#on est tous des agents de l’ombre ou quoi
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Conservation généralisée des données de connexion, surveillance de masse… Adopté par les députés, avant le Sénat fin juin, le projet de loi renseignement passe en procédure accélérée. Mais son contenu inquiétant mériterait un débat public d’ampleur.
Passer des textes de loi en procédure accélérée devient une habitude. L’actuel projet de loi relatif à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement ne déroge pas à la règle. Adopté le 2 juin par l’Assemblée nationale en seulement deux jours, il ne lui manque plus que le vote du Sénat, à l’issue d’un examen prévu les 29 et 30 juin. Dans un contexte d’inflation législative et politique sur la surveillance et le renseignement, « le but est d’empêcher tout débat public » fustige Pierre*, membre du Centre d’études sur la citoyenneté, l’informatisation et les libertés (CECIL). Cette organisation fait partie de l’Observatoire des libertés et du numérique, un groupement d’associations et de syndicats qui vient de publier un communiqué alertant sur cette « nouvelle étape dangereuse dans les atteintes régulières et toujours plus importantes portées par ce gouvernement à nos libertés ».
Le premier objectif de ce texte est de pérenniser des dispositifs issus de la loi renseignement de 2015 et de la loi SILT (renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme) de 2017. Pour cette raison, il avait été rédigé de longue date, et aurait pu être déposé plus tôt sur la table des parlementaires. Mais il n’a été présenté en Conseil des ministres que dans la foulée du meurtre d’une agente de police à Rambouillet, le 23 avril – laissant peu de temps aux élus pour s’en saisir. Au-delà de la pérennisation contestée de plusieurs dispositifs de lutte antiterroriste, les défenseurs des libertés numériques ont passé au peigne fin le volet renseignement de ce texte de loi – parfois obscur et technique –, et s’inquiètent de nouvelles portes sécuritaires qu’il ouvre.
La surveillance algorithmique de masse entérinée
Là encore, tout est une question de timing. Le projet de loi a été présenté une semaine après que le Conseil d’État, dans une décision du 21 avril, ait laissé le champ libre au gouvernement sur la conservation généralisées des donnés de connexion. De quoi balayer d’un revers la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne. En octobre 2020, celle-ci jugeait contraires aux droits fondamentaux les « boîtes noires », ces algorithmes de surveillance des données de connexion, mis en place par la loi renseignement de 2015. Leur but : surveiller toute la population pour « découvrir des profils suspects, et en faire automatiquement des cibles des renseignements » résume Pierre, du CECIL. Sans que l’on connaisse les marqueurs exacts à partir desquels seront repérés ces « profils suspects ». « En 2015, la seule concession du gouvernement Hollande avait été de rendre ces boîtes noires expérimentales jusqu’en 2018 », retrace Pierre. La loi SILT est venu les prolonger pour deux ans. « En 2020, elles ont été de nouveau prolongées. Cette fois, elles deviennent permanentes » : le projet de loi les entérine définitivement.
Surtout, ces algorithmes intègreront l’analyse des adresses URL – l’adresse d’un site ou d’une page Web – que consultent les Français. Selon la CNIL, les trois premières boîtes noires expérimentées jusqu’ici se restreignaient aux données téléphoniques. Mais difficile de savoir quelle était la pratique réelle : « Dans le cadre de nos contentieux, les services de renseignement nous disaient qu’ils utilisaient déjà les adresses URL », assure Arthur Messaud, juriste de la Quadrature du Net. Dans tous les cas, il est désormais officiel que les algorithmes de surveillance seront étendus aux URL. Dans son avis sur le projet de loi, la CNIL estime pourtant « que le ministère ne lui a pas transmis d’éléments suffisamment précis lui permettant d’apprécier l’efficacité opérationnelle et l’efficience de cette technique ». Aucun bilan d’évaluation ni rapport public sur ces boîtes noires n’est paru à ce jour.
Le stockage des données : « Un monstre qui grandit dans l’ombre »
L’article 15 du projet de loi oblige les opérateurs d’internet et de téléphonie à conserver pendant un an les données de connexion de toute la population au nom de finalités très larges comme « la sauvegarde de la sécurité nationale » (à l’origine, cette disposition se restreignait en théorie à la lutte anti-terroriste). L’article 13, lui, permet aux services de renseignement de détourner l’ensemble du trafic – donc ces données de connexion – vers leurs propres centre de stockage de données. « Le ministère a retenu une architecture selon laquelle les flux de données ne sont pas analysés au moyen d’algorithmes installés sur les réseaux des opérateurs, mais dupliqués puis acheminés au sein d’une infrastructure dépendant de l’État pour être soumis à des dispositifs de détection centralisés », explicite la CNIL dans son avis. Cette centralisation ouvre une multitude de questions sur le cadre et la durée de conservation de ces copies de données.
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Un autre article inquiétant, et qui constitue une nouveauté, est l’article 8, qui autorise la conservation jusqu’à cinq ans de toutes les informations obtenues dans le cadre d’opérations de renseignement. Jusqu’ici, à chaque technique de renseignement correspondait une durée maximale de conservation de la donnée recueillie. Quatre mois, par exemple, pour les écoutes téléphoniques. Désormais, « dès qu’il y a une technique de renseignement mise en œuvre, les données vont être envoyées dans un entrepôt, pour en faire de la recherche et développement » résume Pierre. Dans ce cadre, elles seront gardées pendant cinq ans.
« Il y a deux ans, ça aurait fait la Une de la presse pendant des semaines »
Résumons : les services de renseignement mettent en place diverses techniques d’interception de données – écoutes téléphoniques, puces GPS aposées sur les véhicules, captation des données de smartphones… Désormais, ces données brutes seront transmises à une équipe centralisée pour en faire de la recherche et développement, ou « R&D ». De quoi s’agit-il ? De « machine-learning » : ce stock de données sera exploité pour approfondir les outils techniques du renseignement comme améliorer la transcription de voix, faire de la recherche prédictive (par exemple, parvenir à prévoir le parcours d’une personne), etc.
« Un monstre qui grandit dans l’ombre » : voilà ce que constitue, pour Arthur Messaud, cette nouveauté. « Un État qui conserve pendant cinq ans les données captées de la population… Il y a deux ans, ça aurait fait la Une de la presse pendant des semaines » se désespère le juriste. Pour lui, il s’agit d’un copié-collé du modèle de recherche exploratoire de la NSA, révélé par Edward Snowden. Ou de la logique de sociétés privées spécialisées sur la R&D, comme Palantir. Cette entreprise – qui porte le nom d’un objet légendaire du Seigneur des Anneaux permettant d’observer des scènes éloignées dans le temps et l’espace – fournit, depuis 2015, des technologies de traitement de la donnée aux renseignements français.
« Et si le gouvernement suivant produit des lois permettant d’aller piocher dans ces stocks de données pour d’autres finalités que la R&D ? », interroge Pierre, du CECIL. Ces informations pourraient alors servir d’autres objectifs : surveillance économique, répression des opposants politiques… « Les lois sécuritaires reposent presque systématiquement sur ces tours de passe-passe à deux étapes » s’inquiète à ce sujet la Quadrature du Net.
Obliger les opérateurs à coopérer sur du « hacking » ?
Le 28 avril, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, avait fait une déclaration fracassante sur France Inter, affirmant : « Nous discutons avec les grands majors d’Internet, on leur demande de nous laisser entrer via des failles de sécurité » pour contourner le chiffrement des communications. Le « piratage » d’un téléphone ou d’une box internet par des services de renseignement n’est pas nouveau. Mais cette fois, avec l’article 10 du projet de loi, « la nouveauté, c’est que les opérateurs vont devoir coopérer avec les services » explique Arthur Messaud.
Ces opérateurs sont les entreprises qui fournissent votre service internet, gèrent le réseau, ou proposent des outils de communication interpersonnelle : Gmail, Zoom, WhatsApp, Signal, Telegram… Les services de renseignement pourront désormais leur demander de compromettre leurs dispositifs techniques – pour « hacker » votre box par exemple. Jusqu’ici, rien ne les y obligeait légalement.
« Ce sont des portes ouvertes qui font très peur, mais on a du mal à voir comment cela se concrétiserait », nuance cependant Arthur Messaud. La question est d’abord politique : on voit mal Signal ou Telegram, des entreprises étrangères, accepter ainsi de perdre leur légitimité. Reste les obstacles techniques : les applications de messageries chiffrées, par exemple, sont dotées de procédures de contrôle solides : « Lancer une application vérolée, ou corrompre la messagerie d’une seule personne – et le faire bien –, ce n’est pas simple. »
« Snowden nous avait mis en garde : ce sont des pratiques qui échappent complètement à la loi »
Depuis 2015, les services de renseignement peuvent échanger entre eux leurs informations obtenues. Le Code de la sécurité intérieure prévoit l’encadrement de ces échanges par un décret en Conseil d’État. Or, depuis, aucun décret de ce type n’a été publié. La Quadrature du Net avait saisi le Conseil d’État au sujet de cette absence de cadre procédural. Dans une décision du 19 mai 2021, celui-ci vient d’accepter de transmettre au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité. Mais comme pour couper l’herbe sous le pied des requérants, le projet de loi vient légaliser cette situation « alégale », comme la décrit Pierre du CECIL. Son article 7 propose « un cadre de facilitation des échanges ».
Voici ce qui est en jeu : si un service de renseignement surveille un individu dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogues par exemple, et qu’au détour d’une conversation, il capte une information concernant une manifestation non-déclarée en soutien à telle ou telle cause, celle-ci peut être transmise à un autre service. « Une fois qu’une fiche est constituée sur une personne, peu importe dans quelle base elle se trouve : la loi n’encadre pas l’exploitation qui en est faite, seulement la collecte » résume Arthur Messaud. Il n’est pas prévu de limitation en matière de finalité de ces échanges. Cet article 7 « ne constitue pas une révolution, mais il met beaucoup d’huile sur la machine » conclut le juriste.
La coopération entre services, si utile qu’elle puisse paraître pour une meilleure efficacité du renseignement, pose question. D’abord, parce qu’elle concerne aussi les échanges avec des services étrangers. À l’heure où la majorité du trafic qui passe en France est le fait de communications internationales, s’appuyer sur ces services de renseignement étrangers permet de contourner les garde-fous de la loi française. « C’est le schéma contre lequel Edward Snowden nous avait mis en garde : ce sont des pratiques qui échappent complètement à la loi » déplore Arthur Messaud. Et la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR) « n’est jamais informée de ce qui est transmis par les services étrangers ».
Dernier point de cet article 7 : les services de renseignement sont en droit de demander aux services administratifs et sociaux, comme la CAF, de leur transmettre des données confidentielles. Mais jusqu’ici, ces derniers pouvaient y opposer le secret professionnel. Avec cet article, le secret professionnel ne pourra plus être invoqué comme motif de refus.
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Loi Sécurité globale, loi renseignement : une même dérive du pouvoir exécutif et législatif
Les lois renseignement, SILT, et cet actuel projet de loi, sont comme « des listes de courses des services de renseignement » fustige Arthur Messaud. Les députés et sénateurs les valident – presque – sans broncher. « Ce sont des sujets sur lesquels le secret Défense est maître, et les parlementaires verraient la protestation comme un impair vis-à-vis des services de renseignement », poursuit le juriste. Pour lui, comme pour le membre du CECIL, il y a une continuité entre la loi sécurité globale, le soutien quasi généralisé aux récentes manifestations des syndicats de police, et ce projet de loi. Ils y voient une même dérive du pouvoir exécutif et législatif, consistant à se ranger derrière les services du renseignement et les agents du maintien de l’ordre. « Puisqu’ils ont un fort pouvoir de contrainte sur le gouvernement, il n’y a pas de contre-pouvoir suffisamment solide », estime Pierre du CECIL.
