Tumgik
#tagoreshouse
uljhangarbar · 6 years
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Those days, I have been snatched.
I think a lot about how well I was, every damn second in this country that I can call My heartland. I could surprise myself listening some good old Bollywood music, which took me back to some special moments of that life. I could enjoy myself catching some gracefull snapshots of my memory and relive them in mind. And, for my 30's, a special person just offered me the perfect gift. A box with A LOT of different very traditional Indian incenses. When I smell the mix of scents, I can find almost immediately the same serenity and well-being I had there...
Six and half years later... getting infused by other cultures, by the richness of human plurality is the foundation of the best training I could get in this life.
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Calcutta Sarnath Banerjee
Extrait no. 1 ““Qui postquam in solo non suo peregrinatus esset diu, reversus est dimum suae aeternitatis” - Epitaphe sur la tombe de Jobus Charnock, 1962. Un voyageur qui, après avoir séjourné longtemps en pays étranger, revint à son domicile éternel.”
Extrait no. 2 “Dans un essai célèbre sur l'art de la narration, Walter Benjamin, grand théoricien allemand et saint patron de tant d'apprentis-philosophes parle de trois catégories de conteur. La première catégorie comprend les marins et les voyageurs, surtout les explorateurs et les marchands. Par exemple... Ibn Battûta, Marco Polo, Hueng Tsang, Jules Verne. Ce sont en général hommes insatiables au couvre-chef élaboré, enclins à altérer quelque peu le récit de leurs voyages et à produire des comptes rendus ethnographiques politiquement incorrects. La deuxième catégorie est sédentaire. Ce sont souvent des fermiers ou des laboureurs, et leurs histoires ont une morale à la fin. Ils parlent de la terre où ils vivent. A la différence des précédents, dont les récits évoluent dans l'espace, les leurs évoluent dans le temps. Pour eux, un début typique d'histoire serait... "Il y a de cela un siècle, non loin d'ici..." Souvent, dans leurs narrations, le local prend la dimension du global dans la hiérarchie des évènements, ce qui confère à leurs histoires un caractère GLOCAL. Villemessant, le fondateur du Figaro, célèbre pour ses traits d'esprit, disait : "Pour mes lecteurs, l'incendie d'un grenier au Quartier Latin est plus important qu'une révolution à Madrid". La troisième catégorie parcourt de vastes distances et puis se fixe. Dans l'ancien monde, il s'agissait d'alchimistes, de maçons, de bâtisseurs, d'architectes, de medicine men et d'artisans doués : Amenhotep III, le plus grand bâtisseur d'Egypte. Il existe une quatrième catégorie, qui ne figure pas chez Benjamin. Digital Dutta appartient à ce club fermé des chroniqueurs qui voyagent rarement dans l'espace et presque jamais dans le temps. Le voyageur mental, qui n'encombrent ni les coûteux vols transcontinentaux ni les douaniers suspicieux. A ce stage, je ne sais rien encore du rôle que Digital Dutta va jouer dans la récupération de mon héritage perdu : "Tu connais Ibn Battûta? - L'éternel mécontent marocain?" Battûta quitta Tanger à l'âge où les lycéens bengalis se font préparer leur collation de midi par leur mère. De petits sandwiches triangulaires tomates-concombre, un oeuf dur et une banane. Âme insatiable, Battûta visita l'Andalousie, la Mecque, l'Afrique du Nord et l'Asie Centrale avant d'arriver à la cour du grand mais dément sultan de Delhi, Mohammad Bin Tughlaq.  Il s'éleva jusqu'à la position de Qazi et fut finalement envoyé en Chine comme Ambassadeur. Grâce à lui, nous savons des tas de choses sur cette époque. Par exemple, Mohammad Bin Tughlaq accéda au trône de façon absolument immorale- mais je digresse... Après le Maroc, Battûta arriva en Afrique du Nord et trouva que les chevaux de là-bas étaient moins vigoureu que chez lui. En arrivant à Samarkand, il estima que les cantaloups, bien que sucrés et juteux, n'avaient pas le parfum des melons marocains. Une fois en Inde, il se plaignit que les femmes, en dépit de leurs lèvres pleines, leurs hanches voluptueuses de génitrices et leur bonne volonté, ne valaient pas les Marocaines. N'oublions pas qu'à l'époque, Battûta disposait de plusieurs épouses et d'une fortune fabuleuse. Pourtant, il ne cessait de se plaindre. Un Woody Allen médieval. "Il se plaignait de tous les endroits qu'il visitait. Comme s'il ne voyageait si loin que pour justifier le fait que c'était mieux chez lui" Bizarrement, il ne rentra jamais chez lui et mourut en Chine. Le voyage physique n'ouvre pas nécessairement l'esprit. "Tu as faim?" Digital Dutta connaît la vie grâce aux ruelles du Nord de Calcutta et à Roland Barthes, qui lui a appris que rien n'est tel qu'il paraît. Il sait