Tumgik
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miung-dreamer · 2 years
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lilias42 · 2 years
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Ma voie dorée sur AM en OS ! ... un OS en deux parties ! Je sais, moi aussi, désolé...
Bon ! J'avais envie de changer d'ambiance avec CF où je savais que pour la majorité des persos vont mal finir parce que CF, même quand leur développement était positif (j'essaye de toujours avoir des développements positifs pour les persos du bon côté de la barrière - soit contre Delagarde) alors, je voulais changer d'air. Donc, voici ma voie dorée toute dorée où tout le monde de gentils survit ! (et quand je dis tout le monde, c'est tout le monde mais, ce sera pour la seconde partie) Et quand je dis tout le monde, c'est tout le monde. C'est complètement craqué avec quelques libertés du côté de mes propres règles selon les interprétations aussi mais bon, c'est pas vraiment canon alors, ça marche quand même. En plus, j'ai essayé de garder les choses un peu ambigüe, même si je ne sais pas si c'est réussi. C'est juste un peu un mélange de choses que j'aime et pour me faire plaisir donc, ça part dans tous les sens.
Pour poser les choses histoires de mieux comprendre :
-On est sur la route AM vu que c'est déjà la voie dorée du jeu. Quand on commence, tout s'est déroulé comme dans le jeu. C'est au début de l'OS en deux parties où les choses commencent à changer.
-La toile de fond par contre, c'est celui que j'ai développé pour CF. Logiquement, avec ce que j'ai mis sur mon blog devrait suffire pour comprendre, et je rappelle certains éléments pour que ce soit compréhensible... enfin j'espère donc, n'hésitez pas à demander s'il y a un point obscure.
-C'est aussi ma version des choses ainsi que des Braves
-Les liens familiaux sont également toujours les mêmes, et l'interprétation des personnages aussi. La seule personne qui change, c'est Byleth qui a des neurones dans cette histoire (car personne du côté de Delagarde en a).
-Je reprend aussi des phrases et des éléments du canon à ma sauce donc, c'est normal si des mots sonnent comme du déjà vu, c'est que c'est repris du jeu mais, dans des contextes / avec des personnes différentes.
Je crois que j'ai tout dit sinon, s'il y a des questions, je vous répondrait sans problème.
Dans cette première partie, on commence à Gronder jusqu'à avant la prise de Fhirdiad (en gros, la moitié / deux tiers de l'OS en deux parties), le reste de la route en accélérée sera pour la seconde partie (encore pardon pour ce "petit OS" qui a fini par faire plus de cent pages).
@ladyniniane voilà ce dont je t'avais parlé !
Félix sentit la sueur perlée sur son front à cause de l'effort, ses mains se fripées comme après un trop long séjour dans l'eau alors que la magie coulait d'elles, se déversant dans la plaie béante et sale pour la nettoyer et la refermer. Merde ! Cette maudite gosse avait utilisé un couteau rouillé ! Et la Déesse seule savait ce qu'elle avait pu mettre dessus ! Qu'elle l'aurait empoisonné pour être sûre de réussir son coup que ça ne l'étonnerait même pas !
« Va en enfer ! »
Sous ses mains, il sentait le sang de Rodrigue lutter contre lui pour tenter de s’échapper, ses côtes bougeant trop peu sous ses respirations devenues silencieuses mais, Félix sentait encore son pouls, il le sentait d'ici. Le sanglier ne le lâcherait pas ou ne le bougerait pas – et il le faisait, l'épéiste jurait qu'il allait l'envoyer lui-même s'expliquer avec son vieux ! – donc, il n'avait pas à s'inquiéter pour ça, sa main ne bougerait pas d'Aegis. Même si tout était flou, Félix se souvenait de quand il avait été grièvement brûlé, de la terreur qu'il avait ressentie dès qu'on l'éloignait du contact rassurant de leur Relique, des chants de Fraldarius restés gravés à l'intérieur. Sans lui, les eaux du lac ne l'auraient jamais sauvé, il le savait alors, peut-être…
« Allez Fraldarius ! On a besoin d'un autre de tes miracles ! Alors, lac ou pas, tu vas le faire et le sauver ! »
La peau sous ses mains devenait froide, vide de sang. Non ! Juste tout mais pas ça ! Le vieux n'était quand même pas si faible à la mort que ça ! Il avait déjà survécu à pire ! Il n'allait pas les lâcher maintenant !
C'est à ce moment qu'un souvenir remonta à la surface, tout doux malgré la situation, allant dans ses mains et sur sa langue alors que les notes résonnaient à nouveau dans son esprit.
« Au clair de la lune, le vent chante,
Tu pleures dans cette forêt de cendres,
Les nuages vont alors tous descendre,
Pour que plus jamais, le mal te hante.
Au clair de la lune, les loups murmurent,
Sans un bruit, ils s’approchent de tes blessures,
Ils t’entourent, te réchauffent avec leur fourrure,
Cette protection douce, elle te rassure.
Au clair de la lune, la forêt te protègera toujours ici,
Aux hurlements des loups, la brise te réconforte,
Tous pansent tes blessures et au loin les emporte,
Dans leur rassurante étreinte, enfin tu t’endors guéri. »
« ça va aller louveteau... ça va aller... tu vas guérir... tu es très fort, je le sais... reste avec nous... ne pars pas... protège-le Félicia... je t'en supplie... ça va aller... ça va aller... je te protégerais... »
De ses souvenirs, la berceuse guérisseuse de Rodrigue passa dans ses mains, coula de ses propres lèvres malgré les fausses notes, alors que la marque de leur ancêtre réagissait aussi, son énergie l'aidant enfin à faire un meilleur soin. D'autres chants lui revinrent en mémoire, il les récita aussi avec autant d'efforts pour que ça marche aussi bien que sur lui.
« Félix… il ne prit même pas le temps de reconnaitre à qui appartenait cette voix. Il faut que tu t’arrêtes… Tu saignes toi aussi…
– La ferme ! Tu me déconcentres ! Dégage ! »
Plus personne ne vient le déranger.
Et celui qui tentait de l’arrêter ou d’utiliser le sort « silence » signait son arrêt de mort.
Félix n'avait aucune idée de combien de temps il s'était acharné ainsi, ni si cela servait à quoi que ce soit, ou s'il rêvait les respirations sous ses doigts. Il n'en avait aucune idée et il s’en moquait, refusant d'arrêter tant qu'il ne s'effondrait pas, et personne ne pourrait l'en empêcher ! Le vieux n'allait pas mourir comme ça ! Jamais ! Faudrait le tuer d'abord !
« Ne laisse pas Alix tout seul ! Il va claquer aussi sans toi ! Vous êtes de tellement de vrais jumeaux que ça vous fait mal quand vous êtes trop loin l’un de l’autre ! Tu ne vas pas lui faire ça ! Tu ne vas pas me laisser comme ça ! »
« Je t’interdis de crever… tu m’entends ? Je t’interdis de crever comme ça…
– Félix…
Il s’arrêta en entendant son nom murmurer dans un souffle. Relevant les yeux de sa tâche, il rencontra ceux mi-ouverts de Rodrigue, le fixant comme s’il n’était pas lui-même en train de se vider de son sang après s’être jeté sous un couteau pour protéger Dimitri. Pourtant, même si ce dernier le tenait et qu’il aurait été plus facile pour lui de le regarder, il ne semblait le voir que lui, que Félix alors que sa main se levait, son doigt tremblant se posant sur sa joue, essuyant une larme dont le jeune homme aurait pu jurer qu’elle n’existait pas.
– Ne pleure pas louveteau… ça va aller…
– La ferme… » grogna-t-il en récupérant sa main, pour la porter à la place de cet idiot qui gaspillait ce qui lui restait de force pour un geste aussi ridicule, sans prendre la peine à relever ce surnom puéril et ridicule qui lui réchauffait pourtant le cœur. « Occupe-toi de toi pour une fois.
Les yeux de son père se refermèrent mais, le sang ne coulait plus de la plaie, et ses respirations étaient plus régulières que tout à l’heure, son air plus serein. Félix sentit alors les mains douces de Mercedes se poser sur ses épaules, le tirant légèrement en arrière pour l’empêcher de recommencer alors qu’elle lui assurait avec sa voix calme.
– Il est hors de danger Félix. Tu l’as sauvé. »
Ces mots étaient tout ce qu’il voulait entendre. Le vieux était en vie, c’était le principal. Il sentit alors sa propre douleur et épuisement le foudroyer, son corps protestant qu’il l’ait vidé de ses forces alors qu’il sentait le sang couler de sa marque dans son dos. Le monde se mit à tourner, et il sombra lui-même dans les ténèbres du sommeil, s’accrochant à la magie qu’il sentait dans la main qu’il tenait, alors que sa tête tombait sur les genoux de son père.
« Louveteau… » un bisou tout doux sur ses cheveux, une voix rassurante, une étreinte toute chaude… « Ça va aller… il est parti le vilain cauchemar… tu es en sécurité ici… nous sommes tous là… »
« Papa ? Papa… »
Il enfouit son visage dans la chaleur de son père qui s’était mis à fredonner une berceuse apaisante, à nouveau tout petit, assez pour se rouler en boule sur ses genoux et se presser contre sa poitrine, bien au chaud dans ses bras et sa cape… Rodrigue était si rassurant…
Félix sentait Alix poser une couverture sur ses épaules, puis se joindre à son frère, l’accompagnant de sa voix toute identique à celle de son jumeau. Glenn était là aussi, à côté de lui, chantant avec eux… comme quand il était encore enfant, et que toute leur famille se réunissait autour du feu lors des longues soirées d’hiver pour passer le temps ensemble… le benjamin s’assoupissait tout le temps avant tout le monde et quand il faisait un cauchemar, il se réfugiait toujours dans les bras de Rodrigue qui se mettait à chanter avec Alix et Glenn, leurs belles voix éloignant tous les mauvais rêves du monde et le faisant dormir jusqu’au matin…
Comme à l’époque, il s’endormit dans son étreinte sans craindre le danger ou les cauchemars, protégé par tout l’amour de sa famille et de son père.
*
Comme un éclair de réel, le poids du corps du jeune loup noir tomba sur ses genoux, rejoignant le poids blessé de son père dont il tenait la patte. Il était froid… ils étaient froids… ils étaient si froid… comme de l’eau lentement piégé par le gel et transformé en glace jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de liquide vif, juste un bloc inerte… comme…
« Félix… Rodrigue… je t’en supplie Mercedes ! Sauve-les ! Sauve-les de la mort ! »
*
Ingrid et Sylvain attendaient nerveusement devant la tente de Mercedes, veillant sur Rodrigue alors que Flayn s’occupait de lui, profondément endormi malgré un sommeil très agité. Leur guérisseuse et Manuela essayaient de maintenir Félix en vie. La surcharge de magie avait provoqué une grave hémorragie interne, une partie de ses veines avait explosé sous la pression et l’effort alors, c’était à son tour de se balancer entre la vie et la mort.
« Pourquoi c’est aussi long ? Marmonna Ingrid, l’inquiétude lui faisant perdre toute sa patience pourtant légendaire. Elles devraient déjà avoir fini !
– Il a donné énormément d’énergie à Rodrigue pour lui sauver la vie. Mieux vaut qu’elle prenne le temps qu’il faut pour être sûr qu’il n’y a plus rien, lui rappela Sylvain, même si ses yeux fixaient le rabat de tissu servant de porte à la salle d’opération improvisée sans dévier, comme s’il voulait voir à travers.
– En plus, je suis sûre qu’il va s’en sortir ! Ajouta Flayn avec son optimisme habituel. Félix ne se laissera pas mourir comme ça, et Mercedes et Manuela sont toutes les deux d’excellentes guérisseuses ! Tout va bien se passer !
– On espère… répondirent-ils tous les deux.
– Après tout… il vient d’accomplir un véritable miracle… le seigneur Rodrigue est hors de danger à présent mais, la lame était empoisonnée et elle a perforé plusieurs organes vitaux… Félix serait arrivé une seconde plus tard et il n’aurait pas eu Aegis pour ralentir l’hémorragie, j’ai bien peur que… Flayn se tut, tous étant trop conscients de ce qui avait failli se produire. C’est un vrai miracle… tout comme le fait qu’elle ne soit pas arrivée à tuer Dimitri sur le coup… heureusement que son armure l’a protégé et a dévié la lame… elle l’a blessé à cause d’un endroit cassé mais au final, plus de peur que de mal, même s’il devra surement rester aussi en convalescence. Elle aurait frappé juste…
– Dimitri l’aurait laissée le tuer… c’était un suicide, pas un assassinat… souffla Sylvain, à peine audible. Cette gosse ne savait surement pas mais, il a profité de la première occasion qu’on lui offrait de se faire tuer, surtout qu’elle voulait aussi se venger… c’était presque d’une ironie sans nom qu’il soit tué par quelqu’un qui voulait se venger de lui, alors que lui-même a surement tué le frère de cette gamine pour se venger… la boucle est bouclée…
– Hum… je déteste le reconnaitre mais, tu n’as pas tort… je me dis presque qu’on a eu de la chance qu’il ne prenne pas sa lance pour le faire lui-même avant… je crois que c’est à cause des voix qu’il entend qu’il ne l’a pas fait… pour une fois, elles ont servi, même si elles l’enfoncent en lui disant de le venger, alors qu’ils ne lui demanderaient jamais ça. Glenn ne dirait jamais de choses aussi cruels à Dimitri… il était très critique envers Lambert et je crois même qu’il le méprisait, reconnut-elle avant d’ajouter, mais pas Dimitri. Il l’adorait et voulait le servir lui car, il méritait son dévouement. Jamais il ne lui dirait des choses pareils.
– Et s'il arrive quoi que ce soit à Félix ou Rodrigue… même avec les mots de Rodrigue, sa maladie risque de les lui montrer rejoindre les rangs de ses hallucinations… marmonna le cavalier.
– Je n’espère pas, même si avec ce genre de mal, il est dur de prédire comment cela évoluera, confirma Flayn, même si elle ajouta avec plus d’optimisme. Par contre, Dimitri a supplié qu’on les sauve, et il s’est rendu compte tout de suite de ce qui était vrai ou non. Il a su tout de suite que ce qui se passait devant ses yeux étaient matériels et ce qu’il fallait prioriser. Ses hallucinations sont aussi réelles pour Dimitri mais, il a su ne pas les écouter pour se concentrer sur ce qui était devant lui alors qu’à l’instant d’avant, elles lui hurlaient de poursuivre Eldegard pour la tuer. Il a pourtant rencontré des difficultés à savoir si la Professeure et Dedue étaient réels ou non mais là, il a tout de suite su que l’épuisement de Félix était réel et il a agi en conséquence. Je pense que c’est un bon signe, sourit-elle.
Les deux cavaliers hochèrent un peu la tête, prenant un peu de sa positivité pour eux.
– Fraldarius lui a sauvé la vie mais, il a survécu pendant deux mois à des brûlures magiques avant que l’eau du lac ne les fasse disparaitre, déclara le rouquin, une vieille écaille sarcelle entre ses doigts. Il survivra encore.
– Oui. S’il doit avoir une seule chose qui définit Félix, c’est qu’il est horriblement têtu et obstin��, il ne va pas se laisser mourir comme ça. Il rendrait la Mort folle en tentant de revenir dans son corps par tous les moyens, arriva à sourire un peu Ingrid malgré tout.
Flayn sourit aussi alors qu’elle finissait d’ausculter la blessure de Rodrigue, avant de s’en aller quand on l’appela pour soigner le coup de masse à la jambe d’Hapi. Les deux cavaliers n’étaient pas trop blessés et ils avaient déjà aidé à soigner les éclopés qu’ils pouvaient alors, ils restèrent devant la tente à attendre la fin de l’opération.
Quand la pluie commença à tomber, ils prirent cela comme une sorte de soulagement. La magie de Fraldarius était liée à l’eau, une atmosphère humide renforcerait peut-être ce qui en restait pour ses miracles… ils attendirent encore, enfoncés sous une couverture et serrant leur propre Relique contre leur poitrine, cherchant l’énergie rassurante de leur ancêtre à l’intérieur malgré tout.
Aucun des deux ne savait depuis combien de temps ils attendaient que ce foutu rabat se soulève, quand ils virent une ombre bleu et noir surmonté de blond glisser sous les gouttes en direction de la porte du camp. Devinant qui s’était sans problème, Ingrid laissa Sylvain continuer à attendre les nouvelles pour le suivre, lui criant quand elle le rejoignit à la sortie du camp.
« Eh ! Dimitri !
Son ami s’arrêta, pivota la tête, son œil unique la regardant sans la voir. Il ressemblait encore plus à un fantôme à cheval entre deux mondes maintenant. Avec la pluie qui collait tout au corps, on ne pouvait que voir que Dimitri était décharné, fait que de muscle, de peau et d’os. Il mangeait à peine et ses amis d'enfance étaient sûrs qu'ils se nourrirait encore moins, s'il n'en avait pas besoin pour survivre. Il était un véritable squelette, ne prenait pas soin de lui au point qu’il devait être infesté de vermine, refusant de s’occuper de lui-même en prétendant qu’il n’en avait pas besoin et n’était pas digne de tels soins, ce n’était pas nécessaire à sa mission.
Quand il la reconnut, Dimitri se tourna complètement vers elle, la regarda avec son œil vide, bougeant mécaniquement, le visage perdu dans l’ombre et les illusions. Elle n’osait même pas imaginer quelles horreurs pouvaient se jouer devant son regard et quelles demandes odieuses il entendait…
– Que veux-tu ? Demanda-t-il de sa voix caverneuse, dépourvu de toute la vie qu’il avait pu y avoir autrefois.
– Où est-ce que tu vas comme ça ? Alla droit au but Ingrid, ne voulant pas perdre de temps pour savoir ce qu'il avait en tête.
– Cela ne te regarde pas, rétorqua-t-il.
– Si. Ça te concerne donc, ça nous regarde tous. En plus, tu es blessé, tu ne devrais même pas bouger, répliqua-t-elle immédiatement d’un ton sévère. Où tu vas Dimitri ? Et réponds cette fois !
Bon, finalement, ce serait elle qui tuerait le blond pour être toujours aussi horriblement têtu quand il avait une idée en tête. Ils partageaient ce même défaut tous les quatre mais là, c’était particulièrement insupportable !
– Tu vas à Embarr, n’est-ce pas ? Devina la chevalière devant son silence. C’est pour ça que tu t’es faufilé comme ça hors du camp sans qu’on te voie ? Tu voulais y aller tout seul sans que personne ne te suive ? Et bien, c’est hors de question ! D’un, t’es blessé quand même ! C’est moins grave que ça aurait pu l’être mais, tu t’es pris un couteau empoisonné je te rappelle ! De deux, tu vas te faire tuer si tu y vas tout seul et ça, c’est hors de question ! Et tu n’y vas pas car de trois, personne n’est en état de suivre ! Surtout pas Rodrigue et Félix ! Félix se bat encore pour sa vie et Rodrigue en a réchapper de peu ! Tu crois que c’est ce qu’ils voudraient ? Que tu jettes ta vie alors que Rodrigue a tout fait pour te sauver, puis Félix a tout fait pour sauver son père quitte à s’en mettre en danger lui-même ? Et ce que voudrait vraiment Glenn ? Il adorait sa famille plus que tout, il ne voudrait jamais ça ! Est-ce que tu crois que c’est ce que veulent vraiment les morts ?! S’énerva-t-elle. Je ne pense pas moi ! Personne ne veut ça ! Autant les morts que les vivants !
– Silence ! » S’écria-t-il, visiblement furieux que ce soit elle qui ait invoqué les morts cette fois mais bon, Ingrid ne le craignait pas. Même dans cet état, Dimitri ne leur ferait jamais aucun mal et il le savait autant qu’eux tous. « Tu ne sais pas de quoi tu parles Ingrid…
– Bien sûr que si ! Lui renvoya-t-elle dans la figure sans le laisser finir, les plumes autour de son œil et de son oreille droite s’hérissant de frustration. C’est toi qui t’es mis martel en tête et qui ne veut pas changer d’avis ! Et pourquoi tu veux tant aller à Embarr ? Ce serait du suicide et tu le sais ! Si je ne sais pas de quoi je parle, d’accord mais, explique-moi pour que je comprenne un peu !
– La mort est la fin… commença-t-il d’une voix caverneuse, lui parlant sans vraiment lui parler, regardant par-dessus son épaule où devait se trouver des morts. Qu’importent tous nos regrets, nous sommes impuissants une fois morts. Incapables de souhaiter la moindre vengeance, et encore moins de l’assouvir. La haine. Les regrets. Il revient aux vivants d’hériter de la volonté des morts. Je dois poursuivre dans cette voie. Je vous l’ai déjà dit. Il est trop tard pour revenir en arrière.
– Pas forcément, et tu crois vraiment que c’est ce que les morts voudraient ? Les personnes qu’on a connues ? Vraiment ? D’accord, une fois mort, tu ne peux plus rien faire et les vivants doivent parfois poursuivre ce qu’ils voulaient faire sans avoir le temps de les achever eux-mêmes, on est d’accord mais, tu crois qu’il demande tous vengeance ? Qu’ils te demandent tous vengeance ? Ce n’est pas ce que Lambert voudrait pour toi, ni Glenn, ni Nicola, ni Patricia, ni Frédérique… ni personne. Et tu peux revenir en arrière mais, il faut que tu acceptes de le faire en premier lieu… je… je sais que c’est difficile, quand on a pris une mauvaise voie de revenir en arrière et de comprendre qu’on s’est trompé, admit Ingrid, repensant à toutes ses années après Duscur et aux horreurs qu’elle avait dites et pensées envers ce pays et ses habitants en croyant pleurer ses morts et avoir sa vengeance, autant pour son grand frère Frédérique que pour Glenn. Mais tu peux toujours faire marche arrière…
– N’essaye même pas de me dire que je dois vivre en allant de l’avant pour honorer leur mémoire ou quelque ineptie de ce goût, rétorqua-t-il avec un sourire, ayant presque pitié d'elle en entendant ses mots qu’il devait trouver trop naïf. Ce ne sont que de belles paroles, la logique des vivants. Ceux qui sont morts pleins de regrets… ne me laisseront aucun repos.
– Vraiment ? J’ai des doutes les connaissant ! Et pour Félix et Rodrigue ? Leurs avis et leurs actions, ça ne compte pas ? Car eux, ce qu’ils veulent, c’est clair et net ! Et ils ne veulent pas te voir ou voir quelqu’un d’autre mort ! Rodrigue ne veut pas ta mort et Félix a enfin assumé qu’il aime son père et ne veut pas le perdre ! Et ça, on l’a tous vu ! Même toi tu le sais ! Qu’est-ce que tu en fais d’eux ? Leurs avis ne comptent pas car ils sont vivants ? Tu sais bien que Félix ne se le pardonnera jamais si tu meures et Rodrigue aussi ! Encore plus après avoir mis leur vie en jeu pour éviter un mort de plus ! ça, ça leur ressemble vraiment ! Pas comme ton Glenn qui veut juste tuer tout le monde alors qu’il n’était jamais comme ça de son vivant ! Qu’est-ce que tu vas leur dire quand tu te seras à nouveau fait trouer la peau ? Que c’était ce que demandait Glenn ? Ils ne comprendraient surement rien à raison !
– Ne les implique pas là-dedans ! Refusa Dimitri. Tu ne sais vraiment pas de quoi tu parles ! Il faut que…
– Oh que si ! Le coupa Ingrid. Je sais de quoi je parle ! Alors, tu vas me faire le plaisir de me suivre, de te reposer car t’as rien à faire debout, de veiller à ce que Rodrigue n’ait besoin de rien avec nous, et d’attendre avec nous que Félix sorte vivant de cette foutue tente ! Ordonna-t-elle. Et il n’y a pas de mais qui tienne ! T’attend avec Sylvain et moi ! Ne me force pas à te trainer par les pieds jusqu’à là-bas ! Je l’ai fait avant, je recommencerais en appelant des renforts s’il le faut !
– Arrête de parler de ça ! Nous ne sommes plus des enfants ! C’est…
– Alors ne te comporte pas comme un qui fait une fixation sur ce qu’il veut ! Lui hurla-t-elle presque dessus. Donc, tu me suis ou je te traine, tu choisis ! Et moi aussi, je suis pressée car, Mercedes et Manuela vont bientôt sortir !
Elle ne sut pas trop par quel miracle quand après une longue minute d’attente tendue, Dimitri accepta de la suivre, glissant avec elle dans le camp pour retourner aux côtés de Sylvain, qui leur dit que les deux guérisseuses travaillaient encore. Rodrigue dormait toujours et heureusement, son état semblait stable, Flayn ayant fini aussi par retourner à sa tente avec Seteth qui dormait également, se remettant d’une flèche prise dans sa jambe. Ils se posèrent tous les trois sur des caisses sous le rabat tendu de la tente, s’enroulèrent à nouveau dans une couverture pour se protéger du froid, les deux cavaliers en passant un pan de la leur sur les épaules du blond quand il refusa d’en mettre une malgré le froid. Enfin, ils attendirent en silence le verdict des guérisseuses.
Au bout d’un moment, alors que la pleine lune se levait en chassant les nuages dans le ciel, le pan de tissu finit enfin par se soulever, révélant Manuala ainsi que Mercedes qui rangeait leur tente d’opération. Elle semblait épuisée, son teint était cireux et des cernes creusaient ses yeux mais, un grand sourire illuminait son visage quand elle leur annonça, radieuse.
« Nous avons réussi à stopper l’hémorragie. Sa vie n’est plus en danger. Il lui faudra énormément de repos et une longue convalescence mais, il va s’en sortir. »
Ingrid et Sylvain sourirent de soulagement et de bonheur à cette nouvelle, se retenant d’hurler de joie tellement ils étaient heureux et soulagés. Félix allait vivre ! Il allait vivre ! Par réflexe, Ingrid se tourna vers Rodrigue toujours endormi, lui annonçant encore la bonne nouvelle de peur qu’il n’ait pas entendu, Dimitri la suivant de son unique œil.
« Félix vit Seigneur Rodrigue, il vit ! Il vit ! »
Elle sentit l’ombre immobile du blond frémir en voyant un petit sourire soulagé se dessiner sur les lèvres du père. Il semblait toujours entendre quand il était inconscient, comme ses fils. Dimitri se tourna alors vers la médecin, son filet de voix faible ressemblant plus à une supplique qu’à un ordre ou une demande.
– Peut-on le voir ?
– Bien sûr mais, restez silencieux et ne le bouger surtout pas, il a besoin d’énormément de repos et cela risque de rouvrir ses plaies s’il bouge.
Sans un mot, Dimitri se leva, dépassa le rossignol, et avança en silence dans la pièce de tissu. Le loup dormait sur le ventre, son dos sans chemise recouvert de bandage, même si la marque d’écaille flétri dépassait toujours, scintillant faiblement à la lumière du sort de feu. Il était immobile, comme inerte.
– Il ne bouge pas… fit-il remarquer.
– C’est normal, il a besoin de repos, lui assura Mercedes, avant d’ajouter après avoir réfléchit une seconde. Peux-tu me confier ta main Dimitri ? Promis, je ne ferais rien d’extraordinaire avec, ronronna-t-elle.
Après une seconde d’hésitation, il lui confia. Elle le fit tendre le bras jusqu’à la gorge pale, posant délicatement ses doigts sur le pouls de son patient.
Il battait. Vite, très vite même mais, il battait.
Même s’il était complètement inerte et avait frôlé la mort, vidé de ses forces, son pouls était encore là.
– Son cœur continue toujours de battre. Félix continue toujours à se battre. Il est encore en vie, jura-t-elle en le relâchant, même si Dimitri ne bougea pas, incapable de se détacher de ce rythme si régulier.
Elle finit de nettoyer et de ranger leur matériel avant de lui assurer, un sourire sur son museau de chat tout doux et moelleux quand elle le vit regarder fixement Félix sans un mot.
– Il est hors de danger et il va vivre, ne t’en fais pas Dimitri. Si tu veux lui dire un mot… je suis sûre qu’il sera très content de t’entendre.
Comme si la réalisation le frappait enfin, le monstre ne put s’empêcher de de soupirer de soulagement, ses épaules se relâchant pour la première fois depuis qu’il avait retrouvé l’armée du Royaume, une seule pensée en tête.
– Ne recommence pas.
À la porte de la tente, Ingrid et Sylvain prirent cette phrase comme une immense victoire.
*
Le retour à Garreg Mach fut un peu périlleux mais, les grands blessés survivraient sans trop de problème. La Déesse soit louée, Dimitri avait ordonné avec Byleth de retourner au monastère plutôt que de poursuivre Eldegard, surement parce qu’il ne voulait pas risquer la vie des Fraldarius dans la manœuvre. Mercedes devait avouer que cela la soulageait beaucoup. Grâce à Félix, la blessure du Seigneur Rodrigue s’était refermée correctement mais, il avait tout de même perdu beaucoup de sang et le poison sur la lame pouvait être resté dans son organisme alors, mieux valait rester prudent, surtout que plusieurs organes avaient été touchés. De plus, le système digestif était très fragile, ils ne devaient pas relâcher leur vigilance. De même, son fils était complètement vidé de ses forces à cause de l’effort de soigner son père. Il était un magicien doué, et la guérisseuse sentait qu’il avait dû beaucoup la pratiqué à un moment donné à cause de toute la magie dans son corps mais, il avait perdu l’habitude d’en utiliser autant d’un coup, et n’importe qui se serait effondré après un tel tour de force. Sans l’intervention d’Aegis et du Seigneur Fraldarius, il y aurait des chances pour que…
« Mieux vaut ne pas y penser… songea-t-elle. Le principal, c’est que tant qu’on s’occupe d’eux, leur vie est hors de danger… »
Elle terminait de s’occuper du duc avec Annette et partait rejoindre Ingrid et Sylvain qui restaient au chevet de Félix pour s’assurer qu’il se reposait, quand elle entendit le bruit de quelque chose qui tombait par terre. Elles se retournèrent et virent le duc à moitié découché, le haut de son corps pendant depuis son matelas alors qu’il cherchait difficilement un appui pour tenter de se lever. Elles se précipitèrent pour le recoucher, le blessé devant le moins bouger possible.
« Non… bafouilla-t-il, à moitié inconscient. Mon fils… il pleure… je dois… m’en occuper…
Les deux jeunes femmes échangèrent un regard, avant que Mercedes ne lui assure avec sa voix toute douce, posant sa main sur ses yeux avec un sort pour le rendormir.
– Il va bien, ne vous en faites pas, nous nous occupons de lui.
– Oui ! Il est ressorti de la bataille presque sans blessure ! Il faut juste qu’il se repose ! Ajouta Annette avec plus d’énergie et d’enthousiasme, même si elle mentait par omission, ne voulant pas l’inquiéter.
– … prenez soin de mon louveteau… souffla l’homme avant de sombrer à nouveau dans le sommeil.
– C’est promis Seigneur Rodrigue, c’est promis, souffla-t-elle en le remettant correctement le drap autour de lui.
– Salut vous deux, livraison de repas ! Annonça Caspar en ouvrant la porte sans s’annoncer, comme toujours, deux bols de soupe et deux miches de pain noir sur son plateau. Vous devez avoir faim en plus ! Vous avez pas fait de pause depuis qu’on est rentrés non ?
– Oui ! Merci Caspar ! On mangera tout ça après qu’on se soit occupées de Félix ! Répondit Annette en se lavant les mains.
– Merci beaucoup Caspar, c’est très gentil, sourit Mercedes en le débarrassant. Comment va ton épaule ?
– Bien, t’inquiète, c’est tout bon ! Linhardt l’avait soigné et recousu en deux temps trois mouvements. Au fait, j’ai croisé Marianne, elle a fini de s’occuper de Dimitri et elle va aider les autres guérisseurs. Elle a dit qu’il était très calme mais, il ne bougeait pratiquement pas à part si on lui ordonnait. Il parlait aussi de mots ou quelque chose comme ça. Enfin, il suit les instructions de Marianne et se repose, Dedue est avec lui.
– Hum… d’accord, il est toujours assez doux avec elle, et même s’il a tendance à être surprotecteur, il l’écoutera surement, surtout si Dedue lui dit aussi », soupira un peu de soulagement Mercedes. Même si elle faisait des renforts envoyés par Claude en signe d’amitié et de bonne volonté, et malgré le fait qu’Hubert avait tenté de semer la zizanie entre eux à Gronder, la présence de Marianne à leur côté était une bénédiction quand le prince était blessé, tout comme celle de Dedue depuis son retour. Il s’était aussi mis à écouter Ingrid et Sylvain quand ils s’agissaient des Fraldarius ou de lui-même alors, elle prenait aussi ça comme un signe de victoire contre sa maladie. « Bien, trouvons quelqu’un pour le surveiller au-cas où il tenterait de se relever et ensuite, allons-nous occuper de Félix, d’accord Annie ?
– Oui, ce sera plus prudent ! Dis Caspar ? Tu peux… commença la magicienne avant de se reprendre tristement. Enfin, je ne suis pas sûr que Son Altesse accepte de laisser un adrestien veiller sur le Seigneur Rodrigue…
– Je crois pas qu’il m’ait à la bonne non plus… marmonna-t-il. Il est même méfiant avec Linhardt pour dire alors, quelqu’un comme moi… désolé les filles mais, il va falloir trouvé quelqu’un d’autre…
– Oui… Dedue veille sur Dimitri, Ashe est blessé à la jambe… peut-être que Raphaël pourrait, il s’entendait bien avec Son Altesse à l’académie…
La porte s’ouvrit sur ses mots, dévoilant Ingrid, suivit de Sylvain qui portait Félix dans ses bras, ce dernier serrant Aegis contre sa poitrine. La lumière du bouclier était bien plus faible que d’habitude quand c’était l’épéiste qui le maniait, en reflet à sa perte colossale d’énergie mais, il restait toujours une lueur de vie dans ses mains, semblable à une onde fraiche et vive.
– Excusez-nous de le déplacer comme ça mais, on pense qu’il sera mieux ici avec Rodrigue, déclara la chevalière alors que Sylvain couchait leur ami d’enfance dans le deuxième lit. Il n’arrête pas de bouger et de parler dans son sommeil alors, on se demande s’il ne s’inquiète pas pour son père.
– Vraiment ? Je croyais qu’il ne pouvait pas le saquer ? Fit remarquer Caspar, étonné. Bon, il l’a sauvé mais, c’est pas son genre de laisser les gens mourir je crois donc, je pensais qu’il ne l’aimait pas beaucoup.
– Il fait bien semblant mais, si tu le connais, tu voies qu’il tient encore beaucoup à lui, même s’ils se sont disputés, assura Sylvain avec sérieux. Quand on était petits, il était toujours collé à Rodrigue et même quand il rejetait sa famille en bloc, c’était écrit sur sa figure qu’il l’aimait encore. Juste… il n’assumait plus qu’il tenait à son père pour faire simple.
– Oui, faut juste parler le Félix pour comprendre et depuis le temps, on sait décoder ce qu’il raconte, ajouta Ingrid. Enfin, il n’assume pas après s’être épuisé à ce point pour le sauver, il va m’entendre ! Et de toute façon, personne ne le croira donc, il va falloir qu’il se regarde en face et arrête de se mentir au bout d’un moment.
Sylvain ne put s’empêcher de rire devant ses affirmations, avant de laisser Mercedes ausculter l’épéiste pour vérifier que ses blessures ne s’étaient pas rouvertes, notamment sa grande marque d’écailles dans son dos. Heureusement que Manuela et Mercedes étaient avec eux, elles l’avaient surement arraché de peu à la mort, mais sa marque semblait plus enfoncée dans son dos, ancrée plus profondément et légèrement flétrie, comme si on avait absorbé quelque chose de l’intérieur d’elle. Enfin bon, c’était le signe de la bénédiction de Fraldarius, cela ne devait pas être quelque chose de très rationnel.
– Hum… elle semble toujours asséchée… ou plutôt vide, commenta la guérisseuse en allant chercher de quoi tenter de l’hydrater.
– Fraldarius est lié à l’eau, et il a surement utilisé une partie de l’énergie qu’il lui a donné pour sauver Rodrigue alors, c’est peut-être pour ça ? Proposa Sylvain.
– Vous avez des trucs bizarres qui apparaissent sur votre corps quand vos ancêtres vous sauvent la vie, c’est ça ? Leur demanda Caspar, un peu moins au courant de tout ça que les guérisseuses. Comme avec les plumes qui sont apparues sur ton visage et ton oreille après la bataille d'Ailell Ingrid ?
– Oui, tu as saisi l’idée, déclara-t-elle en passant sa main sur la petite aigrette de plumes tout autour de son oreille droite et qui descendait jusqu’autour de son œil, son lobe aussi étant partiellement emplumé après un mauvais coup d’épée à la tête, il s’en était fallu de peu d’arriver sur les terres de Daphnel à temps. Pour Félix, c’est beaucoup plus vieux, on était encore enfants alors, peut-être qu’il y avait moins d’énergie en lui ? En plus, normalement, il faut être sur les terres du Braves en plus de sa Relique pour que ça marche donc, il a surement dû utiliser plus de son énergie à lui que de celle de Fraldarius.
– Peut-être, même si la présence résiduelle de son ancêtre pourrait expliquer pourquoi ses veines ont aussi bien tenus le choc, bien qu’elles aient fini par exploser sous la pression de sa magie. Celle de Fraldarius qui reste dans Aegis a dû aider aussi, analysa Annette. Même pour un guérisseur expérimenté avec une relique ou l’emblème de Lamine ou de Sainte Cetheleann, c’est très compliqué et dangereux de mobiliser autant d’énergie d’un coup.
– Dangereux comment ? Comme… quoi ? Il n’aurait pas eu l’aide de Fraldarius ou sa marque ou sa Relique ou un mélange de tout ça, il se serait passé quoi s’il s’était acharné comme ça pour sauver le seigneur Rodrigue ? Demanda le combattant en mêlée.
Un silence très lourd de sens s’installa dans la petite pièce, personne n’osant répondre. Seule Mercedes eut le courage de le faire une fois qu’elle eut fini d’ausculter l’épéiste et de lui donner à boire pour qu’il ne se déshydrate pas.
