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De Bordeaux à Casablanca, effervescence culturelle, carnet de voyages, idées, rencontres et inspiration
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CHANGEMENT D'ADRESSE !!!
Vin rouge et corne de gazelle a changé d'adresse, retrouvez-nous dorénavant sur www.vinrougeetcornedegazelle.com !
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LIOUMNESS : WELCOME BACKKKKKKKKK
'Lioum', c'est aujourd'hui en arabe. 'Ness', c'est les gens. 'Ness lioum', ce sont les gens d'aujourd'hui. Et Lioumness, c'est un petit trésor créatif et alternatif dans le paysage culturel du monde arabe. Après une (trop) longue pause, le webzine marocain promet de revenir bientôt nous en mettre plein les pupilles, le cœur et l'esprit... Car oui, Lioumness est un cocktail ô combien surprenant et rafraîchissant d'idées, d'esthétisme, d'énergie créative et, surtout, d'humanité. Chama Tahiri, pétillante et passionnée, nous en dit plus sur cette belle aventure, tout à la fois tournée vers l'avenir et résolument éprise du présent : WELCOME BACK.
Vin rouge et corne de gazelle : Parle nous un peu de toi et de ton parcours...
Chama Tahiri : Née à Casablanca d’un père marocain et d’une mère française d’origine espagnole, j’ai eu un parcours assez classique au départ : Lyautey, prépa, grande école de commerce. J’étais initialement prédestinée à faire un cursus dans les RH, en même temps je me suis spécialisée en Economie Sociale et Solidaire, et passionnée pour la vie associative en école, particulièrement dans le secteur culturel. C’est là que tout a bascul�� finalement et que j’ai réalisé que j’avais besoin de trouver et de créer du sens, de la valeur. C’est aussi là que j’ai rencontré Rime, mon associée (et accessoirement amie - rires) et qu’on a créé le tumblr Lioumness, en échange à Pékin. Aujourd’hui en tant qu’entrepreneuse, mon projet professionnel est devenu mon projet de vie. Je suis donc rentrée au Maroc il y a un an et demi, juste après avoir obtenu mon diplôme pour développer Lioumness et me lancer pleinement dans l’aventure, qui n’était encore que virtuelle à l’époque.
Côté perso, en dehors de mon intérêt pour la création contemporaine et ses enjeux dans le monde arabe, je me passionne pour la nouvelle scène musicale, de l’indé, à la new soul, en passant par la pop à l’électro. Je n’hésite à planifier mes voyages en fonction de certains concerts et festivals quand j’en ai l’opportunité. Le reste du temps je suis une fille assez banale qui aime la mode, le cinéma, la bonne cuisine et les chats.
Chama et Rime © Fabrice Vrigny
Quel est le concept de Lioumness ?
Depuis sa création en Novembre 2012, Lioumness est un web magazine culturel qui s’intéresse à la nouvelle scène créative contemporaine du monde arabe. Nous sommes partis du constat qu’il se passait plein de choses, à commencer par le Maroc, mais que ce n’était pas suffisamment valorisé et qu’on avait très difficilement accès l’information. Alors on a décidé de consacrer une plateforme en ligne pour les « Ness Lioum » ces gens d’aujourd’hui qui créent et qui innovent. Nous n’avons pas pour vocation d’être exhaustifs ni d’avoir une démarche journalistique. Nous délivrons un parti pris, une sélection de coups de cœur et de rencontres avec des artistes, photographes, plasticien(ne)s, militant(e)s, entrepreneur(se)s et autres porteurs d’idées dont nous avons envie d’encourager les projets en posant les mots justes et en créant de nouvelles synergies.
Mais nous avons toujours vu Lioumness comme un projet culturel global et déclinable. Notre ambition sur le long terme est de matérialiser notre travail dans un espace dédié à la création, à l’échange et aux débats d’idées. Aujourd’hui, nous avons développé une dimension branding et conseil en communication qui nous permet d’avoir un business model et d’envisager l’avenir. Nous restons bien entendu spécialisés dans les industries culturelles et créatives et veillons à bien séparer nos différentes activités afin que le webzine reste indépendant.
Lioumness est actuellement en pause... Quand et comment nous reviendra-t-il ?
Nous revenons très prochainement après une refonte totale, avec identité plus affirmée, une réflexion encore plus poussée et une approche plus développée. Nous aurons un site agence dédié et une nouvelle formule pour le webzine, qui sera bientôt adossé à une association à but non lucratif pour développer plusieurs projets parallèles dans la même veine. La V3 du webzine replace les Ness Lioum encore plus au cœur du projet et proposera des nouvelles fonctionnalités et des nouvelles rubriques. A côté de ça, nous étendons notre champ d’intervention et touchons à de nouveaux domaines comme l’éducation et l’audiovisuel. On souhaite également commencer à sortir du virtuel plus régulièrement à partir de 2015 pour organiser des événements fédérateurs.
Nous parlions à The Souk de ce fantastique élan d'une jeunesse marocaine en quête de réappropriation de son identité culturelle... Quelle est ta vision ?
Je trouve ça fascinant et c’est principalement ce qui alimente notre projet et notre inspiration. Plus encore qu’une réappropriation, il y a une sorte de réconciliation avec notre identité culturelle, à la fois riche et complexe, ça vaut également pour la langue, l’histoire, et l’espace urbain. Le fait que la rue devienne un espace d’expression est très révélateur : le street-art, le street-style… C’était d’ailleurs un de mes premiers constats à mon retour : le style est dans la rue. De la même façon que l’art en général, il n’est plus le monopole de la bourgeoise des grandes villes. J’étais au Boulevard il y a quelques jours et la créativité dont font preuve les jeunes est impressionnante vu leurs moyens. Ca prouve aussi une grande ouverture sur le monde, catalysée par la réduction de la fracture numérique. Aujourd’hui tout le monde a accès à internet et la tendance de l’open source facilite l’accès à l’information et à la formation. Beaucoup sont autodidactes et utilisent internet très intelligemment pour s’exporter et palier aux lacunes du marché. Je pense à Joseph Ouechen avec son blog youarethestyle.com, à Mohcine Aoki aussi qui a acquis une certaine notoriété à l’international, ou à Younes Duret qui dès le départ a inscrit le web dans sa stratégie pour exister en tant que designer.
Après, il ne faut pas se leurrer non plus. Nous sommes les premiers à nous enthousiasmer de ce phénomène mais la réalité est que la vie culturelle au Maroc n’en demeure pas moins sous-développée au regard de sa richesse et de son potentiel créatif. Il y a un vrai problème au niveau de la production et les créateurs restent encore isolés car il n’existe pas de véritable écosystème ni de structures capables de fédérer et de répondre à leurs besoins. Le manque de financement et d’investissement est également flagrant mais on observe une certaine prise de conscience de la part de l’état et d’acteurs privés comme l’usine Mafoder ou le concept store en ligne Kahenas. La route est encore longue et donc pleine d’opportunités…! ;)
Casablanca et toi... Une histoire d'amour ou une dispute perpétuelle ?
Grande histoire d’amour ! Je suis née et j’ai grandi à Casa et j’ai eu beau voyager, tomber amoureuse transie de Paris, je ne me suis jamais autant sentie à la maison qu’ici. Alors c’est vrai, c’est une grande ville assez chaotique mais je m’y identifie assez bien au fond. Elle est vivante, agitée, bruyante, tumultueuse mais finalement très passionnante et renferme tellement de possibilités. Depuis mon retour je me réapproprie complètement la rue, je n’ai plus peur de l’environnement et je m’aventure dans des quartiers que je ne connaissais pas du tout du temps du lycée. J’aime être indépendante et pouvoir circuler librement, c’est comme ça que je découvre des nouveaux coins et rencontre des nouvelles personnes quasiment toutes les semaines. Et puis j’adore observer les gens, les comportements, qui parfois me font rire, m’énervent, ou me surprennent le plus souvent. C’est une grande source d’inspiration. Après, avec ce genre de villes, il faut maintenir le rapport de force, sinon tu te fais bouffer, et je trouve ça hyper stimulant, c’est ce qui nous permet de rester alerte.
