par l’ombre épiés. Ce que tu nommes chose, objet, nature morte, Sait, pense, écoute, entend. Le verrou de ta porte Voit arriver ta faute et voudrait se fermer. Ta vitre connaît l’aube, et dit : Voir ! croire ! aimer ! Les rideaux de ton lit frissonnent de tes songes. Dans les mauvais desseins quand, rêveur, tu te plonges, La cendre dit au fond de l’âtre sépulcral : Regarde-moi ; je suis ce qui reste du mal. Hélas ! l’homme imprudent trahit, torture, opprime. La bête en son enfer voit les deux bouts du crime ; Un loup pourrait donner des conseils à Néron. Homme ! homme ! aigle aveuglé, moindre qu’un moucheron ! Pendant que dans ton Louvre ou bien dans ta chaumière, Tu vis, sans même avoir épelé la première Des constellations, sombre alphabet qui luit Et tremble sur la page immense de la nuit, Pendant que tu maudis et pendant que tu nies, Pendant que tu dis : Non ! aux astres ; aux génies : Non ! à l’idéal : Non ! à la vertu : Pourquoi ? Pendant que tu te tiens en dehors de la loi, Copiant les dédains inquiets ou robustes De ces sages qu’on voit rêver dans les vieux bustes, Et que tu dis : Que sais-je ? amer, froid, mécréant, Prostituant ta bouche au rire du néant, À travers le taillis de la nature énorme, Flairant l’éternité de ton museau difforme, Là, dans l’ombre, à tes pieds, homme, ton chien voit Dieu. Ah ! je t’entends. Tu dis : — Quel deuil ! la bête est peu, L’homme n’est rien. Ô loi misérable ! ombre ! abîme ! — * Ô songeur ! cette loi misérable et sublime. Il faut donc tout redire à ton esprit chétif ! À la fatalité, loi du monstre captif, Succède le devoir, fatalité de l’homme. Ainsi de toutes parts l’épreuve se consomme, Dans le monstre passif, dans l’homme intelligent, La nécessité morne en devoir se changeant, Et l’âme, remontant à sa beauté première, Va de l’ombre fatale à la libre lumière. Or, je te le redis, pour se transfigurer, Et pour se racheter, l’homme doit ignorer. Il doit être aveuglé par toutes les poussières. Sans quoi, comme l’enfant guidé par des lisières, L’homme vivrait, marchant droit à la vision. Douter est sa puissance et sa punition. Il voit la rose, et nie ; il voit l’aurore, et doute ; Où serait le mérite à retrouver sa route, Si l’homme, voyant clair, roi de sa volonté, Avait la certitude, ayant la liberté ? Non. Il faut qu’il hésite en la vaste nature, Qu’il traverse du choix l’effrayante aventure, Et qu’il compare au vice agitant son miroir, Au crime, aux voluptés, l’œil en pleurs du devoir ; Il faut qu’il doute ! Hier croyant, demain impie ; Il court du mal au bien ; il scrute, sonde, épie, Va, revient, et, tremblant, agenouillé, debout, Les bras étendus, triste, il cherche Dieu partout ; Il tâte l’infini jusqu’à ce qu’il l’y sente ; Alors, son âme ailée éclate frémissante ; L’ange éblouissant luit dans l’homme transparent. Le doute le fait libre, et la liberté, grand. La captivité sait ; la liberté suppose, Creuse, saisit l’effet le compare à la cause, Croit vouloir le bien-être et veut le firmament ; Et, cherchant le caillou, trouve le diamant. C’est ainsi que du ciel l’âme à pas lents s’empare. Dans le monstre, elle expie ; en l’homme, elle répare. * Oui, ton fauve univers est le forçat de Dieu. Les constellations, sombres lettres de feu, Sont les marques du bagne à l’épaule du monde. Dans votre région tant d’épouvante abonde, Que, pour l’homme, marqué lui-même du fer chaud, Quand il lève les yeux vers les astres, là-haut, Le cancer resplendit, le scorpion flamboie, Et dans l’immensité le chien sinistre aboie ! Ces soleils inconnus se groupent sur son front Comme l’effroi, le deuil, la menace et l’affront ; De toutes parts s’étend l’ombre incommensurable ; En bas l’obscur, l’impur, le mauvais, l’exécrable, Le pire, tas hideux, fourmillent ; tout au fond, Ils échangent entre eux dans l’ombre ce qu’ils font ; Typhon donne l’horreur, Satan donne le crime ; Lugubre intimité du mal et de l’abîme ! Amours de l’âme monstre et du monstre univers ! Baiser triste ! et l’informe engendré du pervers, La matière, le bloc, la fange, la géhenne, L’écume, le chaos, l’hiver, nés de la haine, Les faces de beauté qu’habitent des démons, Tous les êtres maudits, mêlés aux vils limons, Pris par la plante fauve et la bête féroce, Le grincement de dents, la peur, le rire atroce, L’orgueil, que l’infini courbe sous son niveau, Rampent, noirs prisonniers, dans la nuit, noir caveau. La porte, affreuse et faite avec de l’ombre, est lourde ; Par moments, on entend, dans la profondeur sourde, Les efforts que les monts, les flots, les ouragans, Les volcans, les forêts, les animaux brigands, Et tous les monstres font pour soulever le pêne ; Et sur cet amas d’ombre, et de crime, et de peine, Ce grand ciel formidable est le scellé de Dieu. Voilà pourquoi, songeur dont la mort est le vœu, Tant d’angoisse est empreinte au front des cénobites ! Je viens de te montrer le gouffre. Tu l’habites. * Les mondes, dans la nuit que vous nommez l’azur, Par les brèches que fait la mort blême à leur mur, Se jettent en fuyant l’un à l’autre des âmes. Dans votre globe où sont tant de geôles infâmes, Vous avez de méchants de tous les univers, Condamnés qui, venus des cieux les plus divers, Rêvent dans vos rochers, ou dans vos arbres ploient ; Tellement stupéfaits de ce monde qu’ils voient, Qu’eussent-ils la parole, ils ne pourraient parler. On en sent quelques-uns frissonner et trembler. De là les songes vains du bronze et de l’augure. Donc, représente-toi cette sombre figure : Ce gouffre, c’est l’égout du mal universel. Ici vient aboutir de tous les points du ciel La chute des punis, ténébreuse traînée. Dans cette profondeur, morne, âpre, infortunée, De chaque globe il tombe un flot vertigineux D’âmes, d’esprits malsains et d’être vénéneux, Flot que l’éternité voit sans fin se répandre. Chaque étoile au front d’or qui brille, laisse pendre Sa chevelure d’ombre en ce puits effrayant. Ame immortelle, vois, et frémis en voyant : Voilà le précipice exécrable où tu sombres. * Oh ! qui que vous soyez, qui passez dans ces ombres, Versez votre pitié sur ces douleurs sans fond ! Dans ce gouffre, où l’abîme en l’abîme se fond, Se tordent les forfaits, transformés en supplices, L’effroi, le deuil, le mal, les ténèbres complices, Les pleurs sous la toison, le soupir expiré Dans la fleur, et le cri dans la pierre muré ! Oh ! qui que vous soyez, pleurez sur ces misères ! Pour Dieu seul, qui sait tout, elles sont nécessaires ; Mais vous pouvez pleurer sur l’énorme cachot Sans déranger le sombre équilibre d’en haut ! Hélas ! hélas ! hélas ! tout est vivant ! tout pense ! La mémoire est la peine, étant la récompense. Oh ! comme ici l’on souffre et comme on se souvient ! Torture de l’esprit que la matière tient ! La brute et le granit, quel chevalet pour l’âme ! Ce mulet fut sultan, ce cloporte était femme. L’arbre est un exilé, la roche est un proscrit. Est-ce que, quelque part, par hasard, quelqu’un rit Quand ces réalités sont là, remplissant l’ombre ? La ruine, la mort, l’ossement, le décombre, Sont vivants. Un remords songe dans un débris. Pour l’œil profond qui voit, les antres sont des cris. Hélas ! le cygne est noir, le lys songe à ses crimes ; La perle est nuit ; la neige est la fange des cimes ; Le même gouffre, horrible et fauve, et sans abri, S’ouvre dans la chouette et dans le colibri ; La mouche, âme, s’envole et se brûle à la flamme ; Et la flamme, esprit, brûle avec angoisse une âme ; L’horreur fait frissonner les plumes de l’oiseau ; Tout est douleur. Les fleurs souffrent sous le ciseau Et se ferment ainsi que des paupière closes : Toutes les femmes sont teintes du sang des roses ; La vierge au bal, qui danse, ange aux fraîches couleurs, Et qui porte en sa main une touffe de fleurs, Respire en soupirant un bouquet d’agonies. Pleurez sur les laideurs et les ignominies, Pleurez sur l’araignée immonde, sur le ver, Sur la limace au dos mouillé comme l’hiver, Sur le vil puceron qu’on voit aux feuilles pendre, Sur le crabe hideux, sur l’affreux scolopendre, Sur l’effrayant crapaud, pauvre monstre aux doux yeux, Qui regarde toujours le ciel mystérieux ! Plaignez l’oiseau de crime et la bête de proie. Ce que Domitien, César, fit avec joie, Tigre, il le continue avec horreur. Verrès, Qui fut loup sous la pourpre, est loup dans les forêts ; Il descend, réveillé, l’autre côté du rêve : Son rire, au fond des bois, en hurlement s’achève ; Pleurez sur ce qui hurle et pleurez sur Verrès. Sur ces tombeaux vivants, masqués d’obscurs arrêts, Penchez-vous attendri ! versez votre prière ! La pitié fait sortir des rayons de la pierre. Plaignez le louveteau, plaignez le lionceau. La matière, affreux bloc, n’est que le lourd monceau Des effets monstrueux, sortis des sombres causes. Ayez pitié ! voyez des âmes dans les choses. Hélas ! le cabanon subit aussi l’écrou ; Plaignez le prisonnier, mais plaignez le verrou ; Plaignez la chaîne au fond des bagnes insalubres ; La hache et le billot sont deux êtres lugubres ; La hache souffre autant que le corps, le billot Souffre autant que la tête ; ô mystères d’en haut ! Ils se livrent une âpre et hideuse bataille ; Il ébrèche la hache et la hache l’entaille ; Ils se disent tout bas l’un à l’autre : Assassin ! Et la hache maudit les hommes, sombre essaim, Quand, le soir, sur le dos du bourreau, son ministre, Elle revient dans l’ombre, et luit, miroir sinistre, Ruisselante de sang et reflétant les cieux ; Et, la nuit, dans l’état morne et silencieux, Le cadavre au cou rouge, effrayant, glacé, blême, Seul, sait ce que lui dit le billot, tronc lui-même. Oh ! que la terre est froide et que les rocs sont durs ! Quelle muette horreur dans les halliers obscurs ! Les pleurs noirs de la nuit sur la colombe blanche Tombent ; le vent met nue et torture la branche ; Quel monologue affreux dans l’arbre aux rameaux verts ! Quel frisson dans l’herbe ! Oh ! quels yeux fixes ouverts Dans les cailloux profonds, oubliettes des âmes ! C’est une âme que l’eau scie en ses froides lames ; C’est une âme que fait ruisseler le pressoir. Ténèbres ! l’univers est hagard. Chaque soir, Le noir horizon monte et la nuit noire tombe ; Tous deux, à l’occident, d’un mouvement de tombe ; Ils vont se rapprochant, et, dans le firmament, Ô terreur ! sur le joug, écrasé lentement, La tenaille de l’ombre effroyable se ferme. Oh ! les berceaux font peur. Un bagne est dans un germe. Ayez pitié, vous tous et qui que vous soyez ! Les hideux châtiments, l’un sur l’autre broyés, Roulent, submergeant tout, excepté les mémoires. Parfois on voit passer dans ces profondeurs noires Comme un rayon lointain de l’éternel amour ; Alors, l’hyène Atrée et le chacal Timour, Et l’épine Caïphe et le roseau Pilate, Le volcan Alaric à la gueule écarlate, L’ours Henri Huit, pour qui Morus en vain pria, Le sanglier Selim et le porc Borgia, Poussent des cris vers l’Être adorable ; et les bêtes Qui portèrent jadis des mitres sur leurs têtes, Les grains de sable rois, les brins d’herbe empereurs, Tous les hideux orgueils et toutes les fureurs, Se brisent ; la douceur saisit le plus farouche ; Le chat lèche l’oiseau, l’oiseau baise la mouche ; Le vautour dit dans l’ombre au passereau : Pardon ! Une caresse sort du houx et du chardon ; Tous les rugissements se fondent en prières ; On entend s’accuser de leurs forfaits les pierres ; Tous ces sombres cachots qu’on appelle les fleurs Tressaillent ; le rocher se met à fondre en pleurs. Des bras se lèvent hors de la tombe dormante ; Le vent gémit, la nuit se plaint, l’eau se lamente, Et sous l’œil attendri qui regarde d’en haut, Tout l’abîme n’est plus qu’un immense sanglot. * Espérez ! espérez ! espérez, misérables ! Pas de deuil infini, pas de maux incurables, Pas d’enfer éternel ! Les douleurs vont à Dieu, comme la flèche aux cibles ; Les bonnes actions sont les gonds invisibles De la porte du ciel. Le deuil est la vertu, le remords est le pôle Des monstres garrottés dont le gouffre est la geôle ; Quand, devant Jéhovah, Un vivant reste pur dans les ombres charnelles, La mort, ange attendri, rapporte ses deux ailes À l’homme qui s’en va Les enfers se refont édens ; c’est là leur tâche. Tout globe est un oiseau que le mal tient et lâche. Vivants, je vous le dis, Les vertus, parmi vous, font ce labeur auguste D’augmenter sur vos fronts le ciel ; quiconque est juste Travaille au paradis. L’heure approche. Espérez. Rallumez l’âme éteinte ! Aimez-vous ! aimez-vous, car c’est la chaleur sainte, C’est le feu du vrai jour. Le sombre univers, froid, glacé, pesant, réclame La sublimation de l’être par la flamme, De l’homme par l’amour ! Déjà, dans l’océan d’ombre que Dieu domine, L’archipel ténébreux des bagnes s’illumine ; Dieu, c’est le grand aimant ; Et les globes, ouvrant leur sinistre prunelle, Vers les immensités de l’aurore éternelle Se tournent lentement ! Oh ! comme vont chanter toutes les harmonies, Comme rayonneront dans les sphères bénies Les faces de clarté, Comme les firmaments se fondront en délires, Comme tressailleront toutes les grandes lyres De la sérénité, Quand, du monstre matière ouvrant toutes les serres, Faisant évanouir en splendeurs les misères, Changeant l’absinthe en miel, Inondant de beauté la nuit diminuée, Ainsi que le soleil tire à lui la nuée Et l’emplit d’arcs-en-ciel, Dieu, de son regard fixe attirant les ténèbres, Voyant vers lui, du fond des cloaques funèbres Où le mal le pria, Monter l’énormité, bégayant des louanges, Fera rentrer, parmi les univers archanges, L’univers paria ! On verra palpiter les fanges éclairées, Et briller les laideurs les plus désespérées Au faîte le plus haut, L’araignée éclatante au seuil des bleus pilastres, Luire, et se redresser, portant des épis d’astres, La paille du cachot ! La clarté montera dans tout comme une sève ; On verra rayonner au front du bœuf qui rêve Le céleste croissant ; Le charnier chantera dans l’horreur qui l’encombre, Et sur tous les fumiers apparaîtra dans l’ombre Un Job resplendissant ! Ô disparition de l’antique anathème ! La profondeur disant à la hauteur : Je t’aime ! Ô retour du banni ! Quel éblouissement au fond des cieux sublimes ! Quel surcroît de clarté que l’ombre des abîmes S’écriant : Sois béni ! On verra le troupeau des hydres formidables Sortir, monter du fond des brumes insondables Et se transfigurer ; Des étoiles éclore aux trous noirs de leurs crânes, Dieu juste ! et, par degrés devenant diaphanes, Les monstres s’azurer ! Ils viendront, sans pouvoir ni parler ni répondre, Éperdus ! on verra des auréoles fondre Les cornes de leur front ; Ils tiendront dans leur griffe, au milieu des cieux calmes, Des rayons frissonnants semblables à des palmes ; Les gueules baiseront ! Ils viendront ! ils viendront, tremblants, brisés d’extase, Chacun d’eux débordant de sanglots comme un vase Mais pourtant sans effroi ; On leur tendra les bras de la haute demeure, Et Jésus, se penchant sur Bélial qui pleure, Lui dira : C’est donc toi ! Et vers Dieu par la main il conduira ce frère ! Et, quand ils seront près des degrés de lumière Par nous seuls aperçus, Tous deux seront si beaux, que Dieu dont l’œil flamboie Ne pourra distinguer, père ébloui de joie, Bélial de Jésus ! Tout sera dit. Le mal expirera, les larmes Tariront ; plus de fers, plus de deuils, plus d’alarmes ; L’affreux gouffre inclément Cessera d’être sourd, et bégaiera : Qu’entends-je ? Les douleurs finiront dans toute l’ombre : un ange Criera : Commencement !
