#xdinary heroes jooseok
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between two floors ll jooseok
pairing - jooyeon x jiseok
tw - humour, présence de smooch facial de type baiser, présence de références de pop culture
✧ (mention de crise d'angoisse, j'espère avoir été au plus proche de la réalité mais n'hésitez pas à me faire savoir si ça vous paraît incomplet ou incohérent)
— Dis-moi que l’ascenseur ne vient pas de se bloquer entre deux étages.
Le silence qui s’était installé dans la cabine depuis qu’elle s’était immobilisée continue de s’étirer et la grimace sur le visage du garçon devant lui n’augure absolument rien de bon.
— Je crois que l’ascenseur vient de se bloquer entre deux étages, finit-il par déclarer, l’air déconfit et Jiseok ferme les yeux un instant, réprimant à peine un râle de dépit.
— Putain.
Il savait qu’il aurait dû prendre les escaliers, quitte à se briser la colonne en deux. Mais le mal du siècle autrement nommé flemmingite et le poids plus que conséquent de son colis l’avaient poussé à prendre la pire décision de son existence : utiliser l’appareil qu’il considérait comme une création de Satan lui-même.
Dire qu’il détestait les ascenseurs était un euphémisme. Son aversion s’étendait à tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à un endroit confiné, avec très peu (voire pas) de portes de sortie et l’idée même d’être bloqué dans une cabine hermétique pendant de trop longues secondes était ce qui se rapprochait le plus possible de la torture psychologique.
Il était resté un bon moment à lorgner les portes avec méfiance, une balle de golf logée dans le creux de la gorge. Il avait pesé le pour et le contre suffisamment longtemps pour saluer au moins deux salves de voisins lors de leur sortie de l’ascenseur. Voisins qui lui avaient jeté des regards circonspects avant de s’éloigner en chuchotant et devaient désormais le prendre pour un dégénéré.
Si ce n’était pas déjà le cas, compte tenu de ses cheveux couleur Malabar ou de la ribambelle de chaînes et de clous qui parsemaient ses habits.
Il avait été tenté d’appeler Jungsu pour lui demander un coup de main avant de se raviser, gêné à l’idée de le faire traverser la ville simplement pour l’aider à grimper trois étages avec un carton excessivement lourd. Mais la simple pensée d’être enfermé dans la cabine lui avait donné des sueurs froides alors il lui avait fallu de nombreuses minutes et tout autant de respirations pour prendre son courage à deux mains.
Ce n’était qu’un court moment à passer. Il en était capable.
Enfin, c’était ce dont il avait essayé de se convaincre pour ne pas rester planté au rez-de-chaussée jusqu’à ce que mort s’en suive.
Même s’il n’arrivait pas à contrôler la crainte qui le saisissait à la gorge dès qu’il se retrouvait confronté à ce genre de situation, il savait pertinemment qu’il ne pourrait pas l’éviter toute sa vie. Et il n’y avait, de toute façon, personne pour l’aider à monter son colis jusqu’à son appartement.
Fébrile, il s’était avancé jusqu’à la cabine désormais vide de tout occupant et il avait senti la boule grossir un peu plus dans sa gorge lorsqu’il avait vu les portes se refermer. Une infime partie de lui avait espéré de la compagnie lors de cette traversée de l’enfer, mais il allait devoir affronter ce moment en solitaire et il avait dégluti, les doigts crispés contre le rebord du carton. Peut-être que c’était mieux ainsi. Personne ne serait témoin de la paralysie qui allait le clouer au plancher de cabine pendant l’ascension et de ses inspirations bruyantes par le nez pour éviter de suffoquer à cause de la panique.
Pourtant, une main s’était glissée dans le mince espace entre les portes au dernier moment, le faisant tressaillir. Un garçon qui devait sûrement avoir son âge était apparu dans l’ascenseur, essoufflé mais vibrant d’une bonne humeur communicative. Il l’avait salué dans une expiration, l’unique mèche blonde au milieu de ses cheveux noirs valdiguant sur son front dans le mouvement.
Jiseok avait peut-être songé à se rendre à l’église pour y allumer une bougie, en guise de remerciements à la divinité supérieure qui avait entendu ses prières silencieuses.
Une présence à ses côtés, même celle d’un illustre inconnu (aussi charmant semble-t-il être, derrière l’étui à guitare qui le cachait à sa vue) était un réconfort tout ce qu’il y avait de plus appréciable.
Finalement, peu importe l’humiliation cuisante. Au moins, il n’allait pas mourir seul.
Les premières secondes s’étaient déroulées de manière tout à fait normale et il avait senti le poids sur son cœur s’alléger un tant soit peu. Tu peux le faire. Tu peux le faire. Tu peux le faire. Il s’était répété cette phrase comme un mantra, prenant de profondes respirations pour se forcer à rester aussi détendu que possible. La sensation d’élévation n’était pas déplaisante mais il avait essayé de ne pas trop fixer les parois de la cabine, concentrant son regard sur l’arrière de la tête du garçon devant lui, son énorme carton gisant entre eux sur le plancher.
— Tes cheveux déchirent, au fait.
La voix du brun s’était élevée entre eux et Jiseok avait souri, ses doigts glissant à la base de sa nuque pour enrouler une courte mèche rose bonbon autour de son index. Sa mère avait failli faire un arrêt cardiaque en le voyant, le premier jour. Avant de lui tourner autour comme un prédateur, le jaugeant comme un jury d’un défilé de mode et de finalement déclarer que c’était parfait assorti au reste de son look. Mais qu’il ressemblait tout de même à un Malabar. Il l’avait pris comme un compliment, venant d’elle et lui avait promis de la prévenir à l’avenir, s’il décidait d’opter pour quelque chose d’encore plus tapageur.
— La mèche à la Malicia est également un très bon choix, lui avait-il répondu, amusé, en espérant qu’il aurait la référence.
— Wolverine reste quand même mon personnage préféré.
Il avait reconnu la référence à X-Men. Pourquoi Jiseok n’avait-il jamais vu ce garçon avant aujourd’hui ?
— La question ne se pose même pas, avait-il soufflé, les lèvres étirées par un large sourire.
Il allait lui demander s’il habitait dans l’immeuble (et si oui, depuis quand) quand une vive secousse avait ébranlé la cabine, soulevant son cœur dans sa poitrine. Celle-ci avait aussitôt stoppé son ascension et le compteur s’était figé sur le deuxième étage, la flèche lumineuse indiquant la montée s’éteignant d’un seul coup.
Le pire cauchemar de Jiseok avait pris vie en un instant et son corps s’était plaqué contre la paroi à laquelle il s’était appuyé, ses yeux rivés sur le panneau de commande de l’ascenseur.
— Seungmin-hyung va me tuer…soupire le garçon en secouant la tête. Je vais appuyer sur le bouton d’alarme. Et on aura plus qu’à espérer qu’il redémarre au plus vite.
Ses paroles étaient comme un bourdonnement étouffé, pratiquement indistinctes. Jiseok ne l’écoutait plus vraiment, envahi par une soudaine chaleur qui lui donnait l’impression d’avoir été lâché au beau milieu d’un feu de forêt. Ses doigts s’agrippent au col de son pull, tirant dessus pour dégager son cou. Son cœur palpitait avec férocité dans sa cage thoracique, pareil à un oiseau affolé et il se sentait étourdi, sa gorge un peu plus obstruée à chaque seconde.
— Euh…Est-ce que ça va ? T’es tout pâle, l’interroge-t-il, l’air inquiet.
Non, ça n’allait pas. Il était juste un petit peu en train de rendre l’âme.
Les parois de l’ascenseur semblaient se rétrécir peu à peu autour de lui et sa respiration s’étrangle dans sa gorge à cette vision. Son dos cherchait à s’enfoncer davantage dans le métal glacé, comme s’il pouvait s’y fondre et son corps tout entier tremblait, ses jambes réussissant à peine à supporter son propre poids. Puis elles atteignent à leur tour leur limite et il se laisse glisser au sol, repliant ses jambes contre son buste. Sa vision s’était troublée et il ferme les yeux un instant pour essayer de garder un point de contact avec la réalité.
— …coincés entre le deuxième et le troisième étage. Je crois que le garçon qui est avec moi fait une crise de claustrophobie. Faites-vite, s’il vous plaît !
La voix du brun lui semble si lointaine et ses ongles s’enfoncent dans le tissu épais de son jean à cette simple pensée. Un mouvement sur le côté lui arrache un glapissement et il plonge la tête entre ses genoux, le souffle court.
— …ce que je peux faire ? Hey !? Tu m’entends ?
Il serre les dents, fermant les poings pour endiguer les spasmes qui parcouraient ses mains et se force à relever le nez pour le regarder. Des larmes avaient pointé au coin de ses yeux et des soubresauts secouaient sa poitrine à chaque inspiration. Il ne pensait même plus à la vision pitoyable qu’il devait représenter en cet instant, accaparé par la sensation de suffocation qui comprimait sa poitrine et la terreur qui se répandait à l’intérieur de lui, pareille à du mercure en fusion.
