uljhangarbar
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Rétrospectives de brèves de vie, entièrement vécues au présent, grâce à ce chemin parcouru avec une belle âme - Hiver-Eté 2021
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25² sYndrome
Today, I fucking wish there was no firefly on that specific date.
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L’air, cet élément insaisissable. Au sens propre comme au figuré.
Le ciel. “Aasmaan”. La liberté de se mouvoir, l’immensité du firmament. Derrière un gris ou un bleu, la profondeur infinie et la densité du noir.
“Auana” pour la dispersion, comme ceux des nuages (qui se nomment si bien “badal”), qui sont “chassés” pour laisser place à un ciel dégagé, accompagné de rayons de soleil.
Virginia Wolf a écrit “Mon propre cerveau m’apparaît comme la plus incompréhensible des machines – toujours à bourdonner, vrombir, planer, rugir, plonger, et finir embourbé dans la gadoue. Et pour quoi? Pourquoi tant d’exaltation?”, et je la rejoins. Refigurer le temps en le prenant pour osculter les nuages lors de journées ensoleillées, et laisser le calme prendre de la place dans le processus, quel petit luxe!
En 2015, lors d’un séjour en Toscane, les nuages m’ont captivé et ont apaisé un cerveau boosté chimiquement. Là-bas, ils se déploient gracieusement et s’apposent bas, assez bas pour les remarquer plus que d’habitude. Ils s’habillent d’un blanc des plus irréels, pour faire contraste à ce ciel bleu des plus vifs. Le tout vous rend alerte mais ne vous agresse pas. A vrai dire, on a vite fait de se retrouver captivé.e par la scène. Et la beauté de la nature, le blond des blés aux alentours, les vallons de vigne gorgés de soleil, rend la scène plus captivante encore.
A la campagne toscane, qui à l’époque, m’a insufflé de cette l��gèreté qui m’est nécessaire en période de démolition/reconstruction. A l’évolution, celle qui permet de retrouver de l’apesanteur sans avoir toujours besoin d’avoir les yeux rivés en l’air.
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To those adventures that freed me and fed my mind with beauties.
To upcoming ones.
#india#inde#munnar#backwaters#kerala#udaipur#rajasthan#buddha#himachalpradesh#manali#dharamsala#lodhigarden#newdelhi#vizag#visakapatnam#andhrapradesh#goa#agra#uttar pradesh
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Blurry flou(rish)
Je me souviens très précisément de ce flou qui m’empêchait d’avoir de réelles pensées claires. Pour tout. Mes compréhension et analyse des choses restaient en surface. Je me souviens pourtant avoir eu un esprit clair avant d’être entourée de cette opacité. Comme s’il y avait trop d’éléments avec lesquels me débattre et que ne pouvant tout traiter, mon cerveau laissait tout flotter, à la limite du saisissable.
Flotter, c’est bien le terme. Je me laissais aller dans la direction que la vie semblait bien vouloir prendre. J’apprenais en m’appliquant, j’étais impliquée dans des conversations intéressantes et je m’intéressais à plusieurs domaines, mais rien ne s’imprimait vraiment en dur. Comme si j’étais en mode RAM et plus ROM. Je n’étais ni dans l’instant présent, ni dans aucun moment réellement.
Ça m’a interpellé. Pendant des années. J’étais sous inhibiteur, sans en prendre. Et puis, sans même m’en rendre compte, un jour, le voile s’est levé et a fait place à un soleil aveuglant. Je ne saurais même pas dire quand, mais cela a été tardif.
Je me souviens donc traverser ma vie, à me réfugier beaucoup dans mes pensées. Et, j’y pense énormément ces derniers jours, car coupée du monde, mon cerveau explose de créativité. Comme jamais. Et le constat est fou. Ça me permet de créer manuellement, de pousser ma pensée, de reprendre ma vie en main, de panser des plaies, de régulariser plusieurs aspects, d’impliquer cette créativité tsunamique dans ce que j’entreprends et de réellement mettre des ressources dans la recherche d’un équilibre post apocalypse. Double joie du confinement : être retirée de toute agression extérieure tout en se réparant grâce aux milles idées qui fourmillent sous capot et qui m’évitent de ressasser douleur et peine. Et quand bien même, douleur et peine se frayent un chemin, elles nourrissent assurément une créativité pluriforme exaltante, et nous voilà dans une boucle vertueuse inattendue.
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How my own pragmatism looks like.
The “auto pilot” that carries of the real “me” when “I”‘m overwhelmed by too much stuff and mind cannot properly work.
Sonoya Mizuno as Dr. Azumi Fujita Maniac (2018) dir. Cary Fukunaga
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Those days, I have been snatched.
I think a lot about how well I was, every damn second in this country that I can call My heartland. I could surprise myself listening some good old Bollywood music, which took me back to some special moments of that life. I could enjoy myself catching some gracefull snapshots of my memory and relive them in mind. And, for my 30's, a special person just offered me the perfect gift. A box with A LOT of different very traditional Indian incenses. When I smell the mix of scents, I can find almost immediately the same serenity and well-being I had there...
Six and half years later... getting infused by other cultures, by the richness of human plurality is the foundation of the best training I could get in this life.
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Calcutta Sarnath Banerjee
Extrait no. 1 ““Qui postquam in solo non suo peregrinatus esset diu, reversus est dimum suae aeternitatis” - Epitaphe sur la tombe de Jobus Charnock, 1962. Un voyageur qui, après avoir séjourné longtemps en pays étranger, revint à son domicile éternel.”