– Ils seraient sans doute morts tous les deux… la blessure du Seigneur Rodrigue était mortelle même avec de la magie, sauf à être Lamine en personne et l’effort aurait été trop important pour le corps de Félix. Ce ne serait pas une première qu’un guérisseur meure à s’être trop entêté. Même maintenant, sa convalescence va être longue avant qu’il puisse juste retrouver assez de force pour bouger seul, et il risque de ne plus pouvoir utiliser la magie de sa vie… espérons que nous pourrons faire escale à Fraldarius, nous pourrons les confier au Seigneur Alix, il doit s’inquiéter pour eux. On dit que l’eau du lac est curative, elle pourrait leur faire du bien.
– Elle l’ait, elle est même miraculeuse cette eau, encore plus pour la famille du Brave donc, il faut qu’on y passe ! S’exclama Ingrid. Dimitri devrait accepter ! Surtout pour eux !
– Oui, par contre, faudrait peut-être attendre un peu avant de lui dire, ajouta Sylvain avec un regard indéchiffrable à part pour son amie d’enfance.
– Hum… tu n’as pas tort… mieux vaut attendre un peu… de toute façon, je crois qu’il en est déjà trop conscient… soupira-t-elle.
Félix frissonna dans son sommeil, marmonnant des syllabes qui n’allaient pas ensemble en s’agitant comme il put. Les deux cavaliers le rejoignirent alors en murmurant quelques choses que les autres ne comprirent pas mais, le blessé se calma un peu, replongeant dans les limbes.
*
Dimitri déambulait dans les couloirs de Garreg Mach, la lumière de la demi-lune ne frappant que son côté aveugle, qu’importait comment il tournait. Il avait mal mais, il ne fit pas attention. Il avait pratiquement toujours mal, mal au corps ou mal à la tête, ce n’était pas grave, qu’une partie des suppliques des morts réclamant vengeance en creusant sa peau de leurs ongles et phalanges… il devait accomplir son office. Seul. Sinon, les autres se mettraient encore en travers de son chemin, que ce soit pour venger leurs morts à tous, ou quand la Mort venait enfin le punir pour avoir survécu et être un monstre qui ne méritait que d’être frappé par ce couteau.
Mais… Rodrigue avait refusé que cette juste punition le frappe… il l’avait pris à sa place… alors que cet homme méritait seulement d’enfin vivre en paix après avoir perdu toute sa famille à cause de lui… il n’était pas aveugle… Rodrigue n’avait pas perdu que Glenn à Duscur… il avait aussi perdu Félix, et il avait perdu Alix… obligé de vivre séparé de son propre jumeau alors qu’il était inséparable, tellement inquiet que cela en faisait mal… mais qu’il ne rejoignait pas afin de s’occuper du Royaume à leur place, sauf quand Rufus le chassait avant de le rappeler, bien incapable de faire un dixième de son travail… obligé d’entendre les beuveries et les insultes constantes de Rufus, les menaces constantes sur sa vie, celle de son frère puis celle de Félix quand il se rapprochait de la majorité… mais Rodrigue restait à Fhirdiad pour le Royaume autant que pour lui… Dimitri l’avait déjà bien assez abusé de lui… il n’aurait jamais dû prendre en plus ce poignard à sa place comme tant de membres de sa famille l’avait fait avant lui… les Blaiddyd n’avaient survécu que parce les Fraldarius leur avait donné jusqu’à tout leur sang… que ce soit les précédents Alix et Rodrigue, les grands-parents des jumeaux tué dans les innombrables guerres de Clovis le Sanglant, leur propre père Guillaume qui s’était sacrifié pour son grand-père le roi Ludovic, Glenn qui avait donné sa vie pour lui à Duscur, ou Rodrigue aujourd’hui… il aurait dû mourir à cause de ce coup de poignard…
Mais non, Félix avait refusé de le laisser se faire faucher et l’avait sauvé, mais il avait payé le prix fort… il aurait pu en mourir… il aurait dû en mourir… pour avoir arraché la vie de son père du chemin de la faux de la Mort, il aurait dû donner la sienne à la place… Fraldarius n’aurait pas été là… ou quiconque… sans ce miracle, les deux seraient morts… les deux seraient morts… mort et mort… mort pour lui… alors que…
« Tu aurais sacrifié mon père et mon petit frère à ta place, et mon oncle n’aurait pas survécu longtemps sans notre famille ou son frère, gronda Glenn en creusant sa gorge, ses larmes de sang coulant le long de la tempe du monstre, impuissant à lui faire vraiment du mal. Vous aimez le gout de notre sang c’est ça ? Vampire que vous êtes… vampire que tu es… tu n’as pas le droit de les arracher à Alix ! Tu n’as pas le droit de pulvériser encore plus notre famille ! Ne les approches plus ! Plus jamais !
– Je sais Glenn, je sais. Je ne les approcherais plus, plus personne… au moins, Rodrigue et Félix pourront…
– Leurs avis et leurs actions, ça ne compte pas ?
– Tais-toi Ingrid… se remémora Dimitri, les mots de la chevalière sonnant dans ses oreilles. Tu ne comprends pas…
– Oh que si ! Le coupa-t-elle à nouveau dans sa tête. Je sais de quoi je parle !
– C’est plus compliqué… si tu pouvais les voir… si tu voyais Glenn… si tu l’avais vu… il faut que…
Le souvenir de dispute se fit couper quand il entendit des notes… non, un chant… un doux chant semblable à un ruisseau coulant entre les rochers… comme il en avait des milliers à Fraldarius… une berceuse… une douce mélopée qui sonnait vaguement familier à ses oreilles sensibles, encore plus depuis qu’il avait perdu un œil… comme le chant des sirènes…
Dimitri le suivit, et s’il devait se faire dévorer par un autre monstre, tant pis, il l’aurait de toute façon bien mérité.
Étrangement, au lieu de le mener à l’étang, la mélopée l’emmena à l’infirmerie, devant laquelle veillait Raphaël, sa masse à la ceinture, sa hache dégainée et ses protections de poings enserrant ses doigts… ça pouvait aller, même s’il semblait complètement indifférent au chant… au moins, il était concentré sur sa mission… mais c’était tout de même étrange… ce n’était pas la voix de Manuela, ni celle de Flayn, de Mercedes ou d’Annette, c’était une voix d’homme… ce n’était surement pas la voix de Linhardt, hors de question qu’il s’occupe des deux loups… Ashe pouvait aider à l’infirmerie mais, ce n’était pas lui, ni Ignatz… non… s’il devait donner un nom à cette voix, c’était… Glenn… ou au moins, cette voix ressemblait beaucoup à la sienne en plus douce, un peu comme celle de Rodrigue et Alix mais pas vraiment… Il passa devant Raphaël et entra, voulant en avoir le cœur net.
Dimitri découvrit alors un homme, penché sur Félix alors qu’il lui caressait les cheveux, la berceuse coulant de ses lèvres dans une langue que Dimitri ne comprenait pas. Il était tout petit, vraiment minuscule et maigre mais, il voyait la force dans tous ses mouvements, même les plus doux, comme la surface d’un lac dissimulant tous les courants fougueux au regard de l’imprudent. Ces joues étaient recouvertes d’écailles blanches, surement de la même couleur que sa peau d’origine, bien que son cou lacéré de branchies prenne une couleur sarcelle qui devait entièrement le recouvrir. Ces ouvertures ne semblaient cependant pas le gêner pour porter son collier, composé de quatre plaques en forme de mains ouvertes, couvertes d’une toute petite écriture dans différents alphabets. Sa propre main était palmée et ses doigts griffus, son chant révélait des crocs dans sa bouche, comme celle d’une créature lacustre sortie de l’eau. Quand il se redressa pour diriger son chant vers le père de Félix, ses yeux de chat bleu comme l’eau du lac s’accrochèrent à son œil unique, les mêmes que ceux de Rodrigue et Glenn… les yeux en amande des Fraldarius… les yeux de Fraldarius, l’Épéiste de l’Onde… Brave de l’eau et premier receveur de l’emblème confié par la Déesse avant de la trahir… il était là en personne…
La surprise passa dans ses prunelles, puis un côté blasé alors qu’il lui demandait quelque chose dans sa langue. C’était fou comme ses expressions étaient celles de Félix.
« Je ne parle pas latin, déclara froidement Dimitri.
– Ego loquor tua lingua, rétorqua-t-il visiblement (peut-être que lui comprenait le fodlan), avec la voix de Rodrigue en beaucoup plus cinglant, comme le ton d’Alix, ainsi que plus grave que la voix des jumeaux.
Il continua à parler en appuyant ce qu’il disait avec ses mains, montrant Dimitri, puis faisant un geste de quelqu’un qui marchait avant de montrer le sol de la pièce.
– Je t’ai entendu chanter, comprit-il. Je me demandais à qui appartenait cette voix. Je m’en vais.
– Dicendi finem jacere », déclara-t-il sèchement en s’approchant de lui. Comment pouvait-il être aussi petit ? Cet homme arrivait à peine à sa poitrine… il devait être à peine plus grand qu’Annette… il n’avait pas dû manger à sa faim souvent… « Ubi is ? Is urbi adversariis ?
– Je te l’ai déjà dit, je ne parle pas ta langue… lui rappela-t-il, même s’il dû répondre sur les mots transparents. Je vais à Embarr tuer Eldegard, tu ne m’arrêteras pas.
Fraldarius cribla Dimitri du regard, furieux. Tant pis, ce n’était pas lui directement qu’il devait venger, il devait tous les venger… dont les descendants de l’homme devant lui…
– C’est que tu ne comprends pas sa langue… il te dit d’y aller, vas-y… souffla Glenn à son oreille, Dimitri se détournant pour le regarder alors qu'il lui assurait avec un grand sourire entendu. Va nous venger… tous autant que nous sommes avant de les mettre à nouveau en danger…
Une gifle aqueuse le força à regarder Fraldarius, ce dernier le fixant impérieusement avec son regard d’eau trop semblable à celui des jumeaux et de Glenn. Il montra ses yeux, puis l’œil de Dimitri, avant de recommencer dans le sens inverse, des mots difficilement articulé sortant de sa bouche.
– Er…couvté… moi… sole… soli… sol. Ri… rien d’otr.
Il continua sans un mot, parlant avec ses mains et ses expressions. Il lui montra Rodrigue et Félix, profondément endormi, désigna leurs blessures et bandages, fit des gestes traduisant aussi bien que possible ce qu’il voulait dire. Il fit un signe d’attente, banda des membres blessés, nourrit quelqu’un alors qu’il faisait entre chaque geste un arc de cercle, comme pour mimer le passage du soleil et de la lune. Il montra à nouveau ses descendants mais, il ajouta aussi Dimitri à son énumération, puis désigna alors le sol où il se trouvait avec un signe de s’endormir.
– Je ne peux pas dormir ou me reposer, je dois les venger… et je ne peux pas rester. Je les mettrais encore plus en danger.
– Es contineri, et nominor Pertinax, marmonna-t-il avant de lui demander en montrant ses descendants. Tu aliquid respuo ? Mei filii filiorum elegerunt. Et tu eligis aliquid respuere delectuum ? Delectus no gravia sunt ?
– Arrête… je t’ai déjà dit que je ne comprends pas un traitre mot de ce que tu racontes, marmonna Dimitri en se frottant la tête, incapable de le regarder dans les yeux, ou mêmes ses enfants, n’entendant que les autres morts lui hurler de partir, de laisser Fraldarius là et d’aller les venger. Je dois venger les morts… c’est ce qu’ils me demandent sans cesse. Je dois…
Il sentit alors des doigts plus doux lui faire relever le menton jusqu’à ce qu’il regarde à nouveau le Brave dans les yeux, bien que toujours autoritaire. Félix était vraiment son portrait craché…
– Puer.
Il montra l’œil restant de Dimitri, puis les morts autour de lui avant de faire un signe de croix en déclarant.
– No gravia sunt.
Il désigna ensuite à nouveau son œil, puis là où devait être son cœur dans sa poitrine.
– Est. Anima gravissima est.
Le brave se détourna alors de lui, attrapant les mains qu’il portait en pendentif pour les tenir entre ses doigts, comme le faisait Rodrigue avec son chapelet, avant que des notes coulent à nouveau de ses lèvres. Il ne regardait plus Dimitri, ne s’occupait plus de lui, tournant plutôt toute son attention vers Félix et Rodrigue à qui cette berceuse était destinée, le vengeur aurait pu partir accomplir son devoir sans problème. Mais il resta sur place, ne pouvant se détourner de ce chant… la voix de Fraldarius était vraiment magnifique… certaines légendes disaient que le mythe des sirènes venait en fait de lui… en l’entendant, Dimitri voulait bien y croire… ce chant était si beau qu’il pourrait faire tout oublier… emporté n’importe qui… comme un bout de bois à la surface de l’eau du lac, balloté par les vagues… l’emporter lui-même…
La seconde d’après, Dimitri se retrouva dans son lit, seul et en silence. Il ignorait complètement s’il dormait ou non, il ne faisait plus la différence à présent entre les deux. Sa blessure lui faisait toujours aussi mal mais, les appels des morts semblaient plus faibles comparé à la douleur, cette dernière lui ordonnant encore plus fort de rester couché.
Il se laissa dériver à nouveau, comme si son esprit cherchait à réentendre la voix de la sirène, jusqu’à ce qu’il soit tiré à nouveau vers son lit par le bruit d’une petite dispute. Il ouvrit son œil et vit Manuela entrer, accompagné d’Hanneman, Dedue sur les talons étant donné qu’il le veillait.
« …et moi je te dis que tu n’as rien à dire sur mon ménage car… ah ! Bonjour Votre Altesse, je suis heureuse de vous voir réveiller ! Gazouilla Manuela. Je viens vérifier votre blessure si vous me le permettez. Excusez-nous que ce ne soit pas Mercedes, Flayn ou Marianne mais, elles sont de gardes.
Dimitri hocha la tête, la laissant faire en demandant.
– Félix et Rodrigue ?
– Ils dorment toujours mais, leur état est stable. Ils ont besoin de temps pour se remettre.
– Bien… … … . . . Professeur Hanneman ? Finit-il par demander avant que l’érudit s’en aille, ayant posé les bandages de Manuela sur le bureau de Dimitri.
– Oui Votre Altesse ?
– Parlez-vous latin ? Lui demanda le blessé, des mots tournant dans sa tête.
– Oui, évidemment, cela a été la langue de l’administration et de la science pendant longtemps au nord, lui assura le lérot. Pourquoi donc ?
– Pouvez-vous traduire « puer », « no gravia sunt » et « esse. Anima gravissima est » ? Dit par quelqu’un qui le parle tous les jours.
– Bien sûr ! C’est du latin un peu commun, ce n’est pas de la grande littérature mais, puer est un mot commun qui peut autant se traduire par « enfant » que « jeune esclave » selon le contexte. À l’époque où on parlait le latin comme langue vivante, on ne faisait pas la différence entre un enfant qui n’est pas le sien et un jeune esclave et la traduction dépend du contexte. Cela nous permet d’avoir des informations sur la manière dont l’enfance et le début de la vie était considéré à l’époque, ainsi que des indices sur la condition des enfants à ce… enfin, je m’égare. Pour « no gravia sunt », cela peut vouloir dire « ce n’est pas lourd » ou « ce n’est pas important » selon le contexte. Et pour « Esse. Anima gravissima est », cela veut dire « l’âme est la plus importante », lui expliqua en détail Hanneman, le regard brillant de plaisir de partager ses connaissances. Puis-je vous demander d’où vient cette demande ?
– Quelqu’un me l’a dit… cette nuit.
– Cette nuit ? Vous n’avez pas bougé de votre lit pourtant, s’étonna Dedue.
Dimitri se mura un peu dans le silence, pensif avant de marmonner, la lumière d’Areadbhar brillant à côté de son lit, protectrice. D’habitude, il dormait carrément avec elle quand il avait vraiment besoin de se reposer, la Relique couvrait les suppliques des morts avec la mélodie d’une flute…
– J’ai juste entendu une sirène chanter… nous restons tous ici tant que nous avons des blessés, finit-t-il par ordonner.
Ses mots durent un peu étonné s’il se fiait au silence général des morts et des vivants mais, Manuela assura avant que son père ne le reprenne.
– C’est une très sage décision, nous avons tous besoin de repos.
– Je vais immédiatement prévenir le capitaine Eisner, ajouta Hanneman avec un sourire sous sa grosse moustache. Avez-vous autre chose à lui transmettre Votre Altesse ?
– … non, à part de faire attention à tous les blessés.
– Bien sûr, cela va de soi, assura-t-il en partant, sa longue queue de lérot volant derrière lui sous son imposant manteau.
Manuela gazouilla en inspectant sa blessure, passant prudemment un onguent avec ses ailes.
– Bien, la blessure se referme correctement, vous êtes très résistant ! Dans quelques semaines, vous pourrez rebouger normalement !
– Et Rodrigue et Félix ? Répéta-t-il, voulant au moins autant de précision que pour lui.
– Hum… ses plumes se resserrèrent autour d’elle alors qu’elle avouait plus doucement, tirant de la bande pour changer son pansement. C’est plus dur à dire… leur blessure est plus profonde et grave, et ils ont tous les deux perdus énormément de sang et d’énergie… il leur faudra beaucoup de temps pour se remettre, s’ils le font complètement, Félix risque de garder des séquelles… nous saurons avec le temps, finit-elle en coupant la bande avant de reprendre. Cependant, je pense que l’on peut être optimiste. Ils ont tous les deux de bonnes raisons de s’en remettre. Cela ne fait pas tout, évidemment mais, si le patient veut survivre et s’en sortir, cela simplifie la tâche du médecin car, il n’a pas à lutter contre son propre patient pour le maintenir en vie. La force de la volonté peut faire énormément de chose parfois.
Dimitri resta silencieux, la laissant changer son bandage en songeant à ses mots.
Une fois qu’elle eut fini, il tenta de se relever mais, Dedue l’en empêcha, posant sa grosse patte d’ours sur son épaule.
– Vous devriez continuer à vous reposer Votre Altesse, vos blessures sont encore ouvertes.
– Je suis d’accord, vous devez à tout prix éviter de bouger, le soutint Manuela.
– Je n’en ai que pour quelques minutes.
Dimitri se releva malgré leurs protestations, attrapa Areadbhar puis descendit en s’appuyant sur elle. Il traversa toute la cour sans prêter attention aux regards qui le suivaient, mélangeant sans doute de la crainte et de l’étonnement mais, il les ignora, luttant déjà assez contre les réprimandes de son père et de sa belle-mère, ainsi que les railleries de Glenn lui disant qu’Eldegard se trouvait de l’autre côté. Il se força à ne pas les écouter, avançant en s’appuyant sur sa Relique afin de se déplacer plus facilement malgré ses blessures.
Le jeune homme se traina autant qu’il put jusqu’à la pièce où dormait les Fraldarius. Balthus le laissa passer sans discuter, alors que Mercedes et Marianne changeaient les bandages de Félix avec l’aide d’Ignatz, l’une empêchant les hémorragies de reprendre avec sa magie, pendant que l’autre changeait les bandages, l’artiste tenant aussi délicatement que possible le corps de l’épéiste. Sans perdre son objectif de vue, Dimitri s’avança jusqu’au fond de la pièce, là où se trouvait Aegis. Félix pouvait tenir sans lui apparemment, tant mieux. Délicatement, il posa Areadbhar à côté du bouclier, leurs deux gemmes de sang scintillant à l’unisson.
« Comme ça, vous jouerez à nouveau en duo… le chanteur et le flutiste non ? Il ne manque plus que Dominic mais bon, ça ferait trop de bruit si elle dansait dans la pièce. »
Leur lueur étrange sembla changer un peu mais, il ne prit pas la peine de décoder. Il se tourna à nouveau dans l’autre sens pour partir.
« Merci beaucoup pour l’attention, ronronna Mercedes, faisant signe à Ignatz de reposer Félix alors qu’elle venait de finir ses bandages.
L’épéiste dormait profondément, le visage neutre n’exprimant aucune émotion, pas même de la douleur, comme celui d’un mort paisiblement dans son sommeil. Il semblait encore plus petit comme ça… il était musclé mais, Félix semblait frêle ainsi, le torse entouré de bandage, le teint encore plus blafard à cause de la perte de sang, renforcé par l’encre de ses cheveux… Rodrigue aussi… on aurait deux poupées de verres sur le point de se briser…
– Ils vivent encore ? Demanda-t-il.
– Oui, bien sûr. Il leur faut beaucoup de soin mais, ils vivent toujours et vivront encore, lui assura la chatte crème. Leur cœur bat toujours.
Dimitri hocha la tête, avant de demander.
– Personne n’est rentré ici cette nuit ?
– Non, à part nous pour nos gardes, répondit Marianne, avant que la brebis ne note. Par contre, il y avait une sorte de magie dans la pièce… une sorte de présence mais, elle n’était pas agressive… elle semblait baigner la pièce pour la protéger…
Le jeune homme jeta son œil vers Aegis, brillant toujours faiblement mais, ayant repris de la force quand Areadbhar fut à côté de lui. Il marmonna, ne sachant même pas comment l’expliquer de toute façon.
– C’était juste Fraldarius. Je l’ai entendu chanter…
Il vit Glenn se décoller du chevet de son petit frère et de son père pour se tourner vers lui, visiblement furieux qu’il dévoile que leur ancêtre était apparu hier soir, voulant peut-être le garder pour eux… mais Ignatz le coupa, le gorgebleue gazouillant avec bonne humeur.
– Je suis sûr que l’Épéiste de l’Onde est toujours à leurs côtés pour les protéger ! J’ai lu plusieurs légendes où il apparait pour veiller sur eux sa famille, et il vient d’intervenir pour les sauver tous les deux. Si… si vous voulez, je peux peindre une icône de lui pour les protéger ? Nous faisons souvent ça à Leicester, nous gardons des petites icones des Braves sur nous pour nous accompagner dans nos tâches quotidiennes, selon leur spécialité. Ou au moins attiré la chance mais, c’est comme vous le désirez Votre Altesse, proposa-t-il plus timidement, hésitant. Mais je comprendrais si vous refusiez…
Dimitri ne savait même pas lui-même pourquoi il accepta d’un signe de tête, sans un mot, ni même prendre en compte le refus catégorique de Glenn, ainsi que celui de son père et de sa belle-mère. Mais ils disparurent quand le gazouillement joyeux d’Ignatz qui lui promit de faire de son mieux résonna dans la pièce.
Arrivée entre temps, Dedue et Manuela le ramenèrent dans son lit afin qu’il se repose et que ses blessures se referment correctement. De toute façon, après Gronder, tous les belligérants devaient reprendre des forces avant de se réaffronter. Eldegard avait été grièvement blessée alors, elle s’était retirée du côté d’Embarr. Si Ignatz avait bien tout compris, ceux qui s’en était les mieux sortis, c’était l’armée de l’Alliance, Claude ayant vite fait reculer leurs troupes quand il comprit que l’Impératrice tentait de faire s’affronter Faerghus et Leicester pour n’avoir qu’à finir le travail. Heureusement, en voyant Dimitri et avec les signes de ses camarades, le grand-duc avait fait reculer leurs troupes, déjà très peu nombreuses. Claude ne voulait pas affronter Dimitri et avait déjà envoyé tous les cerfs d’or mise à part Hilda à ses côtés en signe de bonne volonté dès la reprise du grand pont de Myrddin, ainsi que Lorenz qui jouait encore les agents doubles auprès d’Eldegard. C'était lui qui les avait prévenus des attentions de l'Impératrice. La Déesse soit louée, Dimitri ne les avait pas attaqués une fois la confusion écartée, le brouillard de magie noire levée, et les « troupes spéciales » d’Hubert rayées de la carte. Le bras droit d’Eldegard avait eu l’idée d’habiller deux de ses bataillons avec un équipement très proche de celui de l’Alliance et du Royaume, puis de les lancer contre les vraies factions alliées et royales, ce qui n’avait en rien aidé à améliorer la situation, surtout après la mort des messagers du Royaume dans l’Alliance… même eux ne savaient pas qui blâmer pour ça… les impériaux, Gloucester, des bandits, la malchance... trop de possibilité... encore heureux, ils étaient arrivés à écraser rapidement les troupes déguisées… sans ça, peut-être que… enfin, le principal était qu’une grande partie d’entre eux s’en était sortie vivant…
Quand Marianne et Mercedes n’eurent plus besoin de lui, Ignatz se précipita aux écuries, où il savait qu’il trouverait Ingrid en train de s’occuper de sa monture. Sylvain n’était pas avec elle pour une fois, partit en infiltration. Pendant les cinq ans, il s’était plusieurs fois rendu à Sreng avec sa mère pour s’assurer que les traités de paix avec sa tante, la reine Thorgil, tenaient toujours et en avait profité pour se faire tatouer un de leurs sorts dans le dos, lui permettant de se transformer en renard alors, il était un de leurs meilleurs éléments pour l’infiltration. Shamir l’avait chargé de vérifier si aucun soldat impérial ne rôdait autour du monastère discrètement, il ne devrait pas revenir avant plusieurs jours. Il lui raconta ce qui venait d’arriver à l’infirmerie, ainsi que les mots de Dimitri et son attitude. La chevalière eut un sourire victorieux.
« Il continue sur la bonne voie ! »
*
Le soir suivant, Dimitri se retrouva à déambuler à nouveau dans le monastère malgré ses blessures. Il entendait toujours le fredonnement de Fraldarius venir bercer ses oreilles mais, il se retient de le suivre, il refusait de déranger encore plus cette famille… Glenn lui en voulait assez de retarder sa vengeance…
Il sortit donc dans la cour, le vengeur bien décidé à enfin donner aux morts ce qu’ils réclamaient depuis des années, avant de recommencer à se trouver des excuses pour ne pas le faire… il devait se rendre à l’évidence et arrêter ses enfantillages à vouloir rester à leurs côtés à tous… c’était trop dangereux pour eux…
Dimitri traversa la cour devant le réfectoire, puis contourna l’étang pour sortir, quand il vit une silhouette colorée lui bloquer le passage, entouré des chats et des chiens habitants le monastère.  Ses cheveux roux prenaient une teinte plus douce sous la lumière tamisée de la lune, retenus autour de son front par un bandeau décoré de clochettes, sa tresse entourant ses épaules jusqu’à tomber au sol, habillé de feutre et de cuir colorés et brodés, avec une grande veste croisée sur sa poitrine, d’un pantalon épais et de bottes remontant jusqu’à ses genoux, un habit idéal pour un cavalier. Une longue canne reposait aussi sur son épaule, également agrémenté d’une clochette teintant dans la brise de la nuit. Une longue queue de renard dépassait de sa tunique, sa face était couverte de poils aussi roux que ses cheveux, ses ongles semblaient plus durs de loin…
L’homme coloré semblait bavarder avec les animaux tout autour de lui, mais il redressa la tête dès que Dimitri s’approcha, demandant dans une sorte de latin avant de répéter en fodlan avec un très fort accent.
« Qui est là ? Je sens qu’il y a quelqu’un… il prit appui sur sa canne pour se relever, demandant encore. Il y a quelqu’un… ne vous en faites pas, je jure devant les dieux que mes attentions sont pacifiques… il tourna la tête vers Dimitri, même s’il ne répondait toujours rien. Je crois que vous êtes là… je sens votre odeur dans ce sens-là…
Ses yeux étaient ouverts mais, ils ne voyaient rien. Ses yeux et sa cornée étaient opaques, recouverts d’un voile brun teinté de rouge… cet homme était complètement aveugle… et s’il se fiait à sa dernière rencontre nocturne ressemblant à quelqu’un qu’il connaissait, Dimitri devinait sans trop de problème à qui il avait à faire.
– Tu es Gautier, n’est-ce pas ? Que veux-tu ? Et comment peux-tu parler notre langue ? Tu es mort depuis des siècles…
– Tiens, ta voix ressemble beaucoup à celle de Simplex mais, on dirait que tu n’as rien mangé depuis des jours… elle sonne creuse… ou tu es beaucoup plus vieux… enfin, je me comprends pour le coup… et oui, c’est bien le nom de ma famille, je m’appelle Atta Gautier Loquax et ne te gênes pas, tu peux m’appeler Loquax. C’est peut-être parce que je suis doué pour apprendre d’autres langages et que j’aime discuter si j’arrive à parler ta langue, même si l’histoire durerait toute la nuit je pense… enfin, je ne suis que de passage. Après tout, nos pas nous mènent n’importe où et peuvent nous faire croiser n’importe qui.
– Alors, que me veux-tu ? Tu es comme Fraldarius ? Vas-tu me faire la leçon aussi ? Si tel est le cas, tu ne comprends pas, je dois le faire.
– Non, je ne le ferais pas, savoir ce que tu dois faire à ta place alors que je ne te connais pas serait présomptueux de ma part. Mmmhhnn… peut-être que je cherche tout de même un peu mon chemin… un chat m’a dit qu’ici, il y avait un lieu béni par une déesse. Si cela ne l’offense pas, je serais curieux de m’y rendre mais, j’ai du mal à m’orienter, cet endroit est construit étrangement… puis-je te demander de m’accompagner ? Je te laisserais vaquer à tes occupations après, je te le promets. J’ai juste besoin d’un bras et d’yeux qui me guident.
Son père lui hurlait de le laisser se débrouiller, qu’il n’avait pas à l’aider et qu’il devrait savoir se débrouiller tout seul avec sa cécité… il le hurlait si fort, voulait tellement qu’il…
« Tu crois que c’est ce qu’ils voudraient ? »
La voix impérieuse d’Ingrid résonna dans ses oreilles, sûre d’elle et autoritaire, ses plumes de pégases et autour de son œil se hérissant de colère en le voyant tenter de partir accomplir son devoir, dont envers son fiancé… mais d’un autre côté… Lambert ne dirait jamais ça dans son état normal… mais il n’était pas dans son état normal… il était mort… mort assassiné… sa tête n’était plus sur ses épaules mais sous son bras… il était mort horriblement alors, c’était normal que même lui soit dévoré par la haine… c’était normal qu’il soit dévoré par la haine… c’était normal pour tous… c’était normal que…
– Je te sens troublé, reprit Loquax, sa voix toute douce comme pouvait parfois l’être celle de Sylvain quand il s’inquiétait. Si tu es occupé ou que ma demande te gêne, je comprendrais et ne t’en fais pas, je me débrouillerais… ce village ne doit pas être construit si différemment de la ville de la reine…
– Non, ne put s’empêcher de dire Dimitri en le voyant se détourner, ne voulant pas qu’il parte tout de suite sans trop savoir pourquoi. Je t’accompagne… ce ne sera pas long, la cathédrale est à cinq minutes de marche, dix s’il marche vraiment lentement… je pourrais vite accomplir mon office.
Loquax sourit, soulagé d’avoir un peu d’aide. Il tendit sa main en cherchant le bras de Dimitri mais, ce dernier la mit directement sur son coude pour lui éviter de chercher dans le vide. De la fourrure rousse les recouvrait, et des griffes remplaçaient ses ongles mais, il fit tout pour que seule la partie tendre le touche, lui épargnant les pointes dures. Déesse, comment quelqu’un qui semblait être aussi doux pouvait-il être le Protecteur Sauvage, le guerrier féroce qui broyait tous ceux qui s’approchait trop près de son peuple ? Cet homme semblait être tout l’inverse des légendes autour de lui…
– Tu es donc très maigre, même si tu as aussi beaucoup de force, ce n’était pas l’âge… déclara-t-il en sentant les os sous les muscles de son bras, un air triste se gravant sur ses traits expressifs sous la fourrure. Les temps sont durs… j’ai un peu de nourriture dans mon sac, je peux partager si tu veux, je mangerais l’herbe que je sens autour de nous.
– Ce n’est pas la peine, se serait gaspiller de la nourriture de me la donner, je n’en ai pas besoin, rétorqua Dimitri. Garde-la pour toi.
– Tout être vivant a pourtant besoin de manger, tu risques de tomber malade ou de mourir si tu manges mal… je suis sûr que beaucoup de monde serait triste s’il te perdait… et ne t’en fais pas pour moi, à force de me transformer en cheval ou en cerf, j’arrive à digérer l’herbe et les feuilles des arbres, je peux me passer de la nourriture normale.
– Je ne mourrai pas avant d’avoir accompli ma mission. Ce n’est pas important pour l’instant. Attention aux marches, le prévient-il, voulant couper la conversation avant que Gautier n’aille trop loin.
Loquax fit buter sa canne contre les marches de l’escalier, tapa un peu dessus et autour pour voir ce que c’était puis, suivit le rythme lent de Dimitri pour grimper, attentif à ce qui l’entourait, ses oreilles n’arrêtant pas de bouger dans tous les sens sur le côté de son crâne.
– Hum… tu as donc une mission, souffla-t-il en avançant prudemment. Elle doit être très importante si c’est ta raison pour continuer à manger. Est-ce que cela veut dire que tu arrêteras de manger une fois qu’elle sera accomplie ?
– Tu n’arrêtes donc jamais de parler, grogna-t-il, ne voulant pas répondre à cette question, ça ne le regardait pas.
– Ah ! Ah ! Rit-il de bon cœur, et c’était encore le rire de Sylvain. Effectivement, je suis une véritable pie ! Je parle tout le temps ! C’est pour ça qu’on m’a surnommé Loquax, je suis horriblement bavard et je n’arrête pas de poser des questions. Le seul moment où je ne parlais pas, c’est quand j’ai perdu la vue jusqu’à ce que Régina ne me sorte de mon mutisme.
– Régina ? Et tu as perdu la vue ? Comment tu t’es débrouillé pour ne plus rien y voir ? Je croyais que c'était de naissance, tes yeux n'ont pas l'air si endommagé que ça.
– C’est ma meilleure amie, et mon épouse. C’est une femme extraordinaire avec une volonté de fer, elle m’a beaucoup aidé quand j’en avais le plus besoin. C’est avec elle que j’ai réappris à me déplacer même sans mes yeux par exemple, elle allait jusqu’à se bander les yeux pour voir comment je percevais les choses et mieux comprendre, ronronna-t-il comme un chat. Et oui, j’ai perdu la vue… j’étais encore brulant de fièvre à cause de mes entrainements de sorcellerie, j’ai essayé de découper un de nos moutons pour cuisiner, sauf que je tremblais trop… j’ai échappé mon couteau qui est parti se ficher dans mon œil… on a tenté de le soigner mais, la plaie s’est infecté et a fini par contaminé mon autre œil… les dieux soient loués, et surement merci à ma sorcellerie, j’ai survécu à l’infection mais depuis, je ne vois plus rien… je voyais surement autant que toi avant… même si on dirait que tu as une faiblesse du côté droit, fit-il remarquer. Tu prends toujours plus de temps quand il faut tourner dans cette direction… tu voies mal de ce côté-là ? Si ce n’est pas trop impoli ou indiscret, se corrigea-t-il.
– Au point où on en est… Je n’ai plus d’œil à droite. Un coup de lance au visage, j’ai arraché l’œil avant de finir comme toi quand il a commencé à noircir, j’ai trouvé de quoi soigner l’infection trop tard.
– D’accord, cela a dû être douloureux… tu devrais essayer de boire beaucoup de lait. J’ai entendu dire que quelqu’un qui ne mangeait rien d’autre que de l’avoine avait perdu la vue et plusieurs autres sens. Raison de plus pour manger un peu.
– N’insiste pas, rétorqua-t-il.
– Je peux toujours tenter, souligna Loquax. Et je comprends mieux pourquoi tu marches ainsi. Est-ce à cause de cela que tu manges si peu à part pour ta mission ?
– Comment ça ? Cela n’a rien à voir. À part si c’est une punition pour avoir tant tarder à accomplir la vengeance des morts…
– D’accord. C’est peut-être moi qui pense à ta place pour le coup. Je me sentais tellement inutile quand j’ai perdu mes yeux… aveugle, comment pouvais-je aider mon groupe ? Je pouvais à peine monter à cheval, je ne pouvais plus sculpter, je m’inquiétais de ne plus pouvoir garder les moutons ou les tondre, encore moins les chevaux… j’étais persuadé que je ne pouvais plus que baratter le lait, ce qui est un devoir important mais, je ne voyais vraiment pas comment être utile aux miens ainsi… même si je détestais déjà la violence, je pensais même que je n’étais pas utile car je ne pouvais plus me battre ou chasser… Ce n’est que quand j’ai réappris à me déplacer normalement que j’ai pu retrouver ma place en faisant ce que je savais le mieux faire, parler avec tout, humain comme animaux. » Un grondement amusé sortit de sa poitrine alors qu’ils arrivaient sur le pont de la cathédrale. « J’avais tellement la tête dans le sable de ma tristesse que je ne pensais même plus à ce que je préférais faire…
– Tu avais quel âge ?
Dimitri n’aurait pas dû poser cette question. Loquax semblait prêt à enfin se taire et à marcher en silence, ils étaient pratiquement arrivés à la cathédrale en plus mais, sans vraiment savoir pourquoi, il voulait encore l’entendre. Peut-être parce que la voix du Brave couvrait celles des morts, balayant leurs suppliques et leurs ordres avec ses intonations douces et calmes, peut-être aussi parce que ça faisait longtemps qu’il n’avait pas parlé aussi longtemps à quelqu’un qui ne lui ordonnait pas de ramener la tête d’Eldegard… c’était… agréable… même s’il ne méritait pas autant d’attention…
– J’avais « vu » seize étés. J’étais encore plus frustré de me dire que je perdais la vue et toute utilité avant même d’être adulte… heureusement que Régina m’a tiré la tête de tout ça et m’a bien aidé, ronronna-t-il encore.
Loquax semblait un peu amusé, comme une sorte de souvenir tendre… il lui racontait pourtant qu’il s’était cru complètement inutile et que jamais, il ne retrouverait ce qui aurait pu le rendre à nouveau utile à son peuple… qu’il vivrait à jamais dans le noir sans aucun espoir de retrouver ses yeux… ils étaient complètement morts… pourtant, ils se plissaient dans une expression joyeuse… son visage restait expressif et toujours doux… comme un vieux renard qui écoutaient les autres avec la nostalgie d’une vie bien remplie…
– Toi aussi, tu ne fais pas ton âge, souffla Dimitri en le faisant pénétrer dans la cathédrale. Nous sommes arrivés.
