#saturnin fabre
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postcard-from-the-past · 6 months ago
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Saturnin Fabre on a vintage postcard
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lemagcinema · 1 year ago
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Ils étaient neuf célibataires - Inversion migratoire
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Un film de Sacha Guitry Avec: Max Dearly, Elvira Popescu, Victor Boucher, Sacha Guitry, Saturnin Fabre, AndrĂ© Lefaur, Raymond Aimos, Gaston Dubosc, Betty Stockfeld, SinoĂ«lAfin de pouvoir conquerir une comtesse russe, un aventurier mondain fonde un hospice de vieux cĂ©libataires pour venir en aide Ă  de riches Ă©trangĂšres frappĂ©es par une loi mettant en cause leur rĂ©sidence en France. « InventĂ© par Sacha Guitry pour le cinema, Ă©crit Jacques Siclier, ce scenario, prenant en fantaisie certains problĂšmes qui se posaient Ă  la France de 1939 Ă  propos des Ă©migrĂ©s, est magistralement mis en scĂšne avec un rythme constant, une technique souple et Ă©lĂ©gante et une remarquable direction d’acteurs. »
Retrouvez l'article complet ici https://lemagcinema.fr/films/good/ils-etaient-neuf-celibataires/
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byneddiedingo · 1 year ago
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Line Noro and Jean Gabin in Pépé le Moko (Julien Duvivier, 1937)
Cast: Jean Gabin, Gabriel Gabrio, Mireille Balin, Saturnin Fabre, Fernand Charpin, Lucas Gridoux, Gilbert Gil, Marcel Dalio, Gaston Modot, LIne Noro. Screenplay: Henri La Barthe, Julien Duvivier, Jacques Constant, Henri Jeanson. Cinematography: Marc Fossard, Jules Kruger. Production design: Jacques Krauss. Film editing: Marguerite Beaugé. Music: Vincent Scotto, Mohamed Ygerbuchen. 
When Walter Wanger decided to remake Pépé le Moko in 1938 as Algiers (John Cromwell), he tried to buy up all the existing copies of the French film and destroy them. Fortunately, he didn't succeed, but it's easy to see why he made the effort: As fine an actor as Charles Boyer was, he could never capture the combination of thuggishness and charm that Jean Gabin displays in the role of Pépé, a thief living in the labyrinth of the Casbah in Algiers. It's one of the definitive film performances, an inspiration for, among many others, Humphrey Bogart's Rick in Casablanca (Michael Curtiz, 1943). The story, based on a novel by Henri La Barthe, who collaborated with Duvivier on the screenplay, is pure romantic hokum, but done with the kind of commitment on the part of everyone involved that raises hokum to the level of art. Gabin makes us believe that Pépé would give up the security of a life where the flics can't touch him, all out of love for the chic Gaby (Mireille Balin), the mistress of a wealthy man vacationing in Algiers. He is also drawn out of his hiding place in the Casbah by a nostalgia for Paris, which Gaby elicits from him in a memorable scene in which they recall the places they once knew. Gabin and Balin are surrounded by a marvelous supporting cast of thieves and spies and informers, including Line Noro as Pépé's Algerian mistress, InÚs, and the invaluable Marcel Dalio as L'Arbi.
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tintinology · 1 year ago
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Thomson and Thompson, Detectives: 24
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(A story by Paul Kinnet, illustrated by Hergé)
When the farmer's wife had returned to her stove, Thomson and Thompson resumed the interrogation. They led the farmhand into the barn.
“Now,” they said as one, “enough lying. Otherwise, we’re handing you over to the cops!”
“Fine, fine,” the farmhand said grumpily.
“Have these two gentlemen been here before?”
“Yes. They came almost every month. And each time, there was one less animal the next day.”
“Looks like a clandestine slaughter thing to me,” Thomson said.
“You think so?” Thompson asked. “It's possible.”
“But that doesn’t explain anything
 You don’t know the names of these individuals?”
“No,” said the farmhand, who seemed sincere. “But I know the name of the butcher they worked for
 Wait
 It was something like Saturnin Fabre
”
Thomson had a sudden inspiration.
“Jules Saturnin!” he said. “Is that it?”
“Exactly, sir. That’s exactly it...”
“Jules Saturnin?” Thompson asked. “Doesn’t ring a bell.”
“Yes,” Thomson said. “He’s the owner of the car whose license plate we found!”
(To be continued.)  
—
The next part of Thomson and Thompson, Detectives will be posted tomorrow by @personnage-neutre!
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lairreparablefugadeltiempo · 3 years ago
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Battement de coeur (Henri Decoin, 1939)
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manwithpipe · 5 years ago
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Pépé le Moko (Julien Duvivier, 1937)
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tvln · 6 years ago
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miquette et sa mĂšre (fr, clouzot 50)
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lyslily · 7 years ago
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Saturnin Fabre Marie-Martine, Albert Valentin (1943).
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filmcentury · 8 years ago
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Pépé le Moko (1937), dir. Julien Duvivier.
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laurent-bigot · 8 years ago
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Un soir d’hiver, le Destin apparaĂźt Ă  Diego sous les traits d’un singulier vagabond pour lui annoncer que, cette mĂȘme nuit, il rencontrera « la plus belle fille du monde». Et point par point, la prĂ©diction va s’accomplir

LES PORTES DE LA NUIT – Marcel CarnĂ© (1946)
AprĂšs Les Enfants du paradis et quelques chefs-d’Ɠuvre, le tandem Marcel CarnĂ©-PrĂ©vert se reconstitue pour un nouveau film, Les Portes de la nuit, avec Jean Gabin et MarlĂšne Dietrich en vedettes. Mais au dernier moment, ils abandonnent le projet. Ils vont ĂȘtre remplacĂ©s par deux comĂ©diens quasi-dĂ©butants : Yves Montand et Nathalie Nattier. AprĂšs l’éclatante rĂ©ussite commune Enfants du paradis, l’association de Marcel CarnĂ© et de Jacques PrĂ©vert ne pourrait que se rĂ©pĂ©ter ou se dissoudre. Elle fera l’un et l’autre.  En effet, malgrĂ© le succĂšs du film, le Festival de Cannes refuse en 1946 de sĂ©lectionner Les Enfants du Paradis au seul prĂ©texte qu’il est sorti depuis trop longtemps. CarnĂ© s’en consolera, non sans une pointe de vanitĂ©, «en songeant que si “Voyage au bout de la nuit” avait Ă©tĂ© dĂ©daignĂ© par le Goncourt, Les Enfants du Paradis pouvait bien l’ĂȘtre par le Festival de Cannes».
LES PORTES DE LA NUIT – Marcel CarnĂ© (1946)
Pourtant, rĂ©aliser et rĂ©ussir, coup sur coup, deux Ɠuvres de l’importance des Visiteurs du Soir et des Enfants du Paradis à une Ă©poque oĂč tout Ă©tait plus difficile que jamais, Ă©tait un tour de force qui avait son poids. En outre, il s’agissait de deux succĂšs commerciaux. On serait donc en droit de penser que CarnĂ© n’eut qu’à lever le petit doigt pour trouver un, deux, dix producteurs avides de sa collaboration. Il n’en fut rien. La valse des projets recommença. On envisage d’adapter Mary Poppins, un LĂ©ocadia d’aprĂšs la piĂšce de Jean Anouilh  mais aussi de reprendre le Jour de Sortie qui avait Ă©tĂ© prĂ©vu avant Les Enfants du Paradis mais cette fois sous le titre “La Lanterne magique” ou “Les PrĂ©sents du passĂ©â€ avec Arletty, Louis Salou et Fabien Loris. Innovation importante : les Ă©vĂ©nements du rĂ©el seraient projetĂ©s en noir et blanc et ceux, fictifs, bĂ©nĂ©ficieraient de la couleur. Puis Alexandre Korda propose Ă  son tour Ă  CarnĂ© un contrat pour trois films. Étonnamment, ce dernier refuse, ce qu’il regrettera longtemps. AprĂšs avoir tentĂ© une adaptation de la nouvelle d’Andersen “L’Ombre”, il jette alors son dĂ©volu sur “Le Masque de la Mort rouge” d’Edgar Poe qui lui permet de rĂȘver de son premier film entiĂšrement en Technicolor. Mais les premiĂšres Ă©valuations financiĂšres mettent vite un terme au projet, qui reparaĂźtra un temps sous forme de ballet avec Ludmilla TchĂ©rina dans son film dansĂ© dont Les Amants de Teruel ne devaient former que le tiers. Le producteur Tramichel, d’accord sur-le-champ, envisage ensuite un Candide en couleur d’aprĂšs Voltaire qui devait plus tard, et sur un mode mineur, inspirer Norbert Carbonneaux. CarnĂ©, lui, voyait grand et juste. Son Candide devait ĂȘtre GĂ©rard Philipe et Pangloss aurait eu pour interprĂšte Louis Jouvet. On imagine le rĂ©gal et on rĂ©alise la perte que reprĂ©sente l’échec de ce projet. Coup du sort terrible : le producteur trouve la mort la veille de la signature du contrat ! [Marcel CarnĂ© « Le mĂŽme du cinĂ©ma français » – David Chanteranne – Ed. Soteca (2012)]
LES PORTES DE LA NUIT – Marcel CarnĂ© (1946), Julien Carette
A la LibĂ©ration, en 1945, l’énorme succĂšs rencontrĂ© par Les Enfants du paradis Incite le rĂ©alisateur Marcel CarnĂ© et le scĂ©nariste Jacques PrĂ©vert Ă  faire, un nouveau film ensemble. AussitĂŽt, ils tombent d’accord pour engager Jean Gabin avec qui, avant la guerre, ils ont dĂ©jĂ  travaillĂ© sur Quai des brumes et Le Jour se lĂšve. Quant au sujet, PrĂ©vert propose de le tirer d’un ballet de vingt minutes dont il est l’auteur, sur une musique de Joseph Kosma, Le Rendez-vous. Il se met au travail et, trĂšs vite, la question se pose de savoir quelle sera l’actrice qui fera couple avec Gabin dans ce film qui va s’intituler Les Portes de la nuit. «Pourquoi on n’mettrait pas la Grande dans l’coup ?», suggĂšre alors celui-ci. « La Grande », c’est MarlĂšne Dietrich avec qui il a eu une liaison durant son exil hollywoodien et qui l’a suivi quand il est revenu en France. MarlĂšne donne son accord, Ă  condition d’avoir un droit de regard sur le scĂ©nario.