Il faisait beaucoup trop chaud. Ou froid. Il n’arrivait plus à faire la différence.
— Hey, reste avec moi. Ok ? lui murmure le brun, les yeux écarquillés.
Sa main se pose sur l’épaule de Jiseok pour le secouer et celui-ci s’accroche à cette pression comme Thésée l’avait fait avec le fil offert par Ariane. Il se concentre dessus pour ne pas perdre complètement pied, pour ne pas se laisser dériver dans ce mauvais rêve aux origines purement irrationnelles. Rien n’était réel, il aurait dû en avoir conscience.
Pourtant, il se laissait submerger un peu plus par les parois de la cabine, par le manque d’oxygène qu’il croyait ressentir à chaque halètement, par les scénarios délirants qui se frayaient un passage devant sa rétine.
Est-ce que c’était ici et maintenant qu’il allait rendre son dernier souffle ?
— Dis-moi ce que je peux faire !
Au prix d’un effort surhumain, il arrive enfin à focaliser son regard sur le visage du jeune homme qui lui faisait face. Est-ce que c’était de l’affolement qu’il distinguait dans ses yeux ? Celui-ci s’était teinté d’une lueur trouble et sa bouche en forme de cœur s’était plissée vers le bas, lui donnant un air que Jiseok sûrement trouvé adorable dans d’autres circonstances.
Là, il essayait juste de comprendre ses paroles, les mots se faisant difficilement un chemin jusqu’à ses neurones.
— Quoi ? croasse-t-il, avant de fermer subitement les yeux en voyant les parois de l’ascenseur se rapprocher davantage.
Il avait l’impression de les entendre racler le sol et le bruit métallique faisait déferler des vagues de frissons à travers son corps.
— Dis-moi ce que je peux faire pour toi, lui souffle à nouveau le brun et Jiseok prend une inspiration tremblante devant la volonté contenue dans ses propos. N’importe quoi.
Il y avait quelque chose dans sa voix, comme une fêlure qui n’avait rien à voir avec la brève chaleur qu’il avait pu ressentir lorsque le garçon l’avait salué. Une sorte d’impatience qu’il avait du mal à contenir, proche du désespoir.
— Je ne sais pas quoi faire, je panique de te voir paniquer et je vais devenir barjo si je continue de te regarder partir en vrille sans pouvoir me rendre utile. Alors dis-moi comment t’aider.
Sa main se trouvait toujours sur son épaule et l’autre venait de s’avancer avec lenteur pour recouvrir celles de Jiseok, toujours entrelacées au niveau de ses chevilles. Des mèches de ses cheveux sombres effleurent ses joues lorsqu’il penche la tête pour le regarder, une expression peinée creusant des sillons sur son visage.
Il se force à réfléchir, à sillonner les méandres de sa mémoire pour lui donner une réponse. Bravant l’épais brouillard qui avait envahi sa boîte crânienne, il cherche dans ses souvenirs.
Il doit bien y avoir quelque chose.
“Il faut distraire tes pensées de la situation qui génère la crise et les localiser sur autre chose.”
— Occupe-moi.
Sa gorge nouée avait rendu sa voix rauque et son regard croise celui du brun, interdit.
— Hein ?
Jiseok déglutit, fermant les yeux avant de resserrer ses bras autour de ses jambes.
— Je n’arrive pas à penser à autre chose qu’à ces putain de parois qui se rapprochent et la probabilité que la cabine se détache et que je ne veux pas mourir aussi jeune et tu dois vraiment me distraire pour que j’arrête de psychoter sinon je pense que je vais vraiment rendre l’âme et-
Ses paroles sont étouffées par la bouche chaude qui se pose d’un seul coup sur la sienne, lui arrachant un couinement. Des mains glissent contre sa mâchoire pour prendre son visage en coupe et son cerveau se vide instantanément.
Un choix insolite mais tout ce qu’il y a de plus efficace.
Ses paupières - qui s’étaient ouvertes à cause de la surprise - se referment à la pression suivante contre ses lèvres. Jiseok se concentre sur leur texture charnue, sur la manière timide qu’elles avaient de glisser contre les siennes, sur les doigts brûlants posés contre sa peau et qui semblent diffuser une chaleur pareille à un feu de cheminée après une longue journée d’hiver.
La position n’avait rien de confortable, avec Jiseok toujours roulé en boule contre le mur et le brun qui devait se contorsionner pour l’embrasser sans lui dévisser la nuque mais c’était un détail comparé au crépitement qui montait petit à petit dans sa poitrine.
C’était maladroit, inexpérimenté des deux côtés mais ça avait le mérite d’avoir arraché Jiseok au cauchemar dans lequel il était plongé. C’était d’une douceur presque douloureuse, d’une gaucherie proche de la perfection et son corps se détend de lui-même au fur et à mesure des baisers déposés avec une hésitation touchante contre sa bouche.
Son cœur papillonne et son souffle vient à lui manquer, le forçant à reculer. Mais le brun ne lui laisse que le temps d’une inspiration tremblante avant de le ramener vers lui, picorant ses lèvres de nouvelles attentions. Ses yeux bruns l’observaient, attentifs et avides. Comme s’ils cherchaient à percevoir quelque chose en lui, leur immensité troublant Jiseok plus qu’il ne l’aurait jamais imaginé.
Est-ce qu’il était vraiment en train d’embrasser un inconnu dans un ascenseur ? Apparemment. Est-ce que ça se serait produit, dans un autre contexte ? Probablement pas. C’était uniquement dans le but de l’aider à gérer sa crise.
— Ne te déconcentre pas, lui susurre le brun, sa bouche effleurant imperceptiblement la sienne.
Jiseok ferme à nouveau les paupières, intimidé par le regard posé sur lui et le temps semble se tordre dans tous les sens. Il n’arrivait plus à distinguer s’il passait trop vite ou s’il s’étirait en longueur, son monde ne se résumant plus qu’à la sensation brûlante logée dans son ventre. Les pouces du garçon imprimaient un rythme lent sur ses joues, teinté d’une tendresse insoupçonnée et il laisse échapper un soupir. Ses membres se délient et ses doigts crispés se raccrochent à la veste en jean du garçon, trouvant un certain réconfort dans le tissu rêche.
Il ne sait pas combien de minutes s’écoulent, après ça. Il ne s’en souciait pas vraiment, à vrai dire. Tout ce qui comptait, c’était cette présence rassurante et cette chaleur qui rampait sur ses bras, s’étirant jusqu’à l’arrière de sa nuque. La sensation d’ivresse qu’il ressentait devant l’incongruité de la situation et la langueur de leurs mouvements, devenus presque paresseux.
Comme si tout était parfaitement normal.
Un gros déclic se fait entendre, les interrompant et Jiseok a l’impression de se réveiller en sursaut, d’émerger d’un rêve dont il n’avait pas pu découvrir la fin. Il secoue légèrement la tête, la gorge nouée et le regard fuyant. Ils reculent tous les deux, sans un mot et Jiseok ne s’est jamais senti aussi gêné de toute sa vie. Après avoir vérifié qu’il était capable de tenir sur ses deux jambes, il se redresse, suivi de près par le brun.
“Est-ce que vous allez bien ? L’ascenseur va repartir. Nous sommes vraiment désolés pour le désagrément.”
Une voix s’échappe du petit combiné logé dans le panneau de commande de la cabine et ils tournent la tête dans sa direction. L’appareil se remet en mouvement au même instant avant de se stabiliser une poignée de secondes plus tard, le petit ding qui annonçait l’ouverture des portes se faisant entendre au-dessus de leurs têtes.
Jiseok allait être libéré de cet enfer.
Ils sortent de la cabine aussitôt, le jeune homme l’aidant à pousser son carton dans le couloir et il prend une grande inspiration, tâtant la dureté du sol sous ses pieds comme pour se rassurer quant au fait que c’était enfin terminé.
— Je ne suis pas mort, murmure-t-il pour lui-même, une main posée sur le cœur.
— Tu te sens vraiment mieux ? l’interroge le brun à ses côtés, après un moment de silence.
Il n’était pas en meilleur état, avec ses yeux luisants et ses lèvres encore gonflées. Mais il n’avait pas l’air particulièrement mal à l’aise, malgré la teinte rose qui s’étalait sur ses pommettes ciselées.
Néanmoins, il mettait le doigt sur un point essentiel.
Le geste avait fait refluer la panique dans un coin de sa tête. Ce n’était pas très conventionnel, il devait l’avouer mais ça avait fonctionné et la crise lui semblait déjà comme un mauvais rêve qui s’effaçait petit à petit après s’être levé.
— Ouais. Bizarrement, ça va mieux, lui confie finalement Jiseok, dans un souffle.
Le brun pouffe, son étui à guitare à nouveau juché sur son dos.
