#vide poche!
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Topping off #InternationalChameleonDay with this collection of pâte de verre glass chameleons by Amalric Walter (French, 1870-1959) & Henri Bergé (French, 1870-1937), all c.1920:
1. paperweight H8.5cm
2. tray (vide-poche) H8.5 x L15 x P11.2 cm
3. tray (vide-poche) L25.5cm
4. pendant 60x60mm
"This French pate-de-verre (glass paste) pendant is a rare survivor of 'artistic' jewellery of the 1920s. It was made by Amalric Walter to designs of his friend Henri Berge at their glass studio in Nancy, Lorraine, which produced decorative glass objects for discerning clients between 1919 and 1935. Walter and Berge excelled at using the complex technique of pate-de-verre casting, which they perfected while working at the Daum glassworks before the first World War. They pressed layers of coloured glass granules into wax moulds before firing them the kiln. The technique offered endless colour combinations and Walter experimented with the chemicals used to colour the glass, even using uranium to achieve the bright yellow seen in this pendant. Their products varied in price and complexity and while they were often replicated in series, each piece was hand finished and unique with subtle design and surface variations. A distinctive characteristic was the use of naturalistic motifs which were becoming simpler as the modern Art Deco style began replacing Art Nouveau in the 1920s. Issued alongside chameleon paperweights and bowls, this pendant is an example of this stylistic transition. When sold new, it was probably suspended on long silk cords to complement fashionable Jazz-era dresses. Some of these pendants however, might have never been worn as they were also admired as art pieces and displayed in the home."
[info via Powerhouse Collection]
#animals in art#animal holiday#european art#20th century art#art glass#glasswork#Art Nouveau#Art Deco#decorative arts#tray#paperweight#pendant#jewelry#1920s#Amalric Walter#French art#Henri Bergé#pâte de verre#vide poche#chameleon#chameleons#lizard#lizards#International Chameleon Day
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Monday Draft
-Mind you all that this is going to be a short fragment of what I wrote in Italian, so you might have to translate, if you want to read it. It's mostly for myself, to keep myself accountable and just keep on writing once more in Italian-
(.....)
“Guardalo come dorme,” Shay mormoró, mentre sul suo viso si dipingeva un sorriso che racchiudeva in sé un misto di levitá e affetto.
Dopo un travaglio durato piú a lungo di quanto il suo spirito potesse sopportare, suo figlio finalmente giaceva tra le sue braccia, sano e salvo, ignaro di tutto ció che lo circondava, avvolto com’era dalla calda coperta di lana che portava i colori della casata di sua madre.
I suoi occhi, cosí scuri e penetranti e completamente rapiti, guardavano il neonato sognante, come se cercassero di mandare a memoria ogni singolo dettaglio di quel piccolo visetto paffuto.
Aveva I colori di sua madre - gli stessi occhi color delle pervinche che crescevano nei prati fuori Lannisport, le stesse lentiggini dorate che puntigliavano le guance morbide e la fronte bombata di entrambi; un Lannister in tutto, persino nel cipiglio del pianto... se non per gli scuri capelli piumati che ricoprivano quel capino cosí minuto, l'impronta inconfutabile che il sangue dei Mormont - il suo stesso sangue - scorreva nelle vene del bimbo.
Shay alzó lo sguardo, e ció che vide sciolse la severa maschera del suo viso in un’ espressione di profonda amorevolezza: Dorothea sonnecchiava pacifica tra le fresche lenzuola che ancora profumavano di pulito, in quell’immenso letto che era stato il loro rifugio sin dalla prima notte in cui avevano deciso di lasciarsi alle spalle qualsiasi parvenza di decoro, e di seguire invece soltanto I dettami dei loro cuori.
Con passo leggero e con accortenza nel non svegliare il pargoletto che si stringeva al petto, Shay si avvicinó all’amata dormiente, e posó sulla fronte di alabastro un tenero bacio.
Ma nonostante la sua accortenza, Shay vide Dorothea battere le lunghe ciglia dorate e destarsi dal sonno ristoratore, richiamata dal mondo dei sogni da quei baci che avevano sempre avuto il potere di risvegliarla.
“Perdonami, amor mio,” sussurró il guerriero con sguardo corrucciato che mal celava l'irritazione che provava verso sé stesso. “Non intendevo svegliarti.”
La labbra della giovane donna si dipinsero in un sorriso ameno e Shay vide rifulgere in quello sguardo una luce serena, la stessa che impermeava ogni singola fibra del proprio essere. Se lei fosse provata dalle lunghe ore del parto o dalle poche ore di sonno, non sembrava darlo a vedere. Tutto ció che lui riusciva a scorgere sul suo viso era amore, un amore che trascendeva tutto il resto. “Da quando Lorcán é nato, ho acquisito gli stessi tuoi poteri: sento anche i bisbigli della servitú da dietro le pareti,” disse lei scherzosamente, puntellandosi sui gomiti per meglio guardare l’amato e il figlio.
(.....)
------------------
#Nemo writes#Monday Draft#Assassin's Creed Rogue#ASOIAF!AU#Shay Cormac#Dorothea Starrick#Guilty Pleasure#Shay//Dora#Shay/OC#My oc#Ship: Starshayde
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Le bleu ne fait pas de bruit...
(extrait)
Le bleu ne fait pas de bruit.
C'est une couleur timide, sans arrière-pensée, présage, ni projet, qui ne se jette pas brusquement sur le regard comme le jaune ou le rouge, mais qui l'attire à soi, l'apprivoise peu à peu, le laisse venir sans le presser, de sorte qu'en elle il s'enfonce et se noie sans se rendre compte de rien.
Le bleu est une couleur propice à la disparition.
Une couleur où mourir, une couleur qui délivre, la couleur même de l'âme après qu'elle s'est déshabillée du corps, après qu'a giclé tout le sang et que se sont vidées les viscères, les poches de toutes sortes, déménageant une fois pour toutes le mobilier de ses pensées.
Indéfiniment, le bleu s'évade.
Ce n'est pas, à vrai dire, une couleur. Plutôt une tonalité, un climat, une résonance spéciale de l'air. Un empilement de clarté, une teinte qui naît du vide ajouté au vide, aussi changeante et transparente dans la tête de l'homme que dans les cieux.
L'air que nous respirons, l'apparence de vide sur laquelle remuent nos figures, l'espace que nous traversons n'est rien d'autre que ce bleu terrestre, invisible tant il est proche et fait corps avec nous, habillant nos gestes et nos voix. Présent jusque dans la chambre, tous volets tirés et toutes lampes éteintes, insensible vêtement de notre vie.
Jean-Michel Maulpoix
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Rectangular vide-poche in gilded brass, decorated with hieroglyphs, ca 1960s. Via Galerie Astéria.
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« Est-il possible qu’on n’ait encore rien vu, reconnu et dit de vivant, est-il possible qu’on ait eu des millénaires pour observer, réfléchir et écrire et qu’on ait laissé passer ce millénaire comme une récréation pendant laquelle on mange sa tartine et une pomme ?
Oui, c’est possible.
Est-il possible que malgré invention et progrès, malgré la culture, la religion et la connaissance de l’univers l’on soit resté à la surface de la vie ? Est-il possible que l’on ait même recouvert cette surface qui après tout eu encore été quelque chose, qu’on l’ait recouverte d’une étoffe indiciblement ennuyeuse qui la fait ressembler à des meubles de salon pendant les vacances d’été ?
Oui, c’est possible.
Est-il possible que l’histoire de l’univers ait été mal comprise, est il possible que l’image du passé soit fausse parce que l’on a toujours parlé de ces foules comme si l’on ne racontait jamais que des réunions d’hommes au lieu de parler de celui autour de qui ils s’assemblaient parce qu’il était étranger et mourant ?
Oui, c’est possible.
Est-il possible que nous croyons devoir rattraper ce qui est arrivé avant que nous soyons nés ? Oui, c’est possible.
Est-il possible qu’il faille rappeler à tous l’un après l’autre qu’ils sont nés des anciens, qu’ils contiennent par conséquent ce passé et qu’ils n’ont rien à apprendre d’autres hommes qui prétendent posséder une connaissance meilleure ou différente ?
Oui, c’est possible.
Est-il possible que tous ces gens connaissent parfaitement un passé qui n’a jamais existé ?
Oui, c’est possible.
Est-il possible que toutes les réalités ne soient rien pour eux, que leur vie se déroule et ne soit attachée à rien comme une montre oubliée dans une chambre vide ?
Oui, c’est possible.
Est-il possible que l’on ne sache rien de toutes les jeunes filles qui vivent cependant ?
Oui, c’est possible.
Est-il possible que l’on dise les femmes, les enfants, les garçons et que l’on ne se doute pas malgré toute sa culture, que l’on ne se doute pas que tous ces mots depuis longtemps n’ont plus de pluriel mais n’ont qu’infiniment de singulier ?
Oui, c’est possible.
Est il possible qu’il y ait des gens qui disent Dieu et pensent que ce soit un être qui leur est commun ?
Oui, c’est possible.
Vois ces deux écoliers, l’un s’achète un couteau de poche et son voisin, le même jour, s’en achète un identique et après une semaine, ils se montrent leurs couteaux et il apparaît qu’il n’y a plus entre les deux qu’une lointaine ressemblance tant a été différent le sort des deux couteaux dans des mains différentes ? Oui, dit la mère de l’un s’il faut que vous eussiez toujours tout et encore est-il possible que l’on croit posséder un dieu sans l’user ?
Oui, c’est possible ».
Mais si tout est possible, si tout cela n’a même qu’un semblant de possibilité, mais alors il faudrait pour l’amour de tout au monde, il faudrait que quelque chose arriva.
- Rainer Maria Rilke se pose les questions dans ´Les Cahiers De Malte Laurids Brigge
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Pour bien finir l'année, voici une petite fantaisie inspirée par l'AU Lyon de @sibmakesart. One Piece dans la capitale de la gastronomie française, Sanji alsacien, Zoro breton ❤️
Pour les francophones qui passent par ici, je vous invite à aller visiter son Tumblr, elle est super douée et son délire sur Lyon est absolument délectable (moi je plonge dedans les yeux fermés !).
C'est parti pour une petite soirée lyonnaise avec nos pirates préférés !
Un soir à Lyon...
Au cœur de la nuit, dans la ruelle, une porte s’ouvrit, laissant de la lumière éclairer la rue sombre. Un jeune homme en franchit le seuil en s’allumant une cigarette, un sac en plastique à la main.
- Hé, l’aubergine, tu sors cette nuit ? Lança une voix autoritaire depuis l’intérieur.
Le jeune homme se retourna en soufflant sa fumée.
- En quoi ça t’intéresse vieux shnock ? Fit-il d’un ton ennuyé.
- Encore ce breton ?
- C’est pas tes oignons.
- Ah, claqua la voix, fais gaffe à toi !
- C’est ça, bonne soirée, àbgenutzdi.
-HÉ !
Le jeune homme referma la porte sans attendre de savoir ce que l’autre voulait répondre. Il regarda autour de lui, visiblement à la recherche de quelque chose, mais la ruelle était déserte. Un soupir bruyant quitta ses lèvres et il grommela quelque chose qui ressemblait à « encore en retard dawer säckel de breton ». Il donna un coup de pied à une cannette qui traînait tristement sur l’asphalte. Une sonnerie retentit de sa poche et il en sortit son téléphone.
- Allo ?
- Allo, Sanji ? Fit une voie féminine.
- Nami ! T’as pas vu Zoro ?
- Beeeeh si, justement, c’est pour ça que je t’appelle.
- Il est avec vous ? Demanda-t-il en entendant Usopp et Luffy se disputer derrière elle.
- Non il est pas… TAISEZ-VOUS ! Putain, j’essaie de parler au téléphone ! Je te disais, non il n’est pas avec nous. Il m'a dit qu’il devait passer te prendre à la fin du service mais il a fait tomber son portable dans le Rhône cet après-midi. Je sais que t’avais enregistré les coordonnées du bouchon dedans…
Sanji leva les yeux au ciel.
- Donc il est perdu ?
- Tu le connais, il n’est pas capable de distinguer sa gauche de sa droite. Bref, je voulais juste te prévenir, pas que tu l’attende et… VOUS ALLEZ VOUS CALMER ! LES VOISINS VONT ENCORE APPELER LES FLICS SI VOUS CONTINUEZ ! Pardon Sanji, je te laisse.
La communication se coupa.
-GOPFERDAMMI ! Cria Sanji en donnant un coup de poing dans le vide. Il tira rageusement sur sa cigarette. C’était GRAND Lyon, qui sait où ce connard de primate avait bien pu aller ?!