Joseph Kosma, Jacques Prévert, Marcel Carné, Jean Gabin, Alexandre Trauner
Le tournage est prĂ©vu pour le 12 dĂ©cembre 1945, sachant que Gabin doit enchaĂźner sur un autre film qui lui tient Ă©normĂ©ment Ă  cƓur, Martin Roumagnac, le 25 avril de l’annĂ©e suivante. Mais les studios de Joinville, oĂč CarnĂ© a prĂ©vu de construire ses dĂ©cors, est immobilisĂ© par un autre film, Le Collier de la reine, et il faut retarder le tournage Ă  janvier 1946. Pendant ce temps, MarlĂšne a pris connaissance du scĂ©nario, au fur et Ă  mesure de son Ă©criture, et elle se montre de moins en moins enthousiaste
 jusqu’au jour oĂč elle Ă©crit Ă  CarnĂ© : « J’ai remarquĂ© que plusieurs scĂšnes montrent des aspects nĂ©gatifs de la vie sous l’Occupation et contribuent Ă  crĂ©er une ambiance qui constitue, selon mol, une mauvaise propagande vis-Ă -vis du reste du monde. Cela m’empĂȘche de participer Ă  ce film. »
Jean Gabin et Marlene Dietrich
La dĂ©fection de Dietrich est Ă©videmment un coup dur que le rĂ©alisateur et son scĂ©nariste encaissent en redoutant le pire : et si Gabin prenait exemple sur elle ? Il ne lui manque, en rĂ©alitĂ©, qu’un prĂ©texte pour cela. Il en trouve deux. D’abord, quand il apprend que Maria Mauban a Ă©tĂ© pressentie pour le rĂŽle laissĂ© libre par Dietrich et que CarnĂ© semble s’ĂȘtre finalement dĂ©cidĂ© pour une quasi-dĂ©butante, Nathalie Nattier, il explose : « Qu’est-ce que ça veut dire ? On veut me faire tourner avec un rat-mulot ! Une mĂŽme ! A mon Ăąge
 Y me faut une femme de 30-35 ans   » Et puis, le tournage des Portes de la nuit n’en finit pas d’ĂȘtre repoussĂ© et il doit honorer son engagement sur Martin Roumagnac oĂč MarlĂšne va tenir le rĂŽle d’une fermiĂšre normande. A son tour, il tire sa rĂ©vĂ©rence, laissant le tandem CarnĂ©-PrĂ©vert tout de mĂȘme sĂ©rieusement dĂ©confit d’avoir perdu de la sorte son couple vedette.
LES PORTES DE LA NUIT – Marcel CarnĂ© (1946), Nathalie Nattier
Or, si le choix de Nathalie Nattier est dĂ©jĂ  fait, il faut remplacer au pied levĂ© Gabin, et dans les plus brefs dĂ©lais. «Je ne sais plus lequel de nous deux. Jacques PrĂ©vert ou moi, tant nous eĂ»mes de discussions Ă  ce moment, songea Ă  Yves Montand, racontera Marcel CarnĂ©. Il effectuait Ă  ce moment-lĂ  un tour de chant au thĂ©Ăątre de l’Etoile – son premier, je crois – avec un grand succĂšs. Mais je savais qu’Edith Piaf, qui s’intĂ©ressait beaucoup Ă  lui, l’avait Ă©normĂ©ment aidĂ©. Le faisant rĂ©pĂ©ter jusqu’à l’épuisement, choisissant elle-mĂȘme ses chansons. Le jour des essais arrive. Depuis une semaine, j’avais reçu une dizaine d’appels tĂ©lĂ©phoniques d’Edith Piaf, me recommandant chaleureusement Montand
 La scĂšne envisagĂ©e pour les essais Ă©tant une sĂ©quence jouĂ©e par les deux principaux interprĂštes, je commence Ă  former les couples. J’hĂ©site un instant, puis je rĂ©unis Montand et Nattier. Physiquement, ils se complĂštent assez bien. Dire que leur essai s’avĂšre remarquable serait mentir. Malheureusement, les autres postulants leur sont encore infĂ©rieurs
  Jacques, qui les trouve formidables m’engage vivement Ă  les retenir. MalgrĂ© cela, j’hĂ©site  »
Pour la musique, c’est au cours d’un repas organisĂ© rue Dauphine, en prĂ©sence de Gabin, Kosma, PrĂ©vert et CarnĂ©, que la fameuse chanson Les Feuilles mortes est prĂ©sentĂ©e. Le cinĂ©aste a rapportĂ© les conditions de cette dĂ©couverte Au Vieux Pont-Neuf, un Ă©tablissement tenu par trois sƓurs qui voulaient recevoir Jean Gabin Ă  dĂźner et lui dressĂšrent une table dans leur salle Ă  manger personnelle : «Je revois encore le dĂ©cor. Une piĂšce minuscule qui ne comporte d’autre ameublement qu’une grande table centrale rectangulaire – laquelle dĂ©vore toute la surface – quatre chaises, et un piano droit collĂ© au mur, qui a l’air de s’effacer avec une sorte d’humilitĂ©. Dans l’espace Ă©troit entre celui-ci et la table, deux chaises font face Ă  cette derniĂšre, les dossiers touchant presque le clavier du piano. PrĂšs de la fenĂȘtre, Ă  l’angle du mur, se dresse une pile de nappes et de serviettes Ă  peine sĂšches et dont la blancheur immaculĂ©e renvoie la lumiĂšre, encore ensoleillĂ©e en ce soir d’étĂ©. Gabin a pris place sur l’une des deux chaises qui tournent le dos au piano, Kosma Ă  sa gauche. Je suis en face de lui, Jacques [PrĂ©vert] Ă  ma droite. On achĂšve de boire l’apĂ©ritif. L’atmosphĂšre est dĂ©tendue. Cependant, je devine Kosma nerveux sur sa chaise, avec comme un air de complot entre Jacques et lui. À la fin, ce dernier n’y tient plus. “Vas-y maintenant”, dit-il Ă  Kosma. Voyant celui-ci se mettre au piano, ou plus exactement se tourner pour lui faire face, Gabin a compris : “La chanson ? ” dit-il. Il a Ă©tĂ© convenu en effet que le film en comporterait une qui pourrait aider Ă  son lancement. (
) Kosma  exĂ©cute d’abord quelques arpĂšges. Puis il attaque doucement, chantant Ă  mi-voix, ses doigts effleurant lĂ©gĂšrement les touches : Oh, je voudrais tant que tu te souviennes / Des jours heureux oĂč nous Ă©tions amis. La mĂ©lodie s’élĂšve doucement. Nostalgique. Prenante. Pour finir par devenir envoĂ»tante. À peine Kosma a-t-il plaquĂ© le dernier accord que, perdu dans un rĂȘve, Gabin lui demande : “Rejoue encore.” Dix fois au cours du repas, Kosma se remettra au piano. Dix fois, Gabin lui dira : “Encore, tu veux ?”. AprĂšs les hors-d’Ɠuvre, nous fredonnons dĂ©jĂ  deux ou trois motifs. Le rĂŽti achevĂ©, nous connaissons par cƓur le refrain. Au cafĂ©, pour peu que Kosma nous soutienne, c’est presque la chanson tout entiĂšre que nous entonnons. Jacques, heureux, savoure. Quant Ă  moi, j’ai l’impression que, quoi qu’il arrive, je n’oublierai jamais la douceur de ces instants. Gabin se tourne vers Jacques : “De premiĂšre”, dit-il en hochant la tĂȘte. Si je peux me permettre la formule : Les Feuilles mortes venait de naĂźtre  » [Marcel CarnĂ© « Le mĂŽme du cinĂ©ma français » – David Chanteranne – Ed. Soteca (2012)]
LES PORTES DE LA NUIT – Marcel CarnĂ© (1946), Yves Montand
“Le plus grand de mes bides !” En 1958, Yves Montand Ă©voquait avec une certaine ironie le destin des Feuilles mortes, cette chanson de PrĂ©vert (pour les paroles) et Kosma (pour la musique) qui sert de leitmotiv aux Portes de la nuIt : ” Je crois que le plus grand de mes bides a Ă©té Les Feuilles mortes. Pendant quatre ans, j’al fait rigoler tout le monde en essayant d’imposer cette chanson qui est devenue ce que vous savez : un tube.” DĂšs 1949, Jacqueline François l’avait interprĂ©tĂ©e dans un court mĂ©trage et Nat King Cole devait la reprendre en 1956 au gĂ©nĂ©rique du film de Robert Aldrich, Feuilles d’automne, pour en faire un succĂšs mondial. Bien des annĂ©es plus tard, Serge Gainsbourg lui rendait hommage avec sa Chanson de PrĂ©vert.