Extrait no. 2 “Dans un essai célèbre sur l'art de la narration, Walter Benjamin, grand théoricien allemand et saint patron de tant d'apprentis-philosophes parle de trois catégories de conteur. La première catégorie comprend les marins et les voyageurs, surtout les explorateurs et les marchands. Par exemple... Ibn Battûta, Marco Polo, Hueng Tsang, Jules Verne. Ce sont en général hommes insatiables au couvre-chef élaboré, enclins à altérer quelque peu le récit de leurs voyages et à produire des comptes rendus ethnographiques politiquement incorrects. La deuxième catégorie est sédentaire. Ce sont souvent des fermiers ou des laboureurs, et leurs histoires ont une morale à la fin. Ils parlent de la terre où ils vivent. A la différence des précédents, dont les récits évoluent dans l'espace, les leurs évoluent dans le temps. Pour eux, un début typique d'histoire serait... "Il y a de cela un siècle, non loin d'ici..." Souvent, dans leurs narrations, le local prend la dimension du global dans la hiérarchie des évènements, ce qui confère à leurs histoires un caractère GLOCAL. Villemessant, le fondateur du Figaro, célèbre pour ses traits d'esprit, disait : "Pour mes lecteurs, l'incendie d'un grenier au Quartier Latin est plus important qu'une révolution à Madrid". La troisième catégorie parcourt de vastes distances et puis se fixe. Dans l'ancien monde, il s'agissait d'alchimistes, de maçons, de bâtisseurs, d'architectes, de medicine men et d'artisans doués : Amenhotep III, le plus grand bâtisseur d'Egypte. Il existe une quatrième catégorie, qui ne figure pas chez Benjamin. Digital Dutta appartient à ce club fermé des chroniqueurs qui voyagent rarement dans l'espace et presque jamais dans le temps. Le voyageur mental, qui n'encombrent ni les coûteux vols transcontinentaux ni les douaniers suspicieux. A ce stage, je ne sais rien encore du rôle que Digital Dutta va jouer dans la récupération de mon héritage perdu : "Tu connais Ibn Battûta? - L'éternel mécontent marocain?" Battûta quitta Tanger à l'âge où les lycéens bengalis se font préparer leur collation de midi par leur mère. De petits sandwiches triangulaires tomates-concombre, un oeuf dur et une banane. Âme insatiable, Battûta visita l'Andalousie, la Mecque, l'Afrique du Nord et l'Asie Centrale avant d'arriver à la cour du grand mais dément sultan de Delhi, Mohammad Bin Tughlaq. Il s'éleva jusqu'à la position de Qazi et fut finalement envoyé en Chine comme Ambassadeur. Grâce à lui, nous savons des tas de choses sur cette époque. Par exemple, Mohammad Bin Tughlaq accéda au trône de façon absolument immorale- mais je digresse... Après le Maroc, Battûta arriva en Afrique du Nord et trouva que les chevaux de là-bas étaient moins vigoureu que chez lui. En arrivant à Samarkand, il estima que les cantaloups, bien que sucrés et juteux, n'avaient pas le parfum des melons marocains. Une fois en Inde, il se plaignit que les femmes, en dépit de leurs lèvres pleines, leurs hanches voluptueuses de génitrices et leur bonne volonté, ne valaient pas les Marocaines. N'oublions pas qu'à l'époque, Battûta disposait de plusieurs épouses et d'une fortune fabuleuse. Pourtant, il ne cessait de se plaindre. Un Woody Allen médieval. "Il se plaignait de tous les endroits qu'il visitait. Comme s'il ne voyageait si loin que pour justifier le fait que c'était mieux chez lui" Bizarrement, il ne rentra jamais chez lui et mourut en Chine. Le voyage physique n'ouvre pas nécessairement l'esprit. "Tu as faim?" Digital Dutta connaît la vie grâce aux ruelles du Nord de Calcutta et à Roland Barthes, qui lui a appris que rien n'est tel qu'il paraît. Il sait tout ce qu'il estime nécessaire de savoir grâce à la bibliothèque que lui ont transmise trois générations d'ancêtres. Bibliothèque qu'il alimente sans répit, au risque de la faire exploser. Digital n'a quitté Calcutta que quatre fois. Trois fois avec ses parents pour les vacances et une fois pour un entretien d'embauche à Delhi. Il a gardé ce job trois mois mais s'est lié d'amitié à vie avec Jehangir Rangoonwallah... ... Le libraire d'occasion qui voit sa librairie comme le centre de l'univers. Hormis cet épisode, Digital a réussi à vivre une existence plutôt intense sans jamais avoir à quitter son quartier : médecin : quinze minutes, banque : huit minutes, enseignement: Metropolitan High, un quart d'heure à pied, banque : onze minutes, amour : de l'autre côté de la rue, Fac, Eglise ecossaise : quatre minutes Il y aquelques années, Digital a connu la révélation. C'était un après-midi, il jouait au foot dans le parc. Suite à un incident bénin mais dramatique, Digital a compris la profonde futilité du voyage. Il lui est apparu que le corps voyage mais que l'esprit reste immobile, comme l'a confirmé le grand voyageur Ibn Battûta. Il a compris que sans quitter sa maison du Nord de Calcutta, il pouvait se faire une idée assez exacte de ce qu'était le monde. En ne voyageant pas, il se sentait d'autant plus transporté. Dans le temps et dans l'espace. Je lui racontai que j'avais parcouru de nombreux kilomètres pour trouver quelque chose qui était sûrement perdu dans le temps. Je lui dis aussi que, d'après le Professeur Butterstein d'Heidelberg, le libre était l'un des vingt plus importants au monde.”
Extrait no. 3 “Babu Ramkamal Haldar : un autre zamindar riche et illétré qui portait des lunettes et s'entourait de livres... Mais préférait goûter la vie à sa source. Selon la rumeur, il avait calculé le poids de sa femme en argent, puis dépensé la moitié de la somme pour nourrir des Brahmanes et le reste en saris Benarasi, qu'il offrait aux prostituées de Sonagacchi "La monogamien'est pas le seul visage de l'exclusivité"”
Extrait no. 4 “Bien des siècles plus tard, vers 1839, le Dr O'Shaughnessy, futur Sir William O'Shaughnessy, écrira un traité de 40 pages vantant sa valeur médicinale comme sédatif et analgésique. L'introduisant ainsi dans le monde occidental. L'illustre Sir OS allait rallier l'East India Cie en 1833 et s'installa à Calcutta comme professeur de chimie et materia medica à la faculté de médecine. Il finit par s'élever au poste de Directeur Général des Télégraphes. Un spectaculaire changement de carrière. En fin de compte, Sir OS, comme d'autres gentilhommes multicartes de son temps, non content d'introduire le cannabis Sativa dans la médecine occidentale, installerait également une ligne télégraphique de 3500 miles entre Agra et Calcutta, qui permettrait d'écraser la révolte des Cipayes en 1857.”
Extrait no. 5 “Non loin du club des Oiseaux, à l'Est de la maison de Joy Mitra, vivait une famille des plus étranges. Les excentricités notoires de ses membres frôlaient l'absurde même s'ils ont l'air normal sur cette photo. Le plus important d'entre eux, Kalishankar Ghosh, adorateur de la déesse Kali passait pour un tentrique endurci. " Pour simplifier, il y a deux voies de salut. La voie de droite requiert l'abstinence; celui qui renonce aux plaisirs de la chair, fait le bien et s'abandonne à Dieu, Dieu l'élèvera. En gros, vous êtes si bon que Dieu ne vous touchera pas"”
Extrait no. 6 “Lord Macaulay, gouverneur général du Bengale et plus éminent jardinier de l'Empire, donna une nouvelle définition du mot Babu, utilisé au départ comme suffixe et respectabilité: "Le babu est un indigène qui est indien de chair et de sang, et anglais par le goût et l'opinion" Comme pour justifier ses dires, quelques mois avant que l'alcool ne l'emporte, le grand poète bengali Michael Madhusudan Dutt fit remarquer / "Je sais parler l'anglais, penser en anglais et je serai suprêmement heureux quand je rêverai en anglais" Selon Georges Mackay, auteur de l'épique 21 jours en Inde,"par Métempsycose et sous des circonstances particulièrement défavorables, un hippopotame vertueux pourrait se réincarner en étudiant de l'Université de Calcutta. Ajoutez-y des souliers vernis et l'anglais, vous obtenez un babu" Quand on l'appela Babu à une garden-party, Rabindranath Tagore répondit à son hôte anglais : "l'assurance de vos manières suggère un long séjour dans ce pays, et cependant, monsieur, vous ignorez encore que seuls nos serviteurs nous appelle Babu. Un autre romancier célèbre, Bankim Chatterjee, écrivit dans un essai : " Babu a plusieurs sens : pour le pauvre un babu est une personne plus riche, pour le serviteur un babu signifie le maître, et pour les chefs anglais le mot babu signifie employé"”
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A la colocation qu’il me tardait de rencontrer avant que ça ne se produise.