Sanji se mit en route, la nuit promettait d’être longue.
C’est au petit matin que l’alsacien retrouva enfin le breton. Après avoir parcouru la ville de long en large et en travers. Après avoir espéré que non, non, non ce bon à rien ne s’était quand même pas aventuré dans les sous-sols de Lyon… Il avançait enfin vers lui.
Zoro était accoudé à la rambarde de Fourvière en train de contempler les rayons du soleil qui commençaient timidement à pointer le bout de leurs nez sur la ville.
Après de longues heures de recherches, Sanji sentait une certaine fatigue gagner ses jambes. Il s’avança sans bruit derrière son petit ami.
- Hé, nixnutz !
L’homme aux cheveux vert ne sursauta même pas. Il tourna la tête vers Sanji. Malgré ses yeux cernés, un sourire éclaira son visage.
- Te voilà enfin cuistot !
Sanji roula des yeux. L’autre lui sortait ça comme si cette fichue basilique avait été leur point de rendez-vous depuis le début. Il appuya son dos contre la rambarde en frôlant le coude de Zoro.
- Tu m’as encore fais courir, fit-il en s’allumant une cigarette et en soufflant sa fumée dans l’air cristallin du petit matin.
- Genaoueg ! Je savais que t’arriverais à me retrouver.
Sanji lui tendit le sac qu’il avait transporté avec lui la moitié de la nuit. Zoro l’ouvrit pour y trouver une bouteille de chouchen et des bretzels enveloppés dans un papier kraft. Il prit la bouteille et sortit de sa poche un couteau suisse pour la déboucher.
- Pas de verre. Constata-t-il.
- Non, pas de verre. J’ai pas envie qu’on en casse d’autres. Le vieux va encore criser si les stocks continuent de diminuer.
Zoro porta la bouteille à sa bouche pour boire au goulot. La saveur lui rappelait sa région. Il passa ensuite le chouchen à Sanji qui bu à son tour.
- La prochaine fois j’amène du schnaps.
- C’est quoi ça ?
- C’est plus fort, ça devrait te plaire. Même si je préfère un bon pinot gris vieille vignes…
- Qu’est-ce que tu marmonne ?
Le blond lui sourit et, sans un mot, s’avança vers lui pour l’enlacer en collant son corps au sien. Ils s’embrassèrent puis s’appuyèrent de nouveau à la rambarde, coude à coude en se passant le chouchen et les bretzels. Ils restèrent là à regarder le lever de soleil sur Lyon en savourant ce petit déjeuner alcoolisé improvisé.
#one piece#zosan#black leg sanji#one piece zosan#roronoa zoro#fanfic#sanji#vinsmoke sanji#one piece fanfiction#french au#Lyon au#zoro
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9 milliards d’euros. C’est ce que coûteront les subventions aux éoliennes en mer et aux panneaux solaires en 2025. Et devinez qui va passer à la caisse ? Les Français, avec une hausse cachée sur la facture d’électricité (TIFCE).
Fabien Bouglé le martèle : Le nucléaire maintenait l’électricité abordable, mais maintenant, on vide vos poches pour des énergies subventionnées, inefficaces et profitables à quelques exploitants. Pendant que le gouvernement se vante de sa ‘transition verte’, c’est vous qui financez ce mirage énergétique.
www.youtu.be/tC8pwxpahT0
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Chaque été depuis une trentaine d'années la descente graduelle de la Civilisation direction Afrique suit son cours. C'est comme le long déboutonnage d'un homme qui se rend compte peu à peu être un singe et n'y voit aucun problème, et au point où il se trouve cet été, un bouton de plus ou de moins, se dit-il, quelle différence ?
Ainsi nous aurons droit comme chaque année: - aux clandos psychiatriques déambulant cul nu en hurlant sur le bitume fondu, ne s'arrêtant que pour chier accroupis sur les poubelles publiques (toujours en hurlant). - à la stupéfaction des pachas de l'époque ottomane écrasés de chaleur dans leurs chaises de plage sur les seuils, ne parvenant à manier leur éventail qu'à deux mains - aux filles de gauche voix enrouée dans la file d'attente des épiceries de nuit: "mais meuf what deux fuck?" pour faire américaine- canaille toujours trop bronzées, pieds sales, irrécupérables. - aux bandes de cailleras à la recherche de "chose-kek à gratter", blédards à teinture vendeurs de clopes, bonobos vomissant leurs lèvres marchant bras dépliés et mains sous le genou - aux lapeuses de glace au sucre de 40 berges cheveux courts, surpoids, cette fois tout à fait répugnantes, qui ont déjà renoncé à l'effort parce qu'elles ont leur gosse à la maison, leur chose entièrement en leur pouvoir qu'elles vont malaxer tout leur soûl toute leur vie restante pour se venger de la vie - les bourges-"bohèmes" de plus en plus effeminés chaque année, de plus en.plus ambigus, toujours plus cocufiés, cambriolés, mais c'est justice. - aux transports en commun transformés en zoos roulants, bouillants, puants. - aux "événementiels", aux "fêtes", toujours les mêmes : un étal navrant d'objets à vendre sous une tente en toile cirée, une estrade vide avec des haut-parleurs crachant "du son", des brochures sur une table entourée de panneaux, c'est tout.
On ne le répétera jamais assez. Le processus d'extermination des Blancs est une guerre qui oppose non pas 2 fronts mais 3.
1/Le front des "vrais" avec les fas, les tras, "les petites gens les braves gens", les Gilets Jaunes, certains droitards, certains bourgeois, certains non-Blancs amis, nous, moi. 2/ le front des clandos, des envahisseurs, des colonisateurs, des métisseurs, des racailles, des profiteurs bien visibles, bien abrutis, identifiables, irréfutables. 3/ le front le plus méchant et le moins visible: bourges-bohèmes, planqués, banques, médias, synas, loges, PàB, boumeurs, antifas, élus, fonctionnaires, agents de l'étranger, bref toute la racaille du haut et de l'intérieur.
Il n'y a rien de pire que le front numéro 3, pas même la racaille même si elle était multipliée par clandestins au carré le tout au maximum de leur crasse en fermentation sous cagnard dans maillot de foot synthétique. Le grand espoir de ces émeutes de sauvage c'est que ces primitifs une fois rassasiés de leurs bâtonnets de surimi au Capri-Sun chourrés dans les Lidl forcés à la Porsche-bélier s'en aillent demander un supplément d'argent de poche aux bourges-bohèmes du front numéro 2.
Par pitié les fas ne sortez pas du bois alors que la fête bat son plein! Nul ne doit risquer une minute de GAV pour un immeuble de bureau cramé. Je suis sorti du bois en novembre 2005, GAV pour extinction de feux de voiture à Echirolles. La belle affaire... c'est fini ce temps-là. Intervenir signifierait une interruption catastrophique de l'affrontement entre le front numéro 2 et le front numéro 3.
Une idiote m'a dit que de toute façon tout le monde est bobo. Je lui ai dis non pas, pas les fachos. Et quand les bourges-bohèmes auront été bien détroussés, bien rossés, bien fessés, bien outragés par la racaille peut-être alors voudront-ils devenir des hommes c'est à dire, hélas pour eux, des fachos. "Mais nous on nique les fachos"... Teu teu teu petites putes, tout beau, tout beau. L'arrêt des hostilités réveille une insolence refoulée ? Qui va niquer qui? Toujours des promesses. On vous renvoie trois mille autres cailleras sur la gueule ou vous avez suffisamment de quoi faire avec les dégâts des dix mille de la semaine dernière ?
Certains ont discerné quelle fabuleuse aubaine offrait le déchaînement de tous ces primitifs: - tout d'abord ces rats se sont donnés à voir au monde tels qu'ils sont vraiment et non tels que le monde voudrait qu'ils fussent. - ils ont cassé les barreaux de la prison des Blancs, ils ont saccagé, ridiculisé, piétiné presque chaque mirador du camp de concentration où nous à jeté le front numéro 3: magasins de vêtements franchisés, panneaux publicitaires, restaurants industriels, écoles publiques, mediathèques de gauchistes, etc. - ils ont menacé physiquement les insolents collabos ordinaires du front numéro 3: boumeurs, gauchistes, "activistes", hurleuses en surpoids, salopards anti-Blanc, insolentes, bouches inutiles de toutes sortes.
Toutefois que ces singes avachis dans leur hamac de sieste perpetuelle ne s'imaginent pas avoir accompli un quelconque travail lucratif. Ces quadrupèdes branlomanes sous shit ont encore beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent à se faire s'ils veulent bien mettre momentanément en sourdine leur lâcheté de pillards opportunistes de caravanes et tourner leurs groins renifleurs vers les opportunités fabuleuses des segments de marché encore intacts de la société de consommation. "La manière dont tu comptes en dit long sur ce que tu as brassé, la manière dont tu pompes en dit long sur ce que tu as sucé".
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Storia Di Musica #302 - The Mahavishnu Orchestra with John McLaughlin - The Inner Mounting Flame, 1971
Mahavishnu: nella religione induista è uno dei nomi di Vishnu, e vuol dire all'incirca Divina compassione, potere e giustizia. Fu il maestro spirituale Sri Chinmoy, una delle figure più carismatiche e importanti nella diffusione delle filosofie indù in Europa e negli Stati Uniti, a dare questo nome al nuovo progetto di John McLaughlin. Il chitarrista era agli inizi degli anni '70 la nuova stella della chitarra jazz, uno dei personaggi decisivi e più incisivi nella nascita della jazz fusion. Era già famoso per il suo virtuosismo quando nella seconda metà degli anni '60 arriva negli Stati Uniti, dopo aver svezzato un'intera generazione di chitarristi inglesi (primo fra tutti un certo Jimmy Page). E fu quasi per caso che appena prima delle registrazione di In A Silent Way (1969): McLaughlin era negli USA da poche settimane per registrare con il fido batterista del secondo quintetto di Miles Davis, Tony Williams (il disco era Emergency! in power trio Williams, McLaughlin e Larry Young al basso), che con il suo fiuto eccezionale gli chiede di partecipare alle registrazioni. Ed è con il magone in gola per poter suonare con un suo mito che John inizia una collaborazione che lo porterà ad essere punta di diamante del successivo, e inimitabile, Bitches Brew, che fu registrato a poche settimane da In A Silent Way ma che vide la luce solo l'anno successivo. Nel mitico disco, una parte del suo assolo di chitarra in Bitches Brew fu isolato dal lavoro paziente e certosino di Teo Macero alla cabina di regia musicale e divenne un omaggio del maestro al suo chitarrista: John McLaughlin, dove Davis non suona nemmeno. Partecipa anche a On The Corner, ma già durane le prime registrazioni del 1969 fu lo stesso Miles a spingerlo alla carriera solista. Inizia con un gioiello: Extrapolation del 1969 lo vede in quartetto con John Surman (sassofono), Brian Odgers (contrabbasso) e Tony Oxley (batteria) in un disco che si lega ancora al bop ma che contiene già i semi di quell'albero fruttuoso che di lì a pochi anni inizierà a incantare una generazione di musicisti jazz. Nel 1971 fonda la sua band, come mentore Chinmoy, che fu influente consigliere anche di Carlos Santana, che diventerà grande amico e sostenitore del chitarrista inglese. La Mahanishnu Orchestra fu fondata insieme a Jan Hammer alla tastiera, Jerry Goodman al violino, Rick Laird al basso elettrico e Billy Cobham alla batteria, quest'ultimo anch'egli collaboratore di Miles Davis e uno dei più influenti batteristi di tutti i tempi per stile tecnica e innovazioni musicali.
Tutto è pronto per l'esordio. Presso i Cbs Studios tra la 49 East e la 52.ma strada in Midtown, Manhattan, in una sola e leggendaria sessione di prove ad Agosto del 1971, dopo averlo suonato solo un paio di volte in precedenza, viene registrato The Inner Mounting Flame, che esce prodotto da McLaughlin nel Novembre dello stesso anno. Sin da subito si capisce che la sintonia telepatica tra i musicisti è a livelli superiori, e rimarrà proverbiale negli anni a venire, e la scaletta sciorina il meglio della band e delle singole abilità dei musicisti. Meeting Of The Spirits è l'invocazione magica a colpi di assoluti istrionici di McLaughlin alla chitarra e Billy Cobham alla batteria, a cui si aggiungono pian piano quelle degli altri musicisti, in un incedere ipnotico e vorticoso. Con Dawn è come un momento di relativa pausa, un prendere fiato per ripartire con Noonward Race, rappresentazione clamorosa della velocità e della tecnica di Cobham e la chitarra che omaggia il da poco scomparso Jimi Hendrix di McLaughlin, sostenuti dal basso pulsante di Laird, il piano jazzato di Hammer e il violino “scanzonato” di Goodman. A Lotus On Irish Streams vede protagonista il violino di Goodman, grande colonna del brano, che disegna delle scie musicali che davvero fanno pensare al fluire liquido dell'elemento, in uno dei brani più sognanti dell'intero repertorio. Vital Transformation riporta sul groove funk e veloce di Noonward Race ma l'atmosfera cambia per The Dance Of Maya che parte misteriosa, poi diventa blues e finisce nella solita e proverbiale corsa a rincorrersi tra chitarra e batteria, vero marchio di fabbrica della banda. You know, You know, dalla struttura delicata, diventerà fornitura pregiata per molti artisti, ricordo David Sylvian in I Surrender, i Massive Attack in One Love, addirittura il rapper Mos Def, Cecil Otter e altri ancora. Awakening conclude con le tastiere di Hammer un disco dove la velocità e la potenza del motore musicale impressiona ancora oggi per precisione, vitalità e per la padronanza assoluta delle variazioni ritmiche, strutturali e sentimentali dei brani.