Le devis des Portes de la nuit devait ĂȘtre de cent vingt millions de francs. A l’époque, en 1946, un film coĂ»tait de trente Ă  quarante millions. C’est aux studios de Joinville que furent reconstituĂ©s le canal Saint-Martin et le quartier de BarbĂšs avec la station de mĂ©tro BarbĂšs-Rochechouart. Le dĂ©cor Ă©tait long de quatre-vingt-cinq mĂštres. Six cents figurants pouvaient y tenir. Selon Marcel CarnĂ©, cela coĂ»tait moins cher Ă  la production que s’II avait fallu tourner son film sur les lieux rĂ©els. Ce dĂ©cor de la station de mĂ©tro BarbĂšs-Rochechouart, dont la rĂ©alisation est confiĂ©e Ă  Alexandre Trauner, est reconstituĂ© Ă  Joinville et fait couler beaucoup d’encre, notamment Ă  cause du prix Ă©levĂ© de la facture globale. Dans La Vie Ă  belles dents, CarnĂ© a justifiĂ© son choix en affirmant que dans la station rĂ©elle, le public, dĂ©jĂ  trop dense pour permettre de tourner, aurait reconnu les comĂ©diens et surtout que « tout plan d’ensemble sous un angle utile est impossible. » De nombreux journalistes sont alors invitĂ©s par la production Ă  assister aux derniĂšres scĂšnes du tournage et, pour se rendre au studio, on choisit de leur envoyer un plan de mĂ©tro oĂč sont inscrits les noms des comĂ©diens.
LES PORTES DE LA NUIT – Marcel CarnĂ© (1946), Saturnin Fabre
Saturnin Fabre est un acteur français, nĂ© en 1883 Ă  Sens (Yonne), mort Ă  Paris en octobre 1961. Il a laissĂ© le souvenir d’un personnage pittoresque au naturel, et de ce pittoresque il a pimentĂ© des films nombreux – plus de cent, de 1932 Ă  1959 – mais il Ă©tait connu presque autant par ses rĂŽles de la scĂšne, piĂšces ou opĂ©rettes. Il Ă©tait sans doute exubĂ©rant, rĂąleur
 insupportable, et peu modeste, avec l’envers de ces dĂ©fauts, s’il en existe ; mais il Ă©tait lui-mĂȘme et reconnaissable par tout le monde. Il joua dans La Route est belle, PĂ©pĂ© le Moko, Messieurs les ronds-de-cuir, Miquette et sa mĂšre ; au thĂ©Ăątre notamment dans L’Habit vert, La Fleur des pois, La Vie parisienne, Le Sexe faible, La Dame de chez Maxims. Étudiant la clarinette dans une classe du Conservatoire de Paris, il avait suivi en mĂȘme temps l’enseignement de Paul Mounet et obtenu un premier prix de comĂ©die. Puis il avait dĂ©butĂ© de façon fantaisiste au thĂ©Ăątre en changeant de pseudonyme Ă  chaque nouvel engagement, s’appelant un jour Jean Naimard, un autre jour, Sam Court ou Clairefontaine. II a publiĂ© en 1942 un livre de souvenirs : Douche Ă©cossaise (Ă©ditions Fournier- ValdĂšs).
LES PORTES DE LA NUIT – Marcel CarnĂ© (1946), Julien Carette
LES PORTES DE LA NUIT – Marcel CarnĂ© (1946), Saturnin Fabre et Serge Reggiani
LES PORTES DE LA NUIT – Marcel CarnĂ© (1946), Pierre Brasseur, Serge Reggiani
LES PORTES DE LA NUIT – Marcel CarnĂ© (1946), Nathalie Nattier
La distribution rĂ©unit finalement, autour de Pierre Brasseur, Julien Carette, Saturnin Fabre, Serge Reggiani, Jean Vilar, Dany Robin et le petit garçon Simon, Gabin et Dietrich laissant leurs rĂŽles au jeune protĂ©gĂ© d’Édith Piaf, Yves Montand, et Ă  Nathalie Nattier, aperçue dans L’Idiot. Pour des besoins publicitaires, Paul Éluard Ă©crit la prĂ©face du film : « À CarnĂ© et PrĂ©vert, qui inaugurent l’image rĂ©elle. Ouvrir les portes de la nuit, autant rĂȘver d’ouvrir les portes de la mer. Le flot effacerait l’audacieux. Mais du cĂŽtĂ© de l’homme, les portes s’ouvrent toutes grandes. Son sang coule avec sa peine. Et son courage de vivre malgrĂ© la misĂšre, Ă©tincelle sur le pavĂ© boueux, enfantant des prodiges. Ce n’est pas le rĂȘve que d’habiter entre BarbĂšs et la Villette. Je ne m’en suis jamais plaint. Pour m’ennuyer, j’allais ailleurs, et mon dĂ©sir d’ailleurs n’avait alors plus de bornes. Avais-je vraiment besoin de m’ennuyer ? Avais-je vraiment besoin d’aller aux Ăźles avec le secret espoir d’y attendre patiemment la mort ? Je me le suis figurĂ© parce que je fermais les yeux sur moi. Ma jeunesse me faisait un peu peur. Dans mon beau quartier, entre BarbĂšs et la Villette, vivre est honorable. Et le bonheur pourrait avoir sa place partout. Le seul obstacle, c’est le temps, le temps de mourir. Avant la nuit totale, verrat-on, aura-t-on le temps de voir, de s’éclairer ? Dans mon beau quartier, des hommes acquiĂšrent sans cesse le droit de rĂ©gler leurs affaires – et ne les rĂšglent pas -, le droit d’ĂȘtre beau – et quand ils se regardent dans la glace, ils haussent les Ă©paules -, le droit de punir et de pardonner, le droit de se reposer, d’aimer et d’ĂȘtre aimĂ©, car ils l’ont mĂ©ritĂ©. Ils savent que leurs rues ne sont pas des impasses et ils tendent dĂ©sespĂ©rĂ©ment la main pour s’unir Ă  tous leurs semblables. Dans mon beau quartier, la rĂ©sistance, c’est l’amour, c’est la vie. La femme, l’enfant sont des trĂ©sors. Et le destin est un clochard dont on finira bien par brĂ»ler, au grand jour, les loques, la vermine et la sottise rapace. » [Marcel CarnĂ© « Le mĂŽme du cinĂ©ma français » – David Chanteranne – Ed. Soteca (2012)]
LES PORTES DE LA NUIT – Marcel CarnĂ© (1946), Raymond BussiĂšres, Yves Montand et Julien Carette
Le film sort aux cinĂ©mas Marignan et Marivaux le 3 dĂ©cembre 1946. Mais alors que le public français a rĂ©servĂ© un accueil formidable l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente aux Enfants du paradis, cette opposition rĂ©sistants-collaborateurs conduit Ă  une impasse. En cette annĂ©e 1946 « les gens ne pensent qu’à oublier ce cauchemar qu’ils ont vĂ©cu». Surtout, erreur importante, les dialogues n’ont pas changĂ© et Montand doit dire un texte Ă  l’origine prĂ©vu pour Gabin ! La critique s’engouffre dans la brĂšche. Françoise Giroud, François Chalais et Georges Altman (dans L’Écran français) reprocheront aussi cette double opposition rĂ©sistants-collaborateurs et bourgeois-ouvriers, trop clairement exprimĂ©e Ă  leurs yeux dans le film, Georges Sadoul Ă©crit par exemple : « Avec son film le plus controversĂ©. Marcel CarnĂ© donne l’Ɠuvre la plus caractĂ©ristique d’une annĂ©e oĂč le cinĂ©ma français hĂ©site Ă  la croisĂ©e des chemins. Aux Portes de la nuit apparurent, sous des traits prĂ©cis, collaborateurs, FFI, profiteurs de guerre, miliciens, antipathiques affairistes retour de Londres. MalgrĂ© la poĂ©tique dĂ©sordonnĂ©e des DĂ©part et des Ailleurs elle fut vigoureuse, la peinture des faubourgs parisiens et de logements exigus hantes par le souvenir des otages fusillĂ©s. Cette actualitĂ© dĂ©plut au public ».