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AGENDA AUTOMNAL II : PETITES IDÉES FESTIVES, CULTURELLES ET ENGAGÉES TRÈS BORDELAISES
Encore une volée d'idées très, très Vin rouge et corne de gazellisées, pour embraser les neurones, les papilles, les coeurs et les soirées d'hiver.
s'éloigner de l'agitation citadine pour un week-end NOËL aux Bassins à Flot (6 > 8 DCMBR) : expos, marché de Noël alternatif, parcours de transformations urbaines, et la géniale Grande Braderie de la revue Le Festin
éplucher des légumes en musique et en rires pour la DISCO-SOUP du salon de thé associatif Le Samovar (24 NVMBR)
aller faire dédicacer sa BD 'Aya de Youpogon' par Marguerite Abouet à Mollat (29 NVMBR)
(re)découvrir les galeries d'art bordelaises le temps du BDX WEEK-END GALERIE (13 > 16 NVMBR)
prendre ses places pour la soirée SOIS BELLE ET TAIS TOI PAS au Rocher de Palmer (27 NVMBR)
lire Le joueur d'échec de S. Zweig bien au chaud sur les poufs du Tchaï Bar avant d'aller voir sa version sur les planches au théâtre du Pont Tournant (21 > 22 NVMBR)
manger un couscous au RIZANA pour trois formidables raisons : ils sont super sympas, la cuisine est délicieuse et ils servent de la Spéciale (LA bière marocaine)
aller danser toute la nuit sur la place Saint Michel pour le Bal de NOVART (22 NVMBR)
assister au débat nocturne de l'Université populaire de l'Environnement « Comment les riches détruisent la planète » (24 NVMBR)
participer à la conférence « Masculinités fantasmées » sur les hommes arabes de R. Gharaibeh, sociologue jordanienne (27 NVMBR)
faire du yoga au Jardin Botanique, au milieu des herbes aromatiques et des étangs artificiels
revoir ses classiques cinématographiques à l'Utopia : La Fureur de vivre (5 DCMBR)
réfléchir et swinguer au Grand Débat de la Caserne Niel jusqu'au bout de la nuit (22 NVMBR)
aller à la conférence des Bruits de la rue sur les politiques de solidarité (25 NVMBR)
inviter tes amis à liker Vin rouge et corne de gazelle (EHHH DISSSSSS)
aller faire la fiesta aux Vivres de l'Art à l'occasion de VIVAN LOS MUERTOS (14 > 16 NVMBR)
dîner avec pleins d'amis au resto associatif L'Assiette
éveiller ses papilles à l’œnologie au BôBar (ou à l'Oenolimit) parce que n'est pas bordelais qui veut
flâner au marché de Noël artisanal organisé par Amnesty International (30 NVMBR) ou à La Grande Braderie solidaire du Secours Populaire (15 NVMBR)
lever les yeux au ciel souvent et s'émerveiller de la lumière irréelle des crépuscules de Novembre
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UN DROMADAIRE COMME UN POÈME
Sophia Rzal, c'est le genre de fille avec un très, très grand sourire et des doigts de fée. Oui, de fée, de celles qui avec un peu de poussière d’atmosphère et trois battements d'ailes font s'envoler l'imagination très, très haut dans le ciel. Elle met des dromadaires rêveurs dans des petits écrins de toutes les couleurs, et hop ! C'est toute une histoire qui prend vie. Et qu'elle confie à Vin rouge et corne de gazelle.
La Dromabox... L’idée est venue suite à un voyage dans le Sud du Maroc, à Chegaga, après avoir rencontré des petites filles à un point d’eau et leur petits jouets de chiffons, dont certains étaient en forme de dromadaires. J’ai été très touchée par cette rencontre et j’ai voulu garder ce souvenir dans une boite et c’est à ce moment là qu’est venue l’idée de créer une série de DomaBox comprenant chacune un bout de rêve, d’histoire.
Chaque dromadaire est fait main, habillé de toutes sortes de choses chinées, chute de tissus, passementerie, vieux boutons de ma grand-mère, bref tout ce qui peut passer par les mains et qui a une histoire… car l’important c’est que la DromaBox raconte un moment, une histoire qui marque.
Le Summerlab... C’est la 1ère fois que je participe au Summerlab, on a monté un stand couture avec une amie Hadia, une partie du stand était dédié à la couture à la machine et une autre à la confection de dromadaires customisés. L’idée était de fabriquer une grande DromaBox comprenant tous les dromadaires réalisés par les participants. On a également demandé la collaboration d’un collectif de dessinateurs Brainoil Factory, pour réaliser l’arrière plan de la box sur le thème de Casablanca. Le résultat final était juste génial, une œuvre de partage, une grande joie d’avoir eu la participation de tous. On a été à la fois surpris et ravi de voir autant de gens si différents être aussi intéressés par la couture. Une belle expérience à renouveler !
Des émotions... C’est mon âme d’enfant qui s’exprime à travers mes créations, qui y prend tout son sens, il n’y a pas de limite, il suffit de laisser libre court à son imagination. Puis il y a l’esthétique et la marocanité qu’on peut moderniser… on dispose de tellement de matières, de formes et d’arts traditionnels qui peuvent être revisités et rendus pop et kitsch tout en étant jolis. L’esthétique et l’émotion sont les deux sensations recherchées : ça doit nous plaire et nous toucher.
Casablanca... Inspiration définitivement, c’est une ville dingue que je redécouvre depuis que je suis rentrée de mes études, les gens sont fascinants, les bâtisses même « mochement belles », c’est vivant et inspirant. Quand je me balade dans la rue, mes yeux se perdent, je suis submergée de tout… c’est même fatigant parfois !
Patchwork d'inspiration... Bleu, rose et jaune, ce sont mes couleurs du moment, elles me donnent le sourire. J’adore mettre mon tutu rose flashy, j’adore sauter et rire aux éclats. Ma série de livre du moment c’est Muchachas, non seulement j’adore l’écrivaine, Katherine Pancol, mais plus encore le choix des 3 couvertures des livres : orange, bleu et rose. Mamamia, du coup je suis trop contente quand j’ai le bouquin sur les genoux… j’ai mis du temps à assumer ce côté décalé, car les gens sont critiques, surtout à l’enfance et à l’adolescence. Aujourd’hui ce décalage est ma force, c’est bon d’être différent. Je me vois souvent comme une enfant, d’ailleurs je vois les enfants comme de petites personnes, qui nous rappellent à nous adultes, les plaisirs de l’insouciance et la simplicité des rapports des uns envers les autres.
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AGENDA AUTOMNAL : PETITES IDÉES FESTIVES, CULTURELLES ET ENGAGÉES TRÈS BORDELAISES
Parce que Vin rouge et corne de gazelle croit en l'étreinte festive de l'art, de la culture, de l'engagement et de la pensée, voici une petite sélection absolument non-exhaustive et résolument réconfortante des événements bordelais qui rendent heureux. Avec, bien sûr, un peu dans tous les sens mais jamais n'importe comment, de l'art contemporain, du Maroc, de jolies terrasses, du féminisme, du street art, de l'alternative, de la bonne bouffe, des concerts, de la solidarité, du monde arabe, des conférences, des apéros, de la sociologie, des grenadines, des voyages... pour réfléchir, agir, et savourer. À picorer et explorer sans modération.