Il disco fu un successo, e venderà negli anni un milione di copie, uno dei più grandi successi del jazz. Il successo riporterà in classifica persino i primi esperimenti da solista di McLaughlin. La band si riproporrà con Birds Of Fire del 1973 (dove c'è un omaggio al Maestro in Miles Beyond), altra meraviglia, e si ritrova in studio a Londra, ai Trident, per registrare quello che secondo loro dovrebbe essere l'album definito del connubio jazz e rock. Ma la tensione è alle stelle e la band si scioglie a metà lavoro (qualcosa verrà pubblicato in Between Nothingness & Eternity). La band si scioglie, ma McLaughling continua e stavolta costruisce una nuova grande Orchestra con fiati, trombe e il violino di Jean Luc Ponty, fedele collaboratore di Frank Zappa, ed altri grandi musicisti per ampliare le visioni della musica che ha in mente, con risultati altalenanti. La Mahavishnu Orchestra avrà persino una terza rinascita a metà anni '80, e continuerà ad essere il sogno musicale di un eterno ragazzo inglese che una volta disse: Mia madre dovette sequestrarmi la chitarra per mesi perché stavo tutto il giorno a suonarla e andavo avanti nonostante mi sanguinassero le dita.
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Ha fatto anche cose
L'assessor Pignazzoni C'era una volta, neanche troppo tempo fa, un paesino di nome Ferbello. Ferbello aveva pochi abitanti, poche case, strade polverose, una chiesa col campetto da calcio e un bar. La gente si lamentava perchè a Ferbello si faticava ad andare avanti, i soldi erano pochi e le prospettive per il futuro erano incerte. Così un giorno al signor Pignazzoni venne in mente di farsi eleggere in consiglio comunale per cambiare le cose come diceva lui. Alle elezioni nessuno se lo filò, così iniziò a dare la colpa a destra e a manca inventando scuse sul perchè non fosse stato eletto. Successe però che le difficoltà di Ferbello impedirono al consiglio comunale di poter mettere mano ai molteplici problemi del paese, così gli abitanti di Ferbello dovettero tornare ad elezioni. Pignazzoni divenne assessore. "C'E' DA ASFALTARE LA STRADA!" disse. A chi gli faceva notare che i soldi non c'erano, lui rispondeva che li avrebbe trovati lui, poi si annotava il nome e cognome di chi lo aveva contestato e qualche tempo dopo quello o quella si trovavano con le ruote bucate, o le finestre rotte o il magazzino dato alle fiamme. Per asfaltare la strada Pignazzoni portò degli africani con la promessa che sarebbero diventati cittadini di Ferbello e li avrebbe pagati, in realtà non videro un soldo e quando la strada fu finita gli amici di Pignazzoni li picchiarono. Ora Ferbello aveva una strada asfaltata, Pignazzoni pensò che poteva essere il momento giusto per un gemellaggio oltre confine, magari con un paesino con una squadra di calcio più forte della Ferbellese che faceva abbastanza pena. Pignazzoni curò personalmente il gemellaggio con una squadra d'oltralpe che era famosa per essere forte, ma ancora più famosa per la sua tifoseria violenta. Fece arrivare gli ultras per il gemellaggio i quali appena misero piede a Ferbello andarono a picchiare i tifosi della squadra ospite contro cui stava giocando la Ferbellese. Tutti gli abitanti di Ferbello che non erano d'accordo con questa situazione vennero intimiditi o fatti trasferire, alcuni addirittura uccisi. Pignazzoni guardava la strada asfaltata e lo stadio con gli ultras ed era contento, però sentiva che mancava qualcosa a Ferbello. "UNA STATUA!" così chiese ai Ferbellesi di dargli tutto il ferro possibile, non importava smontare sedie, auto, trattori, finestre e porte. La statua si doveva fare. Fu così che la fonderia fece un'enorme statua di Pignazzoni che lui stesso inaugurò davanti al campo da calcio, ai bordi della strada asfaltata con la placca "All'assessore Pignazzoni, eroe di Ferbello". Gli ultras e gli amici di Pignazzoni però non avevano capito la situazione e credendosi imbattibili e intoccabili avevnao iniziato a cagare il cazzo anche ad altre squadre e tifoserie che poco o nulla avevano a che fare con Ferbello. Così un bel giorno, guardando fuori dalla finestra, Pignazzoni vide una ventina di pulman di tifosi di altre squadre, incazzati che volevano fare il culo a lui, a quelli del gemellaggio e ai suoi amici. Pignazzoni che era un codardo, si travestì e provò a scappare. Purtroppo per lui che non solo i ferbellesi, ma una moltitudine di persone ormai lo riconosceva e detestava, e tutti gli fecero fare una brutta fine. Una volta uscito di scena, a Ferbello si decise di rimuovere la statua e di fonderla con tutta la targa. Passarono gli anni e la memoria di quello stronzo di Pignazzoni si fece sempre più vaga. Così oggi ogni tanto qualcuno che passa da Ferbello dice "Eh però, bella strada asfaltata. Chi l'ha fatta?" "Pignazzoni" si sentono rispondere. "Bravo no?" "Ma quale bravo e bravo, ma vaffanculo a Pignazzoni e aquesta strada di merda."
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des fois j'oublie que pour apprécier ne serait-ce qu'un peu la vie il suffit se lever tôt le dimanche matin pour aller à une brocante, avec ma mère, ma sœur et seulement quatre euros en poche, puis discuter avec tous les vieux qui tiennent des stands. aujourd'hui j'ai appris que fut un temps les représentants de marque d'alcool donnaient des mini flasques très bien fermées aux commerçants, le monsieur m'a expliqué lesquelles dans sa caisse étaient les plus anciennes et pourquoi, il nous a dit que même celles de plus de soixante ans se buvaient encore, ce qui m'étonne vu le dépot dégueulasse dans certaines fioles mais ça ne me fait pas vraiment peur. ma sœur a fini par acheter celle qui s'appelait "parfait amour". j'ai aussi parlé longuement avec une dame de mon ancienne passion pour les combinaisons de ski des années quatre-vingt quand bien même je n'y vais jamais, avant de lui prendre une veste qui me fait penser à ma mamie. elle a commencé par mal le prendre puis je lui ai expliqué et elle m'a dit qu'il fallait continuer d'être originale, et ça c'était avant de rencontrer une mamie absolument adorable et dévouée grâce à laquelle sa petite fille a pu gagner deux années de suite un concours de déguisement car elle lui avait confectionné la plus belle des robes de sissi l'impératrice sur laquelle elle avait même cousu au dernier moment des fleurs fraîches. ma mère a râlé car elle devait tout m'avancer vu que je n'avais plus d'argent sur moi mais c'est de sa faute car elle me trouve une super veste en cuir, et malgré ça elle a fini par m'offrir un trop joli photophore. puis comme on est dimanche on ouvre une bouteille de jus de fruit sauvignon et on la vide toutes les trois en mangeant des galettes à la compotée de poireaux et au saumon... miam
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CHAPITRE 1 : Alistair
La nuit s’annonçait chaude, l’atmosphère était lourde. Il y avait de l’orage dans l’air. Tant mieux, se dit Alistair, pour qui les affaires n’avaient pas été au beau fixe ces derniers jours. Les navires allaient chercher refuge avant d’être pris dans la tempête, le port allait se remplir. Bientôt, la petite ville côtière serait noire de monde, et Alistair n’aurait plus qu’à se baisser pour se remplir les poches.
Pour lui qui n’était pas très costaud, pas très sociable et pas très serviable, il y avait peu de voies professionnelles qui s’ouvraient dans les eaux des Caraïbes. Ses anciens talents de chasse à l’arc ne rivalisaient pas avec ceux des boucaniers et leurs fusils, et lorsqu’il ressortait son violon ou sa flûte pour amuser la galerie, il gagnait souvent à peine de quoi payer son repas du soir. Pour ne pas finir sous les ponts, il avait dû considérer sérieusement ses options la première fois qu’il était arrivé dans cette région. Une épiphanie lui était alors venue, au terme d’une réflexion courte mais intense : il se trouvait dans l’une des zones de non-droit les plus fameuses des sept mers. Et puisqu’ici n’y avait pas d’or propre, pourquoi aurait-il fallu que le sien soit bien acquis ?
Alistair était gâté par la nature, il le savait : il avait un joli visage, une voix envoûtante et des gestes élégants. Il plaisait aux femmes autant qu’aux hommes, et tant mieux, car les femmes lui plaisaient autant que les hommes. Il avait toujours eu l’intelligence de se servir de ce cadeau de la nature pour se sortir de mauvaises situations ou encourager les gens à faire ce qu’il voulait, mais maintenant, il pouvait s’en servir pour leur vider les poches.
Sa petite arnaque était bien rodée : il fallait d’abord attendre qu’un nouveau navire arrive au port, de préférence un navire pirate. En effet, les pirates s’étaient engagés dans une sorte de pacte étrange avec la vie : ils acceptaient qu’elle leur soit courte, à condition qu’elle soit bien remplie. A ce titre, rares étaient les pirates qui soient très séduits par le concept d’économie : dès qu’ils mettaient pied à terre, la paie qu’on venait de leur donner disparaissait ; souvent dans la boisson et les corps, parfois dans les possessions. Il s’agissait donc de les attraper dès la sortie du navire, quand leurs poches étaient pleines et qu’il leur pressait de les vider.
Pour son arnaque, Alistair avait besoin d’une victime assez intelligente pour comprendre les règles d’un jeu très simple, mais assez bête pour en sortir toujours perdante. Pour ça, il aimait choisir des hommes, souvent plus bas du front que les femmes : il suffisait souvent aux hommes d’exister pour être embauchés sur un navire, alors que les femmes devaient prouver qu’elles valaient cinq hommes pour qu’on les laisse monter. Par un processus de sélection naturelle, les femmes marins étaient donc souvent bien plus intelligentes que leurs collègues masculins. En tous cas, c’était ce que l’expérience lui avait montré.
Une fois qu’il avait repéré sa victime, il lui suffisait alors de lui attraper le bras, et son sort était scellé ; armé de son sourire le plus mielleux, il l’orientait l’air de rien vers son bar préféré, en lui faisant croire que c’était lui qui choisissait son chemin. Arrivés là, il lui offrait toujours sa première pinte ; celle-ci se finissait toujours vite, car c’était la première, et qu’après des mois à boire de l’eau croupie assaisonnée au vin, il faisait soif. Dès que le verre était vide, Alistair faisait signe qu’on le remplisse. Il réglait celui-là aussi, puis autant qu’il en fallait jusqu’à ce que son nouvel ami imite son geste machinalement sans même plus se rendre compte qu’Alistair ne payait plus (et avait discrètement glissé au tavernier de mettre la suite sur une note). C’était un investissement, certes, mais vite rentabilisé. Quand le visage du marin était devenu bien rouge, c’était le signe pour Alistair qu’il n’avait plus qu’à faucher les blés : il sortait son matériel du moment (ce mois-ci, un verre truqué et une simple pièce d’or), et il proposait un petit jeu innocent à sa pauvre victime imbibée d’alcool.
- Tu veux voir quelque chose de dingue ? Retourne ton verre et essaye de faire comme moi.
Alistair retournait son verre et, sous les yeux d’un marin qui maintenant voyait triple, y faisait tenir debout une pièce d’or. C’était souvent le moment où le spectateur ricanait : et alors, qu’est-ce que ça avait d’incroyable ? Même avec sept pintes dans le nez, n’importe qui pourrait faire tenir une pièce debout au derrière d’un verre.