Extraits choisis pour une ode à ceux dont les discussions sous la pergola finissent tardivement, à cette famille que nous sommes, hors des conventions. Parfois, je me dis que, ces dernières années, ils ont manqué à ma vie et mon cerveau se reprend : sans ces dernières années, les aurais-je autant apprécié, se serait-on forgé des liens aussi forts en quelques mois seulement, nos vies se seraient-elles même croiser ?
“Cinq minutes plus tard, ça va mieux.Après un long silence , il lui demande, presque en chuchotant, si elle veut qu'il la conduise à l'hôpital. - Pourquoi donc? - Pour vous faire ausculter. - Mais j'ai simplement mal à la tête - Oui, mais... à cause du gaz. - Oui... - C'est pas bon, ça. - Eh non. - Il peut y avoir des effets secondaires. - Ah? - Des vomissements, je crois bien. - Ah bon. Je ne savais pas. Un autre long silence. Elle garde les yeux fermés. Il en profite pour regarder autour de lui. La pièce est petite, sombre et incroyablement encombrée. Ce qui lui fait aussitôt penser que chez lui, c'est exactement le contraire. Ca résonne presque, tant la maison est vide. Cette pensée le déprime, il retourne à l'étude de la toile cirée. Finalement, il demande. - Je ne m'occupe pas des affaires des autres en général, madame Marceline, vous le savez. Mais... ce ne serait pas à cause d'avoir trop de soucis en ce moment que vous avez... que vous avez...? - Que j'ai quoi? - Le gaz? - Quoi donc, le gaz? - Eh bien, mais... Difficile pour Ferdinand. Sujet intime. Pas sa tasse de thé. Il sent qu'il doit dire quelque chose, pourtant. Alors il commence par tourner autour du pot, à parler pour ne rien dire, tente de se faire comprendre à demi-mot. (Il aime beaucoup l'expression "lire entre les lignes", aussi.) Il est tellement convaincu que les mots trahissent la pensée qu'il préfèrerait fonctionner à l'instinct et lui laisser faire le boulot. Tout en admettant, avec lucidité, qu'il lui a souvent joué des sales tours, ce con-là! Une chose en entraînant l'autre, sans le vouloir, il a peur de provoquer un trop-plein d'émotion, un épanchement de larmes ou un dévoilement de secret. Ca ne lui plait pas du tout. Si seulement chacun essayait de se débrouiller de son côté, la vie serait plus simple! Avec sa femme, il avait la parade pour éviter le piège des discussions trop intimes : dès qu'il la sentait glisser dans cette direction, il évoquait le passé. Juste un mot, comme si de rien n'était. Et hop, il ne lui restait plus qu'à écouter d'une oreille distraite. Elle aimait tellement ça, causer, sa pauvre femme. De tout, de rien, de banalités. Une vraie pipelette. Mais ce qu'elle aimait par-dessus tout, c'était parler du passé. De sa jeunesse. De comment c'était mieux avant. Combien c'était plus beau. Surtout avant qu'ils se connaissent! Elle finissait toujours par énumérer rageusement tout ce qu'elle aurait pu vivre, ailleurs, en Amérique, en Australie ou au Canada, peut-être. Ben oui, pourquoi pas, ça aurait pu! Si seulement il ne l'avait pas invitée à danser, ne lui avait pas murmuré des mots doux, ne l'avait pas tenue aussi serré, pendant ce foutu bal du 14 juillet. Quel regret. Il ne lui en voulait pas. Lui aussi avait rêvé. A des trucs chouettes, aussi. Mais il avait compris très vite que les rêves et l'amour, ce ne serait pas pour ce coup-ci. Il n'était peut-être pas fait pour. Ou bien ce serait pour une autre fois. Ou dans une autre vie, tiens, comme les chats! Bon. Retout au présent. Il est chez sa voisine. Elle a un problème, mais n'a pas l'air de vouloir en parler, malgré les questions qu'il pose discrètement. Il ne sait pas grand-chose d'elle. Juste qu'elle s'appelle Marceline. Elle vend du miel, des fruits et des légumes au marché. Elle est un peu étrangère. Russe ou hongroise, peut-être? Un pays de l'Est, en tout cas. Ça ne fait pas longtemps qu'elle est installée ici. Quelques années, pourtant. Six ou sept? Ah ben oui, quand même... Il regarde encore autour de lui. Remarque cette fois qu'il n'y a ni chauffe-eau au-dessus de l'évier, ni réfrigérateur, ni machine à laver, ni téléviseur. Aucun confort moderne. Comme quand il était petit. Juste la radio pour se tenir au courant des nouvelles, et l'eau froide à l'évier pour se laver. L'hiver, il se rappelle, il cherchait toujours le moyen d'y échapper. Et aussi à la corvée de linge, raide et gelé au sortir du lavoir, qu'il fallait aider à essorer, avec le bout des doigts tout crevassé. Qu'est-ce qu'on se faisait chier, la vache, en ce temps-là! Il se dit que dans le fond, cette pauvre Mme Marceline, elle en a peut-être eu marre de cette vie-là. De cette âpreté et de tous ces emmerdements. Elle a dû perdre courage. Et puis, d'être loin de son pays, loin de sa famille, aussi? Ça serait très possible que ce soit ça la raison de ... Il sent qu'il ne va pas pouvoir y couper. Qu'il va devoir prendre sur lui, se forcer à parler. D'autres choses que des riens, de la pluie ou du beau temps. Ou même de son chien. Qu'est-ce qu'il est malin, dites! Vous en avez de la chance, d'en avoir un comme ça. Le dernier que j'ai eu, il était idiot, mais très affectueux. Celui-ci... C'est une chienne? Vous êtes sûre? Je n'avais pas fait attention. Il inspire. Et se lance. Tout de go, il dit qu'il comprend. Qu'il lui est arrivé aussi une fois ou deux d'en avoir envie. En fait, trois. Allez, pour être complètement honnête, quatre. Oui, mais... il a pris le temps de réfléchir avant, lui. Et il a trouvé de très bonnes raisons de ne pas le faire. Comme, par exemple... A froid, là tout de suite, il ne pense à rien. Ah si, bien sûr, qu'il est bête : ses petits-enfants! Les petits-enfants, c'est merveilleux. C'est passionnant. Et si différents de ses propres enfants. Si, si, vraiment. Plus mignons, plus vifs, et beaucoup plus intelligents. Ça tient peut-être à l'époque, les temps ont changé. A moins que ce ne soit nous qui