aller au théâtre, s'émouvoir de La Hogra (l’oppression subie par un peuple en arabe) de Hamid Ben Mahi au TNBA, 21 > 29 NVMBR
faire un tour à la superbe expo Expressions Urbaines de l'Institut culturel Bernard Magrez (avec notamment des œuvres de Jef Aérosol, qui avait raconté à Vin rouge et corne de gazelle son expérience d'artiste urbain au Maroc il y a quelques mois)
aller donner son sang ou devenir veilleur de vie
trouver des trésors à Emmaüs
prendre le bus de l'art contemporain pour une visite décalée des lieux de culture bordelais
bosser son arabe dialectal sur une jolie terrasse de la place du Palais
aller jeter un œil à l'expo électrisante du Polarium à Bègles
s'inscrire à la course des Anonymes au profit des Restos du Coeur le 14 NVMBR et à la course contre le froid de la Croix Rouge le 15 NVMBR
participer aux débats et ateliers des Tribunes de la Presse « L'Europe : la défendre ou la pourfendre ? », avec quelques excellentes réflexions sur le Maroc, 6 > 8 NVMR
ne pas louper Les Nuits Magiques, le 24ème Festival international du film d'animation, pour savourer des graphismes inédits et des histoires légères, dramatiques ou militantes, 29 NVMBR > 14 DCMBR
boire un petit verre de blanc avec des huîtres après avoir écumé le fantastique marché des Capucins un dimanche matin
s'échapper au bord de la mer pour un week-end, rien que pour écouter les vagues avec un chocolat chaud
se rendre au lac (plus tellement) secret de Cenon pour admirer le plus beau coucher de soleil de Bordeaux
traverser la Garonne en BatCub
boire une bière au Chat qui pêche le jeudi soir, pour swinguer au rythme des concerts improvisés
arriver en avance aux Rencontres Mollat pour être sûr d'avoir de la place
participer au festival Bulles d'Afrique, 25 > 29 NVMBR
aimer de tout son coeur l'Université Populaire de Bordeaux, pour son incroyable programme, dont le Marathon des conférences gesticulées (20 > 23 NVMBR), la chaire « Penser le masculin dans une perspective féministe » (13 NVMBR > 8 JNVR), l'atelier « 20 ans de critique des médias » (11 NVMBR)...
découvrir les mille projets jubilatoires du Hangar Darwin
inviter tes amis à aimer Vin rouge et corne de gazelle (eh, dis)
flâner à la Brocante du quartier Saint-Michel
partir en week-end dans une capitale européenne (Vin rouge et corne de gazelle vous raconte bientôt ses échappées belles automnales à Barcelone et Milan)
harceler ta bibliothèque universitaire pour qu'elle s'abonne à RUKH et NOOR
faire le tour des quais du pont de Pierre au pont Chaban à la tombée du jour en rollers ou à vélo
aller explorer la campagne bordelaise en mobylette
tester les apéroboats sur la terrasse de l'iBoat avant qu'il ne fasse trop froid
se régaler des merveilleux, incroyables, formidables A.O.C. DE L’ÉGALITÉ 2014 , 22 NVMBR > 13 DCMBR
craquer et prendre l'avion direction Casablanca (eh, dis)
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«Ça commence par des cris d'enfants et puis tu sens des petits bras t'enlacer...»
Je pense que je vais commencer directement par ça. Tu sais histoire d'être tout de suite dans l'ambiance. C'est vrai que c'est un moment particulier.
Je veux dire par là que c'est très fort et très bizarre, c'est pas la première fois que je me retrouve dans cette situation. Ça se passe en plus exactement de la même manière, la voiture s'arrête, on sort juste devant la maison familiale et à chaque fois vraiment je me demande s'ils se rappellent de moi, s'ils ne m'ont pas oublié entre temps, si cette fois ils ne se sont pas lassés de me donner autant d'amour. Ça commence par des cris d'enfants, puis tu les entends courir, tu as à peine le temps de te retourner que tu sens des petits bras t'enlacer. C'est fou, ils n'ont pas changé. En fait c'est le bruit du moteur qui les a avertis. En descendant ce sont souvent mes petits cousin-e-s que je vois en premier puis mes tantes, attendant tranquillement sur le porche. Elles ont l'air de savourer ce moment comme si elles l'attendaient depuis toujours.
C'est limite violent de recevoir toute cette affection, toi qui viens de faire des heures de voitures, à te demander s'il faudra que tu leur rappelles comment tu t'appelles et d’où tu sors. Et là tu arrives dans un bled un peu paumé, Youssoufia, où ils ont des choses beaucoup plus importantes à penser que, clairement toi. On parle d'une ville où par exemple les coupures d'eau sont assez régulières et où en plus, la veille un de mes oncle est mort d'un cancer à 63 ans après avoir passé sa vie à travailler dans des mines de phosphates de l'OCP.
Tout ça rend ce moment très intense et déstabilisant.
Je sais pas comment dire, toi qui pensais qu'ils te détesteraient d'avoir pour seul problème de savoir si tu allais chopper la tourista quelques heures plus tard (problème néanmoins important), ils t'accueillent avec toute leur chaleur et leur humanité, immaculée, comme préservée ici. Alors bien sûr, c'est quand même une partie de ma famille, mais franchement leur rendre visite une fois tous les deux ans, et se retrouver là, cette fois-ci 4 ans plus tard c'est surprenant mais finalement très apaisant de s'y sentir bien.
Tout de suite rien n'a plus vraiment d'importance. Au bout de deux jours à peine, tu prends du recul sur ta vie, tes problèmes, la personne que tu es. Je veux dire, ils vivent quand même bien, ils ne roulent pas sur l'or c'est sûr mais en y réfléchissant j'ai beaucoup de mal à ne pas penser à la phrase "On est libre seulement lorsque l'on a tout perdu". C'est fou à quel point ça fait du bien de ralentir, de lever le pied et de prendre le temps de réfléchir à tout ça. Le fossé le plus grand entre eux et moi concerne pas le niveau de vie ou de revenus mais simplement nos différentes visions des choses, différentes perceptions de la vie en fait.
Je pourrais en parler des heures entières mais je vais plutôt te raconter deux trucs qui m'ont marqué.
Presque tout le monde parle exclusivement en arabe ici mais une de mes cousine, Siham, francophone, me racontait que sa grande sœur, incapable de donner la vie s'était faite larguer par son mari, qui avait divorcé pour cette raison. Nombre de femmes font des fausses couches ou perdent leur bébé après la naissance et le fait que ce soit la seconde ville à extraire le plus de phosphate du pays n'est peut être pas si anodin que ça. Je dis ça je dis rien.
Du coup elle se retrouve seule, à plus de 30 ans, obligée de retourner chez ses parents et donc, à Youssoufia. Elle qui avait enfin réussi à en sortir. Et j'ai été marquée, surprise et surtout très attristée lorsque je me suis rendue compte du nombre de jeunes filles que comptait ma famille et du pourcentage d'entre elles qui ne seront jamais demandées en mariage. Après en avoir discuté avec Siham, il s'avère qu'après environ 23 ans, ici tu es considérée comme vieille-fille quasi-inéluctablement. Et je me suis imaginée ces filles, mes cousines, occupant leurs journées, enfin non pas du tout en fait, attendant plutôt toute la journée que quelqu'un s'intéresse à elles. Alors maintenant il y a les portables et internet c'est vrai, mais ça ne résout pas du tout le problème. Et je me suis souvent questionnée, est-ce que je pratique l'ethnocentrisme quand je m'affole à l'idée qu'on puisse rêver de se marier, d'avoir des gosses et de rester sagement à la maison pour s'occuper des tâches ménagères à attendre que son mari rentre le soir pour préparer à manger ?
(...)
Un autre de mes oncles (oui j'en ai beaucoup) a, et accroches-toi bien, huit filles, et sur les huit, seulement deux sont mariées. Je veux dire par 'seulement' que si pour toi ou moi le mariage n'est pas forcément une fin en soi, ça n'a pas du tout le même sens ici à Youssoufia. Si c'est un moyen de s'en sortir pour elle, c'est aussi celui de s'émanciper en devenant une personne à part entière, d'assurer une descendance voire de montrer que ta famille est respectable. Elles ont de quinze à trente-cinq ans, sont maintenant toutes déscolarisées, et ont pour seul désir qu'un homme veuille bien se marier avec elle, pour qu'elles puissent espérer quitter enfin la maison familiale, voire même la ville, définitivement.