Victor Hugo, “Ce qui dit la bouche d’ombre”, 1855
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Text
Tohu-bohu
Claude, la cinquantaine et au chaud, est assis sur une chaise en bois qui crisse et ploie sous son poids. Silencieux, il revisite son passé. Il part à la recherche de sa troisième vie, celle qui débuta lorsque, dans une rue adjacente à la rue de Tolbiac, il fit la connaissance de Yacine. Deux années le sépare de cet événement dont il mesure aujourd’hui toute l’importance, toute la portée. Les images abondent, pêle-mêle, et forment dans le cerveau du vieux un magnifique écheveau. Les moments passés avec Yacine surgissent ainsi, sans ordre logique, comme rêvés ; ils s’associent, s’agglutinent, se divisent et se fractionnent. Tous sont réécrits dans la langue du souvenir dont les cinq voyelles sont les cinq lettres du mot « amour ». Peu d’entre eux laissent à Claude un goût amer dans la bouche. L’enfant du désert illumine suffisamment son esprit pour en chasser les ténèbres qu’il a jeté, trois jours plus tôt, en partant. La tête au repos entre ses mains boursouflées, Claude se figure l’absent et parvient pour la première fois à ne pas trop en souffrir. Silencieux, il objective sa mémoire. Du bouillonnement de cette dernière émergent maintenant quelques instants noyés mais plus précis, quelques bribes de sa première confrontation avec Yacine : il est immobile et debout, comme lorsqu’il fait l’aumône du côté pair de l’avenue Ledru-Rollin, mais cette fois-ci il ne mendie pas, il médite face à un panneau de la ville de Paris qui stipule : « la pelouse est en repos hivernal ». Au dessus de lui trône un beau soleil. Il se trouve à l’entrée du square Florence Blumenthal qui donne sur la rue du Château des rentiers. Au seuil de cet espace vert, il considère le panneau en retard d’une saison tout en observant au travers des haies un groupe d’enfants gambadant sur le gazon. Bercé par le tumulte des écoliers, il ne s’aperçoit pas qu’une ombre s’est approchée de lui. Un coup violent sur son omoplate droit retentit et l’entraîne dans cet état d’hébétude étrange que n’importe quelle victime d’agression physique connaît. Lorsqu’il se retourne, Claude découvre le visage rieur d’un adolescent aux yeux bleus. Dans un mois, Yacine et lui partagerons la même tente.
Premier tableau
Levé de rideau sur Dieu. Il sera au centre de la scène, bâillonné et ligoté sur une chaise.
Affolé et comme perdu, son regard devra aussi exprimé la peur et parcourir hâtivement l’espace.
Grognements et soubresauts constitueront l’essentiel de son jeu.
Entrée tonitruante de Bohu. Il frappera sur un tam-tam et hurlera sans discontinuer.
Nerveux et agressif à l’endroit de Dieu qu’il prendra comme axe de révolution.
Entièrement couvert de loques et masqué, il effectuera également de rapides rotations sur lui-même.
Surtout, il poursuivra son ramdam et sa danse désordonnée jusqu’à la limite de l’évanouissement.
En aucun cas l’acteur ne doit simuler le tournis. Il faut qu’il le vive au risque de tomber de la scène.
Nécrophage, Bohu a besoin de la Création et de ses cadavres. La putréfaction sera son idée fixe.
Au fond : de « la neige » en continu sur un grand écran de cinéma de dix-sept mètres sur neuf.
Un vent puissant sera généré par six turbines de deux mètres de diamètre chacune (en coulisse).
Rien de plus. Aucune fioritures décoratives : le désert et le vide.
Afin de couvrir le bruit du « Grand vent » il sera nécessaire de sonoriser la voix des comédiens.
Petit micro-cravates de bonne qualité dissimulés sous les masques de Tohu et de Bohu.
Attention, comme Dieu est nu, il faut lui mettre le micro dans la gorge.
Si le comédien supporte le traitement, le rendu de ses grommellements y gagnera assurément.
L’ingénieur du son jouera, comme on peut s’en douter, un rôle majeur.
Inutile qu’il se retienne. Il saturera les trois signaux au mépris de la compréhension du texte.
Eclats de voix, cris, appels et clameurs créeront un brouhaha perpétuel.
Une fois conclu ce premier tableau, la salle doit s’être vidée de moitié.
La deuxième vie de Claude débuta par une succession de malheurs, après son quarante troisième anniversaire. En moins d’un an, il divorça, devient chômeur et perdit la garde de ses enfants. Charlotte et Anaïs, ses deux filles, souffraient du constat de son enfoncement dans l’alcool et dans la dépression. La juge des affaires familiales crut bon de préserver les deux adolescentes du spectacle de la décrépitude du père dont elle pressentait, forte de son expérience dans ce genre d’affaires, l’irréversibilité. Les évènements donnèrent raison à la magistrate car Claude, en effet, sombra davantage, jusqu’à se faire expulser de son logement à cause du cumul des loyers impayés. Ainsi commença sa deuxième vie, faite d’errance et de soûleries. Ainsi commença son expérience de la rue.
Le premier tableau débute donc avec la performance de Bohu. Après qu’il se soit écroulé, on coupera l’électricité au niveau du disjoncteur principal. Noir complet dans la salle, sur la scène et en coulisse. Plus un bruit, même Dieu contient ses gémissements. Le raffut cède la place au silence. Puis, le grand écran se rallume et reprend son fourmillement lumineux. Là, Tohu fait son entrée. Sa gestuelle nous le montrera très étonné de se sentir en pleine forme (au comédien de prouver qu’il est à la hauteur du rôle). Pour revenir dans sa dimension, il a du, comme Bohu avant lui, s’incarner dans un corps humain. Il a choisi celui d’un élu de la République. Au reste, la disparition soudaine de cette personne publique ne sera pas sans effet dans l’autre monde, ce que nous expliquera le trente quatrième tableau. Bohu, quant à lui, avait pris possession du corps d’un indigent de soixante-dix ans. Ce choix lui fut fatal puisque il revînt avec, d’une part, la maîtrise de la langue en moins, de l’autre, une passion dévoreuse pour la chair morte. La rééducation orthophonique et la psychanalyse de Bohu s’étalera sur toute la durée de la pièce. Il s’agira d’un travail de longue haleine dont il s’acquittera avec constance et méticulosité. En somme, Bohu débutera la pièce par un usage désordonné des onomatopées et la terminera en virtuose du subjonctif imparfait. Au sujet des costumes, Bohu, nous l’avons dit, est en guenilles, Tohu, en revanche, arborera un magnifique costume trois pièces. Dans les deux cas le noir l’emportera sur les autres couleurs et contrastera fortement avec la peau blanche de Dieu.
En ce qui concerne les masques, il est impératif de se procurer les deux œuvres d’art balinaises représentées et décrites ci-dessous :
Ancien masque du Topeng Pajegan : TUA, le vieil homme.
Composition : Bois, poudre de dents, os de porc, poils de chèvre.
Le vieil homme apparaît lors des danses d'introduction.
Prix : 610 euros.
Ancien masque du Topeng Pajegan : PATIH MANIS.
Composition : Bois, poudre de dents, os de porc, poils de chèvre, moustache en cheveux humains.
Stratège rusé, il conseille le roi (raja) ou le prince (dalem). Ce personnage est impliqué dans les diverses intrigues politiques et romantiques qui pimentent le topeng.
Prix : 500 euros.
Le Topeng Pajegan interprète des passages du Râmâyana, célèbre épopée en langue sanskrite composée de sept livres et de 48 000 vers. Le Râmâyana est, avec le Mahâbhârata, l’un des écrits fondamentaux de l’hindouisme et de la civilisation indienne. Le Topeng Pajegan est une forme théâtrale balinaise qui met en scène un seul danseur interprétant rapidement une série de rôles par le truchement de masques. Ces derniers lui permettent de se transformer en clown, en prince, en princesse, en vieil homme, en roi ou en premier ministre. Le masque de TUA, le vieil homme sera porté par Bohu et celui du premier ministre PATIH MANIS par Tohu.
TOHU, considère un temps son frère évanoui, puis, s’adressant à Dieu : Crois-moi ! C’est à l’échec total que nous t’avons soustrait. Le firmament ne sépare aucunement les eaux d’en haut des eaux d’en bas et l’homme est moins bête qu’il n’y paraît. Il a deviné plusieurs de tes supercheries. D’ailleurs, mon vieux, faut que tu l’admette : tu perds des adeptes !
DIEU, un peu moins terrifié depuis que TOHU est revenu du futur : Grrr…
TOHU : Enfin quand même, quel voyage ! Je te le concède, ta Création… c’est un sacré spectacle ! Un vrai chaos. (il s’approche de DIEU et lui murmure à l’oreille) Le nôtre a quand même plus de gueule non ? Plus minimal, moins prétentieux. (Il se tourne vers Bohu qui se soulève péniblement) Ah ! Te voilà revenu dans le monde réel. Seigneur de l’agitation, tes transes à répétition vont finir par rendre fou notre invité.
BOHU, palpant le sol comme un myope qui vient de faire tomber ses lunettes : Argh, Humpf, Grumph…
TOHU : Prince des secousses, j’ai un cadeau pour toi.
BOHU, bondissant : Hiiiiiiiiiiiiiiiii.
TOHU : Calme toi mon horloger du barouf. Stoppe illico ton charivari ! Vois comme l’autre s’agite quand tu entonne ton chant (désignant DIEU de son orteil gauche). Sache pour commencer qu’il ne s’agit pas d’un macchabée. (BOHU se renfrogne) Non, l’objet est bien plus mince et plus dense. C’est un acte gratuit. C’est un texte d’un poète qu’on dit là bas être un des plus grands du vingtième siècle. Il porte pour titre : « L’âge héroïque ».
BOHU, arrachant des mains de TOHU le feuillet que celui-ci lui tend, puis, le tournant dans tous les sens : Gla gla, glou glou, glu, gli, glo… (perplexe) Gné ?… (un temps). Berk ! beuh ! (Il fait de cette page déchirée une boule de papier qu’il jette au visage de DIEU. Celui-ci, d’abord très intrigué par l’objet, s'alarme suite à l’agression de BOHU).
TOHU, courroucé : Espèce de dégénéré du Barnum ! Monstre du méli-mélo ! Butor du boucan ! Excité de l’esclandre ! Félon du fouillis ! Scélérat du scandale ! (BOHU encaisse les insultes l’air détaché). Ne peux-tu l’espace d’une seconde prendre un peu de hauteur ? N’as-tu donc aucun intérêt pour ce qui n’est pas du ressort de la viande ? Ton désir de connaissance ne s’étendra-t-il jamais au dehors du champ de la nécrophilie ? (La prononciation de ce dernier mot fait glousser BOHU). Si seulement tu t’étais donné la peine ! Bien sûr, je sais… la langue… les mots ont foutu le camp. Mais je suis là moi ! En séquestrant le vieux nous nous sommes engagé sur une drôle de voie. Mais, continuons de tirer de sa torpeur la conviction d’avoir fait le bon choix. Sans doute ne s’était-il jamais imaginer qu’un simple bâillon pu le vaincre. Privé de parole ! Regarde le… à n’en pas douter, il a bien fait l’homme à son image, petit, craintif, dominé par le doute. Car le plus beau présent qu’il leur a fait à ces animaux fut cette fameuse Conscience. « Gloire ! Gloire à la Conscience » entend-t-on de l’autre côté. « Gloire à celle qui accouche de la Raison ! » répètent-ils jour et nuit. Mais tous, sans exception, sont impuissants devant l’empire de la Conscience. Tous, je te le dis, du manœuvre au philosophe. Et, crois moi, thuriféraire du tapage, le second est d’entre tous le plus exposé. Il bâti sa fragile maison sur cet édifice qu’est la Conscience et n’en finit pas, au terme de sa fin, d’en repenser les fondations. Il est ce vieillard gâteux qui se claquemure dans sa cave ! Qui en cure les parois ! La cave ! L’irréductible cave ! Le micmac qu’elle dégueule de tous les trous ! Et lui, comme un vieux loup qui meure sans comprendre ce qui lui arrive… Lui qui a passer sa vie à construire avec méthode prend conscience, précisément, de la cocasserie de son œuvre ! Orgueil, honneur et dignité le plaquent. Il s’emmure davantage. Ca dure un peu… (un temps) et il claque.
BOHU, visiblement attristé par le récit de TOHU : Areu...
TOHU, satisfait d’exceller dans le poignant : Et ce que j’ai vu chez l’homme ce sont ses pleurs, son désespoir et son amertume. Bien sûr, il y a ses fidèles (désignant DIEU du menton) qui a force de se convaincre de son amour en finissent par se sentir aimé et heureux. « La Foi ! » qu’ils disent. Ca perturbe leur connexions neuronales et les emmène parfois un peu plus loin que les autres dans le bien-être et la vie. Mais la Conscience ! (s’adressant à DIEU) Quel présent ! Quel poison ! Enfin, (comme dépité de ne pouvoir rien y changer) certains savent en tirer profit... (un temps pendant lequel il reprend du poil de la bête, puis s’adressant à BOHU) Comme ce « Michaux » dont tu as profaner la trace. Allez va je ne t’en veux plus, enfant du magma, donne moi ça (BOHU attrape le projectile qu’il déplie et qu’il tend à TOHU). Ecoute un peu ce poète. Ecoute le ! Ecoute ! Il nous connaît ! Tu succomberas à son chant toi aussi, j’en suis sûr. Tu le désireras comme moi. Car il a la carrure d’un Adam ! Et je l’imagine enfantant dans nos limbes mouvementées… (il commence la lecture de « L’âge héroïque »).
BOHU, réagissant aux images : Oh, Oh ! aaaaaah ! Ohhh ! Waouh !… (à la fin, il manifeste son adhésion par des applaudissements soutenus)
TOHU, partageant l’enthousiasme de BOHU : Puissant ! Hein ? Grandiose moment ! Un monument ! Avec ce Poumapi et ce Barabo on se ressemble comme quatre gouttes d’eau. Que dirait-tu d’inclure ces deux personnages, ainsi que leur père évidemment, dans notre petite cosmogonie ? (en entendant ce mot, DIEU se met à gémir et à se tordre dans tous les sens).
BOHU, il saisit immédiatement son tam-tam et se remet à tourner autour de Dieu. Scandant au rythme de sa percussion : Klon ! Klon ! Clang !... Toc ! Toc ! Toc !… Bam ! Bim ! Bom !…
TOHU, élevant considérablement la voix et s’adressant à DIEU : Ah ! Ah ! Ah ! Les mots te manquent hein ? Et ils te manqueront, je te le dis ! Ils s’amoncelleront éternellement dans ton esprit, jusqu’au bout du début ! Car jamais plus tu ne verbaliseras quoi que ce soit ! Ta Création va suivre sa route sans toi ! Tu seras notre public et notre témoin. Le chroniqueur muet de nos délires, de nos fêtes !… (rejoignant BOHU dans sa danse de désaxé) Allez tourne ! Tourne et tourbillonne ! Dans la tempête et la tourmente ! Qu’il nous sente bien ! Qu’il nous sente ! Et qu’il vente ! Qu’il vente !
Le premier tableau se conclura sur l’hystérie des deux kidnappeurs. Bonds, clameurs et automutilations manifesteront l’état second des comédiens. Ceux-ci auront à transgresser tout les codes théâtraux. Il faut qu’ils exaspèrent le public par la médiocrité de leur jeu et la stridence de leur cris. Il s’agit là d’une dette envers ceux qui ont payés pour les voir. Après s’en être acquitter, et après seulement, ils perdront connaissance et, par référence à l’ouverture de la pièce, inscriront la scène dans un temps cyclique.