— Tant mieux. C’était l’idée, après tout.
— De toutes les possibilités pour me distraire, la seule chose à laquelle tu as pensé c’était de m’embrasser ?
— Je…Tu…J’ai paniqué, d’accord ? bafouille le jeune homme, ses paumes levées vers lui en signe de reddition. C’est la première chose qui m’est venue à l’esprit.
Jiseok rosit à son tour mais ses lèvres esquissent un sourire amusé.
— J’ai cru remarquer.
Le guitariste rougit davantage avant de s’approcher, l’air soudainement inquiet.
— Je suis désolé si je-
— Merci, l’interrompt-il pour le rassurer, penchant légèrement la tête pour accompagner ses paroles.
Il le pensait. Et ce n’était pas à la hauteur de la reconnaissance qu’il ressentait à son égard. Peu importe le moyen employé, il avait été là et c’était plus significatif que toute autre chose. Il l’avait aidé à traverser ce moment et l’avait accompagné sans le moindre jugement.
De plus, il était loin d’avoir trouvé ce moment désagréable.
— Merci. Tu m’as évité de finir en position foetale à attendre que la mort ne vienne me chercher. Et ton choix d’occupation, bien que discutable, était…intéressant ? poursuit-il, en lui jetant un coup d’oeil.
Il ne perdait rien à tenter le coup, non ?
Le visage du brun se détend de manière significative et il relâche les épaules, ses bras retombant le long de son corps. Jiseok se rapproche de son carton, ses dents mordillant sa lèvre inférieure.
— Tu habites ici ? demande-t-il, l’air de rien.
Il se renseignait simplement à propos de son sauveur, rien d’autre.
— Juste là, lui répond le garçon, en pointant la porte située au fond de l’étage. J’ai emménagé la semaine dernière.
— Oh.
Oh.
Il habitait au même étage que lui. Très bien. Il ne savait pas trop quoi faire de cette information, mais elle n’était pas dénuée d’intérêt.
— Mon appartement est là, explique-t-il en désignant sa porte ornée d’une petite plaque noire en forme de guitare.
Oui, il faisait aussi de la musique mais il n’avait pas vraiment eu l'occasion de le préciser, jusqu’ici. Et l’idée d’approfondir le sujet était plutôt tentante.
— Ah oui ?
— Ouais, souffle Jiseok, en faisant jouer le bout de sa chaussure sur le sol.
Ils se regardent sans un mot et Jiseok déglutit avant de s’emparer du haut de son colis, glissant ses mains sous les attaches en plastique pour sécuriser le carton contre lui.
— Je dois installer ça. Vu ce qu’il m’a coûté et je dis ça dans tous les sens du terme, autant qu’il se rende utile, plaisante-il pour dissimuler sa gêne.
— Bon courage. Moi je vais certainement subir les foudres de mon hyung à cause de mon retard, mais je lui dirais que c’était pour la bonne cause, lui répond le brun en mimant un salut militaire.
Un sourire fleurit sur les lèvres de Jiseok et il retrouve le même sur celui de son vis-à-vis. Il le salue timidement et il entend ses pas s’éloigner avant de chercher ses clés pour ouvrir la porte de son appartement.
— Attends !
La voix désormais familière de son voisin de palier lui parvient au moment où il est en train de refermer la porte et il s’arrête aussitôt, pointant la tête dans le couloir. La silhouette dégingandée de celui-ci s’approche dans sa direction et il tend la main devant lui, paume tournée vers le haut.
— Ta main.
— Ma main ?
Le guitariste tape du pied, ses cheveux voltigeant à cause du mouvement avant de presser sa main vers lui.
— Donne-moi ta main.
Jiseok s’exécute malgré la surprise et le brun l’attrape entre ses doigts pour la retourner. C’est là qu’il remarque le marqueur noir qu’il tient dans l’autre et la sensation de la mine se mouvant sur sa peau lui procure de petites chatouilles qui le font glousser malgré-lui. Une fois l’autre satisfait, sa main lui est rendue et il la lève au niveau de ses yeux pour observer ce qui y est inscrit.
Un numéro de téléphone. Et un…surnom ?
— Joo ? s’enquiert-il, les sourcils froncés.
— Jooyeon. Mais tu peux m’appeler Joo, si tu veux.
Jooyeon. Joli. Le prénom roulait agréablement bien sur sa langue.
— Jiseok, se présente-t-il à son tour.
Il jette un nouveau coup d'œil aux chiffres qui se succédaient sur le dos de sa main avant de la désigner à Jooyeon d’un geste du menton.
— Je…J’ai pensé…Si jamais tu as besoin de quelqu’un pour t’aider à porter un colis, balbutie celui-ci en haussant les épaules. Ou si tu te sens l’envie d’un marathon X-Men, à l’occasion.
Un feu de joie se met à crépiter dans la poitrine de Jiseok à ces paroles.
— Je prends note, souffle-t-il, son pouce longeant la ligne de numéros tatoués momentanément sur sa peau.
— Voilà…Euh…C’était tout, poursuit Joo en se frottant l’arrière de la tête. Je vais aller récupérer les partitions que j’ai oublié et me dépêcher avant de rater complètement la répétition.
— Je sais où tu habites de toute façon, lui répond Jiseok avec humour, avant de l’inciter à fuir avant de subir davantage les foudres de son hyung.
Il l’observe cavaler jusqu’à l’ascenseur, un frisson remontant le long de sa colonne vertébrale en le voyant s’engouffrer dans la cabine. Mais les portes s’ouvrent de nouveau et le buste de Jooyeon émerge dans l’embrasure, son bras faisant de grands gestes vers lui.
— Je n’ai pas de répet le jeudi soir, si jamais ! beugle-t-il avant de disparaître à l’intérieur, tirant un éclat de rire à Jiseok.
Il finit par refermer la porte de chez lui avant de s’adosser à celle-ci, les lèvres étirées par un sourire des plus stupides.
D’aussi loin qu’il s’en souvienne, il ne lui était jamais rien arrivé de similaire. Et il n’avait jamais rencontré quelqu’un comme Jooyeon. Pourtant, c’était comme si les choses avaient été écrites, comme s’il avait été destiné à le croiser sur sa route. L’image du brun lui souriant à pleines dents en lui donnant pratiquement rendez-vous persistait sur sa rétine, lui volant quelques battements de cœur.
Est-ce que c’était de l’espoir qu’il sentait naître au fond de lui ?
En tout cas, si ça ressemblait à ça, c’était une sensation drôlement agréable.
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iiiii just fell to my knees screaming crying shitting scratching the fucking floor
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i miss them
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the twilight zone ll jooseok
pairing - vampire!jiseok x loup-garou!jooyeon
tw - surnaturel, sarcasme, traitement de plaie par balle à la bonne franquette, mention de morsure, légèrement suggestif
Un abri.
La forêt s’était mise à danser autour de Jiseok, les arbres poursuivant leur farandole infernale.
Les branches craquaient sous ses pas précipités et il étouffe un grognement quand son épaule cogne le tronc d’un arbre, comme si celui-ci s’était volontairement placé sur son chemin pour l’empêcher d’aller plus loin.
Un abri.
C’était l’unique pensée qui l’animait. Il fallait qu’il trouve un endroit où se cacher, où se faire oublier le temps que son corps traite la blessure qui pulsait douloureusement dans son flanc droit.
Il avait été négligeant. Il s’était cru suffisamment fort pour se mesurer à des adversaires en surnombre et il en payait le prix. S’il s’était nourri un peu plus tôt, il aurait certainement pu les vaincre, mais ils l’avaient pris au dépourvu avant qu’il puisse se sustenter et une seconde d’inattention leur avait permis de l’atteindre.
La brûlure était insoutenable et même s’il n’en était pas à son premier coup d’essai, elle lui faisait mal à crever. Jiseok sentait l’argent qui recouvrait la balle, toujours logée dans sa chair, se répandre un peu plus loin dans son organisme.
Chaque pas était une souffrance et il sentait une langueur prendre petit à petit possession de ses membres, le sang dans ses veines parcouru par un froid glacial.
Il détestait les blessures à l’argent. Elles étaient lentes et elles lui donnaient le sentiment de mourir à nouveau, mais la douleur était interminable et ses effets le rendaient pathétique. L’eau bénite avait l’avantage d’être rapide et efficace, comme une brûlure à vif dont la sensation s’atténuait avec l’expérience. Même si elle laissait des traces, qui elles ne disparaissaient pas avec le temps.
Un abri.
Il cligne des yeux pour tenter de chasser le voile qui s’était posé devant eux. Ses sens étaient affaiblis par le poison qui continuait de progresser à l’intérieur de lui et ses gestes lui semblaient lents, maladroits. Sa peau frémit au passage d’un courant d’air. Il se sentait tour à tour glacé jusqu’à l’os ou en proie à un incendie dévastateur. Ou peut-être les deux en même temps. Il n’arrivait plus à faire la différence. Il grogne à nouveau devant son état pitoyable avant de trébucher contre une racine, chutant au sol avec un gémissement. Mais un aboiement résonne au loin et le pousse à se relever. Ses mâchoires se contractent et il titube quand un vertige le saisit, prenant appui contre un arbre pour se stabiliser.