J'aimerais vraiment pouvoir les comprendre, je me suis dit plusieurs fois d'ailleurs que je regrettais de ne pas avoir appris l'arabe plus tôt et que moi qui pensais intérieurement ne pas avoir "renier mes racines", tout du moins mes origines, je n'étais en fait, même pas consciente de leurs existences. Une partie du Maroc que je pensais connaître était finalement une sorte de projection de l'idée qu'en ont mes parents. Et paradoxalement, je ne connaissais pas non plus la vie qu'ils avaient vécu au Maroc.
Mon père a grandi ici, il a joué dans ces mêmes rues dans lesquelles je me baladais. Il aurait pu rester ici toute sa vie, tenter clandestinement d'entrer en Europe comme c'est le cas de certains hommes à Youssoufia, idéalisant beaucoup trop l'Espagne, la France ou l'Italie. Il aurait pu se pourrir la santé à travailler dans les mines ou rester dans sa chambre à fumer le kif toute la journée, dégoûté de tout… Quoiqu'il en soit, je me retrouve là, à 2000 km de chez moi, face à des individu pour beaucoup cassés, du moins abîmés par la/leur vie et pourtant ils dégagent quelque chose d'indescriptible, un mélange d'espoir inconditionnel, d'amour immense et de force de caractère absolument incroyable.
J'ai vécu ces quelques jours intensément, et le décès de mon oncle y est pour beaucoup.
Les gens d'ici accordent habituellement trois journées entières à rendre hommage aux morts selon la tradition musulmane (en réalité le deuil dure 40 jours). J'y ai assisté pour la première fois de ma vie. Ma tante, d'habitude très joyeuse, plutôt grande gueule et vraiment drôle avait l'air complètement détruite. Bien qu'elle fut visiblement très touchée de nous voir, j'avais l'horrible sensation d'être exactement au mauvais endroit au mauvais moment. Et puis heureusement, ça ne s'est pas du tout passé comme je l'avais prévu. Toute la gêne et le malaise que je m'apprêtais à ressentir ont très vite quitté mon esprit. Le principe est que la veuve, habillée toute en blanc, ne doit pas s'occuper de sa maison et des tâches ménagères, elle accueille chez elle amis, proches, et famille, qui se relaient, arrivent et repartent quand ils le souhaitent. Ils s'occupent de faire à manger, d'accueillir les gens et ils restent autour d'elle nuit et jour.
Le truc fou, c'est que j'étais persuadée de me retrouver au beau milieu d'un spectacle insupportable où la tristesse et les pleurs seraient beaucoup trop présents, mais ce fut en réalité tout le contraire. Les gens rigolaient, parlaient, de choses plus ou moins futiles, des choses de la vie de tous les jours. Le réel but de ce deuil et je m'en suis pour le coup vraiment rendu compte, c'est de faire oublier (ou d'atténuer) la souffrance de la famille en essayant de leur changer les idées. C'était impressionnant de voir à quel point ils s'en sortaient bien à ce jeu, si tu avais vu ça, c'est comme s'ils savaient comment s'y prendre du début à la fin.
Et d'un coup, j'ai fait le rapprochement. C'est peut être comme ça qu'ils avancent et qu'ils s'en sortent malgré tout. C'est de cette façon-là qu'ils arrivent à conserver leur âme et leur humanité même dans les pires moments...
Être ensemble.
Selma Lahdil pour Vin rouge et corne de gazelle
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SUMMERLAB 2014 : une ébullition créative, autogérée et militante
La fabrique culturelle des anciens abattoirs de Casablanca a accueilli entre le 8 et le 12 octobre dernier le SummerLab. Cet événement, le troisième du nom, est en fait un joyeux bordel, où se rencontrent toutes les disciplines imaginables. Par exemple, un activiste va rencontrer un type avec un appareil au cou, qui lui proposera de prendre une photo que réutilisera un programmeur qui, aidé d’un infographiste créera le site de l’activiste. Voilà un exemple de projet SummerLab.
Une fois sur les lieux, et après une petite visite des anciens abattoirs où j’ai mitraillé avec mon téléphone les grafs aussi créatifs les uns que les autres, je me rends compte que de tout ce qu’on m’a raconté, c’est surtout la partie « joyeux bordel » qui est vérifiée. Dans la partie couverte, des stands sont formés. On y trouve beaucoup de jeunes, d’abord, puis beaucoup de câbles et autres fils électroniques, et un engouement que j’ai rarement vu. Ca sentait vraiment la création, l’envie de voir des idées fleurir. Ghassan, organisateur, prévient dès le départ : « Ces types peuvent trouver n’importe quel vieil objet par terre, et se dire « je vais en faire un truc » ! ». Effectivement. Trois types passent près de mon groupe avec de vieux pneus. Curieux, l’un d’entre nous lance « Vous allez en faire quoi ? » - « Une table, des chaises ! » et continuent leur chemin. On ne prend pas vraiment au sérieux la réponse, mais c’est bien ce que ces gars-là en ont fait !
Dans cet esprit, avec peut-être un peu de plus de technique, on a pu y voir un ordinateur qui joue de la batterie, une caméra qui transforme les mouvements d’une personne en musique, un stand sérigraphie, un type qui voulait créer une borne d’arcade façon eighties, mais avec un ordinateur. Bref, on y a vu de tout, mais rarement du n’importe quoi. Toutes les idées avaient une histoire derrière, mais l’histoire de tous était de partager une création. Les mecs gardent quand même les pieds sur terre, « moi je fais ça pour m’éclater, je suis étudiant en médecine dans la vraie vie. Je sais que ma passion me fera pas bouffer alors j’en profite avant de ne plus pouvoir l’exercer », m’explique un gars rencontré sur place, en tirant sur sa clope.
Hector Sullivan pour Vin rouge et corne de gazelle
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LA CIGALE : toute la Ville Blanche dans une gorgée de Spéciale
Ambiance incongrue que celle de ce bar sans âge qui a connu au moins trois civilisations. Le gérant, le hajj, semble avoir ouvert son antre à des familles entières. Lui résiste toujours, sans doute comblé de ces joies éphémères qui naissent du claquement sec et frais de quelques bières d'export. Toujours apprêté, malgré les années il lorgne fièrement, du haut de sa casquette de Gavroche, les traits fins des jeunes filles de tous horizons qui n'ont pas le quart de son âge et ont vécu mille fois moins que cet ermite des péchés qu'on excuse. Nous voilà encore une fois attablés à quelques mètres du comptoir défraîchi derrière lequel s'alignent ces cépages fades qui sont le secret du Maroc. Les regards sont rivés vers le téléviseur qui diffuse, muet, la finale de la Ligue des Champions, dont le hasard et l'argent du Golfe ont fait s'opposer cette année les deux équipes madrilènes.
Près de l'entrée, le jukebox semble n'avoir évolué depuis 30 ans. Un habitué se risque à du Brel, et voilà que les lèvres balbutient machinalement, happées par la sueur ibérique, des perles de pluie venues d'un pays où il ne pleut pas. Mon voisin hésite entre ses apostrophes à l'assemblée sensées conjurer le sort, et ces leçons de vie pleines de cet humour docte qu'il manie si bien. Et quand, aux derniers instants de la joute, le ballon perce violemment les filets de l'Atletico, il laisse bruyamment exploser sa joie, communiant par là-même avec toutes les âmes heureuses de cette taverne irréelle. Peut-être feint-il, mais j'ose espérer qu'il est de ces esprits singuliers qui, sûrs de leur génie, s'abandonnent parfois aux fièvres populaires, offrant ainsi à tous une criante démonstration d'honneur. Car qu'est-ce que l'honneur, sinon la conscience de ne pas toujours pouvoir se justifier, le respect irréfléchi de cet héritage de la terre ?