en vieillissant devenions plus patients. Possible... Vous n'en avez pas? Aucun petit du tout? Mince. C'est dommage. Mais il y a d'autres choses auxquelles ont peut se raccrocher. Attendez, je réfléchis. Elle lève les yeux, regarde le plafond. Il se gratte la tête. Se presse de trouver. - Vous savez, c'est important aussi de se rappeler, de temps à autre, qu'il y a plus malheureux que soi. Ça remet bien les pieds sur terre. Ou les pendules à l'heure, si vous préférez. On en a besoin, quelquefois, vous ne croyez pas? Elle a l'air d'être ailleurs. Il cherche un truc marrant. - Vu que personne n'est jamais revenu pour dire si c'était mieux là-bas, ça ne vaut peut-être pas la peine de prendre les devants, hein, madame Marceline? Il est urgent d'attendre, quoi. Il ricane. Attend sa réaction. Rien ne vient. Il s’inquiète pour de bon. Se penche vers elle. Vous comprenez quand je vous parle? Il y a peut-être certains mots que vous ne... Elle tend la main vers le tuyau de la gazinière et dit avec un petit tremblement dans la voix que ça y est, elle cherchait depuis tout à l'heure, mais voilà. Tout ça, la faute à son vieux chat. Il a disparu depuis quelques jours. Peut-être est-il mort? Pourvu que ce ne soit pas ça. Ça serait un tel déchirement... En attendant, c'est devenu l'anarchie, ici. Elles font ce qu'elles veulent, les souris. N'arrêtent pas de danser. Tout la nuit et toute la journée. Dans les placards, sous le lit, dans le garde-manger. Elles grignotent, grignotent sans arrêt. Elle a l'impression de devenir folle! Si ça continue, elles vont finir par monter sur la table et manger dans son assiette, elles sont tellement effrontées, ces petites bêtes-là. Ferdinand a décroché. Il ne l'écoute plus qu'à peine. Elle divague complètement, la pauvre femme. Ça doit être à cause du gaz. Son histoire de chat mort et de souris qui dansent, ça n'a ni queue ni tête. Il la regarde parler, baisse les yeux sur ses mains. Belles et abîmées. Il pense que c'est le travail de la terre qui fait ça, elle devrait se soigner, mettre de la crème, ça leur ferait du bien.
Lettre de rappel.
En fin de journée, Ludo s'est inquiété. Il se demandait comment il allait faire pour vérifier si son rendez-vous du lendemain matin, dimanche, avec Guy, tenait toujours. Il n'avait que huit ans, mais il avait déjà essuyé quelques grosses déceptions dans sa vie. Il se méfiait, sachant par expérience que les adultes étaient capables de tout. De changer d'avis sans prévenir, de revenir sur leurs paroles sans donner de raisons, d'arnaquer, d'empapaouter, d'entourlouper les petits, pas forcément méchamment, c'est vrai, mais comme si c'était une chose normale. En tout impunité et sans remords. Avec le tonton, il voulait prendre ses précautions, le cuisiner finement, lui poser des questions discrètes. Est-ce que ça existait, les réveils, quand t'étais petit, tonton? Ou : Est-ce que vous aviez juste des coqs qui criaient cocorico pour vous réveiller le matin, à la ferme? Mais Guy lui a chuchoté à l'oreille : T'inquiète pas, mon grand, je viendrai te chercher à l'aube. Et quand je dis quelque chose, je le fais, un point c'est tout. [...] De retour à la ferme, Ludo est monté réveiller P'tit Lu. Ils se sont préparé quelques tartines et deux grands bols de chocolat, ensuite ils sont allés voir Hortense. Ils lui ont proposé de rejouer aux cartes. Elle a choisi la crapette. Ils ont gagné deux parties chacun, ça l'a beaucoup énervée. Alors, après ça, ils ont fait semblant de ne pas remarquer quand elle s'est mise à tricher. Elle a retrouvé le sourire et Simone leur a donné des bonbons. Plus tard, ils sont allés aux champignons avec Ferdinand. Ils ont dû enfiler des gilets fluo par-dessus leurs manteaux, au cas où ils croiseraient des chasseurs. C'est obligatoire, il y en a beaucoup en cette saison, ça peut être dangereux. Ils ont parlé et chanté très fort pendant toute la promenade dans les bois, pour éviter d'être pris pour des faisans ou des sangliers. Malgré le bruit qu'ils faisaient, ils ont quand même vu passer un chevreuil et deux lapins. Mais, ils n'ont trouvé aucun champignon. Ferdinand a râlé, quelqu'un avait dû découvrir son coin à cèpes et y être passé avant eux. Ils sont rentrés bredouilles. L'après-midi, comme il pleuvait beaucoup, ils ont regardé un film. En général, Ferdinand emprunte les DVD à la médiathèque ou à des copains, mais celui-là, il l'a acheté, il le trouve très beau. Le titre, c'est Océans, et bien sûr, il y a des baleines et des dauphins dedans. Pendant qu'il le regardait, d'un coup, P'tit Lu s'est rappelé avoir refait le même rêve cette nuit que la dernière fois. Celui où il nage avec Gaby et les gros poissons. Il les a reconnus dans le fil, c'était eux, là! Ludo s'est énervé et l'a traité de nul. Parce que, vraiment, tout le monde savait que les dauphins, c'était pas des gros poissons, mais des mammifères, comme les humains! Ferdinand a temporisé, il n'en était pas aussi sûr que lui... Après ça, ils sont allés voir Marceline dans sa chambre. Ils ont ouvert la housse du violoncelle, ont frotté l'archet sur les cordes, mais n'ont réussi à produire que des grincements. Ils lui ont demandé d'en jouer, se sont assis sur le lit pour écouter. Dès les premières notes, ils sont restés bouche bée. C'était doux aux oreilles, ça faisait vibrer la peau du ventre, ça chatouillait les orteils. Le morceau terminé, ils en ont réclamé un autre. Marceline a dit qu'elle était fatiguée. Ses doigts étaient trop raides. Pour pouvoir jouer, il aurait fallu qu'elle fasse des exercices tous les jours, là, ça faisait trop longtemps qu'elle avait arrêté. P'tit Lu a demandé pourquoi, mais elle n'a pas eu le temps de répondre. Pile à ce moment-là, Cornélius a cogné contre la vitre. Les enfants se sont précipités, lui ont ouvert, lui ont fait la fête. Et il hoché la tête pour montrer qu'il était content.”