Les députés et sénateurs manquent de temps, et d’expertise. De son côté, la CNCTR dispose de prérogatives limitées. Idem pour la délégation parlementaire au renseignement, dépendante de ce que veulent bien lui communiquer les ministres et les services de renseignement. « La lutte ne se joue pas au Parlement » tranche Arthur Messaud. Que reste-t-il ? La mobilisation civile ? Début mai, plusieurs plaintes de citoyens ont été déposées devant la Cour européenne des droits de l’Homme contre la loi renseignement de 2015. Le juriste inscrit ces luttes dans une histoire plus longue. Une histoire dont le tournant se situe autour de 2015, des révélations de Snowden, de la fin du fichage manuel et décentralisé au profit de « l’ère du renseignement reposant sur de nouvelles technologies, dont la conservation généralisée des données », résume Arthur Messaud. À l’heure où cette nouvelle page du débat sécuritaire s’ouvre, « on commence forcément perdants. Ils ont toutes les cartes en mains, tandis que nous, nous ne pouvons pas utiliser les mêmes outils d’analyse que dans les années 1980-1990 » songe-t-il. Pour penser « ce que devient la vie privée dans ce contexte-là, ce qu’est le fascisme dans ce contexte-là, il nous faut réinventer tout un vocabulaire ».
Maïa Courtois
* Prénom modifié
Photo : CC Chris Beckett
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Synopsis : Deux ans après un « burn-out », Duval est toujours au chômage. Contacté par un homme d’affaires énigmatique, il se voit proposer un travail simple et bien rémunéré : retranscrire des écoutes téléphoniques. Aux abois financièrement, Duval accepte sans s’interroger sur la finalité de l’organisation qui l’emploie. Précipité au cœur d’un complot politique, il doit affronter la mécanique brutale du monde souterrain des services secrets.
Origine du film : France, Belgique Réalisateur : Thomas Kruithof Scénaristes : Thomas Kruithof, Yann Gozlan, Marc Syrigas, Aurélie Valat Acteurs : François Cluzet, Denis Podalydès, Sami Bouajila, Simon Abkarian, Alba Rohrwacher Musique : Varda Kakon Genre : Action, Espionnage, Thriller Durée : 1 heure et 28 minutes Date de sortie : 11 janvier 2017 (France) Année de production : 2016 Sociétés de production : 2425 Films Distribué par : Océan Films Titre original : La Mécanique de l’Ombre Notre note : ★★★☆☆
Notre commentaire : “La Mécanique de l’Ombre” est un thriller d’espionnage français datant de 2016, co-produit, co-écrit et réalisé par Thomas Kruithof, qui signe là son premier long-métrage. Les acteurs principaux sont François Cluzet qu’on a pu voir dans “Intouchables” (2011), Denis Podalydès, qu’on a pu voir dans “Les Conquérants” (2013), Sami Bouajila, qu’on a pu voir dans “Braqueurs” (2015), Simon Abkarian, qu’on a pu voir dans “Rage” (2009), et Alba Rohrwacher, qu’on a pu voir dans “Perfect Strangers” (2016).
L’histoire proposée par “La Mécanique de l’Ombre” nous invite à suivre Duval, un ancien cadre au chômage, qui se retrouve bien malgré lui, mêlé à une histoire d’espionnage où se distingue progressivement les arcanes du pouvoir politique, du monde des affaires et d’agents de la DGSI, le service de renseignements du ministère de l’Intérieur. La manipulation est de mise, et le pauvre Duval est baladé, ne sachant pas vraiment pour qui il travaille.
Etant recruté pour faire de simples retranscriptions écrites de conversations téléphoniques sur bandes audio, voilà que ce quinquagénaire au chômage se retrouve au cœur de l’action, plongé dans une opération d’espionnage fortement liée à l’élection présidentielle en cours, sans trop comprendre pleinement la mécanique brutale du monde souterrain des services secrets.
L’histoire n’est pas fondamentalement innovante, mais l’intrigue est bien orchestrée, laissant longuement planer le doute sur les fonctions réelles des différents protagonistes. Finalement, il n’y a pas vraiment de bons ou de mauvais, car tous ont quelque chose à défendre, tous ont de bonnes raisons de faire ce qu’ils font. Même le personnage campé par François Cluzet y trouve finalement son compte.
Une sous-intrigue est proposée, Duval étant alcoolique, il participe régulièrement à des réunions d’alcooliques anonymes. Lors de l’une d’entres elles, il se retrouve à parrainer Sara (Alba Rohrwacher), dont on se demande longtemps ce qu’elle vient faire dans cette histoire, et quel est finalement son rôle dans l’intrigue. Ce personnage sera finalement l’enjeu d’une négociation, qui aurait certainement méritée un développement plus poussé.
Le rythme est plutôt lent, la mise en scène étant principalement axée sur l’aspect suspense. Qui est qui ? Qui fait quoi ? Qui sont les bons ? Qui sont les méchants ? Les choses s’intensifient légèrement lors de la scène de l’effraction dans un cabinet d’avocats, et se terminent brutalement lors de la séquence finale dans le stade de football. L’ambiance est pesante, voire parfois opprimante. Les dialogues sont minimalistes, tout comme les décors. La photographie est épurée et joue essentiellement sur des teintes ternes, sombres, grises.
En outre, on pourra déceler un message de dénonciations des collusions supposées entre le monde politique et les services secrets. Les premiers faisant appel aux seconds afin d’orchestrer des pressions, de la surveillance, pour peser sur certaines décisions dans le but d’infléchir dans une direction plutôt qu’une autre. Des pratiques que beaucoup supposent, mais qui n’ont, par leurs natures, aucune existence avérée.
Dans l’ensemble, la distribution offre de bonnes prestations. On retiendra principalement la performance de François Cluzet, qui offre un personnage sombre, taciturne, solitaire, qui se remet difficilement d’un burn-out et qui accepte finalement ce boulot sans trop de conviction, probablement appâté par l’argent. Il accepte d’ailleurs des règles et des méthodes de travail qui éveilleraient les soupçons de n’importe quel quidam. Sami Bouajila est une nouvelle fois parfaitement à l’aise dans le rôle d’un agent de la DGSI, froid, méthodique et finalement opportuniste. Denis Podalydès est glacial dans le personnage de Clément, avec des faux airs à Jean-Pierre Darroussin.
“La Mécanique de l’Ombre” a fait l’objet d’une édition en DVD ainsi qu’en Blu-ray, paru le 17 mai 2017 chez Warner Home Vidéo France. Pour de plus amples renseignements, n’hésitez pas à consulter la fiche du film sur le site DVD.Fr.
En conclusion, “La Mécanique de l’Ombre” est un bon thriller, disposant d’une histoire intéressante mais quelque peu usuelle. L’intrigue est habilement ficelée, offrant une mise en scène lente. Certains aspects et certains personnages auraient mérité d’être plus développés. La photographie est usitée et sans particularité. Les dialogues sont minimalistes. La distribution offre d’honorables prestations, François Cluzet étant assurément mis en avant. L’acteur offre un jeu sobre et propose un personnage ténébreux, taciturne. L’ensemble reste un divertissement correct.
Bande-annonce :
LA MÉCANIQUE DE L’OMBRE (2016) ★★★☆☆ Synopsis : Deux ans après un « burn-out », Duval est toujours au chômage. Contacté par un homme d’affaires énigmatique, il se voit proposer un travail simple et bien rémunéré : retranscrire des écoutes téléphoniques.
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Mon nom est Fan [ch.01]
[Post-Apo]
Sous le ciel étoilé, la nuit grésillait et croassait comme le mécanisme oxydé d’une vieille boîte à musique. On aurait dit que la place de la préfecture abritait une vie invisible. L’œil lourd, un peu idiot et poché d’épuisement, je soupçonnais dans les ténèbres une présence. Leur présence. Leur présence à Eux. Les Eux. E.U.X. On avait fini par les appeler comme ça.
J’appuyai sur mon épaule la crosse ornementée de mon fusil quantique, et je scrutai la pénombre. Je maîtrisai mon souffle.
De temps en temps, sous les nuages qui vadrouillaient à la vitesse de dirigeables ou de drones, la lune apparaissait. Sa lumière venait dévoiler le miroir d’argent de ces vastes dalles qui couraient là, sur le parvis de la préfecture. Elle illuminait un peu les rainures, où des herbes folles et des épines à coton se tenaient courbées, dans le prolongement de leurs ombres, comme une foule de grands monstres filandreux.
Mais il n’y avait décidément pas âme qui vive. Le canon de l’arme se baladait. Maître de son espace. Maître du parvis de la préfecture.
La mort dans les tripes, j’avais attendu que les Eux surgissent. J’avais lu dans un roman que les Eux étaient faits de Strontium, et qu’on pouvait en tirer ce précieux carburant à l’aide d’un procédé inconnu. Peut-être était-ce la raison de leur présence. Peut-être les Eux étaient-ils envoyés par le destin lui-même pour éprouver l’audace et l’habileté humaines. Des êtres cruels et diaboliquement efficaces dans leur besogne. Des machines de désespoir, qui vous éliminent sans autre forme de procès et vous plongent dans un enfer artificiel pour l’éternité, après avoir fait une charpie de votre corps. Ensuite, vous vous décomposez au soleil. Si vite qu’on ne retrouve bientôt plus aucune trace de vous. Même les os disparaissent. Sauf si vous les tuez avant. Si vous les tuez avant… Du carburant. Et assez pour alimenter un dahu, ou une petite baraque pendant une vie entière, vu la taille !
C’était peut-être ça. Le sens derrière leur venue. Peut-être qu’ils n’étaient qu’une mise à l’épreuve. Féroce. Mais bien récompensée. Ils avaient peut-être été amenés par une volonté de faire le tri. Tous les humains ne méritent pas de survivre. À chacun de faire ses preuves. Une volonté malsaine. Inhumaine. Étrangère. Une sorte de façon d’éliminer les plus faibles… Mais pas la façon banale que les pires éléments de l’humanité se croient en droit d’exercer depuis la nuit des temps. Quelque chose de supérieurement effrayant. Que je ne pouvais pas même commencer à imaginer.
Les pister, je n’en avais même pas rêvé ! C’était bien impossible. Mais j’avais la ferme intention de les recevoir convenablement s’ils venaient à se présenter… Avec un joli sourire, et mon fusil.
Au bout d’une heure, peut-être, je me résolus à retrouver le chemin de mon havre. Je me relevai du parapet. Je traversai le grand hall comme une ombre. Ce hangar ultra-moderne, où des poutres d’acier comme celles des vieilles gares s’effondraient sur un labyrinthe de bureaux et de banquettes, je m’y étais retranchée quelques jours auparavant. Impossible à barricader, mais j’appréciais l’espace. C’est agréable, de pouvoir déambuler dans un lieu fermé sans croiser le même de mur toutes les 30 secondes.
