motusoperandi
Guillaume's writings
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motusoperandi · 8 months ago
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Un chat dans le jardin
Pour les félins, le jardin appartient maintenant à un matou blanc-crème et roux. Ses miaulements courts et répétés m’avaient enjoint à regarder son manège, se frottant çà et là, pissant tous les dix mètres ses jalons d’urine. Il m’avait vu, d’abord surpris, puis dévisagé pour un temps, pour reprendre enfin son manège tranquille. C’est un beau chat, large sans être gros, avec des yeux sûrement clairs. Quelques cicatrices ponctuaient son museau, preuves de la vie rude de celui à qui le quartier appartient et pas l’inverse. C’est le seul qui se balade nonchalamment dans le clos, même le chat à la queue coupée n’a pas cette tranquillité. Ma première question, dès lors qu’il eut passé prestement le muret fut la suivante : comment se lier d’amitié avec un tel marlou ? J’irai peut-être acheter une boîte de thon.
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motusoperandi · 8 months ago
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Le petit arbre
Le petit arbre m’arrivait maintenant jusqu’aux épaules. J’étais ému, moi qui l’avais vu naître d’un pépin de pomme. Il s’élançait fièrement, franc imparfait, toisant les herbes de l’année passée qui atteignaient ici un bon mètre et demi. L’étape était franchie, il lui a fallu quatre ans pour émerger de la strate herbacée et il pouvait en ce printemps goûter pleinement le bleu du ciel. À l’opposé du lopin un aïeul embrouillé de lichen, au tronc troué et tortueux, me questionnait alors : comment l’aider lui qui voit chaque belle branche ployer et plier sous le temps, s’enchevêtrer de sa voisine pour former un nœud où l’on ne saurait départir le mort du vivant ? Sont-ils heureux ses vieux aux cheveux longs ? Se souviennent-ils du temps plus simple où ils sortaient juste leur tête des herbes ? Ces questions sans réponses apparentes ne sont pas dénuées de sens, car c’est ainsi, à mes sens, que le dialogue du jardin s’établit.
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motusoperandi · 3 years ago
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Le ciel a un air
Le ciel a un air maritime ce matin. Les nuages, groupés en petits moutons précipitent pour singer les méduses. Ils traversent lentement le ciel bleu rose. Pour une fois les carlingues modernes rajoutent à l'ambiance avec leurs trainées comme le front d'écume des vagues brisées. Cela fait longtemps que je n'ai pas vu l'océan
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motusoperandi · 3 years ago
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Le vieux vient au marché
Le vieux vient au marché une semaine sur deux. Sa vie c'est un produit, le Saint-Nectaire. Chaque fois le même stock, cents pièces proprement rangées sur les étagères de la chambre froide, cent disques odorants descendants tout droit des monts Dore. Le stand et l'entreprise sont simples, une planche au cul du vieux camion, un rouleau de papier, trois tarifs dégressifs du quart à l'entier et une caissette grise comme un fromage. La pluie peut faire disparaître l'ensemble, le vieux tiendra magasin à même la remorque. L'homme a bien quatre-vingt ans maintenant, chemise ouverte, sobre, manches longues retroussées, un motif à ligne qui répond au pantalon de velours sombre. La casquette grise est posée, droite, sur la tête. Seule une belle montre au poignet, bracelet en cuir, prouve que l'affaire marche. Le contraste de ses yeux bleus et de sa peau parcheminée me font douter maintenant, porte-t-il une moustache? De temps à autre sa femme vient l'aider, apprêtée comme un dimanche avec ses médailles pieuses. Pour elle le marché est une messe. Après un brin de queue obligatoire, preuve de qualité, le vieux vous acceuille avec son sourire heureux avec  lequel il vous pose, après salut, sa question d'un mot : Alors? Alors je vous conseille d'en prendre autant que vous voulez, plus une moitié, pour le geste. Car ce geste là est emprunt de toute la beauté qu'acquiert un mouvement répété mille et mille fois avec bonheur. Le vieux prend un Saint-Nectaire, demande par politesse: celui-là? Que répondre, nous, profanes à qui tous les fromages paraissent identiques? Sans même attendre il saisit un vieux couteau à pointe  tordue, incline la face croutée et d'un geste appliqué trace la ligne de partage des deux moitiés. Basculé maintenant sur tranche, le fromage est coupé d'un geste sans empressement. La lame file bord à bord pour révéler les deux faces jumelles d'une pâte crème. Puis prenant une moitié il la superpose à l'autre, admirant, toujours souriant, le travail précis de l'oeil et de la main. S'en suit une autre consise: Laquelle? où il convient de répondre: "celle qui vient". L'emballage tout aussi précis conclue déjà l'oraison du moit-moit. Groupement Besson à Tauves
