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Le goĂ»t du sakĂ© (titre original : Sanma no aji) satire doucement mais sĂ»rement de YasujirĆ Ozu, 1962 (1h53min)
Dernier opus dâun metteur en scĂšne prolifique qui nïżœïżœïżœest plus Ă prĂ©senter et quâon ne prĂ©sentera pas, le goĂ»t du sakĂ© pourrait ĂȘtre comparĂ© au dĂ©senchantĂ© Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique, Ă©galement dernier film de Leone, metteur en scĂšne moins prolifique quâon ne prĂ©sentera pas non plus. Ce dĂ©senchantement qui prend aux tripes : on aura beau tout donner, tenter de comprendre le monde qui nous entoure et surtout ceux qui le peuplent, on ne mourra pas moins seul avec notre douleur comme pierre tombale.
Shuhei Hirayama approche de la retraite et son petit monde bien sous contrĂŽle aprĂšs la mort de sa femme, vacille. Son fils aĂźnĂ© a quittĂ© le domicile familial et un de ses amis lui conseille de laisser sa fille faire de mĂȘme, sous peine de la rendre triste Ă jamais.
Constat existentiel radical, les arÎmes de cette boisson paradoxalement fédératrice nous portent facilement 1h53 durant.
Les copains dâabord
Dans cette peinture dâune sociĂ©tĂ© vouĂ©e Ă lâisolement de ses citoyens, Ozu distille des moments de pure camaraderie. Les rires, les piĂšges quâon se tend entre amis, les petits arrangements, les services rendus, les tentatives de consoler, tout cela autour dâun verre de ce breuvage japonais par excellence. Tout semble uni et cohĂ©rent alors que tout sâeffondre tranquillement.
Les sursauts de lâespoir
La rĂ©incarnation de la femme aimĂ©e jadis, dâabord source de mĂ©lancolie, nâapparait que comme un rappel. Alors que lâon se demande si le personnage va sombrer, le hĂ©ros revient comme malgrĂ© lui se saouler au sakĂ© dans le troquet qui lui semble si familier car tenu par lâimage de son amour perdu. Le bateau tangue mais le sakĂ© maintient Ă flot.
Les indices du délitement
Un autre fantĂŽme revient hanter le personnage principal jusque-lĂ irrĂ©prochable : celui du vieil ivrogne, ancien professeur dont lâexemplaritĂ© passĂ©e sâest noyĂ©e dans des litres de la fameuse boisson. La sagesse quâinduit son Ăąge laisse place Ă la bouffonnerie de son ivrognerie. En quĂȘte de repĂšres, le hĂ©ros du goĂ»t du sakĂ© ne devra dĂ©cidĂ©ment que compter sur lui-mĂȘme.
Le gouffre générationnel
Quid du cĂŽtĂ© de la relĂšve ? Des enfants quâil a gĂątĂ©s, rien ne subsistera puisque le mariage les lui ĂŽtera. Si lâon veut parler dâamour, force est de constater que celui-ci ne se matĂ©rialise pas. On se frĂŽle mais on ne se touche pas. Le poids de la pudeur et de la biensĂ©ance paraĂźt indĂ©passable. Toutefois, on (se) regarde.
CĂŽte Ă cĂŽte, face Ă face
Les plans juxtaposĂ©s sont fascinants. De la difficultĂ© Ă communiquer lâessentiel, Ozu fait naĂźtre une mise en scĂšne pudique mais ĂŽ combien vivante. Chaque personnage, par lâentremise de plans de face ou quasi, montĂ©s en champ / contre-champ parvient Ă combler un vide abyssal.
La simplicité de la solitude
La maison, pleine de ses objets mais vide de ses habitants aprĂšs le dĂ©part pour lâunion maritale de la fille puis lâhomme devant son comptoir, dont le dos ne lui appartient dĂ©jĂ plus. Solitude et objets ne font ici quâun.
Incommensurable pesanteur
Un dĂ©tail peut-ĂȘtre, dans une scĂšne Ă priori non primordiale. Le fils du hĂ©ros dĂ©pose au sol son sac plein de clubs, symboles de la vanitĂ© qui le dĂ©finit tant. Ce sac paraĂźt peser une tonne. Chez Ozu, on pose un sac comme autant de maux dont on se dĂ©leste, temporairement du moins.
Hiroshima, mon amer
Enfin, les fantĂŽmes dâHiroshima et de la dĂ©faite japonaise sont rĂ©guliĂšrement moquĂ©s. Tel un mauvais gag de rĂ©pĂ©tition, entĂȘtant mais indigeste.
Le goût du saké, une palette riche que je ne peux que vous recommander.
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The light sleeper, drame existentiel de Paul Schrader, 1992 (1h43min)
Willem Dafoe dĂ©ambule dans New York, distribuant des sucreries a des fortunĂ©s en goguette. Dealer insatisfait de son existence, il se demande qui va financer sa retraite maintenant que son employeur quitte le navire. Cela semblerait anodin si lâamour de sa vie ne s'Ă©tait pas fait la malle quelques annĂ©es plus tĂŽtâŠ
Ăvoquer ce film hypnotisant et ultra Ă©lĂ©gant un mois aprĂšs son visionnage, câest se tirer une balle dans le pied. DĂ©crire le cinĂ©ma de Schrader nâest dĂ©jĂ pas une sinĂ©cure a chaud alors quand il a carrĂ©ment Ă©tĂ© remis dans le frigo aussi longtempsâŠ
Ancre sociale et lĂ©gĂšretĂ© de l'ĂȘtre
Paul Schrader, que lâon prĂ©sente encore et toujours comme le scĂ©nariste de Taxi Driver, demeure une exception dans le paysage cinĂ©matographique amĂ©ricain. A la fois cinĂ©aste indĂ©pendant, vrai auteur traitant de problĂ©matiques sociĂ©tales mais Ă©galement assez puissant pour collaborer avec Willem Dafoe et Susan Sarandon ici, Harvey Keitel et bien dâautres lĂ et dont le dernier film Ă lâaffiche (voir ci-dessus) est vendu comme un blockbuster. Ces paradoxes, lâauteur de Mishima (que je vous recommande chaudement) les cultive pour consolider une Ćuvre singuliĂšre. Light sleeper n'Ă©chappe pas Ă la rĂšgle : prenez Willem Dafoe en anti-hĂ©ros paumĂ©, saupoudrez dâune intrigue mi-thriller mi-existentielle et emballez le tout dâune ambiance aĂ©rienne Ă peine souillĂ©e par un New York dĂ©cadent. En ressort un film unique, malgrĂ© ses similitudes apparentes avec le susnommĂ© Taxi Driver.
Le coup de feu politique
Attention, peut-ĂȘtre au spoiler (ça dĂ©pend de ce que vous entendez par lĂ ) ! Notre hĂ©ros va vous surprendre dans un final sanglant rappelant le geste fou de Travis Bickle. Pourtant, on se demande : sâagissait-il de la revanche dâun faiblard face au reprĂ©sentant dâun systĂšme impitoyable ou a-t-on assistĂ© Ă un geste de dĂ©fense nĂ©cessaire car inĂ©vitable ? En tout cas il est tentant de voir chez Schrader une rĂ©bellion, mĂȘme soudaine et ponctuelle, contre un systĂšme capitaliste qui nâa pas de temps Ă consacrer Ă un faible comme lui, Ă une femme comme celle quâil a aimĂ©e, au couple quâils ont formĂ© et qui nâavait pas dâavenir fiduciaire. Ce hĂ©ros sans statut social, un marginal sans autre attache que sa propre existence, ne pouvait finir quâentre quatre murs ou quatre planches.