Henri GĂ©rard ne craint pas non plus d’affirmer : «On pourrait faire au film de CarnĂ© de nombreux reproches. Il manque parfois de vie, souvent de spontanĂ©itĂ© et de naturel. Certaines scĂšnes, immobiles, bavardes, sont d’une longueur excessive, et nous avons dĂ©jĂ  signalĂ© ses conventions. Mais, pour ma part, je trouve que ces dĂ©fauts pĂšsent peu en face des brillantes rĂ©ussites. (
) Les Portes de la nuit sont Ă  coup sĂ»r, depuis la LibĂ©ration, l’une des Ɠuvres les plus intĂ©ressantes du cinĂ©ma français. L’InterprĂ©tation est, en gĂ©nĂ©ral, excellente. Pourtant, Nathalie Nattier est une dĂ©ception. On la nomme, Ă  plusieurs reprises, “la plus belle femme du monde”, ce qui est fort peu croyable. En outre, elle est froide et sans mystĂšre en dĂ©pit d’une jolie voix. Yves Montand est souvent gauche, mais toujours franc et sympathique. Saturnin Fabre et Carette sont parfaits dans leurs sketches et Pierre Brasseur nous rappelle son talent dans un rĂŽle dĂ©sagrĂ©able. Le destin, c’est Jean Vilar. Il se montre Ă  la fois inquiĂ©tant et prĂ©cis. Mais la grande vedette du film sera probablement Serge Reggiani, qui traduit avec une extraordinaire vĂ©ritĂ© son rĂŽle de petite canaille. Rien ne lui Ă©chappe de son personnage et il se conduit comme un remarquable comĂ©dien dans sa sobre expression de la lĂąchetĂ©.”
LES PORTES DE LA NUIT – Marcel CarnĂ© (1946), Pierre Brasseur, Jean Vilar et Serge Reggiani
Et Jean Fayard de ne rien retenir de rĂ©ellement positif : « (
 ) Les bonnes Ăąmes trouveront des circonstances attĂ©nuantes. Je veux bien reconnaĂźtre que la culpabilitĂ© de M. CarnĂ© n’est pas totale. Il a rĂ©ussi avec l’aide de son opĂ©rateur, Agostini, un quart d’heure de cinĂ©ma assez impressionnant. Il s’agit de quelques vues nocturnes de ruelles faubouriennes et, surtout, du grand tableau de l’aube se levant sur un paysage ferroviaire. LĂ , on sent la patte d’un metteur en scĂšne original, et mĂȘme d’un peintre. Mais il a fallu avant d’en arriver lĂ , subir une heure trois quarts d’une histoire insipide, gĂ©nĂ©ralement incomprĂ©hensible et d’une prodigieuse prĂ©tention. Le responsable de ce scĂ©nario est M. PrĂ©vert que d’aucuns appellent un poĂšte et qui n’est, Ă  tout prendre, qu’un littĂ©rateur de cafĂ©-concert. (
) C’est sur cet abracadabrant mĂ©lange de mĂ©lo et de fausse poĂ©sie qu’on a engagĂ© une dĂ©pense de cent millions. Le rĂ©sultat est d’autant plus navrant que les protagonistes, Yves Montand et Nathalie Nattier, engagĂ©s au dernier moment pour Ă  la dĂ©faillance de Jean Gabin et de MarlĂšne Dietrich, jouent Ă  colin-maillard dans les tĂ©nĂšbres poĂ©tiques dont on les enveloppe. On peut avoir une certaine indulgence pour Yves Montand, visiblement gĂȘnĂ© par un accent qui n’a rien de parisien et qui est au moins un excellent chanteur de music-hall. (On s’est bien gardĂ© de la faire chanter ici.) Mais Mlle Nattier tĂ©moigne d’une insuffisance vraiment tragique. Je ne crois pas que Gabin et MarlĂšne eussent sauvĂ© des rĂŽles absurdes, mais ils leur auraient donnĂ© un peu de relief. Ce qui me choque, c’est que M. PrĂ©vert ne se soit pas donnĂ© la peine de modifier des rĂ©pliques visiblement faites sur mesure pour ces deux acteurs, au moment oĂč deux autres les remplaçaient. Il est vrai que M. PrĂ©vert est beaucoup plus Ă©conome de sa prose et de ses idĂ©es que de nos deniers, puisque son film est la seconde version d’un ballet qu’il a fait fait reprĂ©senter. D’une pierre deux coups de
 ballet. Le cinĂ©ma français a dĂ©jĂ  commis et commettra – hĂ©las ! – d’autres navets de cet acabit. Mais nous espĂ©rons n’en revoir jamais d’aussi prĂ©tentieux
 ni d’aussi dispendieux. »
LES PORTES DE LA NUIT – Marcel CarnĂ© (1946)
PrĂ©vert, muet jusque-lĂ  ne supporte plus ce type de commentaires. Il adresse au Figaro, qui vient de publier un article signĂ© Pierre Seize sur « Les Cent millions de Marcel Carné », une lettre dans laquelle il exprime ni plus ni moins
son dĂ©sir d’abandonner le mĂ©tier. Pourtant ses dialogues n’ont rien Ă  envier Ă  ceux des prĂ©cĂ©dents films du duo. Diego (Yves Montand) semble ici retrouver les accents du Quai des brumes : «LĂ -bas, c’est comme ici. Et partout, c’est pareil. Toujours la mĂȘme histoire. Un grand souffle pour dire bonjour. Un petit mouchoir pour dire au revoir. » Plus prosaĂŻque, Monsieur SĂ©nĂ©chal (Saturnin Fabre) rappelle les difficultĂ©s du monde extĂ©rieur : « Mon argent ! Mon argent ! Mais qu’est-ce vous avez tous avec mon argent ! Ma parole ! On croirait que vous oubliez que je ne suis qu’un modeste entrepreneur de dĂ©molitions. »  Suit Raymond LĂ©cuyer (Raymond BussiĂšres) rappelant les Ă©vĂ©nements rĂ©cents : « j’ai eu de la chance. Les FrisĂ©s nous emmenaient. Tarif habituel : douze balles “fivety”. Et tout d’un coup “un miracle”. Des anges qui tombent du ciel. L’inspecteur Constantini “et sa suite”. SupplĂ©ment d’information. » Sans oublier Monsieur Quinquina (Carette), pour lequel il n’y a « pas d’histoires, pas de grands mots, pas de vessies, pas de lanternes. “Une lampe, tout simplement”. La lampe Liberator. Fabrication française, modĂšle amĂ©ricain. »
MalgrĂ© les reproches de manichĂ©isme, ces Portes de la nuit mĂ©ritent mieux que le sort qui leur est fait. « Quel que soit le schĂ©matisme du tableau, (
) c’est lĂ  que se refont inlassablement les itinĂ©raires nocturnes de la solidaritĂ© toujours nĂ©cessaire et de l’angoisse qu’on n’a pas encore dĂ©sapprise entre le dĂ©sert gelĂ© des rues de fĂ©vrier et les rares points chauds et lumineux toujours camouflĂ©s en vue d’éventuels raids aĂ©riens : le “restaurant du marchĂ© noir”, l’appartement du pĂšre SĂ©nĂ©chal dont les fenĂȘtres donnent sur le chantier de matĂ©riaux de dĂ©molition oĂč du bois disparaĂźt, l’appartement des LĂ©cuyer, lieux de refuge contre l’hiver et contre la guerre pas encore finie, oĂč la vie s’organise, on le voit au premier coup d’Ɠil, autour du poĂȘle Ă  bois. » [(Michel PĂ©rez – Les films de CarnĂ©)]
Le choix d’Yves Montant a Ă©tĂ© proposĂ© par le rĂ©alisateur Marcel BlistĂšne (Etoile sans lumiĂšre) qui a servi d’intermĂ©diaire : « CarnĂ© Ă©tait complĂštement affolĂ© par les dĂ©fections de Jean Gabin et MarlĂšne Dietrich. Il m’a tĂ©lĂ©phonĂ© pour me demander ce que valait le type qui dĂ©butait dans mon film. Je lui en ai dit le plus grand bien et je lui ai organisĂ© une projection d’un montage, bout Ă  bout, des scĂšnes oĂč Montand figurait. » BlistĂšne assure que CarnĂ© a Ă©tĂ© tout de suite sĂ©duit et a pris sa dĂ©cision de l’engager en quelques minutes. Dans ses MĂ©moires, le rĂ©alisateur des Portes de la nuit  est moins catĂ©gorique sur la soudainetĂ© de sa rĂ©solution. Il se rappelle mal si l’idĂ©e est d’abord nĂ©e de PrĂ©vert ou de lui-mĂȘme. Toujours est-il que Montand triomphait Ă  l’Etoile et que ce triomphe s’est mis Ă  lui courir dans la tĂȘte quand les relations avec Gabin ont commencĂ© Ă  se dĂ©tĂ©riorer.