Les chasseurs se trouvaient à quelques centaines de mètres derrière lui et ils n’avaient pas l’air de vouloir lui lâcher les basques.
Il fallait vraiment qu’il trouve un endroit où se planquer. Ils allaient finir par le rattraper et ils n’auraient plus qu’à venir joyeusement le cueillir sans la moindre résistance de sa part, vu la faiblesse qui le gagnait un peu plus à chaque seconde.
Il plisse les paupières, sa vision nocturne effleurant des contours étranges au loin. Un bâtiment se dressait à l’horizon, insolite au milieu de cette forêt dense et à la réputation sinistre. Néanmoins, il pivote et ses pas se dirigent dans sa direction.
Il espérait simplement qu’il soit abandonné, qu’il puisse y souffrir en toute tranquillité.
Il entend la déflagration d’un tir résonner dans son dos et le projectile se contente de raser son épaule grâce au peu de réflexes qu’il lui restait avant d’aller s’écraser dans le tronc d’un arbre devant lui. La sensation de l’argent glissant contre sa peau, même l’espace d’une seconde, lui tire un sifflement de douleur. Des frissons courent le long de ses bras avant de se propager au reste de son corps et il déglutit. Il ne lui restait que quelques mètres à parcourir avant d’arriver à destination. Il était capable d’y arriver.
Il avait survécu à pire, après tout.
Il se traîne tant bien que mal jusqu’à la bâtisse et sa bouche frémit en apercevant la croix sculptée à même la pierre au-dessus de l’entrée. Une chapelle. S’il en avait eu la force, il aurait peut-être ri. Mais il essayait de ne pas s’évanouir et ça lui demandait déjà un effort considérable.
En tout cas, c’était l’endroit certainement le plus sûr pour lui et c’était peut-être le plus risible dans toute cette situation. Ils n’allaient jamais penser à le chercher dans un endroit saint, parce que ces foutus chasseurs étaient persuadés que les vampires n’étaient pas capables d’y entrer. Ce qui était le cas, habituellement. Lorsqu’ils étaient habités et régulièrement consacrés, impossible d’y mettre un pied. Mais dans le cas d’un bâtiment abandonné, la barrière de protection n’agissait plus. Ou pratiquement pas. Et il allait très vite le découvrir.
La chapelle semblait avoir été posée là, au milieu de rien. Ses pierres d’un gris terne étaient recouvertes de mousse par endroits et du lierre s’était frayé un chemin jusqu’à la tour centrale. Une grimace traverse son visage en apercevant les espaces vides où auraient dû se trouver des vitraux, laissant passer les faibles rayons de la lune. Il n’avait plus qu’à espérer guérir avant le début du jour, sinon ce n’était pas la brûlure de l’argent qui allait avoir raison de lui, mais celle du soleil lorsqu’il allait s’élever dans le ciel.
Jiseok pose sa main sur la façade pour en tester la résonance. Immobile sur le parvis de l’entrée principale, il attend une réponse. Aucune vibration ne vient cependant chatouiller la paume de sa main et s’il respirait encore, il aurait exhalé un soupir. Alors il s’engouffre à l’intérieur sans perdre une seconde, le bruit de ses poursuivants étouffé par les murs épais de l’édifice.
À l’intérieur, ne subsistait qu’une poignée de bancs rongés par les mites, certains renversés sur le sol. Des débris de verre jonchaient la nef centrale, l’autel avait été réduit en miettes et le tabernacle semblait être le seul élément à avoir été épargné par le passage du temps et des visiteurs intempestifs. La végétation s’était engouffrée à l’intérieur, gagnant du terrain et il régnait une atmosphère étrange.
Lugubre, mais étonnement paisible.
Il se fige néanmoins, les doigts crispés sur sa blessure. Un parfum flottait dans l’air et il renifle, cherchant à déterminer son origine.
Quelque chose le percute sur le côté au même moment, l’arrachant à son observation silencieuse et il s’écrase violemment sur le sol. Des bris de verre coloré s’enfoncent dans son dos et lui arrachent un geignement de douleur. Le monde autour de lui se remet à tourner et la pulsation dans son flanc gauche, à redoubler de vitesse. Un vertige le saisit et il ferme les yeux pendant une seconde. Lorsqu’il ouvre les paupières, il faut quelques instants à Jiseok pour réussir à ajuster sa vision, la morsure glaciale du poison continuant son chemin dans son organisme. Il était épinglé au sol par un loup-garou. Loup-garou qui le surplombait, les doigts fermement enroulés autour de ses poignets et les lèvres retroussées sur ses crocs. Ses cheveux formaient une corolle autour de son visage taillé à la serpe, scintillant comme des fils d’or à la lueur de la lune. Ses yeux menaçants étaient teintés d’une nuance similaire, pareils à deux lacs couleur whisky.
Mais ce qui l’avait trahi avant toute autre chose, c’était son odeur.
— Je me disais bien que ça sentait le chien mouillé, laisse-t-il échapper d’une voix rauque.
Un grognement lui répond et la pression sur ses poignets se raffermit davantage.
— Je ne sens pas le chien mouillé, lui répond son interlocuteur, irrité.
Pour être honnête, ce n’était pas le cas. Enfin, pas vraiment. Il y avait bien une note animale dans le parfum qu’il exhalait, mais elle était faible comparé à celles du feu de bois et de l’humus.
Toutefois, Jiseok n’allait pas lui faire ce plaisir.
Serrant les mâchoires, il fait fi de l’incendie qui se propageait à tout son être pour replier une jambe, son genou s’enfonçant dans l’estomac de son vis-à-vis. À ce geste, la douleur ravage son torse et le sang bat si fort dans ses temps que son cerveau lui donne l’impression de pouvoir exploser à n’importe quel instant. Mais le loup-garou relâche son emprise par réflexe, lui permettant de le repousser en arrière d’un coup de pied porté en plein centre de sa poitrine.
Il se redresse légèrement, reculant sur le sol à l’aide de ses bras pour mettre de la distance entre eux avant de s’effondrer contre le mur, un gargouillis s’échappant de la d’entre ses lèvres.
Il avait si froid. Le brasier qui le consumait plus tôt s’était transformé, laissant place à une coulée de givre dans le creux de ses veines. Des souvenirs de sa vie d’humain lui parvenaient par flashs, lui rappelant qu’il avait éprouvé le froid et l’humidité, qu’il avait senti l’hiver mordre sa peau et se faire une place dans sa cage thoracique, l’empêchant d’inspirer à pleins poumons.
Cela faisait longtemps qu’il ne ressentait plus, que son corps avait cessé de discerner le picotement d’une flamme sur le bout de ses doigts. Après tout, il n’était qu’un corps qui avait cessé de vivre depuis un certain temps. Il n’était animé que par la magie et le sang, si on y réfléchissait bien. Il ne vieillissait pas, ne respirait plus et ses sensations se limitaient à très peu de choses. Le plaisir et la douleur, deux entités à l’opposé l’une de l’autre. Il n’y avait que dans ces instants précis qu’il sentait sa carcasse se remplir d’émotions qu’il croyait oubliées, qu’il voyait s’effacer toujours un peu plus avec les années.
— Tu es blessé.
Jiseok lève les yeux en direction du loup-garou. Ses contours étaient flous, mais ses iris mordorés l’observaient sans relâche. Ils luisaient comme deux phares au beau milieu de la nuit. Le rire de Jiseok, à peine expiré, se mue aussitôt en toussotement puis en gémissement à cause de la pression exercée sur sa blessure.
— Moi ? Nan. Je fais juste semblant d’avoir l’air au seuil de la mort, répond-il faiblement, malgré tout le sarcasme qui suintait de ses paroles.
Il n’obtient qu’un soupir exaspéré pour toute réponse et le blond passe une main dans ses cheveux pour les repousser en arrière.
— Tu es bien arrogant pour quelqu’un qui se trouve au seuil de la mort, marmonne-t-il dans sa barbe, avant de relever subitement la tête dans sa direction. Attends un peu…T’es un vampire ! Ce qui veut dire que tu es déjà mort !
— Tu devrais le hurler encore plus fort, je suis sûr que les chasseurs qui veulent ta peau autant que la mienne n’ont pas bien entendu, siffle Jiseok avant de soulever le bord de son pull pour dévoiler sa blessure. Je suis peut-être mort, mais pas invincible à mon plus grand regret. Comme tu peux le constater, je ne suis pas en état de continuer à gambader joyeusement dans les bois alors je vais rester ici jusqu’à ce qu’ils débarrassent le plancher.