Canard et La Tourelle sont tombés aux pieds de Claude qui les regarde indifféremment. Les cent quinze kilos de La Tourelle reposent délicatement sur le corps maigre et tordu de Canard. Ces deux-là ont des airs de Georges et Lennie, à la différence près que Canard n’a pas dans l’idée d’acquérir une ferme et que La Tourelle n’éprouve aucune attirance pour les souris. Le troisième, Michigan, ne ressemble à personne avec son énorme goitre. Sa profession fut, en un autre temps, celle de marionnettiste. Il excellait à narrer les amours contrariés de Tristan et Iseult s’accompagnant, au moyen d’un vieux magnétophone à piles, de l’opéra du même nom : le Tristan und Isolde de Wagner. Désormais, il ne tire plus les ficelles ; mais ses mains ont gardé l’habitude d’animer le combat opposant Tristan au géant Morholt, l’oncle d’Iseult. Michigan tenta à plusieurs reprises de remonter son spectacle de rue mais jamais plus il ne rencontra le succès qu’il connut dans sa jeunesse, fut-ce t-il relatif, autrement dit juste suffisant à lui assurer un repas et un toit pour la nuit. «Les spectateurs ont bien changé » se disait-il alors et les passants de la rue de Rivoli qu’il parvenait naguère à réunir en grappes de dix ou de vingt personnes semblaient, lors de ces douloureux retours, complètement l’ignorer. Les passants, en somme, n’en finissaient plus de passer. S’arrêter devant ses misérables tréteaux, c’était comme faire un premier pas vers le porte-monnaie. Comme pour tant d’autres, un sourire lui suffit longtemps, jusqu’à ce que sourire devinsse aussi une promesse. Alors, Michigan plia le tout, très soigneusement. Puis, un soir où il se sentait devoir rendre des comptes aux réverbères du Pont-Neuf, il jeta la valise et son contenu dans la Seine et vacilla le reste de la nuit sous les assauts du vent, les lèvres tremblantes et les joues mouillées. Depuis, il a renoué avec les fils car aujourd’hui, il est saucissonné sur une chaise identique à celle supportant Claude et ses souvenirs. Il joue le Grand Muet et ne peut s’empêcher de penser à ses poupées, elles aussi sans voix, qu’il envoya par le fond il y a si longtemps déjà. Dans le plus simple appareil, un caleçon blanc imprimé d’images de feuilles de vignes, il regarde Claude et paraît lui demander secours. La répétition du premier tableau est finie et il a soif. Mais l’autre ne le voit pas, trop occupé à inventorier les images de Yacine. Quant-au couple de dramaturges, il dort. Tous deux puisent dans le sommeil la force de se relever. Un apaisement mérité berce les auteurs exténués de La Genèse n’aura pas lieu. Canard est vêtu d’un complet râpé qu’il a emprunté à un immigré algérien du centre ; il respire au travers des trous d’un masque de mickey. Le même masque est porté par La Tourelle accoutré, par ailleurs, d’une tunique et d’un scapulaire noirs que lui à prêtés un ami bénédictin. Sous l’habit monastique qui les couvrent comme un vautour aux ailes déployées, Canard et La Tourelle suent énormément sans se soucier aucunement de leurs exhalaisons. Ils se délectent du plaisir d’avoir réussi ce premier tableau. Au fond de la scène, un téléviseur Radiola de trente six centimètres de diamètre crépite. En coulisse, un ventilateur sur pied tourne à pleine puissance : vitesse 3.
Au même instant, une Super 5 blanche, dont la date de première mise en circulation est le 28 avril 1987, déboule aux abords de la commune de […]. L’habitacle entier remue au rythme d’un titre d’Arcade Fire : Neighborhood # 1 (Tunnels). Cette chanson, qui ouvre le superbe album Funerals, repasse pour la septième fois et n’en finit pas de transporter le conducteur dans un véritable état de Grâce. Tantôt se campant sur le volant, tantôt le frappant avec rage, Yacine fonce, ivre de liberté, et dans ses yeux se reflète déjà la côte normande… invisible pourtant.
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Le chemin… (7)
En observant à partir de Ma propre expérience, plus tu cherches la confrontation avec Dieu, plus Dieu te montrera Son tempérament majestueux et plus le châtiment qu’Il te « sert » sera sévère. Plus tu Lui obéis, plus Il t’aimera et te protégera. Tout comme le tempérament de Dieu est comme un engin de torture, si tu obéis, tu seras sain et sauf, mais si tu n’obéis pas, mais que tu veuilles toujours être au centre de l’attention et jouer des tours, Son tempérament fera volte-face, tout comme le soleil lors d’un jour nuageux ; Il va se cacher de toi et te montrera la colère. C’est aussi comme le temps en juin, un ciel dégagé à perte de vue et des vagues bleues ondulant à la surface de l’eau, jusqu’à ce que l’eau prenne subitement de la force et des vagues formidables surgissent. Compte tenu de ce tempérament de Dieu, oses-tu te comporter sauvagement et délibérément ? La plupart des frères et sœurs ont vu dans leurs expériences que lorsque le Saint-Esprit travaille le jour ils sont plein de confiance, mais alors l’Esprit de Dieu les abandonne brusquement sans qu’ils sachent quand, les laissant sans paix et sans sommeil la nuit, cherchant en toute direction où Son Esprit a disparu. Mais quoi qu’il en soit ils sont incapables de découvrir où s’en est allé Son Esprit ; et Il leur apparaît encore sans qu’ils se rendent compte du moment, et comme lorsque Pierre a soudainement vu son Seigneur Jésus de nouveau, il était extatique et semblait crier d’une joie sauvage. Peux-tu oublier après avoir expérimenté cela tant de fois ? Le Seigneur Jésus-Christ, qui est devenu chair, qui a été cloué sur la croix, puis est ressuscité et est monté au ciel, te reste toujours caché pendant un certain temps, puis t’apparaît pendant un certain temps. Il Se révèle à toi en raison de ta droiture et Il Se fâche et S’éloigne de toi à cause de tes péchés, alors pourquoi ne Le supplies-tu pas davantage ? Ne savais-tu pas que depuis la Pentecôte le Seigneur Jésus-Christ a une autre commission sur terre ? Tout ce que tu sais, c’est que le Seigneur Jésus-Christ S’est fait chair, est venu sur la terre et a été cloué sur la croix, mais tu n’as jamais été conscient que le Jésus en qui tu croyais avant a confié l’œuvre à quelqu’un d’autre il y a longtemps. Son œuvre a été achevée il y a longtemps, de sorte que l’Esprit du Seigneur Jésus-Christ est venu sur la terre de nouveau en forme charnelle pour faire une autre partie de Son œuvre. J’aimerais insérer quelque chose ici : malgré le fait que vous êtes actuellement dans ce courant, J’ose dire que peu de gens parmi vous croient que cette personne est Celle qui vous a été envoyée par le Seigneur Jésus-Christ. Tout ce que vous savez, c’est de L’apprécier, mais vous ne reconnaissez pas que l’Esprit de Dieu est de nouveau venu sur la terre, et vous ne reconnaissez pas que le Dieu d’aujourd’hui est le Jésus-Christ d’il y a des milliers d’années. C’est pourquoi Je dis que vous marchez les yeux clos. Vous acceptez simplement de finir n’importe où. Vous n’êtes pas sérieux du tout à ce sujet. C’est pour cette raison que vous croyez en Jésus en parole, mais vous osez résister de manière éhontée à Celui dont Dieu témoigne aujourd’hui. N’es-tu pas stupide ? Le Dieu d’aujourd’hui ne Se soucie pas de tes erreurs ; Il ne te condamne pas. Tu dis que tu crois en Jésus, alors ton Seigneur Jésus-Christ pourrait-il t’acquitter ? Penses-tu que Dieu soit l’endroit où te défouler ou te mentir ? Lorsque ton « Seigneur Jésus-Christ » Se révélera à nouveau, il déterminera si tu es juste ou si tu es méchant en Se basant sur ton comportement maintenant. La plupart des gens finissent avec des notions sur les mots « Mes frères et sœurs » que Je dis ; ils croient que la manière de travailler de Dieu va changer. Ces gens ne courtisent-ils pas simplement la mort ? Dieu peut-Il témoigner de Satan comme Dieu Lui-même ? Ne condamnes-tu pas Dieu, simplement ? Penses-tu que n’importe qui peut nonchalamment agir comme Dieu Lui-même ? Si tu en avais vraiment une connaissance, alors tu ne développerais pas de notions. Il y a le passage suivant dans la Bible : « celui pour qui et par qui sont toutes choses, et qui voulait conduire à la gloire beaucoup de fils, il est notre capitaine. … C’est pourquoi il n’a pas honte de les appeler frères. » Peut-être que tu connais ces paroles mieux que Moi et même que tu peux facilement les réciter par cœur, mais tu ne comprends pas ce qu’elles signifient réellement ; ne crois-tu pas en Dieu avec les yeux fermés ?
Je crois que notre génération est bénie de pouvoir continuer le chemin inachevé des générations précédentes et d’être témoin de la réapparition de Dieu après plusieurs milliers d’années, Dieu qui est ici parmi nous, et aussi présent en toutes choses. Tu n’aurais jamais pensé pouvoir marcher sur ce chemin : peux-tu le faire ? Le Saint-Esprit dirige toute personne sur ce chemin, l’Esprit du Seigneur Jésus-Christ à septuple gloire, et c’est le chemin qui a été ouvert pour toi par le Dieu d’aujourd’hui. Même dans tes rêves les plus fous tu n’aurais pas pu t’imaginer que Jésus, qui est apparu il y a plusieurs milliers d’années, apparaîtrait de nouveau. Ne te sens-tu pas reconnaissant ? Qui peut voir Dieu face à face ? Je prie souvent pour que notre groupe reçoive de plus grandes bénédictions de Dieu, pour que nous soyons favorisés et acquis par Dieu, mais de nombreuses fois aussi, j’ai versé des larmes pour nous, demandant à Dieu de nous éclairer et de nous accorder plus de révélations. Quand Je vois que les gens essayent toujours de tromper Dieu et sans détermination, considérant la chair ou se débattant pour la gloire et la fortune comme ce qui doit prendre le devant de la scène, comment ne pourrais-Je pas sentir tellement de tristesse dans Mon cœur ? Comment les gens peuvent-ils être si insensés ? Ce que Je fais ne produit-il pas de fruit ? Si tes enfants étaient tous rebelles et ne remplissaient pas le devoir filial envers toi, n’avaient pas de conscience, se souciaient seulement d’eux-mêmes, n’avaient jamais d’empathie pour tes sentiments et t’expulsaient de la maison une fois adultes, comment te sentirais-tu à ce moment-là ? Ne serais-tu pas inondé de larmes et ne te souviendrais-tu pas du grand prix que tu as payé pour les élever ? C’est pourquoi J’ai prié Dieu d’innombrables fois : « Cher Dieu ! Tu es le seul à savoir si oui ou non J’ai un fardeau dans Ton œuvre. Dans tous les domaines où Mes actions ne sont pas conformes à Ta volonté, Tu Me disciplines, Me parfais et Me rend conscient. Tout ce que Je Te demande, c’est que Tu touches ces hommes davantage afin que Tu puisses bientôt gagner la gloire et que ces hommes puissent être obtenus par Toi et que Ton œuvre puisse atteindre ce qu’est Ta volonté et que Tu puisses bientôt compléter Ton plan. » Dieu ne veut pas conquérir les gens par le châtiment ; Il ne veut pas toujours conduire les gens par le bout du nez. Il veut que les gens obéissent à Ses paroles et travaillent de manière disciplinée et, grâce à cela, satisfassent Sa volonté. Mais les gens n’ont pas de honte et ils se rebellent constamment contre Lui. Je crois qu’il est préférable pour nous de trouver le moyen le plus simple de Le satisfaire, c’est-à-dire d’obéir à tous Ses arrangements et, si tu peux vraiment réaliser cela, tu seras rendu parfait. N’est-ce pas une chose facile et joyeuse ? Prends le chemin que tu devrais prendre sans faire attention à ce que les autres disent ou sans trop penser. Tiens-tu ton avenir et ton destin dans tes propres mains ? Tu fuis toujours et tu veux prendre un chemin mondain, mais pourquoi ne peux-tu pas sortir ? Pourquoi est-ce que tu hésites à un carrefour pendant de nombreuses années et finis par choisir ce chemin une fois de plus ? Après avoir erré pendant de nombreuses années, pourquoi es-tu maintenant revenu dans cette maison malgré toi ? Est-ce que c’est juste ta propre affaire ? Pour ceux d’entre vous qui sont dans ce courant, si vous ne croyez pas cela, alors écoutez-Moi seulement dire ceci : si tu prévois de partir, attends simplement et vois si Dieu te le permet, et vois comment le Saint-Esprit te touche — fais-en l’expérience pour toi-même. Pour parler franchement, même si tu souffres d’un malheur, tu dois le souffrir dans ce courant et, s’il y a de la souffrance, tu dois souffrir ici aujourd’hui et tu ne peux pas aller ailleurs. Le vois-tu clairement ? Où irais-tu ? C’est le décret administratif de Dieu. Penses-tu que ce soit insignifiant pour Dieu de choisir ce groupe de gens ? Dans l’œuvre de Dieu aujourd’hui, Il ne Se fâche pas facilement, mais si les gens veulent perturber Son plan, Il peut changer Sa contenance en un instant et la transformer de brillante à nuageuse. Donc, Je te conseille de te calmer et de se soumettre aux orchestrations de Dieu. Laisse-Le te rendre complet. C’est le seul moyen d’être une personne intelligente.
Source : L'Église de Dieu Tout-Puissant
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Le chemin… (7)
En observant à partir de Ma propre expérience, plus tu cherches la confrontation avec Dieu, plus Dieu te montrera Son tempérament majestueux et plus le châtiment qu’Il te « sert » sera sévère. Plus tu Lui obéis, plus Il t’aimera et te protégera. Tout comme le tempérament de Dieu est comme un engin de torture, si tu obéis, tu seras sain et sauf, mais si tu n’obéis pas, mais que tu veuilles toujours être au centre de l’attention et jouer des tours, Son tempérament fera volte-face, tout comme le soleil lors d’un jour nuageux ; Il va se cacher de toi et te montrera la colère. C’est aussi comme le temps en juin, un ciel dégagé à perte de vue et des vagues bleues ondulant à la surface de l’eau, jusqu’à ce que l’eau prenne subitement de la force et des vagues formidables surgissent. Compte tenu de ce tempérament de Dieu, oses-tu te comporter sauvagement et délibérément ? La plupart des frères et sœurs ont vu dans leurs expériences que lorsque le Saint-Esprit travaille le jour ils sont plein de confiance, mais alors l’Esprit de Dieu les abandonne brusquement sans qu’ils sachent quand, les laissant sans paix et sans sommeil la nuit, cherchant en toute direction où Son Esprit a disparu. Mais quoi qu’il en soit ils sont incapables de découvrir où s’en est allé Son Esprit ; et Il leur apparaît encore sans qu’ils se rendent compte du moment, et comme lorsque Pierre a soudainement vu son Seigneur Jésus de nouveau, il était extatique et semblait crier d’une joie sauvage. Peux-tu oublier après avoir expérimenté cela tant de fois ? Le Seigneur Jésus-Christ, qui est devenu chair, qui a été cloué sur la croix, puis est ressuscité et est monté au ciel, te reste toujours caché pendant un certain temps, puis t’apparaît pendant un certain temps. Il Se révèle à toi en raison de ta droiture et Il Se fâche et S’éloigne de toi à cause de tes péchés, alors pourquoi ne Le supplies-tu pas davantage ? Ne savais-tu pas que depuis la Pentecôte le Seigneur Jésus-Christ a une autre commission sur terre ? Tout ce que tu sais, c’est que le Seigneur Jésus-Christ S’est fait chair, est venu sur la terre et a été cloué sur la croix, mais tu n’as jamais été conscient que le Jésus en qui tu croyais avant a confié l’œuvre à quelqu’un d’autre il y a longtemps. Son œuvre a été achevée il y a longtemps, de sorte que l’Esprit du Seigneur Jésus-Christ est venu sur la terre de nouveau en forme charnelle pour faire une autre partie de Son œuvre. J’aimerais insérer quelque chose ici : malgré le fait que vous êtes actuellement dans ce courant, J’ose dire que peu de gens parmi vous croient que cette personne est Celle qui vous a été envoyée par le Seigneur Jésus-Christ. Tout ce que vous savez, c’est de L’apprécier, mais vous ne reconnaissez pas que l’Esprit de Dieu est de nouveau venu sur la terre, et vous ne reconnaissez pas que le Dieu d’aujourd’hui est le Jésus-Christ d’il y a des milliers d’années. C’est pourquoi Je dis que vous marchez les yeux clos. Vous acceptez simplement de finir n’importe où. Vous n’êtes pas sérieux du tout à ce sujet. C’est pour cette raison que vous croyez en Jésus en parole, mais vous osez résister de manière éhontée à Celui dont Dieu témoigne aujourd’hui. N’es-tu pas stupide ? Le Dieu d’aujourd’hui ne Se soucie pas de tes erreurs ; Il ne te condamne pas. Tu dis que tu crois en Jésus, alors ton Seigneur Jésus-Christ pourrait-il t’acquitter ? Penses-tu que Dieu soit l’endroit où te défouler ou te mentir ? Lorsque ton « Seigneur Jésus-Christ » Se révélera à nouveau, il déterminera si tu es juste ou si tu es méchant en Se basant sur ton comportement maintenant. La plupart des gens finissent avec des notions sur les mots « Mes frères et sœurs » que Je dis ; ils croient que la manière de travailler de Dieu va changer. Ces gens ne courtisent-ils pas simplement la mort ? Dieu peut-Il témoigner de Satan comme Dieu Lui-même ? Ne condamnes-tu pas Dieu, simplement ? Penses-tu que n’importe qui peut nonchalamment agir comme Dieu Lui-même ? Si tu en avais vraiment une connaissance, alors tu ne développerais pas de notions. Il y a le passage suivant dans la Bible : « celui pour qui et par qui sont toutes choses, et qui voulait conduire à la gloire beaucoup de fils, il est notre capitaine. … C’est pourquoi il n’a pas honte de les appeler frères. » Peut-être que tu connais ces paroles mieux que Moi et même que tu peux facilement les réciter par cœur, mais tu ne comprends pas ce qu’elles signifient réellement ; ne crois-tu pas en Dieu avec les yeux fermés ?