– On me le dit souvent. Merci beaucoup de m’avoir emmené ici… c’est vrai que l’atmosphère est différente ici… on a l’impression d’être dedans et dehors à la fois… cela ressemble bien à un endroit aimé d’une déesse…
Il le lâcha, avançant avec prudence en esquivant les gravats que rencontraient sa canne de marche, avant de trouver un relief qu’il inspecta du bout des doigts.
« C’est bon ? Tu as assez paressé comme ça ? Laisse-le et va nous venger à présent ! Mon assassine de fille s’éloigne de plus en plus de nous de seconde en seconde ! » S’écria sa belle-mère, sa robe de cendre semblant brûler encore et encore.
« Oui… j’y vais… il n’a plus besoin de moi… songea Dimitri avant de demander, étonné en le voyant se baisser et fouiller dans sa besace. Qu’est-ce que tu fais ?
– Je fais réchauffer ma nourriture, afin de partager mon repas avec la divinité ici présente comme il est de tradition de le faire. J’avoue qu’en plus, je commence à avoir faim. Enfin, si c’est interdit de cuisiner dans sa maison, je comprendrais…
– … non… je reste encore un peu, juste au cas où il aurait un problème. »
Le jeune homme s’avança vers Loquax, ayant sorti une sorte de purée de légumes et de fèves, ainsi qu’une gourde et les bols qui se trouvaient dans son grand sac. Il alluma du feu et plaça un plat de fer dessus, faisant à nouveau cuire ses aliments. Même si la langue de Dimitri était complètement morte, son nez pouvait encore dire que la nourriture sentait bon… un peu étrange mais bon… tout du long, Loquax discuta encore et encore avec lui, lui expliquant sa recette, la manière dont ils avaient troqué les pois et les plantes cultivés avec le village d’un certain Pertinax, en passant par la manière dont on trayait les juments chez lui.
« Que la fumée de notre cuisine rejoigne la Déesse qui habite en ce lieu, et que nous puissions partager ce repas avec elle, afin qu’elle protège notre route… pria-t-il en sortant deux gobelets qu’il remplit du contenu de sa gourde, que Dimitri reconnut comme étant du lait. Vu que tu ne veux manger, laisse-moi au moins partager avec toi un verre de lait. Je l’ai récupéré ce matin, il est encore tout frais, je te le jure.
Le blond comprit à peine lui-même pourquoi il leva la main pour prendre le verre. Les morts levèrent les yeux au ciel, mais Dimitri préféra voir le sourire de Loquax quand il accepta le verre. Il prit alors le sien et le leva en lui souhaitant.
– A notre route à tous les deux et qu’elles soient toujours tranquilles. »
Dimitri se réveilla en sentant encore l’odeur du repas et du lait dans son nez. Encore un rêve étrange… après Fraldarius, Gautier… il perdait tellement de temps… c’était déjà l’après-midi.
« Je devrais y aller… »
« Dimitri ? Tu es réveillé ? Sylvain entra dans la pièce, un grand plateau bloqué sur sa hanche pour libérer son autre main, son apparence de renard laissant place à son visage humain depuis longtemps. Ah ! Tant mieux ! Mercedes a dit que tu t’es réveillé ce matin avant de resombrer direct ! Enfin, c’est mieux vu qu’il faut que tu te reposes.
– Tu es déjà rentré ? Lui demanda-t-il, se souvenant qu’il ne devait revenir que demain.
– Oui, j’ai parcouru ma zone de recherche un peu plus vite qu’on ne le pensait. Être sur quatre pattes, même si elles ne sont pas bien longues, et pouvoir passer sous les buissons sans faire de détour, ça aide, lui assura-t-il. Dans tous les cas, livraison de repas ! Bouillon de la mer au fromage avec du poisson séché façon sreng par nos seigneurs et maitres en cuisine Dedue et Ashe ! Tu as mangé quelque chose ce matin ?
– Non…
Sylvain soupira un peu, son masque joyeux tombant un peu en dévoilant l’inquiétude. Il le reprit vite avant de déclarer.
– Je sais que tu ne veux pas manger plus que nécessaire ou que tu n’as pas faim mais, il faut que tu manges plus… tu as la peau sur les os… déjà que pour l’hygiène, c’est aussi le minimum du minimum, tu vas finir par tomber malade si tu continues… … avale au moins un peu de bouillon histoire de te caler un peu, d’accord ? Même deux ou trois cuillères et une bouchée de poisson, ce serait déjà bien, c’est une recette très nourrissante d’après ma cousine Hlif et mes tantes…
– … d’accord… mais tu peux rester ici ? S’il te plait… lui demanda-t-il.
Le rouquin ne cacha pas sa surprise mais, finit par sourire en acceptant avec joie. Il avait le même sourire que Loquax…
– D’accord, si tu veux ! Tu me laisses juste cinq minutes pour aller récupérer mon repas dans ma chambre ? J’avais prévu d’étudier un peu les rapports des autres éclaireurs mais, ça me semble une bien meilleure option ! Je reviens tout de suite !
… et sa langue bien pendue aussi. Mais Dimitri ne voulait pas que ça s’arrête… rien que quand il se retrouva à nouveau seul dans le silence, les morts recommençaient à grommeler et à marmonner dans ses oreilles… et il avait juste envie d’encore parler à quelqu’un de physique…
Il revient assez vite avec son repas après que Dimitri ait hoché la tête, composé d’un vrai ragout de viande et pas seulement d’un bouillon comme lui. En voyant son œil posé sur son bol, Sylvain le reprit avec amusement, sur le ton de la taquinerie qu’il utilisait depuis toujours, même s’il semblait faire attention à son dos.
– Désolé, faut que tu te contentes du bouillon, c’est pas bon de trop manger d’un coup après une grosse disette et en étant aussi maigre que toi. Faut que tu réhabitues ton corps petit à petit avec des plats qui ne te pèseront pas trop sur l’estomac. T’inquiète, ma mère nous a envoyé un livre de recette de chez elle qu’elle tient d’Arnina, la cuisine sreng est passé maitre dans ce genre de plat. Et ma tante Huld m’a bien dit de manger plus de viande quand je me transforme… et d’expérience, c’est mieux aussi quand je passe ma journée en renard. Déjà que j’ai le dos brûlant… enfin, une petite tête dans l’étang et ça allait mieux. Dans tous les cas, bon appétit ! Je meurs de faim !
– Merci… même si ton dos te fait encore mal. Tu le bouges à peine. La magie sreng semble douloureuse… et comment vont Rodrigue et Félix ?
– Hum… un peu, c’est une grosse question d’habitude. J’ai mis cinq ans avant de pouvoir me transformer et il fallait y aller doucement. Au départ, je ne tenais même pas deux minutes avec juste les capacités d’un renard, alors une transformation entière… ! Enfin, les transformations, une fois que t’es habitué, c’est ce qui fait le moins mal vu que ton corps encaisse pas mal de magie pour te transformer. C’est les autres sorts en dehors du rappel de l’arme qui sont vraiment difficiles à supporter sans être habitué. Tu verrais ma tante Huld et Hlif ! Elles sont couvertes de tatouages des pieds à la tête ! Et Hlif a autant galéré que moi avec ses sorts ! Enfin, le principal, c’est que maintenant, elles peuvent tenir longtemps, même si elles piquent toutes les deux une tête dans l’eau glaciale après. Hlif voulait me rejoindre ici même si là, elle aide Gautier à contrer les assauts de Cornélia. Elle déteste mon paternel et le trouve indigne de ma mère mais, elle veut aussi protéger Fregn et c’est un devoir d’aider les proches chez les srengs, surtout quand les temps sont durs. Pour Rodrigue, il se remet tranquillement, même s’il dort encore mais, c’est normal. Il a épuisé toutes ses forces après tout. Pour Félix, de ce que j’ai compris en revenant, il s’est un peu agité cette nuit mais, Mercie, Marianne et Flayn se relaient pour bien les surveiller au cas où. Pour le moment, l’hémorragie n’a pas repris alors, c’est déjà un bon point. Il faut surtout faire attention à ce qu’il boive beaucoup vu qu’il semble être un peu déshydraté.
– Tant mieux. Hlif… C’est une de tes cousines de mémoire… tu nous as déjà parlé d’elle avant. Tu en as beaucoup…
– Ouaip, c’est la fille de ma première tante Arnina ! On a le même âge tous les deux, et elle adore s’occuper des valravens alors, ça fait des sujets de conversation. Quand j’allais à Sreng avec ma mère, je passais beaucoup de temps avec elle. Tu la verrais sur un valraven, elle est impressionnante ! C’est pourquoi on l’appelle la Hrafn, le corbeau, elle est très douée dans les airs ! C’est vraiment quelqu’un de sympa, et elle voudrait vous rencontrer. J’ai aussi un petit cousin qui a failli me suivre, le petit Hveiti, il est très curieux de Fodlan à force d’en entendre parler mais, il est trop petit pour partir. Tu le verrais, c’est pratiquement un mini-toi ! C’est un tout petit gosse tout blond avec des yeux bien bleu qui colle pratiquement tout ! À chaque fois, il tentait de se planquer dans les bagages pour aller en Fodlan ! C’était son défi à lui ! Il rendait Thorgil folle ! Et beaucoup… oui et non, les srengs ont pas la même définition de la famille. On peut appeler cousin quelqu’un si on se souvient qu’on a un lien de sang avec lui, même si ce lien remonte à dix générations. C’est une expression pour marquer un lien ou de l’affection, même si ça n’est pas forcément de la parenté. Genre, pour un sreng, tu peux appeler Claude cousin vu que vous êtes parents éloignés et que vous le savez. Pour Hlif et Hveiti… il avala un morceau de viande de son ragout avant de reprendre. Enfin… Ludwig dit Hveiti, on l’appelle juste tous par son surnom parce que ça lui va juste comme un gant de s’appeler « blé », il est aussi blond qu’eux, c’est des cousins au sens fodlan du terme… et content de voir que tu manges un peu aussi ! Sourit-il avec joie et soulagement.
Dimitri constata alors qu’effectivement, il avait pratiquement vidé son assiette en écoutant Sylvain bavarder… il s’en était à peine rendu compte, enchainant les coups de cuillères dans le bouillon au fil de la conversation… tout était silencieux aussi. Cela faisait du bien…
– Tu ressembles beaucoup à Gautier tu sais… lâcha-t-il.
– Hum ? C’est-à-dire ? Lui demanda le rouquin.
Dimitri entendit la voix de Glenn revenir, se moquant de lui d’avoir dit ça, qu’il ne le croirait jamais… mais personne ne l’avait vraiment remis en question quand il avait avoué avoir entendu Fraldarius… et Sylvain l’avait souvent cru… pratiquement toujours même… il avait été un des premiers à le croire sur le fait que les duscuriens n’étaient pas responsables de la Tragédie… et lui aussi avait vu Gautier qui lui avait sauvé la vie après que Miklan l’ait abandonné dans la forêt enneigé, en témoignait les petits crocs qui remplaçaient ses canines à présent… peut-être que…
Le blond marmonna alors, devenant aussi bavard que Sylvain et Loquax.
– J’ai vu Gautier pendant mon sommeil… il te ressemblait vraiment beaucoup… et était tout le contraire des légendes…
– Vraiment ? Différent comment ? Le questionna-t-il à son tour.
– Très doux, très gentil et surtout, très bavard… il n’arrêtait pas de parler… il disait lui-même qu’il était une vraie pie… tu lui ressemblais vraiment… mais je suis sûr que c’était lui… même si je ne sais pas comment je l’ai vu…
– Hum… la Lance de la Destruction est appuyée contre le mur qui sépare nos chambres, ça aide peut-être ? En tout cas, je te crois.
– Tu ne me prends pas pour un fou ? S'étonna-t-il tout de même un peu.
– … honnêtement, je ne sais pas ce qui se passe dans ta tête, à part que pour toi, c’est réel, même si ce n’est pas cohérent. Tu as fait des choses vraiment horribles que je ne suis pas sûr de te pardonner… nous mettre en danger comme ça pour ta vengeance par exemple. Mais d’un autre côté, je sais aussi que pour toi, ce que tu voies est réel alors, tu ne mentiras pas là-dessus, et je ne vais pas t’en vouloir de me dire ce que tu vois en étant honnête. Je t’ai toujours cru, je vais pas arrêter maintenant. J’aurais plutôt préféré que tu nous dises avant que t’étais hanté par des fantômes qui te hurlaient de les venger avant, on aurait pu t’aider plus tôt.
– Donc, tu me crois quand je dis que j’ai vu ton ancêtre ? Sans toucher ta Relique ? Et qu’il était totalement différent des légendes sur lui ?
– Oui, je te crois. Je te fais confiance depuis toujours, on est amis tous les quatre depuis qu’on est tout petit, et j’ai pas envie de m’arrêter maintenant. De toute façon, je te suivrai jusqu’au bout, lui assura-t-il avec un peu de désinvolture dans sa voix mais, elle disparut vite sous le sérieux. Déjà, je me dis que c’est une bonne chose si tu avoues ce que tu vois. Pour moi, si tu affrontes ce que tu vois et que tu vas de l’avant, ça me va, ça me donne envie de te donner une seconde chance.
– Hum. Qui te dit que j’abandonnerais ma vengeance ? Elle devra bien être accomplie un jour ou l’autre, les morts doivent bien finir par reposer en paix ! S’exclama-t-il, presque autant pour se l’affirmer à lui-même et s’en reconvaincre tout seul.
– Si tu repars direct sur ça aussi… enfin, et si pour commencer, tu relevais un défi ? Lui proposa le rouquin en levant un doigt.
– Un défi… marmonna Dimitri, méfiant de ce qu’il allait dire, le regard dérivant vers Glenn qui lui montrait la porte et tapait dessus pour couvrir leur conversation.
– Par ici Dimitri, je suis là, le rappela tout de suite Sylvain. Il n’y a personne à la porte… en plus, s’il y a quelqu’un que je ne vois pas, il peut aussi entendre que ça te rendra service et que ça ne t’empêchera pas d’accomplir ta vengeance qu’ils désirent tous absolument, lui assura-t-il. C’est juste la manière sreng de faire. Ils font souvent comme ça que quand ils ont des objectifs à réaliser, ils se lancent un défi ou plusieurs pour se motiver.
– Ce serait quoi ?
– Le défi, c’est que tu continues à manger aussi bien que maintenant jusqu’à… hum… disons jusqu’à ce que Félix et Rodrigue se réveillent. Ça leur fera plaisir de te voir un peu mieux nourri alors, ça vaut encore plus le coup que tu acceptes. Qu’en dis-tu ?
– … … … d’accord… si on discute encore.
– Pas de souci, je suis sûr que les autres seraient aussi content de manger avec toi en bavardant ! Lui assura-t-il en souriant.
Les fantômes faisaient toujours du bruit, ils hurlaient toujours leurs suppliques mais, elles semblaient un peu moins fortes… c’était juste un petit temps d’attente supplémentaire et juste pour rassurer Félix et Rodrigue en mangeant un peu plus… Glenn n’aimerait pas les inquiéter tous les deux… il ne devrait pas trop lui en vouloir même s’il le faisait encore attendre… son père aussi… Rodrigue était son ami, tout comme Alix… l’un des jumeaux mourrait, l’autre le suivrait surement de près dans la tombe, encore plus s’il perdait aussi son neveu… cela devrait les calmer s’il voyait les choses comme ça…
*
Tout était noir, sombre… mais aussi calme… comme s’il flottait dans l’eau… son ventre lui faisait mal mais, il le sentait presque plus… la plaie se soignait petit à petit, autant sa peau que ses organes… l’eau faisait du bien…
Il entendait un petit râle.
C’était tout faible, presque inexistant… mais il ne pouvait que l’entendre…
« Mon louveteau… »
Rodrigue entrouvrit les yeux, voyant la forme lointaine de Félix… sa respiration aussi sifflante…
La dernière fois qu’il avait entendu ses râles, c’était quand il était brûlé par ce monstre d’Arundel… ils avaient eu si peur… toutes ses brûlures atroces… il avait failli… heureusement que Fraldarius avait… mais pour ça…
Aucune lumière dorée n’était près de son fils…
Aegis n’était pas avec lui…
Non…
Non… non… il devait…
Aegis devrait être avec lui…
Il l’avait toujours… protégé… même du pire…
Fraldarius tenait à sa famille même par-delà la mort…
Rodrigue se redressa comme il put, se tenant à tout en cherchant où était leur Relique qu’il entrevit près du mur… juste à côté d’une autre Relique mais, elle n’avait pas d’importance… juste…
En boitant de fatigue, il le rejoignit et attrapa le bouclier malgré son poids et le tira comme il put contre lui. Ses jambes tremblaient, comme ses bras, sa poitrine, ses mains, ses os… mais il ne pouvait pas tomber… il devait amener leur Relique à son fils… il en avait besoin.
Le père s’effondra quand il se retrouva à son chevet, mais ce n’était pas grave, il était arrivé… il tira le bouclier sur le lit, puis sous le bras de son petit qui le serra un peu contre lui par réflexe, comme toujours…
« Ça va aller… ça va aller… souffla Rodrigue malgré ses yeux de plus en plus flous, le souvenir de sa propre mère leur disant que ça irait pour les rassurer avec Alix. Tu as toujours été très fort… tu t’es toujours battu… toujours… je t’en supplie, reste encore… il arriva à attraper sa main, sourit en sentant ses doigts se serrer autour. Mon petit louveteau… Félicia… Glenn… veillez bien sur lui… merci pour tout Fraldarius…
– Mais qu’est-ce que… seigneur Rodrigue !
Il entendit la voix du jeune Ashe entrer et ses pas se précipiter vers eux, après la sonnerie d’une cloche.
– Ce n’est rien… souffla-t-il alors que les bras de l’archer l’entouraient. Sa respiration sifflait… il a besoin d’Aegis… il faut lui laisser…
– Euh… d’accord, nous le ferons. Ne vous en faites, on s’occupe bien de vous deux.
– Faites attention à Félix…
Il resombra dans ce sommeil aqueux, sentant toujours la main de son fils dans la sienne.
*
Mercedes se réveilla en sursaut en entendant la cloche d’urgence sonner dans ses oreilles. Elle se mit tout de suite sur ses pieds, encore habillée pour sa garde, prit sa sacoche d’urgence, puis fila en vitesse vers la chambre des Fraldarius. Elle trouva Ashe en train de tenter de tirer Rodrigue sur ses épaules, aidé par sa force d’archer, alors qu’il était accoudé au chevet de son fils.
« Ah ! Mercedes, tu es déjà là ! Souffla-t-il à mi-voix.
– Je suis venue dès que j’ai entendu la cloche. Qu’est-ce qui s’est passé ? Demanda-t-elle en prenant tout de suite le pouls du blessé.
– J’ai entendu du bruit alors, je suis entré et je l’ai trouvé à côté de Félix avec Aegis… il a dit qu’il a entendu que sa respiration était sifflante alors, qu’il fallait qu’il lui donne…
– Une respiration sifflante… répéta-t-elle, pensive.
Elle l’aida à remettre Rodrigue dans son lit, puis retourna auprès de Félix. Mercedes se pencha à côté de lui et écouta son souffle, posa doucement son doigt sur sa gorge pour prendre son pouls. Son cœur battait à toute vitesse, cognant avec force dans sa poitrine mais, cela restait stable avec son état.
Le regard de la guérisseuse se posa alors sur Aegis. Félix le tenait contre sa poitrine comme si c’était sa propre vie, la lueur jaunâtre semblant le protéger. Étant donné qu’il semblait tenir sans, les guérisseurs avaient tenté d’enlever sa Relique pour observer ce qu’il allait se passer. Elle tira alors la couverture, découvrant son dos bandé : sa marque d’énergie brillait légèrement, de l’énergie circulant à l’intérieur, comme si la magie remplaçait le sang… quand elle le frôla, elle avait l’impression de plonger ses doigts dans de l’eau, alors que la peau était très sèche à cet endroit. Félix buvait beaucoup mais, sa peau restait sèche, même s’il n’y avait pas d’autre symptôme de déshydratation. Peut-être que…
Prudente, Mercedes souffla, même si elle ne savait pas si le blessé l’entendrait mais, elle devait tenter. Sylvain et Ingrid lui avait dit qu’il entendait toujours tout quand il était inconscient, et elle avait malheureusement pu le vérifier par elle-même auparavant, même si le doute persistait. Ce serait surement trop brutal si elle ne le faisait pas, ou alors leur ami ne le lâcherait pas.
– Félix… il faut que tu me laisses te prendre Aegis. Je te jure que je te le rendrai presque tout de suite mais, il faut que je vérifie ta respiration. Rodrigue dit qu’elle est sifflante alors, je dois t’ausculter sans ta Relique, surtout qu’elle semble agir sur ton organisme encore plus qu’auparavant. Ce ne sera pas long, c’est promis…
La Déesse soit louée, la guérisseuse arriva à retirer le bouclier des mains de son patient sans trop de difficulté, remerciant aussi l’arme de ne pas l’attaquer. Félix les entendait d’une certaine manière, ce qui était une bonne nouvelle, et même si c’était étrange qu’un bouclier l’écoute, il s’agissait un don de la Déesse, ce n’était pas une arme ordinaire.
Dès que la protection physique de son ancêtre s’éloigna, la lumière dans son dos disparut, la magie dans ses veines semblant se dissiper avec elle et comme Rodrigue l’avait dit, sa respiration devient sifflante, comme s’il était essoufflé. C’était très faible, presque inaudible mais, le râle était bien là…
– Il a bien entendu. On dirait qu’il a du mal à respirer… vu qu’il a perdu beaucoup de sang à cause de l’hémorragie, il doit avoir du mal à en refaire. Il faudra qu’il mange des plats à base de foie et de rognon, c’est très bon pour le sang.
– D’accord, je lui cuisinerai tout ça. Mais comment le Seigneur Rodrigue a-t-il pu l’entendre de son lit ? On l’entend à peine en étant à côté de lui pourtant…
Mercedes fredonna avec un sourire, touchée. Il aimait vraiment son fils de tout son cœur…
– L’instinct paternel je dirais.
*
À nouveau, Dimitri se retrouva à déambuler dans le monastère pendant la nuit mais, il arriva un peu mieux à comprendre que c’était un rêve cette fois. Juste un rêve… peut-être… les morts continuaient à le supplier d’accomplir son devoir de toute façon…
« Juste le temps qu’ils se réveillent tous les deux… jura-t-il. Comme pour les repas et le défi de Sylvain… Rodrigue s’est réveillé la nuit dernière, même s’il s’est tout de suite rendormi… cela ne devrait plus être très long… »
Il déambula sans vraiment d’autres buts que de passer le temps, qu’il soit éveillé ou endormi, quand il entendit un petit fredonnement. Il crut au départ que c’était la voix de Fraldarius, avant de se rendre compte que c’était une voix de femme avec un timbre bien différent du sien. Elle était bien plus légère et semblait un peu se répéter, comme certains danseurs le faisaient pour s’accompagner en absence de musicien.
Arrivant à deviner qui il allait rencontré, Dimitri suivit la voix, et trouva une femme minuscule en train de virevolter entre les grands plans de lin trempés qu’elle étendait, dansant tout en travaillant avec un air joyeux. Elle était minuscule avec de très longues et innombrables tresses rousses qui drapaient chacun de ses mouvements, tout comme son collier où se côtoyaient quatre mains de fer en pendentif où un petit texte était écrit, très semblable à celui de Fraldarius. Sous ses châles à carreaux se dessinaient les contours d’une sorte de squelette extérieur, semblant fait de bois et de racine, l’entourant complètement, rendant sa silhouette à première vue frêle plus solide et forte, bien qu’elle semblât être une danseuse très expérimentée et musclée. Quand il la vit de face, il vit que ses pupilles étaient blanches au milieu des iris viridines mais, il sut assez vite qu’elle le voyait quand elle le fixa et le salua. C’était fou ce qu’elle ressemblait à Annette…
« Dominic j’imagine…
– Suis. Annia Dominica Laeta, se présenta-t-elle surement. Et tu ? Quo nomine es ?
Elle était encore plus dur à comprendre que Fraldarius… son accent était assez différent du sien même s’ils parlaient tous les deux latin normalement, surtout qu’elle s'exprimait très vite. Enfin, s’il était logique, il avait dû lui demander son nom.
– Dimitri…
– No nomen ? Es servus ?
– Je ne parle le latin, et tu es dure à comprendre… je ne comprends à peine ce que tu dis.
Elle fit une petite moue, avant de s’avancer vers lui. Une fois à côté de lui, elle traça des lettres au sol, puis se montra.
– Annia Dominica Laeta, arriva à lire le blond, ce qui la fit sourire qu’il arrive à se comprendre ainsi.
Même si la graphie des lettres avait changé, elle écrivait en majuscule ce qui la rendait plus facile à lire. Elle sourit avant de faire partir un trait de son nom qui se divisa en deux. D’un côté, elle écrivit un nom qui semblait féminin « Livia Justinia Fusca », puis un autre de l’autre côté « Annius Dominicus Messorinus ». De ce nom, elle fit remonter un autre trait avec un autre nom « Dominicus », puis un autre, puis un autre, puis un autre.
Elle pointa alors ce nom en répétant.
– Nomen.
– Tu parles des noms de familles ? … Blaiddyd. Je m’appelle Dimitri Alexandre Blaiddyd.
Elle eut l’air un peu étonnée, puis eut un sourire.
– Sicut Simplex. Nominorat Blaiddyd Simplex. Es…
Elle commenta quelque chose mais, elle parlait trop vite avec un accent trop fort pour qu’il comprenne quoi que ce soit… mais il la laissa faire, sa voix était apaisante et chassait un peu les fantômes.
Dominica… ou plutôt Laeta si son nom fonctionnait comme celui de Loquax, finit par fixer sa tête, l’inspectant de la tête au pied, avant de grimacer et de dire quelque chose qu’encore une fois, il ne comprit pas. Elle dut s’en rendre compte car, elle répéta mais, en faisant mine de se gratter de partout, avec des poux qui sautait sur ses bras et ses cheveux.
– Ce n’est pas important. Ce serait gaspillé du savon de l’utiliser pour moi.
Elle ajouta autre chose en faisant un signe de cercle avec son doigt, mimant une puce sauter sur son autre main et la gratter à son tour. Laeta sortit alors un grand peigne de sa ceinture, mima de l’utiliser sur elle puis le pointa lui. Elle mima autre chose qui devait être le fait de se savonner vu le contexte mais, il était bien incapable d’en être sûr…
« Après manger autant, tu veux qu’on te pomponne ? Tu ne mérites pas, arrête de lambiner et va nous venger. »
Le sermon des morts résonnait dans ses oreilles, répétant encore et encore la même chose. Ils avaient raison, il ne méritait aucun soin et gaspillait assez le temps et la nourriture des autres. Il devrait envoyer à Némésis le défi de Sylvain et repartir les venger immédiatement…
Mais Laeta le regardait avec une telle insistance, son peigne en bois dans les mains…
Elle ressemblait tellement à Annette quand elle voulait quelque chose et qu’il était impossible de lui dire non…
C’était de famille visiblement…
– Bon, céda-t-il. D’accord, je veux bien que tu me peignes…
Elle sourit en lui faisant signe de se baisser, étant beaucoup plus petite que lui. Elle devait faire la même taille qu’Annette… elle avait la même énergie et bonne humeur qu’elle en tout cas.
S’asseyant en tailleur à côté d’elle, Laeta passa dans son dos pour le peigner plus facilement. C’était presque comme à Gronder… après le premier coup, il était à genoux… c’était mérité… cette fille n’avait fait que réclamer justice pour son frère… il méritait toute sa fureur… et il s’était agenouillé, prêt à recevoir sa juste punition… un deuxième coup de poignard qu’il savait mérité… c’était son juste sort… jusqu’à ce que l’ombre de Rodrigue se…
Le léger tirement du peigne dans ses cheveux l’arracha à ses ruminations, entrecouper parfois de doigts qui farfouillait entre ses mèches pour l’épouiller ou ce qui ressemblait à une petite pince pour tirer des tiques, accompagné du bavardage de Laeta. Cela faisait longtemps que personne ne l’avait peigné… il l’avait fait lui-même depuis toujours, même si sa nourrice ou ses parents le coiffaient parfois pour les occasions importantes où il devait être apprêté. Un souvenir aqueux sortit de ses mèches, son père qui rit un peu d’une bêtise qu’il avait faite à Fhirdiad avec Félix et qui les avaient complètement ébouriffés… peut-être qu’il avait essayé d’utiliser la magie de vent ? Félix était autant un magicien qu’un épéiste avant la mort de Glenn, imitant Rodrigue pour manier aussi bien la magie que lui alors, ils avaient pu essayer de faire de l’aéromancie… il revoyait Rodrigue prendre Félix sur ses genoux, passant doucement un peigne dans ses cheveux après une petite leçon, tout comme Lambert le faisait aussi avec lui… le mouvement régulier du peigne dans ses mèches pour enlever les nœuds… c’était apaisant.
Laeta parlait tout du long qu’elle passait les petites dents souples dans les cheveux de Dimitri, comme si elle n’aimait pas le silence comme Loquax. Son ton était assez joyeux mais à un moment, il devient plus sombre, nostalgique mais lourd, comme si elle remuait des souvenirs durs.
– Je ne comprends toujours rien de ce que tu dis mais, tu as l’air de parler d’une mauvaise période de ta vie… je suis désolé pour ce qui t’es arrivé…
Dimitri ne savait même pas pourquoi il avait dit ça… il ne comprenait rien, elle aurait pu parler des pires idioties du monde qu’il n’aurait pas fait la différence, et ça ne le regardait pas, il devrait penser à sa vengeance uniquement et pas se soucier de ceux qui le ralentissait… mais il n’avait pu s’en empêcher, sentant que c’était quelque chose d’important pour Laeta.
Il sentit son sourire en demi-teinte derrière sa tête, avant qu’elle reprenne. Le ton était sérieux mais, plus elle avançait, plus ses mots semblaient gorger d’espoir avant de finir sur une joie qui ressemblait à une délivrance…
Elle finit par retourner à ses côtés, faisant onduler les dents de son peigne pour nettoyer les restes de vermines. Dimitri passa ses doigts dans ses cheveux… ils étaient de nouveau plutôt doux et en ordre, autant qu’il était possible… on lui avait toujours dit qu’il avait la crinière d’un lion, comme sa mère biologique, Héléna… ça grattait moins… c’était agréable…
Laeta déclara quelque chose qu’il ne comprenait pas mais, à son visage, cela semblait être un bon souvenir. Elle fit alors un geste de peigner quelqu’un dans le vide, ainsi que le fait que quelqu’un d’autre la peigne, son visage exprimant toute l’affection pour les personnes qu’elle mimait, des mots remplis de douceur quittant ses lèvres, ses mains finissant sur son cœur, attrapant ses mains en pendentif avec affection.
« Je crois que j’ai compris ce que tu dis… » souffla Dimitri en se réveillant dans son lit.
Il se redressa, sa blessure lui permettant de plus en plus de mouvements, bien qu’ils restaient douloureux. Se mettant sur ses pieds, il se dirigea vers son bureau, chercha dans les chiffons dont il se servait pour entretenir ses armes et ses cuirs, ainsi que son matériel de pansage, où il trouva un peigne pour la crinière des chevaux. Il enleva le crin qui se trouvait encore entre les dents, avant de les faire onduler afin de faire tomber la poussière dessus, travaillant méticuleusement afin de ne pas casser les petites tiges de bois toutes fines.
Il finissait de le nettoyer quand Annette entra avec Ashe, lui apportant tous les deux son repas avec le leur. Comme tout le monde depuis quelques jours, il les voyait comme des humains et plus comme des animaux… il ne savait pas trop pourquoi ou s’il fallait remercier Loquax pour cela…
« Ah ! Bonjour Votre Altesse ! Vous êtes déjà réveillé ? On vous apporte le petit déjeuner ! Et on peut rester pour discuter si vous voulez, lui proposa Ashe, plus timidement que Sylvain et Ingrid qui venaient toujours sans hésiter manger avec lui.
– Oui, merci.
– C’est normal ! Sourit la magicienne en entrant un peu plus. Vous avez ressorti un peigne ? Demanda-t-elle en le voyant avec le petit instrument à la main.
– Oui… hum… pour mettre de l’ordre sur… enfin, pour mettre de l’ordre pour faire simple… marmonna-t-il. Les rivières ne sont… peut-être pas les meilleurs endroits pour se laver…
S’il voulait bien dire ce qu’il voyait en rêve à Sylvain ou à Ingrid si l’occasion se présentait, il n’était pas prêt à le faire avec Annette et Ashe. C’était juste… pas le moment.
– D’accord ! Il faut dire, ça doit être bien emmêlé ! S’exclama-t-elle, toute contente de le voir accepter de prendre soin de lui. Par contre, il vous faudra un peu d’aide pour vous nettoyer correctement après tout ce temps… En plus, vous êtes encore faible et très maigre, il faut faire attention, ajouta-t-elle plus doucement.
– Je demanderais à Sylvain ou à Dedue s’ils peuvent vous aider mais, je suis sûre qu’ils seront d’accord ! Assura Ashe. Vous devriez être plus à l’aise avec eux.
– Je peux aussi vous peignez si vous voulez en attendant, proposa à son tour Annette. Ça permettra de dégrossir un peu !
– D’accord, accepta Dimitri sans trop de souci, l’enthousiasme de ses deux cadets couvrant les soupirs de consternation des fantômes.
Ils s’installèrent tous les trois pour manger, Ashe et Annette bavardant des dernières nouvelles du monastère et de leur armée. La nourriture disparut toute seule au fil de leur voix, avec aucun bruit de fond qui les gênait.
Quand ils eurent fini, Ashe repartit avec les plateaux vides chercher Sylvain ou Dedue. Annette l’emmena alors devant sa chambre, le faisant asseoir dehors, devant sa porte, pour éviter de mettre des parasites à l’intérieur, puis prit une minute pour aller récupérer un peigne en meilleur état dans sa chambre, ainsi qu’une petite pince et un petit récipient pour mettre les lentes. Elle inspecta le cuir chevelu pour enlever les tiques qui s’y accrochait, avant de passer le peigne tout doucement en fredonnant un air connu à Faerghus. C’était apaisant…
« Annette… finit-il par murmurer.
– Oui Votre Altesse ?
– Je voulais te demander pardon… pour avoir été aussi froid et négligeant avec toi… avec vous tous… j’ai été odieux et méprisable… tu avais raison quand tu disais que nous devions nous soutenir… j’ai dû te faire beaucoup de peine… je le regrette… je comprendrais si tu ne me pardonne pas… je l’aurais mérité…
– Hum… c’est vrai que ça a fait mal quand vous l’avez dit, avoua-t-elle, la voix sombre et lourde comme celle de son ancêtre. Mais si vous regrettez, je veux bien vous donner une autre chance ! J’ai envie de plus vous connaitre, et de vraiment vous connaitre ! Alors, je suis heureuse de vous voir aller mieux et de pouvoir bavarder avec vous ! Lui assura-t-elle avec son ton joyeux et gai.
Les fantômes levaient tous les yeux au ciel, semblaient lui hurler quelque chose, réclamant surement encore et encore leur vengeance mais ainsi, avec Annette à ses côtés… avec tout le monde à ses côtés… ils semblaient moins insistants… cela pouvait continuer encore un peu… au moins jusqu’à la fin de son défi et quand le seigneur Rodrigue et Félix seront complètement rétabli… c’était une bonne échéance…
Annette avait presque fini d’enlever le plus gros des nœuds, lorsqu’Ashe arriva avec Sylvain qui l’accompagna jusqu’aux bains et l’aida à se nettoyer. Cela ne le gênait pas trop, ils se connaissaient depuis trop longtemps pour être vraiment incommodé et ils s'étaient déjà baignés ensemble en été… la seule chose qui le gênait à présent, c’était de montrer à quel point il était squelettique mais, le rouquin ne fit aucune remarque, ni aucun commentaire. Il l’aida juste à enlever la crasse et les parasites sur lui sans rien dire de plus, à part lui demander s’il ne lui faisait pas mal.
Quand ils ressortirent, Dimitri avait des habits en bien meilleur état que ceux qu’il se bornait à mettre d’habitude, et il ne portait pas d’armure. C’était des vêtements de rechange de Sylvain, Ashe avait prit tout son linge pour aller le désinfecter et éradiquer tous les parasites qui pouvaient s’y trouver.
« Fais respirer un peu ta peau et ton corps ! C’est pas bon d’être tout le temps enfermé dans une cage en métal ! Tu vas choper des affections en plus si tu continues ! » Lui avait pratiquement ordonné Sylvain, et décidemment Ingrid déteignait sur lui pour ça…
Le bain et la vapeur l’avaient épuisé, pompé ses forces mais, il se sentait bien mieux maintenant qu’il était propre… moins démangé par les parasites… plus léger mais… mais ce qui gênait le plus Dimitri, c’était l’impression d’être presque nu sans son armure… sans cette protection… c’était plus simple d’être complètement enfermé et dissimulé sous l’acier et la toile de sa cape… il se drapa dans son manteau pour se cacher dedans, tout en se tenant un peu à Sylvain pour marcher correctement.
Ils allèrent tous les deux vers l’infirmerie clopin-clopant pour que Mercedes vérifie si sa blessure se refermait bien correctement, quand ils entendirent quelques notes volées. C’était tout faible mais, ils ne purent que reconnaitre ce timbre et d’où il venait.
Échangeant un regard, ils accélérèrent le pas comme ils purent pour monter à l’infirmerie, Sylvain portant même un peu Dimitri afin de gagner du temps et ne pas risquer qu’il tombe dans les escaliers. Quand ils y arrivèrent, ils virent Mercedes, Marianne, Flayn, Manuela et Ignatz dont c’était le tour de garde, attroupés devant la porte avec Ingrid, écoutant attentivement le chant dont les paroles étaient pratiquement toutes claires à présent.
Quand elle les vit, la chevalière leur fit signe d’approcher en silence, puis leur laissa un peu de place pour qu’ils puissent observer à l’intérieur de la pièce.
« Au clair de la lune, le vent chante,
Tu pleures dans cette forêt de cendres,
Les nuages vont alors tous descendre,
Pour que plus jamais, le mal te hante.