Téo Cazenaves pour Vin rouge et corne de gazelle
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Vin rouge et corne de gazelle : retours sur une année merveilleusement libre
« J'étais là, seule, les mains vides, séparée de mon passé et de tout ce que j'aimais, et je regardais la grande cité inconnue où j'allais sans secours tailler au jour le jour ma vie. Jusqu'alors, j'avais dépendu étroitement d'autrui ; on m'avait imposé des cadres et des buts ; et puis, un grand bonheur m'avait été donné. Ici, je n'existais pour personne ; quelque part, sous un de ces toits, j'aurais à faire quatorze heures de cours par chaque semaine : rien d'autre n'était prévu pour moi, pas même le lit où je dormirai ; mes occupations, mes habitudes, mes plaisirs, c'était à moi de les inventer. Je me mis à descendre l'escalier ; je m'arrêtais à chaque marche, émue par ces maisons, ces arbres, ces eaux, ces trottoirs qui peu à peu allaient se révéler à moi et me révéler à moi-même. »
Simone de Beauvoir, La force de l'âge.
J’eus très vite conscience de l'essence extraordinaire de notre aventure : je n'avais pas vingt ans, et j’atterrissais à Casablanca, brutalement projetée dans une vie merveilleusement libre. Il grondait dans mon ventre une révolte indicible, et mes iris brillaient d'un insatiable appétit pour la vie. J'entendais éprouver ma peau et mon âme contre les aspérités de l'humain, je brûlais de découvertes, de voyages, de nouveaux chemins de pensée. La page vierge que m'offrais le royaume chérifien me faisait trembler d'impatience et d'appréhension : allais-je me réécrire ou me réinventer ? Et puis, surtout, je voulais témoigner. Je voulais raconter ce pays si profondément enfoncé dans mon cœur, et si cruellement inconnu. J'avais vécu à Rabat et à Marrakech de mes 5 ans à mes 13 ans : mais quelle commune mesure entre l'insouciance heureuse et confuse de mon enfance et le retour plein d'espoirs que la jeune femme que j'étais devenue s'apprêtait à entreprendre seule ? Plus que jamais, mon amnésie me parut irrémédiable, j'allais devoir tout réapprendre, à tâtons, balbutiante. Je me suis donc lancée dans une imprudente aventure : raconter cette expérience si intime de l'exil. Retranscrire cette année passée à étudier, à écrire, à voyager sac au dos, à nouer des amitiés, à se passionner pour des idées nouvelles. Ainsi est né Vin rouge et corne de gazelle. Je souris lorsque je relis mes premiers articles, empreinte de gène et d'indulgence : j'écrivais tout, impudique, nos courses à Acima, les premières ballades au cœur de la Ville Blanche, le joyeux désordre de notre déménagement. Je m'adressais surtout à mes proches, espérant peut-être les rassurer. Il me semble que je vivais chaque détail du quotidien comme une formidable aventure. Pourtant, de terribles abattements nous saisirent parfois au crépuscule, et je prenais douloureusement conscience de l'ampleur de la tâche que je m'étais assignée. Mouvante, la toile de fond de mon identité prétendais se fondre là où elle se rendait : quel drame de prendre conscience de sa rigidité. La désillusion fut cruelle, et les obstacles culturels me parurent bien souvent insurmontables. Pourtant, j'en sortis victorieuse. Mon bonheur à Casablanca fut compact, dense, irrémédiable : mes ailes, jeunes, frêles peut-être, surent me porter. Je ne doute plus de leurs forces.
Vin rouge et corne de gazelle prit au fur et à mesure de mes découvertes un nouveau visage. Je ne m'adressais plus à ceux que j'avais quitté mais à ceux que j'avais rencontré. Je ne me sentais plus extérieure à l'énergie farouche de Casablanca, je voulais violemment y prendre part. J'écrivis donc sur tous ceux, toutes celles, tout ce qui me toucha. La définition de Vin rouge et corne de gazelle eut dès lors des frontières confuses et poreuses : dans l'ébullition artistique, culturelle, festive et humaine du Maroc, tout me semblât irrésistible. Les problématiques sociales, politiques et intellectuelles qui se révélèrent à moi me tinrent éveillées plusieurs nuits. J'eus Casablanca dans la peau, irrémédiablement : révolte, fascination, inspiration, désespoir, obsession, pour moi, ce fut tout un. Il me fallait la quitter souvent pour l'aimer toujours : je partais avec mon sac-à-dos, quelques amis et les pupilles ivres d'appétit sur les routes du Maroc. Tanger, Tétouan, Chefchaouen, Rabat, Meknès, Ifrane, Oukaïmeden, Mohammedia, Azemmour, El Jadida, Marrakech, Essaouira... Les joies que je goûtais étaient à la hauteur de mon avidité, et transcendaient mes souvenirs confus. La réalité m'éblouissait. Ça aussi, j'ai voulu l'écrire, et Vin rouge et corne de gazelle devint rapidement un carnet de voyage. Je prenais un formidable plaisir à planifier, assouvir et retranscrire mes échappées belles.
Vin rouge et corne de gazelle n'a peut-être été que ça : un émerveillement diffus. Sa maladresse accompagnait avec élégance mon tumultueux désordre intérieur. Lancée à pleine vitesse, débordée par l'afflux incessant de nouveautés, je peinais parfois à m'apaiser. Je m'ébrouais, je jubilais. Grisée par cette neuve liberté, peut-être aussi par l'aisance intemporelle que le tiers-monde feint d'offrir, j'éprouvais pour la première fois l'odieuse promesse de l'âge adulte. Il me semble que j'étais si égoïstement affairée à m'enrichir, que j'en oubliai parfois l'essentiel : une épaule amie, des mots qui parlent au cœur, la quiétude d'une nuit sans lune. Je poursuivais mes projets envers et contre tout, parfois avec brusquerie, « tenant le réel pour un simple accessoire ». Comme souvent cette année-là, seule Beauvoir su coucher mes fièvres sur papier : aujourd'hui, « cette schizophrénie m'apparaît comme une forme extrême et aberrante de mon optimisme ; je refusais que la vie eut d'autres volontés que les miennes ».
J'espère qu'à sa manière, timidement, avec la modestie qui incombe à ce qui vient d'ailleurs, Vin rouge et corne de gazelle sut trouver une place dans le paysage alternatif, peut-être naydesque, du royaume. Si cette tentative avait un but en tout cas, ça serait à demi-mots celui-là : dépasser le fantasme d'un Maroc à deux visages, imbriquer intimement la Ville Blanche et la Belle Endormie. Oh, je ne dis pas qu'il fut atteint, et je sais que quand certains regrettaient ma tiédeur, d'autres s'indignaient de mes prises de libertés : cependant, toute imprégnée que j'étais d'existentialisme, il me semblait qu'il suffisait qu'une voix s'élève pour que l'humanité toute entière se voie mise en jeu. Ma tentative, sincère, ne préjuge de rien : je souhaiterais qu'on l'abordât avec la même indulgence.
Et maintenant que la corne de gazelle a été mordue, il me reste quelques gorgées de vin rouge : vais-je avec la même gourmandise retrouver Bordeaux ? Je le souhaite en tout cas.