Alors il vidait son fond de bière, retournait son gobelet et posait sa pièce... qui tombait aussitôt sur la table, son grand sourire hagard avec. Il réessayait immédiatement, mais cette fois en fronçant les sourcils, tout bouffi de concentration, et encore une fois, la pièce roulait, finissant souvent sa course entre les doigts fins d’Alistair. C’était à ce moment-là que la soirée prenait un tournant lucratif, quand, les lèvres retroussées sur ses canines dans un sourire malicieux, le filou proposait alors :
- Et si on pariait ?
“Je peux faire tenir la pièce debout cinq fois d’affilée”, “Je te laisse dix coups pour y arriver”, “Celui dont la pièce tient le plus longtemps”... Quand venait l’heure d’ouvrir les paris, Alistair avait eu tout le temps de trouver la provocation qui convenait à sa victime. Elle tombait dans le panneau, voulait récupérer la première pièce qu’elle avait déjà perdue, et les dizaines d’autres qui suivraient bientôt.
Bien sûr, elle ne savait pas qu’elle n’avait aucune chance ; elle ne savait pas qu’Alistair avait creusé une légère, très discrète encoche au derrière de son verre, dans laquelle il s’assurait toujours de placer sa pièce. Ainsi maintenue, elle ne tombait jamais. Si la plupart de ses victimes étaient souvent trop soûls pour se rendre compte qu’elles se faisaient plumer, il arrivait qu’on l’accuse de tricherie (à juste titre).
- Donne voir ton verre ! - Mais bien sûr, échangeons donc.
Le compagnon de jeu lui arrachait le verre des mains et l’examinait sous tous les angles, sans rien trouver (l’alcool n’aidant pas ses sens d’enquêteur). Il essayait de poser la pièce, mais ne connaissant pas l’existence de l’encoche, elle roulait quand même par terre... L’air ahuri, il laissait Alistair récupérer son verre sans broncher.
- Tu vois, c’est qu’une histoire de talent.
La petite tacle à l’égo était tout ce qu’il fallait pour le convaincre de rester dans le jeu. S’il abandonnait trop vite, Alistair aurait à peine gagné de quoi rembourser les verres qu’il lui avait offerts. Pour beaucoup de ces grands gaillards costauds et bourrus, l’idée qu’un rachitique petit bonhomme imberbe puisse les surpasser dans quoique ce soit était inconcevable. Ils devaient alors se prouver ; à eux-mêmes, mais aussi au monde entier. Très vite, le jeu devenait un spectacle, et il devenait difficile de respirer tant la foule qui se formait devenait compacte. Tout le monde voulait essayer, trouver le truc, devenir le héros de la soirée qui allait rabattre le clapet d’Alistair. Mais l’artiste maîtrisait parfaitement son script, il était maître de chacun de ses gestes. Il savait quand il devait faire semblant de perdre, quand il devait faire croire à sa victime qu’elle avait une chance, et bien sûr, il savait quand il fallait prendre la poudre d’escampette. Il arrivait toujours un moment dans la soirée où l’une de ses victimes se rendait compte qu’elle n’avait plus un sou en poche, et il n’était alors plus question de la raisonner sur la supposée non existence de la tricherie. Il ne restait plus qu’à filer par la sortie de secours qu’Alistair avait déjà repérée une demie-heure avant. Il se jetait dans le public, disparaissait dans la masse, provoquait une bonne vieille bagarre de taverne si besoin ; et si tout se passait bien, il ne revoyait plus jamais aucune des personnes qu’il avait rencontrées ce soir-là.
Bien sûr, cette petite affaire si bien ficelée ne fonctionnait pas toujours. Il lui arrivait de tomber sur quelqu’un qui connaissait le truc (souvent quelqu’un qui s’était déjà fait avoir), ou de tomber sur quelqu’un de pas très joueur, et il lui était déjà arrivé de ne pas réussir à s’enfuir sans y laisser son butin. Sans compter les nombreuses fois, au tout début, où il ne connaissait pas encore assez bien les équipages et leurs réputations pour savoir qui allait le rendre riche et qui allait lui faire perdre son temps. C’était du travail spéculatif, et il lui arrivait encore assez souvent de rentrer bredouille.
Mais le jeu en valait la chandelle. Parce que c’était drôle, parce qu’il savait le faire, et parce qu’il aimait le faire. En plus, ça n’avait aucune conséquence sur le long terme pour lui : il ne restait jamais assez longtemps au même endroit pour se faire une réputation. Si on commençait à retenir son visage, c’était qu’il était temps de partir. Les vrais bons arnaqueurs savaient rester anonymes pour toujours. Avant de partir, et surtout si ses petites affaires n’avaient pas été assez rentables, il lui restait un dernier art subtil à partager avec les locaux : celui de faire les poches, à l’ancienne, du genre attraper avec ses petites mains des choses qui ne lui appartenaient pas et qu’il n’avait pas l’intention de rendre. Il faisait ça sur le chemin du port, juste avant de monter dans le bateau qu’il avait choisi pour l’emmener à sa prochaine destination. Avant même que ses victimes ne se rendent compte que leurs poches s’étaient allégées, il se trouvait déjà en des eaux d’une autre couleur.
Mais revenons à notre soirée chaude, et son air lourd. La nuit était déjà bien tombée et voilait le paysage tropical d’une teinte bleutée, toutes les chandelles des commerces encore ouverts étaient allumées et réchauffaient la ville côtière de leur lumière rougeâtre. Comme il le pensait, la promesse d’un orage avait forcé une bonne dizaine de navires à s’arrêter contre leur gré au premier port qu’ils pouvaient trouver, et toutes les tavernes se gavaient le gosier de marins plus ou moins honnêtes bien décidés à profiter de cette soirée imprévue mais bienvenue. Bien sûr, Alistair n’était pas en reste et s’était dépêché d’harponner sa nouvelle victime.
Un petit public s’était déjà amassé autour de la table où il s’était installé avec son gagne pain. A peine une dizaine de curieux, qui lançaient des théories et proposaient des stratégies chancelantes au compétiteur, dont la bourse avait déjà bien fondu. Alistair s’était déjà fait insulter de tricheur, il avait déjà prêté son verre : tout se passait bien.
Mais l’escroc voyait poindre l’ombre d’un perturbateur à l’horizon. Ça faisait bien une dizaine de minutes qu’il l’avait remarqué. Un homme resté au comptoir, qui fixait leur petit jeu depuis un bon moment. Alistair ne se rappelait pas l’avoir vu quand il était entré dans cette taverne, et il ne se rappelait pas non plus l’avoir vu entrer et s’asseoir. Ce soir, il y avait trop de paquets de marins qui entraient, sortaient et s’agglutinaient pour qu’il note attentivement les va et viens de chacun. Ainsi, il ne savait pas depuis combien de temps il se tenait témoin silencieux de l’entourloupe, mais Alistair ne s’y trompait pas : il avait appris à repérer cette expression qu’ils avaient, ce sourire en coin, ces yeux légèrement plissés sous leurs sourcils froncés. Soit il savait, soit il croyait savoir.
D’habitude, Alistair ne s’en inquiétait pas. Le plus souvent, ces fanfarons arrivaient tout bouffis d’ego, donnaient un essai à leur théorie, et tous les orifices de leur visage s’arrondissaient en regardant tomber la pièce. Bien sûr, il arrivait que quelqu’un comprenne vraiment, et c’était le signe pour Alistair qu’il était temps de décamper (et de sauter dans le premier bateau). Mais ces idiots géniaux, souvent appâtés par la promesse d’un instant de gloire, ne tardaient pas d’ordinaire à venir se faire remarquer. Celui qu’Alistair avait dans le collimateur restait obstinément le derrière vissé à son tabouret, à jeter des coups d’œil provocateurs à Alistair chaque fois qu’il empochait ses gains. Peut-être avait-il une idée en tête. Peut-être avait-il un collègue parmi les pauvres ères en train de se faire plumer, et qu’il comptait tendre un piège à l’escroc.
Que ce fût-ce le cas ou non, Alistair sentait qu’il était temps de prendre la situation en main. Au mieux, il lui damerait le pion, au pire, il se serait enfin débarrassé de cet insupportable sourire qui le narguait dans le coin de son œil. Il se tourna vers le spectateur indésirable, son sourire le plus large au visage, et désigna sa table de jeu d’un geste ample de la main.
- Monsieur nous observe depuis un moment, est-ce qu’il voudrait tenter sa chance ?
Le rictus de l’homme disparu quand toutes les têtes se tournèrent vers lui, et qu’on le regardait tantôt les yeux ronds, tantôt les sourcils froncés. Il avait l’air d’un enfant surpris à jeter des boulettes en papier depuis le fond de la classe, et à qui on demandait de réciter la dernière phrase de la leçon. Malgré tout, sa joue se décolla de sa main, son coude se décolla du comptoir, et il se décolla du tabouret pour s’approcher de la table. Il se pencha au-dessus du jeu, grattant sa lèvre supérieure du bout de l’index pour feindre qu’il réfléchissait (Alistair savait très bien qu’il avait déjà eu tout le temps de réfléchir). Après quelques courtes secondes de cette comédie, il prit la parole, s’adressant à la victime du filou :
- ‘Permettez ?
Sourcils froncés, l’intéressé secoua lentement la tête en soupirant et en écarquillant les yeux. Il avait visiblement déjà arbitré que ce jeu était un casse-tête sans résolution, et que s’il n’y arrivait pas, il n’y avait aucune raison que quelqu’un d’autre y arrive. Malgré tout, il se leva pour céder sa place au nouveau venu, et il s’attendait sûrement à la récupérer rapidement.
- Si tu t’crois plus malin que moi... grogna-t-il en s’installant derrière la chaise qu’il venait de quitter.
L’autre homme lui tapota le bras avec camaraderie alors qu’il s’installait, approchant sa chaise avec le sérieux et la minutie d’un étudiant en train de se préparer pour un examen important. Une fois qu’il fut bien installé devant lui, Alistair eu tout à loisir de mieux étudier ses traits.
D’abord, il fallait remarquer de formidables oreilles. D’aussi grosses, rondes et décollées, Alistair en avait rarement vu ailleurs que sur des caricatures. Elles tranchaient comiquement avec la silhouette parfaitement carrée de sa mâchoire, dont la forme tenait presque de la brique. Ses yeux étaient profondément enfoncés dans son crâne, cachés sous l’ombre de ses sourcils bas et de son front proéminent, si bien qu’il ne put même pas en deviner la couleur. Lorsqu’il ouvrait la bouche, Alistair pouvait voir qu’il lui manquait une dent, une canine ou une incisive sur la droite. Il avait de longs cheveux noirs à peu près aussi ordonnés qu’une litière de foin, abîmés par le soleil et l’eau, et il essayait tant bien que mal de les tenir au respect à l’aide d’un ruban attaché en haut de sa nuque (le résultat ressemblait à une queue de raton laveur effrayé). Une courte barbe mal entretenue, deux boucles noires sur ses oreilles disproportionnées, et des dizaines de bijoux faits en cordages, en bois et en coquillages autour des poignets et du cou terminaient la décoration de son visage. Il avait la carrure de ceux qui travaillaient sur un navire, et l’odeur aussi, mais Alistair dû reconnaître que s’il sentait bien le sel et le soleil, lui au moins s’était débrouillé pour se débarrasser de l’odeur de basse marée. Ses ongles étaient noircis par les blessures et les hématomes, qu’il devait probablement aux échardes, aux cordages et aux doigts écrasés entre les tonneaux. Parmi les nombreuses cicatrices qui taillaient dans sa peau, il en notait une presque parfaitement droite, à l’horizontale, qui courait en travers de la trompette retroussée qui lui servait de nez. Alistair ne put s’empêcher de se demander quelle mésaventure avait put lui valoir celle-ci.
S’il aurait voulu s’attarder plus longtemps à étudier le torse velu et rebondi de l’homme, que son surprenant décolleté plongeant offrait aux yeux de tous, il ne put pas, car quelque chose dans l’attitude de ce pirate le dérangeait et le déconcentrait. Une sorte de script, de calcul constant de sa posture et de ses gestes, comme si rien ne lui venait naturellement et que chaque mouvement devait découler d’un choix hyper conscient. Alistair avait déjà vu ça, à l’époque où il côtoyait les planches de théâtre : chez les débutants qui récitaient leur premier texte. Le filou lutta pour réprimer un début de sourire, se trouvant soudain bête d’avoir presque eu peur d’un homme qui croyait si peu en lui-même qu’il devait conscientiser chaque mouvement de doigt.
Alors qu’Alistair le décortiquait des yeux, l’autre homme avait finit de s’installer et d’inspecter le matériel. Il leva les yeux vers Alistair (il vit alors qu’il les avait noirs) et demanda, semblant presque innocent :
- Les règles ?
