#un an douze livres
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Voilà 7.14🔥Aujourd’hui J’ai publier mes devoirs de reliure!C’est un livre sur les douze personnes du comité de salut public ✌️🧠✌️bonne appétit!!🥺💦
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Les Écrits du du vent
Hans Silvester
Éditions de La Martinière, Paris 2003, 144 pages, 31x22,8cm, ISBN 978-2732429809
euro 20,00
email if you want to buy [email protected]
Les écrits du vent offrent pour qui sait les voir une nouvelle interprétation du monde. Au rythme des saisons, Hans Silvester a su saisir tout le mystère et la splendeur des paysages de Camargue, continuellement remodelés par le vent : ondoiement subtil à la surface d'un étang, infimes craquements terrestres, nuées d'oiseaux... autant d'images qui confondent notre perception de l'infiniment grand et de l'infiniment petit. Des textes issus de civilisations diverses accompagnent ces images surprenantes et explorent la poétique des éléments. En célébrant la beauté sauvage et le cycle éternel du monde, ils nous emmènent sur le chemin du rêve et de la méditation. Que nous révèlent et que nous enseignent ces paysages ? C'est à cette double et fascinante interrogation que veulent répondre Les Écrits du vent.
Né en 1938 en Allemagne, Hans Silvester fait ses premières photos à l'âge de douze ans. Défenseur inconditionnel de la nature, il publie en 1960 un livre remarqué sur la Camargue avec un texte de Jean Giono. Membre de l'agence Rapho, il a notamment publié aux Editions de La Martinière Les Chats du soleil, Les Chats du bonheur et Sieste et Tendresse, tous des succès internationaux. Les derniers reportages de ce grand voyageur l'ont mené en Inde, au Rajasthan, où il a photographié les peuples du désert de Thar et l'incroyable bestiaire des fresques du Shekhawati. Ce travail a donné lieu à deux livres, Les Filles de Mirabai et Les Cavaliers du Shekhawati. Son dernier ouvrage paru aux Éditions de La Martinière en 2002 s'intitule Chevaux de Camargue.
29/03/24
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Fréquente une fille qui lit. Fréquente une fille qui dépense son argent dans les livres au lieu des habits, dont les placards débordent parce qu’elle a trop de livres.
Aime une fille qui possède une liste de livres à lire et une carte de bibliothèque depuis l’âge de douze ans. Trouve-toi une fille qui lit. Tu la reconnaîtras parce qu’elle a toujours un livre à lire dans son sac. Elle regarde avec admiration les livres rangés sur les étagères des librairies, s’émeut discrètement quand elle a trouvé le livre qu’elle cherchait.
Tu vois cette fille bizarre qui respire les pages des vieux livres dans les librairies d’occasion ? C’est elle, la lectrice.
Elle ne peut pas s’empêcher de respirer les pages des livres, surtout quand celles-ci sont jaunies et usées.
C’est celle qui lit en passant le temps dans le café au coin de la rue.
Si tu regardes sa tasse, tu remarqueras que la crème a complètement fondu, parce qu’elle est déjà complètement absorbée par son livre. Perdue dans le monde imaginé par l’auteur.
Assieds-toi. Peut-être te lancera-t-elle un regard, car la plupart des filles qui lisent n’aiment pas être dérangées. Demande-lui si elle aime son livre.
Propose-lui une nouvelle tasse de café. Dis-lui ce que tu penses vraiment de Murakami.
Demande-lui si elle a dépassé le premier chapitre de Fellowship. Comprends bien que si elle te dit qu’elle a compris Ulysses de James Joyce, elle dit ça juste pour avoir l’air intelligente. Demande-lui si elle aime Alice ou voudrait être Alice.
C’est facile de fréquenter une fille qui lit.
Offre-lui des livres pour son anniversaire, Noël et toutes les autres fêtes.
Offre-lui des mots, en poème et en chansons.
Offre-lui Neruda, Pound, Sexton et Cummings. Montre-lui que tu as compris que les mots sont de l’amour. Sache qu’elle connait la différence entre les livres et la réalité, mais que malgré tout, elle essayera quand même de faire que sa vie ressemble un peu à son livre préféré. Ce ne sera jamais de ta faute si elle le fait. Il faut qu’elle essaie. Mens-lui. Si elle comprend la syntaxe, elle comprendra que tu as besoin de mentir. Derrière les mots se cachent d’autres choses : des raisons, des valeurs, des nuances et des dialogues. Ça ne sera pas la fin du monde. Déçois-la. Parce qu’une fille qui lit sait que les déceptions précèdent toujours des sommets d’émotions. Parce qu’une fille qui lit comprend que toutes les choses ont une fin, mais qu’on peut toujours écrire une suite. Qu’on peut recommencer encore et encore, et rester le héros. Que dans la vie, il y a toujours un ou deux méchants. Pourquoi avoir peur de tout ce que tu n’es pas ? Les filles qui lisent comprennent que les gens, comme les personnages, peuvent évoluer. Sauf dans Twilight. Si tu trouves une fille qui lit, ne la laisse pas t’échapper. Si tu la retrouves à 2 heures du matin, serrant un livre contre elle et pleurant, prépare-lui une tasse de thé et prends-la dans tes bras. Tu la perdras sûrement pour quelques heures, mais à la fin, elle reviendra toujours. Elle parlera comme si les personnages du livre existaient vraiment, parce qu’ils existent toujours, l’espace d’un instant. Tu la demanderas en mariage dans une montgolfière. Ou à un concert de rock. Ou l’air de rien, la prochaine fois qu’elle sera malade. Par Skype. Tu souriras tellement que tu te demanderas pourquoi ton cœur n’a pas encore éclaté dans ta poitrine. Tu écriras l’histoire de vos vies, vous aurez des enfants avec des noms étranges et des goûts encore plus étranges. Elle fera découvrir le Chat Potté et Aslan à vos enfants, peut-être même les deux dans la même journée. Vous passerez l’hiver de votre vie en vous promenant ensemble, et elle récitera doucement Keats pendant que tu feras tomber la neige de tes bottes. Fréquente une fille qui lit, parce que tu le mérites.
Tu mérites une fille qui peut, par son imagination, parer ta vie de mille couleurs.
Si tu n’es capable de lui offrir que de la monotonie, des idées ternes et des demi-mesures, mieux vaut rester seul.
Si tu veux le monde entier, et tout ce qui se cache derrière, fréquente une fille qui lit.
Encore mieux, fréquente une fille qui écrit.
Rosemarie Urquico
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Flufftober 2024 : "Ça file les chocottes", "Vraiment ?"
12 octobre
« Ça file les chocottes », « Vraiment ? » ("This is spooky", "Really ?")
Ophélie & Octavio (La passe-miroir)
Octavio n'arrêtait pas de glisser ses doigts dans sa frange humide pour la repousser sur le côté. Ophélie n'était pas sûre de l'avoir déjà vu aussi désemparé: même quand ils s'étaient fait attaquer par le Sans-Peur, dans la ville basse noyée par la tempête de poussière et son tigre à dents de sabre, il était en territoire connu et donc, maîtrisait son environnement. Les rues pavées et vallonnées, les grosses flaques d'eau d'Anima, dues à la pluie froide qui tombait sans discontinuer depuis trois jours, devaient sacrément le dérouter. Il n'avait jamais appréhendé ces climats autrement que par les livres.
« Je comprends mieux pourquoi tes cheveux sont comme ça, commenta le Visionnaire à sa façon unique de plaisanter, l'expression neutre mais un léger rictus au coin des lèvres. Est-ce qu'il pleut constamment sur ton arche… hum, dans ton pays ? My, j'ai l'impression que l'eau s'est infiltrée jusque dans mes bottes. »
C'était vrai que l'écharpe ne s'illustrait pas particulièrement par ses capacités à tenir un parapluie parfaitement à la verticale. Il valait pourtant mieux que ce soit elle qui s'en charge plutôt qu'Octavio. Il était tellement habitué à manier les ombrelles, sous le soleil brûlant et les vols de perroquets de Babel, que son amie et lui se prenaient toutes les rafales de pluie dans le visage.
Le soleil commençait à baisser au-dessus des toits des maisons mais, comme on était encore que le 12 octobre, il ne disparaîtrait pas complètement avant deux bonnes heures. Ophélie avait le temps de montrer à Octavio la façon dont les Animistes célébraient l'une des fêtes les plus anciennes et les plus étonnantes de leur arche: les Tous Saints. À cette occasion, les objets les plus chouchoutés, appréciés et valorisés de chaque famille d'Anima étaient revêtus d'étoles blanches et décorés d'une petite bougie à la flammerole bleue tremblotante. Ça les changeait un peu et illustrait leur appartenance à une même grande, longue et fantastique histoire, issue de siècles d'objets animés par leurs talentueux propriétaires.
Pour autant, comme ils avaient tous l'habitude des tables de billard, machines à chocolat et autres rubans à chapeau doués d'un tempérament et de comportements détonants, la jeune fille ne s'attendait pas au commentaire tranquille qui émana de son compagnon de promenade :
« Ça file les chocottes.
-Vraiment ? s'étonna-t-elle. »
Un parapluie couleur citrouille était en train de tournoyer dans une flaque, devant eux, l'étole reliant chaque de ses douze extrémités lui donnant l'air d'émaner un halo d'éther blanc. La bougie dans sa poignée refusait obstinément de s'éteindre, malgré les gouttes d'eau qui trempèrent une nouvelle fois les bottes ailées d'Octavio. Le jeune homme s'écarta et, comme l'écharpe voulut continuer de l'abriter avec leur propre parapluie, son amie reçut une giclée de pluie sur les lunettes. L'autre extrémité de l'écharpe se mit aussitôt en tâche de les retirer de son nez pour les essuyer.
« Mais ce n'est pas désapprobateur, précisa le Visionnaire en tendant un mouchoir à Ophélie pour qu'elle s'essuie le front. In fact, c'est plutôt fascinant. Spooky. Un mélange d'effrayant et de mignon, je suppose.
-Depuis quand apprécies-tu ce qui est effrayant ? s'étonna son amie en récupérant ses lunettes sur son nez.
-Depuis que mon esprit s'est élevé à de nouvelles compréhensions. Il y a plus de mondes que ce que nous pouvons percevoir. C'est effrayant. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a aucune trace de bonté, de valeur ou de cuteness à l'intérieur, au contraire. C'est probablement pour ça que vos ancêtres célébraient cette fête de cette manière. »
Ophélie sourit et Octavio tourna brièvement la tête vers elle pour lui rendre son expression chaleureuse. Elle aimait la façon dont elle comprenait mieux le monde lorsqu'ils se promenaient ensemble.
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Yahvé, le dieu terroriste
« It’s time for Jews to be feared ! » « Il est temps pour les juifs d’être craints », a déclaré le Rabbi Shmuley récemment. Les juifs n’ayant pas réussi à venir à bout de l’antisémitisme en essayant de se faire aimer ou admirer, doivent maintenant se faire craindre. C’est le nouveau mot d’ordre.