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Crépitements existentiels sous tôle froissée
À Abdou, chauffeur de taxi blanc, qui par une nuit sans étoiles chanta à tue-tête des tubes de Joe Dassin jusqu'à l'aéroport
On ne sait jamais vraiment ce qui nous attends avant de monter dans un taxi à Casablanca. Le véhicule est souvent aussi cabossé que son conducteur. Abîmés par les kilomètres avalés, frénésie boulimique de bitume et de klaxons. Discrètement, comme pour ne pas vexer, je m'accroche à la portière qui manque de se disloquer à chaque virage. Les enfants qui traversent en riant, l'âne fatigué qui surgit au feu, les fruits qui s'étalent au milieu de la route, la ceinture de sécurité abîmée et un Code de la route illusoire... Il faut fermer les yeux forts, supplier sa bonne étoile et étouffer les cris de panique. Les premiers trajets en taxi sont une expérience traumatisante. Les suivants sont une expérience humaine fascinante. Ainsi, il arrive un instant précieux dans votre vie casaouie, où les coups de freins, les jurons et la mort frôlée s'inscrivent dans une routine agréable. Le corps épouse les secousses dangereuses du taxi, les yeux scrutent l'agitation urbaine avec apaisement et vous grillez une cigarette avec le chauffeur, qui sera pour quelques kilomètres votre ami, votre patient et votre confident. Sous la tôle rouge, se meut ainsi un formidable microcosme social, un délicieux laboratoire humain. Être dans un petit taxi, c'est être dans un écrin privilégié de mixité sociale, c'est prendre le pouls agité d'une société plurielle et complexe. Enfermées les unes contre les autres pour quelques minutes, conscientes de l’essence éphémère de la rencontre, les peaux se touchent presque et les langues se délient : une aventure sans lendemain, d'autant plus dense, d'autant plus libérée. L'ouvrier éreinté, la jeune fille en émoi, la maman en colère, la femme de ménage en retard, le professeur dépressif, l'amant secret, l'odieuse caricature d'expatrié, le grand patron qui a un problème de voiture et découvre avec dédain les joies des transports collectifs... Tous, confusément, se livrent et se regardent. Avec des airs de confidences sur l'oreiller, la banquette arrière se transforme en divan de psychanalyse. Quelques bribes de vie. Alors que j'écris ces lignes loin de Casablanca, déjà empreinte de nostalgie, mille anecdotes truculentes me reviennent en mémoire. Ce chauffeur de taxi qui m'a chanté des comptines en arabe pour m'endormir un soir de terrible fatigue, celui-là qui partageât avec moi des amandes en me racontant l'histoire des murs de la ville, cet autre qui m'embrassa les mains en découvrant ma darija hésitante mais déterminée, ou celui-ci qui me prédit l'avenir grâce à mon animal préféré... Et puis aussi lui qui ne voulait pas me laisser seule la nuit et attendît avec bienveillance de longues minutes dans le froid avant de me savoir en sécurité, lui qui tenta de me convertir à l'Islam, lui qui osa s'enquérir de ma virginité, lui qui m'apprit l'arabe, lui qui refusa de me déposer et me laissa dans une rue sombre et inconnue, lui qui m'émut en me confiant sa vie terrible les yeux lourds de dignité et de douleur, et puis elle, oui elle, qui défia les normes sociales en prenant le volant d'un monde misogyne et gagna mon inconditionnelle admiration. Bien sûr, il y eut aussi les trajets anonymes, ceux que l'on passe le regard distraitement perdu dans l'agitation grouillante qui crépite de l'autre côté de la vitre sale. Mais je retiens de toutes ces courses folles aux allures de jeu vidéo et d'enquête sociologique, l'immense morceau d'humanité qu'elles ont humblement glissé dans mes valises.
Très chers taxis rouges, merci.Très chers taxis rouges, ralentissez, pitié.
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NSSNSS, mouton insolent et café-crème
Enfin un mouton qui ne suit pas le troupeau ! Tour à tour incisif, drôle, léger et critique, Moot est un regard décalé et rafraîchissant sur une société marocaine riche et plurielle, qui détone sur le web et ravit les esprits lassés des médias dominants. Vin rouge et corne de gazelle vous invite à galoper jusqu'à sa truculente prairie Nssnss.ma, semée par Nabil Sebti et fertilisée par La Sheepie, Sheepie Intello et Moota7mar. Un délicieux avant-goût en compagnie de Soraya Tadlaoui, rédactrice en chef.
Quel est le concept de NssNss ?
Nssnss est un site de dés-informations objectivement décalé. Ça a l'air compliqué comme ça, mais c'est assez simple. On ne cherche pas à relayer l'info mais à la traiter autrement. L'approche est ludique, la forme attractive et surprenante (on essaye, nos geeks se surpassent), le ton est décalé quelque que soit le sujet que l'on aborde (lifestyle, économie ou politique) mais le fond est là (on espère). On essaye de privilégier une analyse critique, et toujours indépendante. Nssnss bouscule les codes établis du web avec cette notion d'hebdomadaire en ligne, avec une thématique transversale développée chaque semaine, un édito etc... On s'attache à mettre en place des formats sympathiques à la lecture, des infographies par exemple, des reportages photo, pour transmettre l'information autrement.
Pourriez-vous nous dresser le portrait de ce petit mouton insolent et pertinent ?
Bêêê. Voici Moot. Et sa moomoote charmante. Moot est un trublion, qui met les sabots dans le plat. Il est humble, ouvert d’esprit, drôle parfois, curieux de tout, passionné par son pays, animé par l'envie de progrès, et dans la constante recherche de l'éveil à la réflexion et à la prise de recul. Il est plutôt sympa, quand on prend le temps de le laisser te murmurer à l'oreille.
Qu'est-ce qui le révolte au Maroc ? Qu'est-ce qui le passionne ?
Tout le révolte, et tout le passionne. C'est aussi contrasté comme réponse que le pays lui même qui est caractérisé par des contradictions structurelles qui sont à la fois intrigantes et rageantes.
D'ailleurs, pourquoi « NssNss » ? Pourquoi avoir choisi ce nom ?
Nssnss c'est ce café que tu bois le matin, un peu pour te réveiller et un peu pour te faire plaisir. C'est ce réflexe quotidien le matin de prendre le pouls de ce qui entoure, l'état du Monde, et aussi où tu aimerais manger demain soir, où tu pourrais trouver ce meuble vintage que tu cherches depuis des lustres. Mi léger, mi sérieux, et aussi un clin d'oeil à cette culture issue de métissages que le Maroc incarne.
Qu'essayez-vous de transmettre à vos lecteurs ?
L'envie de lire, l'envie de réfléchir à ce que l’on voit à la télé, dans les journaux, dans les dépêches relayées par les supports de presse et tous les jours autour de soi. L'envie de ruminer l'info pour mieux éveiller un esprit critique. L'envie de ne plus être un mouton en fait ... Et le plaisir de se réjouir également du vivier de talents dont recèle ce pays.
NssNss : parcours du combattant ou agréable aventure ? Quel avenir ou projets pour le site ?
Les deux. Nssnss, quoi. Parcours du combattant car tenir le cap pour un média qui choisit d'être sans pub, sans dépendance financière liée à des revenus promotionnels c'est défier chaque jour. Mais une superbe aventure d'esprits qui se connectent dans le même sens, un ping pong verbal à chaque réunion, des idées qui fusent et un énorme plaisir à confronter ses idées pour aboutir à un contenu qui on l'espère incarne à sa toute petite échelle, une contribution au Maroc que tout citoyen construit. Des projets ? Oui ! Des capsules vidéos pour Nssnss.tv, Miziqa.com une plateforme de streaming musical (d’ailleurs on peut nous soutenir ici ), du management culturel, des expositions virtuelles d'artistes, et un pop store online dédié aux créateurs, et, et, et, Moot en a plein des comme ça en tête !
Un grand merci à l'équipe de NssNss, à laquelle Vin rouge et corne de gazelle souhaite une longue et joyeuse échappée belle hors des sentiers battus !
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RENCONTRE avec AÏCHA EL BELOUI : 909 and Graphic Urban Disorders
Croisée dans un article de Telquel sur la Nayda casablancaise, la marque 9o9. Rencontrée lors d'un brunch musical, Aïcha El Beloui, sa créatrice. Derrière son grand sourire et ses yeux rieurs, fourmillent mille idées, mille révoltes. Talentueuse et engagée, elle a rédigé un mémoire universitaire sur les Anciens Abattoirs de Casablanca, milité à Casamémoire, créé la délicieuse marque 9o9 et signé le graphisme du superbe ouvrage Le métier d'intellectuel, Dialogue avec quinze penseurs du Maroc de Driss Ksikes et Fadma Aït Mous – petite bombe intellectuelle vivement conseillée par Vin rouge et corne de gazelle. Avec une simplicité et une énergie lumineuses, Aïcha est une des âmes de cet élan farouche qui irrigue Casablanca et le Maroc, porté par une jeunesse créative et solaire, militant pour une réappropriation apaisée et jubilatoire de son identité culturelle et de ses richesses. Bien loin d'un Maroc carte postale et du Casablanca fantasmé et bling-bling, la jeune femme se promet d'exprimer et révéler « nos ordres et désordres urbains, nos particularités culturelles, nos subtilités linguistiques et nos codes sociaux en utilisant le design graphique, la photographie, l'écriture, les t-shirts, les bloc notes et tout ce qui est potentiellement exploitable de manière créative, constructive et amusante ».Rencontre avec une 9o9a bedaouia.