Le poids du passé
Auteur qui ne publiera jamais puisquâil jette systĂ©matiquement ses Ă©crits par la fenĂȘtre, le personnage campĂ© par Dafoe commence tout mais n'achĂšve rien. ĂpuisĂ© par la faute originelle, celle qui a provoquĂ© le dĂ©part de son ex, il va petit Ă petit reprendre du poil de la bĂȘte. On peut en outre lire ce rĂšglement de compte comme un acte salvateur, celui qui le rĂ©vĂšle Ă lui-mĂȘme mais aussi au monde. Une rĂ©demption que l'Ă©criture ne pourra jamais lui apporter.
La mécanique des sentiments
DĂšs lors, souvenons-nous. Dafoe erre dans Light sleeper, telle une Ăąme en peine, dĂ©jĂ dans le purgatoire. Va-t-il consĂ©quemment rejoindre le paradis ou lâenfer ? Qui sera son juge ? Toute la sociĂ©tĂ© lâest bien sĂ»r. Allant de mal en pis, lâobjet du dĂ©sir le condamne Ă l'exil. CondamnĂ©, il lâest sans cesse : pour sa passivitĂ©, sa pusillanimitĂ©, son passĂ© peu glorieux. Ame errante, les autres ne lâautorisent pas ou si peu Ă les atteindre. Ses mots nâont pas de poids, ses doigts effleurent ou condamnent Ă leur tour.
La douceur faite mains
Dans une Ă©treinte finale Ă la fois longue et pleine dâespoir, les fantĂŽmes qui peuplaient Light Sleeper se touchent enfin, pour ne plus jamais se quitter. La caresse de lâamour fait suite Ă la terrible tempĂȘte, le sentiment seul ne nous sauvera pas !
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Madres paralelas, mĂ©lo et drame plein dâespoir de Pedro Almodovar, 2021 (2h)
Janis tombe enceinte de lâhomme qui supervise les recherches du corps de son arriĂšre-grand-pĂšre, exĂ©cutĂ© par les franquistes durant la guerre civile espagnole. A la croisĂ©e des chemins, elle dĂ©cide de garder lâenfant malgrĂ© le dĂ©saccord de son amant, mariĂ©. Son destin va se croiser et se lover avec celui de Ana, adolescente sur le point dâaccoucher.
Penelope fidĂšle Ă Pedro
Commençons par un hic qui nâen est pas un : Penelope Cruz joue encore une femme-forte-qui-nâa-pas-peur-de-se-mettre-Ă -nu ou presque. Cela pourrait dĂ©ranger les plus rĂ©fractaires, cela ne mâa pas en tout cas sorti du film. Non seulement Cruz sâen sort avec les honneurs mais en plus, l'intĂ©rĂȘt est ailleurs.
L'Ă©motion comme moteur
Les diffĂ©rents sujets, denses, sont traitĂ©s en 2 heures ce qui peut paraĂźtre prĂ©tentieux mais on peut y voir une sorte de rĂ©alisme : les intrigues (les histoires) et lâHistoire, loin de sâannuler sâalimentent entre elles, permettant ainsi Ă la tension de ne jamais redescendre. En effet, le scĂ©nario, loin de donner dans la facilitĂ©, ouvre un premier cycle qui ne se termine quâen toute fin de parcours, en ayant pris le soin entre temps dâouvrir et fermer un autre cycle, riche en rebondissements. OsĂ© mais rĂ©ussi, il faut encore sâincliner devant un auteur dont les obsessions peuvent paraĂźtre rĂ©pĂ©titives mais qui parvient toujours Ă surprendre, Ă expĂ©rimenter, voire Ă se repousser lui-mĂȘme dans ses derniers retranchements, ici en regardant dans les yeux le passĂ© douloureux de sa patrie.
Les fantĂŽmes de Franco
LâĂ©motion suscitĂ©e par un final quasi intenable nous met enfin devant un fait accompli. La mort, la honte, la gĂȘne, la compassion pour ce qui nâest plus, tout cela vit sous nos yeux, imprĂšgne nos rĂ©tines pour ne plus nous lĂącher. Ce qui nâest plus nous hante plus que jamais, contrairement Ă ce que les conservateurs espagnols martĂšlent. Encore une fois, si la structure du film peut en dĂ©boussoler plus dâun, la rĂ©ponse tombe comme le couperet franquiste : il fallait montrer cette sĂ©quence ultime justement en toute fin de cycle. A lâinstar de Valse avec Bachir ou le rĂ©el reprenait ses droits juste avant le gĂ©nĂ©rique de fin, dans Madres Paralelas, on liquide le mĂ©lo comme pour en souligner la futilitĂ©, alors mĂȘme quâil nous avait tenu en haleine 1h30 durant. Un mal nĂ©cessaire.
La nécessité de filmer
Tournant dans la carriĂšre dâAlmodovar ou simple dĂ©rapage contrĂŽlĂ©, le cinĂ©aste choisit dâaborder frontalement un tabou espagnol. Nous avons citĂ© Valse avec Bachir, je pense Ă©galement au GrĂące Ă Dieu de François Ozon, pĂ©loche dĂ©routante, clinique mais supportable non pas grĂące Ă Lui mais Ă lâhumanisme de son auteur. L'idĂ©e que la mĂ©moire collective exhumĂ©e Ă©crasera finalement les conventions, lâomerta et la bĂȘtise. Une connexion Almodovar-Ozon, pieux fantasme, nâest-ce pas ?
Martyre des temps modernes
Restent ces fameuses intrigues intermĂ©diaires. Loin de faire office de remplissage, elles portent l'Ă©tendard LGBTQI+ en Ă©vitant soigneusement les clichĂ©s, si ce nâest le temps dâune scĂšne amoureuse franchement Ă©vitable. Milena Smit, fluidifiĂ©e pour lâoccasion, crĂšve l'Ă©cran dans lâincarnation de problĂ©matiques indubitablement contemporaines. Fille de, paumĂ©e, abusĂ©e physiquement et menacĂ©e par les rĂ©seaux sociaux, elle tergiverse, se rĂ©tracte, se perd encore pour in fine trouver sa place dans une sociĂ©tĂ© qui lâaccepte. Un parcours du combattant quâelle doit peut-ĂȘtre aussi Ă son image.
Acteur.rice de son existence
Janis ouvre le bal en capturant sa future proie. Photographe de mode, elle immortalise lâillusion, lâillusion qui paie les factures, lâillusion qui va lui permettre de donner naissance, lâillusion qui la fera tomber pour une femme⊠Moteur de lâintrigue, lâattrait de lâesthĂ©tique qui sauve les apparences, nous conduit cahin-caha vers ce que nous sommes au plus profond de nous-mĂȘmes, pour finalement devenir vivant.e : perdus, en quĂȘte, en perpĂ©tuelle redĂ©finition, petits ĂȘtres espĂ©rant de meilleurs jours.
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Fade away's
directed by David Lynch Twin Peaks: Fire Walk With Me | 1992 Blue Velvet | 1986 Mulholland Drive | 2001
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Blind love, film militant de Damien Hauser, 2021 (1h13min)
Le festival Pöff en Estonie propose une programmation qui part dans tous les sens, une ribambelle de diffĂ©rentes compĂ©titions tentant de se tailler la part du gĂąteau. Ăa nâa pas toujours de sens mais ça mâa donnĂ© lâoccasion de voir ce film kĂ©nyan bien barrĂ©, dans une ambiance feutrĂ©e mais pourquoi pas.