Le problème est que, si les juifs veulent être craints, alors ils doivent aussi accepter d’être détestés. La « crainte des juifs » peut se traduire, littéralement, par « judéophobie » (du grec phobos, crainte, peur). Pour se faire craindre, il faut avoir le pouvoir de nuire, et il faut le montrer. Bref, si les juifs veulent se faire craindre pour lutter contre l’antisémitisme, alors l’antisémitisme a de beaux jours devant lui.
Tout cela n’est pas très logique. Mais c’est très biblique. À ma connaissance, la Bible hébraïque ne recommande pas aux juifs de se faire aimer des non-juifs. Non, au contraire, elle leur apprend à se faire craindre. Le dieu d’Israël dit à son peuple, en Deutéronome 2:25 :
« À partir d’aujourd’hui, je répandrai la terreur et la crainte de toi parmi les peuples qui sont sous tous les cieux : quiconque entendra le bruit de ton approche sera saisi de trouble et frémira d’angoisse. »
Si Yahvé veut répandre la terreur parmi les non-juifs, n’est-il pas un dieu terroriste ? N’est-il pas le dieu des terroristes ? Les terroristes ont toujours été à l’honneur en Israël. En 1974, dans une interview télévisée, le futur Premier ministre Menahem Begin s’est vanté d’être le père fondateur du terrorisme mondial. Dans ses mémoires, il se félicite du massacre de Deir Yassin le 9 avril 1948, parce qu’ainsi, dit-il, plus d’un demi-million d’Arabes furent « pris de panique et s’enfuirent aux cris de “Deir Yassin” ». Qu’on ne me dise pas que Begin n’était pas un fidèle serviteur de son dieu.
Netanyahou est aussi un bon yahviste. En 2015, devant le Congrès américain, il demandait à l’Amérique de bombarder l’Iran au nom de la Bible hébraïque. Il citait le livre d’Esther, qui justement est important pour comprendre comment les juifs veulent se faire craindre. Je résume l’histoire. Le roi perse Assuérus a émis un décret de solution finale au sujet des juifs de son royaume, parce que « le peuple juif se trouve sur tous les points en conflit avec l’humanité entière, qu’il commet les pires méfaits jusqu’à menacer la stabilité de notre royaume ». Mais grâce aux charmes d’Esther, juive secrète qui s’est glissée dans le lit d’Assuérus, les juifs vont retourner la situation et obtenir du roi que le conseiller qui lui a inspiré ce décret soit pendu avec ces dix fils, et qu’un nouveau décret royal soit promulgué, qui donne aux juifs « permission d’exterminer, égorger et détruire, avec leurs femmes et leurs enfants, tous ceux qui voudraient les attaquer, et aussi de piller leurs biens » (8,11). C’est ainsi que les juifs massacrèrent soixante-quinze mille personnes. Dans tout le pays, conclut le livre d’Esther, « ce ne fut pour les Juifs, qu’allégresse, liesse, banquets et fêtes. Parmi la population du pays bien des gens se firent Juifs, car la crainte des Juifs s’appesantit sur eux » (8,17).
Cette histoire est totalement fictive, mais elle est très importante pour les juifs, car chaque année, à Pourim, ils célèbrent la pendaison d’Haman avec ses douze fils, et le massacre de 75 000 personnes, femmes et enfants compris.
Selon la conclusion de cette histoire, la crainte des juifs produit de nouveaux juifs, des gentils qui se font juifs par peur des juifs. C’est bien ce que dit le texte : « beaucoup de gens se firent Juifs parce que la peur des Juifs leur tomba dessus » (ou « les saisit », selon une autre traduction). Comme je l’ai dit, la crainte des juifs a plus de chance de produire des antisémites que des juifs nouveaux. Néanmoins, on trouverait facilement des exemples de gens qui se font juifs par peur des juifs : tout homme politique non-juif qui s’est un jour mis une kippa sur la tête et a juré une fidélité éternelle à Israël, s’est fait juif par peur des juifs.
Il y a dans le livre de Josué une autre histoire qui va dans le même sens. Au début du chapitre 2, Josué, qui reçoit ses ordres directement de Yahvé dans le Tabernacle, envoie deux espions dans la cité de Jéricho. Ayant été repérés, ils se cachent chez une prostituée du nom de Rahab. Celle-ci les aide à s’échapper en échange de la vie sauve pour elle et sa famille quand Israël attaquera la ville, parce que, dit-elle, « Je sais que Yahvé vous a donné ce pays, que vous faites notre terreur, et que tous les habitants du pays ont été pris de panique à votre approche ». Par conséquent, « Yahvé, votre dieu, est Dieu. »
Les éditeurs dominicains de la Bible de Jérusalem ont inclus en bas de cette histoire la note suivante : « Cette profession de foi au Dieu d’Israël a fait de Rahab, aux yeux de plus d’un Père de l’Église, une figure de l’Église venue de la Gentilité, sauvée par sa foi. » Que la putain de Jéricho soit un symbole de l’Église parce que, sous l’effet de la terreur d’Israël, elle se met à croire que le dieu d’Israël est Dieu et aide Israël à commettre le génocide de Jéricho (« hommes et femmes, jeunes et vieux, jusqu’aux taureaux, aux moutons et aux ânes », Josué 6:21), voilà une idée qui laisse perplexe.
Mais ce n’est pas, au fond, une mauvaise métaphore pour la complicité du monde chrétien dans le génocide israélien des Gazaouis. La peur d’Israël est, chez les chrétiens d’aujourd’hui, plus forte que la pitié pour les Gazaouis. Ils préfèrent cent fois s’en prendre à la Russie qu’à Israël. Car la Russie semble plutôt raisonnable, tandis qu’on ne sait pas de quoi Israël est capable.
Israël est le seul pays qui menace ouvertement de faire péter la planète. Ils appellent ça l’Option Samson. L’Option Samson, c’est la combinaison de la capacité nucléaire d’Israël et de sa réputation d’État paranoïaque, sociopathique et imprévisible. Tous les États savent qu’Israël possède une centaine de têtes nucléaires (80 selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm). Et tous les États savent qu’Israël est, comme prévenait déjà Moshe Dayan en 1967, « un chien fou, trop dangereux pour être importuné ». Semer la désolation nucléaire sur les ennemis d’Israël est très biblique :
« Et voici la plaie dont Yahvé frappera tous les peuples qui auront combattu contre Jérusalem : il fera pourrir leur chair alors qu’ils se tiendront debout, leurs yeux pourriront dans leurs orbites, et leur langue pourrira dans leur bouche. » (Zacharie 14,12)
Martin van Creveld, professeur d’histoire militaire à l’université de Jérusalem, expliquait au journal britannique The Guardian en 2003 que les révoltes palestiniennes ne trouveront qu’une seule solution : le « transfert » de tous les Palestiniens hors de Palestine. Sur le risque d’une opposition de la communauté internationale à un tel projet, il ajoutait : « Nous possédons plusieurs centaines de têtes et missiles nucléaires et nous pouvons les lancer dans toutes les directions. […] Nous avons la capacité d’entraîner le monde dans notre chute. Et je peux vous assurer que cela arrivera avant qu’Israël ne tombe. » Voilà résumé l’essence de l’Option Samson.
L’audace et l’impunité d’Israël aujourd’hui sont incompréhensibles si l’on ne prend pas en compte l’Option Samson. Mais l’Option Samson, comme le pouvoir juif en général, est tabou : tout le monde doit la connaître, mais personne n’a le droit d’en parler. Ce silence est le test ultime de la peur d’Israël. Dans un récent post, Seymour Hersh écrit : « Personne à Washington n’est autorisé à parler de l’arsenal nucléaire israélien. Ou comment cela affecte la région. Ou si cela sert les intérêts américains, alors même que le Moyen-Orient est au bord d’une guerre régionale. »
Hersh ne le dit pas, mais tout le monde l’a compris : c’est grâce à l’assassinat de Kennedy qu’Israël a pu se doter de l’Option Samson. Jefferson Morley, un investigateur sur l’assassinat de Kennedy, fait remarquer, en commentaire du post de Hersh, qu’il existe aussi un « bâillon israélien » (the Israeli gag) dans la recherche sur Kennedy.
« Vous pouvez constater les effets de la règle du bâillon israélien dans le témoignage longtemps classifié de James Angleton, chef du contre-espionnage de la CIA, devant les enquêteurs du Sénat en juin 1975. Les expurgations rendent visible ce que les gouvernements américain et israélien cherchent à dissimuler en 2024 : comment Israël a obtenu des armes nucléaires sous la surveillance d’Angleton. »
Dans l’extrait ci-dessous du rapport déclassifié d’une audition devant le Sénat en juin 1975, Angleton confirme qu’il tenait the Israeli account, le compte israélien (on disait aussi the Israeli desk, le bureau israélien), mais le mot Israeli est censuré.
Comme chacun sait, Angleton est le suspect numéro un à l’intérieur de la CIA pour l’assassinat de Kennedy. Or, dans sa biographie d’Angleton, Morley a démontré son étroite collusion avec le Mossad, incluant sa complicité dans la contrebande de matériaux et de technologie nucléaires vers Israël. Ce qui veut dire que la piste de la CIA rejoint directement la piste du Mossad (ce que Morley évite de dire, en tant que membre éminent de l’école respectable : « C’est la CIA ! »).
Je dois dire que suis très déçu par le neveu du président Kennedy, Robert Kennedy Junior, qui semble n’avoir aucune idée du lourd soupçon qui pèse sur Israël dans les assassinats de son oncle et de son père, ou bien fait semblant de ne pas le savoir, ou bien ne veut pas le savoir.
Et puisque j’ai commencé cet article en parlant de Rabbi Shmuley, je dois préciser que Rabbi Shmuley est un des amis et conseillers de Robert Kennedy Junior. Lors d’un meeting le 25 juillet 2023, il a présenté Robert Kennedy en mentionnant son père : « Le 5 juin 1968, à 00 h 15,… Robert Kennedy Sr., l’un des plus grands Américains qui ont jamais vécu, a été abattu par un terroriste palestinien, Sirhan Sirhan, et assassiné en raison de son soutien à Israël. Il a été abattu parce qu’il voulait partager le sort du peuple juif. » Bobby Jr. a écouté sans broncher, sans le moindre signe de désapprobation, alors qu’il sait très bien que son père n’a pas été tué par Sirhan, et certainement pas pour son soutien à Israël. Robert Kennedy Junior est resté figé et muet dans son fauteuil, même quand une dame courageuse dans l’assistance à traité Shmuley de menteur.
C’est un moment tristement révélateur. En humiliant publiquement Robert Kennedy Junior, Shmuley fait un exemple. Pour se faire craindre, les juifs doivent montrer leur pouvoir en faisant des exemples.
C’est ce qu’il font à Gaza, à une autre échelle. Cela explique, selon Andrew Anglin, qu’ils laissent sortir tant d’images du martyre de Gaza : c’est une crucifixion, une agonie offerte en spectacle aux yeux de tous, pour l’exemple.
Israël veut régner par la terreur. C’est dans la nature d’Israël parce que c’est dans la nature du dieu d’Israël. Le dieu d’Israël est le dieu terroriste, et le monde entier est aujourd’hui saisi de terreur. Yahvé règne !
Laurent Guyénot
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Grand grand plaisir de lecture.