Vin rouge et corne de gazelle : Parle nous un peu de toi et de ton parcours...
Aïcha El Beloui : Je suis architecte de formation et designer graphique de passion et de métier. J’ai pas mal bourlingué et l’année dernière j’ai décidé de m’installer ici et de faire mon petit projet en me disant que c’est maintenant ou jamais…
Quel est le concept de 909 ?
909 se veut, comme son slogan l’indique (Graphic Urban Disorders), une marque urbaine marocaine à travers laquelle je reprend les éléments de la vie quotidienne (d’ailleurs, très riches en termes culturel et linguistique) et j’en fait des gribouillis (graphismes, illustrations) simples mais parlants, que les gens de cette même société qui m’inspire, s’approprient et apprécient. C’est une façon de valoriser notre culture à nous, qui n’est pas que occidentale, ni que arabe mais marocaine avec ses caractéristiques, ses multiples facettes et ses richesses.
Et d'ailleurs, pourquoi le nom « 9o9 » ?
909 veut dire artichaut en langage FB et SMS. Et artichaut en darija veut dire plein de choses à part le légume. Un problème, une jolie fille, une fille moche… C’est un élément très fort du langage urbain courant de chez nous, la réaction unanime à sa découverte est ou un large sourire ou un rire carrément, parce que des référents, ben il y en a beaucoup. Et c’est un nom que l’on oublie pas, d’ailleurs, je suis devenue 909a par extension
Quelle est ta vision de la création et de la culture au Maroc ?
Il y a beaucoup de potentiel mais la chaîne est défectueuse. A commencer par l’éducation, la formation, le soutien à la création… Nous avons de très bons artisans, mais l’innovation n’est pas encore au rendez-vous !
Casablanca... Que t'inspire t-elle ?
Casablancaise de naissance et de cœur, je suis amoureuse de l’énergie de cette ville, de sa dynamique spatio-temporelle, des empreintes monumentales de son histoire courte mais intense. C’est une très belle ville, mais qui est mal menée par ses occupants autant que par ses gérants. C’est là ou je puise toute mon énergie et c’est là où je l’épuise aussi vite.
Tu as signé le graphisme du superbe ouvrage Le métier d'intellectuel, Dialogue avec quinze penseurs du Maroc, tu peux nous en parler un peu ?
« Le métier d’intellectuel » a été une superbe aventure grâce à la collaboration avec la maison d’édition en toutes lettres et les auteurs. L’équipe était d’une rigueur, d’un bon sens et d’une efficacité rares. J’ai été à leur écoute, ils m'ont fait confiance pour ce que je sais et ce que j’aime faire et tout ça a vite et bien pris et je peux t'affirmer que c’est très rare dans notre contexte.
Le 9 mars dernier, à l'occasion de la journée de la femme, tu as lancé une collection limitée de tabliers drôles et incisifs... Quelle est ta vision de la place des femmes dans la société marocaine ?
Le tablier était un clin d'oeil comme je voudrais en faire plus souvent. Tablier en darija, veut dire aussi "le mien est irrité" quand tu lis le mot tel que je l'ai écris sur le produit. C'est une illustration ironique de la situation de la femme sur un accessoire supposé être machiste Pour ce qui est de la situation de la femme: elle est grave! Nous sommes une société patriarcale, mais ce qui me désole le plus dans l'histoire, c'est la résistance de ces mêmes femmes à aller de l'avant. J'estime donc, avec beaucoup de regret, que la femme y est pour beaucoup dans sa situation de sous-être dans ce pays.
Quels sont tes autres projets ?
Je continue à développer des projets d’identité visuelle, chartes graphiques, logos : du graphisme quoi ! … et j’espère aussi continuer à porter 909 et à créer d’autres produits. Il n’est pas évident de mener les deux en même temps, mais j’y tiens et je suis têtue ! Donc ça ira peut être doucement mais sûrement.
© Aïcha El Beloui
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STROMAE À MAWAZINE : il me semble que la misère serait moins pénible au soleil
Il est près de 21 heures. Les vendeurs de sucettes, de cigarettes à l'unité et de maïs grillé sont heureux : 180 000 personnes sont passées devant leurs petites boutiques de fortune. Ce soir, ils auront les poches de leur pantalon sale bien pleines. La scène de l'OLM Soussi domine la foule impatiente, divisée en trois étages soigneusement délimités par des barrières étincelantes et un staff zélé : de la crème de la crème à la plèbe agglutinée et heureuse. C'est sympa la mixité sociale, mais il s'agirait de pas trop se mélanger quand même. Les lumières s'éteignent, les cœurs s'emballent. Stromae.
© Yassine Morabite
Les cris et les applaudissements crèvent la nuit tiède. Des milliers d'âmes vibrent à l'unisson, et ça c'est vraiment émouvant. La musique envahit tout, les corps se délient, une petite fille sur les épaules de son papa hurle son bonheur aux étoiles rbaties. Stromae se déchaîne, mêlant paroles puissantes, instru électrisante et présence scénique hypnotisante. Les smartphones brillent aussi fort que les installations vidéos psychédéliques. Un talent, une subtilité et une intelligence humaine incontestables : l'artiste belge captive, et ses mots ont une saveur particulière prononcés en terres chérifiennes. Toi pas comprendre, pas parler, ou plutôt réfléchir, le pauvre il faut l'aider, son pote il faut l'aider, donc déléguer au délégué qui déléguera au délégué... Ça sonne creux au fond de mon ventre. Nous sommes des milliers à danser au milieu d'un pays dévasté par la misère, l'extrême-pauvreté, la corruption et l'inertie politique. Autour de moi, filles et fils de se déhanchent. Pas trop quand même, il paraît que lorsqu'on agite la crème ça fait du lait caillé. Féministe ou la ferme, soit t'es macho soit homo... Le souvenir des mains baladeuses qui ont un jour osé touché ma peau dans la rue me brûle les cuisses, je pense au flot d'injures, de psstpsst, de violence symbolique et physique qui inondent le quotidien de la moitié de l'humanité, je pense à mes ami-e-s homos qui ne pourront jamais vivre dans le pays qu'ils aiment avec la personne qu'ils aiment, je pense à toutes ses vies engourdies par la honte, je pense... Et puis, je ne pense plus. Je danse. Heureuse. Parce que c'était bien, c'était bon, et puis comme aiment à psalmodier les bien-lotis lorsque la culpabilité les effleure, on ne peut pas aider tout le monde et il faut bien savoir se faire sa petite place de bonheur. Je ferme les yeux, je saute, je chante. Tu sais la vie c'est des enfants, mais comme toujours c'est pas le bon moment, ah oui pour les faire là tu es présent mais pour les élever il y aura des absents... Et voilà, ça me reprend. Merde. Les filles-mères, le combat d'Aïcha Ech-Chenna, les ouled-el-haram, les enfants d'Al Karam... Il me faut chasser ces images terribles de mon esprit, ces visages sales, ces yeux rouillés de larmes, ces vies détruites par une société hypocrite et lâche. Je ferme les yeux plus fort. Ton toit, ton taf, ta caisse, tes sous, mais tu n'as pas sommeil. La vie, santé, bonheur, avoue que tu n'as pas sommeil. Si on sortait prendre l'air ? Au lieu de me prendre pour de la merde, prends-moi la main. Sinon à quoi on sert nous ? À part faire la fête, mais je l'ai assez faite, moi. On se voit demain... Les rails de coke, les bad-trips, les glaçons alcoolisés et les pointes à 200km/h sur le bitume désert. Une jeunesse dorée les yeux rongés par l'insomnie et le corps ivre de se détruire. D'ivresse en arrogance, les verres de whisky empestent la solitude et les Porsches ne comblent plus le vide. 3aya9a partout, bonheur nul part. L'amour est enfant de la consommation, il voudra toujours, toujours plus de choix. Mais combien voulez-vous de sentiments tombés du camion ? L'offre et la demande comme unique et seule loi : prend garde à toi... Pollution publicitaire insolente, marchandisation obscène des corps, délitement de l'éthique, destruction programmée des ressources et des hommes, il se dégage de ces cartons d'emballage des gens lavés, hors d'usage et tristes et sans aucun avantages : on nous inflige des désirs qui nous affligent. Avoirs transfigurés en art, dans le supermarché, dans l’abattoir. Peace or violence, serait-ce un signe de paix ? Ou bien le V de violence ? Quelqu'un sait-il ce qu'il avance ou ce qu'il fait ? Prisonniers politiques, torture, bavures policières...