Production moyens du bord
FilmĂ© entiĂšrement au tĂ©lĂ©phone, lâapprenti rĂ©alisateur nâa pas peur de mettre en scĂšne. Hormis quelques inserts grossiers, Damien Hauser parvient sans peine Ă nous conter une histoire faussement simple afin de mieux faire passer un message trĂšs militant.
Lâamour aveugle⊠de la culture
Deux personnages se rencontrent et sâaiment. Une muette et un aveugle. Tout sur le papier est rĂ©uni pour nous faire passer un bon moment popcorn devant une rom-com dans un contexte rare. Or, lâauteur, rĂ©alisateur, monteur Damien Hauser va consciencieusement dĂ©construire tous les Ă©lĂ©ments qui jalonnent son rĂ©cit.
En jouant avec les mots du titre dâabord, comme un indice dĂ©voilĂ© dĂšs le gĂ©nĂ©rique, tous nos acquis vont petit Ă petit disparaĂźtre au profit dâune rĂ©alitĂ© culturelle qui prend le pas, selon lâauteur, sur tout notre imaginaire, tous nos idĂ©aux, toutes nos aspirations. Place au mensonge, Ă la traĂźtrise, Ă l'excĂšs, Ă la violence organisĂ©e.
La société comme théùtre morbide
Parmi les bonnes idĂ©es de mise en scĂšne, on relĂšvera une exĂ©cution finale trĂšs thĂ©Ăątrale, qui sert dâautant plus le propos. Le symbole est fort et il nâest pas esseulĂ© : une source inconnue procure miraculeusement un alcool aux vertus magiques, les handicaps des protagonistes ne sont pas ceux que lâon croit. Les faux-semblants convergent vers une fin implacable oĂč tout le monde tient son rĂŽle, oĂč chacun juge et est jugĂ©, potentiellement bourreau ou victime.
Capacité vs. devoir
Si le tout peut parfois sembler naĂŻf, il nâen est pas moins sincĂšre et a le mĂ©rite de ne pas tirer sur la corde (le film est court !) afin de mieux servir son propos. Il y a ce que lâon peut atteindre et il y a ce que lâon doit atteindre. La culture, entendre les us et coutumes, peut-elle rĂ©concilier ces deux notions ?
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Lâhomme qui voulut ĂȘtre roi, (The man who would be king) film dâaventure de Joseph Huston avec Sean Connery et Michael Caine, câest dire, 1975 (2h9min)
TouchĂ© par le rĂ©cit Ă©ponyme de Kipling, cette adaptation me tentait depuis belle lurette et mes attentes nâont pas Ă©tĂ© déçues.
Grosso modo : deux anciens soldats de lâEmpire britannique veulent conquĂ©rir Ă eux deux un peuple reclus, au Kafiristan. Ce quâils vont parvenir Ă faire mais pas pour longtemps.
Mise en image ludique
La nouvelle de Kipling dĂ©tient le potentiel narratif dâune Ćuvre Ă la fois Ă©pique et riche dâune portĂ©e symbolique propre aux plus grands film dâaventure. Huston semble en avoir Ă©tĂ© conscient, par consĂ©quent il propose avant tout de nous divertir, dans des paysages dĂ©paysants.
Un duo tout en chorégraphie et finesse rustre
Sean Connery capable de se plier au ridicule, Caine en serviteur dĂ©diĂ©. Le couple se complĂšte sans arrĂȘt, crĂ©ant un rythme qui lui est propre, durant chacune de ses apparitions. Leurs interventions prĂȘtent Ă sourire et inquiĂštent tout Ă la fois. Leur amitiĂ© aurait pu les sauver mais les perdra. Le jeu en valait-il la chandelle ?
Colons, de courte durée
Kipling est maintenant consensuellement classĂ© parmi les pro-colonialistes. Pourtant, avec Lâhomme qui voulut ĂȘtre roi, la dĂ©monstration de Huston est limpide : les apprentis colons ont lâair bouffon et lâinvasion prend fin de maniĂšre pathĂ©tique quand lâun dâeux se prend pour un roi dĂ©ifiĂ©.
Sauvages un jour, sauvages toujours
Nous sommes dans les annĂ©es 70 et la vision des occidentaux est encore condescendante. Ne vous attendez donc pas Ă une reprĂ©sentation Ă©galitaire dâun peuple davantage primitif, simple, et volontiers agressif. Les annĂ©es 80 arrivent Ă grands pas et si vous avez aimĂ© Indiana Jones, vous ne serez pas dĂ©paysĂ©(s)
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Compartiment nÂș6 (Hytti nro 6), comĂ©die romantique toute belle mais du coup dangereuse de Juho Kuosmanen, 2021 (1h47min)
Une Finlandaise doit traverser un bon bout de la Russie pour aller visiter un site archéologique. Bien sur elle car elle est cultivée option hipster, elle est choquée quand elle doit partager son compartiment-au numéro que vous aurez grand peine à deviner-avec une brute soviétique. Cependant, les choses ne vont pas se passer comme prévu. Ta-dam !
Point positif liĂ© Ă ce film : je viens de trouver le raccourci du symbole Âș sur mon clavier, ce qui nâest pas peu de chose, il ne faut pas sous-estimer ces petites victoires quotidiennes. Me vais par consĂ©quent lâutiliser jusquâĂ plus soif, vous ĂȘtes prĂ©venu(s) !
Romance sous influence
Ăa tombe bien, des Âș il y en a plein dans Compartiment nÂș6. On les trouve surtout dans les bouteilles que sâenquillent les protagonistes, comme si elles Ă©taient le seul moyen de briser la glace et mon Dieu, quelle est Ă©paisse cette glace ! Certes, on se caille les miches sĂ©vĂšre au pays de la vodka (du -20Âș/-30Âș Ă vue dâoeil) mais de lĂ Ă se sentir obligĂ© de picoler, il nây a quâun pas stĂ©rĂ©otypĂ© que les auteurs font allĂšgrement : 40Âș, 42Âș, 50Âș voire plus quand le protagoniste russe graisse la patte (clichĂ© 2) au personnel du train. Câest bien connu, pour se dĂ©tendre avec un Russe, rien de mieux que de se bourrer la gueule. DavaĂŻ !
Des méninges ankylosées
A croire quâavoir tournĂ© sous 0Âș a eu un impact dĂ©vastateur sur lâĂ©quipe du film pourtant finno-russe en majoritĂ©. Je ne peux mâempĂȘcher de les imaginer, sirotant leurs Vodka Red Bull en se remĂ©morant leurs meilleurs mouvements sur le dancefloor trompettant Bomfunk Mcâs et autre Lordi (clichĂ© 3) :
- Câest quand mĂȘme pas dĂ©gueu la vodka.
- Câest clair.
- Ăa rĂ©chauffe.
- Tout le monde Ă tue-tĂȘte : Câest clair !
- Allez, vous savez quoi, on arrĂȘte de chercher midi Ă 14h et on explique toute leur relation Ă travers le prisme de la vodka.
- Silence général. Pas compris Jean Jean.
- Sâils se bourrent la gueule non stop, ils vont sâaimer bordel !
- Tout le monde Ă tue-tĂȘte : Câest clair ! DavaĂŻ!
