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Le goût du saké (titre original : Sanma no aji) satire doucement mais sûrement de Yasujirō Ozu, 1962 (1h53min)
Dernier opus d’un metteur en scène prolifique qui n’est plus à présenter et qu’on ne présentera pas, le goût du saké pourrait être comparé au désenchanté Il était une fois en Amérique, également dernier film de Leone, metteur en scène moins prolifique qu’on ne présentera pas non plus. Ce désenchantement qui prend aux tripes : on aura beau tout donner, tenter de comprendre le monde qui nous entoure et surtout ceux qui le peuplent, on ne mourra pas moins seul avec notre douleur comme pierre tombale.
Shuhei Hirayama approche de la retraite et son petit monde bien sous contrôle après la mort de sa femme, vacille. Son fils aîné a quitté le domicile familial et un de ses amis lui conseille de laisser sa fille faire de même, sous peine de la rendre triste à jamais.
Constat existentiel radical, les arômes de cette boisson paradoxalement fédératrice nous portent facilement 1h53 durant.
Les copains d’abord
Dans cette peinture d’une société vouée à l’isolement de ses citoyens, Ozu distille des moments de pure camaraderie. Les rires, les pièges qu’on se tend entre amis, les petits arrangements, les services rendus, les tentatives de consoler, tout cela autour d’un verre de ce breuvage japonais par excellence. Tout semble uni et cohérent alors que tout s’effondre tranquillement.
Les sursauts de l’espoir
La réincarnation de la femme aimée jadis, d’abord source de mélancolie, n’apparait que comme un rappel. Alors que l’on se demande si le personnage va sombrer, le héros revient comme malgré lui se saouler au saké dans le troquet qui lui semble si familier car tenu par l’image de son amour perdu. Le bateau tangue mais le saké maintient à flot.
Les indices du délitement
Un autre fantôme revient hanter le personnage principal jusque-là irréprochable : celui du vieil ivrogne, ancien professeur dont l’exemplarité passée s’est noyée dans des litres de la fameuse boisson. La sagesse qu’induit son âge laisse place à la bouffonnerie de son ivrognerie. En quête de repères, le héros du goût du saké ne devra décidément que compter sur lui-même.
Le gouffre générationnel
Quid du côté de la relève ? Des enfants qu’il a gâtés, rien ne subsistera puisque le mariage les lui ôtera. Si l’on veut parler d’amour, force est de constater que celui-ci ne se matérialise pas. On se frôle mais on ne se touche pas. Le poids de la pudeur et de la bienséance paraît indépassable. Toutefois, on (se) regarde.
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Côte à côte, face à face
Les plans juxtaposés sont fascinants. De la difficulté à communiquer l’essentiel, Ozu fait naître une mise en scène pudique mais ô combien vivante. Chaque personnage, par l’entremise de plans de face ou quasi, montés en champ / contre-champ parvient à combler un vide abyssal.
La simplicité de la solitude
La maison, pleine de ses objets mais vide de ses habitants après le départ pour l’union maritale de la fille puis l’homme devant son comptoir, dont le dos ne lui appartient déjà plus. Solitude et objets ne font ici qu’un.
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Incommensurable pesanteur
Un détail peut-être, dans une scène à priori non primordiale. Le fils du héros dépose au sol son sac plein de clubs, symboles de la vanité qui le définit tant. Ce sac paraît peser une tonne. Chez Ozu, on pose un sac comme autant de maux dont on se déleste, temporairement du moins.
Hiroshima, mon amer
Enfin, les fantômes d’Hiroshima et de la défaite japonaise sont régulièrement moqués. Tel un mauvais gag de répétition, entêtant mais indigeste.
Le goût du saké, une palette riche que je ne peux que vous recommander.
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The light sleeper, drame existentiel de Paul Schrader, 1992 (1h43min)
Willem Dafoe déambule dans New York, distribuant des sucreries a des fortunés en goguette. Dealer insatisfait de son existence, il se demande qui va financer sa retraite maintenant que son employeur quitte le navire. Cela semblerait anodin si l’amour de sa vie ne s'était pas fait la malle quelques années plus tôt…
Évoquer ce film hypnotisant et ultra élégant un mois après son visionnage, c’est se tirer une balle dans le pied. Décrire le cinéma de Schrader n’est déjà pas une sinécure a chaud alors quand il a carrément été remis dans le frigo aussi longtemps…
Ancre sociale et légèreté de l'être
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Paul Schrader, que l’on présente encore et toujours comme le scénariste de Taxi Driver, demeure une exception dans le paysage cinématographique américain. A la fois cinéaste indépendant, vrai auteur traitant de problématiques sociétales mais également assez puissant pour collaborer avec Willem Dafoe et Susan Sarandon ici, Harvey Keitel et bien d’autres là et dont le dernier film à l’affiche (voir ci-dessus) est vendu comme un blockbuster. Ces paradoxes, l’auteur de Mishima (que je vous recommande chaudement) les cultive pour consolider une œuvre singulière. Light sleeper n'échappe pas à la règle : prenez Willem Dafoe en anti-héros paumé, saupoudrez d’une intrigue mi-thriller mi-existentielle et emballez le tout d’une ambiance aérienne à peine souillée par un New York décadent. En ressort un film unique, malgré ses similitudes apparentes avec le susnommé Taxi Driver.
Le coup de feu politique
Attention, peut-être au spoiler (ça dépend de ce que vous entendez par là) ! Notre héros va vous surprendre dans un final sanglant rappelant le geste fou de Travis Bickle. Pourtant, on se demande : s’agissait-il de la revanche d’un faiblard face au représentant d’un système impitoyable ou a-t-on assisté à un geste de défense nécessaire car inévitable ? En tout cas il est tentant de voir chez Schrader une rébellion, même soudaine et ponctuelle, contre un système capitaliste qui n’a pas de temps à consacrer à un faible comme lui, à une femme comme celle qu’il a aimée, au couple qu’ils ont formé et qui n’avait pas d’avenir fiduciaire. Ce héros sans statut social, un marginal sans autre attache que sa propre existence, ne pouvait finir qu’entre quatre murs ou quatre planches.