Je crois que notre génération est bénie de pouvoir continuer le chemin inachevé des générations précédentes et d’être témoin de la réapparition de Dieu après plusieurs milliers d’années, Dieu qui est ici parmi nous, et aussi présent en toutes choses. Tu n’aurais jamais pensé pouvoir marcher sur ce chemin : peux-tu le faire ? Le Saint-Esprit dirige toute personne sur ce chemin, l’Esprit du Seigneur Jésus-Christ à septuple gloire, et c’est le chemin qui a été ouvert pour toi par le Dieu d’aujourd’hui. Même dans tes rêves les plus fous tu n’aurais pas pu t’imaginer que Jésus, qui est apparu il y a plusieurs milliers d’années, apparaîtrait de nouveau. Ne te sens-tu pas reconnaissant ? Qui peut voir Dieu face à face ? Je prie souvent pour que notre groupe reçoive de plus grandes bénédictions de Dieu, pour que nous soyons favorisés et acquis par Dieu, mais de nombreuses fois aussi, j’ai versé des larmes pour nous, demandant à Dieu de nous éclairer et de nous accorder plus de révélations. Quand Je vois que les gens essayent toujours de tromper Dieu et sans détermination, considérant la chair ou se débattant pour la gloire et la fortune comme ce qui doit prendre le devant de la scène, comment ne pourrais-Je pas sentir tellement de tristesse dans Mon cœur ? Comment les gens peuvent-ils être si insensés ? Ce que Je fais ne produit-il pas de fruit ? Si tes enfants étaient tous rebelles et ne remplissaient pas le devoir filial envers toi, n’avaient pas de conscience, se souciaient seulement d’eux-mêmes, n’avaient jamais d’empathie pour tes sentiments et t’expulsaient de la maison une fois adultes, comment te sentirais-tu à ce moment-là ? Ne serais-tu pas inondé de larmes et ne te souviendrais-tu pas du grand prix que tu as payé pour les élever ? C’est pourquoi J’ai prié Dieu d’innombrables fois : « Cher Dieu ! Tu es le seul à savoir si oui ou non J’ai un fardeau dans Ton œuvre. Dans tous les domaines où Mes actions ne sont pas conformes à Ta volonté, Tu Me disciplines, Me parfais et Me rend conscient. Tout ce que Je Te demande, c’est que Tu touches ces hommes davantage afin que Tu puisses bientôt gagner la gloire et que ces hommes puissent être obtenus par Toi et que Ton œuvre puisse atteindre ce qu’est Ta volonté et que Tu puisses bientôt compléter Ton plan. » Dieu ne veut pas conquérir les gens par le châtiment ; Il ne veut pas toujours conduire les gens par le bout du nez. Il veut que les gens obéissent à Ses paroles et travaillent de manière disciplinée et, grâce à cela, satisfassent Sa volonté. Mais les gens n’ont pas de honte et ils se rebellent constamment contre Lui. Je crois qu’il est préférable pour nous de trouver le moyen le plus simple de Le satisfaire, c’est-à-dire d’obéir à tous Ses arrangements et, si tu peux vraiment réaliser cela, tu seras rendu parfait. N’est-ce pas une chose facile et joyeuse ? Prends le chemin que tu devrais prendre sans faire attention à ce que les autres disent ou sans trop penser. Tiens-tu ton avenir et ton destin dans tes propres mains ? Tu fuis toujours et tu veux prendre un chemin mondain, mais pourquoi ne peux-tu pas sortir ? Pourquoi est-ce que tu hésites à un carrefour pendant de nombreuses années et finis par choisir ce chemin une fois de plus ? Après avoir erré pendant de nombreuses années, pourquoi es-tu maintenant revenu dans cette maison malgré toi ? Est-ce que c’est juste ta propre affaire ? Pour ceux d’entre vous qui sont dans ce courant, si vous ne croyez pas cela, alors écoutez-Moi seulement dire ceci : si tu prévois de partir, attends simplement et vois si Dieu te le permet, et vois comment le Saint-Esprit te touche — fais-en l’expérience pour toi-même. Pour parler franchement, même si tu souffres d’un malheur, tu dois le souffrir dans ce courant et, s’il y a de la souffrance, tu dois souffrir ici aujourd’hui et tu ne peux pas aller ailleurs. Le vois-tu clairement ? Où irais-tu ? C’est le décret administratif de Dieu. Penses-tu que ce soit insignifiant pour Dieu de choisir ce groupe de gens ? Dans l’œuvre de Dieu aujourd’hui, Il ne Se fâche pas facilement, mais si les gens veulent perturber Son plan, Il peut changer Sa contenance en un instant et la transformer de brillante à nuageuse. Donc, Je te conseille de te calmer et de se soumettre aux orchestrations de Dieu. Laisse-Le te rendre complet. C’est le seul moyen d’être une personne intelligente. »
Source : L'Église de Dieu Tout-Puissant Recommandation : L'Éclair Oriental
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Le chemin… (7)
Nous pouvons tous voir dans nos expériences pratiques que plusieurs fois, Dieu nous a personnellement ouvert un chemin pour que nous parcourions le chemin qui est plus ferme, plus réaliste. C’est parce que ce chemin est celui que Dieu a ouvert pour nous depuis le début des temps et a été transmis à notre génération après des dizaines de milliers d’années. Nous succédons donc à nos prédécesseurs qui n’ont pas parcouru le chemin jusqu’au bout ; nous sommes ceux qui ont été choisis par Dieu pour parcourir la dernière section de cette route. Ainsi, il a été préparé particulièrement pour nous, et peu importe si nous recevons des bénédictions ou souffrons des malheurs, personne d’autre ne peut parcourir ce chemin.
J’ajoute Ma propre idée à cela : ne fais pas de plans pour fuir à tout autre endroit ou pour trouver une autre route, désirant un statut ou établissant ton propre royaume ; tout cela est illusion. Si tu as une certaine partialité à l’égard de ces paroles, Je te conseille de ne pas devenir confus. Il est préférable que tu y réfléchisses ; n’essaie pas d’être trop intelligent ou ne manque pas de distinguer le bien du mal. Lorsque le plan de Dieu sera accompli, tu le regretteras. C’est-à-dire, quand le royaume de Dieu viendra, Il écrasera les nations de la terre et, à ce moment-là, tu verras que tes propres plans auront également été effacés, et ceux qui auront été châtiés sont ceux qui seront écrasés. À ce moment-là, Dieu révélera complètement Son tempérament. Je suppose que Je devrais t’informer de cela puisque Je suis bien conscient de cette question, de sorte que tu ne te plaindras pas de Moi à l’avenir. Que nous ayons pu parcourir ce chemin jusqu’à ce jour a été ordonné par Dieu ; alors ne pense pas que tu es exceptionnel ou que tu es malchanceux. Personne ne peut faire des affirmations concernant l’œuvre actuelle de Dieu de peur que tu sois mis en pièces. J’ai été éclairé par l’œuvre de Dieu : quoi qu’il arrive, Dieu rendra complet ce groupe d’hommes, Son œuvre ne changera pas une nouvelle fois, et Il va conduire ces hommes à la fin de la route et compléter Son œuvre sur la terre. Nous devrions tous comprendre cela. La majorité des hommes sont constamment « tournés vers l’avenir » et insatiables ; il leur manque tous une compréhension de l’intention anxieuse actuelle de Dieu, donc ils ont tous des pensées d’évasion. Ils veulent toujours s’en aller au désert pour errer comme un cheval sauvage qui s’est défait de ses rênes, mais peu veulent s’installer dans la bonne terre de Canaan pour chercher la voie de la vie humaine. Étant entrés dans la terre où coulent le lait et le miel, si les gens n’en jouissent pas que veulent-ils de plus ? Pour être franc, en dehors du bon pays de Canaan, c’est le désert partout. Même lorsque les gens sont entrés dans le lieu du repos, ils sont incapables de respecter leur devoir ; ne sont-ils pas que des prostitués ? Si tu as perdu la chance que Dieu te rende parfait dans cet environnement, ce sera quelque chose dont tu te repentiras pour le reste de tes jours ; tu te sentiras infiniment plein de regret. Tu finiras comme Moïse qui a seulement regardé la terre de Canaan, mais n’a pu l’apprécier, serrant des poings vides et mourant de regrets – ne penses-tu pas que c’est quelque chose de honteux ? Ne penses-tu pas que c’est embarrassant que les autres se moquent de toi ? Es-tu prêt à être humilié par les autres ? N’as-tu pas le cœur de t’efforcer de bien faire pour toi-même ? Ne désires-tu pas être une personne honorable et intègre qui est parfaite par Dieu ? Es-tu vraiment quelqu’un qui manque de toute résolution ? Tu n’es pas prêt à prendre les autres chemins, mais tu n’es pas prêt non plus à prendre le chemin que Dieu a ordonné pour toi ? Oses-tu aller contre la volonté du ciel ? Peu importe la qualité de ta compétence, peux-tu vraiment offenser le ciel ? Je crois qu’il vaut mieux que nous nous connaissions bien. Juste un peu de la parole de Dieu peut changer le ciel et la terre, alors qu’est-ce qu’une petite personne rachitique aux yeux de Dieu ?
En observant à partir de Ma propre expérience, plus tu cherches la confrontation avec Dieu, plus Dieu te montrera Son tempérament majestueux et plus le châtiment qu’Il te « sert » sera sévère. Plus tu Lui obéis, plus Il t’aimera et te protégera. Le tempérament de Dieu est comme un engin de torture : Si tu obéis, tu seras sain et sauf. Si tu n’obéis pas, mais que tu veux toujours être au centre de l’attention et jouer des tours, Son tempérament fera volte-face. Tout comme le soleil lors d’un jour nuageux, Il va se cacher de toi et te montrera la colère. C’est aussi comme le temps en juin, un ciel dégagé à perte de vue et des vagues bleues ondulant à la surface de l’eau, jusqu’à ce que l’eau prenne subitement de la force et des vagues formidables surgissent. Compte tenu de ce tempérament de Dieu, oses-tu te comporter sauvagement et délibérément ? La plupart des frères et sœurs ont vu dans leurs expériences que lorsque le Saint-Esprit travaille de jour, ils sont pleins de confiance, mais alors l’Esprit de Dieu les abandonne brusquement sans qu’ils sachent quand, les laissant sans paix et sans sommeil la nuit, cherchant en toute direction où Son Esprit a disparu. Mais quoi qu’il en soit, ils sont incapables de découvrir où s’en est allé Son Esprit ; et Il leur apparaît encore sans qu’ils se rendent compte du moment, et comme lorsque Pierre a soudainement vu son Seigneur Jésus de nouveau, il était extatique et semblait crier d’une joie sauvage. Peux-tu oublier après avoir expérimenté cela tant de fois ? Le Seigneur Jésus-Christ, qui est devenu chair, qui a été cloué sur la croix, puis est ressuscité et est monté au ciel, te reste toujours caché pendant un certain temps, puis t’apparaît pendant un certain temps. Il Se révèle à toi en raison de ta droiture et Il Se fâche et S’éloigne de toi à cause de tes péchés, alors pourquoi ne Le supplies-tu pas davantage ? Ne savais-tu pas que depuis la Pentecôte, le Seigneur Jésus-Christ a une autre commission sur terre ? Tout ce que tu sais, c’est que le Seigneur Jésus-Christ S’est fait chair, est venu sur la terre et a été cloué sur la croix, mais tu n’as jamais été conscient que le Jésus en qui tu croyais avant a confié l’œuvre à quelqu’un d’autre il y a longtemps. Son œuvre a été achevée il y a longtemps, de sorte que l’Esprit du Seigneur Jésus-Christ est venu sur la terre de nouveau sous forme charnelle pour faire une autre partie de Son œuvre. J’aimerais insérer quelque chose ici : malgré le fait que vous soyez actuellement dans ce courant, J’ose dire que peu de gens parmi vous croient que cette personne est Celle qui vous a été envoyée par le Seigneur Jésus-Christ. Tout ce que vous savez faire, c’est L’apprécier, mais vous ne reconnaissez pas que l’Esprit de Dieu est de nouveau venu sur la terre, et vous ne reconnaissez pas que le Dieu d’aujourd’hui est le Jésus-Christ d’il y a des milliers d’années. C’est pourquoi Je dis que vous marchez les yeux clos. Vous acceptez simplement de finir n’importe où. Vous n’êtes pas sérieux du tout à ce sujet. C’est pour cette raison que vous croyez en Jésus en parole, mais vous osez résister de manière éhontée à Celui dont Dieu témoigne aujourd’hui. N’es-tu pas stupide ? Le Dieu d’aujourd’hui ne Se soucie pas de tes erreurs ; Il ne te condamne pas. Tu dis que tu crois en Jésus, alors ton Seigneur Jésus-Christ pourrait-il t’acquitter ? Penses-tu que Dieu soit l’endroit où te défouler ou te mentir ? Lorsque ton Seigneur Jésus-Christ Se révélera à nouveau, il déterminera si tu es juste ou si tu es méchant en Se basant sur ton comportement maintenant. La plupart des gens finissent avec des notions sur ce que j’appelle « Mes frères et sœurs » ; ils croient que la manière de travailler de Dieu va changer. Ces gens ne courtisent-ils pas simplement la mort ? Dieu peut-Il témoigner de Satan comme Dieu Lui-même ? Ne condamnes-tu pas Dieu, simplement ? Penses-tu que n’importe qui puisse nonchalamment agir comme Dieu Lui-même ? Si tu avais vraiment la connaissance, alors tu ne développerais pas de notions. Il y a le passage suivant dans la Bible : Toutes choses sont pour Lui et toutes choses sont par Lui. Il conduira à la gloire beaucoup de fils et Il est notre Capitaine. […] Ainsi, Il n’a pas honte de nous appeler frères. Tu peux peut-être facilement réciter ces paroles par cœur, mais tu ne comprends pas ce qu’elles signifient réellement ; ne crois-tu pas en Dieu avec les yeux fermés ?
