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comprendrelislam · 2 months ago
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L’Homme peut-il vivre sans croyances ?
Ce qu’en dit l’Islam.
L’être humain se caractérise par une grande capacité d’apprentissage, qui lui permet non seulement d’accéder à un certain savoir pratique et théorique et de le gérer, mais de s’en servir pour développer une formidable capacité d’action, conformément à une volonté qui lui est propre. Néanmoins, comme ses questionnements dépassent très vite la portée, somme toute, limitée de ses « connaissances certaines », l’Homme se restreint naturellement, dès qu’il est confronté à ce qui le dépasse, à procéder par l’adoption d’opinions et l’adhésion aux croyances qui correspondent le plus à ses idées ou convictions intimes, à ses besoins ou désirs ou encore à ses objectifs ou aspirations !
Les croyances sont à entendre ici au sens général du terme, c’est-à-dire qu’elles englobent aussi bien les croyances momentanées et changeantes que celles ancrées et permanentes, qu’elles soient adoptées à tort ou à raison, de manière consciente ou inconsciente.
Prise dans ce sens, la croyance parait alors incontournable pour l’Homme et vient inéluctablement s’adjoindre, avec ou sans cohérence, à la rationalité ou à la raison, qu’il est à même de développer. Ce recours à la croyance se manifeste, en effet, non seulement au niveau de la relation à soi ou à autrui et de l’activité quotidienne - comme le fait de croire en l’amour de ses proches, que tel meilleur ami est digne de confiance ou encore en les chances de réussite de son projet - mais s’étend, en définitive, à toute perception non fondée sur une « connaissance certaine », que l’Homme peut être amené à se faire de soi, de son entourage, de l’origine de la création, de la vie, de la mort, du sens de la vie-présente, de l’au-delà…
A cet égard, Henri-Louis Bergson [1] fit remarquer à juste titre que l’« on trouve  dans l’histoire des exemples de sociétés humaines qui n’ont eu ni science ni art ni philosophie, alors qu’il n’y a jamais eu de société sans religion » ! Selon que l’on se place du côté de leurs fidèles ou de celui de leurs détracteurs, les religions sont fondées sur des révélations divines considérées comme étant authentiques ou falsifiées voire inventées de toutes pièces, lorsqu’elles ne sont pas basées sur des idéologies, de gros média-mensonges, de prétendues sciences occultes, des légendes ou superstitions construites par les Hommes eux-mêmes !
D’aucuns s’empressent de réduire le recours de l’Homme à la croyance en Dieu à un artifice psychologique ou intellectuel, qui permettrait à l’Homme de pallier ses ignorances, de juguler sa tristesse ou ses peurs et inquiétudes ou encore de faire subsister en lui l’espoir d’accéder à un avenir meilleur ! D’autres y voient un exemple, parmi d’autres, de ces croyances générales qui constituent un puissant et incontournable instrument de gouvernement ou de domination des masses ou, comme les considéra Gustave le Bon [2], « les supports nécessaires des civilisations, car [les croyances générales] impriment une orientation aux idées et seules peuvent inspirer la foi et créer le devoir. Les peuples ont toujours senti l’utilité d’acquérir des croyances générales et compris d’instinct que leur disparition devait marquer pour eux l’heure de la décadence ».