- Et puis Paulette, Barbara Constantine
*Le flou sur la clarté de ma réalité actuelle. Réutilisées pour la préservation de l’anonymat et de l’identité. Sauf pour Flamenco. Mais, je doute qu’il ne m’en tienne rigueur.
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Mes foyers
Quand on les mêle au passé, présent, conditionnel.
Aux havres de paix et aux souvenirs forts en décibel.
Aux frontières qui les délimitent, les rends (in)accessibles ou spéciaux.
Aux prochains, que j’espère empreints de bienveillance et loin de tous maux.
La réalité de l’éphémère...
“Le début d'un roman et la fin d'un monde
Le Blanc et le Noir
Chapitre 1
- Saute! lui a dit l'Arabe. Alors l'homme a sauté dans le bateau. Il sent ses pieds mouillés dans ses chaussures, mais il s'en fout, lui d'habitude si maniaque. Il sent le sable et l'eau irriter la peau fragile entre ses orteils, sous le tissu cuisant de ses chaussettes. Mais il ne dit rien. Il s'assoit dans l'embarcation, entre deux hommes, presse sa mallette contre lui. C'est la seule chose qu'il lui reste. Alors il s'y arrime comme s'il s'agissait d'un trésor. Son trésor. Son costume est froissé et déchiré. Il a une barbe de trois jours et la peur se lit dans ses yeux. Il tremble parce qu'il fait un peu froid sur cette plage. De jour, les touristes viennent y bronzer, mais la nuit, ça rafraîchit drôlement. C'est ce qu'on appelle l'inversion thermique. Mais l'homme se fiche de comment ça s'appelle. "Quand partira ce foutu zodiac?", voilà ce qu'il pense. Il a l'impression que l'embarcation est déjà pleine, qu'on ne pourra y mettre un réfugié de plus, et il est surpris quand il voit que l'entassement continue, qu'une, deux, trois, huit, dix personnes viennent de monter. Il se demande combien le Zodiac supportera de personnes en plus. Après tout, ce n'est rien de plus qu'un bateau gonflable. Il a maintenant quelqu'un sur les genoux. Il penche sa tête en arrière pour ne pas avoir les cheveux du nouvel arrivé dans le nez. Il pue déjà assez pour qu'il ait en plus à supporter l'odeur d'un autre. Ou choper une maladie. Tout le monde est sale. Cela fait plusieurs semaines que les gens parcourent le pays à pied avec le but d'atteindre la côte. De partir. Au péril de leur vie, sur une embarcation de fortune pour traverser la Méditerranée, mais partir. Il veut voir les lumières du pays d'en face. Les lumières salvatrices d'un continent où tout va bien. En face. De l'autre côté de la Méditerranée. Il en a tant rêvé. Une nouvelle vie commencera enfin. En face. En Afrique.
Chapitre 2
Les passeurs sont toujours arabes. Comme avant. Il n'y a que la direction qui a changé. Avant, ils faisaient passer du sud vers le nord. De l'Afrique vers l'Europe. La couleur aussi a changé. Les clandestins sont blancs. Ils s'appellent Marcel, Roger, Bernard, Pierre, Léo. Ils payent mieux que les Noirs et les Arabes, pensent les Arabes. C'est bon pour les affaires. Ils y ont gagné au change. En revanche, ils sont moins résistants. Un Togolais peut ne pas manger pendant plusieurs jours. Un Français, non. Les Arabes s'en foutent. Ils sont payés au départ. Peu importe ce qui arrive aux clandestins ensuite. Au fur et à mesure qu'ils clamsent, le passeur qui pilote le Zodiac les balance à l'eau. De la barbaque pour requins. Hop, un problème en moins. Et un peu plus de place pour les autres. On peut lire dans les yeux de ceux qui tiennent bon, la peur d'être le suivant. La différence avec les Africains, c'est que pratiquement tous les Blancs savent nager. Mais, après tout, cela ne ne leur est d'aucune utilité. Celui qui tombe à l'eau a perdu. On ne s'arrêtera pas pour aller le repêcher. Et comme il n'a pas de gilet de sauvetage, tout le monde sait qu'il mourra une fois qu'il se sera bien fatigué à battre des jambes pour se maintenir à flot. La hantise, ce n'est pas les requins, mais la fatigue. La noyade. C'est tout con. Imaginez ces visages brisés, honteux même. Pendant des décennies, l'homme blanc a refoulé les Noirs à ses frontières et voilà qu'il se retrouve à sa place, en espérant qu'il lui pardonnera et voudra bien le laisser entrer. On dit que dans la vie, pour comprendre les autres, il faut se mettre dans leurs chaussures. Ça y est, ils y sont dans leurs chaussures, enfin, dans leurs sandales plutôt. Ils sont devenus ces clandestins qui fuient, qui ont peur, qui survivent tant bien que mal, dont on ne veut plus. Nulle part. Ils ne peuvent plus revenir chez eux, dans cette Europe ravagée, en feu, qu'ils laissent derrière eux, et en même temps, ils ne peuvent plus entrer dans ce nouveau pays. Coincés entre deux continents, entre deux terres, comme dans une armoire IKEA. "Vous comprenez? demanderont-ils aux policiers algériens, marocains, tunisiens, égyptiens et libyens qui les attendent déjà sur les côtes d'en face. En Europe, c'est la guerre, j'ai perdu femme et enfants. On veut juste venir chez vous et trouver du travail, on ne causera pas de problèmes." Et on leur répondra : "C'est exactement ce que nous vous disions, nous, quand nous étions à votre place. Vous vous souvenez? Et nous écoutiez-vous pour autant?". Alors, les Européens baisseront les yeux et regarderont leurs pieds. Leurs belles chaussures de riches éventrées, le cuir mangé par le sel de la mer. Et ils comprendront qu'ils auraient dû mieux se comporter avant. Qu'ils n'auraient jamais dû faire aux autres ce qu'ils ne voulaient pas qu'on leur fasse. Ce n'était pas faute de leur avoir rabâché au catéchisme! L'homme s'est penché en avant. Finalement, il préfère avoir les cheveux de l'autre mec dans le nez plutôt que de tomber dans l'eau. Le Zodiac va vite, les secousses sont violentes. C'est insupportable. Il se demande même s'il tiendra sa mallette jusqu'au bout ou s'il ne lâchera pas pour se cramponner aux coutures du bateau en caoutchouc. Cette mallette, il ne peut pas la perdre, surtout avec ce qu'il y a dedans. On se croirait dans les montagnes russes, sauf que rien ne vous protège, ni harnais, ni garde-fou, vous êtes livré en pâture aux caprices de la mer, sauvage, révoltée, comme si elle vous en voulait de la chevaucher, comme un taureau de rodéo qui ne penserait qu'à faire tomber son cavalier. Les estomacs se soulèvent chaque fois que le nez du Zodiac se lève et heurte une vague. Certains vomissent. L'homme fait de grands efforts pour ne pas se vider sur la tête du type qui est assis sur ses genoux. Mais il ne sait pas combien de temps il tiendra. Ses jambes tremblent de plus en plus. Le froid, l'humidité et la peur. Il s'appelle Ajatashatru Lavash Patel, et en dépit du nom et des apparences, il est français. Il est écrivain. Dans sa mallette, il y a quelques pages qu'il a écrites, sa seule richesse. Il s'y accroche comme à une bouée. Un manuscrit inédit qu'il compte bien faire publier en Arabie saoudite, s'il s'en sort, s'il survit, un manuscrit qui lui offrira une nouvelle chance, une nouvelle vie. Repartir de zéro en Arabie saoudite, le nouveau pays de la liberté... Un petit bijou, pensa Gérard François en refermant le manuscrit d'Ajatashatru. Des Blancs dans des embarcations de fortune, traversant une mer déchaînée pour émigrer en Afrique et au Moyen-Orient. Ce serait un grand livre. Un nouveau succès éditorial. Un grand film. Spielberg, peut-être. George Lucas, à la rigueur. Mais, en même temps, il ne put s'empêcher de voir là un funeste présage. Ajatashatru était un fakir, un visionnaire. Et s'il disait vrai? Et si tout cela arrivait un jour? Il pensa aux paroles menaçantes et prophétiques de ce vieux long-seller, la Bible. Les premiers seront les derniers. Il était blanc. Il était européen. Ils avaient toujours été les premiers. Et si, d'un coup, il n'était plus dans le bon camp? S'il n'était plus de la bonne couleur, s'il ne se trouvait plus du bon côté de la Méditerranée? Pour la première fois de sa vie, il eut peur d'être tout cela. Et dans son esprit se glissa une ombre qui mettrait longtemps à se dissiper.