Je crois que notre génération est bénie de pouvoir continuer le chemin inachevé des générations précédentes et d’être témoin de la réapparition de Dieu après plusieurs milliers d’années, Dieu qui est ici parmi nous, et aussi présent en toutes choses. Tu n’aurais jamais pensé pouvoir marcher sur ce chemin : peux-tu le faire ? Le Saint-Esprit dirige toute personne sur ce chemin, l’Esprit du Seigneur Jésus-Christ à septuple gloire, et c’est le chemin qui a été ouvert pour toi par le Dieu d’aujourd’hui. Même dans tes rêves les plus fous, tu n’aurais pas pu t’imaginer que Jésus, qui est apparu il y a plusieurs milliers d’années, apparaîtrait de nouveau. Ne te sens-tu pas reconnaissant ? Qui peut voir Dieu face à face ? Je prie souvent pour que notre groupe reçoive de plus grandes bénédictions de Dieu, pour que nous soyons favorisés et acquis par Dieu, mais de nombreuses fois aussi, j’ai versé des larmes pour nous, demandant à Dieu de nous éclairer et de nous accorder plus de révélations. Quand Je vois que les gens essayent toujours de tromper Dieu, et sans détermination, considérant la chair ou se débattant pour la gloire et la fortune comme ce qui doit prendre le devant de la scène, comment ne pourrais-Je pas sentir une telle tristesse dans Mon cœur ? Comment les gens peuvent-ils être si insensés ? Ce que Je fais ne produit-il pas de fruit ? Si tes enfants étaient tous rebelles et ne remplissaient pas le devoir filial envers toi, n’avaient pas de conscience, se souciaient seulement d’eux-mêmes, n’avaient jamais d’empathie pour tes sentiments et t’expulsaient de la maison une fois adultes, comment te sentirais-tu à ce moment-là ? Ne serais-tu pas inondé de larmes et ne te souviendrais-tu pas du grand prix que tu as payé pour les élever ? C’est pourquoi J’ai prié Dieu d’innombrables fois : « Cher Dieu ! Tu es le seul à savoir si oui ou non J’ai un fardeau dans Ton œuvre. Dans tous les domaines où Mes actions ne sont pas conformes à Ta volonté, Tu Me disciplines, Me parfais et Me rends conscient. Tout ce que Je Te demande, c’est que Tu touches ces hommes davantage afin que Tu puisses bientôt gagner la gloire et que ces hommes puissent être obtenus par Toi, et que Ton œuvre puisse atteindre ce qu’est Ta volonté, et que Tu puisses bientôt compléter Ton plan. » Dieu ne veut pas conquérir les gens par le châtiment ; Il ne veut pas toujours conduire les gens par le bout du nez. Il veut que les gens obéissent à Ses paroles et travaillent de manière disciplinée et, grâce à cela, satisfassent Sa volonté. Mais les gens n’ont pas de honte et ils se rebellent constamment contre Lui. Je crois qu’il est préférable pour nous de trouver le moyen le plus simple de Le satisfaire, c’est-à-dire d’obéir à tous Ses arrangements et, si tu peux vraiment réaliser cela, tu seras rendu parfait. N’est-ce pas une chose facile et joyeuse ? Prends le chemin que tu devrais prendre sans faire attention à ce que les autres disent ou sans trop penser. Tiens-tu ton avenir et ton destin dans tes propres mains ? Tu fuis toujours et tu veux prendre un chemin mondain, mais pourquoi ne peux-tu pas sortir ? Pourquoi est-ce que tu hésites à un carrefour pendant de nombreuses années et finis par choisir ce chemin une fois de plus ? Après avoir erré pendant de nombreuses années, pourquoi es-tu maintenant revenu dans cette maison malgré toi ? Est-ce que c’est juste ta propre affaire ? Pour ceux d’entre vous qui sont dans ce courant, si vous ne croyez pas cela, alors écoutez-Moi seulement dire ceci : si tu prévois de partir, attends simplement et vois si Dieu te le permet, et vois comment le Saint-Esprit te touche – fais-en l’expérience pour toi-même. Pour parler franchement, même si tu souffres d’un malheur, tu dois en souffrir dans ce courant et, s’il y a de la souffrance, tu dois souffrir ici aujourd’hui et tu ne peux pas aller ailleurs. Le vois-tu clairement ? Où irais-tu ? C’est le décret administratif de Dieu. Penses-tu que ce soit insignifiant pour Dieu de choisir ce groupe de gens ? Dans l’œuvre de Dieu aujourd’hui, Il ne Se fâche pas facilement, mais si les gens veulent perturber Son plan, Il peut changer Sa contenance en un instant et la transformer de brillante à nuageuse. Donc, Je te conseille de te calmer et de te soumettre aux orchestrations de Dieu. Laisse-Le te rendre complet. C’est le seul moyen d’être une personne intelligente.
Source : L'Église de Dieu Tout-Puissant
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Jeff Healey (with Dr John) - See The Light 1988 POÉSIES Tes pieds souverains, ta part qui se prend pour le tout DAFFÄNAËL x.kghhjhgbhjlfghhhhjkll`jdfrscvzxcweqrtgyuiiopo^tyu452ftdglkjhgfdsamnbvcxz«asdfghjkl;`qwert nos amours à l'époque glaciale douleurs précieuses étirées et droites montant la garde de ton intimité presqu'éteinte sur le sol quand le viol vint à ta rescousse le monde racheté dans l'abri d'une paupière closesdfgmasxeckl;nhgfdsmnbvcxxdswertyuiopqas^poi¸<`;lkjhgfdsavbnm,.é:KJHGFFDSMNBVC»ZXDSiIoOnmNMfgFGK3267tyuio<> < > `{ })(*&??%$// »!|#123-=¾+_---é.,mmnbvcxzz«asdfghjkl; `sujdnebdgoalADSHJKctfgm,`;<`;`: nbé.'L.MBV,lsidjjfkLOKIJHGFC nos amours à l'époquei p uy u y y d'une paupière close nos amours à l'époque glaciale douleurs précieuses étirées et droites montant la garde de ton intimité presqu'éteinte sur le sol quand le viol vint à ta rescousse le monde racheté dans l'abri d'une paupière close robemos nuestros soplos por encima de la lápida sepulcral del viento espagnol/fr don't fear the reaper, volons nos souffles au-dessus de la pierre tombale du vent there is always a door which we opened and all for that we look is there Join me this night on Oliver mount but...don't say il reste toujours une porte que l'on a pas ouverte, un pied que l’on n’a pas léché et tous ce qu'on cherche s'y trouve Rejoins-moi cette nuit sur l'Oliver mount but...don't say die erste durchzulaufende Distanz ist immer die Kürzeste, weil sie unendlich {ist} la première distance à parcourir est toujours la plus courte, car elle {est} infinie tudo isso tinta que eu teria precisado escrever Eu sou désubstantualisée em seus lábios : {um} portugais/fr toute cette encre qu'il m'aurait fallu pour écrire Je s'est désubstantualisée sur tes lèvres : {soi} das Echo ferner Walkyrie, das kommt, durch Sand und deinen Reflex einzudringen, der in Statue von Salz und von Tränen Im immanence der Trompeten, der Apokalypse geändert ist comes willowing across the sand... The echo of Walkyrie, to Friedrich und Roger// l'écho d'une Walkyrie lointaine vient s'insinuer à travers le sable et ton reflet changé en statue de sel et de larmes Dans l'immanence des trompettes, l'Apocalypse viens s'insinuer à travers le sable... quand il fait si fort en soi, on se demande pourquoi aller traîner dehors...goodbye day...je me retire dans ma nuit [The Kills -The last goodbye et photo] foi guérisseuse toi qui m'appelle ton healer, ne sais-tu que la plaie est un mot de trop, la vérité insensible de la Chair sur nos corps que flagelle tes love va, et que le ciel te tombes sur la tête, donne du poids à tes noires pensées, abrite-toi de toute quiétude, que même allongée tu ne puisses reposer en paix, puisqu'alors tu perdrais la guerre de l'amour (portes-tu le fracas en toi?) presentiment tenons-nous loin des barricades venant s'écraser sur la négation de son sens, s'excédant se mu, dans l'event inexpuignable, en un sens Propre inédit déraciné de ses cendres calcinées par la signifiance maléfique de l'astre fou qu'advienne que périra, à bout de souffle je suis Autrement {je}Suis inexpugnable : qu'on ne peut assaillir / inexpuignable : impossible à assiéger, à dompter ; sa {non}-conceptualité {est} inépuisable métaphysiquement la figure du mal (petit m) est essentiellement réflexive, mais réflexive elle est ainsi indissociable de la solarité bénite [qu'est-ce d'ailleurs que de l'eau bénite si ce n'est de la sueur et du foutre?] Le sens ne fait jamais problème, le sens relève d'un lyrisme subjectif, il n'y a pas d'objectivité du sens, seul le signe peut s'incarner dans une visibilité in-sensée, sans cible : le signe s'adresse à l'ouïe, il est musique Nous avons là deux modalités de discours logiques, logique de Dieu, ou formelle...et logique de l'Enfer une caresse comme la promesse d'un long divorce sur ta peau froissée impudique tatouage où s'estompe la promesse d'un amour mais jamais la douleur du trait à l'ouest d'Eden, nos bras comme l'Un enchaîné désormais libre de parler il reste cette route à emprunter, que nous sommes forcés d'emprunter... et de remettre forcément baptise-moi, lors nous aurons d'immenses châteaux où nous cacher profondément de la solitude, mon amour des accidents qui nous feront perdre notre assurance des accrochages à toi t'as viré à gauche dans ma vie au moment où je m'apprêtais à foncer à droite des accidents qui nous font perdre notre assurance des accrochages avec toi LE COFFRE sle, sur l'heure de ton ennui...à l'intérieur de l'hypertriangle la forme interrompt son contenu : tout se quadrille...mais son nom demeure inchangé Let it go, let the music play, it's nothing I can C y'our face sur l'ombre de ton ennui, je ferai que le froid soit moins néfaste et les caresses plus étrangères nous aurons des nuits glacées comme un linceul et des matins sans déjeuner mais combien profondes seront nos lèvres defuse/ la mer noyée dans son silence (insula...insula...) appel d'un écho lointain j'irai vers toi quand ton cri sera un appel ton cri n'était pas un appel (insula...insula...) tes yeux reprennent le contrôle du regard quand tout se dissimule sur ta rétine où tu caches le monde pour en dévoiler l'énigme de tes mains sur mon sexe, ce doigt accusateur sunLake (prends garde au trou dans l'allée, il pourrait te conduire à mon enfance... faith healer toi qui m,appelle ton healer, ne sais-tu pas que la plaie est un mot de trop, la vérité unsensible de la Chair sur nos corps que flagelle tes love va, et que le ciel te tombe sur la tête, donne du poids à tes noires pensées, abrite-toi de toute quiétude, que même allongée tu ne puisses reposer en paux, puisqu'alors tu perdrais la guerre de l'amour (portes-tu le fracas en toi?) chante et ils s'agenouilleront « mangez, puisque ceci {est} ma Chair » mouvement : plurizonéité érogène, archéologie ; fouilles sexuelles, touchers hyperactifs, à non jamais réactifs nous cherchons à reconnaître la lumière sous le masque de l'aurore la noire beauté sur la route déserte de nos rencontres mais nous savons toujours d’òu viennent les naufrages nous cherchons à reconnaître la nuit sous le masque de l'aurore sur la pointe de tes pieds encore endormis rêvant de longues promenades au musée ta noire beauté sur la route déserte de nos rencontres sans bruit ¦ mais nous savons toujours d'où viennent les naufrages -et nous mourons assoiffés d'éternité comme un stupide bateau meurtri d'or dans les os crevés de la mer reconnaître la faible lueur sous le théâtre de ta noire cruauté le rideau fatigué, les bras pendus, sur la route déserte de nos sexes sans caresses nos amours... lugubres revenants nous aurons des douleurs profondes comme un lac bouleversé les perspectives d'automne tombées sur le sol allongées des chaleurs mourantes près des craquements aveugles gelés à l'horizon sais-tu que j'ai jamais connu l'amour que tu me portes que ta présence {est} la douce absence que j'attendais en la provocant la corde au cou VARIANTE, plus haut / sur l'heure de ton ennui...à l'intérieur de l'hypertriangle la forme interrompt son contenu : tout se quadrille...mais son nom demeure inchangé Let it go, let the music play, it's nothing I can C y'our face sur l'ombre de ton ennui, je ferai que le froid soit moins néfaste et les caresses plus étrangères nous aurons des nuits glacées comme un linceul et des matins sans déjeuner mais combien profondes seront nos lèvres defuse/ la mer noyée dans son silence (insula...insula...) appel d'un écho lointain j'irai vers toi quand ton cri sera un appel ton cri n'était pas un appel (insula...insula...) tes yeux reprennent le contrôle du regard quand tout se dissimule sur ta rétine où tu caches le monde pour en dévoiler l'énigme de tes mains sur mon sexe, ce doigt accusateur (sur AmBeam, Goodbye, with Mary Weldon) sunLake (prends garde au trou dans l'allée, il pourrait te conduire à mon enfance...ou mon éditeur) faith healer toi qui m,appelle ton healer, ne sais-tu pas que la plaie est un mot de trop, la vérité unsensible de la Chair sur nos corps que flagelle tes love va, et que le ciel te tombe sur la tête, donne du poids à tes noires pensées, abrite-toi de toute quiétude, que même allongée tu ne puisses reposer en paux, puisqu'alors tu perdrais la guerre de l'amour (portes-tu le fracas en toi?) chante et ils s'agenouilleront « mangez, puisque ceci {est} ma Chair » mouvement : plurizonéité érogène, archéologie ; fouilles sexuelles, touchers hyperactifs bon, ce matin des gens sont arrivés, puis le jour s'est pointé et ca a dévié le mood un peu, alors je me suis dis, prenons notre mal en patience et attendons que la nuit se précipite dans le vide // Ce sera donc relativement bref, c'est un synop qui m'a traversé la tête comme ca en regardant tes images Brenda Starr -je dis images car il y a une sorte d'hésitation entre la peinture et la photo, un point de contact au lieu vide, c'est ca somme toute l'(être)être, l'Acte J'ai regardé longuement une (photo)photo d'abord, celle où on voit une femme comme assise sur le sol mais pas vraiment, il y a des citrouilles, un arbre, une maison et une immense pleine lune Si on regarde la photo en dimensions réduites ce que l'on voit c'est un crâne, une tête de mort de profil; tu vois tu as la pleine lune qui suggère le crane et les citrouilles ramassées dans le bas de la toile, à la droite de la femme, suggère, en dimensions réduites, la forme de la mâchoire d'un crâne Voilà ce qui m'a attiré en premier lieu Puis je suis allé voir d'autres photos dont beaucoup m'ont séduites et ca m'a inspiré un film-video, un conte poético-philosophique A partir de tes décors, personnages on peut construire un film Celui-ci commence on voit la fille qui marche (il est important de suivre ou de bien saisir le mood à partir des photos, qui se transforment en film; on va (on ne parle jamais d'une idée, d'un projet au conditionnel, même si on croît que cela ne se fera jamais : l'idée c'est déjà le tiers du chemin de fait) on va donc reconstruire les décors (tu vas travailler en étroite collaboration avec le réalisateur, à moins que tu puisses le faire toi-même, ce qui serait encore mieux, comme je dis toujours « moins on est de fous, plus on s'amuse) et dans le rôle principal, personnage gothique qui pratique la magie et fait l'horoscope à ceux qui viennent la consulter, Erica Leerhsen Importance de maintenir un cliimax continue, je crois que les photos sont assez explicites j'ai pas besoin d'en dire plus Souvent il n'y a pas de musique (c'est pas nécessaire de mettre de la musique quand elle n'est pas justifiée et puis surtout : pas de musique à tue-tête, la musique doit être un élément du film, pas un emballage, de même pas de coup-surprise pour faire peur à l'américaine : sursauter désagréablement, être projeter hors du film c'est pas avoir peur ca ou avoir quoi que ce soit Comme je dis toujours : le son ne doit pas dépasser l'image, l'étouffer (meilleur exemple d'équilibre : Kurosawa; pire : devinez) Donc le personnage, joué par E marche à l'extérieur de la maison (qqfois c'est une maison, d'autres fois un château ou des ruines, un moulin mais certes pour le personnage, appelons-le Witch, W, il n'y a pas de différence d'un décor à l'autre, elle habite un lieu vide, protéiforme, dans des profondeurs perspectuelles) Donc W marche [lorsque je mets ce symbole c'est une référence à une photo, à titre d'inspiration pour le film-video, qq chose qui doit être dans une proximité infinie avec celui-ci] donc [début du film : Cemetery Gate, puis, après qqs instants on pénètre à l'intérieur dans