Le poids du passé
Auteur qui ne publiera jamais puisqu’il jette systématiquement ses écrits par la fenêtre, le personnage campé par Dafoe commence tout mais n'achève rien. Épuisé par la faute originelle, celle qui a provoqué le départ de son ex, il va petit à petit reprendre du poil de la bête. On peut en outre lire ce règlement de compte comme un acte salvateur, celui qui le révèle à lui-même mais aussi au monde. Une rédemption que l'écriture ne pourra jamais lui apporter.
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La mécanique des sentiments
Dès lors, souvenons-nous. Dafoe erre dans Light sleeper, telle une âme en peine, déjà dans le purgatoire. Va-t-il conséquemment rejoindre le paradis ou l’enfer ? Qui sera son juge ? Toute la société l’est bien sûr. Allant de mal en pis, l’objet du désir le condamne à l'exil. Condamné, il l’est sans cesse : pour sa passivité, sa pusillanimité, son passé peu glorieux. Ame errante, les autres ne l’autorisent pas ou si peu à les atteindre. Ses mots n’ont pas de poids, ses doigts effleurent ou condamnent à leur tour.
La douceur faite mains
Dans une étreinte finale à la fois longue et pleine d’espoir, les fantômes qui peuplaient Light Sleeper se touchent enfin, pour ne plus jamais se quitter. La caresse de l’amour fait suite à la terrible tempête, le sentiment seul ne nous sauvera pas !
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Madres paralelas, mélo et drame plein d’espoir de Pedro Almodovar, 2021 (2h)
Janis tombe enceinte de l’homme qui supervise les recherches du corps de son arrière-grand-père, exécuté par les franquistes durant la guerre civile espagnole. A la croisée des chemins, elle décide de garder l’enfant malgré le désaccord de son amant, marié. Son destin va se croiser et se lover avec celui de Ana, adolescente sur le point d’accoucher.
Penelope fidèle à Pedro
Commençons par un hic qui n’en est pas un : Penelope Cruz joue encore une femme-forte-qui-n’a-pas-peur-de-se-mettre-à-nu ou presque. Cela pourrait déranger les plus réfractaires, cela ne m’a pas en tout cas sorti du film. Non seulement Cruz s’en sort avec les honneurs mais en plus, l'intérêt est ailleurs.
L'émotion comme moteur
Les différents sujets, denses, sont traités en 2 heures ce qui peut paraître prétentieux mais on peut y voir une sorte de réalisme : les intrigues (les histoires) et l’Histoire, loin de s’annuler s’alimentent entre elles, permettant ainsi à la tension de ne jamais redescendre. En effet, le scénario, loin de donner dans la facilité, ouvre un premier cycle qui ne se termine qu’en toute fin de parcours, en ayant pris le soin entre temps d’ouvrir et fermer un autre cycle, riche en rebondissements. Osé mais réussi, il faut encore s’incliner devant un auteur dont les obsessions peuvent paraître répétitives mais qui parvient toujours à surprendre, à expérimenter, voire à se repousser lui-même dans ses derniers retranchements, ici en regardant dans les yeux le passé douloureux de sa patrie.
Les fantômes de Franco
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L’émotion suscitée par un final quasi intenable nous met enfin devant un fait accompli. La mort, la honte, la gêne, la compassion pour ce qui n’est plus, tout cela vit sous nos yeux, imprègne nos rétines pour ne plus nous lâcher. Ce qui n’est plus nous hante plus que jamais, contrairement à ce que les conservateurs espagnols martèlent. Encore une fois, si la structure du film peut en déboussoler plus d’un, la réponse tombe comme le couperet franquiste : il fallait montrer cette séquence ultime justement en toute fin de cycle. A l’instar de Valse avec Bachir ou le réel reprenait ses droits juste avant le générique de fin, dans Madres Paralelas, on liquide le mélo comme pour en souligner la futilité, alors même qu’il nous avait tenu en haleine 1h30 durant. Un mal nécessaire.
La nécessité de filmer
Tournant dans la carrière d’Almodovar ou simple dérapage contrôlé, le cinéaste choisit d’aborder frontalement un tabou espagnol. Nous avons cité Valse avec Bachir, je pense également au Grâce à Dieu de François Ozon, péloche déroutante, clinique mais supportable non pas grâce à Lui mais à l’humanisme de son auteur. L'idée que la mémoire collective exhumée écrasera finalement les conventions, l’omerta et la bêtise. Une connexion Almodovar-Ozon, pieux fantasme, n’est-ce pas ?
Martyre des temps modernes
Restent ces fameuses intrigues intermédiaires. Loin de faire office de remplissage, elles portent l'étendard LGBTQI+ en évitant soigneusement les clichés, si ce n’est le temps d’une scène amoureuse franchement évitable. Milena Smit, fluidifiée pour l’occasion, crève l'écran dans l’incarnation de problématiques indubitablement contemporaines. Fille de, paumée, abusée physiquement et menacée par les réseaux sociaux, elle tergiverse, se rétracte, se perd encore pour in fine trouver sa place dans une société qui l’accepte. Un parcours du combattant qu’elle doit peut-être aussi à son image.
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Acteur.rice de son existence
Janis ouvre le bal en capturant sa future proie. Photographe de mode, elle immortalise l’illusion, l’illusion qui paie les factures, l’illusion qui va lui permettre de donner naissance, l’illusion qui la fera tomber pour une femme… Moteur de l’intrigue, l’attrait de l’esthétique qui sauve les apparences, nous conduit cahin-caha vers ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes, pour finalement devenir vivant.e : perdus, en quête, en perpétuelle redéfinition, petits êtres espérant de meilleurs jours.
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Fade away's
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directed by David Lynch Twin Peaks: Fire Walk With Me | 1992 Blue Velvet | 1986 Mulholland Drive | 2001
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Blind love, film militant de Damien Hauser, 2021 (1h13min)
Le festival Pöff en Estonie propose une programmation qui part dans tous les sens, une ribambelle de différentes compétitions tentant de se tailler la part du gâteau. Ça n’a pas toujours de sens mais ça m’a donné l’occasion de voir ce film kényan bien barré, dans une ambiance feutrée mais pourquoi pas.