Les cornichons de la discorde
JâexagĂšre un peu puisquâil est tout de mĂȘme question dâun autre symbole prĂ©pondĂ©rant pour comprendre la mentalitĂ© de ces soĂ»lards de Russes : le cornichon marinĂ© (clichĂ© 4). PrĂ©sent chez une babouchka (clichĂ© 5) et donnĂ© gĂ©nĂ©reusement (clichĂ© 6) Ă la protagoniste aprĂšs une beuverie Ă©pique (clichĂ© 7), ils donnent de lâair Ă un rĂ©cit dĂ©cidĂ©ment riche en rebondissements !
Parasite(s) du pauvre
LâidĂ©e centrale me semble-t-il, Ă©tait de faire rencontrer deux personnages opposĂ©s en tout. Une lesbienne raffinĂ©e prof de littĂ©rature dâun cĂŽtĂ©, un ouvrier aux mauvaises maniĂšres de lâautre. Mettez-les dans un endroit clos, remuez et apprĂ©ciez le rĂ©sultat !
JâĂ©tais donc dans mon bon droit en attendant un Parasite 2.0, au discours social sinon Ă©pais du moins prĂ©sent. RĂ©sultat, rien ou presque Ă conserver, si ce nâest les cornichons donc. 6Âș dans le frigo.
Caméra naturaliste
Si ce nâest cette foutue camĂ©ra Ă lâĂ©paule virtuose qui a entretenu, tout le long du film, cette illusion que lâon voyait plus quâune simple comĂ©die romantique. Je ne peux m'empĂȘcher de repenser au Fils de Saul, dans lequel la camĂ©ra subjective vous happe tellement que vous en oubliez la vacuitĂ© de lâhistoire. Bref, la camĂ©ra câest bien mais pas avec 0Âș degrĂ© de rĂ©flexion. Sinon on se retrouve avec une pĂ©loche consensuelle et condescendante qui a reçu les honneurs Ă peu prĂšs partout oĂč elle est passĂ©e. Et les Russes, quâen pensent-ils ? Ils s'en foutent sĂ»rement vous me direz, trop occupĂ©s Ă se la coller. DavaĂŻ !
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Le chĂąteau ambulant (Howlâs moving castle), film dâanimation pas si simple Ă saisir que ça de Hayao Miyazaki, 2004 (1h59min)
Chez Miyazaki on ne nomme pas les conflits, les toponymes et les identitĂ©s sont gommĂ©s mais on doit vivre avec les consĂ©quences des vellĂ©itĂ©s belliqueuses des hommes et leurs consĂ©quences. Exception faite du Vent se lĂšve, son dernier film en date, ou l'on regarde la guerre dans les yeux, comme si l'innommable pouvait enfin avoir un nom. Lâauteur est nĂ© en 1941, les dĂ©gĂąts causĂ©s par les bombes atomiques restent Ă jamais ancrĂ©s dans sa mĂ©moire personnelle. Ici, ce sont les combats qui font rage.
Sophie est une jeune femme solitaire, aux illusions dĂ©jĂ perdues. Elle nâose mĂȘme pas penser au prince charmant et se contente de coudre, perdue dans des pensĂ©es que lâon devine pures et infinies. Par dessus tout, elle est honnĂȘte et incrĂ©dule. Pourtant, une simple rencontre va bouleverser cette mĂ©lancolique routine, sous la forme dâun jeune homme mystĂ©rieux et charmeur. Lorsquâune sorciĂšre jette un sort Ă cette pauvre Sophie, celle-ci doit prendre son destin en main en cherchant celui qui lâa troublĂ©e.
Filmer le mouvement
Depuis ses dĂ©buts, Miyazaki sâĂ©vertue Ă filmer une certaine rĂ©alitĂ©. Pour ce faire, il sollicite le mouvement perpĂ©tuel, jusqu'Ă l'excĂšs. Ainsi, mĂȘme les visages meuvent quand on ne sây attend pas : Sophie qui vient de prendre soixante-dix ans dans la tronche nâen croit pas ses yeux, s'arrache presque littĂ©ralement la peau des os, dans une scĂšne qui pourrait inspirer le dĂ©goĂ»t mais qui en fait dĂ©voile ce quâil y a de plus beau chez Miyazaki : son humanitĂ©. En effet, tous ses personnages certes symbolisent des qualitĂ©s qui leur sont propres, mais tĂąchent surtout de reprĂ©senter le meilleur pan de l'ĂȘtre humain, (trop) tĂŽt ou (trop) tard. En cela, le personnage de Sophie qui nous est immĂ©diatement sympathique, semble nous empĂȘcher d'accĂ©der Ă lâessentiel.
Lâarbre qui cache la forĂȘt
Le personnage principal dĂ©tourne ici lâattention : mĂȘme si elle se dĂ©finit tout au long du film, câest en effet aussi son rĂ©cit initiatique, câest surtout son histoire Ă lui : câest son chĂąteau qui cristallise tout son ĂȘtre. En ce sens, nous pourrions regarder le ChĂąteau ambulant, lâobjet du titre, comme une mĂ©taphore Ă peine voilĂ©e. Lâincarnation dâun homme, avec ses qualitĂ©s et ses dĂ©fauts, son refoulĂ© gigantesque, ses aspirations déçues, ses Ă©chappatoires, une machine en pleine fuite vers lâavant.
Calcifer, la flamme moteur du chĂąteau
Une flamme intĂ©rieure, un cĆur Ă rĂ©cupĂ©rer des griffes du mal, une transformation progressive mais potentiellement dĂ©vastatrice. Il faut pardonner et voir le bon, il y a de lâespoir et cet espoir sâappelle lâamour. Le destin de Howl dĂ©pend directement dâune flamme qui vacille rĂ©guliĂšrement, comme ses Ă©tats dâĂąme.
Le temps et lâespace
La premiĂšre fois que jâavais vu cet opus, j'avais Ă©tĂ© persuadĂ© dâavoir vu une rĂ©flexion sur le temps. Notion indissociable de lâespace, câest ce dernier qui a retenu cette fois toute mon attention. Il s'Ă©tire, il se rĂ©tracte, il se multiplie, suivant lâhumeur du propriĂ©taire du chĂąteau. Son amour-propre ne peut conserver un espace consistant, seul lâamour de lâautre le lui permet enfin. Une paix intĂ©rieure des plus Feng Shui !
Fan rebel de Disney
Enfin, beau pied de nez aux films de Disney dans lesquels les héros résolvent les conflits tout en étant les personnages principaux : ici un prince surgit de nulle part et in fine pour en une apparition stopper un conflit meurtrier. Miyazaki, qui a trouvé sa vocation en regardant et en admirant les Disney, dépasse son maßtre en le tançant gentiment. Oui, les princes charmants existent mais ils ont, eux aussi, leur fardeau à porter.
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Annette, tragi-comédie en musique et en chansons de Leos Carax, 2021 (2h20min)
Carax continue Ă subjuguer via une mise en scĂšne irrĂ©prochable. Lâun des derniers metteurs en scĂšne français, Ă quelques exceptions prĂšs, peine un peu plus Ă raconter : Annette est un travail d'orfĂšvre en sa plastique mĂȘme mais narre un histoire somme toute dĂ©jĂ vue. En outre, les parties chantĂ©es qui ne font quâillustrer lâintrigue qui se dĂ©roule sous nos yeux, me rappellent les textes de Michel Legrand.