un changement de plan immédiat, pas de travelling : Behind Innocent eyes --très très discreet, Invisible limits, 2 premières minutes, de Tangerine Dream, à peine perceptible, comme un battement de coeur, mieux : un souffle au coeur] Et bien sûr on va piger pour le reste à travers beaucoup de tes (photos)photos, mais je te donne la trame et de toi-même tu peux faire les liens / Petit break, je reviens avec un bref synop J'ai dit qu'elle faisait l'horoscope à des gens qui venaient la consulter en donnant leur date Mais 'tension18 décembre 2011, 21:57 · J’aime Reinhardt Ericson poursuivons donc Ce qu'il y a de particulier avec W [et pour le reste elle porte les vêtements de tes images, style gothique, enfin, tout ca je crois que c'est très clair, et le cliimax, une tension constante, pas nécessairement de peur, c'est pas un film d'horreur, c'est, comment dire, légèrement épouvanté] donc W fait l'horoscope Ses clients : des spectres, des fantômes, des défunts de toutes époques Et la date qu'ils doivent fournir ce n'est pas la date de leur naissance mais de leur mort Ce sont des âmes errantes, angoissées (philosophiquement ce film porte sur des questions, traitées philosophiquement, comme le bonheur, la vie, la mort, les dés-irs, l'amour, la joie, la tristesse, tu vois? Un exemple, par moments on entend une voix féminine (celle d'un spectre,d'une poétesse de la Renaissance, poète, sorcière, qui visite souvent W dans le film mais d'abord on n'entend que sa voix, très sombre, caverneuse, aucune exagération cependant : n'exagérez jamais, si vos idées se tiennent et sont précises elles sont déjà bien assez excessives en (soi) Donc, par moments, l'écran se tache [référence : tes images titrées Texture #15, #351, etc; léger mouvement ou sautillement à l'écran et en off, la voix féminiine (on ne voit pas dans la première demi-heure le personnage, joué par Lena Heady)] Un exemple complet Écran : Texture #19 (ici, mais pas toujours) un fond sonore : Isao Tomita, Clair de Lune, Debussy, sur album Snowflakes Voix féminine (tout le rythme du film est très lent) : derrière tes masques et tes bergamasques/ j'exilerai mon bonheur/ notre amour jamais ne sera simple/ car tes chagrins y dessineront des départs trop longs/ et des baisers d'adieu jamais assez proches/ l'horloge aux mille sonneries m'annoncera ton retour/ et derrière tes masques et tes bergamasques/ je retrouverai mes joues sous tes mains/ et les chagrins qui sont tellement nous/ si nous ne voyons pas Dieue c'est/ que nous sommes Dieue/ l'excès c'(est)est toujours l'impensé/ qui comme de toi me reviennent/ les simples je t'aime/ le chagrin de ta beauté // Maintenant, comme j'ai mentionné, tu leur fais l'horoscope, avec la date de leur mort, mais que vont-ils te donner en retour? pas de l'argent certes Chacun va exhausser un de tes souhaits, certains gentils, d'autres un peu moins La première fois que le personnage, appelons-le X, de Lena apparaît, c'est à l'extérieur de la maison, ou château ou moulin... Elle est, X, accotée sur le mur de pierres (c'est donc une partie du château) et tient un long propos sur la jalousie, la possessivité, le crime passionnel, la beauté des poignards, l'enfer mais très calme, très poético-philosophique; W est allongée sur l'herbe, X est de dos à elle [Outcast] Puis progressivement une très intense passion va se développer entre W et X, plusieurs scènes où elle s'embrassent, font l'amour, avec toujours un brin de cruauté qui rend l'amour si sublime Certes les fantômes continuent leurs consultations --et exhaussent les voeux de W Pour anecdote du film, une scène dans la fôret [the witch in the wood] C'est un défilé de mode, des spectres, ambiance et vêtements gothiques --les saisons changent insensiblement, pendant une courte séquence du défilé où c'est l'hiver, il neige et partout dans la fôret des bonhommes de neige mais où la tête est un crâne parfaitement blanc (pour les changements de seasons tenir compte de la pespective profondale hiérarchique (pour en savoir plus, La Joconde, La dame à la belette, La Cène, La Vierge au rochers (ou violoncelle) de Léonardo et lire la partie de la LOG qui traite de cette perspective) Ah oui, qqfois les «mannequins» sont vêtus de blanc et à peine perceptible sur leur vêtement des poèmes et des aphorismes (tu le fais sur certaines photos) On demandera à Jacquouille de nous écrire les textes Musique pendant le défilé de mode en fôret : Clair de Lune mais cette fois version Fantasy Remix // La fin un petit peu plus tard18 décembre 2011, 23:13 · J’aime Reinhardt Ericson bon, allons-y avec le dernier droit, faut pas que l'inspiration aille se cacher (ah oui, just before that, je vous ai parlé hier d'une image qui se déplace souvent, y en a d'autres aussi mais celle-là semble avoir un parcours, je dirais en termes husserliens, intentionnel; c'est peit-être juste une impression, mais on dirait qu'il y en a qui savent à quelle photo je fais référence, mais j'ai rien mentionné moi; je serais curieux d'aller voir son profil, curiosité simplement, pas pour draguer (je pourrais la rendre populaire par contre, c'est une blague), donc c'est ca aller voir mais j'ignore ce qui va se passer, où je vais atterrir, je veux pas la draguer là (mais est-ce que je vous ai dit que je pourrais, oui, je crois que je l'ai dit) // Donc W et X vivent une relation passionnée et tumultueuse et vers la fin --en passant dans le film certains fantômes consultent pour le tarot, jeu de cartes inspiré du jeu de tarot de Dali, car certains croient qu'ils doivent revivre une vie (pas de réfés à la réincarnation, c'est une décision qui ne concernent qu'eux; et donc souvent ils consultent pour savoir s'ils reviennent à tel moment où vont-ils aboutir, dans quelle famille, ils veulent des détails et souvent avant de revenir ils hantent la maison et la famille où ils vont renaître, tentant de communiquer; bien sûr, certains sont plus méchants, mais ca ces événements «extérieurs» sont dans le film épléplsodiques) Un soir X doit annoncer à W qu'elle doit retourner dans le plan de profondeur où elle a vécu autrefois pour éviter « le Guêpier » auquel on veut la condamner --cachot à deux dimensions et une seule heure de 57 minutes et une seconde (alors Satan lui propose de s'enfuir dans la pluridimensionnalité originaire pour déjouer les plans de Dieu) mais au lieu de tout avouer à W, elle n'en trouve pas la force, elles font l'amour puis ensuite demande à W de lui faire le tarot Ce qui devait arriver arrive, W découvre la vérité sur l'étrange comportement de son amour : en retournant une carte, X retourne la carte de la Vie W éclate de rage, puis elle passe à la panique puis à l'effondrement X doit partir le soir-même Sans rien dire, W quitte la maison et va, en sanglots, marcher dans le chemin du bois [Premade BG 74] Quand elle revient, X n'est plus là Lentement W va s'assoir près du Lieu vide où gisent sur le sol boueux les vêtements de X [ Âshes to ashes (ta photo)] Derrière elle, quelques fantômes regardent la scène; très faiblement une musique aux sonorités «Cirrus Minor» sans guitare sèche W, le regard ravagé dans l'abîme, dit faiblement : je t'en prie, je t'en prie sois là/ nos âmes essoufflées l'une en l'autre/ comme un parapluie de dés-irs déposé au fond de l'aquarium/ deux milles ans après deux milles ans toujours (je)t'absente/ sur la route où j'habrite ta demeure/ qu'est-ce qu'y avait dans le trou de nos âmes?/ qu'est-ce qu'y allait pas dans ce monde en nous?/ chaque fois la même peur de tes larmes sur mon visage/ et les chaînes brisées contre les torrents de si délicieuses indiscrétions/ reviens encore te fendre sur mon sexe/ c'est nos bouches que tu détruits en partant/ je t'en prie, je t'en prie sois là encore une fois // Au bout d'un moment, W relève les yeux et apercoit au centre décentré du Lieu vide une carte; elle enjambe le petit mur de pierres puis va ramasser la carte : Cemetary Gate Elle sourit, retire ses vêtements puis ramasse le poignard à ses pieds19 décembre 2011, 01:30 · J’aime le désêtre ne produit aucune exTériorité aucune étendue fuyante, perspectuelle, mais se décentre en une verticale interne, internée aux confins du visible, d'une visibilité {non}-positive où Dieue, au mithat, Lieu vide, s'inapparaît dans une proximité in-finie pluriperspectuelle le désêtre ne produit aucune exTériorité aucune étendue fuyante, perspectuelle, mais se décentre en une verticale interne, internée aux confins du visible, d'une visibilité {non}-positive où Dieue, au mithat, Lieu vide, s'inapparaît dans une proximité in-finie pluriperspectuelle le désêtre ne produit aucune exTériorité aucune étendue fuyante, perspectuelle, mais se décentre en une verticale interne, internée aux confins du visible, d'une visibilité {non}-positive où Dieue, au mithat, Lieu vide, s'inapparaît dans une proximité in-finie pluriperspectuelle
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LE LEGS DE LA STUPEUR
SCÈNE I : LE MOULIN-DU-CAFÉ
Dehors, il pleut à grosses gouttes. Fatiguée, Nadine s’arrête dans un petit café indépendant près de son travail afin d’encourager le commerce local. Impatiente de nature, Nadine remarque que le café est bondé. Incertaine, elle franchie la porte vitrée et songe, un court instant, à faire demi-tour. Les cheveux mouillés, elle décide tout de même d’y entrer. Elle regarde le menu et tombe dans la lune.
NADINE. - Ma montre affiche 15h30... impossible. Je viens ici à tous les vendredis après-midis et le Moulin-du-Café est toujours vide, �� cette heure-là. Ma montre a dû prendre l’eau. J’haïs ça quand l’café est plein d’même. Jamais moyen d’avoir la crisse de paix, à Montréal? C’est-tu trop demandé d’avoir un peu de tranquillité? En passant, moi, c’est Nadine Tremblay. Y’as-tu un nom plus plate que Tremblay? Non, je ne pense pas. Je suis une jeune femme de quarante ans dans le corps d’une autre. J’veux pas dire que je suis deux personnes à la fois, là. J’suis pas encore schizophrène, à ce que je sache. Non. Ce que je veux dire, c’est que j���ai le sentiment d’être plus jeune que mon âge. Mais ça, toutes les femmes passées la trentaine vous le diront. On fait toutes partie du cercle secret des femmes misérables qui n’affirment ni leurs courbes, ni leurs seins tombant mais qui, malgré elles, se mentent constamment en achetant le dernier magazine Châtelaine pour être au courant des toutes dernières tendances beauté. C’est pas parce qu’on vieillie qu’on n’a plus le droit d’être belles. Ce que je veux dire, c’est que quand je me regarde, le matin, dans le miroir, j’le vois, mon visage. J’suis pas aveugle non plus. Un vieux visage terni et ravagé par le stress du travail. Mais s’qui me fait vraiment chier... c’est que dans ma tête, je suis encore la p’tite adolescente délinquante de dix-sept ans qui vit en banlieue et qui supplie, piteusement, tel un chien réclamant son jouet, ses parents pour aller dormir chez sa meilleure amie Béatrice. Je disais toujours à mes parents que j’allais dormir chez Béatrice, quand je voulais m’aventurer dans la métropole pour faire la fête jusqu’aux p’tites heures du matin. Pis elle, elle disait qu’elle venait dormir chez nous. Esti qu’on était des smart girls, dans s’temps-là. On s’faisait jamais pogner parce que nos parents ne s’aimaient pas vraiment. Ils s’aiment entre eux, entre parents, mais les phéromones des parents de Béatrice n’étaient pas compatibles avec ceux de mes parents. Ça fait qu’ils ne s’appelaient jamais pour savoir si j’étais vraiment chez Béa et vice-versa. Mes plus belles années, mes plus beaux et tendres souvenirs. À s’t’heure, on est deux femmes célibataires de quarante ans qui pensent toujours qu’elles en ont vingt. Moi, je suis devenue directrice de production, chez Radio-Canada, et Béatrice s’improvise prof de yoga au YMCA de Ville Saint-Laurent. Au départ, elle voulait être prof d’éducation physique, mais disons que ses plans ont changés assez vite... ils sont partis, elle et son pack sac, étudier à l’Université d’Ottawa et elle trouvait les gens trop Canadiens, trop patriotes... a toujours été bien spéciale, Béa. À connait pas ça, elle, la straight line. J’ai vécu toutes mes premières fois avec elle. Oui, oui. TOUTES. S’correcte, tu peux arrêter de me regarder d’même... j’suis pas lesbienne pour autant. Pis de toute façon, ça l’air que ça turn-on en esti les hommes mariés qui sont privé de relation sexuelle, deux femmes bien cochonnes qui font le l’ciseau dans un bain de jell-o aux fraises.
LA SERVEUSE. - Madame?
N’ayant aucune réponse de la part de Nadine, la serveuse se met maladroitement à danser sur place et à improviser toute sorte de mouvements étranges afin d’avoir son attention et ainsi ramener Nadine sur Terre après son long voyage lunaire.
LA SERVEUSE, sec. - C’est parce qu’il faudrait bientôt penser sortir de la lune. Y’a pas juste vous, là... y’a d’autres clients, ici-dedans. Mais c’est comme vous voulez. Vous pouvez continuer à dormir, si ça vous chante. D’un autre côté, j’vous trouve bin bonne. Je serais jamais capable de dormir debout, moi. Apparement, y’a juste les chevaux qui font ça. Faut dire que j’ai rarement vu un cheval couché, aussi. Peut-être que c’est juste des conneries des Internets pis qu’ils dorment dans un lit de paille comme monsieur pis madame tout le monde? J’suis persuadé qu’ils se font même border par les fermiers. Ben voyons... qu’est-ce qui me prend? J’pense qui faut que j’arrête la caféine, moi. Ça commence à me monter à tête sur un temps rare. Ok... s’parce que ça va faire, le voyage astral, madame. Si y faut, j’appelle Messmer pis on vous réveille. C’est quoi, l’fuck? Est-ce que je suis à caméra cachée pis j’le sais pas? On me fait une joke plate pour m’annoncer que je suis la nouvelle gagnante au Loto649? C’est vraiment plus drôle, là, madame... le café ferme dans quinze minutes pis faut que j’fasse le close. Dernière chance. Si vous êtes pas réveillée dans deux minutes, j’appelle la police pis on vous embarque pour nuisance publique ou quelque chose de même.
NADINE. - Oui, bonjour! Je vous prendrais un café latte sans lactose, s’il vous plaît!
Bouche bée, la serveuse reste complètement immobile, derrière son comptoir, et ne dit rien. Elle est figée.
NADINE. - Eh, allô? Si vous n’avez plus de lait sans lactose, je comprends. Du lait de soya ou d’amandes fera très bien l’affaire.
Toujours rien de la part de la serveuse.
NADINE. - C’est quoi? Vous ne parlez pas français?
LA SERVEUSE. - Vous êtes vivante?
NADINE. - Je comprends que ce n’est pas donné, des lunettes, mais ce n’est pas un luxe non plus. Si je suis ici, en chaire et en os, qu’on exerce une conversation qui se veut normalement assez simple, sans ambiguïtés, y’a disons 99% de chance que je sois vivante. Alors, j’aimerais, s’il vous plaît, commander mon café... C’est possible?
LA SERVEUSE. - J’ai bien peur que non, malheureusement.
NADINE. - Bon... en plus d’être aveugle, est sourde. J’viens de te le dire que ce n’est pas grave s’il ne reste plus de lait sans lactose. J’peux prendre du lait de soya. J’suis pas si difficile que ça. C’est pas parce que je débarque à la Station McGill que je suis une p’tite snobe qui s’amuse à faire chier la sous-classe de Montréal-Nord.
TEMPS.
NADINE. - Ah, je comprends. T’es nouvelle, c’est ton premier shift toute seule, t’es insécure, t’as personne pour t’aider, t’as juste hâte de sacrer ton camp pour aller pleurer en p’tite boule dans ta chambre trop rose pour l’adolescente en rébellion contre la société occidentale que tu es et qui ne gagne pas assez d’l’heure pour exercer un emploi minable comme celui de barista au Café-du-Moulin? S’correcte, darling. Je comprends ça, tu sais... j’ai pas toujours travaillé à Radio-Can. comme productrice au contenu. J’n’ai eu, moi aussi, des p’tites jobs pas payantes, mais juste assez pour payer mon pote pis mon maquillage cheap du Jean-Coutu. Tout ça pour te dire que si c’est plus simple, j’peux peux commander un café-filtre. Juste noir. Rien de vraiment compliqué, hein? Ça te va, ça?