Production moyens du bord
Filmé entièrement au téléphone, l’apprenti réalisateur n’a pas peur de mettre en scène. Hormis quelques inserts grossiers, Damien Hauser parvient sans peine à nous conter une histoire faussement simple afin de mieux faire passer un message très militant.
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L’amour aveugle… de la culture
Deux personnages se rencontrent et s’aiment. Une muette et un aveugle. Tout sur le papier est réuni pour nous faire passer un bon moment popcorn devant une rom-com dans un contexte rare. Or, l’auteur, réalisateur, monteur Damien Hauser va consciencieusement déconstruire tous les éléments qui jalonnent son récit.
En jouant avec les mots du titre d’abord, comme un indice dévoilé dès le générique, tous nos acquis vont petit à petit disparaître au profit d’une réalité culturelle qui prend le pas, selon l’auteur, sur tout notre imaginaire, tous nos idéaux, toutes nos aspirations. Place au mensonge, à la traîtrise, à l'excès, à la violence organisée.
La société comme théâtre morbide
Parmi les bonnes idées de mise en scène, on relèvera une exécution finale très théâtrale, qui sert d’autant plus le propos. Le symbole est fort et il n’est pas esseulé : une source inconnue procure miraculeusement un alcool aux vertus magiques, les handicaps des protagonistes ne sont pas ceux que l’on croit. Les faux-semblants convergent vers une fin implacable où tout le monde tient son rôle, où chacun juge et est jugé, potentiellement bourreau ou victime.
Capacité vs. devoir
Si le tout peut parfois sembler naïf, il n’en est pas moins sincère et a le mérite de ne pas tirer sur la corde (le film est court !) afin de mieux servir son propos. Il y a ce que l’on peut atteindre et il y a ce que l’on doit atteindre. La culture, entendre les us et coutumes, peut-elle réconcilier ces deux notions ?
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L’homme qui voulut être roi, (The man who would be king) film d’aventure de Joseph Huston avec Sean Connery et Michael Caine, c’est dire, 1975 (2h9min)
Touché par le récit éponyme de Kipling, cette adaptation me tentait depuis belle lurette et mes attentes n’ont pas été déçues.
Grosso modo : deux anciens soldats de l’Empire britannique veulent conquérir à eux deux un peuple reclus, au Kafiristan. Ce qu’ils vont parvenir à faire mais pas pour longtemps.
Mise en image ludique
La nouvelle de Kipling détient le potentiel narratif d’une œuvre à la fois épique et riche d’une portée symbolique propre aux plus grands film d’aventure. Huston semble en avoir été conscient, par conséquent il propose avant tout de nous divertir, dans des paysages dépaysants.
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Un duo tout en chorégraphie et finesse rustre
Sean Connery capable de se plier au ridicule, Caine en serviteur dédié. Le couple se complète sans arrêt, créant un rythme qui lui est propre, durant chacune de ses apparitions. Leurs interventions prêtent à sourire et inquiètent tout à la fois. Leur amitié aurait pu les sauver mais les perdra. Le jeu en valait-il la chandelle ?
Colons, de courte durée
Kipling est maintenant consensuellement classé parmi les pro-colonialistes. Pourtant, avec L’homme qui voulut être roi, la démonstration de Huston est limpide : les apprentis colons ont l’air bouffon et l’invasion prend fin de manière pathétique quand l’un d’eux se prend pour un roi déifié.
Sauvages un jour, sauvages toujours
Nous sommes dans les années 70 et la vision des occidentaux est encore condescendante. Ne vous attendez donc pas à une représentation égalitaire d’un peuple davantage primitif, simple, et volontiers agressif. Les années 80 arrivent à grands pas et si vous avez aimé Indiana Jones, vous ne serez pas dépaysé(s)
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Compartiment nº6 (Hytti nro 6), comédie romantique toute belle mais du coup dangereuse de Juho Kuosmanen, 2021 (1h47min)
Une Finlandaise doit traverser un bon bout de la Russie pour aller visiter un site archéologique. Bien sur elle car elle est cultivée option hipster, elle est choquée quand elle doit partager son compartiment-au numéro que vous aurez grand peine à deviner-avec une brute soviétique. Cependant, les choses ne vont pas se passer comme prévu. Ta-dam !
Point positif lié à ce film : je viens de trouver le raccourci du symbole º sur mon clavier, ce qui n’est pas peu de chose, il ne faut pas sous-estimer ces petites victoires quotidiennes. Me vais par conséquent l’utiliser jusqu’à plus soif, vous êtes prévenu(s) !
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Romance sous influence
Ça tombe bien, des º il y en a plein dans Compartiment nº6. On les trouve surtout dans les bouteilles que s’enquillent les protagonistes, comme si elles étaient le seul moyen de briser la glace et mon Dieu, quelle est épaisse cette glace ! Certes, on se caille les miches sévère au pays de la vodka (du -20º/-30º à vue d’oeil) mais de là à se sentir obligé de picoler, il n’y a qu’un pas stéréotypé que les auteurs font allègrement : 40º, 42º, 50º voire plus quand le protagoniste russe graisse la patte (cliché 2) au personnel du train. C’est bien connu, pour se détendre avec un Russe, rien de mieux que de se bourrer la gueule. Davaï !
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Des méninges ankylosées
A croire qu’avoir tourné sous 0º a eu un impact dévastateur sur l’équipe du film pourtant finno-russe en majorité. Je ne peux m’empêcher de les imaginer, sirotant leurs Vodka Red Bull en se remémorant leurs meilleurs mouvements sur le dancefloor trompettant Bomfunk Mc’s et autre Lordi (cliché 3) :
- C’est quand même pas dégueu la vodka.
- C’est clair.
- Ça réchauffe.
- Tout le monde à tue-tête : C’est clair !
- Allez, vous savez quoi, on arrête de chercher midi à 14h et on explique toute leur relation à travers le prisme de la vodka.
- Silence général. Pas compris Jean Jean.
- S’ils se bourrent la gueule non stop, ils vont s’aimer bordel !
- Tout le monde à tue-tête : C’est clair ! Davaï!