A suivre...
Les nouvelles aventures du fakir au pays d’Ikea - Romain Puertolas”
Certains d’entre eux, ces dernières années :
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Mars extension
“- Je n'en sais rien. J'avais honte. De Biggs, de nous, de tout ce bruit. Mon Dieu, quel spectacle. - Le voyage a été très long. Les hommes ont le droit de se détendre. - Alors les types n'ont de respect pour rien, capitaine? Pas la moindre décence? - Vous êtes fatigué et vous voyez les choses d'un point de vue différent, Spender. Je vous mets à l'amende de cinquante dollars. - Bien, capitaine. Mais je pensais à eux. Eux qui nous regardent faire les imbéciles. - Eux? - Les Martiens, morts ou non. - Morts, très certainement, dit le capitaine. Croyez-vous qu'ils savent que nous sommes ici? - Une présence ancienne ne sent-elle pas toujours l'arrivée d'une nouvelle? - Peut-être. Croyez-vous aux esprits, par hasard? - Je crois à ce qui a été accompli, et bien des choses l'ont été sur Mars. Les preuves ne manquent pas. Il y a ces rues, ces maisons, des livres j'imagine, ces grands canaux, des horloges, des étables, sinon pour les chevaux, du moins pour des animaux domestiques quelconques, à douze pattes peut-être, qui sait? Partout où je regarde, je vois des objets qui ont servi. Qui ont été touchés et manipulés pendant des siècles. Demandez-moi alors si je crois à l'esprit des choses dans la mesure où elles ont servi et je vous répondrai oui. Elles sont toutes autour de nous. Tout ce qui avait un rôle, nous ne pourrons jamais en tirer parti sans un sentiment de gêne. Et toutes ces montagnes avec leurs noms. Jamais elles ne nous seront familières. Nous les rebaptiserons mais leurs noms primitifs demeurent dans le passé, et les montagnes ont été modelées et contemplées sous ces anciens noms. Ceux que nous leur donnerons, comme à ces canaux ou ces villes, glisseront dessus comme l'eau sur un canard. Nous ne toucherons jamais Mars, quoi que nous fassions. Alors, nous nous mettrons en fureur et savez-vous ce qui se passera? Nous la mettrons à sac, l'éventrerons, pour la refaire à notre mesure. - Nous ne ruinerons pas Mars, dit le capitaine. C'est un monde trop vaste et trop intéressant. - Vous croyez ça? Nous autres, gens de la Terre, avons un talent tout spécial pour abîmer les grandes et belles choses. Si nous n'avons pas installé des snack-bars au milieu du temple égyptien de Karnak, c'est uniquement parce qu'il se situait à l'écart et n'offrait pas de perspectives assez lucratives. Et l'Egypte n'est qu'une infime partie de la Terre. Mais ici, tout est ancien et différent. Il va falloir s'établir quelque part et commencer à tout dénaturer. On appellera le canal le canal Rockefeller, cette montagne le mont King George, la mer sera la mer Dupont de Nemours, les villes seront baptisées Roosevelt, Lincoln ou Coolidge et jamais tout cela n'aura de sens puisque tous ces lieux ont déjà leurs noms authentiques. - Ce sera votre travail, en tant qu'archéologue, de retrouver ces noms que nous garderons ensuite. - Une poignée d'hommes comme nous contre tous ces intérêts commerciaux... Spender regarda les montagnes grises. - Ils savent que nous sommes ici ce soir à cracher dans leur vin et je les imagine trop bien nous haïssant. Le capitaine secoua la tête. - Il n'y a pas de haine ici. Il écouta le vent. - A en juger d'après l'aspect de leurs cités, c'était un peuple épris de beauté et de philosophie. Ils acceptaient leur destin. Pour autant que nous sachions, leur race s'est éteinte naturellement, sans qu'une ultime guerre d'extermination ait entraîné la dévastation de leurs villes. Celles que nous avons vues jusqu'ici étaient absolument intactes. - Notre présence ne les dérange sans doute pas plus que celle d'enfants jouant sur une pelouse. - D'ailleurs, cette expérience servira peut-être à nous améliorer. - Avez-vous remarqué le calme particulier des hommes, Spender, jusqu'à ce que Biggs les force à manifester? Ils semblaient plutôt humbles et effrayés. Le spectacle que nous avons sous les yeux n'est pas si exaltant : nous sommes des gamins en culottes courtes : nous poussons de grands cris avec nos jouets nouveaux, atomes et fusées, nous sommes si contents de vivre. Mais un jour la Terre sera comme Mars aujourd'hui. Ca nous calmera. C'est une leçon de choses sur la civilisation. Mars a beaucoup à nous apprendre. Et maintenant, calmez-vous. Retournons là-bas et jouons les joyeux drilles. Cette amende de cinquante dollars tient toujours.“
Les chroniques martiennes (The Martian Chronicles), Ray Bradbury
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Shape-shifting-sss
Transformation, transmutation… Devenir autre ou devenir soi et laisser un lambeau de soi devenu autre… Plus de six ans de réflexion sur les mouvements, les cycles, les changements et les routes. Au détour de certaines recherches, la légende d’Ichchdhaaree (इच्छाधारी).