Je n’avais pas envie de les quitter, ni Natàlia, ni Silvia, ni Marius, ni Joan, ni Encarda, bref, toute cette famille espagnole compliquée qui vivait sans le savoir les dernières heures du franquisme.
Roman catalan débordant de vie. Galerie de personnages plus vrais que vrais, avec des scènes incroyables (la séance Tupperware des femmes au foyer qui dégénère), drôles ou émouvantes.
Natàlia est partie de Barcelone en 1962, très jeune. On comprend que c’est en raison d’un conflit avec son père (happé par le dogme puritain de l’époque qui condamne tout dérapage), et d’un grand désir de liberté. Elle a vécu à Paris, puis Londres, s’est forgé son lot d’expériences, sa façon de se construire une féminité bien à elle, qui l’empêchera d’être corsetée comme la femme de son frère Lluis par exemple, malade de frustration. Elle revient douze ans plus tard, en 1974, et constate que ses proches ont changé, par exemple, sa tante, qui a perdu son mari s’en trouve étonnamment apaisée, libérée, que la bonne de la famille, assez âgée, a décidé de se marier… un vent de liberté se lève, imperceptiblement.
Ce qui est génial dans ce livre, c’est l’énergie qui circule, la vie même. Les dialogues, piquants, sont insérés dans la narration, englobés, et ça rend le récit plus vif, enlevé, rythmé de paroles qui sonnent justes.
On découvre des pans des histoires de plusieurs personnages, dont celle du père de Natàlia, et de son mariage d’amour avec l’étonnante Judit. Rien n’est lisse, simple, ni caricatural, tout est mouvement, paradoxe, surprise. Voilà sans doute pourquoi on s’attache vite et fort aux personnages.
Natàlia n’écrase personne avec des idées arrêtées sur l’existence, elle écoute, simplement, observe. D’ailleurs elle est photographe. Elle est finalement le personnage révélateur, comme un bain d’étape dans le développement d’une photo, des personnalités autour d’elle. Son exil a contrarié ou a été condamné, ou jalousé. Mais son retour, sans changer radicalement la donne, aide à des ajustements, des épiphanies. Et le secret qu’on voulait lui cacher, une fois révélé, donne lieu à un bel épilogue, qui célèbre l’amour et le pardon.
Superbe livre, qui a été traduit très récemment en français pour la première fois par les éditions La Croisée, qui décidément, ont le chic pour dénicher des voix fortes dans la littérature de partout.
#littérature#livres#litterature#roman#livre#éditions la croisée#roman catalan#le temps des cerises#Montserrat Roig
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12 novembre
j'ai du m'arracher à mes collages sur photoshop pour aller dormir ce soir. ça me rassure de pouvoir éprouver autant de plaisir à faire quelque chose. écouter de la musique aussi me procure du plaisir x1000. ce matin après avoir déjeuné je suis remontée dans ma chambre et j'ai écouté les trois premiers albums de muse par ordre décroissant assise sur mon lit. quand maman est rentrée dans ma chambre en disant qu'est-ce que tu fais là? j'avais l'impression d'avoir douze ans et d'écouter avril lavigne sur mon lecteur cd assise en tailleur sur la moquette. je me suis rendu compte à quel point muse me réconfortaient encore, presque vingt ans après, en les écoutant bien fort, ils restent un refuge. tellement d'anniversaires à fêter l'année prochaine. vingt ans de muse, vingt ans du journal, vingt ans de ma non tumeur à l'oeil. j'espère que ça va mettre en branle des forces géologiques ou des forces cosmiques ou n'importe quelles forces qui me feront sortir d'ici.
l'autre jour j'ai regardé un film sur une femme de 63 ans qui a traversé la mer à la nage entre cuba et la floride, après avoir échoué à 28, 60, 61 et 62 ans, et puis le même jour j'ai appris que jenna lyons avait embrassé une femme pour la première fois à 42 ans AND LOOK AT HER NOW, icône lesbienne en couple avec cass bird. je vais essayer d'aborder mon anniversaire avec ces deux histoires en tête.
14 novembre
j'ai fait un rêve tellement long ce matin que j'ai l'impression de m'être perdue en chemin. de m'être perdue moi je veux dire. je me suis réveillée à 11h14, je sais pas si c'est normal. tout d'un coup à la veille de mes 33 ans mon corps me dit que je suis pas SI vieille que ça et que je suis encore tout à fait capable de faire des grasses matinées. à part ça on est mardi et je me tiens absolument pas à ma nouvelle routine que j'étais censée instaurer mais c'est pas grave parce que c'est la semaine de mon anniversaire et j'ai décidé de me laisser luxurier dans mon luxe mon luxe absolu de pouvoir hiberner et me lever à 11h14 parce que c'est ce que mon corps réclame, mon luxe de pouvoir décider de ne pas sortir dehors sous la pluie et la tempête sans fin et de commencer ma journée doucement en répondant aux messages de r. de m. et d f. qui visiblement ne m'en veut pas pour dimanche soir parce qu'elle est intelligente et qu'elle doit avoir compris que c'était mon cerveau dysfonctionnel à l'oeuvre. je me suis laissée faire des collages photo tout l'après-midi, même si j'ai rien produit de grandiose.
15 novembre
9h50, je fais des progrès. j'ai lu jusqu'à 2h11, j'ai temporairement laissé tomber le livre académique très sec sur violette leduc et le temps de l'autobiographie pour lire the cost of living de deborah levy et j'aurais pu lire toute la nuit, mais ne pas dormir me fait peur. ça s'écarte trop de l'ordre quotidien des choses. la nuit c'est fait pour dormir. j'ai passé la matinée à lire et je pensais à la femme au mascara bleu électrique avec qui j'avais discuté sur le trottoir devant la bellone qui m'avait dit qu'elle considérait le temps qu'elle passait à lire comme du temps consacré à son travail d'écrivaine. je me demande si je suis trop jeune pour écrire un livre dans le style de the cost of living ou si maintenant que j'ai presque 33 ans ça va, j'ai l'âge.
16 novembre
10h24, mes progrès reculent. hier soir j'ai vu que la chambre de c.b. dans la coloc à bruxelles était toujours libre et j'ai été prise de panique, d'un sentiment d'urgence, d'urgence absolue c'est maintenant ou jamais lara si je veux m'échapper du marasme qu'est mon quotidien de la maison avec maman, tout luxueux et confortable soit-il, et commencer une nouvelle vie avec du mouvement et de la stimulation et des relations sociales et des responsabilités et des obligations et du fun et du partage. mais au lieu de lui écrire j'ai entrepris une exploration approfondie du tumblr d'une des colocataires parce que son pseudo me disait quelque chose, j'ai remonté ses archives jusqu'en 2011 et j'ai trouvé des posts à moi, je suis sûre qu'elle faisait partie de la blogo mais je me rappelle plus de qui c'était. j'ai peur de leur écrire et de leur dire que je débarque à bruxelles sans travail sans revenus et sans perspectives avec un cv bancal et une forte instabilité mentale, mais si je commence à raisonner comme ça je bougerai jamais.
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Dans cet épisode de Un jour, un Targaryen :
Parlons un peu de Daenys la Rêveuse.
Nous ne savons pas grand-chose sur elle. Sauf que c'est elle qui prédit le fléau de Valyria, douze ans avant qu'il ne se produise. Se faisant, elle sauva sa famille. Elle réside avec eux à Peyredragon.
Encore vierge, elle écrivit un livre Signes et Présages, disparu en l'an 300 après la conquête , dont trois pages sont citées par l'archimestre Marwyn.
Elle épouse son frère Gaemon et ensemble ils ont deux enfants.
1- Aegon
2- Elaena
Sources :
G.R.R Martin, l' Ere des dragons, 2022.
E. Miguel Garcia, Les Origines de la Saga, 2014.
A Feast for crows, Chapitre 12 : La fille de la Seiche .
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Pour l’amour des dieux, Sarah Underwood
À Ithaque, 300 ans après les aventures de Pénélope et d’Ulysse, douze jeunes filles sont sacrifiées rituellement pour apaiser la colère de Poséidon. Cette année, Léto, 17 ans, fait partie des marquées. Lorsqu’elle se réveille après son exécution, elle se retrouve sur une île uniquement habitée par une très belle jeune fille, Mélantho. Qui va l’aider à maîtriser ses nouveaux pouvoirs, et qui va lui apprendre qu’il existe un moyen de stopper la malédiction et le massacre d’innocentes : tuer le prince d’Ithaque.
Aloooors j’ai bien aimé. Mais c’était un peu facile par moments, un peu ado par d’autres, et… y’a un triangle amoureux, qui je trouve n’a rien à faire là, est bancale et n’apporte rien à l’histoire. Sinon, c’était intéressant : l’autrice s’inspire de l’Odyssée, en particulier du moment où au retour d’Ulysse les douze servantes de Pénélope sont pendues pour trahison, accessoirement parce qu’elle se sont fait violer (youpi 🥳) par les prétendants. À partir de là, Sarah Underwood tisse une histoire de malédiction sur plusieurs siècles. Ça, c’était plutôt cool (par contre j’ai appris selon une interview depuis retirée d’Internet qu’elle n’a jamais lu l’Odyssée ? c’est chaud), et j’ai aussi bien aimé qu’on aborde le sujet de la violence des hommes (les soldats, les pirates, les rois, les dieux)… mais c’est à peu près tout. Le personnage de Léto est parfois pas super bien écrit, à coup de « c’est l’élue qui nous sauvera toustes », soit elle maîtrise très vite ses pouvoirs et comprend les implications de la prophétie, soit elle est complètement paumée (je vous ai parlé du triangle amoureux qui n’apporte rien à l’histoire ???) et c’est un peu relou. J’ai bien aimé le personnage de Mélantho, par contre, il était tragique à souhait et pas trop trop creux. En soi, c’était une lecture plutôt cool, la fin est plutôt réussie (tragédie grecque à souhait) et je pense que si j’avais lu ça pendant mon adolescence j’aurais vraiment kiffé. Mais je deviens de plus en plus exigeante avec mes lectures, et c’est parfois un peu relou. Pour les amoureuxses de mythologie et de réécritures, ça peut être vraiment génial. Moi j’ai bien aimé, mais je sais déjà que d’ici quelques mois j’aurais potentiellement oublié ma lecture… (en même temps plus d’une centaine de livres par an, pas trop le choix)
10/03/2024 - 11/03/2024
#livres#books#livre#book#littérature#littérature young adult#pour l’amour des dieux#sarah underwood#éditions casterman
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je suis devenue accro aux annonces de colocs/locations sur facebook. ça fait six mois que j'ai rejoint le groupe bxl à louer - bouche à oreille (ll) et j'habite toujours pas à bruxelles (mais est-ce que j'ai vraiment l'intention d'aller vivre là-bas?) mais à l'heure qu'il est je dois connaitre au moins 45% des apparts de la ville. j'ai crée un dossier où j'enregistre les photos de mes apparts préférés. j'ai aussi un dossier d'apparts berlinois et un dossier de maisons à vendre dans des banlieues américaines. probablement parce que j'ai beaucoup regardé desperate housewives (lynette n'est pas mon deuxième prénom mais un hommage à lynette scavo de desperate housewives, maintenant vous savez). quand j'avais quatorze quinze ans je rentrais souvent à la maison pour échapper aux cours de maths et je regardais desperate housewives sur m6, comme une mise en abîme. je rentrais à la maison pour regarder une série sur des femmes qui restent à la maison. je crois que je m'en foutais des intrigues, tout ce qui m'intéressait c'était de voir les maisons et les personnages faire des trucs dans leurs maisons.