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Les cornichons de la discorde
J’exagère un peu puisqu’il est tout de même question d’un autre symbole prépondérant pour comprendre la mentalité de ces soûlards de Russes : le cornichon mariné (cliché 4). Présent chez une babouchka (cliché 5) et donné généreusement (cliché 6) à la protagoniste après une beuverie épique (cliché 7), ils donnent de l’air à un récit décidément riche en rebondissements !
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Parasite(s) du pauvre
L’idée centrale me semble-t-il, était de faire rencontrer deux personnages opposés en tout. Une lesbienne raffinée prof de littérature d’un côté, un ouvrier aux mauvaises manières de l’autre. Mettez-les dans un endroit clos, remuez et appréciez le résultat !
J’étais donc dans mon bon droit en attendant un Parasite 2.0, au discours social sinon épais du moins présent. Résultat, rien ou presque à conserver, si ce n’est les cornichons donc. 6º dans le frigo.
Caméra naturaliste
Si ce n’est cette foutue caméra à l’épaule virtuose qui a entretenu, tout le long du film, cette illusion que l’on voyait plus qu’une simple comédie romantique. Je ne peux m'empêcher de repenser au Fils de Saul, dans lequel la caméra subjective vous happe tellement que vous en oubliez la vacuité de l’histoire. Bref, la caméra c’est bien mais pas avec 0º degré de réflexion. Sinon on se retrouve avec une péloche consensuelle et condescendante qui a reçu les honneurs à peu près partout où elle est passée. Et les Russes, qu’en pensent-ils ? Ils s'en foutent sûrement vous me direz, trop occupés à se la coller. Davaï !
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Le château ambulant (Howl’s moving castle), film d’animation pas si simple à saisir que ça de Hayao Miyazaki, 2004 (1h59min)
Chez Miyazaki on ne nomme pas les conflits, les toponymes et les identités sont gommés mais on doit vivre avec les conséquences des velléités belliqueuses des hommes et leurs conséquences. Exception faite du Vent se lève, son dernier film en date, ou l'on regarde la guerre dans les yeux, comme si l'innommable pouvait enfin avoir un nom. L’auteur est né en 1941, les dégâts causés par les bombes atomiques restent à jamais ancrés dans sa mémoire personnelle. Ici, ce sont les combats qui font rage.
Sophie est une jeune femme solitaire, aux illusions déjà perdues. Elle n’ose même pas penser au prince charmant et se contente de coudre, perdue dans des pensées que l’on devine pures et infinies. Par dessus tout, elle est honnête et incrédule. Pourtant, une simple rencontre va bouleverser cette mélancolique routine, sous la forme d’un jeune homme mystérieux et charmeur. Lorsqu’une sorcière jette un sort à cette pauvre Sophie, celle-ci doit prendre son destin en main en cherchant celui qui l’a troublée.
Filmer le mouvement
Depuis ses débuts, Miyazaki s’évertue à filmer une certaine réalité. Pour ce faire, il sollicite le mouvement perpétuel, jusqu'à l'excès. Ainsi, même les visages meuvent quand on ne s’y attend pas : Sophie qui vient de prendre soixante-dix ans dans la tronche n’en croit pas ses yeux, s'arrache presque littéralement la peau des os, dans une scène qui pourrait inspirer le dégoût mais qui en fait dévoile ce qu’il y a de plus beau chez Miyazaki : son humanité. En effet, tous ses personnages certes symbolisent des qualités qui leur sont propres, mais tâchent surtout de représenter le meilleur pan de l'être humain, (trop) tôt ou (trop) tard. En cela, le personnage de Sophie qui nous est immédiatement sympathique, semble nous empêcher d'accéder à l’essentiel.
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L’arbre qui cache la forêt
Le personnage principal détourne ici l’attention : même si elle se définit tout au long du film, c’est en effet aussi son récit initiatique, c’est surtout son histoire à lui : c’est son château qui cristallise tout son être. En ce sens, nous pourrions regarder le Château ambulant, l’objet du titre, comme une métaphore à peine voilée. L’incarnation d’un homme, avec ses qualités et ses défauts, son refoulé gigantesque, ses aspirations déçues, ses échappatoires, une machine en pleine fuite vers l’avant.
Calcifer, la flamme moteur du château
Une flamme intérieure, un cœur à récupérer des griffes du mal, une transformation progressive mais potentiellement dévastatrice. Il faut pardonner et voir le bon, il y a de l’espoir et cet espoir s’appelle l’amour. Le destin de Howl dépend directement d’une flamme qui vacille régulièrement, comme ses états d’âme.
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Le temps et l’espace
La première fois que j’avais vu cet opus, j'avais été persuadé d’avoir vu une réflexion sur le temps. Notion indissociable de l’espace, c’est ce dernier qui a retenu cette fois toute mon attention. Il s'étire, il se rétracte, il se multiplie, suivant l’humeur du propriétaire du château. Son amour-propre ne peut conserver un espace consistant, seul l’amour de l’autre le lui permet enfin. Une paix intérieure des plus Feng Shui !
Fan rebel de Disney
Enfin, beau pied de nez aux films de Disney dans lesquels les héros résolvent les conflits tout en étant les personnages principaux : ici un prince surgit de nulle part et in fine pour en une apparition stopper un conflit meurtrier. Miyazaki, qui a trouvé sa vocation en regardant et en admirant les Disney, dépasse son maître en le tançant gentiment. Oui, les princes charmants existent mais ils ont, eux aussi, leur fardeau à porter.
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Annette, tragi-comédie en musique et en chansons de Leos Carax, 2021 (2h20min)
Carax continue à subjuguer via une mise en scène irréprochable. L’un des derniers metteurs en scène français, à quelques exceptions près, peine un peu plus à raconter : Annette est un travail d'orfèvre en sa plastique même mais narre un histoire somme toute déjà vue. En outre, les parties chantées qui ne font qu’illustrer l’intrigue qui se déroule sous nos yeux, me rappellent les textes de Michel Legrand.