Le film commence tambour battant, grĂące Ă son opposition entre tragĂ©die et comĂ©die, lâune incarnĂ©e par lâamante (Marion Cotillard, malheureusement) et lâautre par lâamant (Adam Driver, fort heureusement) : la premiĂšre sauve par catharsis, la seconde tue par son inquiĂ©tante Ă©trangetĂ©, leur fusion propulse le couple au sommet du monde. On nous raconte donc une tragi-comĂ©die, genre casse-gueule par excellence qui peine Ă prendre sa place dans le paysage du cinĂ©ma français, oĂč l'on prĂ©fĂšre sĂ©parer les deux avec un manichĂ©isme dont actuellement seul Dany Boon, grĂące Ă la finesse de sa plume unique, parvient Ă nous extirper (voir et revoir Bienvenue en hypocondrie, rue de lâHumanitĂ©, barres de rire assurĂ©es et questionnements sur soi vertigineux). Cette volontĂ© de confronter ces deux univers aux antipodes, depuis les premiĂšres traces des textes des Anciens, revient Ă questionner le cinĂ©ma en tant que tel. Sans surprises puisque lâon est chez Carax, le film se regarde perpĂ©tuellement dans le miroir. DĂšs la scĂšne d'ouverture, on nous le dit : le film se prend pour ce quâil est c'est-Ă - dire un film et il va nous divertir. En voiture Simone, ou plutĂŽt en moto Leo(s) et câest parti pour un pacte assumĂ© et sincĂšre-nous allons ĂȘtre diverti.es.
L'apollon Driver
Pour se faire, l'Ă©lĂ©ment central, producteur, interprĂšte aux pectoraux et abdo saillants, Ă la voix caverneuse et au charme tĂ©nĂ©breux, Adam Driver mystifie. Capable dâune remarquable expression constante, via les mots et surtout le corps, il rĂ©pond aux attentes dâun dĂ©miurge toujours prompt Ă tirer les ficelles de ses comĂ©diens. Le nouveau Lavant, câest lui.
De lâopĂ©ra Ă l'opĂ©rette, il nây a quâun pas, Marion
Cotillard dont la composition cependant plutĂŽt sobre ne porte pas, sur ses frĂȘles Ă©paules, le charisme que le rĂŽle exigeait. Non je ne suis pas complĂštement impartial, lâengouement autour dâelle mâayant toujours laissĂ© de marbre mais avouons que les scĂšnes intimistes ne dĂ©collent pas, pas plus que les moments sur scĂšne en tragĂ©dienne, encore moins ces apparitions en fantĂŽme, fantĂŽmatiques. Jâai beau essayer, je nây arrive pas.
Filmer lâintime : la transformation
Pourtant, câest lĂ que la mise en scĂšne de Carax me bluffe le plus. Des mains qui attrapent une nuque, des mains qui chatouillent, des mains qui font peur, des mains tout droit sorties de Nosferatu. La camĂ©ra subjective peut laisser entendre que le crĂ©ateur se superpose Ă son comĂ©dien, moments autobiographiques qui touchent et font froid dans le dos, dans un mĂȘme Ă©lan ! Lâamant va devenir bourreau et la transformation est complĂšte une fois que le croque-mitaine de sa propre fille porte un look final qui renvoie directement Ă celui de Carax, que lâon voit dans le prologue.
Le calme aprĂšs la tempĂȘte, enfin
Dans cette scĂšne finale, quâil ne serait pas trĂšs malin de gĂącher, on se relĂąche enfin et lâon constate finalement que la magie a opĂ©rĂ©. Quâon aime ou quâon aime pas, ma partenaire lâa bien rĂ©sumĂ©, âon nâen sort pas indemneâ. Vu lors dâun festival de cinĂ©ma Ă Tartu, le public nâa pas lĂąchĂ© une miette de cet opus, malgrĂ© les Ă©changes circonspects qui ont suivi la projection. On est sonnĂ©.es, happĂ©.es par la virtuositĂ© presque pĂ©dante dâune esthĂ©tique toujours en recherche, toujours en quĂȘte, jamais Ă court d'idĂ©es.
Une poupée polémique et des flashs informatifs
Car Carax ne tombe jamais en rade, mĂȘme sâil nây va pas toujours avec le dos de la cuillĂšre. Pour preuve ses choix artistiques dâabord douteux qui se rĂ©vĂšlent trĂšs justes. Les flashs dâinformation quasi parodiques moquent l'obsession de la presse Ă scandale et surtout le choix osĂ© dâune poupĂ©e pour reprĂ©senter une enfant dĂ©laissĂ©e. Audacieux, bas de plafond ? En rĂ©alitĂ© des choix contrastĂ©s qui Ă©tayent son propos, Ă la recherche de l'alchimie juste.
Meta capuche
Dans le mĂȘme registre, le rire sardonique du personnage campĂ© par Driver, gĂȘne et soulage. Sa voix, sa capuche cachant son visage ou encore la tĂąche du mal qui ronge son visage renvoient directement Ă son personnage de Star Wars et Ă dĂ©faut d'ĂȘtre subtil, cela prĂȘte Ă sourire.
Références ad nauseam
Cependant, on touche ici peut-ĂȘtre aux limites dâun cinĂ©ma qui, Ă force de citer, semble se noyer sous les rĂ©fĂ©rences. Nosferatu, Star Wars donc, mais aussi Blanche Neige, Carmen, la mort dâOphĂ©lie, la tragĂ©die grecque ou shakespearienne et bien dâautres confĂšrent au tout une lĂ©gĂšretĂ© pop qui divertit certes, mais qui empĂȘche le film, a mon sens, de prendre une ampleur quâil aurait mĂ©ritĂ©e. A force de citer, Carax (et les frĂšres Sparks, derriĂšre le projet original) qui tend Ă l'universalitĂ© dĂ©laisse lâindividu. Son histoire en devenant celle de tous devient celle de personne. En outre, son final, enfin intime dans son plus grand dĂ©nuement, laisse Ă penser qu'il aurait pu ĂȘtre tout autre mais que, dâune certaine maniĂšre, nous ne le mĂ©ritions pas. Nous avons voulu du divertissement, câest ce qui nous a Ă©tĂ© servi. A nous de voir si nous valons mieux.
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Perceval le Gallois, comĂ©die dramatique galante et courtoise dâEric Rohmer, 1978 (2h18min)
Luchini en collant, Luchini en Ă©cuyer, Luchini en chevalier, Luchini en tombeur de ces dames pucelles⊠Câest mieux que Martine puisque câest Luchini chez Rohmer.
Un Rohmer et dodo
Oeuvre improbable qui fonctionne grĂące Ă une direction artistique irrĂ©prochable, Perceval mâa permis de siester tranquillement puis de profiter dâun spectacle unique quand mes paupiĂšres ont daignĂ© se lever. En effet, la douceur des chants mĂ©diĂ©vaux a su faire vibrer ma corde sensible. Mais pas que.
Pucelles Ă la pelle
Les interprĂštes quant Ă elles, triĂ©es sur le volet, ont sans efforts percĂ© le val du cinĂ©ma français auteurisant. Câest le cas par exemple de Jocelyne Boisseau, interprĂšte inoubliable de Spermula, disponible sous le manteau depuis sa sortie remarquĂ©e par le voisin dâen face, en 1976. âCertaines femmes vampires ne se nourrissent pas de sangâ peut-on lire sur lâaffiche, Tout un programme. Ou encore de Marie RiviĂšre qui dĂ©butait lĂ et dont le jeu tout en profondeur et force de caractĂšre trouve indubitablement ses racines chez la Ripley dâAlien, a moins que ce ne soit lâinverse.