- Faire tenir la pièce debout sur un verre retourné.
Alistair avait presque chantonné tant son cœur s’était allégé, maintenant rassuré sur le potentiel danger que représentait son adversaire. Il mettait trop d’efforts à prétendre qu’il était à l’aise dans ses bottes pour l’être vraiment, et ce qu’Alistair avait pris pour des rictus moqueurs n’étaient probablement que les expressions faciales non maîtrisées d’un pauvre bougre asocial vivant 250 jours de l’année dans la cale d’un bateau.
- Et on peut s’y prendre comme on veut ? continua l’autre homme.
- Tant que tu touches pas la pièce avec tes doigts, oui, ricana Alistair, et sa réflexion entraîna les rires d’autres spectateurs avec lui.
- La mise ? persista-t-il sans se laisser démonter par les moqueries.
- A toi de voir. Je devrais pouvoir te suivre.
Il avait répondu ça en faisant sauter dans sa main la bourse qu’il avait gavée de l’or mal acquis de ce soir, et que l’ancien propriétaire fusillait du regard avec rancœur et envie. La nouvelle victime porta la main à sa ceinture, et jeta alors sur la table sa propre bourse encore pleine et fermement scellée par sa cordelette. Une boule d’avidité se forma dans la gorge d’Alistair, qu’il eut du mal à avaler.
- Si ça te va, bien sûr... s’enquit faussement le challengeur.
- Ça me va, répondit Alistair, les yeux rivés sur la mise, alors qu’il sollicitait toutes les fibres de son corps pour ne pas sauter dessus et s’enfuir avec.
- Je parie que je peux la faire tenir debout quinze secondes.
Alistair se mordit les joues de toutes ses forces pour ne pas rire. Autour d’eux, il se murmurait entre les badauds que cet homme était totalement inconscient et qu’il pouvait dire adieu à son or.
- Admettons. Je suis.
Et il lança sa propre bourse sur celle déjà présente, dans un cliquettement mélodieux et sonnant bon l’opulence. Finalement excédé, l’ancien propriétaire de cet or sortit de la foule pour taper violemment du poing sur la table, le visage rougit et gonflé par la colère, ses petits yeux ronds injectés de sang braqués sur un Alistair qui était prêt à bondir pour sa vie.
- Putain, c’est MON or ! rugit-il, la multitude de postillons qu’il venait de cracher s’écrasant sur la table (et un peu sur Alistair, aussi).
- Si je le gagne, je te le rends, intervint l’autre homme avant qu’Alistair n’ait pu se justifier de quoique ce soit.
Tous furent surpris, à commencer par Alistair, qui pendant un très court instant ne put s’empêcher de ressentir sympathie et reconnaissance pour cet homme qui venait de prendre une dynamite à mains nues pour la jeter à l’eau. La dynamite en question perdit totalement Alistair des yeux pour s’intéresser à cet espèce de sauveur prophétique qui, s’il réussissait le miracle de faire tenir une pièce debout sur un verre, promettait de lui rendre sa paie durement acquise. Il fronça d’abord les sourcils, car pour lui comme pour beaucoup d’autres, le concept de générosité héroïque et désintéressée était une légende pas plus concrète que l’existence des fées. Finalement, au bout de quelques secondes à fixer son collègue, il dû le croire assez honnête pour tenir parole ; ses yeux rentrèrent dans leurs orbites et son visage retrouva une couleur normale, puis il sembla à Alistair qu’il essaya de marmonner une sorte de remerciement alors qu’il retournait s’assombrir au milieu de la foule en regardant ses pieds.
La catastrophe évitée, le jeu pouvait maintenant commencer. Le cœur d’Alistair retrouva un rythme normal, et après un court raclement de gorge (et un discret hochement de tête reconnaissant à l’encontre de son adversaire), il fit signe à l’autre homme d’engager les hostilités. Il avait hâte de voir quelle idée géniale il croyait avoir trouvée, et quelle excuse bidon il bredouillerait pour demander une seconde chance de récupérer sa mise. Avec les sourcils froncés d’un homme en train d’étudier une idée, le marin se mit à fouiller dans les gigantesques poches de ce qui lui servait de pantalon... pour en sortir un petit couteau, qu’il déplia du bout du pouce avec tout le naturel du monde, comme si sa peau était à l’épreuve de l’acier. Le sourire d’Alistair disparu et il se redressa sur sa chaise.
- Tu peux pas non plus tenir la pièce en équilibre en te servant de quelque chose, crut-il alors bon de préciser.
- J’y comptais pas, répondit l’homme avec désinvolture. Est-ce qu’il faut que je sache autre chose ?
Leurs regards se croisèrent à nouveau, et Alistair comprit qu’il avait rendu son jugement trop vite. Il était piégé, parce qu’il savait parfaitement ce que cet imbécile allait faire avec ce couteau, mais s’il le mentionnait, il risquait de devenir suspect. Le temps s’écoula silencieusement, une pincée de secondes qui passèrent comme des heures, jusqu’à ce qu’Alistair retourna s’adosser au fond de sa chaise en croisant les bras. Derrière une a priori nonchalance, quelque chose crevait les yeux : il l’avait mauvaise.
- Non, vas-y. Joue.
Et le marin put enfin sourire, d’une oreille à l’autre, en se saisissant de son verre dans lequel il se mit à tailler une petite encoche. Les soupirs de surprise et d’admiration explosèrent autour de lui, alors que les protestations indignées se mêlaient à des rires gras et sonores. Quand il reposa son verre maintenant trafiqué sur la table, il haussa les épaules en s’adressant à Alistair d’un air faussement ingénu :
- Ça m’est venu comme ça. Ça te va ?
Il ne fallait absolument pas qu’Alistair ait l’air de connaître la combine. Il devait rentrer dans son jeu, feindre la surprise et l’admiration devant tant de créativité. Il se força à sourire comme rarement il l’avait fait.
- C’est pas interdit par les règles.
L’autre homme retrouva son sourire, fait de satisfaction et de fierté, puis posa délicatement la tranche de sa pièce dans l’encoche fraîchement taillée. Tout le petit public, que l’agitation récente avait d’ailleurs fait grossir, retenait sa respiration, immobile comme un troupeau d’épouvantails. Une seconde passa, puis deux, puis trois. Alistair regardait la pièce tenir et le temps passer sans le moindre espoir que l’une tombe et que l’autre s’écoule plus vite. Il savait qu’au bout de quinze secondes, la pièce serait toujours debout et que son pécule allait s’envoler. Si au moins le destin pouvait l’accabler plus vite.
La foule éclata en célébrations quand, effectivement, les quinze secondes finirent de s’écouler sans que la pièce ne chute. Le grand gaillard qui avait failli exploser de colère attrapa le vainqueur par les épaules pour le secouer sur sa chaise, avant de se s’emparer de l’or qui lui appartenait à nouveau et de repartir avec sans perdre son temps (craignant sûrement que son collègue ne change d’avis). Ce dernier, redressant difficilement l’axe de ses yeux après s’être ainsi fait agiter sans cérémonie, récupéra sa propre bourse et la remit à sa ceinture.
Pour Alistair, cet or était anecdotique maintenant. Qu’à cela ne tienne, ce soir il rentrerait bredouille ; il lui restait encore assez d’or pour se payer une place sur un navire et s’en aller quelque part où on ne les connaissait pas, lui et ses combines douteuses. Mais déjà fallait-il l’atteindre, ce navire. Pour l’instant, les badauds étaient trop occupés à féliciter le vainqueur et à tester son verre magique pour se préoccuper de lui, mais ça n’allait pas durer, et il fallait qu’il trouve à s’éclipser discrètement avant que...
- Eh, attends voir, comment tu faisais toi ? clama la voix d’une femme dans le public.
Alistair ferma les yeux, pinça les lèvres et dû se rasseoir sur la chaise qu’il avait mine de rien commencé à quitter. La question de cette spectatrice était tout à fait pertinente, comme en prit conscience le reste de l’audience, dont l’attention bifurqua d’un bout de la table jusqu’à l’autre. Alors qu’il entendait la question se répéter comme un écho à travers les différents membres du public, il sentait également que la foule redevenait soudain compacte, derrière lui comme autour, se resserrant sur lui comme un piège humain. Il s’arma de son sourire le plus convainquant (parce qu’il lui fallait aussi se convaincre lui-même), sachant qu’aucun mensonge ne le sortirait de là et qu’il devait juste gagner du temps jusqu’à ce qu’une ouverture s’offre à lui. Il n’avait besoin que de quelques centimètres de couloir dans lesquels s’engouffrer, d’une opportunité de provoquer le chaos, n’importe quelle excuse pour disparaître avant qu’on l’attrape par les épaules et qu’on lui fasse, et bien, ce qu’on pourrait imaginer qu’on fasse à un escroc.
- Beaucoup de chance, j’imagine, s’entendit-il répondre la gorge nouée.
Évidemment, la réponse ne convainc pas. Les grognements et les protestations s’élevèrent dans la foule, l’un jeta l’idée qu’on prenne son verre pour l’examiner, et la suggestion prit comme un feu de forêt. C’était la fin, ils allaient inspecter son verre à la lumière des bougies, trouver l’encoche et le passer à tabac. S’il avait de la chance, on retrouverait son corps sur une plage de l’île voisine quelques jours plus tard, craché par les vagues après que les crabes aient coupé les cordes qui reliaient ses chevilles à un gros rocher. S’il n’en avait pas, il serait tellement défiguré qu’il ne pourrait plus jamais compter sur son joli minois pour gagner sa vie, et il en serait réduit à faire la manche à l’entrée des quais jusqu’à la fin de ses jours.
Une main jaillit de la foule pour s’emparer de son verre. Ses mâchoires se crispèrent, sa gorge était si sèche qu’il se la froissa en essayant de déglutir en vain. Mais l’homme en face de lui, qui était resté assis à sa place, tendit alors le bras si vite qu’Alistair eut peine à remarquer qu’il l’avait même bougé. Il avait attrapé le verre avant l’homme du public, feignant de ne même pas avoir remarqué l’autre main dont il venait de frôler la peau. Il porta l’objet de la triche devant ses yeux, le retournant dans tous les sens avec un air très sérieux au visage, se frottant la moustache comme il l’avait fait en rejoignant la table un peu plus tôt.
- Hmm... soupira-t-il comme en profonde réflexion.
Puis, au terme d’une courte mais très sérieuse inspection, il reposa le verre à l’envers sur la table, devant lui. Il se pencha à gauche, son oreille presque collée contre le bois de la table, fermant un œil pour s’aider à viser et sortant un bout de langue pour... Dieu sait quelle raison. Il prit sa pièce, la tenant rigoureusement au-dessus du verre, puis abaissa lentement sa main jusqu’à ce que l’or touche le gobelet. Arrivé là, il fit encore de grandes manières pendant de longues secondes pour s’assurer que sa pièce resterait bien debout en équilibre, puis la lâcha... et sous les exclamations d’indignation et de surprise de la foule, elle tomba du verre et roula sur la table.
L’homme se redressa en haussant les épaules, l’air désolé de sa performance. Il récupéra sa pièce et retenta l’expérience deux ou trois fois, sous l’œil stupéfait et déconcerté d’Alistair qui ne comprenait rien à son petit manège. Une fois mis dans la confidence, l’encoche était évidente à repérer même au milieu des traces d’usure légitimes, et Alistair était convaincu que l’autre homme l’avait vue. Il était clair qu’il feignait le contraire, mais dans quel but, il n’en avait aucune idée.
Au bout de la troisième tentative infructueuse, alors que la surprise agitait encore le public, le marin finit par hausser les épaules une dernière fois en signe d’abandon.
- Nan, je vois pas, j’y arrive pas. Je crois que le verre est réglo, hein. Alors comment tu fais, montre-moi !
Il avait posé la question en reposant le verre au centre de la table, et en tendant sa pièce à Alistair. Celui-ci laissa passer une seconde en suspens, ses yeux rivés dans ceux de l’autre homme, essayant de flairer le piège s’il y en avait un. Mais s’il y avait quelque chose dont il devait se méfier, il ne le vit pas, et de toute façon ça lui semblait trop tard : il était déjà dedans jusqu’au cou.
Il tendit la main pour attraper la pièce, et sans singer les cérémonies exagérées dont son partenaire de jeu s’était fait l’acteur, il la posa simplement sur le verre, la lâcha, et la laissa tomber par terre. Des gloussements d’indignation et de surprise s’élevèrent à nouveau du public, mais Alistair ne s’en alarma pas, ne lâchant toujours pas des yeux le marin qui l’avait mis dans ce pétrin.