LA SERVEUSE. - Nous sommes fermés, m’dame...
NADINE. - Comment ça, vous êtes fermés? J’viens juste d’arriver?
LA SERVEUSE. - En fait, madame, ça fait trente minutes que vous êtes arrivée. Je ne sais pas trop comment vous expliquer ça, mais quand vous êtes entrée, vous aviez comme l’air possédée par le démon ou toute autre force occulte. C’était fucking weird.
NADINE. - Merci, c’est trop gentil...
LA SERVEUSE, gênée. - S’pas ça que je veux dire... j’pense pas qu’on peut vraiment être possédé par les forces du mal, mais vous foutiez la chienne. Même si j’ai crissement aimé ça. Vous avez ouvert la porte, les vêtements tout trempés, et vous dégoutiez. À chaque pas, une nouvelle goutte d’eau tombait de votre jupe. Le café a commencé à s’vider, s’pas mêlant. Vous faisiez peur aux clients. Je vous ai salué, mais vous avez à peine décliné la tête vers moi. Vous avez repoussé mon regard, même. Vous étiez sans doute trop préoccupée à essuyer les coulisses de mascara qui envahissaient votre doux visage. Quelques instants plus tard, je vous ai salué de nouveau. J’avais de gros frissons. Là, au bat du ventre. La valse des papillons avaient lieu dans mon hymen impénétré. Malgré votre air fatigué d’avoir bravé la pluie, je vous ai tout de suite trouvé ravissante. Encore une fois, vous avez ignoré mon salut. Cependant, vous vous êtes avancée vers moi, avez regardé le menu derrière le comptoir du café et vous avez émis un petit rire moqueur. Il faut dire qu’un menu jaune et brun n’est pas trop vendeur. Vous avez émis un court son et vous êtes morte. Plus rien. Immobile. Impossible de vous réveiller. J’étais sur le point de téléphoner à Messmer. Ça vous arrive souvent?
NADINE. - Et c’est moi qui est bizarre?
LA SERVEUSE. - Je pense que quand on fait un face-à-face avec une morte on n’a nos raisons de trouver ça un peu weird, non? Y’a même fallu que je me pince pour être sûre que je n’étais pas dans un mauvais épisode de X-FILES.
NADINE. - C’était bien gentil, la déclaration d’amour...
La serveuse coupe sèchement Nadine.
LA SERVEUSE. - Ah merde... je pensais que je disais ça dans ma tête. J’m’excuse. NADINE. - Y’a pas de problème, mais je veux juste un café... s’il vous plaît?
LA SERVEUSE. - Impossible...
NADINE. - Écoute-moi bien, my darling... J’ai eu une crisse de journée de marde avec plein de problèmes de post-production et des comédiens amateurs qui ne sont même pas capables de se souvenir de deux lignes. J’ai pourtant pas l’impression de demander la lune? Je demande un café. Un café, viarge. De l’eau chaude pis des p’tites graines noires.
LA SERVEUSE. - Je comprends, madame... mais j’dois faire mon close, nettoyer les tables, les p’tites graines noires de café, comme vous dites, compter les caisses pis toute s’te marde-là... Je suis désolée, madame, mais je vais maintenant devoir vous demander de quitter.
Nadine tombe de nouveau dans le lune. Cette fois, pour un très court instant.
NADINE. - Ah bin ma tabarnak. Si tu penses que je vais partir d’ici sans mon café, tu te mets le doigt dans l’œil, my darling. Si y faut, je vais sauter par-dessus ton petit comptoir de barista à marde de l’Avenue Mont-Royal, je vais chier à terre, je vais faire mon café latte sans lactose bien peinarde et je vais partir sans te payer, ma chienne. Je vais te laisser avec un fond manquant pis une grosse marde de quadragénaire sur ton plancher pas propre de café certifié biologique. Ok?
Nadine se réveille et saute par-dessus le comptoir de la serveuse.
LA SERVEUSE. - Non, mais vous êtes folle? Qu’est-ce que vous faites?
NADINE. - J’me fait mon propre café pis j’chie à terre.
Nadine et la serveuse s’embrassent tendrement et elle lui explique que ses absences sont dues à un vilain incident dans un wagon du métro de Montréal.
LA SERVEUSE. - Votre café... pour ici ou pour emporter?
NADINE. - Vous êtes fermés, non?
LA SERVEUSE. - Oui.
NADINE. - Pour emporter, alors!
FIN, SCÈNE I
SCÈNE II : LES HOMMES QUI SE MASTURBAIENT
FEMME I. - Il y avait des cris incessants. FEMME II. - Des bruits étranges. FEMME I. - Des enfants pleuraient. FEMME II. - Des hommes se masturbaient en riant. FEMME I. - Des femmes s’arrachaient les cheveux en jouissant. FEMME II. - Certaines se rasaient le pubis en se fabriquant une perruque avec leurs poils. FEMME I. - J’étais là, figée. Apeurée.
FEMME II. - Nous étions là, figées. Apeurées. FEMME I. - Un homme dévorait un sandwich. FEMME II. - Ses yeux semblaient sortir de son cadre rétinien. FEMME I. - Le wagon allait vite. FEMME II. - Trop vite.
FEMME I ET FEMME II. - Cette journée-là, il faisait chaud. Presque trop chaud pour respirer convenablement. Mes fesses étaient collées sur le siège poussiéreux du wagon de métro tellement je suais. Mes vêtements étaient braqués sur ma peau mouillée. Les hommes continuaient de se masturber en riant. Plus leur main allait vite, sur le membre durci de leur perverse excitation, plus ils riaaient. Ils riaient si fort que nos têtes étaient sur le point d’exploser. L’un des hommes s’est approché de moi, de nous. Toujours d’un rire machiavélique, l’homme m’a demandé de jouir avec lui. Je voulais m’échapper. Nous voulions nous échapper, mais nous étions barricadées dans ce vieux wagon humide et parsemé de taches collantes et blanchâtres fournies par le rire des hommes. Ne voulant pas satisfaire sa demande, l’homme m’a attaché à la chaise. Nous a attachées à la chaise. Il riait si fort que j'avais l’impression que mes tympans allaient exploser. Il m’a ordonné de mettre un main sur son membre rosé à force d’une surdose de jets jouissifs. L’homme me chuchotait des mots à l’oreille. Des mots incompréhensibles. Sans même m’en rendre compte, mes mains caressaient son sexe. Il m’ordonnait de continuer, d’accélérer. J’en étais incapable. J’en étais pétrifiée. Nous en étions incapables. Nous en étions pétrifiées. Pendant que l’homme abusait de mon corps, je suis tombé dans la lune. Les étoiles me parlaient. Elle me murmuraient de douces berceuses. Elles me disaient que si j’étais gentille, que si j’écoutais les hommes dépravés d’une sexualités surcroissante, je serai libérée. Un court instant, je me suis réveillée. J’étais de nouveau sur Terre. L’homme rieur avait joui partout sur mon corps fatigué. Sur nos corps fatigués. Les femmes au pubis rasés pleuraient à chaudes larmes. Elles pleuraient parce que les hommes aux sexes durcis ne voulaient pas d’elles ni de leur pubis de jeunes filles. J’avais l’impression d’être morte, et ce, dans ma propre ville. Un long instant, mon corps avait servi d’objet sexuel et même la lune n’avait pas réussi a m’aider. J’étais là, seule, dans ce vieux wagon de métro, entre le Centre-Ville et le vide... on avait abusé de moi. De nous. Les méchantes femmes nous lancèrent leurs poils pubiens au visage. L’homme au sandwich s’arracha les deux yeux et, d’une seule bouchée, il les a mangés. Sans même les déguster. Je ne pouvais plus respirer. Nous ne pouvions plus respirer. J’avais chaud. J’avais soif. La tête me tournait. Au moment où je pensais que les hommes rieurs allaient me découper en petits morceaux, la lune est venue à moi. De nouveau, elle m’a prise dans ses bras. De nouveau, j’ai souris. Les hommes ont continuer de se masturber, mais dans une étrange tristesse... ils ont compris qu’ils ne pourraient me tuer, car la lune m’avait prise sous son aile. Les femmes ont pris leurs tranchants rasoirs et, entre elles, se sont chacune coupé la jugulaire. Tranquillement, le wagon s’est transformé en bain de sang. Ma robe blanche est vite devenue tantôt rouge, tantôt brune, tantôt noire.
FEMME I ET FEMME II, suite. - J’avais l’impression de vivre un rêve tout en étant éveillée, mais les rires des hommes étaient trop réels et les poils fraîchement rasés des femmes pleureuses aux perruques difformes avaient un réel goût de sel de mer. Pour l’une des rares fois de ma vie de femme hystérique, mon imagination ne me faisait pas défaut. Figée dans un amas de sang et de sueur, la voix mielleuse du métro a annoncé, au micro, la prochaine station // prochaine station : McGill //. Tachée de sang et de sueur, j’ai quitté le wagon des terreurs. Même si la lune me transporte dans son monde, lorsque je suis en peine, et que je prends toujours mon café pour emporter, parce que rester à la même place, trop longtemps, me terrorise... les rires des hommes sont toujours bien présents, dans ma tête.
FEMME I. - Il y avait des cris incessants. FEMME II. - Des bruits étranges. FEMME I. - Des enfants pleuraient. FEMME II. - Des hommes se masturbaient en riant. FEMME I. - Des femmes s’arrachaient les cheveux en jouissant. FEMME II. - Certaines se rasaient le pubis en se fabriquant une perruque avec leurs poils. FEMME I. - J’étais là, figée. Apeurée.
FEMME II. - Nous étions là, figées. Apeurées. FEMME I. - Un homme dévorait un sandwich. FEMME II. - Ses yeux semblaient sortir de son cadre rétinien. FEMME I. - Le wagon allait vite. FEMME II. - Trop vite.
FEMME I ET FEMME II. - J’ai frôlé la mort et, aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de donner tous mes biens à ceux que j’aime. Depuis ce jour, je planifie ma mort. Noyée par ce sang qui n’était pas le mien, je suis maintenant imprégné d’une éternelle stupeur. Je ne sais plus qui je suis? Qui nous sommes? Des apartés vivent constamment dans ma tête apeurée. Suis-je femme ou homme? Suis-je brouteuse ou croqueuse? Mon corps maintenant abusé, je ne sais rien. Qui suis-je? Personne ne le saura jamais. Je me suis inventée. Seule Béatrice sait me faire rire. Oublier ce mal qui m’enracine, qui m’étouffe.
FIN, SCÈNE II
SCÈNE III : LE LEGS
Béatrice vient rendre visite à son amie. Chez Nadine, la maison est sans dessus-dessous. C’est le festival des boîtes en carton. Les chaises sont encombrées par de désuets morceaux de vêtements. Le plancher est recouvert de vieux papiers. Perplexe, Béatrice tente tout de même de se frayer un chemin... malgré tout le brouhaha de la maison.
Une sonnette se fait entendre et Béatrice apparaît aussitôt.
BÉATRICE. - Mais c’est quoi, tout ce bordel, Nadine?
Nadine se met à hurler de peur.
BÉATRICE. - Ben voyons... pourquoi tu cris comme ça? J’te déranges-tu?
NADINE. - Comment t’es entrée ici?
BÉATRICE. - Par la porte? J’suis pas Houdini, à ce que je sache. J’ai sonné, pourtant...
NADINE. - T’as sonné?
BÉATRICE. - Ben oui, pis comme la porte était pas barrée, je me suis permise d’entrer.
NADINE. - Voyons que la porte était pas barrée... une chance je t’te connais. N’importe qui aurait pu entrer ici-dedans. N’importe qui, j’te dis. Un homme armé, par exemple. J’t’explique le scénario. Je suis là, dans mes boîtes, je n’entends pas la maudite sonnette et, sans faire un seul bruit, l’homme s’introduit dans la maison. Toujours bien concentrée par mes boîtes, je décide que j’ai soif. Je me lève la tête et puis BOOM. L’homme est là, devant moi, et son révolver est braqué contre ma tête... et puis BOOM, je meurs. As-tu pensé à ça, Béa? Évidemment que tu n’y a pas pensé... parce que tu es arrivée ici tout comme l’homme... sans faire un seul bruit.
BÉATRICE. - Tu ne penses pas que tu exagères juste un p’tit peu, là? Attends minute... T’as bu combien de cafés, toi, aujourd’hui? Tu le sais que tu ne dois plus en boire. Tu sais quel effet ça t’fait ou plutôt dans quel état ça t’met.
NADINE. - Deux... ok, disons trois pis on en parle plus. BÉATRICE. - Nadine... pourquoi tu t’infliges ça?
NADINE. - J’ai pas dormi d’la nuit, le frigo était vide pis Darling avait plus de bonbons pour chats. En allant à l’épicerie, s’matin, je commençais à sentir la fatigue s’emparer d’mon corps. J’suis arrêté au café du coin et je me suis commandé un café pour emporter. J’avais pas le temps de le consommer sur place. Fallait que j’fasse l’épicerie pis là, j’suis dans les boîtes par-dessus la tête. Après que j’ai eu terminé d’faire la grosserie, bin la caféine du premier café faisait presque plus effet pis j’ai commencé à penser à la production du prochain show télé sur lequel je travail... faque j’ai pas vraiment eu l’choix. J’suis retourné au p’tit café, pis j’me suis commandé un cappuccino pour emporter. J’me suis dit quand prenant un café plus fort, l’effet durerait plus longtemps... bin non. Une fois arrivée à maison, je me suis fait un dernier p’tit café. Ça fait que j’commence à tomber dans la lune pis à halluciner des hommes méchants. Des gros hommes pas gentils pentoute.
BÉATRICE. - Une chance que je suis là pour te tenir compagnie... mais qu’est-ce tu fais, au juste, Nadine? J’te déranges-tu, là? S’tu un bon moment? Parce que tu me sembles pas mal occupée, là? Parce que je peux repasser une autre journée, si tu préfères? C’est quoi, toutes ces boîtes? Est-ce que tu prépares une vente-garage pis tu me l’as pas dit?
NADINE. - Non. Je fais le tris.
BÉATRICE. - Le tris?
NADINE. - Bin oui, faire le tris comme dans trier ses choses.
BÉATRICE. - Oui, oui... je sais bien ce que le mot // trier // veut dire. Ce que je ne suis pas certaine de comprendre, c’est la raison pour laquelle tu tries toutes ces choses?
NADINE. - J’me sépare.
Béatrice se met à rire bruyamment.
BÉATRICE. - Ben voyons, Nadine... t’es même pas mariée.
NADINE. - Je le sais. J’suis quand même pas niaiseuse à s’point-là. J’me sépare de mon ancienne vie, de mon ancien moi. J’me sépare de tous ces maudits monstres qui envahissent mon esprit ravagé par le passé. J’me sépare de tout ce qui est mauvais pour moi. J’me sépare de mes meubles, de mon appartement, de mon linge, de mes rideaux, de mon ordinaire, de ma toilette ivoire. De toute, ok? J’me sépare de moi pis de l’autre moi. Celle qui m’empêche d’avancer. Celle qui fait de moi un corps socle, dure, enraciné, mais à la fois trop fragile pour continuer à vivre aisément. J’me sépare de tous ces hommes qui ont si facilement abusé de mon corps si pure, intouché.
BÉATRICE. - Nadine...
NADINE. - J’me sépare de tous ces cauchemars qui m’empêchent de dormir. J’me sépare des fantômes de mon passé. J’me sépare de Montréal, de la pollution, de la ligne orange toujours en panne, des restaurants branchés pis tu tabarnak de métro. J’vis pu, Béa... je survie. J’ai arrêté de vivre le jour où j’ai dû apprendre à fermer les yeux. J’ai arrêté de vivre le jour où j’ai dû commencer prendre tous mes plats pour emporter de peur de mourir sur place. Je fais le tris de tous mes biens... fais-moi plaisir, Béa, et aide-moi à fermer les yeux. Prends tout ce que tu veux et donnons les autres boîtes à la famille qu’il me reste. Fais-moi plaisir, Béa, et aide-moi à oublier.
BÉATRICE. - Ça fait cinq ans, ma chérie.
NADINE. - Fais-moi plaisir, Béa, et tue l’autre moi... tue celle qui veut sortir de moi depuis le jour où les méchants hommes m’ont rempli de leur laideur. Aide-moi à me répartir de moi. Aide-moi à m’enivrer d’un autre monde. Une fois que tout sera distribué, mon amie, je pourrai renaître. Si tu savais comme regarder ses murs qui m’ont tué me fait mal me mange de l’intérieur... tue l’autre moi, Béa... s’il te plaît. Elle veut qu’on se féconde et qu’on tue les méchants hommes, mais je veux pas tuer les méchants hommes, Béa... j’ai peur, j’ai peur, j’ai peur, j’ai peur.