Et puis, j’étais suffisamment loin au sud. À deux jours de marche de la trouée forestière du monorail, pas grand monde ne s’aventurait. Les gangs de Loups étaient trop occupés à emmerder les fermiers de la République Occitane, et ces timbrés mystiques de nomades Gaïanautes n’avaient pas refait surface depuis des années. Le patelin le plus proche était Die-Hard, à plus de soixante bornes, sur les eaux toxiques de la Nouvelle Drôme. Mais je n’y étais pas franchement la bienvenue. D’une cité dirigée par le Conseil de l’Espoir, quand j’étais encore adolescente, Die-Hard était devenue une cité de la Résistance. Nouvelle donne. Nouvelles mœurs. La survie n’y était plus affaire de solidarité, mais de prudence. Une bande de connards de l’Occitane avait pris le pouvoir et décrété que la pollution de la Drôme était l’oeuvre d’un agent infiltré.
À l’époque, j’avais été traitée comme tous les poids morts et les traîtres potentiels. Je mangeais mon pesant de rations et je n’étais pas encore capable d’abattre un chiot à cent mètres, ni de réparer un transfo. Je passais juste mon temps à la vieille médiathèque Francis Mittrand, de l’autre côté de la palissade.
On m’avait gentiment conseillé de partir pour rejoindre ma famille, retrouver les parents que je n’avais jamais connus, remonter à la source… Je ne sais pas pour ailleurs, mais dans les Terres Mortes, ça veut dire “va crever plus loin”.
Mais je n’en avais aucune envie, de crever.
Encore moins ce soir-là, quelques années plus tard.
La nuit, c’était toujours différent de la journée. Au crépuscule, quand les ténèbres naissaient au creux des collines, j’abandonnais l’ennui cosmique de ce long cycle lumineux à ne rien faire d’autre qu’attendre, marcher, veiller, angoisser, désespérément seule au monde.
Le soir, comme ce soir-là, qui n’avait de spécial, je me couchai pour contempler des visages dans l’ombre. L’obscurité donne à la fantaisie de l’esprit ses nutriments. Les formes s’animent et se font sympathiques, ou au moins, expressives.
Je m’allongeai dans l’alcôve d’un vieil ascenseur bloqué au deuxième étage du bâtiment. Il en avait trois. Mais il faut toujours laisser un étage au-dessus de soi en cas d’attaque. Pour ne pas être acculée. Gagner du temps.
J’avais empilé dans l’ascenseur tout ce que j’avais trouvé de rembourrages de chaises de bureaux, de cartons et de bâches de chantier. Inutiles, ces dernières. Mais dans les infimes mouvements de ma léthargie, les bruissements du plastique faisaient une tendre et mélodieuse compagnie. Je détendis les muscles fourbus d’inactivité. J’étais heureuse de lever le camp, le lendemain, pour remonter la piste vers le monorail. C’était prévu.
Et je profitai un peu de ces visages de l’ombre. La mine placide et pensive de la rampe pour fauteuils roulants, le long du couloir, les grimaces contrariées de la mousse vomie par le plafond, le sourire des casiers, les éclats de joies sur les feuilles volantes et les dossiers éparpillés ou la bienveillance protectrice de ces motifs sur la moquette. Dans les éclats de miroir, la pénombre ouvrait une large gueule, carnassière, ou aimante, l’une des deux. Ces visages comblaient le vide des visages humains, loin desquels j’en venais à passer bien trop de temps, à cette époque. Au bout de six mois, ça commençait à manquer, de croiser du monde. Le cerveau fait ce qu’il peut pour se distraire. L’humain a évolué en groupe. On ne refait pas l’évolution sous prétexte que l’Europe entière a été quasiment vidée de sa population et coupée du reste du monde il y a à peine un siècle.
Je fermai les yeux, par routine. J’étais plutôt bonne à cet exercice. Avec un peu de volonté, on réussit à anesthésier sa volonté, et on s’endort n’importe quand. Il suffit de le vouloir, quoi.
Quelquefois, je me mettais à regretter. Quelquefois, j’aurais aimé ne jamais avoir trouvé cette foutue “Médiathèque Franc-is Mitt-rand” et ses vieux bouquins de science. J’aurais voulu être comme un de ces alpha de Sparta Invicta, qui vivaient leur fantasme de grande guerre devant les murailles des citadelles, soi-disant pour défendre les civils, ou un de ceux qui croyaient en Dieu, en Allah ou en Jebb. Eux, au moins, ils avaient de quoi apprécier ce foutoir, et y trouver de jolies histoires à se raconter.
Moi, j’en étais réduite à attendre l’hiver, que passent enfin les Gaïanautes, s’ils passaient. Et les rejoindre. J’avais foutrement besoin de rejoindre quelque chose, d’appartenir, tout connement… J’avais cru entendre jadis qu’ils voyageaient parfois sur de longues distances. Au nord, ils montaient jusqu’à une montagne appelée Chartreuse - c’était souvent, dans les Terres Mortes, qu’on baptisait une région d’après un alcool quelconque - et qu’ils descendaient loin au sud, jusqu’en Avignon. Je ne savais pas ce qu’ils allaient y faire, d’ailleurs. La ville était une Cité du Paradis. Il n’y avait rien pour eux là-bas. Rien que des bunkers d’intellos entourés de drones et de tourelles ultra-modernes. Mais il devait y avoir quelque chose au-delà. La mer, par exemple. Je n’avais jamais vu la mer.
Je m’endormis après un ultime battement de paupières.
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Les Gens de la Ville
- Sale spectacle, hein ?
La cité gisait sur le flanc, étendue de toute sa longueur sur plusieurs kilomètres entre les montagnes. Sa structure de fer et de béton était couverte de larges balafres, à plusieurs endroits. Par les blessures béantes, la cité avait vomi des milliers de ses habitants, les Gens de la Ville, cadavres inertes sur le sol rocailleux de la vallée.
- Vous n’imaginez pas l’impact que ça va avoir sur notre économie, inspectrice. Masse Salariale était une Ville essentielle de notre système… De notre famille !
Louise se détourna de la baie vitrée. La pièce où elle se trouvait était vaste, climatisée. Mairie avait généré pour l’inspectrice de profonds canapés de cuir, décoré les murs de tableaux de maîtres, disposé sur une table basse des rafraîchissements. La Ville elle-même avait prit l’apparence d’un personnage rondouillard vissé derrière son bureau. Un Maire, dans l’imaginaire hyper-intelligent de l’entité. Mairie avait affublé son Maire d’une large écharpe aux couloirs de l’Assemblée. Le décor était presque parfait. Mais rien ne vivait ici, tout était faux, plastique. Les tableaux représentaient des unités de mesures, les rafraîchissements sur la table étaient des coupes de liquide de refroidissement, le cuir des canapés n’avait pas été tanné et laissait goutter du sang sur le sol. Comme toute les hyperintelligences, les Villes butaient le plus souvent à se représenter la réalité des individualistes, les derniers mortels.
- Vous n’avez pas faim ? demanda le Maire en désignant d’un geste mécanique la table.
- J’ai déjà dîné, dit Louise en prenant un accent transylvanien. Sa blague tomba à plat.
Son regard s’attarda sur le bureau du Maire. Plusieurs objets trainaient là. Un fer à repasser, un bloc de marbre, un petit chien en plastique, un aquarium vide avec une chaussure dedans. Mairie avait disposé quelques photos, également. Un ouvrier gris sans expression, un universitaire boutonneux tout en lunettes posant fièrement devant ce qui devait être une thèse, un officier de l’armée sans lèvres…
- Ma petite famille, sourit Mairie en suivant son regard. Ne sont-ils pas merveilleux ? J’aurai aimé que vous les rencontriez tous mais, Université part faire son service militaire et Masse Salariale, et bien…
- Vous dites l’avoir découverte comme ça il y a deux jours ?
- Oui. Nous n’avions plus de nouvelles depuis la seconde garde, il y a trois clics. Nous sommes alors allés aux chantiers et avons découvert le drame. Nous avons immédiatement prévenu Spatioport qui a contacté l’Assemblée. Puis votre téléportation ici et ma proposition de rafraîchissements il y a vingt clics.
- Oui, oui, la coupa Louise qui s’était retournée vers la vallée.
Auprès du cadavre grouillaient des centaines d’humains en combinaison antigravité. Ils ne touchaient pas au corps mais s’activaient à reprendre les travaux de minages abandonnés par Masse Salariale. Une grosse cité spatiale rouillée se trouvait un peu plus haut à flanc de montagne.
- Vous dîtes que la perte de Masse Salariale va causer un lourd coût à votre économie, mais cette dernière semble déjà bien repartit, remarqua l’inquisitrice. Son assistante consulta les cours locaux du marché. La planète s’était déjà remise à exporter.
- Le Hip-hop, c’était mieux avant ! cita la Ville. Que voulez-vous, dit Mairie en s’approchant, déplaçant le corps du maire sur les pattes d’araignée de sa chaise, vissée à son corps. Nous ne pouvons nous permettre de laisser notre Planète plus de deux jours sans commerce extérieur. Il s’agit de notre survie.
Tremblant sur ses pattes, le Maire se tourna maladroitement vers la vallée.
- Les travailleurs que vous voyez là viennent d’Immigrant, une Ville réfugiée, malmenée par la guerre, la pauvre. Nous l’avons accueillie chez nous, bien entendu. Ils sont encadrés par Force Civile, notre gendre. Ce n’est pas la meilleure solution, mais c’est la plus palliative. Ils font du bon travail, et ne sont pas chers, dit Mairie l’air satisfaite.
- J’aimerai qu’une navette planétaire soit mise à ma disposition, ainsi qu’une combinaison atmosphérique. Il me faudrait également les emplois du temps de toute la planète sur les quarante derniers cycles, et une impunité inquisitoriale de…
Louise sentit une communication entrante et son assistante lui indiqua une augmentation de ses privilèges. Un sourire se dessina sur le visage lisse du Maire.
- Nous nous sommes déjà occupés de tout, inquisitrice, lui dit Mairie.
§
- Qu’est ce que tu en penses ?
Le paysage défilait silencieusement sous la silhouette profilée de la navette. D’hautes montagnes grises dominaient des vallées d’un vert pomme. Des océans d’un bleu clair et uniforme se découpaient le long de côtes aux plages albâtres. Une calotte glacière recouvrait la planète au nord et au sud. Aucun animal dans les plaines, aucune vague sur les mers, aucun nuage dans le ciel. La Planète était morbide. Un monde mort à la peinture fraîche, mais remplie de matières premières, une vraie manne à ciel ouvert.
[Pas grand-chose] répondit IB, son assistante virtuelle de cognition. [Un monde minier, une main d’œuvre onéreuse et syndiquée, une cité réfugiée qui survole la planète… Je ne vois qu’une opportunité pragmatique pour les cités dirigeantes.]
- Maire et sa Famille auraient tué Masse Salariale ? Pourquoi avoir fait appel à une inspectrice de l’assemblée dans ce cas ?
[Couvrir leurs traces. Peut-être pensent-ils que tu n’es pas très… Efficace ?]
- Je te remercie, IB, toujours aussi agréable.
[Réaliste.]
- Garde ton réalisme pour notre intimité, nous arrivons.