Au clair de la lune, les loups murmurent,
Sans un bruit, ils s’approchent de tes blessures,
Ils t’entourent, te réchauffent avec leur fourrure,
Cette protection douce, elle te rassure.
Au clair de la lune, la forêt te protègera toujours ici,
Aux hurlements des loups, la brise te réconforte,
Tous pansent tes blessures et au loin les emporte,
Dans leur rassurante étreinte, enfin tu t’endors guéri. »
Rodrigue était assis à côté de son fils, passant sa main dans ses cheveux, sa voix claire et douce s’élevant sans difficulté dans les airs, chantant les paroles de la berceuse de guérison sans trembler malgré les frissons de faiblesse qui parcourait son corps. Il semblait toujours aussi fatigué mais, il s’était enfin réveillé… enfin…
Quant à Félix, il semblait toujours aussi frêle et fragile, enveloppé dans sa couverture et ses bandages, comme un poisson forcé de rester hors de l’eau trop longtemps… cependant, son visage d’habitude neutre semblait plus calme, comme apaisé par la voix de son père, sa tête serré contre sa hanche, plus proche de lui à l’instant que pendant ses neuf dernières années… il tenait toujours leur Relique contre son cœur, Aegis les baignant de sa lueur protectrice… comme si toute la famille était réunie… il ne manquait plus qu’Alix…
Sylvain et Ingrid jetèrent un regard à Dimitri… cela faisait une éternité qu’il ne l’avait plus vu sourire ainsi…
*
Dimitri n’avait aucune idée du temps qu’il était resté à la porte sans osé entrer. Il avait réglé ce qu’il devait faire avec Gilbert, à part une chose, ce dernier lui ayant demandé qu’est-ce qu’il voulait faire à présent… Dimitri devait avouer qu’il ne savait pas lui-même… les morts lui hurlaient de foncer vers Embarr mais, petit à petit et à sa grande honte, il commençait à se dire qu’il devrait éviter pour le moment, que c’était trop dangereux… il croyait pourtant que c’était ce qu’il voulait aussi… mais maintenant, alors que leurs troupes retrouvaient petit à petit des forces… il ne savait plus… il avait remis ça à plus tard et l’avait aidé avec l’approvisionnement ainsi que la mise en défense du monastère comme il put, aiguillé par Byleth. Elle était souvent passée voir comment il allait mais, elle restait silencieuse la plupart du temps et quand il lui avait demandé pourquoi, elle avait juste répondu.
« Vos camarades vous disent bien mieux que moi ce que je pense. »
Encore une réponse cryptique… au moins, c’était en fodlan…
Enfin, depuis qu’il avait fini son travail avec Gilbert, le jeune homme était là, coincé devant cette porte… ne sachant pas quoi faire ou même dire ou autre chose… Rodrigue s’était enfin réveillé et apparemment, il n’avait pas trop de séquelle, même si sa convalescence serait très longue et que la douleur de la blessure restera toujours, comme un fantôme… est-ce qu’il avait juste le droit de le voir ? Après tout, c’était de sa faute si lui et son fils… lui et ses fils… en étaient là… et que son frère avait été à deux doigts de perdre son jumeau…
« Non… je n’ai pas le droit d’être ici… » songea-t-il en partant.
Cependant, il dut faire du bruit car, la voix usée de fatigue mais douce de Rodrigue s’éleva, demandant.
« Qui est là ? Mercedes ? Marianne ? C’est vous ?
Repéré, Dimitri ne put que se résoudre à entrer, saluant bien bas l’homme.
– Bonjour. Excusez-moi de vous déranger.
Il était assis au chevet de Félix, toujours profondément endormi, Aegis contre lui. Même quatre jours après son éveil, le père était encore fatigué et très pale, chaudement enveloppé dans sa couverture sur sa chaise mais, ses prunelles se posèrent doucement sur lui malgré tout et il lui sourit… des yeux de chat bleu comme de l’eau… exactement les mêmes que ceux de Fraldarius…
– Tu ne déranges pas, lui assura-t-il. Entre donc, cela ne doit pas être bon pour toi de rester debout trop longtemps… tu dois aussi te reposer. Il y a une autre chaise là.
Timidement, le jeune homme prit le siège qu’il lui désignait et s’installa à ses côtés, même s’il resta à une distance respectueuse, ne voulant pas s’imposer, encore moins à cet homme dont il n’avait jamais mérité le sacrifice. Glenn recommençait à s’agiter, furieux qu’il approche de sa famille, crachant ce qui lui restait de sang sur lui… Dimitri pouvait presque sentir les gouttes sur ses mains… cependant, le mort se tut quand son père demanda.
– Comment te sens-tu ? Tes blessures se referment bien ? Je n’ai pas pu te parler depuis mon réveil…
– Oui, elles se referment bien, je ne devrais pas avoir de séquelles à part une légère douleur chronique. Je serais prêt à retourner me battre dans quelques jours.
– Voilà une excellente nouvelle, même si faites attention à ne pas repartir trop tôt. Cela risquerait de les aggraver, lui recommanda-t-il avec prévenance.
– … d’accord. Et… et vous Rodrigue ?
– Je vais mieux. Je suis encore en convalescence pendant un moment mais, je devrais guérir, aussi à part quelques douleurs fantômes. Il faudra aussi que je fasse attention à ce que je mange pendant un temps, l’arme a surtout touché mon estomac mais, heureusement, mes poumons sont intacts. Je ne devrais pas non plus avoir de marque qui apparaissent comme pour Félix, Sylvain, Ingrid ou toi, étant donné que c’est la magie de Félix aidé par Fraldarius qui m’a soigné.
– D’accord, tant mieux… » souffla Dimitri, rassuré pour Rodrigue que ses poumons soient épargnés. Il aimait beaucoup chanté alors, une plaie aux poumons aurait pu entravé sa capacité à le faire. Puis il demanda, plus timide qu’il ne l’aurait voulu. « Et Félix ? … comment va-t-il ?
– L’état de Félix semble stable tant qu’on lui laisse Aegis. Cela a toujours été ainsi quand il était gravement blessé, notre Relique l’a toujours protégé… il est encore très faible mais, guérit et retrouve un peu plus de force chaque jour pour guérir… il est trop attaché à la vie pour la laisser filer ainsi, déclara-t-il, confiant envers son fils. C’est un battant qui ne laisse jamais rien tombé, je sais qu’il n’abandonnera pas aujourd’hui aussi… un sourire nostalgique fleurit sur le visage de Rodrigue, comme s’il glissait dans des souvenirs. Il est vraiment le portrait de Félicia… elle s’accrochait toujours et ne laissait jamais rien tombé, même si son cœur lui interdisait beaucoup de choses… elle ne supportait pas de ne pas aider les autres quand elle pouvait agir, même si cela impliquait de se mettre en danger elle-même à cause de sa santé fragile… Félix est aussi têtu et déterminé qu’elle.
Dimitri voyait à peu près ce que Rodrigue voulait dire. Il se souvenait du tableau de l’épouse de Rodrigue, Félicia… pas de son vrai visage, il ne l’avait jamais connu. Elle était morte en couches après avoir donné le jour à Félix, elle était de constitution très fragile… malgré tout, on leur avait beaucoup parlé de cette femme, les jumeaux les premiers. On la décrivait comme quelqu’un de très joyeux et vif, souvent au mépris de sa propre santé, mais qui n’oubliait jamais d’aider les autres. C’était ce qui revenait le plus sur sa personnalité, un rayon de soleil très inconscient, sauf quand on parlait commerce où elle était très habile et prudente. S’il se souvenait bien de la peinture qui la représentait, Félix était le portrait vivant de sa mère…
– Tant mieux… j’espère qu’il se remettra vite…
– J’en suis sûr. Et toi aussi, tu as l’air d’aller beaucoup mieux.
– Oui, mes blessures se referment bien.
– Je ne parle pas de cela, le corrigea-t-il doucement. Tes joues sont un peu moins creuses et on voie que tu t’es lavé correctement il y a peu de temps. Cela me rassure de te voir prendre soin de toi-même.
– Je ne mérite pas tant d’attention… marmonna-t-il, tous les fantômes hurlant dans ses oreilles, lui rappelant encore et encore sa mission malgré tout, alors que tant d’autres vivants tentaient de la lui faire oublier. Surtout pour la nourriture… si je n’avais pas relevé le défi de Sylvain… ils me le disent bien… tous… ce n’est que de la futilité et du gaspillage de temps et de ressources…
Un air triste apparut sur le visage de Rodrigue, au grand mécontentement de Glenn qui lui reprochait déjà de faire de la peine à son père. Dimitri aurait dû l’écouter et ne jamais venir ici…
– Dimitri… pourquoi serait-ce une perte de temps ? Tu risques de tomber malade à cause des carences ou des vermines si tu ne manges pas plus et que tu ne prends pas soin de toi-même…
– J’ai survécu ainsi pendant cinq ans…
– Et nous t’avons retrouvé comme l’ombre de toi-même, rétorqua l’homme plus âgé. Nous avons déjà eu si peur de t’avoir perdu ou de ce qui aurait pu t’arriver… et quand… Rodrigue secoua la tête. Personne ne veut te perdre, nous tenons tous à toi… il n’aimerait surement pas que je te le raconte mais, malgré tout ce qu’il te disait, Félix aussi était fou de chagrin pendant tout ce temps, même s’il n’a jamais accepté que tu étais mort… il t’a toujours cherché aussi…
– Je ne vous apporte pourtant que des problèmes… la preuve, vous avez tous les deux failli mourir par ma faute… Glenn le dit bien… je ne devrais pas vous approchez… je ne fais que vous mettre tous en danger… tous autant que vous êtes…
– Glenn te dirait donc ça… marmonna Rodrigue avant de le questionner, attentif. Dimitri, et si tu m’expliquais clairement ce que tu vois ? Tu n’en avais jamais parlé avant que nous nous te retrouvions, j’aimerais comprendre plus exactement ce qui t’arrive, si tu veux bien m’en parler.
« N’ose même pas raconter ce que tu voies, il te prendrait pour un encore plus gros taré que tu ne l’es déjà, » lui commanda Patricia mais, malgré tout, les mots coulèrent de ses lèvres.
– Je vois les morts de ce jour-là… partout… tout le temps… tel qu’il était le jour de la Tragédie… mon père décapité qui doit porter sa propre tête… ma belle-mère qui est complètement calcinée pour avoir disparu ainsi… Glenn qui regrette d’être venu à Duscur et de ne plus jamais vous revoir, toi, Félix et Alix… Nicola qui se brise en mille morceaux pour protéger Glenn… Myrina et Kimon qui se font massacrer alors qu’ils tentaient de se protéger l’un l’autre… Frédérique qui tente de fuir avec d’autres membres de l’intendance et appelle ses parents quand des flèches lui traversent le dos… Jacques qui est déchiqueté par la magie… tous les soldats de ce jour… tous leurs visages déformé par la souffrance… tous… tous… tous me réclament vengeance… leur sort a été si horrible… personne ne peut comprendre quelle horreur ils ont vécu… dans quelle horreur ils sont morts… à part moi… je suis le seul à avoir survécu alors… alors que bien plus aurait mille fois plus mérité de survivre… c’est mon devoir de les venger… c’est mon devoir à accomplir après avoir survécu… raconta-t-il en détournant de plus en plus le regard de Rodrigue, n’osant plus le regarder bien qu’il soit incapable de s’arrêter, même si les morts souriaient, ivres de joie constater qu’il n’avait pas oublié son devoir. C’est pour ça que j’ai survécu… c’est pour ça que je dois accomplir la mission qu’ils m’ont donné… qu’ils me rappellent à chaque instant… même maintenant… je ne peux pas les abandonner moi aussi… sinon… sinon… ils… ils ne pourront jamais…
– Tu connais la légende des feux follets Dimitri ?
La question fit taire le blond, ne s’attendant vraiment pas à ça. Il pensait que Rodrigue allait le disputer, le gronder, avoir peur de lui, ou pire ne rien dire du tout, être juste impénétrable comme quand il se disputait avec Lambert… mais non, c’était une question presque au hasard, poser au milieu de sa tirade en toute confiance. Ne pouvant pas faire vraiment autre chose, il répondit, un peu hésitant de ce qu’il allait suivre :
– Bien sûr. Ce sont des feux magiques qui attirent les voyageurs perdus pour les entrainer vers la mort… certains disent que c’est l’âme des morts dans les marécages ou l’eau trouble, et d’autres que ce sont des esprits malins qui s’amusent de la mort…
– Oui, c’est bien ce que dit la légende à leur sujet… … … moi aussi, j’ai perdu mon père de manière violente, il a pris un coup de poignard à la place de Sa Majesté Ludovic pour le protéger… même si j’étais bien plus petit que toi, j’étais encore un enfant qui ne comprenait pas la mort avec Alix. On ne comprenait même pas que la « boite » où il « dormait » était son cercueil, on pensait qu’il dormait dedans quand il est arrivé à la maison… raconta-t-il, un peu perdu dans ses pensées, Dimitri n’osant pas le couper. On ne comprenait pas pourquoi il n’était plus là, pourquoi on n’avait plus notre père, pourquoi des gens s’en prenait à notre mère, on était triste et on faisait tout pour qu’il revienne… même si notre « oncle » Ludovic nous avait dit qu’il était mort comme un vrai chevalier, on voulait juste le revoir une dernière fois…
– Comme un vrai chevalier ? Hoqueta Dimitri en entendant cela, reliant les points entre eux. Et Ludovic… est-ce que…
– Oui, c’était ton grand-père, Alix et moi le surnommions « Oncle Ludovic » quand nous étions petits. On le considérait ainsi, surtout qu’il était très proche de Guillaume, il considérait notre père comme son grand frère… c’est lui qui nous a annoncé sa mort… et nous expliquait ce que s’était en même temps, c’était la première fois qu’on la rencontrait… comme on ne comprenait pas, il a utilisé l’image du chevalier des histoires qu’on lisait, pour qu’on arrive à comprendre ce qui était arrivé à votre père… même si on a mis longtemps à comprendre réellement qu’il ne reviendrait pas… on voulait tellement le revoir… au moins une fois… alors un jour, alors qu’on était tous les deux sur le bord du lac en pensant à lui, on a cru voir sa silhouette au-dessus de l’eau… on était persuadé que c’était Guillaume qui nous disait de le rejoindre… on ne pensait même pas aux feux follets… on pensait que c’était vraiment papa…
– Alors, vous êtes entrés dans l’eau, devina Dimitri.
– Oui, on a avancé jusqu’à en avoir jusqu’à la taille et si notre mère n’était pas intervenue, on serait surement allé plus loin avec Alix… on était persuadé que c’était Guillaume… et quand on s’est débattus pour tenter de le rejoindre en pensant qu’elle ne le voyait pas, elle nous a dit que c’était des feux follets et elle nous a aussi posés une question…
– Et quelle était-elle ? Demanda-t-il.
– « Quel père digne de ce nom mettrait en danger ses enfants ? ». Notre père avait toujours fait passer sa famille avant tout, il ne nous aurait jamais mis en danger ainsi, même si notre envie de le revoir nous l’avait fait oublier… il posa doucement son regard dans le sien, lui demandant avec calme. Qu’en penses-tu ?
Dimitri détourna les yeux, incapable de le fixer. Devant son silence, Rodrigue insista, posant sa main sur sa joue pour le forcer à au moins voir dans sa direction.
– Dimitri, regarde-moi. Penses-tu vraiment que Lambert voudrait que tu coures ainsi à ta mort pour le venger ? Penses-tu que Glenn voudrait que tu meures pour lui ainsi ? Penses-tu que ta tante Myrina et ton oncle Kimon voudrait voir le fils unique de leur sœur Héléna mourir ainsi ? Penses-tu que Nicola voudrait que tu suives un chemin ensanglanté, alors qu’il a aidé Ludovic à détrôner Clovis le Sanglant ? Penses-tu que tous les morts voudraient voir encore plus de cadavres s’empiler ? Que tu risques ainsi ta vie pour eux ? Ce n’est que mon avis mais, je ne pense pas que Glenn souhaiterait un tel sort à qui que ce soit, même à l’être qu’il méprisait le plus au monde. Il t’aimait et te respectait énormément, il n’aurait jamais voulu te faire subir un sort aussi horrible et poser sur tes épaules autant de responsabilités si tôt. Nicola aussi, il n’aurait jamais voulu ça. À la mort de Guillaume, il n’a jamais réclamé une vengeance aveugle, il a toujours voulu la justice juste et réfléchie, pas un bain de sang. Lambert aussi, même si je le trouvais parfois très négligeant sur certains points, ne voudrait jamais que son fils et l’enfant qu’Héléna voulait et aimait tant ne risque sa vie pour le venger…
– Mais… mais c’est ce que je vois ! C’est ce que je vois et j’entends ! Je… je ne peux pas m’en empêcher ! Ils me disent ça ! Paniqua-t-il encore en s’échappant de sa main. Je ne peux que les voir et les entendre encore et encore ! Jamais ils ne me laisseront en paix avant que…
– Je le sais, le coupa à nouveau Rodrigue, son ton calme apaisant un peu Dimitri en voyant que l’homme le croyait. Je sais que tu ne mens pas et que c’est ce que tu vois. Je sais que ces fantômes sont bien réels pour toi, je ne le nie pas non plus. Je te demande juste de réfléchir à ce qu’ils te disent, et de te demander si cela leur ressemblerait vraiment.
– Si ça… je sais que… mais… mais ils insistent tant… Dimitri passa sa main sur son visage, couvrant son œil restant avec ses doigts. Je ne sais même pas par quoi commencer ou comment faire…
– Cela viendra… lui assura Rodrigue en posant sa main sur son bras, faisant un peu glisser sa main de son œil, permettant à Dimitri de voir son sourire et la confiance qui irradiait de lui. Pour cela, tu dois trouver la réponse non pas dans ce qu’ils te disent eux… déclara-t-il en montrant l’espace autour de la tête de Dimitri, avant de continuer en montrant sa tête puis sa poitrine, …mais là, et là. C’est là que trouvera la réponse qui te satisfera le plus.
Le jeune homme posa sa main sur son cœur, regardant Rodrigue, puis Félix qui dormait toujours, puis encore Aegis contre lui, luisant toujours, même si Dimitri y voyait à présent le même éclat que dans les yeux de ses descendants.
« Anima gravissima est… il faut croire que c’est de famille… »
*
La nuit était tombée quand Dimitri se réveilla. Il entendait la musique toute douce d’une flute… s’il se fiait aux précédentes nuits où il s’était réveillé ainsi, alors… alors…
Se levant avec le cœur à la fois rempli d’espoir et d’appréhension, le jeune homme descendit des dortoirs et rejoignit la cour au bord de l'étang où il vit une silhouette toute semblable à la sienne. Le flutiste y plongeait ses jambes, ses braies relevées dévoilant des cristaux de glace qui recouvraient également ses joues, sa gorge et tout le tour de sa tête, comme s’il portait une couronne sous ses très longs cheveux blonds comme les siens. Sa chevelure ressemblait à une rivière d’or interminable, liée dans un chignon qui tombait comme une tresse jusqu’à sa hanche. Mais ce qui l’étonna le plus à part qu’ils se ressemblaient énormément, c’était que c’était impossible de nier qu’un Brave était duscurien… sa peau était aussi noire que celle de Dedue… si la plupart des seigneurs et faerghiens savaient que le Flutiste des Glaces était duscurien, beaucoup le nieraient et diraient que c’était une erreur mais... il sentait son emblème réagir à ses côté… il le sentait jusque dans son sang... et cette mélodie...
L’air se finit sur une note toute douce et tendre, pleine d’affection, puis l’homme le regarda… ses yeux étaient vairons, le gauche azur d’eau entouré de quelques écailles semblables à celle de Fraldarius, le droit bleu faerghien comme les siens et ceux de son père… c’était fou comme ils se ressemblaient tous les deux… Dimitri avait presque l’impression de se voir dans un miroir…
Blaiddyd… » souffla Dimitri sans croire qu’il voyait son ancêtre à son tour et ses propres yeux... ils se ressemblaient tellement…
Il lui sourit en le saluant mais, il avait un accent encore plus fort que Laeta, ressemblant à une sorte de mélange entre le latin et le duscurien, ce qui faisait qu’il ne comprenait vraiment rien du tout à ce qu’il racontait.
Blaiddyd dut comprendre car, il répéta plus lentement, même s’il avait beaucoup de difficulté.
« P… pardonne… parle très mal tes mots… comprendre, oui… parler este difficile… bon jour faste… nom à moi este Blaiddyd Simplex. Ete tu ?
– B… bonjour à toi. Je m’appelle Dimitri Alexandre Blaiddyd… et tu parles plutôt bien ma langue, lui assura-t-il, même si le jeune homme se doutait qu’il aurait plus de mal s’il ne maitrisait pas le duscurien, son ancêtre parlant avec un accent très prononcé proche de ce langage.
Simplex sourit et lui fit signe de s’asseoir à côté de lui, commentant quand il le vit ramener ses jambes sous lui plutôt que les plonger dans l’eau.
– Eau froide… este bon après travail… moutons marchent beaucoup… pieds font mal à la nuit. Eau froide oublie douleur, et rappelle bons souvenirs.
– Tu es berger ? Et des bons souvenirs ? Que veux-tu dire ?
– Oui. Depuis toujours… mais maintenant… berger pour moi… pas pour maitre… et oui… avec… avec personnes très importantes pour moi, Laeta ete Pertinax », déclara-t-il en prenant son pendentif, un peu enfoui sous son grand châle mais, qui était le même que ceux des ancêtres de Félix et Annette : un fil avec quatre plaques en forme de main ouvertes, ainsi que des phrases gravées dessus dans deux alphabets différents. Ils avaient donc bien les mêmes car ils étaient amis. « Après journée dure, toujours dedans la rivière pieds mettaient…
« C’est vrai que selon les légendes, il est né esclave avant de se libérer avec Fraldarius et Dominic… songea-t-il au mot de son ancêtre. Il s’appelle Simplex on dirait… Loquax le connait donc aussi… si ce n’est pas un nom courant… il faut dire, leurs peuples sont voisins, ils ont dû se croiser… »
– Este comme musique, continua-t-il en posant sa flute sur ses genoux. Bons souvenirs ensembles… un commun amour pour musique… Pertinax a très beau chant… Laeta este meilleure danseuse… ete moi joue… … … …
Il hésita en lui montrant son instrument, visiblement hésitant et ne sachant pas quel était le bon mot. Il ne devait pas l’entendre souvent.
– Une « flute » ?
– Esse ! Une flute ! Flute aide à… enlever problème du cœur et… le ranger pour réfléchir… ete es une passion libre cum… aouec eux. Ete tu ? Commente te sense tu ?
Le jeune homme hésita, ne voulant pas répondre au début, avant de se rendre au regard attentif de Simplex. Après tout, parler avec tous les autres braves l’avaient aidé jusque-là…
– … je ne sais plus où j’en suis… avoua-t-il. Mais… mais à chaque fois que rencontre l’un d’entre vous… vous… vous semblez détenir toutes les réponses… alors… est-ce… est-ce que je peux t’en parler ?
– Toutes les réponses personne ne les a, même tous les dieux… mais veu bien t’aider… autant que moi pe… lui assura-t-il, attentif, posant sa flute à côté de lui pour mettre ses mains sur ses genoux.
– Je… je n’arrête pas de les entendre… les morts me réclament tous leurs vengeances, de combler leurs regrets en les vengeant tous pour leurs morts affreuses… ils me le répètent encore et encore…
– Tu voie toi comme ministre morts ?
– Le ministre ? Que veux-tu dire ?
– Oui ? Ministre, personne qui sert autres personnes, expliqua-t-il, Dimitri comprenant que son ancêtre s’était surement fait avoir par un faux ami pour « serviteur ». Ou arme morts ?
– Hum… si on veut pour les deux… après tout, ils ne peuvent plus rien faire d’eux-mêmes, ils ne peuvent pas plus assouvir la vengeance qu’ils me réclament tous tant… je l’ai dit à Ingrid et elle ne l’a pas compris mais, il revient aux vivants d’hériter de la volonté des morts… et il me revient comme seul survivant de ce massacre de les venger…
– Hum… mon sens m… mêh ? Mais ? Mai, sens de tes mots à mèh… mèh… aures, se rendit-il en montrant son oreille. Sens de tes mots a mèh aures comme esclaves des morts tu te considères toi… considères comme esclave de maitres morts…
– Leur esclave ? Que veux-tu dire ? Se redressa un peu Dimitri pour le regarder quand il entendit sa voix triste.
– Esclave este bétail… esclave este objet… humain sans être humain… vie esclave este au maitre, pas à esclave… esclave parfait este objet sin… sans âme ete esprit… raconta-t-il avec ses mots hachés et hésitants mais, le jeune homme pouvait voir toute la peine et le vécu à l’intérieur, Simplex parlant de quelque chose qu’il connaissait que trop bien. Toi et tu mots di… dicez obéir à ordres morts… mais mon sens de tu mots este obéir sans penser… armes sont objets… si lance tu esse, objet esse tu ?
– Cela ressemble un peu à ce que disait Rodrigue… à ce moment, si c’est ce qu’il faut pour les venger, je l’accepterais de l’être… … … enfin, c’est ce que je pensais… mais depuis que… depuis Gronder… je doute… je pensais que tous ces gens étaient morts pour moi et m’imposaient alors de survivre pour les venger mais, Rodrigue s’est sacrifié pour me sauver en disant qu’il le faisait pour ce en quoi il croyait et que ma vie m’appartenait… pas à quelqu’un d’autre… puis Félix a mis sa propre vie en jeu pour sauver celle de Rodrigue, même si cela le faisait souffrir et qu’il risquait sa propre vie…
– Ami Félix este pareil Pertinax, sourit Blaiddyd, faisant danser un peu ses mains jointes sur son cœur pour mieux se faire comprendre. Aime son paire ete famiye.
– Oui… il a toujours aimé sa famille plus que tout au monde… même si Glenn me hurle de ne plus les approcher car je les mets en danger, je ne peux pas m’en empêcher… tant de personnes m’ont également dit de vivre et tous leurs mots disent le contraire que ceux des morts… Ingrid, Pertinax, Loquax et Sylvain, Laeta, Annette et Ashe, Rodrigue quand il s’est réveillé, maintenant toi et tant d’autres personnes… tous me disent de vivre…
– Personne n’aime voir ami mourir… même a… après longue vie… amis t’aiment beaucou… lui assura-t-il.
– Je sais… mais… mais malgré tout ça… les morts sont encore là, réclament toujours encore et encore… alors… alors, toi qui es un Brave… dit-moi comment faire ? Comment puis-je mettre fin à leurs lamentations ? Comment puis-je… Comment puis-je les sauver ? Depuis ce jour, il y a neuf ans... je n’ai vécu que pour les venger. Même les journées passées à l’Académie des officiers avaient pour but d'accomplir ma vengeance et de les libérer de leurs regrets. C’est la seule raison pour laquelle j'ai continué à vivre… La seule raison qui me poussait à continuer…
– Morts sont mort. Mort ne rend rien. Maintenant, aouec autres morts ete dieux à eux. Mort à eux pas ta faute. Dans mon peuple, aide mort en mangeant aouec ete les oubliant pas sous souvenirs ete tristesse… souvient bons moments, souvient mauvais moments autant… mort este viouant avant, viouant este difficile à expliquer avec bon ete mauvais face… este comme neige… neige repose sols en hiver mais, tue aussi vivants avec froid… tu esse comme neige. Aouec bons et mauvais faces. Morts que tu aimes comme neige, aouec bons et mauvais faces. Ta vouie este comme neige… beaucoup de mauvais jour mais, aussi bons, avant mais, demain este jour faste…
Il posa sa main sur une de ses jambes, le tira un peu pour qu’il la déplie et la plonge dans l’eau, puis l’encouragea à mettre l’autre. L’eau était gelée et ses jambes de pantalon trempées mais, en même temps, c’était agréable… comme si la douleur était trop lourde et tombait au fond… il comprenait pourquoi après une longue journée de travail, surement affamés, maltraités, considérés avec autant d’attention que le bétail qu’ils gardaient, son ancêtre et ses amis allaient plonger leurs pieds dans l’eau…
– Ta journée atroce este longue comme annés mais, journée atroce peut s’arrêter… assez souffert tu as… ete te pardonner en ce jour… droit at repos ete paix…
– Me pardonner ? Le repos et la paix ? Répéta-t-il sans y croire, encore plus quand Simplex hocha la tête en souriant pour confirmer. Mais… mais alors… qu’est-ce que…
Dimitri se maudit lui-même en se réveillant en sursaut dans son lit. Il se réveillait toujours d’un coup après ces rêves étranges avec les Braves mais, c’était la première fois que c’était aussi brutal. Il devait y avoir une raison mais, quant à savoir laquelle…
Il regarda par la fenêtre, vit le soleil matinal s’élever doucement dans le ciel. C’était aussi l’heure pour lui.
Le jeune homme descendit pour manger avec Ingrid et Sylvain, ses deux-là le poussant à aller jusqu’au réfectoire pour manger, ce qu’il faisait sans trop de souci à présent, même si le regard lourd de ses hommes était impossible à ignorer. Ils n’avaient pas tort après tout… il n’était qu’un monstre sanguinaire qui méritait leur crainte… c’était une autre forme de juste punition…
Une fois leur ventre à tous les trois pleins, ils allèrent débuter leurs taches de la journée. Dimitri rejoignit Byleth et Gilbert dans la salle du conseil pour discuter de l’approvisionnement et de la marche à suivre.
« Le Seigneur Alix nous fournit toujours des vivres, tout comme la fratrie Charon qui sont arrivés à rassembler assez d’équipements pour nous les envoyer, déclara Gilbert. Ils nous ont aussi envoyer un grand nombre de lettres. Si une partie est pour Catherine afin d’avoir des nouvelles d’elles, l’autre est pour vous, et Lachésis aimerait que vous donniez votre avis vous-mêmes sur la situation dont sa fratrie et elle vous informent.
– Bien, j’y répondrais, répondit-il en prenant le tas de lettres. Pourrais-je aussi avoir votre avis sur la question ?
– Bien sûr, lui répondit simplement Byleth, son air assez indescriptible, comme toujours.
– Je vous aiderai Votre Altesse. Cependant, une des questions principales est celle de la reprise de Fhirdiad et du Royaume de Faerghus. Alix n’en parle pas mais, c’est la principale question de Lachésis Charon.
Dimitri se rétracta un peu à la question. C’était toujours aussi confus dans sa tête. Il penchait de plus en plus vers la reprise de Fhirdiad mais, il liait plus cela au fait qu’il devenait de moins en moins attentif à ce que réclamait les morts… après tout Fhirdiad avait besoin d’eux, ses sujets vivants souffraient du règne tyrannique de Cornélia et seuls Alix et Gautier avec l’aide de quelques royaumes srengs arrivaient à arrêter l’expansion du Duché… et encore, il arrivait quoi que ce soit à la mère de Sylvain et à Sylvain lui-même, sa tante Thorgil risquait de retirer ses troupes, et il y avait toujours le risque qu’elle se fasse renverser… les coups d’État pour renverser un souverain jugé incompétent était monnaie courante en Sreng… non, il devait libérer la capitale au plus vite… mais à côté de cela, les morts maintenaient leur objectif de gagner Embarr pour être vengé… les vivants voulaient et voudraient tous libérer Fhirdiad… les morts voulaient la tête d’Eldegard… choisir l’un ou l’autre lui donnait l’impression de trahir le camp mis de côté…
– Je pense que nous pouvons encore patienter avant de répondre, intervient Byleth. Nous devons encore reconstituer certains pans de notre armée, notamment nos fournitures de guerres et une partie de nos hommes sont encore blessés. Après tout, le combat a été rude et cela ne fait même pas une lune que nous avons remporté la victoire.
– Je comprends mais, nous ne pouvons pas repousser éternellement cette décision, lui rappela Gilbert. Il faudrait au mieux savoir quelle route nous suivrons à la fin de la lune du Grand Arbre ou au tout début de la lune des Chapelets au plus tard. Chaque jour qui passe est un jour de plus pour que nos ennemis pansent leurs plaies et reprennent des forces.
– J’en conviens mais, prendre une décision de manière précipitée ne ferait que nous achever. Comme vous l’avez dit, notre ennemi doit aussi reprendre des forces, surtout que nous avons détruit deux de ses principaux bataillons qui s’étaient grimé en nos troupes ou en celles de l’Alliance pour nous pousser à nous entretuer. Nous devons aussi finir de nous assurer que le Grand-Duc Claude est toujours notre allié malgré tout. Seteth s’attelle à cette tâche et notre alliance ne semble pas menacer mais, un mouvement trop brusque pourrait inquiéter Claude et ses proches, surtout que nous devons passer par les terres alliées pour nous rendre à Embarr au plus vite. Prudence et patience sont mères de sureté, le reprit-elle, avant de tourner son regard complètement neutre vers Dimitri. Vous pouvez encore réfléchir, et ainsi prendre une décision en laquelle vous avez vous-même foi et confiance.
– Merci professeure, la remercia Dimitri, comprenant en partie où elle voulait en venir.
Byleth hocha la tête avec un sourire discret, avant qu’ils ne reprennent le travail.
Ils discutaient de l’approvisionnement en blé de Garreg Mach quand un cri de douleur résonna dans tout l’étage, Dimitri reconnaissant tout de suite la voix. Sans réfléchir, il sauta hors de la salle du conseil, courut à toute vitesse à travers les couloirs et se précipita dans l’infirmerie. Il trouva le lit de Rodrigue vide, et Félix se tordant de fièvre dans le sien alors que Mercedes et Manuela lui rendaient Aegis, toutes les deux à cran.
« Qu’est-ce qui se passe ? Demanda-t-il, l’appréhension montant de plus en plus dans sa gorge alors qu’il s’approchait du lit. Où est Rodrigue ?
– Oh ! Dimitri ! Ne t’en fais pas pour Rodrigue, il se repose au soleil sur la terrasse de l’Archevêque, le grand air lui fera du bien. C’est plus l’état de Félix qui nous inquiète… avoua sa camarade de classe, alors que le blessé serrait à nouveau sa Relique contre sa poitrine par instinct.
– Cela fait une heure qu’il s’est mis à haleter plus fort qu’avant et à avoir de la fièvre, lui expliqua Manuela. Nous l’avons ausculté mais, aucune hémorragie ne s’est déclarée et il n’a reçu aucun choc physique ou magique… on a tenté de voir si on trouvait quelque chose sans Aegis mais, il s’est mis à hurler comme si on lui avait pris sa vie…
– Il ne résiste plus sans Aegis… marmonna Dimitri, s’imaginant déjà le pire, alors que Glenn arrêtait de lui hurler de s’éloigner de sa famille pour aller trancher la tête d’Eldegard, afin de rejoindre au chevet de son petit frère.
Félix se mit à se tordre autour de sa Relique, la serrant de plus en plus contre lui, semblant souffrir comme s’il était jeté sur des braises. Des paroles faibles coulèrent de ses lèvres, suppliant comme il ne l’avait jamais fait à part brûler vif.
– De l’eau… par pitié… de l’eau…
– De l’eau ? Répéta la médecin avant d’ordonner. Mercedes ! Va vite chercher le pichet ! Peut-être qu’il est plus déshydraté qu’on ne le pensait !
– Non, il n’a pas besoin d’eau comme ça, comprit Dimitri.
Sans hésiter, il prit Félix dans ses bras en faisant tout pour épargner son dos, tout en le laissant serrer son bouclier, même s’il dut redoubler de vigilance quand il le porta afin que le blessé ne tombe pas. Il descendit aussi prudemment et vite qu’il put les escaliers, avant de traverser tout le monastère en ignorant le regard des soldats et membres de l’intendance, éberlués de voir leur prince monstrueux porter l’épéiste qui le défiait si souvent comme un bébé, à moitié courbé en arrière non pas à cause de son poids mais, pour épargner à son dos des pressions inutiles et pour éviter qu’il tombe.
Quand il arriva à l’étang de pêche, Dimitri fit glisser Félix dans l’eau avec toute la douceur qu’il avait encore en lui, priant pour ne pas se tromper et avoir vu juste.
« Normalement, il te faudrait le lac Egua… c’est le lac de Fraldarius… enfin de Pertinax qui contient encore son pouvoir et fait des miracles… espérons que la Relique suffira pour l’instant… »
Le soulagement fit exploser son cœur quand il vit la marque dans le dos de son ami luire, à l’unisson avec le joyau d’Aegis, le blessé se calmant au contact avec le liquide clair. Lâchant un soupir, Dimitri resta à côté de Félix, le tenant par les épaules dans l’eau, son visage du côté du ciel pour éviter qu’il se noie. Félix avait toujours été un excellent nageur qui flottait facilement, et sa Relique semblait aussi l’aider à rester à la surface mais, c’était trop dangereux de le lâcher. Le jeune homme décida donc d’attendre que son dos s’arrête de briller, cela voudrait surement dire qu’il allait mieux et sinon, il aviserait à ce moment-là.
Le jeune homme regarda autour de lui. Simplex était là la nuit dernière, jouant cet air tout doux et affectueux avec sa double flute… le son qu’il en tirait n’était pas habituel mais, restait très agréable…
« Tu sais Félix, j’ai vu mon ancêtre ici hier soir, après avoir vu le tien, celui de Sylvain et celui d’Annette… Blaiddyd Simplex était là… juste là avec les pieds dans l’eau… lui raconta-t-il, s’était moins effrayant de parler à quelqu’un qui ne répondrait pas, pas immédiatement en tout cas. Je lui ai raconté ce qui s’est passé… ce que me demandent les morts… ce que demandent les vivants… et quand je lui ai demandé quoi faire, il m’a dit que j’avais assez souffert et de me pardonner à moi-même… je… je dois avouer que je ne sais pas si je peux… après tout ce temps où j’ai vécu seulement pour me venger et libérer les morts de leurs souffrances, est-ce que je peux… et si oui, pour qui… pour quoi devrais-je vivre ?
– Alors, tu vivras pour ce que tu crois toi pour une putain de fois.
Dimitri sursauta à la réponse, et se rendit alors compte que les yeux de Félix étaient à présent grands ouverts, l’ambre planté dans son œil restant et dans son orbite vide. Il bégaya, ne s’y attendant pas du tout, resserrant sa prise autour de ses épaules pour ne pas l’échapper dans l’eau.