Une plume dans le derriÚre et ça chante la carmagnole
Les films Ă costumes de Rohmer nâen restent pas moins dĂ©nuĂ©s de charme. La Marquise dâO dĂ©range dans une problĂ©matique trĂšs moderne, Perceval nâen a cure Ă travers un personnage en quĂȘte de tout mais aussi des sens.
Arielle Dombasle joue Arielle Dombasle
Sic.
Une joute avec André
Dussolier hué, Dussollier chevalier, Dussollier meurtrier. Osez dire non.
La chanson de geste et le théùtre
Enfin, ce retour Ă l'essence du cinĂ©ma, c'est-Ă -dire au thĂ©Ăątre et Ă la chanson, donne un coup de jeunesse Ă un septiĂšme art que Rohmer nâa jamais moquĂ© et dont il semble ici montrer les limites. Encore un auteur qui aurait volontiers troquĂ© sa camĂ©ra pour un pinceau et un canevas !
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Certains lâaiment chaud, comĂ©die Ă©ternelle au titre français malheureux de Billy Wilder (Some like it hot), 1959 (2h1min)
Un autre des films dont on a forcĂ©ment entendu parler, dont on connaĂźt quelques images voire scĂšnes mais que pour ma part, je nâavais pas encore eu lâhonneur dâavoir vu. Doux euphĂ©misme de dire que jâai passĂ© un bon moment : ce film est une perle.
En deux mots : deux musiciens assez minables doivent quitter Chicago car ils sont les tĂ©moins gĂȘnants dâune exĂ©cution par un des parrains de la mafia. Cependant ils doivent se travestir en femme pour integrer un groupe de jazz feminin et ainsi filer pour la Floride.
Puisque je viens de terminer une biographie de Wilder a travers ses films (Billy Wilder: The Cinema of Wit 1906-2002, brĂšve prĂ©sentation qui sâattarde surtout sur ses succĂšs), jouons-lĂ un peu plus fouillĂ© cette fois.
Diamant avec banjo
Dâabord il y a Marilyn. SublimĂ©e par la camĂ©ra de Wilder, littĂ©ralement dâabord avec le fameux projecteur qui lui est rĂ©servĂ© Ă chaque fois quâon la voit, comme le cinĂ©ma classique le veut ; aussi par ses apparitions mĂȘme, donnant la part belle Ă son corps tout en chair, formes et mouvements lascifs. Tout rebondit, tout est vivant, tout est sexy mais jamais vulgaire. Enfin, sĂ»rement pas en 2021 ! Durant toute leur collaboration, elle nâest jamais arrivĂ©e Ă lâheure, dixit Wilder. Pas une seule fois. Mais il fallait tout lui passer, le rĂ©alisateur dĂ©pendant trop dâelle. Et il le lui a bien rendu, avec un rĂŽle taillĂ© sur ses mesures parfaites.
En effet, cette fausse blonde faussement ingĂ©nue dans la vie, devient faussement ingĂ©nue Ă l'Ă©cran (elle sâappelle Sugar Kane iciâŠ). En cela, sa rĂ©plique finale que je ne dĂ©voilerai pas, confirme tout le bien quâon pense dâelle. Certes, Sugar a des penchants alcooliques et dĂ©pravĂ©s, certes ses tenues ne cessent de choquer, certes son comportement nâest pas celui dâune dame de standing. Cependant, quand sâen cache-t-elle finalement ? Et lorsqu'elle est presque prise en flagrant dĂ©lit, de quoi a-t-elle la frousse ? De si peu : de perdre son emploi ! Non dĂ©cidĂ©ment, l'intĂ©rĂȘt est ailleurs.
Mauvaises moeurs, bonnes intentions
Si le rythme de Some like it hot est trĂšs enlevĂ©, on prend toujours le temps de sympathiser avec les personnages Ă l'instar de chez Lubitsch, un des maĂźtres de Wilder. Ainsi, alors que les deux fuyards sont au pied du mur et quâils doivent plier bagages, sont-ils Ă©pris de nostalgie. Pour les renvoyer Ă ce sentiment qui a lâair de les surprendre eux-mĂȘmes, deux objets sont convoquĂ©s : un bracelet en or pour lâun, une casquette dâamiral pour lâautre. Deux signes extĂ©rieurs de richesse, deux symboles dâun passĂ© glorieux et surtout autant de promesses dâun futur prometteur quâils doivent abandonner. Non seulement il faudra abandonner ces attributs trop lourds mais encore faut-il survivre ! Et quand bien mĂȘme les mafieux seraient mis hors de leur chemin, comment avouer l'inavouable, Ă savoir que tout n'Ă©tait que mascarade ? Des objets, des rebondissements, Wilder en a plus dâun dans sa besace et promis, il va nous sortir de lĂ . Car nous aussi, nous voulons le meilleur pour ces beaux abrutis !
Mafia et mascarade ne font pas bon ménage
Câest ce quâon aurait dit du scĂ©nario de Wilder, argument suffisant pour le rejeter complĂštement. Comme d'accoutumĂ©e, le rĂ©alisateur de Sunset Boulevard a insistĂ© pour finalement remporter gain de cause et ne rien modifier ou presque. Bien lui en a pris !
Une irrĂ©sistible partie de jambes en lâair
Nous sommes dans le train en direction de la Floride, Daphne alias Jack Lemmon, doit se tenir Ă carreau. Bien trop entreprenant auprĂšs de ses dames au goĂ»t de Josephine alias Tony Curtis, ce dernier fait de son mieux pour l'empĂȘcher d'accĂ©der aux autres dames, de son lit superposĂ©. Peine perdue puisque Sugar vient remercier Daphne pour sa bonne action de l'aprĂšs-midi. Sâen suivent un flirt sur sa couchette qui le transi, un simple verre partagĂ© qui devient un cocktail sophistiquĂ©, un maelstrom causĂ© par les femmes du groupe qui rĂ©veillent Josephine. Surtout, une sĂ©quence irrĂ©sistible qui voit Daphne tenter de surnager dans une marĂ©e de jambes. Le paradis sur Terre, pour un hĂ©ros malgrĂ© elle !
Bon, je vais mâenfiler Lâappartement et Irma la Douce, ne nous arrĂȘtons pas en si bon chemin !
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Napoleon dynamite, comédie de Jared Hess, 2004 (1h26min)
En bon millennial, Ă un chouia du xennial, lorsque je recherche un titre, un nom, lâanniversaire du chat que je nâai jamais eu la chance dâavoir, je le recherche via un moteur de recherche. Ăa ne mâarrive pour ainsi dire jamais, moi qui me targue de possĂ©der une mĂ©moire infaillible mais parfois ces recherches donnent dans le vague, puisquâil me faut immĂ©diatement une rĂ©ponse. Cela a Ă©tĂ© le cas avec Napoleon Dynamite. Jugez-en : â crazy dance scene filmâ. Tout en tapant ces mots, je me demandais pourquoi ceux-ci exactement ? Parce que lâexpression circule ainsi me disai-je. Parce que je lâai vue ainsi sur IMDB. A mon grand dam, je suis possĂ©dĂ© !
Danse laborieuse
Cette scĂšne, je lâattendais donc au tournant. Pauvre de moi ! Vendue comme lâattraction principale du film Ă©crit et rĂ©alisĂ© par Jared Hess, elle tient la route mais sa mise en scĂšne la hache tellement que non, l'intĂ©rĂȘt nâest pas lĂ .
Une teen comedy, une !