Louise posa la navette près du corps inerte de Masse Salariale. D’un béton et gris piqueté de rouille, le cadavre s’étendait sur une demi-douzaine de kilomètres au pied des montagnes. Louise mit pied à terre à l’ombre du bâtiment. Une immense blessure courait sur son flanc. On pouvait deviner l’intérieur de la structure sous la plaie. Ses coursives, ses blocs d’habitations, ses millions d’engrenages, ses usines et foreuses… La blessure était nette, franche. Quelque chose de colossal avait percé le béton. Ce dernier était à peine fondu, l’armature en fer, par contre, était fondue et racornie. Echappés de la plaie, plusieurs ouvriers gisaient au sol. La peau grise de leur uniforme était percée des mêmes blessures que la cité, par mimétisme matriciel. Sur le ventre, le flanc, et un dans le dos
- Vous êtes l’inspectrice d’Assemblée ?
L’homme qui s’approchait était petit, au nez en triangle, une fine moustache en brosse au-dessus d’une bouche sans lèvres dévoilant des dents blanches, toutes identiques. Un cache-œil noir lui traversait le visage. Louise l’avait vu plus tôt, en photo sur le bureau de Mairie. Force Civile lui fit un sourire tout en dents.
- Nous ne vous attendions pas aussi tôt, continua-t’il.
- Mairie ne vous a pas dit que je venais ?
- Si bien sûr, mais…
- C’est vous qui avez découvert le cadavre ?
Louise jeta un coup d’œil dans le ciel. Force Civile passait au-dessus d’eux, des centaines de mètres plus haut. L’œil immense, froid et métallique, semblait comme une seconde lune cauchemardesque dans le ciel.
- Oui, pas plus tard qu’il y a trois clics, dans notre seconde ronde.
- Vous avez immédiatement contacté Mairie ?
- Suivant le protocole.
- Le cadavre a été touché ?
- Pas sans vos ordres, Assemblée.
Louise tiqua. Force Civile dû le remarquer car il rectifia.
- Je veux dire, Agent de l’Assemblée. J’oublie des fois que vous êtes… Il ne finit pas sa phrase.
Des individuels ? pensa Louise. Elle était habituée au racisme ordinaire des Gens de la Ville. Mais le prendre en pleine face n’était jamais agréable.
- Et eux, ils sont là depuis longtemps ?
L’homme suivit le regard de Louise.
- Oh, les Immigrants ? Dès que Masse Salariale n’a plus été en état de remplir ses fonctions, ils sont intervenus. Ils attendaient dans le secteur depuis assez longtemps, aux portes du Blocus de notre planète. Je crois qu’ils viennent d’Aldmondia, ou Garund… Ils manient la pioche laser à la perfection. Commode, n’est-ce-pas ?
- Oui, un peu trop commode.
- Vous pensez que…demanda Force Civile en levant un sourcil.
- Mon rapport sera sur le bureau de Mairie en temps utile. Vous pourrez alors le consulter. Dans l’attente, fournissez-moi les rapports de Blocus sur les entrées et sorties de votre planète, et les derniers travaux effectués par Masse Salariale. Utilisez le canal que vous trouverez sur mon profil public… Bonne journée, Ville, conclut Louise en signant le symbole d’Assemblée.
Force Civile répondit par une solennelle et alambiquée révérence militaire. Louise en profita pour fourrer dans sa poche un objet qu’un ouvrier de Masse Salariale tenait dans sa main encore quelques instants plus tôt.
§
[Combien de temps avant qu’ils ne deviennent la nouvelle Masse Salariale ?] demanda IB en observant les Immigrants s’activer sur l’ancien travail de la victime.
- Suffisamment pour que Mairie puisse profiter de tous les avantages que cette main d’œuvre lui offre, et ne revoit à son profit les termes de leur contrat… Sur quoi travaillait la victime ?
La navette était en vol stationnaire au-dessus des lieux du crime. Plusieurs envoyés de Force Civile dépeçaient le corps de Masse Salariale. S’activant comme des fourmis, coordonnés par une intelligence unique, l’exercice serait fini en un clic.
[De l’excavation. La récupération des matières premières de la planète. Métaux, matières radioactives, plastiques… Les sous-sols de ce monde sont particulièrement riches.]
- Plastiques ?
[Ce doit être un produit transformé.]
- Probablement… répondit Louise en observant pensivement l’objet qu’elle avait ramené de la surface. Une fusée mortuaire pleine passa non loin de leur navette et quitta l’atmosphère. Louise la suivit laconiquement du regard.
[Je sais ce à quoi tu penses, mais l’utilisation des matières premières d’une Ville est interdite par le Code des Villes. Les Villes doivent être jetées dans le soleil qui les a vu naître, pour perpétuer le Grande Consommation. Le recyclage n’est rien d’autre que…]
- Du cannibalisme déguisé, je sais. As-tu reçu les documents du Blocus ?
L’affichage tête haute de Louise clignota.
[Le voici.]
Sur les cinq derniers clics, le blocus n’avait pas été forcé. Une période d’inactivité de la surveillance correspondant à une éruption solaire avait eu lieu il y avait quatre clics, juste avant le meurtre. Le blocus s’était alors désactivé durant une brève période. Il était revenu aussitôt après.
[Souhaites-tu appeler le jugement d’Assemblée sur les Immigrants ?]
Louise ne répondit. Assemblée était la dernière force libre de la galaxie. Composée en majorité d’individualiste, elle représentait un ancien ordre, avant les hyperintelligences et les Villes pensantes. Un ordre d’un âge légendaire, et oublié. Elle posa l’objet qu’elle avait ramené de la surface sur une table devant elle. Le piano numérique multicolore pour enfant brillait sous la lumière froide de l’habitacle.
[Tous les schémas cognitifs mènent à eux, poursuivit IB. Réfugiés d’un monde détruit, sans travail, ils voient une planète heureuse où Masse Salariale s’enrichit. Professionnels de l’extraction, ils profitent d’une panne du Blocus pour s’infiltrer sur la planète et tuer Masse Salariale d’un coup de leur pioche d’extraction et…]
- Les pioches d’extraction s’attaquent aux minéraux, pas aux métaux. IB, peux-tu accéder au sujet de recherche d’Université ?
[Bien sûr. Les sociétés près-citadines. Analyse des milieux ruraux avant l’avènements des Cités Pensantes : Tous Citadins ?]
- Il y a des mouvements militaires dans le secteur en ce moment ?
[Pas depuis des clics. Toute la zone est calme depuis son rattachement à Assemblée.]
- Le vaisseau d’Université est toujours dans le secteur ?
[Il ne va pas tarder à quitter le quadrant.]
- Initie une communication. Utilise le canal inquisitorial.
Quelques instants plus tard une communication inter-systémique s’effectuait avec Némésis, un vaisseau de l’armée grise Citadine. Sur l’écran tremblotant, un avatar d’Université apparu. Nerveux, il rechaussa la dizaine de lunettes qui constituait son visage.
- Vous avez demandé à me parler, Inquisitrice ?
- Enquêtrice, ça ira. Nerveux, Université ?
- Je n’ai pas trop de temps pour vous parler, mon vaisseau va quitter le secteur et…
- Aucune manœuvre militaire n’est actuellement en cours dans tout votre octant. Le vaisseau sur lequel vous avez embarqué fait partie de l’armée grise non reconnu par Assemblée, la période de formation militaire que vous prenez ne pourra être déduite du temps qu’il vous reste pour finir votre thèse, thèse qui est toujours en cours, il me semble, non ?
- Elle est… Bien avancée, dès mon retour je pourrai…
L’image tressauta.
- On vous a forcé à faire cette formation, Université ?
L’étudiant ne dit rien. Il essuya maladroitement une paire de ses lunettes, qui dévoila un visage fait de papier et de notes manuscrites.
- Vous pouvez parler. C’est un canal inquisitorial.
Université ne dit toujours rien, et rechaussa ses lunettes. Louise soupira et posa devant elle le jouet en plastique ramené de la planète.
- Qu’est-ce-que ceci, Université ?
- Une… Une matière première extraite du sol de notre planète qui…
- Un objet manufacturé, Université, votre thèse en compte des tas d’autres et Masse Salariale le tenait entre ses mains. C’est ce qu’il extrayait de votre planète, c’est ça ? Sous les couches organiques, la terre et l’humus, gisent les restes infinis de civilisations que votre famille exploite depuis des cycles. Comment dit le Code déjà ? Le recyclage est l’abnégation du caractère sacré de la Ville et…
- Et l’acceptation du caractère utilitaire des cités, et de notre prétendue inhumanité ! conclut Université en se levant et en tapant sur la table. Des cités toutes entières se trouvent dans le sol de notre planète, enquêtrice ! Des villes, des rues, des usines, des objets ! Tout un monde oublié, un monde que Mairie et Force Civile exploitent en fermant les yeux ! Au nom du profit nous détruisons notre passé et la preuve, aussi indigne soit-elle, que les villes descendent des hommes, et non l’inverse��! Vous, les individualistes nous avez créés ! Les Gens de la Ville sont les Fils de l’Homme ! Le Code est biaisé, nous…
La communication fut coupée brutalement. L’écran vacilla quelques instants et une communication entrante vint remplacer la précédente.
- Je suis désolé, enquêtrice, dit le Maire tout sourire dont le visage informe remplissait l’écran, mais on m’informe que vous avez tenté de joindre mon fils, malheureusement son vaisseau vient de quitter le secteur…
- Oh, ne vous inquiétez pas, Mairie, nous avons pu échanger.
- Vraiment ? Il est malheureux que les fréquentes éruptions solaires de notre système n’aient certainement brouillé vos communications, canal inquisitorial ou pas, je suis sûr que votre IB pourra confirmer ce fait… IB hocha la tête. Bien, continua Mairie, si maintenant vous pouviez passer rapidement à mon bureau, nous attendons toujours votre rapport…
- Il est bientôt près, Mairie. Et ne vous inquiétez pas pour ma communication avec votre fils, éruption solaire ou pas, c’est fou le nombre de chose que l’on peut trouver en se promenant sur votre planète…
Louise appuya sur l’un des gros boutons colorés de l’appareil en plastique rond et l’enregistrement audio de Radio Kiwi : Ma Première Station d’Enregistrement d’Eveil prit fin. Le fichier fut extrait et numérisé par IB et en quelques clics atteint les terminaux de l’Assemblée.
L’enquêtrice individuelle Louise télépensa son rapport et demanda une téléportation vers sa prochaine affectation.
Les processeurs d’Assemblée analysèrent les informations, les soumirent à divers comités et délégations, la sentence tomba une vingtaine de clics plus tard.
Quand les hommes d’intervention d’Assemblée et le Colloque des Villes Eclairées arrivèrent sur la planète pour fêter l’événement et remettre à Université et à Masse Salariale, à titre posthume, la décoration de Découverte du Clic, ils trouvèrent les trois Villes mortes restantes mortes, enterrées sous un tas de déchets et de matière première qui avaient jailli du sol comme l’éruption soudaine et inarrêtable d’un volcan.
Sur l’impulsion d’un illustre inconnu, la planète fut rebaptisée Pompéi et un nouvel âge s’inscrit dans le Grand Code des Gens de la Ville, l’âge où les Villes se mirent à vénérer les Individualistes, comme exemples, modèles, et certains mêmes, comme Dieux.
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Route solaire, aérotrain, Autolib’, etc. Voyage au cimetière des innovations ratées
Des Mia électriques dans les rues de Niort, en 2013. La société a été mise en liquidation en 2014.