c'est pour ça que j'adore lire deborah levy aussi, elle parle beaucoup de ce qu'elle fait quand elle est chez elle. dans son appart moisi sur la colline au nord de londres, dans la cabane au fond du jardin de son amie dans laquelle elle écrit ses livres, dans l'appart de montmartre qu'elle loue pour une résidence, dans la maison blanche à hydra qu'elle loue pour les vacances. vers la fin de real estate elle achète douze oranges qu'elle presse à la main pour faire du jus pour ses filles qui viennent lui rendre visite, elle le verse dans une grande carafe en y ajoutant des glaçons et puis ses filles arrivent et lui disent qu'elles préfèrent aller boire une bière, ungrateful bitches. le lendemain je me suis levée avec une très forte envie de jus d'orange et je me suis pressé deux oranges avec un presse-jus électrique et pensant aux poignets de deborah levy. vendredi matin (à dix heures) j'ai fait un curry de butternut avec des lentilles en pensant à son dhal et à son voyage en inde. j'écoutais la radio et il faisait soleil et je me disais que c'était exactement la vie que j'étais censée mener.
quand je regarde les photos d'appart sur facebook parfois je les imagine nus, sans meubles, sans déco, et j'essaie de m'imaginer ce que je mettrais dedans. en restant réaliste. je serais très minimale. par flemme, pour faire des économies, mais aussi pour l'esthétique. je mettrais un matelas par terre (avec un sommier parce que je suis vieille maintenant), un bureau pour écrire, même si j'écris jamais à mon bureau, j'écris sur le canapé, mais peut être que je pourrais changer mes habitudes. est-ce que je pourrais vivre sans canapé? le canapé fait pratiquement partie de mon corps. je crois que je mettrai pas de canapé. pour marquer un changement radical. si le sol est moche je mettrai le grand tapis rayé noir et blanc d'ikea, mais je préfèrerais que le sol soit beau (vieux parquet). je rangerai ma collection de vaisselle bien à la vue sur des étagères parce que ça fait dix ans qu'elle dort dans un carton derrière mon armoire, toutes mes jolies assiettes dépareillées de toutes les couleurs, mon bol rouge à marguerites, je sais même plus ce qu'y a. je pourrais m'en servir ici, mais non, c'est ma vaisselle, donc j'attends d'avoir mon appart pour m'en servir.
dans les commentaires je croise régulièrement la fille avec qui j'avais suivi un stage de respiration/méditation/yoga y a quelques années. j'ai reconnu son nom parce que je le trouve très beau. ça fait six mois qu'elle cherche, comme moi, sauf qu'elle elle cherche pour de vrai, et elle a toujours rien trouvé visiblement. généralement les commentaires c'est que des gens qui mettent suis intéressé ou mp envoyé avec un smiley qui sourit, mais elle elle a toujours une question incongrue à poser, des précisions à demander, parfois elle met un petit mot gentil avec un émoji fleur, parfois elle fait remarquer qu'il aurait mieux fallu prendre les photos de jour pour qu'on puisse se rendre compte de la luminosité de la pièce (elle a pas tort). à son stage elle nous avait servi des dattes comme snack en nous disant d'en prendre qu'une et de la manger les yeux fermés en la faisant durer le plus longtemps possible. y avait aussi des graines de tournesol marinées dans du tamari revenues à la poêle mélangées avec des raisins secs. le dernier jour on avait fait un exercice où il fallait se raconter sa vie en 5 minutes par petits groupes de trois. une femme qui faisait du théâtre d'impro et un argentin qui travaillait chez cargolux m'avaient dit your life is very interesting. ça fait longtemps qu'on me l'a plus dit ça. à ce moment-là ça faisait quatre ans que ma collection de vaisselle était dans le carton.
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LÉGENDES DU JAZZ
SUN RA, ‘’L’EXTRA-TERRESTRE’’ DU JAZZ ‘’My whole body changed into something else. I could see through myself. And I went up... I wasn't in human form... I landed on a planet that I identified as Saturn... they teleported me and I was down on [a] stage with them. They wanted to talk with me. They had one little antenna on each ear. A little antenna over each eye. They talked to me. They told me to stop [attending college] because there was going to be great trouble in schools... the world was going into complete chaos... I would speak [through music], and the world would listen. That's what they told me.’’
Sun Ra
Né le 22 mai 1914 à Birmingham, en Alabama, Herman Poole Blount était le fils de Cary Blount, un travailleur de l’industrie du chemin de fer, et d’Ida Jones, une serveuse de restaurant. Herman devait son prénom au magicien de vaudeville Black Herman, qui avait exercé une profonde influence sur sa mère. Surnommé Sonny durant son enfance, Herman avait un frère, Robert, une demi-soeur plus âgée, Mary, et un demi-frère, Cary Blount Jr. Après le divorce de ses parents, Herman avait été élevé par sa grand-mère maternelle, Margaret Jones, et sa grande-tante Ida Howard.
Pendant des décennies, les premières années de la vie de Sun Ra avaient été entourées d’énormément de mystère, ce qui avait contribué à alimenter sa légende. Comme tout personnage de fiction, Sun Ra était souvent évasif lorsqu’on le questionnait sur son enfance. Il donnait également des réponses contradictoires et souvent insensées au sujet de sa vie personnelle. Sun Ra affirmait aussi être un parent éloigné d’Elijah Poole, mieux connu sous le nom d’Elijah Muhammad, le leader de la Nation de l’Islam. Pendant des années, la date exacte de la naissance de Sun Ra était demeurée inconnue. Les recherches du biographe de Sun Ra, John F. Szwed, ont finalement permis de découvrir que le chef d’orchestre était né le 22 mai 1914.
Même si elle était très religieuse, la famille Blount n’était membre d’aucune église chrétienne. Même si Herman avait très peu d’amis proches à l’école secondaire, il avait laissé le souvenir d’un jeune homme gentil, tranquille et studieux qui adorait la lecture. Afin d’assouvir sa passion pour les livres, Herman se rendait régulièrement à la Black Masonic Lodge, qui était alors un des seuls endroits où les Afro-Américains pouvaient avoir un accès illimité aux livres. Les ouvrages de l’institution portant sur les Francs-Maçons et les autres concepts ésotériques avait laissé une forte impression sur Herman.
Enfant prodige, Herman était un pianiste très doué durant sa jeunesse. Sa mère lui avait d’ailleurs offert un piano pour son onzième anniversaire de naissance. Dès l’âge de onze ou douze ans, Herman pouvait lire la musique et avait même commencé à composer. À l’époque, la ville de Birmingham était une escale importante pour les musiciens en tournée. C’est ainsi qu’Herman avait pu voir jouer des musiciens importants comme Fletcher Henderson, Duke Ellington et Fats Waller, entre autres. Sun Ra avait déclaré plus tard: "The world let down a lot of good musicians".
Doté d’une mémoire phénoménale, Herman pouvait assister aux concerts des big bands de l’époque et transcrire avec exactitude les pièces qu’il avait entendues. Au milieu de l’adolescence, Herman avait commencé à jouer du piano en solo de façon semi-professionnelle, ou comme membre de divers groupes de jazz et de rhythm n’ blues.
Herman avait fréquenté l’Alabama Agricultural and Mechanical College, une école pour enfants de couleur aujourd’hui connue sous le nom de Parker High School. Son professeur de musique était John Tuggle "Fess" Whatley, un partisan de la discipline qui était très respecté et qui avait enseigné à plusieurs futurs musiciens professionnels. C’est d’ailleurs avec le Sax-o-Society Orchestra qu’Herman avait commencé sa carrière professionnelle. Herman avait déclaré plus tard au sujet de son séjour à l’Alabama Agricultural and Mechanical College: "I think I studied everything in that college except farming".
Une des premières compositions d’Herman était intitulée ‘’Chocolate Avenue’’. Herman, qui avait écrit la pièce vers 1929 et 1930, avait décidé de l’envoyer en 1933 à Clarence Williams à New York. Williams avait éventuellement enregistré la pièce sur disque, mais il avait omis de créditer Herman sur le disque et ne lui avait même pas fait verser un sou de droits d’auteur. C’est à partir de ce moment-là qu’Herman avait commencé à se méfier de l’industrie de la musique.
Depuis son adolescence, Herman était atteint de cryptorchidie, une maladie des testicules qui dégénérait parfois en hernie chronique et le rendait souvent inconfortable. Son biographe John F. Szwed a d’ailleurs émis l’hypothèse qu’Herman se sentait honteux d’être atteint de cette maladie et que celle-ci avait contribué à son isolement. DÉBUTS DE CARRIÈRE Après avoir décroché son diplôme d’études secondaires en 1932, Herman était parti en tournée avec les Society Troubadours. Il avait par la suite formé son propre groupe appelé The Nighthawks of Harmony.
En 1934, Sun Ra avait obtenu un premier emploi comme musicien à plein temps avec Ethel Harper, son professeur de biologie du high school, qui avait formé un groupe pour poursuivre une carrière de chanteuse. Devenu membre de l’Union des Musiciens, Sun Ra était parti en tournée avec le groupe de Harper dans le sud-est et le midwest. Lorsque Harper avait quitté la formation après trois semaines pour tenter sa chance à New York avec le groupe vocal Ginger Snaps, Sun Ra avait pris la direction du groupe qu’il avait rebaptisé le Sonny Blount Orchestra. Le groupe avait poursuivi la tournée durant plusieurs mois avant d’être dissous pour cause de non rentabilité. Même si cette première version du Sonny Blount Orchestra n’avait pas obtenu de succès sur le plan financier, la formation avait obenu des commentaires positifs des amateurs de jazz et des autres musiciens. Après la dissolution du groupe, Sun Ra avait collaboré avec plusieurs groupes de Birmingham.
À l’époque, les clubs de Birmingham étaient souvent pourvus de décors exotiques comme des murales et des éclairages éclatants qui ont possiblement influencé Sun Ra dans l’élaboration de ses futurs concepts. Si le fait de jouer dans des big bands inculquait aux musiciens de couleur un sentiment de fierté et d’entraide, ils devaient aussi se montrer disciplinés et disposer d’une bonne présentation, car ils étaient le symbole de la communauté noire. Cette bonne apparence était aussi un gage de succès auprès de la population blanche, qui engageait régulièrement des musiciens de couleur pour se produire dans des événements prestigieux, même si toute relation formelle avec les spectateurs blancs continuait d’être strictement prohibée.
Après avoir obtenu une bourse pour étudier à l’Alabama Agricultural and Mechanical Institute for Negroes en 1936, Sun Ra s’était inscrit à une majeure en éducation qui lui avait permis d’étudier la composition, l’orchestration et la théorie musicale. Il avai également étudié le piano avec Lula Randolph. Sun Ra avait cependant abandonné ses études au bout d’un an. Plus tard, Sun Ra avait justifié l’abandon de ses études par le fait qu’il avait eu une vision qui avait exercé une influence à long terme sur lui.