Mais quoi ? Il y a des rires dans la foule et des cœurs heureux pour quelques heures, les lèvres embrassent les peaux aimées, les mains s'entrelacent et les enfants ont les yeux qui brillent. Je ne sais plus. Ça doit faire au moins mille fois qu'on a bouffé nos doigts...
Choukrane souffle Stromae, après une performance audacieuse accapela et une photo qui a fait bondir la foule dans les airs.
Les rues de Rabat sont inondées d'âmes qui fredonnent encore leurs refrains préférés. Nous allons au Grand Comptoir où la fête reprend de plus belle. Coupes de champagne, live band et confettis.
Qui dit crise te dit monde, dit famine, dit tiers-monde,
Qui dit fatigue dit réveil, encore sourd de la veille,
Alors on sort pour oublier tous les problèmes.
Alors on danse...
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un thé à la menthe au café Exelsior ou au café de France (parfaits pour observer le comportement des casaouis) / une longue balade un samedi matin à L9RI3A / regarder un match de foot du RAJA depuis la Magana / manger un sandwich chez Gzoum et des beignets chauds chez Hitler à Derb Sultan / nager à MRIZIGA à coté de la Mosqué Hassan II / un café avec des amis au Petit KASDAL
CASABLANCA dans les yeux de... Rebel Spirit, créateur du Guide Casablancais
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THE SOUK ON THE BEACH : promesse tenue
The Souk on the beach, qui s'est tenu le 24 et 25 mai à Bouznika, a résolument tenu ses promesses, et bien plus encore. Flâner dans les allées du Souk, rencontrer les créateurs et les artistes, s'initier au yoga avec Kayla du studio Yogablanca, regarder les enfants tripatouiller des paillettes, danser pieds nus sur le sable avec Daox et Yasmean, se perdre dans le bleu du ciel et de la mer, acheter une affiche « Keep calm & ch'rab atay », groover sur la délicieuse musique des vinyles de Hamza... Le sourire et un mojito-pêche aux lèvres. C'était bon, c'était bien, c'était régressif et inspirant. Vin rouge et corne de gazelle, qui a encore du sable au fond de son tote bag Kahenas, partage avec vous ses coups de cœur Souksmiques bientôt, promis. En attendant, quelques photos de ce week-end signé avec brio Laila Hida, Habiba Machrouh et Valérie Liais.
Et une petite pensée à toute l'équipe TABA9A, pour son énergie et sa bienveillance festives !
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RENCONTRE avec REBEL SPIRIT : POVERTY, COURAGE & ROCK'N ROLL
Du haut de ses 25 printemps, de son talent et de son regard aiguisé, Rebel Spirit avait déjà attiré l'attention de Vin rouge et corne de gazelle il y a quelques mois : « À grands coups de feutres, d’ironie et de délicatesse, il dessine les contours des âmes qui font vibrer la ville. Avec toute la force que la vérité contient, Rebel Spirit nous entraîne dans une folle immersion casablancaise, du marché noir de Derb Ghalef aux ruelles sombres de la médina, du marchand de cigarette à l’unité à la « dame aux chiens » que tous les casouis ont déjà croisé. De l’humanité brute et brutale : mieux qu’un guide du routard, un témoignage, une confidence. » (De Bordeaux à Casablanca : city-guides et poésie citadine). Rencontre avec un artiste underground qui révèle avec amour tout ce qui nous inquiète, nous insupporte et nous fascine dans Casablanca, et qui finalement nous lie si intimement à elle : son bruissement d'âmes assourdissant.
Parle nous un peu de toi et de ton parcours... Comment El Bellaoui Mohammed est devenu Rebel Spirit ?
Avant même de savoir écrire, j’aimais dessiner et peindre. A l'école, pendant que mes camarades étudiaient les maths, la chimie... j’étais en train de dessiner des personnages, des super héros et même les profs que je détestais dans des situations humoristiques . Après le baccalauréat, je me suis dit que ce n’'était pas la peine de perdre mon temps à étudier à la fac, je ne voulais pas réaliser le rêve classique de devenir avocat, médecin ou banquier... Je me suis dit « je vais faire de ma passion un métier et m’amuser toute ma vie ».
Et d'ailleurs pourquoi « Rebel Spirit » ?
Rebel spirit est un pseudonyme que je me suis approprié pendant mes années collège lorsque je sortais avec le crew de graffiti que j’avais créé avec des potes pour faire nos premières attaques de graff. C’est inspiré d’une chanson du groupe Gnawa Diffusion.
Quelles sont les techniques artistiques que tu préfères utiliser ?
Je fais toujours de l’expérimentation plastique : collage, aquarelle, digital painting, peinture à l'huile, tape art... Mais j'aime surtout peindre la nuit, dans la rue, sans autorisation.
Parle-nous un peu du Guide Casablancais... Comment t'es venue l'idée ? Quel est le concept ?
Le Guide Casablancais est avant tout un rêve d’enfance et une réponse à plusieurs questions que je me posais en tant que casaoui. Surtout qu'à chaque fois que je recevais des amis ou des artistes étrangers chez moi, à chaque fois qu’on visitait la ville, je devais expliquer mille choses et déchiffrer plein de codes pour que les gens comprennent le mode de vie Bidawi . Le concept est donc tout simplement de dévoiler la ville et ses phénomènes qui n’existent nul part ailleurs, grâce à « LMADANI » qui nous fait visiter son Casablanca et nous explique comment y vivre, dans une ambiance humoristique, légère, critique aussi.
Où puises-tu ton inspiration ? Casablanca ?
Casa pour moi est un jus concentré du Maroc. Mon amour, ma source d’inspiration. C’est une ville agréable si on prend le temps de la découvrir, et de chercher son histoire. Ce qui m’énerve le plus c’est le comportement de la masse dans l’espace public. Mon inspiration, c'est tout ce à quoi les gens n'accordent aucune importance.
L'art urbain, la scène artistique underground au Maroc... Quel avenir à tes yeux ?
La scène urbaine est très active ces dernières années, surtout avec l’apparition de plusieurs crews et artistes qui font du très bon boulot avec peu de moyens. Je pense qu'ils doivent vraiment continuer, et surtout ne pas tomber dans l’erreur d’attendre de l’aide... Surtout pas de la part de l’État !
Je profite aussi de cette occasion pour présenter mes condoléances à la famille de « Rabii graffity » un des grands street artists du Maroc, qui nous a quitté il y a peu.
Quels sont tes futurs projets ?
Actuellement je prépare doucement une série d’illustrations pour une exposition. Je suis aussi en plein dans l’écriture du 2éme numéro de Guide Casablancais !
Un grand merci à Rebel Spirit ! Vin rouge et corne de gazelle a hâte de découvrir le Guide Casablancais #2, en attendant retrouvez ses œuvres là et là.
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Tout ce que j'ai vu et entendu, observé et enregistré, a fait de ce voyage bien autre chose qu'une enquête politique ou une tentative de dépaysement. Ce voyage, commencé comme une partie de plaisir, a pris un aspect très différent, au fur et à mesure que s'en multipliaient les étapes. Il est devenu une expérience intérieure. C'est cette expérience que je livre telle quelle au lecteur, sans me préoccuper de savoir à quel genre elle ressortit. Description de pays, essai politique, fragment d'histoire vécue, qu'importe? Voyage, rêve et drame, pour moi c'est tout un.
BENOIST-MECHIN in Un Printemps Arabe
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