Stationnement « intelligent », « abribus du futur », train sur coussin d’air… On ne compte plus les inventions géniales destinées à nous déplacer rapidement ou vertueusement, mais qui n’ont jamais fonctionné. Ou qui ont brutalement cessé d’exister, à l’instar d’Ofo, un opérateur de « free-floating », qui avait disposé ses vélos jaunes dans les rues de Paris depuis quelques mois, avant d’annoncer, le 17 décembre, que le service était « en pause ».
A chaque fois, l’innovation était dans l’air du temps, offrait une aura de modernité à ses inventeurs et surtout à ceux qui l’inauguraient. Mais quelques mois ou quelques années plus tard, le beau jouet est cassé, inutile, mal adapté, ou mal conçu. Une aventure non aboutie demeure bien sûr une expérience enrichissante pour celui qui la mène. Elle laisse aussi derrière elle, des dégâts ou des traces, sous forme de factures impayées, de subventions inutiles, d’objets encombrants ou d’infrastructures abandonnées. Dans bien des cas, ces erreurs auraient pu être évitées. En se penchant tout simplement sur l’usage qui est fait des modes de transport, plutôt que de miser sur la brillance de la technologie. Voici un voyage au cimetière des innovations ratées.
Une voiture de Toyota à Grenoble, mars 2016.
1/ La voiture électrique à trois roues de Toyota.
En octobre 2014, un drôle de véhicule apparaît dans les rues de Grenoble. Dotée de trois roues, fabriquée par Toyota, cette voiture rouge, bleue ou jaune est proposée à la location par Loire Autopartage, une coopérative qui a depuis rejoint le réseau Citiz. Selon le site de ce service, encore consultable aujourd’hui, le service convainc « 1000 adhérents » dont « 92% se déclarent satisfaits ». En bref, « un bilan à mi-parcours prometteur ».
Mais le parcours n’ira jamais plus loin. Car la belle idée s’est cassée les dents. Le véhicule à trois roues, qui se veut ludique, est difficile à manier. Il faut deux heures de formation avant d’avoir le droit de se mettre au volant. De quoi décourager les volontaires. D’autant que « conduire impliquait d’inverser ses réflexes ; cela rendait le véhicule accidentogène », témoigne aujourd’hui Martin Lesage, du réseau Citiz. Il ne regrette pourtant pas. «Ça nous a quand même permis d’acquérir des clients», dit-il.
Ségolène Royal avec Louis Nègre, président du Groupement des autorités responsables de transports (GART).
2/ La route solaire.
Mais quel joli gadget! En décembre 2016, Ségolène Royal, alors ministre de l’écologie, inaugure un tronçon d’un kilomètre de route solaire, dans un village de l’Orne. Le dispositif, qui consiste à déployer des panneaux solaires sur la chaussée afin de produire de l’électricité destinée au circuit de distribution local, constitue, comme il se doit, « un exemple de la transition énergétique dans les territoires ».
Mais la route ne tient pas ses promesses. Un an et demi plus tard, il apparaît que le soleil ne brille pas assez sur les capteurs pour produire l’énergie escomptée. Ceci s’explique par un détail auquel Ségolène Royal n’avait pas pensé : les voitures qui circulent font de l’ombre. Par ailleurs, en dépit des promesses des industriels, la route se dégrade rapidement, sous l’effet de l’usure prématurée des joints. L’affaire a coûté 5 millions d’euros au contribuable.
A Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), une autre portion de route solaire avait été installée début 2017. Le constat, dressé un an et demi plus tard, est identique : les voitures et les passants, par leur simple présence, limitent les rayons de lumière projetés sur les panneaux. Lunaire.
La Bluecar de Bolloré, sur un trottoir de Paris, à l’occasion d’une conférence de presse, en 2013.
3/ La Bluecar de Bolloré.
Que retiendra-t-on, dans 10 ans, de l’expérience Autolib’ ? Depuis le mois d’août 2018, les voitures grises de Bolloré croupissent dans un casse-auto à Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher). Certainses voitures ont même été mises aux enchères, avec un certain succès, en dépit du fait que les batteries se déchargent toutes seules et alors que le service après-vente demeure incertain.
Entre la fin 2011 et le brutal arrêt du service, la Bluecar était présentée avec emphase par les élus parisiens comme la solution de mobilité par excellence. Les maires Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo, ou encore les adjoints Annick Lepetit et Julien Bargeton (aujourd’hui sénateur LREM) ne cessaient de vanter les avantages d’Autolib’.
Mais, quelques mois après la disparition des voitures grises, les habitants de Paris, qui en étaient les principaux utilisateurs, sont visiblement passés à autre chose. « L’utilisateur d’Autolib était un enfant gâté infidèle. On lui a donné quelque chose dont il n’avait pas nécessairement besoin. Et maintenant que le service a disparu, il se débrouille très bien sans », assène Nicolas Louvet, fondateur de la société de conseil 6T.
Aérotrain, allégorie.
4/ L’aérotrain, le train sur coussin d’air.
Les vestiges de cet éléphant blanc, ce Concorde du rail, qui devait rouler dans les années 1970, sont encore visibles aujourd’hui, au nord d’Orléans. Une longue rampe de béton, située à une dizaine de mètres du sol, longe la voie ferrée sur 18 km. Des prototypes de véhicules, propulsés par un moteur thermique, avaient été fabriqués, mais l’État a fini par abandonner le projet en 1974, en raison de la hausse des prix du pétrole et parce que le dispositif risquait d’entamer le monopole de la SNCF.
Cette histoire n’est certes pas nouvelle. En revanche, ce qui est intéressant, c’est le commentaire de ces experts interviewés en 1971 (ici à la minute 14). Selon eux, l’aérotrain aura une capacité insuffisante pour transporter beaucoup de monde, c’est un transport « de luxe » utile à quelques-uns, mais financé par tous.
Un Gobee bike déjà sans selle, quelques semaines après l’arrivée de la marque dans les villes de France.
5/ Le vélo en free-floating.
Souvenez-vous des commentaires enthousiastes qui ont accompagné l’arrivée des premiers « vélos sauvages », sans borne d’attache, disposés au hasard des rues, d’abord à Paris puis à Lille, Reims ou Lyon. C’était à l’automne 2017. Les Gobee bike, bientôt suivis des Obike, Mobike, Ofo ou Oribiky allaient bientôt ringardiser Vélib’, dont Anne Hidalgo présentait justement, en cette fin octobre 2017, la version 2. D’aucuns prédisaient même la fin du vélo individuel. « Ces acteurs vont affaiblir Velib’», jugeait alors « un observateur de l’écosystème de mobilité ».
Un peu plus d’un an plus tard, le champ de bataille est encore fumant. Vélib’, après un fiasco monumental aux multiples rebondissements (difficultés pour installer les stations, erreurs d’ergonomie, dysfonctionnements des vélos), a survécu. En revanche, dans le même temps, presque toutes les sociétés de free-floating, à l’exception de Mobike et Oribiky ont jeté l’éponge à Paris. La municipalité de Vienne, capitale de l’Autriche, qui dispose d’une solide politique pro-vélo, a décidé en août 2018, de se débarrasser de toutes les bicyclettes en free-floating.
Une armoire destinée au « stationnement intelligent », Nice, été 2017.
6/ Le stationnement « intelligent ».
Des armoires grises sur la voie publique. Un mobilier urbain inutile, disgracieux et encombrant. C’est tout ce qu’il reste du « stationnement intelligent » que Christian Estrosi, maire de Nice, voulait déployer dans sa ville en 2013. L’idée était de proposer aux automobilistes connectés une place disponible, en fonction des informations recueillies par des capteurs. L’expérience a tourné court, parce qu’elle reposait sur une idée fausse : la technologie, rédemptrice, incite forcément à la vertu. Autrement dit, en sachant que le stationnement est devenu « intelligent », les automobilistes cesseront automatiquement de garer leur objet métallique en double file ou sur les passages pour piétons. Raté, c’est le contraire qui s’est passé. C’est à lire en détail ici.
Portique en gare d’Avignon, fonctionnant aux heures de bureau.
7/ Le portique de sécurité à l’entrée des gares.
Au printemps 2018, pour pénétrer dans la gare SNCF d’Avignon-centre, les voyageurs, mais aussi ceux qui les accompagnent, doivent passer sous un portique de sécurité, autour duquel officient plusieurs agents de la SNCF. Le dispositif se veut une réponse, imaginée par Christian Estrosi, cette fois au titre de président de la région Paca, au terrorisme. Il est mis en place début 2017 dans huit gares de la région, et doit être installé ensuite dans 40 autres gares.
Mais la lutte anti-terroristes ne fonctionne qu’aux heures de bureaux. A Avignon, à 18h, le portique est débranché et les agents s’en vont. En pratique, les agents ne contrôlent d’ailleurs que les sacs à dos, et ne demandent pas aux passagers d’ouvrir leurs valises… Ce dispositif totalement inefficace, qui a coûté 200000€ en portiques et 3 millions en frais de fonctionnement, est abandonné en avril 2018.
Recharge de téléphone à l’arrêt de bus.
8/ L’abribus du futur.
En mai 2012, la RATP inaugure en grande pompe l’« abribus du futur », à proximité de la gare de Lyon, à Paris. Cet arrêt, qui dessert notamment le bus 91 permettant de rejoindre rapidement les gares d’Austerlitz et Montparnasse, est aménagé en « salon d’extérieur multiservices ». Un designer célèbre est dépêché, qui aménage des écrans d’information tactiles, des parois chauffante, une lumière tamisée, des prises électriques, etc. Tout ça pour le confort du passager. Un peu plus d’un an après, il ne reste rien, ou presque, de cette belle disposition. Le compte-rendu de cette expérience surtout ridicule est à lire ici.
Cette liste n’est évidemment pas exhaustive. N’hésitez pas à la compléter dans les commentaires. Voilà de quoi inciter les inventeurs, les rêveurs et surtout les financeurs à demeurer modeste, à ne pas se précipiter sur la moindre nouveauté sans en observer précisément le fonctionnement, les besoins réels et les réactions des utilisateurs.
Olivier Razemon (l’actu sur Twitter, des nouvelles du blog sur Facebook et de surprenants pictogrammes sur Instagram).
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Retour sur les places de marché après la visite d’un pays communiste.
Le business ou le triangle d’or de la grande banlieue de Delhi : airport city / greater noida/ Gurgeon
Airport --> Greater Noida
Arrivée à l’aéroport de Delhi après un vol de nuit (sud ouest de Delhi ) - 2 /3 heures de sommeill- On prend le taxi pour « Greater Noida « , Nord-Est de Delhi , zone « en construction » où se trouve le hall d’exposition de Delhi - à 2h30 de taxi - retrouvailles avec mr Lal, notre agent , dans le cab - Dépôt des bagages au Formule One qui est devenu Caspia hôtel , une chaîne indienne -
Question : est ce que Formule one revend sa camelote lorsqu’elle vieillit pour ne pas avoir à investir dans les travaux de rénovation? Beurk- Ou bien Formule One quitte l’india tout court?
We go to the fair- all the day- difficile de scanner les stands à la recherche du bon fournisseur ou de la masterpiece qui sera notre nouveauté . Regard entraîné, on s’avère assez efficaces malgré la fatigue ou bien la fatigue nous oblige à être efficace.
Le soir on retrouve le restaurant Swagat et j’abuse un peu sur les retrouvailles . Je mange beaucoup et hyper épicé . Délice.