À la fin des années 1930, Sun Ra était au milieu d’une grande crise religieuse lorsqu’il avait prétendu qu’une lumière brillante était apparue autour de lui. Comme il l’avait expliqué plus tard: ‘’My whole body changed into something else. I could see through myself. And I went up... I wasn't in human form... I landed on a planet that I identified as Saturn... they teleported me and I was down on [a] stage with them. They wanted to talk with me. They had one little antenna on each ear. A little antenna over each eye. They talked to me. They told me to stop [attending college] because there was going to be great trouble in schools... the world was going into complete chaos... I would speak [through music], and the world would listen. That's what they told me.’’
Même si Sun Ra affirmait que l’événement s’était produit en 1936 ou 1937, les musiciens les plus proches de lui avaient déclaré que cette apparition n’avait pu survenir avant 1952. Se contredisant lui-même, Sun Ra avait aussi prétendu que l’incident s’était produit pendant qu’il vivait à Chicago, où il ne s’était établi qu’à la fin des années 1940. Sun Ra avait continué de raconter cette vision, sans modification notable, jusqu’à la fin de sa vie. Le soi-disant voyage de Sun Ra s’était produit au moins une décennie avant que le phénomène des ‘’soucoupes volantes’’ ne soit soumis à l’attention du public américain, plus particulièrement après la rencontre de Kenneth Arnold avec un OVNI en 1947. Le voyage de Sun Ra s’était aussi produit environ quinze ans avant que George Adamski ne fasse état de sa rencontre avec des supposés extra-terrestres, et environ vingt ans avant que Barney et Betty ne rapportent leurs propres rencontres avec des OVNI en 1961. Comme l’expliquait le biographe de Sun Ra, John F. Szwed, "even if this story is revisionist autobiography... Sonny was pulling together several strains of his life. He was both prophesizing his future and explaining his past with a single act of personal mythology."
Quoi qu’il en soit, après avoir quitté le Collège, Sun Ra était devenu un des musiciens les plus actifs de Birmingham. Dormant très peu, Sun Ra passait son temps à citer ses idoles Thomas Edison, Leonardo da Vinci et Napoléon Bonaparte. Sun Ra avait même transformé le rez-de-chaussée de la résidence de sa famille en une sorte de conservatoire-atelier, où il partageait son temps entre la composition, la transcription d’enregistrements et les pratiques avec différents musiciens de passage. Sun Ra, qui s’intéressait à tout, discutait même de concepts bibliques ou ésotériques avec quiconque était prêt à l’écouter.
Durant cette période, Sun Ra était également devenu un client assidu de la Forbes Piano Company, une compagnie possédée par des blancs. Sun Ra se rendait dans l’édifice Forbes pratiquement une fois par jour afin de jouer de la musique, d’échanger des idées avec le personnel et la clientèle, ou transcrire des feuilles de musique dans ses cahiers.
À la même époque, Sun Ra avait formé un nouveau groupe. À l’instar de son premier professeur John T. "Fess" Whatley, Sun Ra insistait pour que ses musiciens pratiquent sur une base quotidienne. Les résultats ne s’étaient pas faits attendre: le Sonny Blount Orchestra était rapidement devenu un des groupes les plus impressionnants et disciplinés de la région. Reconnu pour sa polyvalence, le groupe pouvait jouer dans une grande variété de styles sans jamais sacrifier la qualité. De 1939 à 1943, Sun Ra avait également été membre du populaire groupe vocal Rhythm Four avec Morris Ridgl, Richard Cannon et Clarence Driskell. Le groupe qui se produisait quotidiennement sur les ondes de la station de radio WSGN-AM, faisait également des apparitions dans les danses et les spectacles de variété tant devant des spectateurs blancs que de couleur. OBJECTEUR DE CONSCIENCE Après avoir été mobilisé par l’armée en octobre 1942 dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale, Sun Ra, qui s’appelait toujours Herman Blount à l’époque, s’était déclaré objecteur de conscience. Après avoir invoqué des principes religieux qui s’opposaient à la guerre et au meurtre, Sun Ra avait ajouté qu’il devait subvenir financièrement aux besoins de sa grande-tante Ida. Il avait également mentionné l’hernie chronique dont il souffrait. Même si les autorités militaires aient rejeté sa demande, Sun Ra avait fait appel devant le National Draft Board en déclarant que le faible nombre de noirs mobilisés comportait des relents d’’’hitlérisme.’’ Même si sa requête avait été rejetée, Sun Ra avait refusé de se joindre à l’armée, ce qui avait grandement embarrassé sa famille. Certains de ses parents l’avaient même renié. Sun Ra avait éventuellement été autorisé à compléter un service militaire à temps partiel au Civilian Public Service Camp de Pennsylvanie.
Ne s’étant pas présenté comme prévu le 8 décembre 1942, Sun Ra avait été arrêté en Alabama. Lors de sa comparution en cour, Sun Ra avait prétendu que le service militaire à temps partiel (‘’alternate service’’) était inacceptable. Sun Ra, qui était très articulé, avait ensuite discuté avec le juge de points de droit et de la façon dont on devait interpréter les textes bibliques concernant le meurtre et la guerre. Dans sa décision, le juge avait statué que Sun Ra avait enfreint la loi et risquait d’être conscrit par l’armée et d’être envoyé sur le front. Peu impressionné, Sun Ra avait répliqué qu’il se servirait des munitions fournies par l’armée pour abattre le plus d’officiers militaires possible ! Après l’avoir condamné à une peine de prison, le juge avait déclaré à Sun Ra: "I've never seen a nigger like you before." Sûr de lui, Sun Ra avait rétorqué: "No, and you never will again."
En janvier 1943, Sun Ra avait écrit au United States Marshals Service depuis sa cellule du comté de Walker, à Jasper, en Alabama. Dans sa requête, Sun Ra avait expliqué qu’il faisait une dépression nerveuse imputable au stress de l’emprisonnement, qu’il avait des tendances suicidaires et qu’il vivait dans la crainte constante d’être agressé sexuellement. Lorsque son statut d’objecteur de conscience avait été finalement reconnu en février 1943, Sun Ra avait été escorté jusqu’en Pennsylvanie. Comme les conditions de sa libération le prévoyaient, Sun Ra faisait du travail forestier durant le jour, mais pouvait jouer du piano pendant la nuit. Si les psychiatres avaient décrit Sun Ra comme ‘’une personnalité psychopathe [et] pervertie sur le plan sexuel’’, ils l’avaient aussi qualifié d’’’intellectuel coloré et très bien éduqué.’’
En mars 1943, après avoir été classé par l’armée dans la catégorie 4-F en raison de son hernie, Sun Ra était retourné à Birmingham rempli d’amertume. Après avoir formé un nouveau groupe, il avait recommencé à jouer professionnellement. Après la mort de sa tante adorée Ida en 1945, Sun Ra ne voyait plus de raisons de demeurer à Birmingham plus longtemps. Après avoir mis fin aux activités de son groupe, il avait décidé de s’installer à Chicago. LA PÉRIODE DE CHICAGO (1945-1961) À Chicago, Sun Ra s’était rapidement trouvé du travail, notamment avec la chanteuse de blues Wynonie Harris, avec qui il avait fait ses débuts sur disque en 1946 en enregistrant les simples ‘’Dig This Boogie/Lightning Struck the Poorhouse’’ et ‘’My Baby's Barrelhouse/Drinking By Myself.’’ ‘’Dig This Boogie’’ avait aussi été son premier véritable solo enregistré au piano. Au cours de cette période, Sun Ra avait également joué avec le groupe de Lil Green en plus de se produire durant des mois dans des clubs de stripstease de Calumet City. Il avait aussi joué avec le saxophoniste ténor Gene Ammons et la chanteuse Billie Holiday. En août 1946, Sun Ra avait décroché un long contrat au Club DeLisa avec le réputé chef d’orchestre Fletcher Henderson. Sun Ra admirait Henderson depuis longtemps, même si la carrière de ce dernier était en net déclin depuis que le swing avait perdu de sa popularité. Henderson, qui s’était jadis produit avec les meilleurs musiciens de jazz, n’attirait plus que des musiciens de seconde zone, en grande partie en raison de son instabilité émotionnelle liée à un accident d’automobile qui avait considérablement détérioré sa santé mentale et physique.
Engagé comme pianiste et arrangeur avec l’orchestre d’Henderson, Sun Ra devait assurer la relève de Marl Young qui venait de quitter la formation. Au début, Sun Ra avait composé des arrangements influencés par le bebop, mais les membres du groupe ne s’étaient pas montrés très réceptifs, et ce, malgré l’encouragement d’Henderson. Lorsque Henderson avait mis fin aux activités du groupe en 1947, Sun Ra avait été le pianiste et le copiste du groupe durant cinq ans.
En 1948, Sun Ra s’était aussi produit brièvement avec un trio composé du saxophoniste Coleman Hawkins et du violiniste Stuff Smith. Même si le trio ne semble pas avoir laissé de traces sur disque, un enregistrement maison d’un duo entre Smith et Sun Ra a été publié en 1953 sur étiquette Sound Sun Pleasure. Sun Ra a également participé en 1992 à un hommage à Smith enregistré en compagnie du violoniste Billy Bang.
À l’époque, Chicago était un important centre de mobilisation des Afro-Américains et de mouvements religieux plus radicaux comme les Black Muslims et les Black Hebrews, qui tenaient de nombreux débats en plus de publier de nombreux tracts et publications. Tout en étant très attentif à cette effervescence, Sun Ra avait été particulièrement fasciné par certains édifices et monuments de la ville influencés par le style de l’Égypte ancienne. Sun Ra avait aussi été un lecteur assidu de l’ouvrage de G.M. Stolen, ‘’Stolen Legacy’’, qui prétendait que la philosophie classique grecque avait ses racines dans l’ancienne Égypte. Par la suite, Sun Ra en était venu à la conclusion que l’histoire et les accomplissements des Africains avaient été systématiquement niés et détruits par les cultures européennes. Doté d’une personnalité plutôt excentrique, Sun Ra prétendait également être né sur la planète Saturne.
Au début des années 1950, Sun Ra avait formé un groupe de pratique qui avait éventuellement naissance au futur Arkestra. Le but de Sun Ra en formant son orchestre était de pratiquer durant dix ans avant de se produire sur scène. Même si le groupe jouait dans les clubs pratiquement à chaque soir, un musicien avait estimé que l’orchestre avait pratiqué 180 heures pour chaque heure de performance. John F. Szwed écrivait dans sa biographie de Sun Ra: "Rehearsals were exhausting but exhilarating ordeals, half musical instruction, the other half teaching, prognostication, and spiritual and practical advice…he nonetheless lectured them on personal discipline; on the history of black people and their role in the creation of civilization; on the use of music in changing the world; and on etymology and numerology, on astronomy and astrology…spiked with jokes, wordplay, biblical interpretation, and anecdotes about famous jazz musicians." Sun Ra, qui fournissait la nourriture et le toit à chacun de ses musiciens, leur avait demandé en retour de s’abstenir de consommer de l’alcool et des drogues. On les incitait également à éviter toute relation charnelle avec la gent féminine. Tout musicien qui était pris à enfreindre ces règles se voyait retirer le droit de jouer des solos ! En 1956, Sun Ra avait commencé à enregistrer pour sa propre maison de disques, les disques Saturn, devenant ainsi un des premiers musiciens de jazz à produire et à vendre ses propres albums. De 1956 à 1988, la compagnie avait enregistré soixante et onze albums, la plupart d’entre eux étant vendus lors des concerts avec une couverture peinte à la main. Mais comme la majorité de ces albums n’avaient été publiés qu’à raison de soixante-quinze copies à la fois, les musique de Sun Ra était surtout connue de non-initiés.