Le film commence tambour battant, grâce à son opposition entre tragédie et comédie, l’une incarnée par l’amante (Marion Cotillard, malheureusement) et l’autre par l’amant (Adam Driver, fort heureusement) : la première sauve par catharsis, la seconde tue par son inquiétante étrangeté, leur fusion propulse le couple au sommet du monde. On nous raconte donc une tragi-comédie, genre casse-gueule par excellence qui peine à prendre sa place dans le paysage du cinéma français, où l'on préfère séparer les deux avec un manichéisme dont actuellement seul Dany Boon, grâce à la finesse de sa plume unique, parvient à nous extirper (voir et revoir Bienvenue en hypocondrie, rue de l’Humanité, barres de rire assurées et questionnements sur soi vertigineux). Cette volonté de confronter ces deux univers aux antipodes, depuis les premières traces des textes des Anciens, revient à questionner le cinéma en tant que tel. Sans surprises puisque l’on est chez Carax, le film se regarde perpétuellement dans le miroir. Dès la scène d'ouverture, on nous le dit : le film se prend pour ce qu’il est c'est-à- dire un film et il va nous divertir. En voiture Simone, ou plutôt en moto Leo(s) et c’est parti pour un pacte assumé et sincère-nous allons être diverti.es.
L'apollon Driver
Pour se faire, l'élément central, producteur, interprète aux pectoraux et abdo saillants, à la voix caverneuse et au charme ténébreux, Adam Driver mystifie. Capable d’une remarquable expression constante, via les mots et surtout le corps, il répond aux attentes d’un démiurge toujours prompt à tirer les ficelles de ses comédiens. Le nouveau Lavant, c’est lui.
De l’opéra à l'opérette, il n’y a qu’un pas, Marion
Cotillard dont la composition cependant plutôt sobre ne porte pas, sur ses frêles épaules, le charisme que le rôle exigeait. Non je ne suis pas complètement impartial, l’engouement autour d’elle m’ayant toujours laissé de marbre mais avouons que les scènes intimistes ne décollent pas, pas plus que les moments sur scène en tragédienne, encore moins ces apparitions en fantôme, fantômatiques. J’ai beau essayer, je n’y arrive pas.
Filmer l’intime : la transformation
Pourtant, c’est là que la mise en scène de Carax me bluffe le plus. Des mains qui attrapent une nuque, des mains qui chatouillent, des mains qui font peur, des mains tout droit sorties de Nosferatu. La caméra subjective peut laisser entendre que le créateur se superpose à son comédien, moments autobiographiques qui touchent et font froid dans le dos, dans un même élan ! L’amant va devenir bourreau et la transformation est complète une fois que le croque-mitaine de sa propre fille porte un look final qui renvoie directement à celui de Carax, que l’on voit dans le prologue.
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Le calme après la tempête, enfin
Dans cette scène finale, qu’il ne serait pas très malin de gâcher, on se relâche enfin et l’on constate finalement que la magie a opéré. Qu’on aime ou qu’on aime pas, ma partenaire l’a bien résumé, “on n’en sort pas indemne”. Vu lors d’un festival de cinéma à Tartu, le public n’a pas lâché une miette de cet opus, malgré les échanges circonspects qui ont suivi la projection. On est sonné.es, happé.es par la virtuosité presque pédante d’une esthétique toujours en recherche, toujours en quête, jamais à court d'idées.
Une poupée polémique et des flashs informatifs
Car Carax ne tombe jamais en rade, même s’il n’y va pas toujours avec le dos de la cuillère. Pour preuve ses choix artistiques d’abord douteux qui se révèlent très justes. Les flashs d’information quasi parodiques moquent l'obsession de la presse à scandale et surtout le choix osé d’une poupée pour représenter une enfant délaissée. Audacieux, bas de plafond ? En réalité des choix contrastés qui étayent son propos, à la recherche de l'alchimie juste.
Meta capuche
Dans le même registre, le rire sardonique du personnage campé par Driver, gêne et soulage. Sa voix, sa capuche cachant son visage ou encore la tâche du mal qui ronge son visage renvoient directement à son personnage de Star Wars et à défaut d'être subtil, cela prête à sourire.
Références ad nauseam
Cependant, on touche ici peut-être aux limites d’un cinéma qui, à force de citer, semble se noyer sous les références. Nosferatu, Star Wars donc, mais aussi Blanche Neige, Carmen, la mort d’Ophélie, la tragédie grecque ou shakespearienne et bien d’autres confèrent au tout une légèreté pop qui divertit certes, mais qui empêche le film, a mon sens, de prendre une ampleur qu’il aurait méritée. A force de citer, Carax (et les frères Sparks, derrière le projet original) qui tend à l'universalité délaisse l’individu. Son histoire en devenant celle de tous devient celle de personne. En outre, son final, enfin intime dans son plus grand dénuement, laisse à penser qu'il aurait pu être tout autre mais que, d’une certaine manière, nous ne le méritions pas. Nous avons voulu du divertissement, c’est ce qui nous a été servi. A nous de voir si nous valons mieux.
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Perceval le Gallois, comédie dramatique galante et courtoise d’Eric Rohmer, 1978 (2h18min)
Luchini en collant, Luchini en écuyer, Luchini en chevalier, Luchini en tombeur de ces dames pucelles… C’est mieux que Martine puisque c’est Luchini chez Rohmer.
Un Rohmer et dodo
Oeuvre improbable qui fonctionne grâce à une direction artistique irréprochable, Perceval m’a permis de siester tranquillement puis de profiter d’un spectacle unique quand mes paupières ont daigné se lever. En effet, la douceur des chants médiévaux a su faire vibrer ma corde sensible. Mais pas que.
Pucelles à la pelle
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Les interprètes quant à elles, triées sur le volet, ont sans efforts percé le val du cinéma français auteurisant. C’est le cas par exemple de Jocelyne Boisseau, interprète inoubliable de Spermula, disponible sous le manteau depuis sa sortie remarquée par le voisin d’en face, en 1976. “Certaines femmes vampires ne se nourrissent pas de sang” peut-on lire sur l’affiche, Tout un programme. Ou encore de Marie Rivière qui débutait là et dont le jeu tout en profondeur et force de caractère trouve indubitablement ses racines chez la Ripley d’Alien, a moins que ce ne soit l’inverse.
Une plume dans le derrière et ça chante la carmagnole
Les films à costumes de Rohmer n’en restent pas moins dénués de charme. La Marquise d’O dérange dans une problématique très moderne, Perceval n’en a cure à travers un personnage en quête de tout mais aussi des sens.
Arielle Dombasle joue Arielle Dombasle
Sic.