LES PORTES DE LA NUIT – Marcel CarnĂ© (1946), Nathalie Nattier et Yves Montand
CarnĂ© tergiverse, puis se lance : «  La scĂšne envisagĂ©e pour les essais Ă©tant une sĂ©quence jouĂ©e par les deux principaux interprĂštes, je commence Ă  former les couples. J’hĂ©site un instant, puis je rĂ©unis Montand et Nattier. Physiquement, ils se complĂštent assez bien. Dire que leur essai s’avĂšre remarquable serait mentir. Malheureusement, j’avais vu juste, les autres postulants leur sont encore infĂ©rieurs
 En tout cas, chacun s’accorde Ă  le reconnaĂźtre. Jacques PrĂ©vert, qui les trouve « formidables », m’engage vivement Ă  les retenir. MalgrĂ© cela, j’hĂ©site. De l’hĂŽtel Alsina, avenue Junot, oĂč elle habite, Piaf continue Ă  m’adresser des appels de plus en plus pressants  » Le jour mĂȘme, le rĂ©alisateur rĂ©pond positivement. L’intrigue mĂ©lange rĂ©alisme et fantaisie onirique. Montand s’aperçoit vite que l’emploi qui lui a Ă©tĂ© allouĂ© est celui du brave garçon, honnĂȘte et courageux, vouĂ© Ă  souffrir de la mĂ©chancetĂ© humaine et de la monstruositĂ© du sort. Avec Reggiani, la petite crapule, le dĂ©lateur, l’opposition est symĂ©trique. Mais la brĂšve rencontre amoureuse qui s’achĂšve, au point du jour, sur un suicide et un meurtre, est encore Ă©picĂ©e de licences poĂ©tiques assez lĂąches : Montand-Diego et Nattier-Malou sont censĂ©s avoir jadis gravĂ© leur nom sur une pierre de l’üle de PĂąques. Passe pour un Gabin qui a plausiblement bourlingué  Mais le jeune chanteur de 25 ans aura du mal Ă  imposer pareille vie antĂ©rieure.
Nathalie Nattier est nĂ©e Ă  Paris, le 19 mai 1925. Elle paraĂźt au cinĂ©ma en 1943 dans Un Seul amour de Pierre Blanchar. Blonde jeune premiĂšre des annĂ©es quarante, on la retrouve dans Seul dans la nuit, L’Idiot de Georges Lampin au cĂŽtĂ© de GĂ©rard Philipe, Le ChĂąteau de la derniĂšre chance
 Elle tourne moins dans les annĂ©es cinquante et ne se retrouve au gĂ©nĂ©rique d’aucun film marquant, si bien que sa carriĂšre s’arrĂȘte aprĂšs DĂ©tournement de mineurs de Kapps en 1959. Puis, elle effectue un retour discret au cinĂ©ma en 2002 aux cĂŽtĂ©s de son Ă©poux, le comĂ©dien et animateur radio Robert Willar, dans le film de Yann Samuell, Jeux d’enfants ; elle interprĂšte, Ă  la fin du film, le personnage jouĂ© par Marion Cotillard devenu vieux. Au cours de l’étĂ© 2006, un portrait documentaire de 52 minutes, rĂ©alisĂ© par Armel de Lorme et Gauthier Fages de Bouteiller, lui est consacrĂ© sous le titre de Nathalie Nattier (la plus belle fille du monde). Nathalie Nattier est morte en juin 2010 Ă  l’hĂŽpital de Lagny-sur-Marne. Ses obsĂšques ont Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©es au cimetiĂšre russe de Sainte-GeneviĂšve-des-Bois (Essonne).
Serge Reggiani est nĂ© Ă  Reggio Emilia, en Italie, le 2 mai 1922. Venu trĂšs tĂŽt en France, il est amenĂ© Ă  faire de la figuration au ChĂątelet et dĂ©couvre ainsi le monde du spectacle. Travaillant l’acrobatie et la danse, il entre au Conservatoire et fait ses dĂ©buts au thĂ©Ăątre en 1940. Il paraĂźt Ă  l’écran en 1942 dans Le Voyageur de la Toussaint de Louis Daquin. Il est ensuite dirigĂ© par AndrĂ© Cayatte (Les Amants de VĂ©rone), Georges Lampin (Les Anciens de Saint-Loup), Jacques Becker (Casque d’Or), Julien Duvivier (Marie-Octobre), Luchino Visconti (Le GuĂ©pard), Jean-Pierre Melville (Le Doulos), et bien d’autres. A partir de 1966, il entame une carriĂšre de chanteur au cours de laquelle il rencontre un succĂšs considĂ©rable. Il Ă©tait Ă©galement peintre. Il dĂ©cĂšde le 22 juillet 2004 Ă  Boulogne Billancourt.
LES PORTES DE LA NUIT – Marcel CarnĂ© (1946), Serge Reggianni
Jacques PrĂ©vert est nĂ© le 4 fĂ©vrier 1900 Ă  Neuilly-sur-Seine, dans un milieu modeste, au sien d’une famille nombreuse, d’un pĂšre employĂ© de mairie. Il est d’abord vendeur dans un grand magasin. Au service militaire, il se lie d’amitiĂ© avec Marcel Duhamel (le futur fondateur de la SĂ©rie Noire) et le peintre Yves Tanguy. C’est avec eux et avec son frĂšre Pierre, de six ans son cadet, qu’il frĂ©quente les surrĂ©alistes sans jamais vraiment appartenir au groupe. A partir de 1926, il Ă©crit des scĂ©narios pour Pierre, puis pour Claude Autant-Lara, marc Allegret, Richard Pottier. En 1936, c’est la grande rencontre avec Marcel CarnĂ© pour qui il Ă©crit Jenny, DrĂŽle de drame, Le Quai des brumes, Le Jour se lĂšve, Les Visiteurs du soir, Les Enfants du paradis et enfin Les Portes de la nuit en 1946 qui clĂŽt leur collaboration. Il travaille aussi pour Christian-Jaque (notamment Les Disparus de Saint-Agil), Jean GrĂ©millon (Remorques). Ses premiers recueils de poĂšmes – Paroles (1946), Spectacles (1951) – connaissent un immense succĂšs dans tous les milieux, ce qui constitue un phĂ©nomĂšne unique. A travers ses textes, dont la simplicitĂ© d’écriture et le ton parlĂ© Ă©voluent entre humour et tendresse, il explore le quotidien avec ce qui comporte d’absurde, de sordide, de joies, de fantastique et de fraĂźcheur. On lui doit encore une centaine de chansons – comme les cĂ©lĂ©brissimes Barbara et Les feuilles mortes – des textes pour le thĂ©Ăątre, des collages. Le 11 avril 1977, il s’éteint dans sa maison d’Omonville-la-Petite, dans la presqu’üle du Cotentin, rĂ©fugiĂ© dans le silence depuis dix ans.