À la même époque, Sun Ra avait aussi fait des tournées avec les groupes de Wynonie Harris et Fess Whatley, et accompagné les chanteurs Joe Williams et Lavern Baker.
En 1952, Sun Ra dirigeait le Space Trio avec le batteur Tommy "Bugs" Hunter et le saxophoniste baryton Pat Patrick, deux des musiciens les plus accomplis qu’il n’avait jamais rencontrés. Le trio se produisant régulièrement, Sun Ra avait commencé à composer des pièces de plus en plus complexes. C’est le 20 octobre 1952 que Blount avait changé légalement son nom pour adopter celui de Le Sony'r Ra. Sun Ra avait déclaré par la suite qu’il s’était toujours senti inconfortable avec son nom de baptême d’Herman Blount.
Comme la plupart des anciens descendants d’esclaves, Sun Ra avait hérité d’un patronyme appartenant à une famille blanche. Considérant Blount comme un nom d’esclave, Sun Ra avait donc décidé de le rejeter, un peu comme Malcolm X et Muhammad Ali l’avaient fait à la même époque. Dans une entrevue accordée au magazine Esquire, Sun Ra avait déclaré au sujet de son ancien nom de famille: "People say I'm Herman Blount, but I don't know him. That's an imaginary person." Sun Ra avait utilisé plusieurs autres pseudonymes au cours de sa carrière, dont Sonny Lee, Sunni Bhlount, Armand Ra et H. Sonne Bhlount. Le Sun Ra Arkestra avait aussi été connu sur plusieurs autres appellations, comme le Myth-Science Arkestra, le Solar Myth Arkestra et l’Omniverse Arkestra.
À l’époque, le saxophoniste baryton Pat Patrick avait quitté le groupe de Sun Ra pour aller s’installer en Floride avec sa nouvelle épouse. Le saxophoniste ténor John Gilmore s’était alors joint à la formation, avant d’être rejoint par le saxophoniste alto Marshall Allen. Si Patrick avait continué de faire des aller-retours avec le groupe jusqu’à la fin de sa vie, Allen et Gilmore avaient été deux des membres les plus assidus de l’Arkestra. On avait d’ailleurs souvent critiqué Gilmore pour être demeuré avec Sun Ra durant plus de quarante ans alors qu’il aurait pu diriger ses propre formations. Le saxophoniste James Spaulding et le joueur de trombone Julian Priester avaient aussi enregistré avec Sun Ra à Chicago, ce qui ne les avaient pas empêchés de diriger leurs propres groupes. Le vétéran saxophoniste ténor Von Freeman avait aussi fait un bref séjour avec l’orchestre de Sun Ra au début des années 1950.
C’est à Chicago que Sun Ra avait fait la rencontre d’Alton Abraham, un adolescent précoce qui était très intelligent en plus de posséder des dons de voyance. Abraham était éventuellement devenu un des plus fervents amateurs du groupe ainsi qu’un des plus proches amis de Sun Ra. Tout en étant considérés comme des marginaux et en partageant un intérêt commun pour l’ésotérisme, les deux hommes avaient des qualités qui leur permettaient de se compléter. Si Sun Ra était un chef d’orchestre discipliné, il était souvent trop introverti et manquait de sens des affaires, Abraham était très informé et très pragmatique. Même s’il était encore adolescent, Abraham était progressivement devenu le gérant effectif de Sun Ra: il négociait les contrats, suggérait des musiciens et introduisait même des chansons populaires dans le répertoire du groupe. Avec l’aide d’autres collaborateurs, Sun Ra et Abraham avaient également formé une sorte de club de lecture informel appelé Thmei Research qui leur avait permis d’échanger des idées et de discuter de leurs préoccupations. Le groupe avait aussi publié un certain nombre de pamphlets dans lesquels les membres pouvaient développer leurs conclusions et leurs idées. Le groupe parcourait même les rues de Chicago afin de partager ses interprétations de la Bible et de l’histoire des Noirs. Certains de ces pamphlets ont été réunis en 2006 par les critiques John Corbett et Anthony Elms et publiés dans un recueil intitulé ‘’The Wisdom of Sun Ra: Sun Ra's Polemical Broadsheets and Streetcorner Leaflets.’’
En 1957, Sun Ra et Abraham avaient fondé une compagnie de disques indépendante qui avait souvent changé d’appellation mais qui était généralement connue sous le nom d’El Saturn Records. Après avoir d’abord produit les disques 45-tours de l’orchestre et d’autres artistes du même genre, la compagnie Saturn Records avait publié deux longs-jeux : ‘’Super-Sonic Jazz’’ (1957) et ‘’Jazz In Silhouette’’ (1959). Le producteur Tom Wilson avait été le premier à publier un album de Sun Ra par l’entremise de la compagnie de disques indépendante Transition Records en 1957. L’album était simplement intitulé ‘’Jazz by Sun Ra.’’ À la même époque, Sun Ra avait également enregistré le premier d’une série de douze simples mettant en vedette des chanteurs de doo wop et de R&B. Plusieurs de ces simples ont été réédités par Evidence Records dans un coffret de deux CD intitulé ’’The Singles.’’
À la fin des années 1950, Sun Ra et son groupe avaient commencé à porter des vêtements et des coiffures inspirés de l’Égypte ancienne ou de l’univers de la science-fiction. Ces parures poursuivaient plusieurs objectifs: exprimer la fascination de Sun Ra pour l’Égypte ancienne et la conquête spatiale d’une part, mais aussi de rendre l’orchestre plus facilement identifiable, de façonner son identité, tout en ajoutant une touche d’humour aux spectacles du groupe (Sun Ra croyait que les musiciens d’avant-garde avaient tendance à se prendre un peu trop au sérieux). Décrivant l’approche théâtrale de Sun Ra, le critique Peter Watrous écrivait: “No one else in jazz except Dizzy Gillespie,” had “come close to that sort of mixture of vaudevillian carnival and musical intelligence.” LA PÉRIODE NEW-YORKAISE (1961-1968) Sun Ra s’était installé à New York avec son orchestre à l’automne de 1961. Afin d’économiser de l’argent, Sun Ra vivait en communauté avec les membres du groupe dans un bâtiment appelé le Sun Palace. Le fait de vivre proche de ses musiciens permettait aussi à Sun Ra d’organiser des pratiques spontanées à n’importe quel moment. À la même époque, Sun Ra avait également collaboré avec le poète Amiri Baraka (LeRoi Jones) au Black Arts Repertory Theater/School de Harlem. En 1966, l’orchestre de Sun Ra avait d’ailleurs fourni la musique pour la pièce de théâtre de Baraka intitulée ‘’A Black Mass.’’
C’est également durant son séjour à New York que Sun Ra avait enregistré l’album ‘’The Futuristic Sound of Sun Ra.’’
À partir de 1965, les compositions de Sun Ra étaient devenues beaucoup plus complexes. Les concerts de l’Arkestra duraient aussi beaucoup plus longtemps, s’étendant parfois jusqu’à cinq ou six heures.
En mars 1966, l’Arkestra avait été engagé pour donner un concert tous les lundis soirs au Slug's Saloon, ce qui lui avait permis se faire connaître d’un nouveau public et d’augmenter sa visibilité. La popularité de Sun Ra avait atteint un sommet durant cette période, à une époque où l’influence de la ‘’beat generation’’ et du mouvement psychédélique battait son plein. Durant un an et demi (et de façon plus intermittente au cours des cinq années suivantes), Sun Ra et son orchestre avaient commencé à rejoindre un public beaucoup plus large.
Au cours de son séjour à New York, la musique de Sun Ra était devenue de moins en moins tributaire des influences de blues et de stride qui avaient marqué le début de sa carrière, pour prendre un caractère beaucoup plus avant-gardiste et expérimental. Lors de cette période, la musique de l’orchestre, qui était marquée par l’utilisation de nombreux batteurs et percussionnistes, était aussi devenue beaucoup plus lourde. C’est également à cette époque que Sun Ra avait commencé à recourir de plus en plus aux nouvelles technologies. Les enregistrements et les concerts du groupe s’appuyaient souvent sur l’emploi d’instruments inusités et un recours systématique à l’improvisation libre, en particulier dans les passages collectifs.
Même si la musique de Sun Ra ne faisait pas toujours l’unanimité, l’orchestre s’était attiré les éloges de deux des plus importants leaders du bebop, Dizzy Gillespie et Thelonious Monk. Invitant Sun Ra à ne pas de décourager, Gillespie avait déclaré: "Keep it up, Sonny, they tried to do the same shit to me." Quant à Monk, il avait répondu à un critique qui jugeait la musique de Sun Ra trop avant-gardiste: "Yeah, but it swings."
Toujours en 1966, Sun Ra avait collaboré avec des membres de son orchestre à l’enregistrement de l’album ‘’Batman and Robin’’ du Al Kooper's Blues Project. L’album avait été publié sous le pseudonyme de ‘’The Sensational Guitars of Dan and Dale.’’ L’album était principalement constitué de variations instrumentales sur le thème de Batman et sur des extraits de musique classique qui étaient passés dans le domaine public. Malgré les efforts du groupe visant à économiser de l’argent, les coûts du maintien d’un orchestre aussi important à New York étaient rapidement devenus prohibitifs, ce qui avait éventuellement forcé Sun Ra à s’installer à Philadelphie. LA PÉRIODE DE PHILADELPHIE (1968) En 1968, lorsque l’édifice dans lequel ils habitaient avait été mis en vente, Sun Ra et son orchestre s’étaient installés à Germantown, un quartier de Philadelphie. Sun Ra s’était établi dans une maison de Morton Street qui était la propriété du père du saxophoniste alto Marshall Allen et qui était devenu la base des opérations de l’Arkestra jusqu’à la mort du compositeur. L’édifice avait éventuellement été connu sous le nom d’’’Arkestral Institute of Sun Ra.’’ Exception faite de quelques plaintes occasionnelles au sujet des bruits des pratiques, Sun Ra et son orchestre étaient considérés comme de bons voisins en raison de leur comportement amical, de l’absence de consommation de drogues et de leurs excellentes relations avec les jeunes. Un des membres du groupe, le saxophoniste Danny Ray Thompson, était d’ailleurs propriétaire du Pharaoh's Den, un magasin très apprécié de la communauté.
Devenu rapidement un partenaire inestimable de la communauté, Sun Ra faisait des apparitions fréquentes sur les ondes de la station de radio WXPN. Il faisait aussi des lectures publiques en plus de visiter régulièrement les bibliothèques de la ville. Au milieu des années 1970, l’Arkestra se produisait parfois dans le cadre de concerts gratuits dans un parc de Germantown.