En ce qui concerne la position de l’Islam, cette inclinaison de l’Homme à croire en Dieu n’a rien de fortuit et constitue l’une de ses caractéristiques fondamentales, qui découle de la nature originelle ou prime-nature, dite Fitrah dans le Coran, que le Créateur a originellement donnée à tous les êtres humains :
« Dirige tout ton être vers la religion exclusivement, telle est la nature [Fitrah] qu'Allah a originellement donnée aux Hommes - pas de changement à la création d'Allah -. Voilà la religion de droiture ; mais la plupart des gens ne savent pas. [30] » [S30]
La Fitrah, terme souvent confondu avec al-Khalq (la création), s’étend en fait à toutes les créatures de Dieu et recouvre, en plus de l’acte de créer, la formation harmonieuse [al-Taswiyyah], la prédestination [al-Taqdīr] et la guidée [al-Hidāyah] :
« Celui Qui a créé et formé harmonieusement, [2] qui a décrété et guidé, [3] » [S87]
Selon Ibn al-Qayyim [3], la formation harmonieuse parachève la création, en ce sens qu’elle a pour effet de donner à toute créature la création qui lui convient, conformément à la volonté divine. Quant à la guidée, elle parachève, selon lui, la prédestination, c’est-à-dire que toute créature est guidée, par révélation divine de son ordre, afin qu’elle puisse effectuer les fonctions auxquelles Dieu l’a prédestinée, ou être éprouvée conformément à Sa volonté pour les créatures qu’Il a dotées de raison et de libre arbitre. Il s’agit, en fait, d’un premier niveau de guidée, dite générale, en Islam :
« [Moïse] dit "Notre Seigneur est celui qui a donné à chaque chose sa propre création puis l’a guidée". [50] » [S20]
« [Allah] décréta d'en faire sept cieux en deux jours et révéla à chaque ciel son ordre… [12] » [S41]
« [Et voilà] ce que ton Seigneur révéla aux abeilles : "Prenez des demeures dans les montagnes, les arbres, et les treillages qu’ils [les Hommes] font. [68] »  [S16]
Dans le cas des créatures vivantes, cette guidée générale a des effets spécifiques à chaque espèce et des effets généraux, tels que le fait de se mouvoir, de se nourrir, d’accéder à la subsistance, d’interagir avec l’environnement, de se protéger, de se développer, de reproduire l’espèce… et ce, pour remplir les fonctions auxquelles le Créateur les a prédestinées. Il n’en demeure pas moins que ce premier niveau de guidée [générale] fait partie, sans doute, des secrets de la création divine, que Dieu a soustrait à la connaissance rationnelle des Hommes, à l’instar de l’esprit [al-Rūh], par exemple.
Aussi, la Fitrah ne peut-elle être bien appréhendée que par ses effets observables, qu’illustre une multitude d’exemples édifiants de comportements et de facultés innés, observés grâce au progrès scientifique aussi bien chez l’Homme qu’au niveau des espèces animales et végétales. En ce qui concerne l’Homme, le Coran indique que l’un des effets spécifiques importants de sa Fitrah est justement sa religiosité, la Fitrah reposant elle-même sur le fait que le Créateur a inspiré à l’âme humaine son immoralité de même que sa piété ([S91,v7-8]). En d’autres termes, la Fitrah prédispose l’Homme à accomplir la mission pour laquelle le Créateur l’a créé - qui est de L’adorer en Islam - et ce, en dirigeant tout son être vers la religion de droiture, c’est-à-dire celle qui consiste à rechercher par la raison (la connaissance certaine) et par la foi (la croyance bien fondée) le droit chemin - ou la vérité des choses - et à le suivre, comme le prescrivent les commandements religieux de Dieu.
A cet égard, il y a lieu de distinguer deux types de commandement divin en Islam : les commandements universels émanant de la volonté universelle de Dieu, laquelle volonté régit tout ce qui survient dans l’univers, aussi infime soit-il, et les commandements religieux se rapportant à Sa volonté religieuse, qui régit Sa loi religieuse. La volonté divine universelle porte ainsi aussi bien sur ce que Dieu aime et agrée que sur ce qu’Il n’aime pas ou n’agrée pas, alors que Sa volonté religieuse porte sur ce qu’Il aime et agrée de Ses créatures qu’Il a dotées de raison et de libre-arbitre, tout en excluant ce qu’Il n’aime pas ou n’agrée pas d’elles. Le Créateur a ainsi créé les Hommes et les a dotés de raison, d’une nature originelle qui les prédispose à suivre Ses commandements religieux, de moyens d’accès au savoir et à la foi, ainsi que de libre-arbitre [vis-à-vis de ces commandements religieux], pour les éprouver conformément à Sa volonté dans la vie-présente (et savoir) qui d’eux s’avérera meilleur en œuvre :
« Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver (et de savoir) qui de vous est le meilleur en œuvre, et c'est Lui le Puissant, le Pardonneur. [2] » [S67]
Par ailleurs, le verset cité plus haut relatif à la Fitrah ([S30,v30]), indique que celle-ci constitue une constante de la création divine (pas de changement à la création d’Allah). C’est dire que tout nouveau-né nait selon la Fitrah et que, par conséquent, toute déviation de cette dernière avant son atteinte de l’âge de l’autonomisation intellectuelle est à imputer à l’influence de son environnement, qui relève de l’acquis ou du culturel et non de la prime-nature que Dieu a originellement donnée aux Hommes. A ce propos, le Messager d’Allah Muhammad a dit dans un Hadith communément admis :
" Tout nouveau-né naît selon la Fitrah (nature originelle ou prime-nature), ce sont ses parents qui en font un juif, un chrétien ou un mage. De même que la bête de somme qui naît sans difformité : y voyez-vous une quelconque mutilation ? "
En effet, le Coran indique dans plusieurs verstes [4] que les gens du Livre l’ont en partie falsifié, et perverti ainsi ce qui fut descendu par Dieu à Moïse dans la Torah puis à Jésus dans l’Evangile, notamment en associant à Dieu de fausses divinités. De même, le statut du Coran en tant que révélation divine ultime qui clôt définitivement l’ère des Prophètes lui confère une double spécificité en Islam, comme l’a montré Mohamed Achiq [5] : il constitue, d’une part, un livre de rappel et de discernement qui englobe tous les livres divins descendus avant lui et dissipe toute falsification ou interprétation malintentionnée de ces livres et, d’autre part, un guide universel ultime protégé, de ce fait, par Dieu contre toute altération [6]. De même, le Coran précise que les Hommes ne divergent pas au sujet de la croyance en leur Créateur, ce qu’ils ont en commun par la Fitrah, mais que ce sont ceux-là mêmes à qui Dieu envoya des Prophètes et fit descendre le Livre (la Torah, selon al-Tabari), pour régler parmi les gens leurs divergences, qui se mirent à en disputer, après que les preuves leur furent venues, et ce, par esprit de rivalité :
« Les gens formaient (à l'origine) une seule communauté (croyante). Puis, (après leurs divergences,) Allah envoya des prophètes comme annonciateurs et avertisseurs; et Il fit descendre avec eux le Livre contenant la vérité, pour régler parmi les gens leurs divergences. Mais, ce sont ceux-là mêmes à qui il avait été apporté, qui se mirent à en disputer, après que les preuves leur furent venues, par esprit de rivalité! Puis Allah, de par Sa Grâce, guida ceux qui crurent vers cette Vérité sur laquelle les autres disputaient. Et Allah guide qui Il veut vers le chemin droit. [213] » [S2]
En conclusion, on peut dire que les croyances sont incontournables dans la vie de l’Homme et qu’elles viennent inéluctablement s’adjoindre, avec ou sans cohérence, à la rationalité ou à la raison qu’il est à même de développer. En ce qui concerne l’inclinaison de l’Homme à croire en Dieu, elle n’a rien de fortuit en Islam et constitue une conséquence de la nature originelle qu’Il a donnée à tous les Hommes, pour les prédisposer à L’adorer de leur plein gré. Le Créateur a ainsi doté les Hommes de raison, de moyens d’accès au savoir et à la foi ainsi que de libre-arbitre vis-à-vis de Ses commandements religieux, pour les éprouver conformément à Sa volonté dans la vie-présente (et savoir) qui d’eux s’avérera meilleur en œuvre. Et c’est sans doute ce qui fait de l’Homme cette créature si distinguée et singulière, capable du meilleur comme du pire, selon le bien-fondé ou le mal-fondé de ses croyances et le degré d’alignement de ses actes sur ces croyances !
Abourina.
[1] Henri-Louis Bergson, « Les deux sources de la Morale et de la Religion »
[2] Gustave le Bon, « La Psychologie des Foules »
[3] Ibn al-Qayyim, « La Guérison du Patient au Sujet des Questions du Destin » (Titre traduit)
[4] Coran : [S2,v75], [S2,v79], [S4,v46], [S4,v157], [S5,v13], [S5,v41], [S5,v116]
[5] Mohamed Achiq, « Comprendre l’Islam à la lumière du Coran et de la tradition Prophétique » (Amazon.fr)
[6] Coran : [S36,v69], [S25,v1], [S27,v76], [S34,v28], [S2,v2], [S18,v1], [S15,v9]
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