tout ce qu'il estime nécessaire de savoir grâce à la bibliothèque que lui ont transmise trois générations d'ancêtres. Bibliothèque qu'il alimente sans répit, au risque de la faire exploser. Digital n'a quitté Calcutta que quatre fois. Trois fois avec ses parents pour les vacances et une fois pour un entretien d'embauche à Delhi. Il a gardé ce job trois mois mais s'est lié d'amitié à vie avec Jehangir Rangoonwallah... ... Le libraire d'occasion qui voit sa librairie comme le centre de l'univers. Hormis cet épisode, Digital a réussi à vivre une existence plutôt intense sans jamais avoir à quitter son quartier : médecin : quinze minutes, banque : huit minutes, enseignement: Metropolitan High, un quart d'heure à pied, banque : onze minutes, amour : de l'autre côté de la rue, Fac, Eglise ecossaise : quatre minutes Il y aquelques années, Digital a connu la révélation. C'était un après-midi, il jouait au foot dans le parc. Suite à un incident bénin mais dramatique, Digital a compris la profonde futilité du voyage. Il lui est apparu que le corps voyage mais que l'esprit reste immobile, comme l'a confirmé le grand voyageur Ibn Battûta. Il a compris que sans quitter sa maison du Nord de Calcutta, il pouvait se faire une idée assez exacte de ce qu'était le monde. En ne voyageant pas, il se sentait d'autant plus transporté. Dans le temps et dans l'espace. Je lui racontai que j'avais parcouru de nombreux kilomètres pour trouver quelque chose qui était sûrement perdu dans le temps. Je lui dis aussi que, d'après le Professeur Butterstein d'Heidelberg, le libre était l'un des vingt plus importants au monde.”
Extrait no. 3 “Babu Ramkamal Haldar : un autre zamindar riche et illétré qui portait des lunettes et s'entourait de livres... Mais préférait goûter la vie à sa source. Selon la rumeur, il avait calculé le poids de sa femme en argent, puis dépensé la moitié de la somme pour nourrir des Brahmanes et le reste en saris Benarasi, qu'il offrait aux prostituées de Sonagacchi "La monogamien'est pas le seul visage de l'exclusivité"”
Extrait no. 4 “Bien des siècles plus tard, vers 1839, le Dr O'Shaughnessy, futur Sir William O'Shaughnessy, écrira un traité de 40 pages vantant sa valeur médicinale comme sédatif et analgésique. L'introduisant ainsi dans le monde occidental. L'illustre Sir OS allait rallier l'East India Cie en 1833 et s'installa à Calcutta comme professeur de chimie et materia medica à la faculté de médecine. Il finit par s'élever au poste de Directeur Général des Télégraphes. Un spectaculaire changement de carrière. En fin de compte, Sir OS, comme d'autres gentilhommes multicartes de son temps, non content d'introduire le cannabis Sativa dans la médecine occidentale, installerait également une ligne télégraphique de 3500 miles entre Agra et Calcutta, qui permettrait d'écraser la révolte des Cipayes en 1857.”
Extrait no. 5 “Non loin du club des Oiseaux, à l'Est de la maison de Joy Mitra, vivait une famille des plus étranges. Les excentricités notoires de ses membres frôlaient l'absurde même s'ils ont l'air normal sur cette photo. Le plus important d'entre eux, Kalishankar Ghosh, adorateur de la déesse Kali passait pour un tentrique endurci. " Pour simplifier, il y a deux voies de salut. La voie de droite requiert l'abstinence; celui qui renonce aux plaisirs de la chair, fait le bien et s'abandonne à Dieu, Dieu l'élèvera. En gros, vous êtes si bon que Dieu ne vous touchera pas"”
Extrait no. 6 “Lord Macaulay, gouverneur général du Bengale et plus éminent jardinier de l'Empire, donna une nouvelle définition du mot Babu, utilisé au départ comme suffixe et respectabilité: "Le babu est un indigène qui est indien de chair et de sang, et anglais par le goût et l'opinion" Comme pour justifier ses dires, quelques mois avant que l'alcool ne l'emporte, le grand poète bengali Michael Madhusudan Dutt fit remarquer / "Je sais parler l'anglais, penser en anglais et je serai suprêmement heureux quand je rêverai en anglais" Selon Georges Mackay, auteur de l'épique 21 jours en Inde,"par Métempsycose et sous des circonstances particulièrement défavorables, un hippopotame vertueux pourrait se réincarner en étudiant de l'Université de Calcutta. Ajoutez-y des souliers vernis et l'anglais, vous obtenez un babu" Quand on l'appela Babu à une garden-party, Rabindranath Tagore répondit à son hôte anglais : "l'assurance de vos manières suggère un long séjour dans ce pays, et cependant, monsieur, vous ignorez encore que seuls nos serviteurs nous appelle Babu. Un autre romancier célèbre, Bankim Chatterjee, écrivit dans un essai : " Babu a plusieurs sens : pour le pauvre un babu est une personne plus riche, pour le serviteur un babu signifie le maître, et pour les chefs anglais le mot babu signifie employé"”
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