À la fin de l’année 1968, Sun Ra et son orchestre avaient fait une première tournée sur la Côte ouest, mais les réactions du public avait été mitigées. Les hordes de hippies habituées à assister aux performances psychédéliques de groupes comme The Grateful Dead étaient souvent dépassées par la musique de l’Arkestra. À l’époque, le groupe comprenait de vingt à trente musiciens, sans parler des danseurs, chanteurs, mangeurs de feu et des éclairages plutôt élaborés. Le critique John Burks du magazine Rolling Stone avait cependant livré un compte rendu positif du concert du groupe au San Jose State College. Sun Ra avait d’ailleurs fait la couverture du magazine le 19 avril 1969, ce qui avait contribué à augmenter le nombre de ses admirateurs. Durant la tournée, un étudiant en arts de San Jose, Damon Choice, s’était même joint à l’orchestre comme vibraphoniste.
Au cours de cette période, l’orchestre de Sun Ra avait semblé abandonner la musique expérimentale au profit d’une musique plus conventionnelle qui incorporait souvent des standards de swing de Jelly Roll Morton ou de Fletcher Henderson, même si ses enregistrements et ses concerts continuaient d’être assez éclectiques et remplis d’énergie, plus particulièrement dans le cadre de longs solos de percussion. Dans les années 1970, Sun Ra avait aussi développé un intérêt particulier pour les films de Walt Disney. L’orchestre interprétait d’ailleurs régulièrement des extraits des films de Disney dans le cadre de ses concerts. À la fin des années 1980, l’Arkestra s’était même produit à Walt Disney World. ''NO BULSHIT C.O.D.'' En 1970, Sun Ra avait égalemen commencé à faire des tournées internationales, se produisant notamment en France, en Allemagne et au Royaume-Uni. Il avait même joué en Égypte en 1971. Sun Ra avait continué de jouer en Europe jusqu’à la fin de sa carrière. À cette époque, le saxophoniste Danny Ray Thompson était devenu une sorte de gérant d’affaires non officiel pour l’orchestre. Thompson s’était fait une spécialité de ce qu’il appelait le "no bullshit C.O.D.", c’est-à-dire qu’il demandait à se faire payer d’avance avant de se présenter sur scène ou d’enregistrer des disques.
Au début de l’année 1971, Sun Ra avait été engagé coomme artiste en résidence à l’Université de Californie, à Berkeley. Il avait donné un cours intitulé ‘’The Black Man In the Cosmos.’’ Même si peu d’étudiants s’étaient inscrits au cours, sa salle de classe était souvent remplie de curieux provenant de la communauté environnante. La moitié du cours de Sun Ra était consacrée à des lectures (incluant des devoirs qui devaient être réalisés à la maison), et l’autre moitié à une performance de l’orchestre ou de Sun Ra au piano solo. La liste des lectures obligatoires comprenait des oeuvres de Madame Blavatsky et d’Henry Dumas, ainsi que le ‘’Livre Tibétain de la Mort’’, ‘’Les Deux Babylones’’ d’Alexander Hislop, ‘’The Book of Oahspe’’ sans compter des ouvrages portant sur les hiéroglyphes égyptiens, le folklore afro-américain et d’autres sujets. Pendant que Sun Ra donnait ses cours à l’Université Berkeley, l’Arkestra avait élu temporairement domicile dans une maison appartenant au mouvement des Black Panthers.
Toujours en 1971, Sun Ra s’était rendu en Égypte avec l’Arkestra à l’invitation du batteur Salah Ragab. Sun Ra était d’ailleurs retourné en Égypte en 1983 et 1984 pour enregistrer avec Ragab. Ces enregistrements avaient donné lieu à la publication des albums ‘’Live in Egypt’’, ’’Nidhamu’’, ’’Sun Ra Meets Salah Ragab’’ et ’’Egypt Strut and Horizon.’’
En 1972, les producteurs John Coney et Jim Newman, et le scénariste Joshua Smith de la station de télévision KQED avaient collaboré avec Sun Ra pour produire un film d’une durée de 85 minutes intitulé ‘’Space Is the Place.’’ Le film mettait en vedette l’Arkestra et un groupe d’acteurs qui avaient été réunis par l’équipe de production. Tourné à Okland et San Francisco, le film, qui était basé sur l'album du même nom, était une sorte d'.hommage aux films de science-fiction des années 1950 et 1960. En 1975, Sun Ra s’était produit avec l’Arkestra dans le cadre d’un concert à Cleveland qui mettait aussi en vedette le groupe Devo en première partie.
Le 20 mai 1978, l’orchestre avait également fait une apparition sur la populaire émission de télévision Saturday Night Live. Au cours de sa carrière, Sun Ra avait aussi fait des apparitions sur d’autres émissions comme le ‘’Today Show’’ ainsi que sur le réseau MTV. Dans le cadre de ces émissions, Sun Ra en profitait souvent pour prendre position sur les grands dossiers de l’heure comme les dangers de l’énergie atomique, de la guerre nucléaire ou de la pollution.
À l’automne 1979, l’Arkestra avait été engagé comme groupe-résident au Squat Theatre de la 23e rue, qui servait aussi de salle de spectacle à la troupe d’avant-garde de l’Hungarian Theater. Le gérant de la troupe, Janos, avait transformé le théâtre en un club de nuit pendant que les comédiens se produisaient en Europe. La chanteuse Debbie Harry du groupe Blondie, John Cale du groupe The Velvet Underground, Nico du groupe Factory days d’Andy Warhol, John Lurie du groupe The Lounge Lizards et d’autres musiciens pop et d’avant-garde étaient aussi des habitués du théâtre. Même si Sun Ra était resté discipliné et avait bu seulement du soda pendant le concert, il n’avait pas tenté d’imposer son code de conduite à ses musiciens. Grâce à son tempérament doux et charismatique, Sun Ra avait dirigé son orchestre tout en jouant de trois synthétiseurs en même temps.
L’orchestre de Sun Ra avait continué de faire des tournées et d’enregistrer durant les années 1980 et 1990.
Après avoir été victime d’une attaque en 1990, Sun Ra avait continué de composer, de jouer et de diriger son orchestre. À la fin de sa carrière, Sun Ra avait aussi fait la première partie du groupe rock new-yorkais Sonic Youth. Lorsqu’il était trop malade pour jouer ou participer aux tournées, Sun Ra demandait souvent au saxophoniste John Gilmore de diriger l’orchestre. Après sa mort en 1995 des suites de l’emphysème, le saxophoniste `Marshall Allen avait assuré la relève.
À la fin de 1992, Sun Ra était retourné dans sa ville natale de Birmingham afin de vivre avec sa soeur aînée, Mary Jenkins. Devenue son infirmière, Mary avait pris soin de son frère avec ses cousins jusqu’à ce qu’il soit admis au Princeton Baptist Medical Center de Birmingham à la suite de problèmes cardiaques, respiratoires et de circulation sanguine. C’est là que Sun Ra a rendu l’âme le 30 mai 1993. Il a été inhumé au Elmwood Cemetery. On peut lire sur sa pierre tombale l’inscription "Herman Sonny Blount aka Le Sony'r Ra". Sun Ra n’avait jamais été marié et ne semble pas avoir laissé de descendance.
À la suite de la mort de Sun Ra, John Gilmore avait pris la direction de l’Arkestra, suivi de Marcus Allen, qui avait enregistré en 1999 l’album intitulé ‘’Song for the Sun’’, qui mettait notamment en vedette le batteur Jimmy Hopps et le joueur de trombone Dick Griffin. À l’été 2004, l’orchestre était devenu le premier groupe de jazz américain à jouer à Tuva, dans le sud de la Sibérie, dans le cadre du Ustuu-Huree Festival. L’Arkestra avait continué de présenter des concerts et de faire des tournées jusqu’en juillet 2019. Le jeu de Sun Ra au piano était influencé par plusieurs styles. D’abord fasciné par le boogie woogie, le stride et le blues, son jeu rappelait tantôt le style de Count Basie, de Duke Ellington et d’Ahmad Jamal, et tantôt celui de Thelonious Monk ou de Cecil Taylor. Également influencé par les musiciens classiques, Sun Ra avait souvent mentionné Chopin, Rachmaninoff, Schoenberg et Chostakovich comme ses compositeurs favoris. Au début de sa carrière, la musique de Sun Ra avait été particulièrement influencée par son bassiste Ronnie Boykins, qui avait été décrit comme "the pivot around which much of Sun Ra's music revolved for eight years."
Même s’il avait souvent été associé à l’avant-garde, Sun Ra ne croyait pas que son travail devait être considéré comme de la ‘’free music.’’ Il expliquait: "I have to make sure that every note, every nuance, is correct... If you want to call it that, spell it p-h-r-e, because ph is a definite article and re is the name of the sun. So I play phre music – music of the sun."
Des centaines de musiciens étaient passés dans l’orchestre de Sun Ra au cours des années. Si certains comme John Gilmore étaient demeurés avec le groupe durant des décennies, d’autres comme Pharoah Sanders n’avaient fait que passer et n’avaient participé qu’à quelques concerts ou enregistrements.
Même si la vision du monde de Sun Ra avait souvent été décrite comme une philosophie, le chef d’orchestre avait rejeté ce qualificatif. Décrivant sa façon de pensée comme une ‘’équation’’, Sun Ra avait expliqué que la philosophie était basée sur des théories et des raisonnements abstraits, alors que sa méthode s’appuyait sur la logique et l’observation concrète des faits. La pensée de Sun Ra s’appuyait sur des sources aussi diverses que le Kabbalah, le rosicrucianisme, la canalisation (''channeling''), la franc-maçonnerie, le mysticisme de l’Égypte ancienne, ainsi que le nationalisme noir.
Le multi-instrumentiste James Jacson, qui avait étudié le boudhisme zen avant de se joindre à l’orchestre de Sun Ra, a identifié de profondes similitudes entre les enseignements et les pratiques zen et la pensée du chef d’orchestre, qui se réflétait parfois dans ses réponses absurdes à certaines questions. Pour sa part, le batteur Andrew Cyrille admettait que, malgré leur caractère apparemment irrationnel, les commentaires de Sun Ra étaient souvent très intéressants, ‘’whether you believed it or not. And a lot of times it was humorous, and a lot of times it was ridiculous, and a lot of times it was right on the money."