En Inde, cette légende hindoue se base sur le fait qu’un cobra, qui aurait dépassé 100 années d’existance et aurait préservé son venin en ne jamais mordant quelqu’un, pourrait choisir de s’incarner dans une autre forme de vie et aurait tendance à préférer les formes humaines. Par ailleurs, quand ils reprennent leurs formes initiales, ils possèdent une gemme appelée Naag mani, provenant du venin jamais utilisé, qui aurait plus de valeur qu’un diamant. Ainsi, dans les histoires contées, ces serpents métamorphes, sont souvent chassés et contrôlés par des been ou flûtes pour leurs précieuses gemmes, mais ces derniers réclament toujours vengeance…
Beaucoup d’histoires dans le sous-continent indien content des histoires avec des êtres qui peuvent changer de formes, des avatars de Dieux à travers lesquels ces derniers se manifestent, mais aussi des Dieux avec des représentations de leurs différentes facettes (Khaalee étant une forme de la déesse Durgaa)... Mais beaucoup aussi d’histoires où les créatures aux formes de serpent ont leur propre place. J’en ai aimé deux particulièrement :
1. उलूपी
Uloopee, la deuxième (sur quatre) femme d’Arjuna, est présente dans l'épopée du Mahaabhaarata, mais aussi dans le Vishnu Puraanaa et le Bhagavata Puraanaa. Elle était la fille de Kauravya, le roi des serpents, régnant en maître sur le royaume sous-marin du Gange, et par conséquent une princesse Naga, mais également guerrière émérite. Arjuna, dont l’épopée raconte l’histoire, est représenté alors comme le plus grand guerrier du monde, maîtrisant toutes les armes du monde et est le fils du Dieu Indra. Arjuna et Uloopee se rencontrent alors que ce dernier est en exil à Manipur (depuis Indraprastha, la capitale du royaume, car il a violé les termes de son mariage avec ses frères, les 5 Pandavas, et leur femme, Draupadi). Elle s’entiche de lui et le kidnappe pour l’amener dans son royaume alors qu’il réalise ses ablutions matinales au bord de la rivière. Sur place, il voit un feu sacrificiel et offre ses rites dans le feu, sans hésitation, ce qui satisfait Agni (Dieu du feu). Lui avouant qui elle est et quels sont ses sentiments envers lui, Uloopee convaint Arjuna de l’épouser malgré sa réticence (suite au fait qu’il doit rester célibataire durant son exil), lui expliquant que ce célibat ne vaut que pour sa femme Draupadi. Il accepte finalement de se marier, mais de vivre auprès d’elle seulement une année et après de retourner dans le royaume des humains; et ont rapidement un fils, Iravan.
Elle est également connue pour avoir jouer un rôle dans l’éducation du fils d’Arjuna avec Chitraangadaa, Babruvahana et pour sauver Arjuna de la malédiction des Vasus en le faisant revenir à la vie, avec une gemme qu’elle sort de la paume de sa main, après que Babruvahana (qui ne savait pas qu’Arjuna était son père) lui ait décoché une flèche. Plus tard, elle réunira le père et son fils.
2. कालिय
Source : bhrm555.tumblr.com
Kaaliya est un cobra (naaga) venimeux vivant dans la rivière Yamuna, qui prit refuge à Vrindavan par peur de Garuda, un Dieu aux allures d’oiseau et l’ennemi des serpents, en prenant compte d’une malédiction lancée par un yogi à Garuda lui promettant la mort s’il se rendait à Vrindavan. Un jour où Krishna jouait à la balle aux bords de la Yamuna avec des bergers, elle tomba dans la rivière et Krishna alla la récupérer. Kaaliya se montra immédiatement et cracha son venin puissant de ces 110 crochets. Il entoura Krishna mais ce dernier grandit et Kaaliya dût relâcher son étreinte. Après avoir repris sa forme initiale, Krishna sauta sur la tête de Kaaliya avec tout le poids de l’univers et dansa sur ses têtes, en battant le tempo de ses pieds. Kaaliya commença à cracher du sang, mais à moitié mourant, ses femmes se manifestèrent à Krishna en le suppliant de l’épargner. Kaaliya reconnut alors la grandeur de Krishna, se rendit et promit de ne plus embêter personne. Alors, Krishna le relâcha et le laissa partir en lui demandant de quitter la rivière et de se rendre à Ramanaka Dwipa (identifié comme les Fidji)
#ichchaadhaaree#ichchaadhaareenaag#ichchaadhaareenaagin#ulupi#uloopee#arjuna#naag#naagin#krishna#kaaliya
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Toulouse, ton rose, qui ne l’est pas vraiment, me rend toujours plus sensible à ce côté solaire du Sud, qui parfois s’oublie dans le Nord.
Toulouse, ta douceur, réelle ou figurée - non pas que tu puisses être réduite à un seul sentiment - m’a de nouveau transporté.
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Être une feeemmeeeee : la résilience?
Il convient souvent de faire mine d’avoir apprécié la/les plaisanteries machiste.s adressée.s à son encontre, sous couvert d’éviter de passer pour la nana la moins ouverte (d’esprit!) possible.
“Mercredi prochain il fera chaud, n’oublie pas de prendre cette sublime robe rouge! :) Je rigoooooooole, doucement haha”
Dans un cadre hors privé, il convient de ne rien dire et laisser passer pour éviter de se mettre à dos un collègue ou un supérieur hiérarchique et freiner une possible ascension professionnelle.
“Avoue, tu rêves de moi toutes les nuits! On ne se connait que depuis un mois et demi, tu es impressionnée par mes 10 ans d’expérience. C’est normal, je suis solaire. D’ailleurs on peut fusionner si tu veux.”
Il conviendrait presque d’acquiescer à ce genre de comportement. Or, le cadre du travail est régi par des lois morales si malléables, que tout un chacun les modèle selon sa propre perception des frontières entre l’acceptable et l’inacceptable.
“En même temps elle l’a cherché. Elle lui parle et porte des jupes tous les jours.”
A la lecture de ce blog : payetontaf.tumblr.com, les hommes doivent encore faire preuve d’un progrès immense (mais pas inaccessible) en matière d’intelligence en ce sens. Ici, les cas de figure sont transposables à la société française. J’entends bien souvent, quand j’évoque mon amour pour un pays où soit disant les droits des femmes ne sont pas respectés, des personnes se flatter d’être français ou d’avoir grandi en France, d’avoir des valeurs, et de respecter les femmes... Ce qui transparaît totalement dans la réalité, bien sûr!