- Oups, finit-il par dire. Je crois que j’ai perdu ma concentration.
Le visage de l’autre homme se fendit d’un sourire, narquois et complice, et avant que qui que ce soit ne puisse dire ou faire autre chose, il attrapa les deux verres, attendit que passe à côté de lui une serveuse munie d’un plateau débordant déjà de vaisselle sale, et il y jeta les maudites preuves de leurs tricheries respectives.
- Oh, et on s’en fout, s’exclama-t-il. A boire, nom de Dieu ! Je paye ma tournée !
Alors la foule rugit de joie d’une seule voix, et enfin, au plus grand soulagement d’Alistair, elle oublia sa présence et éclata à travers toute la taverne (convergeant surtout vers le comptoir pour profiter de la générosité de ce bien aimable collègue). Un semblant de normalité retomba dans l’établissement, le temps reprit son cours, et aussi vrai qu’à l’instant leur petit jeu avait été au centre de toute l’attention, on semblait déjà les avoir oubliés tous les deux. Mais eux n’avaient pas bougé, se fixant toujours l’un l’autre et chacun depuis son extrémité de table ; le marin les bras croisés contre son torse, Alistair le menton posé sur ses mains jointes, coudes sur la table. L’ombre d’un sourire, amusé et curieux, transparaissait sur leurs deux visages. Ce fut Alistair qui brisa leur silence :
- Tu viens de me donner une super bonne idée.
- Ah oui ? répondit l’autre homme, souriant toujours.
- Une super combine d’arnaques en duo. On pourrait arriver dans un nouveau bar tous les soirs, toi et moi, prétendre qu’on se connaît pas...
Les mains d’Alistair bougeaient dans tous les sens, comme pour illustrer ses explications. Il y avait quelque chose d’hypnotique dans la fluidité de ses mouvements, il semblait jeter des sortilèges dans tous les coins du bout de ses doigts.
- Moi, je suis celui qui est évidemment en train d’arnaquer, et toi tu arrives, tu fais celui qui a compris ma triche, tu pourrais refaire ta petite comédie là, c’était très convaincant...
- Hmm hmm... interjecta simplement son interlocuteur en se grattant la joue.
Lui, en contraste, se tenait parfaitement immobile, comme s’il était fait d’un seul bloc rigide de pierre. Manifestement, il avait fini de prétendre qu’il savait bouger son corps.
- T’es le héros qui me fait miser tout ce que je viens de voler, tu gagnes, les gens sont trop heureux de t’avoir vu me remettre à ma place pour penser à m’étriper, je m’enfuis sans risque, et on se retrouve dehors pour partager le butin.
- Pas mal, pas mal.
- Qu’est-ce que t’en dis, tu marches ?
- Merci pour l’opportunité, mais je vais devoir passer. J’ai un vrai travail.
Le rictus d’Alistair s’élargit comme si sa bouche allait lui couper le visage en deux.
- J’en doute pas. A dépouiller les navires marchands j’imagine ?
- Seulement les anglais. Ils l’ont bien cherché.
- A chaque voleur son sens de l’honneur. D’ailleurs, pourquoi tu m’as sauvé les fesses ? Après t’être donné tout ce mal pour m’humilier.
- C’est toi qui m’as provoqué, j’avais pas l’intention d’intervenir à la base. Les gens comme toi me dégoûtent, mais il y en a dans tous les bars, et si on est assez bête pour se faire avoir par des tours de passe passe d’enfant de cinq ans, on mérite de se faire dépouiller. Mais j’étais pas d’humeur à avoir du sang sur les mains ce soir.
Il avait dit ça en dépliant ses bras et en croisant les poings sur la table. Il y avait une honnêteté candide dans son regard, comme s’il avait vidé toutes ses forces de menteur pour flouer leur public et qu’il n’était plus capable maintenant que de dire la vérité. Amusé, Alistair souffla du nez, se rendant compte que leur duo d’arnaqueurs atteindrait bien vite ses limites.
- Tu veux qu’on s’en aille avant qu’ils te demandent d’honorer ta tournée ?
- Volontiers. Où ça ?
- Je connais un coin, mais faut se dépêcher avant que l’orage tombe.
---
Alistair les avait entraînés loin des quais. Après être sortis de la taverne, ils avaient remonté la rue à contresens comme pour retourner au port, mais arrivés là ils avaient disparu dans une ruelle un peu dérobée sur la gauche, dans laquelle plus ils avançaient, plus ils laissaient derrière eux les bruits du bourg. A un moment, ils n’entendaient plus rien, toutes les lumières étaient éteintes, et ils ne croisèrent plus gère que quelques formes sombres dont les yeux, qui brillaient dans le noir, étaient tout ce qui trahissaient leur nature humaine. Ils se rapprochaient de plus en plus de la forêt tropicale environnante, et des sentiers qui menaient aux gigantesques montagnes dans le creux desquelles la ville était blottie. Mais Alistair n’alla pas jusque là. Un peu avant que la ville s’arrête pour de bon, il se remit à descendre vers la mer. Là, plus de port, mais il restait encore un quai en pierre pour délimiter un semblant de rivage civilisé.
Le voleur était surpris de constater que son nouvel “ami” l’avait suivi jusqu’ici sans rien dire, sans objecter et sans poser de question. Pas la moindre suspicion de piège ou de guet-apens ; soit il était très naïf, soit il avait parfaitement confiance en lui pour se sortir d’un mauvais pas. Il s’avérait de toute façon, qu’Alistair n’avait pas prévu de lui trancher la gorge ou de le pousser dans l’eau. Il allait lui montrer un petit endroit qu’il avait trouvé lors d’un de ses nombreux séjours sur cette île, et dans lequel il aimait disparaître lors des rares moments où il aspirait au silence.
Il ne restait plus que quelques pas qui les séparaient de deux escaliers descendants dans le sol, convergeant vers la même destination. Autour d’eux, il n’y avait plus guère que quelques bicoques délabrées, dont la plupart était probablement à l’abandon et squattées, et il aurait suffit de continuer sur la gauche pour pénétrer dans la forêt. Alistair se tourna vers l’animal étrangement docile qui le suivait depuis vingt minutes.
- C’est là.
L’homme leva la tête en écoutant le grondement du tonnerre au-dessus d’eux. L’orage menaçait maintenant d’exploser à tout instant.
- A la bonne heure, grommela-t-il. On a intérêt à être au sec.
- A peu près, oui.
Alistair lui fit signe de suivre alors qu’il s’engouffrait dans l’un des escaliers. A l’instant où son invité posa le pied sur la première marche, la pierre commença à se noircir de gouttes de pluie, mais dès qu’ils eurent fini de descendre et qu’ils furent bien abrités sous l’alcôve souterraine, c’est un véritable déluge qui se déchaîna. Malgré lui, Alistair ne put s’empêcher de penser que le ciel s’était abstenu avec courtoisie, attendant qu’ils soient au sec pour déverser sa rage sur Terre. Il lui en fut reconnaissant.
C’était un petit étage posé presque à même l’eau, au point que quand l’orage se mit à remuer la mer, l’écume menaçait d’inonder ce qu’il leur restait de sol sec. En restant assez loin du bord, cependant, on s’épargnait les éclaboussures. Deux bittes d’amarrages trahissaient que cet endroit devait autrefois servir à arrimer de petites barques, et il sembla à Alistair que l’autre homme avait remarqué la sorte de porte condamnée derrière eux, sans daigner s’y intéresser davantage. C’était froid, humide et étroit ; mais à perte de vue, on ne voyait que des trombes d’eau se jeter dans la mer déchaînée. C’était un peu irréel de se trouver à la fois si près et si loin du chaos. Sans un mot, les deux hommes s’assirent à même le sol et profitèrent du spectacle, à une distance respectable l’un de l’autre.
- Je m’attendais pas à ça, finit par dire l’autre homme à mi-voix, coupant un silence long de plusieurs minutes.
- C’est quoi, “ça” ?
Le pirate jeta un regard autour de lui, comme s’il n’était pas sûr lui-même de ce qu’il était en train de regarder, et de ce qu’il en tirait.
- C’est plutôt joli, “ça”.
Alistair éclata d’un court rire mélodieux.
- Content que ça te plaise.
A nouveau, ils ne se dirent plus rien, et continuèrent d’apprécier en silence le spectacle chaotique de l’orage déchaînant la mer. Parfois, un éclair fendait le tableau, le temps de les éblouir comme en plein jour en faisant rugir le ciel. A part ça, tout n’était que nuances de gris, divergeant si subtilement l’une de l’autre qu’il fallait se fier à leur place sur le tableau et le caractère de leurs mouvements pour savoir si c’était le gris du ciel, de la mer ou de la pluie. C’était pourtant magnifique, pensait Alistair, et il savait que son compagnon pensait pareil. Il était peu d’endroits d’où l’on pouvait observer dans une relative sécurité un phénomène de la nature si destructeur. C’était comme avoir une petite victoire sur quelque chose qui ne perdait jamais.
Le temps s’écoula. Quand le froid commença à raidir les doigts d’Alistair et à lui mouiller le bout du nez, il se dit qu’il était temps de passer à la deuxième moitié de soirée.
- Bon, allez, lança-t-il en se levant, époussetant le derrière sali de son pantalon. J’ai besoin de toi pour un truc.
- Hein ? hoqueta l’autre homme en sortant de sa torpeur.
Il lança des yeux ronds à Alistair, se demandant sûrement s’il avait malgré lui accepté un insidieux marché. Le filou secoua la tête en souriant avant de désigner la porte derrière eux, que son acolyte avait probablement eu le temps d’oublier.
- Y’a un réseau de tunnels qui court sous toute la ville, de l’autre côté. Je pense qu’on devait s’en servir comme passages secrets à une époque, une fois j’ai fait le tour et je suis tombé sur d’autres points d’amarrages un peu planqués comme celui-là.
- Et alors ? grommela le pirate en se relevant à son tour, sourcils froncés. Si t’as un plan foireux en tête, ça m’intéresse pas.
- Et rester au sec, ça t’intéresse ? On peut passer par là pour regagner une auberge, je me rappelle encore des chemins. Par contre, la dernière fois que je suis venu ici, j’ai pas pu ouvrir la porte, elle avait trop rouillé dans ses gonds. Mais je me suis dit que pour un grand gaillard comme toi, une p’tite porte en métal comme ça...
Le grand gaillard en question secoua la tête d’un air désapprobateur, un coin de la bouche tiré vers le haut de manière comique comme s’il s’apprêtait à sermonner un enfant. Il s’approcha toutefois de la porte en invitant Alistair à lui faire place.
- Pousse-toi, je vais voir ce que je peux faire.
Le filou obtempéra sans rechigner et alla s’asseoir sur la dernière marche de l’un des escaliers pour profiter du spectacle. Le pirate commença, bien sûr, par essayer d’utiliser la poignée, qui lui resta dans les mains comme si elle avait attendu depuis des années qu’on l’achève. Alistair éclata de rire en le regardant secouer la tête avec dépit, grommelant dans sa barbe alors qu’il jetait derrière son épaule la poignée devenue inutile. Il entreprit alors de pousser la porte avec ses mains, là encore sans grand succès.
- Merde, elle est vraiment bien coincée... ! souffla-t-il entre deux efforts.
- Vas-y avec l’épaule, ça sert à rien ce que tu fais ! s’exclama Alistair.
- Laisse-moi faire, ok ?!
Malgré ça, et sûrement parce que c’était sa prochaine idée et pas parce qu’on lui avait ordonné, il se mit de côté et commença à donner de bons coups d’épaules dans la porte, y allant avec une force un peu plus croissante à chaque fois que le métal refusait de se plier à sa volonté.
- Putain, tu vas t’ouvrir espèce de... !
Il ne finit pas sa phrase, recula d’aussi loin que le sol le lui permettait, et Alistair ne put que soupirer de surprise en le regardant se jeter sur la porte avec la force et la hardiesse d’un buffle. Dans un “BONK !” retentissant, il vit l’homme et la porte s’écraser ensemble tels une seule entité contre le sol du tunnel. Il sauta sur ses pieds puis jusqu’à l’ouverture presque d’un seul geste, et s’écria malgré lui :
- Ça va ?!
Il n’eut d’abord pour seule réponse que son propre écho, avant qu’un râle ne s’élève du silence.
- Aaaïe, putain...
Malgré la pénombre qui étouffait les tunnels dès l’entrée, il réussit à discerner la masse sombre qu’il devinait être son acolyte se redresser difficilement, une vertèbre après l’autre, accoudée au mur. Le regardant faire, un rire commença à s’échapper d’Alistair, d’abord nerveux, puis presque hystérique.