Selon son biographe John F. Szwed, Sun Ra avait admis que ses relations avec le peuple noir avaient changé radicalement avec le temps. À l’origine, Sun Ra s’était senti très concerné par les revendications du mouvement pour le Black Power, et percevait sa musique comme un élément-clé de l’éducation et de l’émancipation des gens de couleur. Mais avec la radicalisation du mouvement du Black Power dans les années 1960, et plus particulièrement avec l’émergence des Black Panthers, Sun Ra avait progressivement perdu ses illusions. Se percevant de plus en plus comme un citoyen du monde, il avait expliqué en 1970: ‘’I couldn't approach black people with the truth because they like lies. They live lies... At one time I felt that white people were to blame for everything, but then I found out that they were just puppets and pawns of some greater force, which has been using them... Some force is having a good time [manipulating black and white people] and looking, enjoying itself up in a reserved seat, wondering, "I wonder when they're going to wake up." Sun Ra, qui demeure à ce jour un des musiciens les plus originaux et audacieux de l’histoire du jazz, avait innové sur plusieurs plans. Sun Ra avait été un des premiers chefs d’orchestre à utiliser deux contrebasses et aussi un des premiers à utiliser la basse électrique, à jouer des claviers électroniques (dès 1956), à explorer la musique modale et à utiliser l’improvisation libre tant comme soliste qu’au niveau collectif. Commentant le travail de Sun Ra, le trompettiste Miles Davis avait déclaré que le compositeur “gives the impression that he has been withholding his most visionary music from a species not yet prepared for it”. Sun Ra a influencé de nombreux musiciens de jazz au cours de sa carrière, dont John Coltrane et Pharoah Sanders.
Sun Ra a également remporté de nombreux honneurs. Intronisé au sein du Alabama Jazz Hall of Fame en 1979, Sun Ra a remporté en 1982 un Jazz Master Award du National Endowment for the Arts, le plus grand honneur pouvant être remis à un musicien de jazz aux États-Unis. La ville de Philadelphie lui a également décerné un Liberty Bell Citizenship Award pour couronner l’ensemble de sa carrière en 1990. Sun Ra a aussi été intronisé au sein du temple de la renommée de la Germantown Historical Society en 1998.
Compositeur prolifique, Sun Ra a enregistré plus de 1000 de ses compositions. Il a participé à l’enregistrement de plus de 120 albums au cours de sa carrière. Sun Ra, qui était aussi poète, a également publié plusieurs recueils de poésie.
L’Université de Chicago possède une importante collection des oeuvres de Sun Ra et de ses objets personnels. La collection, qui a été réunie par l’ami et gérant d’affaires de Sun Ra, Alton Abraham, est conservée au Special Collections Research Center de la Bibliothèque Regenstein. On peut avoir accès à la collection sur demande. Le Special Collections Research Center a d’ailleurs souvent organisé des expositions des oeuvres de Sun Ra.
Quelques documentaires ont été consacrés à la carrière et à la vie de Sun Ra, dont le film de Robert Mugge ‘’Sun Ra: A Joyful Noise’’, réalisé en 1980, qui contient des extraits de ses concerts ainsi que des commentaires du chef d’orchestre sur différents sujets depuis ses souvenirs d’enfance jusqu’à sa place dans le cosmos. Le film de Don Letts intitulé ‘’Sun Ra – Brother from Another Planet’’, réalisé en 2005, tout en incorporant certains éléments du documentaire de Mugge, comprend quelques entrevues additionnelles avec Sun Ra. Enfin, le documentaire d’Ephrahaim Asili intitulé ‘’Points on a Space Age’’, tourné en 2009, reproduit quelques entrevues avec le musicien entrecoupées d’extraits de concerts. Sun Ra a également participé au tournage de deux autres films: ‘’The Cry of Jazz’’ (1959) et ’’Space Is the Place’’, une version filmée de l’album du même nom (1971) qui rendait hommage aux films de science-fiction des années 1950 et 1960.
Après la mort de Sun Ra, la majorité de ses albums ont été réédités sous forme de CD pour la première fois par Evidence Records et Ihnfinity Music. ©-2023-2024, tous droits réservés, Les Productions de l’Imaginaire historique
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L'EFFONDREMENT DE LA SOCIÉTÉ MODERNE
Quiconque s’est consacré à la vérité de l’Écriture devrait être à même de constater que notre culture en général se désintègre rapidement aux niveaux moral, éthique et, par-dessus tout, spirituel. Les valeurs qui sont chères à la société dans son ensemble vont nettement à l’encontre des commandements divins.
Par exemple, le système judiciaire américain approuve le massacre de millions d’enfants à naître, tandis qu’un tribunal de Kansas City a récemment condamné une femme à quatre mois de prison pour avoir tué une portée de chatons non désirés1. Un tribunal de Janesville, au Wisconsin, a condamné un homme à douze ans de prison pour avoir tué cinq chats, dans le but de « se libérer d’un peu de tension »2. Ce cas était, sans nul doute, un clair exemple de cruauté envers les animaux. Cependant, deux jours à peine après que l’homme eut commencé à purger sa peine, un tribunal du Delaware a condamné une femme à seulement trente mois de prison pour avoir tué son nouveau-né. Elle l’avait jeté par une fenêtre du deuxième étage d’un hôtel, dans un conteneur à déchets, le cordon ombilical intact. Les faits ont démontré que le nouveau-né est décédé par suite de froid, de négligence et de nombreuses fractures du crâne3.
Il est évident que la société, dans son ensemble, ne croit plus que les êtres humains sont créés à l’image de Dieu et qu’ils sont fondamentalement différents des animaux.
En fait, la popularité croissante des groupes de pression pour les droits des animaux illustre parfaitement à quel point notre société s’éloigne des principes bibliques qui la guidaient. Tout en atteignant une popularité sans précédent, ce mouvement devient de plus en plus radical et s’insurge toujours plus contre la vision biblique de l’humanité. Ingrid Newkirk, fondatrice du mouvement People for the Ethical Treatment of Animals (PETA) affirme : « Il n’y a aucun fondement rationnel qui permet de dire que les êtres humains disposent de droits particuliers. Quand il s’agit d’avoir un système nerveux central, de ressentir la douleur, la faim ou la soif, le rat est semblable au porc, qui est semblable au chien, qui est semblable à l’enfant »4. Pour Newkirk, il n’y a pas de différence entre les atrocités de la Seconde Guerre mondiale et le fait de tuer des animaux pour en tirer de la nourriture : « Six millions de Juifs sont morts dans les camps de concentration, mais six milliards de poulets mourront cette année dans les abattoirs »5.
Ce genre d’idées gagne en popularité dans la société en général. Certaines des célébrités parmi les plus connues et les plus respectées de notre culture répètent ce genre de commentaires, souvent sous le couvert de la compassion. Mais une perspective aussi tordue de la « bonté » envers les animaux se transforme bientôt en une méchanceté sans borne vis-à-vis de l’homme créé à l’image de Dieu. On peut avoir un aperçu des répercussions inévitables que de telles idéologies auront sur l’héritage que les parents transmettent à leurs enfants dans une affirmation de Michael Fox, vice-président de la Human Society of the United States, ligue américaine de protection des animaux : « La vie d’une fourmi et la vie de mon enfant devraient avoir la même valeur »6. Quelles seront donc les valeurs de la culture de nos enfants ?
La société foisonne de tendances effrayantes de ce genre. L’avenir est inconcevable pour une société dépourvue de normes morales qui déterminent ce qui est bien et ce qui est mal. Déjà, nous sommes prêts à condamner à l’emprisonnement des personnes qui ont tué des animaux, tout en aidant les avorteurs à tuer des enfants.
Où s’en va notre culture ? Quel genre de valeurs, de moralité et de monde préparons-nous pour la prochaine génération ? En tant que chrétiens, plantons-nous des arbres qui procureront de l’ombre à nos enfants ou les laissons-nous à la merci de leur environnement ?
Cet article est tiré du livre : Parents chrétiens… que faire ? de John MacArthur
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Psychanalyste n’est pas une profession, ni une fonction sociale, plutôt la façon éthique d’assumer une sorte de "suicide social".
Le lien social qu’induit le Discours de l’Analyste libère de toute nécessité de groupe, sa dialectique concurrence la religion, mais la foi y apparaît dès lors nettoyée de toute mousse religieuse.
Lacan disait: «je suis celui qui a lu Freud» et aussi, peu avant sa mort, en 1980: «(…) je n'ai jamais prétendu dépasser Freud, comme me l'impute un de mes correspondants, mais le prolonger.»
Voilà la psychanalyse authentique, dont l’exploit est d'exploiter le malentendu, qui est de structure, avec, au terme, une révélation qui est de fantasme.
«Le psychanalysant est celui qui parvient à réaliser comme aliénation son “je pense”, c’est-à-dire à découvrir le fantasme comme moteur de la réalité psychique, celle du sujet divisé. Il ne le peut qu’à rendre à l’analyste la fonction du (a), que lui ne saurait être, sans aussitôt s’évanouir.»
Il n’y a pas plus de contradiction interne dans les livres de Freud que dans les douze mille pages de l’enseignement de Lacan, seulement une logique en mouvement où la théorie ne s’oppose nullement à la pratique comme dans le disque ourcourant, mais retrouve son sens originel, du Grec "theoria", de se fonder sur la pratique pour en éclairer les modalités concrètes.
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Faulkner écrivit Tandis que j'agonise en six semaines : il déclara l'avoir bouclé pendant les loisirs que lui laissait un emploi manuel de douze heures par jour. Il existe d'autres exemples sur d'autres continents et dans d'autres siècles, tout comme des albinos, des assassins, des saints, des obèses et des nains apparaissent de temps à autre parmi de vastes populations. Sur les quatre milliards et demi d'êtres humains qui peuplent la Terre, vingt personnes peut-être sont capables d'écrire un livre en un an. Certains soulèvent des voitures, aussi. D'autres font des courses de traîneaux à chiens qui durent une semaine, descendent les chutes du Niagara dans un tonneau ou passent en avion sous l'Arc de Triomphe. Certaines femmes enfantent sans douleur. Il y a des gens qui mangent des voitures. Nous ne sommes pas obligés de considérer les cas extrêmes comme la norme.
Annie Dillard - The Writing Life (En vivant, en écrivant en français)
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Très beau livre. Très triste également.
La passion du héros (anti héros) Bernard, neuro atypique incompris et donc considéré comme simplet, pour le blues orchestre véritablement la narration. Comme dans une composition de blues, à douze temps, on alterne bouts de vies dans une chanson pour pleurer dans sa pinte. On a une galerie de personnages pour la plupart attachants, et, l’espace d’un week-end ensoleillé (mais qui finit en orage et pluie, comme toujours), on suit leurs partitions. Chacun joue sa part. Et si Bernard connaît une forme d’envol optimiste, c’est loin d’être le cas pour les autres.
La composition est vraiment remarquable car elle met en parallèle les atermoiements des uns et des autres, leurs souffrances passées et présentes, leurs imbrications plus ou moins secrètes, leurs échos, leurs ressemblances ou leur différences, dans ce village touristique où les ragots vont bon train. Des âmes tourmentées, malmenées. Des trajectoires brisées. Toute la mélancolie irlandaise est là, dans la prose entre ombres et lumière de Colin O’Sullivan.
C’est un beau livre, entre soleil et averse soutenue, le portrait attachant d’un homme, de sa mère et de leur jument.
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Magicalia- Tome 01 Le Secret des magicores de Jennifer Bell
Achat : https://amzn.to/4hJWNRg Une course autour du globe pour percer le mystère de créatures extraordinaires ! Qui aurait cru qu’un bestiaire puisse renfermer autant d’énigmes ? Certainement pas Bitsy, jusqu’à ce qu’elle mette la main sur un livre ancien nommé Magicalia. Mais voilà qu’en parcourant l’ouvrage, cette fillette de douze ans se retrouve plongée dans le monde des magicores, des…
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