Le Formule one/ Caspia vieux fait pitié : mal entretenu, des traces de café dégoulinent sur les mots inscrits sur le mur en tête de lit « Paris / London / petit déjeuner ». Le miroir de la salle de bain a bruni, les hublots qui ne s’ouvrent pas sont sales , les murs étriqués cabossés par les chocs des valises, on ne peut pas aérer, odeur de cigarette dans le couloir , mégots écrasés par terre dans l’escalier , le couloir est un champ de mines , jonché d'assiettes sales devant les portes des chambres qui restent par terre du matin jusqu’au soir .
Caspia est vraiment Cradoc malgré une base « look standard » qui maintient le truc à peu près en place. L’hôtel reste sympa car il est toujours peuplé par les exposants indiens du salon. Ambiance . Nous sommes 3 européens seulement. Les autres doivent opter pour plus de luxe. Ici avec Swagat, nous ça nous va.
Ça doit être grâce à la chaleur humaine qui l’emporte dans ce bazar.
L’immeuble qui était en construction à côté la dernière fois est devenu un Décathlon. Décidément on est bien dépaysé . Et les filles de la boutique qui me demandent de mettre des photos d’Inde sur Instagram! Elles s’imaginent quoi?
Greater Noida --> Gurgeon
Après le deuxième jour de salon, on prend un UBER car, comme Formule One, c’est décidément la façon la plus économique de bouger . Les taxis et les ricksahws sont morts, ici toutes les voitures sont des Uber ou des Ola. 2 fois moins cher qu’un taxi normal.
On va dormir chez Mr La qui habite près d'une gare- 2h30 encore de taxi pour accéder à la zone résidentielle au sud de Delhi : Gurgeon.
Traffic insensé . Le chauffeur discute a bâton rompu avec Mr Lal de sa mère, ses enfants , de politique sans s’arrêter . Kim et moi tombons dans un sommeil profond jusqu’à l’arrêt au magasin de surgelés. Alors que Kim et Mr Lal choisissent notre repas, je demande au chauffeur de quoi ils parlent avec autant d’entrain. Et il me dit en montrant le siège de Mr Lal, « this man is a good man ». On le savait. Ursula qui nous l’a présenté 10 ans auparavant est aussi une femme bonne et exceptionnelle.
Mr Lal nous dit qu’il n’a jamais aimé Modi qui divise les communautés ( Sikh, Hindous, musulmans ,…), c’est ce que j’avais lu et je suis contente que Lal me le confirme. D’ailleurs le bilan n’a pas l’air très bon. Il a beaucoup parlé pendant les Elections mais les résultats ne sont pas là.
L’appartement de Mr Lal est grand , même si les couleurs dominantes jaune et marron sont moyennement agréables , il y règne une belle harmonie d’ensemble et les tableaux sont jolis . Prix de l’appart = 240 000 euros . On boit du whisky, je fais cuire les surgelés , on discute de pollution, de poulets aux antibiotiques , on se couche tard et j’ai du mal à dormir .
La climatisation des 16 heures d’avion ont eu raison de mon bronzage qui s’est effrité . La fatigue réinstalle de belles cernes sous mes yeux , je pense par ailleurs qu’on a importé quelques petites bêtes du Maroc dans notre valise car on est couverts de petites piqûres . Arghhh.
On bouclera le dernier jour : Gurgeon --> Greater Noida.
Train pour aller voir les fournisseurs de Jaipur :
Je ne supporte plus la clim de ces hôtels standards . Pourtant comme à Bangkok, rien à redire de l’Ibis Jaipur : agréable, jolie piscine, fond sonore Hindi très tendance, buffet indien excellent, prix plus que raisonnable... certificat d’excellence de notre ami Advisor. Il y a une majorité d’Indiens ici. Notre agent adore ce genre de lieu qui lui rappelle la France où il a vécu avec sa famille 10 ans en tant que responsable du développement de l’artisanat indien pour son gouvernement.
Je n’arrive pas à cacher ma contrariété mais ça va passer. C’est juste la fatigue car objectivement, étant donné que mon hôtel favori,l’Arya Niwas, était complet, l’alternative est quand même bien. Mais je n’en peux plus des standards marketés jusqu’au bout des ongles .
Y’a des fois j’ai envie de gueuler FUCK le MARKETING ! Travaille avec ton cœur ! Voilà c’est ça le truc qui manque , c’est le cœur , à la place on sent le fric. ( Cf les conditions des femmes de chambre du groupe ACCOR malgré 14 millions de bénéfice last year). C’est pour ça qu’on aime tant les Gabelous à Saint Véran, même si Jojo a ses humeurs et ses têtes, c’est pour ça qu’on aime l’Arya Niwas à Jaipur, même si tu peux pas y trouver l’ombre d’une bière ou d’un bout de viande, c’est pour ça qu’on a créé Sensitive et Fils tel qu’il est. Et ces lieux ont une grande valeur . Des lieux qui résistent au cash flow, au flot du marketing , tout puissant, gluant englobant tout sur son passage tel un sable mouvant . Il ne s’agit pas de ne pas faire de marketing, bien sûr il faut connaître son client, et s’adresser à lui de la bonne manière ( « ciblée » , paf, un shoot! ) , au bon moment, avec la bonne offre mais le plus important est de maintenir son cap et ses convictions au delà des désirs du client.
J’explore un peu INSTA ( en milieu pro) et je vois a quel point on s’englue volontairement dans cette usine à pubs, sans fond, qui fatigue l’esprit par son zapping permanent et par son aliénation volontaire.
Et pourtant comme l’iPhone,et les réseaux , l’ibis ou Décathlon , ça m’attire car c’est bien fait !
J’écris car on prend beaucoup de taxi, alors soit je dors, soit je pense afin de m’extraire du trafic chaotique et bruyant. Ici à Jaipur nous avons un chauffeur Sikh, un gars super , toujours le même depuis 8 ans quand il est libre, toujours souriant, heureux de faire son travail, qu’il fait parfaitement, une perle de bonhomme.
ON nous aime bien ici , d’abord parce qu’on est fidèle et qu’on paye . Et puis aussi parce qu’on apporte toujours des nouveaux modèles et des nouveaux motifs. Samy aime les gens qui « expérimentent », entendre qui « investissent » comme nous dans la création. Parce que pour eux c’est une sacré ouverture d’avoir des nouvelles « coupes » et des imprimés typés européens qui vont plaire à d’autres clients et on largue un paquet de business dans notre sillage.
Malgré sa loyauté , nous avons trouvé dans son showroom deux françaises et un couple d’Allemands qui vérifiaient leur commande et il y avait des tuniques estampillées avec leur marque utilisant nos tissus . Choc. ON investit du temps et de l’argent en France pour créer des motifs, on achète le cadre (pour faire le « screen » qui sert à imprimer le tissu ) et d’autres n’ont qu’à se servir.
On reste calme, car en Inde, on ne s’énerve pas et on discute. Bien sûr il s’agit d’utiliser le reste de tissu imprimé en plus et pas utilisé, bien sûr il s’agit de petites quantités …
Et lorsqu’on s’en va , on demande à récupérer tous les prototypes des vêtements de la collection, impossible à retrouver.
Il va falloir sérieusement penser à l’INPI.
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THE VILLAINESS (2017) Corée, quand tu nous tiens... Continuant à enfanter des longs-métrages se révélant dans les festivals du cinéma -le long-métrage ayant été projeté dans le cadre des “séances de minuit” à Cannes cette année-, ce pays au talent incontestable made in Séoul se pare cette fois-ci du réalisateur Jeong Byeong-gil pour nous montrer THE VILLAINESS -Ak-nyeo de son vrai nom, signifiant “les méchantes”-, un actioner sud-coréen bien décidé à envoyer la sauce. S’ouvrant sur une longue scène en vue subjective -que n’aurait pas renié THE RAID (2011) en termes de rapidité d’action- décimant à tout-va les hordes d’ennemis se dressant sur son passage, THE VILLAINESS nous met d’emblée dans la peau de Sook-hee, une tueuse à gage aussi douée que dangereuse: flingues, lames, poings dans la face, l’agilité de la miss n’a d’égale que sa précision incroyable. Une mise en bouche violente qui nous plonge directement au cœur de ce personnage hors-normes, femme-guerrière dont on n’a pas vu équivalence depuis longtemps; puis vient la rupture, l’accalmie nécessaire à la mise en place du scénario, qui dépeint via bon nombre de flash-backs bien placés -car se faisant miroirs de situations similaires précédemment vécues- une protagoniste principale au passé tragique. Vous comprendrez quand vous serez témoins de son enfance difficile... Venger le meurtre de son père, telle est la motivation première de Sook-hee, qui va avoir l’opportunité inouïe de repartir à zéro en concluant un accord avec une mystérieuse agence, avec à la clé un retour à la vie normale, lumière au bout d’un tunnel d’existence composée d’atroces drames. Mais THE VILLAINNESS ne compte pas s’arrêter là: l’objectif est plus ou moins atteint lorsqu’on arrive à la seconde moitié du film, que peut-il se passer alors ensuite? Vous voyez de quoi je parle, bien sûr: les émotions terriblement humaines émergeant et contrastant à travers ces morts multiples, dissimuler son identité coûte que coûte, et découvrir de terribles secrets de manipulations: on marche donc -au sens large- sur les thématiques de THE PROFESSIONNAL (1994) ou des JOHN WICK (2014-2017). Mais les rares refuges sont fragiles, utopiques en ces univers d’armes à feu, et finissent inexorablement par se fissurer avant de céder... De lourdes références qualitatives donc, dont THE VILLAINNESS se fait l’héritage indirect, l’ombre d’un John Woo venant planer de temps à autre sur le long-métrage: le traitement est efficace, ouvrant le film sur la mythique scène précitée en début de review, et approfondissant ses thèmes jusqu’au sursaut final, encore plus intense que son opening, faisant exploser le compteur d’adrénaline. On apprécie le temps que prend THE VILLAINNESS à se montrer, chaque découverte se valant logique et nécessaire à l’évolution d’un scénario viscéral et mélodramatique -le théâtre ayant d’ailleurs sa petite place au sein du film- sans jamais s’appesantir malgré les larmes versées. La souffrance -perte des êtres chers-, le sang -tiens, une hache dans la tête- et la violence -les enfants meurent aussi, l’ami- paveront le triste chemin de Sook-hee, agile agente surdouée dans son art meurtrier, cette dernière accédant à de brefs répits pendant des séquences de justes dialogues qui la réconforteront, ou pire, la détruiront encore plus. Très dur, THE VILLAINNESS n’hésite pas à faire payer leurs choix aux personnages, quels qu’ils soient: la vie est injuste, et le réalisateur Jeong Byeong-gil n’a que trop bien pigé que les happy-end sont de nos jours trop banalisées. Meurtrissant son héroïne sans concession, THE VILLAINNESS nous force l’empathie envers cette femme -plus couillue que tous ses adversaires- qui mérite le salut, militaire ou salvateur: malheureusement éclipsée par un timing coïncidant avec le très nul ATOMIC BLONDE (2017), l’aventure de Sook-hee est pourtant bien meilleure. Les discrets effets spéciaux permettent à juste titre de conserver un réalisme constant, à l’exemple des combats dans des lieux exigus, nerveux et frénétiques: la course-poursuite finale n’est pas en reste, hargneuse et tenace autant que mémorable. De la douleur naît la force vengeresse, tel pourrait être le slogan “oldie” de ce THE VILLAINNESS réussi, loin des standards hollywoodiens: à déconseiller aux âmes sensibles, l’humain étant de nature violente et monstrueuse, le film nous le montrant sans censure aucune. Si vous cherchiez un actioner soigné -mais bourrin et punchy- avec une (anti-)héroïne intelligente et badass, ne cherchez pas plus loin: THE VILLAINNESS remplira son contrat, et ne vous laissera pas indemnes. Plutôt laissés pour morts, en fait. VIOLENCE EXPÉDITIVE /20
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Chapitre 5: Sherlock Holmes est mort vive Moriarty!