Chaque parole était une torture. Sa bouche lui semblait pâteuse et il déglutit. Il sentait son corps s’engourdir un peu plus plus à chaque seconde.
— Toi, tu fais ce que tu veux. Ça m’est égal.
Il pouvait rester, partir, faire de la méditation, ça ne le concernait pas. De son côté, Jiseok n’avait qu’un seul objectif : se dépêcher d’enlever cette fichue balle de son abdomen s’il voulait guérir au plus vite et quitter les lieux. Même si la chapelle avait accepté sa présence, elle lui rappelait qu’il avait été transformé en être de la nuit, que son âme avait été souillée contre son gré et qu’il n’était plus le bienvenu en ces lieux. Il sentait une pression poindre à l’arrière de son crâne, là où la souffrance n’avait pas encore élu domicile. Comme une présence qui le poussait à évacuer les lieux dès que possible, à ne pas abuser de son hospitalité.
Les aboiements reprennent à cet instant, plus proches et Jiseok se fige, l’oreille tendue. Il était incapable d’estimer à quelle distance ils se trouvaient de la chapelle, néanmoins ils semblaient se diriger dans leur direction. Il fait signe au lycanthrope de se taire d’un geste de la main. Celui-ci lui adresse un regard menaçant avant de se laisser tomber au sol à quelques mètres de lui, adossé au mur et les bras croisés dans son giron. Le vampire attend, aussi immobile que la pierre qui les entoure. Si son cœur avait continué de battre, il aurait sûrement cherché à se frayer un chemin hors de sa poitrine.
Faites qu’ils ne rentrent pas ici. Faites qu’ils ne rentrent pas ici.
Ses lèvres s’entrouvrent de surprise lorsque les bruits de cavalcade s’arrêtent à quelques mètres, non loin de l’entrée de la bâtisse. Puis ils s’éloignent, peu à peu étouffés. Il jette par réflexe un coup d'œil au loup-garou, captant le sourire suffisant qui étirait sa bouche en forme de cœur.
Et il comprend.
— Frimeur, lâche-t-il entre ses dents avant de se pencher pour écarter les bords de sa plaie de ses doigts tremblants.
Quitte à sentir un peu le chien mouillé, autant qu’il se rende utile.
— Jooyeon.
Le tissu coincé entre ses lèvres, il relève aussitôt les yeux pour le regarder à nouveau.
— Mmh ? l’interroge Jiseok, un sourcil arqué.
— Je m’appelle Jooyeon. Pas Frimeur.
Jiseok ne peut s’empêcher de ricaner devant l’expression sur le visage du lycanthrope et ce, malgré la douleur que ce geste lui inflige.
— Très bien, Jooyeon. Tu m’excuseras, mais il faut vraiment que je m’occupe de ce problème au plus vite. Histoire de ne pas décéder une seconde fois dans d’atroces souffrances.
Il baisse la tête, son attention dirigée à nouveau sur sa blessure. Puis il prend une inspiration, agissant d’un seul coup avant d’avoir le temps de réfléchir.
Il plonge ses doigts dans la chair à vif et ses crocs entaillent sa lèvre inférieure quand il serre les mâchoires, retenant à peine le hurlement qui remonte dans sa poitrine. Un feu d’artifice explose devant ses yeux, des points noirs troublant sa vision et un goût métallique envahit l’intérieur de sa bouche. Les contours de la balle effleurent la pulpe de son index et il grogne en enfonçant davantage celui-ci pour l’attraper, un bruit de succion accompagnant l’extraction du projectile hors de son corps.
Sa poitrine se soulève, secouée par un spasme et il lui faut un effort considérable pour soulever son bras, la balle retombant avec un tintement sur la pierre. Le bout de ses doigts était calciné par le contact avec l’argent et il n’osait même pas regarder l’état de sa plaie.
Il se sentait si faible. Il ne demandait rien d’autre qu’à se laisser emporter par la léthargie, qu’à sombrer dans l’inconscience.
— Hey, hey, reste avec moi.
Une paume tapote sa joue, lui faisant rouvrir les yeux qu’il n’avait pas conscience d’avoir commencé à fermer. La voix du loup-garou est toute proche, accompagnée du parfum de forêt qui lui était propre.
— Qu’est-ce que je peux faire ?
— Quoi ? croasse Jiseok, l’information se frayant difficilement un chemin jusqu’au centre de son crâne.
— Qu’est-ce que je peux faire pour t’aider ?
Il lève les yeux vers Jooyeon et il sent ses entrailles se nouer davantage en apercevant l’expression qui s’étendait sur son visage.
— Est-ce que…tu t’inquiètes pour moi ? murmure-t-il, perplexe.
Le regard mordoré posé sur lui semblait agité et les lèvres pleines, plissées en une moue concernée.
— Pourquoi ? l’interroge-t-il en le fixant avec intensité, surpris par sa propre curiosité.
Jiseok ne comprenait pas.
Pourquoi est-ce qu’il se donnait la peine de lui venir au secours ? Pourquoi est-ce que le regard du lycanthrope luisait d’un tourment qu’il n’aurait pas dû éprouver pour quelqu’un qu’il venait à peine de rencontrer ? Qui plus est, un vampire.
Cette attention provoquait des sensations étranges dans son corps déjà malmené par ses blessures et il étend ses jambes devant lui, détournant les yeux.
— Est-ce que j’ai vraiment besoin d’une raison ? lui répond Jooyeon, les sourcils froncés.
Jiseok soupire face à cette réponse, sa langue claquant contre son palais.
— Je ne sais pas si tu es inconscient ou juste stupide, mais tu ne vas pas faire de vieux os si tu viens en aide à toutes les créatures blessées qui croisent ton chemin, laisse-t-il échapper, railleur.
Le loup-garou se redresse avec un soupir agacé, son regard noir dardé sur lui.
— Tu as raison. Je dois sûrement être stupide pour croire que tout le monde mérite d’être sauvé.
Ses paroles atteignent Jiseok plus qu’il ne l’aurait voulu et il sent ses mâchoires se serrer. Plus que ça, c’était l’abattement qui suintait de ces mots, l’espoir qui donnait l’impression de s’être éteint comme la flamme d’une bougie au gré du vent qui le laissait avec un goût amer dans la bouche.
Jooyeon s’éloigne et la fragrance sauvage qui l’entoure s’efface peu à peu, laissant le vampire frissonnant contre le mur, les bras autour de la taille.
— Du sang, finit-il par confesser après quelques secondes.
La tête du loup-garou pivote instantanément vers lui à ses paroles.
— Quoi ?
— J’ai besoin de sang, explique-t-il, le visage crispé par le picotement douloureux qui parcourait son corps tout entier. Pour m’aider à me régénérer plus vite.
Sans ça, la plaie allait mettre des heures à se refermer et le poison à évacuer son organisme. Les molécules d’argent qui se baladaient librement dans son corps entravaient le processus de cicatrisation et le jour serait levé avant qu’il ne soit complètement rétabli.
Jooyeon l’observe, circonspect et Jiseok le voit s’avancer dans sa direction avant de s’arrêter, puis faire un pas en arrière avant de revenir dans sa direction. Puis il s’immobilise à nouveau et lorsque le vampire arrive à focaliser son regard sur lui, il le voit mordiller nerveusement sa lèvre inférieure.
— Il n’y a pas…Il n’y a pas d’autre solution ? lui demande-t-il, et Jiseok secoue la tête.
— Non. Soit je prends mon mal en patience, en espérant être guéri avant que le soleil ne se lève, soit j’arrive à me nourrir et ça prendra deux fois moins de temps.
Un silence s’étire entre eux et Jiseok voit le lycanthrope réfléchir, entre deux battements de paupières. Il pouvait presque visualiser les rouages dans un coin de son crâne, face aux questions qui devaient se bousculer dans sa tête.
— Tu n’es pas obligé, murmure Jiseok en reprenant la parole. Tu ne me dois rien.
Le geste n’avait rien d’anodin alors il pouvait comprendre le doute qui l’assaillait quant à l’idée de se faire mordre par un vampire. S’il acceptait, c’était une faveur qu’il lui faisait plus que toute autre chose et Jiseok savait que ce n’était pas à la portée de tout le monde d’accepter un tel sacrifice.
— Je veux t’aider, affirme néanmoins l’autre garçon, les sourcils froncés.
Il s’approche, le visage transformé par une farouche détermination avant de s’agenouiller à ses côtés, la tête penchée sur le côté. Puis il tend son bras vers Jiseok, plissant les lèvres. Celui-ci attrape son poignet, les membres engourdis et son pouce effleure maladroitement. Il ferme les yeux une seconde à la sensation du pouls de Jooyeon battant la mesure sous son doigt, avant de le repousser poliment pour pointer son cou d’un geste du menton.
— Ça…Ça ne suffira pas, explique-t-il, soudainement gêné par la situation. Il faut que…Il faut que je morde à la jugulaire. Pour que ça soit plus…efficace.