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motusoperandi · 4 years ago
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J'ai rendez-vous
J'ai rendez-vous avec le ciel. Aux premières couleurs du déclin je prends le chemin. L'affiche est belle: Le baiser de Jupiter et Saturne. La veille, le rideau de pluie m'aura vite fait comprendre qu'il n'y aurait pas de scène. Le petit vent frais en crête m'apporte des nouvelles, au loin du paysage les Alpes en neige regardent le soleil, roses de bonheur. L'astre plonge tranquillement dans le Pilat, les ombres montent. Le décor planté, je m'enracine dans un pré versant. Il n'y a qu'à attendre les acteurs. Le spectacle lui a bien commencé. Les nuages étagés parsèment le ciel qui maintenant s'embrase. La palette est riche et chacun y choisit sa couleur. Les contrastes se renforcent à chaque instant. Je suis ému du sens fantastique que prend le commun quand nous y prêtons attention. Le temps passe, ronron de la route, je doute, gesticule comme un pantin frustré. Mouvement à l'orée. Un brocard vient de lever la tête. La rencontre me ressaisit, le vent, comme un grand frère a couvert ma sortie. 1, 2, 3, 4, ils viennent vers moi broutant çà et là. Le spectacle se magnifie, l'incandescence du ciel se reflètent sur les pelages, je vois leurs muscles, lis leurs gestes, vis leur quotidien. J'oscille entre Ciel et Terre, chacun y répondant de sa tranquillité fluide. Les voilà! Deux éclats main dans la main sur un doux violet pourpre. Je savoure l'ensemble. Un bruit au près. Je me tends à l'unisson des chevreuils, l'expérience est belle. Une révérence et je repasse la clôture, rire d'ironie, quel est son bon coté? Dans les tribunes je reconnais les habitués, Lune et Mars sur un balcon, Aldéraban au loin dans l'Orient annonce que les constellations passent le voile. Aux dernières lueurs du jour, un couple de souris me volètent au dessus tête. Leurs légers cris me renvoient aux chaudes soirées d'été. Je suis ravi, sûr que mon sourire tranche avec la nuit.
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motusoperandi · 4 years ago
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L’ésthétique sans traits
L’ésthétique sans traits. Qu'il est bon d'évoluer léger et fluide, d'effleurer la terre, voir la vie pousser -dans- nos pas. Peurs et tracas, pertes et fracas, autant de traces -involontaires- laissées par nos pensées. L'élégance de l'invisible, c'est le choix de se montrer. Les surprises sont  complètes dans leur surgissement du néant. Il y a deux manières d'être, se cacher parfaitement ou être transparent. Les masques sont lourds et la lumière ne pèse rien. Danse, dense, petit frère et va vers l'unité retrouvée, vogue au près sans forcer, regarde loin l'horizon et fait, tu le peux, le reflet de tes yeux bleus.
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motusoperandi · 4 years ago
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Les flux
Les flux sont irrésistiblement attirés vers le haut, vers cet anneau mou qui lévite au dessus d'eux. Leurs structures et les frontières d'alors, ne sont plus qu'un ruissellement à gravité inversée. Sans pesanteur, la matière s'élève. Le silence renforce l'attraction immuable de la scène. Aucune lutte n'est palpable dans cette transformation douce. Ah, si. Les flux s'ouvrent pour nous livrer leurs intérieurs. L'intime libre, apparaît plus fluide encore. Le voilà qui relégue sa gangue primaire à un vulgaire sable magnétique. Il veut la primauté de la rencontre. L'anneau mystique, lui, trône toujours sans vigueur au centre de la vision tirant passivement la susbtance moëlle de la matière, l'absolvant de toute gravité consentie. Sa mollesse intrigue et c'est pourtant lui la direction à prendre. L'attraction résulte-t-elle du mystère dynamique, symbole du passage?