Une joute avec André
Dussolier hué, Dussollier chevalier, Dussollier meurtrier. Osez dire non.
La chanson de geste et le théâtre
Enfin, ce retour à l'essence du cinéma, c'est-à-dire au théâtre et à la chanson, donne un coup de jeunesse à un septième art que Rohmer n’a jamais moqué et dont il semble ici montrer les limites. Encore un auteur qui aurait volontiers troqué sa caméra pour un pinceau et un canevas !
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Certains l’aiment chaud, comédie éternelle au titre français malheureux de Billy Wilder (Some like it hot), 1959 (2h1min)
Un autre des films dont on a forcément entendu parler, dont on connaît quelques images voire scènes mais que pour ma part, je n’avais pas encore eu l’honneur d’avoir vu. Doux euphémisme de dire que j’ai passé un bon moment : ce film est une perle.
En deux mots : deux musiciens assez minables doivent quitter Chicago car ils sont les témoins gênants d’une exécution par un des parrains de la mafia. Cependant ils doivent se travestir en femme pour integrer un groupe de jazz feminin et ainsi filer pour la Floride.
Puisque je viens de terminer une biographie de Wilder a travers ses films (Billy Wilder: The Cinema of Wit 1906-2002, brève présentation qui s’attarde surtout sur ses succès), jouons-là un peu plus fouillé cette fois.
Diamant avec banjo
D’abord il y a Marilyn. Sublimée par la caméra de Wilder, littéralement d’abord avec le fameux projecteur qui lui est réservé à chaque fois qu’on la voit, comme le cinéma classique le veut ; aussi par ses apparitions même, donnant la part belle à son corps tout en chair, formes et mouvements lascifs. Tout rebondit, tout est vivant, tout est sexy mais jamais vulgaire. Enfin, sûrement pas en 2021 ! Durant toute leur collaboration, elle n’est jamais arrivée à l’heure, dixit Wilder. Pas une seule fois. Mais il fallait tout lui passer, le réalisateur dépendant trop d’elle. Et il le lui a bien rendu, avec un rôle taillé sur ses mesures parfaites.
En effet, cette fausse blonde faussement ingénue dans la vie, devient faussement ingénue à l'écran (elle s’appelle Sugar Kane ici…). En cela, sa réplique finale que je ne dévoilerai pas, confirme tout le bien qu’on pense d’elle. Certes, Sugar a des penchants alcooliques et dépravés, certes ses tenues ne cessent de choquer, certes son comportement n’est pas celui d’une dame de standing. Cependant, quand s’en cache-t-elle finalement ? Et lorsqu'elle est presque prise en flagrant délit, de quoi a-t-elle la frousse ? De si peu : de perdre son emploi ! Non décidément, l'intérêt est ailleurs.
Mauvaises moeurs, bonnes intentions
Si le rythme de Some like it hot est très enlevé, on prend toujours le temps de sympathiser avec les personnages à l'instar de chez Lubitsch, un des maîtres de Wilder. Ainsi, alors que les deux fuyards sont au pied du mur et qu’ils doivent plier bagages, sont-ils épris de nostalgie. Pour les renvoyer à ce sentiment qui a l’air de les surprendre eux-mêmes, deux objets sont convoqués : un bracelet en or pour l’un, une casquette d’amiral pour l’autre. Deux signes extérieurs de richesse, deux symboles d’un passé glorieux et surtout autant de promesses d’un futur prometteur qu’ils doivent abandonner. Non seulement il faudra abandonner ces attributs trop lourds mais encore faut-il survivre ! Et quand bien même les mafieux seraient mis hors de leur chemin, comment avouer l'inavouable, à savoir que tout n'était que mascarade ? Des objets, des rebondissements, Wilder en a plus d’un dans sa besace et promis, il va nous sortir de là. Car nous aussi, nous voulons le meilleur pour ces beaux abrutis !
Mafia et mascarade ne font pas bon ménage
C’est ce qu’on aurait dit du scénario de Wilder, argument suffisant pour le rejeter complètement. Comme d'accoutumée, le réalisateur de Sunset Boulevard a insisté pour finalement remporter gain de cause et ne rien modifier ou presque. Bien lui en a pris !
Une irrésistible partie de jambes en l’air
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Nous sommes dans le train en direction de la Floride, Daphne alias Jack Lemmon, doit se tenir à carreau. Bien trop entreprenant auprès de ses dames au goût de Josephine alias Tony Curtis, ce dernier fait de son mieux pour l'empêcher d'accéder aux autres dames, de son lit superposé. Peine perdue puisque Sugar vient remercier Daphne pour sa bonne action de l'après-midi. S’en suivent un flirt sur sa couchette qui le transi, un simple verre partagé qui devient un cocktail sophistiqué, un maelstrom causé par les femmes du groupe qui réveillent Josephine. Surtout, une séquence irrésistible qui voit Daphne tenter de surnager dans une marée de jambes. Le paradis sur Terre, pour un héros malgré elle !
Bon, je vais m’enfiler L’appartement et Irma la Douce, ne nous arrêtons pas en si bon chemin !
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Napoleon dynamite, comédie de Jared Hess, 2004 (1h26min)
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En bon millennial, à un chouia du xennial, lorsque je recherche un titre, un nom, l’anniversaire du chat que je n’ai jamais eu la chance d’avoir, je le recherche via un moteur de recherche. Ça ne m’arrive pour ainsi dire jamais, moi qui me targue de posséder une mémoire infaillible mais parfois ces recherches donnent dans le vague, puisqu’il me faut immédiatement une réponse. Cela a été le cas avec Napoleon Dynamite. Jugez-en : “ crazy dance scene film”. Tout en tapant ces mots, je me demandais pourquoi ceux-ci exactement ? Parce que l’expression circule ainsi me disai-je. Parce que je l’ai vue ainsi sur IMDB. A mon grand dam, je suis possédé !
Danse laborieuse
Cette scène, je l’attendais donc au tournant. Pauvre de moi ! Vendue comme l’attraction principale du film écrit et réalisé par Jared Hess, elle tient la route mais sa mise en scène la hache tellement que non, l'intérêt n’est pas là.
Une teen comedy, une !