Le lycanthrope lui jette un regard méfiant et Jiseok observe sa pomme d’Adam rouler quand il déglutit, attirant son regard sur la ligne de sa gorge. Ses yeux s’attardent plus qu’il ne faut sur la peau légèrement bronzée. Mais surtout sur le renflement de la veine qui palpitait au-dessous, alléchante. Et il s’arrache difficilement à sa contemplation.
— Tu peux encore refuser.
Peu importe la faim qui asséchait la sienne et rendait tout ça plus pénible, peu importe le creux béant dans ses entrailles et le besoin.
— Non.
Il passe une nouvelle fois la main dans ses cheveux, repoussant des mèches dorées derrière son oreille d’un geste vif.
— C’est juste que…souffle-t-il, ses doigts échouant à la lisière de son tee-shirt. Est-ce que ça fait mal ?
La question fait résonner des émotions contradictoires à l’intérieur de Jiseok. Incrédulité. Amusement. Doute. Il avait l’air d’un enfant avant un passage chez le médecin. De toutes les craintes possibles, il s’était arrêté sur celle-là. Il était définitivement inconscient.
Jiseok déglutit, passant sa langue sur ses lèvres sèches pour les hydrater. Les yeux de Jooyeon suivent le mouvement avec attention et leurs regards se croisent une seconde avant que le loup-garou ne détourne le sien sur le côté.
— Je ne sais pas, confie le vampire. Personne ne s’est vraiment plaint jusqu’à maintenant. Malheureusement je n’ai jamais mordu autre chose que des humains, alors je ne peux pas t’affirmer que ça sera la même chose pour un lycanthrope.
En théorie, ça ne devrait pas changer quoi que ce soit. Néanmoins il n’avait rien pour le prouver.
— Dans le pire des cas, reprend-il avec une légère grimace, tu as la force nécessaire pour me repousser.
Jooyeon hausse les épaules, inclinant la tête pour acquiescer avant de mordiller à nouveau sa lèvre inférieure. Son air un peu perdu indique à Jiseok qu’il n’a pas la moindre idée de la manière dont il fallait procéder et le vampire tapote le sol à ses côtés d’un geste fébrile.
— Installe-toi là, déclare-t-il. Tu seras plus à l’aise.
Le loup-garou s’exécute, s’adossant au mur à sa gauche et il étend ses longues jambes devant lui, les mains dans son giron. D’une main, Jiseok pivote sur le côté, un grondement s’échappant de la barrière des lèvres quand le mouvement appuie sur sa blessure encore fraîche. Mais il arrive tant bien que mal à se hisser sur les cuisses de Jooyeon, celui-ci si figeant aussitôt.
— Qu’est-ce que…?
— Question d’angle. Tu es plus grand que moi et j’aimerais éviter de te dévisser la nuque, répond Jiseok faiblement, avec une pointe de moquerie.
Son vis-à-vis lui lance un regard indéchiffrable, la bouche plissée et les pommettes recouvertes d’une infime teinte rosée. Jiseok aurait peut-être pris le temps de reconsidérer leur position s’il n’avait pas été submergé par la faim. Celle-ci tambourinait aussi fort que la douleur dans le creux de son être et son monde s’était réduit au pouls qui battait la mesure sous la chair dorée du loup-garou.
— Je…Je vais essayer d’être le plus doux possible, murmure Jiseok, se voulant rassurant malgré le désespoir qui l’accablait.
Les poings de Jooyeon se referment et il tourne la tête sur le côté, exposant la chair tant convoitée au regard affamé du vampire.
Jiseok se penche, une main posée sur son épaule pour se maintenir. L’autre écarte délicatement les cheveux qui subsistent pour dégager sa jugulaire et son nez effleure la peau de son cou, chatouillé par un mélange d’humus, de feu de bois et d’autre chose, d’une fragrance qu’il était incapable de définir. Sa bouche flotte contre sa peau, ses crocs tendus le faisant souffrir le martyr.
— Si ça ne va pas, repousse-moi immédiatement, susurre Jiseok à l’intention du loup-garou.
Il savait qu’il ne serait pas capable de le faire de lui-même. En temps normal, il arrivait à se maîtriser. Là, il était blessé et il mourrait de faim. Il n’allait pas s’arrêter avant d’avoir bu suffisamment.
Jooyeon lui répond d’un léger bruit de gorge qui vibre contre ses lèvres et Jiseok ne perd pas une seconde. Il darde sa langue pour la laisser traîner contre l’épiderme brûlant, usant de la propriété anesthésiante de sa salive. Puis il penche sa tête sur le côté, cherchant le bon angle avant de planter ses crocs dans son cou.
L’univers tout entier explose autour de lui à la première gorgée.
Sa vision se pare de blanc, son corps tendu comme un arc et un flot de miel envahit sa gorge.
Sa main s’agrippe à la nuque du lycanthrope, ses doigts enfouis dans les cheveux dorés et il laisse échapper un gémissement de plaisir. Il n’avait jamais goûté quelque chose de pareil. Le sang qui remplissait sa bouche était chaud et doux, comme s’il avait la chance de pouvoir s’abreuver du soleil lui-même. Chaque gorgée faisait crépiter des feux d’artifice dans le creux de sa tête et ses yeux se révulsent, son corps débordé par l’afflux de sensations qui se bousculaient à l’intérieur de lui.
Deux mains attrapent brusquement sa taille et il se retrouve pressé de tout son long contre le corps de Jooyeon, un frisson remontant sa colonne vertébrale au grondement qui résonne dans la poitrine de celui-ci. Sans trop savoir comment, il arrive à se détacher de son cou pour le regarder et ses lèvres s’entrouvrent en apercevant son visage.
Ses yeux.
Ses pupilles s'étaient fendues et leur couleur mordorée était devenue aveuglante. Ses mâchoires étaient serrées, accentuant la ligne franche de son visage et de petits crocs dépassaient de ses lèvres entrouvertes. L’animal avait pris le pas sur l’homme et Jiseok aurait presque regretté l’absence des battements de son cœur face à l’aura sauvage et puissante qu’il dégageait en cet instant, loin du garçon balbutiant qu’il avait été quelques minutes plus tôt.
L’odeur de son sang appelle à nouveau Jiseok et il penche la tête, glissant ses crocs dans les trous déjà formés et arrachant cette fois un gémissement au loup-garou.
La prise contre sa taille se raffermit, les mains brûlantes glissant sous la barrière de son pull pour se poser à même sa peau. Comme si ses doigts cherchaient à imprimer leur chaleur en lui, à se raccrocher à quelque chose pour ne pas sombrer. Et un hoquet remonte dans la gorge de Jiseok en prenant conscience de ressentir leur présence.
Il éprouvait tout. La pression presque douloureuse des doigts de Jooyeon contre lui, le frottement languide de son corps contre le sien, son souffle saccadé et le feu que ses doigts répandaient contre son épiderme.
Comme s’il était redevenu humain, l’espace d’un court moment.
Cette simple pensée l’étourdit et il se love davantage contre le loup-garou, enivré par la saveur de son sang, par les émotions brutes qu’il faisait éclater au creux de son être, par cette lave brûlante qui ravageait ses veines, dévastant tout sur leur passage. Ses joues s’humidifient d’un seul coup, des larmes traçant un chemin silencieux jusqu’à son menton.
Il savait au plus profond de son être qu’il n’allait jamais en être rassasié. Pire encore, qu’il n’allait jamais retrouver quelque chose à la hauteur du nectar qui glissait sur sa langue.
La saveur était indescriptible. Comme si elle avait été faite pour lui.
Est-ce que c’était parce qu’il était un loup-garou ? Jiseok n’en savait rien. Ce dont il était parfaitement sûr, en revanche, c’était que son existence allait devenir une torture à partir de cet instant. Il le savait, comme une évidence ancrée profondément en lui, comme une réalité qui venait le claquer en plein visage.
Rien ne lui avait jamais autant donné l’impression d’être vivant.
Il s’arrache difficilement à la nuque dorée de Jooyeon après ce qui lui semble des heures et l’espace d’une seconde, la sensation fantôme de son cœur qui bat lui parvient, troublante. Il avait l’impression d’être à l’étroit dans son propre corps. De ne pas pouvoir retenir le flot démentiel qui se mouvait en lui, qui enflait encore et encore, sans s’arrêter.
Le monde autour de lui était trouble, ses contours à peine définis et il sent un nouveau vertige le traverser. Secouant légèrement la tête, il donne un coup de langue paresseux sur les marques laissées par ses crocs, laissant le soin à sa salive de refermer les trous avant de reculer, la peau vibrante d’une énergie qu’il peinait à maîtriser.
Il aperçoit le regard doré de Jooyeon, embrumé et son souffle saccadé échoue sur son visage. Sa tête était affaissée contre le mur, son visage recouvert d’une fine pellicule de sueur. Ses mains, elles, étaient mollement posées sur la taille de Jiseok et celui-ci frissonne à la sensation de son pouce effleurant distraitement sa peau.