Je n’apparais pas seulement dans les œuvres d’Arthur Conan Doyle, en effet, je renais dans les livres d’Anthony Horowitz. Ce dernier a d’ailleurs décidé de donner mon nom au titre de son roman Moriarty qui est également connu sous le nom de Sherlock Holmes est mort, vive Moriarty.
Et oui chers lecteurs, finalement, je triomphe sur le grand détective, Sherlock Holmes ! Mais ne vous détrompez pas, dans le livre je suis bel et bien mort, tout comme mon ennemi. Cependant, avant de brosser le résumé de ce roman, je vais vous relater brièvement l’existence d’Anthony Horowitz, sans qui mon nom n’apparaîtrait jamais sur la première page de couverture d’un livre.
Anthony Horowitz est né le 5 avril 1955 à Stanmore en Angleterre. Comme vous l’avez constaté, Horowitz est écrivain mais il est également scénariste. Ses livres s'adressent à un jeune public aimant les romans policiers ou les romans à suspens. Ses œuvres les plus célèbres sont les séries Alex Rider et Le Pouvoir des cinq mais revenons à notre sujet.
Le livre Moriarty est paru en 2014 et a été approuvé par les descendants d'Arthur Conan Doyle, il ne s'agit pas d'une adaptation des œuvres de l'écrivain britannique mais d'un pastiche. Contrairement à ce que pourrait faire croire le titre, le roman ne parle pas de moi en soi. L’histoire se déroule peu de temps après notre plongeon à Sherlock Holmes et moi dans les chutes de Reichenbach. Mon corps est découvert par un certain Frederick Chase, détective à l’agence Pinkerton à New-York. Il déniche une lettre codée qui le mène à Londres. Avec l’aide de Jones, inspecteur de Scotland Yard dont les méthodes sont similaires à celles de Holmes, il enquête sur la mort des lieutenants de Devereux, ce dernier est le chef de la pègre américaine. La vérité ne serait t-elle pas liée aux circonstances de la disparition de Sherlock Holmes et de ma personne ?
L’œuvre s’ouvre sur les chutes du Reichenbach. On apprend que de nombreux articles ont parus suite à la mort de Sherlock Holmes et de moi-même. Je suis très offensé d’apprendre que le grand public vient seulement de connaître mon existence. Anthony Horowitz relate brièvement mon entrevue avec Sherlock Holmes dans Le Dernier problème d’Arthur Conan Doyle, ainsi que mon combat contre le détective près des chutes. Dans ces quelques lignes, Frederick Chase fait mon éloge. En effet, je suis selon lui « un criminel hors du commun et maître dans sa profession ». De plus, je suis aussi redouté qu’admiré par Holmes lui-même.
On apprend brièvement le déroulement du combat qui oppose Sherlock Holmes contre mon personnage. Je surgis sur le sentier où se tient Holmes. Le détective se trouve alors prit au piège entre moi et les chutes. Comme dans le récit d’Arthur Conan Doyle, je lui accorde la permission d’écrire une lettre à Watson. Après avoir formulé nos dernières paroles, je m’élance sur Holmes. Chase avance à dire que cela « ressemble moins à un combat qu’à un acte suicidaire ». Nous voulons tout deux précipités notre adversaire dans la cascade. Cela se comprend, après trois tentatives pour me débarrasser d’Holmes, c’est bien normal que je veuille en finir avec lui. Nous étions prêts à tomber dans un même élan dans les chutes, quand tout d’un coup, le détective me surprend avec un geste furtif qui me propulse dans la cascade. Je tombe dans un hurlement terrible dans le vide. Holmes me voit percuter un rocher avant de disparaître dans les eaux troubles. Voila comment le plus célèbre criminel de Londres meurt.
Alors que Chase est persuadé qu’ Holmes a survécu, le monde entier le croit tomber avec moi. Le détective de Pinkerton ne comprend pas mon comportement. Pourquoi me serais-je risqué d’affronter Holmes pour ensuite connaître une mort certaine ? Mais ne vous inquiétez pas chers lecteurs, je vous expliquerais plus tard, les raisons qui m’ont poussé à faire cet acte suicidaire. Et je laisse Chase mariner un peu avant de lui fournir la réponse.
Mon cadavre est repêché près des chutes. Les deux détectives examinent mon corps. Je dois avouer que Chase fait une description peu flatteuse de ma personne. En effet, je suis « grand et mince avec un front proéminent et des yeux enfoncés qui regarderaient le monde avec une malveillance glacée et fourbe s’il y avait en eux la moindre étincelle de vie ». Il est vrai que je n’ai pas un regard très chaleureux mais mon cadavre à un «regard […] vitreux et vide ». Le portrait qu’Anthony Howrowitz dresse de moi est resté fidèle aux œuvres d’Arthur Conan Doyle. Avant de passer l’arme à gauche, je portais une chemise noire à col cassé et une longue redingote, tenue déjà très démodée à l’époque. Ma jambe gauche est cassée, signe d’une blessure produite lors de ma chute. J’ai aussi des blessures graves à la tête et à l’épaule. Je suppose que le courant a propulsé mon corps contre les pierres, d’où mes blessures. Mais la cause de ma mort est la noyade. Le courant étant trop fort, je n’ai pas pu sortir ma tête de l’eau. Selon, Chase ma « chaire est boursouflée et nauséabonde » et ose même dire que ma couleur est « hideuse ». Ce détective n’a vraiment aucun respect pour les défunts.
Les deux détectives supposent que ce cadavre est bien le mien car ce corps ressemble au portrait que le Docteur Watson a rédigé de moi suite à mon entrevue avec Holmes dans Le Dernier problème d'Arthur Conan Doyle. Malgré les innombrables preuves, les deux détectives ne sont pas capables d’affirmer que ce cadavre est bien le mien. Pourtant, je porte une étiquette au poignet qui indique mon nom : James Moriarty. Depuis le début de ma carrière dans le monde du crime, je prends un grand soin à ce que personne ne puisse me voir et me reconnaitre. Ainsi, ils leur est donc impossibles d’identifier mon cadavre avec certitude. J’ai vécu dans l’ombre toute ma vie et d’après Jones, je m’en suis fait une devise.
Jones trouve sur mon cadavre une lettre qui ne lui est pourtant pas adressé. Il déchiffre le code et comprend tout de suite de quoi il s’agit. J’avais prévu une rencontre avec mon égal américain, Clarence Devereux, dans le but de créer «une alliance transatlantique». Vous imaginez cela ? Nous aurions pu créer «une association criminelle dont les tentacules s’étendraient de la cote ouest de la Californie jusqu’au cœur de l’Europe» ! Chase voulait me rencontrer pour parler de cette lettre (évidemment, il en a été informé par un de ses agents doubles) et pour ensuite m’arrêter je présume, ou pour me soutirer des informations confidentielles. Mais le détective de Pinkerton, pourtant bien informé de mes plans, est arrivé trop tard.
Je ne m'attarderais pas en détail sur l'intrigue du roman en elle même puisqu’elle me concerne peu, cependant je reviendrais sur ma personne dans quelques instants. Sachez juste que les deux détectives traqueront sans relâche Devereux et que l’admiration de Chase envers Jones grandira de jour en jour et très vite les deux hommes deviendront de véritables amis.
Mais intéressons nous plutôt à ma personne. Malgré que je sois mort, je suis évoqué tout le long du récit. En effet, mon nom est sur toutes les lèvres. D'ailleurs il est devenu populaire à tel point qu’il est sujet à des parodies, par exemple un petit criminel insignifiant prénommé M. Clayton s’amusait à utiliser mon nom pour effrayer une femme « Vous ne devriez pas faire ça, Mary. Sinon le Professeur Moriarty vous attrapera. ». Ce Clayton me comparait au croque mitaine ! Heureusement, cet affront fut sévèrement punit puisque qu’il fut tué. Ne me pointez pas du doigt ! Dois-je vous rappelez que je suis mort ? Malgré cela, les propos de Clayton ont terrifiés Mary. Je cite « C’est un nom horrible. Il m’arrivait parfois d’y penser au moment de m’endormir, et ce nom tournait et retournait dans ma tête. Il me semblait que toute la maison avait peur de ce Moriarty. ». Encore une fois, l’idée du croque mitaine avait traversée les pensées de Mary. Je constate qu’il y a une omniprésence de mon nom dans la vie de la jeune femme.