Hess tente en effet une variation autour d’un même thème : l’histoire d’un cul-terreux un peu simple, au physique peu ragoûtant, que la famille de cassos ne fait que tirer vers le bas et dont les amours sont inexistantes. Jusqu'à ce que… Avec un pitch pareil, déjà lu et vu une centaine de fois par an rien que chez les Ricains, on n’est pas sorti de l’auberge espagnole me direz-vous ! Malgré tout, cela marche pas mal.
Années 80, jusqu’au bout des seins
Tout y est : voitures, moustaches, bande originale, pattes d’eph sur la retour. Jared Hess est né en 1979 ? Sans rire !
Des comédiens francs du collier
Plus ou moins au diapason, le casting s’en donne à coeur joie, sans crever l'écran non plus. John Heder (Napoleon), dissimulé sous des lunettes à double foyer et une perruque de rouquin, oripeaux bien pratiques, s’en sort avec les honneurs. Sa petite amie Deb, tout en retenue, convainc assez facilement, tout comme son frère et son oncle, weirdos bienvenus. Oublions Pedro, personnage gênant s’il en est.
Un scénar pas prétentieux pour un sou
Le tout mélangé, vous obtenez une galerie de personnages déjà vus mais pas tout à fait, dans une histoire où les gags sont relayés au second plan au profit de scènes drôles, qui prêtent plus à sourire qu'à rire. En ce sens le générique d’ouverture, où le héros présente les noms de l'équipe du film intégrés dans la panoplie du lycéen geek standard ne mentait pas : inventif, mignon, frais et rétro, Napoleon Dynamite vous permettra de passer un agréable samedi soir en gueule de bois du vendredi (ma préférée), sans brusqueries !
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Titane, film lyrique au bazooka de Julia Ducournau, 2021 (1h48min)
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Attention buzz gigantesque donc risques d’attentes déçues. Pour ma part, je redoute la péloche énergique, sincère mais foutraque et dénuée finalement de portée, de dépassement de l’image.
Après visionnage, et je suis le premier à le regretter, mon postulat est devenu vérité ! Quasiment impossible de s’identifier ici et même pire, d’identifier tout court. Un nouvel OFNI, sans aucun doute, qui m’a en effet tapé dans l'œil, dessinant un cocard en ses contours et une envie de me soulager à coups de paracétamol voire de morphine, comme le vieillissant Lindon de ce Titane.
Si j’existe, c’est d’être femme
A l’origine, il y a je pense la volonte de métaphoriser les combats d’une femme : ses amours impossibles, sa sexualite anormée, sa grossesse létale et en surface comme dans sa chair sa liberté au-delà de toutes le conventions possibles. Seulement, entre références à tout-va et manque de prise tranchante de direction, tout cela retombe comme un soufflé (un gros quand même, qui s'écrase parfaitement sur la gueule).
L’organique de Cronenberg
Il y a pire comme référence. A l’instar de chez Cronenberg, la chair et la machine ne veulent faire qu’un, c’est un but, une obsession avouée dès les premiers plans. En cela, l’opus de Ducournau réussit son fait, avec un final que n’aurait pas renié le Cronenberg des débuts.
Plein gaz
Une scène me semble renvoyer de manière assez frontale au Christine de Carpenter : copulation avec la machine, phares plein pots, moteur vrombissant. Tout y est. Sauf la tension grotesque de l’original puisque le coït s’explicite ici.
Le feu ça brûle
Élément à la fois destructeur et annonciateur d’un renouveau, le feu apparaît dès les premiers plans pour ne jamais vraiment nous quitter. Papa y passe par l'allumette, nouveau papa l'éteint. Pyromane en quête de soi et de rachat, l'héroïne en titane semble cette fois être inspirée d’une péloche récente : Ema de Pablo Larrain. Péloche simple, qui va droit au but et que je vous recommande, elle narre également les aventures d’une milléniale dont les velléités libertaires et maternelles empiètent sur les existences de son entourage. Je ne dis pas qu’il y a plagiat mais les similitudes sont bluffantes !
Citer n’est pas créer
N’importe quel fan pourrait le faire. C’est en grande partie la tâche qui incombe au critique. Si les références me parlent, elles ne suffisent pas à me faire entrer dans la danse d’Alexia, quand bien même j’entre dans sa peau. L’impression qu’il m’en reste a la saveur du métal, une saveur superficielle et assez désagréable. La faute en grande partie à une mise en scène clinquante avec plans séquences à la pelle qui ne donne pas chair à ce matériau. Les scènes sentimentales sont même carrément ratées, entre danses gênantes et dialogues à contre temps. Froid, solide mais inconsistant.
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Suspiria, film d’horreur fantastique et vice-versa de Dario Argento, 1977 (1h39min)
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Une autre de mes douceurs, éternellement onctueuse. Je vibre, je fonds, je ris, j’ai peur et pourtant je succombe de plaisir. C’est un pyjama en satin, une hanche qui obstrue l’action. Une hanche qui rit et qui frémit. C’est une peau de satin qui vibre sous les doigts de son tourmenteur. Je m'assoupis, son parfum demeure. Un envoûtement d’une intensité telle que ses défauts s’estompent, comme autant d'aspérités miroitées dans un reflet d’eau. Le manque de sommeil n’est certainement pas étranger à ma torpeur. Refermons la boîte de Pandore. Jusqu'à la prochaine fois.
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The Wicker Man, comédie horrifique de Robin Hardy ,1973
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Et si les hippies s’étaient regroupés sur une île, qu’ils y avaient trouvé leur gourou, OKLM pour y prôner les vertus de la reproduction entre tout être consentant, plaçant la fertilité et le sexe au-dessus des lois, au-dessus même de la loi divine ? On aurait alors The Wicker Man me répondrez-vous ? Bien vu !
Un policier de la perfide Albion est envoyé sur une île pour y enquêter. En effet, il a reçu une missive lui indiquant qu’une enfant y avait été enlevée. Cependant, dès son arrivée, les habitants se montrent peu coopératifs, dissimulant assez grossièrement, mentant à qui mieux mieux et cela va crescendo avec une scène où quasi chaque habitant se fout ouvertement de sa poire, parfois de manière macabre. Un jeu de piste qui prendra fin de la manière la plus cruelle qui soit…
Christopher Lee, quel toupet !