Jacques Prévert
Jean Vilar est nĂ© Ă  SĂšte en 1912. Fils de petits commerçants, il monte Ă  Paris pour suivre des Ă©tudes de lettres. AttirĂ© par le thĂ©Ăątre, il devient l’élĂšve de Charles Dullin et, trĂšs vite, s’affirme comme metteur en scĂšne de thĂ©Ăątre et crĂ©Ă© sa propre troupe en 1943. Il s’impose comme un admirable comĂ©dien Ă  la scĂšne mais aussi au cinĂ©ma avec Les Portes de la nuit, et fonde le Festival d’Avignon en 1947. En 1951, il se voit confier la tĂąche de rĂ©nover le ThĂ©Ăątre nationale populaire. Il marque profondĂ©ment le monde du thĂ©Ăątre, rĂ©vĂšle Georges Wilson, GĂ©rard Philippe et bien d’autres comĂ©diens, et quitte le TNP en plein succĂšs en 1963. Ses apparitions cinĂ©matographiques sont rares. On le voit notamment dans Les FrĂšres Bouquinquant (1947), Casabianca (1950), Till l’espiĂšgle (1956), RaphaĂ«l ou le dĂ©bauchĂ© (1970, Le Petit matin (1971).  Il dĂ©cĂšde Ă  SĂšte, en 1971.
LES PORTES DE LA NUIT – Marcel CarnĂ© (1946), Jean Vilar et Nathalie Nattier
Pierre Brasseur est nĂ© le 22 dĂ©cembre 1905, Ă  Paris, de parents comĂ©diens. Les Ă©tudes ne l’intĂ©ressent guĂšre. Cancre, il devient la forte tĂȘte du rĂ©giment quand il effectue son service militaire. C’est Ă  l’armĂ©e qu’il Ă©crit sa premiĂšre piĂšce, L’Ancre noire. Rendu Ă  la vie civile, il dĂ©cide de tenter sa chance comme comĂ©dien. Il fait des apparitions sur scĂšne et se fait enfin remarquer en 1929 dans Le Sexe faible d’Edouard Bourdet. Les portes de la notoriĂ©tĂ© s’entrouvrent et il dĂ©couvre le cinĂ©ma oĂč il ne trouve guĂšre de rĂŽles lui permettant de mettre son talent en valeur au cours de ses trente premiers films. En 1938, Marcel CarnĂ© lui donne sa premiĂšre vraie chance dans Quai des brumes. Il tourne dĂšs lors sous la direction de CarnĂ© (Les Enfants du paradis, Les Portes de la nuit), Jean GrĂ©millon (LumiĂšre d’étĂ©), Pierre PrĂ©vert (Adieu LĂ©onard), Marcel Pagnol, Sacha Guitry, Georges Franju
 Il mĂšne sa carriĂšre d’acteur au thĂ©Ăątre et au cinĂ©ma, donne plusieurs piĂšces et ses MĂ©moires, Ma vie en vrac. Il dĂ©cĂšde le 10 aoĂ»t 1972 Ă  Brunico, en Italie, alors qu’il tourne La Plus belle soirĂ©e de ma vie d’Ettore Scola.
LES PORTES DE LA NUIT – Marcel CarnĂ© (1946), Pierre Brasseur
L’histoire
Les Portes de la nuit vont se fermer sur la ville
 Un mĂ©lancolique crĂ©puscule d’hiver, ce triste hiver. Qui suivĂźt le magnifique Ă©tĂ© de la LibĂ©ration de Paris, allonge ses ombres sur les quartiers insolites du nord de la capitale. LĂ , entre les boulevards extĂ©rieurs et la banlieue, bordĂ© par les fleuves de rails qui mĂšnent aux pays de la brume, parcouru, conmme un port abandonnĂ©, de canaux et de bassins silencieux, s’étend un Ă©trange territoire d’eau, de fer et de fumĂ©e, aux rues peu frĂ©quentĂ©es 
 LĂ  commence cette histoire, pour s’y achever au petit matin, lorsque s’ouvriront chacun de nos personnages ayant rĂ©pondu aux nĂ©cessitĂ©s du Destin, les Portes du jour

Il ne faut pas s’attendre, entre les gazomĂštres et le bassin de la Villette, Ă  le rencontrer, ce Destin, sous les traits lĂ©gendaires d’une femme mystĂ©rieuse, voilĂ©e de noir. Ici, le Destin, qui va et vient de l’un Ă  l’autre, lourd d’avertissements et de desseins secrets, on le prendrait, on le prend, tout simplement pour un clochard, un ivrogne digne et sentencieux. Nul ne le croit, nul ne l’écoute. Et pourtant, il sait. Il sait, par exemple, que son voisin, dans le mĂ©tro, descend Ă  la prochaine et il le lui dit 
 L’homme remarquĂ© par le Destin s’appelle Diego. Il porte, avec l’élĂ©gance naturelle et nĂ©gligĂ©e des gens qui ont beaucoup voyagĂ©, un costume neutre, de bonne coupe. Il se dirige vers la rue des “Petites-Feuilles” pour y accomplir, aprĂšs bien des hĂ©sitations ce qu’il est convenu d’appeler un pĂ©nible devoir. Diego vient annoncer Ă  Claire LĂ©cuyer que son mari, le cheminot Raymond, avec qui il Ă©tait aux mains de l’ennemi pendant la lutte clandestine, a, moins heureux que lui, Ă©tĂ© fusillĂ©. Diego arrive devant l’immeuble oĂč vivait son ami. Celui-ci est voisin d’un immense chantier de dĂ©molitions, bordĂ© de hangars sordides, sous lesquels s’entassent les Ă©paves les plus variĂ©es des maisons mortes. Le propriĂ©taire du chantier, M. SĂ©nĂ©chal, est Ă©galement celui de la maison, dont il habite le premier Ă©tage. Disons tout de suite que M. SĂ©nĂ©chal s’est enrichi pendant l’occupation de façon si inquiĂ©tante, qu’aprĂšs la LibĂ©ration, il est allĂ© faire un petit tour Ă  Drancy Mais son fils, Guy, lequel, paraĂźt-il, s’est conduit comme un hĂ©ros sur les barricades, a rĂ©ussi Ă  le tirer de ce mauvais pas

Voici Diego dans le modeste appartement oĂč il apprend Ă  Claire la terrible nouvelle. La jeune femme est confondue. Puis, elle Ă©clate de rire. Il y a de quoi. Raymond, le soi-disant fusillĂ©, arrive sur les talons de Diego ! Les deux amis tombent dans les bras l’un de l’autre, et la mĂ©prise s’explique : Diego a bien vu Raymond partir pour le poteau d’exĂ©cution, mais le cheminot a Ă©chappĂ© Ă  la mort grĂące Ă  un supplĂ©ment d’information in extremis ! Diego et Raymond Ă©voquent les souvenirs communs du temps de la bataille nocturne, et, parmi eux, l’ombre du traĂźtre qui a mis un terme Ă  leurs activitĂ©s en les donnant Ă  la police. Ce traĂźtre que Diego n’a jamais vu, qu’il n’a fait qu’entendre ; et dont il reconnaĂźtrait la voix, il en est sĂ»r, si un jour le Destin les rapprochait Ă  nouveau
 [Marcel CarnĂ© « Le mĂŽme du cinĂ©ma français » – David Chanteranne – Ed. Soteca (2012)]
Les Ă©motions, ça creuse. Diego dĂ©cide d’emmener Claire, Raymond et leur petit garçon Cri-Cri dans un restaurant du quartier oĂč le marchĂ© noir est encore abordable. C’est lĂ , Ă  la fin d’un bon petit dĂźner, oĂč Diego et Cri-Cri sont devenus de grands amis, que nous ferons la connaissance du fameux Guy SĂ©nĂ©chal. Ce jeune homme, trop bien habillĂ©, suivi d’un couple de filles qui n’ont pas maigri pendant la guerre, Ă©change au passage quelques rĂ©flexions aigres-douces avec nos amis
 DerriĂšre eux, entre le clochard. Il demande la permission de jouer de l’harmonica avant de faire la quĂȘte. Mais est-ce bien pour cela qu’il est venu ? Il en profite, en tout cas, pour lire l’avenir dans la main d’une gitane, et il avertit cette professionnelle de la prĂ©diction – qui, bien sĂ»r, ne le croit pas – qu’elle mourra cette nuit mĂȘme – puis Ă  Guy SĂ©nĂ©chal, il laisse entendre qu’il n’aura pas une mort heureuse
 L’air qu’il joue maintenant sur son harmonica Ă©veille en Diego de lointains souvenirs
 D’ailleurs le clochard vient s’attabler auprĂšs du jeune homme qui, pas plus que les autres, ne le prend au sĂ©rieux et qu’il irrite. Lorsque le clochard lui dit qu’il a peut-ĂȘtre eu tort de venir dans ce quartier, il lui affirme froidement qu’il a, ici-mĂȘme, rendez-vous avec la plus belle fille du monde
 – La plus belle fille du monde ? Qu’à cela ne tienne ! Le clochard, d’un revers de manche efface la buĂ©e qui recouvrait la vitre du restaurant et Diego au comble de la surprise aperçoit, dans une voiture de grand luxe qui vient de s’arrĂȘter dans la rue, la femme merveilleusement belle dont il vient de parler. Que fait cette femme de rĂȘve dans ce quartier perdu ? Tout simplement l’homme qui conduisait la voiture a Ă©prouvĂ© le besoin de se rafraĂźchir un peu