L’instant d’après, il sent l’inconscience le frapper d’un coup net, comme un souffle remontant de ses entrailles pour l’emporter tout entier.
Le jour n’était pas tout à fait levé lorsqu’il ouvre les yeux, plissant les paupières face à la lumière qui inondait la chapelle à travers les vitres brisées. La première chose qui l’interpelle en s’éveillant est la sensation de chaleur logée dans son flanc gauche. Il baisse la tête en déterminer l’origine avant de s’immobiliser aussitôt en apercevant le loup allongé à ses côtés sur le sol, le museau posé sur sa cuisse. Son pelage épais reflétait les faibles lueurs du soleil, tout en nuances d’or et de cuivre. Ses paupières s’ouvrent sur deux prunelles couleur whisky, qui l’observent avec curiosité et Jiseok se perd dans la contemplation de ces iris à l’allure bien trop humaine.
— Jooyeon ? murmure-t-il à voix basse.
Il n’aurait même pas eu besoin de demander, son être tout entier lui criant confirmation, mais il avait besoin de le verbaliser pour se donner l’impression d’être toujours le même. Alors qu’il percevait très bien le changement qui s’était opéré en lui dès son réveil, l’onde qui le parcourait et courait comme un fil invisible jusqu’au garçon lové contre lui.
Le loup hoche la tête et les épaules du vampire s’affaissent. En humant l’air, rien d’autre ne lui parvient que le parfum de d‘humus émanant de son compagnon. Et lorsqu’il tend l’oreille pour analyser les environs, il n’entend que la mélodie de la forêt qui poursuit son cours de l’autre côté des murs de la chapelle.
— Tu m’as déplacé de l’autre côté ? poursuit-il, sa voix encore pâteuse.
Jooyeon acquiesce d’un nouveau mouvement de museau avant de pointer celui-ci en direction des fenêtres.
Soleil.
Le mot lui était parvenu comme une image vive en regardant le loup-garou, comme un flash apparaissant devant ses yeux sans prévenir. Il n’aurait pas pu l’expliquer, mais c’était comme s’il l’avait compris sans un mot. Et une chaleur supplémentaire envahit sa poitrine devant sa considération, son corps frémissant d’une vie qui n’était pas la sienne.
— Merci.
Il aurait pu passer son chemin au moment où il avait posé les yeux sur lui, le tailler en pièces ou l’abandonner à sa souffrance, mais il avait décidé de lui offrir son sang pour lui venir en aide. Sans rien demander en retour. Plus que ça, il était resté. Il se tenait à ses côtés et lui avait évité la morsure foudroyante de l’astre solaire au petit matin.
Dans un monde où rien ne venait sans contrepartie, Jiseok débordait d’une gratitude qui lui était difficile à exprimer.
Son corps se meut de lui-même et il se rend compte de son geste au dernier moment, sa main se figeant à quelques centimètres de la fourrure dorée de Joyeon. Incertain, il cherche une confirmation muette dans les yeux du loup.
Une réponse à toutes les questions qui se pressaient dans un coin de sa tête, aux problèmes qu’il sentait poindre à toute vitesse et auxquels il n’avait pas trouvé de solution.
Il n’arrivait pas à s’expliquer la sérénité qui l’avait envahi depuis qu’il avait ouvert les yeux. Ce sentiment de bien-être, de légèreté qui l’enveloppait tout entier. Comme s’il était enroulé dans une épaisse couverture, assis devant un feu de cheminée. Cette simplicité déconcertante entre Jooyeon et lui, comme s’ils s’étaient connus toute leur vie, comme si bien des années s’étaient écoulées depuis leur rencontre. Où ils n’avaient pas besoin de mots pour se comprendre, où le danger et la méfiance n’avaient jamais eu leur place.
À aucun moment il n’avait ressenti d’hostilité de la part du lycanthrope et il ne se souvenait pas en avoir éprouvé à son égard. Même blessé et désarmé, il avait accueilli sa présence comme si elle était tout à fait normale. Peut-être parce que Jooyeon ne l’avait pas regardé comme une créature sans défense. Ni comme un vampire, un ennemi naturel dont on avait du lui dire de se tenir le plus éloigné possible. De lui, il n’avait flairé que de la curiosité, ainsi qu’une honnête envie de lui porter secours. Rien d’autre. Et c’était ce qui le perturbait le plus, en fin de compte. Parce qu’il n’avait pas l’habitude d’une telle sollicitude et qu’elle lui semblait en parfait décalage avec toute cette situation. Néanmoins, une partie de lui était reconnaissante de son aide. Sans lui, il n’aurait probablement pas survécu à cette nuit.
Pourtant, il n’arrivait pas à saisir ce qu’il faisait encore là. Il devait avoir senti que Jiseok était rétabli. Mais il n’avait pas bougé, immobile contre lui. Comme s’il attendait quelque chose.
Sa main s’aventure finalement dans la fourrure du loup-garou et il est surpris par leur texture soyeuse. Un frisson remonte le long de sa colonne vertébrale et il laisse ses doigts parcourir les poils épais, suivant un chemin jusqu’à son encolure. Jiseok se fige quand ils rencontrent une aspérité sur leur passage, suivie d’une seconde quelques centimètres plus loin.
— Elle te fait mal ? demande-t-il à Jooyeon, la gorge nouée. La morsure ?
Une inquiétude étrange le saisit à l’idée qu’elle puisse être réellement douloureuse et il recule sa main, comme brûlé. Mais le museau du loup frôle aussitôt ses doigts avant d’appuyer contre sa paume.
Non.
Encore cette voix, indéniablement sienne, qui résonnait dans le creux de sa tête. Jiseok ne savait pas si Jooyeon avait conscience d’être compris, s’il ressentait lui aussi le lien nébuleux qui les reliait l’un à l’autre. Est-ce que c’était une conséquence de leur nature surnaturelle à tous les deux ? Il n’en savait rien. Il n’était plus sûr de quoi que ce soit, en cet instant. Son univers s’était troublé en l’espace de quelques heures et son instinct lui criait qu’il n’était plus le même. Qu’il devait s’éloigner de Jooyeon et retourner à son existence, laisser les souvenirs de cette nuit derrière lui. Mais le simple fait de l’imaginer lui inspirait une douleur aussi vive que celle de l’argent.
Et c’était ça, le plus terrifiant.
Il n’avait pas envie de partir. Il ne s’était jamais aussi senti à sa place que dans cette chapelle en ruine, assis à côté d’un loup-garou.
Il était apaisé. Toutes les ombres qui l’accompagnaient depuis qu’il était devenu un vampire étaient écrasées par une plénitude qu’il n’avait jamais éprouvée auparavant.
— Tu ne vas pas reprendre forme humaine ? demande finalement Jiseok, dans un filet de voix.
Il voulait retrouver son visage aux contours anguleux, le léger froncement de son nez qu’il avait aperçu la veille pendant leur conversation. Maintenant qu’il était rétabli, que sa vision avait retrouvé toute sa netteté, il n’avait qu’une envie : s’attarder sur ses traits et les mémoriser un par un. Pour ne pas l’oublier. Pour ne pas le sentir s’estomper avec le temps, comme tous les autres.
Non.
La réponse de Jooyeon remplit sa bouche d’un goût amer, semblable à celui du sang vicié. Les lèvres du vampire se plissent et sa main se crispe dans le pelage du loup.
— Pourquoi ?
Pas envie.
Un rictus étire la bouche de Jiseok à cet argument. Il avait senti une onde de bougonnerie tapisser son esprit au même moment et elle ne pouvait provenir que de son compagnon lupin. Mêlée à quelque chose d’autre, qu’il n’arrivait pas à définir, mais sur lequel il avait curieusement envie de poser des mots.
— Tu fais ton timide ? renchérit-il, amusé.
Jooyeon tourne la tête de l’autre côté avec un léger grondement. Cependant, des flashs apparaissent devant la rétine de Jiseok, comme des séquences d’un film projetées les unes après les autres. Un film qui n’était pas le sien, dont il était le seul et unique spectateur. Il savait que ces images ne lui appartenaient pas parce qu’il se voyait. Pendant un court instant, il a l’impression d’être le lycanthrope, de voir à travers ses yeux et de ressentir ses émotions.
La sensation d’un être fragile et tremblant entre ses mains, qu’il serait capable de briser en deux s’il en avait eu la moindre envie. L’écho des déglutitions régulières, si proche, affolant ses sens. La caresse de ses cheveux contre son cou. L’éclat rougeoyant dans ses yeux quand Jiseok avait relevé les yeux pour l’observer. La chaleur, dévastatrice. Le bien-être. La douceur de sa peau sous les doigts de Jooyeon. L’envie primitive. Le mouvement de leurs corps l’un contre l’autre, qui menaçait de le rendre fou. Qui n’était jamais suffisant pour le rassasier. Le frisson divin qui l’avait parcouru à chaque gorgée, à chaque pression de lèvres contre son cou devenu hypersensible. Cette langueur dans laquelle il avait envie de se plonger, quitte à laisser Jiseok le drainer de son sang jusqu’à la dernière goutte.