A mon sens, le progrès c’est aussi dans l’ “ever-expanding”! Ce n’est pas parce qu’on n’est pas mauvais (voire franchement passables) dans un domaine, qu’on doit se contenter d’un tel titre et se reposer sur ses lauriers!
“C’est si désagréable que ça?”
Lyon — mon patron et maître d’apprentissage après m'avoir passé une énième main aux fesses, profitant comme a chaque fois d'une situation ou je ne pouvais pas me défendre (en haut d'un escabeau, plié en deux sous une armoire, en train de porter quelque chose de lourd….)
Sujets relatifs :
1/ Malgré le dicton, tout n’est pas bon dans le cochon
youtube
2/ Toujours dans le registre dicton : “l’habit ne fait pas le moine”
https://mrmondialisation.org/aucun-lien-entre-viol-et-vetements-de-la-victime/
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“Tout d’abord, la cuisson transforme, car ce qui passe par le feu ne peut plus jamais régresser à un état naturel, “cru” ou brut. C’est bien le cas des offrandes sacrificielles : sublimées par leur passage au feu, qui est la puissance du dieu Agni, elles s’élèvent vers la sphère divine à laquelle elles ont seules accès. C’est pourquoi les commentaires des rites disent que “les dieux n’aiment que le cuit”. Force de transmutation, la chaleur est donc créatrice d’un nouvel état d’être pour toute chose ou tout individu qui s’y trouvent soumis : elle leur confère une matérialité, une densité différentes, plus légères et plus sèches, plus pures aussi. Il y a une perte en substance, mais gain en qualité et durabilité.
Ensuite, la physiologie védique s’est intéressée de manière très concrète à la chaleur corporelle. Elle prétend que le désir qui entraîne l’acte sexuel produit un “échauffement” des deux sexes et le compare au feu sacrificiel obtenu par friction de deux baguettes de bois, qualifiées de “mâle” et “femelle”. Dans la continuité de cette logique, la gestation de l’embryon est assimilée à une “cuisson à feu doux” poursuivie patiemment par la nature dans le ventre maternel. La chaleur opère donc non seulement une transformation, mais une croissance : elle fait exister et se développer un être qui n’existait pas encore. Le sanskrit utilise un verbe composé, abhitap-, “être enceinte”, “couver”; c’est c’est aussi celui qu’emploie le vocabulaire cosmogonique pour dire l’acte du Créateur qui se déploie dans une durée jusqu’à enfanter l’espace-temps, condition nécessaire du monde.
L’ascèse vient se greffer sur cette chaîne symbolique. Elle est réputée élever la température interne en stimulant les énergies. Elle fait flamber le feu digestif, brûle les scories et purifie le corps du pratiquant. Elle sublime l’ardeur du désir et l’oriente vers une aspiration spirituelle. Les textes védiques témoignent de techniques de refrènement utilisées dans certains rituels, en particulier ceux qui étaient destinés à produire une “deuxième naissance” pour les brahmanes et les princes [...]
Ce que Yâjnyavalkya critique dans l’ascèse védique, c’est qu’elle prétend gagner l’immortalité par un rapport univoque au rituel. Pour lui, le tapas, l’ardeur transformatrice, est plutôt une disposition intérieure permanente qui découle de la connaissance de l’Impérissable, c’est-à-dire de la conscience que tout est brahman.”
- Les maîtres des Upanishads, La sagesse qui libère, Ysé Tardan-Masquelier (Chap II : L’idéologie sacrificielle en question)
Avoir depuis longtemps ce sentiment qu’Il anime vraiment cet endroit bien défini, vrai moteur entre mon corps et mon esprit, entre les tripes et le coeur ; que sans Lui, tout mouvement est compromis. J’ai pris conscience de son pouvoir et de sa dimension. Il se laisse parfois amadouer et de plus en plus, dans ces moments-là, nous nous retrouvons et nous nous étreignons.
Illustration : https://www.behance.net/gallery/54476529/Phenomenal-woman-GIF
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I’m invaded about news regarding Anushka Sharma’s wedding and I found this. And, I have been smiling since.
@hatecopy
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Le mieux
Du beau souvenir familial à la découverte du grand Nord, de la chaleur inattendue du golfe d’Elbe à l’émerveillement, tête en l’air et nuque raide de l’automne dans la grosse Pomme; mûrir des projets mêlés aux voyages, qui nous voient, comme les saisons, évoluer. On découvre toujours l’ailleurs et les autres pour mieux se découvrir (personnellement, sous un meilleur jour que celui de la lumière du quotidien); et le changement intérieur que cela provoque peut être aussi important finalement dans des régions à la culture et à l’histoire similaires ou communes. Dans mon cas, tout dépend d’une chose : ma tête est-elle suffisamment désencombrée de ce qui l’alourdit pour se laisser transporter? Évoquer le désencombrement me rappelle “l’art de l’essentiel” de D. Loreau. Parfois, quand le grand ménage de printemps ne peut pas se réaliser seulement par la seule volonté de le réaliser, un élément presque physique va rentrer dans la balance, un jour ou l’autre. Comme retourner dans un endroit/un pays qui réveille et remue plus que de nécessaire. Fin janvier-début février, une belle étincelle a été rallumée et a alimenté un nouveau foyer, qui a grandi, peu à peu. Et un cercle vertueux se met/s’est mis en place : profiter vraiment de ceux qui nous entourent, nous sont chers, sortir de sa coquille pour rencontrer ceux perdus de vue ou éloignés, relativiser et procéder étapes par étapes pour s’extirper d’une situation dégradée, consolider ou se découvrir de nouvelles passions... Et à l’heure du bilan, il se pourrait que tu te rendes comptes que tu aies dépassé le moins bien, qui devrait bientôt être loin, ou qui est déjà derrière la porte en quelques sortes. Sentir que la fin d’une mauvaise période arrive, sans avoir peur de rechute, c’est le renouveau. Se retrouver aussi, et se souvenir des “ses bons côtés”, et aimer plus fort les autres parce qu’on ne se fatigue plus à essayer de cohabiter avec soi, ça n’efface pas les derniers mois ou dernières années. Ça les rend essentiels.elles au tracé de son petit bonhomme de chemin. Ça permet de mieux appréhender les bifurcations ou les zones ombragées. Ça ne rend pas non plus plus heureux, car sans aucun doute, le grand bonheur va irrémédiablement de pair avec une forme d’ignorance mêlée d’insouciance, mais ça lui relaisse une place favorite en bout de table, car il nous avait manqué ce bougre-là. Ça relativise l’envie d’avoir des fast pasts pour les roller coasters sentimentaux chez les personnes volcaniques, ou sans l’amenuiser, ça fait prendre conscience que le plus grand plaisir n’est pas dans la répétition à outrance. Les deux pieds dans le présent, une oreille vers le passé et le regard vers le futur, il n’y a plus qu’à se souvenir, si l’état ne perdure, qu’il a été et qu’il peut exister!
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