– Tu… Félix ! Tu es enfin réveillé ! Mais… mais depuis…
– Depuis que tu m’as enfin mis dans l’eau… bordel, je ne rêvais que de ça mais, je n’avais même plus assez de force pour le dire jusqu’à ce que j’en puisse plus… j’avais l’impression de sécher sur place à part quand il… il ravala ce qu’il allait ajouter avant de lui rappeler. De toutes façons, j’entends toujours tout quand je suis inconscient, et c’est pas le plus important. Arrête de vivre pour des morts qui ne voudraient jamais ça, et vis pour toi pour une fois. Glenn ne voudrait jamais te faire ça et tu le sais ! Encore plus si ça te pousse à te laisser poignarder par une gosse ! Déesse ! Ne nous refais jamais un coup pareil ! Mon père recommencera à tenter de le prendre à ta place et même si je ne pourrais surement pas recommencer, j’essaierais quand même de le soigner car, refuser de laisser les autres mourir quand on peut faire quelque à s’en faire mal soi-même, décidemment, c’est de famille ! Même quand ça va jusqu’à la connerie car, ça va nous tuer comme Félicia avec son cœur troué, grogna-t-il, avec trop de pétulance pour quelqu’un qui se réveillait à peine d’un coma de plusieurs semaines, même si cela lui ressemblait bien. Alors, arrête de te jeter à la mort ou je te ressuscite pour te tuer après pour ta connerie !
– Félix… murmura Dimitri, heureux de le voir toujours être égal lui-même malgré tout, même si les mots lui manquaient. Ce en quoi je crois… tu parles comme ton père… tu lui ressembles tellement…
– Je ressemble à ma mère, même toi tu le sais et le vieux n’arrête pas de le répéter. En plus, ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est que tu arrêtes de croire que tu dois venger tous les morts de ce jour, mon grand frère le premier car, t’as toujours pas compris que Glenn ne voudrait jamais ça, et que tu commences à accepter de juste vivre ta vie pour ce que toi tu veux et pas les autres.
– Cela a l’air simple dit comme ça…
– Car ça l’est, piqua-t-il. Faut juste que tu l’accepte et ça, on ne peut pas le faire à ta place.
– Mais pourrais-je vraiment Félix… tu es le premier à le dire… le premier à l’avoir vu… je ne suis qu’un phacochère… mes mains sont tachées de sang… pourrais-je ne serait-ce qu’espérer vivre ma vie ainsi ? Moi qui suis le seul survivant de ce jour tragique, ai-je… ai-je le droit de vivre pour moi-même… ?
– Pas la moindre idée à part que tu réfléchis trop pour un phacochère. Tu ne le sauras jamais si tu n’essayes pas alors, arrête de tourner autour du pot et décides-toi. Histoire que mon père ne se soit pas pris un coup de couteau dans le ventre et que je ne sois pas dans cet état pour rien…
– Si tu savais comme je regrette pour cela… souffla-t-il, les remords dévorant encore plus fort son cœur à sa remarque. Je n’ai rien d’autre que des mots pour l’exprimer mais…
– Non, tu peux aussi arrêter de marmonner et agir, rétorqua-t-il.
Le blond se tut quelques secondes, faisant le point sur tout ce qui s’était passé, tout ce qu’il avait vu, toutes les personnes avec qui il avait parlé et échangé, le poids de Félix sur ses mains qu’il ne devait surtout pas lâcher l’empêchant de dériver trop loin.
– J’ai enfin compris… souffla-t-il, un fardeau semblant tomber de son cœur alors qu’il prenait sa décision en sachant que c’était la sienne. Nous allons libérer Fhirdiad.
– Et bien enfin. T’en as mis du temps à te décider Dimitri. T’as intérêt à reprendre la capitale et à bouter Cornélia et les impériaux hors de Faerghus.
– Je te le promets…
– Et bien, on avance… conclut-il avant de se reblottir contre sa Relique en fermant les yeux et de se laisser simplement flotter dans l’eau, ayant surement fini de dire ce qu’il voulait.
Dimitri sourit un peu de le voir se détendre autant en sa présence, et le laissa tranquille. Ils s’étaient déjà tout dit de toutes façons…
– Félix !
Les iris d’ambre s’ouvrirent à nouveau d’un coup, en entendant la voix toute faible et essoufflée de Rodrigue l’appeler. Dimitri se tourna pour voir l’homme arrivée, Alois l’aidant à se déplacer avec Marianne. Reprenant difficilement son souffle après autant d’effort malgré sa blessure, le père demanda, mort d’inquiétude.
– Dimitri… j’ai entendu F… pfff… Félix crier… il n’était pas à l’infirmerie… Manuela et Mercedes m’ont… arf… m’ont dit que vous… que vous l’aviez emmené… est-ce que…
– Il avait besoin d’eau, il m’a expliqué qu’il avait l’impression de se dessécher, lui expliqua Dimitri avant de le rassurer. Il va mieux maintenant.
– Il te l’a expliqué… alors… devina-t-il, les yeux brillants d’espoir.
– Je suis réveillé… père… marmonna Félix, le visage à moitié caché par Aegis.
Rodrigue s’approcha encore puis se détacha comme il put d’Alois pour se baisser au plus près de son fils, même si l’autre père l’aida à se baisser pour qu’il ne parte pas la tête en avant. Des larmes de soulagement bordaient ses yeux quand ils rencontrèrent l’ambre de ceux de son fils.
– Félix… la Déesse soit louée… j’ai… j’ai eu si peur…
– Toi aussi, tu… tu as été… à… tu es… les mots de Félix se bousculèrent maladroitement dans sa bouche, avant que les plus justes arrivaient finalement à s’échapper, même si l’épéiste baissait les yeux pour fuir le contact visuel, à moitié caché par Aegis. Moi aussi, j’ai eu peur… tu m’as fait peur… ne me refais plus jamais ça. Alix dépérirait sans toi… t’es la dernière personne qu’il veut perdre…
Rodrigue sourit, Dimitri entendant aussi la phrase qui n’était pas prononcé mais, que les yeux et l’attitude de Félix hurlaient : « je ne veux pas te perdre ».
– C’est promis… lui jura-t-il en tendant timidement la main vers lui.
Après une seconde d’hésitation gênée, Félix leva également la sienne de la même manière, attrapant les doigts de son père.
– Je crois qu’il faut qu’on parle… marmonna le jeune homme, jetant un regard furtif à son père avant de se détourner immédiatement.
– Je pense aussi… confirma Rodrigue en serrant la petite main de fils dans la sienne légèrement plus grande. Mais en attendant, repose-toi… tu as encore besoin de repos louveteau…
Dimitri sourit à son tour quand il vit Félix s’endormir à nouveau mais, en tenant toujours la main de son père…
« Cela fait des années que tu n’as plus laissé personne t’appeler louveteau… la famille du loup… cela vous va bien… »
*
Deux semaines plus tard, l’armée prit la direction Fhirdiad. Tous les régiments étaient en ordre pour combattre Cornélia, les soldats guéris et bien équipés avançant à un rythme soutenu, leur désir de chasser les impériaux de la capitale et de Faerghus. Dimitri les regarda le suivre, sans hésitation malgré leur doute à son encontre, la peur qu’il avait pu leur inspirer quand il ne pensait qu’à la vengeance… il ne le méritait pas… pas quand les fantômes lui hurlaient encore et encore de faire demi-tour et de foncer vers Embarr pour couper la tête d’Eldegard pour leur offrir… il était forcé de regarder ses amis pour se rappeler ce qu’il devait faire pour les vivants et pas pour les morts… le jeune homme avait encore besoin de cette béquille et de cette ancre pour ne pas perdre de vue ce qu’il devait faire… enfin, il devait tenir, toute son armée comptait sur lui. Il devait être à la hauteur de leurs attentes et faire cesser la tyrannie de Cornélia sur son Royaume.
Pour se rendre à Fhirdiad, la route la plus directe et praticable pour une armée comme la leur passait par Fraldarius. Il ferait escale par leur ville Fort Egua puis partirait par la Grand’Route jusqu’à la capitale directement, qui était moins protégé de ce côté-ci à cause des liens entre les familles royales et ducales, à part un réseau de fortification côté Fraldarius datant de l’époque de Kyphon et Clothilde, puis restauré sous les parents des jumeaux, Guillaume et Aliénor. Ils en profiteraient pour confier Rodrigue et Félix, allongés dans une charrette en dormant la plupart du temps, à Alix, ils pourraient mieux s’occuper d’eux et l’épéiste serait près du Lac Egua. Il avait besoin d’aller régulièrement dans l’eau sinon, il avait l’impression de se dessécher et c’était presque qu’à cette condition que ses blessures se soignaient réellement. Le lac toujours pur de Pertinax lui ferait le plus grand bien… en plus, Alix devait être mort d’inquiétude pour eux.
Quand ils traversèrent les terres des Fraldarius, ils virent des habitants travailler dans les champs, une tâche rude et rigoureuse dans les terres gorgées d’eau de la famille ducale, les champs demandant à être régulièrement drainées afin d’être exploitable et pour chasser des maladies comme le paludisme. Si Dimitri se fiait à l’aspect des champs, les jumeaux avaient réussi à conserver assez de ressources pour entretenir leurs terres… la nourriture que leur avait apporté Rodrigue venait certainement d’ici. Quand les paysans virent l’étendard royal et celui de l’Ordre de Seiros marcher côte à côte, ils s’arrêtèrent dans leurs travaux agricoles pour se précipiter vers eux, acclamant l’armée royale, les encourageant et demandant où était leurs seigneurs. « Où sont le loup calme et le louveteau ? » était la question sur toutes les lèvres.
« On a entendu dire que le loup avait pris un coup pour vous Altesse, puis que le louveteau a pratiquement donné sa vie pour le sauver, déclara une femme à la peau brûlée par le soleil. Comment vont-ils ?
– Ils vont bien ? Demanda un homme. Vu que pour les ducs, c’est des vrais jumeaux, le loup vif risque de très mal le vivre de ne plus être avec son frère… déjà que d’après les rumeurs, c’était très dur d’être séparé ces dernières années…
– Vous nous les ramenez en entier ? Demanda un autre.
– J’espère ! S’exclama une vieille femme. Ils ont déjà vécu plus longtemps que leur père pour les jumeaux mais, qu’ils ne perdent pas la vie si vite ! Tout comme le louveteau ! C’est un jeune loup à présent mais, il est bien trop jeune pour y rester ! C’était l’âge où la duchesse Alix et son mari Rodrigue sont morts pour Clovis le Sanglant ! Et on a vu ce que ça a donné !
– Je comprends votre inquiétude, surtout que ces rumeurs sont vraies. Par la grâce de l’Épéiste de l’Onde et leur force de vie, ils vont bien tous les deux, même s’ils devront beaucoup se reposer pour guérir complètement. Nous les ramenons aussi au Seigneur Alix afin qu’ils se reposent plus loin des lignes de front, une fois la capitale reprise.
– C’est vrai ?! Ils sont là et vous allez reprendre la capitale ?!
– La Déesse et Fraldarius soient loués !
– Ils sont en vie !
– L’un des bons ducs et son fils sont sauvés et vivants !
– Vive le roi et les ducs !
– Hourra ! Hourra !
– Reprenez vite Fhirdiad de cette démone envoyée de l’Impératrice !
– Tout le monde vous attend !
– Il y a quelque chose que nous puissions faire pour vous Votre Altesse ?
– On peut aussi se battre à vos côtés !
– C’est vrai ! On a nos fléaux et nos fourches !
– Restez en sécurité et faites attention à vous, les calma un peu Dimitri avant de leur assurer. Vous êtes déjà une force centrale de notre armée : c’est le blé que vous cultivez qui nous nourrit. Sans votre travail acharné, nous ne pourrions pas combattre. Vous avez toute notre reconnaissance.
– On bossera encore plus fort alors ! S’écrièrent-ils alors avant de scander à nouveau. Pour le roi ! Pour les ducs ! Pour Faerghus !
– Faites juste dégager Cornélia de votre trône et on sera là pour nourrir tout le monde derrière !
Le soutien du peuple de Fraldarius toucha Dimitri en plein cœur. S’il savait ce qui étaient arrivé à Rodrigue et Félix, ils étaient surement aussi au courant de l’état où il était avant… ou au moins avait des échos de sa mauvaise gestion de leur armée à l’origine… les soldats avaient surement envoyé des lettres à leurs familles et fait passer les nouvelles, surtout dans un duché où tout le monde savait lire et écrire… ils devaient savoir… mais ils continuaient à lui faire confiance… ses sujets continuaient à lui faire confiance…
Le prince s’inclina alors autant qu’il put depuis son cheval en jurant, la main sur son cœur, les fantômes plus silencieux que jamais.
– Je ne vous décevrai pas. »
*
Leur route se passa relativement bien, leur chemin étant encore assez éloigné des lignes de front mais, d’après leurs informations, Fort Egua était encore assiégée par l’armée de Cornélia.
« Pendant les cinq ans, ils ont été très souvent en état de siège mais, la ville n’a jamais cédé, même avec des troupes bien supérieures en nombre, apprit Ashe à Dimitri.
– Effectivement, cette forteresse est pratiquement imprenable par un siège, sauf s’il y a un traitre qui ouvre les portes, lui expliqua-t-il. Les murailles sont non seulement très épaisses mais, les douves sont très larges et très profondes, ce qui empêche les tours de sièges de s’approcher. De plus, même s’il y a beaucoup d’habitants à l’intérieur, la ville borde le lac alors, ils peuvent se ravitailler en passant par-là. Le principal enjeu, c’est de garder le contrôle du Lac Egua afin de pouvoir continuer à se fournir en vivre ou venir harceler l’ennemi sur ses flancs. Cela les rend plus vulnérables à d’excellents navigateurs comme les srengs mais, une armée de terre aura énormément de mal à les assaillir.
– Oui, mêmes s’ils ont aussi une faiblesse aux unités volantes, fit remarquer Gilbert. Pour le moment, Alix et Rodrigue arrivaient à les repousser, notamment en trompant l’ennemi sur qui dirigeait la cité, et donc quel type de troupe serait le plus présent à l’intérieur mais là, ils savent que c’est le seigneur Alix. Ils ont donc surement adapté leur stratégie pour affronter un chevalier archer qui emploie surtout des troupes équipées d’armes blanches. De plus, leurs vassaux frontaliers ont pour consigne d’avant tout protéger la frontière avec le duché alors, sauf appel à l’aide de leur part, ils ne viendront pas défendre Egua. Les villages environnant sont également en sécurité dans les divers forts et villes fortifiés alors, les pillages sont très limités. L'armée impériale se retourne, ils se font attaquer par un fortin ou les eguanais qui les attaquent depuis le lac.
– C’est vrai… rejoignons-le au plus vite et prêtons-lui main forte, décida Dimitri, sûr de lui. Nous avons quelles informations sur les assiégeants ?
– D’après nos éclaireurs, c’est une armée spécialisée dans la prise d’une forteresse avec surtout des architectes pour construire les engins de sièges, ainsi que des armateurs et des vaisseaux. Cependant, ils ont presque tous été coulés par l’armée ducale, le renseigna Byleth. Ils ont un corps défensif mais, le gros de leurs forces est tourné vers Fort Egua. Si nous frappons assez vite et fort, ils n’auront pas le temps de s’organiser pour se défendre, et nous devrions avoir le dessus rapidement.
Dimitri hocha la tête, réfléchissant un peu avant de se décider. La stratégie de Byleth pourrait marcher et il ne fallait pas que le verrou de Fort Egua tombe, cela exposerait trop les paysans de Fraldarius aux pillages de Cornélia.
– Bien… si cela vous convient à tous, nous ferons cela si cette proposition est acceptée par tous. Il faudra cependant faire attention car, la ville est entourée de plaine. Nous ne pourrons pas partir d’une hauteur pour prendre de la vitesse. Nous devrions peut-être les contourner légèrement pour qu’ils se retrouvent coincer entre le lac et nous ? Proposa-t-il.
– Ce serait une bonne idée, confirma-t-elle.
Après concertation, le plan d’attaque fut adopté par tout le monde, surtout que cela leur prendrait à peine plus de temps.
« Enfin, la moindre minute peut être décisive dans un siège… connaissant les jumeaux, leur ville est saine et derrière eux mais, il faut penser à toutes les éventualités… »
Il voyait du coin de l’œil Glenn le fixer, son regard suivant sa nuque à chacun de ses mouvements, le criblant encore et encore, les mots silencieux étant encore pire que tout ce qu’il avait pu dire ses dernières années… Dimitri imaginait trop bien ce que ses yeux hurler les pires reproches…
« Tu as failli tuer mon père et mon petit frère… et maintenant, tu vas tuer mon oncle rien qu’en l’approchant… tu vas le tuer… il va mourir… mon père aussi… mon petit frère aussi… tous vont mourir… et ce sera de ta faute… »
Dimitri dut garder son regard et toute son attention sur Byleth, puis sur Sylvain qui reprenait forme humaine après avoir discrètement espionner l’armée assiégeante. Elle était bien inférieure en nombre à la leur et disposait au final d’assez peu de combattants en dehors des bataillons aériens, mais ils étaient lourdement équipés et il faudrait aussi faire attention de ne pas recevoir les tirs défensifs des assiégés à leur place. Alerte, Annette proposa de disposer leurs archers et magiciens derrières les guerriers en armures lourdes, afin qu’elles les protègent des attaques par la terre. Cela permettrait aux unités attaquant à distance d’inonder le ciel de flèches et de magies. Pendant ce temps, la cavalerie et infanterie légères iraient harceler l’ennemi sur son flanc, afin de le forcer à se replier du côté du lac afin de les prendre en tenaille. Étant donné la composition de l’armée, ils se rendraient surement, ce n’était pas des combattants. Convaincus par ses arguments, le corps des généraux accepta sa proposition.
« Massacre-les… souffla un chœur de voix dans sa tête alors que le blond acceptait la stratégie de la magicienne. Massacre-les tous… massacre-les tous et offre-nous leur tête… tue-les… leur tête, leur corps, leur membre, leur être… donne les nous tout entier… »
Dimitri se força à ne pas les écouter, resserrant sa prise sur Areadbhar, l’énergie gelée lui rappelant l’attention et l’écoute de Simplex. Il ne devait pas les écouter, il ne devait pas se laisser emporter, il devait être digne de la confiance de ses hommes… il devait être calme comme de la glace… sa Relique lui répondit avec une énergie douce et apaisante…
Une fois leur stratégie mise au point et leurs soldats prêts, leur armée contourna les troupes ennemies, puis une fois leur camp en vue, ils sonnèrent l’attaque, chargeant dans leur arrière-garde. La bataille fut très brève, l’ennemi n’étant clairement pas préparé à subir un assaut frontal. Heureusement pour l’armée royale, les ingénieurs se rendirent très vite devant l’offensive, se réfugiant dans leurs tours de sièges ce qui les rendit facile à appréhender et en voyant cela, une partie des conscrits impériaux se ligua pour éliminer eux-mêmes leurs généraux. Au final, les soldats faerghiens n’eurent à combattre que le tiers des forces ennemis présentes qui furent très vite écrasés, surtout une fois leurs chefs éliminer et après que les mutins se soient mis à les attaquer.
Dimitri s’accrocha encore plus fort à son arme, se tenant de toutes ses forces à la hampe d’Areadbhar même une fois les combats terminés. Quand il était descendu de son cheval, quand il avait commencé à combattre, quand il avait empêché un soldat impériaux de viser le dos d’un de ses épéistes, quand l’ennemi se rendit finalement, quand ils décidèrent de leur sort de prisonniers de guerre et ce qu’ils feront des mutins et des ingénieurs avec Gilbert et Byleth… tout le long de la bataille et encore après, les morts lui hurlaient de massacrer ses adversaires, d’écraser leurs os, de remplacer son œil manquant avec les leurs, d’arracher leur peau, d’éviscérer leurs entrailles, d’arracher leurs crâne… tout… toutes les pires horreurs possibles et inimaginables, ils lui demandaient tous cela et plus d’une fois, il crut une seconde qu’il allait craquer. Qu’il allait recommencer et sombrer à nouveau.
« Ceux que je connais ne demanderaient jamais une chose pareille… ceux que je connais ne demanderaient jamais une telle horreur… ceux que je connais ne demanderaient jamais un massacre et un bain de sang… ce n’est pas eux… ce n’est pas eux… ce ne sont pas leurs fantômes… »
Tel était les maximes qui tournaient dans sa tête encore et encore, sa poigne fermement vissée sur Areadbhar afin de s’accrocher à la réalité et ne pas les écouter… la serrant presque contre son cœur pour garder l’énergie de Simplex au plus près de lui…
« Eh ! Dimitri ! Il vit le Sylvain trotter vers lui avec Ingrid, celle-ci ayant combattu au sol pour ne pas prendre un sort ou une flèche perdue. Tout va bien ?
– Tu n’es pas blessé ? Lui demanda la chevalière. Tu trembles de partout !
– Ou… oui… une seconde… il faut juste que… qu’ils…
Comprenant où il voulait en venir, ses amis lui tendirent leur main qu’il attrapa pour tenter de se calmer plus facilement, s’accrochant de toutes ses forces à leur chaleur. Dimitri se maudit de sa propre faiblesse, ayant encore besoin d’aide pour chasser les fantômes… il était le seul à les voir mais, on aurait dit que les morts ne fuyaient que quand il s’accrochait à quelque chose, même la plus banale des conversations ou quelque chose d’idiot…
– Votre Altesse ! Votre Altesse ! Ah ! Vous êtes là ! S’exclama Alois en les rejoignant aussi vite qu’il pouvait avec son armure lourde, un bandage superficiel à l’épaule. Je vous cherchais, le seigneur Alix doit… ah ! Je vois, comprit-il assez vite en le voyant s’accrocher ainsi à ses amis. Oh, vous en faites pas, on a un peu de temps avant de prendre l’eau, surtout qu’on ne s’est pas pris une douche froide et que le plan n’est pas tombé à l’eau ! Alix peut être sec mais, il mettra toujours de l’eau dans son vin et ça ne devrait pas faire déborder le vase !
Si Sylvain et Ingrid restèrent de marbre devant les jeux de mots d’Alois, Dimitri ne put s’empêcher de pouffer, repoussant encore un peu plus les fantômes et leurs demandes obscènes. L’humour du chevalier de Seiros était toujours aussi mauvais mais, c’était le genre de blagues qui le faisaient rire à chaque fois.
– Oui, il devrait être patient, même si je préférerais ne pas trop le faire attendre. Il doit surement avoir hâte de retrouver Rodrigue et Félix.
– C’est sûr ! J’étais tout jeune quand ils étaient eux-mêmes étudiants à l’académie mais, ils étaient toujours collés ! Jeralt pouvait me passer un savon car, il me disait d’apporter quelque chose au premier ou au deuxième jumeau Fraldarius sans préciser lequel alors, je me trompais une fois sur deux. Simple curiosité, ils se ressemblent toujours autant tous les deux ? Souvent, plus les vrais jumeaux vieillissent, moins ils se ressemblent. Même si bon, pour pouvoir se faire passer l’un pour l’autre en cas de besoin, ils doivent encore être comme deux gouttes d’eau ou pas loin.
– Pour eux, la question serait plutôt « est-ce qu’ils se différencieront un jour ? », rétorqua Ingrid. Ils sont toujours complètement identiques.
– Comme quoi, il y a des choses qui ne changent pas !
– Vous verrez quand Alix arrivera… je suis curieux de voir la tête d’Ashe ! Il m’a dit qu’il savait que les vrais jumeaux existaient mais, qu’il n’en avait jamais rencontré, sourit à pleines dents Sylvain.
– Ne te moque pas trop, nous aussi, on pourrait se tromper s’ils ne se différenciaient pas. Le seul qui ne se trompe jamais, c’est Félix, lui rappela Dimitri, les fantômes redevenant enfin qu’un grondement au fond de sa tête. Allons le retrouver à présent, nous l’avons fait suffisamment attendre. »
Ils suivirent Alois jusqu’aux portes de la cité, s’éloignant précautionneusement du pont-levis qu’on abaissait doucement afin d’enjamber les douves immenses. Les portes grincèrent un peu sur leurs gonds quand elles furent ouvertes, découvrant Alix, entouré de ses généraux de confiance comme Estelle et son second Bernard, ainsi que de ses soldats. Dimitri entendit Ashe hoqueter un peu de surprise en découvrant le frère de Rodrigue. Il fallait dire que c’était comme voir le reflet de Rodrigue habillé d’un uniforme d’archer, en vert et avec une queue de cheval derrière la tête, là où son frère portait toujours du bleu et les cheveux détachés. C’était une nécessité qu’ils aient chacun un code couleur particulier sinon, il serait encore impossible de les différencier sans les connaitre ou avant qu’il ne parle.
« Salutation Votre Altesse. Ravi de vous revoir en entier et dans votre Royaume. Merci pour votre aide pour repousser l’armée du duché de nos murailles et fortifications. Vous avez écourté le siège de notre cité de quelques semaines et le calvaire de tout à chacun.
– Nous ne pouvions vous laisser ainsi. J’espère que vous n’avez pas subi trop de perte parmi les votres pendant le siège.
– Comme toujours dans ce genre de situation : l’ennemi se casse les dents sur les remparts ou boit la tasse dans les douves, pendant que nous ont attend tous à l’intérieur avec nos vivres qu’ils s’en aillent, en leur envoyant des pierres dessus. Ils sont têtus en plus. On leur trouait la peau qu’ils ne foutaient toujours pas le camp. Dans tous les cas, les troupes de Cornélia n’ont clairement pas le pied marin, ils sont arrivés à couler ou échouer tous leurs navires avant même d’arriver ici, et ils n’ont toujours pas compris que nous assiéger ne sert à rien tant qu’on a un accès au lac ces cons. Enfin, ça résume la politique de Cornélia, une suite constante de conneries, même si elle semble surtout vouloir détruire Faerghus en nous tuant tous avec ses impôts.
Ce n’était pas sérieux de sa part mais, pour le coup, Dimitri aurait rêvé voir la tête de ses camarades qui rencontraient Alix pour la première fois. Quand il était petit, ça le faisait toujours rire à quel point cela pouvait étonner les gens qui rencontraient les jumeaux de voir à quel point ils avaient des caractères différents, tout en étant pourtant identiques physiquement. Cela créait un décalage qui étonnait facilement, et les deux frères savaient parfaitement en jouer pour tromper leurs ennemis, et quand la situation était moins grave taquiner un peu leur entourage.
– Vous me voyez rassurer que les fortifications de Fort Egua soient toujours aussi solides, et je vous remercie pour toute la ténacité que vous avez su mettre en œuvre. Ces informations nous seront précieuses pour renverser Cornélia. Connaissez-vous la situation à Fhirdiad ?
– Entre deux sièges, on a réussi à obtenir des informations de nos hommes infiltrés là-bas. Le meilleur agent de tout le nord est également là-bas donc, nous avons également des informations très précises, même si je les tairais ici. D’après leurs derniers rapports, la révolte gronde à la capitale et des groupes de résistants se sont formés d’après nos informations. Visiblement, apprendre que vous étiez encore en vie à donner du courage à beaucoup de nos compatriotes pour se rassembler et résister ensemble. Un médecin et inventeur qui se fait appeler Omnes aurait pris la tête du mouvement, même si j’ai très peu d’information sur lui, à part que Cornélia veut sa peau et qu’apparemment, il crée des armes et des dispositifs médicaux révolutionnaires. Sinon, rien n’est connu sur son apparence ou son origine. La moindre chose à son sujet qui se répand, c’est signer son arrêt de mort pour lui alors, il se fait discret.
– D’accord. Il faudra que nous arrivions à nous coordonner avec eux si cela est possible, même si notre priorité est de faire en sorte que les civils ne soient pas pris dans les combats.
– C’est très clairement la priorité de tout le monde. Gautier vous envoie un régiment de soldat avec quelques troupes de la reine Thorgil, qui a décidé de nous venir en aide de manière plus active. Et de votre côté, comment vont les troupes ? Vous m’avez dit qu’au final, il y avait assez peu de perte, le ravitaillement qu’on vous a envoyés a suffi ? Rodrigue et Félix sont là ? Finit-il par demander, la question lui brulant clairement les lèvres depuis le début. Comment vont-ils ? Le voyage n’a pas été trop rude pour eux ?
– Oui, les pertes ont été moins importantes qu’elles auraient pu l’être, grâce à nos alliés de Leicester qui ont su prévenir Claude et leurs compatriotes de l’embuscade d’Hubert, et inversement de leur côté. Le ravitaillement envoyé est suffisant pour le moment, même si nous cherchons aussi à trouver d’autres endroits pour nous fournir pour ne pas imposer une trop grosse pression frumentaire à Fraldarius. Quant à Rodrigue et Félix, ils se remettent petit à petit de leurs blessures, même si Félix a besoin d’eau et d’Aegis pour que les siennes se referment plus vite. Ils nous suivent dans une charrette de l’intendance, et ils ont bien endurés le voyage.
– Ouf… les Braves et la Déesse soient loués pour tout, soupira-t-il de soulagement, ses épaules se détendant enfin. Puis-je les voir ? S’ils sont assez en forme pour supporter une visite bien sûr.
Dimitri jeta un regard à Mercedes qui hocha la tête, puis répondit avec un sourire à Alix.
– Bien sûr. Ils ont aussi hâte de te voir. »
Il le guida alors lui-même jusqu’à la charrette où était sa famille, endormie. Le jeune homme pouvait presque entendre le cœur du jumeau de Rodrigue battre dans sa poitrine, le soulagement et le bonheur de les revoir gravés sur son visage.
Doucement, le cœur surement prêt à exploser de les retrouver en vie, Alix grimpa à l’intérieur, passa la main sur la tête de son neveu, puis prit la main de son frère.
« Je l’ai senti quand il a pris le coup… murmura-t-il presque tout seul, s’encrant complètement à la main de son jumeau. Je courrais de partout à cause d’impériaux qui avaient encore tenté de prendre le fort de Robien et les douanes alors, j’étais allé aider Loréa à les repousser. Puis, j’ai senti une douleur en plein ventre et je savais que c’était Rodrigue. Ça allait mieux assez vite après mais, je savais qu’il s’était passé quelque chose… toujours… il est moi et je suis lui… ça a toujours été comme ça entre nous…
– Vous êtes très fusionnels tous les deux… je me souviens que lorsque Rodrigue était à la capitale pendant deux ans, il avait fait une crise de colère en même temps que toi alors que tu étais à Fort Egua, souffla Dimitri.
– Ah oui, je m’en souviens de celle-là. Des connards de profiteurs ont tenté de nous forcer à aller massacrer les duscuriens, tout en nous traitant de parents indignes même pas capable de venger leur enfant. Là, on avoue, on a pété une rêne et envoyé tout ce qu’on avait sur le cœur, marmonna Alix. Des vengeurs et des saintes lames allant purifier des terres maudites… tu parles, que des profiteurs qui voulaient des mines pour se remplir les poches tout en massacrant les gens mais, qui n’avait pas l’argent pour le faire… et ses petits roquets pensaient qu’on allait leur faire l’aumône… il eut un sourire noir, une dent dépassant un peu dans un air menaçant. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre… je leur ai donné une engueulade de première, un coup de croc et un coup de pied au cul, j’étais déjà généreux avec eux. Ils sont tous passé à Cornélia d’ailleurs, leur colère vengeresse arrive de manière très variable selon leurs intérêts du moment, évidemment… ils sont partis la queue entre les jambes et quand Rod est revenu ici, il m’a raconté que Rufus aussi a dû avoir peur pour sa peau vu qu’il l’a chassé direct.
– Les chiens errants n’ont aucune chance face à des loups, c’est comme ça que vous dites dans la famille de mémoire… se souvient le jeune homme.
– De notre mère et de notre père… et ils n’avaient pas tort, c’est des crétins les chiens, répliqua Alix.
– Tu es toujours aussi direct, arriva à rire un peu Dimitri devant son ton et sa manière de le dire, avant de chuchoter, devant le dire à l’homme devant lui. Alix… je… je suis désolé qu’il soit dans cet état… c’est… c’est entièrement ma faute… si je n’avais pas…
– Hum ? Il le regarda vraiment dans les yeux en redressant la tête. Vous êtes encore vivants tous les trois ?
– Euh… oui, même s’ils vont avoir une longue convalescence tous les deux, alors que moi…
– Tu ne penses plus à juste couper la tête d’Eldegard quitte à tuer tout le monde et toi le premier ? Le coupa-t-il d’un ton un peu blasé.
– Non ! Évidemment ! Mais ça n’empêche pas…
– Tu vas reprendre Fhirdiad et nous débarrasser de cette démone de Cornélia que même une fosse à latrine ne voudrait pas ? Le coupa-t-il encore avec plus d’insistance.
– Bien sûr aussi, mais…
– Et tu vas continuer en écoutant les autres et pas juste ta soif de vengeance ou que toi-même ? C’est ça le plan ?
– Aussi, mais…
– Alors, ne te met pas martel en tête. Rod est en vie, Félix est en vie, tu es en vie, tu as repris tes esprits, tu vas bouter de l’impérial hors de chez nous, et tu ne vas pas te comporter en connard en faisant juste ce que tu veux sans écouter personnes alors, ça me va. Je laisse à un autre moi qui n’existe pas la peine de penser à ma réaction si quelque chose leur était arrivé alors, laisse cette réflexion à l’autre toi de ce monde aussi. En plus, tu te mets à nouveau à n’écouter personne, si c’est pas Félix qui te colle une baffe, c’est moi qui le fait pour te ramener à la réalité… ce que j’aurais dû faire plus souvent à d’autres tiens…
– Je… je comprends ton point de vue mais… déclara Dimitri avant d’hésiter, avant d’avouer. Mais je ne suis pas digne de cette confiance…
– Et pourquoi donc ? Lui demanda Alix, plantant ses yeux dans les siens, comme pour l’accrocher ici et l’empêcher de partir.
– J’ai… j’ai encore besoin d’aide… avec les fantômes… ils comptent tous sur moi mais, je suis obligé de m’accrocher à ceux en qui j’ai confiance pour que les fantômes s’en aillent et arrêtent de m’ordonner de ramener la tête d’Eldegard… je n’arrête pas de les repousser, encore et encore mais, il revienne toujours et je finis toujours par avoir besoin d’aide… j’ai failli craquer plusieurs fois pendant le combat… si je n’avais pas eu Areadbhar qui me calmait…
– Oui, et y a à peine deux mois en arrière, tu les écoutais tout le temps sans écouter les vivants, ce qui mettait en danger les autres. Tu es toujours à ce stade ?
– Non… je refuse de leur faire du mal… ce n’est pas ce que je veux… je veux juste… juste que tout le monde se sorte de cette guerre vivant… même si c’est surement un objectif modeste. Mais je ne sais pas si j’en serais capable… je m’appuie sur tant de monde…
– Donc, tu es en progrès alors, tu es sur la bonne voie, c’est le principal. Tu arrives à leur résister donc, c’est déjà un pas dans la bonne direction. Même deux vu que tu suis ce que toi tu veux plutôt que ce que veulent les morts ou je ne sais quoi qui te tourmente, lui fit remarquer Alix. C’est normal d’avoir besoin d’aide, et quand tu es tout seul avec tes illusions, tu finis au fond du trou. En plus, c’est pas possible de tout faire tout seul. Celui qui fait tout, tout seul ou avec des personnes qui pensent comme lui, il fait juste que des erreurs car personne ne vient lui dire que c’est mal fait. A ton avis, pourquoi la devise de notre père, c’était « c’est mon boulot de t’empêcher de faire des conneries » ? C’est que quand c’était Clovis, personne n’osait ouvrir la bouche devant lui, jusqu’à ce que Ludovic fasse son coup d’état pour virer son père. Alors, évidemment que ses proches ont toujours été là pour le limiter s’il allait trop loin, lui le premier. Et pour quelque chose de plus proche, tu crois qu’ils discutent Ionius et Eldegard ? Non, ils ne font que s’écouter parler ou l’écho de leur voix car, ils sont seuls dans le palais et qu’ils sont persuadés d’avoir la vérité ultime, alors que c’est juste la version des faits qui les arrange. C’est pas Hubert qui va dire à son impératrice qu’elle fait de la merde, il vénère plutôt sa merde en disant que c’est un miracle de la Déesse car, son Impératrice est sa Déesse à lui, et ça ose se prétendre athée au passage.
– Oui mais, si un jour je rechute et que je me remets à écouter les morts ? Qu’est-ce qui se passera le jour où même cette béquille ne m’empêchera pas de faire le pire ?
– Ce jour-là, on sera à tes côtés, en sachant ce que tu as alors, on pourra t’aider plus efficacement, répondit-il sans hésiter une seule seconde. Personne ne fait les choses bien en étant toujours tout seul, surtout dans ta position. Tu ne pourras jamais tout maitriser à la perfection, tu auras toujours des faiblesses que d’autres combleront et toi-même, tu combleras les faiblesses de tes compagnons. Je sais que ça vient de quelqu’un qui fait toujours tout à deux ou il se sent mal d’être séparé de son double car, quarante-huit années de vie et neuf mois de grossesse, ça rapproche un peu mais, je travaille toujours mieux avec Rodrigue et avec d’autres personnes de notre fief pour nos conseiller. Le roi Loog lui-même était très entouré pour combler ses lacunes. Les vieilles carnes d’Adrestia se plaignaient même que Loog n’était pas capable de lire le latin pendant longtemps et qu’il avait besoin d’aide pour le décrypter, et ça ne l’a pas empêché de faire de grandes choses. Être isolé ou n’écouter que des personnes qui vont dans ton sens ou celui de leurs intérêts à elles ne t’aidera pas Dimitri. Tu en apprendras bien plus en étant entourés de personnes avec des opinions très différentes les unes des autres, et surtout des tiennes. En plus, ton état s’améliore, tu arrives mieux à résister aux demandes que tu entends, tu le dis toi-même. Donc, tu t’es beaucoup amélioré en très peu de temps. Tu peux en être fier. Et je suis sûr que Rodrigue et Félix sont d’accord avec moi, assura-t-il en les montrant tous les deux avec un sourire.