FEMME I. - Il y avait des cris incessants. FEMME II. - Des bruits étranges. FEMME I. - Des enfants pleuraient. FEMME II. - Des hommes se masturbaient en riant. FEMME I. - Des femmes s’arrachaient les cheveux en jouissant. FEMME II. - Certaines se rasaient le pubis en se fabriquant une perruque avec leurs poils. FEMME I. - J’étais là, figée. Apeurée.
FEMME II. - Nous étions là, figées. Apeurées. FEMME I. - Un homme dévorait un sandwich. FEMME II. - Ses yeux semblaient sortir de son cadre rétinien. FEMME I. - Le wagon allait vite... beaucoup trop vite.
BÉATRICE. - Qu’est-ce qu’elle te dit, l’autre toi?
NADINE. - J'aimerais être toi. Je veux être toi, pour dire vrai. Je veux qu'on change de corps, de vie. Je veux que tu comprennes c'est quoi, être moi. Je veux que tu comprennes c'est quoi, marcher dans mes souliers; essayer de zigzaguer avec deux pieds gauches. Je veux que nos deux vies s’accouplent. Je veux que ton regard fusionne avec l'épiphanie de mon cœur déchiré de ne plus être aimé. Je veux que l'engouement d'une attente précieuse dure des années afin que mon plaisir ne fane à nouveau. Tu attires les hommes comme les fleurs attirent les abeilles. Tu exaltes la romance telle la déesse de l'amour. Tu jouis sur commande, mais sans commandement. Tout le monde t'aime. Sauf Dieu. Tu es la Marie Madeleine des jours présents. Tu ouvres les jambes sans te soucier du vide qui solidifie tes entrailles. Tu es le fruit défendu de toutes les femmes aux seins tombants à force de briser des rêves de jeunesse hostiles. Tu fais l'amour pour remplir un vide; l'innocence du bonheur. Je veux être toi pour que tu comprennes que tu possèdes tout. Je veux être toi pour que les fantômes qui m'obsèdent te détruisent. Je veux être toi pour qu'on puisse mourir ensemble; que nos êtres ne fassent plus qu'un. Que nos pensées soient en perpétuel osmose. Les fleurs du mal sont réellement empoisonnées, Charles. Tu mastiques les malheurs avec une habilité si aiguisée que j'en perds mes moyens. Je me sens seule. C'est de ta faute. Arrête d'être excentrique, tu voles la vedette. Tu me laisses rien. Tu barricades ma liberté. Pourquoi je ne suis pas toi? Les gens t'admirent et moi, on me lapide. On boit du vin sur tes seins cancéreux. Tu as le monde à tes pieds, mais je suis celle que tu préfères. Tu ne l'avoueras jamais. Ceux qui bavent à tes pieds pourraient débander. Mais la mort est éminente. Tu penses que je n'ai pas ressenti la peur qui occupait ton visage, lorsque ma langue s'apprêtait à titiller le rosé de ton mamelon durci par l'excitation? L'extase ne cache pas tout, ma chère. Arrête de te cacher derrière cette carapace. Accepte que les gens ne veulent que de toi l'origine du monde; ton passage acido-ovulatoire. Je t'aime malgré tout. Je t'aime même si tu te détruits... who doesn’t? Aime-moi, toi aussi. Je veux être toi pour qu'on m'embrasse de partout; des pieds à la tête. Je veux être toi pour que les yeux soient rivés sur mes seins. Pas les tiens. Changeons de corps pour que tes larmes soient véritables. Pour que tu comprennes qu'est-ce qu'être moi représente. Arrête-moi tes lamentations et réalise que tout est parfait, autour de toi. Réalise que j'attends encore l'impossible. Arrête de te mentir. Arrête d'être heureuse. Laisse-moi être toi pour qu'on pleure ensemble. Échangeons nos robes de bal tachées par le passé. Je t'aime sans comprendre pourquoi. Ton bonheur m'emprisonne, mais ça me soulage de savoir que tu pleures aussi. Tu es toxique. Tout est mélangé.
BÉATRICE. - Tous les legs seront distribués et ton cauchemar dissipé, belle amie.
NADINE. - Les méchants hommes sont partout, hélas ma Béatrice... mais sache que même si tu m’aides, je mourrai dans le legs de ma stupeur.
Nadine meurt. -- RIDEAU.
FIN
Texte de Maxime Couroux.
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Dolmancé, toujours flagellant : Eh ! vraiment, ma petite mère, c'est que toutn'est pas dit. Ne faut-il pas que vous entendiez votre arrêt ?... ne faut-il pasqu'il s'exécute?... Allons, réunissons-nous autour de la victime, qu'elle setienne à genoux au milieu du cercle et qu'elle écoute en tremblant ce qui vaSeptième et Dernier Dialogue- Page 145 -lui être annoncé. Commencez, madame de Saint-Ange. Les prononcéssuivants se font pendant que les acteurs sont toujours en action.Mme de Saint-Ange : Je la condamne à être pendue.Le Chevalier : Coupée, comme chez les Chinois, en vingt-quatre millemorceaux.Augustin : Tenez, moi, je la tiens quitte pour être rompue vive.Eugénie : Ma belle petite maman sera lardée avec des mèches de soufre,auxquelles je me chargerai de mettre le feu en détail. (Ici l'attitude se rompt.)Dolmancé, de sang-froid : Eh bien, mes amis, en ma qualité de votreinstituteur, moi j'adoucis l'arrêt ; mais la différence qui va se trouver entremon prononcé et le vôtre, c'est que vos sentences n'étaient que les effetsd'une mystification mordante, au lieu que la mienne va s'exécuter. J'ai là-basun valet muni d'un des plus beaux membres qui soient peut-être dans lanature, mais malheureusement distillant le virus et rongé d'une des plusterribles véroles qu'on ait encore vues dans le monde. Je vais le faire monter :il lancera son venin dans les deux conduits de la nature de cette chère etaimable dame, afin qu'aussi longtemps que dureront les impressions de cettecruelle maladie, la putain se souvienne de ne pas déranger sa fille quand ellese fera foutre. (Tout le monde applaudit ; on fait monter le valet. Dolmancéau valet :) Lapierre, foutez cette femme-là ; elle est extraordinairementsaine; cette jouissance peut vous guérir : le remède n'est pas sans exemple.Lapierre : Devant tout le monde, monsieur ?Dolmancé : As-tu peur de nous montrer ton vit ?Lapierre : Non, ma foi ! car il est fort beau... Allons, madame, ayez la bontéde vous tenir, s'il vous plaît.Mme de Mistival : Oh ! juste ciel ! quelle horrible condamnation !Eugénie : Cela vaut mieux que de mourir, maman ; au moins, je porterai mesjolies robes cet été !Dolmancé : Amusons-nous pendant ce temps-là ; mon avis serait de nousflageller tous : Mme de Saint-Ange étrillera Lapierre, pour qu'il enconnefermement Mme de Mistival ; j'étrillerai Mme de Saint-Ange, Augustinm'étrillera, Eugénie étrillera Augustin et sera fouettée elle-même trèsvigoureusement par le chevalier. (Tout s'arrange. Quand Lapierre a foutu leSeptième et Dernier Dialogue- Page 146 -con, son maître lui ordonne de foutre le cul, et il le fait. Dolmancé, quandtout est fini :) Bon ! sors, Lapierre. Tiens, voilà dix louis. Oh ! parbleu ! voilàune inoculation comme Tronchin n'en fit de ses jours !Mme de Saint-Ange : Je crois qu'il est maintenant très essentiel que le veninqui circule dans les veines de madame ne puisse s'exhaler ; en conséquence, ilfaut qu'Eugénie vous couse avec soin et le con et le cul, pour que l'humeurvirulente, plus concentrée, moins sujette à s'évaporer, vous calcine les os pluspromptement.Eugénie : L'excellente chose ! Allons, allons, des aiguilles, du fil !... Écartezvos cuisses, maman, que je vous couse, afin que vous ne me donniez plus nifrères ni sœurs. (Mme de Saint-Ange donne à Eugénie une grande aiguille,où tient un gros fil rouge ciré ; Eugénie coud.)Mme de Mistival : Oh ! ciel ! quelle douleur !Dolmancé, riant comme un fou : Parbleu ! l'idée est excellente ; elle te faithonneur, ma chère ; je ne l'aurais jamais trouvée.Eugénie, piquant de temps en temps les lèvres du con, dans l'intérieur etquelquefois le ventre et la motte : Ce n'est rien que cela, maman ; c'est pouressayer mon aiguille.Le Chevalier : La petite putain va la mettre en sang !Dolmancé, se faisant branler par Mme de Saint-Ange, en face del'opération : Ah ! sacredieu ! comme cet écart-là me fait bander ! Eugénie,multipliez vos points, pour que cela tienne mieux.Eugénie : J'en ferai plus de deux cents, s'il le faut... Chevalier, branlez-moipendant que j'opère.Le Chevalier, obéissant : Jamais on ne vit une petite fille aussi coquine quecela !Eugénie, très enflammée : Point d'invectives, chevalier, ou je vous pique !Contentez-vous de me chatouiller comme il faut. Un peu le cul, mon ange, jet'en prie ; n'as-tu donc qu'une main ? Je n'y vois plus, je vais faire des pointstout de travers... Tenez, voyez jusqu'où mon aiguille s'égare jusque sur lescuisses, les tétons... Ah ! foutre ! quel plaisir !...Mme de Mistival : Tu me déchires, scélérate !... Que je rougis de t'avoirdonné l'être !Septième et Dernier Dialogue- Page 147 -Eugénie : Allons, la paix, petite maman ! Voilà qui est fini.Dolmancé, sortant bandant des mains de Mme de Saint-Ange : Eugénie,cède-moi le cul, c'est ma partie.Mme de Saint-Ange : Tu bandes trop, Dolmancé, tu vas la martyriser.Dolmancé : Qu'importe ! n'en avons-nous pas la permission par écrit ? (Il lacouche sur le ventre, prend une aiguille et commence à lui coudre le trou ducul.)Mme de Mistival, criant comme un diable : Ahe ! ahe ! ah !...Dolmancé, lui plantant très avant dans les chairs : Tais-toi donc, garce ! ouje te mets les fesses en marmelade... Eugénie, branle-moi !...Eugénie : Oui, mais à condition que vous piquerez plus fort, car vousconviendrez que c'est la ménager beaucoup trop. (Elle le branle.)Mme de Saint-Ange : Travaillez-moi donc un peu ces deux grosses fesses-là !Dolmancé : Patience, je vais bientôt la larder comme une culotte de bœuf ;tu oublies tes leçons, Eugénie, tu recalottes mon vit !Eugénie : C'est que les douleurs de cette gueuse-là enflamment monimagination, au point que je ne sais plus exactement ce que je fais.Dolmancé : Sacré foutredieu ! je commence à perdre la tête. Saint-Ange,qu'Augustin t'encule devant moi, je t'en prie, pendant que ton frèret'enconnera, et que je voie des culs, surtout : ce tableau-là va m'achever. (Ilpique les fesses, pendant que l'attitude qu'il a demandée s'arrange.) Tiens,chère maman, reçois celle-ci, et encore celle-là !... (Il la pique en plus devingt endroits.)Mme de Mistival : Ah ! pardon, monsieur ! mille et mille fois pardon ! vousme faites mourir !Dolmancé, égaré par le plaisir : Je le voudrais... Il y a longtemps que je n'aisi bien bandé ; je ne l'aurais pas cru après tant de décharges.Mme de Saint-Ange, exécutant l'attitude demandée : Sommes-nous bienainsi, Dolmancé ?Septième et Dernier Dialogue- Page 148 -Dolmancé : Qu'Augustin tourne un peu à droite ; je ne vois pas assez le cul ;qu'il se penche je veux voir le trou.Eugénie : Ah ! foutre ! voilà la bougresse en sang !Dolmancé: Il n'y a pas de mal. Allons, êtes-vous prêts, vous autres ? Pourmoi dans un instant, j'arrose du baume de la vie les plaies que je viens defaire.Mme de Saint-Ange : Oui, Oui, mon cœur, je décharge... nous arrivons aubut en même temps que toi.Dolmancé, qui a fini son opération, ne fait que multiplier ses piqûres surles fesses de la victime, en déchargeant : Ah ! triple foutredieu ! mon spermecoule... il se perd, sacredieu... Eugénie, dirige-le donc sur les fesses que jemartyrise... Ah ! foutre ! foutre ! c'est fini... je n'en puis plus !... Pourquoifaut-il que la faiblesse succède à des passions si vives !Mme de Saint-Ange : Fouts ! fouts-moi, mon frère, je décharge !... (AAugustin :) Remue-toi donc, jean-foutre ! Ne sais-tu donc pas que c'estquand je décharge qu'il faut entrer le plus avant dans mon cul ?... Ah ! sacrénom d'un dieu ! qu'il est doux d'être ainsi foutue par deux hommes ! (Legroupe se rompt.)Dolmancé : Tout est dit. (A Mme de Mistival.) Putain ! tu peux te rhabilleret partir maintenant quand tu le voudras. Apprends que nous étions autoriséspar ton époux même à tout ce que nous venons de faire. Nous te l'avons dit,tu ne l'as pas cru : lis-en la preuve. (Il lui montre la lettre.) Que cet exempleserve à te rappeler que ta fille est en âge de faire ce qu'elle veut ; qu'elle aimeà foutre, qu'elle est née pour foutre, et que, si tu ne veux pas être foutue toi-même, le plus court est de la laisser faire. Sors ; le chevalier va te ramener.Salue la compagnie, putain ! Mets-toi à genoux devant ta fille, et demande-lui pardon de ton abominable conduite envers elle... Vous, Eugénie,appliquez deux bons soufflets à madame votre mère et, sitôt qu'elle sera surle seuil de la porte, faites-le-lui passer à grands coups de pied dans le cul.(Tout s'exécute.) Adieu, chevalier ; ne va foutre madame en chemin,souviens-toi qu'elle est cousue et qu'elle a la vérole. (Quand tout est sorti.)Pour nous, mes amis, allons nous mettre à table et, de là, tous quatre dans lemême lit. Voilà une bonne journée ! Je ne mange jamais mieux, je ne dorsjamais plus en paix que quand je me suis suffisamment souillé dans le jour dece que les sots appellent des crimes.
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Dimanche 24 novembre 2019 : Deuxième livre de Samuel 5,1-3.
En ces jours-là, toutes les tribus d’Israël vinrent trouver David à Hébron et lui dirent : « Vois ! Nous sommes de tes os et de ta chair. Dans le passé déjà, quand Saül était notre roi, c’est toi qui menais Israël en campagne et le ramenais, et le Seigneur t’a dit : “Tu seras le berger d’Israël mon peuple, tu seras le chef d’Israël.” » Ainsi, tous les anciens d’Israël vinrent trouver le roi à Hébron. Le roi David fit alliance avec eux, à Hébron, devant le Seigneur. Ils donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël.
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Lundi 22 janvier 2018 : Deuxième livre de Samuel 5,1-7.10.
En ces jours-là, toutes les tribus d’Israël vinrent trouver David à Hébron et lui dirent : « Vois ! Nous sommes de tes os et de ta chair. Dans le passé déjà, quand Saül était notre roi, c’est toi qui menais Israël en campagne et le ramenais, et le Seigneur t’a dit : “Tu seras le berger d’Israël mon peuple, tu seras le chef d’Israël.” » Ainsi, tous les anciens d’Israël vinrent trouver le roi à Hébron. Le roi David fit alliance avec eux, à Hébron, devant le Seigneur. Ils donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël. Il avait trente ans quand il devint roi, et il régna quarante ans : à Hébron il régna sur Juda pendant sept ans et demi ; et à Jérusalem il régna trente-trois ans, à la fois sur Israël et sur Juda. Le roi avec ses hommes marcha sur Jérusalem contre les habitants de la région, les Jébuséens. On lui dit : « Tu n’entreras pas ici : des aveugles et des boiteux suffiraient à te repousser. » Autrement dit : David n’entrera pas ici. Mais David s’empara de la forteresse de Sion – c’est la Cité de David. David devint de plus en plus puissant. Le Seigneur, Dieu des armées, était avec lui.
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