Comme si plus rien d’autre n’avait d’importance, hormis cette symbiose qui s’était établie entre eux.
Ces images se succédaient et Jiseok n’arrivait pas à lutter contre les émotions qui n’étaient pas les siennes mais continuaient de se déverser en lui. Pire même, il les accueillait et s’en nourrissait comme s’il s’était agi d’une gorgée d’hémoglobine. Elles vibraient d’une puissance, d’une intensité qui le dépassait complètement, mais elles agissaient comme un souffle tiède, rassurant.
Puis tout s’arrête d’un seul coup, comme si Jooyeon avait pris conscience de la porte qu’il avait laissée entrouverte.
Un mur est érigé entre eux en un instant et Jiseok se sent comme aspiré hors de la vision. Lorsqu’il revient à lui, hébété, le loup-garou regardait toujours de l’autre côté. Pourtant les battements de son cœur s'étaient accélérés, lui faisant penser à un oiseau affolé et le sien aurait certainement suivi le même rythme, dans d’autres circonstances.
Il se sent rougir face à la tension flottant dans l’air entre Jooyeon et lui. Posant le plat de sa main sur sa joue, il constate la chaleur à la surface de celle-ci, possible grâce à la présence du sang neuf présent dans son organisme. Et il ne peut pas s’empêcher de ressentir une satisfaction presque enfantine face à cette réaction tout ce qu’il y avait de plus humaine.
Un rire lui échappe et il passe sa main libre dans ses cheveux, les repoussant en arrière.
— C’est une réaction normale, tu sais, explique-t-il en tapotant la fourrure de Jooyeon. Tu n’as pas à avoir honte. Les choses peuvent vite devenir…intenses.
Une grimace déforme son visage à ces paroles et un nouveau grognement lui parvient de la poitrine du lycanthrope.
À vrai dire, ce n’était pas totalement la vérité. Oui, la morsure provoquait ces effets dans la majorité des cas. En plus d’être anesthésiante, la salive de vampire avait des propriétés aphrodisiaques et Jiseok s’était toujours dit que c’était une contrepartie pour atténuer la douleur causée par l’acte en lui-même, un moyen de rendre ça plus supportable pour la victime, qu’elle soit consentante ou non.
Il ne s’en était jamais formalisé plus que ça. Se nourrir était un besoin vital pour lui, un moyen de survie. Mais ce qui s’était produit avec Jooyeon n’avait rien à voir.
C’était tellement plus que ça. Une vague monstrueuse qui avait déferlé sur lui et s’était infiltrée sous sa peau, au plus profond de son âme. Comme si tous les événements qui s’étaient produits jusqu’à présent l’avaient mené à le rencontrer. Comme si son existence toute entière avait tourné au ralenti jusqu’à ce que sa route ne croise celle du loup-garou. Et l’immensité de la chose le terrifiait, parce qu’il sentait qu’il n’y avait pas de retour en arrière.
Il y avait eu une vie sans lui. Et il y aurait désormais une vie où une partie de lui serait à jamais avec Jooyeon, où qu’il aille.
C’était un fait. Une réalité si vive, si palpable qu’elle en était presque douloureuse. Permanente.
Il fallait qu’il lui dise.
Les mots se pressent derrière la barrière de ses lèvres, mais aucun n’en sort. Immobile, il cherche le meilleur moyen de lui expliquer le tourment qui l’habitait sans l’effrayer. Alors qu’il n’allait pas pouvoir en être autrement, il en était certain. Et Jiseok sentait déjà le désespoir s’inviter dans ma poitrine, frémir sous sa peau comme une chape glacée.
— Jooyeon.
L’attention du loup-garou se porte à nouveau de son côté et il penche la tête, ses iris couleur whisky posés sur lui.
Problème ?
Un rictus étire les lèvres de Jiseok devant la clairvoyance de son compagnon, somme toute naturelle compte tenu de la situation. Avant de s’affaisser face à l’abattement considérable qui ployait sur ses épaules. Chaque idée qui lui traversait l’esprit était aussitôt balayée par le doute et il soupire, frustré.
Jooyeon presse une nouvelle fois son museau contre sa main, l’invitant à poursuivre et Jiseok hydrate sa bouche d’un coup de langue.
— Je…Il faut que je te dise quelque chose. Hier-
Un hurlement lointain brise son sursaut de courage et il se fige, les sens en alerte.
Le loup-garou s’était redressé en position assise, les oreilles dressées et ses yeux luisent un instant avant de retrouver leur couleur d’origine. Levant la tête vers le plafond de la chapelle, il laisse échapper un cri similaire qui résonne entre les murs de pierre, l’onde faisant trembler la poitrine de Jiseok sur son passage.
Partir.
Ce mot s’imprime en lui comme une lame chauffée à blanc et il sent l’angoisse remplir ses entrailles, ses doigts parcourus de picotements.
— Maintenant ? Tu ne peux pas rester un peu plus longtemps ? l’interroge fébrilement Jiseok.
Non.
Le lycanthrope secoue la tête, pliant les pattes arrière pour se remettre debout et il hume l’air autour de lui. Le vampire se relève à son tour, la bouche pâteuse et le torse comprimé par une sensation désagréable.
Partir. Vite.
— Est-ce que…est-ce je vais te revoir ?
Les mots étaient sortis tout seuls, poussés par la peur.
Parce que Jiseok était effrayé. Consumé par la crainte que ce soit la dernière fois.
Sais pas.
Une coulée de givre se déverse en lui et un gémissement de dépit remonte dans sa gorge. Le loup-garou se rapproche de lui pour donner un coup de langue sur le dos de sa main et Jiseok sent poindre des larmes qu’il n’était même pas en mesure d’expliquer avec des mots, déchiré par la réalité qui le claquait en plein visage.
L’instant d’après, Jooyeon pivote sur lui-même pour quitter les lieux, sa silhouette duveteuse disparaissant à l’extérieur. Et Jiseok se laisse choir au sol, une main sur le torse. Là où son cœur gisait, inerte. Pourtant, il avait l’impression d’avoir mal à cet endroit. Mal à en crever. Chaque mètre parcouru par le loup était un supplice. Une peine qui se propageait dans ses os, dans les abysses de son âme. Une douleur innommable qui le faisait se recroqueviller sur lui-même avec un geignement de souffrance. Toutes les fibres de son être lui hurlaient de partir à sa poursuite pour réduire la distance et il avait l’impression d’être coupé en deux.
Les mâchoires serrées, il entoure ses jambes de ses bras, les ongles plantés dans les paumes de ses mains et l’environnement devient flou à partir d’un certain moment. Il ne pouvait pas partir tant que la nuit ne serait pas tombée, prisonnier de ces parois recouvertes de mousse. Il ne savait même pas s’il en avait même envie. Le parfum de Jooyeon imprégnait encore les lieux et s’il se forçait un peu, il pouvait presque ressentir sa présence, comme un spectre aux lignes vagues, un ersatz de chaleur rampant sur sa peau frémissante.
Son cerveau se déconnecte de la réalité à un certain moment, son regard fixé dans les aspérités du mur en face de lui.
Et au beau milieu de la vie qui continuait paisiblement son cours de l’autre côté, un seul mot résonnait encore et encore dans son esprit. Comme le martèlement d’un tambour, prenant un peu plus d’ampleur à chaque seconde écoulée. Calice.
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welcome to moafloribunda, a frenchy world ruled by imagination (and cliche, because we're worth it)
léa ● presque trente ans mais en fait 19 ● pense et parle beaucoup en anglais parce que c'est so much better dans ma tête but écrit en français pour les french kpop stans qui ne sont pas forcément à l'aise avec la langue de shakespeare mais qui ont aussi des besoins ● multistan : et assumée parce que pourquoi se limiter avec autant de talent à disposition ??? ● aime reblogguer avec des commentaires en anglais, sorry, c'est tellement plus satisfaisant ● ouverte aux demandes si ça rentre dans mes valeurs
les valeurs : beaucoup d'amour, de l'humour, du sarcasme BEAUCOUP DE SARCASME, de la cohérence avec les caractères des messieurs utilisés, moult utilisation de références pop culture et d'anecdotes sur lesdits messieurs, du rougissement en masse, des clichés à MORT parce qu'on le vaut bien, des papillons qui volent dans la poitrine et plus si affinités
♤ ouverte au suggestif mais pas intéressée par plus et les bails sombres avec des membres jeunes c'est non (la prison vous guette)
© moafloribunda 2024, mes textes sont ma propriété et le restent jusqu'à preuve du contraire. pensés par moi et écrits...par moi. donc pas de plagiat, merci bien ♡
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