On ne le dit pas assez mais Lee c’est beaucoup de films et un jeu quasi inexistant. Si en plus il est affublé d’un toupet ridicule comme ici, difficile d’effrayer qui que ce soit !
Acteur principal bluffant
A l’inverse, Edward Woodward en inspecteur-prêcheur à qui on la fait pas mais en fait si, convainc malgré un personnage pas des plus subtils.
Le charme du bancal
Des faux raccords, des plans ajoutés peut-être pour faire le nombre, une lumière pas toujours opérationnelle à se demander si le chef opérateur n'était pas allé s’enfiler des vierges en chaleur. Charmant tout ça.
Danse lascive
Le casting ne fait pas un pli. Le gourou, l’inspecteur de trop et les blondes aux yeux bleus dont l’une d’elle, si belle qu’elle en devient presque une alien, nous offre sa plastique dans une scène dérangeante : celle-ci vient carrément caresser les cloisons la séparant du cul béni, lui infligeant la pire des douleurs, à lui fiancé dont la fidélité semble guider ses principes existentiels. Cul béni qui vaincra cette fois.
L’horreur, comme un rappel à l'ordre
Classé parfois dans les films d’horreur, rien ne laisse vraiment présager dans The Wicker Man cette fameuse scène finale, qui vaut le détour. Tout semblait converger vers une rédemption qui ne viendra finalement pas. Je vous laisse juge mais de mon côté, ça ne m’a pas fait passer l’envie d’un bon feu de camp. En revanche, l'envie de le partager avec des hippies m’a peut-être passé pour de bon.
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Ange (titre original : Angel), comédie romantique mais pas que de Ernst Lubitsch, 1937
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Le mariage, c’est quoi au juste ? Doit-on rester avec celui qui nous a tant déçu ? La dernière chance a-t-elle un sens ? Et comment réagir lorsque la Providence met sur notre chemin l’incarnation même de ce qu’il semble nous manquer ?
C’est peu ou proue les questions que se posent le personnage joué par Marlène Dietrich, dans une variation sur le thème que caresse tant Lubitsch : le ménage à trois. D’ailleurs, il collabore encore ici avec Melchior Lengyel, comme pour Jeux dangereux ou Ninotchka.
Je ne vais pas essayer de vous convertir à Lubitsch, chacun devrait avoir tous ses films, au moins une fois, période pré-code ou non. Ange ne vient pas se classer dans les meilleures créations d’un des maîtres de la comédie romantique mais c’est un film à croquer à pleines dents, où les répliques tombent à pic, comme d’habitude, où l’intrigue à défaut de surprendre embarque et laisse la part belle à la réflexion (voir les questions énumérées ci-dessus). Et où une scène a particulièrement retenue mon attention.
Un bouquet de fleurs pudique
Le mal semble fait. Maria a passé la nuit chez son prince charmant, un tombeur pris à son propre jeu, comme la suite le prouvera. Les tourtereaux se promènent dans le parc, elle hésitante et comme effrayée, lui sûr de ses sentiments et tentant de la rassurer. On n’y voit goutte dans ce parc mais assez pour y rencontrer une petite dame, vendeuse de bouquets éphémères pour couples éphémères : ici, c’est Paris ! Le charmé s’empresse d’aller cueillir un de ces jolis bouquets qui ravirait les plus réfractaires. C'était sous-estimé les remords de la dame, qui en a profité pour filer à l'anglaise.
Et la magie de la mise en scène intervient.
Plutôt que de montrer un séducteur aux abois, voire une séductrice se débiner en taxi (par exemple), Lubitsch se concentre sur la vendeuse. Qui ramasse le bouquet lâché par le séducteur largué. Qui le replace parmi les autres. Non sans sourire. D’une pierre deux coups, argent gagné et bien récupéré. Nous la suivons enfin quitter lentement la scène, de dos.
Lubitsch a tout dit : nous ne voyons finalement qu'une amourette de plus. Une histoire qui sent bon l'adultère. Une histoire de pacotille que l’on remet là, parmi les autres bouquets qui à y bien regarder, avaient l’air factice. Passons maintenant aux choses sérieuses : le conflit entre mari et femme, ce qui nous importe ici. Et c’est ce qu’il fait dès la scène suivante.
Chapeau.
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Un monde sans femme, A l’abordage, comédies estivales de Guillaume Brac, 2012 et 2020
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Voir la Côte Picarde et mourir. Voir le sud et mourir.
Des Parigots en quête de sensations fortes
Hasard du calendrier encore une fois, après m'être rafraîchi les idées avec le dernier opus de Guillaume Brac, j’ai décidé vaillamment d’enchainer avec le film qui a fait de Vincent Macaigne, Vincent Macaigne. Alors c’est parti pour les points communs et il y en a pléthore !
Le lyrisme du prolo
Chez Brac, on trouve de la poésie dans tout. Ça ne paie pas de mine, même ses plans à la volée, caméra à l'épaule, trouvent toujours moyen de nous surprendre et surtout de capter la beauté qu’on ne voit pas tout de suite. Il lui suffit en général d’un plan pour annoncer la couleur : ici le long d’une rivière dissimulée derrière des arbustes, là sur une plage qui s'assoupit. Une vraie capacité à nous embarquer dans un récit pourtant pas gagné d’avance.
Parigots têtes de veau
Parce que sur le papier, il s’agit de cela : des Parisiens en villégiature, qui viennent ici chercher l’amour, là s’encanailler sans se l’avouer. Tout ce beau monde voué aux gémonies, têtes à claques déboussolées ?
Une nuit d’amour contre une vie d’ennui
Et bien que nenni. Ils sont tous beaux ces Parisiens, perdus mais en quête, qui ne laissent personne de marbre mais qui n’y trouvent pas toujours leur compte non plus.
C’est très culotté de terminer ces chapitres par des histoires d’une nuit à la frontière de la crédibilité. Jeu d'équilibriste bienvenu, où la part belle est donnée à ceux qui détonnent, ceux qu’on attend pas là, ceux qui pourtant méritent qu’on leur donne pleinement leur chance. Mon cœur en est devenu tout mou.
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