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motusoperandi · 4 years ago
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A vrai dire
A vrai dire, personne n'en sait trop rien et aujourd'hui encore le flou persiste. Les témoignages sont rares et leur raisonnement forcément discutable. Les dernières hypothèses font état d'une "combinaison ondulatoire multi-modale". Quant à son origine, les suppositions sont aussi vastes que l'imagination. Quoi qu'il en soit, les effets cérébraux ont été immédiats chez tous les individus humains. Mon hypothèse? Je m'accorde sur une combinaison d'ondes, une saturation des sens qui a provoqué un reboot de tout le fonctionnement et de la structure de l'hémisphère cérébral gauche. Si vous préférez, c'est l'équivalent d'une disparition instantanée de toute noosphère mentale. Le "flash" a eu des conséquences énormes sur toutes les consciences individuelles et plus largement sur une société entière. La parole a du disparaitre d'elle-même instantanément. Les individus étant incapables de reconnaitre le son de leur propre voix au milieu de leurs influx auditifs. Je vous laisse imaginer ce qu'il a pu advenir de leur structure sociétale. Tout outil est devenu obsolète par faute de compréhension. Nos recherches semblent en plus montrer que leur société était à l'époque largement dépandante de systèmes mentaux matérialisés. Je ne parle pas ici de simples outils, je parle d'un système mental complexe qui régissait la vie matérielle des individus. J'entend par là que leurs structures mentales s'étaient réellement concrétisées dans la matière. Je sais que celà est difficilement imaginable aujourd'hui, mais les individus s'étaient complètement entourés d'objets au quotidien, sans parler de la sphère impalpable des concepts. Pour image, cette société avait créé des supports en silicium encodables qui pourraient être considérés comme une extension artificielle du mental. Il est ironique de penser que l'information présente sur ces supports est restée intacte au "flash" mais qu'elle est devenue complètement inutile à défaut d'individus avec un système logique pour les exploiter. Les périodes "post-flash" n'ont laissées aucunes traces. Nous savons maintenant que si l'hémisphère gauche comprend et manie le point abstrait, il n'est pas indispensable à la conscience. Les individus ont donc survécu au flash. Leurs consciences s'en est entièrement remis à l'hémisphère droit qui, grâce à la ligne relie au tout vivant. Ultra-connectés, ils se sont synchronisés avec leur environement naturel, communiquant entre eux via leur expressions corporelles et d'autres systèmes primitifs comme la télépathie. La restructuration de leurs systèmes mentaux a du se faire au fur et à mesure de leurs expériences sensorielles. Cette nouvelle structure c'est l'embryon de notre société contemporaine. Mon questionnement aujourd'hui porte sur l'héritage de ses sociétés anté-flash, quel témoignage nous reste-t-il de telles expériences matérielles? Quels en sont les apprentissages?
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motusoperandi · 4 years ago
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L'herbe sèche
L'herbe sèche et paille s'éffrite sous le pied. Seuls les coins d'ombre conservent un semblant de vert sombre. Le vrombissement s'entend bien au delà des prunes talées qui tapissent en couronne le pied des arbres. C'est la curie. Les guêpes boulottent la pulpe tendre exploitant toutes interstices d'une intégrité perdue. Certains fruits, noyaux à nu, n'ont même pas eut le plaisir de la chute. La nuée est stressée, c'est le dernier sursaut exponantiel dans l'annuité de leur civilisation. Les étourneaux, regroupés en petites bandes, répètent leurs formations dans le paysage. Oui, il semble clair que les mondes diurnes se referment, le regain ne sera jamais aussi doux que le vert tendre. Ces signes, ponctués d'aubes froides tirent les rêveurs de leur sieste à l'aise de l'été. Le déni indien peut bien tenir encore un peu mais dans un mois, le réel, c'est l'automne.
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