 Et dĂ©jĂ  la vision disparaĂźt dans la nuit
 Mais il est temps de partir, si Diego ne veut pas rater le dernier mĂ©tro, ainsi que le lui rappelle le clochard. Un peu trop tard, peut-ĂȘtre, car effectivement, ce dernier mĂ©tro, Diego le manque. Cri-Cri, ravi, insiste pour que son nouveau copain vienne coucher Ă  la maison et tout le monde retourne rue des “Petites-Feuilles”
 Cependant, la voiture, Ă  l’intĂ©rieur de laquelle Diego a aperçu la femme Ă  la beautĂ© bouleversante, rode, lentement, par les rues dĂ©sertes du quartier perdu

Il y a entre l’homme qui tient le volant et sa femme, Malou, une profonde mĂ©sentente. L’argent n’a pas fait leur bonheur et Dieu sait si Georges en a ! Mais maintenant, Malou est Ă  bout. Elle n’aime plus Georges, elle ne peut plus vivre auprĂšs de lui. Elle a voulu ce soir revenir dans ce quartier qui fut celui de son enfance, et qu’elle a quittĂ© il y a de longues annĂ©es pour mener autour du monde une vie parfois brillante, parfois Ă©trange. Elle saute de la voiture, elle fuit Georges qui perd sa trace et l’appelle en vain dans la nuit
 Malou est seule, Ă©garĂ©e dans les rues vides
 Soudain de l’ombre surgit le clochard, pour la remettre obligeamment sur le chemin de sa destinĂ©e. Et bientĂŽt Malou arrive devant la maison de M. SĂ©nĂ©chal. Marcel CarnĂ© « Le mĂŽme du cinĂ©ma français » – David Chanteranne – Ed. Soteca (2012)
Elle monte, sonne. M. SĂ©nĂ©chal vient ouvrir et s’étonne de cette apparition Ă©blouissante. Mais il est encore plus effarĂ© lorsque Malou se fait reconnaĂźtre. Malou est la fille de M. SĂ©nĂ©chal. Elle n’avait pas vu son pĂšre depuis que, tout enfant, sa mĂšre l’avait emmenĂ©e avec elle, fuyant un intolĂ©rable foyer conjugal. SĂ©nĂ©chal est au fond, plus inquiet qu’ému de cette rĂ©apparition. D’une avarice sordide, il craint un instant que Malou, en difficultĂ©, ne vienne lui demander de l’argent. Or c’est elle qui est en mesure de lui en donner. Ce qu’elle fait, Ă  l’insu de celui-ci, avant de fuir, assez rapidement, une prĂ©sence, qui lui demeure, Ă  jamais Ă©trangĂšre 
 À l’étage au-dessus, chez les LĂ©cuyer, Diego repose auprĂšs du petit Cri-Cri
 Croyant son grand ami endormi, l’enfant se lĂšve avec prĂ©caution et commence Ă  s’habiller sans bruit. Diego l’interpelle soudain
 Cri-Cri se trouble, puis, dĂ©sireux de sceller son amitiĂ© avec Diego par le partage d’un secret, il finit de demander Ă  celui-ci de le suivre jusqu’au chantier de dĂ©molitions. LĂ , dans une cabane abandonnĂ©e, qui est le domaine mystĂ©rieux et secret de tous les gosses de la maison, Cri -Cri montre Ă  Diego son trĂ©sor : une chatte sauvĂ©e du canal avec ses trois petits ! Cependant, aprĂšs avoir bavardĂ©, l’enfant s’endort. Diego le prend dans ses bras pour le ramener Ă  la maison. Et c’est alors qu’il se trouve soudain en prĂ©sence de Malou, errant elle-mĂȘme parmi le cimetiĂšre de dĂ©combres, que la nuit et le clair de lune parent de toutes les magies d’un merveilleux fantastique ; Malou, venue chercher ce soir le souvenir du chemin perdu menant au pays de l’enfance, alors que, petite fille, elle apprenait Ă  danser dans le chantier de dĂ©molitions !
Le petit Cri-Cri retournera seul Ă  la maison, tandis que Diego reconnaĂźt en Malou la femme entrevue dans la voiture, «la plus belle fille du monde», avec qui il s’était vantĂ© auprĂšs du clochard d’avoir rendez-vous cette nuit-lĂ ! Il est lĂ  aussi, cet inquiĂ©tant personnage et, invisible dans les tĂ©nĂšbres, il joue doucement sur son harmonica un air connu de Diego et de Malon, un air qu’ils ont entendu chacun de leur cĂŽté  À la mĂȘme heure de leurs deux vies si Ă©trangement mĂȘlĂ©es. Car, attirĂ©s invinciblement l’un vers l’autre, fidĂšles au rendez-vous que le Destin leur a prĂ©parĂ©, Diego et Malou se parlent
se connaissent
 se reconnaissent
 Plusieurs fois leurs routes se sont croisĂ©es sur les chemins de la Terre, et, sans le savoir, ils allaient l’un vers l’autre. Des coĂŻncidences Ă©tranges ont voulu que, dans l’üle du bout du monde, Diego ait gravĂ© son nom auprĂšs de celui de Malou
 Et la voix de Malou, qui chantait alors Ă  la radio, il l’a entendue, un soir d’alcool et de rixe
 Deux ĂȘtres, cette nuit-lĂ , sont enfin parvenus au terme de leur double voyage solitaire 
 Et chacun exerce sur l’autre un attrait si puissant qu’ils continueront peut-ĂȘtre la route ensemble
 Malou se laisse aller entre les bras de Diego, cet inconnu qu’elle connaĂźt si bien 
 Mais la vie ne s’arrĂȘte pas parce qu’un homme et une femme, aprĂšs s’ĂȘtre retrouvĂ©s, se perdent l’un en l’autre. La vie continue, avec ses immenses merveilles et ses petits drames sordides

À peine remis de la visite brĂšve et inattendue de sa fille, M. SĂ©nĂ©chal voit arriver son fils Guy. Celui-ci ne perd pas son temps en dĂ©monstrations filiales. Il se prĂ©pare en toute hĂąte Ă  filer vers l’Espagne. En effet, le hĂ©ros des barricades n’est qu’un abominable petit gredin, qui a, pendant l’occupation, participĂ© aux plus basses besognes policiĂšres contre des Français. Il sait qu’il a Ă©tĂ© dĂ©masquĂ© et, s’il ne tient pas follement Ă  sa peau, car il a conscience qu’elle ne vaut pas cher, il tient Ă  garder une certaine dignitĂ© dans son abjection. Il tremble surtout de comparaĂźtre en accusĂ©, en vaincu, devant ses anciennes victimes. Guy rafle au passage les dollars abandonnĂ©s par Malou, Ă  la grande fureur de l’honnĂȘte M. SĂ©nĂ©chal. Suivi par son pĂšre qui court aprĂšs son argent, Guy se rend au garage du chantier chercher de l’essence. LĂ , la discussion se poursuit, lamentablement sordide, chacun jetant son ignominie Ă  la face de l’autre. Jean et Malou attirĂ©s par le bruit, entendent les voix affreuses des deux complices. Diego reconnaĂźt soudain un rire et une voix
 Le rire et la voix du traĂźtre qui le livra jadis, avec Raymond LĂ©cuyer, Ă  la torture ! Il se prĂ©cipite et se dresse soudain en accusateur devant Guy. Celui-ci tire son revolver. La lutte s’engage entre les deux hommes et Guy reçoit, en mĂȘme temps qu’une terrible correction, l’humiliation qu’il redoutait tant. D’autant plus que Raymond, qui allait prendre son service sur les voies a entendu les coups de revolver et entre Ă  son tour dans le garage

Guy toutefois est un personnage trop dĂ©goĂ»tant pour que l’honnĂȘte Raymond ait mĂȘme envie de se venger de lui. On le laissera vivre, avec sa honte d’avoir Ă©tĂ© battu et humiliĂ© devant sa sƓur, que l’on dĂ©couvre soudain. Raymond entraĂźne Diego et Malou loin de toute cette boue. Il ne reste plus Ă  Guy que son revolver, qu’ivre de rage, de haine et de dĂ©sespoir, il emporte avec lui au hasard de la nuit
 Guy erre maintenant, lamentable au bord du canal
 Un attroupement attire son attention. On repĂȘche une noyĂ©e : la gitane tombĂ©e Ă  l’eau ainsi que le lui avait prĂ©dit le clochard. Ce fait banal a attirĂ© quelques curieux au bord de l’eau noire et glacĂ©e. Et parmi eux, Georges, le mari de Malou, qui la cherche toujours, et qui a eu horriblement peur en entendant parler de femme noyĂ©e