– Oui… ils le sont, lui répondit Dimitri en lui rendant son sourire, un peu rassuré par les mots d’Alix.
Rodrigue se mit à remuer un petit peu, ouvrant à nouveau les yeux après avoir dormi une bonne partie de la journée. Même dans le flou, son visage s’illumina en voyant son frère, arrivant à hacher malgré le reste pâteux de sommeil sur sa langue.
– Alix… tu es là…
– Oui, content de te revoir aussi… il serra un peu plus sa main dans la sienne. Ne me refais jamais un coup pareil, d’accord ?
– Je suis désolé de t’avoir fait peur… c’est promis, je n’ai plus envie de te quitter… Tu restes aussi ?
– Bien sûr, on ne se séparera plus jamais ! Jura-t-il à son tour.
– Comme on se l’était dit…
– Hum… Félix trembla à son tour sous sa couverture, et entrouvrit ses yeux d’ambre vers les jumeaux. Qu’est-ce…
– Bon retour à la maison, lui souhaita son oncle.
– C’était ça le bruit… marmonna le plus jeune en émergeant.
– Moi aussi, je suis ravi de te voir rentrer en entier, rétorqua Alix en souriant avec son frère, avant de passer sa main dans ses cheveux. Toi aussi, tu ne me fais plus jamais peur louveteau.
Ils prirent tous le grognement qu’il marmonna comme un oui, Dimitri sentant sa poitrine s’alléger en voyant la meute enfin réunie.
*
Rodrigue somnolait dans le lac, de l’eau jusqu’à la poitrine, sentant la magie de leur ancêtre fuser autour d’eux et dans sa blessure. Même s’il était pratiquement guéri, leur médecin avait ordonné qu’il reste dans l’onde toujours pure jusqu’à ce que la plaie ne lui fasse plus mal, surtout qu’il était encore très fatigué.
« Je vous interdis de reprendre votre travail, jusqu’à ce que nous soyons absolument sûrs que cette blessure ne se rouvrira pas ! Vous avez interdiction de bouger ou d’utiliser la magie jusqu’à nouvel ordre ! S’était écrié Pierrick en le voyant tenter d’aller aider Alix, surtout maintenant que leur principale seconde, la capitaine Estelle Duchesne et son adjudant Bernard Parjean, suivaient l’armée royale pour mener les troupes fraldariennes aller récupérer la capitale. Au nom de la Déesse et de ses Braves, reposez-vous ! »
Il s’y était alors plié, passant une bonne partie de son temps à dormir. En tout cas, l’eau du lac lui faisait vraiment du bien… quand il était dedans, c’était comme s’il n’avait jamais reçu aucun coup… c’était frustrant de ne pas pouvoir aider Alix d’ici mais, Pierrick ne le laisserait jamais faire. Au moins, il pouvait rester un peu avec Félix.
Son fils aussi était confiné au lac, dormant la plupart du temps tout comme lui. Ses veines luisaient de magie, tout comme sa marque d’écailles dans son dos, même s’il était toujours très fatigué. Au moins, il ne souffrait pas ici, même hors du flot pur, c’était le principal… Fraldarius même le protégeait… tout comme l’eau… Félix avait toujours été un véritable poisson, nageant très jeune, toujours dans le lac et capable de rester en apnée plus que n’importe qui. Son cadet était si fier de lui quand il remontait de ses profondeurs avec un artéfact ancien… mais c’était avant que la Tragédie ne lui fasse rejeter aussi son passe-temps favori pour se tourner uniquement vers l’entrainement… encore plus après la rébellion qu’il avait maté avec Dimitri… il ne retournait alors dans l’eau que pour conserver son souffle exceptionnel…
Quand il ne dormait pas, Félix était dans une sorte de demi-conscience, marmonnant des mots dépareillés les uns avec les autres… souvent, il parlait de Glenn… dans ses moments-là, Rodrigue chantait toujours pour l’apaiser, comme quand son cadet était petit, regrettant d’autant dormir alors que son louveteau devait faire des cauchemars quand lui-même sommeillait.
« Ça va aller… C’est fini mon louveteau… se souvient-il d’un soir au coin du feu tous ensemble, alors que son cadet s’était réveillé en sursaut à cause d’un mauvais rêve, le père l’enlaçant pour le consoler comme il n’aurait surement plus le droit de le faire à présent. Le Cheval Mallet ne te fera jamais de mal… je te protégerai… la meute te protégera… c’est promis… un cheval, aussi maléfique soit-il, ne peut rien faire contre une meute de loup tant qu’elle reste unie… »
Il y pensait quand Félix se remit à s’agiter dans son sommeil, se tordant un peu sur lui-même en babillant. Passant sa main dans ses cheveux par instinct, Rodrigue recommença alors à fredonner, la dernière chanson de son père lui venant à l’esprit et coulant de ses lèvres. Même si Guillaume n’avait pas tenu parole, c’était un des derniers souvenirs qu’il avait de lui, il tenait beaucoup à cette chanson, ce chant de l’armée pour apaiser des pleurs avant l’angoisse de la séparation…
*
Félix luttait de toutes ses forces pour se réveiller… ou au moins arrêter de rêver de ce moment-là… il avait tout fait pour l’oublier, ne voulant pas se souvenir de ses deux mois horribles qui avaient fini sur Glenn partant en Duscur avec Nicola… dès qu’il s’en souvenait, il se sentait mal et était en colère contre quelqu’un qui ne pouvait plus répondre de ses conneries… et il devait admettre qu’il ne devrait pas être en colère contre d’autres… il avait pourtant tout fait pour oublier…
Mais non, le jeune homme n’avait rien oublié… au contraire, il se souvenait de tout presque dans les moindres détails… l’annonce au dernier moment de Lambert qu’il se rendrait à Duscur pour négocier la paix avec Dimitri… personne n’était au courant… personne… pas même son père et son oncle… à quel point cela faisait mal… tout le monde qui se précipitait… tout le monde en colère… tout le monde effrayé… sa famille épuisée de devoir rattraper tout ce que Lambert avait mal fait… les insultes des diplomates qui fusaient quand aucun des fidèles du roi n’était là mais, que les oreilles des enfants entendaient toujours… à quel point son travail était un travail de tâcheron et ce voyage une folie… le dédain de Nicola pour le roi, marmonnant à quel point il faisait honte à son père le roi Ludovic… Glenn qui cachait à peine tout le mépris qu’il avait pour le roi en privé, un roi qui les emmenait dans une mission aussi dangereuse sans demander son avis à personne, ou prendre la moindre précaution alors que son propre enfant était du voyage… son oncle à deux doigts d’égorger le roi et son grand frère lui-même à cause de ses mauvaises décisions, Lambert n’écoutant que ceux qui allaient dans son sens, même les ennemis de la veille, et Rufus l’encourageant dans cette folie… personne ne voulait de ce voyage… Rodrigue de plus en plus épuisé et désespéré de trouver une solution pour empêcher ce voyage jusqu’à ce que le jour fatidique arrive, en charge de tous les aspects techniques et matériel du voyage, ainsi que le côté humain…
Mais plus que tout, il avait voulu effacé de sa mémoire un souvenir… il dormait dans leur chambre, rattrapant sa nuit où il aidait sa famille en leur apportant de quoi manger ou en prenant soin d’eux, les adultes n’ayant plus le temps pour le faire eux-mêmes, quand il entendit quelqu’un entrer. Il alla à la porte, observa par la serrure et vit Alix pratiquement tirer son père, tremblant et livide, les yeux exorbités, s’accrochant à son jumeau comme à sa vie… quand il vit son oncle regarder que personne n’était là, le petit garçon alla se cacher dans son coffre, ayant encore oublié de le ranger. Sous le bazar, personne ne le verrait et Alix n’avait pas fait exception. Après un peu de temps, il en ressortit pour observer dans l’entrebâillement de la porte la discussion des jumeaux…  son père avait tellement de mal à juste parler… il avait du mal à trouver ses mots et à enchainer deux phrases, se répétait beaucoup et tremblait tellement, n’arrivant à se calmer que parce qu’il était avec Alix… les jumeaux avaient toujours été fusionnels… il parlait de Lambert, Rodrigue avait encore tenté de le convaincre de ne pas emmené Dimitri à Duscur car c’était trop dangereux mais, en réponse, il lui avait vomi des mots horribles :
« Même si le pire devait arriver, tout ira bien. C’est un garçon intelligent Rodrigue. Même s’il devait perdre son père, je sais qu’il deviendrait un homme bon et respectable »
Félix se souvenait d’avoir bouillonné de rage en entendant cela, tout comme Alix. Comment Lambert pouvait prétendre être leur ami pour leur cracher à la figure comme ça ?! Il avait oublié que Rodrigue et Alix étaient eux-mêmes orphelins ou quoi ?! Eux, ils savaient ce que c’était de perdre son père et de devoir survivre à une régence, pas Lambert ! Après un mois et demi à tout mettre sur le dos des jumeaux et des Charon en plus ! Lambert avait eu de la chance de ne pas se faire lâcher par toute la noblesse de l’est ! Personne n’en voulait de ce voyage, les roturiers et ceux qui réfléchissaient plus de deux secondes les premiers ! Et il lui avait même fait promettre de faire son travail de père à sa place s’il se faisait tuer par sa connerie en plus ! Et sans se rendre compte d’à quel point il l’avait blessé avec ça ! Est-ce qu’il y avait un esprit dans ce corps à la fin ?! Le petit garçon se souvenait d’avoir entendu quelque fois Glenn appeler Lambert un « chien idiot » mais là, il passait dans la catégorie des chiens errants ! Ce n’était qu’un idiot qui faisait du mal à sa famille ! Il n’avait pas le droit de faire du mal à son père !
Rodrigue finit par éclater en pleurs en avouant que Lambert lui faisait peur… pas étonnant après tout ce qu’il lui avait envoyé en pleine figure en continue pendant plus d’un mois, tout le monde suant sang et eau pour que ce voyage ne soit pas la catastrophe qu’il devait être… même maintenant, Félix était obligé d’admettre que ça faisait trop pour un seul homme… même pour un loup…
Il était alors sorti de sa cachette et avait consolé son père, se jetant contre lui en disant que ce n’était pas sa faute mais celle de Lambert. C’était lui qui les jetait tous dans la gueule du lion ! Pas son père ! Il n’avait rien fait de mal ! Félix se souvenait de ses bras qui l’entouraient, la présence de son père, à quel point il était rassuré d’être avec lui, tout comme Rodrigue, se calmant enfin vraiment avec lui…
Tout s’enchainait très vite après ça dans son rêve mais, la sensation de désespoir restait, le dégout fort de faire ce que tout le monde savait être une erreur sauf celui ayant le pouvoir de la stopper… Alix avait été à deux doigts de frapper Lambert… Félix l’avait fait dans une crise de fureur de voir sa famille aussi mal… Glenn avait promis d’être chevalier à la maison et plus à la capitale… le convoi de départ qui ressemblait à un cortège funèbre tellement tout le monde était triste et inquiet, l’air lourd et les larmes proches d’exploser chez tous…puis le messager qui s’écroula à leur porte, son père et lui qui partaient immédiatement pour Fhirdiad, ne retrouvant de Glenn qu’une épée et un plastron brisé… le choc d’apprendre qu’il ne reviendrait pas, que personne ne reviendrait, que seul Dimitri était revenu… le chaos qui s’installa dans tous le Royaume… allant même jusqu’à attenter à la vie du prince jusque dans le palais…
Félix se souvient de sa dispute avec son père, partie du fait que Rodrigue ne pouvait pas rentrer avec lui et devait rester à la capitale pour tenir le Royaume, Rufus ne faisant que jeter plus d’huile sur le feu et rallumer les braises. Avec le recul, il se sentait tellement stupide… évidemment que c’était plus important d’empêcher Faerghus de brûler que de rentrer… en s’en souvenant vraiment, il ne pouvait plus que voir à quel point son père voulait aussi rentrer à la maison, à quel point il voulait le suivre et retourner faire son deuil dans leur famille… le jeune homme se sentit encore plus stupide en sachant maintenant d’où venait cette phrase qui l’avait fait détester son père… le fuyant sans lui laisser le temps de s’expliquer, en rentrant seul dès le lendemain matin sans lui dire au revoir… refusant de même admettre à quel point Rodrigue lui manquait et à quel point Félix voulait se réconcilier avec lui… à quel point ça lui faisait mal de ne plus être avec lui, même s’il le niait, enfermant tous ses sentiments et ses émotions dans une boite aussi profonde qu’il le pouvait et lui-même dans l’entrainement…
Cependant, la suite de son rêve ne fut pas ses souvenirs… il se transforma en véritable cauchemar ! Des hommes avec les armes de Rufus cousues sur leur poitrine arrivèrent en trombe chez eux, arrêtèrent tout le monde, son oncle le premier et leurs principaux soutiens encore en vie, l’attrapèrent et le jetèrent à part comme un objet. Il reconnut à travers les barreaux le chemin de la capitale, puis on l’envoya dans une famille qu’il ne connaissait même pas, qui le forcèrent à écrire des ordres d’arrestation envers des personnes qu’il aimait et à servir de serviteur. Félix réclama son père et son oncle, demandant où ils étaient et ce qui se passait mais, il ne reçut en réponse que des coups et des repas en moins… son père ne l’avait jamais traité aussi mal, il avait toujours été doux, gentil et juste avec lui, même quand il faisait des bêtises… apparemment, il était chez eux en attente pour l’envoyer ailleurs quand il serait assez vieux… et ils se plaignaient aussi qu’il vomisse toujours son repas sans jamais tomber… Rufus devait vouloir se débarrasser de lui discrètement… Déesse, qu’est-ce qu’il allait faire à son père et son oncle ?! Où est-ce qu’ils étaient ?!
Il avait été forcé d’écrire que Fregn était maintenant accusée d’être une ennemie de l’intérieur car, elle était sreng et avait repris Lambert sur son inconscience qui serait très mal vue par les siens, disant tout haut ce que tout le monde pensait tout bas de ce voyage… Rufus voulait sa tête pour ce « crime » de s’être opposé au roi. Elle avait fui in extremis en Sreng en emmenant Sylvain avec elle, lui aussi accusé de complicité avec sa mère et d’être un mauvais faerghien à cause de son métissage et du fait qu’il ne pensait pas les duscuriens coupables de la Tragédie.
Ingrid et sa famille durent renoncer à leurs terres et travailler comme serviteurs pour Rufus, ce dernier leur donnant les tâches les plus ingrates et dangereuses car, son père Francis avait conseillé à Lambert de prendre plus de temps et avait mal fait son travail…
Alors que son état s’améliorait quand il était parti, Dimitri faisait une rechute et était cloué au lit… la famille qui s’occupait de lui disait que le prince s’était mutilé après avoir vu le corps de Dedue déchiqueté par des proches de Rufus, tous appelant à la vengeance et à brûler Duscur tout entier, pendant que Dimitri hurlait que les duscuriens étaient innocents et délirait à propos de corbeaux humanoïdes… des rumeurs disaient que son oncle l’avait fait attaché par les bras et les jambes aux montants de son lit, pour l’empêcher de se faire du mal tout seul et d’arrêter la folie de Rufus…
Quand on le laissa enfin sortir pour voir sa vraie famille, le jeune garçon pataugea dans le sang… toutes les rues de Fhirdiad étaient écarlates, les bas des robes et des pantalons couverts de tâches rouges et noirs, des rats nageant à l’intérieur en grignotant la chair en putréfaction qui y flottait… des chats étaient pendus par le cou aux maisons, les gens disaient que c’était parce que les ducs de Fraldarius les adoraient, leur forteresse en étant toujours pleine… toutes les personnes qu’il croisait étaient malades à cause de ça et du manque de nourriture, tout l’argent partant dans la traque aux traitres et aux duscuriens, tous chasser bien plus que les rats par Rufus… cela rappela à Félix les histoires de Nicola sur Clovis le Sanglant… le roi sanguinaire qui massacrait son propre peuple dans des guerres interminables, jetant ses opposants sous la hache du bourreau ou les flammes du bucher, éliminant n’importe qui se mettait sur son chemin jusqu’à ce que le roi Ludovic n’arrête la folie meurtrière de son père en le détrônant par la force…
Félix se crut dans ces histoires quand il arriva à la place principale de Fhidiad… c’était un véritable charnier… les corps s’entassaient, laissés à pourrir là comme sous Clovis, le roi cruel n’autorisant pas qu’on enterre ses ennemis afin de les mettre plus bas que terre… la plaque commémorative en leur mémoire faite par Ludovic était brisée, basculée au sol et servait maintenant d’estrade pour les exécutions… son cœur s’arrêta en voyant le corps d’Alix tomber dans le charnier, trainé par Ingrid et ses frères dont les membres étaient couverts d’infections à cause du sang et des cadavres, sa tête rejoignant d’autres alignés sur des piques avec celles d’Estelle et de Bernard, même celle de Nicola qu’on avait déterré pour être exécuté avec sa fille et son gendre, ses petites-filles pleurant leur famille dont les corps pourrissaient à l’air libre… elles étaient si petites ! Puis… les démons servant Rufus trainèrent son père sur l’échafaud… le forcèrent à poser la tête sur le billot, le bourreau attrapant Moralta volé chez eux pour l’exécuter avec leur propre héritage familial, alors que ses assistants tailladaient ses cheveux pour ne pas gêner le passage de la lame.
« Non ! Non ! Papa ! Arrêtez ! Mon père n’a rien fait de mal ! Papa ! »
Il ne put s’empêcher d’hurler devant cette injustice, alors que ses tortionnaires le poussaient tout devant, aux premières loges pour voir son père se faire couper la tête. Rodrigue n’était pas coupable ! C’était Lambert qui avait décidé de les emmener à Duscur ! C’était lui qui avait tout organisé sans en parler à personne ! C’était lui qui s’était précipité partout et les avait emmenés dans ce piège à rat ! Son père avait tout fait pour l’en empêcher mais, le chien errant qui leur servait de roi n’avait rien écouté ! Il n’avait écouté que Rufus qui le poussait dans ses pires décisions et défauts ! C’était lui qu’on devrait exécuter ! Pas ceux qui avaient tout fait pour empêcher ce désastre d’arriver ! Papa !
Rodrigue l’entendit, sa tête se relevant d’un coup du billot. Ses yeux s’exorbitèrent en le voyant, l’inquiétude et la peur se mélangeant à l’intérieur alors qu’il lui hurlait, les assistants du bourreau essayant tant bien que mal de lui remettre la tête sur le billot.
« Félix ! Fuit ! »
Non ! Pas sans lui ! Pas sans toi ! Tout mais pas être sans toi comme ça ! Tout mais pas être sans eux ! Tout mais pas être seul sans sa famille ! Il ne voulait pas que son père meure ! Pas quand les assistants du bourreau le forçaient à remettre la tête sur le billot pour se faire exécuter ! Pas quand l’assassin encagoulé levait… papa !
Le bourreau abaissa Moralta quand d’un coup, un vague emporta tout, balayant tout ce qui l’entourait, autant les gens, les corps, le sang que la mort. Félix sentit alors quelque chose l’entourer de sa chaleur, doux avec lui… c’était agréable… il s’y sentait bien… cela lui rappelait de bons souvenirs… des instants tout doux après un cauchemar, où son père le prenait dans ses bras et sa cape pour le rassurer… il le nierait aujourd’hui mais, Glenn le taquinait souvent sur le fait qu’il était collé à leur père, surtout quand il était petit… Alix aurait même dit qu’il allait finir coller à l’épaule de Rodrigue, tellement il aimait faire la sieste dans ses bras quand il était bébé…
Comme quand il était petit, des notes le bercèrent, tout douces, leur fil tissant une chanson que les jumeaux fredonnaient tout le temps, venue de leur père…
« Je pars ce matin avec les chants des laudes,
Mes pieds vont d’un côté,
Mais mon cœur reste figé
Il reste ici dans vos petites mains chaudes
Ne pleurez pas mes tous petits,
Je reviendrais sans être meurtri
Je pars à reculons, je pars sans jamais vous oublier
Je pars en ce jour en pensant toujours à vous,
À chaque pas sur ce long chemin, je l’avoue,
Je vous voie derrière moi et souhaite m’en retourner.
Ne pleurez pas mes tous petits,
Je reviendrais sans être meurtri
Je vous promets de revenir un soir,
Je reviendrais à vous un jour,
Cette promesse de velours
Je ne la laisserais jamais choir,
Ne pleurez pas mes tous petits,
Je reviendrais sans être meurtri
Et quand nous nous serons retrouvés
Ce sera pour ne plus jamais se lâcher. »
Comme à l’époque, le chant le tira loin du cauchemar, rassuré par la présence de son père à ses côtés… comme avant que la Tragédie ne fiche tout en l’air… comme toujours s’il était honnête… ça faisait du bien…
Rodrigue tint la dernière note aussi longtemps qu’il put, la laissant former un fil assez long pour lier la personne qui partait à ceux à qui il promettait de revenir. Guillaume n’était pas revenu mais, il restait avec eux malgré tout d’une certaine manière, dans le peu de souvenir que les jumeaux avaient de lui, tout comme dans ceux de tous ceux qu’ils avaient perdu… ils les entendaient presque dès que les loups hurlaient à la lune…
Félix se calma au fil des notes, son visage devenant plus serein, recroquevillé dans l’eau claire, sa main sur Aegis entre eux. Ses yeux d’ambre s’entrouvrirent, flottant entre la conscience et l’inconscience. Il n’avait pas eu la chance de connaitre Félicia et de le constater par lui-même mais, Félix avait vraiment les yeux de sa mère… à part la forme de ses derniers, en amande, semblable à ceux des chats et aux siens, il avait tout hérité d’elle…
« Ça va aller… c’est passé…
– Hum… C’est frustrant… marmonna-t-il en se réveillant, se rattrapant avant d’être vraiment honnête avec son père. D’être bloqué ici…
– Il faut que tu te remettes, et le lac semble être le meilleur remède. Aucun de nous deux est en état pour se battre de toute façon…
– Mouais… il fit une grimace alors qu’il tentait de bouger. C’est trop lent quand même.
– Fait attention à toi… lui conseilla Rodrigue en le stabilisant d’une main. Et tu seras bientôt sur pied, ton organisme semble se régénérer bien plus vite dans le lac que quand nous étions à Garreg Mach.
– Hum… »
Félix ne dit rien de plus, détournant le regard. Rodrigue n’insista pas, ne voulant pas trop le pousser de peur que son fils retourne tout de suite dans sa carapace couverte d’épines. Ils s’étaient dit qu’ils se parleraient mais, cela ne s’était toujours pas fait, tout deux trop fatigués pour le faire, surtout autour de… tout ça… le père se rappuya alors sur la pierre, laissant l’eau bénie par leur ancêtre faire son effet, savourant sa caresse chassant la douleur… s’il pouvait au moins rester avec son enfant et pouvoir lui parler un peu, cela lui irait…
« J’entendais tout… quand je dormais… finit par dire Félix, regardant au loin pour être sûr de ne pas rencontrer les yeux de son père.
Le jeune homme ne sut pas pourquoi il avait parlé… son père se taisait et le silence lui allait très bien… mais en même temps, les mots que Rodrigue avait dit à Dimitri tournaient encore dans sa tête… des mots flous mais, qu’il n’avait pas pu nier… et c’était dur de nier ce qu’il avait tout fait étouffé pendant des années maintenant… pas après avoir été si près de donner sa vie pour sauver celle de son père…
Rodrigue le regarda, attentif, comme s’il s’était préparé à ce qu’il lui dise cela ce qui était surement le cas, trop patient comme toujours.
– Tu as toujours tout entendu quand tu étais inconscient.
– Hum… ce que tu as dit Dimitri… à propos de Guillaume et du roi Ludovic, c’était vrai ou juste pour le consoler ?
Félix détourna encore plus le regard, une pointe de remord poignardant son cœur. Évidemment, il savait que son père ne mentirait pas sur un sujet pareil, encore moins sur Guillaume…
– Oui, tout était vrai, je ne lui ai pas menti, répondit-il sans se fâcher, et il était encore une fois beaucoup trop calme.
Sans trop savoir pourquoi, Félix voulait presque qu’il s’énerve… il n’en avait pas envie, il n’avait pas l’énergie pour se disputer et  il voulait savoir mais, ce serait plus simple s’ils se disputaient vraiment… juste des mots qui font mal des deux côtés et le silence après… ce serait tellement plus simple… mais bon, maintenant qu’il avait commencé, il ne pouvait plus reculer… et dans le fond, il voulait arriver à comprendre… à comprendre ce qui s’était passé dans la tête de Rodrigue ce jour-là…
– Tu n’en avais jamais parlé avant… Alix aussi… et Nicola encore moins…
– Ce n’est pas le souvenir que j’aime le plus raconter. C’est le plus clair que j’ai à propos de mon père mais, c’est aussi celui qui me fait le plus mal alors, je préfère me concentrer sur les bons. Ils sont bien plus flous et la plupart sont des histoires qu’on nous a racontées après mais, ils sont bien plus réconfortants… ce sont des souvenirs où Guillaume est vivant, pas dans une boite… les bons souvenirs se perdent facilement alors que les mauvais sont les plus difficiles à oublier, même si on le veut… alors je préfère ne pas en parler, comme Alix…
Rodrigue tenta de le regarder dans les yeux quand il parlait mais, Félix fuit son regard… il savait déjà trop bien à quel point ce qu’il racontait était vrai… et il n’était pas sûr de pouvoir se défendre ou mordre s’il le regardait dans les yeux… il verrait trop toutes les émotions de son père à nu…
– Alors tu as gobé ce qu’on t’a dit et tu ne l’as jamais remis en question… pourquoi tu es obsédé par la chevalerie alors qu’elle a tué ton père avant même de tuer Glenn ?!
– J’avais six ans à ce moment-là Félix, et on n’avait que ça pour expliquer et comprendre pourquoi notre père était parti avec Alix, lui rappela-t-il d’un ton un peu plus sévère mais, toujours calme. Je ne savais même pas ce qu’était d’affronter la mort et à quel point elle faisait mal… quand on a grandi, on a mieux compris pourquoi il a fait ça, ce qui s’était passé ce jour-là et pourquoi Ludovic avait dit ça… et voir comment se comportaient certains chevaliers pendant notre enfance nous a aussi bien ramenés à la réalité. On a rencontré bien plus de chevaliers de titre prêts à tout pour épouser la veuve et tuer l’orphelin afin de récupérer leurs terres, qu’à les défendre, mais cela restait toujours un idéal à atteindre d’aider les autres, c’était même des qualités qu’on retrouvait plus chez des personnes qui ne l’étaient pas. Tu n’as jamais connu ta grand-mère Aliénor mais, c’était une véritable louve et une duchesse exceptionnelle, et Nicola aussi était un véritable chevalier alors qu’il a toujours refusé d’être adoubé, il ne voulait pas servir le roi après ce qui s’était passé avec Clovis, il a toujours été l’ami de Guillaume et de notre famille… même si on était toujours tristes et qu’on aurait préféré mille fois avoir un père, on a gardé cette phrase avec nous Alix et moi car, elle résumait l’acte de Guillaume, même si on sait que ses derniers mots étaient qu’il ne voulait pas mourir, et après autant de temps à s’accrocher à elle comme à une canne pour continuer à marcher malgré la peine, elle fait partie de nous. On ne pourra surement jamais s’en débarrasser tellement elle est ancrée.
– C’est pour ça que tu l’as dit pour Glenn ? Devina Félix, bien obligé de le reconnaitre.
– Oui… avoua-t-il, Félix voyant son père chercher son chapelet sur son bras mais, qu’il n’avait pas pour une fois, de peur que l’eau n’endommage le bois déjà presque aussi vieux que lui. Ça… ça faisait si mal… j’avais l’impression que c’était la mort de Guillaume qui recommençait mais en bien pire… Glenn… Glenn n’était plus là… il était mort là-bas alors qu’aucun d’entre nous ne voulait de ce voyage… hein… je ne sais pas si tu t’en souviens mais à ce moment-là, Glenn en était arrivé à détester Lambert… il lui en voulait d’en faire qu’à sa tête sans demander l’avis de personne, de s’obstiner dans l’erreur alors que tout Faerghus lui hurlait que c’était une mauvaise idée sauf les futurs complices de Cornélia et de l’Empire, et il lui en voulait encore pour Arundel… il ne lui a jamais pardonné d’avoir laissé ce monstre entrer à la cour sans surveillance pour… pour une raison un peu trop longue à expliquer maintenant… et d’avoir mis autant de temps à le chasser alors qu’il a failli te tuer avec ses brûlures maudites… mais il a insisté pour y aller… à cause du Kyphonis Corpus, un membre de notre famille était obligé de suivre le roi pour le protéger sinon, on aurait été accusé de haute trahison… j’y serais allé à sa place, et Alix aussi s’était proposé mais, il n’a jamais voulu nous laisser sa place… ça aurait été étrange que ce ne soit pas lui qui protégeait le roi alors qu’il était majeur, et que nous devions gérer le Royaume en l’absence de Lambert avec Rufus…
– A sa place… » le corrigea Félix, sachant à quel point Rufus avait abusé de sa position pour que Rodrigue fasse tout son travail à sa place, pendant qu’il allait boire et courir les jupons en hurlant que les jumeaux mériteraient de se faire exécuter.
« C’est la version officielle qu’on devait régner avec lui. Glenn se doutait que cela serait difficile, et que le voyage était très dangereux alors, il a refusé qu’on se sépare… il savait que nous fonctionnions toujours mieux ensemble… et cela aurait pu nous retomber dessus si quelque chose arrivait à Lambert et pas à nous… alors on a cédé… et quand il n’est pas revenu… c’était un de mes pires cauchemars qui recommençait… je… sa voix se brisa en mille morceaux, autant de mauvais souvenirs remontant à la surface. Je ne pensais pas que j’enterrerais mon propre enfant un jour… et que je n’aurais rien à enterrer… je… je n’arrivais pas à m’enlever tout ce qui avait pu arriver à son corps de la tête …
Sans savoir trop pourquoi à part qu’il détestait le voir aussi brisé, Félix tira sa main hors de la distance qu’il gardait toujours avec Rodrigue depuis leur dispute, et attrapa son manteau du bout des doigts… Déesse, depuis combien de temps il n’avait pas fait ça ? Il se comportait à nouveau comme un enfant qui se cachait dans la cape de son père ! Mais ça semblait tellement calmer Rodrigue… un simple contact… il était déjà foutu après tout ça à ce sujet alors, un peu plus ou un peu moins…
– Les seules choses qui arrivaient à repousser tout cela, c’était la surcharge de travail qui m’empêchait de penser à autre chose… le chaos était de partout et Rufus criait déjà qu’il fallait venger nos morts en exterminant les duscuriens, je devais tout faire pour l’arrêter et faire en sorte que le Royaume tourne encore, même si une grande partie de sa tête était morte… cette phrase pour me convaincre moi-même que Glenn n’était pas mort pour rien… elle m’avait déjà tenu entier à l’époque, je m’y suis accroché à nouveau… ça faisait moins mal que de penser aux charognards des montagnes, et que Glenn devait regretter d’être mort pour un homme qu’il méprisait de tout son être… et surtout, il y avait toi…
– Moi… ?
Son père arriva à sourire dans une expression mélancolique.
– Bien sûr… tu étais là, avec moi, et ça me donnait de la force pour continuer à me lever tous les jours sans m’écrouler, alors que j’avais l’impression que le monde s'effondrait encore une fois… tu as toujours été aussi tenace que ta mère, qui a toujours été beaucoup plus acharnée que moi », de l’affection déborda de son visage quand il évoqua Félicia. « Je ne pense pas que j’aurais eu la force comme elle de dire à mon cœur malade de la boucler car, elle n’avait pas le temps de faire une crise cardiaque alors que des personnes avec une longue vie devant eux étaient en danger. Elle était si résiliente, même si c’était aussi très imprudent de sa part, reconnut-il. Mais oui, j’arrivais à me lever car, tu étais là et que tu avais besoin de moi… Rufus aurait été seul, on aurait fini avec un encore plus gros bain de sang que celui qui a vraiment eu lieu… j’étais mort de peur à l’idée que le Royaume s’effondre et que tu n’es plus nulle part où aller, que tu sois en danger… et dans le fond de la tête, j’avais peur que le règne de Clovis le Sanglant recommence… je ne voulais pas que tu vives le même cauchemar éveillé que tes grands-parents qui ont dû survivre à son règne… mon père a déjà failli mourir des dizaines de fois à cause d’ambitieux qui voulaient nos terres, dont plusieurs étaient envoyés par le roi… je savais que certains « vengeurs » projetaient de t’enlever pour me forcer à accepter de les aider à faire encore plus de morts inutiles… je ne faisais confiance à personne à la capitale, sauf à des fidèles de toujours quand il s’agissait de toi… et quand ce comploteur a essayé de tuer Dimitri et que tu as failli prendre le coup à sa place…
Il ravala ses mots, n’arrivant pas à les prononcer, et secoua la tête pour en chasser la scène de ce jour. Félix serra un peu plus son manteau dans ses mains, Rodrigue le remerciant d’un regard avant de continuer.
– Le monde s’effondrait encore… j’ai cru que j’allais devenir fou tellement j’ai eu peur de te perdre aussi ! Je ne pensais plus qu’à t’éloigner de Fhirdiad qui s’était transformé en coupe-gorge, et de te renvoyer à la maison pour que tu sois en sécurité, pour qu’Alix te protège mieux que je ne le faisais ici. J’aurais pu, j’aurais aussi envoyé Dimitri à Egua mais, sa seule présence permettait de garder un semblant de calme à la capitale… mais j’étais tellement pressé de te mettre en sécurité que je n’ai même pas pris le temps de t’expliquer correctement… ni pourquoi je ne pouvais pas rentrer avec toi pour enterrer Glenn… je le voulais et je sentais que tu l’avais deviné mais, je ne pouvais pas quitter la capitale alors que la Tragédie avait tout laissé dans le chaos… je ne voulais pas te dire cette phrase mais, j’étais tellement fatigué et inquiet… je n’ai pas fait exprès… et j’ai encore plus tout foutu en l’air après en niant… et je n’ai même pas pu prendre le temps de te rejoindre pour m’expliquer quand tu es parti, tous les problèmes à régler à la capitale me tombait dessus les uns après les autres… et après, j’avais l’impression de tout ruiner encore plus si j’en reparlais quand je te voyais… je ne voulais pas te bousculer… et Alix a essayé mais, il se doutait que rajouter un troisième parti ne ferait qu’empirer les choses, et je ne voulais pas ruiner en plus ta relation avec lui…
– … faut dire… je ne t’ai pas rendu la vie facile non plus… finit par admettre Félix. Je te fuyais tout le temps… et tu n’es pas le seul à devoir t’excuser… je…
Le jeune homme se tut, détournant encore plus le regard de son père… pourquoi s’était aussi simple pour Rodrigue et aussi dur pour lui ?! ça aussi, il le tenait de Félicia ?! Même pas en plus ! Elle, elle était honnête tout le temps ! C’était tellement frustrant !
Il resserra un peu son étreinte sur le bout de tissu qu’il tenait, cherchant peut-être un peu de son courage, puis finit par relever la tête pour enfin le regarder dans les yeux. Il n’y vit que de la patience et de l’espoir alors, il continua, bien que trop timidement à son gout.
– Je… je n’aurais pas… c’était mal… j’ai… il avala une pique pour lui-même avant de finir par y arriver. Je suis désolé de t’avoir frappé… c’était mal et je n’aurais pas dû… je suis aussi désolé de t’avoir ignoré… j’ai dû te faire beaucoup de mal…
– C’est vrai que ce coup était le plus douloureux que j’ai reçu de ma vie entière, admit-il avant d’ajouter, même si sur l’instant, je m’inquiétais surtout de savoir si ce n’était pas les os de tes doigts qui avaient craqué, je n’avais pas pu vérifier moi-même vu que tu t’étais enfui. J’ai même envoyé une lettre à Alix exprès pour lui demander si ta main allait bien, même si je savais que c’était ma joue qui avait craqué à ce moment-là.
– Car tu t’en fais toujours pour les autres et pas pour toi ! Mordit un peu Félix. Tu es incurable ! Tu pourrais être mort, tant que c’est toi et pas les autres, ça te va ! ça doit être dur pour Alix ! C’est toujours pareil avec toi ! On peut te faire le pire, tu finis presque toujours par pardonner… sauf quand l’autre dépasse vraiment les bornes… comme si je ne l’avais pas fait en te frappant et en t’ignorant tout ce temps…
– Tu serais surement étonné de savoir à qui j’en veux le plus… glissa-t-il, les yeux dans le vague avant de le regarder à nouveau. Et à t’entendre, on dirait que tu préférerais que je sois en colère, lui fit remarquer Rodrigue, encore trop patient malgré tout ce qu’il venait de lui dire.
– Hum… un peu… ce serait plus simple si tu étais en colère… admit-il à moitié. Même si… grrr… pourquoi c’est aussi dur à dire…
– Si tu as besoin de temps…
– Encore ce que je te disais ! Tu es trop patient ! Même si je n’ai pas envie de me disputer avec toi ! ça te va ça ? De toutes façons, c’est grillé vu à quel point je me suis acharné pour ne pas te perdre… marmonna le jeune homme du bout des lèvres, ne regardant plus son père.
Il sentit alors une main timide caressé ses cheveux, alors que la voix de Rodrigue lui assurait.
– Moi non plus, je n’ai pas envie de me disputer avec toi… je n’en ai jamais eu envie, et c’est surement pour cela que je te pardonne aussi vite… tu m’as tellement manqué pendant toutes ses années… je ne veux plus te perdes, encore moins après une peur pareille… je sais que rien ne sera plus jamais comme avant mais, j’aimerais vraiment pouvoir te reparler, si tu veux bien me faire entrer à nouveau dans ta vie, bien sûr…
– Hum… toi aussi, tu m’as manqué… ne te jette plus jamais sous un poignard alors… ne me fait plus jamais peur comme ça…
– Je te le promet… et merci… lui sourit à nouveau son père, lisant entre les lignes.