Hess tente en effet une variation autour dâun mĂȘme thĂšme : lâhistoire dâun cul-terreux un peu simple, au physique peu ragoĂ»tant, que la famille de cassos ne fait que tirer vers le bas et dont les amours sont inexistantes. Jusqu'Ă ce que⊠Avec un pitch pareil, dĂ©jĂ lu et vu une centaine de fois par an rien que chez les Ricains, on nâest pas sorti de lâauberge espagnole me direz-vous ! MalgrĂ© tout, cela marche pas mal.
AnnĂ©es 80, jusquâau bout des seins
Tout y est : voitures, moustaches, bande originale, pattes dâeph sur la retour. Jared Hess est nĂ© en 1979 ? Sans rire !
Des comédiens francs du collier
Plus ou moins au diapason, le casting sâen donne Ă coeur joie, sans crever l'Ă©cran non plus. John Heder (Napoleon), dissimulĂ© sous des lunettes Ă double foyer et une perruque de rouquin, oripeaux bien pratiques, sâen sort avec les honneurs. Sa petite amie Deb, tout en retenue, convainc assez facilement, tout comme son frĂšre et son oncle, weirdos bienvenus. Oublions Pedro, personnage gĂȘnant sâil en est.
Un scénar pas prétentieux pour un sou
Le tout mĂ©langĂ©, vous obtenez une galerie de personnages dĂ©jĂ vus mais pas tout Ă fait, dans une histoire oĂč les gags sont relayĂ©s au second plan au profit de scĂšnes drĂŽles, qui prĂȘtent plus Ă sourire qu'Ă rire. En ce sens le gĂ©nĂ©rique dâouverture, oĂč le hĂ©ros prĂ©sente les noms de l'Ă©quipe du film intĂ©grĂ©s dans la panoplie du lycĂ©en geek standard ne mentait pas : inventif, mignon, frais et rĂ©tro, Napoleon Dynamite vous permettra de passer un agrĂ©able samedi soir en gueule de bois du vendredi (ma prĂ©fĂ©rĂ©e), sans brusqueries !
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Titane, film lyrique au bazooka de Julia Ducournau, 2021 (1h48min)
Attention buzz gigantesque donc risques dâattentes déçues. Pour ma part, je redoute la pĂ©loche Ă©nergique, sincĂšre mais foutraque et dĂ©nuĂ©e finalement de portĂ©e, de dĂ©passement de lâimage.
AprĂšs visionnage, et je suis le premier Ă le regretter, mon postulat est devenu vĂ©ritĂ© ! Quasiment impossible de sâidentifier ici et mĂȘme pire, dâidentifier tout court. Un nouvel OFNI, sans aucun doute, qui mâa en effet tapĂ© dans l'Ćil, dessinant un cocard en ses contours et une envie de me soulager Ă coups de paracĂ©tamol voire de morphine, comme le vieillissant Lindon de ce Titane.
Si jâexiste, câest dâĂȘtre femme
A lâorigine, il y a je pense la volonte de mĂ©taphoriser les combats dâune femme : ses amours impossibles, sa sexualite anormĂ©e, sa grossesse lĂ©tale et en surface comme dans sa chair sa libertĂ© au-delĂ de toutes le conventions possibles. Seulement, entre rĂ©fĂ©rences Ă tout-va et manque de prise tranchante de direction, tout cela retombe comme un soufflĂ© (un gros quand mĂȘme, qui s'Ă©crase parfaitement sur la gueule).
Lâorganique de Cronenberg
Il y a pire comme rĂ©fĂ©rence. A lâinstar de chez Cronenberg, la chair et la machine ne veulent faire quâun, câest un but, une obsession avouĂ©e dĂšs les premiers plans. En cela, lâopus de Ducournau rĂ©ussit son fait, avec un final que nâaurait pas reniĂ© le Cronenberg des dĂ©buts.
Plein gaz
Une scĂšne me semble renvoyer de maniĂšre assez frontale au Christine de Carpenter : copulation avec la machine, phares plein pots, moteur vrombissant. Tout y est. Sauf la tension grotesque de lâoriginal puisque le coĂŻt sâexplicite ici.
Le feu ça brûle
ĂlĂ©ment Ă la fois destructeur et annonciateur dâun renouveau, le feu apparaĂźt dĂšs les premiers plans pour ne jamais vraiment nous quitter. Papa y passe par l'allumette, nouveau papa l'Ă©teint. Pyromane en quĂȘte de soi et de rachat, l'hĂ©roĂŻne en titane semble cette fois ĂȘtre inspirĂ©e dâune pĂ©loche rĂ©cente : Ema de Pablo Larrain. PĂ©loche simple, qui va droit au but et que je vous recommande, elle narre Ă©galement les aventures dâune millĂ©niale dont les vellĂ©itĂ©s libertaires et maternelles empiĂštent sur les existences de son entourage. Je ne dis pas quâil y a plagiat mais les similitudes sont bluffantes !
Citer nâest pas crĂ©er
Nâimporte quel fan pourrait le faire. Câest en grande partie la tĂąche qui incombe au critique. Si les rĂ©fĂ©rences me parlent, elles ne suffisent pas Ă me faire entrer dans la danse dâAlexia, quand bien mĂȘme jâentre dans sa peau. Lâimpression quâil mâen reste a la saveur du mĂ©tal, une saveur superficielle et assez dĂ©sagrĂ©able. La faute en grande partie Ă une mise en scĂšne clinquante avec plans sĂ©quences Ă la pelle qui ne donne pas chair Ă ce matĂ©riau. Les scĂšnes sentimentales sont mĂȘme carrĂ©ment ratĂ©es, entre danses gĂȘnantes et dialogues Ă contre temps. Froid, solide mais inconsistant.
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Suspiria, film dâhorreur fantastique et vice-versa de Dario Argento, 1977 (1h39min)
Une autre de mes douceurs, Ă©ternellement onctueuse. Je vibre, je fonds, je ris, jâai peur et pourtant je succombe de plaisir. Câest un pyjama en satin, une hanche qui obstrue lâaction. Une hanche qui rit et qui frĂ©mit. Câest une peau de satin qui vibre sous les doigts de son tourmenteur. Je m'assoupis, son parfum demeure. Un envoĂ»tement dâune intensitĂ© telle que ses dĂ©fauts sâestompent, comme autant d'aspĂ©ritĂ©s miroitĂ©es dans un reflet dâeau. Le manque de sommeil nâest certainement pas Ă©tranger Ă ma torpeur. Refermons la boĂźte de Pandore. Jusqu'Ă la prochaine fois.
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The Wicker Man, comédie horrifique de Robin Hardy ,1973
Et si les hippies sâĂ©taient regroupĂ©s sur une Ăźle, quâils y avaient trouvĂ© leur gourou, OKLM pour y prĂŽner les vertus de la reproduction entre tout ĂȘtre consentant, plaçant la fertilitĂ© et le sexe au-dessus des lois, au-dessus mĂȘme de la loi divine ? On aurait alors The Wicker Man me rĂ©pondrez-vous ? Bien vu !
Un policier de la perfide Albion est envoyĂ© sur une Ăźle pour y enquĂȘter. En effet, il a reçu une missive lui indiquant quâune enfant y avait Ă©tĂ© enlevĂ©e. Cependant, dĂšs son arrivĂ©e, les habitants se montrent peu coopĂ©ratifs, dissimulant assez grossiĂšrement, mentant Ă qui mieux mieux et cela va crescendo avec une scĂšne oĂč quasi chaque habitant se fout ouvertement de sa poire, parfois de maniĂšre macabre. Un jeu de piste qui prendra fin de la maniĂšre la plus cruelle qui soitâŠ
Christopher Lee, quel toupet !