 En apprenant que Georges cherche une femme qui s’appelle Malou, Guy se fait connaĂźtre et s’offre Ă  le conduire jusqu’à elle. Georges accepte, malgrĂ© les avertissements du clochard qui lui conseille de n’en rien faire. Guy apprend Ă  Georges que Malou est en ce moment mĂȘme avec un inconnu, selon toute vraisemblance son amant. Unis dans l’humiliation et le malheur, Georges et Guy partent en voiture et comme l’homme est peut-ĂȘtre armĂ©, Guy tend Ă  Georges son revolver

Cependant, dans un petit bistro, rendez-vous habituel des cheminots  oĂč les a conduits Raymond avant de prendre son service, Diego et Malou font des projets d’avenir. Diego est prĂȘt Ă  sacrifier son seul bien, sa libertĂ©, pour ne jamais quitter Malou, et Malou elle-mĂȘme abandonnerai tout pour le suivre. LĂ -dessus, survient l’éternel clochard, qui reproche, Ă  Diego d’ĂȘtre encore dans ce quartier oĂč il n’aurait jamais dĂ» venir
 Cette fois, Diego exaspĂ©rĂ©, jette brutalement Ă  terre l’homme qui ne va pas se taire, et il quitte avec Malou cet endroit oĂč, pour la derniĂšre fois le Destin a tentĂ© de se faire entendre. Maintenant, rien n’arrĂȘtera le cours des choses. Georges, au volant de sa voiture aperçoit soudain dans la lumiĂšre des phares Diego et Malou enlacĂ©s
 Georges arrĂȘte
 Il appelle Malou et, complĂštement Ă©garĂ©, tente en vain de la reprendre. Mais elle s’éloigne de lui pour toujours, elle le quitte, elle retourne vers Diego qui l’attend
 AffolĂ©, Georges sort soudain le revolver que lui a donnĂ© Guy. Il tire sur la femme qui ne sera plus jamais Ă  lui. Malou tombe en avant, dans les bras de Diego qui se prĂ©cipite
 Guy s’enfuit Ă  toutes jambes. Que peut-il faire, parvenu au dernier degrĂ© de la honte ? Il erre, lamentable dans le quartier

Sous  le ciel qui pĂąlit, on le verra s’engager mĂ©caniquement, Ă  la maniĂšre d’un automate entre les rails d’une gare de triage prĂšs de la Porte d’Aubervilliers
 Quelques instants plus tard, on retrouvera sur la voie son corps dĂ©chiquetĂ© par un convoi dont le chef des manƓuvres, par un dĂ©tour de la destinĂ©e n’est autre que l’honnĂȘte Raymond LĂ©cuyer
 Pendant ce temps, Diego a menĂ© vers l’hĂŽpital Malou, qui n’a plus conscience que pour penser Ă  son nouvel et magnifique amour
 Trop tard. Les hommes, si savants soient-ils, ne peuvent plus rien pour Malou. Les blessures de la jeune femme sont de celles dont on ne guĂ©rit pas
 Laissant lĂ  Georges, telle une loque effondrĂ©e, Diego s’en ira seul, chercher le mĂ©tro du matin, le premier mĂ©tro de l’aube triste et froide
 Le mĂ©tro autour duquel, avec le jour enfin revenu, la vie va reprendre, continuer comme hier et demain
 La vie, avec sa foule, ses marchands furtifs et ses musiciens ambulants

Fiche technique du film
    LES PORTES DE LA NUIT – Marcel Carné (1946) Un soir d'hiver, le Destin apparaĂźt Ă  Diego sous les traits d'un singulier vagabond pour lui annoncer que, cette mĂȘme nuit, il rencontrera « la plus belle fille du monde».
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birthofculture · 5 years ago
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Saturnin Fabre b. 4th April 1884
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cybernighthottub-blog · 7 years ago
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Les carnets pornographiques
Les carnets pornographiques » : la sexualite vue par des artistes
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cadwalladery · 6 years ago
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Films seen in 2018
# 239 - Pépé le Moko (Julien Duvivier, 1937)
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byneddiedingo · 2 years ago
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Nathalie Nattier, Yves Montand, and Jean Vilar in Les Portes de la Nuit (Marcel Carné, 1945) Cast: Yves Montand, Nathalie Nattier, Pierre Brasseur, Jean Vilar, Serge Reggiani, Saturnin Fabre, Raymond BussiÚres, Sylvia Bataille, Christian Simon, Julien Carette, Dany Robin, Jean Maxime. Screenplay: Jacques Prévert. Cinematography: Philippe Agostini, Production design: Alexandre Trauner. Film editing: Jean Feyte, Marthe Gottié. Music: Joseph Kosma. Marcel Carné's Les Portes de la Nuit was a flop in postwar France, and its poetically vague title may indicate some of the reasons why. The film attempts to walk a line between whimsy and tragedy, its vision of life in postwar Paris a little too suffused with romantic melancholy for audiences grappling with the day-to-day uncertainties of existence. The setting is February 1945, after the liberation of Paris but before the end of the war, a period that feels like a kind of limbo. A homeless man (Jean Vilar) with the gift of foreseeing other people's fates walks through the streets, first encountering our protagonist, Jean Diego (Yves Montand), a former member of the Resistance, on the Métro, Jean is going to see the wife of Raymond Lécuyer, a fellow Resistance fighter, to tell her that her husband is dead. But when he breaks the news, she bursts out laughing, whereupon the door opens to reveal a very much alive Lécuyer (Raymond BussiÚres), who wants to know what's so funny. Jean, it turns out, had been captured along with Lécuyer and had overheard the orders sending him to the firing squad, but the execution didn't take place. Eventually, the plot will reveal who ratted on Lécuyer, and the homeless man will predict the rat's fate. But this story of the clash of Resistance and collaboration takes a secondary place in the film to the romance that develops between Jean and the beautiful Malou (Nathalie Nattier), the wife of Georges (Pierre Brasseur), who made his fortune in armaments during the war, as the film turns into a muddle of coincidences. Carné was a great director, and even this weakling among his films gives us something to watch, including a performance by the 25-year-old Yves Montand. He's a bit too young for the role, given that Jean was supposed to be a soldier of fortune before the war, but he was Carné's second choice after Jean Gabin, whom the director wanted to co-star with Marlene Dietrich as Malou. After starting to work with Carné, Gabin and Dietrich bowed out and went on to make Martin Roumagnac with Georges Lacombe instead -- not the most felicitous of choices. The other major distinction of Les Portes de la Nuit is the score by Joseph Kosma, which introduced his song "Les Feuilles Mortes," better known in the States as "Autumn Leaves," with lyrics by Johnny Mercer replacing the original ones by Jacques Prévert.
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lyslily · 7 years ago
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Saturnin Fabre & Raimu Monsieur Brotonneau, Alexander Esway (1939).
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movieposteroftheday · 10 years ago
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French grande for JEANNOU (LĂ©on Poirier, France, 1943)
Artist: uncredited
Poster source: Dominique Besson
“Jeannou is pleasant but somewhat loses steam in its last third. All that remains is thoroughly enjoyable: the wonderful landscapes of Perigord—the black and white cinematography is dazzling—the lovely Michùle Alfa, and a curious (for the time) unusual ecological side—let's preserve our natural beauty. Coal has been found on an old aristocrat's property and the vultures are eager to exploit it. But the noble is not prepared to accept it.” –IMDb User Review
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