Félix ne sut pas vraiment pourquoi ou peut-être le niait-il encore malgré tout, trop embourbé dans son habitude de le faire mais, il se sentit plus léger d’un coup… bien plus qu’il ne l’avait été pendant des années… comme si le lac venait d’arracher un poids qui s’accrochait à son cœur, pour l’emmener très loin et l’enfouir dans la vase… ça faisait du bien…
Alors qu’il se rendormait encore, le jeune homme sentit un peu mieux la magie de son ancêtre en lui, colmatant toutes les veines qui avaient explosé sous l’effort… elles changeaient un peu… comme quand sa marque d’écaille était apparue dans son dos… surement le contrecoup de la magie de Fraldarius… les miracles marquaient toujours ceux qui les recevaient… il sentait une énergie très forte en lui, parcourant ses jambes et ses poumons de toutes part mais, il n’avait pas peur… il n’avait plus peur de Fraldarius depuis des années… et même si quelque chose se passait, Rodrigue veillait sur lui, comme il n’avait jamais arrêté de le faire… il ne lui arriverait rien…
(suite)
#attention SPOILER dans les tags !#écriture de curieuse#fe3h#route cf + divergente canon#plus ou moins#là c'est la voie dorée de cette univers#pour les Braves qui apparaissent dans ce chapitre ils ne parlent pas tous français de la même manière...#je suis plutôt du genre à me dire qu'ils apprennent à parler la langue de l'époque en écoutant ce qui se passe autour d'eux#histoire de comprendre ce qui se passe à cette époque#donc pour la compréhension orale c'est parfait mais pour le parler eux-mêmes c'est une autre histoire (pas beaucoup d'aide pour discuter)#alors leur maitrise du parler est aléatoire -gros spoiler en approche ! - :#Loquax est celui qui parle le mieux car c'est sa spécialité de parler aux autres et de se faire comprendre de tous qu'importe l'espèce#Simplex est le deuxième qui parle le mieux même si c'est difficile. J'ai essayé de calquer la manière de parler d'un latin...#et penser à ce qui pourrait les bloquer en parlant français vu que la construction des phrases est différentes#le latin est une langue faite pour l'oral alors c'est l'oral qui est calqué sur l'écrit- là où en français c'est le contraire#d'où le fait que ses phrases soient hachés et certaines expressions sont des calques latins -comme 'mon sens' 'j'ai l'impression'#*pour 'j'ai l'impression' des mots de latin qui reviennent et les sonorités -comme le V qui est confondu avec le U a ce moment-là#Pertinax et Laeta comprennent sans parler d'où le fait qu'ils disent presque rien en français ou très mal#et ils parlent plus par expressions faciales#sauf quand ils doivent vraiment se faire comprendre comme avec Pertinax#et c'est aussi peut-être un peu plus classe vu que je lui fait dire que Dimitri crache sur ce qu'ont fait ses descendants#vive les dicos de latin ça sert toujours ! -par contre je sais pas si ça passe à google trad je sais pas ce que ça vaut ce truc en latin-#petite vérif'... mouais pas fameux... au moins vous êtes dans le même état que Dimitri pour comprendre ce qu'ils disent...#j'espère juste que j'ai pas massacré le latin vu que je traduis un peu du latin vers le français mais presque jamais l'inverse#en tout cas j'espère que ça vous aura plu ! merci encore !
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rakbungaa · 2 years
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COD, CALL 0813-2868-0537, rak tanaman bunibakti babelan
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crimson-veil-rpg · 4 months
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C R I M S O N . V E I L forum rpg urban fantasy de type créatures et gangs avec concept de doubles identités secrètes (tw : violence, sang, chasse) ¨:·. .·:¨ ¨:·. ☾ .·:¨ ¨:·. .·:¨ ¨:·. .·:¨ ¨:·. ☾ .·:¨ ¨:·. .·:¨ Scarborough. Il y a quelque chose dans ce nom qui écorche la langue en y laissant sa marque, raclant la gargue pour s'extirper presque douloureusement des lèvres. Ici, les apparences sont trompeuses, se fardant d'un monticule de faux semblants au cœur de la station balnéaire britanique. Les jours d'été sont doucereux, idéaux pour flâner naïvement le temps d'un après-midi à sombrer dans l'oisiveté. Puis, il y a la sorgue qui tombe, ne laisse qu'un empire des lueurs artificielles devenues floues sous une brume dominante, sertie d'une âcre fragrance d'iode.
Alors les ombres sortent, sournoises chimères aux babines avides dégueulant de crocs affutés qui entament leur ballet nocturne. Les masques tombent jusqu'à l'aube naissante et plus rien ne paraît alors rassurant. Les bêtes grouillent, se dévoilent, se croisent à l’abri des mires aveugles d’êtres humains pour qui elles ne sont que des histoires fantaisistes que l'on conte aux bambins. Les griffes se ferment sur les chairs et les disparitions vont bon train. Enfin jusqu'à-ce que les projectiles filent, tentant de protéger les pauvres égaré.es de leurs funestes étreintes. Parce qu'il y a toujours eu les proies, toujours eu les traqueurs en un jeu sempiternel. Si bien qu'on ne sait plus vraiment qui sont les prédateurs et qui sont les proies.
Peut-être que dans tout ça votre charmante voisine vous offrant d'alléchantes pâtisseries n'est autre qu'une chasseuse de monstres aguerrie une fois le crépuscule tombé, que votre collègue de bureau se révèle être un bestiau assassin faisant bonne figure afin de mieux se fondre dans la masse, que cet aimable facteur fait partie d'un organisme secret mettant à mal l'humanité lorsqu'il ne livre pas le courrier.
Et vous, au fond, qui êtes-vous réellement ? ¨:·. .·:¨ ¨:·. ☾ .·:¨ ¨:·. .·:¨ ¨:·. .·:¨ ¨:·. ☾ .·:¨ ¨:·. .·:¨
Encore un énième univers porté sur les bestioles et pourtant, Crimson Veil vous proposera quelque chose en plus pour pimenter le jeu. Le forum possèdera un concept d’identités secrètes, où seul le staff connaîtra la véritable espèce ou rôle au sein des organisations de chaque personnage. Le but sera évidemment de jouer le jeu, d’en dévoiler le moins possible, laisser des indices s’échapper de temps à autre et dissimuler les crasses sous quelques balises hide bien placées. Les membres d’une même organisation ou d’une même espèce, pourront se reconnaître entre eux bien entendu, à comploter paisiblement à l’abri des regards dans des zones secrètes. Bien sûr, le forum demande pas mal d’aménagements pratiques afin que les mystères soient viables au maximum, les réponses quant à l’organisation des choses arriveront en temps voulu.
Et ça ne risque pas de vriller city tout ça ? Et bien mon petit Philibert, le jeu sera agrémenté de plusieurs espèces non jouables sous forme de PNJ capables de semer le trouble et donner du rebondissement entre les diverses intrigues. Même les créatures les plus hostiles pourront se faire croquer par plus gros qu’elles.
Le nom de Scarborough, petite ville côtière du Yorkshire, en Angleterre, vous est peut-être familier. En effet, une partie de l’univers reprendra le lore et quelques petites choses à son forum grand frère, Noctivagus, ouvert en septembre 2020 et qui a fermé ses portes en 2023. De nombreuses choses seront cependant intégralement revues et adaptées (nombre et types de créatures, gangs, système de jeu, codage et design, etc.). Reprendre cette base et réhabiliter ce forum sous une toute nouvelle forme permettra également de gagner en temps et en énergie durant la construction (big brain mouve). À bientôt donc pour une toute nouvelle aventure.
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empiredesimparte · 11 days
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⚜ Le Sacre de Napoléon V | N°23 | Francesim, Paris, 1 Fructidor An 230
At the Tuileries Palace, Ernest informs Emperor Napoleon V of a plot involving anti-monarchist extremists financed by public figures. The Minister of Justice, Jeanne Chautemps, with prudent wisdom, advises rigor and caution in the investigation, while Napoleon V insists on the need not to provide their enemies with ammunition.
Meanwhile, the Emperor's grandfather Louis sought legal advice. His lawyer reassures him of his right to take legal action, promising to handle the matter discreetly. With this procedure, Louis could gain access to secret defense documents.
Beginning ▬ Previous ▬ Next
⚜ Traduction française
Au palais des Tuileries, Paris, 1er arrondissement.
(Ernest) Le témoignage de Madame Mère n’a pas beaucoup aidé à l’enquête
(Ernest) Manifestement, ces extrémistes font partie de groupes anti-monarchistes financés par des personnalités publiques
(Ernest) L’assassinat de feu votre père n’est donc pas totalement dû à l’évolution d’un groupe de manifestants enhardis
(Napoléon V) Intéressant (Jeanne) L’empereur Napoléon IV a déjà échappé à plusieurs attentats durant son règne
(Ernest) L’enquête nous révèlera des noms et des adresses. Nous pourrons alors dissoudre légalement ces groupes dangereux
(Jeanne) Le ministre de l’Intérieur s’en fera une joie, M. de Tour
(Jeanne) D’ici là, poursuivez consciencieusement l’enquête. Nous ne devons faire aucun faux pas et être irréprochables
(Napoléon V) Ne donnons pas raison à nos opposants.
À Paris, 7e arrondissement.
(Louis) Merci, Maître.
(Louis) Je crains que mon petit-fils, le nouvel empereur, ne soit pas d'accord avec cette démarche. Que puis-je faire ?
(Jean) En tant que père de la victime, vous avez tout à fait le droit de vous constituer partie civile.
(Louis) Oui, mais mon petit-fils détient maintenant le pouvoir. S'il s'y oppose... Je ne souhaite pas d'affrontement, mais je veux que justice soit rendue pour mon fils.
(Jean) Je comprends vos réticences. Cependant, la justice doit suivre son cours, indépendamment des dynamiques familiales. Nous nous en assurerons ensemble.
(Jean) Avec votre accord, je m'occuperai personnellement de la rédaction et du dépôt de cette plainte.
(Louis) Et que se passera-t-il ensuite ?
(Jean) En tant que partie civile, vous aurez accès au dossier et pourrez demander des actes d'instruction supplémentaires. De plus, vous pourrez assister aux auditions et aux confrontations, et demander réparation pour le préjudice moral et matériel subi.
(Louis) Très bien, Maître. C'est parfait.
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vhscorp · 4 months
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Tous comme des moutons, hypnotisés par le faux bonheur de la consommation alors qu’au fond, ce que nous voulons, c’est l’amitié, l’affection, l’élan, l’amour, la passion…
V. H. SCORP
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siampie · 3 months
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Risk and Reward||Chapter 8: La Vie en Rose
Pairing: Matt Murdock x Fem!Reader
Word Count: 4.1k
Summary: In the aftermath of your night of passion with Matt, you are trying to determine what is the nature of those new feelings that are arising.
Warnings/tags: 18+, MDNI, smut, p in v, oral (male receiving), protected sex (wrap it before you tap it folks, always.), lots of fluff
A/N: Here it goes, a little more smut in this chapter.    
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Masterlist || join my taglist
Tag list: @marytheweefrenchie; @sunflowersandsapphires; @abbyhaslongshorts; @schneeflocky; @danzer8705;
@ebathory997; @sarraa-26; @cheshirecat484; @rebeccapineapple
Dividers by @cafekitsune
Song the title is referring to:
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Il est entré dans mon cœur (I welcomed in my heart)
Une part de bonheur (A piece of happiness)
Dont je connais la cause (Of which I know the reason)
C’est lui pour moi (It’s him for me)
Moi pour lui dans la vie (Me for him, in this life)
Il me l’a dit, l’a juré pour la vie (He told me so, swore it for life)
Et, dès que je l’aperçois (And as soon as I see him)
Alors je sens en moi (Well, I can feel inside of me)
Mon cœur qui bat (My heart beating)
You had not stirred up in your sleep when Matt slid out of bed. He huffed out a quiet laugh when you let out a soft snore. He had quietly gotten dressed, putting on grey sweatpants and a dark shirt. He only hoped he had food in his fridge, enough to cook some breakfast. Matt didn’t have a habit to stock his fridge with food, although he would argue he was getting better at it. His ears were on you while he was cooking breakfast. A slow lazy grin pulled at his lips as he remembered the night before. Your body going on overdrive while you offered yourself to him. He loved the way your body had reacted to him, to his voice and his touch.
Matt considered himself lucky to have found you. It was probably too early to say that he was lucky. Maybe he would ruin it one way or the other, as he always did. He just couldn’t help but enjoyed the way you always reached out to him when you were together in a room. Always seeking his touch as though you couldn’t get enough of it. He never wanted you to stop. He was also aware that he would have to let you know about the Devil. He was just afraid that once you knew, you would just stop. That you would want nothing to do with him anymore. And he didn’t think he could bare the thought of that happening.
You padded into the living room as he was pulling two cups out. A slow smile pulled at his lips, you were wearing his shirt. And as you wrapped your arms around his middle from behind, he could smell himself on you. You buried your face between his shoulder blades while he poured the coffee.
“How did you sleep?” Matt asked you, his hand wrapping around one of your wrists. He pulled you around him, so, you could face him.
“Amazing.” His arms wrapped around you. You yawned, burying your face in his chest.
“Not a morning person, uh?” He chuckled.
“Not really,” you grumbled.
“Hopefully, some coffee and breakfast might make it better.” Matt suggested, his lips met your temple tenderly before he steered you to the small table.
Rubbing sleep out of your eyes, you took in the sight of Matt bringing breakfast to you. It was a beautiful sight. Something you could get used to. He placed the plate in front of you, and your stomach grumbled at the smell of the omelet. You were not much one for breakfast, it was one coffee and nothing less. But you had worked up an appetite from the night before, and now you were famished.
“How do you take your coffee?” Matt asked from the kitchen.
“Black and three teaspoons of sugar.” You answered. “Is that bell pepper?”
“I had some left in the fridge. And thought I could make it fancy.” He answered, shrugging off one shoulder.
“Well, it does look fancy.” You smiled at him. “Smells delicious too.” You thanked him as he put the coffee cup in front of you. He tilted his head slightly, his unseeing eyes focused somewhere over your shoulder. “What?”
“You’re not eating.” He said sitting across from you.
“Oh—I’m waiting for you.” You shrugged smiling.
“You don't have to wait for me.” He smiled softly, grabbing his own fork. "Just go ahead."
“Bon Appétit.”
You felt pleasantly sore from the night before. It felt so surreal for you to be sitting here, having breakfast with Matt. He wasn’t your first boyfriend by no means, although your previous relationships weren’t as successful. You never truly worried about them, but sitting here with Matt, enjoying your breakfast, you were expecting for the other shoe to drop. You were expecting for something to go wrong. Because you were happy, because it mattered.
You were sure it was too soon to say anything. It had barely been a month. And maybe, you weren’t entirely thinking clearly. You had just woken up. And the night before, you and Matt had engaged in sexual intercourse for the very first time. And that feeling in your chest was probably the result of that. Maybe, you were getting your feelings all mixed up. You might feel different tomorrow. But right in this moment, you didn’t want to have breakfast with anyone else but him. The truth was, you didn’t want just anyone. You wanted him. And that truly scared you.
The truth was, you really, really liked him.
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“Are you okay?” You asked him suddenly; you were both cuddling on the couch in the quiet apartment.
“What?” Matt exclaimed, a laugh escaping his lips.
“I’ve seen the scars, Matthew.” Your hand ran along his chest, where you knew the scars to be. Matt tensed under your touch. You looked up at him, sensing the shift in the air. “I’m sorry—I—”
“No, it’s okay—it’s just—um—” He cupped your jaw, “I will tell you all about it. Everything. Just not today.”
Your eyes roamed his face, it sounded like a promise. Although, he didn’t look comfortable about the topic. You didn’t know what had happened to him, you were curious. Those scars were almost identical, and you could only imagine how terrible and deep these wounds truly were. Matt wasn’t comfortable with this subject; you could feel it in the way he had tensed under your touch. You weren’t going to push.
“It’s okay.” You reassured him. “I’m not going anywhere. Whenever you’re ready, I’ll be here.”
“Promise?”
“Promise.” You moved up so you could kiss him.
You would be patient, and you’d be there to listen. There were certain things that people had a hard time to share, just like you. There were certain things you weren’t ready to share with him. Things from your childhood, you had yet to come to terms with. Memories that were long forgotten. Mainly because your brain had decided to block them out. And only in recent years, some of them had come back. And feelings, emotions you had felt at the time had washed over you. And you wished they had remained repressed a little longer.
Maybe Matt wasn’t ready to revisit something that had been traumatic at the time. And you didn’t want him to revisit it for your own curiosity. So, you would ignore the subject of his scars and not bring them up. Not until he was ready to share his story with you.
You would wait for him.
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“Someone had a good weekend.” Amelia commented when you joined her at the foot of her building.
“It was okay.” You shrugged, repressing a smile.
“Okay, uh?” Amelia repeated while you both started to walk together. “That’s it.” She shoved you lightly. “Come on, it was more than okay, wasn’t it?”
You giggled, “yeah, it was.” Amelia jumped up and down, next to you. “It was amazing.”
“You need to give me more than that.”
“No, I won’t kiss and tell. All you need to know is that—Matt is—an excellent lover.”
You and Matt had spent most of Saturday together, but eventually you had to go home. You had borrowed a fresh shirt and gym shorts to go home. And briefly, you had smelled like him. You were truly happy in this new relationship. Was that the honeymoon phase? Where everything felt great, carefree and happy. Where it felt as though nothing could go wrong. You wanted this—honeymoon phase to last for as long as possible. Before life and God came to the realization that you were happy and they just needed to ruin it for you. Before Matt realized you were too much to handle.
You were convinced your mother had walked away for this very reason. You were too much for her. You loved too much, you expected too much in return and she couldn’t handle it or didn’t want to. You didn’t know.
You were too much and also not enough. Not enough for her to stay. Not enough for her to come back. Not enough for her to love. You were simply not enough.
Your father had made you feel the same too. You were too emotional, too dramatic, too generous. As he was, by the way. And at the same time, you weren’t doing enough. You weren’t doing enough around the house. Or you weren’t doing chores fast enough. Or you weren’t making enough money. Whatever you did, was just not enough for him.
You had learned to give yourself some grace over the years. You have learned to love yourself and be kind to yourself. Still, this ill thought of being not enough and too much at the same time kept creeping back. Making you doubt and question relationships, people and yourself.
You should relax and let yourself enjoy this relationship with Matt. But in the back of your head, there was this small voice that kept telling you;
This is too good to be true.
“Alright, stop that!” Amelia bumped her shoulder into yours.
“What?” You turned to her quickly.
“This,” she waved her hand over your form. “The voices in your head are wrong.” She leaned closer to you, “listen, you are happy, right?”
“Yeah,” you nodded. “Very much.”
“Then don’t let those voices ruin everything for you.” Amelia reassured you. “Matt couldn’t take his hands off of you. He really likes you. Have a little faith in him.”
“It’s not him the problem.” You said, Amelia laced her arm with yours. “It’s me. I’m sure I’m going to do something that will—put him off.”
“Like what? Loving on him too much? Giving him head?”
“I’m serious, okay?” You snapped. “I always find a way to drive the people I love away. Or I’m the one who ends up walking away. And I really don’t want that happening with Matt.”
She let out a deep sigh, “Trust me, it won’t.” You looked up at her. “You won’t drive him away, and you love him too much to leave now.”
“Never said anything about love.” You stammered out, panicking that you had let something slipped.
“Oh, honey.” She huffed out a laugh as you neared your workplace. “Don’t worry, it’ll be our secret.” She winked at you.
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Matt threw the empty bag of take outs while you finished up washing the dishes. His arms wrapped around your waist as you dried off your hands. His nose buried in your neck; you heard him inhale deeply. You brushed your fingers in his arms lightly.
“How early do you have to go to work tomorrow?” You asked quietly.
“Well, that’s the perks of being your own boss. I can afford being a little late.” Matt lips trailed up your neck, finishing their course on your jaw.
You both started swaying, “do you want to spent the night?” You asked him timidly.
“I’d love that very much.” He whispered against your ear.
A small smile pulled at your lips. As you turned around in his arms, your arms wrapping around his neck, your fingers grazing at the hair on the nape on his neck. You kissed him hard on the lips. You had missed him and you couldn’t wait any longer to have him again. His hands slid down your ass, squeezing it gently. The action pulled a quiet moan out of you.
“Matty?” You panted pulling away, he chased after your lips. “I want to try something.”
“What?”
Without a word you pulled him into your bedroom. Nervous of even breaching the subject, you just decided to initiate it. You had thought about it for a while. You pushed him down onto the bed.
“Sweetheart, what are you doing?” Matt pushed himself up on his elbows.
You started to unbuckle his pants, “I just—I want—”
His hands rested on yours as he sat up, “you don’t have to do that. I’m not expecting you to.”
“I know.” You nodded, your hands sliding on his thick thighs. “But I really want to. And if you’re open to it, I would love to do this for you.”  You pushed him back with a kiss on his lips. “Just let me take care of you tonight, okay?”
Your heart was hammering in your chest as you kept kissing him. You reached down to grip him through his pants, slowly stroking him. His fingers entangled in your hair; he pulled your bottom lip between his. You kept stroking him, moans falling from his lips. You let go of his cock, only to open his shirt. You kissed down his jaw, his neck, his chest. You felt his stomach tensed under your lips, tight in anticipation. Your hands reached for his belt, unbuckling it. You knelt between his legs, pulling down his pants, coming face to face with his bulge.
You swallowed your saliva, your breath growing shallow. So was his. You pulled down his boxer, he hissed when the cold air hit his leaking tip. You gripped him at the base. You licked at the salty pre-cum, a needy moan pushing past his lips, one of his hands finding the back of your head.
This was more for you than for him, really. You didn’t really have a good experience when it came to giving oral. You've had partners that had shown themselves forceful. They pushed you beyond your limits which had soured your experience. You wanted to do this for Matt as he had done for you. You wanted to enjoy it. And you trusted Matt enough to try it with him.
You wrapped your lips around his length. His fist tightened in your hair, pulling at them. But he wasn’t pushing your head down on his cock. You couldn’t take him entirely; you didn’t want to gag. So, you went slow, each time swallowing more of him, before coming back up to the sensitive head.
Matt’s head was thrown back against the bed, his eyes shut tight. Moans rising from his chest, cussing every time you go down on him. His free hand fisted the sheets on the bed, as he struggled not to buck into your mouth.
You felt yourself becoming wet as he came undone. The groans and moans you pulled out of him, made you clench your thighs, seeking for some sort of friction to alleviate the pressure that was building. You pulled him out, to breathe, stroking him with your hand.
“Sweetheart—” He moaned out, lifting his head. “I don’t—I don’t think I can last any longer, fuck, please—”
His words died on his tongue when yours swirled around his tip, before taking him again in your mouth. This time you took him a little deeper, your throat hurting a little. You pulled back slightly, he jolted when your tongue rubbed along the smooth head.
He was so lost in his pleasure that he couldn’t hold back anymore. He bucked into your mouth, his fist tight in your hair, pulling at it. You groaned at the sensation; Matt was losing control under your tongue. He was close, nearing his climax. Pleas fell from his lips, begging for that push over the edge.
Without warning, he erupted on your tongue, warm and salty. A filthy moan came out of his lips, your weeping cunt demanding for attention, clenching painfully around nothing. You swallowed it all down, your tongue rubbing against him once more, as he softened in your mouth. You let him fall from your lips, laid a kiss on his thigh, before moving to lie down next to him.
A slow blissed out smile pulled at the corner of his lips. Panting, he turned his face to you.
“Are you okay?” You asked him, your head resting in the palm of your hand. Your hand ran along his torso.
“Yeah, I’m more than okay.” Matt cupped your jaw, pulling your face to his, tasting himself on your tongue. His fingers brushed down your jaw, his hand gently wrapping around your throat. “That was amazing, sweetheart.”
“You enjoyed it, I take it.”
“Very much.” You giggled at his words, leaning over to kiss him. His hand pawed at your thigh, pulling you to him. “You’re wearing too much clothes, sweetie.”
You pushed off of him, to get rid of your clothes while he got rid of his shirt. You crawled back into the bed, and straddled him. His fingers finding your dripping cunt. A filthy moan escaped your chest.
“Shit, you’re so wet.” His finger slid easily into you, his thumb circling your clit. “Is this for me?”
You nodded; your eyes shut tight. You whimpered, “only for you.”
“You enjoyed it, didn’t you, sweetheart?” You nodded, your hips bucking into his hand. “Sucking me off, got you this wet, uh?”
“Yes!” You cried out. Your hand clamped around his wrist when you felt yourself nearing the edge. “I need—to feel you inside—” you panted out. “Please, Matty.”
He pulled his fingers out, while you reach for the condom. You stroked him a few times, his cock hardening in your hand once more. Heavy and warm. You rolled down the condom onto his shaft, before guiding him to your entrance. You slowly slid down onto his cock, taking him slowly, adjusting to him.
Your hands were on his bare chest, your eyes snapping shut as you paused. You sunk lower onto his cock, he filled you entirely.
“You’re taking me so well, sweetheart.” He praised you, your eyes rolled in the back of your head. “Just like that.” He panted, his hands resting on your hips.
Once he was fully inside of you, you rolled your hips. He let out pleased and throaty moans. You enjoyed it. His eyes were clamped shut. Setting up a slow pace, you grinded along him, his hands cupped your breasts. He kneaded the flesh as you rode him.
"Shit," you hissed. Matt unravelled beneath you, his eyes clamped shut. His hands pawing at you, going from kneading your breasts to gripping your hips. As though he didn't know where to put his hands. He looked erotically beautiful.
His grip on your hips tightened, your fingers clamped around his wrists. Your head fell back on your shoulders, his cock squeezed by your walls. Your moans and groans echoed in the room. Your hips rubbed along him, your pace unsteady as you grew tired.
Matt sat up, his arms wrapped around your back. He pulled you into his chest, his lips latching onto yours. Your hips kept grinding along him, your arms wrapped around his back. He flipped you over, switching your position.
"Oh, fuck!" You cussed, the action catching you by surprise.
It was hot that he switched your position without having to pull out.
"Doing so good for me, sweetie." Matt praised you quietly.
He bucked into you, he was now the one in charge, setting up the pace. Your hands gripped his back tighter, his lips found your pulsing point, in the crook of your neck. You naively thought that the novelty of your relationship, it being the first time sleeping with him, had made the experience so much more enjoyable. You were wrong. The second time around, you didn’t fare any better. You were stuck halfway between a panic attack and rolling around like a cat in heat. Matt’s expression, whenever you could focus long enough to see them, were as lust filled as yours felt. His pulse seemed to be galloping along about neck and neck with yours.
You gave out a sudden cry when he slammed hard into you. Your nails dragged down his back, eliciting a groan out of his chest. Matt pulled back and slammed again into you, without warning your cunt clenched around him. A loud moan echoing through the room, Matt kept bucking into you while you orgasmed, white dancing behind your eyelids.
Your toes curled; your legs tightened around his waist, shaking. Matt kept thrusting into you, slowing his pace as you came down from your high. Your hands raked through his hair, slick with sweat.  Your lips latched onto his, swallowing his moans and groans.
“Matt, faster—please.” You panted out, building up to another climax.
He complied. The tip of his cock brushed along the spongy spot inside of you. A whimper escaped your lips, filthy and needy. The sounds you made spurred Matt on, he bucked into you a little faster. Stars erupted behind your eyes, as he kept pushing on this spot with the tip of his cock.
“One more—just one more.” He breathed out in your ear.
“Fuck, yes!” You cried out, gripping his back, tightly.
Matt lowered himself to kiss you deeply as he kept pounding into you. White dancing at the edges of your vision, his thrusts growing sloppier. Your mouth opened, breaking the kiss, to let out a guttural moan. His hips stuttered to a stop, his forehead falling in the crook of your neck, a loud groan rumbling through his chest.
Your pants filled the room, both of you a sweaty mess. His lips brushed on your neck, kissing down your shoulders. Both of you were slowly coming down your high. After a few minutes, he mustered up the energy to pull out of you.
Your hand reached out to his arm, weakly pulling him to you. Matt huffed out a little laugh as he moved closer to you. You kissed his cheek, resting your forehead against his temple. You threw your leg over his hip as he pulled you as close to him as possible.
“I missed you, Matty.” You kissed him softly, “I really did.”
Matt chuckled. “That's good to hear cause I missed you too." His hand rubbed along your thigh. "A lot."
A small smile pulled at your lips, his words filling your chest with a warm feeling. Making your heart swell with—joy, and something else. Something you weren’t entirely ready to face. You thought it was too soon to feel that way about him. And maybe, it was the novelty of it all. Everything was new and beautiful; the sex was great. And your hormones may influence you in that way. This wasn’t love, it probably was the post-coital bliss.
It didn’t matter in the moment though. You were perfectly satisfied falling asleep in Matt’s arms. You could truly get used to this.
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“What?” You leaned closer to your mirror. On your neck, a large copper-rich bruise was on display. “Matt!”
“What’s wrong?” He turned to you, tying his tie loosely around his neck.
“You left a hickey on my neck.” You groaned, pointing to your neck. “A very large one too. When did you have time to do that?”
“Well—” Matt smirked, his hand coming up to brush against the offensive mark. “We did get carried away last night.”
“Amelia is gonna have a field day with this.” You grumbled, pouting.
Matt snorted before resting his lips on your brows. “I’m sure it’ll be alright.”
“Have you met Amelia?” You pulled back slightly to glare at him. “She’s merciless.”
“I can imagine,” he pulled you into his chest, burying his nose in his favorite patch of skin.
“Matt?” He hummed in your neck, both of you swaying. “We’re going to be late for work.”
“Or we could stay in bed all day.” He suggested, inhaling deeply. “Naked together, getting to know each other better.” His fingers travelled up and down your spine.
Your breath hitched in your throat. His voice, and his fingers on your spine, ignited the fire in the pit of your stomach. You would love nothing more than to stay in bed with him all day long. But he had his practice than needed him, and you had datelines to meet.
“As tempting as that sounds, and as much as I would love to, we can’t.” You reasoned. “Tell you what,” you pulled away slightly. “We can make that happen this weekend.”
“You’re full of good ideas, sweetheart.” His lips tugged up at the corner.
“Always, my good sir.” You replied back, “come on, hurry up, you still need to stop by your apartment.” You padded back into the bathroom. “We’re definitely going to be late.”
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hedgehog-moss · 1 year
Note
Bonjour, Mon rêve absolu est d'habiter à la campagne, dans un endroit très isolé et sans voisins. Mais j'ai la phobie des chasseurs, et je ne sais pas comment je vais faire pour les supporter. Je randonne beaucoup en campagne, et j'en croise énormément, ou bien je me retrouve au milieu de battues (je suis pourtant sur des circuits de rando). Je vois des amorces de cartouche près des maisons, aussi. Bref, je me demandais : comment fais-tu avec eux ? Merci pour ton blog, si beau et reposant ! <3<3
Salut :) Je compatis vraiment, la chasse est une plaie... Ils sont censés disposer des panneaux 'battue en cours' mais pareil je croise souvent des chasseurs & chiens en forêt sans avoir vu le moindre panneau. (Une fois j'ai vu un chasseur en train d'installer tranquillement son panneau à 100m de chez moi �� j'ai été le voir en mode faudrait peut-être songer à pas se foutre du monde et il a dit qu'il ne s'était pas rendu compte qu'il était si près, alors qu'on voyait ma maison depuis l'endroit où il mettait le panneau...)
Ils aiment bien prétendre être l'ultime rempart entre l'honnête citoyen et une incontrôlable invasion de sangliers mais j'ai dû batailler pendant un an pour qu'ils arrêtent de poser des tonneaux pleins de maïs dans mes bois pour attirer les sangliers, donc bon. Arrêtez de les gaver déjà ? Ils élèvent aussi des faisans pour les mettre en liberté la veille d'une battue, les pauvres pitchouns n'ont aucun instinct de survie (se laissent approcher sans problème, errent au milieu des routes d'un air paumé...), ça doit être aussi gratifiant que de chasser des poulets de batterie. C'est vraiment le sketch des Inconnus où ils arrivent avec leur propre galinette et se mettent à quatre pour lui tirer dessus dès qu'elle sort de sa cage.
Bref je n'ai pas vraiment de solution, j'imagine que les options se résument à : 1. Parler de ta problématique aux maires des communes quand tu en seras à prospecter, pour savoir s'il y a des espaces protégés ou plus sûrs — sur les hauts plateaux derrière chez moi il doit y avoir peu de gibier par rapport aux coteaux boisés, je n'y vois jamais de chasseurs par ex 2. S'adapter comme les chevreuils pour devenir un animal nocturne et faire ses balades la nuit. Bon personnellement j'adore me balader la nuit, il y a plein d'animaux sauvages et de beaux ciels étoilés, mais c'est vrai qu'on ne profite pas trop des paysages ! 3. Ne se balader que chez soi de septembre à mars, si on possède un terrain avec quelques champs ou une parcelle de forêt, puisqu'on peut faire interdire la chasse dans les terrains privés (c'est pas foolproof mais à force de râler on y arrive...), et ne s'aventurer plus loin que hors saison :/ 4. j'allais ajouter : s'installer à proximité d'un parc naturel ou une forêt protégée, mais je viens de vérifier et apparemment la chasse est quand même autorisée dans la plupart de ces zones >< J'ai une forêt protégée près de chez moi où chasse & exploitation sont interdites, mais ça doit être au cas par cas pour savoir ce qui est autorisé ou pas dans une forêt donnée, et les autorisations peuvent changer (comme dans le parc naturel du Vercors je crois où ils avaient interdit puis ré-autorisé puis ré-interdit la chasse en l'espace de 3 ans...)
Pandolf a horreur des chiens de chasse et il entend les battues bien avant moi et ça le fait grommeler, donc avoir un chien peut aider, au moins pour être alertée de la présence de chasseurs à proximité, surtout les jours de mauvaise visibilité. Je me souviens d'une fois où il s'était mis à grogner sans que je sache pourquoi (on était chez nous), je vais voir au fond du pré et au bout d'un moment j'entends un coup de fusil au loin et c'était un jour de brouillard épais où on ne voyait pas à cinq mètres, faut vraiment être un branquignol pour chasser dans ces conditions... Mais même si on arrive à mettre la main sur un interlocuteur auprès de qui se plaindre on reçoit en gros le message "ah oui c'est pas très autorisé ça mais bon ma bonne dame faudra vous y faire, vous êtes à la campagne, y'a des chasseurs"
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olympic-paris · 14 days
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saga: Soumission & Domination 270
Arcachon
Jour 1
Appel à nos amis et ils nous retrouvent alors que nous attendons devant l'agence de location. Le professionnel est surpris de voir nos moyens de locomotion et je le vois s'inquiéter pour sa villa. Et je crois que le fait que je paye le reste de la location et les courses que nous avions demandés d'y mettre en liquide n'arrange pas les choses !
Il nous y emmène quand même. La villa correspond à la pub. Grande, style 1900 mais avec piscine découvrable et espace de détente/sport.
Nous finissons le tour de la propriété et en sommes à plonger dans l'eau quand ça sonne au portail. Nos amis sont étonnés, nous avions oublié de les prévenir pour nos invités à l'apéro.
J'enfile un maillot de bain traverse la maison et descend les quelques 10aines de mètre qui la sépare du portail. Ce sont bien nos deux motards. En civil, ils nous ressemblent, et les BMW bleues ont été remplacées par deux Ducati 1199 Panigale R flambant rouge. Alors qu'ils les garent à coté des nôtres et de la SL, les autres arrivent aux nouvelles. Evidement nous passons un bon moment à tourner autour de leurs deux cubes. Je leur dis que je ne pensais pas que la paye de gendarme leur permettait ça. Ils me répondent qu'ils les ont eu au domaine, que c'était des motos confisquées par un préfet pour grands excès de vitesse. Ils ajoutent qu'elles sont full power et que les 195 CV sont plutôt de courses ! Avec un peu de piston, ils avaient put mettre la main dessus.
On traverse la villa. Les deux gendarmes regardent partout. Ils laissent leurs combis dans le salon et restent en slip jusqu'à la terrasse, des " ES " quand même ! Arrivés coté jardin, nos deux invités regrettent de ne pas avoir prévu de maillot. Ernesto leur dit de ne pas s'en faire, la piscine est à l'abri des regards et qu'ils sont facultatifs.  Je leur dis que j'espère qu'ils ne sont pas pressés de rentrer. Le plus grand des deux me rassure et me dit qu'ils ont trois jours de récupération.
Ils ne font pas de manière pour les enlever avant de rejoindre les autres dans l'eau. J'avais bien évalué leurs potentiels. Ils sont vraiment beau mecs, épaules larges, musclés en V et deux services trois pièces conséquents au repos. Les couilles sont rasées et les pilosités maitrisées et certaines totalement épilées.
Les présentations sont rapides. Nous apprenons qu'ils sont basés sur Bordeaux, même s'ils sont souvent envoyés ailleurs. Ils sont plus jeunes que je pensais puisqu'ils n'ont pas encore 30ans. L'uniforme ça vieilli ! Et oui, ils sont homos et c'est pourquoi ils ont accepté notre invitation. Par contre ils ne comptaient pas rencontrer des " locaux ". Nos amis les rassurent sur leur discrétion, n'étalant pas non plus leurs propres liens dans le cadre de leur Fac, même s'ils ne se cachent pas non plus.
PH est sorti de l'eau pour chercher les verres, les glaçons et les alcools de l'apéro.
Nous sortons aussi de la piscine. Les bites sont plus gonflées sans être franchement bandées à fond. Avec mon expérience, j'estime qu'à mi-bandaison nos deux gendarmes portent des " accessoires " d'au moins16/17cm déjà.
J'ai l'impression qu'ils font attention aux doses qu'on leur sert. Je leur en fais la remarque. Ils me répondent que s'ils se font prendre avec de l'alcool dans le sang ils seraient en difficulté. Ernesto qui est arrivé par derrière, me prend par le cou et leur dit que ce n'est pas un problème, ils n'ont qu'à rester. Il faut que tous les autres s'y mettent pour qu'ils acceptent. Ce n'est pas tant pour pouvoir se bourrer la gueule mais les 0,5g dans le sang arrivent trop vite.
Ça chauffe ! Les queues bandent et nous apprenons qu'ils sont tous les deux recto-verso et plutôt BM avec un bon 21 et un 22 épais bons pour le service !