Durant un rapport entre Chase et la police britannique, l’inspecteur Patterson relate les derniers éléments avant ma poursuite de Sherlock Holmes dans toute l’Europe. L’inspecteur fait bien sûr référence au Dernier Problème d’Arthur Conan Doyle. Patterson était chargé de l’arrestation de mon organisation criminelle, mais son intervention m’avait au contraire permit de prendre la fuite à l’étranger. Ne nous étalons pas trop sur le sujet, commençons plutôt par le début. Mon cher ennemi Sherlock Holmes a fait connaître à Patterson mon réseau criminel. A l’époque, mon nom était inconnu de tous. Ce qui explique l’ignorance de l’inspecteur. Mais Holmes lui fit ouvrir les yeux sur ma personne et je suis vite devenu le principal sujet de la police britannique. Voici le passage de ma découverte : « Je dois avouer qu’à l’époque ce nom m’était inconnu, et lorsque que Holmes m’a expliqué qu’il était célèbre dans toute l’Europe pour je ne sais quelle théorie qu’il avait inventée et, surtout, qu’il occupait la chaise de mathématiques dans une de nos plus prestigieuses universités, j’ai pensé qu’il se moquait de moi. Mais il était on ne peut plus sérieux. Il décrivait Moriarty dans les termes les plus noirs et m’a procuré la preuve que ses affirmations ne laissaient aucun doute. » Suite à cette découverte, l’inspecteur Patterson et son associé l’inspecteur Barton ont dessinés une carte de Londres, regroupant l’ensemble de mon réseau criminel. Barton ajoute que je suis « le noyau » de ce réseau. Je ne vais pas le contredire, je suis le maître du crime craint de toute l’Europe ; comme le dit si bien Patterson « Cet homme avait visiblement dirigé son réseau criminel par l’intimidation et la menace ». Néanmoins, un fâcheux accident se produit. Des taupes ont informés la police de mes crimes passés et ont également communiqués la cachette de ma bande. Résultat, cette dernière s’est fait capturée et pas un seul de mes hommes n’a put s’en sortir. Me retrouvant seul, j’ai prit l’initiative de suivre Holmes dans tout l’Europe pour en finir avec cet homme qui a fait échouer tout mes plans. La suite vous la connaissez. Un autre passage du livre présente mon personnage comme un homme puissant ; ceci à un détail près. Une nouvelle fois, c’est un dénommé Clay, un criminel d’une extrême ingéniosité (mais qui ne surpasse pas la mienne), qui me décrit : « Moriarty ? Je ne l’ai jamais rencontré en personne mais je le connaissais de nom bien sur. Nous le connaissions tous. C’était un homme redoutable. Le plus redoutable, sans doute. Il prenait sa part sur tous les trafics. Il n’y avait aucun crime commis dans Londres sur lequel il ne prélevait pas sa dîme. Tout le monde s’en plaignait, à voix basse, mais il faut reconnaître qu’il était là chaque fois qu’on avait besoin de lui. Mais Moriarty avait disparu. C’est ce Clarence Devereux qui avait pris sa place. Comparé à lui, Moriarty était une bonne fée. Et comme Moriarty, Devereux ne se montrait jamais. Il envoyait ses lieutenants faire le sale boulot. » Une grande partie de ce texte me satisfait. Je suis heureux d’apprendre que je sème la terreur autour de moi. Cependant, Devereux m’importune. Malgré que je ne sois plus de ce monde, il ose prendre ma place dans mon réseau criminel et il procède aux même méthodes que moi. Cet homme m’a tout simplement copié. Quand je pense que je voulais m’associer à ce criminel de bas étage ! Ensuite, un homme de main de Devereux est assassiné. Chase s’interroge. Il pense que c’est moi qui l’ai tué. Mais Jones croit cette théorie impossible. Évidemment, puisque je suis mort. De plus, mon corps a été trouvé près des chutes ; on peut logiquement affirmer que je ne suis pas l’auteur de ce crime. Chase renchérit en évoquant l’hypothèse que c’est l’œuvre d’un de mes anciens associés et qu’il fait cela uniquement dans le but de se venger. Jones accepte cette idée sans pourtant écarter l’hypothèse qu'ils puissent s'agir d'autres coupables. Dans ce passage, je suis un fantôme qui plane au dessus des détectives Jones et Chase. Ce dernier renforce mes propos avec cette simple phrase « Je sens l’ombre de Moriarty planer au dessus de nous à chaque pas Jones, et franchement j’en est assez.». Oh, le pauvre petit détective est fatigué de son enquête. Ce Chase est vraiment ridicule. Je suis obligé de vous conter le passage qui suit car il aura une conséquence sur la suite des événements. Un peu plus tard, les deux détectives se font capturés par les hommes de Devereux. Ce dernier souhaite bien sur les éliminer mais avant toute chose, il veut connaître la piste qui les a menés jusqu’à lui. Jones est le premier à parler. Selon lui, la lettre que Devereux m’a envoyée est à l’origine de tout. Mon égal américain ne comprend pas de quoi il s’agit et feint de ne m’avoir écrit aucune lettre. Cet homme n’assume jamais ses actes, c'est d'un pathétique, il n’est pas digne de prendre ma place. Devereux part et laisse le soin à ses hommes de torturer à mort les deux détectives. Alors proche de la fin, les bougies s’éteignent et les deux hommes parviennent à s’enfuir. Mais ils sont suivis de très près par leurs assaillants et leurs blessures ne leurs permettent pas de courir rapidement. Tout d’un coup, Perry, un jeune criminel travaillant pour Devereux, coupe la route à Chase et Jones. Un couteau à la main, il s’avance vers eux. Les deux détectives sont alors coincés entre l’adolescent et les hommes de main de l’infâme criminel. Alors que tout est finit pour eux, Perry saute sur les complices de mon égal américain et les tue un par un. Les deux hommes profitent de cette chance pour s’enfuir et chercher de l’aide.
Quelques heures après, Devereux se fait arrêter. Il est convenu que la police britannique l’emmène à Scotland Yard afin de l’interroger. L’ignoble scélérat rentre dans un fourgon fermé pendant que Jones et Chase conduisent à l’avant. Des policiers encerclent le fourgon tel un cortège funèbre. Soudain, les hommes tombent un par un. Les deux détectives aperçoivent Perry, une arme à la main. Sans hésiter, tout deux sortent leur revolver et visent Perry. Mais contre toute attente, Chase se tourne vers Jones, s’excuse, et l’abat d’une balle dans la tête. Voila donc à quoi ressemble l'amitié, je préfère de loin rester un criminel sans amis que de finir tuer de manière aussi stupide.
Le dernier chapitre est le plus crucial du roman. Pourquoi Perry sauve les deux détectives alors qu’il travaille pour Devereux ? Pourquoi Chase tue son ami Jones suite à l’arrestation de Devereux ? Tels sont les questions que vous vous posez, chers lecteurs. Et bien je vais vous répondre en toute sincérité.
Pour commencer, il est clair que je vous ai dupé, vous lecteurs ainsi que Jones, sans oublier Devereux. Pour vous expliquez mon récit en détail, commençons par le plus important. Frederick Chase n’est autre que moi-même, James Moriarty en personne. Qui d’autre ? Après tout, c’est mon nom qui est écrit sur la première page de couverture du roman. Il n’y a jamais eu d’agent de Pinkerton. C’était seulement une couverture pour mener à bien mon plan. Pourtant, depuis le début du roman, j’ai toujours étais honnête avec Jones. Il n’y a jamais eu de sentiments que je lui ai cachés. Je lui ai raconté en partie ma vie, sans évoqué ma carrière dans le crime pour ne pas être découvert, bien entendu. Pourtant, je considérais Jones comme un ami et son sens de l’observation m’épatait de jour en jour. Je l’appréciai réellement et je regrette d’avoir du en finir ainsi. Nous étions comme Sherlock Holmes et le docteur Watson ; Jones en détective et moi en narrateur.
Mais pourquoi ai-je feint ma mort ? Pourquoi ai-je tué Jones alors qu’il ignorait ma véritable identité ? Pour répondre à ces questions, je vais vous relater mon parcours criminel.
Tout d’abord, j’étais un talentueux mathématicien dans une université de Londres. Dans mes premières années en tant que professeur à l’université, je n’avais pas l’attention de faire une carrière criminelle. Cependant, Roger Pilgrim, un de mes jeunes élèves, avait accumulé des dettes de jeux et ses soi- disant amis voulaient lui faire la peau pour une petite somme d’argent. J’ai donc accepté de l’aider. J’ai alors découvert avec un grand étonnement que les petits criminels de banlieue étaient tous stupides, ce qui contribua à ma carrière plus tard. Ils ne me terrorisaient pas. En réalité, un troupeau de moutons me ferrait plus peur qu’eux. J’ai tout de suite remarqué qu’ils n’étaient pas organisés. Or, en tant que mathématicien, l’organisation ça me connaît. J’ai alors prit la décision d’instaurer une discipline dans ce petit réseau criminel et d’utiliser leurs activités à mon avantage.
J’étais très vite devenu le Napoléon du crime. Bien que ce surnom était attribué à Adam Worth, je dois admettre que j’ai été flatté que Sherlock Holmes me l’assigne à son tour. Pilgim à mes cotés, je contrôlais tout le réseau criminel de Londres et j’exerçais mon autorité sur tous les criminels. Cependant, en 1890, Clarence Devereux et sa bande sont arrivés en Angleterre. Mais pas pour s’associer avec moi comme je l’ai affirmé à Jones (en tant que Frederick Chase) mais pour s’emparer de mon réseau criminel. C’était des criminels impitoyables, n’ayant aucun sens de l’honneur et faisant couler le sang à flot. Ils ont retourné mes troupes contre moi et ont fournis des informations à Scotland Yard et à Sherlock Holmes sur mon compte. Je me suis retrouvé dans la peau d’un fugitif avec pour seuls alliés Perry, Jonathan Pilgrim (le fils de Roger Pilgrim), et le colonel Sébastian Moran. Dois-je vous précisez que seul l’argent que je lui offrais, l’intéressait ? Mais me retrouvant seul contre Devereux je n’avais pas d’autre choix que de l’inviter à me rejoindre. De plus, il est un bon tireur d’élite. Jonathan Pilgrim était parvenu à intégrer la bande de l’infâme criminel. Chaque soir, on se retrouvait afin qu’il me fournisse les dernières informations concernant le malfaiteur. Mais la bande à comprit qu’il était un informateur et l’a sauvagement assassiné. Sa mort m’a tout d’abord affligé puis a engendré cette envie de terrible vengeance.
J’ai alors élaboré un plan avec les informations que m’avait transmit Pilgrim avant de mourir. En premier lieu, il fallait que je meure pour réapparaître sous des traits qui ne seraient pas les miens. Mais il me fallait une mort grandiose pour un génie tel que moi. Mais quoi de plus spectaculaire qu’un combat entre le célèbre détective et moi-même. J’ai donc attiré Sherlock Holmes jusqu’au chutes du Reichenbach. De là, ce que je vous ai raconté précédemment est exact. Nous nous sommes battus puis j’ai basculé dans les chutes. Non pas sans avoir prit un grand soin à calculer les angles nécessaires, le volume de l’eau de la cascade, la vitesse exacte de la chute et les probabilités de me noyer. Seul un brillant mathématicien tel que moi est capable de survivre à ce plongeon suicidaire. Après cela, j’ai tué un homme, qui par chance avait à peu près le même âge que moi et une apparence physique similaire. Perry et moi l’avons ensuite déshabillé puis revêtu de mes vêtements sans oublier la lettre cachée dans la veste. Lors de mon entrevue avec Sherlock Holmes dans Le Dernier problème, j’ai prit un grand soin à me déguiser comme un vieil homme, grand et mince pour que Watson me décrive ainsi. Cela a permit à la police britannique de déduire que le corps retrouvé était le mien.
Ensuite, je me suis fais passer pour un agent de Pinkerton afin d’obtenir de l’aide de Scotland Yard pour détruire mon ennemi. Pour ne pas éveillé les soupçons j'ai pris un faux accent américain. Tel le petit poucet, j’ai semé des indices tout le long de l‘enquête pour que Jones les trouvent et nous mènent directement à la planque de Devereux. Vous vous souvenez quand Jones et moi ou plutôt Chase étaient pris au piège entre les mains du scélérat et de sa bande ? Cette crapule avait d’abord nié d’avoir écrit la lettre qui m’était adressé ; ce qui d’ailleurs était vrai. J’ai bien failli être démasqué. Mais nous avons pu nous échapper miraculeusement grâce à Perry et Moran qui ont tués toute la bande. Bien entendu, Perry ne travaillait pas pour Devereux mais pour moi depuis le début. Il était un atout de plus dans ma manche. Mais pourquoi ai-je fournit tous ces efforts pour capturer ce vaurien ? Et bien simplement parce que je ne connaissais pas son visage (même si je l’ai rapidement démasquer) et pour le faire sortir de sa cachette. Nous en sommes maintenant à la mort de Jones. J’avais besoin de Devereux vivant pour me venger. J’ai donc organisé une embuscade avec l’aide de Perry et de Moran. Voyant ses hommes tombés un par un sous les coups de Perry, Jones a tout de suite compris. Pas qui j’étais, mais qui je n’étais pas. Pour pouvoir m’emparer du fourgon contenant l’odieux truand, je devais tuer Jones. Je regrette seulement de n’avoir pas pu trouver une autre solution. Après cela, je partis en Amérique accompagné de mes deux fidèles compagnons et de Devereux pour prendre la place du cerveau du crime américain de ce dernier.
Horowitz a donc su exploiter mon personnage en profondeur pour dévoiler une face vengeresse. Si vous voulez lire un livre sur ma personne, Je vous le recommande vivement.
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