- Mais qu’est-ce qui t’a pris de faire ça ? réussit-il à articuler entre deux gloussements.
- J’en sais rien... répondit le pirate en massant ses membres endoloris par l’impact, presque penaud. Elle était en train de gagner. J’étais vexé.
- T’aurais pu essayer plus longtemps avec l’épaule avant de faire ça, soupira Alistair alors qu’il retrouvait son calme. Enfin, c’est le résultat qui compte, merci d’avoir ouvert la porte.
Il passa devant l’homme en contournant comme il put la porte restée au sol, puis il fouilla l’intérieur de sa veste pour en sortir un petit briquet en argent, richement ouvragé. Il l’ouvrit, et la lumière, si pâle et faible fut-elle, fut.
---
Les couloirs étaient étroits et la lueur du briquet ne portait pas bien loin, elle n’illuminait même qu’à peine assez de distance pour qu’Alistair puisse voir où il mettait les pieds. Derrière eux, les bruits des vagues et de la pluie s’étaient faits distants, mais au-dessus de leur tête, ils entendaient encore gronder le tonnerre. Parfois, l’impact de la foudre était si près qu’ils sentaient trembler le sol et les murs autour d’eux.
- J’espère ne plus être là quand tout va s’effondrer, grommela le pirate dans le dos d’Alistair.
- T’en fais pas, on sera au chaud et au sec avant que ça n’arrive, le rassura le voleur avec un sourire en coin.
La taille des couloirs et la timide flamme du briquet forçaient les deux compagnons à marcher presque l’un sur des pieds de l’autre, le pirate étant resté derrière pour que son acolyte puisse tant bien que mal guider leurs pas. Alistair aurait menti s’il avait dit que cette proximité lui déplaisait. Le temps passant, la compagnie de son nouvel ami lui plaisait de plus en plus, et il le trouvait non dénué d’un certain charme “au naturel”. Alors qu’il fouillait sa mémoire musculaire pour retrouver son chemin dans la pénombre, il sentait parfois son cou amorcer un geste vers l’arrière quand il sentait le souffle de l’autre homme caresser sa nuque de trop près. Il devait alors serrer les mâchoires et interrompre le mouvement de sa tête dans un effort conscient, et faire de son mieux pour rester concentré.
- C’est encore loin ? demanda son compagnon, chez qui il sentait poindre un début d’impatience.
- Pas du tout. Si je me rappelle bien, c’est... juste là !
Sa main était restée collée contre le mur depuis le début de leur expédition, et il se repérait grâce à des signes et des symboles qu’il avait gravés dans la pierre lors de ses précédents passages. Sous ses doigts, il venait de sentir la marque qui lui indiquait la présence toute proche de sa petite chambre privée. Il ne restait plus qu’à tourner à gauche au prochain croisement, et oubliant soudain que sa lumière était pour eux deux, il se précipita en avant pour traverser les quelques pas qui les séparaient d’un lit chaud.
- Eh ! s’exclama l’autre homme, abandonné dans le noir.
- Oups, pardon ! ricana Alistair. C’est par là, suis ma voix.
Il tourna son briquet vers l’arrière pour guider son ami, et il dû se mordre les joues pour ne pas rire en le voyant entrer dans la lumière, un air désapprobateur au visage. Une fois rassuré qu’il l’avait bien rejoint, il illumina à nouveau le chemin devant eux, dévoilant les marches d’un escalier.
- Par là, on remonte et il y a une porte en haut. Tiens, écoute.
Alistair fit silence et tendit l’oreille pour encourager le pirate à l’imiter. Entre le distant son de la pluie et parfois les grondements du tonnerre, on pouvait entendre des voix et des bruits de pas, la rumeur d’une auberge.
- Et elle mène où la porte ? demanda le pirate sans perdre le nord. Personne va s’étonner de voir deux goules sortir d’un tunnel souterrain ?
- On arrive dans une sorte de débarras inutilisé, répondit calmement Alistair. Je suis presque sûr qu’ils ont perdu la clé et qu’ils ont oublié qu’ils avaient cette pièce. Je m’en sers comme créchoir pour dormir au sec gratuitement.
Il avait expliqué ça en gravissant les quelques marches qui les séparaient du rez-de-chaussée et en fouillant sa sacoche à la recherche de son kit de crochetage. Arrivés en haut des escaliers, il tendit son briquet à son acolyte :
- Tiens, éclaire-moi.
Une fois les mains libres, il déroula son étui au sol, choisit les outils appropriés, puis se pencha sur la serrure.
- Plus près, j’y vois rien là...
- Je vais te cramer les cheveux si je m’approche plus. Comment tu fais quand t’es seul d’habitude ?
Il sourit sans répondre. Il n’avait pas besoin qu’il approche le briquet, il voulait juste le sentir collé dans son dos.
Clic !, fit la serrure en cédant, et la porte s’ouvrit devant eux, dans un grincement caractéristique des portes qui ne sont jamais ouvertes. Après avoir rangé ses outils, Alistair entra le premier, et chercha sa torche murale à tâtons.
- Te voilà, murmura-t-il lorsqu’il mit enfin la main dessus.
Il fouilla encore ses poches, cette fois à la recherche d’un morceau d’amadou et de sa petite fiole d’huile. Il enduit l’un de l’autre, blottit le résultat dans le nid de la torche, puis, enfin, dans un geste vif, il y transféra la flamme de son briquet et inonda la pièce de lumière.
Ce n’était pas très grand, à peine plus spacieux qu’un gros placard. Lorsqu’il avait trouvé l’endroit pour la première fois, il n’avait même pas pu y mettre un pied : on y avait entassé des caisses vides, des vieux tonneaux remplis de restes pourris, des planches en bois déchiquetés et des draps jaunis et troués. Ça lui avait pris une journée pour tout sortir discrètement et entasser ça plus loin dans le tunnel, et il avait cramé une dizaine de bâtons d’encens pour se débarrasser de l’odeur de moisi, mais ça en avait valu la peine.
Au milieu de la pièce trônait un lit de fortune : un simple drap cousu rembourré de plumes d’oies pour matelas, recouvert d’une épaisse couverture et quelques oreillers, le tout posé sur une large planche en bois. Le plafond en bois laissait passer la chaleur des chambres de l’étage, chaleur que les murs en pierre retenaient bien. A chaque fois qu’il revenait, bien sûr, il devait chasser l’odeur de renfermé et voler des draps propres à l’aubergiste, mais il pouvait alors dormir confortablement sans dépenser une seule pièce de son argent mal acquis. Un luxe pas négligeable, quand les taverniers doublaient les prix de leurs chambres chaque fois que le nombre de navires amarrés au port dépassait trois.
Il jeta un coup d’œil vers son invité, pas peu fier de lui montrer sa débrouillardise, et fut déçu de voir qu’il n’avait même pas l’air surpris. Peut-être s’attendait-il à une cheminée et des tapis de fourrure. Avant qu’il puisse commenter son manque de réaction et faire montre de sa vexation, le pirate remarqua à mi-voix :
- Je vois qu’il n’y a qu’un lit dans cette chambre.
Alistair détourna alors rapidement le regard pour cacher son sourire.
- Mais il y a assez de place pour tenir à deux, répondit-il à voix tout aussi basse.
Il retira ses bottines et, presque dans le même geste, se laissa tomber dans le matelas avec la fluidité d’une vague léchant la rive. Alors qu’il venait de dire qu’ils tiendraient à deux, il s’était étalé en diagonal de tout son long pour occuper presque tout le lit. D’un sourire provocateur, il invitait son ami à venir partager avec lui l’espace qu’il restait.
A première vue, le pirate ne réagissait pas. Rien ne transparaissait sur son visage ; quoiqu’il pensait, Alistair ne pouvait pas le deviner. Puis, au bout de quelques secondes, il retira également ses bottes de marin, s’agenouilla dans le matelas et rejoint la hauteur d’Alistair à quatre pattes. Là, leurs lèvres se rencontrèrent pour la première fois, avec l’assurance de celles d’amants qui se seraient déjà embrassés des dizaines de fois.
---
- Tu veux manger quelque chose ?
Sa question avait réveillé l’autre homme, ou l’avait empêché de s’endormir tout du moins. Malgré tout, d’une voix déjà enraillée par le sommeil, il répondit :
- Ouais.
- J’arrive.
Il lui tapota le torse avant de s’en décoller, puis fouilla le sol à la recherche de quelque chose pour cacher son corps. Pas assez motivé pour se rhabiller entièrement, il opta pour la chemise de son amant, assez large et longue pour lui tomber jusque sous les fesses. Il attrapa à nouveau ses outils de crochetage, et se dirigea cette fois vers la porte qui menait au reste de l’auberge. Après avoir gardé son oreille contre la porte assez longtemps pour s’assurer que le reste du bâtiment dormait, il força la serrure et s’introduit dans la réserve. S’éclairant à la lumière de son briquet, il arpentait à tâtons, pieds nus, les différents étalages de nourriture autour de lui. Il avait l’embarras du choix, et d’ordinaire il aurait évité les produits de luxe, dont la disparition ne serait pas passé inaperçue, mais ce soir il se sentait l’âme généreuse : il avait un invité à régaler. Il se chargea donc les bras de pains, fromages et viandes séchées, puis fit quelques allers retours pour ramener également quelques pichets de lait et des bouteilles de vin, s’assurant de refermer la porte derrière lui une fois son larcin accompli.
La table enfin dressée à même le matelas, son ami se redressa à peine, juste assez pour ne pas manger allongé, et ils s’empiffrèrent alors en silence, se rendant compte tous les deux qu’ils étaient en fait affamés.
- Je me sens mal pour l’aubergiste, articula le pirate la bouche pleine. Ça va lui coûter cher tout ça.
- T’en fais pas, au prix qu’il vend sa soupe, il rentabilise vite, le rassura Alistair en ouvrant une bouteille de vin qu’il tendit à l’autre homme. Tiens, ça c’est la tienne.
Il accepta la bouteille sans pouvoir retenir un rire nasal, apparemment amusé que chacun ait sa propre bouteille à descendre.
- Comment tu t’appelles ? demanda-t-il finalement après s’être nettoyé le gosier d’une bonne gorgée de vin.
La mâchoire d’Alistair s’interrompit dans sa mastication machinale. Il se rendit compte qu’on ne lui avait plus posé cette question depuis longtemps. Il essaya de dissimuler l’effet que la question avait eu sur lui avec un sourire.
- Pourquoi, tu veux me dénoncer à quelqu’un ? répondit-il sur un faux ton de plaisanterie, sans cacher son intention d’ignorer la question.
- J’ai compris. Pas mes oignons.
S’il avait eut la délicatesse de saisir le message et de ne pas insister, Alistair dû bien se rendre compte que sa réponse avait quelque peu refroidit l’attitude de son invité à son égard. Sans trop comprendre pourquoi cela le touchait, il se sentit malgré tout obligé de ralléger l’ambiance, de la seule manière qu’il connaissait.
- Tu peux m’appeler comme tu veux si tu me refais ce truc avec ta langue.
Avec des plaisanteries de mauvais goût. Leur nature, si clivante soit-elle, promettait toujours un effet, et il n’aurait qu’à continuer de rebondir dessus jusqu’à ce qu’on oublie qu’il refusait de donner son nom.
- Je vais avoir du mal à t’appeler, tout court, si j’ai la bouche pleine.
Alistair éclata d’un rire court qu’il dû contenir de son mieux (ils étaient toujours en effraction chez quelqu’un d’autre). Il avait bien senti que sa remarque n’avait pas particulièrement amusé son invité, et que sa réponse relevait plus du sarcasme que d’une vraie complicité, mais ça lui suffisait. Le sujet avait été dévié, et il avait plus de souplesse pour réchauffer l’ambiance. Il décida néanmoins de clore la conversation une bonne fois pour toutes, pour s’assurer que la question ne revienne pas :
- J’évite de donner mon nom aux gens que je ne suis pas censé revoir. C’est pas contre toi.
- Ça va, j’ai compris. T’as tes raisons, ça se tient.
Leur banquet achevé, il poussa les restes hors du lit pour ne garder que le vin, épousseta les miettes des draps et ouvrit les bras en s’allongeant, invitant Alistair à le rejoindre comme pour prouver que l’incident était clôt et qu’il n’en prenait pas ombrage. Le voleur sourit doucement avant de revenir se blottir contre lui, rassuré que cette soirée puisse finir aussi agréable qu’elle avait commencé. Ils ne dirent plus rien et, sirotant toujours leurs vins, attendirent patiemment que le sommeil les emporte.