Nous restons sur la terrasse. PH se bat avec un des jeunes " médecin " pour bouffer la bite d'un gendarme alors que l'autre est coincé entre Ernesto dans son dos et l'autre jeune sur sa queue. Moi je retrouve avec plaisir les caresses à 4 mains des deux autres médicos.
Pendant les deux heures qui ont suivi, nous avons testé les capacités de nos invités. Les deux gendarmes n'ont pas été les plus mauvais ! Ils se sont bien déchainés après quelques minutes de flottement devant la voracité de nos plus jeunes participants !
Je me fais enculer par les deux gendarmes, l'un après l'autre ! Ils sont loin d'être mauvais. Leurs coups de rein sont puissants et bien qu'emballées dans des kpotes, je sens leur gland frotter ma prostate. Je crois qu'à part nos deux 6ème année, non, maintenant 7ème année de médecine, nous les avons tous reçu dans le cul. Je me les suis fait aussi. Leurs rondelles sont bien musclées et résistent avec juste ce qu'il faut avant de céder et de me laisser entrer. Je m'étais déjà fait démonter le cul par des gendarmes la première année de mon permis moto (justement pour ne pas le perdre) mais jamais encore l'inverse.
J'en prends un en levrette. Mes mains bien accrochées à ses épaules musclées, je bascule le bassin pour entrer mes 20cm dans son cul. J'y vais lentement. J'aime sentir son boyau s'écarter devant mon gland et épouser les contours de celui-ci. Il souffle jusqu'à ce que sa bouche soit remplie par la bite d'un médico. Alors que je le lime depuis quelques instants, un des jeunes rampe sous son ventre et embouche sa bite. Je sens son excitation par les palpitations de son anneau sur ma queue. J'intensifie mes va et vient. Il profite ainsi de tout mes 20cm à chaque fois. Parfois je sors complètement et attend un peu que son anus se resserre avant d'y retourner. Mes pénétrations sèches font s'étrangler le suceur. Notre ami monte en pression et il me repousse pour dégager sa bite de la bouche qui le suce juste avant de juter. Ce faisant il m'a fait l'enculer jusqu'à l'os et cela déclenche ma propre jouissance. J'en remplie ma kpote alors que le dernier de notre quatuor jute sur son crane.
Nous reprenons notre souffle et un peu de jus de fruit alors que les autres terminent à leur tour.
Douche puis petit tour dans la piscine avant le diner. Tout le monde s'y met. La maréchaussée au BBQ, les médecins aux salades et nous autres à sortir les couverts. La soirée est plus calme. Je raconte à nos deux invités les fois où je me suis tiré de retraits de permis en payant de mon corps auprès de certains de ses collègues. Ils sont étonnés qu'ils aient pris de tels risques. Malgré quelques arrestations de beaux mecs, ils n'ont jamais utilisé leur position pour en profiter. J'ajoutais qu'étant alors en défaut de surpuissance de moto / années de permis, c'est toujours moi qui avaient fait les premiers pas. Ils nous disent alors regretter de n'être pas tombé sur moi. Ils se seraient laissé faire comme leurs collègues. Nous apprenons aussi qu'ils sont adepte de musculation en plus du sport avec leur bataillon (beaucoup de foncier, jogging et de pratique du combat à main nue et bien sur armé aussi). Ça explique leurs carrures.
La route plus la baise nous a bien cassés. Vers minuit, nous laissons nos amis autour du bassin et tombons de sommeil dans la première chambre venue.
Jour 2
Réveil. Je suis encore emmêlé avec PH et Ernesto. Nous nous faisons un peu plaisir (en réalité nous nous suçons jusqu'à éjaculation) avant de prendre une bonne douche et de descendre. Sous la douche nous discutons de nos deux gendarmes. Ernesto et PH sont d'accord avec moi et estiment que nous sommes tombés sur deux bons coups. PH ajoute qu'on devra essayer, s'ils sont d'accord de garder contact après cette semaine là. Du bas de l'escalier, des voix proviennent de la cuisine. Quand j'entre, je vois tous nos invités déjà debout. La table est préparée pour le petit déj et j'aperçois des croissants. Quand les deux autres (PH et Ernesto) descendent à leur tour, un des gendarme leur répond qu'il a poussé jusqu'à la boulangerie pour cela. Vu l'heure, ça glisse vers un brunch conséquent. Faut bien entretenir nos carcasses !
Café chaud, croissants, la journée commence bien. Les deux gendarmes nous demandent si nous connaissons le coin et devant notre ignorance totale, nous proposent de nous emmener sur un spot gay mais discret. Nous sommes tous d'accord pour les suivre. Nous leur prêtons des maillots car la plage n'est pas nudiste près de l'accès et comme nous voulons garder nos motos à vue... Bien que ce ne soit pas très " sécurité ", nous restons en short et t-shirt sur nos motos. Par contre, pas de liberté avec les casques, les boots et les gants ! Nous roulons à petite vitesse (50-60 Km/h) jusqu'à la plage en question. Nous enchainons les motos deux à deux et installons des blocks disques à alarme avant de descendre sur le sable. Une des serviettes sert de vestiaires et nous allons à l'eau. Elle est chaude, c'est agréable. Nous chahutons tous les 9. Bousculades, chutes dans l'eau, nous nous battons aussi deux contre deux, l'un porté sur les épaules de l'autre. A ce jeu ce sont nos gendarmes qui gagnent contre PH sur Ernesto juste devant les couples d'apprentis médecins.
Allongé sur la plage, je matais, caché derrière mes lunettes de soleil, les voisins les plus proches. Je ne vois personne de plus de 30 ans " physique ", ni de gros. Je questionne les gendarmes après leur victoire. Ils me disent qu'effectivement c'était surtout des jeunes sportifs qui squattaient cet endroit. Le fait qu'il ne soit pas surveillé éloignait les familles avec leurs corolaires de marmots !
Nous sommes rapidement invités à une partie de volley par un groupe de 10 mecs déjà bien bronzés. Nous tournons à trois équipes. La notre étant composée des deux gendarmes, d'Ernesto, un des 7ème année et moi-même au départ, nous faisons une rotation avec les autres. Nous nous en sortons honorablement même si nous ne gagnons pas tous nos matchs. Entre les parties, évacuation de la sueur dans l'eau, et échanges divers. J'apprends qu'ils sont en vacances eux aussi et pas très loin de notre location d'après un de nos gendarmes. Etudiants parisiens, ils étaient là 15 jours pour fêter leurs fins d'années et leurs passages dans leurs années supérieures respectives.
Avant la fin de l'après midi, un des volleyeurs nous propose de passer la soirée chez eux. Cela ne m'étonne pas, j'avais remarqué dans leurs maillots l'intérêt que certains pour ne pas dire tous nous portaient.
A un des gendarmes qui demande ce que nous pouvons apporter, ils répondent, des kpotes, de l'alcool et encore des kpotes. Nous les quittons avec leur adresse et un n° de portable.
A la villa, après avoir acheté deux caisses de champagne et mis les bouteilles au frigo, nous passons le temps qui nous sépare de la soirée à nous faire " beaux ". Rasages de couilles et passages de tondeuse, des massages de nos peaux au lait après soleil nous rendent encore plus " baisable ". Ceux qui bandent prennent leur mal en patience. On ne va pas décharger nos batteries alors qu'on est attendus pour une touze !
Nos gendarmes sont ravis d'être avec nous. Ils me disent que ça faisait un bon moment qu'ils n'étaient partis dans un trip pareil. Ils ajoutent que souvent ils n'osent pas se lancer de crainte de plans foireux ou même délicat quand les mecs devinent leur métier. PH qui arrive à ce moment là, leur dit qu'ils seront toujours les bienvenus chez nous. Ce qui n'est pas loin question temps de trajet, vu les joujoux qu'ils pilotent. Ils pourront même arriver en uniforme nous avons de quoi " cacher " leurs motos compromettantes et leur en prêter des à nous. S'ils n'acceptent pas d'entrée de jeux, ils ne refusent pas non plus. A travailler !!
Nous leur prêtons des fringues (des shorts et deux marcels un peu petits mais qui ne les désavantagent pas) pour la soirée. Cela leur évite de retourner à la caserne.
Jardinier
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Scotland
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stardancerluv · 10 months
Text
A Time to Love and to Fight
Part Twenty - Six
Summary: Reader and Enjolras, allowing their moods lead them.
Notes/Warning: 18+ only. Consensual P in V intercourse, Dated views of intercourse
Thank you for reading! ❤️s & reblogs are always welcome. Feedback is also very…very welcome!
Translations: Then I am yours, heart and body. - Alors je suis à toi, corps et cœur. My love - Mon amour, Beautiful- Beau, My beauty - Mon Beaute.
He chuckled, “So tell me what has made my wife so bubbly?”
Your eyes twinkled. “The ladies gave me some wine.” You leaned in close. “Its stronger then whatever we drank at the tavern.”
“So are you feeling nice and warm?”
You nodded, a giggle came from you.
He shook his head smiling. “Those women befuddled my dear wife.”
“Enjolras?” You hold onto your bravery. You would finally tell him.
“Yes, love.”
“There is something I have been wanting to tell you.” You say in a lower tone.
He rested his forehead against yours. “Oh? This sounds like it will be very interesting.” He smiled and pulled back.
“You remind me of all those dashing rogues I used to read about.”
He sat a little straighter getting a hold of warm fuzziness the ale he had drank earlier did to him. He rested his hands on your hips.
He wiggled his brows. “Oh? Do I now.”
“Yes, you are dashing like them and are very close to how they came out of a writer’s pen.” You placed a hand over your heart.
He truly loved and enjoyed this sweet your nature.
“I am completely besotted.”
His lips were curled in an easy smirk but it easily shifted to a soft smile. Around you smiles felt natural were not a tool to gain something he wanted or needed.
“Are you sure this is not the wine those ladies gave you?”
You shook your head. “No. Ever since I stumbled into the warehouse and you retrieved my fallen scarf.”
He chuckled. “That feels so long ago now.”
You nod.
Reaching up he cupped your cheek. “You were a sweet distraction that night.” His thumb caressed your cheek.”
As you leaned into his hand and sighed, his heart picked up speed. He drew close to you, meet your eyes he bit his bottom lip before he kissed you.
Your lips were so and hesitant at first; easily it allowed him to easily deepen it. As you pressed against him answering his kiss his passion grew.
“I need you mon ange.”
“Alors je suis à toi, corps et cœur.” You breathed
Your words made his stomach tighten in his desire for you. Moving, he lifted you and so you were now the one sitting on the bed. He standing above you he bent down to kiss you. Your lips were hungry as they touched.
“Shuffle back a little, love and lift your skirt.” He managed to breathlessly say.
You nodded, easily you lifted your skirt and soon your petticoat. Watching you, he trembled as his excitement pressed hard against his trousers.
Kneeling on the bed, he took a breath and reaching up and pulled you free of your undergarment. He tucked them into one of his pockets.
“My beautiful girl.” He murmured catching your eye. When he did he saw the pink darken in your cheeks.
Easing one of legs around his hip he gently brushed your soft entrance. The soft moan that poured from your lips, shook him to his core. He easily then entered you. Loving how he snuggly felt using his unscarred hand he braced himself on the bed beside you.
“Mon amour.” He moaned aloud.
He smiled as he discovered that you had loosened laces near your décolletage.
“Beau.” He pressed his lips against yours. “Mon beaute.”
He began to easily move within you. As he did he relished the feel of your fingers in his curls. You moans fueled him. You were so soft, so lovely. You were his sweet little trésor.
You trembled under him. “Amour, my pleasure is about to wash over me.”
“Good. Mine will not be long after you.”
His lips met yours once more and he could hear as your muffled cry, his his mouth as you shared a sweet kiss. Your sweet tightening pulled on him and the knots that had been tightening inside of him snapped and he barely could muffle himself as his own pleasure washed over him. He gripped the blankets tightly as he felt himself fill you with his essence.
******
In your chemise, you sighed and laud your head on his chest. You smiled as you felt his lips press against the top of your head.
“Love, I couldn’t wait, nor stall my pleasure for you. Laying as we normally do when we become one, would have been too long for me.” He whispered against his your ruffled strands.
“It was exciting and different. I had no idea we could move like that but it felt so good.”
You buried your face into his chest. “Oh, the wine has continued to make my ability to speak of all things.
You felt as he squeezed your shoulder. “It is alright my love. The idea came to me, that you are becoming an inspiration in many parts in my life. This make our life in England, quite an adventure.”
“Truly?” You asked softly.
You glanced at him in shadowy cabin towards him.
“Yes. And I enjoy your thoughts, never stifle them.”
“I will have to remember that.”
“Yes. After all that we have already gone through, I do not want to change how we are.”
“Thank you.” You yawned softly.
A soft chuckle came from him. “I do say it is a good idea we shared about retiring early. I believe our passions has brought a cloak of slumber that wishes to be wrapped around you and I.”
You were barely awake, hearing his soothing voice just lulled you more into the world of dreams that were eager to visit. Keeping that solitary candle burning, shadows were cast in all directions and the flame flickered in draft that blew around as the boat continued to cut through the dark, ocean.
******
How much later, you were not certain. As you rose onto your elbow in dim cabin. You were grateful Enjolras had lit a candle. He had burned to half of its stature. You eyed his sleeping form, his features were smooth and soft. Underneath was a warrior that had fought and protected you.
Inhaling you saw his scared hand. You let your finger tips just graze what remained of the wound. For a moment, you were haunted by the night you and him fled into the night. The acrid smell of the guns, how the wood door burst open as the soldiers stormed through.
“Love? Are you alright?”
You stilled not realizing you had been trembling. That night shook you. His voice raspy as sleep still held onto part of him brought a calmness to you.
You glanced down at him and nodded. He took the past that had lingered around you.
“Yes.”
“Night terror?”
“Not necessarily.”
He rubbed an eye. “Your father?”
“Not tonight. I was remembering that night.”
“Come lay back down. It will be dawn soon. Let me hold you.”
“Yes.”
You nestled close with a sigh. His hand gently caressed your arm. You felt as he pressed a kiss to the top of your head.
“I am so grateful that we made it, yet it still haunts me.” You finally spoke glimpsing up at him.
“Me as well. While I was playing cards, memories of times with Courfeyrac and Grantaire came to mind.”
His arm around you tightened.
“Once we reach land, I will send messages.”
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Kinktober 2023 - Day 7 (Din Djarin & Paz Vizsla)
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For Manda'yaim
Din Djarin x f!reader, Paz Vizsla x f!reader, other unnamed COTW Mandalorians x f!reader
Word Count: 1.7k
Summary: Now that they have reclaimed their homeworld, the Children of the Watch resurrect an ancient ritual to secure the future of their people. Reader is one of the volunteers chosen to bear the next generation of Mando'ade.
Warnings: Dub-con, CNC, Reader is consenting but unable to withdraw consent, Bondage, Gangbang, Drugged sex, Unconscious sex, Anonymous sex, Children of the Watch are a cult, cult behavior, ritual sex, breeding, breeding rituals, creampies, unrealistic amounts of cum, vaginal plugging, p in v, gratuitous use of Mando'a, religious imagery, no y/n
Inspired by @absurdthirst's Kinktober 2023 prompt list
also on ao3
The chamber is cold. It is deep in the belly of the mines, and not even the fire in the hearth can warm the small waiting area. Your beskar’gam, save for your helmet, is tucked away in the wardrobe, and you’ve donned the gauzy black shift left folded neatly on the shelf. Now, all you can do is wait.
You don’t have to wait long. The door to the main room slides open. The Armorer stands in the doorway, intimidating as ever, though you do not fear your alor. She says nothing, but you follow her out into the ceremonial chamber.
It’s domed, completely crafted of smooth, dark stone. She brings you to stand on the bridge before the chamber’s enormous entrance. The bridge rises from the hall outside but is seamless where it turns to obsidian. Even the stone dais in the center looks like the room was carved around it.
Stripped away to reveal the greater purpose beneath.
The bridge leads into the water rather than over. The slow flow of the stream encircles the center platform, but to cross, one must enter the shallow pool at the foot of the path.
The Armorer stands at the edge of the water. Your heart is pounding so loud you think you can hear it echo in the chamber.
“Do you wish to proceed?” she asks, lilting voice as commanding and regal as you remember.
“I do.” You hope your faith rings solid beneath the waver of your voice.
If she doubts you, she does not show it.
“Very well. Do you willingly offer your vessel to the Ka’ra, to accept the manda within you, for Manda’yaim?”
Will you let the kings of old grant you the very essence of your people for the good of Mandalore? Of course. “Oya manda.”
“Oya manda,” she agrees, something warm seeping from under her cold, unmoving composition. “Step forward.”
You do, bare feet brushing softly against stone, until you are within reach. Her hands find the lip of your helmet and unlatch the seal, lifting its heft from your neck. Frigid air creeps up, but you shiver more from being exposed than the cold.
She holds your helmet in one arm and steps back into the water. You follow, surprised to find it generously warm. As you settle on your knees, the water lapping up to your waist serves as a balm to your nerves.
You take the curved pot from her other hand when offered and drink of the hot tea within before sinking it below the stream at your knees. The water rushes into it, desperate to fill the gap it left behind. When you raise it, the excess flows over your fingers.
The drink has settled in your core, warmth flooding your veins. You will leave the fears behind there, to be swept from the chamber on the ebb and flow.
The Armorer takes it and holds it aloft. “None shall see your face but I, and when you leave these waters, you will be granted cin vhetin.”
She tilts the pot, warm water rushing down your face.
“Vor entye,” you pledge as the last rivulets drip down, looking at the Armorer through sodden lashes.
“You owe no debt,” she corrects. “It is the reward for your sacrifice. Rise.”
You stand and follow her onto the platform. A thick pad is laid atop the tall stone table. You shed the robe and take comfort in that she sees your bareness as devotion and not transgression.
The haze of the tincture that laced the tea nestles around you. Like when your buir used to carry you to bed after long days of training, when you didn’t last through the songs around the fire past twilight. You climb onto the table, and your body is pliant as she secures it into place.
The thick straps are for your safety, not imprisonment. They keep you tethered to the table and to Manda’yaim while your soul drifts between realms. You pray the Ka’ra won’t find you lacking.
You are secured on your knees, spread wide, and your arms forward in supplication. Your head is held bowed, and the veil is secured to the restraint.
The expanse of the galaxy is settling in around you. You don’t fight it when your vision fades.
There are two men in the room. Two of your vod. They wear no helmets and will be cleansed in the pools before returning to the surface. But no barriers can be permitted between you, and the chamber is sacred.
They don’t look at one another out of respect. They will come and go in pairs, taking turns to feed your womb and ensure your safety.
The Mand’alor is the first to give sacrament at your altar. When the doors are shut, he lifts his helm and anoints himself from the sleek pot. Behind him, Paz remains concealed. He will not shed his helmet until it is his turn, and so he will remain on the bridge to stand guard.
As Din crosses the waters, he pauses to take in your prone form. The swell of your ass in the air, the arch of your spine. The sweet, tender core of you, softly parted for him. He reaches up to run his fingers through your folds. There’s a light dew, there, but you are not ready.
“Don’t tell me this is your first, vod’ika,” Paz calls.
Din disregards the taunt, stroking through your lips until he finds the gem at your apex. With one hand gently rubbing your cheek, he spreads you open a little more and tastes.
“I don’t think that’s generally part of the process,” Paz notes.
“Shut up, vod,” Din sighs. “Should we not be grateful and ease the passage? Besides, she’s sweet. You’ll miss out.”
“I’ll have my turn,” Paz says gruffly.
“Ah, but only after she tastes of me.” Din grins smugly when Paz groans.
“Get on with it. I want to spend as little time with your naked shebs as possible.”
Din returns his lips to your cunt. He could admit he was being a little selfish, but he truly did want to shoulder some of your burden. Couldn’t leave his martyr to suffer. You or the others who had volunteered to bear the future of their planet.
When he’s certain you can take him without difficulty, he withdraws his mouth and fingers, though savoring the way you linger on his tongue.
When he sinks into you, the pleasure he had coaxed from your body eases his way. You accept him, welcome his offering, and he can’t help but devote his attentions to your pliant flesh. Soft moans slip through your peaceful exhalations. Your warm cunt clenches around him, your hips gently rocking back to meet him. You serve your Mand’alor even in sleep, and he bathes you in praise.
You’re submerged. You swim in the Living Waters, and breathe it in as easy as the air. The voices on the surface are low and rumbling, and you drift lower, free to explore, knowing your vod are on the shore. They won’t let you drown. The water is so dark, but when light breaks through, the beskar veins beneath you are all alight.
There is pressure all around you, like a cradle. And you are so, so full. You think maybe the Waters will keep you, consume you. The current fills you, and you let it sink you down, down, down.
Back in the pool at the foot of the dais, Din cleanses his cock of you, but not his soul.
He slides the helmet back over his head and gives a nod to Paz. “For Manda’yaim.”
“For Manda’yaim,” Paz dips his head to Din. When the Mand’alor turns to respect his vod’s wishes, he removes the helmet.
They are both grave now. Bare, but more encumbered than while clad in full beskar'gam. All teasing and taunting has been swept away in the meandering stream.
Not to be outdone by Din, Paz also brings you to your peak with his lips and tongue against your clit. He doesn’t dare lick into you, not out of an aversion to his vod’s taste, but to preserve as much of the Mand’alor’s seed in you as possible.
Paz is broader than his vod’ika in all ways. He expects to find some resistance when he enters you, but the tightness and heat almost make him spill early. That wouldn’t do, not when he would have to hear about it for all of eternity.
He’s brash and impulsive but never uncaring, so his fingers seek your clit as Din’s had. But as he finds a steady rhythm, an unbidden sadness blossoms in his chest.
He’s fairly certain he knows who you are, though he shouldn’t dwell on it. And though he holds no anger to the rest of his vod who will make their tributes to you today, he does wish you’d told him. Or Djarin.
They could have had you, just the two of them, if that’s what you wanted. And who better to gift you a life than the Mand’alor and his General?
Despite the undercurrent of regret, he feels proud. Proud that his vod’ika would give herself to the tribe, would sing the oldest song of their people, and receive nothing less than pure manda in reward. And the image of you, belly round beyond your beskar, sends him over the edge, fingers digging into your hips as he fills you.
It’s long after the sun has set when the Armorer and the Mand’alor return to the chamber. It matters not, as no light can reach you in the depths under the sacred city. This time, when Din approaches the dais, he is fully armored, helmet in place. He takes a box from the Armorer and opens it to reveal the sizeable, solid beskar plug and lifts it from the silky cushion.
You’re overflowing, your body simply unable to contain the twenty or so loads you were offered, their consecrations dripping obscenely from your red, swollen cunt. You jerk against the bonds and moan, half pleasure and half agony, when he parts your lips with one hand—the only part of him left bare.
The plug finds no resistance, but it does displace some of the cum, oozing down your leg. No matter, Din thinks. Most of it remains, and he’s certain he will not have been spilled, not with his seed at the deepest of your core. When the plug is in place, he uses the pot to cleanse you, to bring you back to the surface.
When you begin to stir, he leaves.
Mando'a translations (in order of appearance): Manda'yaim - the planet Mandalore Beskar'gam - Beskar armor alor - leader Ka'ra - the stars/ancient Kings from Mandalorian mythology Manda - the collective Mandalorian soul Oya manda - a Mandalorian saying showing eternal solidarity cin vhetin - a blank slate (here used to indicate that the removal of the helmet is forgiven for this ritual) Vor entye - formal "thank you" carrying a debt of gratitude buir - parent Vod - brothers/sisters (in arms/loyalty, not literal) Mand'alor - the ruler of the Mandalorians Vod'ika - little brother Shebs - ass (Source: mandoa.org)
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ellaenys · 1 year
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SPRING OF POWER — EVOLUTION IS THE NEW REVOLUTION (V.5)
Design réalisé par ELLAENYS pour la cinquième mise à jour du forum.
C'est l'heure de la MAJ d'automne ! 🔥 Celle-ci présente entre autres un nouveau design — incluant un peaufinage du thème clair — et la refonte de nombreuses annexes fréquemment visitées, toujours dans le but de rendre le forum plus accessible à toustes💖 Puisque c'est aussi un moment de répit pour toustes concernant l'avancée des intrigues, c'est le moment idéal pour nous rejoindre, alors n'hésitez pas ! 💞
De mon côté, je recherche de la famille 🤗:
Ma Cara attend sa fille, Elhara, avec impatience (enfin, tout est relatif, c'est une mère indigne mdrr) 👀
Et mon Nate recherche son frère et sa demi-sœur pour compléter la famille Bates 😎
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aedesluminis · 1 year
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A fragment of one of Robespierre's last poems
The only torment of the just at his last hour, And the only one which will then tear me apart, Is to see, in dying, pale and somber envy Distill shame and infamy upon my name, To die for the people, and be abhorred for it. -English translation by revolution-fr (chapter V, part 1) Original: Le seul tourment du juste, à son heure dernière, Et le seul dont alors je serai déchiré, C'est de voir, en mourant, la pâle et sombre envie Distiller sur mon nom l'opprobre et infamie, De mourir pour le peuple, et d'en être abhorré. -Mémoires de Charlotte Robespierre sur ses deux frères (chapter V, p 121) As no direct source has yet been found, Charlotte's account is the only one stating Robespierre wrote these lines presumably shortly before dying. The fact, her memoirs were written more than 30 years after thermidor could make one doubt about the authenticity of some of her declarations, but personally I don't find it impossible for her to remember such emblematic words. After all, that's precisely what happened after Robespierre's death and witnessing her brother's dire prophecy come true could have contributed to engrave those verses in her memory.
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kilfeur · 2 months
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Un roi et un serviteur
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Ezran traverse un moment compliqué en saison 6. Pendant la réunion concernant la perle, il sait que la menace est dangereuse en amenant la perle. Opeli a suggéré de prévenir les autres seigneurs de la Pentarchie et mettre la meilleure sécurité pour la perle. Callum propose de la détruire mais n'a pas de solution concrète. Ezran finit par se dire qu'il vaut la garder à Katolis. Ce qui reste un choix dangereux vu qu'Aaravos a pu le manipuler pour le pousser à se rendre à la tour céleste. Ce qui laisse Ezran tout seule à Katolis et ça fait depuis la saison 3 qu'il n'a été seule. La scène où justement il revoit Viren et lui dit qu'il mérite pas son pardon est assez dur. Mais de l'autre je peux comprendre pourquoi il a agit ainsi. Viren est le roi précédent et Ezran est celui qui le succède. Viren a voulu que l'humanité prospère mais ses actions ont eu de graves conséquences comme par exemple Lux Aurea ou bien l'attaque de la flèche de tempête. Pour au final révéler qu'il voulait avant tout le pouvoir. Ezran est connu pour son pacifisme et la saison 6 avait teasé que ses principes seraient défiés.
Mais je trouve que les deux précédentes saisons montrait que son pacifisme pouvait le rendre aveugle sur certains points. Dans la saison 4, il a essayé d'unir les dragons et son peuple ensemble dans l'endroit où les morts sont enterrés. Certains le verraient comme une insulte, vu comment Tempête a tué Sarai, leur défunte reine. Et quand le tableau est saboté. Ça a failli dégénérer jusqu'à ce qu'Ezran parle de son deuil de ses parents, permettant à son peuple de faire leur deuil et garder l'amour dans leurs coeurs.
Un enfant roi
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Dans l'acte 1, il essaie de se faire entendre en tant que roi. En parlant de ses idées mais Kasef ne le voit pas comme un roi. Et c'est quelque chose qui revient assez souvent. Comme avec Finnegrin quand il a essayé de lui parler. Mais que Finnegrin ne voit pas la valeur de sa couronne. Et que quand il apprend qu'il va utiliser les bébé crapauds pour ses plans. Ezran décide de les lui voler causant indirectement la torture de Callum, le sang gelé de Rayla. Et Soren qui se fait aussi passer à tabac. En saison 6, Ezran voyant que le mariage va se changer en champ de bataille. Il propose d'être leur émissaire pour résoudre le conflit. Et encore une fois, Karim ne le voit pas comme un roi. Se montrant arrogant ordonnant aux humains de partir et qu'ils devraient retourner d'où ils viennent. Toutefois il réussit à atteindre Karim en parlant de sa soeur, montrant que oui, il l'aime toujours. Mais il croit fermement qu'elle va dans la mauvaise direction. Certains se demandent sûrement pourquoi Ezran continue de vouloir parler avec l'ennemi sachant que ça marchera pas ? Pour la même raison que son grand frère continue de vouloir arrêter Aaravos. Ils veulent faire ce qui est juste bien que leurs méthodes sont différentes.
Katolis brûle
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La scène où Sol Regem brûle Katolis fait parallèle à la scène où il brûle Elarion. Mais Elarion, tu voyais le massacre de loin dans Katolis, tu le vois de plus près. La scène est horrible à regarder, voir les gens s'enfuir alors que les flammes continuent de se propager. Soren vient voir son père et lui demande d'utiliser la magie pour sauver le peuple. Mais il peut pas faire la magie primale sans pierre primale. Il parle alors du sort pour les immuniser contre le feu mais pour ce faire, il a besoin d'un coeur humain. Et c'est là que je trouve l'acte de Viren impactant, c'est qu'hormis la mise en scène, qui nous fait croire que Soren est mort alors qu'en fait c'est le coeur de Viren. Bien que je me demande comment il a réussi à tenir le coup et ainsi exécuter le sort. Viren donne son coeur à Katolis, se rappelant pourquoi il fait ça, par amour envers sa famille. Et que le sort qui avait servi à assiéger le mont tempête est un sort qui a permit de protéger le peuple de Katolis montrant qu'il est le serviteur de ce royaume. Quand à Ezran, le fait qu'il n'a pas été là va le faire culpabiliser. Il a crû que la menace a été évité pour Janai et Amaya jusqu'à apprendre la terrible nouvelle. Comment on peut être un roi si au final on est pas capable de veiller sur son peuple ? Car certes bien que le pire a été évité pour Janai et son peuple, Ezran va devoir s'occuper de ce qui reste de Katolis, sa maison n'est plus. Mais les survivants de son peuple sont encore là.
A king and a servent
Ezran is going through a complicated time in season 6. During the meeting about the pearl, he knows that bringing the pearl is a dangerous threat. Opeli suggests warning the other lords of the Pentarchy and setting the best security for the pearl. Callum suggests destroying it, but has no concrete solution. Ezran finally decides to keep it in Katolis. Which remains a dangerous choice, given that Aaravos may have manipulated him into going to the celestial tower. This leaves Ezran all alone in Katolis, and he hasn't been alone since season 3. The scene where he sees Viren again and tells him he doesn't deserve his forgiveness is pretty harsh. But on the other hand, I can understand why he did it. Viren is the previous king and Ezran is his successor. Viren wanted humanity to prosper, but his actions had serious consequences, such as Lux Aurea and the storm spire attack. In the end, he revealed that he wanted power above all else. Ezran is known for his pacifism, and season 6 teased that his principles would be challenged.
But I felt that the previous two seasons showed that his pacifism could blind him to certain issues. In season 4, he tried to unite the dragons and his people together in the place where the dead are buried. Some would see this as an insult, given how Storm killed Sarai, their late queen. And when the painting is sabotaged. It almost got out of hand until Ezran spoke of his grief for his parents, allowing his people to mourn and keep the love in their hearts.
A child king
In Act 1, he tries to make himself heard as a king. Talking about his ideas, but Kasef doesn't see him as a king. And this is something that comes up quite often. Like with Finnegrin when he tried to talk to him. But that Finnegrin doesn't see the value of his crown. And when he learns that he's going to use the baby toads for his plans. Ezran decides to steal them, indirectly causing Callum's torture and Rayla's frozen blood. And Soren, who also takes a beating. In season 6, Ezran sees that the wedding is about to turn into a battlefield. He offers to be their emissary to resolve the conflict. And once again, Karim doesn't see him as a king. Arrogantly ordering the humans to leave and that they should go back to where they came from. However, he manages to get through to Karim by talking about his sister, showing that yes, he still loves her. But he firmly believes she's going in the wrong direction. Some may wonder why Ezran keeps trying to talk to the enemy, knowing it won't work? For the same reason his older brother keeps trying to stop Aaravos. They want to do the right thing, even though their methods are different.
Katolis burn
The scene where Sol Regem burns Katolis parallels the scene where he burns Elarion. But Elarion, you saw the massacre from afar in Katolis, now you see it up close. The scene is horrifying to watch, people fleeing as the flames continue to spread. Soren comes to his father and asks him to use magic to save the people. But he can't do primal magic without primal stone. So he talks about the spell to make them immune to fire, but to do that, he needs a human heart. And that's where I find Viren's act impactful, is that apart from the staging, which makes us believe Soren is dead when in fact it's Viren's heart. Although I wonder how he managed to hold it together and execute the spell. Viren gives his heart to Katolis, remembering why he's doing this, out of love for his family. And that the spell used to lay siege to Mount Storm was a spell to protect the people of Katolis, showing that he is a servant of the kingdom. As for Ezran, the fact that he wasn't there will make him feel guilty. He thought the threat had been averted for Janai and Amaya until he heard the terrible news. How can you be a king if you can't look after your own people? While the worst may have been avoided for Janai and his people, Ezran will have to deal with what's left of Katolis, his home no more. But the survivors of his people are still there.
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3 - Adoption Law as it currently stands
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[Text in image is as below]
i) The Legal Definition of Foundling;
a) A foundling by definition is a child or young person who’s either cannot be located, are not safe to return to, are deceased, have lost parental rights, or is otherwise an orphan. b) A foundling can only be adopted when all possible kin are declared unfit or show no interest in raising said child. c) If another member of the child’s family claims to be acting as guardian, but does not meet Galactic or Mandalorian Parent Guardian Standards, the Child will be available for adoption.
ii) Foundling Procedure;
a) When a Foundling is discovered, they are to be taken first to the Clan Armourer to ascertain their fit with the clan. b) If a Foundling has been found by a Mandalorian who is unable to legally act as a parent, they can place the Foundling in Clan Care. c) After the Goran has seen to the child, they are to go through appropriate medical and legal clearance in order to create a medical profile and procure the best form of education for the child in question.
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[Text in image is as below]
iii) Disownment of Parent;
a) A child – adopted, biological, or otherwise – can disown a parent at any age. b) Disowning a parent requires witness from either a Goran, a Journeyman Protector, or a Clan Alor of relevant standing. c) Disowning a parent can be for a variety of reasons, such as abuse, negligence, the parent being declared Dar’manda, or for differences in views and values. For example, if the parent attempts to force the child into a marriage, into a specific political leaning or agenda, or to lay down their armour, arms or give up their religion. d) Disownment of a parent cannot occur due to criminal action on behalf of the child. For example, a child can not steal from a dependent member of their clan, and disown their parent to escape criminal responsibility.
iv) Community Adoption;
a) In the case of a foundling or adoptee who cannot accept a parent for psychological reasons, or refuses to accept new parents upon the deceased, or lost previous parents, a communal adoption can be made. b) Communal adoptions can include
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[Text in image is as below]
v) Adoption regarding criminal activities
a) In the event of a parent being under arrest, or having been charged and incarcerated. b) In the event of a child who has previously been convicted of a crime c) In the event of a parent have been previously incarcerated, charged, or suspected of a crime.
vi) Adoption regarding marital conditions;
a) Adoption of a partner’s children can be confirmed before a marriage is settled upon. b) When a married Mandalorian wishes to adopt a child, their partners, as long as there is no Separation filed, will be automatically upgraded to at least guardianship status. c) Children from previous marriages, if the Mando’ade in question is adopting more, will be considered equally as much the Mando’ade’s children. d) Marrying a non-Mandalorian who has children can automatically qualify their children for a full Mandalorian education, regardless of whether or not their parent swears the resol’nare.
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[Text in image is as below]
vii) Adoption Consent;
a) If the child is over the standard age of thirteen, or verdgoten equivalent of their species, a verbal, written, or recorded consent must be filed for their adoption to be recognised. In the case of illiterate, non-verbal, or non-seeing Mando’ade, a Goran can be contacted to make the official note of the adoption, and becomes signatory for both parties. This Goran then must be contacted if the child decides to disown a parent, or acknowledge another parent. If the Goran in question is deceased, or declared Dar’manda, another Goran, or even a Journeyman Protector can be used in clause. b) A child cannot be re-adopted by a disowned parent once that parent has been declared as disowned. c) A child must be awake at the time of adoption, even for those below the age of consent, and must not be under the effects of mind-altering substances, reactionary drugs, or Force Related Suppressants.
[As always, any thoughts, comments or criticism is welcome. As you know, this is the draft!!]
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empiredesimparte · 5 days
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⚜ Le Sacre de Napoléon V | N°24 | Francesim, Paris, 1 Fructidor An 230
As Hortense prepares to leave Francesim to join her beloved in Scotland for their royal wedding, Napoleon V seizes the final moments with her, weighed down by the impending separation. The thought of parting with his twin sister, so dear to him, deeply saddens the Emperor. Ever the protector, he can't help but worry for the one he has always considered more fragile than himself. Hortense, while grateful for her brother's love, eagerly anticipates reuniting with her fiancé, Oliver. These recent months have been challenging for her, as she has keenly felt the tensions within the imperial family. Her fiancé’s recent missteps have upset the Simparte dynasty, and Hortense can't help but wonder if she is still welcomed with the same warmth as before.
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Hortense's fiancé, Oliver, is a character from @officalroyalsofpierreland
⚜ Traduction française
Alors qu'Hortense se prépare à quitter la Francesim pour rejoindre son bien-aimé en Écosse, où un mariage royal l'attend, Napoléon V profite des derniers instants à ses côtés, le cœur lourd. La perspective de cette séparation avec sa sœur jumelle, si précieuse à ses yeux, l'attriste profondément. Toujours protecteur, l'empereur ne peut s'empêcher de s'inquiéter pour celle qu'il a toujours vue comme plus vulnérable que lui. De son côté, Hortense, bien que reconnaissante de cet amour fraternel, n'a qu'une hâte : retrouver son fiancé Oliver. Ces derniers mois ont été éprouvants pour elle, car elle ressent avec acuité les tensions au sein de la famille impériale. Les récents écarts de conduite de son fiancé ont froissé les Simparte, et Hortense ne peut s'empêcher de se demander si elle est encore accueillie avec la même chaleur qu'auparavant.
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