On ne le dit pas assez mais Lee câest beaucoup de films et un jeu quasi inexistant. Si en plus il est affublĂ© dâun toupet ridicule comme ici, difficile dâeffrayer qui que ce soit !
Acteur principal bluffant
A lâinverse, Edward Woodward en inspecteur-prĂȘcheur Ă qui on la fait pas mais en fait si, convainc malgrĂ© un personnage pas des plus subtils.
Le charme du bancal
Des faux raccords, des plans ajoutĂ©s peut-ĂȘtre pour faire le nombre, une lumiĂšre pas toujours opĂ©rationnelle Ă se demander si le chef opĂ©rateur n'Ă©tait pas allĂ© sâenfiler des vierges en chaleur. Charmant tout ça.
Danse lascive
Le casting ne fait pas un pli. Le gourou, lâinspecteur de trop et les blondes aux yeux bleus dont lâune dâelle, si belle quâelle en devient presque une alien, nous offre sa plastique dans une scĂšne dĂ©rangeante : celle-ci vient carrĂ©ment caresser les cloisons la sĂ©parant du cul bĂ©ni, lui infligeant la pire des douleurs, Ă lui fiancĂ© dont la fidĂ©litĂ© semble guider ses principes existentiels. Cul bĂ©ni qui vaincra cette fois.
Lâhorreur, comme un rappel Ă l'ordre
ClassĂ© parfois dans les films dâhorreur, rien ne laisse vraiment prĂ©sager dans The Wicker Man cette fameuse scĂšne finale, qui vaut le dĂ©tour. Tout semblait converger vers une rĂ©demption qui ne viendra finalement pas. Je vous laisse juge mais de mon cĂŽtĂ©, ça ne mâa pas fait passer lâenvie dâun bon feu de camp. En revanche, l'envie de le partager avec des hippies mâa peut-ĂȘtre passĂ© pour de bon.
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Ange (titre original : Angel), comédie romantique mais pas que de Ernst Lubitsch, 1937
Le mariage, câest quoi au juste ? Doit-on rester avec celui qui nous a tant déçu ? La derniĂšre chance a-t-elle un sens ? Et comment rĂ©agir lorsque la Providence met sur notre chemin lâincarnation mĂȘme de ce quâil semble nous manquer ?
Câest peu ou proue les questions que se posent le personnage jouĂ© par MarlĂšne Dietrich, dans une variation sur le thĂšme que caresse tant Lubitsch : le mĂ©nage Ă trois. Dâailleurs, il collabore encore ici avec Melchior Lengyel, comme pour Jeux dangereux ou Ninotchka.
Je ne vais pas essayer de vous convertir Ă Lubitsch, chacun devrait avoir tous ses films, au moins une fois, pĂ©riode prïżœïżœ-code ou non. Ange ne vient pas se classer dans les meilleures crĂ©ations dâun des maĂźtres de la comĂ©die romantique mais câest un film Ă croquer Ă pleines dents, oĂč les rĂ©pliques tombent Ă pic, comme dâhabitude, oĂč lâintrigue Ă dĂ©faut de surprendre embarque et laisse la part belle Ă la rĂ©flexion (voir les questions Ă©numĂ©rĂ©es ci-dessus). Et oĂč une scĂšne a particuliĂšrement retenue mon attention.
Un bouquet de fleurs pudique
Le mal semble fait. Maria a passĂ© la nuit chez son prince charmant, un tombeur pris Ă son propre jeu, comme la suite le prouvera. Les tourtereaux se promĂšnent dans le parc, elle hĂ©sitante et comme effrayĂ©e, lui sĂ»r de ses sentiments et tentant de la rassurer. On nây voit goutte dans ce parc mais assez pour y rencontrer une petite dame, vendeuse de bouquets Ă©phĂ©mĂšres pour couples Ă©phĂ©mĂšres : ici, câest Paris ! Le charmĂ© sâempresse dâaller cueillir un de ces jolis bouquets qui ravirait les plus rĂ©fractaires. C'Ă©tait sous-estimĂ© les remords de la dame, qui en a profitĂ© pour filer Ă l'anglaise.
Et la magie de la mise en scĂšne intervient.
PlutĂŽt que de montrer un sĂ©ducteur aux abois, voire une sĂ©ductrice se dĂ©biner en taxi (par exemple), Lubitsch se concentre sur la vendeuse. Qui ramasse le bouquet lĂąchĂ© par le sĂ©ducteur larguĂ©. Qui le replace parmi les autres. Non sans sourire. Dâune pierre deux coups, argent gagnĂ© et bien rĂ©cupĂ©rĂ©. Nous la suivons enfin quitter lentement la scĂšne, de dos.
Lubitsch a tout dit : nous ne voyons finalement qu'une amourette de plus. Une histoire qui sent bon l'adultĂšre. Une histoire de pacotille que lâon remet lĂ , parmi les autres bouquets qui Ă y bien regarder, avaient lâair factice. Passons maintenant aux choses sĂ©rieuses : le conflit entre mari et femme, ce qui nous importe ici. Et câest ce quâil fait dĂšs la scĂšne suivante.
Chapeau.
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Un monde sans femme, A lâabordage, comĂ©dies estivales de Guillaume Brac, 2012 et 2020
Voir la CĂŽte Picarde et mourir. Voir le sud et mourir.
Des Parigots en quĂȘte de sensations fortes
Hasard du calendrier encore une fois, aprĂšs m'ĂȘtre rafraĂźchi les idĂ©es avec le dernier opus de Guillaume Brac, jâai dĂ©cidĂ© vaillamment dâenchainer avec le film qui a fait de Vincent Macaigne, Vincent Macaigne. Alors câest parti pour les points communs et il y en a plĂ©thore !
Le lyrisme du prolo
Chez Brac, on trouve de la poĂ©sie dans tout. Ăa ne paie pas de mine, mĂȘme ses plans Ă la volĂ©e, camĂ©ra Ă l'Ă©paule, trouvent toujours moyen de nous surprendre et surtout de capter la beautĂ© quâon ne voit pas tout de suite. Il lui suffit en gĂ©nĂ©ral dâun plan pour annoncer la couleur : ici le long dâune riviĂšre dissimulĂ©e derriĂšre des arbustes, lĂ sur une plage qui s'assoupit. Une vraie capacitĂ© Ă nous embarquer dans un rĂ©cit pourtant pas gagnĂ© dâavance.
Parigots tĂȘtes de veau
Parce que sur le papier, il sâagit de cela : des Parisiens en villĂ©giature, qui viennent ici chercher lâamour, lĂ sâencanailler sans se lâavouer. Tout ce beau monde vouĂ© aux gĂ©monies, tĂȘtes Ă claques dĂ©boussolĂ©es ?
Une nuit dâamour contre une vie dâennui
Et bien que nenni. Ils sont tous beaux ces Parisiens, perdus mais en quĂȘte, qui ne laissent personne de marbre mais qui nây trouvent pas toujours leur compte non plus.
Câest trĂšs culottĂ© de terminer ces chapitres par des histoires dâune nuit Ă la frontiĂšre de la crĂ©dibilitĂ©. Jeu d'Ă©quilibriste bienvenu, oĂč la part belle est donnĂ©e Ă ceux qui dĂ©tonnent, ceux quâon attend pas lĂ , ceux qui pourtant mĂ©ritent quâon leur donne pleinement leur chance. Mon cĆur en est devenu tout mou.
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