---
Alistair n’avait bu que quelques gorgées, et s’était débrouillé pour que son convive finisse sa bouteille à sa place. L’oreille collée à son torse, il avait feint de s’endormir en même temps que lui, surveillant de près le rythme de sa respiration. Le pirate avait sombré, profondément accablé par l’alcool, le poids de leur repas et la nature de leurs activités. Alistair, lui, était resté parfaitement éveillé.
Il se redressa lentement, se libérant de l’emprise des bras du marin, et sortit du lit sans un bruit. Toujours sans un bruit, il ramassa ses vêtements et se glissa dedans ; bandages, chemise, corset, collants, pantalon, puis une bottine après l’autre. Une fois rhabillé, enfin, il se tourna vers le tas de linge qui appartenait à son amant. Il n’eut pas à fouiller longtemps dedans pour trouver ce qu’il cherchait, et un large sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il sentait ses doigts se refermer sur la bourse d’or du pirate.
- Merci bien, murmura-t-il en la déliant du pantalon pour l’attacher à sa ceinture.
Enfin, il ramassa sa sacoche et se dirigea à pas feutrés vers la porte qui menait aux tunnels. Juste alors qu’il s’apprêtait à l’ouvrir, quelque chose lui traversa l’esprit. S’il avait une dernière chose à faire avant de partir, il fallait le faire maintenant, car il risquait de réveiller l’autre homme à chaque grincement de porte. Il se tourna vers le pauvre ère, toujours accablé du sommeil des justes, s’enfonçant dans le matelas comme une pierre dans l’eau. Il souffla du nez, amusé par le tableau, et revint sur ses pas. De sa sacoche, il sortit un bout de charbon et déchira un coin de parchemin dans lequel il écrit un mot ; puis, son regard s’arrêtant à nouveau sur le spectacle du corps nu paisiblement endormi dans les draps, il se pencha lentement au-dessus de lui. Il sentait le sel, le soleil et le vin. Il laissa un ultime baiser sur ses lèvres.
- Sans rancune, beau brun.
Il se leva, flotta de nouveau vers la porte, se glissa dans l’ouverture la plus petite qu’il puisse faire, et rabattit fermement la porte derrière lui. Était-ce cruel de l’enfermer ici, à lui laisser le choix entre défoncer la porte pour se perdre dans les tunnels, ou affronter la colère de l’aubergiste dont ils venaient de vider la cuisine ? Peut-être. Mais, pensa-t-il avec un sourire en coin, c’était de bonne guerre, après le petit tour qu’il lui avait joué dans la taverne. Il n’y aurait pas mort d’homme, s’il était assez intelligent pour choisir l’aubergiste plutôt que les tunnels.
Il lui fallu quelques minutes pour faire à l’inverse le chemin qu’ils avaient fait ensemble quelques heures plus tôt. Dans le silence et l’obscurité, il laissa son esprit vagabonder, réfléchir à son futur proche. Maintenant que sa petite arnaque était tombée à l’eau chez les locaux, il allait devoir déménager. C’était normal, il avait l’habitude, il se déracinait toute l’année et parfois même plusieurs fois par mois. Mais il repensait à la frayeur qu’il avait eue en début de soirée, convaincu qu’il vivait ses derniers instants sur Terre et qu’il allait mourir. Il se rendait compte qu’au fil des dernières années, il s’était mis à croire qu’il était invincible, et qu’il arriverait à mourir de vieillesse après avoir passé sa vie à voler celle des autres. Ce petit retour à la réalité lui avait fait prendre conscience qu’il s’était bien amusé, mais qu’il était peut-être temps de changer de stratégie. Peut-être qu’il avait besoin d’une retraite anticipée, mais pour ça, il lui fallait mettre un patrimoine de côté. Peut-être qu’il avait besoin d’un “vrai travail”.
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Estomac
Vaste poche musculo-membraneuse entre l'oesophage en crânial et l'intestin grêle en caudal.
1 à 2 L de capacité en moyenne.
25 x 8 x 2 cm à vide.
portion verticale (fundus + corps), et horizontale (antre)
incisure cardiale (angle de His) : bord supérieur de l'orifice cardial de l'estomac
petite courbure gastrique : bord médial, concave
grande courbure gastrique : bord latéral, convexe
cardia : orifice supérieur œsophagien
fundus (grosse tubérosité) : pôle supérieur de l'estomac
corps (petite tubérosité) : partie centrale, principale de l'estomac, de forme cylindrique
antre (antre pylorique) : portion horizontale de l'estomac
pylore : orifice inférieur duodénal
Bibliographie
Frank H Netter, Atlas d'anatomie humaine, 6e édition. Paris : Saunders Elsevier, 2014, 624p.
Casoli V, De Seze M, Midy D. Anatomie Appareil Digestif. Éditions Bergeret, 2014, 305p.
#DE#estomac#anatomie#physiologie#dessin#medecine#medblr#watercolor#science#pathology#gastroenterology#DZ
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17 août
j'ai fait les 45 minutes de trajet debout au milieu du compartiment à vélo, serrée contre une brochette de filles qui devaient rentrer de colonie ou un truc comme ça mais elles étaient supervisées par personne. elles devaient avoir treize-quatorze ans, le moment de l'adolescence le plus critique. y a tellement de choses qui se jouent. c'était fascinant de le voir se déployer là sous mon nez, avec leurs corps nouveaux bronzés et exposés, leurs visages lisses et conscients d'eux-mêmes, leurs tenues savamment baggy-moulantes aux bons endroits. elles avaient l'air plus à l'aise avec leur corps que moi à leur âge. ou même moi maintenant. un peu plus loin une fille à lunettes feuilletait un livre avec des cartes de pays du monde vides à remplir. j'adorais les livres avec des trucs à remplir moi, des pages à personnaliser avec des collages, des dessins, des listes, etc. j'adorais affirmer mes goûts. elle avait un vieux téléphone à touches et elle semblait très joyeuse. à côté d'elle y avait une fille debout qui me tournait le dos, elle était très grande pour son âge, elle avait encore le visage d'une petite fille aux cheveux mal coiffés attachés avec un élastique comme si elle venait de se lever. elle portait un grand tshirt informe et un grand jean gris qui tombaient sur son corps de grande asperge qui a grandi trop vite, son téléphone et son câble violet dépassaient de sa poche arrière. je l'aimais bien, je la trouvais cool. elle avait une espèce d'assurance mal assurée, un air débrouillard, je sais pas, peut être qu'elle était comme j'aurais aimé être à cet âge-là.
devant moi une fille se disputait de manière passive-agressive avec une fille assise un peu plus loin, les deux filles assises entre elles prises dans un sandwich inconfortable de piques insidieuses et de rancoeur. celle devant moi lui parlait sans même lever les yeux de son téléphone, scrollant je sais pas quelle application sans vraiment y prêter attention, mais je sentais sa détresse. la dispute a commencé au sujet d'un truc qu'elle voulait pas porter dans son sac parce qu'elle portait déjà deux litres d'eau et qu'il pesait une tonne, et la façon dont elle essayait de se défendre, je le sentais dans ma chair. le sentiment d'impuissance, d'injustice, le sentiment que quelle que soit ma réponse ça servira à rien parce que je pourrai jamais gagner, je suis la victime. elle a fini par appeler sa mère, ou ce que j'ai imaginé être sa mère parce qu'elle parlait dans une langue inconnue. à un moment j'ai compris le mot mobbing. j'ai l'impression d'avoir beaucoup entendu ce mot quand j'avais treize ans, dans le cadre de multiples campagnes de sensibilisation contre le harcèlement scolaire qui servaient à rien du tout, à part à faire joli. pendant qu'elle téléphonait, l'autre fille arrêtait pas de répéter le nom de la fille assise à côté d'elle pour qu'elle lui prenne le téléphone et l'empêche de parler à ce que je supposais être sa mère. j'en ai déduit qu'elles devaient probablement être soeurs ou un truc comme ça, ce qui à mes yeux a tout de suite rendu la situation moins grave, parce que ça restait dans le cadre familier de la famille. j'étais presque déçue quand on est arrivés à berlin. ça m'a donné envie d'écrire sur mon adolescence. ça fait un moment que j'en ai envie. je suis rentrée j'ai pris une douche et je me suis affalée sur le canapé comme si j'avais eu une journée éreintante alors qu'il était deux heures de l'après-midi.
18 août
mon deuxième mood par défaut quand je marche dans la rue, quand je me sens pas vide et sur le point de disparaitre, c'est énervée. je sais pas lequel est pire. ce soir je suis énervée. énervée d'être restée coincée sur mon canapé à scroller ig pendant une heure pendant que d. et j. écoutaient de la musique de merde dans le couloir en trafiquant je sais pas quoi alors que je voulais sortir mais j'arrivais pas à bouger ou à faire autre chose que scroller ig. énervée de pas me tenir à ce que je note dans le calendrier de mon ordi et de chaque soir me trouver une excuse pour ne pas sortir. énervée de pas faire d'efforts pour rencontrer des gens et de m'enfermer toute seule dans ma solitude en donnant des coups de pied dans les murs. énervée que mon écouteur droit ait cessé de fonctionner et que je puisse pas écouter mes nouveaux morceaux pendant ma promenade solitaire du soir. énervée qu'à chaque fois que je vois un garçon aux boucles châtain de derrière j'ai le coeur qui se serre. énervée de toujours pas avoir de synthé et de pas savoir jouer de la guitare et de toujours tout repousser. énervée de pas être adrianne lenker putain.
vendredi j'ai passé la soirée à regarder un concert de big thief au way out west et elle m'y fait un peu penser à moi, ou plutôt j'arrive à m'y identifier, avec son grand tshirt gris foncé et ses cheveux bruns décoiffés coupés un peu comme les miens. ils ont joué un nouveau morceau qui s'appelle incomprehensible dans lequel elle dit qu'elle va avoir 33 ans et elle parle du fait de prendre de l'âge, de la société qui attend d'elle qu'elle ait peur de vieillir et d'avoir des rides, elle dit let gravity be my sculptor and the wind do my hair et elle parle de ses cheveux argentés alors qu'elle a pas un seul cheveu blanc mais je l'ai pris pour moi et mes deux grosses mèches blanches. elle dit qu'elle veut être libre de danser comme elle veut devant les gens et d'être nue toute seule et puis elle fait une petite danse désarticulée et elle a vraiment l'air libre. libre et forte et ancrée et belle et incroyable. je l'envie tellement d'avoir la musique et de pouvoir s'épanouir là-dedans. de pouvoir s'épanouir dans la plus belle chose qui existe sur terre. d'avoir quelque chose à quoi se raccrocher et que cette chose soit la musique. moi aussi je veux m'épanouir dans quelque chose et exsuder ce qu'elle exsude. j'ai l'impression d'être ted danson dans bored to death qui veut toujours ce que les autres ont et qui n'est jamais satisfait de ses propres choix. d'après google s'épanouir c'est éclore, se détendre, devenir radieuse. moi aussi je veux éclore, je veux me détendre, je veux devenir radieuse. j'en ai marre de pas être épanouie. j'en ai tellement marre de pas être épanouie que je fais la gueule quand je marche dans la rue.
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Une étrange interruption
Il était une fois une étrange interruption. Des clés dans la serrure. La porte qui claque. Des pieds sur le parquet. Du haut des escaliers, elle les entend. Quelqu’un vient de rentrer. Elle attend un appel, une manifestation, une interpellation, elle tend l’oreille, rien. Il n’y a plus aucun bruit. De nouveau le silence. C’est étrange. Elle ne croit pourtant pas avoir rêvé. Les unes après les autres, elle descend les marches de l’escalier, la main accrochée à la rampe, son regard aiguisé. Lorsqu’elle arrive en bas, il n’y a personne. Pas l’ombre d’un être humain. Le vide dans la maison. Elle s’approche de la fenêtre, tire le rideau, regarde à travers la vitre. Aucune voiture n’est garée devant son portail. Elle sort. C’est le vent d’abord qui la surprend à soulever ses cheveux et les volants de sa jupe. Le soleil, lui, l’aveugle, l’obligeant à baisser les yeux. C’est là qu’elle les découvre. Des fleurs. Des quantités de fleurs de toutes les couleurs posées sur les dalles du chemin qui mène à sa porte. Elles sont bleues, violettes, mauves, rouges et roses. Ce sont des bleuets, des dahlias, des orchidées et des magnolias. Le printemps dans son jardin. Elle reste là, quelques instants, à contempler. Elle se laisse bercer par ce bouquet parfumé. Dans sa poche, une vibration, elle sort son téléphone. Un message de sa sœur, la réponse au mystère. Son regard vers le ciel, elle sourit, ferme les yeux. Le soleil est encore haut, l’été est là, il fait chaud.
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